Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
CSTC Artonline 2005 4 No6 PDF
CSTC Artonline 2005 4 No6 PDF
Les planchers mixtes en acier-béton offrent une flexibilité dans la planification et de réduire les duisent durant les travaux, le poids du béton
série d’avantages par rapport aux systèmes délais d’exécution. frais et les armatures complémentaires. Durant
classiques (tels les hourdis et le béton coulé in la phase de coffrage, il y a lieu de veiller à ce
situ), et ce principalement lors de l’exécution. que la flèche des tôles reste limitée sous le poids
Ainsi, par exemple, comme les tôles sont livrées 2 PHASES DE CONSTRUCTION ET du béton frais. Cette flèche étant irréversible
en lots sur le chantier, elles prennent moins de ÉTATS LIMITES DE SERVICE après durcissement du béton, la déformation
place lors du stockage. De plus, elles peuvent totale du plancher sera plus importante lors de
être mises en place manuellement en raison de Les possibilités et/ou les limites d’exécution l’utilisation. Etant donné la faible rigidité des
leur faible poids. Si elles tolèrent une circula- exercent une influence non négligeable sur la tôles, les travées doivent être réduites. En l’ab-
tion pédestre durant la phase de mise en œuvre, conception de ce type de construction. Le sence d’étayage complémentaire, ces derniè-
il est en outre possible de préparer plusieurs choix final des ELS dépend notamment de la res s’élèvent à environ 3 à 4 m. Pour pouvoir
étages en même temps (sans étayage) avant de portée à couvrir, de la possibilité d’utiliser ou franchir des distances plus importantes, on opte
procéder au coulage du béton. Cette méthode non des poutres secondaires et d’étayer les
de travail permet d’atteindre une plus grande tôles jusqu’au durcissement du béton. Etant
donné que les tôles profilées et le béton rem- " A. Van Gysel, dr. ir., professeur, Hoge-
plissent une fonction différente au cours de school voor Wetenschap & Kunst, De
Fig. 1 Plancher mixte en acier-béton chaque phase de construction, il importe de Nayer Instituut, chef du projet SIRIUS
en cours d’exécution. vérifier les conditions d’utilisation spécifiques. B. Parmentier, ir., chef du laboratoire
‘Structures, Menuiserie et Eléments de
façade’, CSTC
2.1 COFFRAGE EN TÔLES PROFILÉES L. Pyl, dr. ir., professeur, Hogeschool voor
ÉCROUIES À FROID Wetenschap & Kunst, De Nayer Instituut
P. Van den Broeck, dr. ir., Katholieke
Les tôles profilées écrouies à froid font en pre- Hogeschool Sint-Lieven, Campus Rabot,
mier lieu fonction de surface de travail et de Gand
coffrage permanent. Elles doivent en outre être K. Van Echelpoe1, ing., Hogeschool voor
capables de reprendre les charges qui se pro- Wetenschap & Kunst, De Nayer Instituut
pour l’utilisation de poutres secondaires ou • selon l’annexe normative A1 (4.4) (Appli- de la fréquence propre, la flèche des poutres
pour l’étayage des tôles durant le bétonnage. cation pour les bâtiments), il est possible de portantes doit aussi être prise en considéra-
Pour plus de détails concernant la flèche maxi- satisfaire à l’état limite si la fréquence pro- tion, ce qui, dans le cas d’un plancher colla-
male durant la phase de construction, nous pre de la construction (ou de l’élément cons- borant et d’une poutre, nécessite un calcul de
renvoyons à l’Eurocode 4 (EC 4) [7] et à un tructif) est supérieure à une valeur donnée la largeur participante.
article paru précédemment à ce sujet [1]. qui dépend de la fonction du bâtiment ou de
la source des vibrations et qui fait en outre On peut donc conclure que les Eurocodes exi-
l’objet d’un accord avec le client et/ou l’auto- gent uniquement qu’il soit tenu compte du
2.2 PLANCHER MIXTE EN ACIER-BÉTON rité compétente. Par contre, une analyse dy- comportement dynamique de la construction
namique plus poussée s’impose lorsque la si celle-ci est soumise à des charges suscepti-
Après le durcissement du béton, le plancher fréquence propre de la construction est in- bles de donner lieu à des accélérations signi-
forme un ensemble monolithique au sein du- férieure à la valeur susmentionnée. Les sour- ficatives, mais ne fournissent cependant pas
quel le béton reprend les efforts de compres- ces possibles de vibrations sont les déplace- les critères et les méthodes de calcul nécessai-
sion et les tôles font office d’armatures de trac- ments humains, les machines, le vent, les res à cet effet.
tion extérieures. Durant cette phase, il importe vibrations du sol dues au trafic, ...
