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Chapitre 1

GÉNÉRALITÉS SUR LES ONDES

I – PHÉNOMENE ONDULATOIRE
1 – Définition
Considérons un milieu remplissant l’espace muni d’un référentiel R(O, x, y, z) et dont
les propriétés macroscopiques sont constantes dans le temps. Supposons que dans une région
donnée se produise un phénomène physique variable dans le temps qui peut être caractérisé
par une grandeur ψ. Ce phénomène est dit ondulatoire s’il est susceptible d’être détecté
ultérieurement en différents points de l’espace. On dit qu’il subit une propagation dans le
milieu.
Près de l’endroit où le phénomène a pris naissance, en un point donné S repéré dans le
référentiel R par le vecteur position r0 , le phénomène,
transmis dans le milieu, se fait ‘sentir’ à l’instant
t0 et les variations de ψ = ψ(r0 , t) en fonction du
temps sont représentées par la figure 1-a. Loin de cet
endroit, en un point M(r) du milieu, la mesure de
la grandeur ψ, effectuée aux mêmes instants, peut
accuser l’absence du phénomène : ψ(r, t) = 0. Au
bout d’un certain temps, le phénomène atteint le
point M et l’on constatera que ψ(r, t) 6= 0 (figure FIGURE 1
1-b).
Si le phénomène n’est ni atténué ni distordu pendant la propagation, la grandeur ψ au
point M à un instant t est ce qu’elle était au point S à l’instant antérieur t0 = t − τ :
ψ(r, t) = ψ(r0 , t − τ )
où τ = τ (r) est le temps mis par le phénomène pour parvenir jusqu’au point courant M en
passant par le point S considéré comme une référence. Dans cette expression, on peut omettre
le vecteur donné r0 et écrire tout simplement :
ψ(r, t) = ψ(t − τ ) . (1)
En fait, cette forme de variation de ψ en fonction de l’espace et du temps n’est pas
tributaire de l’absence de distorsion et d’atténuation. C’est l’une des formes des solutions
d’une équation différentielle, dite équation d’onde, vérifiée par les phénomènes ondulatoires
en général. Au paragraphe 3 ci-dessous, nous déduirons cette équation différentielle à partir
de l’expression (1).
2 – Front d’onde
La grandeur ψ(r, t) ne dépend pas séparément du temps t et de la position r du point
d’observation M mais de la quantité :
φ(r, t) = t − τ (r) (2)

1
2 Chapitre 1

dite phase (∗) de l’onde au point M, à l’instant t. Les lieux de l’espace


tels que, à un instant t donné :
φ(r, t) = cte ,
sont des surfaces appelés surfaces équiphases ou bien encore fronts
d’onde (figure 2). Ces lieux accusent la même valeur de ψ.
FIGURE 2
3 – Notion de rayons d’une onde
Considérons, à un instant t donné, un point courant M(r)
appartenant à un front d’onde donné φ = φ0 . Soit un point quelconque M0 (r + dr) infiniment
voisin de M et appartenant avec lui à ce même front d’onde φ0 , au même instant t. On a
donc :
φ(r, t) = φ(r + dr, t) = φ0 ,
ou bien encore compte tenu de (2) :
τ (r) = τ (r + dr) .
Le deuxième membre peut être développé au premier ordre en dr :
τ (r + dr) = τ (r) + ∇τ (r) · dr ,
d’où l’on a :
∇τ (r) · dr = 0 .
Le vecteur infinitésimal dr = MM0 quelconque étant contenu dans le front d’onde φ(r, t) =
φ0 , il s’ensuit que le champ de vecteurs ∇τ (r) est orthogonal à ce front. On appelle rayons
de l’onde ψ, les lignes de champ de ∇τ (r).
4 – Vitesse de phase
Considérons maintenant, le long d’un rayon d’onde (R), deux
points infiniment voisins M(r) et M0 (r + dr). Le vecteur élémentaire
dr = MM0 est ainsi colinéaire avec le champ ∇τ en M. Les points
M et M0 sont disposés de sorte qu’un front d’onde quelconque φ0
passe à l’instant t par M et à l’instant postérieur t + dt, du fait de
la propagation, par M0 (figure 3). On a donc :
φ0 = φ(r, t) = φ(r + dr, t + dt) ; FIGURE 3

