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Si l’on s’intéresse à la notion moderne de la RSE, tous se mettent d’accord pour affirmer
qu’elle émerge des travaux de Bowen (1953), notamment grâce à son ouvrage intitulé Social
Responsibilities of the Businessman (Gond et Igalens, 2008). Cet ouvrage, qui sera par la
suite critiqué par son propre auteur en 1978, pour son caractère idéaliste et normatif, renvoie
principalement à deux élaborations. La première indique que l’homme d’affaires ne doit
décider qu’en tenant compte des valeurs souhaitées par la société. La deuxième veut que la
prise en compte de ces préoccupations et valeurs sociales soit volontaire (Acquier et Gond,
2007). Bowen stipule, synthétiquement, que les entreprises doivent intégrer la dimension
sociale dans leur stratégie organisationnelle. Toutefois, soixante ans après la publication de
l’ouvrage de Bowen (1953), le père fondateur de la RSE moderne, il n’y a toujours pas de
consensus parmi les chercheurs sur ce qu’est la RSE. D’ailleurs, ce champ est souvent qualifié
de fragmenté au vu de la pluralité de concepts et d’approches qui l’ont façonné (Gond et
Igalens, 2008). En effet, largement théorisée et étudiée, la notion de RSE ne fait pas
consensus parmi ses tenantes : on l’apparente souvent à l’éthique, aux valeurs, au
développement durable voire à la théorie des parties prenantes (désormais, TPP).
Wallich et
Sensibilité sociale
1970- McGowan Pratiques de Réconciliation des
des entreprises,
1985 (1970) ; responsabilité sociale perspectives
performance
(RSE Preston et variables de instrumentale et
sociale des
2) (1975) ; performance sociale normative de la RSE
entreprises
Carroll (1979)
Développement d’un
Carroll
avantage compétitif Parties prenantes,
1985- (1989) ;
Management par une meilleure développement
2000 Freeman
stratégique et gestion gestion des parties durable,
(RSE (1984) ;
des parties prenantes prenantes et de citoyenneté
3) Clarkson
l’environnement d’entreprise
(1995)
externe
Intégration la RSE
dans la
Relations
compréhension
entreprises-
globale des
Depuis Matten et communautés,
organisations, en
les Moon (2008) Intégration des acceptabilité
s’intéressant à ses
années Banerjee thèmes dominants sociale,
multiples facettes
2000 (2003) précédents ; business entreprise
culturaliste,
(RSE Bowen et al. case de la RSE citoyenne,
politique,
4) (2008) dimensions
fonctionnaliste et
locales de la RSE,
constructiviste (voir
RSE politique.
Gond et Igalens,
2008).
De ce point de vue, Barnard (1938) reconnait un rôle clé aux dirigeants dans la formulation et
le respect des valeurs de l’organisation, une reconnaissance qui l’amènera d’ailleurs à affirmer
que la longévité des organisations dépend de la qualité du leadership de ses dirigeants et de la
qualité des valeurs morales sur lesquelles l’organisation repose;
b. Administrative Behavior : a Study of Decision-Making Processes in Administrative
Organization (Simon, 1947)
Tout comme Barnard, Simon (1947) reconnait l’importance des valeurs sociales que les
entreprises doivent prendre en considération. Selon lui, les valeurs qui s’imposent aux
entreprises proviennent généralement des institutions traditionnelles telles que la religion, la
famille et la société. Dans cette lignée, Simon (1947, p. 55) affirme que toutes les décisions
prises par les individus au sein d’une organisation sont conditionnées par deux éléments « les
faits » et « les valeurs », les décisions contiennent donc aussi bien des éléments éthiques que
des éléments factuels, « decisions have an ethical as well as a factual content » (Simon, 1947,
p. 11). C’est dire que le processus de décision est fragmenté en deux étapes : d’une part,
l’élaboration et la pondération d’un système de valeurs intermédiaires et d’autre part, la
comparaison d’actions possibles au regard de ce système de valeurs. Ainsi, le sens que ces
individus donnent à la responsabilité sociale sera déterminant dans le processus de prise de
décision puisque les éléments de valeurs rentreront en ligne de compte. Selon cette même
argumentation, l’individu serait limité par ses valeurs et par ses conceptions de la finalité qui
l’influencent dans sa prise de décision.