de vérifier un certain nombre d’états limites
de service, qui seront brièvement explicités ci- Dans ce cadre, l’édition précédente de 3 CONTRÔLE DES ÉTATS LIMITES
après. l’Eurocode 3 (EC 3) [8] contenait une série DE SERVICE : EXEMPLES DE
de règles d’application spécifiques pour les CALCUL
structures portantes accessibles au public et
2.2.1 Contrôle de la fissuration expliquait comment satisfaire à cette exigence Dans les paragraphes qui vont suivre, nous ten-
en fixant une flèche maximale. La norme belge terons d’illustrer le contrôle des planchers mix-
La fissuration doit être contrôlée dans les zo- NBN B 03-003 [3] contient également des cri- tes en acier-béton aux états limites de service
nes de traction du béton. Cette situation appa- tères similaires relatifs aux déformations des à l’aide de quelques exemples de calcul prati-
raît surtout au-dessus des appuis intermédiai- structures portantes. ques. Pour ce faire, nous partirons de l’hypo-
res d’un plancher mixte en acier-béton conti- thèse d’un plancher intermédiaire situé dans
nu et nécessite un contrôle selon l’Eurocode 2 Ces critères détaillés ne sont toutefois plus un bâtiment multi-étagé. Les charges consi-
(EC 2) [5]. Si le plancher est considéré comme repris dans la dernière édition de la norme dérées comprennent le poids propre du plan-
ayant été mis en œuvre de manière tradition- EN 1993-1-1 [6], qui, tout comme l’EC 4, ren- cher et des finitions ainsi qu’une charge de
nelle, l’EC 4 prévoit des armatures minimales voie seulement aux deux remarques susmen- service de 3 kN/m² (un immeuble de bureaux,
au-dessus des appuis intermédiaires [7, 1]. tionnées de l’EC 0. Ceci est probablement dû par exemple) (cf. partie 1-1 de l’EC 1).
au fait que la fixation d’exigences en matière
de fréquence propre minimale ne permet pas La figure 2 constitue une représentation sché-
2.2.2 Contrôle de la flèche de garantir un niveau de vibration acceptable matique de la situation générale (un plancher
de la construction lors de son utilisation [8]. mixte en acier-béton d’une superficie de 18 x
Le contrôle de la flèche sous l’influence de la Une approche plus précise, sur la base d’un 8 m2, subdivisé en quatre travées).
charge de service s’effectue selon les règles modèle de charges réaliste et d’un modèle
décrites au § 9.8.2 de l’EC 4 [7, 1]. Si les tô- structural adapté, devrait permettre de calcu- Dans le premier exemple de calcul (§ 3.1), on
les sont étayées durant la phase de construc- ler les accélérations de la structure. Afin de ne suppose que les tôles sont mises en œuvre dans
tion, la portée du plancher peut être deux à pas sortir du cadre de l’article, ces aspects le sens de la largeur. Dans le deuxième exem-
trois fois plus grande après le retrait des étais. dynamiques ne seront pas considérés dans les ple de calcul (§ 3.2), les tôles sont posées dans
Compte tenu des charges de service à consi- exemples de calcul proposés. De plus, l’ap- le sens de la longueur et il est fait usage de
dérer, la flèche aura plutôt tendance à augmen- proche de la NBN B 03-003 [3], qui préco- poutres secondaires. Dans le troisième exem-
ter, de sorte que l’incidence de ces ELS sur la nise l’utilisation de la flèche, n’est pas vrai- ple de calcul (§ 3.3), on analysera enfin le cas
conception sera plus importante. ment adaptée à ce type de construction. La de tôles mise en œuvre dans le sens de la lon-
recherche a en effet permis de démontrer que, gueur et étayées durant la phase de construc-
si l’on désire effectuer une estimation réaliste tion.
2.2.3 Contrôle dynamique
3.1 Exemple de calcul 1 : mise en œuvre des tôles dans le sens de la largeur
Dans cet exemple, on part du principe que les tôles sont placées dans le sens de la largeur, ce qui permet d’obtenir une travée de 2 x 4 m.
Durant la phase de construction, les tôles qui font office de coffrage sont mises en œuvre individuellement avec 4 m de portée. Le
résultat final consistera en un plancher en acier-béton reposant sur trois appuis comportant deux portées de 4 m (voir figure 3).
4m
portée du
plancher en
acier-béton
4m
poutre portée de la
4m 4m tôle durant le
coulage
9m 9m
portée de la tôle
durant le coulage
Les charges d’utilisation auxquelles est exposée la construction sont les suivantes :
• une charge d’utilisation qk = 3 kN/m² (un immeuble de bureaux, par exemple), c’est-à-dire la catégorie B selon la partie 1-1 de l’EC 1
• une charge permanente gfinition = 2 kN/m² (chape, plafonds, parois, ...).
En ce qui concerne les propriétés de l’acier, on peut mentionner les valeurs suivantes :
• nuance d’acier des armatures : BE 500 S
• module d’élasticité de la tôle et des armatures : Ea = 210000 N/mm² (*).
Compte tenu des calculs aux ELU [7, 11], la hauteur totale du plancher mixte en acier-béton s’élève à 150 mm et la tôle possède une
épaisseur de 1,2 mm, une nuance d’acier fyp de 280 N/mm² et une géométrie telle qu’illustrée à la figure 4.
Le plancher mixte en acier-béton a également été pourvu d’une armature supérieure (treillis de 100/100 mm) d’un diamètre de 8 mm et
d’une armature complémentaire anti-feu d’un diamètre de 10 mm placée au sein de chaque nervure.
Les propriétés de la tôle, fournies par le fabri- Fig. 4 Géométrie de la tôle de l’exemple 1 (en mm).
cant, peuvent être résumées comme suit :
• épaisseur de la tôle tp = 1,2 mm béton
armature supérieure tôle
• limite d’élasticité caractéristique fyp = 280 N/mm² (treillis de 100/100 mm)
• moment d’inertie Ip = 3231000 mm4/m de Ø 8 mm
• surface transversale Ap = 2104 mm²/m
• distance du centre de gravité à la face infé-
rieure de la tôle dp’ = 56,03 mm
• hauteur du profilé hp = 100 mm
• largeur moyenne d’une nervure b0 = 93,5 mm 50 100
• creux périodique bs = 233,3 mm
• poids propre de la tôle/m² gp = 0,162 kN/m². 30
100
En outre, il importe aussi de tenir compte des
renseignements complémentaires suivants, qui armature anti-
dépendent de la tôle et de la hauteur du plancher : feu de Ø 10 mm
• la hauteur du béton hc = 50 mm 233 45
• le poids propre du béton/m² gb = 2,24 kN/m². 63 109
Les propriétés de l’armature sont les suivantes :
• nuance d’acier des armatures : BE 500 S
• l’armature supérieure se compose d’un treillis de 100/100 mm et possède un diamètre de 8 mm (enrobage du béton c = 30 mm)
• l’armature complémentaire anti-feu placée au sein de chaque nervure a un diamètre de 10 mm (enrobage du béton c = 45 mm).
