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LA BATAILLE D’IZEROUEL

« AISSA BLINDE succède à SI LAHLOU et dirige 

LA BATAILLE D’IZEROUEL - 29/30 MAI 1958 »

Au cours de la nuit du 28 au 29 mai1958, les deux groupes de la 1ère


compagnie de choc se rejoignent au village de M’Zarir et ensemble ils se
dirigent vers Tala Rana pour ensuite rallier Ighil-hamad où ils font jonction
avec la compagnie de la région 4. Aissa Blindé (voir photo ci-contre), l’un
des officiers de cette dernière, prend alors les destinées de la prestigieuse
compagnie de choc, Katiba 322, et succéda au chahid Si Lahlou. Cet
officier, très intelligent et prévoyant, savait que l’ennemi qui a mal digéré
ses pertes considérables de la veille, ne manquera pas de lancer ses troupes
pour une opération de recherche de grande envergure. Aissa Blindé et Said
l’Otchkiss se réunissent avec les cadres des deux Katibats en conseil de
guerre et la décision d’affronter l’ennemi à Izerouel est prise.

Les deux compagnies regagnent immédiatement l’endroit avant l’occupation de ce site


stratégique par l’ennemi. Le choix de ce lieu n’est pas fortuit. Cet endroit favorable offre toutes
les garanties de la sécurité et de la victoire. Cette cédraie est constituée de grands arbres
millénaires très denses formant un abri naturel qui mettra à couvert les Moudjahidin contre
l’artillerie et les bombardements des avions. Elle s’accroche par le nord aux grandes falaises
infranchissables et se replonge vers le sud par une clairière qui la sépare du maquis formé
principalement de petits arbrisseaux de chênes verts et de bruyère.

Aissa Blindé place lui-même ses 200 hommes le long de la lisière en choisissant les
emplacements de tirs appropriés pour les mitrailleuses 30 et en
occupant les crêtes et les points névralgiques du champ de bataille.
Ainsi toutes les dispositions pour recevoir l’ennemi sont prises et
commence alors l’attente.

En effet, le colonel commandant du secteur de Bouira, Luis Giraud,


met en branle ses pairs des secteurs voisins pour lancer une opération
de recherche qui prend en enfilade tout le versant ouest du Djurdjura
qui s’étend de Tikjda à Ighzer Amokrane et qui démarre la nuit même
de l’embuscade de Tikjda en mobilisant plus de 30 000 hommes
appartenant au 7ème B.C.A. (chargé du bouclage au nord – Lalla
Khedidja et Ighzer Amokrane), au 22ème B.C.A., au 7ème Hussards, au
50ème R.A. (chargé de la fouille des pentes qui descendent vers l’Oued
Ouakour) et au 19ème R.C.C. (bouclage au sud – Talliouine et ses environs).

L’ennemi enclenche sa machine de guerre la plus redoutable et fait mouvement sur la montagne.
Le 22ème B.C.A. avec ses 3 compagnies (1ère, 3ème et 4ème) débarque de ses véhicules au carrefour
de la RN30 et la piste de Tala Rana et progresse vers cette dernière puis Belbara et arrivé vers
10h sous un épais brouillard aux abords d’Izerouel où il prend position. Le 7ème bataillon se joint
au 19ème R.C.C. et au 50ème R.A. du quartier de Maillot et font mouvement en direction de
l’objectif en se scindant en 2 unités : la première se dirige sur Ighzer Iouakouren par Avaznou,
tandis que la deuxième avance rapidement vers Ighil-Hamad où elle s’empare de plusieurs civils
du village, Fechtah Akli, Choubane Ali, Chouane Yahia, Moussaoui Ali,… qui porteront sur le
dos les postes émetteurs et les mortiers. Les unités continuent leur avancée en escaladant les
pentes de Tiassassine pour rejoindre le maquis avoisinant la clairière d’Izerouel aux environs de
10h. Celles-ci, ne pouvant progresser à découvert, s’arrêtent à la lisière du maquis pour explorer
le terrain.