Contrairement à Simon (1945) qui s’intéresse au fonctionnement des organisations dans leur
ensemble, Homans (1950) quant à lui s’intéresse au fonctionnement des petits groupes qu’il
juge être l’archétype du système social. Ainsi, Homans (1950) évoque que la réalité sociale
doit être décrite à trois niveaux : événements sociaux, normes sociales et les hypothèses
analytiques. Selon lui, le comportement des groupes en termes de responsabilité sociale et de
valeurs dépend de façon considérable du leader lui-même
Drucker, souvent identifié comme l’inventeur de la discipline du management, est l’un des
premiers à avoir explicitement traité de responsabilité sociale des entreprises en concluant son
livre avec un chapitre intitulé The Responsibilities of Management (les responsabilités du
management), dans lequel il invite notamment les entreprises à s’assurer de ne pas
compromettre la cohésion et les croyances sociales (Drucker, 1954, p. 387). Ses positions sont
claires, l’entreprise n’est pas simplement une entité de création de richesses, elle est
également un organe de la société et elle remplit une fonction sociale. « an organ of society
and serves a social function
Dans cet ouvrage, Drucker (1954) fait preuve de vision en incluant notamment la
responsabilité sociale parmi les huit objectifs managériaux des entreprises dans son livre
intitulé The Practice of Management (1954, p. 63) : « there are eight areas in which
objectives of performance and results have to be set : market standing ; innovation ;
productivity ; physical and financial resources ; profitability ; manager performance and
development ; worker performance and attitude ; public responsibility. » Pour Drucker, il
incombe notamment aux dirigeants d’émettre des objectifs sociaux et de s’assurer de leur
atteinte puisque les dirigeants ont pour responsabilité publique de faire de sorte que tout ce
qui est véritablement dans l’intérêt public devient la priorité de l’entreprise
e. A Behavioral Theory of the Firm (Cyert et March, 1963)
Dans leur ouvrage A Behavioral Theory of the Firm, Cyert et March (1963) proposent une
théorie behavioriste de la firme qui vise à expliquer comment les objectifs, les attentes et les
choix divergents influencent le processus de prise de décision au sein des firmes. Cyert et
March (1963, p. 78) présentent ainsi l’organisation comme une coalition d’individus aux
intérêts divergents « we consider the organization to be a coalition having a series of more or
less independent goals imperfectly rationalized in terms of more general goals. » Ainsi,
l’organisation ne peut fonctionner que grâce à un processus constant de négociation, de
contrôle et d’adaptation entre individus pour répondre aux changements et prendre ainsi
compte les intérêts des divers individus. Cela signifie naturellement que l’environnement
interne et externe, constitué de parties prenantes, influencera les décisions et orientations
prises par l’entreprise. De ce fait, les décisions n’émanent pas simplement d’objectifs
économiques, mais d’intérêts individuels. Aussi, Cyert et March (1963) affirment que les
décisions des entreprises sont prises en considérant le facteur économique, mais aussi les
comportements sociaux. Dans cet esprit, puisque le modèle comportemental confirme que
les gestionnaires régissent la firme uniquement dans leur propre intérêt, « the behavioral
model proposes that managers operate the firm in the only fashion consistent with the
assumption of self-interest seeking - in their own best interests » (p. 241), le rôle du dirigeant
est donc clé dans la prise en compte (ou non) des intérêts sociaux, de l’élaboration de
stratégies socialement responsables.
Il convient de mentionner qu’Ansoff est l’un des premiers académiciens à avoir employé le
concept de parties prenantes dans sa définition d’objectifs organisationnels. Ce dernier
considère que la RSE est de concilier les intérêts opposés des différents groupes qui sont en
relation directe avec elle : actionnaires, dirigeants, employés à l’interne, les fournisseurs ainsi
que les distributeurs à l’externe. L’entreprise est ainsi chargée d’ajuster ses objectifs de
manière à répondre de façon équitable aux intérêts des différents groupes (Gond et Mercier,
2004). Bien que le profit fasse partie des intérêts de certaines parties prenantes et notamment
des actionnaires, il n’a pas nécessairement une place prépondérante dans cet ensemble
d’objectifs selon Ansoff (1965, p. 34) : « profit which is a return on the investment to the
stockholders is one of such satisfactions, but does not necessarily receive special
predominance in the objective structure ».
