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Album de l'École de dessin :

journal des jeunes artistes et


des amateurs

Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France


. Album de l'École de dessin : journal des jeunes artistes et des
amateurs. 1852-11-25.

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L'ECOLE DE DESSIN
JOURNAL DES JEUNES ARTISTES ET DES AMATEURS

DONNANT TOUS LES MOIS DES MODÈLES ÉLÉMENTAIRES ET NOUVEAUX POUR TOUS LES (GENRES DE DESSIN,

mUMi PAYSMÉ, iLiUmS ET FRUITS, ÀMMAÏÏX, DESBXN MllAXlE, ORNEMENTS, ARCHITECTURE, SUJETS
DE <EBNM, Mlffl®, OXSBAÏÏÏ ET MMM.QIS, -(CMÛTO MVE®§, ETC.

DESSINÉS ET LITHOGRAPHIES

M Mit JUlLlEN, HUBERT, F" ADAM, J. DCCOLLET, JULES DAVID, ltlLORDEAUX, MAURIN, CENSIER, HOitGL-FATIO,

AVEC
TEXTE EXPLICATIF POUR CHAQUE DESSIN ET DES
ÉTUDES COMPLÈTES
SUR LES BEAUX-ARTS :
LITHOGRAPHIE, GRAVURE,
TEINTURE, SCULPTURE, AQUARELLE, PASTEL, SÉPIA, LAVIS, MINE DE PLOMB, COLORIS.
PEINTURE ORIENTALE, PEINTURE SUR BOIS, SUR VEHRE, SUR ÉTOFFES, SUR PORCELAINE.

PROCÉDÉS ET MÉTHODES POUR EXÉCUTER SANS HAIT RE.

~a ~:aa ~~!aao!a ~~si~aa'aaa tau ~âoaa~~a~a ~asa~a G)~ a~a~ao.


[BUT PLAN
DU DU
JOURNAL. JOUBMLi
L'ÉCOLE
Offrir aux jeunes DE DES-
artistes et ama- SIN paraît le ali.de
teurs dos modèles chaque mois par
irréprochables et
de bon goût, leur livraison de 4 pa-
indiquer les meil-
leures rffthodes, ges de texte for-
et enfin les tenir mat in-40, et de
au courant de tout 6 planches de mo-
ce qui se produit dèles variés pour
de nouveau dans
les arts. - tous les genres de
dessin.
PRIX Chaque année
DE L A
forme ainsi un re-
SOUSCRIPTION cueil de 7 2 litho-
POUR
graphies variées
LA FRANCE. avec 48 pages de
Un an. 189 50
6 mois.
»
texte divisées en
deux volumes.
3 mois. 5 »
Un no sép. 1 75
On ne rêoit
POUR L'ETRANGER que. les lettres
lirport affranchies.
en sus.1

ON S'ABONNE, A PARIS,
AU BUREAU DU JOURNAL, RUE SUGER, 5,
GHE7 SUSSE FRÈRES, PLAGE DE LA BOURSE, 31,
DANS LES/;DÉPARTEMENTS ET A L'ÉTRANGER, CHEZ TOUS LES LIBRAIRES, MARCHANDS D'ESTAMPES ET
PAPETIERS,
NEW-YORK, ÉMILE SElTZ, 255, BROADWAY.
A LONDRES, GAMBARD ET C", 25, BERNERS STREET, OXFORD STREET,— A
PÉRICHON.
A BERLIN, FERDINAND IBNER, 196, FBIEDRICHSSTRÀSSE.— A GENÈVE, A. GEISENDORF, PAPETIER. BRUXELLES,
25 octobre 1853. VOICI CE QUI LE SERA : — Nous avons commencé un
élémentaire et pratique dé |)erspecwe
nouveau cours promptemlfft;
Déjà notre "recueil compte deux années d'exis- que nous allons poursuivre et terminer
tence ; nous allons commencer la troisième avec la nous donnerons, dès le mois prochain, les prémîfrs
ferme volonté de répondre, par de nouveaux efforts, à articles d'un Dictionnaire abrégé de la. langue des ar-
la constante sympathie qui n'a cessé de nous soute- tistes, qui sera toùt à la fois un vocabulaire utile pour
nir depuis le début de notre entreprise. Certes, c'é- l'intelligence de nos leçons, et un petit manuel prati-
tait une idée nouvelle et utile que de fonder un. jour- que de tout ce qui se rapporte à la science du dessin ;
nal destiné, non-seulement à propager le goût des nous continuerons les excellentesleçons d'aquarelle
beajix-arts, mais encore à en assurer le bon enseigne- de notre habile collaborateur, M. Hubert; comme
ment par une- suite de leçons méthodiques mises à la par le passé, nous ne laisserons se proâuire dans
portée de tout le monde, de telle sorte que ce n'était l'art aucune nouveauté intéressante, aucun perfection-
plus simplement un journal, mais un véritable profes- nement sérieux, aucune invention heureuse, sans les
seur. Cette idée a été comprise, et nous en avons la signaler à nos lecteurs ; enfin, nous éleverons succes-
preuve dans les nouvelles et nombreuses adhésions sivement le niveau de nos modèles, afin de répondre
qui nous viennent de toutes parts. h'École de dessin au progrès dès études. a
n'a pas seulement été adoptée par les familles, elle a Mais à ce dernier. propos, qu'il nous soit-permis
pénétré dans toutes les maisons d'éducation, dans la de relever une objection qui nous a été faite par quel-
plupart des écoles publiques, et il en est peu dont ellé ques personnes bienveillames; efléè ont cru Voir un
ne puisse, avec un légitime orgueil, montrer les noms inconvénientdans le mélange des genres; nous croyons
inscrits sur ses listes de souscription. D'où lui vient qu'elles sont dans l'erreur, et nous avons, pour pen-
tant de faveur? Nous allons le dire succinctement. ser ainsi, notre propre expérience. Dans l'enseigne-
La direction de l'École de dessin n'a reculé devant ment, sans doute, les aptitudes particulières doivent
aucun sacrifice pour s'associer les meilleurs profes- être secondées; mais c'est agir sagement, dès ledébut,
seurs et les plus habiles artistes. Toujours attentive et de s'exercer sur toutes choses, figure, .-animaux,
dévouée au progrès, elle a accueilli avec empresse- paysage, fleurs, ornement, peu importe ! Cette va-
ment tout ce qui s'est produit de nouveau et de sé- riété même prête à l'étude un attrait nouveau; l'élève
rieusement utile dans son domaine; ainsi, par exem- se tient plus éveillé; il se familiarise avec-plus de
ple, J'aquarelle en fac-simile, le dessiner papier gra-
dué, son ingénieux d'a le
papier-spectre appliquée
appartient
formes, et la main n'en devient que plus adroite, et
le coup d'œil plus juste. D'ailleurs, l'élève intelligent
en propre, ses leçons pratiques mis ainsi aux prises ayec de nombreux modèles, sans
au paysage et aux fleurs, enfin ses essais d'un nou- cesse renouvelés, ne tarde pas à laisser voir ses pré-
veau procédé lithographique, dont elle a déjà donné férences alors au père î &pèrededefamille
famille ou au maître
deux spécimen (pl. 437 et 142), procédé qui laisse lesencourager
à les ouàles modifier selon qu'elles indli-
encourager ou
au dessin du maître toute sa simplicité primitive et nent plus ou-moins directement vers le but qu'on se
son originalité, qui abrège l'étude en supprimant la propose dmleindre.
plupart des difficultés d'exécution que présentent les Nous conserverons donc à notre journal son carac-
modèles lithographiés aujourd'hui en usage, et qui, tère d'universalité, ee en demeurant fidèles au plan
perfectionné comme nois nous occupons de le faire, sur lequel il a été primfl^nent conçu, nous espérons
est nécessairement appelé à H5 remplacer tous et à 1 assurG déplus en plus Wn succès et lui concilier de
faire rentrer l'enseignement in dessin dans sa vérita- nouveaux t'lffrages.
ble voie. — VOILA CE QUI A ÉTÉ FAIT.

Nous prions nos


bien le renouveler le
sonscHptêurs^lMI^MlliinelHilÉI expire ^WWrd hui de vouloir
%5~M~6at~e proclutin pour rie piis ^cpi'ouv^i* d'inter-
ruption dans l'envoi du Journal.
ttmtwlUô publûatiottd en toue ee'nre,%:,

L'ÉTUDE DU DESSIN POUR

SPÉCIALITÉ D'ALBUMS

D'ÉTUDES ÉLÉMENTAIRES POUR LE DESSIN, LE COLORIS, L'AQUARELLE, ETC.

ECOLE DE DESSIN. LE PETIT MAITRE DE DESSIN.


Format in-8 oblong, 23 centimètres sur 15. Format in-16, oblong.
1 Album de 24 pl., études pour la figure, par JUI.LIËN. 1 Album de 24 pl., études pour la figure.
1
— 24 — — pour le paysage, par HUBERT. 1 24 — — pour le paysage, par HUBERT.

1 24 — — d'animaux, par V. ADAM.

-
24 — de fleurs et fruits, par
1 24 — — d'animaux, par V. ADAM.
1
1

1

— 24— — de sujets de genre,
JULLIEN.
par II. GRENIER.
24 — — d'oiswux et papillons, par DELARUE.
1
1



24 — — rlesujets de genre, par HENRY.
24 — — de fleurs et fruits, par JULLIEN.
— i 24 — — d'oiseaux et papillons, par DELARUE.
1 — 24 — — d'ornements d'architecture, par JULLIEN. —
1 — 24 — — marine, par MOREL-FATIO. Chacurf de ces albums forme un petit cours gradué pour cha-
Chacun de ces atbums forme un petit cours élémentaire com- que genre et se vend en noir pour dessiner au crayon, et légè-
plet pour chaque genre, et se vend, en noir ou bien colorié lé- rement colorié pour étudier le coloris et l'aquarelle.
gèrement,, pour servir à étudier le coloris et l'aquarelle, bro-
ché, cartonné, ou relié en toile anglaise avec titre et ornement Prix de chaque, pris à Paris : 2 fr., colorié, 4 fr.
en or.
Prix de chaque, pris à Paris: 4 fr., colorié, G fr.
LE MAITRE DE DESSIN. COLORIS.
Format in-4, 32 centimètres sur 23.
\ouvcau cours élémentaire de Coloris, ouvrage composé
de 20 planches variées pour le paysage, la figure, les fleurs, les oi-
1 Album de 40 pl., études pour la figure, par JULLIEN. seaux, etc., noires et coloriées, avec texte, par Couleru, professeur
1 — 40 - — pour le paysage, par HUBERT. de coloris. Format in-4°, cartonné riche. 12 fr.
40 — — d'animaux, par V. ADAM. Cours élémentaire de Coloris, suivi de considérations sur la

.
1 —
1 40 — — de fleurs et fruits, par JU.I.IEN.
t —
— 40 - — de sujets de genre, par Il. GRENIER.
peinture orientale, par Couleru. Ouvrage composé de 12 planches
variées de paysage, ligure, fleurs, animaux, oiseaux, etc., avec texte.
1
— 40 — — d'oiseaux clpapillons, par DELARUE.
Format in-8°. 4 fr.
Chaque album forme un cours élémentaire complet, depuis
lespremiers éléments jusqu'aux études les plus avancées, en
noir et coloriés légèrement, pour étudier le coloris et l'aqua-
relle.
Prix.de chaque, pris à Paris : 12 fr., colorié, 24 fr.
LA FOIRE AUX IDEES.
Même format. Nouvelle collection de croquis variés, par Victor Adam, formant un
riche album de 36 planches, format in-4°, contenant plus de 600
Album de 20 pl., études pour la figure, par JULLIEN.
1
1
— 20— — pour le papaye, par HUBERT.
20 — — d'animaux, par V. ADAM.
dessins, charges, caricatures, costumes, animaux, etc. Richement
cartonné. 42 fr.

1 — 20 — — de fleurs et fruits, par JULLIEN. Deux autres albums de croquis de la Foire aux idées, composés de
t — 20 — de sujets de genre, par Il. GREMER.
— d'oiseaux 24 planches format in-8°, cartonné. Chaque. 4 fr.
1
— 20 — — et papillons, par DELARUB.
Chacun de ces albums forme un cours élémentaire complet
pour chaque genre.
Prix de chaque, pris à Paris : 7 fr. 50 c., colorié, 15 fr. GRAND ASSORTIMENT D'ÉTUDES EN FEUILLES POUR TOUS
LES GENRES DE DESSIN : figure, paysage, animaux, fleurs,
fruits, dessin linéaire, sujets de genre, marines, ornements, architec-
NOUVEAUX DESSINS A LA MINE DE PLOMB SUR PAPIER GRA-
ture, etc., etc., en noir, aux deux crayons, aux trois crayons, au
DUÉ ET SUR PAPIER-SPECTRE , par Hubert, Morel-Fatio, etc.
M. lavis, à la sépia, etc., etc., par les premiers artistes : MM. Jullien,
60 planches de parues. Chaque, prise à Paris, 1 fr. 25 Hubert, Victor Adam, Morel-Fatio, Bilordeaux, Censier, Tripon,
Les élèves les moins avancés peuvent copier tous ces dessins Ferogio, Jacottet, Calame, etc., etc. Depuis 25 centimes la feuiUe
sur le nouveau Papier-Spectre breveté (s. g. d. g.) jusqu'à 3, 4, 5, 6 francs et au-dessus.
EN VENTE
BUREAU DU JOURNAL.

