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Electronique Analogique

Chap II : Amplificateur Opérationnel

Généralité
Amplificateur opérationnel en régime linéaire
Amplificateur opérationnel en régime saturé

Dr S. KONE
Ingénieur R&D – Electronique - Energies Renouvelables et Développement Durable
Amplificateur opérationnel
1 – Généralité
1.1. Structure et symbole
L’amplificateur opérationnel (AOP) est un circuit intégré obtenu par l’intégration sur
une même puce (substrat) des transistors, des résistances, des condensateurs et des diodes.
Il est présenté dans un boitier DIL (Dual In Line) comportant 8 broches:

Exple: 𝜇A 741

On distingue:
- Bornes 2 et 3: entrées e+ (non inverseuse) et e- (inverseuse).
- Borne 6: sortie S.
- Bornes 7 et 4: Bornes d’alimentation continue symétrique +
VCC et –VCC de l’ordre de 12 à 15V. ces bornes ne sont pas
+VCC toujours représentées sur le symbole.

e- - Bornes 1 et 7: bornes de compensation de défauts de l’AOP


3 7 S
6
(offset).
e+ 2 4
- Borne 8: borne non connectée. Elle ne sert à rien du point de
- VCC vue fonctionnement électrique.
Anglosaxon Européen

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Amplificateur opérationnel
1 – Généralité
1.1. Structure et symbole
La structure interne d’un amplificateur opérationnel est composée de plusieurs étages
d’amplification dont l’entrée est différentielle. Il amplifie donc la différence des tensions
appliquées aux entrées e+ et e-. Le signal de sortie vS est proportionnel à (v+ - v-), avec v+
signal appliqué à e+ et v- celui appliqué à e-.

Etage 1
Amplificateur différentiel qui agit comme
une source de courant commandée en
tension

Etage 2
Amplificateur à émetteur commun en
Darlington qui agit comme une source de
tension commandée en courant.
Etage 3
Amplificateur push-pull qui agit en source
de tension commandée en tension.

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Amplificateur opérationnel
1 – Généralité
1.2. Paramètres fondamentaux
Pour un amplificateur opérationnel (AOP), on définit:

§ La tension d’entrée différentielle : ℇ = 𝑣% − 𝑣'


𝑣+ 𝑣+
§ Le gain en tension différentiel : 𝐴)* = =
𝑣% − 𝑣' ℇ

𝑣% + 𝑣'
§ La tension d’entrée en mode commun : 𝑣-. =
2
§ La tension de sortie en mode commun : 𝑣+-.

☞ En effet, lorsqu’on applique une même tension aux entrées de l’AOP (ℇ = 0), on observe une
tension de sortie non nulle 𝑣+-. . L’AOP n’est donc pas idéal.
𝑣+-.
§ Le gain en tension en mode commun : 𝐴-. =
𝑣-.
𝑣% + 𝑣'
⤇ La tension de sortie réelle est: 𝑣+ = 𝐴)* . ℇ + 𝐴-. . 𝑣-. = 𝐴)* (𝑣% − 𝑣' ) + 𝐴-.
2
)4 %)5
☞ Le terme 𝐴-. traduit l’imperfection de l’AOP.
6
;<= ;<=
§ Le taux de rejection en mode commun : 𝑇89: = ;>?
ou 𝑇89: (𝑑𝐵) = 20. 𝑙𝑜𝑔 ;>?

☞ Le TRMC est le facteur de qualité de l’AOP.

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Amplificateur opérationnel
1 – Généralité
1.2. Paramètres fondamentaux
§ Impédance d’entrée différentielle : L’impédance « vue » entre les entrées e+ et e-.

𝜀
𝑍F* =
𝑖

§ Impédances d’entrée en mode commun : Impédances « vues » entre chaque entrée et la masse.

'
𝑣' %
𝑣%
𝑍-. = 𝑍-. =
𝑖' 𝑖%

' %
Si l’AOP est parfaitement symétrique, alors 𝑍-. = 𝑍-. = 𝑍-.