Proposition 3 : les valeurs des dirigeants influenceront de manière considérable les pratiques
des entreprises en termes de degré de responsabilité
II. Liens entre stratégie, développement durable et
responsabilité sociétale des entreprises
Le modèle de croissance économique suivi jusque là risque d’hypothéquer le futur de la
planète et de sa population. Cette thèse est aujourd’hui largement partagée.
En effet, même si le sujet est controversé, les entreprises ne peuvent ignorer le
questionnement de plus en plus intense des consommateurs, mais aussi de la société au sens le
plus large. La prise de conscience de l’impact négatif des activités économiques a changé les
exigences de la société vis-à-vis des entreprises : la création de richesses et l’offre d’emploi
ne sont plus les seuls critères de jugement. Ainsi les impératifs de croissance et la
prédominance des actionnaires,, seraient à remettre en question pour préserver la planète, tant
sur le plan environnemental que sociétal.
1) Le développement durable
« Un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des
générations futures à répondre aux leurs ».
Un développement durable est donc un développement qui permet à la fois de répondre aux
enjeux environnementaux (enérgie - eau - pollution et réchauffement automatique) et
sociétaux (pauvreté - inégalités sociales -exode rural-santé), tous deux impactés par
l’accroissement exponentiel de la population mondiale dans les années à venir. Il revient à
concilier des enjeux souvent opposés : comment assurer un développement économique
permettant de réduire la pauvreté, sans pour autant dégrader de manière irréversible les
ressources naturelles ?
Exemple: Afin de développer de nouvelles zones agricoles permettant de nourrir leur famille,
de nombreux habitants d’Afrique, d’Asie ou d’Amazonie défrichent des forêts. Si cette
déforestation répond à l’enjeu sociétal, elle a un effet amplificateur sur le réchauffement
climatique, à la fois parce que les feux de forêt rejettent des gaz à effet de serre, mais surtout
parce qu’elle détruit le gigantesque lieu de stockage du carbone que sont les forêts
Si les liens entre les deux enjeux majeurs – environnementaux et sociétaux – sont bien
entendu très complexes, ces différents exemples, volontairement simplifiés, illustrent la
tension potentielle qui existe entre eux et qu’un développement durable doit concilier.
Or les mesures comptables de la performance ne prennent pas en compte ce qui est «externe»
à l’entreprise. Ces externalités que génère l’activité de l’entreprise sont les conséquences
externes induites telles que la pollution, la consommation de ressources non remplaçables,
l’émission de gaz à effet de serre, la destruction d’emplois dans un pays, les nuisances pour
les consommateurs, les employés ou les riverains. Elles ne sont pas intégrées dans la
définition classique de la performance. Le coût de ces externalités reste à la charge de la
collectivité : elles sont considérées comme « gratuites » par la comptabilité. Par conséquent,
les efforts «écologiques » et les programmes d’intégration sociétale de l’entreprise ne sont
considérés que comme des coûts et non comme des investissements à long terme.
Ainsi, les villes, régions ou États dans lequels les sites de production, de stockage ou des
bureaux sont implantés sont concernés par toutes les conditions nécessaires à l’activité
économique (formation, infrastructures, services), mais aussi par les conséquences
(délocalisations, pollution) de l’activité économique sur la population locale.
L’entreprise doit donc créer de la valeur pour l’ensemble de ses parties prenantes en
conciliant impératifs économiques, environnementaux et sociétaux
La direction générale doit rendre des comptes aux actionnaires ainsi qu’au conseil
d’administration qui la nomme et la juge sur des chiffres purement financiers. Dans certains
pays, notamment anglo-saxons, la direction générale et les administrateurs ont même
l’obligation légale de servir les intérêts des actionnaires. Mais depuis une ou deux décennies,
une véritable mutation s’est effectuée dans la vision de la performance de l’entreprise.
Ceci pose un problème théorique majeur sur la finalité et les objectifs de l’entreprise, qui est
une des questions clés de la corporate strategy. Certains se focalisent sur les actionnaires
(shareholders ou stockholders) et argumentent que seul le profit doit être l’objectif de
l’entreprise, car il correspond à sa finalité économique. D’autres prennent en compte les
autres parties prenantes (stakeholders) et considèrent que l’impact sur l’environnement ou les
responsabilités sociétales de l’entreprise doivent avoir la même importance que le profit. C’est
ce que Porter appelle la valeur partagée (Porter) .
