Vous êtes sur la page 1sur 2

PAT H O L O G I E D U B Â T I M E N T

57
Dégradation des lasures et peintures
sur menuiseries en bois extérieures
Le bois constitue un subjectile biologique souple, capricieux, de comportement variable
selon l’essence sélectionnée pour la confection de l’élément menuisé.

Rappelons que la préservation du bois, contre les insectes et


micro organismes, est assurée par un traitement à cœur
spécifique.

Quelles sont donc les principales pathologies


concernant les finitions sur bois ?

Usure prématurée d’une lasure :


Ce phénomène est lié, outre à une maigreur anormale du film
(couches trop diluées ou réduites), au choix d’une tonalité
trop proche de l’incolore et possédant ainsi moins de pro-
tection vis-à-vis des U.V. solaires. Rappelons que le choix de
systèmes incolores en exposition extérieure est interdit.

Feuilletage de l’ensemble du film :


• Si le phénomène apparaît dans les premiers mois suivant
les travaux de mise en œuvre, on peut supposer une appli-
cation sur bois trop humide (pas d’imprégnation visible de la
surface du matériau).

• S’il apparaît peu à peu, mais néanmoins sous les deux ans
L’utilisation du bois ne peut s’accomoder suivant la mise en œuvre, il faut vérifier si la conception de
d’un entretien négligé. certaines parties d’ouvrage ne sont pas de nature à rendre
fragile la finition :
- arêtes vives, où le dépôt de produit est difficile,
- faible pente (rejingots angulaires, appuis de garde-corps,

L es paramètres influant sur le comportement des finitions


dans le temps sont nombreux. Certains dépendent de la
lisses horizontales…).

• Parfois, le film se détache du bois en entraînant sur son


nature du bois, d’autres de la conception de la menuiserie, envers la trace d’une poudre grisâtre marquant la forme du
de sa situation en service, d’autres encore des produits mis lignage du bois. Dans ce cas, le revêtement a été mis en
en œuvre et du travail de pose. œuvre sur un élément menuisé laissé sans protection efficace,
Le taux de saturation des fibres de bois (le taux de vide trop longtemps aux intempéries.
d’un bois sec, en quelque sorte) est voisin de 30 %, en Le manque d’entretien des finitions est à l’origine d’une
moyenne. dégradation marquée de la lignine, sous l’effet du rayonne-
Ces vides peuvent être occupés par l’eau. En dessous de ment U.V. Cette lignine altérée, insuffisamment poncée avant
30 % d’humidité, le bois est en situation de retrait, au-des- mise en peinture (ou lasure), est à l’origine des décollements
sus, en situation de gonflement. constatés.
Par ailleurs, à partir de 22 % d’humidité (environ) le pour-
rissement du bois est possible. C’est la cellulose du maté- Cloquage du film de finition :
riau qui est directement attaquée. Ce phénomène résulte de la poussée, sous forme vapeur, de
L’eau joue donc un rôle primordial dans le comportement l’humidité en excès contenue dans le bois.
mécanique et physico-chimique du bois.
Par ailleurs, le rayonnement ultra-violet solaire attaque, La manifestation est déclenchée, ou amplifié par le coloris de
pour sa part, l’autre élément constitutif de base du bois, la la finition ; les teintes sombres (coefficient d’absorption
lignine : phénomène photo-chimique de grisaillement du solaire > 0,7) absorbent le rayonnement calorifique solaire et
bois. augmentent la température de surface du bois, donc la ten-
Enfin le bois se révèle sensible aux attaques d’insectes et sion de vapeur d’eau de l’humidité du matériau.
de champignons. Les finitions lasures et peintures devront
donc protéger le bois de ces agents naturels tout en offrant Fissuration du film de protection :
suffisamment de qualités physiques (souplesse notamment) Ces fissures apparaissent en général au droit du lignage du
pour résister aux variations dimensionnelles du matériau. bois (surtout sur essences résineuses d’Europe), au cours
PAT H O L O G I E D U B Â T I M E N T 57
de variations dimensionnelles du matériau, en fonction des l’origine de comportements plus capricieux des produits de
écarts de température et d’hygrométrie du milieu ambiant. finitions.
De la même façon, les gerces ou fentes du bois, qui se Ces essences sont, en outre, à même d’exsuder de la
manifestent lorsque l’ouvrage a trop souffert de l’épreuve du résine qui endommage le film de protection.
temps, ne permettent plus, quelle que soit la solution de Les feuillus, du type chêne et châtaignier, rejettent, quant
recouvrement envisagée, d’escompter un résultat accep- à eux, du tannin, à l’origine de taches brunes.
table. L’iroko contient des substances phénoliques, qui empê-
chent l’oxydation des résines glycérophtaliques ; le film reste
Autres désordres possibles : mou et se détruit peu à peu.
• Usure irrégulière du film, accompagnée d’un changement Le western red cedar, enfin, rejette des sécrétions acides,
d’aspect non homogène : qui endommagent les finitions. Ce bois demande à être traité
Une surface menuisée mal ou non poncée suffisamment en imprégnation, très régulièrement.
finement (grain 80 ou 100 souhaitable), ne permet pas un
bon enrobage des fibres superficielles, qui se comporteront
dans le temps comme des mèches, prêtes à absorber une
partie de l’eau de ruissellement.

• Décollement d’un ensemble constitué par d’anciennes


peintures recouvertes d’un nouveau film, lorsque ce dernier La leçon qu’il faut retenir du comportement des films
correspond à l’application d’une peinture microporeuse alkyde. organiques sur bois en extérieur, est que ce matériau,
Rappelons que les peintures microporeuses n’ont d’utilité s’il n’est pas correctement et fréquemment entretenu
que sur les bois neufs ou remis à nu, et que leur rôle est nul par finitions adaptées, montre très rapidement des
sur d’anciens fonds bloqués. Pire, s’agissant de peintures désordres irréversibles. A ce moment, plus aucun
relativement plus “pauvres” que les produits classiques, elles film, lasure ou peinture ne peut prétendre à un bon
ont tendance à exercer des effets de traction sur les comportement.
anciennes couches et de les arracher. L’utilisation du bois (et plus particulièrement les
bois d’essences résineuses européennes), en
construction, ne peut s’accommoder d’un entretien
Tous ces phénomènes sont plus ou moins marqués négligé des finitions : trois ans maximum, pour des
selon les essences de bois constituant la menuiserie : lasures satinées fortement exposées, cinq ans maxi-
mum, pour des systèmes de peinture performants en
Les essences résineuses à pores plus larges, de plus faible expositions identiques.
densité, et de propriétés mécaniques moins élevées, sont à

9, boulevard Malesherbes
75008 Paris

114, avenue Émile Zola


Michel HOUEIX

75739 Paris Cedex 15

R EPRODUCTION INTERDITE SANS AUTORISATION DES ÉDITEURS

Vous aimerez peut-être aussi