Vous êtes sur la page 1sur 45

UNIVERSITE DE NGAOUNDÉRÉ

ÉCOLE DE GÉOLOGIE ET D’EXPLOITATION MINIÈRE

- ROCHES ET MINERAUX -

Première Partie (LES ROCHES)

Année académique 2019 – 2020

1
INTRODUCTION GENERALE
Chapitre 1. Caractères généraux des magmas
Chapitre 2. Les roches magmatiques (ou ignées)
Chapitre 3. Les roches sédimentaires
Chapitre 4. Les roches métamorphiques

2
INTRODUCTION GENERALE
Introduction
L’étude des roches a permis de déterminer la composition interne de notre planète et
des conditions qui y règnent, et de comprendre les étapes de la formation des continents et
leur mouvement. Les roches sont variées et généralement de compositions et de propriétés
différentes. Pour caractériser les roches, l’étude de leurs minéraux à l’œil nu, à la loupe (8X,
10X) et au microscope polarisant (lames minces de 0,03 mm d’épaisseur) est communément
effectuée. La pétrographie est basée sur l’examen des lames minces des roches sous le
microscope polarisant pour déterminer avec précision les minéraux et leurs proportions dans
les roches. Le microscope polarisant (appelé aussi microscope pétrographique) est l’outil de
base de la pétrographie. C’est un microscope spécialisé conçu pour déterminer les propriétés
optiques des minéraux. Son grossissement peut atteindre 1000x et permet d’identifier les
grains des minéraux très petits.
Outre ces méthodes descriptives, l’identification des roches reposent aussi sur des
méthodes géochimiques. Les méthodes descriptives se basent sur : l’identification des
minéraux dans les roches, la détermination de la proportion des minéraux dans les roches, de
la structure et de la texture des roches. Les méthodes géochimiques consistent à déterminer, à
l’aide de différents instruments analytiques, la composition chimique de la roche. Cette
composition chimique servira à la classification des roches selon des critères internationaux.
Les méthodes géochimiques sont plus fiables que les méthodes descriptives. Par contre, elles
sont plus coûteuses et ne permettent pas une identification instantanée des roches sur le
terrain, les échantillons doivent être ramenés au laboratoire. Exemple d’appareillage de
mesures utilisées par les méthodes géochimiques : spectromètre de fluorescence X,
spectromètre à émission plasma, microsonde électronique…
La pétrographie est une branche des Sciences de la Terre qui s’intéresse à la
description et à la classification des roches.
Petrography is a branch of earth science, concerned with the description and
classification of rocks.
La pétrologie est par ailleurs la science qui s’intéresse à la description, à la
classification et à l’interprétation de la genèse des roches.
Une roche est un agrégat naturel de minéraux, de verre et/ou de matière organique qui
compose la croûte terrestre.

3
Rocks are any natural material hard or soft (e.g. clay) having a distinctive mineral
composition (with some glass and/or organic substances or matter).
Un minéral est une substance solide (pas un liquide, ni un gaz) naturelle (qui se forme
sans l’intervention de l’homme), possédant une composition chimique définie (exprimé par sa
formule structurale) et une structure atomique ordonnée (cristal).
A mineral is a naturally occurring solid inorganic substance, which has a definite
chemical composition, normally uniform throughout its volume.
Sur le plan économique, les matières premières minérales sont toutes extraites des
roches, d’où l’intérêt de maîtriser leur description, leur composition minéralogique et
chimique. La construction des ouvrages d’art ne peut se réaliser sans une étude géologique
des terrains. Cette étude est basée sur les propriétés physiques et mécaniques des roches. Les
matériaux de construction sont de même pour la plupart à base de roches.
La classification fondamentale des roches se base sur l’origine et leur processus de
formation (appelé pétrogenèse). On peut ainsi classer les roches en trois grands groupes :
(les roches magmatiques, les roches métamorphiques, les roches sédimentaires).
• les roches magmatiques (encore appelées roches ignées) : sont les produits du
refroidissement et de la consolidation de bains silicatés en fusion, appelés magmas. Ce
refroidissement pouvant se faire soit à la surface de la terre (donnant les roches volcaniques),
soit au sein de l’écorce terrestre (donnant les roches plutoniques). Il existe aussi des roches de
semi profondeur.
• les roches métamorphiques : sont formées à partir de roches préexistantes
essentiellement par des recristallisations dues à des élévations de température et de pression,
• les roches sédimentaires : se forment à partir de la désintégration d’autres roches à la
surface de la terre, ou à partir de la précipitation chimique ou biochimique de solutions.
Le magma occupe une position centrale dans le cycle des roches : il en est le point de
départ et le point d'arrivée du cycle.
La première phase du cycle est constituée par la cristallisation du magma. Ce
processus conduit à la formation des roches magmatiques. Le magma peut cristalliser en
surface, et les roches magmatiques formées sont dites volcaniques. Les roches volcaniques
sont donc exposées à la surface de la Terre. Si le magma cristallise en profondeur, il donnera
des roches plutoniques. Les roches plutoniques sont amenées à la surface lors du
soulèvement et l’érosion des terrains par les processus dynamiques de la tectonique des
plaques, lors de la formation de chaînes de montagnes par exemple.

4
A la surface, les roches magmatiques subissent les processus associés à l'énergie
solaire - chauffage, refroidissement, vent, pluie - et la circulation d'eau météorique. Ces
roches s'altérèrent et se décomposent en grains individuels qui sont transportés par l'eau, la
glace et le vent pour former un dépôt meuble, un sédiment (graviers, sables, boues). Ce
processus est appelé la sédimentation. Puis ce sédiment se transforme progressivement en
roche sédimentaire selon un ensemble de processus qu'on appelle la diagenèse. Les roches
sédimentaires sont les plus communes à la surface terrestre parce qu'elles forment une couche
mince au-dessus de la croûte terrestre.
L'enfouissement de cette roche sédimentaire (dans les chaînes de montagnes par
exemple) implique des changements de la température et de la pression ambiante. Les roches
sédimentaires se transforment alors en roches métamorphiques. On appelle
métamorphisme, le processus de transformation d’une roche sous l'effet de la température et
de la pression élevée. Les roches magmatiques peuvent aussi être soumises aux processus du
métamorphisme et produirent des roches métamorphiques. L’érosion des roches
métamorphiques et des roches sédimentaires produira aussi des sédiments et éventuellement
des roches sédimentaires. Le retour au magma par la fusion des roches boucle le cycle.

5
Chapitre 1. Caractères généraux des magmas

1. Introduction
Les roches magmatiques résultent de la solidification (cristallisation, refroidissement)
d’un magma. Comme le magma est en général à une température relativement élevée (650 à
1250° C), ces roches sont aussi appelées roches ignées (ou roche de feu).
Le magma est un bain silicaté fondu, constitué d’une phase liquide, d’une phase solide
(cristaux) et d’une phase gazeuse.
La solidification du magma peut se faire à l’intérieur de la lithosphère où le
refroidissement est lent, et les roches formées sont alors appelées roches plutoniques. Elles
n’apparaissent donc à la surface que par le jeu des déformations de l’écorce terrestre et de
l’érosion.
Le magma peut aussi subir un refroidissement rapide s’il est émis à la surface de la
Terre, à l’air libre ou sous l’eau : les roches ainsi formées sont appelées roches volcaniques
(dites aussi extrusives ou effusives).
Entre les deux extrêmes, il existe des intermédiaires, et les roches formées sont
nommées selon le contexte, roche de semi-profondeur, roches périplutoniques, roches
hypovolcaniques.

2. Types de magma
Les types de magmas sont déterminés par leurs compositions chimiques, et plus
spécialement par leur teneur en silice. Ainsi, on distingue trois grands types de magmas :
Les magmas basaltiques ou gabbroïques (basiques) : 45-55 % SiO2, riche en Fe, Mg, Ca,
pauvre en K, Na.
Les magmas andésitiques ou dioritiques (intermédiaires) : 55-65 % SiO2,
intermédiaire en Fe, Mg, Ca, K, Na.
Les magmas rhyolitiques ou granitiques (acides) : 65-75 % SiO2, pauvre en Fe,
Mg, Ca, riche en K, Na.
Environ 80% des magmas émis par des volcans sont basaltiques, et les magmas
andésitiques et rhyolitiques représentent ~10% chacun du total.

6
3. Gaz, température et viscosité des magmas
La plupart des magmas contiennent des gaz (0,2 à 4% en poids) dissous dans le
liquide. Bien qu'ils soient présents en faible quantité, les gaz ont un effet énorme sur les
propriétés physiques du magma (la présence des gaz donne au magma leur caractère explosif).
La composition des gaz dans les magmas est la suivante :
Principalement H2O (vapeur d’eau) avec un peu de CO2 (dioxyde de carbone) A eux
deux, ils comptent pour plus de 98% de tous les gaz émis par les volcans.
Les autres gaz incluent N, Cl, S et Ar sont rarement présents à plus de 1%.
La présence de gaz dans les magmas est liée à leurs compositions chimiques. Ainsi,
les magmas rhyolitiques ont une teneur en gaz dissous plus élevée que les magmas
basaltiques.