Les hommes courbés sous le fardeau des sacs-à-dos bourrés à craquer,


haletants et poussifs, dégoulinant de sueur, éprouvent une soif terrible
engendrée par les grands efforts fournis en gravissant les pentes parfois
abruptes et par la rapidité de la marche imposée. L’officier charge deux des
prisonniers qu’on a vite vêtus de vestes militaires pour se rendre à la source
se trouvant au bon milieu de la prairie pour remplir les gourdes. Ce gradé
veut astucieusement utiliser ces personnes comme appât afin de découvrir
une éventuelle présence des Moudjahidin dans les bois voisins. Les hommes
de l’ALN, connaissant les tactiques de l’ennemi, ne se manifestent pas. Les
deux civils reviennent sans problème. Deux civils accompagnés de deux
militaires sont envoyés pour une mission analogue. Ces hommes se désaltèrent avidement et
remplissent tranquillement les gourdes puis reviennent sans encombre. À l’approche de ces
derniers et sans attendre l’ordre de leur officier, le reste de l’unité se rue sur la source et à peine
arrivé, il est accueilli par une tornade de feu des mitrailleuses installées sur la clairière et au
sifflement des balles se mêlent les cris d’affolement et d’agonie des soldats. Ce feu d’enfer
surprend totalement les soldats en excès de confiance qui, dès les premières rafales, s’affaissent
les uns derrière les autres sous une avalanche de projectiles qui balayaient sans interruption les
alentours du point d’eau.

Le sous-lieutenant Thibessard se découvre pour rappeler ses chasseurs de revenir reçoit une balle
en plein tête et s’effondre au même moment que ses soldats qui tombent les uns après les autres
et jonchent les pourtours du point d’eau de morts et de mourants.

Le brouillard se lève progressivement et la 4ème compagnie, prise, dès son arrivée, sous le feu des
armes automatiques qui viennent depuis le sommet de la barre rocheuse sur le coté gauche,
rebrousse chemin et se dissimule dans le maquis boisé.

Le sergent-chef Andarelli, comptant déloger les éléments de


l’A.L.N. prend sa section et donne l’assaut à la lisière du bois. Ce
groupe est laissé s’approcher jusqu’à toucher les canons des fusils
les servants des 30 appuient sur les gâchettes presque en même
temps. Plusieurs rafales retentissent et un déluge de feu s’abat sur
le groupe. Toute la section dont le Harki Zerrouki est anéantie. Le
commandant Giraud jugeant la situation périlleuse demande de
nouveaux renforts et sollicite l’intervention de la batterie et de
l’aviation. Sans tarder, une section de commandos de l’air
débarque sans toutefois être salutaire. Les unités contraintes de
garder leurs positions ; elles n’arrivent même pas à évacuer les blessés qui agonisent et les morts
qui jonchent la pelouse naturelle. L’artillerie et l’aviation mises en branle n’ont pas réussi à
dénouer la situation.

La nuit est enfin là. Les tirs ont cessé et seuls les feux allumés ça et là par l’artillerie et les
bombardements de journée éclairent la forêt qui brûle encore. Et refusant le combat, le
commandant du 19ème R.C.C. donne l’ordre à ses soldats de céder le passage aux Moudjahidin
qui percent ses positions. Maroc Achour, prisonnier ramené de Maillot, qui portait sur son dos la
radio et l’officier blessé à rapporté que les éléments de l’A.L.N. traversaient au milieu des
soldats sans que ces derniers se manifestent.

Le lendemain, 31 mai, Aissa Blindé a devancé la soldatesque française au


lieu-dit Thaghorfets Iroumienne, au sud d’Ighil Hamad pour monter une
embuscade et achever l’ennemi sur le chemin du retour, mais celui-ci a
préféré, vu ses grandes pertes et l’abattement, l’épuisement des hommes
très éprouvés, de retourner par Ighil Hamad puis Saharidj où les camions
attendent pour les embarquer.

Les Moudjahidin, déçus d’avoir perdu 18 des leurs dont le chef Si


Mohamed Larbi, rentrent à Ighil-Hamad pour un moment de détente bien
méritée en attendant la prochaine bataille et laissant derrière eux un champ
de bataille qui gardera pour longtemps les empreintes d’une guerre sans merci qui témoigneront
de l’ampleur des combats : larges cratères provoqués par les bombardements intensifs de
l’artillerie du 50ème R.A. de Vadis (Maillot) et les B52, bombes non explosées à demi enfouies,
carcasses de bidons difformés en Napalm, des cèdres géants calcinés, des tas de douilles de
différents calibres…

Les rescapés de la 2ème compagnie et leur chef, capitaine Gaston, du 22ème B.C.A., qui ont essuyé
un cuisant revers n’ont pas pris part à cette opération. Ces derniers sont laissés à Bouira pour
veiller les morts de l’embuscade de Tikjda.

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