d’où l’on déduit, eu égard à (2) :


dt = τ (r + dr) − τ (r) ≡ dτ
qui s’écrit encore au premier ordre en dr :
dt = ∇τ (r) · dr . (3)
Comme dt > 0, il en découle que ∇τ (r) est par ailleurs de même sens que dr, c’est-à-dire
orienté dans le sens de propagation de l’onde.
À présent, orientons le rayon d’onde (R) dans le sens de la propagation et désignons
par s l’abscisse curviligne du point M sur ce rayon, l’origine étant prise, par exemple, sur la
position du front φ0 à son passage par le point référence S (figure 3). Le module du vecteur
dr est donc :
kdrk = ds = s0 − s ,
(∗)
Dans le cas où la variation de ψ en fonction du temps est cosinusoı̈dale, la définition de la phase de
l’onde est légèrement différente.
GÉNÉRALITÉS SUR LES ONDES 3

s0 étant l’abscisse curviligne du point M0 . Ainsi, l’équation (3) devient :


dt = |∇τ (r)| ds ;
d’où l’on a :
ds 1
= = vp (r) . (4)
dt |∇τ (r)|
La quantité vp , homogène à une vitesse, est appelée vitesse de phase. C’est la vitesse avec
laquelle se propage un front d’onde donné. Elle dépend des propriétés intrinsèques du milieu
ainsi que de certaines caractéristiques de l’onde elle-même. Pour un milieu homogène, elle est
une constante de propagation dans une direction donnée ; si, en outre, le milieu est isotrope,
elle ne dépend pas de la direction de propagation. Dans certains milieux dits dispersifs,
elle dépend de la rapidité avec laquelle ont lieu les variations temporelles de l’onde(∗). Par
ailleurs, pour une onde vectorielle comme les ondes lumineuses, elle dépend de l’orientation
du vecteur ψ par rapport à certaines directions particulières propres au milieu ; un tel milieu
est dit biréfringent.
Introduisons le vecteur unitaire et tangent au rayon d’onde orienté (R) et défini par :
dr
et = ; (5)
ds
il vient :
et
∇τ (r) = |∇τ (r)| et = . (6)
vp (r)

5 – Onde plane. Onde sphérique


a – Onde plane
Une onde est plane lorsque, dans une direction de propagation donnée, les fronts d’onde
sont des plans parallèles. Cela revient aussi à dire que les fronts d’onde, plans, se déplacent
parallèlement à eux-mêmes. Cette condition n’est assurée que si le champ de vitesse de phase
vp (r) et, par conséquent, le champ de vecteurs parallèle ∇τ (r) sont uniformes sur un front
d’onde donné. Les propriétés intrinsèques du milieu dont dépend la propagation doivent donc
être identiques dans des plans perpendiculaires à la direction de propagation.
Dans la réalité physique, les fronts d’ondes plans ne s’étendent pas à l’infini ; un faisceau
laser parallèle, par exemple, bien que pouvant être associé dans la pratique à une onde
lumineuse plane, admet une section finie. De plus, une onde rigoureusement plane n’existe
pas ; cependant, dans des régions suffisamment petites, les fronts d’onde sont pratiquement
plans et on parle alors d’onde localement plane (figure 4).
b – Onde sphérique
Dans le cas d’une onde sphérique, les fronts d’onde
sont des sphères concentriques (figure 4). Cette situation
n’est possible que si le champ ∇τ (r), qui est alors radial,
conserve le même module sur un front d’onde donné. Les
propriétés intrinsèques du milieu doivent en conséquence
présenter la symétrie sphérique autour du centre des fronts FIGURE 4
d’onde.
Un milieu homogène et isotrope présente évidemment les conditions requises pour la
propagation d’ondes aussi bien planes que sphériques.
(∗)
Cela se traduit dans le cas d’une onde harmonique, définie au chapitre 3, par le fait que vp dépend de
la pulsation ω de l’onde.
4 Chapitre 1

