Département Génie Electrique

Filières GE et GIM

Amplificateur opérationnel
Introduction

L’amplificateur opérationnel est un circuit intégré qui entre dans la constitution de nombreux
montages électroniques. C’est un circuit intégré à entrées symétriques et à sortie non
symétrique dont les paramètres dynamiques principaux dans la bande passante se rapprochent
de ceux d'un amplificateur idéal (gain en tension infiniment grand, résistance d'entrée
infiniment grande et résistance de sortie nulle). La dénomination "opérationnel" est historique.
Elle provient du fait que les amplificateurs à tels paramètres (presque idéaux) étaient utilisés
avant même l'apparition des circuits intégrés dans les ordinateurs analogiques pour effectuer
des opérations mathématiques (addition, soustraction, différentiation, intégration. etc....) sur
des tensions et des courants. Aujourd'hui, les calculs mathématiques s'effectuent clans la
plupart des cas avec des ordinateurs numériques. Néanmoins, le rôle des amplificateurs
opérationnels est devenu beaucoup plus important. Ce sont les circuits intégrés analogiques
les plus utilisés à cause de leur universalité, leur simplicité et leur performance.

L’amplificateur opérationnel a deux régimes de fonctionnement linéaire et non linéaire.

I- Schéma électrique.

+Vcc(7)
1 8
e-(2) - Vs (6)
2 7
e+(3) +
3 6
-Vcc (4)
4 5

Fig1

C’est un amplificateur de différence. La représentation symbolique nous montre deux entrées

et une sortie.
𝑒 + : entrée non inverseuse
𝑒 − : entrée inverseuse
Vs : tension de sortie
La tension de sortie Vs est donnée par la relation :
Vs = Ad ( e+ - e-) + Ac (e+ +e-)
Ad ( e+ - e-) : terme differential
Ac (e+ + e-) : terme de mode commun.
Ad : gain en mode différentiel
Ac : gain en mode commun.
Pour un amplificateur idéal, le gain s’écrit Vs = Ad ( e+ - e-), le terme Ac (e+ + e-) est un défaut
de l’AO, on mesure ce défaut en introduisant la notion du taux de réjection du mode commun.
𝐴
𝑇. 𝑅. 𝑀. 𝐶 = 20𝑙𝑜𝑔 | 𝐴𝑑 | (exprimé en décibels dB)
𝑐

II- Caractéristiques d’un amplificateur opérationnel.

1- Amplificateur opérationnel réel.

Il est caractérisé par :
- Un gain en tension en boucle ouverte de l’ordre de 10 5
- Une impédance d’entrée (Ze ≈ 2 ×105Ω )
- Une impédance de sortie (Zs = 50 Ω)
- Un taux de réjection du mode commun très élevé (70 à 100 dB)
2- Amplificateur opérationnel idéal.
Il est caractérisé par :
- Un gain différentiel infini
Donc ɛ = 𝑒 + − 𝑒 − = 0 ⇒ 𝑒 + = 𝑒 −
- Une impédance d’entrée infinie.
Donc les courant d’entrées sont nuls ⇒ 𝑖 + = 𝑖 − = 0
- Une impédance de sortie nulle. (Zs = 0).
- Un T.R.M.C infini.
3- Caractéristique : 𝑉𝑠 = 𝐴(𝑒 + − 𝑒 − ) = 𝐴ɛ
Cette représentation est caractérisée par trois zones.
- Une zone de fonctionnement linéaire très étroite.
Lorsque −ɛ𝑚 ≤ ɛ ≤ ɛ𝑚 ⇒ 𝑣𝑠 = 𝐴ɛ
- Une zone de saturation positive.
Lorsque ɛ > ɛ𝑚 ⇒ 𝑣𝑠 = 𝑣𝑠𝑎𝑡
 - Une zone de saturation négative.
Lorsque ɛ < − ɛ𝑚 ⇒ 𝑣𝑠 = −𝑣𝑠𝑎𝑡
Vs

Vsat

-Em E

+Em

- Vsat

Fig.2

Donc pour que l’amplificateur opérationnel fonctionne en régime linéaire, il faut

que ɛ = 𝑒 + − 𝑒 − doit rester très faible, et on aura : 𝑉𝑠 = 𝐴(𝑒 + − 𝑒 − ) = 𝐴ɛ

4- Caractéristique d’un amplificateur opérationnel idéal.

Le fonctionnement linéaire est caractérisé par ɛ = 0.

