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RESUME L'ADOBETON

L'adobéton est une technique de UNE TECHNOLOGIE APPROPRIEE


construction de murs extérieurs
durable. Elle est à très haute inten- POUR UN HABITAT ECONOMIQUE AMELIORE
sité de main d'oeuvre (HIMO) et
fait massivement appel aux maté-
riaux locaux. Elle a été mise au Michel MARTIN *
point au Maroc à la fin des années
80. Elle s'est développée principale- Docteur-Ingénieur Ecole des Mines de Paris
Chef du département de Génie Civil (E.I.E.R.)
ment dans ce pays ainsi qu'au
Tchad ; elle commence à se diffuser
en Afrique de l'Ouest.
L'article montre la genèse de cette INTRODUCTION 3/ quels sont ses avantages et ses
technique et partir du concept de inconvénients ;
«stabilisation» du matériau terre et

D ans cet a r t i c l e , on ne 4/ quelles perspectives elle offre en


comment elle fait la synthèse entre
les constructions traditionnelles en cherche pas à donner des matière d'habitat, et :
adobe (dites «banco» en Afrique de informations exhaustives 5/ où en est son développement
l'Ouest) et celles dites «en dur». sur le procédé : celles-ci figurent aujourd'hui en Afrique.
Puis il présente la technique elle- dans les "Documents Normatifs de
même dans son principe et dans ses 1/ E V O L U T I O N D E L A T E R R E
aspects les plus concrets. Il met l'Adobéton" que Ton peut se procu-
ainsi en évidence l'intérêt qu'elle rer auprès de l'E.I.E.R. (1). COMME MATERIAU DE
présente, non seulement pour les On ne cherche pas non plus à en CONSTRUCTION
occupants des bâtiments ainsi donner de nombreuses illustrations
construits, mais encore pour les : une exposition intitulée "Architec- On peut c o n s i d é r e r l'adobéton
professionnels de la construction et comme la d e r n i è r e é t a p e dans
pour les autorités politiques des tures et Technologies Africaines
pays en développement. Contemporaines" a en effet été pré- l'évolution du "matériau terre" lors-
Après la récapitulation des incon- sentée en A v r i l 1997 au Centre qu'il est destiné à la construction
vénients et des avantages de la Culturel Français de Ouagadougou de bâtiments. Ces étapes sont (voir
technique, l'article montre les pers- tableau 1) :
et placée depuis sur Internet. Tous
pectives qu'elle ouvre. Certaines a) la terre crue,
sont de simples variantes tech- ceux qui y sont raccordés peuvent
b) la terre stabilisée,
niques qui élargissent son champ donc désormais la visiter sur leur
d'application. D'autres ont une tout c) la terre "bicouche",
écran d'ordinateur (2).
autre ampleur et débouchent sur d) l'adobéton.
des conséquences inédites :
On veut seulement présenter dans
* développement des citernes enter- l.a La terre crue
rées (pour les pays à longue saison cet article :
Dans la grande majorité des cas
sèche), IL l'évolution de la terre comme (sur l'ensemble de la planète), la
* émergence d'une nouvelle ingé- matériau de construction ; ce fai- terre crue est mise en oeuvre sous
nierie. Celle-ci a pour objet princi- sant, on montrera comment, et
pal le développement et l'améliora- forme de blocs moulés à forte*
pour répondre à quelles questions, h u m i d i t é et maçonnés après
tion de l'habitat économique,
notamment dans les zones péri-1 on a abouti à l'adobéton ; quelques jours de séchage. Le nom
phériques à forte croissance démo- 2/ ce qu'est effectivement la techno- donné internationalement à ces
graphique de nombreuses grandes logie "adobéton" (néologisme résul- blocs est "adobe" ; mais en Afrique,
villes de pays en développement. tant tout bonnement de la contrac- les deux principaux noms vernacu-
tion des mots "adobe" et "béton" !) ; laires sont "banco" (en Afrique de
ABSTRACT
l'Ouest) et "briques de poto-poto"
owners, but also for professionals
"Adobeton" is a new building tech- *** ou m ê m e tout s i m p l e m e n t
in construction and for public
nology which makes earthen exter- authorities in developing countries. "poto-poto" (dans un pays comme
nal walls durable. It is high inten- le Tchad, par exemple).
sive labour (HIL) and requiers a lot It lists the drawbacks and the
of local materials. It was set up in advantages of adobeton and shows
Morocco by the end of the eighties. the main prospects that could be l.b La terre stabilisée
Then, it has mainly developed in opened up. Some are simple tech- Après la seconde guerre mondiale,
this country and in Chad. For a few nical variants which widen its field diverses tentatives ont été faites en
years, it has begun spreading in of application. Others lead to origi- plusieurs parties du monde pour
Western Africa. nal consequences : améliorer la qualité et la durabilité
The paper shows the genesis of this * development of underground des constructions en terre. Elles
technology from the concept of tanks (for countries with a long dry
earth stabilization ; so that adobe- ont été conduites selon deux axes :
season),
ton could be considered now as a
synthesis of traditional adobe buil- * emergence of a new engineering. *** Ce terme désigne en fait de la boue. Elle peut
Its main object is the development être mise en oeuvre soit sous forme de blocs
ding ("banco" in Western Africa) (adobes), soit directement par façonnage en place,
and concrete building. and the improvement of low cost en général sur une structure de branchages (stick-
It introduces the technology itself housing, especially in suburban poto-poto). L a première forme est surtout répan-
and its practical aspects. It high- areas of great cities in developing due en Afrique centrale sahélienne, alors que la
lights its interest, not only for seconde se trouve plutôt en Afrique centrale equa-
countries. toriale.
* l'amélioration du matériau (par d'un chargement, d'un transport et 1. c La terre bicouche (4)
adjonction d'un s t a b i l i s a n t , en d'un déchargement pour le princi-
général du ciment, parfois de la pal matériau de la construction à Dès le m i l i e u des années 70, à
chaux ou du bitume, plus rarement réaliser ; l'E.I.E.R., on a procédé à une pre-
d'autres produits comme la gomme * l'introduction de matériels spéci- mière critique de l'évolution sus-
arabique ou même des hydropho- fiques : presses, mais aussi pulvéri- indiquée : au fond, à quoi sert le
bants de synthèse) ; sateurs, cribles, malaxeurs (3) qui stabilisant ?
* l'amélioration du bloc des points sont non ou malaisément fabri-
de vue de la g é o m é t r i e et de la cables localement et, dans tous les Cet exercice que l'on peut qualifier
résistance mécanique (par com- cas, beaucoup plus onéreux que les d'analyse fonctionnelle a débouché
pression du m a t é r i a u dans des moules en bois traditionnels ! sur les résultats suivants :
presses, soit manuelles, soit plus ou * le stabilisant améliore la durabi-
moins mécanisées). Cette double évolution n'a donc pas lité à la pluie. Mais cette améliora-
conduit à un remplacement des tion est toute relative et loin d'at-
Il est à noter que cette double évo- constructions traditionnelles en teindre l'inaltérabilité (réelle ou
lution a imposé un changement des adobe, mais a généré un nouveau supposée) des constructions "en
terres utilisées, les terres fines des type de constructions, certes de dur" ;
adobes se prêtant beaucoup moins meilleure qualité, mais aussi de * le stabilisant améliore la résistan-
bien que les terres plus grenues à coût nettement plus élevé. Comme ce mécanique de la terre, surtout si
des mélanges avec un stabilisant il existe par ailleurs d'autres tech- celle-ci vient à s'humidifier. Mais il
et, surtout, à une compression niques fortement concurrentielles n'est pas nécessaire dans la mesure
mécanique. D'où les deux corol- (comme le parpaing de sable- où la t e r r e est destinée à des
laires de cette évolution : ciment par exemple), on comprend constructions :
* la sélection géotechnique des que les constructions en B . T . S . - en rez-de-chaussée (vu le très
terres dans des carrières ou des (Blocs de Terre Stabilisée) aient du faible n i v e a u des contraintes :
gîtes à matériaux, souvent éloignés mal à se développer depuis une moins de 1 bar),
des chantiers ; et donc la nécessité trentaine d'années.

