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Mohammed LAHLOU

FLSH, Marrakech
Initiation à la linguistique
Semestre 4, Études françaises

Introduction

1. Histoire de la linguistique
2. Objet d’étude de la linguistique
3. Les concepts de la linguistique
Langage, langue, parole, système, signe, symbole
Axe syntagmatique, axe paradigmatique
Linguistique synchronique, linguistique diachronique
4. La linguistique théorique et linguistique empirique ou descriptive

Bibliographie sélective:

- Baylon (Ch), Fabre (P). 2005. Initiation à la linguistique. Cours et


applications corrigés. Éditions Armand Colin. 2ème édition.
- Martinet, André (1974) Eléments de linguistique générale, Paris : A. Colin
- Benveniste, Emile (1966), Problèmes de linguistique générale, vol. 1, éd.
Gallimard
- Ferdinand de Saussure, Cours de linguistique générale (1916) éd. Payot.
- Mounin, Georges (2004) Dictionnaire de la linguistique. éd. PUF.
- Robert Martin (2014, 3ème édition), Comprendre la linguistique, épistémologie
élémentaire d’une discipline, Paris, éd.PUF

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Initiation à la linguistique
Semestre 4, Études françaises

Introduction
Ce cours ne peut être qu’une initiation à la linguistique qui est une discipline
complexe du moment où plusieurs disciplines traitent de points de vue différents son
objet d’étude : la neurologie, la sociologie, la psychologie, la pathologie, etc.

Cette initiation à la linguistique se fera par un regard sur l’histoire de la linguistique


qui devrait initier à une entrée dans la compréhension du champ. Elle abordera petit
à petit la nature du signe linguistique et les domaines de la linguistique théorique,
empirique et de la linguistique appliquée. Le passage par les concepts est
incontournable.

Quelques questions se posent aux abords de ce cours :

Comment procède la linguistique ? En quoi la linguistique est-elle une


science ? Quels sont ses objectifs ? Comment se définit son objet d’étude ? Qui est
le linguiste ? Celui qui maîtrise la ou les langue(s) ou celui qui possède un savoir sur
les langues et la fonction du langage ? Quelle différence y a-t-il entre l’éloquent, le
plurilingue et le linguiste ?

Nous faisons tous de la linguistique quand nous nous intéressons à un fait de langue
ou quand nous faisons le contrôle épilinguistique : surveiller notre manière de dire.
Mais sommes-nous ainsi des linguistes ? Suffit-il de soigner quelqu’un pour se dire
médecin ? Suffit-il d’écrire un vers pour se dire poète ? La linguistique est plutôt un
parcours qu’un fait isolé.

Ce cours donnera un aperçu sur l’histoire de la linguistique avant de s’attarder sur


son objet d’étude qui sera développé à partir d’une lecture du livre d’Émile
Benveniste « Problèmes de linguistique générale » Tome I et celui de René

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Amacker intitulé « Linguistique saussurienne ». Il sera question après de


porter un éclairage sur les concepts fondamentaux de la linguistique.

1. Histoire de la linguistique
a. L’origine du langage : la question de l’origine du langage dépasse les
compétences du linguiste à lui seul, car elle interpelle l’origine de l’homme et
l’origine des sociétés humaines. Elle évoque à la fois le scientifique et le
mythique.
Le Mythe de Babel par exemple, qui a eu des interprétations diverses et que la
littérature ne cesse de faire foisonner, aborde l’avènement des langues sur terre et
conçoit la multiplicité des langues comme une entrave à la compréhension et
donc comme une malédiction. C’est un mythe biblique expliquant l’origine des
langues. Il conçoit le plurilinguisme comme une manière de ne pas se mettre
d’accord, et donc de vivre la confusion et dans la confusion. Selon le premier
livre de l’ancien Testament, Dieu condamna les hommes à parler des langues
différentes pour empêcher leur coopération.
Toute la terre avait un seul langage et un seul parler. Or il advint, quand les hommes
partirent de l’Orient, qu’ils rencontrèrent une plaine au pays de Shinear et y demeurèrent.
Ils se dirent l’un à l’autre : « Allons! Briquetons des briques et flambons-les à la flambée.
» La brique leur servit de pierre et le bitume leur servit de mortier. Puis ils dirent : «
Allons! Bâtissons-nous une ville et une tour, dont la tête soit dans les cieux et faisons-
nous un nom, pour que nous ne soyons pas dispersés sur la surface de toute la terre ! »
Iahvé descendit pour voir la ville et la tour que bâtissaient les fils des hommes, et Iahvé
dit : « Voici qu’eux tous forment un seul peuple et ont un seul langage. S’ils commencent à
faire cela, rien désormais ne leur sera impossible de ce qu’ils décideront de faire. Allons!
Descendons et ici même confondons leur langage, en sorte qu’ils ne comprennent plus le
langage les uns des autres. » Puis Iahvé les dispersa de là sur la surface de toute la terre
et ils cessèrent de bâtir la ville. C’est pourquoi on l’appela du nom de Babel. Là en effet,
Iahvé confondit le langage de toute la terre et de là Iahvé les dispersa sur la surface de
toute la terre. (Genèse, 11, 1-9)