6 – Onde scalaire. Onde vectorielle


Une onde est dite scalaire si la grandeur physique ψ qui la caractérise est une quantité
scalaire. Un exemple courant est le son émis dans l’air. Celui-ci est dû aux compressions
et dilatations successives des couches d’air. La pression p des couches varie autour de la
pression moyenne p0 de l’air à l’équilibre. La grandeur ψ qui se propage est alors la pression
différentielle pd = p − p0 .
Une onde est dite vectorielle si la grandeur ψ est une quantité vectorielle. On peut citer
comme exemple toute onde mécanique où il y a déplacement de la matière. La grandeur ψ
peut alors être le déplacement et (r, t) de la matière autour d’une position d’équilibre r, ou
encore la vitesse de déplacement v(r, t) = det /dt, autour de la valeur nulle. Une corde qui
vibre et des vagues à la surface libre de l’eau sont des exemples d’ondes vectorielles. De plus,
si l’on considère que la propagation d’un son est due au mouvement des couches d’air, on
peut dire qu’une onde sonore présente également un aspect vectoriel.
Pour les vibrations vectorielles, on distingue le cas où la grandeur ψ est parallèle au sens
de propagation et le cas où elle est perpendiculaire. Dans le premier cas, on dit que l’on a
une onde longitudinale ; dans le second, on parle d’onde transversale. Une onde sonore est
longitudinale ; la vibration des cordes d’un instrument de musique est une onde transversale.
II – ÉQUATION D’ONDE
1 – Cas général
Réécrivons la relation (1) compte tenu de (2) :
ψ(r, t) = ψ[φ(r, t)] .
En considérant, dans un premier temps, ψ comme étant une fonction de la variable φ, la
différentielle seconde s’écrit :
d2 ψ = ψ 00 (φ) dφ2 (7)
où :
dφ = dt − dτ = dt − ∇τ · dr . (8)
Introduisons le vecteur unitaire et parallèle et de même sens que le vecteur ∇τ (r) :
∇τ
et = = vp ∇τ
|∇τ |
où l’on a considéré la relation (4). En désignant par (sx , sy , sz ) les composantes cartésiennes
de ce vecteur et par (x, y, z) celles du vecteur position r, la relation (8) devient :
1 sx dx + sy dy + sz dz
dφ = dt − et · dr = dt − .
v vp
La relation (7) s’écrit donc, après développement du carré de dφ et arrangement :

2 00 2 s2x 2 s2y 2 s2z 2
d ψ = ψ dt + 2 dx + 2 dy + 2 dz
vp vp vp
2sy sz 2sx sz 2sx sy
+ 2
dy dz + 2
dx dz + dx dy (9)
vp vp vp2

2sx 2sy 2sz
− 2 dx dt − 2 dy dt − 2 dz dt .
vp vp vp
GÉNÉRALITÉS SUR LES ONDES 5

Maintenant, en considérant ψ comme étant fonction des variables t et r, c’est-à-dire de t, x,