La température d'un magma est difficile à mesurer parce que les volcans actifs sont
évidemment des endroits dangereux. Les géologues emploient donc des appareils optiques
pour mesurer la température d'un magma loin d'une éruption ou ils font des expériences en
laboratoires pour déterminer les températures des roches en fusion.
Magma basaltique : 1000 – 1200°C.
Magma andésitique : 800-1000°C.
Magma rhyolitique : 650-800°C.

Remarque
A l’Archéen existaient des magmas plus chauds qui ont donnée naissance à des roches
appelées Komatiites (du nom de la rivière Komati en Afrique du Sud, où ces roches ont été
découvertes en 1969 par Richard et Morris Viljoen). La température de ces magmas est
estimée entre 1400 et 1600°C. L’existence de ces magmas chauds à ces périodes reculées
montre que le gradient géothermique de la Terre était plus élevé qu’actuellement. Ces
magmas contenaient moins de 45% de SiO2 et sont appelés : magmas ultrabasiques. Les
magmas ultrabasiques n’existent plus aujourd’hui à la surface de la Terre.
Signalons aussi l’existence d’une lave très rare de faible température (lave qui a la
température la plus basse connue) : la carbonatite (lave alcaline très riche en calcium). Un
seul volcan actif émet actuellement des carbonatites : le Lengaï, en Tanzanie.

La viscosité est la résistance du magma à l'écoulement (plus un magma est visqueux,

7
et moins il se comporte comme un fluide). La viscosité est la mesure de la résistance d’un
fluide à couler uniformément et sans turbulence. La viscosité du magma dépend de sa
composition (de la teneur en silice et du contenu en gaz dissous) et de la température.
Les magmas riches en SiO2 (silice) ont une viscosité plus élevée que ceux pauvres en SiO2
(la viscosité augmente avec l’augmentation de la teneur en SiO2 du magma).
La vitesse d’écoulement d’un liquide visqueux est donc inversement proportionnelle à
sa viscosité. Dans un bain de silicate la viscosité diminue dans les conditions suivantes:
- élévation de température ;
- augmentation de la température en H2O ;
- augmentation de la teneur en gaz ;
- et diminution de teneur en SiO2.

8
Chapitre 2. Les roches magmatiques (ou ignées)

1. Introduction
La classification des roches magmatiques se fait sous la base de leur structure et texture,
de leur composition minéralogique et de leur composition chimique. Certains noms des roches
sont dérivés des noms des composantes minérales, mais la plupart sont basés sur les noms des
localités types et des régions où elles ont été définies ; comme par exemple les andésites des
Andes.

2. Structure et/ou texture


La structure d’une roche est l’assemblage géométrique des minéraux tels qu’on peut les
déceler à l’œil nu et à la loupe (cas des observations macroscopiques). Exemple : structure litée,
massive, rubanée.
La texture d’une roche désigne l’agencement, la granulométrie et la forme
géométrique des minéraux tels qu’on peut les observer au microscope polarisant (échelle
microscopique).
La structure ou la texture d’une roche dépend en grande partie de la vitesse de
refroidissement du magma. Ainsi, des roches ayant la même composition chimique et
minéralogique peuvent avoir des structures et textures différentes. Pour un refroidissement lent la
consolidation du magma conduit aux roches holocristallines (entièrement cristallines) avec des
structures macrocristallines ou phanéritiques, c’est le cas des roches plutoniques. Pour un
refroidissement rapide la consolidation du magma conduit à des roches hypocristalline avec des
structures microcristallines ou aphanitiques ; seul quelques cristaux peuvent être visibles à
l’oeil nu, c’est le cas des roche volcaniques. Pour un refroidissement très rapide et brutal, les
roches ont une structure vitreuse ou hyaline, c’est le cas des verres volcaniques (Ex :
obsidienne).
En général, ce critère est utilisé pour subdiviser les roches magmatiques en roches
plutoniques (roches à grains grossiers à moyens) et roches volcaniques (roches à grains fins,
vitreuses ou porphyriques). On peut également ajouter à cette subdivision les roches
intermédiaires ou subvolcaniques (hypabyssales ou de semi profondeur).

3. Composition minéralogique
Les roches magmatiques sont composées de plusieurs minéraux essentiels qui peuvent
être classé en fonction de leur couleur en deux groupes :

9
- Les minéraux blancs ou minéraux cardinaux (quartz, feldspaths alcalins, feldspaths
calco-sodiques ou plagioclases, feldspathoïdes).
- Les minéraux colorés ou ferromagnésiens (olivine, pyroxène, amphibole, mica).
La couleur d’une roche dépend de la nature des minéraux présents et de leur taille. En
général, les roches qui contiennent beaucoup de feldspaths et de quartz ont une couleur claire.
Ceux qui contiennent beaucoup de pyroxènes, olivines et amphiboles (minéraux ferromagnésiens)
ont une couleur sombre. Mais ce critère ne peut pas être appliqué dans le cas de roches
volcaniques (grains fins). Par exemple, le granite est essentiellement composé de quartz et de
feldspaths, et en général sa couleur est claire. Par contre, une roche volcanique ayant la même
composition chimique que le granite mais qui a refroidi rapidement peut être entièrement
composée de verre et avoir une couleur noire (obsidienne).

Selon ce critère, les roches sont classées en :


- Roches felsiques, qui sont des roches qui contiennent beaucoup de minéraux de couleur
claire (minéraux felsiques, fel = feldspaths et sique : silice), c'est-à-dire les minéraux (quartz,
feldspaths, feldspathoïdes) qui contribuent aux tons blanc, gris pâle, et rose dans la couleur de la
roche. Exemple : le granite, la rhyolite, la syénite.
- Roches mafiques, qui sont des roches qui contiennent une grande proportion de
minéraux de couleur sombre (minéraux mafiques, ma = magnésium et fiques = fer), c'est-à-dire
les minéraux (pyroxènes, amphiboles, olivine, biotite, minéraux opaques ou oxydes et sulfures)
qui contribuent aux tons vert, brun, et noir dans la couleur de la roche. Exemple : le basalte, le
gabbro.
- Roches ultramafiques, qui sont des roches qui sont composées essentiellement de
minéraux mafiques. Exemple : péridotite, pyroxénite.
La présence ou l’absence des minéraux blancs et colorés permet également de déterminer
les divisions, les familles et les groupes de roches magmatiques.

3.1. Les divisions


Elles sont basées sur la plus ou moins grande abondance du quartz dans la roche. On
distingue :
- les roches à quartz seul
- les roches à quartz et à feldspaths,
- les roches à feldspaths seuls,
- les roches à feldspaths et feldspathoïdes,

10
- les roches à feldspathoïdes seuls
- les roches sans quartz, ni feldspaths et sans feldspathoïdes, constituées à plus de 90 %
de minéraux ferromagnésiens.
L’indice de saturation (ISAT) en minéraux blancs (cardinaux) est donné par la relation
suivante :
ISAT = Q/(Q + F) * 100 ou f/(f + F) * 100 avec Q : proportion en % du quartz, F : proportion en %
du feldspath et f : proportion en % du feldspathoïde.

3.2. Familles
Elles sont basées sur la nature chimique des feldspaths c’est à dire la teneur en sodium
(Na), potassium (K) et calcium (Ca). On distingue :
- les roches alcalines (ou à feldspath alcalin),
- les roches calco-alcalines (à feldspath alcalin et plagioclase)
- les roches calco-sodiques (à plagioclase seul).
Il existe par ailleurs des roches dépourvues de feldspaths, mais renfermant des
feldspathoïdes, ce sont des foïdites.

3. 3. Les groupes
Les roches sont reparties en groupes en fonction de la quantité des minéraux colorés; il
s’agit des minéraux ferromagnésiens : olivine, pyroxènes, amphiboles, biotite….. On utilise pour
cela l’indice de coloration (Icol) :
Icol = 100 – (Q + F) pour les roches à quartz ;
Icol = 100 – (F + f) pour les roches à feldspathoïdes. Avec Q : proportion en % du quartz, F :
proportion en % du feldspath et f : proportion en % du feldspathoïde.
En fonction de cet indice, les roches peuvent appartenir à l’un des groupes suivants:
- Les roches hololeucocrates (claires), 0% < Icol < 10 %,
- Les roches leucocrates, 10% < Icol < 35 %,
- Les roches mésocrates, 35% < Icol < 65 %,
- Les roches mélanocrates, 65% < Icol < 90 %
- Les roches holomélanocrates, (sombres) 90% < Icol < 100 %
4. Notion de mode et de norme
Le mode d’une roche magmatique est la composition minéralogique effective
exprimée en pourcentage volumique de ces différents minéraux déterminés à l’œil nu

11
(macroscopique) ou sur les lames minces au microscope. La détermination du mode d’une
roche se fait en observant la lame mince de ladite roche montée sur une surplatine au
microscope polarisant.
La surplatine qui permet de déplacer la lame mince suivant la direction normale X et
Y est montée sur un bloc de comptage (compteur de points). Pour un résultat fiable il faut
compter plus de 1000 points et après le diagnostique du total des points on trouve le
pourcentage de chaque minéral compté. La détermination du mode d’une roche permet de
placer dans un diagramme de classification les roches magmatiques.

