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d’appréhender le combat. On peut se poser les questions suivantes: Quel est l’objectif ultime
du combat? Quelle est la démarche pédagogique, c’est-à-dire, les apprentissages qui
permettent aux pratiquants d’atteindre la finalité proposée? Tirées des manuels techniques,
les deux chroniques qui vont suivre présentent les grandes lignes qui caractérisent
l’enseignement Shinbu-ryu karate-do en matière de combat. Cette première chronique
présente des éléments de réflexion sur la philosophie et la seconde en présentera la démarche
d’apprentissage et le lien entre les enseignements et l’acquisition des grades.
En somme, la paix est le fruit d’un ordre inscrit dans la société humaine et elle doit être
réalisée par des hommes et des femmes qui ne cessent d’aspirer à une justice plus parfaite. Le
karaté comme microsociété peut stimuler des conditions qui favorisent l’acquisition de
valeurs pacifiques; ce qui constitue un beau projet personnel : c'est-à-dire avoir comme
projet de favoriser la paix en soi et avec les autres, en actualisant ce désir dans ces attitudes
(sa manière d’être), ses comportements (sa manière d’agir), ses opinions (sa manière de
penser) et ses jugements (sa manière d’évaluer).
Le problème crucial des trois réactions face au stress est la mort… Personne ne veut mourir.
Cependant, ce qu’il faut retenir de «la mort» dans l’étude des arts martiaux modernes,
surtout en temps de paix relative, est fondamentalement l’attitude psychologique face à nos
malheurs, nos revers, nos échecs, nos contrariétés, ce qui nous dérange, etc. Le problème sera
toujours de les accepter, de les fuir ou de les nier. Ainsi par exemple, cesser d’argumenter,
accepter une défaite lors d’un tournoi ou un échec lors d’un examen.
L’angoisse et la peur
Bien que la peur soit un sentiment normal, on comprendra très bien pourquoi elle est
universellement détestée par l’être humain. La peur est chargée de tant de honte qu’on la
cache en l’enfouissant au plus profond de soi. Bien souvent, certains évitent les situations
telles que la compétition sportive et les entraînements avec armure où le contact est plus ou
moins sévère. Les prétextes courants : «Je ne suis pas encore prêts» ou «La compétition ne
m’intéressent pas». En cachant sa peur, la pratique du karaté devient artificielle, voire même
dangereuse! En devenant esclave de la peur, on n’affronte aucune épreuve qui permettrait
justement d’apprivoiser et de maîtriser cette peur.
L’efficacité de tout combat dépend d’une attitude mentale, d’une volonté inébranlable
soutenue et développée graduellement par un ensemble de techniques, de stratégies et de
mises à l’épreuve. On le sait maintenant, l’adversaire le plus redoutable est la peur, toujours
au rendez-vous dans une situation réelle. C’est la peur, sous toutes ses formes, qui provoque
la fuite, le combat ou la mort! C’est cet adversaire qu’il faut combattre avec vigueur, car il est
au-dedans de nous! Il faut reconnaître la peur, en accepter sa présence comme un
mécanisme naturel de défense. La peur peut être
apprivoisée, maîtrisée et être mise au service de la
volonté humaine. La vocation d’un art martial
traditionnel, d’un Budo, est de proposer
graduellement à l’adepte différentes épreuves pour
affronter ses peurs. Et en toute logique, les grades
doivent être le symbole d’un certain niveau de réussite
et de compétence en ce domaine...
Le courage est de faire ce qui est juste. Il se définit aussi par une force de caractère, une
fermeté que l’on a devant le danger, la souffrance ou dans une situation difficile à affronter.
Le courage se mesure dans l’action, dans la véracité des expériences. Personne, à mon avis,
ne vient au monde courageux. Le courage d’être se construit à tous les jours.
Il est important de faire la différence entre des comportements honteux découlant d’une
faiblesse de la condition humaine, et ceux «honorables» affirmant un courage d’être. Par
exemple, louable est l’attitude d’un adepte qui reste maître de lui devant la défaite ou l’échec
et qui fait, par la suite, une démarche d’introspection dans le but d’apprendre de cette
situation. Et que dire de cet autre adepte qui demeure conscient que sa fuite n’est pas une
concession à la peur, mais un temps d’arrêt, stratégique…
La conscience martiale
Reliée à la notion de courage, la conscience est d’abord un sentiment que l’être humain a de
lui-même et de sa propre existence. C’est aussi l’instrument avec lequel la personne exerce un
jugement.
La victoire et la défaite ne sont pas les points les plus importants. C’est plutôt se poser
constamment des problèmes, les étudier, réfléchir, chercher les moyens de les résoudre,
utiliser à fond ses possibilités et tirer quelque chose du résultat de ses expériences. En
somme, exercer sa «conscience martiale» en tout temps.
L’efficacité en combat
Pour maîtriser un art martial, il est important d’acquérir diverses connaissances. Mais
lorsque qu’on parle de combat, la connaissance est inséparable de l’action. Lors d’un stress,
d’une agression, les réactions d’un être humain ne sont pas différentes de celles que l’on
retrouve chez un animal et sont uniquement de trois ordres : se sauver, se battre ou mourir.
En tenant compte de ces trois réactions, l’art martial propose diverses stratégies dans le but
de développer la capacité d’apprivoiser la peur, la capacité de destruction ou d’imposer une
force, une puissance effective, la capacité de maîtriser la distance pour délivrer une attaque
ou une défense dans des conditions statique et dynamique, la capacité de maîtriser
l’exécution technique d’un mouvement offensif ou défensif, etc.