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2009-2010

UE 112 – DROIT DES SOCIÉTÉS


Examen d’Essai : Semaine du Lundi 11 Janvier au Samedi 16 Janvier 2010

Durée de l’épreuve : 3 heures

Le corrigé comporte : 11 pages

CORRIGE
__________________________________________________________________________________________

Remarque : Le présent corrigé fait référence, dans la présentation des règles de droit, à certains articles du
Code de commerce. Ces références sont de nature purement indicative et visent à permettre aux candidats qui
le désirent de consulter directement les textes du Code de commerce. La connaissance des numéros d’articles
du Code de commerce n’est pas requise pour l’examen.

I- CAS PRATIQUE N°1 – SNC Guillotière Plomberie

1– Que va devenir la SNC suite au décès de John ?

Problème de droit : Quelle est la conséquence, pour la SNC, du décès d’un de ses associés ?

Règles de droit

En principe, le décès d’un associé met fin à la société, sauf clause contraire des statuts prévoyant la
continuation de la société (art. L221-15 C.com). Une décision prise à l’unanimité des associés
survivants, même très rapidement après le décès, ne permet pas d’éviter la dissolution de la société.

La clause statutaire organisant expressément la continuation de la société malgré le décès d’un des
associés peut prévoir :

- que la société continuera uniquement avec les associés survivants (les héritiers de l’associé
décédé ne seront alors pas associés, mais uniquement créanciers de la société et auront
uniquement droit à la valeur des parts sociales détenues par le défunt) ;
- que la société continuera avec tous les héritiers ou certains d’entre eux ;
- que la société continuera avec le conjoint survivant ;
- que la société continuera avec toute personne désignée par les statuts ou, si les statuts
l’autorisent, par testament.

Lorsque la clause prévoit la continuation de la société avec un ou plusieurs héritiers, elle peut
subordonner leur entrée dans la société au vote d’un agrément (par les associés survivants). En cas de
refus d’agrément, les héritiers exclus seront créanciers de la société et auront droit à la valeur des
parts sociales devant leur revenir dans le cadre de la succession.

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En cas de continuation de la société avec les héritiers de l’associé décédé, si l’un ou plusieurs des
héritiers sont mineurs, la SNC doit être transformée dans un délai d’un an à compter du décès. A
défaut de transformation dans ce délai, la SNC est dissoute. Le Code de commerce (article L221-15
dernier alinéa) envisage expressément la transformation en société en commandite dans laquelle le ou
les mineurs sont commanditaires. Toutefois, il est admis que la SNC se transforme en une société
d’une autre forme.

En l’espèce, John, associé de la SNC, est décédé récemment et laisse pour héritiers son épouse et
leurs deux filles (l’une âgée de 18 ans, l’autre âgée de 12 ans). Une clause des statuts de la SNC
affirme que le décès d’un associé ne met pas fin à la société et prévoit que les héritiers de l’associé
décédé intègreront automatiquement la société (sans devoir être agréés par les associés survivants).
Cette clause est valable, car elle s’inscrit pleinement dans la liberté accordée sur ce point aux statuts
par le Code de commerce.

Par conséquent, nous pouvons affirmer que le décès de John ne met pas fin à la SNC « Guillotière
Plomberie » : cette société ne sera pas dissoute et continuera, conformément aux dispositions de la
clause statutaire, avec les associés survivants et les héritiers de John. L’entrée des héritiers dans la
société sera automatique, dans la mesure où la clause statutaire n’impose pas d’agrément. Toutefois,
cette situation soulève un problème : l’un des héritiers est mineur et ne dispose donc pas de la
capacité commerciale requise pour être associé d’une SNC. Dès lors, conformément aux dispositions
impératives du Code du commerce, la SNC « Guillotière Plomberie » devra être transformée dans un
délai d’un an au plus tard (à compter du décès) en une autre forme sociale. Si la transformation
intervient en société en commandite (SCS ou SCA), Margot devra impérativement être associée
commanditaire. A défaut de transformation avant fin décembre 2010, la SNC « Guillotière
Plomberie » sera dissoute.

2 – Nadia et Mathieu peuvent-ils obtenir la révocation de Laurent de ses fonctions de gérant ?


Doivent-ils prendre certaines précautions ?

Problème de droit : Quelles sont les conditions et les éventuelles conséquences de la révocation d’un
gérant de SNC ?