Tableau 1 : tableau synthétisant révolution du matériau terre et montrant la genèse de Fadobéton


Epoque Type de produit Principaux problèmes Mesures techniques
rencontrés et évolution
* Ajout d'un stabilisant :
Jusqu'en 1950 Terre crue * Erodabilité - ciment (surtout), mais
aussi :
- chaux, bitume, etc....
Terre stabilisée * Coût (dû au stabilisant) * Sur-stabilisation, mais en
Années 50, 60 et ( o u B . T . S . , ou * Rejet psychologique non- surface seulement (économie
70 géobéton ) surmonté de sta-bilisant)

* Fragilité (couche * Transformation de la couche


surstabilisée se dé-collant surstabilisée de surface en un
Année 1975 et du substrat non-stabilisé, bardage-ancrage p a r des
suivantes donc finalement comme les écailles préfabriquées en
Terre bicouche
(Grésillon : enduits) aggloméré de ciment (béton)
EIER) * Faible productivité
* Question de l'acceptation
psycholo gique non-réglée
* Adobéton et ses * Mise au point de produits spéci-
variantes : * Rigidité architecturale fiques (écailles d'angle) et
- adobrique (avec * Mise en oeuvre très d'outils d'aide à la mise en
Année 89 écailles en terre qualifiée oeuvre (crémaillères, gabarit
et cuite) de calage des écailles)
suivantes * Elaboration d'un programme de
(Martin : - gvpsobéton (avec formation à la maçonnerie
MAROC,) substrat en plâtre adobéton
( T C H A D , EIER ) tiré du * Réalisation d'un équipement
phosphogypse non- struc-turant à l'EIER pour
épuré) l'étude de La durabilité des
structures à la pluie (kiosque de
- gvpsobrique durabilité).
- et adéquatement protégées contre Cette technique avait l'avantage de complète des actions entreprises
l'humidification de leurs murs. faire de sérieuses économies de sta- pour a m é l i o r e r le "matériau de
En d'autres termes, le stabilisant bilisants, mais elle n'a pas eu le construction terre" en posant la
tel qu'employé classiquement dans succès escompté pour les trois rai- question dans toute sa globalité :
le BTS n'est pas utile pour la gran- sons suivantes : au fond, que veulent les diffé-
de majorité des constructions en * une productivité peu élevée (blocs rents intervenants dans la
Afrique (qui sont en rez-de-chaus- plus complexes à fabriquer) ; construction, à commencer p a r
sée) à condition de protéger les * la plupart du temps, l'existence le moins écouté d'entre e u x :
murs contre : d'un retrait différentiel au séchage l'occupant ?
O les remontées capillaires, entre les deux couches de sorte que
celle surstabilisée en surface finis- On est donc r e n t r é dans une
ô les infiltrations par la toiture, et
sait par se décoller et par tomber démarche de type analyse de la
€) la pluie.
en cas de choc Bref, cette couche valeur qui a conduit à distinguer
Les deux premiers phénomènes surstabilisée se comportait comme trois groupes d'intervenants :
pouvant être efficacement combat- un enduit intégré et présentait le * les occupants,
tus par des dispositions construc- même défaut d'adhérence, mais * les professionnels de la construc-
tives simples (à base de films poly- avec une mise en oeuvre plus com- tion,
anes ou autres), l'E.I.E.R. a princi- pliquée ; * les autorités politiques et admi-
palement travaillé sur la durabilité * enfin, malgré un taux de stabili- nistratives.
des blocs à la pluie. Pour ce faire, sation en ciment de la couche exté- Il s'est a v é r é alors que chacun
elle a mis au point un bloc rieure du même ordre que celui du d'eux avait un souci principal bien
"bicouche" dans lequel le stabili- béton (environ 15%), la perception spécifique et qu'il se déclinait, avec
sant est concentré sur la face verti- du matériau restait celle d'une des intensités variables, selon trois
cale qui sera soumise aux intempé- terre et non d'un matériau "en dur" domaines bien distincts :
ries. Il comprend donc : comme par exemple le béton. * les aspect psycho-sociaux,
* une couche "surstabilisée" exté- * les aspects économiques,
rieure, de 3 ou 4 cm d'épaisseur, 1. d L'adobéton * les aspects techniques.
qui protège Ces divers éléments sont regroupés
A la fin des années 80, au Labora-
* une "couche" non-stabilisée (en ci-contre dans le "tableau des sou-
toire Public d'Essais et d'Etudes
fait, le reste du bloc, beaucoup plus haits" des principaux intervenants,
( L P E E ) de Casablanca au Maroc,
épais). le chiffre apparaissant dans les dif-
on a alors procédé à une critique
férentes cases r e p r é s e n t a n t le
Tableau 2 : tableau des souhaits des intervenants dans la construction niveau de priorité donné à l'aspect
considéré.
Intervenants Occupants Professionnels de Autorités
la construction politiques et
• administratives Sur ce tableau 2, on note que la hié-
Souci Disposer d'un rarchie des souhaits n'est pas iden-
majeur logement digne Exercer u*he activité Susciter une tique pour les trois catégories d'in-
et financièrement rentable et fiable espérance tervenants :
Aspects accessible économique * pour la catégorie des "occupants",
principaux les aspects psycho-sociaux sont
Construction Construction Construction de l é g è r e m e n t p r é d o m i n a n t s , les
donnant une image donnant une image qualité et utilisant aspects économiques et techniques
Aspects sociale valorisante professionnelle des technologies à venant juste après ;
psycho- vis à vis du valorisante vis à vis fort potentiel
voisinage des clients *' pour les deux autres catégories
sociaux médiatique
potentiels ("professionnels" et "autorités"), ce
1 3 sont plutôt les aspects économiques
3 qui sont p r e m i e r s , les autres
Construction Construction faisant Construction aspects venant ensuite.
faisant appel à des appel à des faisant appel à des
technologies peu technologies technologies HIMO
coûteuses et per- rentables où une et employant un Grâce à cette analyse participative,
Aspects
mettant une partie des tâches ne maximum de on a pu établir un véritable cahier
économiques participation per- peut être faite que matériaux locaux des charges fonctionnel de la solu-
sonnelle par des tion technique à mettre au point
professionnels
pour que les constructions en terre
2 1; 1 puissent voir leur qualité s'amélio-
Construction Construction faisant Construction rer tout en restant accessible à un
Aspects durable avec appel faisant appel à des grand nombre de ceux qui bâtissent
techniques entretien minimal à des technologies technologies de façon traditionnelle. A partir de
et réalisable fiables et codifiées arrivées à maturité
là, les grandes caractéristiques de
personnellement
l'adobéton sont apparues assez sim-
2 2 2
plement.
21 P R E S E N T A T I O N D E * deux coupes de murs en adobéton, 2.b Réalisation concrète des murs
LA TECHNOLOGIE l'une avec des écaille épaisses (25- en adobéton
ADOBETON 30mm), l'autre avec des écailles
minces (10-12 mm), La réalisation des murs extérieurs
en adobéton se décompose classi-
2. a Principe de la technologie
* un gros plan de mur pris sur un quement en deux phases : la
On peut donc définir l'adobéton
chantier récent à Ouagadougou conception et l'exécution.
comme u n e t e c h n o l o g i e de
(photo 1),
c o n s t r u c t i o n d e m u r s exté-
Le travail de
rieurs durables p a r une maçon- conception consis-
nerie mixte d'éléments por- te essentiellement à
teurs en adobes et d'éléments tracer les plans de
de protection en béton (ou plutôt calepinage des blocs,
en aggloméré de ciment, c'est-à- mais aussi des
dire la même matière que les "par- écailles.
paings de ciment"). Et si les élé-
ments de protection sont en terre Pour les blocs, on
cuite, parlera d'adobrique. utilise un des trois
Par rapport au bloc bicouche, le formats nominaux
caractère hybride est encore renfor- suivants : 30x30 cm ;
cé : on associe désormais du béton à 40 x 20 cm ; 37,5
la terre crue (et non plus de la terre x 25 cm (les formats
stabilisée). De plus, l'association ne rectangulaires étant
se fait plus au niveau de la préfa- toujours placés en
brication des blocs avant maçonne- boutisse car les
rie, mais lors de la mise en oeuvre murs ont une épais-
sur le chantier. seur minimale de 30
cm). On commence
Ceci appelle donc deux remarques par le l i t des lin-
générales : teaux (chaînés ou
* on glisse du concept de "matériau avec un appui laté-
local" vers celui de "technologie ral minimum de 30
appropriée" : cm), puis on trace
* on va dans le sens actuel (du Photo 1 : Gros plan d'un mur en adobéton (la mise en oeuvre est les lits impairs et
moins en ce qui concerne les struc- ici approximative avec des joints de collage trop épais). pairs au-dessus de
tures de bâtiment) d'une sépara-
tion des fonctions par association
de matériaux différents et non dans
celui d'une i n t é g r a t i o n au sein
d'éléments polyvalents.

