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Sous la direction de
Brahim Boudarbat et Ahmadou Aly Mbaye
DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE ET
EMPLOI EN AFRIQUE FRANCOPHONE
L’entrepreneuriat comme moyen de réalisation
imprimé au canada
Introduction
Brahim Boudarbat et Ahmadou Aly Mbaye
FIGURE 1
Taux d’emploi selon la qualité de l’emploi dans les pays de l’Afrique
francophone
85,0 Madagascar
Rwanda
Niger
Burundi
75,0 Togo
Cameroun
Taux d’emploi (%)
Guinée-Bissau Bénin
Tchad
Centrafrique
65,0 Burkina Faso
Mali
Congo
Cabo Verde RD Congo Guinée
Guinée équatoriale
55,0 Maurice Djibouti Côte d’Ivoire
Sao Tomé-et-Principe
45,0
Égypte Sénégal
Gabon Mauritanie Comores
Tunisie Maroc
35,0
15,0 25,0 35,0 45,0 55,0 65,0 75,0 85,0 95,0
Notes : Les emplois vulnérables sont ceux des travailleurs familiaux non rémunérés et ceux des
personnes travaillant à leur compte, en tant que pourcentage du total des emplois.
Le taux d’emploi est le ratio emploi-population chez les personnes âgées de 15 ans et plus (esti-
mation modélisée OIT).
Source : Banque mondiale, « Indicateurs du développement dans le monde ».
L’autre grand défi des politiques économiques dans les pays d’Afrique
en général est d’ordre quantitatif. En effet, avec une pyramide des âges
qui a une base large (taux élevé de natalité) et qui rétrécit rapidement
(Figure 2), le nombre de nouveaux arrivants sur le marché du travail
dépasse largement le nombre de postes qui deviennent vacants avec les
départs à la retraite ou pour d’autres raisons. Les économies africaines
devraient donc non seulement préserver les emplois existants et améliorer
leur qualité, mais aussi en créer de nouveaux, et en grand nombre, afin
de pouvoir absorber leur jeunesse. Sans quoi, les jeunes seront relégués à
l’arrière-plan et se retrouveront cantonnées dans des activités informelles
à faible valeur ajoutée.
FIGURE 2
Pyramide des âges en Afrique francophone en 2017 (%)
100+ 0
95-99 0,01
90-94 0,04
85-89 0,14
80-84 0,36
75-79 0,66
70-74 1,05
65-69 1,55
60-64 2,13
Groupe d’âge
55-59 2,75
50-54 3,33
45-49 3,94
40-44 4,76
35-39 5,81
30-34 6,9
25-29 7,84
20-24 8,71
15-19 9,9
10-14 11,43
5-9 13,29
0-4 15,4
Pourcentage
TA B L E AU 1.1
Total des chômeurs et des travailleurs vulnérables en Afrique de l’Ouest,
2000-2018 (% de la main-d’œuvre)
1. Certaines études (par exemple ILO 2017) considèrent l’intervalle 15-29 qui, selon
leurs auteurs, reflète mieux la durée de la transition entre l’adolescence et la vie adulte.
Cependant, la plupart des données sur l’emploi jeune retiennent l’intervalle 15-24 ans.
Dua l i t é du m a rch é du t r ava i l , e m pl ois et e n t r e pr e n eu r i at • 2 1
demandeurs d’emploi dans les villes. Toutes ces tendances posent des défis
énormes pour l’emploi urbain et rural, mais aussi pour l’emploi des jeunes
et des femmes.
La différence de taux d’occupation entre les jeunes et les adultes est
assez élevée, tournant autour de 20 points selon les pays. Ces chiffres
cachent cependant mal le caractère assez spécifique de l’emploi jeune qui
fait que le taux de chômage pour cette frange de la population peut baisser
sans que l’emploi correspondant n’augmente, par le simple fait qu’il y a
plus de découragés ou de jeunes qui quittent le marché du travail pour les
études. C’est également dans cette tranche d’âge qu’on retrouve les NEET,
qui concerne la population âgée de 15 à 24 ans, qui n’est ni en éducation/
formation ni dans l’emploi. Les tableaux 1.2 et 1.3 présentent la part des
NEET dans la population de cette tranche d’âge. Les niveaux atteints par
les NEET dépassent largement ce qui est observé dans les pays développés
et ceux à revenu intermédiaire, et dont les moyennes tournent autour de
15 %, en général. On observe ici des pics de 30 %, voire plus, pour certains
pays. Ce qui est aussi frappant, c’est que ce phénomène touche plus les
populations rurales qu’urbaines. Le phénomène concerne aussi davantage
les femmes que les hommes. Au Sénégal, par exemple, il touche 50,5 % des
femmes contre 35 % des hommes. Comme indiqué plus haut, les NEET
sont soit des actifs chômeurs, soit des inactifs, découragés de rechercher
un emploi.
TA B L E AU 1. 2
Jeunes de 15 à 24 ans ni étudiants, ni employés, ni stagiaires (NEET) en
proportion du nombre total de jeunes dans les pays d’Afrique de l’Ouest,
2005 et 2010 (%)
2005 2010
Guinée-Bissau 20 23 18 nd nd nd
TA B L E AU 1. 3
Jeunes de 15 à 24 ans ni étudiants, ni employés, ni stagiaires (NEET) en
proportion du nombre total de jeunes par région dans les pays d’Afrique
de l’Ouest, 2005 et 2010 (%)
2005 2010
Guinée-Bissau nd nd 17 23
tiré des enquêtes menées dans les pays d’Afrique francophone de l’Ouest
comme centrale, confirme largement ces tendances (Mbaye et al., 2015).
Dans ce tableau, à côté de la séparation traditionnelle formel/informel, il
est opéré une distinction assez nette entre les grandes entreprises infor-
melles (gros informel) et les petites (Benjamin et Mbaye, 2012 ; Fu et al.,
2017). Les résultats montrent que les gains moyens dans le formel sont
largement supérieurs à ceux dans le petit informel et moins importants
que ceux dans le gros informel. Une remarque de taille qui peut être faite
à propos du tableau 1.4 concerne le Gabon. Ce pays a le niveau moyen de
salaire dans le formel le plus élevé, mais aussi le niveau de salaire dans
l’informel le plus faible. L’inégalité des revenus semble y être plus forte
que dans les autres pays.
TA B L E AU 1.4
Salaire moyen des employés selon le statut de l’entreprise (en cfa)
Gros Petit
Formel Total
informel informel
F I G U R E 1.1
Absence de services de base dans les entreprises informelles dans les sept
capitales économiques de l’Afrique de l’Ouest (%)
100
90
80
70
60
50
40
30
20
10
0
Cotonou Ouagadougou Abidjan Bamako Niamey Dakar Lome
F I G U R E 1. 2
Absence d’avantages sociaux pour les employés des entreprises informelles
dans les sept capitales économiques de l’Afrique de l’Ouest (%)
100
90
80
70
60
50
40
30
20
10
0
o
n
u
e
u
ey
r
ak
ka
m
ja
go
no
m
id
Lo
m
Da
ou
to
a
Ab
Ba
Ni
Co
ad
ag
Ou
revenu par personne que ce ne fut le cas pour les pays développés (Rodrik,
2015). En Afrique, la contraction du secteur manufacturier survient à un
niveau encore plus faible du PIB par personne (Benjamin et Mbaye, 2017).
L’exode des producteurs agricoles des zones rurales vers les villes se pour-
suit à un rythme soutenu. Mais l’excédent de main-d’œuvre qui en résulte
dans les villes finit par être absorbé, presque en totalité, par le secteur
informel des services à faible productivité. Les niveaux de revenu informel
dans les villes africaines sont supérieurs à ceux observés dans l’agriculture
de subsistance, mais restent très en deçà de ceux observés dans le formel
(Benjamin et Mbaye, 2017). Toute politique de promotion de l’emploi en
Afrique devrait par conséquent d’abord viser à relancer la machine d’une
croissance soutenue et inclusive qui permettrait d’augmenter significati-
vement la demande de travail des entreprises formelles.
Un environnement des affaires défavorable est le principal facteur
expliquant pourquoi le secteur privé s’atrophie et que, parallèlement,
l’informel connaît une expansion fulgurante en Afrique. La faible qualité
de la bureaucratie qui se traduit par une régulation étouffante pour le
secteur privé est un important obstacle pour les affaires en Afrique.
Loayza (1997) considère qu’une réglementation trop rigide et des impôts
trop élevés constituent les principaux facteurs déterminant l’informel.
Dans le même ordre d’idées, Arias et al. (2005) indiquent que les distor-
sions du marché du travail réduisent la productivité et entravent la mise
en place de nouvelles technologies, affectant ainsi négativement la crois-
sance. Les coûts des services d’infrastructures publiques (transport,
énergie), le coût du financement, le niveau des taxes, le manque de trans-
parence du recouvrement fiscal et des services douaniers constituent
autant de surcoûts grevant la compétitivité des entreprises privées.
Un des paradoxes du marché du travail en Afrique, c’est que la main-
d’œuvre est très abondante sans que cela ne se traduise par un coût du
travail modéré. Le coût du travail en Afrique, rapporté à la productivité
du travail, est plus élevé que partout ailleurs dans le monde en dévelop-
pement (Celowski et al., 2015 ; Gelb et al., 2017). Gelb et al. (2017) ont
montré que pour tout niveau de revenu par personne, le coût unitaire de
la main-d’œuvre est plus élevé en Afrique que n’importe où ailleurs.
Celowski et al. (2015) ont trouvé que le salaire en dollar rapporté à la
productivité en 2010, est de 1,1 en Chine et 0,7 en Malaisie, et 0,8 au
Mexique et en Colombie, contre 6,5 au Sénégal, en 2010. En plus du coût
28 • Développement économique et emploi en Afrique fr ancophone
Ville Statut de l’entreprise École professionnelle Grandes entreprises Petite entreprise Autodidacte Autre Total
Libreville
Total 19,6 6,3 4,8 26,7 42,6 100
Douala
Petite informelle 12,8 2,6 24,5 55,6 4,6 100
Yaoundé
Total 32,1 12,6 6,7 44,9 3,6 100
30 • Développement économique et emploi en Afrique fr ancophone
Dua l i t é du m a rch é du t r ava i l , e m pl ois et e n t r e pr e n eu r i at • 31
4. Cette étude a utilisé les données de la Banque mondiale et les PME sont définies
comme des entreprises de 5 à 19 employés, et les grandes entreprises de 100 employés ou
plus.
3 4 • Développement économique et emploi en Afrique fr ancophone
F I G U R E 1. 3
Proportion d’entreprises ayant reçu un financement bancaire (%)
25
20
15
10
0
Cotonou Ouagadougou Libreville
TA B L E AU 1.6
Proportion d’entreprises qui appartiennent à une association
professionnelle (%)
Conclusion
Références bibliographiques
Enjeux et perspectives de
l’entrepreneuriat des jeunes en Afrique
francophone
Quelques leçons d’enquêtes dans les deux Congo
Le taux de chômage des jeunes avoisine les 30 % dans nombre de pays,
notamment en Union européenne, dans les États arabes et en Afrique
subsaharienne (Pompa, 2016). L’étude de Boudarbat et Ndjaba (2018 :
58-65) révèle que, dans le contexte des pays africains francophones, le fort
taux de chômage des jeunes s’accompagne de la prépondérance des acti-
vités informelles. En effet, les pays où le taux de participation à la popu-
lation active est faible sont pour la plupart ceux qui ont des taux de
chômage élevés. Si on combine ces taux de chômage élevés avec des taux
d’activité relativement faibles (moins de 64,0 % en moyenne en Afrique
francophone pour les personnes de 15 ans et plus en 2017), on réalise à quel
point les pays concernés se privent de ressources humaines importantes
qui pourraient contribuer à leur développement. En outre, la prédomi-
nance des emplois vulnérables demeure une préoccupation majeure en
Afrique francophone (62 % des travailleurs occupaient un emploi vulné-
rable en 2017 contre 42,5 % ailleurs dans le monde), vu qu’elle limite les
chances d’une intégration professionnelle réussie des jeunes et d’un vrai
développement économique.
E n j eu x et pe r spe c t i v e s de l ’e n t r e pr e n eu r i at de s j eu n e s • 41
les deux Congo : une première enquête auprès de 200 jeunes entrepreneurs
âgés de moins de 35 ans, exerçant tant dans le formel que l’informel ; et
une deuxième auprès de 200 étudiants finalistes. En plus, deux entretiens
ont été conduits dans les institutions de l’Enseignement Supérieur et
Universitaire (ESU) et dans les incubateurs pour mettre en évidence le
rôle de ces dispositifs dans la promotion de l’entrepreneuriat des jeunes.
On retient ici la définition de l’entrepreneuriat qui s’inspire des tra-
vaux de Gartner (1989) : (a) un processus qui conduit à la création d’orga-
nisation ; (b) structurée, finalisée et issue d’une démarche d’innovation
ou de création de valeur ; (c) par des individus singuliers, possédant un
certain potentiel ; et (d) évoluant dans un environnement incitatif, propice
à la croissance de la petite entreprise. À la suite notamment de Chigunta
(2002) et Schoof (2006), l’on peut retenir que l’entrepreneuriat des jeunes
est celui qui concerne des hommes et des femmes âgés de 15 à 35 ans. Il
peut être à but lucratif ou proposer des solutions à des problèmes sociaux.
Les entrepreneurs sont soit des travailleurs indépendants soit des
employeurs qui rémunèrent un personnel. Pour la suite, ce chapitre est
structuré en deux sections. La première traite de la revue de la littérature
sur l’entrepreneuriat des jeunes tandis que la seconde est dédiée à l’étude
empirique de l’entrepreneuriat des jeunes dans les deux Congo.
F I G U R E 2 .1
Les déterminants de l’entrepreneuriat
De l’entrepreneur
De l’environnement
De l’entreprise
Du processus
Smith, 1967 ; Traits personnels et * Entrepreneur artisan (EA) EA : Moins scolarisé (faible bagage en gestion) mais une forte
Lorrain et psychologiques vs objectif * E ntrepreneur opportuniste expérience technique ; il s’identifie à son métier ; il a un style de
Dussault, poursuivi et comportement ou d’affaires (EO) gestion paternaliste ; il souhaite garder le contrôle de son
1988 affiché au sein de entreprise et refuse la croissance externe.
l’organisation EO : Plus scolarisé avec expérience riche et variée ; il s’identifie à la
gestion ; son style est participatif ; il peut perdre le contrôle pour
privilégier la croissance.
Goffee et Attachement aux valeurs Entrepreneures Conventionnelles : Elles créent pour compléter le revenu du mari
Scase, 1985 culturelles vs attachement * Conventionnelles et/ou subvenir aux besoins de la famille.
aux idées * Domestiques Domestiques : D’abord la famille, ensuite le travail (elles travaillent
entrepreneuriales * Innovatrices à mi-temps).
* Radicales Innovatrices : D’abord le travail, ensuite la famille. Elles visent la
réalisation de soi.
Radicales : Perspective rare.
Letowski, Déclencheur de l’idée vs * Entrepreneurs d’opportunité EO : Ils créent pour exploiter les opportunités et visent la
1994 logiques d’action (EO) croissance.
* Entrepreneurs de nécessité EN : Ils sont devenus entrepreneurs par la force des choses
(EN) (hasard) et à la suite d’un désavantage social. Ils visent la survie.
Julien et Aspirations socioécono- * Entrepreneur PIC PIC : Vise la pérennité et l’indépendance. La croissance n’est
Marchesnay, miques (3) vs logiques * Entrepreneur CAP acceptée que si elle ne menace pas les deux premiers critères.
1996 d’action (2). CAP : Privilégie la croissance et souhaite conserver une autonomie
de décision. La pérennité ne le préoccupe presque pas.
E n j eu x et pe r spe c t i v e s de l ’e n t r e pr e n eu r i at de s j eu n e s • 45
TA B L E AU 2 .1 (suite)
Filion, 1997 Facteurs de contingence * Bûcheron Bûcheron : Travaille dur et délègue moins, c’est donc un vrai
susceptibles d’influer sur le * Séducteur auto-entrepreneur.
profil de l’entrepreneur au * Sportif Séducteur : Un relationnel capable d’acheter, reprendre ou céder
cours d’une période * Converti une affaire.
* Missionnaire Sportif : Issu d’une famille d’affaires mais occupé par les autres
activités.
Converti : Recherche la réalisation de soi et délègue peu.
Missionnaire : Un converti mature, maître de son entreprise.
Dubard Modèle de fonctionnement * Entrepreneur stratège Stratège : Il applique le raisonnement analytique pour réduire le
Barbosa, cognitif de l’entrepreneur * Entrepreneur risque d’échec.
2008 ; vs risque d’entreprendre * Entrepreneur insurrectionnel Insurrectionnel : Prêt à aller au gré des opportunités (cas des
Levy Tadjine entrepreneurs informels ou immigrés en Afrique).
et Dzaka,
2016
TA B L E AU 2 . 2
Caractéristiques de l’entrepreneuriat des jeunes
Prédominantes dans les secteurs les plus dynamiques des Hann, 2006 ;
économies africaines, notamment le transport, la restauration, Mbaye et al.
la duplication musicale, la menuiserie, les bâtiments et travaux (2015)
publics, le commerce de détail et les services.
(*) Nonobstant la mise sur pied dans la majorité des pays africains d’un guichet unique pour les
formalités de création d’entreprise, la majorité de ces pays sont souvent mal classés (au-delà du
100e rang) dans le rapport Doing Business de la Banque mondiale par rapport à ce critère.
48 • Développement économique et emploi en Afrique fr ancophone
Dans ce qui suit, sont présentés et discutés les résultats de l’enquête réa-
lisée dans les deux Congo dans le cadre d’un projet financé par l’Obser-
vatoire de la Francophonie économique de l’Université de Montréal en
2018. D’abord, nous présentons les aspects de l’environnement macro
économique et la méthodologie de l’étude. Ensuite, nous analysons : le
profil des jeunes entrepreneurs et les caractéristiques de leurs affaires ; les
freins à cet entrepreneuriat ; les déterminants de l’intention d’entreprendre
chez les jeunes diplômés de l’ESU ; enfin, nous dégageons les stratégies de
promotion de l’entrepreneuriat des jeunes.
TA B L E AU 2 . 3
Soutien des politiques publiques à l’entrepreneuriat
2.2 Méthodologie
La présente étude repose sur des données d’enquêtes réalisées par les
auteurs dans les deux Congo en août et septembre 2018. Une enquête de
terrain a été menée auprès de 200 jeunes entrepreneurs au Congo et en
République démocratique du Congo, dont 100 jeunes entrepreneurs ont
été enquêtés à Brazzaville et 100 autres à Kinshasa. L’échantillon a été tiré
par la méthode de convenance mais en tenant compte de différents sec-
teurs d’activité, aussi bien du secteur formel que du secteur informel. Les
données ont été collectées au moyen d’un questionnaire. Celui-ci com-
prenait plusieurs modules portant sur : le profil des jeunes entrepreneurs,
leurs motivations à l’entrepreneuriat, l’appui dont ils auraient bénéficié,
ainsi que sur les barrières auxquelles ils font face. Une deuxième enquête
portant sur 200 jeunes diplômés tirés aussi par la méthode de convenance
visait à connaître l’intention entrepreneuriale des jeunes diplômés de
l’ESU. Les données collectées ont fait l’objet d’une analyse descriptive au
moyen de tableaux et graphiques, et d’une analyse économétrique avec
un modèle logistique.