Dans les calculs qui vont être effectués, il sera toujours fait usage de l’unité de largeur.
(*) Selon l’EC 2, le module d’élasticité des armatures doit s’élever à 200000 N/mm². Par contre, pour les constructions mixtes, cette valeur peut, d’après l’EC 4, être
considérée comme équivalente au module d’élasticité de l’acier de construction (210.000 N/mm2).
La fissuration du béton est contrôlée au droit de l’appui intermédiaire sous la combinaison de charges quasi-permanente. Cette
vérification s’opère à l’aide de la formule suivante :
∑ Gk,j + ψ 2,1.Qk,1
j≥1
où :
• Gk,1 = gp = le poids de la tôle (0,162 kN/m²)
• Gk,2 = gb = le poids du béton frais (2,24 kN/m²)
• Gk,3 = gfinition = le poids des finitions mises en œuvre ultérieurement (2 kN/m²)
• Qk = qk = la charge de service (3 kN/m²)
• ψ2,1 = 0,3 (pour des immeubles de bureaux).
Le moment maximal au-dessus de l’appui est atteint lorsque les deux travées supportent une charge maximale. La ligne des moments
correspondante est fournie à la figure 5.
X
Y
5,94 5,94
4m 4m
Selon l’EC 4, le calcul direct de la largeur de fissure n’est pas nécessaire si l’on satisfait à quelques prescriptions simples en matière de
diamètres de barre et de distance intermédiaire. Lorsque l’on respecte les valeurs reprises aux tableaux 1 et 2, on ne dépassera normale-
ment jamais la largeur de fissure wk. Une largeur de fissure maximale de 0,3 mm est présupposée dans le cas d’applications normales.
Tableau 1 Diamètre maximal φ* des barres dotées d’une adhérence améliorée (mm) [7].
Largeur de fissure maximale wk = 0,4 mm wk = 0,3 mm wk = 0,2 mm
Contrainte de l’acier Diamètre de barre maximal φ∗ (mm) (*)
σs1 (N/mm2)
160 40 32 25
200 32 25 16
240 20 16 12
280 16 12 8
320 12 10 6
360 10 8 5
400 8 6 4
450 6 5 -
(*) Le diamètre de barre maximal est calculé à l’aide de la formule suivante :
φ = φ*.fct,eff/f ct,0,
où :
• fct,eff = 2,6 N/mm2 (cf. tableau 3.1 de l’EN 1992-1-1). Cette valeur peut être assimilée à la valeur fctm du
béton (pour un C25/30, f ctm = 2,6 N/mm2)
• fct,0 = la résistance de référence = 2,9 N/mm2.
Tableau 2 Distance maximale entre barres dotées d’une adhérence améliorée [7].
Largeur de fissure maximale wk = 0,4 mm wk = 0,3 mm wk = 0,2 mm
Contrainte de l’acier Distance maximale entre les barres smax (mm)
σs1 (N/mm2)
160 300 300 200
200 300 250 150
240 250 200 100
280 200 150 50
320 150 100 -
360 100 50 -
La contrainte de l’acier doit être déterminée dans la combinaison de charges considérée. On peut la calculer de manière approximative
comme suit :
En cas de contrainte de l’acier σs1 de 240 N/mm² pour une application normale (φ* = 16 mm), on peut déduire du tableau 1 que le
diamètre de barre maximal φ sera égal à :
φ = φ*.fct,eff/fct,0 = 16 x 2,6/2,9 = 14,3 mm.
Le tableau 2 permet d’affirmer qu’avec une contrainte de l’acier σs1 de 240 N/mm² dans le cas d’une application normale, la distance
maximale entre les barres smax sera égale à :
smax = 200 mm.
Sur la base de ces informations, on peut conclure qu’il n’est pas nécessaire de procéder à un calcul détaillé de l’ouverture de la fissure.
Ce contrôle est réalisé à l’aide de la combinaison de charges caractéristique (ou rare). Dans ce cadre, on tiendra compte du poids
propre de la tôle et du poids du béton frais. Par contre, les charges constructives déterminées pour les ELU ne sont pas prises en
considération.
5 g × L4 5 2, 402 × 44
δs = . = . = 0,0118 m = 11,8 mm,
384 Ea × Ip 384 210000.103 × 3, 23.10−6
avec :
• g = gp + gb = 0,162 + 2,24 = 2,402 kN/m² (combinaison de charges caractéristique)
• Ea = 210000 N/mm²
• Ip = 3,23.106 mm4/m.
Selon le § 9.6(2) de l’EC 4, cette flèche ne peut être supérieure à L/180. Les données ci-dessus permettent de déduire que
δs,max = L/180 = 4000/180 = 22,2 mm. Par conséquent, on peut conclure que les conditions sont remplies.