§ Impédance de sortie : lorsque l’AOP est alimenté par un système de tension aux entrées e+
et e-, on obtient à la sortie une tension 𝑣+ . Vu de la charge, le circuit peut être assimilé à

un générateur de Thévenin de fém 𝐴)* . 𝜀 et d’impédance interne Zs. Zs représente


l’impédance de sortie de l’AOP.

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Amplificateur opérationnel
1 – Généralité
1.2. Paramètres fondamentaux
§ Caractéristique de transfert : courbe Vs = f(𝛆).

Considérons le montage suivant. On alimente l’AOP


par un système de tensions +VCC et –VCC, puis on
relève les variations de la tension de sortie Vs en
fonction de ℇ = 𝑣% − 𝑣' .

Régime saturé
Elle comporte une zone linéaire et deux zones de
saturées (Vs = ± Vsat ) qui correspondent
Régime linéaire respectivement au régime linéaire et au régime
! saturé de l’AOP.
Tension de décalage § Vsat est légèrement inférieure à la tension de
(offset)
polarisation VCC.
§ En régime linéaire : 𝑣+ = 𝐴)* . ℇ
Régime saturé

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Amplificateur opérationnel
1 – Généralité
1.2. Paramètres fondamentaux
§ Caractéristique de transfert dynamique – Bande passante
En dynamique, le gain différentielle Avd n’est pas constante. Elle dépend de la fréquence.
Pour la plupart des AOP, la courbe du gain G = 20. 𝑙𝑜𝑔 𝐴)* a une allure qui s’apparente à une
fonction de transfert de type passe-bas du premier ordre.

- Fréquence de coupure fC à -3dB


- Bande passante [0, fC]

§ Vitesse de balayage (slew-rate)


La vitesse de balayage représente la vitesse de variation maximale du signal de sortie
que produire un AOP. Par exemple, si on applique une tension d’entrée en créneau à un AOP,
la réponse est une tension trapézoïdale caractérisée par la pente de sa vitesse de balayage.

∆𝑉+
Ve 𝑠= (en V/𝜇S)
∆𝑡
S : pente de la vitesse de balayage
VS ∆𝑡: temps de réaction de l’AOP.

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Amplificateur opérationnel
1 – Généralité
1.3. AOP idéal

Pour un AOP idéal, les paramètres fondamentaux deviennent :


§ Gain différentiel 𝐴)* = ∞, quelque soit la fréquence du signal.
§ Impédance d’entrée différentielle 𝑍F* = ∞
§ Impédance de sortie 𝑍Q = 0.
§ Taux de rejection en mode commun 𝑇89: = ∞
§ Une bande passante infinie 𝑓: = ∞
§ Le courant d’entrée 𝑖 = 0 (𝑖 ' = 𝑖 % = 0)
§ Tension d’entrée différentielle ℇ = 0 (𝑣% = 𝑣' )

§ Caractéristique de transfert :

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Amplificateur opérationnel
1 – Généralité
1.4. Modélisation de l’AOP
1.4.1. Modélisation avec le générateur de Thévenin

1.4.2. Modélisation avec le générateur de Norton

§ Pour l’AOP idéal: e- S

𝑍F* = ∞ e+

𝑍Q = 0 ⟺ !# !$
!"
ℇ=0

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Amplificateur opérationnel
1 – Généralité
1.5. Défauts de l’AOP
1.5.1. Tension de décalage ou tension d’offset
En l’absence d’une tension d’entrée, un AOP présente une tension de sortie non nulle.
Cela est dû aux dissymétries inévitables entre les deux transistors de l’étage différentielle
d’entrée (VBE et 𝛽 varient d’un transistor à l’autre) ainsi qu’à l’absence de condensateurs de
découplage entre les générateurs et le circuit intégré de l’AOP qui est aussi alimenté en
tension continue.
On représente ce défaut par l’ajout d’un générateur délivrant une tension Vd dite
tension de décalage sur l’une des entrées de l’AOP. La polarité de Vd n’est pas toujours
définie et son amplitude varie avec la température. Le constructeur définit la valeur
maximale de Vd à température ambiante (1 à 5 mV à 25°C).