La norme d'une roche est la composition théorique minérale qu’aurait acquise la roche si
elle avait complètement cristallisé. Elle est calculée à partir de son analyse chimique (éléments
majeurs). Il existe plusieurs normes, (Niggli-Barth, CIPW), la plus universellement utilisée est la
norme CIPW (de Cross, Iddings, Pirsson et Washington, qui, en 1903 la créèrent).

5. Composition chimique des roches magmatiques


La composition chimique des roches magmatiques permet d’effectuer avec plus de
précision la classification des roches. L’inconvénient est qu’il nécessite des travaux d’analyse au
laboratoire, et ne permet pas une détermination rapide de la roche sur le terrain. La composition
chimique des roches magmatiques est exprimée sous la forme de la teneur en % en poids des
oxydes des éléments majeurs ou en ppm et ppb pour les éléments en traces. On peut alors entamer
une classification des roches en fonction de leur teneur en certains oxydes.

5.1. Classification basée sur la saturation en silice SiO2


Nous avons défini la notion de saturation en fonction de la présence ou de l’absence de
quartz dans une roche. À partir de l’analyse chimique d’une roche, on peut également la classer

12
selon la saturation en calculant sa norme.
Dans une roche sursaturée, le quartz et l’hypersthène seront présents dans la norme.
Dans une roche sous-saturée, l’olivine, la néphéline et/ou la leucite seront présentes dans
la norme.
Dans une roche saturée, l’olivine et l’hypersthène seront présents dans la norme, mais
pas de quartz, ni de néphéline, ni de leucite.

5.2. Classification basée sur la saturation en alumine Al2O3


L’alumine Al2O3 est un important oxyde qui entre dans la composition chimique des
roches magmatiques. Les feldspaths sont, en général, les minéraux les plus abondants des roches
magmatiques. Ainsi, tout excès ou manque d’aluminium par rapport aux alcalins va se répercuter
sur la minéralogie de la roche (rappelons les formules chimiques des trois pôles feldspathiques :
KAlSi3O8 , NaAlSi3O8, CaAl2Si2O8).
Ainsi, indépendamment de la saturation en silice, et en fonction du rapport entre l’alumine
et Na2O, K2O et CaO, on distingue :
- Les roches hyperalumineuses ont un excès d’alumine (la quantité d’alumine est
suffisante pour former les feldspaths, et il reste de l’alumine en excès). Dans ce cas : Al 2O3 >
(CaO + Na2O + K2O). Dans les roches hyperalumineuses, les minéraux riches en Al 2O3 tels que la
muscovite (KAl3Si3O10(OH)2), le corindon (Al2O3) et le topaze (Al2SiO4(OH,F)2) sont
généralement présents. Une roche hyperalumineuse contient toujours du corindon dans sa norme.
- Les roches méta-alumineuses ont les teneurs en Al2O3 < (CaO + Na2O + K2O), et Al2O3
> Na2O + K2O. C’est le cas le plus fréquent chez les roches magmatiques. Ces roches sont
caractérisées par l’absence de minéraux riches en alumine et de pyroxènes et amphiboles
sodiques. Une roche méta-alumineuse contient du clinopyroxène normatif.
- Les roches hypoalumineuses ou hyperalcalines : ce sont des roches sursaturées en
alcalins (Na2O + K2O) et sous-saturées en alumine Al2O3, ce qui se traduit par la relation
suivante : Al2O3 < Na2O + K2O. Les roches hyperalcalines se distinguent par la présence dans
leurs compositions minéralogiques, de minéraux riches en sodium Na : aegyrine
(clinopyroxène alcalin) [NaFe+3Si2O6], riébeckite (amphibole sodique)
[Na2Fe3+2Fe2+3Si8O22(OH)2, arfvedsonite (amphibole sodique) [Na3Fe4+2(Al,Fe+3)Si8O22(OH)2 ],
ou aenigmatite (amphibole) [Na2Fe5+2TiO2Si6O18]. Une roche hyperalcaline contient toujours
de l’acmite (pyroxène aegyrine) [NaFe+3Si2O6] normatif.

13
5.3. Classification basée sur l’alcalinité de la roche
Selon la relation entre Na+K et Ca, on peut distinguer :
- les roches hyperalcalines : Na + K >> Ca
- les roches alcalines : Na + K > Ca
- les roches calco-alcalines : Na + K ~ Ca
- les roches calco-sodiques ou calciques : Na + K < Ca

Enfin, on utilise souvent un diagramme appelé diagramme de TAS (Total alkali) en


portant en abscisse le pourcentage en SiO2 et en ordonné la somme des pourcentages en K2O +
Na2O pour distinguer entre roches alcalines et roches subalcalines (planche). Ce diagramme est
aussi celui qui est utilisé pour la classification chimique des roches volcaniques dans l’ensemble.

5.4. Classification chimico-minéralogique de Lacroix (classique)


C’est une classification très pratique, qui est basée sur la détermination de tous les
minéraux d’une roche. Pour une roche plutonique (donc cristallisée), on détermine la composition
minéralogique réelle (le mode) en utilisant le microscope polarisant et le compteur de points pour
la proportion de chaque minéral dans la roche. Pour les roches volcaniques, on calcul la norme à
partir de l’analyse chimique, et donc la proportion des minéraux virtuels qui constitueraient la
roche si elle était entièrement cristallisée.

14
5.5. Classification de Streckeisen (Internationale, U.I.S.G.)
Dans le but d’unifier la terminologie des roches magmatiques, l’Union Internationale des
Sciences Géologiques (U.I.S.G.) recommande d’utiliser la classification de Streckeisen (1974)
appelée aussi : classification internationale. Cette classification, basée sur les proportions de
minéraux présents dans les roches et sur l’incompatibilité existant entre le quartz et les
feldspathoïdes, est représentée par deux triangles équilatéraux ayant une base commune. Les
sommets du triangle supérieur sont occupés par le quartz (Q), les feldspaths alcalins (A) et les
plagioclases (P). Les sommets du triangle inférieur sont occupés par les feldspaths alcalins (A),
les plagioclases (P) et les feldspathoïdes (f). Les feldspaths alcalins sont représentés par l’orthose
et le microcline, les plagioclases par les feldspaths calco-sodiques (An05 à An100). Cette
classification s’applique aux roches contenant moins de 90 % de minéraux ferromagnésiens. Pour
les roches volcaniques, on utilise la même procédure, à condition de pouvoir déterminer la
composition minéralogique (parfois difficile à cause de la finesse des minéraux). Les roches
plutoniques sont en majuscules, les roches volcaniques en minuscules. Si le mode est impossible à
déterminer, on utilise la classification chimique de TAS. Pour les roches situées dans le champ
des diorites et gabbros, la distinction entre ces deux roches est basée sur la teneur en anorthite des
plagioclases. Si An > 50 (plagioclase basique), la roche est un gabbro (basalte). Si An < 50

15
(plagioclase acide), la roche est une diorite (andésite).

Les pourcentages des feldspaths sont donnés en fonction de l’orthose (Or), l’albite (Ab) et
l’anorthite (An). Pour retrouver les pourcentages en feldspaths alcalins et plagioclases, on utilise
les relations suivantes :

Feldspath alcalin = Or x T ; Plagioclase = An x T


Où T = (Or + Ab + An) / (Or + An).
Cette nomenclature doit ajouter aux principaux groupes (noms) définis :
L’indice de coloration, avec les préfixes leuco-, méso- et mêla-, selon la proportion des
minéraux colorés. Exemple : leuco-granite (granite très clair) ;
La mention des minéraux caractéristiques, selon l’ordre croissant d’abondance (attention :
ces minéraux sont rares). Exemple : un granite à amphibole-biotite contient plus de biotite que
d’amphibole ; la taille des grains (pegmatitique, grossier, moyen, fin, aplitique). Exemple : granite
pegmatitique (gros cristaux centimétriques) ; granite aplitique (granite à cristaux fins, invisibles à
l’oeil nu).
Pour classer les roches holomélanocrates (contenant plus de 90 % de minéraux colorés),
on utilise un triangle dont les sommets sont occupés par l’olivine, l’orthopyroxène et le
clinopyroxène.
Les roches contenant plus de 40 % d’olivine sont des péridotites, celles en contenant
moins sont des pyroxénites. Les péridotites sont divisées en dunites (plus de 90 % d’olivine),
harzburgites (olivine + orthopyroxène), wehriltes (olivine + clinopyroxène) et lherzolites (olivine
+ orthopyroxène + clinopyroxène).

16
17
La classification de Streckeisen (1976). (a) Le triangle de classification des laves à feldspaths―feldspathoïdes
(contenant moins de 90 % de minéraux ferromagnésiens). Elle consiste en deux triangles équilatéraux placés en
tête-bêche, avec les composants suivants : Quartz―feldspath alcalin―plagioclase ; Feldspathoïdes―feldspath
alcalin―plagioclase.

5.6. Classification chimique des roches volcaniques : le diagramme de TAS


La composition minéralogique réelle des roches volcaniques est parfois impossible à
déterminer à l’œil ni à cause de la finesse du grain et de la présence de verre. La classification de
ces roches est basée sur la composition chimique. La nomenclature des roches volcaniques
adoptées par l’U.I.S.G. est fondée sur le diagramme [Na2O + K2O] (%) vs. SiO2 (%)., appelé
également diagramme TAS (Total Alkalies Silica), dans lequel différents champs ont été tracés.