L'innovation consiste surtout dans


le système d'association des élé-
ments de protection (appelés cou-
ramment "écailles") avec la maçon-
nerie des blocs porteurs. Etant plus
rigides, les écailles doivent pouvoir
jouer les unes par rapport aux
autres tout en restant fixées aux
blocs. Ceci est réalisé :
'"grâce la forme des écailles (qui se
présentent comme des "L" renver-
sés) et
* par l'ancrage de leur aile horizon-
tale au niveau des joints de maçon-
nerie. Photo 2 : Mise en oeuvre de l adobéton avec le gabarit de calage des écailles. Pour bien l'utili-
ser, il faut un marteau, un niveau et un maçon convenablement formé!
Afin de mieux faire comprendre le
* une photo montrant l'emploi du ce niveau et, pour finir, les lits
principe de l'association entre les
gabarit de calage en bois pour une impairs et pairs des trumeaux et
blocs d'adobe et les écailles de pro-
mise en oeuvre bien régulière des des allèges. Pour ce faire, il n'est
tection en béton, on a représenté
écailles, (photo 2). pas nécessaire de disposer d'un
sur cette page et la suivante :
COUPE D'UN MUR EN ADOBETON COUPE D'UN MUR EN ADOBETON
(avec écailles épaisses : 25 à 30 mm) (avec écailles minces : 10 à 12 mm)

Echancrure dans l'adobe


(en attente d'écaillé) Arase étanche
Arase étanche (par film plastique)
(par film plastique) Obligatoire sur le dernier lit
Obligatoire sur le dernier lit Ecailles
en béton
(ou en tene)
( cuite )
Adobe
Ecailles Adobe - en terre crue (avec ou sans "fibres")
- en terre crue (avec ou sans "Fibres") N - forme normale sans echancrure
en béton - moulée avec son echancrure Joint horizontal
(ou en terre) Joint horizontal (en terre crue)
( cuite ) (en terre crue)
'//////////////////777.
Enduit intérieur Enduit intérieur
(traditionnel, de préférence)
(traditionnel, de préférence)
1
Longueur de l'adobe Longueur de l'adobe

Joint de collage Joint de collage


Joint horizontal ( en terre crue ou ) Joint horizontal
M ( en terre crue ou ) u v . » ! . . » . ^ ^ . I\ (un peu stabilisée) (en terre crue)
B (un peu stabilisée) (en terre crue) \ \ ^

