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Cours gestion de risques bancaires, préparé par Mr Mamadou Cissé, Chef de

Division Ecobank
2016

RISQUE OPERATIONNEL

1. Définition

Ce risque vient des pertes directes ou indirectes pouvant résulter de


carences ou de défaillances attribuables à des procédures, à des personnels,
à des systèmes internes ou à des événements extérieurs.

Cette définition inclut le risque juridique, mais ne comprend pas expressément


les risques stratégiques et le risque de réputation, ces risques étant encore mal
appréhendés.

La notion est difficile à cerner, en effet quel est le point commun entre une
épidémie de grippe A, un ponzi qui s'élève à 50 milliard de dollars, un piratage
de données, une erreur de saisie, une catastrophe naturelle ou encore une fraude
engageant des pertes de trading de plus de 5 milliard d'euros ?

Tous ces événements - vous l'aurez compris - non-exhaustifs, font partie de ce


que l'on appelle le risque opérationnel

Le trader de la Société Générale qui a pris pour 50 milliards € d'exposition en


risque de marché sans autorisation a-t-il pris un risque de marché ou est-ce un
risque opérationnel pour la banque ?

Les pertes subies par les établissements au titre du risque opérationnel sont en
effet généralement évaluées à plus de 200 milliards d’euros sur la période 1980-
2000 par le Comité de Bâle

Le Comité de Bâle révèle que les 89 banques ayant participé à cet exercice ont
connu sur le seul exercice 2001 plus de 47 000 événements de pertes pour un
montant cumulé de pertes opérationnelles s’élevant à près de 7,8 milliards
d’euros.

2. TYPOLOGIE DES RISQUES OPERATIONNELS

Le Comité de Bâle a retenu une classification qui institue sept catégories


d'évènements1 liés à ce risque :

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1. Fraude interne : par exemple, informations inexactes sur les positions,


falsifications, vol commis par un employé et délit d’initié d’un employé
opérant pour son propre compte.
2. Fraude externe : par exemple, braquage, faux en écriture et dommages
dus au piratage informatique.
3. Pratiques en matière d'emploi et sécurité sur le lieu de travail : par
exemple, demandes d’indemnisation de travailleurs, violation des règles
de santé et de sécurité des employés, activités syndicales, plaintes pour
discrimination et responsabilité civile en général.
4. Clients, produits et pratiques commerciales : par exemple, violation de
l’obligation fiduciaire, utilisation frauduleuse d’informations
confidentielles sur la clientèle, opérations boursières malhonnêtes pour
le compte de la banque, blanchiment d’argent et vente de produits non
autorisés.
5. Dommages aux actifs corporels : par exemple, actes de terrorisme,
vandalisme, séismes, incendies et inondations.
6. Dysfonctionnement de l'activité et des systèmes : par exemple, pannes
de matériel et de logiciel informatiques, problèmes de
télécommunications et pannes d’électricité.
7. Exécution, livraison et gestion des processus : par exemple, erreur
d’enregistrement des données, défaillances dans la gestion des sûretés,
lacunes dans la documentation juridique, erreur d’accès aux comptes de la
clientèle et défaillances des fournisseurs ou conflits avec eux.

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Mapping des pertes opérationnelles


Catégorie Définition Sous-catégorie Exemples
Fraude Pertes dues à Activité non Transaction non notifiée (volontaire),
interne des actes de autorisée mauvais
fraudes de
détournement enregistrement de position (volontaire)
de règlement de Vol et Fraude Fraude au crédit ou au dépôt, extorsion,
loi ou de vol, détournement d'actifs, destructions
politique interne d'actifs, contrefaçon, évasion fiscale, pots
qui de vins, délit d'initié
implique au
moins un
acteur interne
Fraude Pertes dues à Vol et fraude Vol, contrefaçon, falsification de chèques
externe des actes de Dommages dus au piratage, vol
fraudes de d'informations
détournement Sécurité des
de règlement de systèmes
loi par une
partie tierce

Pratique en Pertes dues à Relations de Rémunérations, avantages, résiliation de


matière gestion des travail contrats
d'emploi et de ressources Sécurité de Hygiène et sécurité, responsabilité civile
sécurité sur humaines, travail
site la santé Discrimination Tout type de discrimination
Violation de contrats, conformité
d'informations,
Conformité,
violation de confidentialité, vente
diffusion
agressive, utilisation abusive de données
d'informations
Pertes dues à privées,
des
négligences à responsabilité du prêteur
Clients,
des Législation anti-trust, manipulation de
produits,
obligations marché, délit d'initié, activité sans
pratiques Pratiques
envers des
commerciales commerciale
clients ou à des agrément,
produits incorrectes
défectueux. blanchiment d'argent
Défaut de Vice de production,
produit erreur spécification
Sélection Erreurs de sélection, dépassement des
exposition limites d'exposition