NOUVEAU
AU

MtHTME M DEM
COURS

FIGURE POUR LA

DE RUDDER PAR

LITHOGRAPHIE PAR

J. DUCOLLET
Cet important ouvrage sera publié en 59 planches, format aient i-graml
raisin (50 centimètres sur 33), divisé en 5 livraisons
de 10 planches*
JPH.jc de chaque livraison •• fi /#'.
LA. PREMIÈRE LIVRAISON EST'EN VENTE.

L'A BeDE L'ÉCOLE DE DESSIN


PREMIERS EXERCICES POUR L'ÉTUDE DE LA FIGURE

PAU JOSÉPHINE DUCOLLET


OUVRAGE COMPOSÉ DE 24 PLANCHES AVEC TEXTE. PRIX: 3 FR.; PAR LA POSTE, 3 FR. SO CENT.
Nous allons publier successivement, sous ce titre, les premiers éléments du des
fleurs, des animaux, etc. paysage,
— Ces recueils, exécutés sur un plan simple et facile, sont tout à
fait à la portée des commençants.
A L B lM
DE

L'ÉCOLE DE DESSIN
*
)'AH)S. —mfmME(.)ËS)MU!SRAÇt'?'K)t.()M)'.,)tL!h:t'KHHjhT)f,).
L'ÉCOLE DE DESSIN 1) E

JOURNAL
IIS «MHS AMISTHS JETII US MIMIMS

Deurième Année.

fâlli
AU BUREAU DU JOURNAL
Rue Suger, 3, place Saint-André-des-Arts
L'ÉCOLE DE DESSIN
y

JOURNAL DES JEUNES ARTISTES ET DES AMATEURS.

-0 Q~-——————————

QO?[~S Le Louvre possède de lui quelques belles toiles, parmi


lesquelles nous citerons une magnifique Descente de
SUR croix, la Pêche miraculeuse, JéSllS guérissant les ma-
L'HISTOIRE DE LA PEINTURE FRANÇAISE. lades, la Résurrection de Lazare, les Veudeurs chas-
sés du temple, le Repas chez Simon le Pharisien, etc.
Rigaud et Largillière furent les princes du por-
III trait au temps de Louis XIV.
Rigaud, né à Perpignan en 1659 et surnommé le
(SUITE.)
Van Dyck français, commença l'étude de la peinture à
Complétons cette vue sur l'art au temps de Montpellier et vint ensuite à Paris, où l'attendait une
Louis XIV en rappelant ici quelques hommes de ta- brillante carrière. Il reçut, en 1709, de sa ville na-
lent, au moins égaux, sinon supérieurs, a ceux dont tale, des lettres de noblesse, qui furent confirmées par
nous venons de nous occuper. Louis XIV et Louis XV. Il mourut en 1745.
Jouvenet naquit à Rouen en 1644. C'est dans cette Largillière, né a Paris en 1050, entra a l'âge de
ville qu'il commença l'étude de son art, et c'est dans douze ans chez Ant. Goubcau, peintre flamand, et de
l'atelier de Lebrun qu'il la continua. Il fut reçu de là passa en Angleterre ; puis il revint à Paris où le
r Académie en 1675 et mourut en 1717. fixa l'amitié de Lebrun. Reçu de l'Académie en 1686,
Jouvenet n'a pas vu l'Italie; il est absolument lui- il en devint recteur et directeur. Il mourut le 20
même ; ses tableaux se distinguent par la grandeur des mars 1746.
dispositions et par une remarquable intelligence de Rigaud et Largillière semblent s'être partagé l'hon-
l'effet. — Ses masses sont larges; son dessin est plus neur de peindre toutes les beautés, toutes les gloires,
eorrect que celui de Lebrun et plus ferme que celui toutes les noblesses de la seconde moitié du siècle de
de Mignard: il n'a ni la fougue de Lebrun, ni la pu- Louis XIV. Largillière sortit rarement de son cadre ;
reté de Lesueur, ni la sagesse du Poussin, mais il sent Rigaud s'éleva parfois jusqu'à l'histoire, mais tou-
avec justesse et rend avec audace. Si la trace de la jours à la condition de rencontrer des portraits à
décadence de l'art se retrouve dans ses ouvrages, c'est faire et des étoffes à peindre. Hormis dans ce goût
avec des mérites essentiels qui en eussent fait un décidé pour le grand appareil des draperies, il sut se
très-grand peintre sous une inspiration plus sévère. garder de l'exagération de Lebrun ; son dessin est
Paralysé du bras droit dans la fin de sa vie, il fit de exact, élégant et vrai, ses têtes pleines de vie, sa
la main gauche des œuvres où se révèle encore un couleur puissante, sa peinture lumineuse. Les ex-
grand talent, entre autres le Magnificat de Notre- trémités sont rendues par lui avec un talent supé-
Dame. Les Douze apôtres, placés sous la coupole des rieur. Le Louvre possède de beaux portraits de Ri-
Invalides, sont d'un grand style et d'un grand effet. gaud. — Largillière est le peintre essentiellement
amoureux de la vérité et de la nature ; ses ouvrages, PETIT COURS
plus calmes que ceux de Rigaud, sont aussi plus
terminés. Il peignit à quarante ans son beau ta- ÉLÉMENTAIRE
bleau des Échevins de Paris qui est à Saint-Étienne;
il fit aussi de grandes peintures pour l'Hôtel de © I ©© L © Q
Tille.
Nous arrivons aux Coypel, c'est-à-dire à la déca- « Il n'est pas donné à tous d'aller à Coriyithe, » di-
dence toute pure. Les Coypel sont le trait d'union sait l'antiquité en manière de proverbe, c'est-à-dire,
qui relie l'art du siècle de Louis XIV à celui du règne en d'autres termes et généralisant la pensée, qu'en
de Louis XV. toutes choses il n'y a que les plus favorisés et les plus
Noël Coypel, né en 1628, et nommé, à l'âge de habiles qui arrivent. Il en va de même à peu près
quarante-quatre ans, directeur de l'école de Rome, dans le domaine de l'art : soit défaut de temps, ou de
y termina quatre petits tableaux, Solon, Trajan, persévérance, ou de circonstances favorables, tout le
Alexandre Sévère et Ptolémée Philadelphe, destinés monde n'y entre pas ; mais il est loisible à chacun
au roi de France et qui sont demeurés ses meilleures d'en approcher et de trouver encore d'agréables dé-
œuvres. Quelques plafonds des Tuileries sont de sa lassements dans la pratique de ces petites industries
main. Il peignit, à soixante-dix-huit ans, la voûte du qui s'exercent à la frontière, sans prétendre usurper
sanctuaire aux Invalides. Il mourut en 1707. — Noël sur les droits du maître; telle est, à notre avis, celle
Coypel fut de beaucoup supérieur à ceux de son nom du COLORISTE, par exemple, que jadis l'on qualifiait
qui le suivirent et le remplacèrent. — Son fils, An- plus modestement du nom d'enluminure; mais alors
ce n'était qu'un vulgaire métier ; depuis on eff a pres-
toine Coypel, exerça une influence funeste sur l'école
française ; il adopta, il tâcha d'éterniser par son pin-
que fait un art.
ceau toutes les afféteries alors à la mode; il plut à la Bien colorier n'est pas chose facile ; il semble, au
cour parce que la cour se reconnaissait dans ses ou- premier abord, qu'il n'y ait qu'à vouloir : ce n'est là
vrages et voyait avec plaisir que l'art prenait exemple qu'une fausse apparence; en réalité, ce talent, si mo-
d'elle pour s'écarter de la nature ;
— joint à cela un deste qu'il soit, exige plus d'adresse, d'expérience et
coloris d'éventail. - Pour nous resserrer aux seules de goût qu'on ne se l'imagine; c'est le cas de répéter
œuvres de Noël Coypel, nous dirons qu'on reconnaît ici que tout le monde ne va pas à Corinne. En fait,
la main d'un peintre dans ses tableaux de chevalet, il ne s'agit de rien moins que de donner à une es-
mais que, dans ses grandes toiles, c'est du Lebrun tampe ou à une lithographie la couleur que celle
affaibli, énervé et déchu. lithographie ou cette estampe aurait reçue si elle
Nommons pour mémoire des artistes distingués, était l'œuvre d'un peintre. L'industrie du coloriste
de ,Troy, Lahyre, Lefebvre, Bourdon, Dufresnoy, etc.,
a aussi ses artistes, entre les mains desquels une
qui s'effacèrent sous l'ombre de ces grandes réputa- simple lithographie acquiert presque tout le mérite
tions, mais qui durent en partie à leur obscurité d'être d'une aquarelle. — Quoi qu'il en soit, nous allons
moins atteints des défauts communs à toute l'école de
essayer de donner à nos abonnés, dans une suite
Lebrun. d'articles qui se succéderont régulièrement de mois
La se clôt l'époque de la peinture de Louis XIV.
en mois, quelques notions succinctes et pratiques
Nous allons entrer maintenant dans l'art capricieux de COLORIS* qui abrégeront la durée et l'ennui de l'ap-
des Vanloo, des Watteau et des Boucher. prentissage pour ceul qui auraient le désir d'y cher-
A. BARBIER. cher une distraction à des travaux plus sérieux. et,

t —— qui sait? peut-être même une ressource au besoin.


(La suite au prochain numéro.)
IHiilSBlIKiSïï autoriserions même, à la rigueur, mais seulement
pour les moins avancés dans nos études, l'emploi des
carreaux, comme il a été déjà indiqué pour la pl. 72,
à la page 24 de notre dernière livraison.
Planches N, 73 à Ï8. L'esquisse une fois obtenue dans ces bonnes con-
ditions, passons à l'ombre. Il faut la préparer légère
Pl. 73. — La Fileuse bretonne, dessin de figure, et grise, par un grené égal, ou avec l'estompe, au
par madame J. Ducollet. moyen d'une teinte unie; on revient ensuite par-des-
Nous avons recherché dans ce modèle un effet plus sus avec un travail de hachures, en observant de lem:
tranquille, des lumières plus larges, des plans d'om- donner la même direction qu'au modèle. Enfin, pour
bre plus simples, évitant avec intention de descendre terminer la figure, on donnera, avec le crayon, quel-
dans des détails de demi-teintes et de modelé trop re- ques touches plus fermes dans les prunelles, sous
cherchés. L'essentiel, dans l'art, n'est point de copier les paupières supérieures, aux narines et dans les
servilement la nature, avec la rigueur d'un procédé angles de la bouche.
scientifique, comme si on l'eût observée à la loupe ; Pl. 74. — Une maison de paysan, étude sur papier
mais de la voir et de la reproduire par son grand demi-teinte, par M Hubert. — Nous trouvons dans
aspect, comme disent les peintres, dans son ensemble ce maisonnage pittoresque, si résolûment indiqué,.
et ses caractères les plus généraux. C'est ainsi que les une excellente leçon pour familiariser l'élève avec le
grands artistes de toutes les écoles et de tous les maniement du crayon, et l'accoutumer h une exécu-
temps ont toujours compris l'art, et une grande sim- tion prompte et large qui lui permette de pouvoir
plicité, unie à une grande habileté d'exécution, est bientôt s'asseoir devant la nature et prendre un cro-
l'un des signes les plus sûrs où se puisse reconnaître quis sur place. Mais, avant d'en arriver la, on con-
la main d'un maître. çoit qu'il faille encore passer par quelques études du.
Pour en revenir au modèle que nous avons là sous genre de celle que nous mettons présentement sous
nos yeux, nos élèves doivent d'abord en faire l'es- les yeux de nos élèves. — D'abord, posons vivement
quisse avec soin et pureté. Ils. devront faire attention l'esquisse sur le papier, en restant fidèle au mouve-
que, la tête étant un peu inclinée vers l'épaule droite, ment des principales lignes et à leurs proportions re-
le plan des yeux, ainsi que. ceux de la bouché et du latives; puis, en quelques coups de crayon jetés hardi-
nez pris à sa base, suivent cette inclinaison sans cesser ment, indiquons les détails les plus apparents, tels
de rester parallèles entre eux. Nous faisons cette re- que portes, fenêtres, pans de bois engagés dans les
marque parce que notre propre, expérience dans le deux pignons, cheminées coiffées de leurs mitres,
professorat nous a démontré que beaucoup de com- pierres d'attente en saillie sur la muraille, et celles
mençants, entraînés par l'habitude et faute de ré- éparses sur le terrain, et le buisson à droite, dont il
flexion, tendaient toujours à établir
ces détails sur un ne faut, pour le moment, relever que le contour et les
plan horizontal, quand, l'angle d'inclinaison n'était pas masses principales, sans trop s'inquiéter de la forme
très-prononcé, comme c'est le cas pour la figure dont des feuilles. Maintenant, abordons- franchement les
nous nous occupons. — Nous recommanderons en- ombres, par le côté large du crayon, en procédant
core à nos élèves d'arrêter avec précision la place et par des hachures verticales couvrant bien le papier.
, la forme des courbes du
corsage, ainsi que les détails Ce travail doit être fait au premier coup, sans s'y
des broderies dont il est orné. Il va sans dire que, reprendre, autant que possible, hormis pour les om-
pour toutes ces opérations, on peut, comme à l'or- bres plus fortes, sur lesquelles il est nécessaire de
dinaire, emprunter le secours des lignes verticales et revenir avec un crayon plus tendre et des hachures
horizontales placées à volonté, selon le besoin ; nous plus serrées, pour les amener a leur ton. Il ne reste
plus qu'à faire sentir, par des touches vigoureuses, diquera, d'un trait léger, les bouquets de feuillage
les dessous et les profondeurs des portes, des croi- groupés à l'entour. On attaquera ensuite les parties
sées, des corniches, etc. Je ne parle pas du feuille, ombrées avec résolution, réservant pour la fin le tra-
les formes en sont assez nettement accusées pour vail du feuillé dans la lumière, et les touches de vi-
rendre tout commentaire superflu. J'engage seule- gueur qui doivent achever le dessin. — C'est parti-
ment l'élève à s'y exercer pendant cinq minutes sur culièrement a reproduire l'exécution libre et facile et
son g*rde-main avant de passer au travail définitif. le caractère de ces deux croquis qu'il faudra s'appli-
Et puis, après tout cela, si votre dessin est mou, quer : — si l'on échoue dans un premiér essai, on fera