Figure : Nomenclature des roches volcaniques dans le diagramme de classification TAS (Total Alkali―Silica)
de Le Bas et al. (1986).

18
Figure : Nomenclature des laves d’après Cox et al. (1979). La ligne séparant les séries alcaline et sub-alcaline est
d’après Miyashiro (1978).

Le diagramme TAS est divisé en 15 champs, dont deux contiennent des sous divisions
basées sur d’autres critères chimiques, ce qui conduit à distinguer 17 noms de roches volcaniques
: basalte, andésite basaltique, andésite, dacite, rhyolite, trachy-basalte, trachy-andésite basaltique,
trachy-andésite, trachyte, trachy-dacite, picro-basalte, basanite, téphrite, phono-téphrite, téphri-
phonolite, phonolite et feldspathoïdite.
La distinction entre basanite et téphrite est basée sur le pourcentage en olivine (ol) dans
la norme CIPW. Si ol > 10 %, la roche est une basanite. Sinon, c’est une téphrite.
La distinction entre trachyte et trachy-dacite est basée sur le pourcentage du quartz (Q)
dans la norme CIPW. Si Q > 20 %, la roche est un trachy-dacite. Sinon, c’est un trachyte.
Le champ des trachy-basaltes peut être divisé en deux selon les pourcentages de Na2O et
K2O : si (Na2O – 2) > K2O, la roche est une hawaïte. Si (Na2O – 2) < K2O, on emploie le nom de
trachy-basalte potassique.
En utilisant le même critère, le champ des trachy-andésites basaltiques est divisé en deux
: si (Na2O – 2) > K2O, la roche est une mugéarite. Si (Na2O – 2) < K2O, on emploie le nom de
shoshonite.
De la même façon, le champ des trachy-andésites est divisé en deux : si (Na2O – 2) >
K2O, la roche est une benmoréïte. Si (Na2O – 2) < K2O, on emploie le nom de latite.
La classification de TAS doit être utilisée en respectant les conditions suivantes :
- Les roches doivent être fraîches : dans la composition chimique, la teneur en H 2O+ est inférieure
à 2 %, celle de CO2 inférieure à 0,5 %.

19
- Les analyses chimiques doivent être recalculées de telle façon à ce que la somme des
pourcentages en oxydes soit égale à 100 % en éliminant H2O et CO2.
- Le rapport entre FeO et Fe2O3 dans la norme doit être calculé selon la formule : Ox = 0,93 –
0,0042 SiO2 - 0,022 (Na2O + K2O), où : Ox = FeO / (FeO + Fe2O3). Ce calcul est nécessaire pour
être sûr que la roche n’a pas été oxydée au contact de l’air lors de sa formation.

Certains groupes de roches particulières, comme les dolérites, les lamprophyres, les lamproïtes,
les carbonatites et les spilites ne figurent pas dans ces classifications précédentes.

20
Chapitre 3. Les roches sédimentaires

Introduction
Les roches sédimentaires sont des produits secondaires, formées à la surface de la
croûte terrestre, à partir des produits d’altération des roches préexistantes. Ces roches
préexistantes peuvent être des roches magmatiques, métamorphiques, ou même sédimentaires.
En surface, leurs minéraux deviennent instables sous des conditions de température et de
pression différentes de celles qui ont contribué à leur genèse. D’autre part, les roches sont
soumises aux agents d’altération que constituent l’atmosphère, le vent, les eaux (des océans,
des précipitations, les eaux souterraines), les glaces, mais également le biotope vivant à la
surface de la terre (flore, faune, en particulier les micro-organismes). À ces processus
naturels, il faut ajouter l’action de l’homme qui peut modifier rapidement les conditions de
surface (déboisement, imperméabilisation des sols, excavations, pompage des nappes
phréatiques, ...).
Les roches sédimentaires sont regroupées en deux grandes classes, suivant leur genèse.
On distingue les roches terrigènes (ou détritiques) et les roches chimiques/biochimiques. Il
existe évidemment des roches intermédiaires qui sont un mélange des deux processus de
formation. Les roches terrigènes (ou détritiques) sont constituées pour 50 % au moins de
débris de roches précédemment formées. Les roches chimiques/biochimiques sont des roches
qui sont formées par des processus chimiques (précipitation pour la plupart) ou sous
l’influence d’organismes vivants.

1. Processus sédimentaires
Les roches qui affleurent à la surface de la Terre sont en déséquilibre physico-
chimique par rapport à leur milieu de formation. Les étapes du cycle de sédimentation sont :
l’altération, l’érosion, le transport, la sédimentation et la diagenèse.

21
Figure : facteurs du processus sédimentaire (Dercourt & Paquet, 1995)

Cependant, certaines roches sédimentaires sont formées selon d’autres processus :


- évaporation de l’eau d’une solution saline Ex : les évaporites (halite, gypse,…) ;
- processus purement biochimique à l’origine des calcaires construits (barrière de
corail) ;
- enfouissement de végétaux et leur dégradation par des bactéries anaérobies. Ex : les
« roches » carbonées (charbon, pétrole, ..).

22
1.1. L’altération
C’est l’ensemble des mécanismes physiques et chimiques qui vont transformer la
roche mère en des phases plus petites (particules) et libérer les ions constitutifs de la roche
mère, qui vont soit partir en solutions, soit précipiter sous forme de minéraux de
néoformation. Il existe deux types d’altération : l’altération mécanique et l’altération
chimique/biochimique.
L’altération mécanique conduit au morcellement, à la désagrégation ou à la
dissociation des phases qui constituent une roche mère, sans en modifier la composition
minéralogique et chimique. Cette dissociation de la roche mère facilitée par la présence des
surfaces de discontinuités (fracturation, stratification, foliation, limite entre les minéraux,
surface d’épanchement pour les roches volcaniques), se fait sous l’effet des forces qui
s’opposent à la cohésion de la roche ; ce sont par exemple :
- les simples variations de température (diurne et nocturne) et le phénomène de gel -
dégel,
- le déplacement des glaciers (provoque une pression sur la roche),
- la végétation et en particulier les racines qui peuvent fracturer les roches,
- la force de gravité,
- l’hydratation et cristallisation des sels.

Les agents d’altération chimique sont : l’eau, l’oxygène, le gaz carbonique, les acides
produits par les bactéries et les racines mais également l’activité humaine, le facteur
thermique, les conditions de drainage et de circulation des eaux. Il faut ajouter à ceux-ci, les
agents d’altération biochimique que constituent les plantes ou les microorganismes.
L’altération chimique résulte de l’interaction entre une solution d’attaque (en général l’eau) et
des phases constructives de la roche mère qui ne sont pas en équilibre thermodynamique à la
surface du globe. Elle aboutit à une mise en solution et à la précipitation des ions.

1.2. Érosion
L’érosion peut être fluviatile, éolienne ou glaciaire. La gravité joue un rôle majeur
dans le mécanisme d’érosion. Elle est un facteur de déséquilibre en particulier quand le relief

23
est important.

1.3. Transport et dépôts des sédiments (sédimentation)


Les agents de transport des particules sont la pesanteur, la glace, le vent et l’eau. Un tri
granulométrique des particules arracher de la roche mère va s’effectuer durant le transport par
les agents, de manière statistique ; les particules de petites tailles iront plus loin que les
particules de grandes dimensions.
Durant le transport, chaque particule subit une altération mécanique due au choc, ce
qui provoque la formation des particules de plus en plus petites et simultanément elle subit
une usure par frottement suivant le mode de transport.
Tout le matériel transporté s’accumule dans les bassins de sédimentation pour former
un dépôt gorgé d’eau. Les sédiments se déposent en couches successives dont la composition
minéralogique, la taille des particules, la couleur peuvent varier en fonction des époques
géologiques. Les différentes couches sont séparées par des surfaces de stratification.
L’observation des phénomènes de sédimentations a montré l’existence des milieux de
sédimentation continentale, marine et de transition entre les deux précédents (marge
océanique). Le milieu de sédimentation continentale est constitué par des dépôts détritiques
d’origine continentale tels que les éboulis, les blocs, les coulées boueuses, les moraines, les
galets, les sables, les limons, les ossements, les dépôts salin d’évaporation... En milieu marin
deux domaines de sédimentation sont observés. Le domaine littoral ou néritique (peu profond)
et le domaine pélagique (très profond). Les sédiments littoraux sont des sables et des vases et
ceux pélagiques sont constitués de poussières entraînées par le vent, des produits des
éruptions sous marines, des fossiles et coquilles associés aux vases. Le domaine de transition
c’est-à-dire la marge continentale (embouchure des fleuves, lagunes, plage…) est constituée
des sédiments de type continental et marine.

1.4. Diagenèse
La diagenèse est l’ensemble de processus mécanique et chimique qui affectent des
dépôts sédimentaires et les transforment progressivement en roches sédimentaires. Les
processus de diagenèse sont complexes et variés, ils vont de la compaction à la cimentation en
passant par des phases de dissolution, de recristallisation ou de remplacement des minéraux.
La compaction (ou parfois nommée « consolidation ») résulte du fait que les sédiments
meubles sont progressivement enfouis sous d’autres apports, ce qui entraîne une

24
augmentation de la contrainte moyenne et une expulsion progressive de l’eau et une
diminution de la porosité du sédiment.