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Service conseil Conflit sur les performances d'activité de


conseil
Pertes dues à Pertes sur catastrophes naturelles
Dommage des
aux catastrophes Catastrophes et Autres pertes (terrorisme
actifs naturelles ou autres causes
corporels autres vandalisme)
événements
Interruption Perte dues à des Système Matériel, logiciel, télécommunications
d'activité interruptions
d'activité
Problème de communication,

erreur de saisie, suivi ou chargement, non


respect de délai,
Saisie,
exécution et erreur de
suivi
manipulation du système, erreur
comptable, erreur de livraison, erreur de
Pertes dues à
gestion des suretés, mauvais suivi des
des erreurs
références
dans la gestion
Exécutions, ou les Gestion, Manque à l'obligation de notification,
livraison et relations avec reporting
gestion les rapport externe
contreparties
commerciales erroné
et fournisseurs Documentation Manque de documents juridiques
clientèle
Gestion des Accès sans autorisation aux comptes,
comptes enregistrement incorrect, dommage sur des
clients actifs clients
Contreparties Fautes d'une contrepartie, conflit
commerciales
Fournisseurs Sous-traitance, conflit avec les fournisseurs

3. REGLEMENTATION

Créé en 1974 par les dix principaux pays industrialisés, le Comité de Bâle est
chargé de renforcer la solidité du système financier mondial ainsi que
l’efficacité du contrôle prudentiel et la coopération entre régulateurs
bancaires.

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Préalablement appelé : Comité Cooke du nom de Peter Cooke Directeur de la


banque d’Angleterre

27 pays le composent : l’Argentine, l’Australie, la Belgique, le Brésil, le


Canada, la Chine, la France, l’Allemagne, Hong Kong SAR, l’Inde, l’Indonésie,
l’Italie, le Japon, la Corée, le Luxembourg, le Mexique, les Pays-Bas, la Russie,
l’Arabie Saoudite, Singapour, l’Afrique du Sud, l’Espagne, la Suède, la Suisse,
la Turquie, le Royaume-Uni et les États- Unis.

L’organe de gouvernance du Comité de Bâle est le groupe des gouverneurs de


banque centrale et des responsables du contrôle bancaire (GHOS).

Le secrétariat du Comité est situé à la Banque des Règlements Internationaux à


Bâle en Suisse.

4. BALE 1

L'Accord de Bâle de 1988 a placé au cœur de son dispositif le ratio Cooke,

Fonds propres réglementaires


8% < ---------------------------------------------------------
Engagements de crédits pondérés

Bâle I n'était qu'une étape sur le chemin de la régulation bancaire. Tout d'abord,
la pondération des engagements de crédit était insuffisamment différenciée pour
rendre compte des différents niveaux effectifs du risque de crédit.

Ensuite, les années 1990 ont vu l'émergence d'un phénomène nouveau, à savoir
l’explosion du marché des produits dérivés et donc des risques "hors-bilan.

L’Amendement de Bâle 1 en 1996 permet aux banques d’utiliser soit une


approche standard soit leurs modèles internes.

5. BALE 2

Le Nouvel Accord prudentiel de Bâle de 2004, ou « Bâle II », visait à Mieux


évaluer les risques bancaires et à imposer un dispositif de surveillance
prudentielle et de transparence.
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L'architecture du dispositif repose sur trois piliers complémentaires :

 l'exigence de fonds propres (ratio de solvabilité McDonough) ;

 la procédure de surveillance prudentielle ;

 la discipline de marché (transparence dans la communication des


établissements).

Le ratio de Cooke devient le ratio de Mc Donough

Fonds propres réglementaires


8% < --------------------------------------------------------------------------------
Risques de crédits + risques de marché+risques opérationnels

Où :

Risque de crédit = Actifs pondérés par les risques

Risque de marché = Capital exigé pour la couverture du risque de marché x 12.5

Risque opérationnel = Capital exigé pour couverture du risque opérationnel x 12.5

Autrement dit :

Fonds propres règlementaires > 8% Actifs pondérés +8% x 12,5 (Mesure des
risques de marché et opérationnels)

8% x 12,5 = 1 (le coefficient 12,5 a été choisi pour "annuler" le 8%)

Fonds propres règlementaires > 8% Actifs pondérés + mesures des risques


de marché et opérationnels.

