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Foyer Amélioré Domestiques PDF
Foyer Amélioré Domestiques PDF
Afrique subsaharienne
René Massé
En Afrique subsaharienne, le fourneau traditionnel à charbon de bois est assez similaire
d’un pays à l’autre ; on l’appelle couramment « fourneau malgache », peut être en
référence à son origine. Un foyer amélioré à charbon de bois, c’est d’abord un foyer qui
consomme moins de charbon que le fourneau malgache… mais, sa conception exige que
d’autres contraintes soient prises en compte pour en permettre une diffusion massive et
dynamique : nous commencerons donc par examiner ce cahier des charges d’un FA. Puis,
nous présenterons quelques approches utilisées pour améliorer un foyer domestique
avant de présenter succinctement les méthodes de tests de Foyers préconisées.
Le protocole du TEE
• Noter les conditions météorologiques : température ambiante, intensité du vent
(fort, moyen, faible), l’humidité relative de l’air (relevée avec un hygromètre ou
enregistré depuis un centre météorologique proche).
• Peser la marmite (couvercle percé et thermomètre) à vide : ce poids sera noté MV
• Remplir la marmite d’eau au 2/3 de sa capacité. Remettre le couvercle et le
thermomètre
• Peser la marmite pleine, toujours avec couvercle et thermomètre : noter Mo ce
poids
• Noter la température de l’eau dans la marmite
• Nettoyer parfaitement le fourneau, puis le peser à vide et noter FV ce poids
• Remplir à raz bord le fourneau avec du charbon
• Allumer le feu avec des brindilles ou avec une cuillère à soupe de pétrole (10 à 15
ml) SANS poser la marmite
• Cinq minutes après l’allumage, peser le foyer plein et noter ce poids Fo
• Poser la marmite pleine d’eau, couvercle et thermomètre en place et démarrer le
minutage
• S’il existe un volet de fermeture de la porte, celui-ci doit rester ouvert
• Relever la température toutes les cinq minutes, sans déplacer la marmite ni le
fourneau
• Au moment où l’eau se met à bouillir, noter le temps TE
• Peser la marmite complète (eau, couvercle et thermomètre inclus) et noter le temps
M1
• Peser le fourneau plein du charbon restant (sans la marmite) et noter F1
• Reposer la marmite sur le fourneau et fermer le volet s’il existe pendant 60 minutes
• Veiller à ce que la température de l’eau ne descende pas en dessous de la
température d’ébullition : si cela arrive, le test n’est plus valable
• 60 minutes après le début de l’ébullition, peser la marmite complète et noter M2
• Peser le foyer plein du charbon et des braises restantes et noter F2
Expression des résultats
TE Temps nécessaire pour parvenir à l’ébullition
TES Temps d’ébullition spécifique = temps nécessaire pour amener un litre d’eau de
0 à 97°C (en mn/l)
PCUI Pourcentage de chaleur utilisé pour la première phase (phase de haute
puissance qui s’achève à l’ébullition) = rapport de l’énergie récupérée par le
contenu de la marmite à l’énergie produite par la combustion pendant la
première phase (%)
CS1 Consommation spécifique de la première phase = quantité de charbon
nécessaire pour amener un litre d’eau de 0 à 97°C (g/l)
P1 Puissance pendant la première phase = quantité d’énergie produite pendant la
première phase par unité de temps (kW)
PCUT Pourcentage de chaleur utilisé totale = rapport de l’énergie récupérée par le
contenu de la marmite à l’énergie produite par la combustion pendant la totalité
du test (%)
CS2 Consommation spécifique de la deuxième phase = quantité de charbon
nécessaire pour évaporer un litre d’eau pendant la deuxième phase (g/l)
P2 Puissance pendant la deuxième phase = quantité d’énergie produite pendant la
deuxième phase par unité de temps (kW)
CT Consommation totale de charbon durant le test (g)
MEV Masse d’eau évaporée sur la totalité du test (l)
F Flexibilité = rapport de la puissance de la première phase à la puissance de la
deuxième phase
Modes de calcul pour la première phase :
Le protocole du TEC
La préparation de la sauce et du riz se fait séparément sur deux foyers identiques et en
parallèle.