y et z, sa différentielle seconde s’écrit :
∂ 2 ψ 2 ∂ 2 ψ 2 ∂ 2 ψ 2 ∂ 2ψ 2
d2 ψ = dt + dx + dy + dz
∂t2 ∂x2 ∂y 2 ∂z 2
∂ 2ψ ∂ 2ψ ∂2ψ
+2 dy dz + 2 dy dz + 2 dx dy
∂y ∂z ∂x ∂z ∂x ∂y
∂2ψ ∂ 2ψ ∂2ψ
+2 dx dt + 2 dy dt + 2 dz dt
∂x ∂t ∂y ∂t ∂z ∂t
L’identification de cette expression avec la relation (9), permet d’écrire en particulier :
∂2ψ ∂ 2ψ s2x 00 ∂2ψ s2y 00 ∂ 2ψ s2z 00
= ψ 00 , = ψ , = 2ψ , = ψ .
∂t2 ∂x2 vp2 ∂y 2 vp ∂z 2 vp2
En sommant membre à membre les trois dernières équations, on a sachant que ket k2 =
s2x + s2y + s2z = 1 :
1 ∂2ψ
∆ψ − 2 =0 (10)
vp ∂t2
Cette équation est dite équation des ondes. On peut vérifier de même qu’elle est également
satisfaite par la fonction ψ(r, t) = ψ(t + τ ) correspondant à la propagation du phénomène
ondulatoire dans le sens opposé à celui considéré précédemment. Aussi, on montre que sa
solution générale s’écrit :
ψ(r, t) = f (t − τ ) + g(t + τ )
où les fonctions f et g sont de classe C2 .
2 – Cas d’une onde plane
La propagation a lieu dans une direction fixe définie par
le vecteur unitaire et = vp ∇τ de composantes cartésiennes
(sx , sy , sz ). La position suivant cette direction d’un front d’onde
plan particulier est donnée par l’abscisse :
s = SH ,
l’origine étant prise sur la position du front considéré à son FIGURE 5
passage par le point référence S ; H représente la projection
orthogonale du point courant M sur le rayon d’onde passant par S (figure 5). Cette égalité
s’écrit aussi :
s = et · (r − r0 ) (11)
ou bien encore en notant (x0 , y0 , z0 ) les coordonnées cartésiennes du point S :
s = sx (x − x0 ) + sy (y − y0 ) + sz (z − z0 ) . (12)
Comme la phase φ, à un instant t, est la même pour tous les points M appartenant avec H
au même front d’onde plan repéré par l’abscisse s, c’est-à-dire :
φ(r, t) = φ(s, t) ,
la dépendance spatiale de ψ se réduit à la seule abscisse s :
ψ(r, t) = ψ(s, t) .
Exprimons alors le laplacien ∆ = ∇ · ∇ en fonction de s. Pour cela, écrivons d’abord la
dérivée partielle de ψ = ψ(s, t) par rapport à x ; on a :
∂ψ ∂ψ ∂s
=
∂x ∂s ∂x
6 Chapitre 1

puis tenant compte de (12), sachant que sx , sy et sz sont fixes :


∂ψ ∂ψ
= sx .
∂x ∂s
On a de même :
∂ψ ∂ψ ∂ψ ∂ψ
= sy , = sz .
∂y ∂s ∂z ∂s
Le gradient s’exprime donc dans la base cartésienne du référentiel R :
 
∂ ∂ ∂ ∂
∇= , , = (sx , sy , sz ) .
∂x ∂y ∂z ∂s
On en déduit le laplacien :
∂2 ∂2
∆ = ∇ · ∇ = (s2x + s2y + s2z ) =
∂s2 ∂s2
puisque s2x + s2y + s2z = 1. Ainsi, l’équation d’onde s’écrit :
∂ 2 ψ(s, t) 1 ∂ 2 ψ(s, t)
− =0 .
∂s2 vp2 ∂t2
3 – Cas d’une onde sphérique
Nous avons vu ci-dessus que la propagation d’une onde sphérique nécessite des propriétés
intrinsèques du milieu de présenter la symétrie sphérique autour du centre des fronts d’onde.
Choisissons l’origine O du référentiel R confondue avec ce centre et considérons le système de
coordonnées sphériques (r, θ, ϕ). La phase φ à un instant t est la même pour tous les points
situés à la même distance r du centre O :
φ(r, t) = φ(r, t) ,
et alors :
ψ(r, t) = ψ(r, t) .
Comme le laplacien s’exprime dans le système de coordonnées sphériques :
 2 
1 ∂ 2r 1 ∂ 1 ∂ 1 ∂2
∆= + 2 + + ,
r ∂r2 r ∂θ2 tg θ ∂θ sin θ ∂ϕ2
l’équation (10) s’écrit ainsi :
1 ∂ 2 (rψ) 1 ∂ 2ψ
− =0,
r ∂r2 v 2 ∂t2
ou bien encore en multipliant par r et en sachant que r et t sont deux variables indépendantes :
∂ 2 (rψ) 1 ∂ 2 (rψ)
− 2 =0.
∂r2 vp ∂t2
En posant Ψ = rψ, on a :
∂2Ψ 1 ∂2Ψ
− =0
∂r2 v 2 ∂t2
dont la solution générale est :
Ψ(r, t) = f [t − τ (r)] + g[t + τ (r)] ;
d’où l’on déduit :
Ψ(r, t) 1
ψ(r, t) = = {f [t − τ (r)] + g[t + τ (r)]} .
r r
GÉNÉRALITÉS SUR LES ONDES 7