Règles de droit

Selon les dispositions du Code de commerce (art. L. 221-12), la révocation d’un gérant de SNC doit
intervenir sur décision des associés. La décision de révocation du gérant est soumise à des règles de
majorité qui varient en fonction du statut du gérant. Dans tous les cas, si la révocation est décidée
sans justes motifs, elle pourra donner lieu au versement de dommages-intérêts au gérant révoqué
(celui-ci devra intenter une action en justice pour obtenir cette indemnisation). Il convient de rappeler
que si le gérant révoqué est un associé, il ne perd que sa qualité de gérant : il demeure donc associé.

S’agissant des conditions de majorité applicables à la décision de révocation, nous devons envisager
chacune des hypothèses suivantes :

- Si tous les associés sont gérants : la révocation de l’un d’eux ne peut résulter que d’une décision
unanime des autres associés (art. L221-12, al. 1 C. com). A défaut de clause statutaire contraire
ou de décision de continuation de la société prise immédiatement à l’unanimité des autres
associés, cette révocation du gérant entraîne la dissolution de la société. Si la dissolution est
écartée par une clause des statuts ou par une décision prise sur-le-champ par tous les autres
associés, le gérant révoqué peut se retirer de la société en demandant aux autres associés le
remboursement de ses parts sociales.

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- Si la gérance est exercée par un ou plusieurs associés, qui ont été désignés gérants dans les
statuts : la révocation de l’un d’eux ne peut résulter que d’une décision unanime des autres
associés (art. L221-12, al. 1 C. com). Cette décision de révocation doit être prise par tous les
autres associés, y compris ceux qui sont également gérants. A défaut de clause statutaire contraire
ou de décision de continuation de la société prise immédiatement à l’unanimité des autres
associés, cette révocation du gérant entraîne la dissolution de la société. Si la dissolution est
écartée par une clause des statuts ou par une décision prise sur-le-champ par tous les autres
associés, le gérant révoqué peut se retirer de la société en demandant aux autres associés le
remboursement de ses parts sociales.

- Si la gérance est exercée par un ou plusieurs associés, qui n’ont pas été désignés gérants dans les
statuts : la décision de révocation intervient dans les conditions prévues par les statuts ; dans le
silence des statuts, la décision doit être prise à l’unanimité des autres associés, gérants ou non.
Dans cette hypothèse de gérance, la révocation ne risque pas d’aboutir à la dissolution de la
société. Le gérant révoqué n’a pas la possibilité de se retirer de la société en demandant le
remboursement de ses parts sociales.

- Si la gérance est assurée par un gérant non-associé : la décision de révocation doit être prise dans
les conditions prévues par les statuts ; dans le silence des statuts, la décision doit être prise à la
majorité des associés (majorité par tête). Dans cette hypothèse de gérance, la révocation ne risque
pas d’aboutir à la dissolution de la société.

Par ailleurs, bien que le Code de commerce ne l’envisage pas, la jurisprudence admet implicitement
que la révocation d’un gérant de SNC puisse être prononcée en justice. Une telle demande peut
émaner de tout associé. Cette révocation judiciaire ne sera néanmoins prononcée par les juridictions
que si elle est justifiée par une cause légitime.

En l’espèce, Laurent est gérant associé statutaire depuis la création de la société et vient d’accomplir,
au nom de la société, un acte d’achat en violation d’une clause statutaire limitant ses pouvoirs.

Par conséquent, sa révocation de ses fonctions de gérant ne peut intervenir qu’à l’unanimité des autres
associés. Nadia et Mathieu doivent donc convaincre les nouveaux associés (les héritiers de John) de la
pertinence de cette révocation. Si elle est votée à l’unanimité, cette révocation entraînera alors la
dissolution de la SNC, dans la mesure où les statuts de la société ne contiennent pas de clause écartant
la dissolution de la SNC en cas de révocation d’un gérant associé statutaire. Toutefois, la dissolution
pourra être écartée si les associés décident sur-le-champ la continuation de la société à l’unanimité
(hors Laurent). Cette révocation semble ici fondée sur un juste motif, Laurent ayant violé une clause
statutaire limitant ses pouvoirs. Dès lors, il ne pourra pas prétendre au versement de dommages-
intérêts. S’il est révoqué, il n’en demeurera pas moins toujours associé de la SNC ; néanmoins, il
pourra demander le remboursement de ses parts sociales afin de quitter définitivement la société.
Si l’unanimité des autres associés n’est pas obtenue, il semble que la révocation de Laurent puisse
être malgré tout envisagée. En effet, eu égard à la violation de la clause statutaire limitant ses
pouvoirs, Nadia ou Mathieu pourrait ici exercer une action en justice afin de faire prononcer la
révocation judiciaire de Laurent. La violation des statuts constituant une cause légitime, il est donc
probable que la juridiction saisie accepte de prononcer cette révocation.

