Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Introduction
Nous avons, il y a quelques années, présenté une étude sur les noms de divinités,
considérés comme une classe sémantique cohérente, et exploré les possibilités offertes
par le Web pour l’enrichissement de cette classe (« Les noms de divinités : Web,
contextes et classes d’objets1 »). L’analyse s’appuyait sur un dictionnaire inédit élaboré à
partir d’une sélection d’ouvrages spécialisés.
Format du dictionnaire
Le dictionnaire se présente sous forme d’un tableau comprenant, outre les entrées
nominales, les rubriques suivantes : variantes, genre, domaine, sous-domaine, nature et
fonction.
Variantes et renvois
Nous avons accordé la plus grande attention à la notation des variantes (Borvo,
Bormo, Bormanus, Boramus…), dont beaucoup dépendent des systèmes de transcription
(Vichnou, Vishnou, Vishnu, Visnu, Viṣṇu). Toutefois, pour éviter une trop grande
dispersion, nous avons enregistré principalement les graphies attestées dans des
documents de langue française. Pour les représenter, nous avons choisi les conventions
suivantes :
a) Lorsqu’il y a plusieurs graphies, le choix de l’entrée est arbitraire, les autres formes
apparaissant en deuxième colonne. (En conséquence, si l’on recherche un nom particulier,
il ne faut pas se limiter à l’ordre alphabétique, mais explorer aussi les variantes.)
1
Communication présentée lors des Septièmes Journées scientifiques du Réseau de chercheurs Lexicologie,
terminologie, traduction (Bruxelles, 8-10 septembre 2005). Publication des actes : Daniel Blampain, Philippe
Thoiron, Marc van Campenhodt (dir.), Mots, termes et contextes, Contemporary Publishing International,
Editions des archives contemporaines et Agence universitaire de la Francophonie, Paris, 2006, pp. 391-408.
Version en ligne : http://halshs.archives-ouvertes.fr/docs/00/15/40/61/PDF/Divinites.pdf
c) Nous n’avons enregistré que les formes réellement observées dans notre
documentation, sans chercher à reconstituer toutes les possibilités théoriques. Ainsi, pour
un nom comme Kherybaqef, nous mentionnons des variantes telles que Khérybaqef ou
Kherybakef, mais non Khérybakef, tout aussi vraisemblable, mais absent de nos sources.
A défaut d’être exhaustives, les graphies présentées suffisent à illustrer les principes de
variation.
d) Il s’avère parfois difficile d’énumérer toutes les variantes, notamment pour certains
noms composés. Si le nom principal de la divinité présente plusieurs formes, et s’il se
trouve associé à d’autres éléments (épithètes ou appositions) eux-mêmes sujets à
variation, il peut y avoir une explosion combinatoire. Ainsi, le dieu égyptien Rê (Ré, Re,
Râ ou Ra) se trouvant associé à Harakhty (au moins huit formes), il en résulte une
démultiplication des graphies. Dans un tel cas, nous ne développons qu’une partie des
formes :
L’indication finale [+VAR] signale la possibilité d’autres combinaisons (Ré-, Re-, Râ- ou
Ra- + Harakhty, Harakhti, etc.), même si rien ne prouve qu’elles soient toutes attestées.
Plus généralement, pour les unités complexes, il se peut qu’il existe d’autres
combinaisons que celles que nous avons indiquées. Nos listes ne sauraient être
considérées comme closes.
e) Pour les noms composés, nous ne prenons pas en considération les deux formes de
séparation (trait d’union ou espace) ni les différences dans le traitement des majuscules,
car il y a de ce point de vue beaucoup de liberté : nous ne donnons, par exemple, qu’une
des quatre graphies de P'an-kou (P'an-kou, P'an-Kou, P'an kou, P'an Kou : les lettres sont
exactement les mêmes).