Dans cette expression, la fonction r−1 f [t − τ (r)] est une onde qui diverge à partir du centre O
des fronts d’onde, et la fonction r−1 g[t + τ (r)] est une onde qui converge vers O. La présence
du facteur r−1 traduit une décroissance du phénomène quand on s’éloigne du centre.
III – NOTION DE CHEMIN D’ONDE
Nous essayons dans ce paragraphe d’étendre la notion de chemin optique utilisée en
optique géométrique. On définira l’indice n d’un milieu comme le rapport de la vitesse de
phase vp de l’onde dans ce milieu à la vitesse c qu’elle aurait dans un milieu arbitraire pris
comme référence ; en électromagnétisme, ce milieu de référence est le vide.
1 – Chemin d’onde
Considérons deux points A et B situés sur un même rayon d’onde (R) orienté dans le sens
de la propagation de l’onde. Soit un front d’onde (F) qui passe par le point A à l’instant tA et
par le point B à l’instant ultérieur tB . Désignons par FA et FB les positions correspondantes.
En notant dr = ds et le déplacement élémentaire du front (F) à partir d’un point M(r) du
rayon (R), la durée du trajet du front entre les positions FA et FB est :
Z B
ds
τAB = tB − tA = A
vp (r)
(R)

où vp (r) est la vitesse de phase au point M. Désignons par c la vitesse de phase de l’onde
lorsqu’elle se propagerait dans un certain milieu isotrope et homogène pris comme référence.
Le trajet que l’onde parcourrait dans ce milieu en une durée égale à τAB a pour longueur :
Z B
c
LAB = cτAB = A ds . (13)
vp (r)
(R)

En posant :
c
n(r) =
vp (r)
appelé indice du milieu considéré en M, on a :
Z B
LAB = A n(r) ds .
(R)

Cette quantité est appelée chemin d’onde entre les points A et B le long du rayon (R).
Considérons maintenant un autre rayon (R0 ) interceptant les positions FA et FB du front
d’onde (F), respectivement aux points A0 et B0 . Comme :
τA0 B0 = τAB ,
il vient :
LA0 B0 = LAB
signifiant que le chemin d’onde entre deux positions d’un front d’onde est le même pour tout
couple de points intersections d’un rayon quelconque avec ces deux positions.
2 – Principe de Fermat
Compte tenu de l’égalité (6), la relation (13) se réécrit :
Z B
LAB = c A ∇τ (r) · dr ;
(R)

le chemin d’onde LAB est ainsi proportionnel à la circulation du champ ∇τ (r) le long du
rayon (R) entre les points A et B.
8 Chapitre 1

Soit maintenant (C) une courbe quelconque joignant les points A et B. En un point
M de cette courbe, le vecteur u tangent à (C) fait avec le
champ de vecteurs et tangents aux différents rayons d’onde u
un angle α (figure 6). La circulation de ∇τ entre A et B, (F A ) α
le long de la courbe (C), s’écrit : M et B
Z B Z B Z B A
1 1 (FB )
∇τ · u dl = A et · u dl = n cos α dl , (R) (C)
A vp (r) c A
(C) (C) (C)
(14) FIGURE 6
dl étant un déplacement élémentaire sur la courbe à partir
du point M. Comme cos α ≤ 1, la dernière intégrale peut être majorée :
Z B Z B
A
n cos α dl ≤ A n dl .
(C) (C)

Par ailleurs, la circulation d’un gradient entre deux points donnés étant indépendante
du chemin suivi, la première intégrale dans l’équation (14) s’écrit aussi :
Z B Z B
LAB
A
∇τ · u dl = A ∇τ · et ds = .
c
(C) (R)

Il s’ensuit donc : Z B
LAB ≤ A
n dl .
(C)

Cette inégalité représente le principe de Fermat qui s’énonce :


