CHAPITRE 3

Applications de la diode

Objectif du chapitre

Dans ce chapitre on s’intéresse au rôle de la diode dans la fonction de

redressement et autres spécificités. A la fin de ce chapitre, l’étudiant doit
connaître :
• le montage, le fonctionnement et la performance du redressement
mono-alternance ;
• le montage, le fonctionnement et la performance du redressement
double alternance que se soit avec un transformateur à point milieu
ou en pont de Graëtz ;
• l’effet et les performances du filtrage avec les deux types de redresse-
ment.

3.1 Définition

La conversion du courant alternatif en courant continu se réalise par un

convertisseur appelé redresseur. Le redressement est l’une des applications
de la diode.

Figure 3.1 – Symbole d’un bloc redresseur

Avant le redresseur, on a presque toujours un transformateur qui sert à

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abaisser la tension du secteur et à isoler les montages du secteur. Les dif-

férents montages du redressement seront étudiés sur une charge résistive.

3.2 Redressement mono-alternance

Ce type de redressement permet de supprimer l’alternance négative

d’un signal en conservant l’alternance positive.

3.2.1 Montage

La figure 3.2 présente le montage du redressement mono-alternance.

La tension e(t) varie sous la forme : e(t) = Emax sin ωt

Figure 3.2 – Redressement simple alternance

3.2.2 Fonctionnement et chronogramme

Quand la tension aux bornes du secondaire du transformateur dépasse

la tension de seuil de la diode D, celle-ci conduit. La tension aux bornes
de la charge R est alors égale à la tension aux bornes du transformateur
moins la tension directe Vf de la diode, soit en moyenne 0,7 V.
Quand la tension aux bornes du transformateur devient inférieure à
la tension de seuil, la diode est bloquée ; il ne subsiste que le courant de
saturation qui est négligeable en comparaison du courant direct. La tension
aux bornes de la diode est alors égale à celle aux bornes du transformateur.
La figure 3.3 donne l’allure des différentes tensions du montage ainsi
que l’allure du courant dans la charge (pour une diode idéale).

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Figure 3.3 – Allure des différentes grandeurs dans un redressement mono-

alternance

3.2.3 Performances du redresseur

Du fait que l’objectif du redressement est d’obtenir une tension constante

à partir d’une tension sinusoïdale, Il y a lieu de quantifier le degré de réa-
lisation de cet objectif. En effet, le signal obtenu à la sortie du redresseur
(figure 3.3) contient une composante continue (valeur moyenne Umoy du
signal ) à la quelle est superposée une ondulation uond (de valeur moyenne
nulle ). on a :
u(t) = Umoy + uond (t) (3.1)

La tension u(t) est périodique de période T. Sa valeur moyenne est :

1 Z T Emax
Umoy = u(t)dt = (3.2)
T 0 π

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La valeur efficace de u(t) est :

v
u1 Z T Emax
u
Uef f = t
u2 (t)dt = (3.3)
T 0 2

Pour évaluer l’importance de l’ondulation par rapport à la valeur moyenne,

on fait appel à l’un des deux coefficients suivants :
– le taux d’ondulation τ : c’est le rapport de la valeur efficace de l’on-
dulation à la valeur moyenne de la grandeur

Uef f ond
τ= (3.4)
Umoy

– le facteur de forme F : c’est le rapport de la valeur efficace de la

grandeur à sa valeur moyenne

Uef f
F = (3.5)
Umoy

On peut démontrer la relation suivante :

2 2 2
Uef f = Umoy + Uef f ond (3.6)

Et on peut en tirer la relation suivante entre F et τ .

√
F = τ2 + 1 (3.7)

Pour le redressement simple alternance, on a :

Emax √
F = 2 = 1, 57 et τ = F 2 − 1 = 1, 21
Emax
π

3.3 Redressement double alternance

Le montage précédant présente l’inconvénient de laisser passer que la

moitié du courant que peut délivrer le transformateur. Pour remédier à
cela, on utilise un transformateur à point milieu et deux diodes ou un
transformateur avec un seul bobinage secondaire et un pont de Graëtz

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constitué de quatre diodes.

3.3.1 Avec transformateur à point milieu

3.3.1.1 Montage

On applique aux bornes de l’enroulement primaire du transformateur

une tension sinusoïdale V (t) = Vmax sin ωt . Le secondaire à point milieu
du transformateur est constitué par deux enroulements symétriques dé-
livrant entre leurs bornes deux tensions e1 et e2 en opposition de phase
e1 (t) = −e2 (t) = Emax sin ωt avec Emax = m Vmax
2 où m est le rapport de
transformation.