Hauteur : 40 cm / 3 = 13,3 cm N Hauteur : 40 cm / 3 = 13,3 cm


Longueur : 30 cm (carré) ou 37,5 cm ou 40 cm (rectangulaire) Longueur : 30 cm (carré) ou 37,5 cm ou 40 cm (rectangulaire)

s
Largeur : 30 cm (carré) ou 25 cm ou 20 cm (rectangulaire) Largeur : 30 cm (carré) ou 25 cm ou 20 cm (rectangulaire)
(dimensions nominales, y compris les épaisseurs des divers joints)
(dimensions nominales, y compris les épaisseurs des divers joints)

Adobe Joint horizontal Adobe Joint horizontal


(en terre crue)
(en terre crue) 1

v///////////////////y^
Arase étanche Arase étanche
(par film plastique) (par film plastique)
Obligatoire sous le premier lit Obligatoire sous le premier lit
Extérieur Intérieur Extérieur Intérieur
du mur du mur du mur
du mur
ordinateur et de logiciels spéciali- Là encore des supports de démoula- siques parallélépipèdes.
sés (même s'ils font gagner beau- ge et de séchage (en général en tôle Dans le cas d'un emploi ultérieur
coup de t e m p s ) : pour de petits galvanisée de quelques dixièmes) d'écaillés épaisses, il convient de
bâtiments, du papier quadrillé est sont nécessaires. Pour éviter tout mouler des adobes avec échan-
largement suffisant. accrochage du béton sur ces sup- crure. L'emploi des moules habi-
ports, on peut placer en interface tuels par soulèvement s'avère assez
Pour les écailles, les plans de cale- des plastiques de récupération. La incommode car, au moment de leur
pinage se font sur les élévations production est fonction du nombre arasement, il faut enfoncer dans la
des d i f f é r e n t e s façades. I l est de supports disponibles. Elle peut terre humide une - ou plusieurs -
conseillé d'employer des écailles de atteindre un demi-millier par jour ; p i è c e ( s ) en bois de la forme de
même largeur que les blocs, c'est-à- f
• la "pondeuse d agglos munie lf
l'échancrure ; or cette (ces) pièce(s)
dire de 30, de 20 ou de 25 cm (la d'un moule particulier (dit moule peu(ven)t basculer ou se coincer ou
coïncidence ou non des joints verti- adobéton). La productivité est très frotter sur les parois (même en col-
caux entre les blocs et entre les élevée (28 écailles par ponte) et la lant du formica à l'intérieur du
écailles étant indifférente). Dans production quotidienne s'élève à moule pour faciliter le démoulage).
tous les cas, la hauteur usuelle des plusieurs milliers. Il n'y a pas de Les moules p a r r e t o u r n e m e n t
lits en adobéton est de 13,3 cm, soit supports de démoulage et de sécha- permettent d'éviter tous ces incon-
3 lits dans 40 cm (joints horizon- ge puisque les écailles sont pon- vénients ; de plus l'échancrure est
taux compris). dues verticalement sur le sol. En très bien formée, quelle que soit sa
contrepartie, cet outil ne permet de c o m p l e x i t é ( a n g l e s , e t c . ) . Ces
L'exécution comprend trois par- moules sont toujours en bois et un
ties : la fabrication des écailles, le fabriquer que des écailles de 20 cm
peu moins simples que les quatre
moulage des adobes et la maçonne- de longueur, cette dimension étant
planches clouées traditionnelles :
e l l e - m ê m e a p p r o x i m a t i v e (à
rie commune de ces deux types les pièces en bois donnant la forme
quelques millimètres près) princi-
d'éléments. de l'échancrure sont collées sur une
palement du fait du manque de
plaque de fond (qui est enlevée
La préfabrication des écailles peut planéité des sols et du léger affais-
après démoulage). Pour éviter le
se faire au moyen de quatre outils sement du béton au démoulage.
collage de la terre :
différents :
* sur cette plaque et les pièces
* quand les écailles sont minces La fabrication des écailles demande d'échancrure en bois, on place là
(10 à 12 mm), c'est la même table donc un matériel spécialisé. C'est encore une interface en plastique
vibrante que pour les tuiles de mor- une niche possible d'activité pour de récupération,
tier vibré ( T M V ) . Ces tables sont les professionnels qui auraient * sur le moule au moment du
assez bien répandues en Afrique investi dans de tels outils. Cepen- démoulage, on colle à l'intérieur du
Noire en raison de la promotion dant, une production lente - et un formica.
faite depuis une quinzaine d'an- peu archaïque - reste possible avec Enfin, on conseille d'augmenter la
nées par le BIT pour ce type de cou- les moules manuels. Elle est plutôt longévité du moule en faisant des
verture comme alternative à la tôle réservée aux zones reculées où les assemblages non pas cloués, mais
ondulée. M a i s par rapport aux autres outils plus modernes et com- vissés-collés.
TMV, la forme de séchage change : pétitifs ne seraient pas en concur-
ce ne sont plus des supports spé- rence pour cause d'indisponibilité. LA MISE EN OEUVRE COMMUNE DES
ciaux en plastique ondulé, mais On notera enfin que les écailles ÉCAILLES ET DES ADOBES peut difficile-
deux simples planches en bois fai- sont des produits non-fragiles qui ment, si l'on veut une rapidité et
sant un angle légèrement obtus (90 se transportent très facilement une qualité acceptables, être faite
à 95°); dans des véhicules courants comme sans maçons. Pour ceux-ci, il est
* quand les écailles sont épaisses les "bâchées" ou autres. même fort conseillé de suivre une
(25 à 30 mm), on a le choix entre formation "sur le tas" d'une dizaine
les trois instruments suivants : LE MOULAGE DES ADOBES reste, quant de jours.
• le m o u l e m a n u e l (pour l'essen- à lui, une activité très rustique. Ce La terre des adobes et des diffé-
tiel en métal). La fabrication se fait n'est donc pas une affaire de profes- rents joints étant crue (aucune sta-
à l'unité par damage violent sur un sionnels, mais celle de la popula- bilisation), il faut placer une arase
couvercle épais en bois renforcé de tion qui maîtrise presque partout étanche sur le soubassement (en
métal. Il faut un support de démou- ce savoir-faire traditionnel et très fait, un simple film plastique) pour
lage et de séchage, le temps que le simple. Les moules sont en général éviter les remontées capillaires. De
béton de l'écaillé fasse prise et en bois et aux dimensions précé- la même façon, lorsque le mur sera
avant que l'écaillé ne soit plongée demment indiquées. terminé, il faudra veiller très atten-
dans l'eau pour sa cure. La produc- Dans le cas d'un emploi ultérieur tivement à en sur-protéger la par-
tion est de l'ordre d'une centaine d'écaillés minces, l'aile horizontale tie supérieure afin de p r é v e n i r
par jour ; passera dans l'épaisseur du joint de toute infiltration depuis la couver-
• la poutre v i b r a n t e (métallique). la maçonnerie et il n'est pas néces- ture. Il ne doit pas y avoir de terre