Le chemin d’onde entre deux points est minimal le long d’un rayon lumineux.
3 – Rayons dans les milieux hétérogènes. Réfraction
a – Courbure des rayons
Le vecteur unitaire et = dr/ds, tangent au rayon (R) en un point M, a pour composantes
cartésiennes :
dx dy dz
sx = ; sy = ; sz =
ds ds ds
(x, y, z) étant les coordonnées cartésiennes de M. La dérivée par rapport à s de et est reliée
au rayon de courbure R de la courbe (R) en M par :
det en
= (15)
ds R
où en est le vecteur normal à et , dirigé vers le centre de courbure. Cette dérivée s’écrit aussi :
det ∂et dx ∂et dy ∂et dz ∂et ∂et ∂et
= + + = sx + sy + sz . (16)
ds ∂x ds ∂y ds ∂z ds ∂x ∂y ∂z
Par ailleurs, comme e2t = 1 = s2x + s2y + s2z , on a :
∇e2t = 0 ,
d’où l’on déduit :
0 = sx ∇sx + sy ∇sy + sz ∇sz . (17)
En soustrayant l’équation (17) de l’équation (16), on a :
     
det ∂et ∂et ∂et
= − ∇sx sx + − ∇sy sy + − ∇sz sz .
ds ∂x ∂y ∂z
GÉNÉRALITÉS SUR LES ONDES 9

La projection de cette relation sur l’axe Ox s’écrit :


   
dsx ∂sx ∂sy ∂sx ∂sz
=0+ − sy + − sz
ds ∂y ∂x ∂z ∂x
qui n’est autre que la composante suivant ce même axe du vecteur rot et ∧ et . En définitive :
det
= rot et ∧ et . (18)
ds
D’autre part, la relation (6) se réécrit en faisant apparaı̂tre l’indice n du milieu de
propagation :
net
∇τ (r) = .
c
En appliquant le rotationnel à cette dernière équation, on a :
rot(net ) = 0
puisque le rotationnel d’un gradient est nul. Il vient après développement :
n rot et + ∇n ∧ et = 0 ,
d’où l’on déduit :
1
rot et = − ∇n ∧ et .
n
En portant cette valeur dans (18), on obtient la relation :
det et
= ∧ (∇n ∧ et )
ds n
qui peut encore s’écrire en développant le double produit vectoriel :
det 1
= [∇n − (et · ∇n) et ] , (19)
ds n
d’où l’on déduit eu égard à (15) :
nen
∇n = (et · ∇n) et + . (20)
R
Les vecteurs et · ∇n et nen /R sont alors les composantes tangentielle et normale de ∇n au
rayon. La deuxième composante étant par ailleurs de même sens que en , il s’ensuit que les
rayons sont courbés dans le sens du champ ∇n orienté des régions à faibles valeurs de l’indice
n vers les régions à grandes valeurs.
D’autre part, comme dn = ∇n · dr = ∇n · et ds soit et · ∇n = dn/ds, l’équation (19)
peut s’arranger ainsi :
dn det d(net )
∇n = et + n = (21) .
ds ds ds
b – Conséquences
i – Propagation dans un milieu homogène
Si le milieu est homogène, l’indice n est uniforme dans une direction donnée ; le gradient
∇n selon cette même direction est alors nul et il s’ensuit, d’après (21), que et = cte. Les
rayons sont par conséquent rectilignes.
ii – Propagation dans un milieu stratifié
α – Cas des stratifications plane et sphérique
Intéressons-nous plus particulièrement aux milieux stratifiés plans et sphériques. Dans
le premier cas de stratification, les surfaces équi-indice correspondant à n = cte sont planes
et disposées parallèlement les unes aux autres. Dans le deuxième cas, elles sont sphériques
10 Chapitre 1