tatoué, mal venu, si vos ombres sont lourdes, char- bien d'y revenir jusqu'à ce qu'on soit arrivé à un ré-
bon ne es, sans transparence et sans harmonie, prenez sultat à peu près satisfaisant; c'est le seul moyen de
courage et recommencez deux fois, s'il le faut, jus- se rendre maître d'une des plus grandes difficultés
qu'à ce qu'il reste dans votre copie quelque chose de du paysage, les arbres et les terrains.
la hardiesse et de la liberté d'exécution de l'original. Pl. 77. - Divers croquis de genre, par madame
Pl. 75. — Le Cerf, par M. Victor Adam. — Tout J. Ducollet. — Pour être certains de bien établir
est linesse, esprit, dans ce joli croquis ; c'est là son et de bien rendre l'aplomb et le mouvement de
mérite, mais aussi sa difficulté. Ici, l'esquisse est le ces petites figurines, plus particulièrement destinées
point, capital auquel il faut s'attacher ; dès qu'on l'aura à prendre place dans quelque composition de paysage,
obteuue fine, Légère, exacte dans les proportions, on recourons encore à nos guides habituels, je veux dire
fera aisément le reste. On devra surtout s'appliquer à aux lignes verticales et horizontales, dont nous avons
reproduire fidèlement l'élégance des formes, la déli- eu déjà tant de fois l'occasion de faire comprendre
catesse des articulations et des extrémités, tout en l'utilité et l'usage. (Voir nos leçons des 25 juillet et
conservant à la ligne une certaine fermeté. C'est à 25 septembre, pl. 53 et 64.) — La seule différence à
quoi l'on arrivera en évitant de donner à son premier remarquer ici, et elle a été ménagée à dessein, c'est
trait des contours trop arrondis et trop sinueux; que l'exécution est moins précieuse, moins cherchée,
il faut d'abord chercher la gpande ligne, la forme gé- par conséquent plus simple, plus élémentaire, plus
nérale, avant de descendre au détail. — Une ligne facile, et aussi plus heurtée, comme il convient à des
verticale partant de l'oreille droite de l'animal et pas- figures purement accessoires, dont tout le rôle doit se
sant entre les deux jambes de devant, une autre, ho- borner à peupler la-solitude d'un paysage, ou à reflé-
rizontale, allant de la croupe à la base du cou sur le ter à propos un rayon de chaude lumière. Il faut que
poitrail, seront d'uu bon secours pour obtenir ¡'en. cela soit croqué vivement, carrément, avec esprit, et
semble plus vite et plus juste. — Quant au surplus, largement ombré à teintes plates; l'essentiel est de
nous renvoyons nos lecteurs aux indications déjà don- bien saisir l'attitude et l'ensemble des proportions.
nées dans nos livraisons huitième et onzième, à l'oc- PI. 78. Exercices de dessin linéaire. — Nous ter-
casion de deux autres modèles du même artiste. minerons par cette planche, dont tout le mérite réside
PI. 76. — Deux croquis d'arbres, par M. Hubert. dans la grâce des formes, dans la pureté de la ligne.
— Le fragment de gauche est du chêne ; il est facile C'est une pratique un peu sévère, rigoureuse, qui ne
de le reconnaître aux découpures anguleuses de son souffre aucune incorrection ; c'est pour cela que nous
feuillage, aux formes tourmentées de son bois; celui
ne craignons pas d'y ramener de temps en temps nos
de droite se compose de deux branches de noyer; les "élèves, afin de les maintenir dans là bonne habitude
feuilles en sont plus arrondies; les masses plus de serrer de près leur modèle, et de se défendre
tranquilles et plus régulièrement disposées. d'une certaine disposition à se contenter trop facile-
Après avoir déterminé d'abord la place et la forme
ment d'un à peu près, quand ils ont aftaire il des
des principales branches et de leurs
rameaux, on in- fermes moins arrêtées et moins précises.. A. S.
enfin à l'art de les conduire et de les fondre de ma-
PÎE L"MQUAR F- L L F-
nière a produire un tout harmonieux. Mais c'est la
(SUITE. une science compliquée à laquelle nous ne pouvons
nous flatter d'arriver de front et de plain-saut ; il a
Avant tout, et comme préliminaire indispensable fallu prendre par les sentiers et faire un long détour;
à ce qui va suivre; nous engageons l'élève à revoir ne nous en plaignons pas, nous y gagnerons de mieux
avec une sérieuse attention les trois articles déjà pu- comprendre et de trouver d'une application plus facile
bliés dans nos livraisons 3, 4 et 5, non-seulement les démonstrations et les préceptes qui vont suivre.
pour ce qu'ils contiennent de conseils pratiques, mais Loin que ce retard apparent ait ralenti notre marche,
encore pour ce qu'ils dnt de théorique ; un peu de il n'aura fait au contraire que la hâter, en nous per-
théorie ne gâte rien quand elle sert de base à une mettant désormais de reprendre notre course d'un
bonne pratique. pas plus ferme et plus assuré vers le but que nous
Nous avons dit que, pour se familiariser avec le
-. poursuivons-
maniement du pinceau, l'élève devait d'abord.s'exer- Mais, avant de passer plus loin et de vous mettre les
cer au lavis avec une seule couleur, la sépia, par armes à la main. occupons-nous de compléter votre
exemple. Nous nous plaisons à croire que ce conseil petit bagage d'artiste. — Vous n'avez pratiqué jus-
a été suivi. En tout cas, ce n'est ni le précepte, ni qu'ici que la modeste sépia ; il s'agit d'y ajouter un
l'exemple qui ont fait défaut, et nos leçons répétées certain nombre de couleurs indispensables dont il
des mois de mars, de mai, de.juin et d'août en font faudra se munir.
foi. Nous y renverrons ceux qui ne se sentiraient pas Il y en a de deux sortes, celles en tablettes et celles
suffisamment préparés; car, s'ils n'ont pas encore en pastilles, qu'on peut employer au choix, sans grande
acquis une certaine dextérité de main, un certain - différence dans les résultats, surtout pour le genre
aplomb dans la manière de gouverner une teinte, du paysage. — Les couleurs en tablettes plus fines,
nous ne les engageons pas à se lancer étourdiment très-gommées et très-dures, se détrempent, chacune
-dans les difficultés de l'aquarelle; c'est un bourbier à part, en les frottant avec un peu d'eau sur une
ou ils ne feraient que s'agiter en vain, sans autre palette ou plaque de faïence divisée en plusieuiïs'com-
profit que d'en sortir plus on moins découragés ; et, partiments. - Les couleurs en pastilles, moins gom-
malbeureusement.. nous ne sommes pas toujours là, mées, et par conséquent plus molles, se posent sim-
à leurs côtés, pour leur tendre une main secourable. plement, en mouillant légèrement le dessous, dans les
-Qu'ils aient donc patience et qu'ils s'exercent en at- compartiments dont nous venons de parler. Au milieu
tendant. de la palette se trouve un espace vide réservé pour
Mais à celui qui a vaillamment franchi les pre- faire les teintes et les mélanges. Si l'on se sert de pas-
mières épreuvesde notre méthode, qui en a saisi le tilles, on les humecte avec une on deux gouttes d'eau
-
et l'utilité, qui est à étendre teintes bien nette, et l'on prend à même. Cette manière d'o-
sens parvenu ses
sur le papier sans trop y laisser de traces d'hésitation pérer est celle que nous indiquons de préférence, non-
ou de repentir, nous dirons : « Prenez vos pinceaux, seulement comme étant plus commode pour le genre
préparez votre palette ; votre vélin Watmann est-il de peinture qui nous occupe;' mais, encore, comme
bien tendu sur son châssis?— Tout est-il prêt, -les ayant l'avantage d'accoutumer à une exécution plus
instruments et lamaia, l'œil et l'esprit?—Marchons ; large et plus franche, en permettant de faire des teintes
nous allons essayer de vous initier aux secrets de plus abondantes et plus nourries de couleur. Nous ne
l'aquarelle, a ses finesses, a ses ressources, aux diffé- la recommanderions pas pour l'étude des fleurs ou du
rentes combinaisons de couleùrs qui lui sont pro- portrait, qui exigent, celles-là, tant de fraîcheur et de
pres, au jeu des teintes, a leurs rapports entre elles, pureté dans le ton, celui-ci tant de finesse et de trans-
parence : l'eau, dont il faut sans cesse abreuver les nuageux; au devant, un bout de pré et un sentier;
pastilles, finit par les détériorer à la longue et par dans le fond, un bouquet d'arbres : voilà tout le su-
ternir leur éclat. Le principe colorant qui les animait jet. Plus d'un maître flamand a prouvé qu'il n'en fal-
une fois détruit, il ne reste plus qu'un résidu sale et lait pas davantage pour faire un petit chef-d'œuvre ;
terreux de très-mauvaise apparence et d'un emploi nous ne pousserons pas notre prétention si haut. —
plus mauvais encore, même dans le paysage; aussi Contentons-nous d'imiter avec un peu d'adresse, de
ne faudrat-il pas attendre qu'elles soient tout à fait goût et de sincérité, ce que nous avons sous les yeux
épuisées pour les renouveler. à cette heure.
Les couleurs anglaises, plus fines et mieux prépa- D'abord, avec le crayon demi-ferme, procédons à
rées, sont généralement supérieures aux couleurs l'esquisse, mais gravement, en conscience, avec la
françaises ; mais, en choisissant parmi celles-ci les ferme résolution d'y revenir le moins possible ; car,
meilleures et les plus estimées, on peut très-bien s'en si vous y allez trop vivement et à l'étourdie, vous aurez
contenter sans inconvénient et en tirer encore bon des fausses lignes et des repentirs qui nécessiteront
parti. Dans le genre particulier que nous traitons, l'emploi trop fréquent de la gomme élastique ou de
l'excellence de la matière importe moins que là ma- la mie de pain ; or, il est bon que vous sachiez que
nière de s'en servir. cette opération, trop souvent répétée, déflore le pa-
Passons maintenant à la liste des couleurs. - Voici pier, altère son encollage, le rend pâteux et le pré-
leurs noms et l'ordre dans lequel il est bon qu'elles dispose merveilleusement à mal prendre la teinte:
soient placées, sur la palette : vous aurez plus de taches que vous n'en voudrez, et
Rouge de Saturne, Slil de grain, plus de tons salis qu'il n'en faut pour bien gâter un
Brun-rouge, Vert émeraude, dessin.
Laque carminée, Bleu de cobalt, Mais votre esquisse est bien venue et dans de bonnes
Laque brûlée ou brun de Bleu indigo, conditions; c'est enfin après le crayon le tour du pin-
Madder. Teinte neutre, ceau. — Commencez par étendre sur tout le papier
Ocre jaune, Terre de Sienne brûlée, une léijère teinte composée d'ocre jaune et de rouge
Ocre de rû, Brun de Van Dyck,
-
de Saturne, afin de donner partout la même teinte lu-
Jaune indien, Sépia naturelle. mineuse; — je dis légère : faites bien attention et com-
Nous renvoyons nos chers élèves pour le détail des
parez avec le modèle. — L'azur du ciel s'obtient par
autres apprêts, tels que l'emploi du châssis, le choix le bleu de cobalt posé de façon à ménager le contour
du papier, la manière de le tendre, et les deux verres des nuages, dont l'ombre devra se faire avec la teinte
d'eau indispensables, et les pinceaux assortis de gros- neutre de plus en plus renforcée dans les endroits
seur, à ce que nous avons déjà dit dans notre leçon plus sombres. Ce sera le moment de commencer et
du 25 mars, page 17 de la cinquième livraison. d'appliquer vivement les teintes des fonds, composées
Mais, avant de commencer, reprenons baleine, et de teinte neutre, de cobalt, et, pour les arbres, d'une
jetons un coup d'œil sur notre modèle; il est signé petite addition d'ocre de rû. — Notez bien que tout
d'un nom qui fait autorité en pareille matière, et c'est ceci doit se faire presque d'un même élan,—et, comme
presque sous la dictée de l'auteur que nous en rédi- disent les aquarellistes, dans l'eaii; — mêlant les
geons le commentaire. teintes ensemble tandis qu'elles sont encore humi-
PREMIER LODÊLE. (Pl. 79 par M. Hubert.)
— Ce n'est des, en observant néanmoins que la couleur que l'on
rien qu'une pauvre demeure rustique des environs de
glisse dans les parties mouillées doit toujours être
Paris, avec ses toits de tuile rouge, ses cheminées de
plus épaisse que celle déjà posée; — car, si par mal-
briques, ses murs mal réparés et ses pierres disjoin-
heur elle était plus claire, il en résulterait une tache
tes, s'étalant au soleil sous un ciel d'été légèrement
rayonnante presque irréparable. — Si vous en dou-
lez, faites l'épreuve sur votre garde-main et vous fois de près de moitié. Enfin, quand on-se croira jusiei
verrez. au point, il faudra poser la teinte de suite à sa valeur.
Et qu'on y fasse bien attention, les indications qui franchement et du premier coup. L'essentiel est
-.
précèdent ne sont pas de simples conseils laissés à d'obtenir surtout le ton que l'on copie par le même
votre libre arbitre ; ce sont des prescriptions absolues, nombre de teintes : une de trop peut tout gâter.
qui doivent être suivies a la lettre, sous peine, en Si nous insistons avec tant de persévérance sur la
cas d'infraction, de n'arriver à rien qui vaille. franchise de l'exécution, ce n'est pas que nous igno-
Mais reprenons le fil de notre leçon. — Ébauchez à rions et que nous voulions laisser ignorer à nos élèves
présent les petites fabriques en commençant par les qu'il est d'autres moyens, d'autres procédés, qui peu-
tons les plus clairs, composés d'ocre de rû et de brun vent de même les mener à bonne fin ; mais, dans notre
rouge; pour - celle du fond, vous ajouterez à ces deux pensée, ces moyens, ces procédés,, ne doivent leur être
tons une pointe de teinte neutre ; c'est-à-dire ce que révélés qu'au fur et à mesure, et lorsqu'ils seront deve-
la pointe du pinceau peut en contenir. Les toits s'in- nus suffisamment habiles; alors ils y auront recours
diqueront avec du brun rouge augmenté d'un peu de pour compléter la connaissance qu'ils doivent avoir
laque. Dès que le tout sera séché, il faudra mouiller de toutes les ressources de leur art, et non, comme
encore avec l'éponge le revers du dessin ; puis l'on le font tant d'autres, pour excuser ou dissimuler leur
fera les ombres avec du brun de Van Dyck, de la laque gaucherie et leur maladresse. Par expérience, nous
brûlée, et les dernières touches vigoureuses avec la sommes profondément convaincus qu'un des pre-
sépia naturelle mêlée de terre de Sienne brûlée; avec miers mérites de l'aquarelle est principalement dans
Y ocre de rû pur, on obtiendra les touches brillan- cette espèce d'improvisation qui lui donne la grâce et
tes et colorées des murailles : combiné, selon le be- le charme qui la distinguent des autres genres plus
soin, ou avec la sépia, ou avec la teinte neutre et la travaillés.
terre de Sienne, il en donnera les vigùeurs et les om- Quelques efforts que nous ayons faits pour être
bres. Quant aux tons verts du terrain, nous les com- clairs et précis dans nos explications et nos commen-
poserons d'indigo et de jaune indien en y mêlant de taires, nous n'avons pu toucher à tous les détails
l'ocre jaune pour en tempérer la crudité? il suffira d'y d'exécution, ni prévoir tous les accidents et les mé-
ajouter ensuite une quantité suffisante de brun et de comptes. Il en est un peu de l'aquarelle comme de
teinte neutre pour en former les ombrés. toutes choses où la pratique et le goût achèvent
;
Voilà tout le programme il s'agit de le remplir, et :
ce que la théorie a commencé c'est ce goût et
c'est la le point difficile. On n'y parviendra qu'après cette pratique que nos élèves doivent s'efforcer d'ac-
beaucoup de tâtonnements et d'épreuves. Ainsi, par quérir par un travail persévérant et des essais répétés :
exemple, il faudra longtemps essayer ses tons sur le force de forger on devient forgeron. »
« A
garde-main avant de lès poser sur le dessin ; il est aisé A. BARBIER.
de comprendre qu'on ne trouvera celui qu'on veut
avoir que dans la juste proportion des mélanges qu'on
fera de ceux qui garnissent la palette ; or, cette pro-
portion ne peut pas s'indiquer avec une rigoureuse
BNMtëMHSMa
exactitude : il faudra donc qu'on la cherche ; c'est une
affaire de tact et d'habitude. Les tons une fois trou-
Planches N. 99 à §4.
vés, on devra encore tenir compte de la diminution
de valeur qu'ils subissent en séchant, différence très- Pl. 79. — Première Étude d'aquarelle, par M. Hu-
sensible pour les premiers qu'on applique sur le bert. - Voir notre premier articlé de ce jour.
papier; les plus montés en couleur baissent quelque- Pl. 80. - Un Lion, par M. Victor Adam.
L'animal est lancé à toute course; la gueule teintes presque plates, au moyen d'un grené recou-
béante, l'œil enflammé, le poil hérissé, fuyant le vert de quelques hachures. L'œil en peut aisément
chassenr.. - Il faut s'attacher à rendre l'expression, saisir le contour, et nous conseillerons à l'élève de l'in-
à saisir le mouvement. Ce-dernier point est essentiel diquer à l'avance par un trait fin et délié, de peur d'ê-
dans tout ce qui se rapporte au dessin des animaux. tre tenté d'envahir sur l'espace réservé aux demi-
Une horizontale placée à propos aidera beaucoup à teintes et à la lumière. — Enfin le n° 4 donne la tête
terminée, complet, et poussé aussi loin
trouver ce mouvement. On cherchera d'abord la le modelé
forme et la masse du tronc en commençant par la qu'on le peut conduirb avec du blanc et du noir
ligne de l'échiné ; on y rattachera ensuite la tête et les pour toute ressource. Mais on ne devra s'en occuper
membres; c'est le moyen d'arriver plus sûrement à la qu'après avoir victorieusement passé par les trois de-
construction de l'ensemble. Cela fait, attaquez vive- grés qui précèdent; alors ce ne sera plus qu'une
ment et carrément les touches vigoureuses, chacune question de patience et de soin. -Nous souhaitons
bien à sa place et selon sa forme. La crinière ne doit l'un et l'autre à ceux qui nous lisent.
point se traiter trait pour trait, hachure pour hachure, PI. 83. — Étude- de main, par madame J. Ducol-
mais par masses, qu'il est bon d'indiquer d'avance. let, d'après un dessin de M. de Rudder.
Quelques coups de crayon suffiront ensuite pour ter- C'est au dessin des extrémités que se reconnaissent
miner. les bons dessinateurs : il est donc utile de s'accoutu-
Pl.--~8i. — Croquis d'architecture pittoresque. — mer de bonne heure à en retracer les formes et les ca-
Revoir nos leçons sur les planches 38 et 52. — Nous ractères : —La main que nous avons ici, devant nous,
n'y ajouterons qu'un moyen pour obtenir le premier se présente sous un aspect si simple, que toute per-
tracé de la croisée en ogive. — Vous faites à la place sonne sachant déjà tenir un crayon pourra aisément
convenable une ligne horizontale égale à sa base; sur en retracer l'esquisse. C'est le cas d'appliquer avec
le milieu de cette ligne, pris à l'œU, et sur ses deux avantage la méthode d'exécution progressive indiquée
extrémités, élevez des perpendiculaires, tout cela à dans l'article précédent. Les contours une fois arrêtés,
main libre et sans règle, bien entendu ; sur celle on ébauchera l'ombre, grise et légère d'abord, par une