Le calcul de cette flèche peut être négligé si l’on satisfait à l’exigence d’élancement (cf. tableau 7.4N de l’EC 2). Celle-ci se calcule à
l’aide de la formule suivante :
L 4000
k= = = 42, 6
dp ’ 93, 97
où :
• k = l’élancement du plancher
• L = la longueur de la portée = 4 m
• dp’ = l’épaisseur en service, en d’autres termes la distance de la face supérieure du plancher en béton au centre de gravité de la tôle.
Cette valeur k doit être inférieure à 26 pour la travée extrême d’un plancher continu. Etant donné que cette condition n’est pas remplie,
il importe encore de procéder au calcul de la flèche. Pour ce faire, il est nécessaire de connaître les moments d’inertie de la section.
Selon l’EC 4 [7], la flèche peut être déterminée par le biais des approches suivantes :
• le moment d’inertie d’une section peut être considéré comme égal à la moyenne des valeurs de la section non fissurée et de la
section entièrement fissurée
• afin de déterminer le rapport entre les modules pour le béton, on peut considérer une valeur moyenne Ec,eff = Ecm/2. Cette valeur tient
compte des effets du retrait du béton (§ 5.4.2.2(11) de l’EC 4).
La section équivalente non fissurée du béton contient l’ensemble de la section du béton et n fois la section de l’acier (n représentant le
rapport entre les modules). Le moment d’inertie I1 est calculé comme suit (voir figure 6) :
A c1 = 50 × 1000 + 4, 3 × 100 × 93, 5 + (13, 34 − 1) .503 + (13, 34 − 1) .337 + 13, 34.2104 = 128512 mm2.
(*) Le terme ‘équivalent’ indique que l’on tient compte d’une section de béton homogénéisée.
Sur la base de ces informations, on peut déduire que le moment d’inertie I1 de la section équivalente non fissurée du béton est égale
à:
2 2
1000 × 503 ⎛ 50 ⎞ 93, 5 × 1003 ⎛ 100 ⎞
I1 = + 50 × 1000. ⎜ 150 − − 83, 7 ⎟ + 4, 3. + 4, 3 × 93, 5 × 100. ⎜ 83, 7 −
12 ⎝ 2 ⎠ 12 ⎝ 2 ⎟⎠
π.84 π..104
+ (13, 34 − 1) . .10 + (13, 34 − 1) .503. (116 − 83, 7 ) + (13, 34 − 1) .
2
.4, 3
64 64
+ (13, 34 − 1) .337. ( 83, 7 − 50 ) + 13, 34 × 3, 23.106 + 13, 34 × 2104.83, 7 ( 84,14 − 56, 03 ) = 2,50.108 mm4.
2 2
Remarque : Le rôle joué par le moment d’inertie des barres d’armature sur les résultats de calcul du moment d’inertie de la section
équivalente du béton est insignifiant. C’est pourquoi on ne tient que rarement compte de ces termes.
◆ Moment d’inertie I2+ de la section équivalente fissurée du béton en flexion positive (travée)
La section équivalente fissurée du béton en flexion positive comprend la section du béton (dans le cadre de laquelle le béton en
traction est négligé) et n fois la section de l’acier au droit d’une section dans la travée. Le moment d’inertie I2+ est calculé comme suit
(voir figure 7) :
b0
-
dp
(ht-d2) ε -
As2
2 4
b.x e+23 ⎛ x+ ⎞ π.φA 2
I2+ = + x e+2 .b. ⎜ e2 ⎟ + ( n − 1) . s1
.nA + ( n − 1) .A s1. ⎡⎢ x e+2 − ( ht − d ) ⎤⎥
12 ⎜ 2 ⎟ 64 s1 ⎣ ⎦
⎝ ⎠
π.φ4A
( ) ( )
2 2
+n. s2
.nA + n.A s2 . ht − d2 − x e+2 + n.Ip + n.Ap . ht − dp ’ − x e+2 .
64 s2
Sur la base de ces données, on peut déduire que le moment d’inertie I2+ de la section équivalente fissurée du béton en flexion positive
(travée) est égal à :
2
1000 × 51, 23 ⎛ 51, 2 ⎞ π.84 π.84
I2+ =
2
+ 51, 2 × 1000 × ⎜ ⎟ + (13, 34 − 1) . .10 + (13, 34 − 1) .503. ⎡⎣51, 2 − (150 − 116 ) ⎤⎦ + 13, 34. .4, 29
12 ⎝ 2 ⎠ 64 64
+13, 34 × 337. (150 − 50 − 51, 2 ) + 13, 34 × 3, 23.106 + 13, 34 × 2104. (150 − 56, 03 − 51, 2 ) = 1,85.108 mm4.
2 2
◆ Moment d’inertie I2− de la section équivalente fissurée du béton en flexion négative (appui intermédiaire)
La section équivalente fissurée du béton en flexion négative comprend la section du béton (dans le cadre de laquelle le béton en
traction est négligé) et n fois la section de l’acier au droit de l’appui intermédiaire. Le moment d’inertie I2− est calculé comme suit (voir
figure 8) :
-
As1
b0
AN dp −
x e2
+
ε +
As2
2 4
b .x − 3 ⎛ x− ⎞ π.φA
( )
2
I2− = np . 0 e2 + np × b0 × x e−2 . ⎜ e2 ⎟ + n. s1
.nA + n.A s1. d − x e−2
12 ⎜ 2 ⎟ 64 s1
⎝ ⎠
π.φ4A
( ) ( )
2 2
+ (n − 1) . s2
.nA + (n − 1) .A s2 . x e−2 − d2 + n.Ip + n.Ap . x e−2 − dp ’ .