Vs

Vsat

- Vsat

Fig.3
5- Fonctionnement linéaire.
On démontre que la présence d’une boucle de contre – réaction, c.-à-d. une connexion
par l’intermédiaire d’un dipôle conducteur entre la borne de sortie et l’entrée
inverseuse, assure automatiquement un fonctionnement linéaire à l’AO.

III- Montages fondamentaux à AO.

A- Cas de fonctionnement linéaire.
On suppose que l’AO est idéal, lors de cette étude.
1- Montage suiveur (Adaptateur d’impédance).
L’AO présente une grande impédance d’entrée, et une faible impédance de sortie.
Dans le cas idéal 𝑍𝑒 = ∞ 𝑒𝑡 𝑍𝑠 = 0

+
Ve Vs

Fig.4
Le fonctionnement linéaire est assuré par la connexion entre e- et Vs.
𝑒 + = 𝑣𝑒 𝑣𝑠
⇒ ɛ =0 donc e+ = e- or { − ⇒ 𝑣𝑠 = 𝑣𝑒 ⇒ 𝐴𝑣 = =1
𝑒 = 𝑣𝑠 𝑣𝑒

2- Amplificateur inverseur
- Schéma du montage.

R2
i2

R1
i1
-
Ve

+ Vs

Fig.5
 L’AO est idéal donc 𝑖 + = 𝑖 − = 0 et on a un fonctionnement linéaire ⇒ ɛ=0
𝑣𝑒 𝑣
Donc 𝑒 + = 𝑒 − = 0 𝑒𝑡 𝑖1 = 𝑖2 ⇒ =− 𝑠
𝑅1 𝑅2
𝑣𝑠 𝑅2
Donc le gain en tension est donné par 𝐴𝑣 = =−
𝑣𝑒 𝑅1

3- Amplificateur non inverseur.

- Schéma du montage

R2

R1

+ Vs
Ve

Fig.6
L’amplificateur opérationnel est idéal et fonctionne en régime linéaire.
Donc 𝑖 + = 𝑖 − = 0 𝑒𝑡 𝑒 + = 𝑒 −
En appliquant le diviseur de tension appliqué à e- on obtient :
𝑅1 𝑣𝑠 𝑅 𝑣
𝑒− = or 𝑒 − = 𝑣𝑒 ⇒ 𝑣𝑒 = 𝑅 1+𝑅𝑠
𝑅1 +𝑅2 1 2

𝑣𝑠 𝑅1 + 𝑅2 𝑅2
𝐷𝑜𝑛𝑐 𝐴𝑣 = = =1+
𝑣𝑒 𝑅1 𝑅1

4- Amplificateur différentiel discret

- Schéma du montage.
kR

R
-
V2 +
R' Vs
V1
KR'

Fig.7
 Le théorème de Millman appliqué à l’entrée inverseuse nous donne :
𝑣2 𝑣𝑠
+ 𝑘𝑣2 + 𝑣𝑠
𝑒 − = 𝑅 𝑘𝑅 =
1 1 𝑘+1
𝑅 + 𝑘𝑅
En appliquant le diviseur de tension à l’entrée inverseuse, on obtient :

𝑣1 𝑘𝑅′ 𝑘𝑣1
𝑒+ = ′ ′
=
𝑅 + 𝑘𝑅 𝑘+1
𝑘𝑣1 𝑘𝑣 +𝑣
En fonctionnement linéaire nous avons : ɛ = 0 ⇒ 𝑒 + = 𝑒 − ⇒ = 2 𝑠
𝑘+1 𝑘+1
⇒ 𝑣𝑠 = 𝑘(𝑣1 − 𝑣2)

5- Sommateur inverseur ou additionneur

- Schéma du montage.
i
i1 R
V1 R
i2
V2 R -
i3
V3 R + Vs

Fig.8
On suppose que l’AO est idéal ⇒ 𝑖 = 𝑖 − = 0
+

Et fonctionne en régime linéaire ⇒ ɛ = 0 ⇒ 𝑒 + = 𝑒 −

−𝑣𝑠 𝑣1 𝑣2 𝑣3
D’après la loi des nœuds, on a 𝑖 = 𝑖1 + 𝑖2 + 𝑖3 ⇒ = + +
𝑅 𝑅 𝑅 𝑅
Donc 𝑣𝑠 = −(𝑣1 + 𝑣2 + 𝑣3 )

