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D’autres informations données par le

dictionnaire de langue
1. Les informations étymologiques

- Il faut d’abord préciser qu’il s’agit d’informations historiques


- Il faut aussi préciser que le lexicographe peut librement choisir
le type de dictionnaire qu’il veut concevoir . Souvent , il opte
pour le dictionnaire de langue ou pour le dictionnaire
encyclopédique .Toutefois, il peut choisit de travailler sur un
objet particulier, par exemple l’histoire, l’étymologie, les
difficultés de la langue, les régionalismes, les termes
spécialisés d’un domaine.
Dictionnaire de langue : un livre de
mots
Ce dictionnaire vise essentiellement à décrire les mots qui nomment le
monde. Il permet la compréhension de ces mots, d’une part et vise à
renseigner sur leur utilisation, d’une autre part. Ainsi, comme il donne des
informations sur leur orthographe et leur prononciation, il explique
également leur étymologie.
De quelle manière?
a-Il fait l’inventaire de leurs significations et précise la situation dans le
temps. En fait, il montre s’ils sont courants, vieillis, archaïques ou
néologiques .
b- Il décrit aussi leur situation dans l’espace : appartiennent-ils au tronc
commun de tous les francophones ou sont-ils propres à un territoire
donné ?
c- Il indique les registres de langue auxquels ils appartiennent: familier,
courant ou soutenu. À l’occasion, il signale les cooccurrences, c’est-à-dire
les mots qui figurent souvent avec eux. Il définit les locutions figées dont
ils font partie, en exposant la façon de les construire dans la phrase, en
illustrant leurs emplois par des exemples et des citations littéraires.
Exemple de dictionnaire de langue

Le Grand Robert de la langue française et son abrégé, Le


Petit Robert est un exemple remarquable de ce type
d’ouvrage , ainsi que Le Grand Larousse de la langue
française. Par les multiples précisions linguistiques qu’il
apporte, le dictionnaire de langue constitue un mode
d’emploi détaillé des mots, une description de l’usage
de la langue. Malgré cette priorité donnée à l’usage
des mots, le dictionnaire de langue ne fait pas
totalement abstraction de certains renseignements de
nature encyclopédique, en particulier dans les
définitions et les exemples des mots.
Autres caractéristiques du dictionnaire de
langue
Bien que cet ouvrage ne conserve pas la
totalité des mots français dans le temps, qu'il
ne soit pas un dictionnaire intégralement
historique, il traite historiquement les mots et
les emplois aujourd'hui vivants ou conservés
par les textes.
Les informations étymologiques
- Le Robert est le premier dictionnaire à présenter, avec
prudence et au conditionnel, des hypothèses nouvelles sur
l'histoire ancienne de la langue française.
- Le Grand Robert tient compte d’ excellentes synthèses
procurées par les articles « diachroniques » du Trésor de la
langue française.
- La structure d’une brève notice étymologique qu’il présente
est simple : une date initiale correspond à la première
attestation du mot traité; si la forme ou le sens diffère de
la forme et du sens actuels, l'un et/ou l'autre sont signalés.
Ainsi,le mot « solennel »apparait sous cette forme en
1380, mais on encontre « sollempnel » (forme faussement
savante) en 1250 et « solene » (forme plus simple, plus
« populaire ») dès 1190.
Informations étymologiques (suite)

- Le dictionnaire de langue mentionne parfois plusieurs formes et sens archaïques .