64 s1
−
On obtient la position de la ligne neutre x e2 (mesurée par rapport à la face supérieure de la dalle mixte) en circonscrivant le moment
statique S2− de la section fissurée autour d’un axe passant par ce centre de gravité. Ceci est réalisé à l’aide de la formule suivante :
x−
) ( ( ) ( )
np .b0 .x e−2 . e2 + (n − 1) .A s2 . x e−2 − d2 + (n − 1) .Ap . x e−2 − dp ’ − n.A s1. d − x e−2 = 0
2
x− 2
4, 29 × 93, 5 × e2 + (13, 34 − 1) .337. ( x e−2 − 50 ) + (13, 34 − 1) .2105. ( x e2
−
2 − 56, 03 ) − 13, 34 × 503. (116 − x e2 ) = 0
−
2
200, 6. ( x e−2 ) + 36834.x e−2 − 2, 44.106 = 0.
2
−
Par conséquent x e2 s’élève à 51,7 mm.
−
Sur la base de ces données, on peut déduire que le moment d’inertie I2 de la section équivalente fissurée du béton en flexion
négative (appui intermédiaire) est égal à :
2
93, 5 × 51, 73 ⎛ 51, 7 ⎞ π.84
I2− = 4, 3. + 4, 3 × 93, 5 × 52, 02. ⎜ ⎟ + 13, 34. .10
12 ⎝ 2 ⎠ 64
π × 104
+ (13, 34 − 1) × 503. (116 − 51, 7 ) + (13, 34 − 1) . .4, 29 + 13, 34 × 337. ( 51, 7 − 50 )
2 2
64
+13, 34 × 3, 23.106 + 13, 34 × 2104. ( 51, 7 − 56, 03 ) = 8,99.107 mm4.
2
+
Le moment d’inertie moyen de la section dans la travée Imoy se calcule comme suit :
+ I+ + I+ 2, 50.108 + 1, 85.108
Imoy = 1 2 = = 2,18.108 mm4.
2 2
−
Le moment d’inertie moyen de la section située au-dessus des appuis intermédiaires Imoy est déterminé grâce à la formule suivante :
− I− + I− 2, 50.108 + 8, 99.107
Imoy = 1 2 = = 1,70.108 mm4.
2 2
La rédistribution des moments au sein du béton à la suite de la fissuration au droit de l’appui intermédiaire est prise en compte lors de
la détermination de la flèche par le biais de l’utilisation d’une moyenne pondérée du moment d’inertie moyen de la section dans la
travée et du moment d’inertie moyen de la section au-dessus des appuis intermédiaires. 75% du moment d’inertie en flexion positive et
25% du moment d’inertie en flexion négative [9] semble constituer une combinaison appropriée. En d’autres termes, le moment
d’inertie du plancher mixte en acier-béton est fourni par la formule suivante :
+ −
IPMAB = 75 % . Imoy + 25 % . Imoy = 75 % . 2,18.108 + 25 % . 1,70.10 8 = 2,06.108 mm4.
◆ Calcul de la flèche
5 3 × 40004 5 2 × 40004
= 0, 70. . + 0, 41. . = 3,0 mm,
384 15738 × 2, 06.108 06.108
384 15738 × 2,0
où les facteurs 0,70 et 0,41 traduisent l’influence du nombre de travées. Ils permettent aussi de constater s’il a ou non été tenu compte
du schéma de damier de l’action. On pourra ainsi déterminer la combinaison de charges la plus critique.
Selon la norme NBN B 03-003 [3], les valeurs limites recommandées pour la flèche sont les suivantes :
• L/500 pour un revêtement de sol fixé rigidement ou de grande dimension
• L/350 pour un revêtement de sol de petite dimension ou fixé de façon à ce que la déformation du support ne soit pas intégralement
transmise au revêtement
• L/250 pour un revêtement de sol souple.
La valeur limite L/500 = 4000/500 = 8 mm n’étant pas dépassée, tous les types de revêtement de sol peuvent être mis en œuvre.
La flèche totale peut à son tour être calculée avec la formule suivante :
δtot = δs + δ = 11,8 mm + 3,0 mm = 14,8 mm.
3.2 Exemple de calcul 2 : mise en œuvre des tôles dans le sens de la longueur et utilisation de poutres secondaires
Dans cet exemple, nous partons de l’hypothèse selon laquelle les tôles sont placées dans le sens de la longueur. Grâce à l’utilisation de
poutres secondaires, des portées de 3 m ont pû être réalisées. Les tôles possèdent une longueur de 6 m et sont soutenues par trois
appuis durant la phase de construction, ce qui entraîne l’apparition de deux travées de 3 m. Une fois la phase de construction terminée,
on obtiendra un plancher mixte d’une longueur totale de 18 m comportant six travées possédant chacune une portée de 3 m (cf. figure 9).
4 4
3 3 3
8m
3m 3m 3m 3m 3m 3m
Les charges exercées sur la construction et les caractéristiques du béton et de l’acier utilisés sont identiques à celles fournies dans
l’exemple 1.
Compte tenu des calculs aux ELU [7, 11], la hauteur totale du plancher mixte en acier-béton s’élève à 120 mm et la tôle possède une
épaisseur de 1,2 mm, une nuance d’acier fyp de 280 N/mm² et une géométrie telle qu’illustrée à la figure 10.
En outre, le plancher mixte en acier-béton est également pourvu d’une armature supérieure (treillis de 200/200 mm) d’un diamètre de
8 mm et d’une armature complémentaire anti-feu d’un diamètre de 8 mm placée au sein de chaque nervure.