Ce modèle a permis d’analyser les déterminants de l’intention d’entre-
prendre de jeunes étudiants finalistes à partir de la fonction de répartition
suivante :
Pr (Y = 1/ X1 ; X2 ; Xn) = F (b0 + b1X1 + b2X2 +………+ bnXn).
Cette équation cherche donc à expliquer l’intention de se lancer en
affaires (Y = 1) ou de ne pas se lancer en affaires (Y = 0) à partir des
variables suivantes : Attitudes et motivations personnelles (X1), Croyances
TA B L E AU 2 .4
Facteurs individuels
A un modèle
Genre Niveau d’études Filière d’études Situation professionnelle
d’entrepreneur
Éco. et
Homme Femme Nul Primaire Secondaire Sup Technique Autres Chômeur Salarié Étudiant Autres Oui Non
gestion
RDC 64 36 1 3 37 59 31 23 19 48 21 24 7 27 70
RC 60 40 0 2 29 69 30 40 25 48 17 29 5 63 37
% 62,0 % 38,0 % 0,5 % 2,5 % 33,0 % 64,0 % 36,3 % 37,5 % 26,2 % 48,2 % 19,1 % 26,6 % 6,0 % 45,7 % 54,3 %
2.3 P
rofil des jeunes entrepreneurs et caractéristiques de leurs
entreprises
Le tableau 2.4 montre que 62 % des entrepreneurs investigués sont des
hommes et 38 % des femmes. Dans le secteur de commerce de détail, la
présence des femmes est plus forte (53 %) que celle des hommes (47 %).
Concernant le niveau et la filière d’études, il ressort que les entrepre-
neurs enquêtés sont bien scolarisés puisque, selon notre enquête, 33 %
d’entre eux possèdent un niveau secondaire et 64 % un niveau universi-
taire. L’économie et la gestion sont les filières d’études les plus suivies par
les jeunes entrepreneurs visités à Kinshasa. À Brazzaville, par contre, les
entrepreneurs sont majoritairement issus des filières techniques.
Avant de créer l’entreprise, près de 50 % de ces entrepreneurs étaient
au chômage, 27 % aux études et 19 % étaient salariés ou travaillaient à leur
compte. La comparaison par genre montre qu’un faible pourcentage des
jeunes femmes (38 %) était au chômage au lancement de la nouvelle
entreprise.
Dans les deux Congo, l’entrepreneuriat des jeunes est l’archétype d’un
entrepreneuriat dit de nécessité : l’impossibilité de trouver un emploi
salarié et la satisfaction des besoins familiaux constituent les motivations
majeures de la décision d’entreprendre pour près de 60 % des jeunes
entrepreneurs. Par ailleurs, la détection d’une opportunité et/ou la valo-
risation d’une idée innovante (entrepreneuriat d’opportunité) n’ont été
avancées comme facteurs déclencheurs que par un petit groupe d’entre-
preneurs (21 %). Alors que 46 % des jeunes entrepreneurs ont déclaré avoir
dans leur famille (parent, sœurs ou frères) ou leur entourage immédiat
E n j eu x et pe r spe c t i v e s de l ’e n t r e pr e n eu r i at de s j eu n e s • 5 3
Les jeunes entrepreneurs visités ont créé des entreprises dans quatre
principaux secteurs d’activité : 44 % dans le commerce de détail, 28 % dans
les services à la personne (cybercafés, maisons de communication et
transfert d’argent, transport, mode et esthétique), 13 % dans les services
aux entreprises et à la communauté (intermédiaires commerciaux, hôtel-
lerie, écoles, restauration et bars) et 10 % dans l’agriculture et l’élevage.
En croisant le secteur d’activité avec le genre, on a noté avec Goffe et Scase
(1985) que la grande majorité des entreprises (près de 80 %) appartenant
aux femmes exerce dans le secteur à faible valeur ajoutée, s’inscrivant
dans le prolongement du rôle traditionnel de la femme en famille (com-
merce de détail, agriculture et services à la personne).
FIGURE 2.2
Caractéristiques des entreprises
Secteur formel 82
Mi-temps 37
Temps plein 163
Autres 8
Bonne structuration 2
Gestion par objectif 109
Système d’information 79
Autres 4
8
Secteur d'activité
Industrie/Artisanat
Service aux entreprises 25
Service à la personne 55
Agriculture/Élevage 21
Commerce de détail 87
TA B L E AU 2 . 5
Autres facteurs organisationnels
RDC 18 72 5 5 0 4 83 8 2
RC 13 53 17 8 9 3 64 21 11
FIGURE 2.3
Barrières liées au profil des jeunes entrepreneurs
Autres
Faible leadership
0 % 10 % 20 % 30 % 40 % 50 %
F I G U R E 2 .4
Barrières liées à l’environnement légal
Corruption
Fiscalité asphyxiante
Lois et législations
embarrassantes
0 % 10 % 20 % 30 % 40 % 50 % 60 %
FIGURE 2.5
Barrières liées à l’environnement économique
Autres
0% 20 % 40 % 60 % 80 %
F I G U R E 2 .6
Barrières socioculturelles
Autres
riale déclarés par les étudiants finalistes de l’ESU dans deux pays, en
focalisant l’attention sur le rôle crucial que joue l’école (l’université) qui,
d’après Fortin (2002), doit servir de tremplin aux attitudes et valeurs
entrepreneuriales.
FIGURE 2.7
Déterminants de l’intention d’entreprendre
Facteurs socioculturels
(Soutien familial, école, modèle d’entrepreneur)
Concept
Variable Indicateur Codage
(déterminants)
Préférence à l’acte Votre préférence entre créer sa propre entreprise et devenir salarié 1. Devenir salarié
entrepreneurial 2. Créer son entreprise
Intention
entrepreneuriale Temps pour Temps pour démarrer votre entreprise si vous choisissez l’entrepreneuriat 1. Moins de 1 an
passer à l’acte 2. 1 à 2 ans
3. 3 ans et plus
Perception de Impact des facteurs propres à votre profil sur votre décision d’entreprendre ou 1. Pas du tout d’accord
l’influence des non : 2. Plutôt pas d’accord
facteurs liés au - Genre 3. Plutôt d’accord
Attitudes
potentiel de - Filière d’études 4. Tout à fait d’accord
comporte
l’entrepreneur - Compétences entrepreneuriales
mentales
- Compétences en gestion
- Compétences techniques
- Engagement et détermination
Perception de Attrait des facteurs socioculturels suivants sur votre décision d’entreprendre ou non : 1. Faible
l’influence des - Pays de résidence 2. Moyen
facteurs liés à - Modèle d’entrepreneur (mentor) 3. Fort
Normes sociales
l’environnement - École (enseignement d’entrepreneuriat)
socioculturel - Famille (implication ou poids familial)
- Tradition familiale
Perception de sa Votre conviction à réaliser les tâches suivantes propres au métier d’un entrepreneur : 1. Pas du tout capable
capacité à réussir - Accès au marché 2. Plutôt pas capable
Contrôle
dans les affaires - Formalités juridiques et administratives 3. Plutôt capable
comportemental
- Accès aux financements 4. Tout à fait capable
- Accès aux services d’accompagnement
E n j eu x et pe r spe c t i v e s de l ’e n t r e pr e n eu r i at de s j eu n e s • 61
62 • Développement économique et emploi en Afrique fr ancophone
TA B L E AU 2 . 7
Intention et temps de se lancer en affaires
Intention
Temps perçu pour passer à l’acte
entrepreneuriale
RDC 80 20 8 44 28
RC 97 3 6 35 56
Total 177 23 14 79 84
Attitude
Savoir technique -,006 ,380 ,000 ,986 ,994
Normes sociales
Traditions familiales des affaires -,691 ,995 ,482 ,488 ,501
Contrôle
comportemental
Dispositifs d’accompagnement ,149 ,253 ,347 ,556 1,161
2.6 P
romotion de l’entrepreneuriat des jeunes : quelques solutions
pragmatiques
Conclusion
Références bibliographiques
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Processes, 50 : 179-211.
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chapitre 3
1. Problématique
est clair que l’esprit d’entreprise ne peut que mobiliser beaucoup de res-
sources personnelles, d’où la notion d’ambition.
3. Hypothèses de recherche
En rappel, cette étude a pour objectif de faire une analyse des principaux
défis que doivent relever les jeunes entrepreneurs au Burkina Faso, des
caractéristiques de ces jeunes et de leurs entreprises. Il s’agit de décrire
les dispositifs d’aide à la création d’entreprise par les jeunes, leurs forces
et leurs faiblesses, de mettre en exergue les compétences ou connaissances
entrepreneuriales clés dont manquent les jeunes et qu’ils doivent déve-
lopper pour pouvoir réussir leur projet d’entreprise. Ce qui permettra à
terme de faire des propositions de bonnes pratiques à inclure dans une
E n t r e pr e n eu r i at au Bu r k i na Fa s o • 79
4. Approche méthodologique
4.1 Échantillon
TA B L E AU 3.1
Récapitulatif de l’échantillon
Hommes 30 20 7 20 25 5 20 30 7
Femmes 20 20 3 20 25 5 20 20 3
Total 50 40 10 40 50 10 40 50 10
La technique utilisée dans cette étude est l’enquête par questionnaire. Une
recherche documentaire préalable a permis d’exploiter des ouvrages, des
documents officiels, des articles et des rapports qui font un état des lieux
de l’employabilité et de l’entrepreneuriat au Burkina Faso. La collecte des
données a été réalisée à l’aide de trois questionnaires, adressés respecti-
vement à chaque sous-échantillon.
5. Résultats
TA B L E AU 3. 2
Choix fait entre fonction publique et entrepreneuriat
Pourcentage Pourcentage
Fréquence Pourcentage
valide cumulé
TA B L E AU 3. 3
Abandon de son entreprise pour la fonction publique
Pourcentage Pourcentage
Fréquence Pourcentage
valide cumulé
Ceux qui sont déjà dans l’entrepreneuriat disent n’avoir pas l’intention
de travailler dans la fonction publique même si on leur proposait l’inté-
gration. Les raisons les plus fréquemment invoquées sont entre autres :
J’ai une grande ambition pour mon entreprise, mais aussi je désire créer des
emplois pour d’autres jeunes chômeurs, j’ai opté pour la liberté financière
afin de multiplier les activités et permettre à d’autres d’avoir des revenus
additionnels ; on est habitués à avoir de l’argent journalier, on ne peut pas
84 • Développement économique et emploi en Afrique fr ancophone
attendre la fin du mois pour toucher un salaire ; le salaire brut de l’État est
très minime.
TA B L E AU 3.4
Pourcentage Pourcentage
Fréquence Pourcentage
valide cumulé
Les données du tableau 3.4 montrent clairement que les 91,4 % des
jeunes entrepreneurs interrogés n’ont pas bénéficié d’un accompagnement
technique et financier de la part de l’État, contre 8,6 % qui affirment avoir
bénéficié d’un appui de l’État. Ce qui signifie que la grande majorité de
ces jeunes entrepreneurs ont démarré leurs activités avec un financement
personnel sans aucun accompagnement, aucune formation dans ce
domaine.
Formation en entrepreneuriat
TA B L E AU 3. 5
Pourcentage Pourcentage
Fréquence Pourcentage
valide cumulé
TA B L E AU 3.6
Pourcentage Pourcentage
Fréquence Pourcentage
valide cumulé
Les résultats qui viennent d’être présentés montrent que les jeunes
Burkinabè en quête d’emploi nourrissent l’ambition de créer leur propre
entreprise. Ce qui corrobore bien les hypothèses émises. Il ressort de
l’analyse des résultats que ces jeunes nourrissent l’ambition de s’auto-
employer, qu’ils semblent préférer l’entrepreneuriat à la fonction publique,
s’ils bénéficient bien entendu d’un accompagnement efficace de la part de
l’État. Par ailleurs, les difficultés auxquelles ils font face quand ils s’en-
gagent dans le domaine de l’entrepreneuriat sont en partie dues à un déficit
en termes de formation et d’accompagnement technique et financier.
E n t r e pr e n eu r i at au Bu r k i na Fa s o • 87
ness, comme l’ont révélé les travaux de Dialla (2004) en contexte burki-
nabè. Mais la capacité de rendre leur idée d’entreprise opérationnelle,
comme le suppose cet auteur, est à nuancer. En effet, certains jeunes
éprouvent des difficultés à y arriver et cela est imputable à plusieurs fac-
teurs relatifs au contexte burkinabè, dont le manque de formation en
entrepreneuriat et l’impréparation à entreprendre, qui s’expliquent par
les politiques d’orientation du système éducatif.
Il faut reconnaître qu’au Burkina Faso, certains jeunes se retrouvent
dans l’entrepreneuriat par pur hasard, après plusieurs vaines tentatives
d’insertion dans la fonction publique. C’est pourquoi, il faudrait prendre
avec du recul les propos des jeunes en quête d’emploi qui affirment préférer
l’entrepreneuriat à la fonction publique, puisque ceux-ci se font enregistrer
à l’ANPE en tant que personnes désireuses de créer leur entreprise mais,
dans le même temps, participent aux concours d’intégration dans la
fonction publique. Ainsi, peut-on observer plusieurs jeunes qui aban-
donnent leur entreprise pour intégrer la fonction publique. En revanche,
moins de jeunes quittent la fonction publique pour entreprendre. Dans
une telle situation, il devient difficile de parler de véritables projets d’entre-
prise, comme expliqué dans la théorie du Project-Based View (Desreumaux
et Bréchet, 2009), puisque dès que ces jeunes sont admis à un concours
d’entrée dans la fonction publique, ils abandonnent leur projet d’entre-
prise. Seulement ceux qui sont déjà entrepreneurs expriment une véritable
ambition d’exceller dans l’entrepreneuriat. Certains sont d’ailleurs défa-
vorisés par la limite d’âge d’entrée dans la fonction publique fixée à 37 ans
au Burkina Faso et ont l’entrepreneuriat comme possibilité de réalisation
de soi. Les résultats de cette étude montrent par ailleurs que les jeunes
éprouvent des difficultés d’accès au financement, à l’information, faisant
que certains ont l’intention d’entreprendre, mais connaissent des blocages
sur le plan financier et souvent même sur le plan juridique.
Quelle peut être l’implication de ces résultats pour l’élaboration et
l’implantation de politiques publiques favorables à l’entrepreneuriat et à
l’emploi des jeunes au Burkina Faso ? En rappel, l’un des objectifs de cette
contribution est de partir des résultats pour faire des propositions de
bonnes pratiques à inclure dans une stratégie en faveur de l’entrepreneu-
riat des jeunes. Il ressort clairement de l’étude que les jeunes entrepreneurs
ainsi que ceux qui ont des intentions entrepreneuriales au Burkina Faso
connaissent d’énormes difficultés d’ordre technique et financier. Pour
E n t r e pr e n eu r i at au Bu r k i na Fa s o • 89
ciaires sont des jeunes ayant appris un métier, mais incapables de remplir
les conditions classiques de garantie et de caution pour un prêt dans une
institution de microfinance, selon l’étude d’Adjegan (2018). Ce modèle
pourrait inspirer le Burkina Faso. S’agissant de la faillite, il serait pertinent
que les différentes structures étatiques travaillent à ce que chaque jeune
entrepreneur dont le projet est financé bénéficie d’une « assurance faillite »,
soit une sorte de caution pouvant être réutilisée pour soutenir le jeune
entrepreneur dans une telle situation. Par ailleurs, l’État doit développer
des partenariats concrets avec les établissements financiers et les banques
afin que les jeunes entrepreneurs puissent avoir des prêts auprès de ces
structures de finances, qui sont encore frileuses dans le contexte du
Burkina Faso.
Conclusion
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chapitre 4
1. Les auteurs tiennent à remercier les doctorants Jean Jeaslin DECOSSA et Safae EL
OTMANI pour leur contribution à la réalisation de ce chapitre.
94 • Développement économique et emploi en Afrique fr ancophone
Dans cette partie, seront rappelées les principales données sur le chômage
des jeunes et l’entrepreneuriat au Maroc.
TA B L E AU 4.1
Principaux programmes de promotion de l’entrepreneuriat
2. Enquête de terrain
Après la description des dispositifs utilisés pour collecter les données sur
le terrain, seront décrits dans cette section les principaux résultats relatifs
aux traits sociodémographiques des jeunes enquêtés.
Deux grands moyens d’enquête ont été adoptés pour les fins de notre
étude.
par les bases de données qui nous ont été communiquées par les univer-
sités. De surcroît, nous avons partagé le lien électronique du questionnaire
avec les principaux groupes de jeunes Marocains présents sur les réseaux
sociaux, notamment Facebook et LinkedIn.
Après leur collecte du 15 octobre 2018 au 28 novembre 2018, les don-
nées du questionnaire ont subi une série de traitements statistiques. Les
analyses effectuées peuvent être classées en deux grandes familles :
• Analyse univariée où chaque variable a fait l’objet de tests spéci-
fiques (la proportion, la moyenne, etc.). Les variables concernées
relèvent aussi bien du comportement entrepreneurial (intention,
motivations, freins…) que des traits caractérisant les jeunes (âge,
formation, genre, etc.).
• Analyses croisées en cherchant à explorer des associations entre,
d’une part, les dimensions du comportement entrepreneurial et,
d’autre part, les caractéristiques des jeunes enquêtés.
Description de l’échantillon
viennent les jeunes qui ont fait (ou qui font) des études en sciences
de l’ingénieur (12,1 %). Les domaines de formation comme les
mathématiques, les sciences des lettres, les sciences juridiques, les
sciences de la vie et de la terre représentent entre 0,9 % et 4,8 % de
l’échantillon.
3. Le modèle est globalement significatif au seuil de 5 % et l’indice odds ratio est égal
à 3,3.
4. La dynamique entrepreneuriale au Maroc en 2017 – Rapport GEM Morocco 2017.
102 • Développement économique et emploi en Afrique fr ancophone
Dans le même registre, il paraît que l’acte entrepreneurial n’est pas non
plus lié au niveau de formation. C’est ce qui ressort, en tous les cas, des
résultats de l’enquête quantitative. Cette dernière montre, en effet, que les
jeunes entrepreneurs viennent de niveaux de formation différents. Environ
39 % d’entre eux ont (ou encore sont en passe d’avoir) un diplôme équivalent
au bac +5, près de 22 % poursuivent ou détiennent un bac +4. Les jeunes
ayant un niveau équivalent à la licence (bac +3) de même que ceux ayant
un niveau de formation allant au-delà du master (> bac +5) représentent
chacun 16 % de l’ensemble des entrepreneurs. Toutefois, aucun des jeunes
dont le niveau de formation est inférieur au baccalauréat n’a créé ou repris
une entreprise. Ce constat nous a également été communiqué par le res-
ponsable de l’ANAPEC. Pour lui, certaines personnes avec un niveau très
faible de formation, notamment celles avancées en âge, sont parfois des
porteuses de projets plus attrayants qu’elles maîtrisent bien. Cette tendance
va de pair avec le profil type dressé par le HCP (2018) et suivant lequel la
décision d’entreprendre n’est pas forcément liée au niveau de formation et
qu’il serait même possible de trouver une proportion non négligeable
d’entrepreneurs marocains ne disposant d’aucun diplôme.