Elle permet de fabriquer simultané- saire, pour l'accueillir, de prévoir crue au-dessus de l ' é t a n c h é i t é
ment 6 écailles de 30 cm ou 9 écailles une échancrure dans les adobes. supérieure spécifique aux murs en
de 20 cm ou 7 écailles de 25 cm. Celles-ci sont donc de très clas- adobéton.
La mise en oeuvre elle-même est Enfin pour la finition intérieure, on * l'adobéton est une technique codi-
relativement classique : on com- emploie les enduits traditionnels. fiée, avec des documents normatifs.
mence toujours par les angles et on En effet, si la durabilité de ces der- On peut donc s'y référer pour éta-
maçonne les p a r t i e s courantes niers est le plus souvent insuffisan- blir un cahier des charges ;
entre ces derniers. La succession te vis à vis des intempéries, elle est * l'adobéton est une technologie
des tâches pour chaque lit est la tout à fait convenable à l'intérieur fiable d a n s le cadre des limites
suivante : des constructions. Au Burkina, les d'utilisation actuellement connues.
1-étalement du joint horizontal (en deux enduits traditionnels les plus Celles-ci sont principalement fonc-
fait une boue pas trop liquide) ; utilisés sont la gousse de néré et la tion de l a pluviométrie (pas de
2- pose des adobes ; plante appelée ''ilampon" par les constructions jusqu'à ce jour dans
3- bourrage des joints verticaux Lobis. des zones au-dessus de 1000-1200
entre adobes (avec la même matiè- m d a n ) et de l'usage du bâtiment
re que pour les joints horizontaux) ; 2.c Adéauation entre l'adobéton et (pas d'écailles minces, par exemple,
4- remplissage du joint intérieur des les acteurs de la constructios pour des écoles car elles sont moins
écailles avec une boue légèrement résistantes aux chocs).
Cette présentation concrète étant
plus liquide que pour les joints
faite, on observe à quel point l'ado-
entre adobes ; Pour la catégorie des "Autorités" :
béton est conforme aux souhaits
5 - pose des écailles s u r l'aligne- des principaux intervenants dans ZR l'adobéton est une technologie à
ment des adobes échancrées ; t r è s h a u t e i n t e n s i t é d e main
la construction.
6- réglage du positionnement de ces d'oeuvre (HIMO) qui fait appel à
écailles au moyen d'un maillet et Pour la catégorie des "Occupants" :
des matériaux véritablement locaux
d'un gabarit de calage en bois * l'aspect extérieur est "en dur", (en provenance d e la parcelle
(guidé lui-même par un classique c'est-à-dire en béton ou, à la même, de l a voirie adjacente ou
niveau de maçon). rigueur, en terre cuite. De plus, la d'une zone à proximité immédiate) ;
Quand les écailles sont épaisses, il modénature des murs extérieurs * avec près de 10 ans de recul et
est conseillé d'attendre u n peu (module : 20 ou 25 ou 30 x 13,3 cm) des évaluations très positives pour
(environ une heure) pour procéder est très différente de celle du par- les premiers bâtiments construits
aux étapes 5 et 6 de façon à ce que paing (40 x 20 cm) et leur donne un au Maroc (5), l'adobéton peut être
la boue des joints ait eu le temps de aspect flatteur ; considéré comme une technologie
sécher suffisamment e t que les :': les blocs d'adobe permettent de arrivée à maturité ;
coups de maillet ne perturbent pas construire à faible coût (disponibili- * l'adobéton est aisément diffusable
l'ordonnancement des adobes. té véritablement locale du maté- e t une sensibilisation à grande
Quant aux écailles, elles sont riau) et, au futur occupant, de par- échelle des décideurs et des popula-
posées par groupes de 3 à 6, selon ticiper effectivement au travail s'il tions est aujourd'hui possible grâce
la longueur du gabarit de calage le désire (savoir-faire traditionnel, à u n film vidéo q u i s ' i n t i t u l e :
(longueur qui varie en général de pas de matériel spécialisé). "l'adobéton, c'est super-banco !" (6).
0,6 m à 1,2 m : moins long, son uti- Pour la catégorie des "Profession-
31 AVANTAGES
lité est insuffisante ; plus long, il nels" :
ET INCONVENENTS
devient encombrant et malaisé à
K' l a fabrication des écailles e p DE L'ADOBETON
manipuler ).
béton ne peut être faite efficace-
Quand les écailles sont minces, les ment que p a r eux (matériel de L'adobéton p r é s e n t e quelques
outils de réglage des écailles sont moulage spécifique) et la mise en inconvénients et beaucoup d'avan-
différents. Il n'y a pas de maillet, ni oeuvre plus technique de la maçon- tages.
d'ailleurs de gabarit de calage, nerie exclut une éventuelle concur-
mais un système de crémaillère rence des futurs occupants eux- i l Le principal inconvénient est de
guidant une barre horizontale mêmes si ceux-ci veulent une quali- limiter relativement l'expression
(en fait un profil creux métallique té convenable et conforme à l'image architecturale : l'adobéton convient
de section rectangulaiye) s u r sociale qu'ils souhaitent ; d'autant mieux que les formes sont
laquelle s'appuie l a base des K' l'adobéton est très rentable par simples, rectilignes e t que l e s
écailles recouvrant celles du K t pré- rapport à des technologies concur- angles sont droits et pas trop nom-
cédent. r e n t e s comme le parpaing de breux ( u n peu à l ' i n s t a r des
Qu'elles soient épaisses ou minces, ciment. A Ouagadougou, l a diffé- constructions en pisé).
les écailles peuvent aussi bien se rence de prix de revient au mètre
toucher latéralement qu'être sépa- carré de mur est estimée à 15%en i2 Un autre inconvénient est de
rées p a r u n p e t i t espace qu'on faveur du premier alors même que nécessiter u n aporentissape. E n
ferme avec un mortier de ciment. s a qualité e s t bien meilleure effet, la mise en oeuvre commune,
Le premier type de joint a en géné- (écailles dosées à 250 - 275 kg de lit a p r è s l i t , des adobes e t des
ral la faveur du maçon ... mais pas cimentlm3 de béton contre 150 écailles requiert u n savoir-faire
celle de l'architecte, et inverse- kglm3 environ pour les parpaings spécifique. Ainsi, l'adobéton intro-
ment. "du trottoir") ; duit une qualification profession-
nelle s u p p l é m e n t a i r e d a n s le a5 Quantité de ciment employé a16 Coût modéré, surtout depuis la
métier d e maçon. L'expérience indépendante de l'épaisseur des dévaluation du franc CFA qui a
montre qu'il faut veiller à leur sta- murs (contrairement donc aux par- provoqué, dans les pays africains
bilité sur le chantier tout a u long paings et aux B.T.S.). de la zone franc, une forte augmen-
de sa durée. La terre étant locale, il en résulte tation du prix du ciment.
que le coût d'un mur épais est à