Les propriétés de la tôle, fournies par le fabricant, peuvent être résumées comme suit :
• épaisseur de la tôle tp = 1,2 mm
• limite d’élasticité caractéristique fyp = 280 N/mm²
• moment d’inertie Ip = 7,60.105 mm4/m
• surface transversale Ap = 1585 mm²/m
• distance du centre de gravité à la face inférieure de la tôle dp’ = 30,32 mm
• hauteur du profilé hp = 70 mm
• largeur moyenne d’une nervure b0 = 162 mm
• creux périodique bs = 300 mm
• poids propre de la tôle/m² g p = 0,13 kN/m².
De plus, il importe de tenir compte des renseignements complémentaires suivants, qui dépendent de la tôle et de la hauteur du
plancher :
• la hauteur du béton h c = 50 mm
• le poids propre du béton/m² gb = 2,2 kN/m².
La fissuration du béton est contrôlée au droit des appuis intermédiaires sous la combinaison de charges quasi-permanente. La ligne
des moments correspondante est illustrée à la figure 11.
X
Y 1,58 2,04 2,04 1,58
3,66 3,66
3m
La contrainte de l’acier peut être calculée de manière approximative à l’aide de la formule suivante :
Md,quasi 4, 98.106
σs1 = = = 230 N/mm2,
z.A s1 86, 4 × 251
où :
• Md,quasi = le moment d’application engendré par la combinaison de charges quasi-permanente = 4,98 kNm
• z = le bras de levier entre l’effort de compression interne du béton et l’effort de traction de l’acier = 0,9.d = 0,9 x 96 = 86,4 mm
• As1 = la surface de l’armature de traction = 251 mm2.
Sur la base de ces informations, on peut conclure qu’il a été satisfait aux conditions des tableaux 1 et 2 et qu’un calcul direct de la
largeur de fissuration n’est pas nécessaire.
Cette flèche ne peut dépasser L/180. Les renseignements susmentionnés permettent d’affirmer que δs,max = L/180 = 3000/180 =
16,7 mm. Par conséquent, on peut conclure que la condition est remplie.
Le calcul de la flèche peut être négligé si l’exigence d’élancement est satisfaite : k ≤ 26. Celle-ci peut être calculée par le biais de la
formule suivante :
L 3000
k= = = 33,45.
dp ’ 89, 68
Dans le cas qui nous occupe, k s’élève cependant à 33,45, de sorte qu’un calcul de la flèche doit être réalisé. Pour ce faire, il est
indispensable de connaître les moments d’inertie de la section.
Le calcul des moments d’inertie s’effectue de la même manière que dans l’exemple 1. Les résultats sont :
• moment d’inertie I1 de la section équivalente non fissurée du béton :
I1 = 1,41.108 mm4
+
• moment d’inertie I2 de la section équivalente fissurée du béton en flexion positive (travée) :
I2+ = 1,01.108 mm4
• moment d’inertie I2− de la section équivalente fissurée du béton en flexion négative (appui intermédiaire) :
I2− = 2,64.107 mm4
• moment d’inertie moyen de la section dans la travée :
+
Imoy = 1,21.108 mm4
• moment d’inertie moyen de la section au-dessus des appuis intermédiaires :
−
Imoy = 8,37.107 mm4.
On peut en déduire que le moment d’inertie du plancher mixte en acier-béton est égal à :
IPMAB = 1,12.108 mm4.
◆ Calcul de la flèche
Afin de connaître la flèche maximale, la construction doit être chargée selon le schéma de damier. Cette flèche est maximale dans la
travée extrême. La flèche résultant de l’ensemble des actions (à l’exception du poids propre) est déterminée comme suit :
5 qk .L4 5 g .L4
δ = 0, 75. . + 0, 50. . finition
384 Ec,eff .IPMAB 384 Ec,eff .IPMAB
5 3 × 30004 5 2 × 30004
= 0, 75. . + 0, 50. . = 1,9 mm.
, .108
384 15738 × 112 12.108
384 15738 × 1,1
Comme la valeur limite L/500 = 3000/500 = 6 mm n’est pas dépassée, tous les types de revêtement de sol peuvent être mis en œuvre.
La flèche totale peut à son tour être calculée à l’aide de la formule suivante : δtot = δ + δs = 1,9 + 6,3 = 8,2 mm.
3.3 Exemple de calcul 3 : mise en œuvre des tôles dans le sens de la longueur et étayage durant la phase de construction
Dans cet exemple, les tôles de 9 m de long sont placées dans le sens de la longueur et étayées tous les 3 m durant la phase de cons-
truction. Une fois celle-ci terminée, on obtiendra un plancher mixte de deux travées possédant chacune une portée de 9 m (cf. figure 12).
étais poutre
3m 3m 3m
Les charges exercées sur la construction et les propriétés du béton et de l’acier utilisés sont identiques à celles de l’exemple 1.
Compte tenu des calculs aux ELU [7, 11], la hauteur totale du plancher mixte en acier-béton s’élève à 225 mm et la tôle possède une
épaisseur de 1,2 mm, une nuance d’acier fyp de 350 N/mm² et une géométrie telle qu’illustrée à la figure 13.