En revanche, toujours en liaison avec la formation, il convient de
souligner que 14,03 % des jeunes entrepreneurs enquêtés sont passés par
un enseignement à l’étranger. À ce titre, les résultats des tests de régression
permettent d’observer que la formation à l’étranger pourrait influer sur
la décision des jeunes à entreprendre6. Ainsi, les individus ayant suivi une
formation à l’étranger auraient deux fois plus de chances d’entreprendre
que leurs homologues sans formation à l’international. Ce constat nous
a également été affirmé par le responsable du Réseau Entreprendre. Pour
cette personne, la majorité des entrepreneurs rencontrés a suivi une partie
de leur formation à l’étranger. À cet égard, on ne peut s’empêcher
d’émettre l’hypothèse selon laquelle le contenu de la formation dispensée
ne serait être, à lui seul, le facteur jouant en faveur de l’intention entre-
preneuriale mais qu’il y a aussi l’expérience à l’étranger, et ce que cela
implique en termes d’acquisition des aptitudes à l’autonomie, à l’adapta-
tion et à la prise de risque.
Par ailleurs, en se penchant sur les raisons pouvant expliquer la fai-
blesse de la proportion des jeunes entrepreneurs, plusieurs facteurs
peuvent être relevés.
6. La variable est positive avec 0,049 % comme probabilité et un odds ratio de 2,49.
104 • Développement économique et emploi en Afrique fr ancophone
3. Motivations à l’entrepreneuriat
Les données collectées montrent que les jeunes ayant une intention
d’entreprendre dépassent largement ceux n’ayant nullement cette ambition
(49,5 % contre 6,5 %)7.
Par ailleurs, lorsqu’on s’intéresse au profil de ces personnes, on s’aperçoit
que ce sont majoritairement des femmes (57,9 %) et des étudiants (53,30 %),
et qu’une très grande part a reçu une formation dans le domaine des sciences
économiques et science de gestion (70,55 %). Cette tendance est partagée avec
les travaux de Koubaa et Eddine (2012). En effet, après l’enquête qu’ils ont
réalisée, ces chercheurs considèrent que les étudiants universitaires maro-
cains constituent un vivier d’entrepreneurs potentiels ; environ 74 % des
étudiants enquêtés avaient, en fait, l’intention d’entreprendre.
De plus, il ressort des réponses obtenues que les résidents dans la
région de Rabat-Salé-Kénitra représentent la plus grande part des jeunes
qui songent à se lancer dans l’entrepreneuriat (43,14 %), suivis de ceux de
la région de Casablanca-Settat (22,84 %). De même, l’intention des jeunes
en milieu urbain est plus élevée (92,4 %) qu’en milieu rural. Les résultats
des tests de régression réalisés dans ce sens révèlent que les jeunes habitant
en milieu urbain ont six fois plus l’intention d’entreprendre que leurs
homologues en milieu rural8.
Par ailleurs, en ce qui concerne les motivations à la base de l’entrée
en entrepreneuriat, l’analyse des entretiens conduits auprès des respon-
sables permet de remarquer l’existence d’une variété de ces stimuli.
Ainsi, pour le responsable du Réseau Entreprendre, c’est la recherche
de « l’indépendance », de « la stabilité » et la « création de valeur ajoutée »
qui motive le plus les jeunes à entreprendre. Le responsable dans l’agence
ANAPEC, quant à lui, avance que ce sont principalement les subventions
qui attirent les porteurs de projets et, ensuite, le besoin de sortir du chômage.
En revanche, c’est la recherche d’une opportunité qui, d’après le responsable
du CRI, motive le plus les jeunes à aller vers l’entrepreneuriat.
S’agissant des résultats de l’enquête quantitative, le même constat de
variété des stimuli est confirmé. En effet, les résultats sur les motivations
des jeunes à entreprendre font ressortir une pluralité des facteurs à l’ori-
gine de l’intention entrepreneuriale. Les principales tendances sont
décrites comme suit :
• Pour 56,8 % des jeunes de l’étude, « avoir son propre emploi »
constitue un motif pour entreprendre.
• Dans l’ensemble, 51,2 % des jeunes se lancent dans l’entrepreneu-
riat par besoin d’autonomie dans la prise de décision.
• 40,4 % des jeunes affirment que la volonté d’augmenter les revenus
constitue la raison principale pour entreprendre.
• C’est environ 29 % des jeunes qui déclarent le besoin de flexibilité
professionnelle comme principal motif pour entreprendre.
• 27,6 % des jeunes interrogés entreprennent pour mettre en valeur
une opportunité d’affaires ou une idée d’un produit ou d’un ser-
vice nouveau.
• Sur l’ensemble des jeunes, 16,1 % trouvent leur motivation à entre-
prendre dans le besoin de sortir du chômage.
• L’insatisfaction professionnelle ou personnelle pousse 16,4 % des
jeunes à entreprendre.
• D’une manière générale, 9,1 % des jeunes sont poussés vers l’entre-
preneuriat par le sentiment d’insécurité dans leur emploi actuel.
• Le devoir de perpétrer une affaire familiale attire seulement 7,7 %
environ des jeunes à l’entrepreneuriat.
Par ailleurs, lorsqu’il s’agit de classification des motivations, la litté-
rature propose une série de typologies, dont notamment celle suggérée
par Reynolds et al. (2002). Ces derniers font la distinction entre deux
grandes familles de motivations : par nécessité et par opportunité. Le
tableau 4.2 revient sur les principales caractéristiques des deux types
d’entrepreneurs.
TA B L E AU 4. 2
Caractéristiques des deux types d’entrepreneurs
peut varier par rapport à d’autres. Ainsi, les résultats du croisement des
motivations avec la formation ont révélé que la totalité des jeunes ayant
étudié dans le domaine des sciences juridiques déclare vouloir entre-
prendre pour sortir du chômage. Il faut aussi dire que la moitié de ceux
ayant étudié les sciences de la vie et de la terre optent pour l’entrepreneu-
riat par nécessité, vu qu’ils ne se sentent pas en sécurité dans leurs emplois
actuels. Notons aussi que le besoin d’autonomie ne constitue pas un motif
d’entreprendre pour la majorité des jeunes ayant poursuivi des études
dans le domaine littéraire, soit 78 % d’entre eux.
Quant à l’analyse des secteurs d’activité convoités dans le cadre des
projets entrepreneuriaux, les résultats des analyses effectuées sur les
entretiens conduits avec les responsables montrent que les branches
recherchées varient selon l’organisme/programme d’accompagnement en
question.
Ainsi, l’agriculture, l’agrobusiness et l’environnement représentent
la plus grande part des projets effectués sous l’égide d’Enactus ; ensuite
viennent des projets qui touchent à la technologie, à la santé, à l’éducation,
au transport et au service de restauration.
Les projets pérennes selon le responsable de l’ANAPEC sont les ser-
vices de l’industrie, de l’agroalimentaire et tout ce qui est relatif à l’hygiène
qualité.
Par contre, pour le responsable du CRI, tous les secteurs d’activité se
valent ; aucun secteur d’activité en particulier ne serait plus prisé chez les
porteurs de projets.
Dans le même ordre d’idées, les réponses exprimées par les jeunes
dans l’enquête quantitative montrent que les branches les plus convoitées
sont celles liées aux industries de services (22,6 %), au secteur textile et
habillement (20,3 %), aux NTIC (14 %) et aux industries de transformation
(13,5 %). En revanche, d’autres branches d’activité, du fait de leur com-
plexité, attirent moins les jeunes et c’est le cas par exemple du secteur du
BTP9 (Reynolds et al., 2002 ; Hughes, 2006 ; Caliendo et Kritikos, 2009).
Confrontant les données que nous avons recueillies avec celles
publiées par le Haut-Commissariat au Plan en 2018, on constate quasiment
une même tendance. Selon ce dernier, le secteur qui a la cote auprès des
entrepreneurs marocains est celui des services dans lequel environ 45,1 %
Conclusion
Références bibliographiques
Marie-Claude Drouin
On peut facilement s’y perdre quand vient le temps de définir les concepts
de normes et réglementations, car ironiquement ces concepts ne semblent
pas normalisés et diffèrent d’interprétation selon que l’on se place sous la
lorgnette d’un légiste, d’un économiste, d’un professeur, d’un fonction-
naire ou même d’un normalisateur.
Mais, à l’instar de l’ITC, évitons de nous égarer et allons-y simple-
ment du point de vue de l’entrepreneur. Pour lui, les définitions et nuances
sont sans importance. Ce qu’il veut vraiment savoir se résume à ceci :
« Est-ce que l’accès à mon marché dépend de l’atteinte d’un niveau défini
de qualité, peu importe que ce niveau soit fixé par un gouvernement, un
organisme de normalisation ou mes clients ? »
Donc, sur le terrain, les normes et les réglementations sont prises au
sens large. En fait, elles définissent concrètement les exigences que l’entre-
preneur doit respecter pour vendre son produit ou son service sur un
marché donné. Mais, pour clarifier cette notion, allons-y de quelques
définitions.
F I G U R E 5.1
Schéma de la chaîne de valeur d’une entreprise
5. Les normes, condition sine qua non pour échanger – Centre du commerce inter-
national (ITC) – Forum du commerce international – n° 3/2010 : www.forumducommerce.
org/La-qualit%c3%a9---une-condition-sine-qua-non/
6. Parmi elles, 79 % sont des microentreprises comptant de 1 à 9 employés, 16 % sont
des petites entreprises (10 à 49 employés), 4 % sont des entreprises de taille moyenne (50 à
249 employés) et 1 % sont de grandes sociétés (plus de 250 employés).
122 • Développement économique et emploi en Afrique fr ancophone
Une fois les différentes normes applicables à son produit, son service ou son
entreprise bien déterminées, l’entrepreneur doit sélectionner celle ou celles
qu’il a intérêt à implanter dans son entreprise. Les normes abondent, d’où
l’importance de miser sur celles qui répondront à l’un ou l’autre des objectifs
poursuivis : accéder au marché, créer de la valeur ou augmenter sa compé-
titivité. Or, pour prendre des décisions éclairées, l’entrepreneur doit être en
mesure de faire une analyse coûts-bénéfices et de déterminer ce qui sera le
plus profitable pour son entreprise. Il s’agit d’un processus de décision
complexe qui nécessite de l’information, des connaissances et des compé-
tences bien précises. Mais, une fois ces connaissances acquises, il sera en
mesure de réellement tirer profit des normes et de faire les bons choix.
Évidemment, pour les normes dites obligatoires et qui relèvent soit
de la réglementation technique, soit des obligations contractuelles de
l’acheteur, la question ne se pose pas. Ce sont des normes dites d’accès au
marché et l’entrepreneur n’a d’autre choix que de les implanter dans son
entreprise s’il souhaite accéder au marché.
En revanche, la prolifération de normes privées ou publiques d’appli-
cation volontaire constitue un défi de taille pour les entrepreneurs. Ce
sont ces normes qui servent à créer de la valeur dans l’entreprise ou à en
augmenter la productivité. Et leur grand nombre rend l’opération de
sélection plus complexe.
Prenons, par exemple, le cas d’un fabricant de bavoirs pour bébé
avec des composantes en caoutchouc pour la dentition. Ce dernier
L a m a î t r ise de s nor m e s pa r l e s e n t r e pr e n eu r s a f r ic a i ns • 123
2.3 T
roisième étape : savoir mettre en œuvre les normes et attester de
leur conformité
Pour accroître leur compétitivité et gagner des parts de marché, les entre-
preneurs peuvent influencer eux-mêmes les normes qui sont d’intérêt
pour eux en participant à leur élaboration. C’est une occasion non négli-
geable qui mérite d’être prise en compte dans leur stratégie d’affaires.
À ce titre, il est intéressant de noter que le rapport Revel (2013, p. 7)
parle de « l’influence normative », c’est-à-dire du pouvoir d’influence sur
les règles du jeu économique qu’ont les normes internationales, comme
d’une composante essentielle de la compétitivité des entreprises.
De fait, il y a plusieurs avantages à assumer son leadership dans l’éla-
boration des normes. Le premier consiste à avoir la chance d’influencer
le contenu d’une norme d’intérêt pour l’entrepreneur ou encore de faire
en sorte qu’une norme voie le jour ou, a contrario, qu’elle ne se fasse pas
(ASTM International, 2007). Ce fut le cas en Malaisie lors de la révision
d’une norme internationale où l’on souhaitait interdire le caoutchouc
naturel en raison de réactions allergiques potentiellement mortelles (ITC,
2011, p. 79). La Malaisie a proposé un nouveau procédé de fabrication du
latex de caoutchouc éliminant le composant susceptible de provoquer les
réactions allergiques. Cette proposition a empêché l’interdiction de
l’emploi du caoutchouc naturel dans la fabrication de gants chirurgicaux,
sauvant du même coup l’activité du pays dans ce domaine.
Cela illustre à quel point l’entrepreneur qui participe à l’élaboration
d’une norme a une influence directe pour promouvoir ses intérêts ou pour
empêcher l’adoption de solutions qui lui seraient néfastes. Et autre avantage
de taille, il a accès à des informations stratégiques qui pourraient façonner
L a m a î t r ise de s nor m e s pa r l e s e n t r e pr e n eu r s a f r ic a i ns • 125
2.5 Constat sur les compétences à acquérir et sur les enjeux et les défis
à relever
Les normes sont des outils d’intelligence économique qui, comme nous
l’avons vu dans la section précédente, sont sous-utilisés par les entrepre-
neurs de l’Afrique francophone. Et pourtant, elles représentent indénia-
blement une démarche de premier plan pour améliorer leur compétitivité.
Dans cette section, nous verrons pourquoi les entrepreneurs ont tout
avantage à recourir aux normes dans leur entreprise.
3.1 I ntérêt de s’appuyer sur une culture d’entreprise qui mise sur les
normes et la qualité
100 %
Parts des entreprises interrogées
90 %
80 %
70 %
60 %
50 %
40 %
30 %
20 %
10 %
0%
Exportateurs
Non-exportateurs
Exportateurs
Non-exportateurs
Exportateurs
Non-exportateurs
Exportateurs
Non-exportateurs
Exportateurs
Non-exportateurs
F I G U R E 5. 3
Exportation selon la taille de l’entreprise
100 %
Parts des entreprises interrogées
90 %
80 %
70 %
60 %
50 %
40 %
30 %
20 %
10 %
0%
Exportateurs
Non-exportateurs
Exportateurs
Non-exportateurs
Exportateurs
Non-exportateurs
Exportateurs
Non-exportateurs
Exportateurs
Non-exportateurs
Les entrepreneurs qui ont implanté des normes dans leur entreprise ou
qui détiennent des certifications sont en bonne posture pour démontrer
à leur banquier, leurs futurs partenaires ou clients le sérieux de leur pro-
position. Ils établissent ainsi de manière tangible que leur entreprise est
L a m a î t r ise de s nor m e s pa r l e s e n t r e pr e n eu r s a f r ic a i ns • 129
Recommandations
Si les PME ont de plus petites structures et moins de moyens, elles ont,
par contre, le net avantage d’être flexibles. Cela étant, en offrant aux
entrepreneurs de l’accompagnement personnalisé pour les mobiliser, les
outiller et les guider dans chacune des quatre étapes de leur parcours avec
les normes (voir section 2 du présent chapitre), ils peuvent y arriver. Mais,
pour être efficace et réellement personnalisé, cet accompagnement doit
répondre aux particularités des PME africaines afin qu’elles puissent
exploiter, dans leur contexte, le plein potentiel des normes. De fait, ce
132 • Développement économique et emploi en Afrique fr ancophone
Comme le dit si bien l’adage : Qui fait la norme, fait le marché. Un des dos-
siers qui méritent de figurer dans les priorités de la Francophonie écono-
mique est celui de la participation des entrepreneurs de l’Afrique
francophone à l’élaboration des normes d’intérêt pour leurs entreprises.
Il faut donc mettre en place des actions concertées de mentorat et de
jumelage Nord-Sud pour accroître la place stratégique des entrepreneurs
dans l’élaboration des normes qui les concernent. Il faut également déve-
lopper des outils de communication et d’information adaptés à leur réalité
afin de les sensibiliser et de les intéresser à l’importance des normes dans
leurs stratégies d’affaires. Mieux encore, il faut les amener à développer
les connaissances et les compétences nécessaires pour participer active-
ment à l’élaboration des normes qui interfèrent directement avec leur plan
d’affaires.
Cela est d’autant plus impératif que, dans la normalisation interna-
tionale, les votes sont comptabilisés ainsi : un pays, un vote. On peut dès
lors imaginer l’apport et l’influence que peuvent avoir les 30 pays franco-
phones membres du RNF, dont 22 PED, sur les orientations à donner aux
normes qui ont un intérêt pour eux et sur la puissance de leur vote en
raison de leur grand nombre.
Au sud…
Au fil des années et à la lumière de sa longue feuille de route avec les ONN,
le RNF est en mesure de témoigner que les gouvernements du Sud ne
mesurent pas encore toute la portée des normes comme outil d’intelli-
gence économique incontournable pour leurs entrepreneurs et leur éco-
nomie nationale. Il faut très certainement sensibiliser les décideurs
politiques à l’importance des normes pour la croissance économique de
leur pays. Il faut les amener à soutenir leurs propres ONN pour, qu’à leur
tour, ils soient outillés pour faire en sorte que leurs entrepreneurs utilisent
les normes et soient bien présents sur l’échiquier international de leur
élaboration. Nous avons sur le terrain des ONN compétents et efficaces.
Nous devons les soutenir et leur donner des ressources.
Or, pour y arriver, chaque pays doit pouvoir compter sur des plaidoyers
de haut niveau et, à ce titre, la Francophonie a un rôle important et surtout
concret à jouer. Comment ? En livrant non seulement d’éloquents plaidoyers
13 4 • Développement économique et emploi en Afrique fr ancophone
en faveur des normes auprès des décideurs politiques, mais aussi en les
incitant à mettre en place une action concertée pour déployer à grande
échelle les projets types qui existent déjà à petite échelle. Ces projets ont fait
leurs preuves pour épauler efficacement les entrepreneurs afin qu’ils
découvrent et maîtrisent les normes pertinentes à leur plan d’affaires. La
Francophonie peut en effet jouer un rôle déterminant et porteur de solutions
dans ce dossier, une action d’ailleurs tout à fait à sa portée et directement
en lien avec sa Stratégie économique pour la Francophonie adoptée lors du
Sommet de la Francophonie à Dakar en 2014.
Au nord…
7. www.commonwealthstandards.net/
L a m a î t r ise de s nor m e s pa r l e s e n t r e pr e n eu r s a f r ic a i ns • 135
Références bibliographiques
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(ITC) — Forum du commerce international — N° 3/2010 : www.forumducommerce.
org/La-qualit%c3%a9---une-condition-sine-qua-non/
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w w w.intracen.org/publication/Promouvoir-la-competitivite-des-PME-
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ITC — Centre du commerce international, 2016b, Perspective de la compétitivité des
PME 2016 — Synthèse : Se mettre aux normes pour échanger, Genève : www.
intracen.org/uploadedFiles/intracenorg/Content/Publications/ExeSumm%20
SMECO%202016-FR-web-fin.pdf
ITC — Centre du commerce international, 2011, Gestion de la qualité à l’exportation
— Guide destiné aux petites et moyennes entreprises — exportatrices - deuxième
édition, Genève.
