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Michel Mathieu-Colas
Introduction
Nous avons, il y a quelques années, présenté une étude sur les noms de divinités, considérés comme une classe sémantique cohérente, et exploré
les possibilités offertes par le Web pour l’enrichissement de cette classe (« Les noms de divinités : Web, contextes et classes d’objets1 »).
L’analyse s’appuyait sur un dictionnaire inédit élaboré à partir d’une sélection d’ouvrages spécialisés.
C’est ce dictionnaire que nous proposons de rendre public aujourd’hui, revu et corrigé en fonction de nos recherches ultérieures. Il comporte au
total quelque 1900 entrées (soit plus de 3000 formes avec les variantes). Nous n’avons recouru au Web, à titre complémentaire, qu’avec
beaucoup de précaution, après un examen minutieux des sites considérés et un recoupement systématique des données.
On trouvera en annexe, outre la référence des sources écrites (p. 106), une étude linguistique de la classe lexicale, considérée du double point de
vue de la sémantique et de la syntaxe (« Les noms de divinités : schémas sémantaxiques », p. 108).
1
Communication présentée lors des Septièmes Journées scientifiques du Réseau de chercheurs Lexicologie, terminologie, traduction (Bruxelles, 8-10 septembre 2005).
Publication des actes : Daniel Blampain, Philippe Thoiron, Marc van Campenhodt (dir.), Mots, termes et contextes, Contemporary Publishing International, Editions des
archives contemporaines et Agence universitaire de la Francophonie, Paris, 2006, pp. 391-408.
Version en ligne : http://halshs.archives-ouvertes.fr/docs/00/15/40/61/PDF/Divinites.pdf
Pour prendre conscience des difficultés inhérentes à une telle entreprise, un seul exemple suffira. A en croire L’Encyclopédie de la Pléiade, le
dieu arabe pré-islamique Athtar (‘Athtar) – ou Astar (‘Astar) en Éthiopie – ne doit pas être confondu avec la déesse syrienne Athtart (‘Athtart),
ni avec la divinité phénicienne Ashtart (‘Ashtart), sans parler de la variante grecque Astarté ou de l’Ishtar mésopotamienne, quelles que puissent
être les correspondances (Histoire des religions, t. 1, p. 349 et 354). Mais selon d’autres sources, Athtar s’écrit aussi Atthar, Athtart équivaut à
Athirat, cependant que l’Ashtart phénicienne (décrite parfois comme assyro-babylonienne, par assimilation à Ishtar) a pour variante Astart.
Ajoutons-y les formes hébraïques Ashtoreth, Astoreth, Ashtaroth, Astaroth, ainsi que la polysémie de Ashérah (Ashérat) – la mère de Baal ou son
épouse – et l’on comprendra le défi que représente une telle description, si l’on veut éviter les erreurs et les confusions. On retrouve ici, à propos
des noms propres, les mêmes problèmes d’« incertitude » que nous avions constatés pour les dictionnaires de langue2.
Présentation du tableau
Le dictionnaire se présente sous forme d’un tableau comprenant, outre les entrées nominales, les rubriques suivantes : variantes, genre, domaine,
sous-domaine, nature et fonction.
Variantes
Pour les raisons que nous venons de rappeler, nous avons dû accorder la plus grande attention à la notation des variantes (Borvo, Bormo,
Bormanus, Boramus…), dont beaucoup dépendent des systèmes de transcription ou de translittération (Vichnou, Vishnou, Vishnu, Visnu, Vi12u).
Pour les représenter, nous avons choisi les conventions suivantes :
a) Lorsqu’il y a plusieurs graphies, le choix de l’entrée est arbitraire, les autres formes apparaissant en deuxième colonne.
b) Il est tenu compte des différences d’accent (Nataraja, Natarâja, Nâtarâja), y compris des graphies savantes incluant des caractères
spéciaux (N1tar1ja, Na1ar1ja ; 1 avec accent plat ou 1 avec point souscrit). Nous n’avons pas cherché à reconstituer toutes les possibilités
combinatoires, mais seulement à relever les formes rencontrées. Elles suffisent à illustrer les principes de variation.