Dans le ratio Mc Donough, les fonds propres réglementaires doivent ainsi


couvrir le minimum de fonds propres exigé par le ratio Cooke, plus les risques
de marché et les risques opérationnels.

Bâle II impose donc un ratio de fonds propres (pilier 1), mais va au-delà du ratio
Cooke en imposant une surveillance prudentielle (pilier 2), une communication
et une information financière (pilier3).

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5.1 Les recommandations sur le risque de crédit

Trois approches sont proposées pour le risque de crédit :


– la méthode standard (SA), basée sur les notations externes,
– la méthode notation interne fondation (FIRB),
– la méthode notation interne avancée (AIRB)

 En méthode standard, les PD (probabilité de défaut de la contrepartie) et


les LGD (taux de perte en cas de défaut sur la ligne de crédit) sont
imposés par le superviseur.

 En méthode IRB-fondation, la banque estime sa PD et le LGD reste


imposé par le régulateur.

 En méthode IRB-avancée, soumise à l'autorisation des autorités de


supervision, la banque maîtrise toutes ses composantes.

Les banques ont été incitées à utiliser leur propre système interne de notation,
pour être plus proche de la réalité

5.2 Les recommandations sur le risque de marché

Deux méthodes ont été proposées : standard ou modèle interne. (cf cours)

5.3 Mesures du risque opérationnel

3 méthodes sont utilisables :

Le dispositif Bâle II propose trois méthodes de calcul des exigences de fonds


propres au titre du risque opérationnel :

- une méthode simple (Basic Indicator Approach ou BIA), consistant en un


calcul forfaitaire (alpha = 15 %) des exigences (KBIA) sur la base du produit
net bancaire moyen sur les trois derniers exercices de la banque : KBIA = 15%´
PNB ;

- une méthode standard (The Standardised Approach ou TSA), consistant pour


chaque ligne de métiers de la banque en un calcul forfaitaire (bêta = 12 % à 18
% selon les huit lignes définies) des exigences (KTSA) sur la base du produit net
bancaire moyen enregistré sur cette ligne sur les trois derniers exercices :
KTSA =S (PNB1 - 8 x b1 - 8) ;
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- une méthode des mesures avancées (Advanced Measurement Approaches ou


AMA), consistant en un calcul des exigences (KAMA) par le modèle interne de
mesure développé par la banque et validé par l’autorité de contrôle

Coefficient de pondération (bêta)

Ligne d'activité Coefficient


Financement des entreprises /31 = 18%
Négociation et vente /32 = 18%
Banque de détail /33 = 12%
Banque commerciale /34 = 15%
Paiements et règlements /35 = 18%
Fonction d'agent /36 = 15%
Gestion d'actifs /37 = 12%
Courtage de détail 12%
/38 =

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Mapping des 8 lignes d'activité du risque opérationnel

Niveau 1 Niveau 2 Activités


Financement des
entreprises (Corporate
finance)
Financement des
collectivités locales / Fusions acquisitions, engagements,
administrations privatisations, titrisations, recherche, titres de
Financement
dette, actions, prêts
des entreprises
(Government finance) consortiaux, introduction en bourse, placement
sur le marché secondaire
Banque d'affaires
(Merchant Banking)
Service conseil (Advisory
services)
Ventes
Tenue de marché (Market
making)
Négociation et Valeur à revenu fixe, actions,
vente Positions pour compte
propres (Proprietary change, matières premières, crédit financement,
positions) titres sur positions propres, prêts et pensions,
Trésorerie courtage, titre sur dette, courtage de premier rang
Banque de détail Prêts et dépôts, services bancaires, fiducie,
Banque de Banque privée (private gestion de patrimoine, conseil en placement,
détail banking) cartes commerçants/commerciales, cartes
d'entreprises/de clientèle
Cartes (card services)
Banque Banque commerciale Financement de projets, immobilier,
commerciale exportations, commerce, crédit bail, prêt,
garanties, lettres de changes
Paiements et Clientèle extérieure Paiements et recouvrements, transferts de fonds,
règlements compensation et règlements
Conservation (Custody)
Prestation d'agent aux
Dépôts, certificats, prêts de titre, opérations de
entreprises (Corporate
Fonction sociétés
agency)
d'agent
Service fiducie aux Agents émetteurs et payeurs
entreprises (Corporate
Trust)
Gestion Gestion de portefeuille Gestion centralisée, séparée, de détail,
d'actifs institutionnelle, fermée, ouverte, capital

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discrétionnaire investissement

(Discretionary fund
management)
Gestion de portefeuille
non discrétionnaire (Non -
Discretionary Fund
Management)
Courtage Courtage de détail Exécution et service complet

5.3. 1 Approche standard

Cette partie a été abordée dans la partie gestion risque de crédit (cf notations
agences externes).