6- Circuit intégrateur
- Schéma du montage

C
i

R Vc
-
Ve + Vs
 Fig.9
L’équation qui lie la tension de sortie à la tension d’entrée est une équation
différentielle.
𝑣𝑒
𝑣𝑒 = 𝑅𝑖 ⇒ 𝑖 =
𝑅
Et d’autre part 𝑣𝑠 + 𝑣𝑐 = 0 ⇒ 𝑣𝑠 = −𝑣𝑐
1 1 𝑣𝑒 1
𝑣𝑠 = − ∫ 𝑖𝑑𝑡 = − ∫ 𝑑𝑡 = − ∫ 𝑣𝑒 𝑑𝑡
𝑐 𝑐 𝑅 𝑅𝐶
Le montage constitue donc un intégrateur.

7- Dérivateur
- Schéma du montage.

R
i

i C
-
Ve Vc
+ Vs

Fig.10

On a 𝑒 + = 𝑒 − (fonctionnement linéaire)
1 𝑑𝑣𝑒 𝑖
𝑣𝑒 = 𝑣𝑐 = ∫ 𝑖 𝑑𝑡 ⇒ =
𝑐 𝑑𝑡 𝑐
𝑑𝑣𝑒 𝑑𝑣𝑒
Or 𝑖=𝐶 et on a aussi 𝑣𝑠 = −𝑅𝑖 ⇒ 𝑣𝑠 = −𝑅𝐶
𝑑𝑡 𝑑𝑡
Le montage constitue donc un dérivateur.

B- Cas de fonctionnement non linéaire.

En l’absence d’une boucle de contre-réaction, l’amplificateur opérationnel ne
fonctionne plus en régime linéaire, ce nouveau type de fonctionnement en
régime non linéaire, nous permet de réaliser d’autres montages.
1- Fonctionnement en comparateur
Compte tenu du gain en tension trop élevé de l’AO, et la zone étroite de
linéarité, un AO démuni d’une boucle de contre réaction possède un
fonctionnement caractérisé par :
𝑠𝑖 𝑒 + > 𝑒 − ⇒ 𝑣𝑠 = 𝑣𝑚𝑎𝑥 = 𝑉𝑠𝑎𝑡 ≈ 𝑉𝑐𝑐
𝑠𝑖 𝑒 + < 𝑒 − ⇒ 𝑣𝑠 = 𝑣𝑚𝑖𝑛 = −𝑉𝑠𝑎𝑡 ≈ −𝑉𝑐𝑐
- Schéma de principe

e- -
Vs

+
e+

Fig.11
Ce type de fonctionnement s’apparente à une opération de comparaison
entre les deux tensions d’entrées 𝑒 + 𝑒𝑡 𝑒 − .
Les niveaux des tensions V min et Vmax sont en général proches de –Vcc et
+Vcc.
2- Exemples de comparateurs
i- Exemple 1.
Schéma du montage

Vs

+Vsat

+
Vs
Ve
Ve
-
-Vsat

Fig. 12 Fig. 13

ii- Exemple 2. Ve(t) = V0 sin(ωt)

Schéma du montage
Ve
V0

+
Vs
Ve
Vs
- Vsat

-Vsat

Fig.14
 Fig.15

3- Translation du point de basculement

i- Comparateur à point positif

Ve +
Vcc -
R1 Vs

R2

Fig.16

𝑹𝟐 𝑽𝒄𝒄 +Vsat
𝑽𝒓𝒆𝒇 =
𝑹𝟏 + 𝑹𝟐
Ve
𝑺𝒊 𝒗𝒆 > 𝒗𝒓𝒆𝒇 ⇒ 𝒗𝒔 = 𝒗𝒔𝒂𝒕
Vref
𝑺𝒊 𝒗𝒆  𝒗𝒓𝒆𝒇 ⇒ 𝒗𝒔 = −𝒗𝒔𝒂𝒕