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3 – Nora pourrait-elle être désignée gérante de la SNC ?

Problème de droit : Quelles conditions doit-on respecter pour pouvoir être désigné gérant d’une
SNC ?

Règles de droit

Le Code de commerce laisse aux associés des SNC une grande liberté en termes de désignation du ou
des gérants. Ainsi, les associés peuvent désigner un ou plusieurs gérants. Le gérant d’une SNC peut
être une personne morale ou une personne physique. Il peut être choisi, soit parmi les associés, soit
parmi les tiers. Lorsqu’il est choisi parmi les tiers, le gérant n’a pas besoin d’avoir la capacité
commerciale.

Dans le silence des statuts, tous les associés sont gérants (art. L. 221-3, al. 1er C.com).

En l’espèce, il est envisagé de désigner Nora, non associée, aux fonctions de gérant de la SNC
« Guillotière Plomberie ». Cette désignation est donc possible, dans la mesure où le gérant d’une SNC
peut être un tiers.

II - CAS PRATIQUE N°2 – SARL Olivbio

1– Quelle est la valeur juridique de l’acte d’achat de l’appartement lyonnais réalisé par Laure en
novembre dernier ?

Problème de droit : Quelle est l’étendue des pouvoirs du gérant de SARL ?

Règles de droit

L’analyse de l’étendue des pouvoirs du gérant d’une SARL doit être menée sous deux angles,
complémentaires (art. L. 223-18 C.com) :

- D’une part, nous devons définir les pouvoirs de ce gérant dans l’ordre interne, c’est-à-dire dans
ses rapports avec les associés de la SARL,
- D’autre part, nous devons également nous placer dans l’ordre externe, c’est-à-dire dans les
rapports de la société avec les tiers (et plus particulièrement avec ses cocontractants), afin de
déterminer si la SARL est engagée ou non vis-à-vis du cocontractant par l’acte accompli par son
gérant.

Dans l’ordre interne (c’est-à-dire dans les rapports entre le gérant et les associés), les pouvoirs du
gérant de la SARL sont définis librement par les statuts. Les statuts peuvent ainsi interdire au gérant
d’accomplir certains actes, ou établir une liste d’actes pour lesquels le gérant ne peut agir qu’après
avoir obtenu une autorisation préalable. Si le gérant viole une de ces clauses statutaires limitatives de
pouvoirs, il s’expose à des sanctions futures, décidées ou initiées par les associés : engagement de sa
responsabilité personnelle en cas de préjudice, mais également révocation pour justes motifs (ne
donnant donc pas lieu au versement de dommages-intérêts).
A défaut de précision dans les statuts sur l’étendue des pouvoirs du gérant, celui-ci peut accomplir
tous les actes de gestion qui vont dans le sens de l’intérêt social.

Dans l’ordre externe (c’est-à-dire dans les rapports entre la société et ses cocontractants, plus
généralement les tiers), le gérant de la SARL est investi des pouvoirs les plus étendus pour agir en
toutes circonstances au nom de la société. Ainsi, la SARL est engagée par tous les actes accomplis par
son gérant, y compris ceux qui dépassent l’objet social. Toutefois, en cas de dépassement de l’objet
social, la société ne sera pas engagée si elle parvient à prouver que le cocontractant était informé de
ce dépassement ou qu’il ne pouvait l’ignorer compte tenu des circonstances. Par ailleurs, les clauses
statutaires limitatives de pouvoirs sont inopposables aux tiers.

