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PRATIQUE | CINQ CHOSES À SAVOIR…

Le syndrome du sevrage des antidépresseurs


Matthew Gabriel, Verinder Sharma, MBBS

n Cite as: JAMC 2017 mai 29;18X:vol. 189 : p. E747. doi: 10.1503/cmaj.160991

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Le syndrome du sevrage des antidépresseurs est courant Encadré 1 : Prévention et prise en
 Environ 20  % des patients développent un syndrome du sevrage des charge du syndrome du sevrage des
antidépresseurs après l’arrêt soudain ou la réduction marquée de la dose d’un antidépresseurs2,3,5
antidépresseur pris en continu pendant un mois1. Les symptômes, habituellement
légers, peuvent apparaître après la prise de n’importe quel type d’antidépresseur.
• La diminution graduelle n’est pas
toujours nécessaire pour les patients
Ils se manifestent au plus tard de deux à quatre jours après l’arrêt du médicament qui prennent un antidépresseur durant
et durent généralement d’une à deux semaines (ils peuvent parfois persister moins de quatre semaines ou ceux qui
jusqu’à un an). Si la personne recommence à prendre le médicament ou prennent de la fluoxétine.
commence à en prendre un semblable, les symptômes disparaîtront en un à trois • Une diminution plus rapide peut être
jours. Aucun facteur sociodémographique ou clinique n’a été associé à une possible lorsque les doses sont faibles.
vulnérabilité accrue2. Parmi les inhibiteurs de recaptage de la sérotonine, la
• Les antidépresseurs ayant des demi-vies
paroxétine est associée à la plus forte incidence du syndrome et la fluoxétine, à la courtes doivent être diminués graduelle­
plus faible. En raison de la demi-vie courte de venlafaxine, il se pourrait que le ment; cependant, cela ne suffit pas
syndrome soit plus fréquent après l’arrêt de ce médicament, et que les toujours à prévenir le syndrome.
symptômes soient plus graves1. • Il faut rassurer les patients sur le fait

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que les symptômes sont réversibles, ne
Les symptômes sont vagues et variables mettent pas leur vie en danger et se
 L’incapacité à reconnaître le syndrome du sevrage des antidépresseurs peut résorbent généralement d’eux-mêmes.
entraîner de mauvais diagnostics médicaux ou psychiatriques. Le mnémotech- • Il est parfois utile de passer à la fluoxétine
nique anglais FINISH résume les symptômes du syndrome du sevrage des antidé- lorsqu’on envisage d’arrêter un autre
presseurs : Flu -like symptoms (symptômes pseudogrippaux – léthargie, fatigue, antidépresseur.
céphalée, courbatures, transpiration), Insomnia (insomnie – avec rêves • Si les symptômes sont graves, il faut
d’apparence réelle ou cauchemars), Nausea (nausées – parfois des vomisse- reprendre la prise du médicament, puis
ments), Imbalance (déséquilibre – étourdissements, vertige), Sensory distur- faire une diminution graduelle plus lente.
bances (troubles sensoriels – sensations de «  brûlure  », de «  picotements  »,
d’« électricité » ou de « choc ») et Hyperarousal (hyperexcitation – anxiété, irritabil-
ité, agitation, agressivité, manie, mouvements saccadés)3.

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Il faut distinguer le syndrome d’une rechute
 L’arrêt d’un traitement des antidépresseurs peut augmenter le risque de rechute
de la dépression ou de l’anxiété. Contrairement aux symptômes du syndrome du
sevrage des antidépresseurs, les symptômes d’une rechute prennent générale-
ment plus que quelques jours pour apparaître, puis pour disparaître après la Citation : JAMC. Le 29 mai 2017; vol. 189 :
reprise de l’antidépresseur4. p. E747. Doi : 10.1503/cmaj.160991

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Références : se rendre à www.cmaj.ca/
L’information aux patients peut réduire le risque lookup​/doi/10.1503/cmaj.160991
 Les médecins doivent être vigilants quant aux situations où les patients pour-
Intérêts concurrents : Verinder Sharma a
raient envisager d’arrêter de prendre un antidépresseur (p. ex., durant la gros-
reçu des subventions d’Assurex, de Génome
sesse). En outre, puisque les préparations d’un même antidépresseur ne sont pas
Canada, de Neurocrine Biosciences, du
toutes bioéquivalentes, un changement de préparation peut entraîner une réduc- Stanley Medical Research Institute et de
tion involontaire de la concentration du médicament. Pour réduire le risque de Sunovion Pharmaceuticals. Aucun autre
syndrome du sevrage des antidépresseurs, les patients devraient être encouragés intérêt concurrent déclaré.
à consulter leur médecin avant d’arrêter un antidépresseur. La prescription d’un
Cet article a été révisé par des pairs.
antidépresseur ayant une demi-vie plus longue ou la diminution graduelle du
médicament sur six à huit semaines peuvent aussi réduire le risque4. Affiliations : London Regional Mental

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Health Care (Sharma), London (Ont.);
Le traitement du syndrome doit être personnalisé Université d’Ottawa (Gabriel), Ottawa (Ont.)
 La prise en charge du syndrome du sevrage des antidépresseurs doit être faite indivi- Correspondance : Matthew Gabriel,
duellement en raison du manque de données précises sur le traitement mgabr041@uottawa.ca
(encadré 1)2,3,5.
68 septembre-octobre 2017

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