Et si nous considérons le langage comme un système de signes, la réponse à


la question de l’origine du langage passera par explorer les premiers signes

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naturels dont disposait l’homme pour communiquer. Ces signes sont variés :
visuels, sonores, olfactifs, gestuels, etc. Or, le langage étudié par le linguiste porte
essentiellement sur le langage auditif, le langage parlé, articulé.
« Le langage n’a pu naitre comme fait social que le jour où le cerveau
humain s’est trouvé assez développé pour l’utiliser » 1
Cette assertion souligne le rapport de dépendance qui existe entre la genèse
du langage et la formation du cerveau.
Le langage articule la pensée et lui permet de prendre forme bien que cette
question du langage et la pensée soit assez compliquée. Mais, le
développement des deux est à la base du développement des sociétés.
Le langage comme faculté humaine se concrétise dans les langues, elles aussi
concrétisées dans la parole. Le langage est une faculté abstraite, la langue est
un produit social, la parole est une réalisation individuelle.
F. de Saussure a d’ailleurs signalé que « La question de l’origine des langues
n’a pas l’importance qu’on lui donne. Cette question n’existe même pas.
Question de la source du Rhône : puérile ! Le moment de la genèse n’est lui-
même pas saisissable : on ne le voit pas »2
À la question quelle est l’origine du langage ? Nous donc pourrons répondre
par : le langage a-t-il vraiment une origine ?

Pour aller plus loin : Lire les articles : L’origine du


langage (Michael Gerard Plastow) et le langage a-t-il une origine ?
(François Rastier) partagés sur la Plateforme

1
Joseph Vendryes, Le langage, introduction linguistique à l’histoire, 1968, Ed. Albin Michel, p.23
2
F. de Saussure, cité dans M. Arrivé, À la recherche de Ferdinand de Saussure, Paris, puf, 2007, p. 20

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b. Pãnini : première analyse d’une langue, le sanskrit, dans Grammaire, IVème S. av. J.-C.
Si nous voulons citer le premier travail linguistique, il sera celui de Pãnini qui est
l'auteur d'un traité remarquablement systématique sur la langue sanskrite de son
temps 6 siècles avant J.-C. Cet ouvrage se distingue par la profondeur des concepts
linguistiques fondamentaux, par l'exactitude et la précision de l'analyse du sanskrit
et par la rigueur de la présentation. L'effort de formalisation dans la description est
si poussé que l'on peut parler d'une véritable métalangue organisée sur un matériel
abondant de termes techniques, d'abréviations, de symboles, de conventions
d'énoncé, de règles d'interprétation, etc. Le sanskrit s'est trouvé arrêté dans son
évolution vers l'époque même de Pāṇini. La langue changeant fort peu,
la grammaire de Pāṇini a pu rester un ouvrage de référence fondamental pendant
toute l'histoire ultérieure de l'Inde. Elle est encore en usage aujourd'hui. Son
importance dans la civilisation indienne est encore accrue par le fait que son
caractère raisonné et systématique en a fait un modèle littéraire et intellectuel.

https://www.universalis.fr/encyclopedie.

La grammaire de Pãnini est le plus ancien traité de grammaire. Il est d’une rigueur
scientifique extraordinaire. Il décrit la langue appelée le sanskrit védique de manière
à en montrer le fonctionnement de la langue comme système.

« La grammaire de Pāṇini consiste en un système dérivationnel par lequel des


unités, mais également des phrases comportant ces unités, sont construites, en
nombre théoriquement infini, par l’adjonction d’affixes à des bases : elle peut donc

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être considérée comme une grammaire générative » (elle décrit la génération, c’est-à
dire la formation, de toutes les phrases correctes possibles de la langue). »3

3
Emilie Aussant. La grammaire de Pāṇini: quand la conscience linguistique d’un grammairien devient celle de toute
une communauté. Revue roumaine de linguistique, Bucureşti : Ed. Academiei Române, 1990-, 2008, LIII (4), pp.377-
387. ffhal-00684633, p.378

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