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En l’espèce, Laure a acquis au nom de la société, en novembre dernier, un appartement dans une
résidence médicalisée pour personnes âgées à Lyon. Cet achat a été effectué à un prix de 180 000 €.
Cette opération ne rentre pas, à l’évidence, dans l’objet social de la SARL : la production et la
commercialisation d’olives biologiques et de produits dérivés. Cet acte a été réalisé par Laure sans
qu’elle en demande l’autorisation aux autres associés, alors qu’une clause des statuts lui interdit
d’accomplir seule des actes d’une valeur supérieure à 150 000 €.

Par conséquent, Laure n’ayant pas respecté la clause statutaire limitant ses pouvoirs, elle a outrepassé
ses prérogatives dans ses rapports avec les associés. Elle pourra donc être sanctionnée par eux à ce
titre :

- d’une part, sa révocation pourra être plus facilement prononcée (la violation des statuts
constituant un juste motif de révocation, aucun dommage-intérêt ne devra alors lui être versé) ;
- d’autre part, si la SARL a subi un préjudice du fait de cet acte d’achat, la responsabilité civile
personnelle de Laure pourra être engagée (si cette action en responsabilité aboutit, Laure devra
verser des dommages-intérêts à la SARL pour réparer le préjudice que celle-ci a subi).

Toutefois, les clauses statutaires limitatives de pouvoirs étant inopposables aux tiers, la violation
des statuts par Laure n’a aucune incidence sur la question de l’engagement de la SARL à l’égard
de son cocontractant. En effet, dans l’ordre externe, la SARL « Olivbio » est engagée malgré
cette violation des statuts. Néanmoins, l’acte accompli dépassant l’objet social, la SARL pourrait
se désengager si elle arrivait à prouver que le cocontractant était au courant du dépassement de
l’objet social ou qu’il ne pouvait l’ignorer compte tenu des circonstances.

2– Que vous inspire le contrat qui vient d’être signé entre les deux SARL ?

Problème de droit : Une SARL peut-elle conclure librement un contrat avec une autre société dans
laquelle son gérant est également dirigeant ?

Règles de droit

Le Code de commerce encadre les conventions dites « réglementées » conclues par les SARL
(art. L. 223-19 C.com). Entrent dans cette catégorie :

- les conventions conclues, directement ou par personne interposée, entre la SARL et l’un de ses
gérants ou l’un de ses associés ;
- les conventions conclues entre la SARL et une autre société dont un associé indéfiniment
responsable ou un dirigeant est simultanément gérant ou associé de la SARL.

Ces conventions réglementées sont soumises à un contrôle relevant de la compétence exclusive des
associés. Ce contrôle est, en principe, a posteriori : il intervient après la conclusion de la convention
réglementée. Le contrôle devra être préalable si les deux conditions cumulatives suivantes sont
réunies :

- lorsque la société ne comporte pas de commissaires aux comptes,


- et lorsque la convention réglementée est conclue entre la SARL et son gérant non associé.

D’un point de vue procédural, les étapes suivantes doivent être respectées :

- Lorsque la SARL est dotée d’un commissaire aux comptes, le gérant doit l’informer de chaque
convention réglementée dans le mois de sa conclusion ;
- Le commissaire aux comptes, ou à défaut le gérant, doit établir un rapport sur les conventions
réglementées intervenues ;
- Ce rapport est présenté aux associés lors de la prochaine assemblée générale (ou joint aux
documents qui leur sont communiqués en cas de consultation écrite), afin qu’ils statuent sur ces
conventions.

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Le gérant ou l’associé intéressé ne prend pas part au vote des associés sur ces conventions. Ses parts
sociales ne sont pas prises en compte pour le calcul de la majorité.

En l’espèce, Laure a conclu, au nom de la SARL « Olivbio », en novembre dernier un contrat de


vente et d’approvisionnement avec la SARL « Les balcons du Mont Ventoux ». Or, il se trouve
qu’elle est simultanément gérante de ces deux SARL.

Par conséquent, cette opération constitue une convention réglementée et doit être soumise au contrôle
des associés de la SARL « Olivbio ». Dans la mesure où cette convention n’est pas conclue avec un
gérant non associé, ce contrôle des associés sera fait a posteriori : il interviendra après la conclusion
du contrat. Ainsi, Laure pouvait conclure seule ce contrat, mais celui-ci devra maintenant être soumis
au vote des trois autres associés. En vue de ce vote, Laure doit établir un rapport spécial sur cette
convention réglementée, qu’elle devra remettre aux associés avant l’assemblée générale pour leur
permettre de statuer sur ce contrat. En tant que gérante et associée intéressée par cette opération,
Laure ne prendra pas part au vote sur cette convention.

