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Trajectoire de l’histoire de la linguistique :

a. Aristote : réflexions sur la langue dans De l’interprétation in Organon, IVe


s. av. J.-C
b. Platon: réflexions sur la langue dans Lettre VII in Œuvres complètes, Ve-
IVe s. av. J.-C.
c. Varron : réflexions sur la langue dans De la langue latine, IIe-Ier s. av.J.-C.

d. La grammaire de Port Royal, 1644-1660


La grammaire « de Port-Royal » voulait montrer la logique universelle de la
pensée exprimée dans le langage. D’ailleurs son nom est révélateur :
« La Grammaire générale et raisonnée » 1660. Elle est élaborée dans un milieu
spirituel et éducatif, celui du monastère.

Claude Lancelot et Antoine Arnauld, professeurs aux Petites Écoles de Port-


Royal des Champs, élaborent cette grammaire qui apporte à l’époque une nouvelle
manière dans l’enseignement des langues. Une langue A (la langue première ou
maternelle) sert à apprendre les règles d’une langue B. Il y a une langue enseignée
(B) et une langue d’enseignement (A) de sorte à partir du connu pour découvrir
l’inconnu car on pensait que toutes les langues étaient régies et gouvernées par les
mêmes principes généraux. Cette grammaire s’appuie en effet sur la diversité
linguistique.

Antoine Arnauld est un logicien philosophe qui a trouvé dans la grammaire une
matière où se concrétise la logique de l’esprit ; Claude Lancelot est un
grammairien linguiste qui a besoin du socle philosophique et logique pour traiter
les faits de langue. Chacun des deux auteurs a apporté de ses compétences pour
élaborer cette grammaire dont les ambitions est d’être « générale » (une
grammaire de toutes les langues en rendant compte de ce qui est commun), et
« raisonnée » (expliciter le fondement logique qui sous-tend l’expression). Le
principe général de cette grammaire est que la connaissance des mécanismes de
l’esprit permet de comprendre les fondements de la grammaire.

La Grammaire Générale et Raisonnée de Port-Royal s’appuie sur plusieurs


langues dont essentiellement le latin, le français, le grec, l’italien et l’hébreu. Cette
diversité linguistique ne dit pas qu’il s’agit d’une grammaire comparée. Ce n’est
non plus une grammaire descriptive. Elle est une grammaire du raisonnement qui
explicite les mécanismes de la pensée, c’est-dire les opérations de l’esprit. Elle
pose comme postulat « l’art de parler est l’art de penser ». Penser c’est concevoir,
juger et raisonner. En d’autres termes : comprendre par des images mentales,
affirmer ou infirmer en émettant des propositions en thème et rhème, conclure. Ce
sont ces liens qui existent entre l’art de parler et la pensée qui sont explicités par
les relations entre grammaire et logique d’où sa vocation philosophique.

 Pour aller plus loin


• Lire l’article : La grammaire générale de Port-Royal,
Michel Foucault.
• Regarder la capsule vidéo Grammaire Générale et
Raisonnée de Port-Royal
e. Remarques sur la langue française, Vaugelas, 1647
Remarques sur la langue française sont publiées en 1647. On ne peut dire que cet
ouvrage de Vaugelas constitue à proprement parler une grammaire ; il s'agit plutôt
d'une suite, assez libre, de remarques s'adressant aux « honnêtes gens ». L'auteur
ne cherche pas tant à décrire ou à expliquer qu'à indiquer le bon usage, composé
de l'élite des voix. C'est la façon de parler de la plus saine partie de la Cour. On
peut considérer l'attitude de Vaugelas comme essentiellement normative : il dit le
droit en fait de langage, il précise les frontières du goût. L'élégance de son travail,
l'aisance polie de son discours ne sauraient masquer les insuffisances théoriques
profondes des Remarques, œuvre d'honnête homme plutôt que de savant.

Michel BRAUDEAU, Universalis


f. F. De Saussure, CLG 1916
Le livre Cours de Linguistique Générale est considéré comme l’œuvre fondatrice
de la linguistique moderne. C’est un livre posthume que son auteur n’a pas écrit.
Chose contradictoire mais compréhensible. Ce sont les disciples de F.D.S, Charles
Bally et Albert Sechehaye, qui l’ont rédigé à partir d’une prise de notes de huit
étudiants. F.D. Saussure installe une linguistique synchronique qui étudie la
langue dans sa forme contemporaine au lieu de décrire son évolution dans
l’histoire.

Nous reviendrons au travail de F. de Saussure avec plus de détail pour traiter la


nature du signe linguistique et analyser les concepts fondamentaux.

g. Le cercle linguistique de Prague, Jackobson et le fonctionnalisme.


Mouvement de réflexion et d'analyse linguistique fondé par le linguiste russe
Nicolaï Troubetskoy et par Roman Jakobson, le cercle de Prague connut sa plus
grande activité entre 1920 et 1930. Les membres du Cercle mettent l'accent sur la
fonction des éléments qui constituent le langage, le contraste de ces éléments entre
eux, et le modèle d'ensemble formé par ces contrastes. L'œuvre accomplie par le
cercle de Prague dans le domaine de la phonologie a été particulièrement
importante. Les linguistes de l'école ont développé une analyse des sons fondée
sur leurs traits distinctifs. De ce point de vue, chaque son distinctif d'une langue
est considéré comme composé de traits acoustiques et articulatoires en opposition,
et deux sons d'une même langue perçus comme distincts comprendront ainsi au
moins une opposition de trait. L'analyse par traits distinctifs a également été
reprise par les tenants des linguistiques générative et transformationnelle dans
l'étude des systèmes phoniques des langues. C'est aussi au cercle de Prague qu'on
doit la première formulation du concept de marque, employé en analyse
grammaticale.

Jean-Paul MOURLON, Universalis

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