- Il donne ensuite la forme d'origine, appelée étymon, soit précédée de la
préposition de, lorsqu'il s'agit d'une évolution de longue durée, ayant donné, par
exemple, le mot « eau » à partir du latin « aqua » , par des intermédiaires
progressifs (« ewe », où l'on retrouve le son qu [kw] affaibli en [w] en ancien
français) ou lorsqu'une manipulation morphologique (dérivation, composition)
conduit de cet étymon à la forme traitée. Au contraire, s'il s'agit de la source
directe d'un emprunt (« solennité » est « emprunté » au latin solennitas, on
aura SOLENNITÉ : … lat. solennitas (et non : « du » latin…). La forme d'origine, dans
tous les cas, est précédée du nom de la langue concernée : lat. (latin), grec,
gaulois, ital. (italien), esp. (espagnol), port. (portugais), provençal, francique, all.
(allemand), angl. (anglais), russe, arabe, etc. Les formes originelles attestées sont
distinguées des formes reconstituées (latin populaire oral, francique, etc.) qui sont
classiquement précédées du signe*.
- L’origine, forme et sens, de l'étymon, a notamment permis de reconstituer des
familles de mots latins.
D’autres informations historiques : les
datations
Ces informations étymologiques « sont accompagnées de datations. Presque tous les mots,
de très nombreux sens, emplois et locutions, sont ainsi affectés d'une date, millésime
précis, siècle ou portion de siècle, laquelle correspond au premier emploi connu et
repérable. Cette documentation chronologique emprunte beaucoup au Französisches
Etymologisches Wörterbuch de Wartburg, mais aussi à tous les travaux postérieurs,
publiés par le C. N. R. S. (Institut national de la langue française), soit dans le Trésor de
la langue française, soit dans la collection des Datations et Documents
lexicographiques (D. D. L.) auxquels de nombreux chercheurs ont collaboré, et aux
ouvrages (thèses, etc.) et revues spécialisées (on citera en exemple les travaux de
K. Baldinger, de R. Arveiller, ceux de G. Petiot sur le vocabulaire des sports, de M. Höfler
sur les anglicismes et le vocabulaire culinaire, de P. Enckell sur les locutions…), sans
oublier le riche contenu historique du Grand Larousse de la langue française, dû à
A. Lerond, et les éléments recueillis et présentés dans le Dictionnaire historique de la
langue française. À ces documents dispersés mais publiés, on a ajouté le résultat de
recherches originales, portant notamment sur les dictionnaires anciens — pour les mots
omis par les recueils et les travaux existants — et sur des textes littéraires, scientifiques
et techniques des XIXe et XXe siècles (Année scientifique et industrielle, Revue générale
des sciences, etc.). L'ensemble fournit au moins 400 000 datations, puisque sens,
emplois et locutions sont très souvent datés. »
Mais, pourquoi les lexicographes tiennent –ils
à dater les mots et leurs emplois ?
En fait, il est passionnant de connaître l'origine des mots
et aussi de pouvoir montrer l'entrée de chaque unité
lexicale dans la langue française. Ces datations donnent
une image assez fidèle des différentes couches
formatrices des vocabulaires actuels. Par ailleurs, les
renvois « analogiques permettent de distinguer les
apports des grandes époques de l'histoire du français
dans un domaine déterminé : vocabulaire d'une
science ou d'une technique, série de synonymes, etc.
Sachant que ces comparaisons intéressent ,en même
temps , les linguistes et les historiens.
Autre rôle du dictionnaire
- Le rôle du dictionnaire est double; il consiste à retenir et à
classer les emplois les plus fréquents, sans la connaissance
desquels il serait impossible de comprendre et de se faire
comprendre, et à présenter parmi ceux-ci des exemples qui
puissent servir de modèles . C'est pourquoi le dictionnaire
n'est pas, ne peut et ne doit pas être seulement le reflet du
français parlé (dans la rue ou dans le privé) et écrit (dans
les bureaux, dans les correspondances…). En revanche, il ne
doit pas se borner à des emplois parfaits et fictifs,
généralement marqués par le temps, ou enrichis, donc
déformés, par le souci de style.
- Voici deux catégories de contexte –fragments de discours où
figure l’unité lexicale: les exemples intégrés au texte et les
citations référencées.
A- Les exemples
• Des exemples intégrés au texte sont chargés de montrer au lecteur les principales
possibilités combinatoires de chaque mot. Ces exemples sont parfois des énoncés
observables tels quels (phrases ou membres de phrases parlés et écrits), parfois
des énoncés traités et simplifiés, réduits à ceux de leurs éléments qui sont