Dès les années 1990, des « permis d’émission de gaz à effet de serre négociables » ont
été institués pour imposer une réduction annuelle des émissions par pays et par entreprise.
Ces droits négociables permettent à l’entreprise de faire un choix économique entre :
continuer à émettre un volume plus important que son quota de gaz CO 2 et acheter
sur le marché européen les droits d’émission qui lui manquent ;
investir dans des procédés de réduction des émissions de CO2 qui apportent des
résultats en ligne avec la réduction progressive de ses quotas, voire qui lui
permettent de vendre sur le marché ses droits inutilisés.
b- Des investisseurs socialement responsables
L’opposition entre actionnaires exclusivement focalisés sur la performance financière et
parties prenantes uniquement préoccupées d’impact sociétal ou environnemental s’est en fait
estompée ces dernières années. De multiples fonds d’investissement proposent aux
investisseurs d’intégrer une approche financière rigoureuse et le respect de critères
d’investissement « éthiques », « socialement responsables » ou de « développement durable
».
Les fonds socialement responsables mettent en œuvre différentes stratégies
d’investissement. Ils peuvent en effet :
L’une des questions essentielles pour les investisseurs est de savoir si l’investissement
socialement responsable conduit à une performance financière nettement dégradée par
rapport à un investissement plus classique. Si les multiples études qui ont été menées sur le
sujet n’aboutissent pas à une conclusion claire9, au total, l’investissement socialement
responsable ne semble donc pas pouvoir être disqualifié a priori du fait d’un « surcoût
financier » qui l’handicaperait de manière structurelle.
Enfin, certaines entreprises sont volontaristes et souhaitent aller au-delà des normes et
règlements applicables à leur industrie. La conviction personnelle des dirigeants facilite
l’intégration d’une démarche active de développement durable dans la stratégie par des
programmes internes ambitieux (réduction de l’empreinte écologique de l’entreprise,
développement d’approches sociétales et responsables, évaluation des managers sur des
critères aussi bien environnementaux et sociétaux qu’économiques
Des entreprises qui sont certifiées par B Corporation, un organisme d’origine américaine
incitant les entreprises à ne plus chercher à être les meilleures du monde, mais les meilleures
pour le monde
La réparation du business model ne porte pas seulement sur les produits mais aussi sur
les procédés industriels et en particulier sur les investissements. Ce sont ces actifs
industriels et ces procédés qui vont déterminer pour les années à venir l’empreinte
environnementale des produits vendus.
L’analyse préalable des investissements ne peut plus être faite sur le seul critère de la
rentabilité ; elle doit intégrer une sérieuse évaluation des risques écologiques, notamment
l’impact en matière de pollution et d’émission de chaleur, mais aussi en termes de
disponibilité des matières premières, de déchets émis par le procédé de fabrication et de
modes de traitement ultérieurs de ces déchets. On doit également considérer l’impact du
transport des matières premières, des produits finis, des déchets de fabrication et des
produits usagés après leur collecte.
Il convient donc de faire des évaluations de l’impact du produit tout au long de sa vie, depuis la
conception jusqu’au recyclage, mais aussi d’évaluer tous les services attachés à chaque étape
et l’apport des différents acteurs le long de cette chaîne de vie (transport, distribution, collecte
des emballages, récupération des produits usagés, conditions d’utilisation des produits chez les
clients, etc.)12 :
Analyser et concevoir les produits en vue de leur durabilité : durée de vie technique
par rapport aux besoins des utilisateurs, capacité à réparer et entretenir, modularité des
designs, capacité de contrôle et régulation par les utilisateurs, acceptabilité des
innovations technologiques par les utilisateurs ;
Analyser la capacité de réutilisation du produit, du recyclage des sous-ensembles et
des composants et de la valorisation des résidus
En revanche certaines entreprises explorent des voies nouvelles qui remettent en cause de
manière radicale les principes habituels d’opérations dans les industries concernées. Dans
cette partie, nous allons examiner ces nouveaux business models.
D’un point de vue environnemental, nous nous intéresserons aux business models fondés sur
la vente de solutions au lieu de produits. D’un point de vue sociétal, nous présenterons
plusieurs business models qui visent à réduire la pauvreté et qui interrogent chacun à sa
manière le paradigme dominant de la création de valeur pour l’actionnaire.