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of Trade Costs on SMEs. In Aid for Trade at a Glance 2015 : Reducing Trade Costs
for Inclusive, Sustainable Growth, World Trade Organization and Organisation
for Economic Co-operation and Development. Geneva and Paris. Available from
www.wto.org/english/res_e/booksp_e/aid4trade15_chap7_e.pdf
Jansen, M. (2010). Developing countries, standards and the WTO. The Journal of
International Trade & Economic Development, 19 (1), 163-185.
Porter, M. E. (1985). The Competitive Advantage : Creating and Sustaining Superior
Performance. New York : Free Press.
Revel, C. (2013). Développer une influence normative internationale stratégique pour
la France, rapport de Claude Revel remis à Nicole Brick, ministre du Commerce
extérieur (France).
Volpe Martincus, C., S. Castresana et T. Castagnino. (2010). ISO Standards : A
Certificate to Expand Exports ? Firm-Level Evidence from Argentina, Review of
International Economics, 18 (5), p. 896-912.
chapitre 6
récente (Aker et Mbiti, 2010 ; Coward et al., 2014 ; Akerman et al., 2015 ;
Banque mondiale, 2016 ; Hjort et Poulsen, 2017) remet en question l’impact
de la troisième révolution industrielle marquée par la pénétration des
ordinateurs, de l’Internet, des plateformes numériques et des téléphones
portables sur l’entrepreneuriat. À partir de cette littérature, nous essaie-
rons de donner une définition des deux concepts avant de dresser un
aperçu théorique du lien existant entre eux.
F I G U R E 6.1
L’économie numérique
Nouveaux services
e-learning,
Agritech, e-commerce, e-banking,
e-government, e-business, Insurtecch, Fintech
Secteur utilisateur
Agriculture, transport, éducation,
santé, banque, distribution, finance,
gouvernance, assurance, tourisme, etc.
Secteur producteur
Technologies numériques,
Internet, plateformes
numériques,
téléphonie mobile,
logiciel informatique
F I G U R E 6. 2
Économie numérique, entrepreneuriat et croissance économique
F I G U R E 6. 3
Répartition de la population jeune dans le monde
70 %
60 %
de la population totale
50 %
En pourcentage
40 %
30 % Population
de -25 ans
20 %
10 %
TA B L E AU 6.1
Taux d’activité entrepreneuriale émergente (TAE) par groupe d’âge et par
région (en %)
18 - 24 25 - 34 35 - 44 45 - 54 55 - 64
F I G U R E 6.4
Taux d’activité entrepreneuriale dans le monde
20 18,8
17,6
TAE en % de la population adulte
18
16
14,7
14
12 11
10
8,4
8
6
4
2
0
Amérique Afrique États-Unis Asie et Europe
latine et Océanie
Caraïbes
Source : Les auteurs, à partir des données de GEM (2016).
F I G U R E 6. 5
Taux d’activité entrepreneuriale par pays
30
TAE (en % de la population adulte)
25
20
15
10
0
a
il
la
ili
és
nd
an
nd
qu
ou
Ch
go
na
Br
w
ga
aï
la
er
An
et
ts
m
aï
m
Ou
Vi
Bo
Th
Ja
Ca
TA B L E AU 6. 2
Les attitudes entrepreneuriales (%)
TA B L E AU 6. 3
L’engagement entrepreneurial
Amérique latine et
46,2 62,6 31,9 27,5
Caraïbes
F I G U R E 6.6
L’entrepreneuriat par sexe
20,5
la population adulte
En pourcentage de
20
TAE
19,5
19
18,5
Hommes Femmes
Source : Les auteurs, à partir des données de GEM (2016).
F I G U R E 6. 7
Profil sectoriel de l’entrepreneuriat
60
50
En pourcentage du TAE
40
30
20
10
0
ice
e
rie
or
r
in
tu
rv
sp
M
tu
ul
Se
an
ac
ric
uf
Tr
Ag
an
M
F I G U R E 6.8
Corrélation entre l’évolution numérique et l’entrepreneuriat
Indice de
performance
environnementale
Source : Les auteurs, à partir des données de GEDI4 (2016).
F I G U R E 6.9
Types d’entrepreneuriat en Afrique
70
60
En pourcentage du TAE
50
40
67,5 Types d’entrepreneuriat
30
émergent
20
10 28,9
0
Opportunité
Nécessité
Source : Les auteurs, à partir des données de GEM (2016).
Comme le montre la figure 6.10, les services de prêt en ligne ont fait
un véritable bond en Afrique. Ils sont passés de 1 en 2011 à 39 en 2016, et
se sont répandus dans 11 pays (GSM, 2016).
F I G U R E 6.10
Services de prêt en ligne en Afrique subsaharienne
2011 2016
6 services 39 services
1 pays 11 pays
Kenya Cameroun
Ghana
Kenya
Malawi
Nigéria
$ Rwanda
Sénégal
Tanzanie
Ouganda
Zambie
Zimbabwe
Conclusion
ANNEXE
Définition et mesure des variables de l’entrepreneuriat
Processus entrepreneurial
Entrepreneur naissant Personne qui a créé une entreprise et versé jusqu’à
3 mois de salaires
Entrepreneur nouveau Personne qui a créé une entreprise et versé entre 4 et
41 mois de salaires
Entrepreneur établi Personne qui a créé une entreprise et versé au moins
42 mois de salaires
L’activité entrepreneuriale
TAE (Total de l’activité Toutes les personnes engagées dans le processus
entrepreneuriale émergente) entrepreneurial, soit les entrepreneurs naissants et les
nouveaux entrepreneurs
TAE opportunité TAE regroupant les personnes qui déclarent s’être
engagées dans l’entrepreneuriat après la découverte
d’une opportunité d’affaires
TAE nécessité TAE regroupant les personnes qui déclarent s’être
engagées dans l’entrepreneuriat parce qu’elles n’ont
pas pu trouver une meilleure proposition d’emploi
Références bibliographiques
Acemoglu, D. et P. Restrepo. 2016. The race between machine and man : Implications
of technology for growth, factor shares and employment. Working Paper n° w22252,
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Akerman, A., I. Gaarder et M. Mogstad. 2015. « The Skill Complementarity of
Broadband Internet », Quarterly Journal of Economics, 130 (4) : 1781-1824.
L’e n t r e pr e n eu r i at à l’è r e de l’é c onom i e n u m é r iqu e e n A f r iqu e • 15 3
Banque africaine de développement. 2018. Des emplois pour les jeunes en Afrique :
améliorer la qualité de vie des populations en Afrique, Abidjan, Côte d’Ivoire.
Banque mondiale. 2016. Rapport sur le Développement dans le Monde 2016 : Les divi-
dendes du numérique. Rapport abrégé, Washington.
Barrès, I. 2018. « Les impacts du crédit en ligne en Afrique : gare aux externalités
négatives », dans « Financer les start-up pour construire les économies de demain
en Afrique », Secteur Privé & Développement, 29.
Cariolle, J. et M. Goujon. 2018. Infrastructures et économie numériques en Afrique
subsaharienne dans l’UEMOA : État des lieux, vulnérabilités, et perspectives de
croissance. Rapport Ferdi, 2018.
Cariolle, J., M. Le Goff et O. Santoni. 2017. Fast Internet, Digital Vulnerabilities, and
Firm Performance in Developing and Transition Countries, Ferdi Working Paper
P195, juillet.
Cariolle, J. 2018. « Boom de l’économie numérique en Afrique Subsaharienne : quelles
perspectives pour l’emploi ? » Ferdi, Note brève B177, novembre.
Chollet, B. 2002. L’analyse des réseaux sociaux : Quelles implications pour le champ de
l’entrepreneuriat, 6 e Congrès International Francophone sur la PME, HEC
Montréal, Actes sur CD-ROM.
Coward, C., S. Caicedo, H. Rauch et N. R. Vega. 2014. Les débouchés du numérique :
des solutions innovantes utilisant les TIC au service de l’emploi des jeunes, Rapport
de l’Union internationale des télécommunications, Bureau de Développement des
Télécommunications, Place des Nations, CH-1211, Genève 20, Suisse.
Dzaka-Kikouta, T. et C. Mabenge. 2018. « Enjeux de l’entrepreneuriat chez les jeunes
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Situation économique en Afrique francophone : Enjeux et perspectives, sous la
direction de B. Boudarbat. Université de Montréal, Canada.
Filion, L. J. 1997. « Le champ de l’entrepreneuriat : historique, évolution, tendances »,
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Global Entrepreneurship Research Association (GERA). 2017. The Global
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Global System Mobile Association (GSMA). 2018. The Mobile Economy. London :
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Hjort, J. et J. Poulsen. 2017. The Arrival of Fast Internet and Employment in Africa,
NBER Working Paper Series 23582. National Bureau of Economic Research,
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Julien, P. A. 2000. L’entrepreneuriat au Québec, Québec : Les Éditions de la Fondation
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Julien, P. A. et L. Cadieux. 2010. La mesure de l’entrepreneuriat, Institut de la statistique
du Québec.
15 4 • Développement économique et emploi en Afrique fr ancophone
1. Revue de la littérature
Loin d’être seulement les formes d’entreprises les plus courantes dans les
économies en développement, les PMME sont également une source
importante d’innovation.
2. Méthodologies
TA B L E AU 7.1
Répartition de l’échantillon suivant le pays
1 si I _ tech i* > 0
I _ techi = avec I _tech i* = X 1i 1 + 1i
O Sinon
Innov (1)
*
1 si I _ Ntech i > 0
I _ Nte c hi = ave c I _ Nte c hi* = X 2i 2 + 2i
O Sinon
= + µ1i 1 1,2
1i i 1i
où var(0, ) avec =
2i = i + µ2 i 2i 2 ,1 1
A d op t ion d’i n novat ion, e spr i t d
’e n t r e pr e n eu r i at et Pm m e • 163
conjointement
Innov selon une loi normale. I_techi et I_Ntechi* les variables
*
(1)
latentes d’adoption 1d’innovations
si I _ Ntech > 0 * qui sont expliquées par le profil de
*
I _ N te c
l’entrepreneur (Y), hi = a ve c I _
les attributs de la capacité managériale
i
Nte c hi = X 2 ide +
2 l’entrepre-
2i
O Sinon
neur (CAP), les variables liées à l’environnement socioéconomique de
l’entreprise (ENV) et les variables liées au TIC.
= + µ1i 1 1,2
1i i 1i
où var(0, ) avec =
2i = i + µ2 i 2i 2 ,1 1
Les erreurs de ces deux équations sont constituées d’une partie (ηi)
qui leur est commune et d’une partie unique à chaque équation (µ1i et µ2i) ;
µ1i et µ2i sont supposées de moyenne nulle, indépendantes entre elles,
indépendantes des variables explicatives du modèle et normalement dis-
tribuées, alors que ηi est une variable inobservée qui influe linéairement
les deux variables dépendantes. Les E1i et E2i liés l’un à l’autre présentent
une distribution normale bivariée qui cache plusieurs choix simultanés :
(I_techi, I_Ntechi) e {(1,0) ;(0,1) ;(1,1) ;(0,0)}. Chaque chiffre correspond à un
type d’innovation, dans l’ordre suivant : innovation technologique et non
technologique. Les termes (1,0) et (0,1) désignent respectivement l’adoption
d’innovation technologique et non technologique, tandis que (1,1) repré-
sente l’adoption conjointe de l’innovation technologique et non techno-
logique. Selon la même logique, le terme (0,0) désigne l’absence
d’innovation puisqu’il vaut zéro pour toutes les entreprises. L’estimation
de ce modèle probit bivarié permet d’obtenir les valeurs ajustées de l’ins-
trument d’innovation (P(I_ˆtech), P(I_ˆNtech) et P(I_tech);ˆI_Ntech)) qui
seront introduites dans l’équation (3) de la performance pour contrôler
l’endogénéité.
Étape 2 : Nous modélisons ici l’effet de l’adoption d’innovation sur la
performance approximée par la productivité en termes de valeur ajoutée.
Après avoir exploré plusieurs formes fonctionnelles, nous présentons la
plus robuste.
164 • Développement économique et emploi en Afrique fr ancophone
(3)
Avec cette spécification, l’approche la plus simple pour examiner
l’effet de l’adoption d’innovations sur la productivité des PMME serait
d’inclure dans l’équation de la productivité des variables muettes égales
à 1 si la PMME a adopté une innovation, puis d’appliquer les moindres
carrés ordinaires (MCO). Toutefois, cette approche pourrait donner des
estimations biaisées parce qu’elle suppose que l’activité d’innovation est
déterminée d’une manière exogène, alors qu’elle est potentiellement
endogène. L’adoption ou non d’une innovation est volontaire et peut être
fondée sur l’esprit d’entrepreneuriat de l’entrepreneur/dirigeant. Les
entrepreneurs qui ont adopté au moins une innovation peuvent posséder
des caractéristiques systématiquement différentes de celles des entrepre-
neurs qui n’ont adopté aucune innovation. Ils peuvent l’avoir fait en
fonction des gains escomptés ou de leur capacité entrepreneuriale. Ainsi,
les caractéristiques non observées des entrepreneurs, de leur PMME et
de leur capacité managériale peuvent influer à la fois sur la décision
d’adoption d’innovations et sur la productivité des PMME, d’où des
estimations biaisées de l’effet de l’adoption d’innovations sur la produc-
tivité des PMME.
Nous tenons compte de l’endogénéité de l’adoption d’innovations en
estimant un modèle d’équations simultanées de cette adoption et de la
productivité des PMME avec commutation d’endogène. Pour que le
modèle soit identifié, il est important d’utiliser comme instrument de
sélection les valeurs ajustées de l’adoption d’innovation générées automa-
tiquement par la non-linéarité du modèle d’adoption d’innovation (équa-
tion 1). Ainsi, on estime l’équation de la productivité approximée par la
valeur ajoutée par les doubles moindres carrés (DMC). En présence des
variables instrumentales, cette méthode d’estimation est plus explicite et
donne des estimateurs efficaces (Di Falco et al., 2011 ; Khanal et al., 2018).
3. Résultats et discussion
Cette section résume les résultats, incluant l’analyse des facteurs explica-
tifs des activités entrepreneuriales et l’analyse de la performance des
PMME.
3.2 A
nalyse des facteurs explicatifs de l’activité entrepreneuriale des
PMME
TA B L E AU 7. 2
Statistiques descriptives des variables explicatives
Côte
Cameroun Sénégal Ensemble
Variables Désignation d’Ivoire
Moyenne Moyenne Moyenne Moyenne
Valeur ajoutée VA 99624,17 2,89e+08 6461155 1,91e+08
(1086392) (3,34e+09) (1,10e+07) (2,71e+09)
Capital CPT 73727,16 7,4e+08 2898171 3,21e+08
(546611,6) (1,03e+10) 2,90e+07 (6,81e+09)
Travail TRL 11,304 13,114 0,323 9,8393
(74,766) (97,499) (3,555) (76,824)
Innovation I_tech 0,5497 0,43142 0,43703 0,47033
technologique (0,4980) (0,49562) (0,4966) (0,49927)
Innovation non I_Ntech 0,6237 0,40714 0,52345 0,50494
technologique (0,4849) (0,49165) (0,5000) (0,50013)
0,6530 0,8928 0,7209 0,77379
Genre Sexe masculin
(0,47647) (0,30951) (0,4490) (0,41850)
0,0058 0,01428 0,0469 0,0197
[15 – 21]
(0,07632) (0,1187) (0,21171) (0,13927)
0,36257 0,2000 0,3506 0,28924
[22 – 31]
Âge de (0,48121) (0,4002) (0,4777) (0,45355)
l’entrepreneur 0,4463 0,5157 0,5604 0,50494
[32 – 55]
(0,4976) (0,5001) (0,4969) (0,50013)
0,18518 0,2700 0,0419 0,18603
56 ans et plus
(0,3888) (0,44427) (0,2008) (0,38925)
Statut 1 = marié 0,6939 0,7971 0,6148 0,71878
matrimonial 2 = célibataire (0,46129) (0,4024) (0,4872) (0,44973)
Formation 1 = oui 0,50877 0,5900 0,3802 0,5117
technique 0 = non (0,50041) (0,49218) (0,4860) (0,50001)
0,20273 0,51714 0,70617 0,46477
Primaire
(0,4024) (0,5000) (0,45607) (0,49891)
0,51851 0,2085 0,1802 0,2997
Niveau d’études Secondaire
(0,5001) (0,4065) (0,3848) (0,45829)
0,2280 0,2671 0,1136 0,2163
Supérieur
(0,4199) (0,4427) (0,3177) (0,4118)
Utilisation de 1 = oui 0,1384 0,2057 0,04444 0,1440
l’Internet pour 0 = non (0,34565) (0,40451) (0,20633) (0,3512)
les affaires
0,8109 0,5157 0,60494 0,6316
Capital social ksocial
(0,3919) (0,5001) (0,48947) (0,48250)
Impulsion par la Demand pul 0,6569 … 0,09629 0,2323
demande (0,4752) (0,2953) (0,42248)
A d op t ion d’i n novat ion, e spr i t d
’e n t r e pr e n eu r i at et Pm m e • 169
TA B L E AU 7. 2 (suite)
-0,384*** -0,2269*
Cameroun
(0,1340) (0,1254)
Dummy pays
0,15699* -0,283***
Sénégal
(0,0971) (0,0970)
-2,13*** -1,32*** -0,7729 -0,3494 -1,962** -1,093 -1,137 -0,1916
Constante
(0,3103) (0,2744) (0,5894) (0,5891) (0,8021) (0,7898) (0,3769) (0,3697)
0,6613*** 0,5360*** 0,6920*** 0,6124***
rho
(0,0654) (0,0545) (0,0547) (0,0330)
LR test rho = 0 58,2256*** 61,2632*** 82,374*** 213,041***
Wald chi2 281,16 263,72 86,35 533,77
Prob> chi2 0,0000 0,0000 0,0000 0,0000
Number of obs 513 700 402 1550
’e n t r e pr e n eu r i at et Pm m e • 17 1
Note : Les écarts-types sont entre parenthèses ; *** p <0,01, ** p <0,05, * p <0,1 ; I_Ntech = innovation non technologique ; I_tech = innovation technologique.