3– Blandine peut-elle céder librement une partie de ses parts sociales à son fils ? Comment
procéder pour que cette cession produise ses effets ?

Problème de droit : A quelles conditions de fond et de forme est soumise la cession de parts sociales à
un descendant ?

Règles de droit

Le Code de commerce prévoit que la cession de parts sociales au conjoint, à un ascendant ou à un


descendant est libre (art. L. 223-13). Toutefois, il précise que les statuts de la société peuvent imposer
un agrément pour une telle cession. Le cas échéant, la cession ne devient possible que si le conjoint,
l’ascendant ou le descendant concerné est agréé par un vote des associés ; en principe, l’agrément est
délivré lorsqu’il est accepté par la majorité des associés représentant au moins la moitié des parts
sociales ; à cet effet, l’associé cédant doit notifier à la SARL et à chaque associé son projet de
cession.

Outre la question de l’éventuel agrément à obtenir, la validité de la cession des parts sociales de
SARL est subordonnée au respect de plusieurs conditions de forme.
D’une part, la cession doit impérativement intervenir par écrit, soit par un acte sous-seing privé, soit
par un acte authentique.
D’autre part, afin de rendre cette cession opposable à la société, il convient d’en notifier l’existence à
la SARL en utilisant l’une des trois formalités suivantes :

- soit une notification par acte d’huissier (de la cession intervenue par acte sous-seing privé),
- soit l’établissement d’un acte authentique (acte notarié) de cession des parts, auquel intervient le
gérant de la SNC pour accepter la cession,
- soit le dépôt d’un original de l’acte de cession (acte sous-seing privé) au siège social de la société
contre remise par le gérant d’une attestation de dépôt.

Enfin, pour que la cession devienne opposable aux tiers, il convient, en plus de la notification
officielle faite à la société, de publier la cession au RCS.

En l’espèce, une clause des statuts prévoit, comme le permet le Code de commerce, que les cessions
de parts sociales au profit du conjoint, d’un ascendant ou d’un descendant ne sont pas libres et
qu’elles doivent être autorisées par la majorité des associés représentant au moins la moitié des parts
sociales.

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Par conséquent, cette clause statutaire étant parfaitement valable, la cession envisagée par Blandine
au profit de son fils ne pourra intervenir que si un agrément est délivré par la majorité des associés
représentant au moins la moitié des parts sociales. Blandine doit donc commencer par notifier son
projet de cession à la SARL et à chacun des associés, en vue de l’obtention de cet agrément. Par
ailleurs, une fois l’agrément délivré, la cession des parts sociales devra impérativement être réalisée,
par écrit, soit au moyen d’un acte sous-seing privé, soit au moyen d’un acte authentique. Il conviendra
ensuite de notifier à la SARL la cession de parts ainsi intervenue en ayant recours à l’une des trois
formalités précitées, afin que cette cession soit opposable à la société. Enfin, la dernière formalité à
respecter sera la publication de la cession au RCS, laquelle rendra la cession opposable aux tiers.
Ainsi, la cession produire alors pleinement ses effets.

4– Comment doit être prise la décision d’augmenter le capital social de la SARL ?

Problème de droit : A quelles conditions de majorité est décidée l’augmentation du capital social
d’une SARL ?

Règles de droit

L’augmentation du capital social d’une société constitue une décision modificative des statuts. En
conséquence, elle est une décision collective extraordinaire relevant de la compétence exclusive des
associés.

Cette décision des associés est donc soumise aux conditions de majorité et, le cas échéant, de quorum
spécifiquement prévues pour les modifications statutaires. Ces conditions varient selon la date
d’immatriculation de la SARL.

Pour les SARL immatriculées jusqu’au 3 août 2005, les modifications des statuts doivent être
décidées par les associés représentant au moins les trois quarts des parts sociales. Cette règle de
majorité est impérative, toute clause contraire des statuts étant réputée non écrite (art. L. 223-30, al. 2
C.com).

Pour les SARL immatriculées depuis le 4 août 2005, les assemblées générales ne peuvent délibérer
sur de telles décisions que si le quorum minimum suivant est atteint (art. L. 223-30, al. 3 C.com) :

- sur première convocation, les associés présents ou représentés doivent posséder au moins un quart
des parts sociales ;
- sur seconde convocation, les associés présents ou représentés doivent posséder au moins un
cinquième des parts sociales.