Le processus de cimentation est le principal responsable du passage d’un sol meuble à


une roche et varie en fonction de la nature du sédiment. De façon générale, l’eau qui circule
dans le sédiment peut être sursaturée par rapport à certains minéraux, qui précipite alors dans
les pores du sédiment et soudent les particules les unes aux autres.

25
2. Structure et texture
2.1. Structure
Dans le cadre de la sédimentologie, la notion de structure englobe implicitement des
caractéristiques propres à la genèse du dépôt sédimentaire (strates, présence de fossiles, aspect
massif…), à leur forme (couche, lentilles) et des caractéristiques internes (schistosité,
concrétions, …), etc. Les roches sédimentaires sont généralement disposées en couche
séparée par des surfaces plus ou moins planes : elles sont stratifiées. Il y a souvent grano-
classement des éléments.

a) Structure stratifiée
C’est une caractéristique généralement macroscopique (à l’échelle de l’affleurement)
mais peut parfois également être mise en évidence à l’échelle de l’échantillon. La surface de
séparation entre deux strates (couches) s’appelle la surface de stratification. La stratification

26
peut être parallèle (résultant de conditions de dépôt en eaux calmes) ou discordante.

b) Structure massive
Au contraire de la structure précédente, la roche ne montre aucun joint discernable,
elle est homogène. Cette structure est beaucoup plus rare et se rencontre principalement dans
les roches d’origine biochimique.

c) Structure lenticulaire
La roche à structure lenticulaire a la forme d’une lentille, limitée dans le plan
horizontal et généralement de faible épaisseur par rapport à ses dimensions horizontales.
C’est une structure qui se rencontre fréquemment dans les roches meubles. Par
exemple, on trouve fréquemment des lentilles de sable dans les sols limoneux ou argileux qui
peuvent, par leur modification du régime d’écoulement des eaux souterraines, constituer des
surfaces de glissement préférentielles.

d) Structure concrétionnée
On observe des concrétions au sein de la roche qui sont des épaississements par
accumulation de matières autour d’un noyau et sont principalement due au chimisme des eaux
ou à l’activité des organismes. Les concrétions peuvent être siliceuses (silex au sein des
formations calcaires), calcareuses ou ferrugineuses. Les concrétions sont fréquentes au sein
des calcaires, parmi celles-ci les « oolithes » sont les plus courantes. Il s’agit d’enveloppe de
calcite formée autour d’un noyau qui peut être un fragment minéral ou organique.

e) Structure à schistosité
Cette structure concerne les roches sédimentaires formées à partir du dépôt de fines
particules qui s’orientent lors de sa compaction.

f) Structure fossilifère
La présence de fossiles est une caractéristique importante des roches sédimentaires,
car ils ne peuvent évidemment être présents dans les roches magmatiques ou
métamorphiques. Les fossiles se rencontrent très souvent dans les roches calcaires mais
également dans les roches carbonées (charbon) et plus rarement dans les grès ou schistes.

27
2.2. Texture
Les principales textures des roches sédimentaires sont :
- La texture clastique : les roches qui présentent cette texture sont composées de
débris de roche et des minéraux préexistants, indurés ou compactés par un ciment. Ex : les
conglomérats, les grès, les schistes et les argiles sédimentaires.
- La texture cristalline (ou granulaire), ici les roches sont composées de minéraux
engrainés, cristallisés à partir des solutions, généralement une seule espèce minérale domine.
Ex : les évaporites
- La texture oolithique : les roches présentant cette texture sont composées de petites
sphères d’environ 1 mm de diamètre et cimentés généralement par de la calcite
microgranulaire.
- La texture pisolitique est semblable à celle oolitique excepté que le diamètre des
sphères est supérieur à 2 mm. Ex : bauxites
- La texture squelettique : elle est très proche de la texture clastique excepté que les
roches ayant cette texture sont composées de débris et de fragment osseux, de coquilles et
parfois de fossiles.

3. Classification des roches sédimentaires


Les roches sédimentaires sont des roches exogènes, c’est-à-dire formées à la surface
du globe terrestre par accumulation d’éléments issus des roches préexistantes ou des
précipitations à partir des solutions. Ces roches sont très diversifiées, compte tenu de la
complexité et du nombre des processus menant à leur formation. Il existe par conséquent
plusieurs types de classification. En général, on commence par classer les roches
sédimentaires par groupe en fonction de leur genèse. Dans un deuxième temps, chaque groupe
possède sa (ses) classification (s) propre (s). De plus, pendant le transport, des particules
appartenant à différents groupes sont fréquemment mélangées pour aboutir à la formation de
roches intermédiaires.
Les roches sédimentaires sont constituées des minéraux essentiels suivants : quartz,
feldspaths, minéraux argileux, micas, calcite, dolomite. Les principaux minéraux accessoires
de ces roches sont : le gypse, l’halite, la pyrite, les oxydes de fer (hématite, magnétite), la
bauxite et les « roches » carbonées (charbon et pétrole).

28
3.1. Classification des roches terrigènes (détritiques) meubles et consolidées
Les roches détritiques meubles sont classées en fonction de la taille des particules qui
les constituent. On distingue :
- pour des tailles > 2mm (rudites ); les galets, les graviers, les cailloutis
- pour des tailles comprises entre 2 mm et 60 μm (arénites) ; les sables (grossiers
moyens et fins)
- pour des tailles < 60 μm (lutites) ; les limons et les vases argileuses.
Les roches terrigènes consolidées sont formées par accumulation de débris de
différentes tailles arrachés par l’érosion et consolidés par un ciment, ce qui permet de les
classer aussi en fonction de leur granulométrie (taille des particules). Il existe trois grandes
classes granulométriques :
• les rudites : particules en majorité de taille supérieure à 2 mm ; Ex : les conglomérats
• les arénites : particules en majorité de taille comprise entre 2 mm et 60 μm ; Ex : les grès
• les lutites : particules en majorité de taille inférieure à 60 μm, Ex : les argilites.

3.2. Classification des roches carbonatées


Les roches carbonatées sont les roches dont les espèces chimiques sont des carbonates,
principalement CaCO3 et dans une moindre mesure CaMg(CO3). Le carbonate de calcium
cristallise sous forme de calcite essentiellement ou d’aragonite. Les calcaires contiennent au
moins 50 % de CaCO3. Le critère de reconnaissance des roches calcaires est le test à l’acide
chlorhydrique dilué : elle font effervescence à froid à une goutte d’acide selon la réaction :
CaCO3 + 2 HCl  Ca2+ + 2Cl + CO2 + H2O.
La classification de Folk (1959) est fondée sur la nature des éléments figurés
dominants et sur la nature de la phase de liaison :
- les éléments figurés (ou allochems) sont subdivisés en fonction de leur origine. On
distingue les bioclastes (microfossile ou restes de coquilles ou tests, entiers ou en fragments),
les oolithes (petits billes à organisation concentrique) et les péloïdes (particules ovoïdes de
type pelotes fécales des organismes).
- la phase de liaison (ou orthochems) des éléments peut être la matrice ou micrite
qui correspond à la boue de calcite microcristalline déposée en même temps que les éléments
figurés ou le ciment nommé sparite qui correspond à des cristaux de calcite se mettant en
place postérieurement à la sédimentation, lors de leur diagenèse. Le nom de roche est formé
d’un préfixe qui désigne les éléments figurés majoritaires et d’un suffixe se rapportant à la

29
phase de liaison (ciment ou matrice) ; exemple : biomicrite, oosparite…. (voir figure)

Figure : Classification des roches calcaires de Folk (Dercourt & Paquet, 1995)

3.3. Classification des roches « mixtes » (calcaires et terrigènes)


Dans le cas des roches sédimentaires mixtes, les constituants principaux sont alors les
carbonates (principalement calcaires), le quartz détritique et les minéraux argileux. On classe
alors ces roches sédimentaires « mixtes » au moyen d’un diagramme triangulaire (voir figure
en dessous).

30
Figure : classification des roches mixtes - calcaires et terrigènes (Calembert, 1972)
Il faut noter que l’usage courant consiste à désigner les mélanges d’argile (de 35% à 65%) et
de calcaires (respectivement de 65% à 35%) par le terme de « marnes ». Lorsque le
pourcentage d’argile est plus élevé (entre 65 % et 75 %) on parle de « marnes argileuses », ou
lorsque le pourcentage de carbonates est plus élevé (entre 65 % et 75 %) on parle de « marnes
calcareuses ».

4. Description des roches sédimentaires les plus courantes


La description des roches sédimentaires ne peut être que générale, compte tenu des
différentes étapes de leur genèse et de leur diversité.

4.1. Les conglomérats : brèches et poudingues


Les conglomérats sont des roches sédimentaires détritiques contenant des éléments de
taille supérieure à 2 mm, liés par un ciment. Ils constituent un ensemble de roches d’aspect et
de caractéristiques variés du fait de la diversité de la nature des particules et du ciment. La
description raisonnée d’un conglomérat impose de s’intéresser aux caractères des éléments
cimentés et aux caractères du ciment (couleur, compositions chimiques, proportions relatives

31
par rapport aux grains, cohésion...). La forme des éléments cimentés, anguleuse ou au
contraire arrondie, permet de distinguer les brèches et les poudingues respectivement.