172 • Développement économique et emploi en Afrique fr ancophone
TA B L E AU 7.4
Résultats d’estimation de la performance des PMME
Cameroun Sénégal Côte d’Ivoire Ensemble
Variables Désignation
Coef Coef Coef Coef
Innovation -3,49 1,53 3,626 2,33**
[P (I_tech)]
technologique (1,036) (1,90) (14,51) (10,82)
Innovation non -2,945 4,73*** 4,687 3,84***
P (I_Ntech)]
technologique (16,573) (18,696) (9,072) (8,945)
Innovation
technologique et [P (I_tech ; 4,574* -0,1258 0,2452 5,286***
Innovation non I_Ntech)] (2,818) (2,260) (0,9849) (1,126)
technologique
0,3151 0,9307*** 1,254*** 0,9882***
Travail
(0,3787) (0,3125) (0,3761) (0,2121)
Facteur standard
0,5159*** 0,0613 0,5383*** 0,1119***
Capital
(0,0964) (0,0395) (0,0454) (0,0287)
0,2288 0,9358 -0,3715 0,8511**
Genre Sexe
(0,5972) (0,8722) (0,3263) (0,3983)
-0,6807 -1,534 0,1134 -1,123
[22 – 31]
(3,333) (2,352) (0,7254) (1,137)
Âge de -0,8838 -3,015 0,1600 -1,520
[32- 55]
l’entrepreneur (3,325) (2,359) (0,7070) (1,131)
Plus de -1,089 -2,103 0,4727 -0,9884
55 ans (3,361) (2,368) (0,9840) (1,166)
0,3122 20,443*** -0,0071 1,078***
Statut matrimonial Marié
(0,7178) (0,8003) (0,3443) (0,3907)
Formation -0,4940 1,140* -0,0992 0,4352
Formation
technique (0,6089) (0,5887) (0,3184) (0,3249)
-1,072 -0,6343 0,3300 -0,5269
Secondaire
(0,7304) (0,7632) (0,3918) (0,4111)
Niveau d’instruction
-0,2788 0,3785 1,177** 0,4397
Supérieur
(0,8829) (0,8841) (0,5976) (0,5105)
Environnement des -0,4121 -0,0623 0,1725
Env …
affaires (0,6421) (0,3970) (0,5204)
6,801***
Cameroun
(0,5664)
Dummy pays
15,99***
Sénégal
(0,5685)
1,740 1 -6,597** -14,85***
Constante
(7,236) ,764) (3,080) (3,014)
Fisher 9,20 5058 26,84 133,99
Prob> F 0,0000 0,0000 0,0000 0,0000
R-squared 0,2291 0,0609 0,4944 0,5708
Adj R-squared 0,2042 0,0431 0,4761 0,5663
Number of obs 448 700 402 1,550
Note : Les écarts-types sont entre parenthèses, *** p <0,01, ** p <0,05, * p <0,1 ; P (I_tech) probabilités
prédites d’innovation technologique ; P (I_ntech) probabilités prédites d’innovation non techno-
logique ; P (I_tech et I_ntech) probabilités prédites d’innovation technologique et non
technologique.
A d op t ion d’i n novat ion, e spr i t d
’e n t r e pr e n eu r i at et Pm m e • 175
Conclusion
Ce chapitre met en relief l’effet des attributs de l’esprit d’entrepreneuriat
sur l’adoption d’innovations et comment cette dernière influence la per-
formance des PMME dans trois pays en développement (Cameroun,
Sénégal et Côte d’Ivoire). Nous avons utilisé une méthodologie constituée
de deux blocs d’équations à structure récurrente. Le premier bloc, estimé
par la méthode du probit bivarié, a permis non seulement d’obtenir les
valeurs ajustées des deux types d’innovation, mais aussi de déterminer la
corrélation existante entre elles. Ensuite, par instrumentalisation des
variables explicatives de l’innovation, nous avons introduit les valeurs
ajustées des deux types d’innovations dans l’équation de la performance.
Cette dernière, approximée par la valeur ajoutée (VA), est estimée par la
méthode des doubles moindres carrés en fonction du pays. On y trouve
les résultats qui suivent.
L’esprit d’entrepreneuriat approximé par la capacité managériale de
l’entrepreneur est en relation positive avec l’adoption d’innovations. Cette
capacité managériale a une relation indirecte avec la performance des
PMME qui est entièrement portée par les activités d’innovation. Observée
en termes de gestion des ressources humaines, de gestion financière et de
gestion de l’environnement de l’entreprise, la capacité managériale de
l’entrepreneur a un effet statistiquement significatif sur les activités entre-
preneuriales en termes d’adoption d’innovations technologiques et non
technologiques. En plus, le profil de l’entrepreneur en termes de formation
technique, âge et statut matrimonial influe de manière marquée sur la
performance. En outre, l’engagement dans les activités entrepreneuriales
représentées par les innovations technologiques et les innovations non
technologiques concourt significativement à l’amélioration des gains de
productivité des PMME. Mais les activités entrepreneuriales technolo-
giques contribuent mieux à l’amélioration de gains de productivité
lorsqu’elles sont accompagnées par les activités entrepreneuriales non
technologiques.
Les politiques d’innovation et d’entrepreneuriat doivent être soute-
nues et fermement ancrées dans la société. L’entrepreneuriat étant un
levier de la croissance économique, le gouvernement gagnerait à déve-
lopper une culture entrepreneuriale qui intègre l’entrepreneuriat dans le
système éducatif, en encourageant la prise de risque dans les entreprises
en démarrage, par des campagnes nationales intéressant le public à l’entre-
176 • Développement économique et emploi en Afrique fr ancophone
Références bibliographiques
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PSE. 2014. Plan Sénégal Emergent (PSE) : Référentiel de la politique économique et
sociale sur le moyen et le long terme. Gouvernement Sénégalais. Sénégal.
178 • Développement économique et emploi en Afrique fr ancophone
formation et éducation à
l’entrepreneuriat : analyses et
études de cas
chapitre 8
L’intégration graduelle
de l’entrepreneuriat dans l’université
marocaine
Sara Yassine et Nour Eddine Jallal
3. www.leseco.ma/economie/76094-enseignement-une-politique-de-digitalisation-s-
impose.html (Consulté le 23/08/2019.)
4. Ministère de l’Éducation Nationale, de la Formation Professionnelle de l’Ensei-
gnement Supérieur et de la Recherche Scientifique. Direction des Stratégies et de l’Infor-
mation. 2019.
5. Les grandes écoles.
L’i n t é gr at ion gr a du e l l e de l’e n t r e pr e n eu r i at • 183
10. Une approche globale qui consiste à définir les objectifs d’une formation ainsi
que les stratégies et les moyens permettant de les atteindre et les évaluer.
L’i n t é gr at ion gr a du e l l e de l’e n t r e pr e n eu r i at • 189
Projet Tempus
Le projet Tempus est un programme de la Communauté européenne (CE).
Sa mission est de promouvoir le développement des systèmes d’enseigne-
ment supérieur et de faciliter le processus de réforme économique, sociale
et de développement. Il vise à développer les systèmes d’enseignement
supérieur à l’aide de la coopération des établissements des États membres
de la CE12.
Ainsi, plusieurs projets ont été financés par ce projet, notamment le
projet TP. Le projet TP est un passeport numérique de compétences. Il
vise à améliorer l’employabilité des lauréats de l’enseignement supérieur
marocain. Il s’agit d’un programme de certification des compétences
transversales. Ce programme a pour objectif principal l’amélioration de
l’employabilité des lauréats des établissements à accès ouvert. Dans ce
sens, son ambition est d’apporter une réponse susceptible de réduire le
faible taux d’insertion des lauréats de ces établissements et qui couvrent
80 % des diplômés des établissements de l’enseignement supérieur13. Ainsi,
14. Brochure du projet Palmes qui décrit le Cadre National des Compétences
Transversales.
L’i n t é gr at ion gr a du e l l e de l’e n t r e pr e n eu r i at • 191
15. http://injaz-morocco.org
16. L’association fait appel à des experts issus d’entreprises publiques et privées
comme Acima, Agma Lahlou Tazi, Attijariwafa Bank, CDG, etc.
192 • Développement économique et emploi en Afrique fr ancophone
17. USAID est une agence indépendante du gouvernement des États-Unis chargée
du développement économique et de l’assistance humanitaire dans le monde.
18. AED est une organisation indépendante sans but lucratif engagée à résoudre les
principaux problèmes sociaux et à renforcer les capacités des individus, des collectivités
et des institutions afin qu’ils deviennent autosuffisants.
19. www.msiworldwide.com
L’i n t é gr at ion gr a du e l l e de l’e n t r e pr e n eu r i at • 193
L’enseignant fournit des rétroactions sur les travaux notés par l’entre-
mise du forum de discussion ou par courriel. Évidemment, les étudiants
peuvent communiquer avec leur enseignant par courriel.
En d’autres termes, la pédagogie de formation en ligne du programme
CLE se manifeste par un ensemble d’activités d’apprentissage (individuelles
et en groupe) à forte dimension collaborative. La caractéristique de ce type
d’apprentissage est les échanges asynchrones entre les apprenants et leur
tuteur. Ce qui veut dire que l’accès à la plateforme ne se fait pas en même
temps et c’est ce qui la différencie de la formation en présentiel.
Ainsi, les commentaires et les réactions du tuteur sont mis en ligne
et lus par la suite par les bénéficiaires de la formation en différé. Le tutorat
exige une disponibilité du tuteur et une bonne gestion de son emploi de
temps afin de répondre aux attentes des apprenants. Par ailleurs, ce type
de formation exige une certaine autonomie des apprenants dans la gestion
de leurs apprentissages.
Le programme CLE est dispensé dans certains établissements en
présentiel, soit une durée approximative estimée à 120 heures. Cependant,
dans d’autres établissements la formation est dispensée en ligne. La durée
de ce mode d’enseignement n’est pas bien précise.
Cependant, il est pertinent de préciser que le nombre d’étudiants,
principalement, dans les établissements à accès ouvert, constitue une
entrave au bon déroulement du programme CLE. En effet, le nombre
d’étudiants entrave le recours aux pédagogies actives dans les cours en
présentiel et complique la tâche d’encadrement pour les cours dispensés
en ligne. En effet, pour ce dernier, l’encadrement en ligne est destiné à un
groupe restreint qui ne dépasse pas 25 étudiants. Dans ce sens, les établis-
sements d’enseignements supérieurs, notamment les établissements à
accès ouvert manquent de ressources pour assurer l’encadrement en ligne.
De ce fait, la mobilisation d’une équipe de tuteur s’avère indispensable
pour assurer ce tutorat.
TA B L E AU 8.1
Périodes désignées pour l’enseignement du programme Innova Project
Filière Période
2.3 A
nalyse des programmes de formation en entrepreneuriat dans l’université
marocaine, selon la grille de la littérature en entrepreneuriat
L’analyse des différents programmes que nous avons relevés nous a permis
de dresser une cartographie de ces derniers, que nous présentons dans le
tableau 8.2. Il récapitule les principaux constats ressortis de notre analyse.
Il présente les niveaux d’intervention des programmes, les méthodologies
d’enseignement mobilisées et les bénéficiaires.
L’analyse des programmes de formation de l’entrepreneuriat trouvés
dans le contexte universitaire selon les angles relevés de la littérature de
l’enseignement de l’entrepreneuriat a permis de faire un nombre de
constats (El Ouazzani et al., 2015), à savoir : niveau d’intervention (Fayolle
et Filion, 2006), contenu des programmes (Schieb-Bienfait, 2000 ; Carrier
2009 ; Bechard et Gregoire, 2009), méthodes d’enseignement (Neunreuther
1979 ; Bouslikhane, 2011), valeurs éducatives (Béchard et Grégoire 1997 ;
Schmitt 2012), contenu des programmes (Schieb-Bienfait, 2000 ; Carrier,
2009), méthodes d’enseignement (Neunreuther, 1979 ; Bru, 2012), et valeurs
éducatives (Béchard et Grégoire,1997).
Licence,
INNOVA
master, Sélection X Learning by doing
Project
doctorat
Licence
(projet
CP Sélection X Learning by doing
de fin
d’études)
* Apprentissage expérientiel.
198 • Développement économique et emploi en Afrique fr ancophone
L’i n t é gr at ion gr a du e l l e de l’e n t r e pr e n eu r i at • 199
Conclusion
globalité. Par ailleurs, elle peut aider à mieux définir et traduire l’acte
entrepreneurial en programme de formation contextualisé, à travers un
ensemble d’outils d’ingénierie de formation.
Références bibliographiques
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sous la direction Schmitt, S. Paris : 261.
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de Fès sous le Protectorat Français au Maroc, 1912-1956 », Cahiers de la Méditerranée :
119‐132.
chapitre 9
L’éducation à l’entrepreneuriat :
enjeux dans la réussite des projets
entrepreneuriaux des jeunes au
Sénégal
Ismaïla Sène
C’est dans les années 1960 que les premières approches ont été dévelop-
pées. Parmi celles-ci, on peut citer l’école par les traits qui, sous l’impul-
sion de McClelland (1961), a conçu une approche psychologique de
l’entrepreneuriat. Selon cette approche, les entrepreneurs présentent des
caractéristiques psychologiques qui déterminent leur comportement. Il
s’agit, entre autres, de l’ouverture à l’innovation et à la prise de risque,
le leadership, le dynamisme, la flexibilité, la confiance en soi, l’esprit
d’initiative, la créativité, etc. Cette réflexion repose sur l’idée que la
réussite entrepreneuriale est déterminée par une série de paramètres
individuels qui définissent la personnalité entrepreneuriale. Cette pers-
pective minimise l’influence des facteurs exogènes au profit des carac-
téristiques psychologiques relevant de l’inné. Ce faisant, elle s’inscrit
dans une visée statique et néglige la possibilité d’une évolution des
206 • Développement économique et emploi en Afrique fr ancophone
2.1 L’entrepreneuriat
3. La méthodologie de recherche
régions de Dakar, Thiès et Diourbel qui abritent plus de 60 % des unités
économiques recensées au Sénégal, dont 39,5 % à Dakar, 11,43 % à Thiès et
9,39 % à Diourbel (ANSD, 2017).
L’absence d’une base de sondage nous a conduit à utiliser un échan-
tillonnage non probabiliste. Ainsi, la technique de la boule de neige a été
utilisée comme méthode d’échantillonnage qualitatif. Cette méthode
consiste, grâce à un schéma de désignation successive, à ajouter, à un
noyau d’individus déjà interrogés, d’autres individus désignés par les
informateurs de départ (Beaud, 2016). Dans chaque région, les premiers
entrepreneurs interrogés nous ont orienté vers leurs pairs, que nous avons
intégrés dans notre échantillon.
Comme le démontre Dépelteau (2010), cette technique s’avère très
pratique lorsqu’on ne dispose pas d’une base de sondage. Grâce à cette
technique, nous avons interrogé dans les trois régions de l’étude (Dakar,
Thiès et Diourbel) un total de 53 jeunes qui ont vécu leur première expé-
rience entrepreneuriale (création ou gestion d’une entreprise individuelle)
il y a deux ans au moins. Cet effectif est réparti comme suit : 26 à Dakar,
15 à Thiès et 12 à Diourbel. Par ailleurs, il faut préciser qu’environ 40 % de
ces jeunes (21 sur 53) ont une fois bénéficié d’un service d’éducation à
l’entrepreneuriat (formation ou coaching) alors que 60 % (32 sur 53) n’en
ont pas bénéficié.
Nos enquêtes ont également ciblé des acteurs publics cités dans la
mise en œuvre de services d’éducation à l’entrepreneuriat de notre
milieu d’étude. Il s’agit notamment de l’Agence Nationale pour la
Promotion de l’Emploi des Jeunes (ANPEJ), l’Agence de Développement
et d’Encadrement des Petites et Moyennes Entreprises (ADEPME), le
Programme Sénégalais pour l’Entrepreneuriat des Jeunes (PSEJ) et le
Projet d’Appui à la Promotion de l’Emploi des Jeunes et des Femmes
(PAPEJF).
Cet échantillon de taille réduite a été constitué selon le principe de la
diversification et de la recherche de la saturation empirique. Ces deux
principes constituent des critères de validité d’un échantillon qualitatif.
Bien qu’elle ne garantisse pas une représentativité absolue, cette démarche
permet néanmoins de tirer des conclusions solides.
Par ailleurs, nous avons également eu recours à des données de
sources secondaires qui sont essentiellement des rapports d’activités que
nous avons pu consulter.
2 12 • Développement économique et emploi en Afrique fr ancophone
Bien qu’ayant profité à une minorité de jeunes parmi ceux que nous avons
interrogés, l’accès à l’éducation à l’entrepreneuriat constitue un facteur
décisif du succès entrepreneurial.
Il suffit d’observer les critères tels que la pérennisation des entreprises
au-delà d’un seuil de deux ans1, l’évolution du chiffre d’affaires et la capa-
1. Nous avons choisi deux ans comme seuil de pérennité car l’essentiel des jeunes
que nous avons interrogés ont vécu leur première expérience dans l’entrepreneuriat il y a
deux ans au moins.
e n j eu x da ns l a r éus si t e de s proj et s e n t r e pr e n eu r i au x • 2 15
6. R
elever le défi de l’accès à l’éducation à l’entrepreneuriat
au Sénégal
Offrir une seconde chance aux jeunes qui n’ont pas eu accès à l’éduca-
tion à l’entrepreneuriat est une option réaliste. Cela passe par un travail
de communication auprès de ces promoteurs dont la plupart ne sont
pas informés de l’existence du dispositif. Selon nos enquêtes, 75 % des
entrepreneurs (soit 24 sur 32) qui sont à la marge de l’apprentissage
entrepreneurial estiment ne pas connaître les acteurs qui offrent des
services d’éducation à l’entrepreneuriat. Cependant, l’efficacité de cette
stratégie tient à un meilleur déploiement des acteurs qui forment le
dispositif d’éducation à l’entrepreneuriat afin de réduire la distance
géographique qui les sépare de certains jeunes entrepreneurs ou por-
teurs de projets. Cette stratégie permettra à ces acteurs d’être visibles
et de comprendre les pratiques entrepreneuriales ainsi que les pro-
blèmes auxquels se heurtent les jeunes. Elle permettra, en définitive de
développer des actions éducatives de proximité adaptées aux contextes
et aux situations.
222 • Développement économique et emploi en Afrique fr ancophone
Conclusion
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e n j eu x da ns l a r éus si t e de s proj et s e n t r e pr e n eu r i au x • 223
L’éducation à l’entrepreneuriat à
l’université
Une voie pour l’insertion professionnelle des
jeunes au Maroc
L’entrepreneuriat n’est pas une aptitude innée. C’est une discipline qui
peut s’apprendre par l’éducation et la formation (Béchard, 1998 ; Fayolle,
2000 ; Sénicourt et Verstraete, 2000) et se renforcer à l’université (Schieb-
Bienfait, 2000). Il est possible d’enseigner des aptitudes à entreprendre,
de former les individus à être plus autonomes et de les encourager à
prendre des initiatives (Krueger et Brazeal, 1994). L’éducation entrepre-
neuriale prépare l’apprenant aux pratiques entrepreneuriales (Laukannen,
2000). Elle concerne tout programme pédagogique dont la finalité est le
développement des attitudes et compétences entrepreneuriales (Fayolle
et al., 2006).
L’éducation à l’entrepreneuriat inspire trois systèmes de valeurs
(Béchard et Grégoire, 1997) : l’éducation entrepreneuriale (utilisation de
pédagogie ouverte) ; l’éducation à l’entreprise (identification des compé-
tences nécessaires pour mener à bien un projet entrepreneurial) ; et la
culture entrepreneuriale (conviction qu’ont des individus d’être les acteurs
de leur devenir).