du milieu déterminez la hauteur de l'ogive; sur les teinte égale, sur laquelle OIT reviendra autant de fois
deux autres les points où elle prend naissance; réu- qu'il sera nécessaire pour arriver au ton du modèle,
nissez ces deux points au sommet de votre ogive par en ayant soin d'insister davantage sur les parties les
deux droites ; ces droites vous seront- des guides sûrs plus vigoureuses, et réservànt les demi'teintes pour la
pour tracer avec grâce et symétrie les ççmrbes de la fin; — surtout, respect aux lumièr-es 1- Quant au
croisée. fond, accessoire indispensable pour compléter l'effet
Pl. 82.—Un Profil d'enfant, par madame J. Ducol- du dessin, on peut l'ébaucher en grenant; on l'achè-
let, étude conçue d'après la méthode que suit et les vera ensuite, sans trop se hâter, par un large travail
principes qu'enseigne M. Léon Cogniet, membre de de hachures harmonieusement entre-croisèes, que l'on
l'Académie. renouvellera jusqu'à ce que l'on soit arrivé au ton
Ce gracieux profil est représenté à quatre degrés du modèle.
différents de l'exécution. - Le n° 1 en donne les Pl. 84. — Un Bouquet de coriopsis et de pois de
premiers rudiments, le galbe, comme on dit en style senteur\ par JS3. Jullien. — Un peu de légèreté dans la
de peintre.—Le n° 2 présente le trait étudié, achevé, main, de grâce et de pureté dans le trait, un juste ba-
déjà expressif. Par la comparaison de ces deux es- lancement des masses, des ombres transparentes, une
quisses entre elles, on jugera de l'utilité de la pre- touche fine et délicate, voilà tout ce qu'il faut pour me-
mière pour atteindre à l'élégante exactitude de la
ner à bien la copie de ce joli bouquet.
seconde. — Dans le n° 3, l'ombre est ébauchée par A. BARBIËR.
oQïaaa d'Esther et d'Assuérus, exécutée en tapisseries des
Gobelins, est de lui. — Avons-nous été trop sévère?
SUR
François Lemoine a plus de valeur, et comme quel-
que chose dans sa fougue qui ressemble à du génie.
L'HISTOIRE DE LA PEINTURE FRANÇAISE. Né à Paris 1688, il fut élève de Galloche, un
— en
inconnu, un médiocre parmi les médiocres. Il voit
l'Italie en six mois, sans se donner le temps de rien
comprendre, de rien étudier. De retour à Paris, il
IV
recherche, il accepte, même à vil prix, les plus grands
Au commencement du dix-huitième siècle, l'in- travaux; peu lui importe, pourvu qu'il couvre de ses
fluence de Lebrun et de sa peinture d'apparat, de ses compositions colossales de hautes murailles, de vastes
compositions tapageuses et de ses exagérations pitto- plafonds, d'immenses coupoles. Il peint ainsi, en
resques, inspire encore la plupart de nos artistes. Ils quelques années, la fresque delà chapelle de la Vierge
ont beau faire le voyage d Italie, la vue des chefs- à Saint-Sulpice, la voûte du chœur des Jacobins de la
d'œuvre de Raphaël et de Michel-Ange, du Corrège et rue du Bac, je ne sais combien d'autres chapelles en-
du Dominiquin, ne les calme pas, ne les corrige pas. core, et enfin le plafond du salon d'Hercule, à Ver-
Ils en reviennent de plus en plus corrompus par les sailles, la plus vaste superficie de peinture qui existe
mauvais exemples de Piètre de Cortone et de Carie en Europe, car elle a soixante-quatre pieds de long
Maratte, par les détestables traditions du cavalier Ber- sur cinquante-quatre de large et plus de huit pieds de
nin. Les plus fervents s'en vont même jusqu'à Naples renfoncement. On y compte cent quarante-deux figures
achever de se gâter devant les gigantesques et fou- assez habilement groupées, et le premier aspect a
gueuses débauches du pinceau de Solimène. Après le vraiment de la grandeur.- Il suffit de quatre années à
meilleur des Coypel, Noël, viennent sur la même voie, l'artiste pour achever de sa propre main, sans aucun
et quelquefois au même rang, de Troy, le fils de Fran- secours étranger, cette œuvre de Titan.
çois de Troy, le portraitiste, Lemoine, Restout, le Lemoine était porté au grand, peut-être plus par
neveu et l'imitateur de Jouvenet, Subleyras, Natoire, et ambition que par génie : aussi n'eut-il pas le senti-
deux ou trois autres encore, dont on peut omettre le ment de ce qui le constitue dans la nature humaine;
nom sans grand dommage pour l'honneur de l'école mais il le chercha dans la composition, ou plutôt dans
française et pour leur propre renommée. ce qu'on appelle encore aujourd'hui la grande ma-
De Troy fils, né à Paris en 1680, élève de son père, chine pittoresque. Avec son tempérament fougueux,
vivait encore en 1752. Il est le trait d'union entre les passionné, il est douteux qu'il ait jamais compris Ra-
deax siècles.-ll eut tous les honneurs académiques. phaël.
— Le méritait-il? — on va voir. — Son dessin est Il peignait avec peine, mais il avait l'art de revenir
<ïommun et sans correction, ca couleur de pure con- sur son travail, de manière à lui donner l'apparence
vention, sa composition theàtrale; mais tout cela de la facilité. 11 a des idées, de l'âme et du feu. Il est
avec un certain air magistral et un luxe d'accessoires gracieux sans chercher, comme Coypel, la grimace
qui éblouit et impose au premier abord. Ses tableaux et la minauderie qui veut singer la grâce. Ses concep-
sont moins des scènes historiques que des scènes d'o- tions et ses altitudes ont presque du naturel et de Ja
péra; et, comme le public de l'époque aimait beau- vérité; il ne tombe pas, comme de Troy, dans l'af-
coup l'opéra, de Troy fut fort applaudi. Il n'a tenu féterie et le mouvement théâtral, ni comme Lebrun
qu'à lui de se croire un grand peintre. — En résumé, dans la boursoutlitte. a couleur a de la puissance,
c'était un de ces artistes dont les succès ne peuvent de la fraîcheur et de l'harmonie; il a le sentiment de
<*tre que nuisibles à une école.
— Toute l'histoire la chair et de la vie. il entend l'effet et sait distribuer
avec art les ombres et les lumières ; mais son dessin nisme des de Troy et des Coypel. Ses ouvrages n'ont
est faible, mou, incorrect, comme celui de la plupart point d'ailleurs un grand caractère ; l'artiste ne brille
de ses contemporains. — A tout prendre, c'est un ni par la force de la pensée, ni par la pureté des
peintre de beaucoup de talent, mais un peintre de formes, ni par une grande intelligence de la véritable
décadence. -
beauté ; mais ils ont de la grâce, de la fraîcheur et
Mal récompensé de ses travaux, en butte à la haine du naturel. — Vanloo n'a qu'un mérite très-inférieur
critiques de qui avaient la vanité si on le compare aux maîtres ; il est un peintre très-
et aux amères ceux
de se croire ses rivaux, sa tête s'aliéna, et le Cortone
-
distingué si on le met en parallèle avec ses contem-
de la France, désespéré, mourut à Rome, en 1737, porains. —11 fut trop loué de son temps, trop surfait;
après s'être déchiré les entrailles de neuf coups plus tard beaucoup trop déprécié ; la justice et la vé-
d'épée. rité, à son égard, se trouvent-entre ces deux extré-
Après-Lemoine, nous nommerons seulement pour mités : ses talents, trop célébrés d'abord, l'élevaient
mémoire Restout, les deux Hallé, Raoux, Natoire, - réellement au-dessus de la classe ordinaire des bons
Bertin, qui n'eurent guère du peintre que le métier, artistes. — Il mourut, en 1765, en possession du ti-
et Subleyras, qui dut "à son long séjour à Rome de tre de premier peintre du roi. — Le Louvre a de lui
se mieux préserver de l'affectation et du faux goût en deux tableaux de chevalet qui justifieraient au besoin
vogue de son temps. le jugement que nous venons de porter.
En remontant de quelques années en arrière, nous A. BARBIER.
trouverons enfin les Vanloo, principalement Carie, (La suite au prochain numéro.)
qui les résume tous avec avantage. Ils subiront, sans -
doute, l'influence de leur époque ; mais il y a du sang
-E-E<
flamand dans leurs veines, et leurs ouvrages mar- PETIT COURS
queront comme un retour h un sentiment plus vrai
de la nature, sans beaucoup d'élévation cependant, ,
ÉLÉMENTAIRE