Si cette structure de revenus s’applique aussi bien à la population mondiale qu’à la population
d’un pays donné, les proportions entre ces trois catégories varient selon le niveau de
développement du pays.
Longtemps, les populations à la base de la pyramide ont fait l’objet de l’attention des ONG
sur le thème de la santé, de l’éducation, de la malnutrition, etc. Mais la source majeure de
leurs difficultés est l’insuffisance de revenus. Les multinationales pour leur part s’intéressent
au départ aux populations au sommet de la pyramide. Elles adaptent en partie leur approche
aux consommateurs de la tranche intermédiaire en espérant une croissance rapide du pouvoir
d’achat dans ces économies émergentes. Mais traditionnellement, elles s’intéressent peu à la
population du BOP, jugée trop pauvre pour constituer une cible rentable.
Pour transformer le BOP en marché, Prahalad précise que les business models doivent être
repensés sur des bases très différentes. Ces personnes ont en effet des revenus incertains ;
leurs besoins sont réels mais ne peuvent être satisfaits que si une offre est faite à proximité de
chez eux, faute de moyens de transport, et dans des «portions » ou des « formats d’emballage
» adaptés à une consommation en faible volume et à des prix accessibles. Il s’agit aussi
d’inventer des business models qui soient très générateurs d’emploi ou au moins de sources de
revenus complémentaires pour un grand nombre de familles, de manière à contribuer à la lutte
contre la pauvreté.
c- Social business et microfinance
Muhammad Yunus, fondateur de la Grameen Bank, pionnière du microcrédit et prix Nobel de
la Paix, définit le social business comme une entreprise qui ne fait pas de pertes, qui ne verse
pas de dividendes et qui a un objectif sociétal15. Ce dernier est de maximiser l’impact
positifsur la société tout en gagnant suffisamment pour couvrir ses coûts et, si possible,
générer un surplus pour aider l’entreprise à grandir.
Le social business doit donc être autosuffisant pour maximiser les impacts sociétaux comme
les patients traités, les maisons construites, ou les personnes couvertes par une assurance santé
alors qu’elles n’avaient jamais eu de couverture santé. Le propriétaire n’a jamais l’intention
de prendre un profit pour lui-même. Un investisseur dans une entreprise sociale garde son
droit de propriété pour tenir le management responsable et récupérer son investissement dans
le temps, mais il n’attend aucun dividende, et tous les profits devraient être réinvestis dans
l’entreprise ou utilisés pour démarrer de nouvelles entreprises similaires… Un social
business devrait être considéré comme un investissement pour lequel l’argent est rendu dans
le temps mais l’intérêt est payé en dividendes sociétaux plutôt qu’en profits économiques.
L’actionnaire concède toute la valeur créée à l’objectif sociétal. Ainsi, alors qu’une entreprise
« classique » et un social business visent tous deux à être profitables, le résultat net du social
business est l’impact qu’il crée sur la société, et non pas ce qu’il rapporte aux investisseurs.
Ceci représente une opportunité pour étendre le capitalisme et satisfaire les besoins sociétaux
qui ne le sont pas encore.
D’une manière plus générale, au-delà du seul microcrédit, l’avantage d’un social business
est qu’il génère son propre revenu, car il a des clients et qu’il ne dépend donc pas du don
pour survivre, contrairement aux business models reposant sur la philanthropie (comme
certaines
ONG par exemple).
En revanche, la croissance du social business peut poser problème : comme il ne rémunère
pas ses actionnaires, il peut avoir du mal à les attirer pour financer son développement,
contrairement à une entreprise classique. En ce sens, le social business représente simplement
une optimisation de la philanthropie.
Mais la création d’un social business peut néanmoins rester attractive pour des
multinationales, car elles y voient notamment la possibilité de s’adresser au BOP de manière
plus efficace, et de trouver dans ces marchés des sources d’innovation (
La RSE représenterait donc un effort qui dégraderait les marges, car elle se concrétise par un
coût, qui au mieux se transformerait en profits à très long terme. De plus, en période de crise,
le consommateur n’est pas prêt à payer plus pour un produit plus vert ou plus social. Il
n’existe donc pas de possibilités de monétiser l’engagement RSE, en tout cas à court terme.