pertinents dans la description. La plupart proviennent de textes effectivement
observés et, dans de très nombreux cas, des citations données dans l'ouvrage
même. C'est dans ce choix d'exemples qu'on trouvera les assemblages de mots les
plus usuels, les plus courants et donc les plus banals. Tout énoncé sortant de cette
banalité et provenant d'un texte, en général littéraire, est renvoyé à ce texte .Ces
renvois de citations sont présentés soit par une flèche simple (ex. à chapeau :
chapeau pointu. → Enjoliver, cit. 2, renvoie à une citation du Voyage en
Espagne de Gautier qu'on trouve sous le verbe enjoliver, en no 2), soit, quand le
mot de renvoi apparaît dans l'exemple même, par l'abréviation cit. (citation) entre
parenthèses et suivie du numéro, immédiatement après le mot concerné — ex.
à chanson : chanson bachique (cit. 1 et 2) indique que l'adjectif bachique présente
deux citations où le syntagme chanson bachique est illustré; la première est de
Boileau, la seconde d'Anatole France. Ces renvois sont plus nombreux à mesure
qu'on avance dans l'ordre alphabétique, car ils renvoient le plus souvent vers le
début de l'ouvrage, les citations se renouvelant sans cesse; ils enrichissent
considérablement les références littéraires du dictionnaire..
B- Les citations
- Le Grand Robert est (avec le Trésor de la langue française) le plus grand recueil de citations
littéraires et didactiques (scientifiques, techniques, journalistiques) en français, organisé
selon les mots de la langue.
- Les citations couvrent plus de cinq siècles; la majorité d'entre elles appartiennent
aux XIXe et XXe siècles (écornant même le XXIe), mais les auteurs des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles,
classiques et moins classiques sont bien représentés.
- Les citations représentent à peu près tous les types de discours littéraire et didactique. Le
choix des sources pose évidemment d'innombrables problèmes.
- Littré, non par ignorance ni par mépris, écarte impitoyablement la plupart de ses
contemporains et jusqu'à son maître spirituel Auguste Comte.
- Le Robert, au contraire, tente de refléter la complexité des usages, en citant de très
nombreux contemporains, auteurs d'avant-garde, auteurs à succès, et même auteurs
« populaires », auteurs non français aussi, qu'il s'agisse de Français d'adoption (Julien Green,
Ionesco, Beckett) ou des représentants d'une civilisation francophone (Belges, Suisses,
Québécois et Acadiens, et, en français langue étrangère, Maghrébins, Africains, Libanais…).
Ces citations sont numérotées par article : pour respecter — sauf modification absolument
nécessaire — les numéros des citations de la première édition, qui font, on l'a vu, l'objet de
nombreux renvois enrichissant le texte, on a eu recours à des numéros intermédiaires à deux
chiffres (les citations 0.1, 0.2… précèdent la citation 1; si une ou plusieurs citations nouvelles
sont ajoutées entre les citations 3 et 4, elles seront repérées comme 3.1, 3.2, 3.3, etc.)..
Le traitement du nom « peuplier »
dans un dictionnaire de langue
Éléments constitutifs de l’article :
■ l’orthographe du nom : PEUPLIER ;
■ la catégorie grammaticale : n. m. [abréviation de nom masculin] ;
■ la prononciation notée en alphabet phonétique ;
■ l’étymologie détaillée avec datations : XIVe ; poplier 1275 ; de l’ancien
français peuple « peuplier » ; du latin populus ;
■ la définition du sens 1 : Arbre élancé, de haute taille, des endroits frais et humides
des régions tempérées (salicacées), à petites feuilles ;
■ des exemples d’espèces : Peuplier blanc, peuplier de Hollande, peuplier tremble,
peuplier noir, peuplier deltoïde, peuplier d’Italie, peuplier pyramidal ;
■ des exemples d’emplois du nom en son sens 1 : Route, rivière bordée de peupliers ;
■ des cooccurrences du nom en son sens 1 : Une haie, un rideau, une allée de
peupliers ;
■ des attributs du nom en son sens 1 : Droit, grand, mince, élancé comme un peuplier ;
■ une citation littéraire : « Cette brune jeune fille, à la taille de peuplier » (Balzac) ;
■ la définition du sens 2 : Bois de peuplier (bois blanc) ;
■ un exemple d’emploi du nom en son sens 2 : Utilisation du peuplier dans la
fabrication des cageots, des allumettes ;
■ des renvois analogiques : tremble, ⇨ liard, ⇨ peupleraie.
Le Petit Robert, 2006
Exercice
Consigne:
A partir d’un dictionnaire de langue , de la même
manière que pour le mot « peuplier », proposez un
traitement pour les mots: « fontaine » et « ruisseau ».

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