sans grandeur, sans jamais atteindre jusqu'à la su- DD F. O(OLORUOU


prême beaiàé, mais avec une simplicité et une sagesse
qui attirent et qui reposent des exagérations et du (SUITE.)
clinquant des derniers adeptes de l'école de Lebrun.
- -
Vanloo (Charles-André), plus connu sous le nom de Le COLORIS, ou le coloriage, comme il serait peut-
Carle Vanloo, naquit à Nice en 1705. Mené de très-
«
être plus exact de l'appeler, s'applique aux estampes,
bonne heure a Rome, par son frère, Jean-Baptiste aux lithographies, et même aux petits dessins faits à la
Vanloo, son aîné de plus de vingt ans, il entra avec mine de plomb. Mais, avant de mettre le pinceau dans
lui dans l'école de Benedetto Lutti, peintre agréable, la main de nos lecteurs et la palette devant eux, il
qui avait un pinceau frais et moelleux. La peinture
«
est essentiel de leur donner quelques instructions in-
des deux Vanloo a beaucoup gardé de cette première dispensables, et de leur indiquer le petit matériel dont
éducation. Jean-Baptiste adopta la manière élégante ils devront se munir.
- de son maître; et son dessin tient du goût italien dé- I. Encollage. — Les estampes et les lithographies
: généré; on voit
qu'il plus étudié les Carrache
a que sont en général imprimées sur du papier non collé,
,

Raphaël et Michel-Ange; Carie a un goût sain, par conséquent, qui boit et absorbe instantanément
un
style simple, un dessinfacile, une couleur vraie, un la couleur étendue d'eau dont on essayerait de le cou-
pinceaumoelleux ; et, - sous ces différents rapports, vrir; on est donc dans la nécessité de les encoller,
on peut dire qu'il fut utile à l'école française, livrée c'est-à-dire dé les rendre imperméables, préalable-
depuis longtemps au goût maniéré et au charlata-
ment à toute autre opération. — Nous allons donner
d'abord, avec la recette de l'encollage, la manière de Il. Matériel. -- Il est à peu près le même que pour
l'employer : l'aquarelle. — D'abord, il faut se pourvoir de deux
RECETTE.
— Pour un litre d'eau, prenez : ou trois bons pinceaux en petit-gris, deux moyens,
Alun en poudre, 30 grammes. un plus petit pour les détails et les finesses. Nous
,

Colle de Flandre bien avons déjà dit, dans nos premières leçons de sépia,
blanche, 20 comment on pourrait s'assurer de leur qualité. (Voir
Sayon blanc sans parfum, 3 notre numéro du 25 mars dernier.)
Divisez l'eau en trois parties à peu près égales. :
Le surplus se compose — 1° d'une palette en
Dans la première, mettez fondre l'alun ; dans la se- faïence, pour détremper les couleurs et composer les
conde, la colle de Flandre, qu'il est bon de briser en teintes ; — 2° d'une planchette ou d'un carton très-
petits morceaux et de mettre dissoudre dans l'eau un épais, pour tendre et fixer, au moins avec quatre
jour d'avance; enfin, dans la troisième, le savon épingles piquées dans les angles, la feuille à colorier;
blanc. Toutes ces opérations peuvent se faire à chaud, 50 de deux verres remplis d'eau bien nette, pour

pour hâter la dissolution des divers ingrédients ; mais taver les pinceaux quand on change de teinte; —
successivement et chacune à part, dans un vase bien 4° de quinze ou vingt tablettes ou pastilles de cou-
propre, et en ayant soin de remuer toujours. Quand leurs ; nous indiquons ici les principales et les plus
tout sera fondu, réunissez la totalité de votre liquide ordinairement employées : -

dans un même vase, et faites bouillir le tout ensem- Indigo. Gomme-gutte.


ble, sur un feu vif, pendant quelques secondes : votre Bleu de Prusse. Ocre jaune.
encollage sera fait. — S'il a bien réussi, il doit être Cobalt. Terre de Sienne brûlée.
blanc et transparent comme du petit-lait. — Avant Minium. Vert de vessie.
qu'il soit refroidi, vous le passez à travers un linge, Laque carminée. Vert anglais.
et vous pouvez vous en servir immédiatement. Rouge indien. Carmin.
L'encollage se garde et se conserve bien en hiver ; Vermillon. Sépia colorée.
mais il faut le faire chauffer quand on veut l'em- Jaune indien. Vert émeraude.
ployer. En été, il faut le tenir au frais, car, en cette H faut encore ajouter de la gomme liquide, dont on
saison, il se corrompt facilement. Au surplus, les se sert pour donner de la vigueur et de la transpa:
personnes qui ne voudraient pas faire elles-mêmes rence aux parties ombrées, qui, sans cela, resteraient
toutes ces petites manipulations, trouveront aisé- lourdes et ternes. On la pose avec le pinceau comme
ment, chez les marchands, de l'encollage tout pré- les couleurs ; mais c'est par là qu'on finit.
,
paré. III. RECETTE POUR FAIRE LA GOMME. — On prend de la
Pour encoller une estampe ou une lithographie, on gomme arabique en morceaux, première qualité ; on
trempe dans l'encollage une éponge fine ou l'un de la met fondre doucement au bain-marié ; on la passe
ces larges pinceaux plats qu'on appelle queues de mo- ensuite dans un linge clair, et l'on y ajoute un peu de
rue, et l'on passe légèrement et partout, sur les deux sucre candi et quelques gouttes d'esprit-de-vin. ,
côtés de la feuille, dessus et dessous, jusqu'à ce On en trouve aussi de toute préparée chez les mar-
qu'elle soit bien abreuvée. On la fait sécher ensuite chands qui tiennent les articles relatifs au dessin ;
en la suspendant par deux angles à une corde tendue, mais elle est assez chère.
au moyen de ces pinces en bois connues sous le nom Enfin, il sera bon de se pourvoir d'une petite bou-
d'épingles de blanchisseuses. teille de blanc d'argent liquide, pour gouacher au be- -

Si l'opération a été bien conduite, la feuille, quand soin et retrouver des lumières perdues en coloriant.
elle est sèche, doit être aussi blanche et aussi fraîche IV. Choix des épreuves. — La lithographie est, de
qu'en sortant de l'imprimerie: tout ce qu'on est convenu d'appeler estampes, le
goure qui se prête le mieux au coloriage. Plus les dentes leçons, à l'occasion des charmantes études de
(épreuves en sont pâles et blondes, plus le coloris ce maître.
m est fin et brillant. Les épreuves trop noires sont PI 88. — Costume d'une femme de l'Ober-Asly
tellement chargées de la graisse de l'encre d'impres- (canton de Berne).
sion, qu'elles refusent souvent de prendre la couleur. Ce n'est pas là une figure de peintre de genre,
Il faut alors passer dessus une éponge fine, trempée mais une vraie figure de paysagiste, vivement et
d'eau, et la promener doucement jusqu'à ce que la même un peu rudement attaquée ; un croquis pris au
feuille en soit imbibée. On est encore plus certain de vol, en courant, où l'on n'a cherché que la tournure
réussir dans l'opération en ajoutant à l'eau un peu de et l'ensemble pittoresques. Il n'en a pas moins son
fiel, ou, seulement, deux ou trois pincées de sel. mérite ; il est bon de s'accoutumer à cette manière
Après avoir indiqué tous les objets et toutes les vive et spirituelle de prendre l'aspect des choses. —
préparations nécessaires, nous allons maintenant pas- Faites une verticale qui viendra, du sommet de la
ser h l'application. tête, aboutir entre les deux talons; groupez autour
(La suite au prochain numéro.) les lignes de votre esquisse; indiquez légèrement les
principaux plis elles autres détails; puis ombrez
«< 0©0 y»— franchement, par le côté large du crayon, en com-
mençant par les vigueurs. — Vous emploierez pour
les teintes grises du fond le crayon de mine de plomb
8 jE Il a NI IE ni 8 à Tim
n° 2, taillé un peu gros.
Pl. 89. — Une Martne, par Morel-Fatio.
Sur cette mer un peu houleuse voguent, dans le
Planclifs N. §5 à 0O. lointain, une gracieuse goélette, au premier plan,
un gros bateau de pêche, toutes voiles déployées. —
IJI. 85. - Entrée d'une ancienne forteresse féo- On indiquera d'abord l'horizon par une ligne droite,
dale, croquis d'architecture pittoresque aux deux légèrement tracée, qui donnera la limite où finit la
crayons. — Voir ce que nous avons déjà dit du mode mer. Elle guidera ensuite pour tracer le contour de
d'exécution à suivre pour trois autres études du la coque du bateau. Une verticale, menée du sommet
même genre, pl. 38, 52 et 81. — Le fond teinté n'y du grand mât jusqu'à l'horizon, fera apprécier l'in-
change rien. — Quand le dessin sera terminé au clinaison de ce mât ; elle aidera aussi à trouver juste
crayon, à la manière ordinaire, une ou deux touches la place des voiles et des autres agrès, et à leur don-
de blanc suffiront pour en compléter l'aspect. ner la forme et le mouvement qu'ils doivent avoir.
Pl. 86.—Un Fragment de tête, par madame J. Du- On esquissera ensuite d'un trait fin la goélette et les
collet. — Nos élèves ont déjà fait plus fort que cela ; barques qui se voient à l'horizon ; on fera de même
mais nous ne leur recommandons pas moins de s'ar- pour les vagues, que l'on aura bien soin de mettre
:
rêter sur ce modèle ils auraient grand tort de le mé- chacune à leur plan respectif. — Ensuite on om-
priser, car il a pour but de leur apprendre comment, brera comme à l'ordinaire, en observant, pour les
avec une esquisse bien faite et quelques plans d'om- eaux, de faire les hachures dans le sens de la forme
bre réduits au plus strict nécessaire, on peut rendre des lames.
le caractère essentiel d'une tête. et souvent beaucoup Pl. 90. — Étude d'ornement. — Nous ne saurions
mieux qu'avec un travail plus compliqué et plus fini. mieux faire, à propos de ce modèle, que de renvoyer
PI. 87. — Croquis de paysage, par M. Hubert. nos élèves à la leçon qui s'applique à la planche 72,