En outre, le plancher mixte en acier-béton est pourvu d’une armature supérieure (treillis de 100/100 mm) d’un diamètre de 12 mm,
d’une armature complémentaire de 100 mm et d’un diamètre de 10 mm et d’une armature anti-feu d’un diamètre de 8 mm placée au
sein de chaque nervure.
armature supérieure
(treillis de 100/100 mm)
Ø 12 mm
armature anti-feu
Ø 8 mm
135 mm
Les propriétés de la tôle, fournies par le fabricant, peuvent être résumées comme suit :
• épaisseur de la tôle tp = 1,2 mm
• limite d’élasticité caractéristique fyp = 350 N/mm²
• moment d’inertie I p = 2,38 . 106 mm4/m
• surface transversale Ap = 1848 mm²/m
• distance du centre de gravité à la face inférieure de la tôle dp’ = 42,5 mm
• hauteur du profilé hp = 80 mm
• largeur moyenne d’une nervure b0 = 160 mm
• creux périodique bs = 300 mm
• largeur unitaire b = 1000 mm
• poids propre de la tôle/m² g p = 0,145 kN/m².
En outre, il importe également de tenir compte des renseignements complémentaires suivants, qui dépendent de la tôle et de la
hauteur du plancher :
• la hauteur du béton h c = 145 mm
• le poids propre du béton/m² gb = 4,69 kN/m².
La fissuration du béton est contrôlée au droit de l’appui intermédiaire sous la combinaison de charges quasi-permanente. La ligne des
moments correspondante est illustrée à la figure 14.
X
Y 43,86 43,86
9m 9m
La contrainte de l’acier peut être calculée de manière approximative à l’aide de la formule suivante :
Md,quasi 78, 33.106
σs1 = = 2
z.A s1 170,1× 1916 = 240,4 N/mm ,
où :
• Md,quasi = le moment d’application engendré par la combinaison de charges quasi-permanente = 78,33 kNm
• z = le bras de levier entre l’effort de compression interne du béton et l’effort de traction de l’acier = 0,9.d = 0,9 x 189 = 170,1 mm
• As1 = la surface de l’armature de traction = 1132 + 785 = 1916 mm².
Sur la base de ces données, on peut conclure qu’il a été satisfait aux conditions des tableaux 1 et 2 et qu’un calcul direct de la largeur
de fissuration n’est par conséquent pas nécessaire.
Un calcul détaillé de la largeur de fissuration selon le § 7.3.4 de l’EC 2 est toutefois fourni ci-après à titre d’exemple.
On déterminera le moment de fissuration Mr à l’aide du moment d’inertie de la section non fissurée I1. Celui-ci est calculé à l’aide de la
formule suivante :
23
Mr = W1 × 0, 3 × fck = 1, 0 × 107 × 0, 3 × 252 3 = 25,75 kNm,
où :
• fck = la résistance en compression caractéristique du béton = 25 N/mm²
• W1 = le moment de résistance de la section non fissurée, exprimé par la formule :
I1 1, 0.109
W1 = = = 1,0.107 mm3,
ht − x e1 225 − 123, 7
avec :
– I1 = 1,0.109 mm4
– xe1 = 123,7 mm.
Etant donné que le moment d’application à la suite de la combinaison de charges quasi-permanente M d,quasi est plus grand que le
moment de fissuration Mr (78,33 kNm > 25,75 kNm), il y aura fissuration et il sera possible de déterminer la largeur de celle-ci.
Pour le calcul de l’ouverture moyenne, il importe de déterminer l’allongement relatif de l’acier (εsm - εcm) et la distance de fissuration
maximale sr,max.
σs =
(
n.Md,quasi . d − x e−2 ) = 13, 34 × 78, 33.106 × (189 − 81, 7) = 242 N/mm ,
2
I2− 08
4, 63.10
avec Md,quasi = 78,33 kNm
• kt = un facteur dépendant de la durée de l’action = 0,4 (action de longue durée)
• fct,eff = 2,6 N/mm²
• ρr = le pourcentage d’armatures, exprimé par la formule :
As 1916
ρr = = = 0, 021 ,
A c,eff 90000
où :
– As= la superficie totale des armatures de traction = 1916 mm²
– Ac,eff = la surface du béton en traction de la section = 2,5 . b . (ht – d) = 2,5 . 1000 . (225 – 189) = 90000 mm2.
La flèche maximale est la plus importante dans les travées extrêmes et est calculée grâce à la formule suivante :
5 g × L4 5 4, 836 × 30004
δs = 0, 52. . = 0, 52. . = 5,0 mm,
384 Ea × I 384 2,1.105 × 2, 38.106
avec g = 2,836 kN/m².
Cette flèche ne peut dépasser L/180. Les renseignements susmentionnés permettent d’affirmer que δs,max = L/180 = 3000/180 =
16,7 mm. Par conséquent, on peut conclure que la condition est remplie.
Pour des calculs plus approfondis, il est nécessaire de connaître la flèche dans la travée intermédiaire. Celle-ci peut être déterminée à
l’aide de la formule suivante :
g × L4 4, 836 × 30004
δs = 0, 0014. = 0, 0014. = 1,1 mm.
Ea × I 2,1.105 × 2, 38.106
Le calcul de la flèche peut être négligé si l’on satisfait à l’exigence d’élancement : k ≤ 26. Celle-ci peut être calculée par le biais de la
formule :
L 9000
k= = = 49, 32 .
dp ’ 182, 5
Dans le cas qui nous occupe, la valeur k s’élève à 49,32, de sorte qu’il est bel et bien nécessaire d’effectuer un calcul de la flèche.
Pour ce faire, il est indispensable de connaître le moment d’inertie de la section.