Les statuts peuvent valablement exiger des quorums plus élevés.

Lorsque le quorum est atteint, l’assemblée générale peut avoir lieu. Les décisions y sont alors
valablement décidées à la majorité des deux tiers des parts sociales détenues par les associés présents
ou représentés. Toutefois, les statuts peuvent imposer une majorité plus élevée (sans aller jusqu’à
exiger l’unanimité).

Les SARL immatriculées jusqu’au 3 août 2005 peuvent, sur décision prise à l’unanimité des associés,
opter pour ce nouveau régime applicable aux décisions collectives extraordinaires.

En l’espèce, les associés envisagent d’augmenter le capital social de la SARL en réalisant de


nouveaux apports en numéraire. Par conséquent, cette décision doit respecter les conditions de vote
des décisions collectives extraordinaires. Nous constatons que la SARL « Olivbio » a été créée en
2007. Dès lors, cette décision d’augmentation du capital social doit respecter les nouvelles conditions
de quorum et de majorité instaurées par le Code de commerce.

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Ainsi, dans la mesure où les statuts ne comportent pas de clause imposant des quorums supérieurs aux
quorums légaux, les associés ne pourront valablement délibérer sur cette décision que si les associés
présents ou représentés à l’assemblée générale possèdent au moins le quart des parts sociales (soit au
moins 100 parts) sur première convocation ; si le quorum n’est pas atteint, une seconde convocation
pourra avoir lieu, dans le cadre de laquelle les associés présents ou représentés devront détenir au
moins le cinquième des parts sociales (soit au moins 80 parts).
Une fois le quorum atteint, il faudra encore que l’augmentation de capital soit acceptée par la majorité
des deux tiers des parts sociales présentes ou représentées, les statuts n’exigeant pas une majorité plus
élevée.

5– Laure peut-elle décider seule de transférer le siège social dans le Vaucluse ?

Problème de droit : Le gérant d’une SARL peut-il décider seul du transfert du siège social ?

Règles de droit

La modification du siège social constitue une modification statutaire. Il s’agit donc d’une décision
collective extraordinaire, relevant de la compétence exclusive des associés, soumise aux conditions de
majorité et, le cas échéant, de quorum spécifiquement prévues pour les modifications statutaires. Ces
conditions varient selon la date d’immatriculation de la SARL.

Pour les SARL immatriculées jusqu’au 3 août 2005, les modifications des statuts doivent être
décidées par les associés représentant au moins les trois quarts des parts sociales. Cette règle de
majorité est impérative, toute clause contraire des statuts étant réputée non écrite (art. L. 223-30, al. 2
C.com).

Pour les SARL immatriculées depuis le 4 août 2005, les assemblées générales ne peuvent délibérer
sur de telles décisions que si le quorum minimum suivant est atteint (art. L. 223-30, al. 3 C.com) :

- sur première convocation, les associés présents ou représentés doivent posséder au moins un quart
des parts sociales ;
- sur seconde convocation, les associés présents ou représentés doivent posséder au moins un
cinquième des parts sociales.

Les statuts peuvent valablement exiger des quorums plus élevés.

Lorsque le quorum est atteint, l’assemblée générale peut avoir lieu. Les décisions y sont alors
valablement décidées à la majorité des deux tiers des parts sociales détenues par les associés présents
ou représentés. Toutefois, les statuts peuvent imposer une majorité plus élevée (sans aller jusqu’à
exiger l’unanimité).

Cependant, s’agissant du transfert du siège social, le Code de commerce attribue un certain pouvoir
au gérant de la SARL. En effet, celui-ci peut décider seul de déplacer le siège social dans le même
département ou dans un département limitrophe, sous réserve de la ratification ultérieure de cette
décision par les associés aux conditions de quorum et de majorité applicables aux décisions
collectives extraordinaires.

En l’espèce, Laure entend déplacer le siège social de la SARL « Olivbio » dans le département du
Vaucluse où elle part s’installer définitivement.