f) Les synonymes et les correspondances sont précédés d’un signe de renvoi ( ), dans
la mesure où ils font l’objet d’une entrée indépendante. Leur description appelle le plus
souvent des précisions supplémentaires, telles que le sous-domaine géographique et/ou
linguistique (ils peuvent aussi avoir leurs propres variantes). Le dieu-roi
Nodons / Nuada / Nudd – Mars celtique – est ainsi présenté (en abrégeant les variantes) :
2
Signalons toutefois deux exceptions. Pour les noms commençant par « É » accentué, nous n’ajoutons pas les
variantes sans accent, celles-ci étant toujours possibles (Éros > Eros). De même, pour la transcription de l’η
grec, nous ne donnons qu’une seule des deux formes concurrentes « è » ou « ê », l’autre étant facilement
déductible ; ainsi, pour Athéna, nous nous limitons aux variantes Athèna, Athénè, Athènè, sans énumérer les
autres combinaisons également attestées (Athêna, Athênè, Athênê, Athènê, Athénê).
Domaines et sous-domaines
Le dictionnaire couvre, sans exclusive, toutes les mythologies et toutes les religions
(même si, en l’état actuel, seules les civilisations de l’Antiquité – l’Égypte, le Proche-
Orient, la Grèce et Rome – ont fait l’objet d’une recherche approfondie). Il appartient au
champ « domaine » de préciser, pour chaque entrée, l’ensemble géographique
(Mésopotamie, Japon, Caraïbes…) ou le peuple (Romains, Scandinaves…) concerné. Les
sous-domaines indiquent, quand il y lieu, le contexte plus précis où apparaît le nom de
divinité : région, ethnie, langue, etc.
Nature et fonctions
Cette zone du dictionnaire, beaucoup moins formalisée que les autres, a été élaborée
en croisant les informations présentes dans nos sources, pour offrir une description aussi
synthétique que possible (tout en signalant les éventuelles contradictions). Elle est
destinée à être complétée en fonction des informations ultérieures dont nous disposerons.
Rappelons toutefois que le dictionnaire est centré principalement sur les noms de
divinités, sans visée encyclopédique.
Nous avons introduit dans la nomenclature plus de 1500 noms composés liés aux
divinités grecques ou romaines, en raison de l’importance des épithètes dans leur
dénomination. Il ne s’agit pas seulement de qualifications poétiques (comme peuvent
l’être les épithètes « homériques »), mais, plus fondamentalement, d’épithètes cultuelles
(ou « épiclèses »), qui caractérisent les temples, les autels, les inscriptions votives et plus
généralement toutes les formes de vénération : Apollon Musagète, Jupiter Férétrien,
Mars Ultor, Zeus Coryphaios, etc.
Les noms complets apparaissent à l’ordre alphabétique, mais les épithètes elles-mêmes
ne figurent pas en entrée, à moins qu’elles ne fonctionnent aussi comme des noms
autonomes (Hécate Perséis, ou simplement Perséis) :
Les noms latins appellent une autre observation. Il arrive très souvent qu’une forme
latinisée ne désigne pas véritablement une divinité honorée par les Romains, mais
représente seulement une variante lexicale de l’appellation grecque. Il s’agit généralement
d’un usage ancien (tout au moins en français) que nous notons ainsi :
Jupiter Fratrius Grecs syn. anc. de Zeus Phratrios (protecteur des « phratries » à Athènes)
Jupiter Morius Grecs syn. anc. de Zeus Morios (protecteur des oliviers sacrés)
On préfère de nos jours, par souci d’authenticité, éviter ces adaptations. La même
remarque vaudrait pour les épithètes francisées, autrefois répandues, aujourd’hui
beaucoup plus rares (« Jupiter Élicien » s’efface au profit de « Jupiter Elicius »).
Ajoutons un dernier point au sujet des variantes. Pour un nom comme Athéna, nous
avons enregistré une soixantaine d’épiclèses, dont certaines autorisent plusieurs graphies.