Le calcul des moments d’inertie est identique à celui de l’exemple 1. Les résultats sont :
• moment d’inertie I1 de la section équivalente non fissurée du béton :
I1 = 1,0.109 mm4
• moment d’inertie I2+ de la section équivalente fissurée du béton en flexion positive (travée) :
I2+ = 5,30.108 mm4
• moment d’inertie I2− de la section équivalente fissurée du béton en flexion négative (appui intermédiaire) :
I2− = 4,63.108 mm4
• moment d’inertie moyen de la section dans la travée :
+
Imoy = 7,66.108 mm4
• moment d’inertie moyen de la section au-dessus des appuis intermédiaires :
−
Imoy = 7,33.108 mm 4.
On peut en déduire que le moment d’inertie du plancher mixte en acier-béton est égal à : IPMAB = 7,58.108 mm4.
◆ Calcul de la flèche
La flèche engendrée par la charge doit tenir compte des forces d’étançonnage. Ces forces sont égales aux forces de réaction des
étançons durant la phase de construction.
La flèche résultant de l’ensemble des actions (à l’exception du poids propre) est déterminée comme suit :
L3
δ= . ( 0, 0051.F + 0, 0091.qk .L + 0, 0053.gfinition .L )
Ec,eff .IPMAB
90003
δ= . ( 0, 0051.16000 + 0, 0091.3.9000 + 0, 0053.2.9
9000 ) = 25,7 mm,
15738 × 7, 58.108
où :
• le coefficient 0,0051 fournit l’influence des charges ponctuelles sur la construction
•L=9m
• F = la force d’étançonnage en cas de combinaison de charges quasi-permanente = 16 kN.
On satisfait tout juste aux valeurs limites L/350 = 9000/350 = 25,7 mm. Cependant, la valeur limite L/500 = 9000/500 = 18 mm est
quant à elle dépassée, de sorte qu’il n’est pas satisfait aux ELS pour un revêtement de sol de grande dimension. Cela implique que la
conception doit être reconsidérée.
La flèche totale peut être calculée à l’aide de la formule suivante : δtot = δ + δs = 25,7 + 1,1 = 26,8 mm.
4 CONCLUSION Les exemples de calcul 1 et 2 fournissent deux tantes, l’emploi d’un tel revêtement ne se révèle
solutions sans étayage durant la phase de cons- avantageux que si l’accent est placé sur une grande
L’un des principaux avantages des planchers truction. L’un des grands avantages de cette flexibilité ou une importante rapidité d’exécution
mixtes en acier-béton est leur poids relative- solution est la possibilité de réaliser plusieurs ou si les avantages logistiques sont plus nom-
ment faible par m² de plancher. En raison du planchers en même temps : les tôles sont breux. Le tableau 3 constitue une synthèse des
profilé des tôles, une plus petite quantité de d’abord mises en œuvre aux différents étages exemples présentés dans cet article, rédigé dans
béton est en effet nécessaire par rapport aux et le béton est ensuite coulé (cf. figures 15 le cadre de l’Antenne Normes ‘Eurocodes’ du
planchers en béton classiques. Cette économie et 16). CSTC (www.normes.be/eurocodes). ■
s’avère surtout intéressante pour le dimension-
nement des colonnes et des fondations d’im- En cas d’utilisation de poutres secondaires, les
meubles multi-étagés. Comme les portées qu’il portées des tôles mais aussi du plancher mixte
est possible de réaliser avec les tôles sont plu- en acier-béton diminuent, ce qui permet d’ob-
tôt limitées, l’exécution de grandes portées tenir une tôle plus légère et un plancher plus
exemptes de colonnes nécessite l’utilisation de fin.
poutres secondaires (ce qui fait augmenter la Fig. 16 Coulage du béton sur une
consommation d’acier) ou l’étayage des tôles Dans l’exemple de calcul 3, on a opté pour un tôle profilée écrouie à froid.
durant la phase de construction. étayage durant la phase de construction. Il a
ainsi été possible de réaliser une portée de 9 m,
mais des exigences beaucoup plus sévères ont
Fig. 15 Mise en œuvre d’un bâtiment du être posées au plancher mixte en acier-bé-
multi-étagé. ton : une tôle plus lourde, une meilleure nuance
d’acier et une épaisseur totale du plancher de
225 mm. En outre, le plancher ne répond pas
à l’exigence la plus sévère en matière de flè-
che, de sorte que la conception devra être adap-
tée si l’on désire mettre en œuvre des revête-
ments de sol de grandes dimensions.
t BIBLIOGRAPHIE
1 Delincé D. et Parmentier B.
La construction mixte acier-béton. 2e partie : vérification des états limites de service selon l’Eurocode 4. Bruxelles, Centre scientifique
et technique de la construction, Les Dossiers du CSTC, Cahier n° 7, 4e trimestre 2004.
2 Hicks S.
Vibration characteristics of steel-concrete composite floor systems. Progress in Structural Engineering and Materials, John Wiley &
Sons, Ltd., vol. 6, p. 21-38, 2004.
9 Johnson R. P.
Composite Structures of Steel and Concrete : Beams, Slabs, Columns, and Frames for Buildings. Oxford, Blackwell, 2004.
10 Johnson R. P. et Anderson D.
Designers’ Guide to EN 1994-1-1. Eurocode 4 : Design of composite steel and concrete structures. Part 1.1 : General rules and rules
for buildings. Londres, Thomas Telford, 2004.
11 Parmentier B. et Martin Y.
La construction mixte acier-béton. 1ère partie : dimensionnement aux états limites ultimes selon l’Eurocode 4. Bruxelles, Centre scientifi-
que et technique de la construction, CSTC-Magazine, hiver 2002.