Remarque : Il existe des montages pour compenser la tension de décalage (l’offset).

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Amplificateur opérationnel
1 – Généralité
1.5. Défauts de l’AOP
1.5.2. Courants de décalage
Les entrées e+ et e- sont traversées par des courants de polarisation de base des
transistors de l’étage d’entrée. Ces courants créent des différences de potentiel
supplémentaires entre les deux entrées.
On représente ces défauts par l’ajout de générateurs délivrant de courants i+ et i-
appelés courants de décalage.

Le constructeur définit:
U 4 %U 5
§ Le courant moyen de polarisation d’entrée : 𝑖T =
6
§ Le courant résiduel d’entrée (ou de différence) : 𝑖* = 𝑖 % − 𝑖 '

Remarque : les courants ip et id sont de l’ordre de qlq pA à qlq centaines de nA.

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Amplificateur opérationnel
2 – Amplificateur opérationnel en régime linéaire
Dans un montage à AOP, le fonctionnement en régime linéaire est assurée par le bouclage
de la sortie sur l’entrée inverseuse (Réaction négative ou contre réaction).
Nous allons étudier les principaux montages amplificateurs de base qui utilisent l’AOP en
régime linéaire. Ces montages illustrent des fonctions simples de l’électronique telles que
l’addition de deux signaux, l’intégration ou le filtrage d’un signal électrique.

On supposera l’AOP idéal, alors : ℇ = 0 (𝑣% = 𝑣' ), 𝑖 = 0 (𝑖 ' = 𝑖 % = 0), 𝑍F* = ∞, 𝑍Q = 0, …

2.1. Montage suiveur


C’est le plus simple des montages amplificateurs de base à AOP.

On a : Or : Le gain en tension :
§ 𝑣% = 𝑣F § ℇ = 𝑣% − 𝑣' = 0 𝑣Q
𝐴V = =1
§ 𝑣' = 𝑣Q ⤇ 𝑣Q = 𝑣F 𝑣F

§ La tension de sortie suit les variations de la tension d’entrée, d’où le nom « montage suiveur ».
§ L’AOP étant idéal, la résistance d’entrée 𝑅F = ∞ et la résistance de sortie 𝑅Q = 0.
⇒ Le principal intérêt de ce montage est l’adaptation d'impédance

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Amplificateur opérationnel
2 – Amplificateur opérationnel en régime linéaire
2.2. Montage inverseur
§ D’après le théorème de Millman
𝑣F 𝑣 𝑣F 𝑣
Z𝑅 + QZ𝑅 Z𝑅 + QZ𝑅
Y 6
𝑣' = Y 6 ⤇ 𝑣% = 𝑣' = 1 1
=0
1Z + 1Z Z𝑅 + Z𝑅
𝑅Y 𝑅6 Y 6

𝑣% = 0 𝑣Q 𝑅6
⤇ 𝐴V = =−
𝑣F 𝑅Y
§ ℇ = 0 → 𝑣% = 𝑣'

Les tensions Vs et Ve ont des signes opposés ( en opposition de phase).

2.3. Montage non inverseur


§ Pont diviseur de tension
R1, R2 et Vs forment un pont diviseur de tension et on prélève
V- aux bornes de R1.
𝑅Y 𝑅Y
𝑣' = .𝑣 ⤇ 𝑣% = 𝑣' = . 𝑣 = 𝑣F
𝑅Y + 𝑅6 Q 𝑅Y + 𝑅6 Q

𝑣% = 𝑣F 𝑣Q 𝑅6
⤇ 𝐴V = =1+
𝑣F 𝑅Y
Vs et Ve sont en phase et AV > 1.