Or le nom-tête offre lui-même plusieurs possibilités - Athéna, Athèna, Athénè, Athènè –
sans parler des formes à accent circonflexe (cf. supra, note 2). Nous avons renoncé à
présenter, pour chaque unité, toutes les combinaisons attestées, nous limitant aux
expansions de la seule forme Athéna. Il est possible, si on le souhaite, de prolonger
l’exploration.
———
Cet ensemble de conventions s’avère opératoire pour la réalisation de notre projet initial :
appliquer aux religions et aux mythologies des principes lexicographiques rigoureux, afin
d’en proposer une représentation aussi explicite que possible.
3
On retrouve une situation semblable en cas de syncrétisme : les épithètes peuvent être introduites dans la
nomenclature dès lors qu’elles représentent le nom d’une divinité locale assimilée (mais cette identification
n’est pas toujours évidente).
→ Zeus Sthenios
Jupiter Stratius → Zeus Stratios nm Grecs syn. anc. de Zeus Stratios (Zeus "des armées")
Jupiter Stygien Jupiter Stygius nm Romains surnom poétique de Pluton
→ Pluton
Jupiter Tanarus Jupiter Taranus nm Celtes, Romains Bretagne appellation attestée à Chester (dans le Cheshire); cf.
Jupiter Optimus insulaire le dieu gaulois Taranis
Maximus Tanarus
Jupiter Taranucus nm Celtes, Romains Dalmatie appellation attestée à Scardona (près de Sibenik,
dans l'ancienne Liburnie); cf. le dieu gaulois Taranis
Jupiter Tarsius → Zeus Tarsios nm Grecs, Sémites Phénicie syn. anc. de Zeus Tarsios (identifié au dieu phénicien
→ Baal Tars occid. Baal Tars?)
Jupiter Tavianus → Tavanus nm Celtes, Romains Asie Mineure appellation attestée à Apulum et à Napoca (en
(Galatie), Gaule Dacie); assimilation à Jupiter d'une divinité celtique
orientale originaire de Tavia/Tavium, cité des Trocmes en
(Dacie) Galatie
Jupiter Terminus Jupiter Terminalis nm Romains assimilation du dieu Terminus (Terme) à Jupiter; il
→ Terminus veille aux bornes, dans les champs
Jupiter Tonitrualis nm Romains "celui qui lance la foudre"
Jupiter Tonnant Jupiter Tonans nm Romains "celui qui fait éclater le tonnerre"
→ Jupiter Bronton
Jupiter Très-Haut → Jupiter Hypsistus nm Grecs, Romains qualification de Jupiter (et syn. anc. de Zeus
→ Zeus Hypsistos Hypsistos)
Jupiter Trioculus Jupiter Triophtalmos nm Grecs syn. anc. de Zeus Triopas/Triphtalmos ("à trois yeux")
→ Zeus Triophtalmos
→ Zeus Triopas
Jupiter Tropeus Jupiter Tropéus nm Grecs syn. anc. de Zeus Tropaios ("qui détourne les maux
Jupiter Tropaeus et met en fuite les ennemis")
Jupiter Tropeüs
→ Zeus Tropaios
→ Jupiter
Averruncus
Jupiter Trophonius → Trophonius nm Grecs Béotie syn. anc. de Zeus Trophonios (dieu chtonien
→ Zeus Trophonios oraculaire, habitant un souterrain à Lébadée)
Jupiter Tutor Jupiter Tutator nm Romains Jupiter "protecteur"
Jupiter Uranien Jupiter Uranius nm Romains Jupiter "céleste"
→ Jupiter céleste
→ Zeus Ouranien
Jupiter Urius Jupiter Urios nm Romains "celui qui donne un vent favorable"
→ Zeus Ourios
Jupiter Victor nm Romains Jupiter "vainqueur"; temple sur le Quirinal