Nous renvoyons, pour l'exécution, à ce que nous douzième livraison. — Nous ne trouvons rien à y
avons déjà recommandé tant de fois dans nos précé- ajouter. A. BARBIER.
(Dwa Malgré tout cela, devant ces petites toiles, où se jouent
des bergers d'opéra vêtus de satin, ou bien quelques
SUR
joyeux personnages de la comédie italienne, on se
sent en présence d'un peintre de race et d'un savant
coloriste.
La fortune et la renommée étaient venues à Wat-
(eau, sans pourtant rien changer à son tempérament
naturellement triste et mélancolique : il mourut, en
Eu nommant les Vanloo avant Watteau, nous avons 1721, de consomption et de langueur, laissant après lui
fait une concession à l'importance du genre historique bon nombre d'imitateurs, mais point de rivaux. Lan-
dans la peinture ; si nous avions proportionné le rang cret, son élève et son ami, essaya de le faire revivre,
au talent, ou simplement suivi l'ordre chronologique, mais il n'y réussit qu'à demi. Quelle différence entre
c'est le nom de Watteau qui aurait dû venir le pre - eux! — Son nom et son talent médiocre, son dessin
mier. maniéré et sa couleur mignarde, me serviront de
Antoine Watteau fut l'élève d'un peintre de gro- transition pour arriver à Boucher, ce grand corrup-
tesques, de caricatures, comme on dirait aujourd'hui, teur de l'art, ce prince de la décadence!
de ce Claude Gillot, dont les tableaux, peuplés de Mais, avant de nous jeter dans cette orgie, qu'il
singes et de chats, parodiant des scènes de la vie nous soit permis de nous arrêter un instant pour citer
humaine, sont encore recherchés de quelques ama- quelques talents honnêtes qui surent mieux que les
teurs. Né a Valenciennes en 1684, il vint à Paris autres se défendre contre le mauvais goût de l'é-
en 1702 pour travailler aux décorations de l'O- poque : — et d'abord Oudry, le peintre d'animaux,
péra. Il y trouva tout d'abord la misère, fit pour cet excellent élève d'un maître plus excellent encore,
vivre des tableaux qu'il vendait six francs, perça Largillière ; — puis Chardin,.qui n'eut d'autre aîtr e
enfin et fut reçu de l'Académie. que la nature, et qui nous a laissé tant de tableaux
— Il eut la vogue;
on ne voulait plus que du Watteau. Cette fois, au exquis, où elle revit tout entière; — ensuite Latour,
moins, la vogue ne se trompait pas ; elle s'attachait à qui sut, avec un simple pastel, donner tant de relief
un véritable peintre, à un maître : maître par la grâce, et de vie aux nombreux portraits sortis de sa main ;
par la couleur, par la suavité et la finesse du pinceau ; — enfin, Joseph Vernet, si justement renommé pour
maître au même titre que les plus précieux et les ses marines et ses paysages. — Citons encore Greuze,
meilleurs de l'école hollandaise. Quelle légèreté talent sincère, coloriste gracieux, dessinateur un peu

dans la touche, quelle facile élégance dans le dessin, mou, qui chercha à transporter sur la toile le drame
quelle distinction et quel goût dans les ajustements, bourgeois inventé par Diderot.
quelle souplesse dans les étoffes, quelle fraîcheur et Retournons à Boucher, en son temps premier
quelle puissance dans le coloris — Et comme ce
1 peintre du roi, chevalier de Saint-Michel et favori de
ciel si transparent et si suave, ce paysage d'un ton si madame de Pompadour.
léger et si doux, sont habilement inventés pour faire François Boucher naquit à Paris en 1704. - Il eut
valoir les personnages! - nous disons: inventés, à pour maître Lemoine. — Ses premières études ache-
dessein, car il n'est pas sûr que la nature en puisse vées, il part pour l'Italie : — il faillit y mourir d'en-
offrir le modèle.
— Voilà pour l'éloge; faisons la part itui ! - Revenu bien vite à Paris, il ne quittait plus
de la critique. — L'art de Watteau, sauf ce qui re- les coulisses de l'Opéra. C'était là son champ d'é-
garde la couleur, est essentiellement faux, minau- tudes; le lustre était son soleil, la toile de fond son
dier, rempli d'afféterie et de grâces factices : paysage, les danseuses, ruisselantes de gazes et de
Et ce n'est pas ainsi que parle la nature ! clinquants, ses modèles. — Il trouvait que la nature
manquait d'harmonie et de séduction! — Tout
-

l'homme est la 1 — Comment auràit-il pu devenir


-
autre chose que ce qu'il a été? Jamais peintre n'a
1)1 MSSIIH OTË »
Avant d'entrer dans cette leçon toute pratique,
plus abusé d'une extrême facilité, de facultés plus bril-
nous engageons nos élèves à revoir attentivement
lantes; jamais artiste n'a plus ouvertement méprisé l'article que nous avons déjà donné dans notre livrai-
la nature et mis son caprice à la place de la vérité ;
son du 25 octobre dernier, à l'occasion des procédés
jamais aucun n'a excité un engouement plus général.
nouveaux applicables à l'étude du dessin, ainsi que
— Cela
se conçoit : Boucher devait infailliblement le texte de la leçon qui accompagne la planche 67 du
réussir dans une société qui faisait ses délices des ro-
même numéro. Ils y trouveront des conseils et des
mans de Crébillon fils, des vers de Dorat et de l'abbé renseignements utiles pour l'exécution du nouveau
de Bernis. — Ce sont ses compositions, où il avait modèle que nous leur donnons aujourd'hui.
coutume de jeter une foule d'accessoires à tous les Nous avons indiqué l'emploi du papier-spectre
coins de sa toile, qui ont fait introduire dans la langue
comme un moyen sûr et facile, même pour des des-
des arts le mot de fouillis. On disait que ses tableaux sinateurs peu exercés, d'arriver promptement à des
avaient un fouillis charmant, un fouillis pittoresque. Il
résultats satisfaisants et flatteurs dans le genre du
a donc la gloire incontestable d'avoir été un - excel-
paysage. Nous ajouterons que ce moyen a le mérite
lent peintre de fouillis. — Il n'a guère peint que des
inappréciable d'être aussi, selon nous, le plus élé-
courtisanes, même quand il a voulu faire des déesses,
mentaire, peut-être, de tous ceux recommandés jus-
des reânes ou des bergères. Il porta le dévergondage
qu'ici par l'usage et les traditions de l'enseignement.
dans 4'art jusqu'à sa dernière limite, et fit de la
C'est ce que nous tenons à prouver par le développe-
chaste Muse une effrontée. Ce fut bien le peintre de
ment qui va suivre.
Louis XV et de son siècle libertin. — Et cependant,
Jetons un premier coup d'œil sur les deux plan-
il faut bien le dire, avec tous ses défauts, nous allions
ches 91 et 92, et comparons-les entre elles..- La
dire ses vices, Boucher fut un homme de talent. Il
première, représentant une rùine gothique entourée
a, dans la plupart de ses ouvrages, une certaine grâce de quelques arbres, est le modèle à copier ; la se-
maniérée, une verve, un premier- attrait, qui séduit
conde est la feuille de papier-spectre destinée à la
la foule et peut égarer le goût de ceux qui ne l'ont
copie. — On remarquera que les deux fonds sont
ni solide, ni sévère : — Ifest pas Boucher qui veut-,
absolument identiques de tons et de teintes ; aucune
disait David, dont il fut l'oncle et le premier
différence sensible n'y peut être relevée ; c'est déjà
maître; le mot est juste, et les imitateurs l'ont bien
prouvé.- un très-grand avantage et qu'on ne pouvait obtenir
Boucher mourut en .1770, la palette à la main, de- que très-difficilement avec les anciens papiers gra-
dués. De plus, des blancs, réservés pour toutes les
vant un tableau de Vénus à sa toilette! = Ainsi finit
parties lumineuses du dessin, en offrent déjà comme
l'homme dont le talent dépravateur fut, au dix-hui-
tième siècle, la plus complète expression de la déca- une apparence légère, et sont autant de points de re-
père qui servent à indiquer d'avance les formes prin-
dence de l'art français et des mauvaises mœurs du
cipales des objets et leurs positions respectives.
temps. —
On conçoit dès lors que l'esquisse, et surtout l'exac-
Mais la réaction ne se fit pas longtemps attendre;
titude dans les proportions, cette grande et capitale
elle vint bientôt, passionnée; excessive, intolérante,
difficulté que les commençants rencontrent dès-le dé-
comme toutes les réactions.
A. BARBIER.
but, en sont devenues beaucoup plus faciles. C'est

ce qui nous fait dire, sans crainte d'être démenti par
<&=<rc@ (1) Voir les planches 91 et 92 de notre numéro de ce jour.
tient'. -
l'expérience, que ce mode* de dessin est essentielle-
ment élémentaire, outre l'avantage qu'il a d'intéres-
ser beaucoup plus vivement l'élève à la leçon, par les
résultats plus prompts et plus complets qu'il ob-

Prenons la planche 92, c'est-à-dire la feuille qui


doit servir à notre copie. Achevons d'abord, d'un
crayon léger, avec la mine de plomb n° 2, par exem-
ple, de même que dans une esquissé ordinaire, le
Maintenant, placêz-Ie a une- distance convenablè
de votre œil, et donnez-vous le plaisir de l'examiner;
Je vous permets de le regardër, même avec" un peu
;
de complaisance c'estun encouragement que je vous
accorde; mais il va1 sans dire qu'au préalàble :vous
aurez retourné le modèle, dont lè voisinage pourrait
vous faire trop de tort. — Eli. bien! qu'en pensez-
vous?' N'a-t-il pas déjà une assez bonne appa-
rence pour un dessin d'écolier? — Et, dites-moi,
contour et les principaux détails de l'architecture; croyez-vous que, s'il vous avait fallu obtenir ce résul-
indiquons de même la forme des arbres, les accidents tat par les moyens ordinaires, c'est-à-dire avec- un
du terrain, et la petite figure qui occupe le premier papier demi-teinte, sans audune gradation de nuance,
plan ; la tache blanche réservée pour la chemise en plus un peu de noir pour les ombres et un crayon
détermine nettement la proportion et la place. blanc ou de la gouache pour la lumière, vous seriez