Quant aux avantages, ils sont mul- peine supérieur à celui d'un mur
mince ; donc on construit systéma- E n conclusion, on peut dire que
tiples : l'adobéton est un système construc-
tiquement avec de fortes épaisseurs
S u le d a n techniaue (e 2 30 cm) et il en résulte : tif approprié à fort potentiel de
développement local.
a l Grande variété de terres utili- a6 Excellent confort d'habitation
sables. Donc, si on construit tradi- En modernisant u n procédé très
grâce à l'importante inertie ther-
tionnellement en adobe dans le sec- mique de ces murs épais en terre. traditionnel : l'adobe, il permet
teur, on pourra presque toujours d'améliorer les constructions en
utiliser la terre du site même pour a7 Excellente stabilité mécanique milieu périurbain et/ou rural de
les constructions en adobéton ; d'où de ces murs porteurs vu leur faible forte densité, et de toucher de nou-
de substantielles économies (pas de élancement. velles couches de population res-
transport de matériaux). tées jusqu'ici à l'écart d'une amélio-
a8 Masauage d'éventuels petits ration sérieuse de leur habitat.
a2 Bonne u-
manoe &anique des blocs d'adobe.
désordres dans le mur (fissures,
etc...) grâce à l'habillage d'écailles.
Certes, l e u r résistance est plus 41 PERSPECTIVES
modeste que celle des B.T.S.,mais Sur le d a n social
EN MATIERE D'HABITAT
elle est de toute façon largement
suffisante pour l'usage qJe l'on en a9 Création de nombreux emplois
fait (oonstructions en rez-de-chaus- (fabrication d e s adobes, d e s Grâce à certaines de ses caractéris-
sée). Par contre ce qui est capital écailles, et leur mise en oeuvre tiques, l'adobéton ouvre des pers-
dans zu1 contexte de normalisation commune). pectives particulièrement intéres-
technique e t d e g a r a n t i e des .. . santes en matière d'habitat.
a10 -P r z en
con.shwctions, ckst la faitde disper- t r a v a i l (et non e n a r g e n t ) d e s
sion des valeurs de cette résistance. Lae- provient
Le processus de production des futurs occupants-bénéficiaires par
le moulage des adobes. des écailles dont on peut varier la
adobes (un "compactage solaire" matière et l'aspect extérieur (cou-
égal pour tous les blocs) conduit à Par exemple : militaires pour leur
caserne, villageois pour leur centre leur, état de surface, etc...). Ainsi,
des valeurs très régulières que dans un certain nombre de pays (en
d'autres techniques ont plus de mal de santé, parents pour l'école de
à atteindre (cas p a r exemple du leurs enfants, etc... Afrique équatoriale notamment), il
bloc comprimé dans des presses peut être intéressant de développer
manuelles dont le magasin n'est al1 l'adobrique, s u r t o u t d a n s les
pas toujours bien rempii). des emplois &s chez les profess- régions où la petite brique cuite est
sionnels de la construction (fabrica- traditionnelle.
a3 Excellente tion des écailles, maçonnerie plus E n effet, cette technique est très
(celle du béton, ou de la terre cuite technique) et création d'une dyna- grande consommatrice d'énergie, le
pour l'adobrique). Pour l'instant, mique de qualification profession- combustible é t a n t en général le
comme indiqué un peu plus haut, nelle. bois (ou plus précisément l'eucalyp-
celle-ci n'a été testée qu'avec des
pluviométries inférieures à 1000- a12 Excellente acx:eotabil.& I>sycup tus) e t les fours - constitués par
1200 d a n . .kg&.ggp a r la population ("occu-
l'empilement des briques à cuire -
pants" potentiels). étant des plus rudimentaires avec
a 4 Quantité d e ciment employé un rendement très médiocre.
nulle pour l'adobrique e t réduite En termes d'intrants énergétiques,
pour l'adobéton à 10 kg/m2 de faça- Sur le d a n macro-économiaue
la cuisson des seules écailles (c'est-
de de mur extérieur (avec un dosa- a13 Limitation des consommations à-dire d u bardage extérieur des
ge normal à 250-275 kg/m3 pour les murs) a u lieu de toute leur épais-
écailles). P a r comparaison, les de ciment dans la phase d'investis-
consommations sont d'environ : sement. seur, permettrait en principe une
O 15 kg/m2 pour le parpaing de 15 économie d'énergie de 85 %, sans
a14 Limitation des consommations même essayer d'améliorer le rende-
cm (au sous-dosage minimum de
150 kg/m3) ; électriaues dans la phase de fonc- ment du four !
17,5 kg/m2 pour l e B.T.S. de tionnement (moindres besoins de
O
climatisation artificielle). Dans des pays comme le Rwanda,
même épaisseur (avec le dosage le Burundi ou la région bamiléké
habituel de 6%) ;
35 kg/m2 (soit trois fois et demi Sur le plan micro-économiaue au Cameroun, l'adobrique pourrait
plus !) pour le B.T.S. avec l'épais- représenter un excellent intermé-
seur minimale des murs en adobé- a15 Très bon rapport aualité-prix diaire technico-économique entre le
ton (30 cm) et le même dosage que en investissement et en fonctionne- "stick-potopoto" et la terre cuite
ci-dessus. ment dans de nombreux pays. intégrale. De plus son impact s u r
l'environnement serait hautement la possibilité de prendre la terre caines. La croissance démogra-
positif compte tenu : sur place, c'est-à-dire dans la par- phique et l'importance des besoins
:F des fortes densités de population celle elle-même, dans une parcelle humains qu'on y rencontre mon-
qu'on y rencontre et voisine ou dans la voirie adjacente. trent, s'il en est besoin, les enjeux
:i:du relief accidenté de ces pays (où Compte t e n u d e s i m p o r t a n t s considérables qui s'attachent a u
l'érosion est amplifiée par le déboi- volumes nécessaires (de l'ordre de développement d'une telle ingénie-
sement). 0,5 m3 de terre par m2 couvert), il rie.
se pose le même problème qu'en
La deuxième werspective provient ingénierie routière : équilibrer les Quant à ses méthodes et aux moda-
des blocs dont on peut envisager de déblais et les remblais. l i t é s possibles d e sa mise e n
varier aussi la matière. En effet, Les "remblais" étant les murs de la oeuvre, elles sont explorées dans
dans un certain nombre de pays où construction, il reste à donner une un autre document (8)- de nature
il existe une industrie des phos- fonction d'habitat à (ou aux) exca- surtout organisationnelle - que I'on
p h a t e s (Maroc, Sénégal, Togo, vation(s). On peut imaginer beau- peut se procurer également auprès
Tunisie), les déchets représentés coup de valorisations plus ou moins de I'EIER.
p a r l e phosphogypse posent de utiles (7),mais la plus prometteuse
sérieux problèmes d'environne- e s t représentée p a r les citernes 5/ DEVELOPPEMENTACTUEL
ment. E t jusqu'ici, leur valorisation enterrées. En effet, on constate la DE L'ADOBETON EN AFRIQUE