• Peser la marmite A et son couvercle vide
• Peser la marmite B et son couvercle vide
• Peser les foyers F1 et F2 vides
• Remplir chaque foyer de charbon (laisser à chaque cuisinière la liberté de le remplir
comme elle en a l’habitude)
• Peser les foyers F1 et F2 pleins
Préparation de la sauce dans la marmite A sur le fourneau F1 :
• Peser 500 g de viande de bœuf
• Peser 150 g de tomates découpées et lavées
• Peser 30 g d’oignons découpés et lavés
• Peser 660 g de brèdes découpées et lavées
• Allumer le fourneau F1 avec une cuillère à soupe de pétrole (10 à 15 ml) et noter
l’heure
• Mettre la viande, les tomates et les oignons et une cuillère d’huile dans la marmite A
et la peser la marmite A pleine et son couvercle
• Poser la marmite A sur le fourneau, démarrer la cuisson (on fait d’abord revenir ces
ingrédients sans eau donc) et noter l’heure
• Rajouter 2'000 g d’eau 25 mn après le démarrage de la cuisson
• Rajouter les brèdes à ébullition de la sauce, le sel à volonté, et noter l’heure
• Rajouter du charbon seulement si nécessaire après l’avoir pesé
• Sitôt que la cuisinière estime la cuisson de la sauce terminée, le test pour la sauce
est terminé ; noter l’heure et :
• Peser la marmite A avec son contenu et son couvercle
• Peser le fourneau F1 avec le charbon et les braises restantes.
Préparation du riz dans la marmite B sur le fourneau F2 :
• A commencer après le démarrage de la cuisson de la sauce :
• Ajouter 1'750 g d’eau dans la marmite B
• Allumer le fourneau F2 avec une cuillère à soupe de pétrole (10 à 15 ml) et noter
l’heure
• Démarrer la cuisson du riz et noter l’heure
• Peser 1'000 g de riz
• Laver le riz, l’introduire dans la marmite et noter l’heure
• Sitôt que la cuisinière estime le riz cuit, noter l’heure et :
• Peser la marmite B avec son contenu et son couvercle
• Peser le fourneau F2 avec le charbon et les braises restantes
Expression des résultats pour le test avec la sauce
Q.I Quantité initiale de charbon
T Temps de cuisson de la sauce (mn), un indicateur important pour les
cuisinières
CONSO Poids du charbon réellement consommée pour la cuisson de la sauce (g),
qui indique l’économie (éventuelle) réalisée par un fourneau, comparé à
un autre
CONSO/CR Poids du charbon réellement consommée par rapport au poids d’aliments
U crus mis dans la marmite (g/kg)
CONSO/CUI Poids du charbon réellement consommée par rapport au poids d’aliments
T cuits récupéré dans la marmite à l’issue de la cuisson (g/kg)
CUIT/CRU Rapport entre le poids de plat cuisiné et le poids d’aliments crus mis dans
la marmite, qui va permettre de comparer les conduites de cuisson des
cuisinières d’un TEC à l’autre : un rapport constant indiquera que les
conduites de cuisson ont été effectuées de façon identique, donc que la
cuisinière, par son comportement, n’a pas influencé les résultats
MEV Masse d’eau évaporée (g), permet de localiser un perte excessive
d’énergie, la chaleur utilisée à changer la phase de l’eau vers la vapeur
sans bénéfice pour la cuisson du plat
Expression des résultats pour le test avec le riz
Q.I Quantité initiale de charbon
T Temps de cuisson du riz (mn)
CONSO Poids du charbon réellement consommé pour la cuisson du riz (g)
MEV Masse d’eau évaporée (g).
Limites d’interprétation du TEC
La cuisinière influence certains résultats puisque c’est elle qui décide du remplissage initial
de charbon, et de la fin de cuisson de la sauce et du riz. C’est pourquoi, dans une batterie
de tests de fourneaux, il faut réaliser au minimum six tests de cuisine comparée (toujours
avec la même recette), et faire tester tous les foyers par la même cuisinière. S’il y a trop
de TEC à réaliser et qu’il faille recourir à plusieurs cuisinières, alors chaque fourneau sera
testé par chacune des cuisinières pour effacer le plus possible l’incidence du
comportement de la cuisinière dans les résultats.
Le pouvoir calorifique du charbon influence aussi les résultats du TEC. C’est pourquoi, il
convient de préparer la quantité nécessaire à la réalisation de tous les TEC qu’on veut
conduire sur les différents fourneaux à comparer, en mélangeant les contenus de
plusieurs sacs de charbon, de provenances différentes.