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Amplificateur opérationnel
2 – Amplificateur opérationnel en régime linéaire
2.4. Montage sommateur ou additionneur
2.4.1. Sommateur inverseur

𝑣Y 𝑣 𝑣
Z𝑅 + 6Z𝑅 + QZ𝑅
Y 6
§ 𝑣% = 𝑣' ⤇ 1 =0
Z𝑅 + 1 Z𝑅 + 1Z
Y 6 𝑅

𝑣Y 𝑣6
⤇ 𝑣Q = −𝑅. +
𝑅Y 𝑅6

§ Pour R1 = R2 =R ⤇ 𝑣Q = − (𝑣Y + 𝑣6 )
§ Millman
Sommateur inverseur
𝑣Y 𝑣 𝑣
Z𝑅 + 6Z𝑅 + QZ𝑅
Y 6
𝑣' = § Généralisation pour n tensions d’entrée
1Z + 1Z + 1Z
𝑅Y 𝑅6 𝑅
]
𝑣U
𝑣% = 0 𝑣Q = −𝑅. \
𝑅U
U^Y

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Amplificateur opérationnel
2 – Amplificateur opérationnel en régime linéaire
2.4. Montage sommateur ou additionneur
2.4.2. Sommateur non inverseur

𝑣Y 𝑣
𝑅_ Z𝑅 + 6Z𝑅
§ 𝑣% = 𝑣' ⤇ . 𝑣Q = Y 6
𝑅_ + 𝑅` 1Z + 1Z
𝑅Y 𝑅6

𝑅_ + 𝑅` 𝑅Y 𝑅6 𝑣Y 𝑣6
⤇ 𝑣Q = . +
𝑅_ 𝑅Y + 𝑅6 𝑅Y 𝑅6

§ Pour R1 = R2 et R3 = R4 ⤇ 𝑣Q = (𝑣Y + 𝑣6 )
sommateur
§ Pont diviseur de tension
𝑅_
𝑣' = .𝑣
𝑅_ + 𝑅` Q

§ Millman
𝑣Y 𝑣
Z𝑅 + 6Z𝑅
Y 6
𝑣% =
1Z + 1Z
𝑅Y 𝑅6

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Amplificateur opérationnel
2 – Amplificateur opérationnel en régime linéaire
2.5. Montage soustracteur (Différentiel)

𝑣6 𝑣
𝑅6 Z𝑅 + QZ𝑅
_ `
§ 𝑣% = 𝑣' ⤇ 𝑅 + 𝑅 . 𝑣Y = 1
6 Y Z𝑅 + 1Z𝑅
_ `

𝑣6 𝑣Q 𝑅_ + 𝑅` 𝑅6
+ = . .𝑣
𝑅_ 𝑅` 𝑅_ 𝑅` 𝑅6 + 𝑅Y Y

𝑣Q 𝑅_ + 𝑅` 𝑅6 𝑣6
§ Millman = . . 𝑣Y −
𝑅` 𝑅_ 𝑅` 𝑅6 + 𝑅Y 𝑅_
𝑣6 𝑣
Z𝑅 + QZ𝑅
_ `
𝑣' = 𝑅` 𝑅6 𝑅`
1Z + 1Z 𝑣Q = 1 + . . 𝑣Y − 𝑣6
𝑅_ 𝑅` 𝑅_ 𝑅6 + 𝑅Y 𝑅_

§ Pont diviseur de tension


§ Pour R1 = R2 et R3 = R4 ⤇ 𝑣Q = (𝑣Y − 𝑣6 )
𝑅6
𝑣% = .𝑣
𝑅6 + 𝑅Y Y

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Amplificateur opérationnel
2 – Amplificateur opérationnel en régime linéaire
2.6. Montage dérivateur

§ D’après Millman
𝑑𝑣F 𝑣Q 𝑑𝑣F 𝑣Q
𝐶 + Z𝑅 § 𝑣% = 𝑣' ⤇ 𝐶 + Z𝑅 = 0
𝑣' = 𝑑𝑡 𝑑𝑡
1Z + 1Z
𝑅 :𝑅
𝑑𝑣F
⤇ 𝑣Q = −𝑅𝐶
𝑣% = 0 𝑑𝑡

La tension de sortie est proportionnelle à la dérivée de la tension d’entrée avec, en plus, un


changement de signe. Le montage dérivateur est aussi inverseur.