Les départements du Vaucluse et de la Drôme étant limitrophes, Laure peut donc, comme le lui
permet le Code de commerce, décider seule de ce déplacement du siège social. Toutefois, cette
décision devra impérativement être ensuite soumise à la ratification des associés. Dans ce cadre, les
associés devront se prononcer aux conditions de quorum et de majorité applicables aux décisions
collectives extraordinaires.
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Ainsi, la SARL « Olivbio » ayant été créée en 2007 et dans la mesure où les statuts ne comportent pas
de clause imposant des quorums supérieurs aux quorums légaux, les associés ne pourront valablement
délibérer sur cette décision que si les associés présents ou représentés à l’assemblée générale
possèdent au moins le quart des parts sociales (soit au moins 100 parts) sur première convocation ; si
le quorum n’est pas atteint, une seconde convocation pourra avoir lieu, dans le cadre de laquelle les
associés présents ou représentés devront détenir au moins le cinquième des parts sociales (soit au
moins 80 parts).
Une fois le quorum atteint, il faudra encore que le déplacement du siège social soit ratifié par la
majorité des deux tiers des parts sociales présentes ou représentées, les statuts n’exigeant pas une
majorité plus élevée.

III - CAS PRATIQUE N°3 – SA Protecnic

1 – Que peuvent faire Sylvia, Mike et Linh ?

Problème de droit : Quels sont les droits des actionnaires minoritaires d’une SA, en termes de
contrôle de la gestion assurée par les dirigeants ?

Règles de droit

Le Code de commerce reconnaît, sous certaines conditions, aux actionnaires minoritaires d’une SA le
droit de demander en justice une expertise de gestion (art. L. 225-231), afin d’obtenir des précisions
sur certains actes accomplis par les dirigeants de la société anonyme. Toutefois, une première phase
de question écrite doit être respectée, avant de pouvoir déposer toute demande judiciaire.

Ainsi, un ou plusieurs actionnaires représentant au moins 5 % du capital social, soit individuellement,


soit en se groupant, peuvent poser par écrit au président du conseil d’administration ou au directoire
des questions sur une ou plusieurs opérations de gestion déterminées. Les dirigeants disposent alors
d’un mois pour répondre. Une copie de leur réponse doit être communiquée au commissaire aux
comptes de la société.

A défaut de réponse dans le délai d’un mois, ou en cas de réponse insuffisante, ces actionnaires
minoritaires pourront alors demander en justice la désignation d’un expert de gestion chargé de
rédiger un rapport sur la ou les opérations de gestion déterminées ayant fait l’objet de la question
écrite. Si le tribunal fait droit à leur demande, la décision de justice détermine alors l’étendue de la
mission et les pouvoirs de l’expert de gestion. Celui-ci devra rédiger un rapport qui sera ensuite
transmis aux actionnaires demandeurs, aux dirigeants, au ministère public et au commissaire aux
comptes.

En l’espèce, Sylvia, Mike et Linh sont actionnaires minoritaires et détiennent ensemble 6 % du capital
de la SA « Protecnic ». Pour obtenir les éclaircissements souhaités sur les deux dépenses litigieuses
effectuées par la présidente du directoire en février 2009, ils doivent donc se grouper. Ainsi, ils
devront préalablement poser par écrit au directoire une question sur ces deux dépenses. Si le
directoire ne répond pas dans un délai d’un mois, ou si les trois actionnaires estiment que la réponse
du directoire n’est pas satisfaisante, ils pourront alors demander en justice la désignation d’un expert
de gestion. La juridiction saisie disposera alors d’un pouvoir souverain d’appréciation et pourra
rejeter cette demande. Si leur action aboutit, un expert de gestion sera alors désigné à l’effet de
rédiger un rapport sur les deux dépenses litigieuses.

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2 – Mehdi peut-il devenir salarié de la société en complément de son mandat de membre du conseil
de surveillance ?

Problème de droit : Le cumul du mandat de membre du conseil de surveillance d’une SA et d’un


contrat de travail dans cette société est-il licite ?

Règles de droit

Les membres du conseil de surveillance peuvent cumuler leur mandat avec un contrat de travail dans
la même SA, dès lors que les conditions suivantes sont respectées :

- Le contrat de travail doit correspondre à un emploi effectif,


- Il doit exister une nette distinction entre les fonctions de membre du conseil de surveillance et les
fonctions salariées,
- Le membre du conseil de surveillance doit être dans un état de subordination à l’égard de la
société,
- Un tiers, au plus, des membres du conseil de surveillance peuvent être liés à la SA par un contrat
de travail.