2
« De l’incertitude en linguistique : le cas des variantes », in Gaston Gross & Klaus U. Schulz (eds), Linguistics, Computer Science and Language Processing. Festschrift for
Franz Guenthner on the Occasion of his 60th Birthday, College Publications, 2008, pp. 203-217.
Version en ligne : http://halshs.archives-ouvertes.fr/docs/00/41/09/41/PDF/De_l_incertitude_en_linguistique.pdf
d) Certaines variantes ou correspondances font l’objet d’une entrée indépendante, dès lors que leur description appelle des précisions
supplémentaires, telles que le sous-domaine géographique et/ou linguistique. Elles sont précédées d’un signe de renvoi (1). Le dieu celte des arts
et des techniques Lleu / Lug / Lugos est ainsi présenté :
Domaines et sous-domaines
Les domaines correspondent pour l’essentiel à des ensembles géographiques (Égypte, Japon, Mexique…) ou à des peuples (Celtes, Romains,
Baltes…). Les sous-domaines indiquent, quand il y lieu, le contexte plus précis où apparaît le nom de divinité : région, ethnie, langue, etc.
Nature et fonction
Cette zone du dictionnaire, beaucoup moins formalisée que les autres, ne constitue qu’un point de départ dans la description des noms de
divinités. Elle est destinée à s’enrichir en fonction des informations ultérieures dont nous disposerons.
AEGERTER E., Les Grandes Religions, PUF (« Que sais-je ? »), 1941.
BAILLY A., Dictionnaire grec-français, Hachette, 1950.
BIARDEAU M., L'Hindouisme, Flammarion, 1981.
BLOCH R., Les Étrusques, PUF (« Que sais-je ? »), 1954.
CHALLAYE F., Petite Histoire des grandes religions, PUF, 1940.
COMMELIN P., Mythologie grecque et romaine, Garnier Frères, 1948.
CONTENAU G., Les civilisations anciennes du Proche-Orient, PUF (« Que sais-je ? »), 1968.
DAUMAS F., Les Dieux de l'Égypte, PUF (« Que sais-je ? »), 1965.
DELAPORTE L., La Mésopotamie, Evolution de l'humanité, Albin Michel, 1923.
DESCHAMPS H., Les Religions de l'Afrique noire, PUF (« Que sais-je ? »), 1965.
DHEILLY J., Dictionnaire biblique, Desclée, 1964.
DUVAL P.-M., La vie quotidienne en Gaule, Hachette, 1952;
ELIADE M., Traité d'histoire des religions, Petite Bibliothèque Payot, 1977.
ELIADE M. et I. P. COULIANO, Dictionnaire des religions, Plon, 1990.
ERMAN A., La Religion des Egyptiens, Payot, 1952.
FAURE P. et M.-J. GAIGNEROT, Guide grec antique, Hachette, 1980.
GAFFIOT F., Dictionnaire illustré latin-français, Hachette, 1934.
GLOTZ G., La Civilisation égéenne, Evolution de l'humanité, Albin Michel, 1937.
GRIMAL P., Dictionnaire de la mythologie grecque et romaine, PUF, 1969.
HACQUARD G. et al., Guide romain antique, Hachette, 1952.
HAMBLIN D. J., Les Étrusques, Time-Life, 1975.
HUBERT H., Les Celtes, Evolution de l'humanité, Albin Michel, 1932.
HUS A., Les Étrusques, Club du livre d'histoire.
IONS V., Le Grand Livre des mythologies, Elsevier Séquoia, 1976.
Plus de deux cents descripteurs ont été mis en évidence, à partir de l’analyse d’ouvrages portant sur la mythologie. Un exemple parmi d’autres,
extrait du « Que sais-je ? » de F. Daumas relatif aux Dieux de l’Égypte (PUF 1977) :
A Héliopolis, ATOUM revêtait la forme humaine, au moins à l'époque historique. A Atfih, HATHOR, déesse de l'amour, avait figure de femme, mais
laissait passer de sa perruque des oreilles de vache. Héracléopolis rendait un culte au dieu-bélier HARSAPHÈS. THOT, à tête d'ibis, était patron
d'Hermopolis. A Siout, OPHOÏS se montrait sous l'apparence d'un chacal. HORUS d'Edfou avait pour animal sacré un faucon dont les imagiers
adaptaient la tête à son corps humain. KHNOUM, à Esna ou à Eléphantine, présentait une tête de bélier (p. 17 ; nous soulignons).