Nous compléterons cette partie par les informations ci-dessous sur le niveau es
pondérations.

5.3.1.1 Pondération sur Bâle 2 (Approche Standard)

Créances sur les emprunteurs souverains : Le Comité prévoit les


pondérations

Engagements sur Etats

Notation AAA à AA- A+ à A- BBB+ à BBB- BB+ à B- <à B- Aucune


Pondération 0% 20% 50% 100% 150% 100%

Entreprises

Notation AAA à AA- A+ à A- BB+ à BB- <à B- Aucune


Pondération 20% 50% 100% 150% 100%

Toute créance non notée est pondérée à 100%, les autorités peuvent relever cette
pondération en fonction du nombre global de défauts de paiements et peuvent
aussi affecter une pondération uniforme (100%) à toutes les créances
indépendamment de la note associée à l’entreprise.

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Créances figurant dans les portefeuilles règlementaires de clientèle de


Détail (CDD).

Ces créances doivent répondre à plusieurs critères fixés par le Comité. Si tel est
le cas, elles sont pondérées à 75%, prêts impayés exclus. Le
Comité laisse la possibilité aux autorités de relever les pondérations si elles le
jugent nécessaire.

– Prêts garantis par immobilier résidentiel. Ils sont pondérés à 35 %

– Créances garanties par immobilier commerciale. Le Comité recommande


une pondération de 50 à 100%

– Prêts impayés. Toute partie non couverte, impayé depuis plus de 90 jours et
net des provisions spécifiques peut être pondéré à :

– 150% si les provisions spécifiques sont inférieures à 20% de l’encours de prêt.

– 100% si les provisions spécifiques sont supérieures à 20% de l’encours de


prêt.
– 100% si les provisions spécifiques sont supérieures à 50% de l’encours de prêt
avec une baisse éventuelle de la pondération à 50% à la discrétion des autorités.

Créances à risque élevé. Les créances sur emprunteurs souverains, organismes


publiques, banques et entreprises d’investissements notés en dessous de B- ;
celles des entreprises ayant une notation inférieure à BB-, les prêts impayés et
les tranches de titrisation dont la notation est comprise entre BB+ et BB-
pondérées à 350% doivent faire l’objet d’une pondération minimale de 150%.

– Autres actifs. Tout autre actif, hors exposition de titrisation, est pondérée à
100%. Une pondération nulle peut s’appliquer aux actifs qui peuvent être
considérés comme des liquidités (réserves d’or détenues,..)

– Éléments de hors-bilan. Ils doivent être convertis en équivalent risque de


Crédit par un facteur de conversion (cf tableau)

5.3.2 MESURES AMA

L'approche en mesures avancées repose sur un système de mesure du risque


opérationnel propre à chaque banque. L'adoption de cette approche suppose que

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la banque soit en mesure d'élaborer des modèles appropriés et qu'elle dispose de


statistiques fiables pour alimenter ces modèles.

5.3.1.1 Les approches éligibles :

 la volatilité des revenus,


 des modèles paramétriques et historiques qui estiment la distribution des
pertes à partir de données de pertes
 la méthode de Monte-Carlo pour estimer les pertes attendues et
inattendues,
 des modèles basés sur les comportements,
 des approches causales

Nous pouvons approfondir 2 approches : l'approche par tableaux de bord


(scorecard approach), l'approche par mesure interne (internal measurement
approch) et l'approche LDA (loss distribution approach).

5.3.2.1 Scorecard approach

Des questionnaires d'auto-évaluations permettent de cerner les risques et les


facteurs de risques associés (Key Risk indicateurs : KRI).

Des contrôles internes sont alors mis en place pour limiter le risque. Un
référentiel de meilleures pratiques permet de préciser un score. (cf contrôle log).