-Vsat

Fig.17

ii- Comparateur à point négatif

Ve +
-Vcc -
R1 Vs

R2

−𝑹𝟐 𝑽𝒄𝒄
𝑽𝒓𝒆𝒇 =
𝑹𝟏 + 𝑹𝟐
 Vs
+Vsat

𝑺𝒊 𝒗𝒆 > 𝒗𝒓𝒆𝒇 ⇒ 𝒗𝒔 = 𝒗𝒔𝒂𝒕

𝑺𝒊 𝒗𝒆  𝒗𝒓𝒆𝒇 ⇒ 𝒗𝒔 = −𝒗𝒔𝒂𝒕 Ve
Vref

-Vsat

Fig.18

4- Bascule de Schmitt.
Schéma de principe

-
Ve +
Vs

R1
R2

Fig.19

𝑅2
On pose 𝛼 =
𝑅1 +𝑅2
- Si la sortie est saturée positivement, la tension de référence appliquée à l’entrée
𝑅2
non inverseuse est 𝑉𝑟𝑒𝑓 = 𝑉 = 𝛼 𝑉𝑐𝑐
𝑅1 +𝑅2 𝑐𝑐
- Si la sortie est saturée négativement, la tension de référence est donnée par la
−𝑅2
relation suivante. 𝑉𝑟𝑒𝑓 = 𝑉 = −𝛼 𝑉𝑐𝑐
𝑅1 +𝑅2 𝑐𝑐
Ces tension de référence.

Ces tensions de référence αV sat et -αVsat sont appelés points de basculement.

PSB = αVsat : point supérieur de basculement
PIB = - αVsat : point inférieur de basculement
Caractéristique : Vs = f(Ve).
 Vs
+Vsat

PSB
Ve
PIB

-Vsat

Fig.20

La tension de sortie reste dans un niveau donné jusqu’à ce que l’entrée dépasse
la tension de référence de ce niveau.

- Si la sortie est saturée positivement, la tension de référence est V ref = αVsat. Il faut
donc augmenter Ve jusqu’à Ve dépasse Vref (Ve > Vref ) ; alors e+ devient
inférieure à Ve et la tension de sortie Vs passe au niveau bas.
Une fois la sortie au niveau bas, elle y demeure jusqu’à ce que la tension d’entrée
devient plus négative que – αVsat ; alors la tension de sortie Vs passe du niveau bas
au niveau haut.

1- Applications de la bascule de Schmitt.

a- Conversion d’un signal sinusoïdale à un signal rectangulaire.
𝑅2
Soit α =
𝑅1 +𝑅2
𝑣𝑒(𝑡) = 𝑉0 𝑠𝑖𝑛𝜔𝑡 𝑎𝑣𝑒𝑐 𝑉0 > 𝑃𝑆𝐵

𝑃𝑆𝐵 = 𝛼𝑉𝑠𝑎𝑡 𝑒𝑡 𝑃𝐼𝐵 = −𝛼𝑉𝑠𝑎𝑡

Une bascule de Schmitt soumise à un signal sinusoidale dont la valeur maximale

dépasse le point de basculement supérieur PSB, donne à sa sortie, un signal
rectangulaire de même fréquence que le signal d’entrée.
 Vs

Vsat Ve
V0
PSB

PIB
-V0

-Vsat

Fig.21

b- Multivibrateur astable (oscillateur à relaxation)

- Schéma du montage

C
-
+ Vs

R2
R1

Fig22

On n’applique aucun signal d’entrée à l’oscillateur, mais ce dispositif délivre

néanmoins un signal rectangulaire à sa sortie.
- Analyse du fonctionnement :
Supposons que la sortie est en saturation positive (Vs = +Vsat). Le condensateur se
charge, et sa tension croit de façon exponentielle vers +Vsat = Vcc qu’il n’atteindra
jamais, parce que sa tension atteint le PSB = +𝛼𝑉𝑠𝑎𝑡 . Alors la tension de sortie
bascule à –Vsat, et le condensateur inverse son sens de charge ( il se décharge).
 la tension du condensateur du condensateur décroit de façon exponentielle vers –
Vsat qu’il n’atteindra jamais, car sa tension atteind le PIB = −𝛼𝑉𝑠𝑎𝑡 , la tension de
sortie bascule alors et revient à +vsat = +Vcc.
La tension de sortie du multivibrateur astable à base d’AO est une tension
rectangulaire en raison de la charge et de la décharge du condensateur qui se répète
indéfiniment.

Vs
Vc

+Vsat

PSB

PIB

-Vsat

Fig.23
En appliquant les lois de charge et de décharge exponentielles du condensateur et en
développant des calculs, on abouti à l’expression de la période du signal rectangulaire
de sortie.
1+𝛼
𝑇 = 2𝑅𝐶𝐿𝑛( ).
1−𝛼

Avec T : période de l’oscillateur à relaxation.

R : Résistance de réaction
C : Capacité du condensateur
𝑅2
α : taux de réaction α = .
𝑅1 +𝑅2