Jupiter Viminius nm Romains Jupiter vénéré sur le Viminal
Jupiter Xénien Jupiter Xénius nm Grecs syn. anc. de Zeus Xenios ("patron des hôtes et de
Jupiter Xenius l'hospitalité")
→ Jupiter Hospitalier
→ Zeus Xenios
Jupmel → Ibmel nm Finno-Ougriens Lapons dieu suprême
Juras mate Jūras māte nf Baltes Lettons mère de la mer
Nerio Nério nf Romains, Italiques Sabins divinité de la Vaillance; épouse de Mars; parfois
Neria identifiée à Minerve, en tant que déesse guerrière
Néria
Neriene
Nériène
Nerio Martis
→ Bellone
Ninuruulla Nin-uru-ulla nf Mésopotamie Sumériens déesse mentionnée, avec son homologue masculin
Enuruulla, parmi les ancêtres de An
Ninzadim Nin-zadim nm Mésopotamie Sumériens dieu-artisan, préposé au travail des pierres fines
Ninzaga → Ensag nm Mésopotamie Sumériens nom sumérien du dieu dilmunite Inzak (cf. Ensag)
→ Inzak
Oxumare → Oshoumaré nm Amérique du Sud Brésil forme brésilienne de l'orisha yoruba Oshoumaré
(candomblé)
Oya #1 Ọya nf Afrique Yorubas déesse guerrière, jalouse; une des épouses de
Shango, comme sa sœur Oshun; déesse du fleuve
Niger; elle règne sur les âmes des morts
Oya #2 Oyá nf Caraïbes Cuba (santeria) forme cubaine de l'orisha yoruba du même nom
Pa-sien Pa Hsien nmp Chine les huit Immortels
Ba Xian
Pa-tcha nm Chine dieu destructeur des sauterelles
Paʿam nm Sémites occid. Phéniciens divinisation du phallus?
Pabilsag → Ninurta nm Mésopotamie Sumériens époux de Ninisina; parfois considéré comme fils
→ Ningirsu d'Enlil ou assimilé à Ninurta/Ningirsu; vénéré à Nippur
et à Nisin
Pacha Pakha nm Étrusques nom étrusque de Bacchus; épithète de Fufluns
→ Bacchos
→ Bacchus
→ Fufluns Pacha
Pachacamac nm Amérique du Sud Incas (ou Pérou créateur de la terre
pré-incasique?)
Pachamama nf Amérique du Sud Incas déesse de la Terre (ép. infernale de Pachacamac)
Pactole Pactolos nm Grecs dieu-fleuve
Padmapani Padmapāņi nm Inde, Extr.-Orient bouddhisme un des dhyâni-bodhisattvas; autre nom de
Maņipadmā Avalokiteshvara
→ Avalokiteshvara
Pagalguenna Pagal-guena nm Mésopotamie un des noms attribués à Marduk (le chef de tous les
Pagal-Gu'ena seigneurs)
→ Marduk
Paheramon nm Libye, Égypte forme d'Amon ("le Visage d'Amon") attestée dans le
désert Libyque; divinité probablement oraculaire (cf.
Ammon)
Paherchef nm Libye, Égypte désert Libyque dieu-bélier ("le Visage de bélier"); [ressemblance
phonétique avec Herychef, mais le sens n'est pas le
même]
Pakhet Pachet nf Égypte Haute-Égypte déesse-lionne ("la déchireuse"); elle incarne les
→ Hathor (XVIe nome) torrents qui dévastent Beni-Hassan (où se trouve son
→ Sekhmet principal sanctuaire); assimilée à une forme d'Hathor
et souvent confondue avec Sekhmet
Palatua Diva Palatua nf Romains déesse protectrice du mont Palatin
Palémon Palaemon nm Grecs dieu marin (appelé Mélicerte dans son enfance
Palémonios humaine); identifié par les Romains au dieu Portunus
→ Mélicerte
→ Portunus
Palès #1 Pales nf Romains déesse des bergers, protectrice des troupeaux
Pales Matuta
Pastoria Pales