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Bude 1247-6862 1966 Num 25 4 4242 PDF
Bude 1247-6862 1966 Num 25 4 4242 PDF
Sénac R. Le périple du Carthaginois Hannon. In: Bulletin de l'Association Guillaume Budé : Lettres d'humanité, n°25,
décembre 1966. pp. 510-538 ;
doi : https://doi.org/10.3406/bude.1966.4242
https://www.persee.fr/doc/bude_1247-6862_1966_num_25_4_4242
1. Gadès et Lixus.
2. Carcopino, p. 52,
52O LE PÉRIPLE DU CARTHAGINOIS HANNON
l'Oued Draa et le Sénégal que deux baies abritant des îles, la baie
d 'Arguin et la baie du Rio de Oro 1.
teur. Si cette idée l'avait tant soit peu poursuivie, nous aurions eu
déjà d'autres détails du même genre.
Du reste, tout s'explique aisément pour qui a fréquenté ces lieux
comme l'amiral. Dans les mois de juin, juillet et août, la chaleur est
excessive dans le fond du golfe de Guinée, et les orages y sont, pour
ainsi dire, à l'état permanent. Ces orages, presque toujours
accompagnés de phénomènes électriques effrayants, ont reçu des
Portugais le nom de « tornades ». Tant que le nuage de la tornade ne
s'est pas beaucoup élevé au-dessus de l'horizon, c'est-à-dire au-
dessus de la côte, les éclairs semblent partir de la côte elle-même et
s'écouler dans la mer comme un ruisseau de feu. L'illusion est
complète, et c'est ce qui explique la phrase dont se sert Hannon pour
décrire le spectacle qu'il avait sous les yeux 2.
XVI. — Pris de frayeur à nouveau, nous abandonnâmes ces lieux
en toute hâte. Après quatre jours de navigation, nous aperçûmes, pendant
la nuit, une terre couverte de flammes. Au milieu s1 élevait une colonne
de feu plus forte que les autres et si élevée qu'elle semblait toucher aux
deux. Au jour nous vîmes en cet endroit, un mont très élevé appelé
Theon ochema, le char des dieux.
XVII. — Après avoir côtoyé pendant trois jours ces côtes de feu,
nous parvînmes dans un golfe nommé la Corne du sud.
Le commandant Mer continue :
L'atmosphère est alors chargée d'une telle quantité d'électricité
que c'est un roulement continuel et assourdissant du tonnerre et
que les éclairs sillonnent le ciel dans toute les parties de l'horizon.
La nuit, les éclairs sont si bi'illants, si multipliés, ils ont une telle
intensité qu'ils produisent sur les yeux un véritable éblouissement.
Tel est simplement le phénomène dont veut parler Hannon. Son
expression est juste et véridique : La côte est embrasée, et des torrents
de feu s'écoulent dans la mer. La fable n'a aucun rôle à jouer ici.
La réalité positive du phénomène vient, au contraire, démontrer
une fois de plus que nous sommes bien dans les lieux traversés par
le célèbre Carthaginois.... Par « sol tellement brûlant que les pieds
ne pouvaient en supporter la chaleur », Hannon veut évidemment
parler, non du sable du rivage, où il n'est pas descendu, mais bien
des ponts de ses bâtiments ; c'est en effet ce qui a lieu à bord de
tous les navires, dans ces parages si voisins de l'Equateur ; les ponts
sont tellement brûlants que l'on est obligé de les arroser
fréquemment, autrement les maleluls, qui ont l'habitude de marcher pieds-
nus, ne pourraient en supporter le contact 3.
Nous avions laissé la flotte au moment où elle quittait
précipitamment l'île formée par le delta du Niger, et le paragraphe XVI
nous transporte, après quatre jours de navigation, près d'une
haute montagne crachant du feu. De la branche occidentale du
Niger jusqu'au mont Cameroun, il y a précisément 350 milles
qui correspondent bien aux quatre journées entières passées à la
Gibraltar
C«uta
TINGA(Tanger)
Arambys
AKRA-(RUSIBUS) (Mazagan)
TE1CHOS {Sait)
CAP BL/ANG
et
BAIE d'ARGUlN
Port Etienne
ai* duRno*
X Nau/rag« d« la
Banc d 'Arguin
19°WParl*
LE PERIPLE DU CARTHAGINOIS HANNON 53 1
1. L. Casson, p. 257.
534 LE PERIPLE DU CARTHAGINOIS HANNON
1. Mer, p. 60.
LE PERIPLE DU CARTHAGINOIS HANNON 535
BIBLIOGRAPHIE
i. Vivien, p. 82. — 2. Montesquieu, Esprit des lois, livre XXI, ch. vin.
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