éventuelle SOUS forme de plâtre double correspondance suivante : ET CONCLUSION
destiné à la construction a toujours %olume de terre nécessaire à la
achoppé sur le coût de son indis- construction = volume de l'excava- 5 1' 't nr
pensable épuration. tion = capacité de la citerne = et ses variantes
Or avec l'adobéton, on peut juste- quantité d'eau tombant sur ladite
ment envisager un emploi sans épu- construction pendant la saison des L'adobéton est une technologie de
ration. En effet, le phosphoplâtre pluies dans ces régions (soit une construction de m u r s extérieurs
(plâtre tiré du phosphogypse par pluviométrie de 500 à 1000 mm par durables utilisée principalement au
simple chauffage) se prête aussi an environ multipliée par l'aire de Maroc et au Tchad.
bien que le plâtre au moulage. la toiture qui, en l'occurence sert
Il suffit simplement d'en maitriser d'impluvium) ; Cette technique est fiable et com-
la prise en y ajoutant, si nécessaire, :K capacité de la citerne = besoins plètement opérationnelle, du moins
un r e t a r d a t e u r courant comme minimaux journaliers en eau des avec les écailles épaisses, même si
l'urée agricole. occupants (selon la norme OMS de elle reste perfectible sur certains
Avec les écailles à l'extérieur (en 25 litres / personne x jour) multi- points de détail comme l'améliora-
béton ou en t e r r e cuite) e t un pliés par le nombre de jours d'une tion du traitement des angles et
enduit classique à l'intérieur, on saison sèche habituelle (7 mois, soit des ouvertures (pour ces dernières,
peut imaginer de réaliser des murs environ 200 jours). on s'oriente de plus en plus aujour-
maçonnés avec de tels blocs. Cepen- d'hui vers des joues et des appuis
dant, tout cela demeure théorique Par exemple, une construction en préfabriqués de faible épaisseur en
tant qu'un certain nombre de vérifi- adobéton de 100 m2 (en rez-de- béton légèrement armé).
cations indispensables - car de chaussée) demandera environ 50
nature sanitaire - n'auront pas été m3 de terre. C'est aussi le volume La principale action à mener désor-
menées. Le phosphogypse, en effet, de l'excavation que l'on valorise mais concerne la diffusion et la vul-
est un produit à manier avec pré- sous forme de citerne enterrée ; et garisation. C'est en ce domaine que
caution du fait de sa radio-activité on peut remplir celle-ci en une sai- vont porter les efforts de 1'EIER
naturelle (celle de la roche phos- son des pluies (50 m3 = 100 m2 x dans les mois qui viennent.
p h a t é e d'origine, m a i s est-elle 500 mm). Le message devrait être d'autant
supérieure à celle de nombre de On peut considérer par ailleurs que plus facilement reçu qu'avec la
pierres granitiques ?) et des traces la construction abrite une dizaine dévaluation du franc CFA et le ren-
d'éléments chimiques indésirables de personnes dont les besoins mini- chérissement du coût du ciment,
(surtout le chrome, mais à quelle maux en eau (norme OMS) sont de l'adobéton creuse l'écart sur le plan
concentration et SOUS quelle forme 25 x 10 = 250 litres par jour, soit micro-économique.
sont-ils éventuellement nuisibles ?). 250 litres x 200 jours = 50 m3 Pen-
dant toute la saison sèche. C'est L'adobriazle. quant à elle, demeure
La troisième persvective est de loin justement le volume de la citerne encore dans le domaine expérimen-
la plus intéressante. Elle provient ainsi associée à la construction. tal. Une production pilote d'écailles
de la très -grande variété de terres industrielles minces va commencer
utilisables dans l'adobéton, pourvu On peut donc imaginer, dans les à Ouagadougou. Leur mise e n
qu'elles aient une cohésion naturel- prochaines années, l'émergence oeuvre sera identique à celle des
le suffisante. Or c'est presque par- d'une ingénierie innovante spéciali- écailles minces e n béton (voir
tout le cas dans les régions sahé-. sée dans la production d'un habitat l'exemple du chantier d u musée
liennes et soudano-sahéliennes. En économique amélioré à la périphé- national du Tchad, place des Mar-
d'autres termes, on a très souvent rie de plusieurs grandes villes afri- t y r s à NDjaména).
Mais pour des raisons de distance A un niveau beaucoup plus pros- Les populations locales a y a n t
de transport, l'adobrique "indus- pectif, d ' a u t r e s variantes tech- demandé e t récupéré les moules
t rielle " r e s t e r a né ce ss aire m e n t niques sont envisagées avec des manuels à écailles à la fin des
limitée à un certain rayon autour écailles en plastique (traité contre chantiers, il est vraisemblable que
de l'usine de production. C'est pour- les U.V.) ou avec des blocs à base l'adobéton continue de s'y dévelop-
quoi une autre filière est en cours de plâtre tiré sans épuration des per ... dans l'anonymat.
de développement à I'EIER : l'ado- déchets industriels de phosphogyp- On doit aussi ajouter une opération
brique "rustique". se. récente : le musée national du
Tchad en plein N'Djaména avec des
Les écailles sont épaisses et mou- 5.b Point sur les constructions en murs épais parfois de près d'un
lées manuellement avec un petit adobéton m è t r e , les blocs de "poto-poto"
outil en bois. Ensuite, elles sont contenant beaucoup d'argile gon-
cuites dans un four semi-enterré On terminera par la présentation flante et n'étant pas stabilisés !
alimenté exclusivement par de la de quelques projets déjà menés à
paille ou de l'herbe fauchée, donc bien. E t on ajoutera quelques Au Burkina, on a réalisé pour le
sans bois. Bien entendu, la tempé- autres en cours ou en préparation. compte de 1'E.I.E.R. divers locaux
rature de cuisson (600°C environ de service ainsi que l'hôtellerie des
au lieu de 1000 à 1100°C:)est très Au Maroc, les principales construc- vacataires de passage, à la cité des
inférieure à celle des écailles indus- tions sont des maisons canton- 20 villas de professeurs (voir photo
trielles ; et la qualité de ces pro- nières réalisées pour le compte de de 4ème de couverture).
duits s'apparente plus à celle des la Direction d e s Equipements Concernant les principaux projets,
poteries traditionnelles comme les Publics (Ministère de 1'Equipement on notera surtout :
canaris. et de la Formation Professionnelle).
Aussi leur durabilité à long terme
doiklle être assurée par un traite- Au T c W , les principale opérations *** Architecte-constructeur:
ment de surface complémentaire menées**:K sont des bases Dhvto-
L I
Monsieur René S C H a E R .
comme, par exemple, une simple sanitaires d a n s 8 villes du pays ~ ~ -TCHAD ~ $
peinture à base de ciment. pour le compte de la FAO. Té1/ Fax : (235) 51 87 92