Il n’est pas nécessaire que le contrat de travail soit antérieur à la nomination en qualité de membre du
conseil de surveillance pour que le cumul des deux statuts soit licite.

Par ailleurs, lorsque le cumul est licite et que le contrat de travail est conclu postérieurement à la
nomination en qualité de membre du conseil de surveillance, ce contrat constitue alors une convention
réglementée soumise au double contrôle du conseil de surveillance et des actionnaires. En effet, ce
contrat de travail est conclu entre la SA et l’un des membres du conseil de surveillance, entrant ainsi
dans la catégorie des conventions réglementées. Par conséquent, l’autorisation du conseil de
surveillance doit être obtenue avant la conclusion de ce contrat (le membre concerné ne prend pas
part au vote). De plus, une fois le contrat conclu, il doit encore être soumis à la ratification des
actionnaires (si le membre du conseil de surveillance concerné par ce contrat est actionnaire, il ne
prend pas part au vote et ses droits de vote ne sont pas pris en compte pour le calcul du quorum et de
la majorité).

En l’espèce, Mehdi est actionnaire majoritaire et membre du conseil de surveillance. Il souhaite


devenir également salarié de la société. Or, sa position d’actionnaire majoritaire rend impossible
l’existence d’un lien de subordination à l’égard de la société. Par conséquent, le cumul de sa fonction
de membre du conseil de surveillance avec un contrat de travail dans cette société n’est pas
envisageable.

3 – Louis peut-il devenir membre du conseil de surveillance ?

Problème de droit : Quelles conditions personnelles sont à respecter pour pouvoir être désigné
membre du conseil de surveillance ?

Règles de droit

Les membres du conseil de surveillance peuvent être des personnes physiques ou des personnes
morales (seul le président du conseil de surveillance doit être une personne physique). Ils doivent
disposer de la capacité civile (la capacité commerciale n’est pas exigée).

Depuis le 1er janvier 2009, le Code de commerce n’impose plus aux membres du conseil de
surveillance d’être actionnaires de la SA. Ils peuvent donc désormais être choisis parmi les tiers.
Cependant, les statuts peuvent rendre obligatoire la qualité d’actionnaire pour les membres de ce
conseil.

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Le Code de commerce pose certaines contraintes impératives auxquelles les statuts ne peuvent pas
déroger. Ainsi, il est interdit d’être à la fois membre du conseil de surveillance et membre du
directoire. De plus, le nombre des membres du conseil de surveillance ayant dépassé l’âge de 70 ans
ne peut pas être supérieur au tiers des membres de ce conseil (toute nomination effectuée en violation
de cette règle serait nulle). En outre, une personne physique ne peut pas cumuler plus de cinq postes
de membre de conseil de surveillance ou de conseil d’administration de SA ayant leur siège social en
France.

En l’espèce, le conseil de surveillance de la SA Protecnic est composé de cinq membres. Suite à la


révocation d’un de ces membres, un poste est vacant. Louis, le candidat envisagé par Mehdi, n’est pas
actionnaire de la SA. Toutefois, les statuts de la SA Protecnic ne semblant pas contenir de clause
imposant la qualité d’actionnaire pour être membre du conseil de surveillance, cette situation ne
constitue pas un obstacle à la nomination de Louis en qualité de membre de ce conseil. Par ailleurs,
nous pouvons considérer, faute de précision contraire dans l’énoncé, que Louis est titulaire de sa
pleine capacité civile. De plus, il convient de souligner que, d’après les éléments qui nous sont fournis
par l’énoncé, Louis ne détient pas d’autres mandats de membre de conseils de surveillance ou
d’administration et qu’il n’est pas membre du directoire de la SA Protecnic.
Cependant, un problème se pose : Louis est âgé de 74 ans. Or, un des membres actuels du conseil de
surveillance est âgé de 72 ans. Le conseil de surveillance étant composé de cinq membres, seule une
personne peut avoir plus de 70 ans, conformément à la règle du tiers (5 / 3 = 1,67, soit 1 personne
maximum). Dès lors, la nomination de Louis en tant que membre du conseil de surveillance n’est pas
envisageable ; elle interviendrait en violation des dispositions du Code de commerce et serait nulle.

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