4.2. Les grès


Les grès sont des grès sédimentaires détritiques contenant majoritairement des
éléments de faible taille comprise entre 0,0625 mm (1/16 mm) et 2 mm, et liés par un ciment.
Pour décrire un grès, il faut considérer la nature des grains et du ciment (quartz, calcite, …),
le degré de cohésion des grains, leur forme et leur origine. Il existe ainsi une grande diversité
de grès : les grès quartzeux (riche en quartz, confirmé par l’aspect gris vitreux des grains),
les grès arkosiques ou arkose si les feldspaths sont majoritaires par rapport au quartz (les
grains sont souvent d’un blanc rosé qui évoque les feldspaths de type orthose), les grès
coquilliers (sont caractérisés par la présence de nombreux fossiles, coquille de gastéropodes
par exemple).

4.3. Les marnes et les argilites


Il s’agit de roches sédimentaires essentiellement détritiques contenant des éléments de
très petites tailles, invisibles à l’œil nu. Ces éléments sont de nature variée : argiles
majoritairement, quartz, muscovite et calcite accessoirement. Le caractère sédimentaire est
attesté selon les cas par une nette stratification, la présence éventuelle de fossiles et la chimie
singulière (présence de carbonates par exemple). Ces roches se débitent généralement en
plaquettes ; ce feuilletage se fait selon les plans de stratification. Ces roches à grain fin sont
des formations favorables à la préservation d’empreinte de fossiles.
Les marnes font effervescence à l’acide chlorhydrique dilué, ce qui indique la
présence de calcaire dans la roche. Ces roches happe également la langue ce qui est un
caractère des roches argileuses. Les marnes présentes donc à la fois des éléments calcaires et
argileux.
Les argilites sont riches en matières organiques indurées et ne font pas effervescence
à l’acide. Il s’agit d’anciennes boues argileuses.

4.4. Les calcaires

32
Les calcaires se forment en milieu marin et sont le produit soit d’une accumulation de débris
d’animaux, de leurs sécrétions et de calcite précipitée, soit d’une édification d’organismes
marins (récifs coralliens). Ces roches font effervescence à l’acide dilué.
On distingue :
- Les calcaires coralliens ou récifaux sont des calcaires construits sur place par des
organismes vivant en colonies, les Madréporaires (polypiers). Les squelettes des polypes ou
polypiers se distribuent selon les espèces en formes branchues ou plus massives.
- Les calcaires coquilliers, comme leur nom l’indique, sont particulièrement riches en
coquilles entières ou en débris de coquilles dits bioclastes, de tailles et d’origine diverses. Ces
coquilles correspondent à des productions exosquelettiques d’organismes invertébrés et sont
le plus fréquemment des fossiles de Lamellibranches, de Gastéropodes ou de Brachiopodes.
- Les calcaires oolithiques sont constitués d’une multitude de petites sphères
millimétriques réunies par un ciment de type sparite. Ces sphérules sont appelées
« oolithes ». Elles peuvent être accompagnées d’autres débris coquilliers.
- Les calcaires pélagiques résultent de l’accumulation de tests d’organisme
planctoniques, englobés dans une matrice micritique : ces calcaires sont ainsi des biomicrites.

4.5. Les évaporites


Les évaporites sont des roches sédimentaires qui apparaissent bien cristallisées avec
des cristaux souvent repérables à l’œil nu. Ces derniers se rattachent deux groupes principaux,
les sulfates et les chlorures, ce qui fait des évaporites des roches salines. Ces sont
principalement le gypse ou sulfate de calcium de formule CaSO4, 2H2O, la halite (appelée
également sel gemme) ou chlorure de sodium NaCl, et la sylvite ou chlorure de potassium
KCl. Les évaporites ne font pas effervescence à l’acide et sont sans fossiles. Ces roches
résultent de la précipitation chimique de sels contenus dans les eaux marines ou continentales.
L’halite est une roche grisâtre qui peut s’identifier à sa faible dureté et à sa saveur salée. Elles
montrent des associations de cristaux cubiques.
La Sylvite est souvent présentée en association avec la halite, elle constitue alors des lits
rouges, colorés par des oxydes de fer. Sa saveur est amère.

33
4.6. Les charbons
Les charbons sont des roches carbonées résultant de la décomposition des végétaux par
des bactéries anaérobies. Ce sont des roches combustibles dont le constituant de base est le
carbone. Les différents types de charbons sont :
- L’anthracite, c’est un charbon brillant qui a 90 % de carbone et qui ne tache pas
les doigts.
- La houille, c’est une roche noire plus ou moins friables salissant et rayable par
l’acier.
- La lignite c’est un charbon dans lequel la structure des végétaux est encore
visible.
- La tourbe est une masse fibreuse non consolidée à débris végétaux encore
reconnaissable.

4.7. Les roches résiduelles


La famille des roches résiduelles est reprise parmi les roches sédimentaires bien que
leur formation n’ait pas nécessitée de transport de matière. Les roches résiduelles sont
formées par l’altération sur place des roches préexistantes et ne subissent pas de transport.
Ces roches sont constituées de minéraux résiduels et de minéraux néoformés. On peut citer :
le kaolin (argile néoformée), la bauxite, la latérite et la cuirasse. Elles sont importantes
économiquement.

Conclusion :
Les roches sédimentaires peuvent par enfouissement progressif subir des élévations de
T° et de P° et se transformer en roches métamorphiques. Cependant, si ces roches continues à
être soumises à des augmentations de T° et de P°, elles finissent par fondre (fusion partielle
ou anatexie) pour donner des roches magmatiques. Pour reconstituer l’histoire géologique
d’une région il est important de savoir que toutes les roches qui arrivent à la surface de la
croûte terrestre entrent dans le cycle sédimentaire

34
Chapitre 4. Les roches métamorphiques

Les roches métamorphiques constituent un peu plus d’un quart de la croûte terrestre.
Elles constituent pour la plupart le produit du mouvement des plaques, responsable de la
création de chaînes de montagne.

1. Genèse des roches métamorphiques

La notion de « métamorphisme » peut être définie comme étant « l’ensemble des


transformations et des réactions que subit une roche initialement solide, lorsqu’elle est portée
dans des conditions de pression et de température différentes de celles ayant présidé à sa
genèse ». En ce sens, les processus d’altération et de diagenèse menant à la formation des
roches sédimentaires font partie du métamorphisme. Le sens actuel, le plus communément
admis par les géologues est donnée par la définition suivante :
Le métamorphisme est la transformation d’une roche à l’état solide du fait d’une élévation
de température et/ou de pression, avec cristallisation de nouveaux minéraux, dits néoformés,
et acquisition de textures et structures particulières, sous l’influence de conditions physiques
et/ou chimiques différentes de celles ayant présidé à la formation de la roche originelle
(Foucault & Raoult, 1995).

D’autre part, il est également admis que le métamorphisme est limité aux conditions qui
provoquent la fusion totale de la roche originelle, processus qui conduit à la formation de
roches considérées comme magmatiques même si elles ne proviennent pas strictement du
magma du manteau supérieur. Dans ces conditions, le domaine du métamorphisme peut être
illustré par la figure suivante où figurent également les domaines de l’altération et de la
diagenèse des roches sédimentaires.

35
Les facteurs principaux du métamorphisme sont donc la température (en particulier le
gradient géothermique – voir ci-dessous) et la contrainte, sans oublier le facteur temps.
D’autre part, on distingue principalement deux types de métamorphisme : le métamorphisme
régional (dû au mouvement des plaques) et le métamorphisme de contact (dû à l’intrusion du
magma au sein des roches préexistantes). Pour mémoire, on a également défini un
métamorphisme d’impact (chute de météorites) qui sort du cadre de ce cours.

2.7.1.1 Les facteurs du métamorphisme

Les facteurs principaux du métamorphisme sont la température, la pression et le facteur


temps, les deux premiers étant souvent concomitants.

a) Le facteur temps

Dans le métamorphisme, le facteur temps est très important. On a vu précédemment


(paragraphe 2.3) que les minéraux sont stables dans les conditions de température et de
pression qui ont présidé à leur formation. Lorsque ces conditions changent, ils deviennent
instables et des transformations minéralogiques se produisent.
Cependant, la plupart des minéraux restent stables lorsque la durée du changement est faible,
on dit qu’ils sont « métastables ». Ce n’est que lorsque les conditions changent durablement
que les transformations physiques et chimiques ont le temps de se produire. Cet aspect est
important car il explique par exemple pourquoi une partie des roches du métamorphisme de
contact gardent leur structure originelle.

36
b) La température

L’énergie thermique est le facteur principal du métamorphisme. Elle émane, d’une part du
flux de chaleur du globe, produit par les réactions de désintégration en son centre, et d’autre
part, par les frictions entre plaques. Il en résulte donc à partir de la surface de la terre ce qu’on
appelle un « gradient géothermique », bien connu des mineurs. Il est variable selon les
régions du globe : les régions les plus actives tectoniquement montrent un gradient qui peut
atteindre 50°C/km (voire 100°C/km), tandis qu’au droit des anciens boucliers, on a seulement
6°C/km. Il vaut en moyenne 30°C/km.
Un flux géothermique élevé et régional est à l’origine d’un métamorphisme régional, tandis
qu’un flux local dû par exemple à une intrusion magmatique est à l’origine du
métamorphisme de contact.

c) La pression et les contraintes

L’enfouissement de masses rocheuses sous d’autres (tectonique ou dépôts successifs de


sédiments) provoque une élévation de la pression verticale, liée à la gravité. Si près de la
surface de la croûte terrestre il en résulte des contraintes verticales et horizontales différentes
(voir cours de Mécanique des sols), elles s’égalisent rapidement quand la profondeur
augmente pour donner une pression homogène dans toutes les directions de l’espace, pression
dite « isotrope ».
C’est la « pression de confinement » ou « pression lithostatique », de type hydrostatique
régnant à l’intérieur des plaques. Par exemple, si on prend pour les roches une densité de 2,5
on a alors une pression de 1000 atmosphères à 4 km de profondeur.