Figure 3.4 – Redressement double alternance à transformateur à point mi-

lieu

3.3.1.2 Fonctionnement et chronogramme

Dans ce cas, tout se passe comme si on avait deux montages identiques

à celui de la figure 3.2 qui fonctionnent l’un pour l’alternance positive,
l’autre pour l’alternance négative. On vérifie bien que le courant dans la
charge est toujours orienté dans le même sens.
– Pour l’alternance positive de e1 (t), seule la diode D1 est passante
(figure 3.5.a)
– Pour l’alternance négative de e2 (t), seule la diode D2 est passante
(figure 3.5.b)
La figure 3.6 présente l’allure des différentes tensions du montage ainsi
que l’allure du courant dans la charge (pour une diode idéale).

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(a) (b)

Figure 3.5 – Différentes séquences de fonctionnement du redressement avec

transformateur à point milieu

Figure 3.6 – Allure des différentes grandeurs dans un redressement avec

transformateur à point milieu

3.3.1.3 Performances du redresseur

La tension u(t) est périodique de période T/2, T est la période de la

tension du secteur.

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– Sa valeur moyenne est :

1 Z T
2 2Emax
Umoy = T u(t)dt = (3.8)
2
0 π

– Sa valeur efficace est :

v
u1 Z T Emax
u
Uef f = t
u2 (t)dt = √ (3.9)
T 0 2

– Le facteur de forme F :
E√
max
2
F = 2Emax = 1, 11
π

– Le taux d’ondulation τ
√
τ= F 2 − 1 = 0, 48

Les diodes sont plus sollicitées que pour le montage simple alternance.
En effet, la diode qui ne conduit pas devra supporter une tension inverse
double de celle requise dans le montage à simple alternance, soit deux
fois la tension crête présente sur chacun des secondaires. Chaque diode ne
conduise que pendant une alternance de e(t), soit : IDmoy = EπRmax

3.3.2 Avec pont de Graëtz

3.3.2.1 Montage

Il existe une autre manière de faire du redressement double alternance,

ne nécessitant pas un transformateur à double enroulement : on utilise 4
diodes montées en pont (figure 3.7).

3.3.2.2 Fonctionnement et chronogramme

Lorsque la tension aux bornes du transformateur est positive, D1 et D4

conduisent ( D2 et D3 sont bloquées ), et quand elle est négative, D2 et
D3 conduisent (D1 et D4 sont bloquées ). Le courant dans la charge est

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Figure 3.7 – Redressement double alternance avec pont de Graëtz

toujours orienté dans le même sens ( figure 3.8).

(a) (b)

Figure 3.8 – Différentes séquences de fonctionnement du redressement avec

pont de Graetz

La figure 3.9 présente l’allure des différentes tensions du montage ainsi

que l’allure du courant dans la charge (pour une diode idéale).

3.3.2.3 Performances du redresseur

Les performances sont les mêmes que celle du redresseur à deux diodes :
même taux d’ondulation et même facteur de forme, les expressions des
valeurs moyenne et efficace de la tension u(t) sont les mêmes puisque nous
avons les mêmes allures.
Chaque diode n’a à supporter qu’une fois la tension crête du secondaire
du transformateur ( contre deux fois pour le montage précédent ), mais en
revanche, on a deux tensions directes de diodes en série. La puissance totale
dissipée dans les diodes est double par rapport à la solution précédente.

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Figure 3.9 – Allure des différentes grandeurs dans un redressement avec

transformateur à point milieu

3.4 Le filtrage

Les montages précédents délivrent des tensions redressées mais non

continues. Pour obtenir une tension quasi continue, il suffit de mettre un
gros condensateur en parallèle avec la charge. La charge est quelconque, et
peut être un montage électronique complexe ayant une consommation en
courant quelconque.

3.4.1 Redressement mono-alternance

En supposant la diode parfaite, on obtient pour u(t) la courbe donnée

à la figure 3.10 . On peut distinguer deux phases.

Figure 3.10 – Tension filtrée mono-alternance

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– Phase a : e(t)≥ u(t) , la diode D est passante, la tension u(t) suit

l’évolution de la tension e(t)
– Phase b : La tension e(t) décroît rapidement et le condensateur, frei-
nant l’évolution de la tension u(t), l’empêche de suivre la décroissance
de e(t) ce qui impose u(t)> e(t). La diode D se bloque et le circuit RC
se trouve isolé. Le condensateur se comporte comme un générateur de
tension, et il restitue l’énergie accumulée dans la phase précédente.
La décroissance de u(t) est donc régit par la décharge du condensateur C
dans la résistance R . A la limite, si la constante de temps RC est très
grande par rapport à la période T de la tension e(t), la décroissance de
u(t), lors de la phase b, est négligeable et la tension u(t) reste constante et
égale à Emax . L’ondulation de la tension est :

Emax Imoy
∆U = = (3.10)
RC f Cf

3.4.2 Redressement double alternance

On obtient pour u(t) la courbe donnée à la figure 3.11. L’ondulation

de la tension est :
Emax Imoy
∆U = = (3.11)
2RC f 2C f

Figure 3.11 – Tension filtrée double alternance

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