Le TEC ne concerne qu’un seul plat, qui, même s’il est caractéristique des habitudes
culinaires locales ne représente pas tous les types de plats préparés par une famille.
Ceci dit, seul ce TEC permet de comparer les performances de consommation de deux
fourneaux, ce qui intéresse les familles et qui est au cœur des préoccupations de tous les
promoteurs de projets FA. Ils ne permettent pas de prévoir exactement quelles seront les
consommations de charbon, mais ils peuvent assurément dire quel est le fourneau le plus
économe en situation réelle.
Recommandation n°2. Contrôler les volumes d’air qui circulent à travers le charbon
dans la chambre de combustion
Pour brûler, le charbon a besoin d’oxygène, donc d’air. Plus il y a de charbon et d’air
mélangé, plus de charbon peut bruler simultanément et plus la combustion est active…
plus la puissance est élevée. Or, on a vu qu’il fallait contrôler cette puissance, et, surtout,
la réduire en phase de mijotage. Plusieurs dispositifs ont été imaginés pour réguler cette
puissance.
• L’entrée d’air se fait par une porte, dont la surface peut être optimisée afin de ne
pas laisser entrer plus d’air froid (donc qu’il faudra chauffer en consommant du
charbon) que nécessaire : les foyers traditionnels malgaches avaient des espaces
de 38 à 135 cm2, le foyer amélioré Dago a une surface de 41 cm 2 seulement.
• L’air s’échauffe et, par thermosiphon, a tendance à s’élever. Une grille lui permet
d’entrer dans la chambre de combustion, où l’air se faufilera à travers le charbon
pour s’échapper à l’air libre, autour des parois de la marmite. On peut réguler ce
flux d’air de deux façons, à l’entrée, ou à la sortie : i) avec une porte, qui permet de
laisser entrer plus ou moins d’air suivant la position de la porte, ou, ii) en contrôlant
l’espace par lequel l’air chaud peut sortir de la chambre de combustion. L’avantage
du dispositif imaginé à Madagascar par l’UPED est qu’il est moins couteux à
fabriquer (pas de porte articulée) et qu’il ne requiert pas d’intervention humaine,
contrairement à la porte qu’il faut ouvrir, entre-ouvrir et fermer suivant les phases de
cuisson. Ce dispositif consiste à pratiquer trois encoches calibrées dans la partie
haute de la chambre de combustion, pour ne laisser sortir qu’un volume choisi d’air
chaud pendant toute la phase de mijotage…
Recommandation n°4. Introduire le riz dans l’eau froide, dès le début de cuisson
Souvent, on introduit le riz dans l’eau bouillante ; des tests ont montré que cette pratique
était plus consommatrice de charbon que celle qui consiste à mettre le riz dans l’eau
froide, dès le début de cuisson. En introduisant le riz dès le début, on réduit aussi sa durée
de cuisson.
Recommandation n°5. Réduire la quantité initiale d’eau de cuisson du riz avec les
FA
Les FA sont moins puissants, ils évaporent moins d’eau… C’est surtout l’énergie
d’évaporation qu’ils économisent. Il est donc inutile de chauffer plus d’eau dans la marmite
que nécessaire. Avec un FA, on réduira les besoins d’énergie d’une cuisson du riz (donc
de consommation de charbon) en réduisant la quantité d’eau placée initialement dans la
marmite.
Recommandation n°6. Éteindre les braises pour récupérer le charbon inutilisé et,
réduire d’autant le chargement du foyer les fois suivantes.
La recommandation n°2 suggère de ne pas remplir excessivement le fourneau, afin qu’il
ne reste pas de braise à la fin de cuisson… Avant d’en arriver à cette maitrise, il est
recommandé d’éteindre les braises restantes à l’issue d’une cuisson, pour les récupérer
pour la cuisson suivante.
[1] La puissance d’un foyer est liée à la quantité de charbon qui brûle par unité de temps. Plus un foyer est
puissant, plus il consomme de charbon (et d’air) à la minute… et plus il délivre d’énergie à la minute. De
façon générale, un foyer très puissant consommera plus de charbon à la minute qu’un foyer moins puissant.
[2] Dans un fourneau, on appelle « Chambre de combustion » la partie du fourneau où on place le charbon
et où il est brulé. Il s’agit de l’élément de forme conique (pour les foyers ronds) ou de forme pyramidale (pour
les foyers carrés).