Un relevé minutieux de tous les contextes d’occurrence permet d’établir une cartographie linguistique des noms de divinités, fondée
simultanément sur les constructions syntaxiques et les propriétés sémantiques.
Ndiv (créer | engendrer | faire) N (le monde, la Terre, les hommes, etc.)
Ndiv (façonner | organiser) N (le monde, etc.)
Ndiv commander (à) N (les éléments, la pluie, etc.)
Ndiv contrôler N (les saisons, etc)
Ndiv dominer N (le monde, les éléments, etc)
Ndiv gouverner N (le monde, les éléments, l'humanité, etc.)
Ndiv régner sur N (les éléments, les êtres vivants, etc)
Ndiv triompher (sur | de) N(ennemis, forces hostiles : autres dieux, hommes, monstres, etc.)
Ndiv régner Prép Nloc
Ndiv (demeurer | résider | habiter | siéger) Prép Nloc (le ciel, les nuages, la mer, etc.)
Ndiv (avoir | posséder) Nlieu de culte (Nlieu de culte=: un temple, un sanctuaire, etc.)
Ndiv (avoir | posséder) Ntranscendance (Ntranscendance=: l'éternité, la toute-puissance, etc.)
Ndiv être (la divinité | le dieu | la déesse) de Ninanimé (la Lune, la Justice, la Pluie,etc.)
Ndiv être (la divinité | le dieu | la déesse) (éponyme) de Nloc
Ndiv être (la divinité | le dieu | la déesse) de Nhumcol (catégorie sociale, corporation, etc.)
Ndiv être Adj-qual (Adj-qual=: bienfaisant, miséricordieux, secourable, favorable, bon, juste, compatissant, etc.)
Ndiv être Adj-défaut (Adj-défaut=: malfaisant, rmaléfique, redoutable, terrible, cruel, perfide, violent, monstrueux, vengeur, etc.)
Ndiv être Adj-transcendance (Adj-transcendance=: inaccessible, invisible, inconnaissable, vénérable, éternel, immortel, tout-puissant,
omniprésent, omniscient, omnipotent, infaillible, etc.)
Ndiv être un dieu–Nanimal =: -bélier, -cerf, -chacal, -crocodile, -faucon, -lion, -oiseau, -rat, -renard, -scarabée, -serpent, -singe, -taureau…
Ndiv être une déesse-Nanimal =: -chatte, -cobra, -grenouille, -hase, -hippopotame, -lionne, -poisson, - scorpion, -serpent, -vache…
Ndiv être (un dieu | une déesse )-Nnatur =: -astre, -feu, -fleuve, -lune, -montagne, -soleil, -terre…
Ndiv être un dieu-Nhum =: -artisan, -champion, -guide, -héros, -médecin, -roi…
Ndiv être une déesse-mère
Ndiv être un Nhum divinisé (Nhum= :héros, sage, etc.)
Ndiv être un Nnatur divinisé (Nnaturel= :vent, etc.)
Nhum consacrer N (une fête, un temple, un autel, un animal, un arbre, etc.) à Ndiv
Nhum dédier N (un culte, un temple, une stèle, un hymne, etc.) à Ndiv
Nhum dresser N (un autel, etc.) à Ndiv
Nhum vouer N (un culte, un temple, etc.) à Ndiv
Nhum (élever | ériger) N (une statue, un sanctuaire, etc.) (à | en l'honneur de) Ndiv
Nhum (édifier | construire) N (un temple etc.) (en l'honneur de) Ndiv
Nhum célébrer N (une fête, une cérémonie) (pour | en l'honneur de) Ndiv
Nhum (célébrer | participer à) les mystères de Ndiv
L'autel de Ndiv
La statue de Ndiv
L'idole de Ndiv
L'image de Ndiv
La (représentation | figuration) de Ndiv
L'épiphanie de Ndiv
L'adoration de Ndiv
Le culte de Ndiv
La fête de Ndiv
Le cortège de Ndiv
Le clergé de Ndiv
Par Ndiv !
(devant | en présence de) Ndiv
5. Transformations