De façon générale, la pression lithostatique seule ne provoque pas de métamorphisme des


roches (voir également la figure 30). Par contre, la tectonique des plaques crée aux frontières
entre plaques des contraintes anisotropes qui déforment alors des grands ensembles rocheux
de plusieurs milliers de km2 (voir également plus loin). C’est le métamorphisme régional,
intimement lié aux processus orogéniques menant notamment à la création de chaînes de
montagnes.

2.7.1.2 Métamorphisme régional et métamorphisme de contact


Le gros des roches métamorphiques provient du métamorphisme régional.
a) Métamorphisme régional
On l’a vu ci-dessus, ce métamorphisme est principalement lié aux mouvements tectoniques
qui créent des contraintes anisotropes et, par les frictions entre plaques, un accroissement
important de la température. Ces mouvements se produisent pendant une durée suffisamment
importante pour que toutes les transformations puissent se produire.
En particulier, l’anisotropie des contraintes provoque une déformation de la roche originelle,
telle qu’illustrée par la figure suivante (figure 31) et l’augmentation de la pression moyenne
combinée à celle de la température mènent à la formation de nouveaux minéraux (grenats,
serpentine, staurodite, ..).

37
Figure 31 : métamorphisme régional, déformation de la roche (Bourque, 2000)
Les déformations de la roche préexistante lui confèrent un nouveau type de structure. A
l’échelle macroscopique, les structures « héritées » du métamorphisme régional sont les plis
(synclinaux, anticlinaux...) les failles, les diaclases, ... qui font l’objet d’un cours à part entière
(géologie structurale).
A l’échelle de l’échantillon, on peut souvent percevoir une structure appelée « foliation » qui
caractérise le fait que les minéraux sont aplatis et s’orientent suivant une direction
préférentielle (voir figure 31 ci-dessus). C’est par exemple le cas des roches de la famille des
granites qui sont transformées en roches de la famille des gneiss (voir paragraphes suivants).
Il faut noter également que les roches à grain fins métamorphisées présentent une schistosité
qui est semblable à celle créée par la diagenèse (voir paragraphe2.6.1.5). Il s’agit d’un
phénomène apparenté sauf que les contraintes sont évidemment plus élevées dans le cas du
métamorphisme. Ce qui explique que certaines roches à grains fins (sans être à l’origine des
argilites ou des schistes sédimentaires) présentent des plans de schistosité très nets dut au
métamorphisme (exemple des phyllades – voir paragraphes suivants). Il est parfois difficile de
faire la distinction entre une schistosité due à la diagenèse et la schistosité héritée du
métamorphisme.

b) Métamorphisme de contact

Le métamorphisme de contact caractérise la transformation des roches préexistantes par les


intrusions de magma (batholites, pipes, ... – voir paragraphe 2.5.1.1. b). Il affecte des masses
beaucoup plus petites que le métamorphisme régional (de la dizaine de m² au km²) pour
lesquelles il y a eu transfert de chaleur du magma chaud vers les roches froides encaissantes
(voir figure 32 ci-dessous).

38
Figure 32 : métamorphisme de contact (Bourque, 2000)
Les premières roches a au contact du magma sont cuites (zone des cornéennes), de nombreux
cristaux néoformés et inframillimétriques apparaissent. Pour les roches suivantes (zone des
schistes tachetés), quelques cristaux néoformés (exemple typique de l’andalousite) témoignent
du métamorphisme de contact ainsi qu’une structure finement plissée. La zone comprenant
ces roches affectées par l’intrusion de magma est appelée « auréole métamorphique » (voir
figure 33 ci-contre).

Figure 33 : auréole métamorphique (Dercourt & Paquet, 1995)

39
2.7.1.3 Intensité du métamorphisme – Anatexie
Lorsqu’on se déplace dans une formation rocheuse ayant subit un métamorphisme, l’intensité
(ou le degré) du métamorphisme varie d’un endroit à l’autre. On vient de voir ci-dessus que
c’est particulièrement le cas du métamorphisme de contact, mais le même constat peut être
fait pour le métamorphisme régional. La simple dénomination des roches est insuffisante pour
estimer l’intensité du métamorphisme subi.
On peut ainsi passer d’un très faible métamorphisme, semblable à une diagenèse fortement
prononcée, à des conditions de pression et de température qui peuvent mener à la fusion quasi
totale de la roche préexistante, surtout si le milieu contient de l’eau (voir le paragraphe 2.3.3.1
et la figure 30). Les domaines de la fusion partielle des roches et du métamorphisme se
chevauchent. Ce phénomène de fusion partielle, menant à la création de roches dites «
migmatiques », est appelé « anatexie ». C’est le stade ultime du métamorphisme.
Si la pression et la température sont suffisamment élevées, conditions qui sont réunies lorsque
les mouvements tectoniques provoquent l’enfoncement d’une plaque dans une zone de
subduction, on passe par une phase entièrement liquide, le magma. Celui-ci en refroidissant
peut donner une roche de type granitique, appelée « granite orogénique ». On a vu
précédemment (voir paragraphe 2.5.1.2. b) et la figure 18 rappelée ci-dessous – figure 34) que
les roches suivent alors un cycle dans la lithosphère.
Figure 34 : métamorphisme - anatexie – cycle géochimique (Pomerol & Renard, 1997)
La classification des roches métamorphiques doit alors faire état de cette évolution
progressive qui se constate également sur le terrain quand on va du bord de la zone rocheuse
métamorphisée vers le centre (appelé « épizone ») ayant subi les plus fortes températures et
pression. On franchit alors des surfaces successives d’égale intensité de métamorphisme,
appelées « isogrades » caractérisées par l’apparition de minéraux typiques dont l’association
témoigne des conditions de température et de pression qui ont mené à leur formation. On
désigne une association déterminée de ces minéraux métamorphiques par la notion de « faciès
métamorphique » (voir ci-dessous).

2.7.2 Classification des roches métamorphiques


On a vu ci-dessus que c’est surtout la présence de minéraux caractéristiques du
métamorphisme qui permettent de classifier les roches métamorphiques. La création de ces
nouveaux minéraux s’appelle la « paragenèse » et on a vu ci-dessus qu’une association
déterminée de certains de ces minéraux est désignée par le terme de faciès.

2.7.2.1 Principaux minéraux des roches métamorphiques

Les minéraux principaux sont généralement les minéraux des roches originelles, soit le quartz,
les feldspaths, les micas et les minéraux argileux.
Les principaux minéraux néoformés du métamorphisme sont des silicates : andalousite,

40
grenats, épidotes, staurotide, amphiboles, serpentine, sillimanite (de même formule chimique
que l’andalousite mais de système cristallin différent), biotite, chlorite, disthène (Al2SiO5).

2.7.2.2 Structure des roches métamorphiques

Compte tenu du mode de formation des roches métamorphiques, elles se trouvent pour la
plupart dans des massifs issus des processus orogéniques, elles se présentent en séries plus ou
moins plissées et fracturées selon l’intensité du métamorphisme. A l ‘échelle de l’échantillon,
les roches peuvent également montrer une structure finement plissée.
Cependant, le caractère le plus commun des roches métamorphiques (de contact ou
régionales) est la schistosité métamorphique, même si à l’origine la roche mère n’est pas
nécessairement de nature argileuse. Cette schistosité est due à l’orientation des minéraux du
métamorphisme est ne doit donc pas être confondue avec la schistosité des roches
sédimentaires, même si le terme est ambigu. C’est la raison pour laquelle on parle, de manière
générale, de « faciès des schistes verts » par exemple (voir ci-dessous).
Une des particularités du métamorphisme et de mener à la création de nouveaux minéraux
relativement rares dans les deux autres grands groupes de roches (voir paragraphe 2.7.2.1).
Lorsque la roche est à gros grains de taille semblable, on constate souvent un allongement des
grains dans un sens privilégié, désigné par le terme de foliation (voir ci-dessus). C’est en
particulier le cas des gneiss, on parle aussi de structure gneissique. Lorsque que l’intensité du
métamorphisme est forte, les structures préexistantes sont « effacées ».
Les roches faisant partie de la famille des cornéennes (les roches transformées par le contact
direct avec les intrusions magmatiques – voir ci-dessus, figure 33) représentent un cas un peu
à part dans la mesure où elles sont cuites. Les éventuelles structures préexistantes au contact
disparaissent complètement pour donner une roche à l’aspect souvent très compact et
relativement homogène, sans que l’on puisse discerner les minéraux néoformés, car la
recristallisation est généralement relativement rapide. On trouve parfois des phénocristaux (de
grande taille) dans des cavités au sein d’une matrice compacte et homogène.