§ En régime sinusoïdal, l’analyse précédente devient:


𝑣F 𝑣Q
+ Z𝑅 𝑣Q
𝑍:
𝑣' = et 𝑣% = 0 ⤇ 𝐴V (𝜔) = = −𝑗𝑅𝐶𝜔
1Z + 1Z 𝑣F
𝑍: 𝑅
𝑣F 𝑣Q Y 𝜔
§ 𝑣% = 𝑣' ⤇ + Z𝑅 = 0 § Si on pose 𝜔d = ⤇ 𝐴V 𝜔 = −𝑗
𝑍: 8: 𝜔d

⤇ 𝑣Q = −𝑗𝑅𝐶𝜔𝑣F Le montage dérivateur est équivalant à un filtre passe haut


du 1er ordre.

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Amplificateur opérationnel
2 – Amplificateur opérationnel en régime linéaire
2.7. Montage intégrateur

§ D’après Millman

𝑣F 𝑑𝑣 𝑑𝑣Q 𝑣F
Z𝑅 + 𝐶 Q § 𝑣% = 𝑣' ⤇ 𝐶 + Z𝑅 = 0
𝑣' = 𝑑𝑡 𝑑𝑡
1Z + 1Z
𝑅 𝑅 : 𝑑𝑣+ 1
⤇ =− 𝑣
𝑣% = 0 𝑑𝑡 𝑅𝐶 F

1
⤇ 𝑣+ = − e 𝑣F 𝑑𝑡
𝑅𝐶

La tension de sortie est proportionnelle à l’intégrale de la tension d’entrée avec, en plus, un


changement de signe. Le montage intégrateur est aussi inverseur.

§ En régime sinusoïdal, on établit que:


1
𝑣 1 Si on pose 𝜔d =
Y 𝐴V 𝜔 = − 𝜔
⤇ 𝐴V 𝜔 = Q = − 8:

𝑗
𝑣F 𝑗𝑅𝐶𝜔 𝜔d

Le montage intégrateur est équivalant à un filtre passe bas du 1er ordre.

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Amplificateur opérationnel
2 – Amplificateur opérationnel en régime linéaire
2.7. Montage intégrateur (suite)

En pratique, aux très basses fréquences ou en continu, le gain du montage intégrateur


⎪Av(𝛚)⎪ devient très grand. Il faut donc le limiter en plaçant une résistance R0 de très
forte valeur en parallèle avec le condensateur C, créant ainsi une fréquence de coupure f0.

1
𝑓d =
2𝜋𝑅d 𝐶

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Amplificateur opérationnel
3 – Amplificateur opérationnel en régime saturé
Dans un montage à AOP, le fonctionnement en régime saturé (régime non linéaire) est
assurée par le bouclage de la sortie sur l’entrée non inverseuse (Réaction positive). Dans ce
cas ℇ ≠ 0 et la sortie de l’AOP ne peut prendre que deux valeurs +Vsat et -Vsat qui
correspondent respectivement aux tensions de saturation positive et négative.

Pour ℇ < 0 ⇒ Vs = - Vsat


Pour ℇ > 0 ⇒ Vs = + Vsat

Vu que l’AOP ne peut prendre que deux valeurs de tension en sortie, les montages
utilisant l’AOP en régime de saturation peuvent être interfacés avec des circuits logiques
qui ne connaissent, eux aussi, que deux états.
Nous allons étudier ici quelques montages dans lesquels l’AOP fonctionne en régime de
saturation.

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Amplificateur opérationnel
3 – Amplificateur opérationnel en régime saturé
3.1. Le comparateur simple
Le comparateur simple compare une tension d'entrée Ve à une tension de référence
Vref. Selon que la valeur du signal d'entrée Ve est supérieure ou inférieure à la référence,
la tension de sortie prendra l’une des valeurs +Vsat ou -Vsat .

Considérons le comparateur non inverseur (Ve sur l'entrée +). Notons que l’AOP
fonctionne en régime non linéaire (régime de saturé) puisqu'il n’y a pas de bouclage sur
l'entrée inverseuse.

