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L’engagement consiste à mettre ses actes en accord avec ses convictions ou avec
ses réflexions, dans un esprit de justice, de solidarité et d’efficacité. Pour cette
raison, nous avons apprécié le choix de ce thème et nous nous sommes, aussitôt,
proposés d’y contribuer.
COURAGE PHYSIQUE
Le plus compréhensible des courages est l’aptitude à affronter une agression
physique et à s’en défendre : Pour tous ceux d’entre nous qui ont appris et
pratiqué, un tant soit peu, un sport de combat ou d’autodéfense, il est clair qu’à
côté des techniques indispensables, il faut, aussi, acquérir et développer d’autres
dispositions essentielles : Condition physique rigoureuse, souplesse et agilité,
perfection gestuelle, attention et concentration, disponibilité sensorielle ...
Les Arts martiaux offrent, par les démonstrations des maitres, la preuve qu’ils
exigent et développent des capacités mentales et spirituelles hors du commun et
qu’ils nous ouvrent la voie vers d’autres formes essentielles du courage.
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COURAGE MORAL
Aristote fut le 1er à recenser, dans « L’Ethique à Nicomaque », les vertus morales
pour en dénombrer une dizaine, parmi lesquelles notre civilisation a retenu :
Justice, Force, Tempérance et Prudence, qualifiées de « cardinales » car sensées
conduire à la Sagesse.
Les Stoïciens nous ont livrés une autre clé essentielle du courage en montrant que
l'objet de la crainte est la crainte elle-même. Je cite : « Ce sont donc nos désirs
incontrôlés qui fabriquent des masques et les mettent sur les êtres humains et sur
les choses ». Le courage consiste à les faire tomber.
Albert Camus terminait, aussi, son analyse du Mythe de Sisyphe » en disant : "Il faut
imaginer Sisyphe heureux. Cet univers désormais sans maître ne lui paraît ni
stérile, ni fertile. Chacun des grains de cette pierre, chaque éclat minéral de cette
montagne pleine de nuit, à lui seul, forme un monde. La lutte elle-même vers les
sommets suffit à remplir un cœur d'homme. "
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LE COURAGE D’ETRE
C’est Spinoza qui fera la transition avec l’objet principal de ce travail car il pose
un principe fondamental à tout être vivant, je cite : « L'effort par lequel chaque
chose s'efforce de persévérer dans son être n'est rien en dehors de l'essence
actuelle de cette chose » (Éthique, III, proposition VII). Dit plus concrètement, c'est
l'effort pour la conservation ou pour l'affirmation de soi qui fait l’identité d'une
chose. Et pour un homme, cet effort s’exprime dans le courage d’être.
La parfaite affirmation de soi n'est pas un acte isolé qui aurait son origine dans
l'être individuel, mais elle est participation à un acte universel d'affirmation de soi.
En terme moderne (dérivé de Jung), on aurait dit qu’il y a le Moi et le Soi ; que le
1er est un « Ego » individuel qui, bien assumé et bien vécu, peut conduire au Soi
universel.
Mais Spinoza, à la fin de son traité, butait sur une question que nous allons nous
poser : Pourquoi cette voie naturellement vertueuse est-elle autant négligée en
pratique ? Il conclut qu’elle est difficile et rare comme tout ce qui est sublime,
avec une forme de résignation à ne pas la voir plus répandue.
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Paul Tillich analyse 3 angoisses existentielles irréductibles qui menacent
l’affirmation de Soi et justifie le courage :
En tant que théologien philosophe, Paul Tillich arrive à concevoir la Foi comme une
confiance dans un Dieu « au-dessus de Dieu » qui transcenderait, à la fois, le
courage d’être participant et le courage d’être soi-même.
Le prix d’un engagement véritable et efficace pourrait bien être le courage d’être.
Mais pour conclure avec un peu d’humour, j’aimerai vous citer l’aphorisme d’un
Maitre Zen, si concis qu’il ne pouvait être traduit qu’en charabia : « Si
comprendre, inutile d’expliquer ; Si pas comprendre, impossible d’expliquer ».
Heureusement, entre les 2, il reste de la place pour des planches et des
interventions.