5.3.2.2 Mesure interne (Internal Measurement approach)


Cette approche se base sur une hypothèse de relation stable entre les pertes
attendues (moyenne de distribution) et les pertes inattendues (la valeur à risque
de la queue de distribution). Cette relation, si elle est linéaire, conduit à une
simple multiplication de la perte attendue par un facteur d'échelle.

Le capital réglementaire Kij pour chaque ligne d'activité bancaire i et type


d'événement j :

Kif = yif × Elif × PEif × LGEif

= yif × ELif

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PE Probabilité de l'événement sur un horizon donné

LGE Perte moyenne suite à l'événement

EI Indicateur d'exposition qui capte l'activité de la banque sur une ligne


d'activité de métier

yif Facteur d'échelle entre UL et EL

Cette relation peut aussi être non linéaire, dans ce cas, le capital est une fonction
plus complexe des pertes attendues.

Selon cette approche, les pertes attendues sont calculées généralement en


estimant la fréquence et taille des pertes pour chaque type d'événement au sien
de chaque ligne d'activité : 56 cellules sont ainsi définies. Pour chacune d'entre
elles, les données internes ainsi que les données externes sont utilisées.

5.3.2.3 Approche par distribution de pertes (LDA : Loss Distribution


approach)

Dans ce cadre, l'évaluation des pertes attendues (EL) et inattendues (UL) est le
travail de base fournissant l'information pour la modélisation du risque.

Cette méthode est plus adaptée que les méthodes indicatrices de base et
standard.

En effet, elle utilise les données de pertes et non les revenus d'activités pour
calculer la charge en capital nécessaire pour assumer les risques opérationnels
sous-jacents aux activités.

L'approche par les tableaux de bord est préférable pour optimiser la


gestion du risque opérationnel. En effet, cette approche identifie des
indicateurs de risques qui servent à agir sur les causes des risques sous-jacents
aux activités. L'approche LDA ne fait, elle, que calculer le capital nécessaire
sans permettre d'améliorer la gestion de ce risque.

Une combinaison de l'approche par tableaux de bord et de l'approche LDA


est surement la meilleure solution pour améliorer la gestion et le calcul du
risque opérationnel.

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5.4 Le pilier 2 de Bâle

L’objectif du pilier 2 est double :

D’une part, inciter les banques à développer des techniques de gestion de leurs
risques et de leur niveau de fonds propres et, d’autre part, permettre aux
autorités de régulation de majorer les exigences de capital réglementaire en
cas de nécessité

Cette nécessité doit s'appliquer de deux façons :

1/ Le back testing : la banque doit prouver la validité de ses méthodes


statistiques sur des périodes assez longues (5 à 7 ans).

2/ Le stress testing : La banque doit prouver, lors de simulations de situations


extrêmes, la validité de ses fonds propres en cas de crise économique.

Le régulateur pourra en fonction de ces résultats imposer la nécessité de fonds


propres supplémentaires

Ce pilier doit en fait encourager les banques à constamment démontrer au


régulateur qu'elles sont suffisamment capitalisées et qu'elles ont mis en place des
systèmes robustes de mesure et de gestion de leurs risques

5.4.1 principes :

 Les banques apprécient elles-mêmes le montant des fonds propres qui


leur sont nécessaires. Elles doivent prendre les mesures qui s'imposent si
leurs fonds propres effectifs s'avèrent inférieurs à leurs fonds propres
réglementairement exigés.

 Les superviseurs nationaux doivent réviser les processus


d'adéquation des fonds propres de chaque banque et, en ca se lacune,
prendre les mesures appropriées.

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 Les superviseurs nationaux peuvent imposer aux banques les actions


préventives qu'ils jugent utiles. La nature de ces actions n'est toutefois
pas précisée dans la réglementation, celle-ci étant par nécessité définies au
cas par cas, en fonction de la situation rencontrée.

 Les superviseurs nationaux doivent intervenir graduellement en


fonction des risques perçus. Si les processus et stratégies internes
révèles des lacunes, ils peuvent intensifier leur surveillance. Si la situation
se dégrade, ils peuvent exiger le remplacement de ses dirigeants. Ils
peuvent aussi imposer des fonds propres supérieurs à ceux qui découlent
de l'application des contraintes réglementaires. (exemple de CMS)

5.5 Le pilier 3 : la communication financière


Les banques sont tenues de publier des informations précises sur la mesure
de la gestion de leurs risques ainsi que sur l'adéquation de leurs fonds
propres. Tout établissement financier doit ainsi divulguer le niveau et les
constituants de son ratio de solvabilité. Cette information porte à la fois sur le
numérateur et le dénominateur.