Pour Vref = 0, si Ve > 0 ⇒ VS = +Vsat sinon VS = -Vsat

NB : Pour le comparateur inverseur (Ve sur l'entrée -), on aura le raisonnement inverse.

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Amplificateur opérationnel
3 – Amplificateur opérationnel en régime saturé
3.1. Le comparateur simple
Si on applique en entrée du comparateur simple une tension sinusoïdale Ve et une
tension Vref constante, l’oscillogramme des tensions d'entrée et de sortie est donné par la
figure suivante.

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Amplificateur opérationnel
3 – Amplificateur opérationnel en régime saturé
3.2. Le comparateur à hystérésis ou Trigger de SCHMITT
Le comparateur à hystérésis compare deux tensions. La sortie prendra l’une des
valeurs +Vsat ou -Vsat suivant la différence des tensions appliquées. Le basculement d’une
valeur à l’autre de la sortie s’effectue lorsque ℇ = 𝑣% − 𝑣' = 0.
Soit le montage trigger Schmitt inverseur suivant:

§ Analyse:
Ø Pont diviseur de tension
𝑅Y
𝑣% = 𝑣jFk = .𝑣
𝑅Y + 𝑅6 Q D’où ℇ = 𝑣jFk − 𝑣F
Ø 𝑣' = 𝑣F

Le comparateur à hystérésis compare donc la tension Ve à une tension de référence Vref.


Ainsi:
§ Pour 𝜺 > 0 ⇒ la sortie est saturée positivement, donc VS = +Vsat
𝑅Y
Ø La tension réinjectée à l’entrée non inverseuse est: 𝑣% = 𝑣jFkY = .𝑉
𝑅Y + 𝑅6 Qmn
Tant que 𝜺 > 0 càd Ve < Vref1, la sortie reste à VS = +Vsat. Le basculement de la sortie de +Vsat
à –Vsat a lieu à la tension seuil Vref1.

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Amplificateur opérationnel
3 – Amplificateur opérationnel en régime saturé
3.2. Le comparateur à hystérésis ou Trigger de SCHMITT
§ Pour 𝜺 < 0 ⇒ la sortie est saturée négativement, donc VS = -Vsat
𝑅Y
Ø La tension réinjectée à l’entrée non inverseuse est: 𝑣% = 𝑣jFk6 = − .𝑉
𝑅Y + 𝑅6 Qmn
Tant que 𝜺 < 0 càd Ve > Vref2, la sortie reste à VS = -Vsat. Le basculement de la sortie de -Vsat
à +Vsat a lieu à la tension seuil Vref2.
On obtient donc l’oscillogramme et le cyclogramme du comparateur à hystérésis suivant:

Oscillogramme Vs = f(Ve) Cyclogramme Vs = f(Ve)

Le cyclogramme présente un « hystérésis » entre les deux seuils de basculement Vref1 et


Vref2. Sa largeur vaut : 2𝑅Y
∆𝑣F = 𝑣jFkY − 𝑣jFk6 = .𝑉
𝑅Y + 𝑅6 Qmn

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Amplificateur opérationnel
3 – Amplificateur opérationnel en régime saturé
3.2. Le comparateur à hystérésis ou Trigger de SCHMITT
q En résumé
§ Le comparateur à hystérésis est une bascule bistable à deux seuils de déclanchement.
Il transforme un signal analogique quelconque en un signal numérique carré. De ce fait, il
est utilisé comme dispositif de mise en forme.
§ Le symbole du trigger Schmitt:
Inverseur

Non inverseur

§ Exemple de circuit intégré de trigger Schmitt inverseur: TTL 7414 et CMOS 40106B

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Amplificateur opérationnel
3 – Amplificateur opérationnel en régime saturé
3.3. Le multivibrateur astable
Le multivibrateur est un générateur autonome de signal carré. Il est obtenu à partir
d’un Trigger de Schmitt associé à circuit RC. La réaction positive est assurée par les
résistances R1 et R2 et la réaction négative par le circuit R C.