Gauff INGENIEURS CONSEILS


lngenieure 30 ans d'activités en Afrique
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Ouagadougou Bamako
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BP 13143 PO Box 8876 KampuIa
PO Box 201 Té1 23 13 54
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Conakry Dar Es Salam -
12 Rép. D. CONGO (Ex Zaïre)
BP 797 PO box 4651 Té1 287 12 Kinshasa
BP 2508 Tel 12/28262
-
10 TCHAD 13 - ZAMBIE
Nairobi N'Djaména Lusaka
PO BOX 49817- TéL 33 72 72 BP 23 PO Box 32817 Té1 25 29 32
* la construction d'une école près tation du cahier des charges et réa- diate ( O N G , projets, associations,
de Ouagadougou dans le cadre de liser un montage approprié des etc.),
la phase p i l o t e du projet opérations, ses principales caracté-
"FAVRESC" (Formation-Action de ristiques étant les suivantes : * introduction de spécifications
Villageois pour la Réalisation de particulières concernant l'encadre-
leurs Equipements Socio-Collec- * calendrier en phase avec le ryth- ment de chantier et son appui.
tifs). me du village (et donc des saisons),
Cette action est soutenue par le Le développement de l'adobéton -
* opérateur unique ayant la res-
FED et les coopérations autrichien- et d'autres techniques H I M O à
ponsabilité de l'animation villa-
ne, belge et néerlandaise. Elle vise base de matériaux locaux - passe
geoise, de la formation et de la
plusieurs objectifs dont les princi- autant sans doute par le respect de
qualité de l'exécution, donc
paux sont les suivants : ces conditions que par les diffé-
° formation technique des artisans * choix d'un opérateur moins sou- rentes actions de diffusion et de
dans les villages, mis qu'une entreprise classique à vulgarisation que l'on peut entre-
des impératifs de rentabilité immé- prendre. •
° emploi de t e c h n i q u e s H I M O
(haute intensité de main d'oeuvre)
et de m a t é r i a u x v é r i t a b l e m e n t REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
locaux,
(1) "Documents normatifs de l'adobéton et de l'adobrique"
° participation populaire à la réali-
Michel MARTIN
sation des équipements collectifs,
LPEE 1990 / EIER 1992.
° exemplarité sociale, technique et 8 pages (Cahier des Prescriptions Techniques) +11 pages (Cadre du Bordereau
financière des opérations devant des Prix) + 84 pages, dont 43 de figures (Recommandations Constructives)
assurer leur p r o m o t i o n et leur [Une version actualisée est en préparation].
répétabilité dans les villages voi-
sins ; (2) "Architectures et Technologies Africaines Contemporaines"
Michel MARTIN, René SCHÂRER, Jean-François TERRET
* la construction d'extensions du http://www.refer.org/faso_ct/accueil2.htm (Rubrique « Technologie »)
lycée technique de Maradi (Niger) Octobre 1997
dans le cadre d'une f o r m a t i o n - [Il y a une soixantaine de photos et une dizaine de figures. Attention au temps
action avec les élèves. de chargement si vous voulez tout voir !]

Des contacts préliminaires ont été (3) "Blocs de terre comprimée : équipements de production"
pris aussi pour la construction de Hugo HOUBEN, Vincent RIGASSI, Philippe GARNIER
plusieurs écoles au Mali dans le Editions du Centre pour le Développement Industriel ACP-CEE à Bruxelles
cadre d'un volet du Projet Educa- 1994 - 149 pages.
tion, plus particulièrement dans
des régions où une forte inertie (4) "Un matériau pour les constructions rurales : la brique bi-couche"
thermique s'impose et qui s'avèrent Jean-Michel GRESILLON, V.DOURTHE
E.I.E.R. Bulletin Technique №7
déficitaires en granulats (pour le
Juin 1981 - 32 pages.
béton) et en terre géotechnique-
ment convenable (pour la t e r r e (5) "Suivi du prototype adobéton de 1989 à El Kalaa des Sraghna"
compressée stabilisée). Toufîq MAHYAOUI, Mohammed EL KOTBI
Laboratoire Public d'Essais et d'Etudes (L.P.E.E.) Casablanca (Maroc)
5.c Conclusion Janvier 1995 - 13 pages.

On voit sur ces projets à court (6) * "L'adobéton, c'est super-banco !"
terme en adobéton la place centrale Michel MARTIN, Amidou OUEDRAOGO
qu'y occupent les constructions sco- Film d« sensibilisation tourné en HI8 et dupliqué en PAL
laires et l'importance de la forma- Avril 1997 - 12 minutes.
tion dans la mise en oeuvre.
Ceci implique sans doute, pour les (7) "Adobéton et habitat péri-urbain de moyenne densité"
constructions par entreprise clas- Michel MARTIN
sique, l'introduction de clauses par- Communication au Séminaire Habitat II à Istanbul
t i c u l i è r e s dans le cahier des Juin 1996 - 4 pages.
charges comme, notamment, une
(8) "Vers une ingénierie de l'habitat péri-urbain ?"
exigence de stabilité des maçons
Michel MARTIN
sur le chantier.
E.I.E.R.-Formation continue "Habitat Economique Amélioré"
Mais si, comme dans l'opération Avril 1997 - 7 pages.
F A V R E S C , le souci de formation (9) "Construction d'une maison-témoin en adobéton"
devient aussi important que l'impé- Michel MARTIN, Sidiki COULIBALY
ratif de construction, alors il faut E.I.E.R. - 1994.
aller plus loin qu'une simple adap- 74 pages+ 28 pages d'annexés.

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