5.5.1 Les principes de bonnes pratiques

Partant du principe fixé par le régulateur selon lequel un risque est correctement
maîtrisé s’il est identifié, mesuré, évalué et géré, les trois approches ont pour
objet de quantifier le risque opérationnel avec une sensibilité variable et donc,
pour le couple superviseur / banquier, de contribuer à une meilleure surveillance
prudentielle de ce dernier. Parallèlement à ces outils de mesure, le régulateur a
développé dix principes de bonnes pratiques 3 nécessaires à la maîtrise des
risques opérationnels, rappelant par-là l’importance tant de l’implication de
l’organe exécutif dans la mise en place d’un tel système, que de l’identification
des risques opérationnels, notamment au travers d’une cartographie de ces
derniers.

Élaboration d’un environnement adéquat pour la gestion du risque


[opérationnel]

 Principe 1: Le conseil d’administration [de l’institution bancaire] devrait


considérer les principaux aspects du risque opérationnel de la banque

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comme une catégorie distincte de risque à gérer, et il devrait approuver


et réexaminer périodiquement le dispositif de gestion de ce risque. Ce
dispositif devrait fournir une définition du risque opérationnel valable
pour la banque tout entière et poser les principes servant à identifier,
évaluer, suivre et maîtriser/atténuer ce risque.
 Principe 2: Le conseil d’administration devrait garantir que le dispositif
de gestion du risque opérationnel de la banque est soumis à un audit
interne efficace et complet, effectué par un personnel fonctionnellement
indépendant, doté d’une formation appropriée et compétent. La fonction
d’audit interne ne devrait pas être directement responsable de la gestion
du risque opérationnel.
 Principe 3: La direction générale devrait avoir pour mission de mettre en
œuvre le dispositif de gestion du risque opérationnel approuvé par le
conseil d’administration. Ce dispositif devrait être appliqué de façon
cohérente dans l’ensemble de l’organisation bancaire, et les membres du
personnel, à tous les niveaux, devraient bien comprendre leurs
responsabilités dans la gestion du risque opérationnel. La direction
générale devrait aussi être chargée d’élaborer des politiques, processus
et procédures de gestion du risque opérationnel pour tous les produits,
activités, processus et systèmes importants.

Gestion du risque : identification, évaluation, suivi et maîtrise/atténuation du


risque [opérationnel]

 Principe 4: – Les banques devraient identifier et évaluer le risque


opérationnel inhérent à tous les produits, activités, processus et systèmes
importants. Elles devraient aussi, avant de lancer ou d’exploiter des
produits, activités, processus et systèmes nouveaux, soumettre à une
procédure adéquate d’évaluation le risque opérationnel qui leur est
inhérent.
 Principe 5: – Les banques devraient mettre en œuvre un processus de
suivi régulier des profils de risque opérationnel et des expositions
importantes à des pertes. Les informations utiles à une gestion dynamique
du risque opérationnel devraient être régulièrement communiquées à la
direction générale et au conseil d’administration.
 Principe 6 – Les banques devraient adopter des politiques, processus et
procédures pour maîtriser et/ou atténuer les sources importantes de
risque opérationnel. Elles devraient réexaminer périodiquement leurs
stratégies de limitation et de maîtrise du risque et ajuster leur profil de
risque opérationnel en conséquence par l’utilisation de stratégies
appropriées, compte tenu de leur appétit pour le risque et de leur profil de
risque globaux.

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 Principe 7 – Les banques devraient mettre en place des plans de secours


et de continuité d’exploitation pour garantir un fonctionnement sans
interruption et limiter les pertes en cas de perturbation grave de l’activité.

Rôle des superviseurs

 Principe 8 – Les autorités de contrôle bancaire devraient exiger que


toutes les banques, quelle que soit leur taille, aient mis en place un
dispositif efficace pour identifier, évaluer, suivre et maîtriser/atténuer
les risques opérationnels importants, dans le cadre d’une approche
globale de la gestion du risque.
 Principe 9 – Les superviseurs devraient procéder régulièrement, de
manière directe ou indirecte, à une évaluation indépendante des
politiques, procédures et pratiques des banques en matière de risque
opérationnel. Les superviseurs devraient veiller à ce qu’il existe des
mécanismes appropriés leur permettant de se tenir informés de
l’évolution dans les banques.