concentriques. Si, dans l’un des deux cas, un front d’onde φ = cte coı̈ncide avec une surface
équi-indice, les vecteurs et et ∇n sont parallèles et alors, d’après (20), R−1 = 0. Les rayons
restent donc rectilignes et le front d’onde se propage sans déformation. On retrouve ainsi les
conditions mentionnées au paragraphe I-1-e nécessaires à la propagation d’ondes planes et
sphériques.
β – Lois de la réfraction
• Cas d’un milieu stratifié plan
Orientons l’axe Oz de sorte qu’il soit normal aux plans n = cte. On a lors :
dn
∇n = ez .
dz
Multiplions vectoriellement l’équation (21) par ez ; on a :
d(net )
∧ ez = ∇n ∧ ez = 0
ds
puisque ∇n est porté par ez . Comme dez /ds = 0 (ez étant constant), cette équation peut
encore s’écrire :
d
(net ∧ ez ) = 0
ds
d’où :
net ∧ ez = cte = c . (22)
Le vecteur et est, en tout point M d’un rayon (R) donné, orthogonal au vecteur constant
c ; cela signifie que le rayon (R) est contenu dans un plan perpendiculaire à c. En outre, le
vecteur ez est lui aussi normal à c ; ce plan est également parallèle à l’axe Oz c’est-à-dire à
∇n.
En notant θ (≤ π/2) l’angle entre et et ez , la relation (22) s’écrit en module :
n sin θ = cte.
Si, en un certain point donné du rayon (R), on a θ = θ0 et n = n0 , alors :
n sin θ = n0 sin θ0 , (23)
relation qui permet de construire la marche d’un rayon dans un milieu stratifié plan.
• Cas d’un dioptre
Considérons un dioptre séparant deux milieux homogènes et isotropes (M1 ) et (M2 ),
d’indices n1 et n2 . Le gradient ∇n est normal au dioptre et dirigé vers le milieu qui présente
le plus grand indice. Dans chacun des deux milieux, les rayons sont rectilignes. Pour un
rayon (R) donné, ses deux portions situées respectivement dans les milieux (M1 ) et (M2 ) sont
contenues dans un même plan parallèle ∇n, appelé plan d’incidence. Notons maintenant θ1
et θ2 les angles que fait et avec la normale au dioptre. Dans le cas pratique où le dioptre
présente un rayon de courbure très grand devant l’étendue latérale des fronts d’onde, on peut
l’assimiler localement à un plan et l’on a d’après (23) :
n1 sin θ1 = n2 sin θ2 ,
Si, par exemple, n1 < n2 , alors θ2 < θ1 : le rayon est courbé vers la normale et sa concavité
est bien orientée dans le sens de ∇n dirigé du milieu (M1 ) vers le milieu (M2 ), en accord avec
la discussion de la relation (22) menée si-dessus.
GÉNÉRALITÉS SUR LES ONDES 11

• Cas d’un milieu stratifié sphérique


Prenons l’origine des coordonnées O au centre des sphères équi-indice et considérons la
dérivée par rapport à s du vecteur r ∧ net ; il vient en développant :
d dr d(net )
(r ∧ net ) = ∧ net + r ∧
ds ds ds
puis compte tenu de (5) et (21) :
d
(r ∧ net ) = et ∧ net + r ∧ ∇n = r ∧ ∇n .
ds
Étant donnée la symétrie sphérique du problème, on a n(r) = n(r) où r = |r|, et :
dn r
∇n = ,
dr r
c’est-à-dire que ∇n est colinéaire avec r ; d’où l’on a :
d
(r ∧ net ) = 0
ds
soit :
r ∧ net = cte (24)
signifiant que le rayon est constamment contenu dans un plan passant par le centre O de la
distribution sphérique de l’indice n.(∗) En désignant par θ l’angle entre r et et , cette relation
vectorielle peut encore s’écrire, en module, sous la forme suivante :
rn sin θ = cte.
appelée formule de Bouguer.

(∗)
La conclusion faite ici est basée sur la discussion de la relation (22). On pourra néanmoins faire l’analogie
entre l’équation (24) et l’expression du moment cinétique LO = r ∧ mv d’un point matériel M de masse m,
animé d’une vitesse v (tangente à la trajectoire) relativement à un certain référentiel R. Si seulement LO
conserve une direction fixe dans R, la trajectoire (équivalente au rayon) est contenue dans un plan fixe dans
R, perpendiculaire à LO et contenant le point O auquel est exprimé le moment cinétique.

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