L’enseignement de l’entrepreneuriat a pour principal objectif d’initier
et de sensibiliser les étudiants à l’esprit d’entreprendre et à l’esprit d’entre-
prise (Fayolle, 2005 ; Gaujard et Verzat, 2011 ; Pepin, 2011). Selon Champy
Remoussenard (2012), la formation à l’entrepreneuriat vise le développe-
L’é duc at ion à l’e n t r e pr e n eu r i at à l’u n i v e r si t é • 229
L’UM5R s’est engagée depuis l’an 2000 dans des actions visant à renforcer
les compétences entrepreneuriales et le développement de l’esprit d’entre-
prendre de ses étudiants par l’adhésion à plusieurs programmes. Dans ce
cadre, des centaines d’étudiants ont bénéficié d’une formation au pro-
gramme Comprendre l’entreprise (CLE) /Know About Business (KAB) du
BIT dans le cadre d’un partenariat.
TA B L E AU 10.1
Caractéristiques de l’échantillon
Échantillon 500
Sexe
Femmes 60 %
Hommes 40 %
3.2 D
étermination des indicateurs d’études des acquis entrepreneuriaux
de l’échantillon
TA B L E AU 10. 2
Qualité de la représentation pour chacun des critères retenus
Variance en %
Indicateurs et critères Coefficients
Réelle Interne
• Les gens qui possèdent une petite entreprise et qui la gèrent jouent
un rôle très important dans la société ;
• Les propriétaires des petites entreprises créent de l’emploi et, par
conséquent, jouent un rôle important dans l’économie nationale.
Analyse et discussion
Une analyse des variables a été effectuée afin de mesurer le degré d’amé-
lioration de l’intention entrepreneuriale auprès de notre échantillon. Dans
un premier temps, nous avons évalué les nouveaux acquis en matière
entrepreneuriale par l’évolution des trois indicateurs retenus. Dans un
second temps, et en référence au modèle de Shapiro, nous avons déterminé
les variables influençant les comportements entrepreneuriaux.
F I G U R E 10.1
Évolution de l’indicateur 1 : aptitude à la communication, au travail
d’équipe et à la résolution de problèmes
20,52 %
F I G U R E 10. 2
Évolution de l’indicateur 2 : aptitudes entrepreneuriales
45,55 %
53,38 % Pas d’accord du tout
Ni pour ni contre
Tout à fait d'accord
1,07 %
F I G U R E 10. 3
Évolution de l’indicateur 3 : perception/attitude vis-à-vis de l’entrepre-
neuriat et/ou de l’entreprise
22,18 %
47,29 % Pas d’accord du tout
Ni pour ni contre
32,40 % Tout à fait d'accord
5. Pour simplifier la figure, les coefficients de causalité sont insérés avec les commen-
taires dans le corps du texte.
L’é duc at ion à l’e n t r e pr e n eu r i at à l’u n i v e r si t é • 241
F I G U R E 10.4
Croisement des trois blocs de renforcement des intentions entrepreneuriales
après un programme d’enseignement, selon le modèle de Shapero
Aptitudes à la Perception/
Aptitudes communication, au Attitude vis-à-vis
entrepreneuriales travail d’équipe et la de l’entrepreneuriat
résolution de problèmes et/ou de l’entreprise
Prise
de risque Planification
Leadership
Courage
Opportunité
Réseautage
Engagement
Ambition Confiance
Gestion
Attention
de conflit
Conclusion
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246 • Développement économique et emploi en Afrique fr ancophone
Pour ce modèle, les incubés sélectionnés entraient dans une boîte noire
d’incubation reliée à son environnement.
En tant que professionnel, le rôle de l’accompagnant (coach) consiste
à transmettre des connaissances spécifiques (M’Chirgui, 2012). Comme
le précisent Barès et Sylvain (2014), l’accompagnant contribue à la défini-
tion des critères qui serviront de fondations à la décision de l’entrepreneur
et à la distinction de l’information fiable et pertinente pour la poursuite
du projet entrepreneurial. Il se doit d’adapter sa posture afin de cerner la
personnalité de l’entrepreneur, ses compétences et son savoir-faire, mais
aussi comprendre sa situation particulière, ses enjeux. Pour réussir l’ac-
compagnement, le coach doit essentiellement être à l’écoute (Fayolle,
2002). L’accompagnant doit progressivement rendre autonome le créateur
d’entreprise. Il devient dès lors un acteur stratégique dans l’accompagne-
ment entrepreneurial (Leger-Jarniou, 2008).
En ce qui concerne les caractéristiques du coaché, la littérature men-
tionne qu’un entrepreneur réceptif au changement peut être à l’origine
du succès d’une relation de coaching. En effet, l’entrepreneur doit être
ouvert à son coach, prêt à changer ses attitudes, son comportement et son
savoir-être pour pouvoir acquérir de nouvelles connaissances, un nouveau
savoir-faire et aider son coach à lui transmettre facilement les informa-
tions et l’expérience dont il a besoin (Clutterbuck et al., 1991). Il choisit le
mode d’apprentissage qui s’adapte le mieux à ses besoins (Matlay et al.,
2012).
système de couveuses parrainé par une université avec une offre d’espace
au sein de l’établissement. Un grand nombre d’incubateurs à travers le
monde sont soutenus par des universités et les autres prennent également
des initiatives pour fusionner avec des universités afin de tirer profit de
leurs recherches et de leurs connaissances (Jamil et al., 2015).
Apparus il y a une vingtaine d’années dans quelques rares universités
aux États-Unis, en Angleterre ou dans de grandes écoles françaises, les
incubateurs universitaires ou scientifiques ont une double finalité, ils ont
la particularité d’avoir un objectif pédagogique et en même temps une
visée pratique qui est celle d’aider les entrepreneurs à lancer leurs entre-
prises et réaliser une étude de marché (Condor et Hachard, 2014). L’intérêt
suscité par les incubateurs universitaires découle du potentiel important
du concept, qui offre la possibilité de lier la technologie, le capital et le
savoir-faire afin de tirer parti des nouveaux talents d’entrepreneurs et
d’accélérer la commercialisation de la technologie en favorisant les nou-
velles entreprises fondées sur la connaissance (Grimaldi et Grandi, 2001).
Ainsi, plusieurs dimensions semblent être des facteurs de succès des
incubateurs universitaires, à savoir les infrastructures, les réseaux, le
soutien technique et humain et la réputation institutionnelle (Todorovic
et Suntornpithug, 2008 ; Somsuk et al., 2012). En effet, ces incubateurs
fournissent des infrastructures et des ressources permettant aux nouvelles
entreprises de haute technologie de surmonter les obstacles liés à la com-
plexité de l’environnement et du processus d’innovation (Mian, 1996).
Plusieurs auteurs ont ainsi essayé de promouvoir l’avantage de l’ac-
compagnement par les incubateurs universitaires. Lasrado et al. (2016)
ont fondé leur analyse sur un modèle de production de type Cobb-Douglas
(Douglas, 1976). Dans leur analyse, au lieu de modéliser la fonction de
production, ils se sont plutôt concentrés à modéliser l’effet des incubateurs
universitaires sur la performance des entreprises naissantes. Ainsi, ces
auteurs suggèrent que l’influence de l’incubation sur la viabilité d’une
nouvelle entreprise peut dépendre du type de soutien offert par un incu-
bateur et des caractéristiques environnementales et commerciales dans
lesquelles les services d’incubation sont fournis.
Dans ce sens, ils ont essayé de voir si les entreprises qui sortent d’incu-
bateurs universitaires atteignent des niveaux plus élevés de rendement
après incubation par rapport aux entreprises incubées dans des incuba-
teurs non universitaires ou encore par rapport aux entreprises non incu-
25 4 • Développement économique et emploi en Afrique fr ancophone
mettre l’accent sur sa visibilité, sur toute chose qui passe par l’établis-
sement de partenariats nationaux et internationaux. Ce qui va per-
mettre de mettre en place une boutique pour créer un marché national
d’applications logicielles. Cet espace accueille des experts, des entre-
preneurs, des mentors, des coachs qui viennent accompagner et enca-
drer les incubés. Peuvent bénéficier de l’accompagnement de la Sup’ptic
Business Academy, les étudiants de l’École Nationale Supérieure des
Postes, des Télécommunications et TIC et aussi d’autres porteurs de
projets.
Le Centre d’incubation des entreprises de l’École Supérieure des
Sciences Économiques et Commerciales (ESSEC) de l’Université de
Douala (cas A.4) est une structure dédiée à la diffusion de la culture
entrepreneuriale auprès des jeunes diplômés universitaires du Cameroun
porteurs de projets de création d’entreprise. Il y a quelques années, le
projet de création de ce centre était lancé par le ministre des Petites et
Moyennes Entreprises ; 150 millions de Fcfa étaient alors mis à la dispo-
sition de cet établissement avec, entre autres objectifs, de former et de
subventionner les jeunes porteurs de projets.
Ongola Fablab de l’Agence universitaire de la Francophonie (cas
A.5) est un incubateur qui offre la possibilité aux jeunes qui auront
développé des prototypes viables d’être accompagnés par des spécialistes
ou des coachs dans la maturation de leurs projets en vue de les conduire
vers la création d’entreprise. Par ailleurs, un programme d’encadrement
des étudiants des filières technologiques, leur permettant de réaliser des
prototypes des programmes informatiques ou électroniques et autres
logiciels pensés dans le cadre de leurs travaux de recherche, est égale-
ment en gestation. Cet incubateur est donc spécialisé dans les métiers
du web.
À côté de l’incubateur Ongola Fablab, l’Agence universitaire de la
Francophonie a également procédé à la mise en place de Fab Lab mobile.
Ce dernier offre la possibilité aux jeunes de bénéficier d’un apprentissage
dans le domaine de la fabrication numérique. Ainsi, la création d’Ongola
Fablab et d’un Fab Lab mobile permet d’attirer jeunes innovateurs por-
teurs de projets, startuppeurs, étudiants, jeunes défavorisés et en quête
d’emploi qui viennent ainsi développer leurs compétences et réaliser leurs
idées au moyen de la conception et la production de prototypes qui pour-
ront faire l’objet de projets.
258 • Développement économique et emploi en Afrique fr ancophone
Himore Medical d’Arthur Zang (cas B.1) est la toute première entreprise
d’un jeune étudiant à avoir créé une tablette médicale africaine. Cet
appareil appelé Cardiopad permet de relever et de transmettre à distance
les paramètres cardiaques d’un patient. Selon le promoteur, c’est en 2009,
lors de son stage de fin d’études dans le service de cardiologie du profes-
seur Samuel Kingue, à l’Hôpital Général de Yaoundé, que l’idée du
Cardiopad est née. Le professeur lui explique la difficulté de son service
à suivre les patients vivant dans les zones éloignées du pays. Conscient du
travail nécessaire, il décide de se former en ligne grâce au Massiv Open
Online Course (MOOC) sur le site de l’Indian Institute of Technology.
Huit années plus tard, il a gagné plusieurs prix, dont l’Africa Prize, et son
invention est certifiée et déjà commercialisée au Cameroun.
Gifted Mom de Alain Nteff (cas B.2) est la première plateforme numé-
rique destinée aux femmes enceintes et aux nouveau-nés vivant dans des
régions rurales du Cameroun et d’autres pays d’Afrique. Gifted Mom
permet de rappeler aux femmes enceintes et nouvelles mères les dates des
vaccins ou des consultations à faire pendant et après la grossesse. Grâce
à cette application, le nombre de décès à la suite d’accouchements a consi-
dérablement diminué dans les zones où le projet est implémenté. Grâce à
ce service, le promoteur de Gifted Mom s’est classé parmi les jeunes
innovateurs du monde entier. En effet, en 2014, il est nommé meilleur
entrepreneur social d’Afrique par la Fondation MasterCard et reçoit le
prix Anzisha. En 2015, il est le plus jeune participant au Forum écono-
mique mondial (FEM) en tant que global shaper, ce qui lui vaut d’être l’un
des 60 jeunes entrepreneurs du Commonwealth invités à Londres par
Élisabeth II. Il se voit décerner le Queen’s Young Leaders Award. Il a
également décroché le Prix de la jeune entreprise africaine décerné à
l’occasion du New York Forum Africa (NYFA) en 2015. Il remporte un
prix dans la catégorie santé du concours Digital Africa lancé par l’Agence
française de développement en 2017.
CAYSTI (Cameroon Youth School Tech Incubator) d’Arielle Kitio
(cas B.3) est une start-up dédiée à la conception et la promotion d’outils
technologiques visant à faciliter l’accès égalitaire à une éducation de
qualité aux enfants en bas âge. Tout enfant devrait avoir d’égales chances
d’accès à l’éducation de qualité dans cette ère portée par la révolution
numérique. Depuis la mise sur pied de CAYSTI jusqu’à ce jour, sa pro-
L e s i nc u bat eu r s u n i v e r si ta i r e s • 259
motrice ne cesse d’obtenir des prix, par exemple : meilleur projet d’édu-
cation et d’apprentissage aux World Summit Awards (2017) ; lauréate du
Prix Orange de l’Entrepreneuriat Social (2017) ; vainqueure du Grand Prix
d’Innovation PMExchange (2017) ; finaliste au Pitch Hub Africa (2018) ;
actuelle ambassadrice du Next Einstein Forum au Cameroun 2017-2019 ;
classée en 2016 dans le top 4 % des femmes leaders dans le domaine scien-
tifique technologique par le programme TechWomen du Département
d’État des États-Unis ; Prix d’Excellence Femme Digitale par CEFEPROD
et ONU Femmes Cameroun.
Infiuss de Melissa Bime (cas B.4) est une plateforme qui relie les éta-
blissements de santé à une vaste base de données de banques de sang dans
d’autres établissements de santé pour les aider à avoir plus d’options pour
les transfusions sanguines. Cette plateforme facilite aux hôpitaux l’accès
aux réserves de sang. Par ailleurs, la structure offre une éducation sani-
taire aux populations et encourage les dons de sang de particuliers. En
effet, grâce à un simple message envoyé à la plateforme, un hôpital peut
se faire livrer une ou des poches de sang correspondant aux caractéris-
tiques requises pour sauver un malade donné. En effet, alors qu’elle se
formait en soins infirmiers, la jeune Melissa vit une expérience drama-
tique dans un hôpital où un enfant y décède d’une anémie, faute de dis-
ponibilité de sang, alors qu’un hôpital situé juste à côte disposait dans sa
banque du précieux liquide correspondant au groupe sanguin requis.
Marquée par cette expérience, la jeune infirmière s’est mis en tête
d’œuvrer pour que plus aucun malade ne décède parce qu’il n’avait pas
été possible de lui trouver à temps du sang pour lui sauver la vie. La pro-
motrice a obtenu plusieurs prix internationaux, parmi lesquels le prix
pour l’Afrique subsaharienne aux Cartier Women’s Initiative Awards 2018.
Pneupur de Benjamin Belibi et Frédéric Belibi (cas B.5) est une struc-
ture créée en 2018 et permettant de traiter les pneus aux conditions locales.
En effet, elle s’occupe de la gestion intégrale du pneumatique usagé non
réutilisable, depuis la collecte jusqu’à la vente du produit recyclé. Lors du
passage des promoteurs dans les concessions automobiles, ils ont remarqué
la difficulté qu’avaient les employés travaillant dans les ateliers à se débar-
rasser des pneus arrivés en fin de vie. C’est de là qu’est né le projet Pneupur.
Effectivement, dans de nombreux pays, des tonnes de pneus trop usés ne
sont ni collectés ni valorisés, causant ainsi des problèmes environnemen-
taux et sanitaires. Certains de ces pneus sont brûlés, entraînant une
260 • Développement économique et emploi en Afrique fr ancophone
L’analyse des résultats obtenus peut nous permettre de donner une appré-
ciation du type d’accompagnement qu’accordent les incubateurs univer-
sitaires aux jeunes entrepreneurs camerounais ainsi que des performances
des entreprises sorties du processus d’incubation. Onze cas ont été ana-
lysés, donc cinq structures d’accompagnement et six accompagnés. Nous
avons constaté que certains incubateurs (cas A.1 ; cas A.2 ; cas A.4) ont été
créés il y a plusieurs années et ont donc facilité le démarrage de plusieurs
entreprises tandis que d’autres (cas A.3 ; cas A.5) ont été nouvellement
mises sur pied et n’ont pas encore fait leurs preuves.
Dans l’ensemble, les incubateurs universitaires accompagnent essen-
tiellement les jeunes en cours de scolarisation ou les jeunes fraîchement
sortis du système éducatif. Le type de projet accompagné dépend des
objectifs et des caractéristiques de l’incubateur. Ainsi, alors que certains
incubateurs (cas A.2 ; cas A.3 ; cas A.5) accompagnent les projets dans les
domaines à fortes utilisations technologiques, d’autres incubateurs (cas
A.1 ; cas A.4) se concentrent dans les domaines à faible utilisation tech-
nologique. De même, la durée de l’accompagnement dépend non seule-
ment de la nature du projet mais aussi de la mission de l’incubateur. De
ce fait, certains incubateurs universitaires accompagnent les porteurs de
projets sur une longue durée alors que d’autres les accompagnent sur une
courte durée.
Dans la logique de Laviolette et Loue (2006), nous avons constaté que
les incubateurs universitaires au Cameroun favorisent le processus entre-
preneurial à deux niveaux. D’une part ces incubateurs encouragent les
potentiels créateurs à développer leurs compétences et à accroître leur
employabilité par un processus d’apprentissage individuel comprenant la
formation, le coaching et l’action. Cette idée rejoint celle de Dupouy
(2008), selon laquelle les incubés ayant généralement peu d’expérience en
matière de création d’entreprise, les incubateurs mettent l’accent sur la
nécessité de faire progresser le porteur de projet dans la maturation de sa
réflexion et le développement de ses compétences. D’autre part, ces incu-
L e s i nc u bat eu r s u n i v e r si ta i r e s • 261
Conclusion
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different incubator generations », Technovation, 32 (2) : 110-121.
264 • Développement économique et emploi en Afrique fr ancophone
La performance de l’accompagnement
entrepreneurial dans le contexte
marocain
Sanaa Haouata et Younes Bennane
TA B L E AU 12 .1
L’évolution des indicateurs de mesure de la performance au sein des
incubateurs
Développée par Smilor (1987), l’approche normative est basée sur les
bonnes pratiques et sur l’émission de recommandations en vue d’amé-
liorer le processus d’incubation. Ces dernières ont été critiquées vu leur
nature irréalisable sur le terrain (Abetti, 2004). Cette approche a enregistré
certaines limites étant donné qu’elle n’a pas tenu compte de la diversité
des objectifs des incubateurs, de leurs parties prenantes ainsi que de
l’éventuelle influence des facteurs environnementaux sur la performance
(Arlotto et al., 2011).
Par ailleurs, l’approche positiviste s’est fort répandue. Elle s’intéresse
à l’identification et à l’analyse des déterminants d’une incubation réussie,
et s’interroge sur le processus d’incubation et sur son rôle dans la création
de la valeur pour les incubés.
* Le genre n’a pas été pris en considération en tant que critère qui aurait une influence sur la perception de la performance des incubateurs.
** Certains résident dans des villes autres que celles où ils sont incubés, certains participent à des programmes d’incubation organisés sous forme de camp et à
2 74 • Développement économique et emploi en Afrique fr ancophone
cains, ainsi que le niveau d’avancement des projets. Par ailleurs, nous
précisons l’absence d’une règle universelle qui permet de définir le nombre
de cas exacts dans le cadre d’une étude qualitative. Miles et Huberman
(2003) soulignent même que dépasser une quinzaine de cas expose le
chercheur à des difficultés de traitement.