Rôle de la communication financière

 Principe 10 – La communication financière des banques devrait être


suffisamment étoffé pour permettre aux intervenants du marché d’évaluer
leur méthodologie de gestion du risque opérationnel.

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6. LA CONVENTION DE BALE III

6.1 CONTEXTE ET ENJEUX

Après Bâle 2, les autorités de régulation et de surveillance pensaient avoir jeté


les bases de la solidité du système bancaire et de la finance internationale : les
marchés d’actifs étaient en hausse et les financements facilement disponibles à
faible coût.

 22 ans après, la crise des subprimes montra les insuffisances de Bâle 2.

Bâle 3 s'articule sur trois grands axes :

Liquidité et Bâle Risque systémique et Bâle


Capital et Bâle III
III III
Augmenter les fonds Préconiser l'usage de chambres de
propres de base (Tier Création d'un compensation (CCP)
1) et leurs nouveau ratio de lors des transactions liées aux
qualités liquidité à court produits dérivés
terme Les transactions et prise de risques
Être mieux armé face (LCR) entre institutions financière devront
au risque global être accompagnées d'une
augmentation des fonds propres
Limiter l’effet (la Création d'un Possible augmentation du niveau de
croissance du Bilan) nouveau ratio de Capital
Création de matelas de liquidité à moyen
sécurité (Protection et long terme
contracyclique) (NSFR)

6.2 Des fonds propres d'une meilleure qualité et d’un niveau plus élevé

Un des objectifs de Bâle 3, est de renforcer la solvabilité des banques. Celles-ci


devraient être mieux protégées en cas de perte. Pour cela, elles devraient
améliorer la qualité de leurs fonds propres.

 Augmenter la part des fonds propres durs dans le Tier 1, (ce qui revient à
augmenter les reports à nouveau).
 Les Banques doivent déduire du Tier 1 les intérêts minoritaires, les
participations dans les autres banques et les actifs d'impôts différés.
 Unifier le Tier 2 au bilan.

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 Réduction puis exclusion des produits financiers hybrides couverts par le


common equity (fonds propres durs).

Tier 1 (Common equity) :

Ratio "Core tier One" plus exigent: de 2% à 4,5%

Nouveau matelas de sécurité à 2,5% (prévu pour 2019)

Niveau du common equity fixé à 7% au minimum (objectif pour 2019)

Fonds propres totaux :

Ratio de solvabilité plus exigeant: de 8% à 10,5% (le matelas de


sécurité inclus)

Création d'un autre matelas de sécurité contracyclique pour le risque


sectoriel

Ces mesures vont alors entraîner une hausse du capital et une restriction de
la distribution dividendes pour les banques, notamment à cause de
l'augmentation du report à nouveau. Les banques sont incitées à émettre des
produits convertibles en actions afin que les fonds propres puissent augmenter
dès que leurs niveaux sont trop bas.

6.3- Diminuer l'effet de levier sous Bâle III

Bâle III s'est fixé pour objectif de limiter la croissance du bilan des banques.
L’effet de levier se définit comme le rapport entre le capital et les expositions
totales. Les nouvelles mesures liées à ce point sont :

 Ratio l'effet de levier fixé à 3% du Tier 1: Les expositions ne pourront pas


être 33 fois supérieures (Tier 1).

Cette mesure risque d'entraîner un resserrement du crédit et donc une


diminution du financement de l'économie. Les banques risquent également de
viser des niveaux de plus en plus exigeants pour ce ratio d'effet de levier, afin
d'obtenir de bonnes évaluations de la part des agences de notation et
globalement du marché.

19
Cours gestion de risques bancaires, préparé par Mr Mamadou Cissé, Chef de
Division Ecobank
2016

6.4- Une meilleure gestion de la liquidité

6.4.1 Liquidité à court terme

Bâle 3 prévoit la création d'un ratio de liquidité à court terme (LCR) pour lequel
le minimum accepté est de 100%.

Le but est d'améliorer la solvabilité des banques à court terme. Cette mesure
demande au banque de :

 Se protéger contre les situations de stress ponctuelles en possédant des


actifs liquides et de bonnes qualités, permettant de résister à des sorties de
trésorerie pour au moins 30 jours.

 Pondérer les actifs en fonction de leur qualité et liquidité

Les banques vont être poussées à investir dans des actifs de haute qualité mais
avec une plus faible rentabilité afin de répondre à l'exigence de la solvabilité à
30 jours.