Maintenant, attaquons avec un crayon plus tendre arrivé à cette harmonie d'exécution, à cette vivacité
tous les points vigoureux de l'ombre dans les con- d'effet, qui rend votre dessin presque digne d'aller
structions, tels que le dessous des ogives, les ombres prendre sa place sur le feuillet de l'album d'un pa-
portées sur les murailles et sur le toit de la cabane, rent ou d'un ami? — Certainement non ! J'ose le
les dessous. de portes- ou de croisées, les refends des dire, au moins en thèse générale, et pour la plupart
pierres et leurs cassures. Ensuite, avec le crayon plus d'entre vous. — Je ne m'arrête pas aux exceptions.
ou moins tendre, selon l'intensité de la teinte, et au s'il y en a : elles ne font que confirmer la règle. —
moyen de hachures horizontales plus ou moins pres- Vous voyez donc bien que j'ai raison de vous recom-
sées, fàisons l'ombre proprement dite, en ayant mander le mérite et l'emploi de' notre papier-spectre :
soin de respecter les lumières. Déjà notre dessin. c'est un serviteur complaisant qui abrégera pour vous
aura une assez bonne apparence, si peu que nous l'ennui des premières études, et suppléera plus d'une
ayons acquis d'habitude dans le maniement de la fois au talent qui vous manque, en attendant qu'il
mine de plomb. puisse faire mieux ressortir celui que vous aurez
Pour le fond, les arbres et le terrain, procédons de acquis.
la même manière, en commençant par les parties les A. BARBIER.
plus vigoureuses et les touches les plus accentuées,
sans trop de tâtonnements, et autant que possible au
premier coup.. Dans l'arbre et les buissons du pre-
mier plan, le travail du feuille- est assez clairement ENSEIGNEMENT.
indiqué pour être aisément compris à première vue
et facilemënt imité. Il sera bon de s'y exercer un peu
d'abord sur lè garde-main, afin d'en mieux saisir
Planches S, 9t à 96.
l'esprit et le caractère, et d'arriver ainsi a une exécu-
tion plus franche et plus libre. La même observation Pl. 91 et 92.— Étude de paysage, sur papier-
s'applique aux gazons qui garnissent la partie gauche spectre, avec la feuille correspondante préparée pour
du terrain. — Quant au personnage qui chemine sur la copie.
le sentier, deux coups de crayon résolûment appuyés Voir l'article qui précède.
donneront le chapeau, trois oji quatre autres achève- Pl. 93.. — Étude de pied. — Voir, dans notre le-
ront le bonhomme, — et le dessin sera complet. çon du 25 décembre dernier, cè qui regarde l'étade
de main placée sous le numéro 83. Les préceptes et l'exécution qui rende de nouvelles explications né-
les procédés sont ici absolument identiques. cessaires. Qui aura lu et pratiqué avec fruit nos le-
Pl. 94. — Une Tête de jeune fille, étude, par ma- çons sur les planches 32 et 58 de notre collection
dame Ducollet, d'après Charpentier. sera parfaitement en état de le copier.
Toute la grâce de ce charmant modèle est dans A. BARBIER.

l'expression plus encore que dans la pureté des


lignes. Il faut donc attacher une grande importance
à l'esquisse. — Pour nos élèves les plus avancés,
deux diamètres, dans le sens vertical et horizontal,
ililîDÏUIJO M MQ3.
seront des guides suffisants. Pour ceux qui sont
moins habiles, ils pourront multiplier les parallèles Dans le courant du mois de janvier dernier a eu lieu, à l'hô.
dans les deux sens, de manière à former une espèce tel des commissaires-priseurs de la rue des Jeûneurs, une

de treillis dans lequel le premier trait du dessin se vente de tableaux de l'école moderne, doublement intéressante
par la qualité des œuvres et par l'importance des enchères.
développera plus sûrement et plus facilement. — On Il s'agissait de la galerie de feu M. le duc d'Orléans. C'était un
procédera ensuite au travail des ombres avec beau- choix des œuvres les plus remarquables de nos artistes con-
coup de soin en suivant de point en point la méthode temporains. Il suffit de citer les noms de MM. Ingres, P. De-
indiquée pour la tête d'enfant représentée à la laroche, Ary Scheffer, Decamps, Eugène Delacroix, Camille
pl. 82. (Livraison de décembre.) Roqucplan, Marilhat, pour donner une idée de l'importance
PI. 95. — Croquis de figures diverses, par M. Gus- de cette précieuse collection. Aussi les amateurs les plus cé-
lèbres et les plus opulents ont-ils répondu à l'appel, et les en-
tave Roux. chères ont-elles été très-vivement disputées. Nous citerons,
Ces spirituels caprices, dus au crayon d'un nou-
entre autres œuvres, la Stratonice, de M. Ingres, qui a atteint
veau collaborateur, seront comme un repos à nos le- le prix énorme de 63,000 fr. ; la Mort du duc de Guise, de
çons plus sérieuses, et jetteront un peu de variété M. Paul Delaroche, adjugée à M. le duc d'Aumale pour
dans notre cours. - Il ne faut pas croire, d'ailleurs, 52,500 fr.; la Bataille des Cimbres, de Decamps, payée
qu'il soit déjà si facile de reproduire en quelques 28,€00 fr. ; le Joseph vendu, du même, 37,000 fr.; Hamlet et
le fossoyeur, d'Eugène Delacroix, 6,300 fr. ; une Marine, de
coups de crayon ces types si vrais, ces physionomies Gudin, 7,200 fr. ; un Paysage, de feu Marilhat, 6,600 fr. ; le
et ces attitudes originales. Cela demande une cer- Lion amoureux, de Camille Roqueplan, 15,500 fr. ; une Scène -
taine habitude du maniement du crayon, et une assez de l'Antiquaire (roman de Walter Scott), du même, 30,000 fr.;
grande justesse de coup d'œil. Les longs tâtonne- la Françoise de Rimini, de Scheffer (Ary), 45,000 fr.; le
ments ne sont pas ici de saison ; il faut y aller franche- Christ consolateur, du même, 52,500 fr. ; le Giaour, du même,
ment, et savoir bien d'avance ce que l'on veut faire et 23,500 fr. ; Médora, du même, 20,000 fr.; quatre tableaux de
Chasse, de Jadin, 17,COO fr.; la Jeanne d'Arc, d'Henri Schef-
où l'on va. — Le groupe des buveurs un peu avinés
fer, 8,100 fr., et bien d'autres encore qui, quoique adjugées
paraîtra le plus difficile ; mais quelques lignes droites, à des prix fort élevés, sont restées cependant en deçà des
disposées avec intelligence, aideront à en saisir le chiffres que nous venons de citer. — En total, cette vente re-
mouvement et l'ensemble. — Quant aux ombres, marquable a produit plus d'un demi-million! — rien que pour
rien de plus simple : il n'y a là que des teintes plates, les tableaux, car il y avait aussi des sculptures et des objets
relevées par quelques touches plus ou moins vigou- de haute curiosité; — c'est un fort beau denier, et dont nos
peintres ont le droit d'être fiers : à ne consulter que la cote
reuses, qui suffisent à indiquer le modelé tout autant
vénale, les voilà presque au niveau des plus fameux maîtres
qu'il le faut pour un croquis.
des vieilles écoles, nous souhaitons, pour leur gloire et pour
PI. 96. — Études de fabriques pittoresques, par celle de l'école française, que la postérité ratifie ce jugement
M. Victor Petit. des amateurs contemporains.
Déjà plus d'un modèle dû au même crayon a passé
sous les yeux de nos élèves. Celui-ci n'offre rien dans
QEDTO3 à Paris en 1809 dans sa quatre-vingt-treizième année-
Il était élève de Natoire; heureusement il itt peu fidèle
sirs aux leçons de son maître. Le premier, vers le milieu
du dix-huitième siècle, et lorsqu'il était encore pen-
L'HISTOIRE DE LA PEINTURE FRANÇAISE. sionnaire du roi de France à Rome, il essaya d'ou-
blier ce qu'il avait appris et de revenir tout simple-
ment à l'étude naïve de la nature- Il doit à cette
T louable tentative son meilleur tableau peut-être, je
veux dire l'Ermite endormit que l'on voit aujourd'hui
Le dévergondage de l'art au dix-huitième siècle au Louvre, belle étude, d'une forte couleur, fran-
avait été poussé jusqu'à ses dernières limites par Bou- chement peinte, et à laquelle on né peut reprocher
cher et ses pâles imitateurs : il ne pouvait plus aller qu'un peu de mollesse et d'indécision dans le des-
plus loin. La réaction était donc imminente et devait sin; ce- qui pourrait aisément s'expliquer par l'a-
nécessairement s'opérer dans le sens d'un rigorisme necdote suivante : - Ep. 1750, Vien, étant a l'Aca-
de principes, utiles d'abord pour remettre l'école dans démie de France à Rome, peignait un pied d'après
la bonne voie, mais qui eurent aussi, plus tard, leurs nature ; un ermite lui servait modèle. Tandis que le
inconvénients, leurs abus et leur tyrannie. A vrai dire, peintre travaillait, le cénobite prit son violon pour se
quand les pinceaux tombèrent des mains de Boucher distraire et bientôt s'endormit. Vien le dessina dans
et le ciseaii de celles de Bouchardon, l'art était com- cette situation et en fit le tableau. — La nécessité de
plètement perdu en France; on n'y faisait plus que procéderrapidement dans une pareille occurrence a pu
de la peinture d'éventail ou de la sculpture propre à entraîner l'artiste dans quelques négligences de des-
décorer, sous forme de biscuits de Sèvres, les bou- sin, comme aussi elle peut avoir eu cet excellent .ré-
;
doirs de madame de Pompadour il fallait un homme sultat de L'empêcher de gâter son ouvrage, en l'obli-
intelligent, hardi, convaincu, opiniâtre, absolu, pé- geant à peindre plus naïvement et plus vite sous
nétré des grands principes, mis en honneur par les l'inspiration immédiate de la nature.
vieux maîtres, doué de cette hauteur de talent qui L'œuvre principale de Vien se voit à Saint-Roeb.
s'impose à la foule et fait taire les clameurs des cote- dans la chapelle a gauche en regardant l'autel ; c'est
ries dissidentes, pour essayer de faire revivre les le Saint Denis prêchant dans Les Gaules, toile d'une
saines traditions perdues et de leur restituer quelque grande dimensioal, sagement composée, remarquable
autorité. Cet homme se rencontra, et ce fut Louis par le bel accord des couleurs, la fraicheur du pein-
David, le propre neveu de Boucher ; on n'est ja- ceau, la fermeté de la touche et le naturel des poses

mais trahi que par les siens. et des expressions; mais où la critique pourrait trou-
Avant lui, cependant, était venu Vien, un honnête ver a reprendre des airs de tête un peu communs et
artiste, que plusieurs d'entre nous, non point des un certain défaut de style et d'élévation qui tenait tans
plus jeunes, peuvent encore avoir vasiégerau Luxem- doute a la première éducation de l'artiste.
bourg, dans les rangs de l'ancien Sénat conservateur, Mais le plus grand honneur de Vien, au dire des
où l'avaient appelé la confiance et la haute estime de vieux disciples de l'école de peinture qui ftorisséit
l'Empereur d'alors. Un si grand honneur venu d'une au commencement de ce siècle, c'est devoir été le
telle main dit assez que, s'il ne fut pas ce qu'on appelle maître de David, de celui-là même qu'il y a trente ans
un homme de génie, il eut au moins assez de mérite à peine on appelait encore le réformateur de l'art
comme peintre et assez de considération comme français.
homme pour expliquer une pareille faveur. Louis David, né à Paris en 1750, mourut dans -

Vien (Josepli), né à Montpellier en 1710, mourut l'exil à Bruxelles en 1825. Encore enfant, il annonça
-d'heuresses disposions. Cependant ses premières émules, s'unirent a lui dans l^œuvre de réforme qu'il
études n'ont pointeu d'éclat. 11 rechercha d'à bond,'et savait entreprise ; la face de Tari fut entièrement re-
cela devait être, les leçons et les conseils de s'en oncle nouvelée, et le grec et le romain régnèrent désor-
Boucher, alors en possession de la faveur publique; mais sans partage.
mais celui ci, se jugeant mieux et.plus sévèrement La grande révolution survint. On sait le triste rôle