Aussi, le choix de l’entretien semi-directif semble le plus approprié
pour mener une étude de nature exploratoire qui envisage une analyse
perceptuelle. Zagre (2013) explique dans ce sens que « l’interview renvoie
à une situation de face-à-face, à un échange au terme duquel l’interlocu-
teur exprime ses perceptions d’un événement ou ses expériences ». Par les
questions que nous posons, nous parvenons à aider l’interviewé à s’ex-
primer sans dispersion, tout en lui accordant une marge d’authenticité et
de profondeur, sur son vécu, son expérience et sa perception personnelle
de la performance des incubateurs. Ainsi, le tableau 12.2 récapitule les
caractéristiques des incubés interviewés.
B. Le processus d’incubation
F I G U R E 12 .1
Périodes d’incubation pour des incubateurs marocains
4. Les citations entre guillemets renvoient aux propos des incubés interviewés.
L a pe r for m a nce de l’ac c om pagn e m e n t e n t r e pr e n eu r i a l • 2 79
TA B L E AU 12 . 3
Cartographie des services et outputs éventuels des incubateurs
marocains
incubés. Ces derniers sont considérés comme l’un des acteurs clés dont
la perception doit faire l’objet d’une attention particulière.
Références bibliographiques
Le Centre d’excellence en
entrepreneuriat (le CEENTRE)
Tsoavina Randriamanalina et Riveltd Rakotomanana
1. Revue de la littérature
2. Méthodologie
3. Résultats et discussion
puisque l’institut fait déjà partie des établissements où les frais de scolarité
sont les plus chers dans le pays (données internes de l’institut).
Ensuite, en poussant l’analyse, l’opération de catégorisation a permis
de mettre l’accent sur les mots clés suivants :
• Le changement de statut : Il s’agit de passer du statut de dépar-
tement fonctionnant sous les ailes de l’ISCAM, Business School,
une SARL (société à responsabilité limitée), à une organisation
essaimée ayant le statut d’ONG locale ;
• Essaimage : C’est le fait pour le CEENTRE de sortir de la couver-
ture de l’ISCAM Business School pour voler de ses propres ailes,
sans toutefois rompre définitivement les liens avec son organisme
d’origine.
• L’évolution du modèle de revenu : Puisque le problème concerne
la pérennité de l’organisation, la question du revenu reste cruciale
pour le CEENTRE. En analysant ses business models et en nous
appuyant sur l’observation participante, nous avons pu déter-
miner les différents modèles de revenus suivants : subvention de
l’ISCAM, Business School, frais d’incubation, frais de conseils
pour les entrepreneurs avancés, frais de domiciliation, frais de
formation et participation à des camps, royalties, subventions des
organismes de développement.
• Les propositions de valeur : Au cours de ces cinq années d’exis-
tence, le CEENTRE a connu aussi pas mal de modifications de ses
propositions de valeur. L’analyse des différents business models
nous donne les résultats suivants : si « le service d’accompagne-
ment tout-en-un » proposé dès le lancement est toujours en place,
de nouvelles propositions de valeurs sont apparues et d’autres ont
été abandonnées. En tout cas, la base dans sa situation actuelle,
c’est de s’appuyer sur la notoriété et l’intégrité (une de ses valeurs)
de l’ISCAM, Business School et de diversifier les partenariats pour
donner plus de choix aux clients.
• Évolution des autres cases du business model : La théorie sur le
business model nous rappelle que lorsque nous remanions une
case de la matrice, il est fort probable que des changements appa-
raissent dans les autres cases (Lecocq, Demil et Warnier, 2006).
Ces modifications sont d’autant plus apparentes quand c’est la
L e Ce n t r e d’e xce l l e nce e n e n t r e pr e n eu r i at (l e CE E N T R E) • 299
F I G U R E 13.1
Modélisation de l’évolution du business model du CEENTRE
Modèle initial
non adapté
Changement de statut
Besoin de visibilité
sur le plan de
son écosystème
Évolution des valeurs proposées
Diversification des activités
deviennent des contraintes, alors qu’ils sont censés valoriser sur le terrain
les résultats de recherches universitaires (Arloto, Pacito et Saingre, 2015).
Cette question soulève beaucoup plus de problèmes quand on sait que la
recherche n’est pas la principale vocation des business schools dans les
pays en développement (Rapport CAMES 2018 sur les établissements
universitaires en Afrique).
Ainsi, si l’objectif est de faire du business model un outil stratégique
(Lecocq, Demil et Warnier, 2006), ce n’est pas encore le cas pour le
CEENTRE à cause surtout de l’environnement dans lequel il évolue
(Martinet et Renaud, 2015). Son business model reste ainsi en phase de
stabilisation, ce qui fait que c’est plutôt la stratégie définie au préalable
qui l’oriente, donnant raison aux auteurs « classiques » de stratégie qui
n’accordent pas au business model la capacité de devenir un outil straté-
gique. C’est plutôt l’inverse qui se passe en ce qui concerne le CEENTRE ;
aussi, pour assurer sa pérennité, il doit tout le temps adopter son business
model en fonction de sa stratégie qui, elle, dépend de l’environnement.
Conclusion
Les leçons pratiques que nous pouvons tirer de cette étude de cas sont
donc les suivantes : les incubateurs sont des organismes utiles pour le
développement de l’entrepreneuriat dans les pays en développement ; ces
incubateurs doivent s’adapter aux contextes locaux et ne pas s’appuyer
simplement sur les différentes théories occidentales concernant le concept
d’accompagnement des entreprises ; le financement des organismes locaux
de développement reste une difficulté majeure dans les pays en dévelop-
pement et il faut chercher des solutions innovantes pour sortir du pro-
blème classique d’asymétrie d’informations entre ONG locales et bailleurs
de fonds occidentaux.
Ainsi, des politiques claires en termes de développement de l’entre-
preneuriat, notamment des activités d’accompagnement entrepreneurial,
doivent être rapidement établies. Pour les questions concernant le finan-
cement, notamment, pourquoi ne pas s’inspirer des travaux de Le
Pendeven et al. qui affirment « à entrepreneuriat innovant, financement
innovant ». Pour cela, ils misent beaucoup sur les nouvelles approches de
la finance entrepreneuriale, notamment les business angels, les crowdfun-
ding… Ce qui rejoint un travail de thèse préparé par l’auteur principal de
ce chapitre traitant du rôle de la diaspora africaine pour l’émergence de
l’économie entrepreneuriale (Randriamanalina, 2020 [thèse en cours]).
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304 • Développement économique et emploi en Afrique fr ancophone
contraintes de financement
et entrepreneuriat
chapitre 14
1. www.afdb.org
Rôl e de s i nst i t u t ions de m icrof i na nce • 307
turel. Les banques d’État, qui étaient les principales sources de finance-
ment, ont échoué à cause d’une hausse notoire des impayés. Les
conséquences de cette situation ont causé un rationnement du crédit
bancaire et un durcissement des conditions d’accès aux financements. Ce
qui a entraîné une exclusion financière d’une grande partie de la popula-
tion locale ne disposant pas de garanties suffisantes et de revenus pério-
diques durables. Le nombre d’IMF est chiffré à environ 601 et l’accès des
populations aux services financiers proposés a augmenté de 14,6 %
(BCEAO, 2018).
D’après l’OIT2 (20163), « Investir dans les femmes est l’un des moyens les
plus efficaces d’accroître l’égalité et de promouvoir la croissance écono-
mique inclusive et durable. Les investissements réalisés dans les pro-
grammes spécifiques aux femmes peuvent avoir d’importantes
répercussions sur le développement, puisque les femmes consacrent
généralement une plus grande part de leur revenu à la santé, à l’éducation
et au bien-être de leurs familles et de leurs communautés que les hommes. »
De surcroît, les femmes respectent leurs engagements, valorisent les liens
sociaux, facilitent une information symétrique, réduisent le comporte-
ment opportuniste, s’impliquent davantage dans le développement de
microprojets et font face à leurs remboursements (Montalieu, 2002 ; Hunt
et Kasynathan, 2002).
Les IMF ont intérêt à mettre en place des politiques spécifiques visant
à donner beaucoup plus de légitimité aux femmes afin qu’elles s’impliquent
davantage dans le développement de microprojets et réduisent le risque
de non-remboursement (Observatoire de la microfinance, 2009 ; Cull et
al., 2007). Le non-remboursement est dû à l’incapacité de certains entre-
preneurs à tirer des bénéfices suffisants de leurs projets. Ainsi, un choix
doit être porté sur le type d’entrepreneurs, notamment les femmes, afin
d’optimiser le volume de fonds prêtable des IMF (Hunt et Kasynathan,
2002 ; Cheston et Kuhn, 2002). Ceci est confirmé par les statistiques de
l’année 2017 qui avancent que les femmes représentent 84 % des clients
des IMF.
7. C’est une théorie qui, en plus de s’intéresser aux parties prenantes qui ont une
influence sur la création de richesse, met l’accent sur les politiques de régulation des mar-
chés et la cohérence institutionnelle des nations.
Rôl e de s i nst i t u t ions de m icrof i na nce • 311
Notre étude empirique porte sur des données quantitatives relatives aux
différents pays de l’UEMOA8, collectées sur la période 1999-2014 dans la
base de données du MIX (Microfinance Information Exchange). Les don-
nées fournies par le MIX ont été obtenues en faisant la somme des données
comptables de toutes les IMF présentes dans un pays. Le MIX est une
organisation créée en 2002 pour faciliter l’accès aux informations, assurer
la transparence et la rencontre entre les différents acteurs de la microfi-
nance. Le MIX offre actuellement des informations comptables sur plus
de 1 000 organisations de microfinance dans le monde. Nous utilisons les
données de panel qui seront traitées par le logiciel Stata. Nos tests portent
sur les données macroéconomiques, et nous raisonnons sur des données
par pays et non par IMF, et ce, pour éviter un biais de sélection ; en d’autres
termes, seules sont présentes dans notre échantillon les IMF rentables et
pérennes, du moment où les plus faibles disparaissent à court terme. Le
F I G U R E 14.1
Évolution du nombre d’IMF par pays entre 1999 et 2014
100
90
80
70
60
50
40
30
20 Nombre d’IMF
10
0
go
ée
re
n
o
l
i
ga
al
ge
ni
as
oi
in
To
M
Bé
aF
né
Ni
Iv
Gu
d’
Sé
in
te
rk
Cô
Bu
Variables dépendantes
9. L’encours de crédits femmes représente les fonds alloués aux entrepreneures et aux
femmes, à titre personnel, susceptibles de développer aussi une activité génératrice de
revenus, le plus souvent dans l’informel.
Rôl e de s i nst i t u t ions de m icrof i na nce • 313
Variables indépendantes
Notre modélisation a fait ressortir, parmi les variables10 les plus à même
de contribuer à relancer l’offre de crédit des IMF destinée aux femmes :
• Les subventions reçues de l’État et les collectivités territoriales
(H1) ;
• Les fonds propres et l’endettement des IMF (H2 : H2.1 et H2.2,
respectivement) ;
• La pérennité des IMF qui repose sur une performance écono-
mique (H3) ;
• Le risque de non-remboursement du crédit octroyé aux entrepre-
neures par les IMF (H4) ;
• La gouvernance du pays (H5).
TA B L E AU 14.1
Mesure des variables explicatives
Variables Mesures
TA B L E AU 14. 2
Statistiques descriptives
Variables à
Variables explicatives Mean Max Min N*
expliquer
Encours de
0,314 0,899 0,0002 106
crédits femmes
Risque de
0,0581 0,34 0,0042 132
non- remboursement
0,2477 1,0000
Subventions
0,0173**
Modèle à effets Modèle sans Modèle sans performance Modèle sans risque
Modèle sans dettes
Variables fixes subventions économique de crédits
VIF
explicatives VIF VIF VIF VIF
1/VIF
1/VIF 1/VIF 1/VIF 1/VIF
Les Variance Inflation Factors (VIF) ont également été calculés pour
chaque régression, afin de vérifier l’absence de multicolinéarité entre les
variables explicatives, ce pour toutes nos régressions. Il y a un problème
de multicolinéarité :
• lorsqu’un VIF est supérieur ou égal à 10 (Chatterjee et Hadi, 2006) ;
• lorsque la moyenne des VIF est supérieure ou égale à 2 (Bourmont14,
2012).
Pour nos différentes régressions, aucun des VIF ne dépasse 1,30 et les
VIF moyens de nos modèles sont tous inférieurs à 1,20. Ainsi, nous pou-
vons affirmer l’absence de multicolinéarité dans notre étude empirique.
Nous avons également réalisé un test de Hausman15, qui montre que
le modèle à effet fixe est accepté dans nos régressions, ce qui signifie qu’il
donne une explication plus correcte des déterminants de l’offre de crédit
destinée aux femmes. Du point de vue économique, nous avons le droit
de supposer que le modèle économique étudié est le même dans les pays
de l’UEMOA.
Le tableau 14.5 met en évidence les résultats de toutes nos régressions.
Ainsi, le modèle sans les dettes donne la meilleure spécification avec un
R² de 23 %. Dès lors, il semble que les coûts d’opportunités liés aux recours
à l’endettement sont inférieurs aux coûts de transactions. Les résultats
obtenus montrent que les subventions agissent positivement sur l’encours
de crédits femmes pour tous les modèles de notre étude. Notre hypothèse
H1 est donc corroborée et les subventions destinées aux IMF ont pour but
de participer au développement de l’entrepreneuriat féminin. Toutefois,
il faut souligner que certaines IMF utilisent les subventions pour com-
penser les pertes réalisées.
Les résultats obtenus pour les fonds propres sont contrastés, notre
hypothèse H2.1 est corroborée pour quatre des cinq modèles de notre
étude. Les fonds propres agissent positivement sur le volume de crédit
octroyé aux femmes des pays de l’UEMOA. Ce qui peut signifier que les
propriétaires sont plus intéressés par le développement de l’entrepreneu-
riat féminin ou la réduction de la pauvreté que par l’efficience. Ces résul-
tats se vérifient partiellement avec le recours à l’endettement. En effet, sur
14. https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00691156/document
15. Le test de Hausman (1978) permet de statuer entre les effets fixes et les effets
aléatoires.
TA B L E AU 14. 5
Synthèse des résultats
Conclusion
fait ses preuves en mettant à la disposition des exclus des systèmes clas-
siques sa capacité à fournir des services financiers afin de favoriser l’entre-
preneuriat, notamment féminin, dans les pays de l’UEMOA.
La microfinance est caractérisée par deux approches que sont la
poursuite d’une mission sociale et l’atteinte de la viabilité financière. La
première consiste à réduire la pauvreté en touchant une couche de la
population qui est vulnérable ou ne disposant pas d’un certain pouvoir
financier, la seconde s’intéresse à la pérennité financière dans la mesure
où pour continuer de manière durable à jouer le rôle d’intermédiaire
financier, les IMF doivent avoir une autonomie financière et consolider
leur présence, surtout face à la concurrence. Les institutions de microfi-
nance présentent plusieurs caractéristiques qui ont une incidence sur leur
fonctionnement. Cependant, leur fonctionnement démocratique et leurs
particularités constituent un atout important susceptible d’entraîner une
complexification de leurs systèmes, surtout en période de croissance. On
remarque une multitude d’acteurs qui présentent des intérêts différents.
Nous pouvons citer les créanciers, les dirigeants, les bailleurs de fonds,
l’État, etc.
Cette contribution étudie les déterminants de l’offre de crédit des
IMF destinée à l’entrepreneuriat féminin (fonds propres, subventions,
gouvernance, risque de non-remboursement, endettement…) afin de
mettre en exergue le rôle des institutions de microfinance dans le finan-
cement de l’entrepreneuriat féminin. Notre échantillon porte sur les pays
de l’UEMOA de 1999 à 2014.
L’offre de crédit aux femmes est appréhendée à partir l’encours de
crédits, c’est-à-dire le pourcentage de crédit qui leur est octroyé.
Les résultats obtenus sur les subventions montrent qu’elles agissent
positivement sur l’encours de crédits femmes sur tous les modèles de nos
études. Tel n’est pas le cas pour le volume des fonds propres et de l’endet-
tement. Ce résultat pourrait signifier qu’une partie des apporteurs de
capitaux (fonds propres et créanciers) seraient davantage intéressés par le
développement de l’activité productive de ces IMF que par leur degré
d’efficience, et qu’une autre partie est rémunérée à leur prix d’opportunité
(cf. Charreaux et Desbrières, 1998) et n’exerce en conséquence aucune
contrainte significative sur le volume crédits femmes des IMF qu’elle
contribue à financer.
322 • Développement économique et emploi en Afrique fr ancophone
Références bibliographiques
Microfinance et promotion
de l’entrepreneuriat des jeunes ruraux
au Niger
Oumarou Faroukou Djibo
Ces jeunes ne sont pas qualifiés et habitnet très loin des réseaux profes-
sionnels qui caractérisent le secteur formel (Djibril, 2010). Ils opèrent le
plus souvent dans un rayon très limité ou sur un marché local, avec un
faible profit (Dia et Bonnet, 2017 ; Deaton, 2015).
des 15 000 entreprises enregistrées en 2016 sont de petite taille (INS, 2018a ;
DPEJ, 2016 ; François, 1999).
4. Nous avons donné les équivalents en français des termes utilisés en arabe dans les
parenthèses.
3 32 • Développement économique et emploi en Afrique fr ancophone
Une fois que le ciblage des bénéficiaires est terminé pour le projet, l’enca-
drement se fait en fonction des zones et des métiers. Dans chaque com-
mune, sept villages sont retenus. Dans ceux-ci, les bénéficiaires sont
5. Pour plus de détails sur ces produits, voir « la science de la charia pour les
économistes ».
6. Pour plus de précisions, voir annexes au cadre de gestion de crédit du PALAM
élaboré par Djibo, O. F., 2016.
7. Idem.
M icrof i na nce et promo t ion de l’e n t r e pr e n eu r i at • 3 3 3
TA B L E AU 15.1
Les filières et la durée de formation
Sexe et durée
Filières
Sexe Durée
Électricité bâtiment Hommes 6 mois
Mécanique Hommes 6 mois
Embouche ovine Hommes et femmes 4 mois
Embouche ovine Hommes et femmes 4 mois
Construction métallique Hommes 6 mois
Menuiserie Hommes 6 mois
Artisanat Hommes et femmes 6 mois
Maraîchage Hommes et femmes 3 mois
Transformation agroalimentaire Hommes et femmes 3 mois
Coiffure Hommes et femmes 3 mois
Maçonnerie Hommes 6 mois
Couture / tricotage Hommes et femmes 6 mois
4. Outils économétriques
4.1 Données
TA B L E AU 15. 2
Les effectifs des jeunes enquêtés par région
TA B L E AU 15. 3
Facteurs déterminant le développement de l’entrepreneuriat des jeunes
Variables/Caractéristiques Fréquences
Masculin 67,4
Sexe du jeune
Féminin 32,6
Employé 51,5
Type de travail
Travailleur autonome 48,5
Oui 43,3
Accès au crédit
Non 56,7
Matérielle 21,5
Assistance des partenaires Financière 31,1
Renforcement des capacités 37,4
Modèle d’analyse
Estimation du modèle
Résultats et discussion
Nous présenterons les résultats des estimations produits sous SAS. Ces
résultats seront commentés en fonction des objectifs. Le tableau 15.4
résumera les estimations fournies par le modèle logit ; le tableau 15.5 pré-
sentera le poids des variables sur la variable d’intérêt à travers la déter-
mination de l’odds ratio ; avant de procéder à la discussion.