+VCC

VC
-VCC

Le système fonctionne de façon autonome càd sans signal d’entrée extérieur et entre
spontanément en oscillation dès la mise sous tension ±VCC. Le basculement de la sortie se
fait entre deux états instables de saturation VS = ±Vsat. D’où son nom astable (qui n’a pas
d’état stable). Le multivibrateur astable est un oscillateur à relaxation.

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Amplificateur opérationnel
3 – Amplificateur opérationnel en régime saturé
3.3. Le multivibrateur astable
3.3.1. Fonctionnement
Considérons qu’à la mise sous tension (à t = 0), la sortie est à la saturation haute +Vsat.
8o
Alors 𝑣% = . 𝑉Qmn . Une fraction de la tension de sortie est injectée dans le circuit RC
8o %8p

et le condensateur se charge avec la constante de temps RC. Lorsque la tension à ses

bornes VC (= V-) atteint V+, la tension différentielle 𝛆 change de signe et la sortie bascule
à la saturation basse -Vsat.
8o
Ainsi, la nouvelle valeur de V+ devient 𝑣% = − .𝑉 . Le condensateur C a tendance à
8o %8p Qmn

inverser sa charge, il se décharge alors jusqu’à ce que sa tension VC (= V-) atteigne V+. La
sortie bascule de nouveau à la saturation haute +Vsat et un nouveau cycle commence.

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Amplificateur opérationnel
3 – Amplificateur opérationnel en régime saturé
3.3. Le multivibrateur astable
3.3.1. Fonctionnement (suite)
On déduit donc l’oscillogramme présenté sur la figure suivante:

La tension de sortie est obtenue sans application d’une tension d’entrée appliquée au
système. On a donc un générateur de signal carré caractérisé par sa période T.

28
Amplificateur opérationnel
3 – Amplificateur opérationnel en régime saturé
3.3. Le multivibrateur astable
3.3.2. Période d’oscillation
La période d’oscillation du multivibrateur est déterminée à partir de l’équation de la
charge du condensateur qui est, d’une manière générale, de la forme :
o
𝑣: 𝑡 = 𝐴. 𝑒 ' rs n + 𝐵

v Déterminons les constantes A et B


§ Conditions initiales: Supposons que l’instant t = 0 correspond à un basculement de la
sortie à +Vsat, on a:
𝑅Y
ℇ=0 ⇒ 𝑣' = −𝑣% = 𝑣: (0) = − .𝑉
𝑅Y + 𝑅6 Qmn
𝑅Y
⇒ 𝑣: 0 = 𝐴 + 𝐵 = − 𝑅 + 𝑅 . 𝑉Qmn (1)
Y 6

§ Régime permanent (t→∞): S’il n’y avait pas basculement, le condensateur se


chargerait jusqu’à VC = +Vsat. On a donc:
⇒ 𝑣: ∞ = 𝐵 = 𝑉+mn (2)

2𝑅Y 𝑅6 ' Y n
D’après (1) et (2): 𝑣: 𝑡 = 𝑉+mn 1 − . 𝑒 8:
𝑅Y + 𝑅6

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Amplificateur opérationnel
3 – Amplificateur opérationnel en régime saturé
3.3. Le multivibrateur astable
3.3.2. Période d’oscillation (suite)
Soit t1, le temps de charge nécessaire pour que la tension aux bornes du condensateur VC
8o
atteigne 𝑣% = .𝑉 .
8o %8p Qmn

A t = t1 : 𝑣: 𝑡Y = 𝑣%

2𝑅Y 𝑅6 ' Y no 𝑅Y
𝑉
⇒ +mn 1 − . 𝑒 8: = .𝑉
𝑅Y + 𝑅6 𝑅Y + 𝑅6 Qmn

2𝑅Y
On obtient : 𝑡Y = 𝑅𝐶 ln 1 +
𝑅6
𝑇
On a : 𝑡Y =
2

2𝑅Y
D’où : 𝑇 = 2𝑅𝐶 ln 1 +
𝑅6

En agissant sur la valeur de la résistance R, on peut faire varier la fréquence 1/T du


multivibrateur. On obtient ainsi un système à fréquence variable.

30
Amplificateur opérationnel

fin

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