2.7.2.3 Classification des roches métamorphiques


En raison de la complexité du métamorphisme et des origines très diverses des roches
métamorphiques (à l’origine soit sédimentaires, soit magmatiques ou elles-mêmes issues d’un
métamorphisme antérieur), il n’existe pas de classification qui fasse l’unanimité. Les
géologues tentent généralement de construire des classifications qui soient basées sur la
nature de la roche originelle et sur les conditions de pression et de température du
métamorphisme.
D’une manière générale, lorsque le métamorphisme a affecté :

• des roches sédimentaires, on parle de roches paramétamorphiques,

• des roches magmatiques, on parle de roches orthométamorphiques,

• des roches métamorphiques, on parle de roches polymétamorphiques,

La figure qui suit illustre sommairement l’évolution des principales roches de la croûte

41
terrestre.
Figure 35 : métamorphisme, évolution des principales roches (Bourque, 2000)
Cette figure permet notamment de mettre en évidence qu’un métamorphisme intense d’un
schiste peut donner un gneiss, de composition minéralogique semblable à celle d’un granite.
Ce fait a été prouvé par diverses expériences en laboratoire.
On a choisit ici deux types de classification. La première, simplifiée et due à Schumann
(1989), est basée sur des caractéristiques extérieures générales. La seconde est la plus
couramment reprise par les géologues et est basée sur la notion de faciès métamorphique

2.7.3 Description des principales roches métamorphiques


On trouvera ci-dessous le regroupement des roches métamorphiques en différentes « familles
», telles que proposées dans l’ouvrage de Schumann (1989).

2.7.3.1 Famille du gneiss

Les gneiss sont issues du métamorphisme régional et ont en commun une structure
grossièrement grenue, une foliation généralement marquée, une schistosité peu marquée à
nette, et une proportion de feldspaths supérieure à 20 %. La schistosité est ici due aux cristaux
de biotite.

composition minéralogique : minéraux très variés mais les composants essentiels sont les
feldspaths et le quartz, les premiers étant nettement dominants. Les minéraux accessoires
sont la biotite, la muscovite, l’amphibole (hornblende), le grenat, la sillimanite.

• grain : moyen à grossier.

• couleur : généralement de couleur claire, souvent gris ou rose, mais aussi verdâtre, brunâtre,
montrant des rayures. Les couches claires sont dues à la présence de feldspaths et de
quartz, et les couches sombres sont micacées.

• structure : structure en bande colorées alternées de bandes claires, les gneiss montrent une
foliation typique (pour rappel, due à l’orientation des grains dans une direction
privilégiée). Ils montrent également parfois une schistosité quand la proportion de micas
est importante.

• gisement : se rencontrent dans les massifs ayant subi un métamorphisme régional. Les
roches originelles peuvent être des granites, des grauwackes, des grès, des arkoses, des
argiles. Les gneiss se forment à haute température, près de la température de fusion, ils
témoignent donc d’un métamorphisme intense.
Les variétés de gneiss les plus courantes sont les suivantes :

gneiss granitiques

Gneiss issus de la déformation de roches originelles granitiques.

42
gneiss oeillés

Variété à structure lenticulaire due au développement de feldspaths en forme d’yeux.

gneiss migmatiques, dénommés « migmatiques »

Les migmatiques sont constituées de deux roches différentes nettement reconnaissables : les
gneiss comme hôtes et les granites comme intrusions, s’interpénétrant en conservant les
limites franches.

granulites

Variété de gneiss, plus rare, dépourvu de micas.

2.7.3.2 Famille des schistes

Les schistes ont en commun une schistosité relativement bien marquée, une structure à grain
fins à moyen et une proportion de feldspaths inférieure à 20 %. Font partie de cette famille
des schistes du métamorphisme de contact (schistes tachetés) ou du métamorphisme régional
(micaschistes, phyllades, …). Le nombre de variétés est très important et la dénomination des
schistes se base sur des caractéristiques extérieures ou des minéraux leur donnant une teinte
particulière (schistes verts, bleus, …).
Les schistes sont généralement de teinte sombre (de gris foncé à noir), même si l’apparition
de cristaux néoformés peuvent donner une coloration différente. Plus le métamorphisme est
important, plus les schistes ont la faculté de se débiter en plaquettes, à surfaces presque
planes.

a) Schiste ardoisiers
Roches de métamorphisme régional faible. A la limite du domaine du métamorphisme, ils
sont parfois difficilement différentiables des schistes sédimentaires. Cependant, la schistosité
est évidemment plus marquée et le critère de distinction principal est que les phyllades ne
gonflent pas au contact de l’eau, contrairement aux argiles schisteuses sédimentaires n’ayant
pas subi de métamorphisme.
Les composants essentiels sont le quartz et les micas (principalement la muscovite), formés à
partir des minéraux argileux.

b) Schistes phylliteux ou « phyllades »

Roches de métamorphisme régional très finement écailleuses, de métamorphisme plus


intense que les schistes ardoisiers. Les minéraux principaux sont la muscovite (de très petites
dimensions) et le quartz. Les minéraux accessoires sont la biotite, les feldspaths, la chlorite, le
graphite, les grenats. La matrice est donc fine mais peut parfois contenir des minéraux de
grande taille. La couleur est généralement gris argenté et/ou verdâtre.

c) Micaschistes

43
Les micaschistes représentent le type même de la roche schisteuse issue du métamorphisme
régional intense. Les minéraux essentiels sont la muscovite et le quartz. Les minéraux de
muscovite sont de plus grande taille que ceux des phyllades, ce qui permet de les reconnaître
à l’oeil nu. De nombreuses variétés correspondent à l’apparition de minéraux accessoires
typiques : grenats, staurotide, sillimanite. La couleur est généralement claire

d) Schistes tachetés

Ce sont des anciennes argiles transformées. Les composants essentiels sont le quartz, les
micas, l’andalousite et (plus rarement) la cordiérite. Les taches sont des concentrations des
deux derniers minéraux. Ils sont issus du métamorphisme de contact, dans la « deuxième
auréole », après les cornéennes (voir également la figure 33).

2.7.3.3 Famille des roches massives non schisteuses

a) Quartzites

Les quartzites sont des grès très quartzeux métamorphisés. Le métamorphisme, s’il est
suffisamment intense provoque une recristallisation du ciment quartzeux originel, ce qui a
comme conséquence que les grains sont intimement engrenés.

• composition minéralogique : principalement du quartz, au minimum à 80 % avec comme


minéraux accessoires des feldspaths, de la muscovite, la chlorite, la magnétite, l’hématite.

• grain : moyen à grossier, grains intimement engrenés (dits « granoblastique »), difficile de
discerner à l’oeil nu les différents grains.

• couleur : généralement de couleur blanche, les minéraux accessoires pouvant leur donner
une teinte grisâtre ou rougeâtre.

Structure : massive, mais lorsque le métamorphisme est faible, les quartzites peuvent garder la
structure des grès sédimentaires originels (granoclassement, stratification).

• gisement : se rencontrent aussi bien dans les massifs ayant subi un métamorphisme
régional, en association avec les autres roches métamorphisées (schistes, marbre), que
dans les auréoles du métamorphisme de contact. Il est difficile, voire impossible, à la
seule observation à l’œil nu de l’échantillon de connaître le type de métamorphisme.

b) Marbres
Les marbres sont des calcaires métamorphisés.

• composition minéralogique : principalement de la calcite et, en moindre proportion, de la


dolomite. Ce sont les minéraux accessoires, très variés, qui donnent une teinte.

• grain : moyen à grossier, grains bien engrenés par la recristallisation mais il est possible de
discerner à l’œil nu les différents grains.

44
• couleur : très variée, blanc (rarement), rouge, jaune, noir ou vert, tous les tons sont
possibles. Les marbres sont soit uniformes, soit tachetés et souvent avec des veines
blanches de calcite pure.

• structure : très souvent massive, mais lorsque le métamorphisme est faible, les marbres
peuvent présenter des bandes ou couches qui constituent une stratification primaire.

• gisement : se rencontrent aussi bien dans les massifs ayant subi un métamorphisme
régional, en association avec les autres roches métamorphisées (schistes, quartzites), que
dans les auréoles du métamorphisme de contact. Il est difficile, voire impossible, à la
seule observation à l’œil nu de l’échantillon de connaître le type de métamorphisme.

c) Cornéennes

C’est un terme général désignant les roches massives, très compactes, dures issues des
premières roches préexistantes (de toute nature) en contact avec les magmas intrusifs, lors du
métamorphisme de contact.

• composition minéralogique : très variée (voir ci-dessus). Les minéraux qui apparaissent lors
du métamorphisme sont principalement : la cordiérite, l’andalousite et les pyroxènes.

• grain : matrice d’apparence homogène à grains fin, contenant parfois quelques cristaux de
grande taille (phénocristaux).

• couleur : généralement de teinte foncée, noire, bleuâtre, grisâtre, verdâtre.

• structure : massive, mais parfois porphyrique (quelques cristaux de grande taille dans une
matrice fine).

• gisement : se rencontrent dans la première auréole du métamorphisme de contact.

Deuxième Partie (LES MINERAUX)

45

Vous aimerez peut-être aussi