Dans la procédure logistique, les 800 jeunes concernés par le pro-
gramme d’insertion sont pris en compte (partie gauche du tableau 15.4).
La valeur de Wald chi2 est de 1336 et la probabilité Prob> chi2 est nulle
avec un pseudo R 2 de 0,2971. La partie droite du tableau 15.4 présente les
résultats des 850 jeunes composant la cible témoin. La valeur de Wald
chi2 est de 1541 et la probabilité Prob> chi2 est nulle avec un pseudo R2 de
0,272. Avec ces valeurs, les modèles, tels que spécifiés, sont globalement
significatifs. Les résultats de la première catégorie des jeunes montrent
que les valeurs estimées des variables sexe du jeune, situation conjugale,
revenu intermédiaire, nombre d’années d’expérience, accès au crédit ainsi
qu’assistance des partenaires sont significatives au seuil de 1 %. La variable
3 40 • Développement économique et emploi en Afrique fr ancophone
TA B L E AU 15.4
Résultats de la régression de deux catégories des jeunes
variable xj indique dans quel sens influe cette variable sur la variable
d’intérêt Yi.
Les valeurs des paramètres, bien qu’elles nous renseignent sur les
orientations des jeunes, ne nous donnent pas une idée immédiate (Afsa,
2016) de l’importance du facteur en tant que telle. Notamment, on ne sait
pas mesurer l’influence de notre variable principale (son poids) sur la
création d’emploi. Nous allons pour cela nous intéresser à la significativité
pratique des différents facteurs, à partir de l’odds ratio (Tableau 15.5).
TA B L E AU 15. 5
Rapport des chances ou odds ratio
tionnel fait défaut. Le microcrédit pour les jeunes sans emploi peut être
une innovation louable leur permettant d’affiner leur idée et de surmonter
les innombrables problèmes durant la phase de lancement.
Enfin, les modalités de la variable assistance des partenaires s’inter-
prètent en regard de la modalité de référence (assistance en renforcement
des capacités) : l’assistance financière est, par rapport au renforcement
des capacités, pénalisante pour la promotion de l’emploi (le paramètre
de l’indicatrice ass. fin est négatif) ; en revanche, l’assistance matérielle
est un avantage, toujours par rapport au renforcement des capacités (le
paramètre de l’indicatrice ass. mat. est positif). L’analyse des coefficients
estimés indique que cette variable a un impact positif sur la probabilité
de devenir entrepreneur dans les zones rurales au Niger. L’assistance
matérielle a un effet positif pour les deux catégories de jeunes (bj = 1,814
pour la cible et bj = 0,161 pour le groupe témoin). Ceci signifie que
lorsque l’assistance matérielle augmente d’une unité, l’individu a
environ 6,07 fois et 1,2 fois plus de chances de devenir entrepreneur,
respectivement dans le rang des jeunes soutenus et dans le rang des
jeunes non soutenus. Les associations de jeunes constituent une clientèle
privilégiée pour les ONG, appelées à leur fournir l’assistance technique
et financière dont elles ont besoin. Le développement des ONG à voca-
tion rurale qui devrait s’ensuivre apportera également des perspectives
d’emploi pour les jeunes diplômés dans un éventail assez large de com-
pétences (DPEJ, 2016). Il est nécessaire pour les décideurs de trouver les
méthodes d’assistance à la jeunesse les plus pertinentes et efficaces.
Pendant longtemps, la microfinance a été citée comme la meilleure
politique de soutien à la création d’entreprise (Trembley, 2008 ; Kanté,
2001 ; Mundeke, 2010 ; Ousmane Ida, 2015). C’est aussi ce qu’a révélé cette
recherche avec ces probabilités calculées. Le ministère de la Jeunesse, le
ministère de l’Entrepreneuriat et celui des Finances doivent œuvrer
ensemble afin d’améliorer les compétences de la jeunesse rurale nigé-
rienne en matière d’auto-entrepreneuriat. Cette frange de la population
moins qualifiée, analphabète et opérant bien souvent dans le secteur
informel, sera déterminante pour promouvoir une croissance équitable
et l’inclusion sociale au Niger. La formulation d’un programme national
pour l’emploi des jeunes et les coopérations avec des partenaires d’appui
peuvent faciliter la promotion de l’emploi.
3 46 • Développement économique et emploi en Afrique fr ancophone
Conclusion
Le secteur informel occupe une place importante dans les pays en déve-
loppement. Le Niger n’est pas exclu avec une population majoritairement
jeune. Les entreprises sont en général de petite taille et les autorités
publiques appuient surtout les personnes diplômées. Ceux qui n’ont pas
la formation requise sont laissés pour compte et vont vers la déperdition,
et/ou empruntent la voie migratoire. Le chômage et l’analphabétisme
continuent de gagner la sphère sociale. Pour les quelques jeunes diplômés,
le déphasage entre les formations et les compétences recherchées sur le
marché du travail contribue à aggraver leur situation. Ce phénomène
retarde la transition de beaucoup de jeunes vers l’autonomie financière,
familiale et résidentielle. Si l’entrepreneuriat contribue à stimuler la créa-
tion d’emploi et la participation au marché du travail, les initiatives et les
propositions développées en faveur de l’insertion sociale et professionnelle
des jeunes devraient accroître le potentiel de développement. Ce chapitre
a tenté d’apporter des réponses à la question du succès entrepreneurial et
de l’employabilité des jeunes ruraux non scolarisés et/ou déscolarisés. Des
deux échantillons de jeunes étudiés, sept variables clés ont été retenues.
Les estimations économétriques à l’aide d’un modèle logit binaire ont fait
ressortir les effets de ces variables sur les dispositions à entreprendre pour
le jeune.
Il ressort que les jeunes de sexe masculin ont environ 1,7 fois plus de
chances de créer et de gérer un emploi stable que les jeunes filles, surtout
quand ils sont assistés. Il est nécessaire de garantir l’autonomie écono-
mique des jeunes femmes afin de contribuer activement à la réduction de
la pauvreté. Le mariage favorise la création et le maintien de l’emploi. Les
garçons célibataires ont environ 1,6 fois moins de chances de réussir dans
leur emploi que les mariés. Dans le cas des jeunes filles, la disposition à
devenir entrepreneure est encore plus complexe (Badia et al., 2013).
L’analyse révèle que la possibilité de monter sa propre microentreprise
dans le milieu rural varie selon qu’on ait du soutien ou pas. Quand un
jeune non soutenu réussit dans un travail indépendant rémunérateur, il
prend de l’assurance et conserve mieux son métier qu’un jeune qui a eu
de la facilité lors du montage de son affaire. Bien qu’ils soient soutenus,
ces jeunes ne gardent l’emploi qu’ils ont créé rarement plus d’une année.
Les jeunes promoteurs ont besoin d’un marché capable d’absorber leur
production. Les jeunes employés travaillent comme ouvriers dans des
M icrof i na nce et promo t ion de l’e n t r e pr e n eu r i at • 3 47
filières moins rentables avec tous les risques possibles. Leur chance relative
d’exercer un travail indépendant s’avère d’environ 2,6 fois moindre que
ceux qui sont soutenus. Ils sont quasiment exclus du système de finance-
ment bancaire. En filigrane, le soutien d’un partenaire technique et
financier a un avantage sur le niveau de vie du jeune et donc sur la pro-
motion d’emploi. En effet, l’appui du projet favorise la productivité et la
promotion du potentiel de développement à travers l’amélioration du
niveau de vie de ces jeunes. Il existe, de ce fait, une relation entre les
changements des conditions de vie par la réduction de la vulnérabilité et
la création de nouveaux emplois. Nous affirmons aussi qu’à des degrés
divers, l’acquisition d’un emploi stable et durable contribue à la rétention
des jeunes dans leurs sphères sociales, dans leurs milieux naturels.
Références bibliographiques
2. Méthodologie
Notre approche qualitative s’est basée sur les études de cas multiples. Ainsi
avons-nous relevé 15 cas de PPP locaux, soit 8 au Bénin, 4 au Burkina et 3
au Sénégal, en tenant compte de la disponibilité des informations sur ces
cas et des répondants.
358 • Développement économique et emploi en Afrique fr ancophone
3. Résultats et discussion
Dans cette partie, quelques résultats ont fait l’objet d’une analyse aussi
bien théorique que managériale. Les caractéristiques des 15 PPP étudiés
sont récapitulées dans les tableaux 16.1, 16.2 et 16.3.
Le tableau 16.1 montre les huit cas de PPP locaux qui présentent une
dynamique en termes d’emplois induits sur le plan local. Il montre un
couplage intelligent des instruments de développement des territoires et
de définition de pôles régionaux de développement. Le portage de tout
ceci devrait être prioritairement l’œuvre de l’État central sans faire
ombrage au leadership des communes. Des initiatives doivent être soute-
nues pour structurer la participation citoyenne : mise en place de cadres
intégrateurs, gestion transparente des données de l’exploitation, renfor-
cement des compétences en matière de communication et de gestion des
données, sensibilisation des autorités concédantes et des promoteurs sur
le droit à l’information des usagers, promotion des mécanismes innovants
d’implication des usagers, etc. Le transfert de connaissances à lui seul ne
permet pas aux acteurs locaux de s’approprier les compétences. Les effets
sont plus profonds et durables si le promoteur et/ou les agences d’appui
au développement accompagnent les acteurs locaux dans le processus
d’appropriation des connaissances. Gueye et Mbaye (2018) ont souligné
que la continuité et la consistance dans les actions sont cependant cru-
ciales pour la construction de compétences institutionnelles, le maintien
d’un climat de confiance et la promotion d’une dynamique entrepreneu-
riale qui se réduit à l’entrepreneuriat de nécessité.
Dans le tableau 16.2, les quatre PPP locaux du Burkina Faso montrent
une faible dynamique dans le pays avec un cadre organisationnel et ins-
titutionnel lourd et non générateur d’emplois durables. Les projets étudiés
ne suivent pas nécessairement les principes contenus dans la loi régissant
les PPP. De même, la plupart des projets n’ont pas respecté le processus
d’élaboration des projets prévu par la réglementation en cours. La faible
adhésion de certains acteurs locaux aux PPP s’explique par leur mécon-
naissance des PPP et l’environnement des affaires au Burkina Faso qui ne
TA B L E AU 16. 2
Récapitulatif des PPP locaux burkinabè
Gestion du Centre affermé de ONEA, qui assure Affermage Gestion du service public d’eau potable de la ville de Houndé
la commune de Houndé l’exploitation depuis 2007. Plus de 200 emplois directs et 2500 indirects créés par
sous-affermage. Elle a réalisé plus de 1750 branchements
subventionnés à hauteur de 20 000 Fcfa par branchement.
Gestion partagée des AEPS Fédération des Cogestion 17 ans de fonctionnement, plus de 3000 acteurs regroupés dans
dans la commune de Houndé Associations d’Usagers trois régions, 500 Fcfa/m3 payés par les usagers. Mobilisation faible
de l’Eau (FAUE) des finances qui fragilise le PPP.
Gestion des services urbains Mairie de Cogestion 3000 femmes issues des couches sociales vulnérables de la ville,
dans la ville de Ouagadougou Ouagadougou/ GIE/ regroupées en « Brigade verte » (GIE/PME), qui assurent la propreté
PME/ EBTE et SONAF quotidienne des espaces et lieux publics. En 2018, 146 000 m3 de
déchets sont collectés pas ces groupements.
Gestion des cantines scolaires COGES, CEB et DPCE Cogestion Dotation annuelle moyenne de 24 milliards de Fcfa, plus de
55 000 producteurs fournisseurs des vivres dans les cantines.
Appuis financiers du PAM et de la FAO estimés à 4 milliards de Fcfa,
5000 entreprises locales engagées.
Si le niveau local est privilégié, c’est parce que toute croissance émane
d’abord de celui-ci. Indéniablement, les PPP pris dans leur globalité sont
porteurs de croissance économique (BM, 2018). En effet, selon le dernier
rapport de la Banque mondiale sur cette question, la zone UEMOA a
connu une croissance économique de 3 % émanant des formes hybrides
d’organisation de type PPP. Mais dans ce même rapport, les recomman-
dations sont en faveur d’une décentralisation du processus PPP actuel-
lement très centralisé dans les huit pays. Cette flexibilité de recours a
favorisé le succès des PPP dans les pays qui l’ont adopté Ainsi, en France
et au Royaume-Uni, les pionniers en Europe, on assiste à des commandes
PPP par les ministères centraux et, mieux, par les collectivités territo-
riales ou locales. Même si l’on a remarqué une remise en cause de cer-
tains PPP, il n’en demeure pas moins qu’ils ont permis d’améliorer la
R e c ou r s crois sa n t au x ppp e n A f r iqu e f r a nc ophon e • 363
TA B L E AU 16. 3
Résultat récapitulatif des PPP locaux sénégalais
Au Sénégal comme dans la plupart des pays, le processus PPP jouit d’une
cohérence interne assez appréciable. En tant que mécanismes innovants
R e c ou r s crois sa n t au x ppp e n A f r iqu e f r a nc ophon e • 365
Conclusion
L’analyse des 15 cas de PPP locaux a permis de constater que des oppor-
tunités d’emplois sont induites, malgré tous les dispositifs d’encadrement
des PPP, beaucoup reste à faire par le recours de plus en plus croissant au
partenariat public dans l’UEMOA. Toutefois, malgré les dispositifs d’enca-
drement des PPP à géométrie variable dans la région, beaucoup reste à
faire pour optimiser les effets socioéconomiques pour les jeunes. Ainsi,
pour rendre bénéfiques à l’entrepreneuriat local les multiples projets
exécutés en mode PPP, l’accent doit être mis sur l’inclusivité des processus.
Les propositions managériales vont ainsi dans le sens d’une amélioration
du modèle de développement entrepreneurial dans l’espace UEMOA. En
tant que mécanismes innovants de financement du développement et de
l’attractivité des territoires, les PPP mobilisent l’attention soutenue des
gouvernements centraux mais pas des locaux. Dans la plupart des pays
de l’UEMOA, plusieurs avantages incitatifs sont offerts aux investisseurs
privés qui recourent à l’emploi d’entreprises nationales et de l’espace
communautaire. L’articulation des lois PPP avec les politiques nationales
de développement de l’entrepreneuriat est une réalité. Ce qui offre une
sécurité et une garantie aux investisseurs privés étrangers mais beaucoup
moins aux entrepreneurs locaux. En matière de création d’emplois par les
PPP, le constat est disparate d’un pays à l’autre, si bien qu’on peut conclure
à une corrélation entre l’évolution des emplois créés et le nombre de PPP
mis en œuvre. L’analyse a montré que sur le plan local, des efforts signi-
ficatifs d’accompagnement sont nécessaires pour l’appropriation du cadre
normatif et une structuration des transactions de PPP expérimentales.
En termes de perspectives, cette étude sert de cadre de référence métho-
dologique pour la recherche-action et la capacitation en général. En plus
d’offrir un aperçu du cadre juridico-institutionnel et organisationnel
encadrant les PPP dans chacun des pays, elle enrichit les problématiques
de réflexion stratégique et opérationnelle à travers les cas pratiques pré-
sentés et, surtout, leur benchmarking. Par ailleurs, contrairement aux
pratiques des collectivités sur le plan local, il est souhaitable qu’un accent
soit mis sur le renforcement de la capacité des élus et cadres en matière
R e c ou r s crois sa n t au x ppp e n A f r iqu e f r a nc ophon e • 367
Références bibliographiques
Introduction 5
PARTIE I
entrepreneuriat en afrique :
entre nécessité et opportunité
CHAPITRE 1
Dualité du marché du travail, emplois et entrepreneuriat en Afrique 16
CHAPITRE 2
Enjeux et perspectives de l ’entrepreneuriat des jeunes en Afrique
francophone 40
CHAPITRE 3
Entrepreneuriat au Burkina Faso : lueur d’espoir pour une jeunesse de
plus en plus ambitieuse 70
CHAPITRE 4
L’entrepreneuriat, une solution contre le chômage des jeunes 93
PARTIE II
création de la valeur et innovation par l’entrepreneuriat
CHAPITRE 5
La maîtrise des normes par les entrepreneurs africains 114
CHAPITRE 6
L’entrepreneuriat à l’ère de l’économie numérique en Afrique 136
CHAPITRE 7
Adoption d’innovation, esprit d’entrepreneuriat et PMME
en Afrique subsaharienne francophone 155
PARTIE III
formation et éducation à l’entrepreneuriat :
analyses et études de cas
CHAPITRE 8
L’intégration graduelle de l’entrepreneuriat dans l’université
marocaine 180
CHAPITRE 9
L’éducation à l’entrepreneuriat : enjeux dans la réussite des projets
entrepreneuriaux des jeunes au Sénégal 204
CHAPITRE 10
L’éducation à l’entrepreneuriat à l’université 225
PARTIE IV
efficacité des dispositifs d’accompagnement :
le cas des incubateurs
CHAPITRE 11
Les incubateurs universitaires pour les jeunes entrepreneurs 248
CHAPITRE 12
La performance de l’accompagnement entrepreneurial dans
le contexte marocain 267
CHAPITRE 13
Le Centre d’excellence en entrepreneuriat (le CEENTRE) 287
PARTIE V
contraintes de financement
et entrepreneuriat
CHAPITRE 14
Rôle des institutions de microfinance dans le financement
de l’entrepreneuriat féminin 306
CHAPITRE 15
Microfinance et promotion de l’entrepreneuriat
des jeunes ruraux au Niger 325
CHAPITRE 16
Recours croissant aux PPP en Afrique francophone 351
Les collaborateurs 369
La question de l’emploi est cruciale pour tous les pays en déve-
loppement et, en particulier, pour les pays africains. Poussée par
une démographie galopante, la population en âge de travailler
augmente à un rythme exponentiel ; celui des économies à
générer des emplois décents est beaucoup plus lent. De manière
générale, l’Afrique est un endroit où il est difficile de trouver un
poste de qualité et la situation peine à s’améliorer. Les jeunes et
les femmes font face à des problèmes d’employabilité, à de longs
délais et à la précarité du travail disponible.
L’entrepreneuriat peut jouer un rôle important non seulement
dans l’insertion professionnelle des jeunes et des femmes, mais
aussi dans l’essor économique de l’Afrique francophone. D’où
l’intérêt grandissant porté à cette question tant par le monde
universitaire que politique.
Si les États savaient comment mettre à profit la volonté entre-
preneuriale des jeunes et des femmes, ils pourraient s’engager
dans une véritable transformation économique qui mènerait
à un développement durable. Pour y arriver, ils doivent s’attaquer
aux obstacles à l’initiative privée. Cet ouvrage présente des études
à la fois descriptives et analytiques pour aider à comprendre
ce que les gouvernements peuvent faire pour améliorer la
situation de l’entrepreneuriat des jeunes et des femmes en
Afrique francophone.
isbn 978-2-7606-4202-7
44,95 $ • 40 e
Couverture : © michaeljung/Shutterstock.com