Ratio de liquidité à court terme(LCR)

L’objectif de cette mesure vise à garantir que la banque possède un niveau


satisfaisant d’actifs liquides dit de haute qualité et non grevés qui peuvent être
directement convertis en liquidité de telle sorte à couvrir ses besoins en liquidité
sur une période de 30 jours de crise.

Le ratio de liquidité à CT

Encours d’actifs liquides de haute qualité


100 % < = --------------------------------------------------------------
Total des sorties nettes de trésoreries sur les 30 jours

Ce niveau minimum de liquidité n’est qu’un seuil en deçà duquel aucun


établissement ne peut descendre.

20
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2016
er
Le LCR est entré en vigueur comme prévu, le 1 janvier 2015 ; mais l’exigence
minimale fixée initialement à 60 % va évoluer annuellement par tranches
er
égales pour atteindre 100 % au 1 janvier 2019.

Cette approche graduelle, associée aux révisions apportées au document de 2010


3
sur les exigences de liquidité , est conçue de façon à ce que le LCR puisse être
instauré sans perturber significativement le renforcement ordonné des systèmes
bancaires ni le financement actuel de l’activité économique.
er er er er er
1 janvier 1 janvier 1 janvier 1 janvier 1 janvier
2015 2016 2017 2018 2019
LCR 60% 70% 80% 90% 100%
minimal

6.4.2 Liquidité à long terme

Bâle 3 a pour projet de créer un ratio de liquidité à long terme (NSFR) afin
d'inciter les banques à trouver des ressources stables pour leur financement.
Cette mesure implique de prendre en compte certains critères :

 Notation des différents profils d'actifs puis association avec leurs niveaux
de ressources stables recommandés (en fonction de leurs risques)

 Nouvelle pondération des actifs nécessitant un certain niveau de


financement (en fonction de leurs risques associés):

Entre 0% et 5% pour les comptes d'espèces et les titres d'état


Entre 65% et 85% pour les prêts aux particuliers et les prêts hypothécaires
100% pour tous les autres actifs

On peut interpréter cette pondération comme un niveau auquel un actif


doit être financé par des ressources stables:

 Nouvelle pondération dans la qualité des financements (en fonction de


leur stabilité) :
 100% pour le Common Equity
 80% à 90% pour les dépôts des clients
 50% pour les emprunts à faibles garanties ou non garantis

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2016

On peut interpréter cette pondération comme des niveaux maximums


auxquels ces ressources peuvent financer un actif. On évalue ici la stabilité
des ressources.

 Cette mesure devrait entraîner l'obtention par les banques de financements


plus diversifiés afin de ne pas être dépendantes d'un certain type de
ressource.

 Les banques vont devoir évaluer la stabilité de leurs ressources au bilan,


en pourcentage et le besoin de financement individuel de chaque actif.

Le NSFR vise à inciter les banques à des financements de leurs actifs et de leurs
activités sur le moyen et le long terme.

Il traduit le montant minimum acceptable de financement stable par rapport au


profil de liquidité des actifs de la banque sur une année.

Par ailleurs, ce ratio doit dissuader les banques d’utiliser des actifs de haute
qualité dont l’échéance est fixée juste après la période de 30 jours pour le calcul
du LCR.

Le NSFR est donné par :

Montant de financement stable disponible


100% <= ----------------------------------------------------------
Montant de financement stable exigé

Le financement stable représente les types et montants de financement sous


forme de fonds propres ou d’autres passifs, censés constituer des ressources
fiables sur une durée de 1 an

en période de tension prolongée. Le financement stable disponible se compose :

– des fonds propres ;


– des actions (de préférence d’une durée supérieure ou égale à 1 an)
– des passifs d’une durée effective supérieure ou égale à 1 an
– des dépôts sans échéance et/ou des dépôts à terme d’une durée inférieure à 1
an qui seraient durablement conservés en cas de choc idiosyncratique.

Le financement stable exigé est déterminé à partir d’un corps d’hypothèses


prudentielles qui portent sur les profils de risque de liquidité des actifs, des
expositions hors bilans et autres activités de la banque. Il est donné par la
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somme de la valeur des actifs détenus et financés par la banque, la valeur de


chaque actif multiplié par un coefficient de financement stable exigé
spécifique(RSF).

6.5 EFFET DE LEVIER

Le dernier point important des accords Bâle III porte sur le ratio de levier. Il vise
à limiter l’accumulation de l’effet de levier et compléter les exigences fondées
sur le risque. Le ratio de levier est donné par :

Total des actifs


3% <= -------------------------
Fonds propres

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