Sachant que de plus, la durée moyenne des mandats des PDG se raccourcit, pourquoi ces
derniers s’intéresseraient-ils à un sujet qui au mieux aurait des impacts à long terme ?
Par ailleurs, les demandes des différentes parties prenantes sont multiples et loin d’être
uniformes. Comment choisir celle qu’il faut privilégier ? Ces choix peuvent être si difficiles et
chronophages qu’à la fin, une RSE proactive peut être contreproductive, car elle distrait les
dirigeants de la question essentielle, à savoir la survie de l’entreprise ! Enfin, pourquoi les
entreprises devraient-elles volontairement oeuvrer pour un développement durable ? Les é tats
et les instances supranationales sont là justement pour leur imposer de multiples règles qui
semblent déjà bien contraignantes à la plupart des dirigeants. C’est à ces institutions de fixer
les règles du jeu communes à tous les acteurs.
Divers moyens peuvent utilisée par les entreprises afin de mettre en œuvre une démarche RSE
Une communication externe sur les actions RSE afin de promouvoir l'image de l'entreprise citoyenne
6) Des partenariats
De nombreux acteurs du peuvent accompagner et collaborer et collaborer avec les entreprises qui
veulent développer leurs dispositif
Par ailleurs, Schwartz et Carroll (2003) stipulent que l’utilisation de la pyramide pour
représenter la relation entre les quatre composantes du modèle peut être intéressante mais elle
est parfois inappropriée. Le classement des quatre variables dans la pyramide reflète une
certaine hiérarchie et fait naître une certaine confusion dans la priorité que nous pouvons
octroyer aux quatre domaines de la RSE. Il laisse croire que la philanthropie, placée au
sommet de la pyramide, est la variable la plus importante que doivent rechercher les
entreprises, alors que l’économie semble avoir la plus faible valeur dans la RSE à cause de
son emplacement au bas de la pyramide (Schwartz et Carroll, 2003). Même si Carroll (1991,
p.42) a souligné que la question de la priorité à travers ce classement est loin d’être la
perspective de cette pyramide, sa conception montre que les responsabilités économiques et
les responsabilités légales sont les plus fondamentales et que la responsabilité philanthropique
est moins importante que les 3 autres domaines (1979, 1991).
Une autre limite a été avancée par Schwartz et Carroll (2003) stipulent que la représentation
des domaines de la RSE sous la forme d’une pyramide ne permet pas de voir clairement les
interactions qu’il puisse y a voir entre les différentes dimensions de la RSE. Ils ont aussi
critiqué l’utilisation de la dimension philanthropie de la responsabilité sociale comme une
composante à part dans le modèle. En effet, et tel que précisé par Carroll (1979, 1993) et
Snider et al. (2003), il n’est peut être pas pertinent de parler de « responsabilités »
philanthropiques vu la nature volontaire et discrète des actions que les entreprises poursuivent
dans cette optique. Dans ce cadre, la philanthropie ne peut pas être considérée comme une
responsabilité en soi et est plutôt considérée comme quelque chose de désirable, loin du
devoir exigé. De plus, cette notion de philanthropie est tellement proche de la dimension
éthique dans le modèle de Carroll (1991) qu’il peut y avoir une certaine confusion entre elles.
C’est d’ailleurs une des raisons pour laquelle Schwartz et Carroll (2003) ont enlevé la
dimension philanthropique du nouveau modèle de la RSE qu’ils ont proposé et l’ont intégré
dans la dimension éthique. Cette approche est en accord avec les travaux de Strong et Meyer
(1992) qui ont montré empiriquement l’existence des dimensions éthiques, économiques et
légales de la RSE, mais qui n’ont pas pu prouver l’existence de la dimension philanthropique
et ils ont suggéré la suppression de la philanthropie du modèle de Carroll (1991).
Schwartz et Carroll (2003), ont également critiqué le développement théorique des trois
domaines : économique, éthique et légal et ont conclu qu’il est incomplet surtout au niveau de
la discussion et l’intégration de critères permettant d’évaluer les activités des entreprises et les
motifs l
iés à chaque domaine. Les définitions attribuées par Carroll à chacun des domaines sont non
seulement incomplètes mais aussi pas suffisamment précises.
Source bibliographique
https://books.openedition.org/septentrion/9105?lang=fr#ftn1
https://www.cairn.info/revue-management-et-avenir-2009-3-page-139.htm