que ne faisaient ses contemporains, eut l'honnêteté qu'y joua David; pendant ces temps d'orage il ne
de s'abstenir et de renvoyer le jeune écolier à un peignit pas. On n'a de lui, datant de cette époque,
maître plus digne et plus capable de! le guider dans que la toile inachevée du Serment du Jeu de Paume,
les voies de l'art. Jusqu'en 4780, David, restéL obscur, et le Marat assassiné, admirable étude, peinte d'un,
étudie, dessine.. peint, tantôt à Paris, tantôtà Rome. seul jet, d'après nature, soiis l'influence évidente de la
A cette époque son nom commence a se répandre - passion démagogique.— Protégé par son talent contre
parmi les artistes, et, par eux, dans le monde des ama- la réaction thermidorienne, le tribun rétourna bientôt
teurs. Enfin, il paraît h l'exposition du Louvre avec a ses pineeaux. Il fit lés Sâbines, qùi marquèrent le
son tableau de iBëlisâire. Quoique: de petite dimen- commencement du consulat, puis' le Léonidus, qui
sion , l'ouvrage fait sensation. Le style tout nouveau n'apparut au Louvre que plusieurs annéès après ;
et sévèrement historique étonne d'abord, puis con- mais l'Empire s'était fait, et peut-être David, devenu
quiert les suffrages des gens de goût, et attire au premier peintre de S. M. l'empereur et roi, craignit-
jeune maitre de nombreux disciples ; à peine a-t-il eu il que le sujet ne parût au maître un peu trop répu-
le temps de se produire qu'il fait école. Drouais re- blicain. Vinrent enliu, et comme un brillant épi-
çoit ses conseils et en profite si bien, que trois ans logue à là glorieuse carrière de l'artiste, les deux
après il emporte le prix de Rome avec un chef- grandes compositions du Couronnement et de la Dis-
d'œuvre, le tableau de la Cananéenne, que l'on croi- tribution des Aigles au champ de Mars.
rait trouvé dans une inspiration du Poussin. Peu s'en Ici finit David ;— exilé en 1815, il ne fit plus que
fallut que le maître ne fut vaincu par l'élève. Mais végéter sur la terre étrangère. La plupart des ouvra-
bientôt David retourne à Rome, et en revient en 1785 ges que nous venons de signaler se voient aujour-
avec son Serment des Horaces. Grand fut le bruit d'ad- d'hui au Louvre dans la galerie française. Quelle que
miration et d'enthousiasme qui se fit autour de cette soit, à leur aspect, l'opinion qu'on puisse avoir du
belle page écrite presque sous la dictée de Corneille ; système un peu trop exclusif adopté par le maître et
on ne revenait pas de voir enfin de vrais Romains, son école, lès juges impartiaux ne pourront, s'empê-
mâles et sévères, sans oripeaux et sans clinquant, cher d'y. reconnaître la main et l'accent magistral
vivre de leur vie historique, et dans toute la simplicité d'un grand peintre et d'un homme supérieur. On a
-des vieilles mœurs républicaines, à l'ombre du foyer dit avec justesse que David ne voyait la nature qu'à
antique. Qe..ce, moment la destinée de David fut ac- travers l'antique. — « La meilleure peinture, disait-
complie, et il devint le maître et l'arbitre de l'art ; on il, est celle d'après laquelle un sculpteur pourrait
ne jura plus que par lui et par l'antique, dont il avait modeler correctement. » —Tout l'homme est dans
ai laborieusement retrouvé les traces et ravivé les tra- ce mot, et aussi le commentaire des qualités et des
ditions : c'en était fait des poupées de cour et de défauts de sa manière.
;
théâtre, des héros poudrés et pommadés leur temps David a eu de nombreux élèves, qui tous se sont
était passé, et Boucher etVanloo furent tués du coup. fait honneur de rester fidèles aux graves enseigne-
La Mort de Socrate, le Brutus, les Amours de Pâ- ments du maître. '- Nous ne citerons que les plus
ris et d'Hélène, suivirent de près et achevèrent de éminents.
consacrer le renom et l'autorité du maître. Vincent Drouais, dont nous avons déjà dit un mot au com-
et Regnault, ses anciens condisciples, devenus ses mencement de ce paragraphe, auteur de la Cana-
vienne et du Marius à Minturnes, mort à Rome, à la PETIT 'COURS
-
;llel1I' dtiJ'ige, :en -1788. -
Gros, le peintre des Pestiférés de Jaffa, dû Combat ÉLÉMENTAIRE

d'Aboukirj de la Bataille d'Eylau, du Charles-Quint


visitant les tombeaux de Saint-Denis, d'un beau por- BE ©@L©M fl§ =
trait historique du général Lasalle et de la coupole
(suite) (1).
I.
de Sainte-Geneviève. — Plus vrai, plus coloriste que
son maître, mais moins relevé de style.
Gérard, à qui l'on doit Psyché et l'Amourj le Béli- Figdbes genke.
ET SUJETS DE IGEriliLl.

saire conduit par un enfant, la Bataille d'Austerlitz, îïous ne présentons d'abord à nos élèves (Pl. 97)
Y Entrée de Henri IV dans Paris, et un grand nombre
qu'un exercice tout a fait élémentaire, une simple in-
de portraits d'une grande distinction. dication de coloriage obtenue au moyen de quelques
Girodet, qui a ex-agéré la manière un peu sèélie de rehauts de couleur, et propre à servir tout au plus
son maître. — Ses principaux ouvrages exposés au d'introduction à une pratique plus compliquée et plus
Louvre sont Y Endymion, YAtala l'Atala et une Scène du
Scène ilu savante.
Déluge. Nous n'avons rien à dire ici du dessin, puisque les
Hennequin, dont on ne connaît qu'un ouvrage im- deux sujets placés à côté l'un de l'autre sont parfai-
portant, Oreste poursuivi par les Furies, peinture épi- tement identiques. Ainsi, point d'esquisse à faire,
leptique où l'exagération de la force est poussée jus- point dvombre à crayonner ; tout est préparé d'avance.
qu'à la violence. Aussi peut-on devenir un fort habile coloriste sans con-
<

Granet, que ses grands cloîtres et ses capucins ont naître le dessin ; mais, si c'est là pour les paresseux
rendu si populaire.
ou les ignorants une des commodités du genre, c'est
Pagnest, dont le Musée possède un admirable por- plus signe de infériorité. -
encore un son
trait. !
Après avoir préalablement encollé le papier, tendu
Enfin M. Ingres, qui continue au milieu de nous la feuille sur la planchette ou sur un fort carton, pré-
l'enseignement sévère du maître dont il a recueilli les paré les couleurs et les pinceaux comme il est dit
préceptes et les doctrines. dans notre précédent article, passons à l'exécution.
Dans un dernier paragraphe nous parlerons de , En thèse générale,
pour les sujets de genre comme
quelques hommes de talent qui, sans émaner direct
celui-ci et pour les figures, on commence par les cos-
tement de l'atelier de David, ont aussi plus ou moins tumes et l'on finit par les têtes.
subi son influence. Nous terminerons en disantunmot
La teinte plate du-jupon de l'enfant se fera avec de
de deux peintres dont les travaux marquent, a notre
la laque et du vermillon, cette dernière couleur en
avis, le point de partage entre l'ancien système de
très-petite quantité. On aura soin de tenir le ton un
peinture sculpturale imposé par David, et les sys-
peu plus vif dans le haut du vêtement. Plus tard on
tèmes incohérents qui dominent tour à touf depuis
donnera quelques touches dans les plis avec la même
plus d'un quart de siècle dans la jeune école, et qui
-
teinte un peu plus foncée. Le mantelet violet de la
semblent l'entraîner vers un avenir encore inconnu.
femme s'obtient avec de la laque et du bleu de Prusse.
A. Babbier. La même teinte redoublée servira à donner plus d'é-
nergie aux ombres. — Pour la robe et tout ce qui est
plus ou moins vert, on emploiera indifféremment le
vert émeraude ou le vert anglaisa des degrés de force

(1 ) Voir nos livraisons des 25 novembre et 25 janvier.


proportionnés à la valeur des teintes. — Un peu de pas, ils volent! C'est ce mouvement, cette vie, qui sont
jaune indien pur mêlé à beaucoup d'eau donnera le difficiles à rendre, et qu'il faut bien faire sentir dès le
ton du fichu de L'enfant. — Pour les cheveux, on mê- premier travail de l'esquisse. — Après vous être donné
lera le jaune indien avec la sépia. — Enfin, les figures un certain nombre de lignes horizontales et verticales,
et les mains s'indiqueront au moyen d'une légère disposées à volonté à travers les formes du modèle,
teinte de minium avec retouches plus vives et dégra- selon que vous en sentirez le besoin, jetez hardiment
dées sur les joues, et quelques points de vermillon et d'un crayon léger votre premier trait sur le papier.
pur sous le nez et aux lèvres. — On teintera la cor- Vous y reviendrez ensuite d'une main plus posée pour
beille avec du jaune indien et de la terre de Sienne l'épurer et corriger vos fautes d'ensemble et de pro-
brûlée, et le terrain avec du jaune et de la sépia. portion. Achevez ensuite en commençant par les
Travaillez maintenant, et, si votre premier essai touches les plus vigoureuses carrément attaquées, et
n'est pas heureux, recommencez; nous serons tou- terminant par les détails plus fins que donnent les
jours en mesure de vous fournir les épreuves dont demi-teintes.
vous pourriez avoir besoin pour renouveler l'expé- Pl. 100. — Une Tête d'enfant, réduite d'un tiers,
rience et répéter la leçon jusqu'à ce que vous arriviez dessinée par madame Joséphine DucoUet, d'après une
à un résultat plus satisfaisant. étude peinte de M. Rudder. — Nous avons voulu, par

Lui
cet exemple, familiariser nos élèves avec Je procédé
«C* ~~———
employé par les artistes, soit pour diminuer, soit
pour grandir un sujet donné. Le moyen, comme on
peut le voir, est bien simple. Il s'agit, après avoir dis-
posé sur le modèle à copier un ensemble de carreaux
réguliers d'une grandeur indéterminée, de répéter ce
même nombre de carreaux sur une feuille de papier, en
Plaiicbrs M. 87 à l et. les taisant plus grandsou pluspetits, selon que l'on veut
agrandir ou diminuer. Ici les carreaux primitifs sont
PI. 97. — Un Sujet de genre, colorié.
— Voir notre - réduits d'un tiers dans la copie; donc la tête sera
article précédent sur l'étude du coloris. exactement réduite d'un tiers dans toutes ses propor-
Pl. 98. — Un Paysage, par M. Hubert. - Il ne tions. — On tracera son esquisse de manière à ce que
nous présente aucune difficulté que nous n'ayons chaque ligne réponde bien à chaque carreau, point
déjà rencontrée dans le cours de nos leçons à propos
pour point, place pour place; et l'on procédera pour le
des spirituels croquis de cet excellent artiste. Peut-
reste comme à l'ordinaire.
être, dans ce modèle, le travail des arbres est-il un PI. 101. — Fragment de tête, par madame Du-
peu plus savant : nous recommandons à l'élève d'en collet. — Nous renvoyons pour ce modèle à notre le-
bien étudier la construction et la masse, et de faire
çon du 25 décembre, planche 82.
quelques exercices préliminaires sur le feuillé avant Pl. 102. — Une Marine, par M. Morel-Fatio. —
de passer à l'exécution définitive. Pour le surplus, Voir planche 89, livraison de janvier. — Nous n'a-
nous renvoyons à nos articles d'enseignement du jouterons à celle leçon qu'une seule ohservatiôn,à
25 novembre sur les planches 74 et 76, et à celui du savoir, que les eaux calmes, étant toujours de niveau,
25 juillet sur la planche 51. doivent être représentées par de larges hachures ho-
PI. 99. — Une Jument et son Poulain, étude de rizontales. Cette règle trouve ici-même son applica-
M. Victor Adam. - Les deux animaux, dans leur tion.
liberté à demi sauvage, sont lancés à toute
course ; A. BARBIEH.
, leurs pieds ne touchent pas la terre; ils courent
ne
(D?a83- -
Madone de l'arc, r Improvisateur napolitain, les Mois-
sonneurs et le Départ des pêcheurs. Léopold Robert
strit était un artiste dans toute la glorieuse acception de
ce mot. Incessamment poursuivi par un idéal de
L'HISTOIRE DE LA PEINTURE FRANÇAISE. beauté dont l'image était profondément empreinte
dans son esprit, il était toujours mécontent de ses
œuvres, et toujours occupé à les retoucher: de là cette
VI apparence un peu lourde et peinée de sa couleur ; de
là aussi le petit nombre d'ouvrages qu'il nous a laissés.
Comme émanant de l'école de David, quoique formé Mais qu'importe le nombre? il suffit, au génie, d'une
aux leçons d'un autre maître, Regnault, homme de seule création pour se manifester et laisser après lui
talent, dont le Louvre possède une très-belle Descente sa trace lumineuse. Rongé par une indicible mélan-
de croix, il faut citer Pierre Guérin, peintre précieux, colie,-Léopold Robert s'est suicidé à Venise en 1835;
propret, de petit tempérament, peignant un tableau il avait à peine quarante ans,, et venait d'achever son
d'histoire, sur une toile de quinze pieds, avec autant chef-d'œuvre, peut-être, les Pêcheurs de l'Adriatique,
de recherche et de coquetterie d'exécution que s'il composition savante et profondément pensée, qui lui
s'agissait d'un cadre de quelques pouces. Ses œuvres, assure, à tout jamais une place supérieure dans notre
longuement élaborées et méditées, le mirent fort en école contemporaine.
vogue dans la société renaissapte et maniérée de la fin du Enfin, je sors de l'école de, David pour arriver à
Directoire èt du commencement du Consulat. Son Prudhon. Celui-là est bien l'enfant de sa propre pen-
Marcus Sextuslui valut le grand prix d'honneur, à la sée et n'a été engendré par aucun maître. Il a vécu
suite du Salon où il fut exposé, et, plus tard, le prix en dehors du cénacle, étudiant sans esprit de système,
décennal, décerné sur un rapport de l'Institut. Ses n'obéissant qu'à sa propre inspiration. Aussi fut-il
autres ouvrages, Phèdre et Hijyjotyte, Andromaque, d'abord méconnu de la plupart des artistes et très-
Énée et Didon, ne firent qu'accroître et confirmer sa négligé du public. N'ayant appartenu ni à l'Académie,
renommée. — Maintenant, qui le croirait?- c'est de ni à aucune école, il n'avait pour lui que- soin mérite;
l'atelier de ce maître, si calme, si délicat, si curieux ce ne fut pas assez pour le sauver de la misère, qui
des finesses du pinceau et des petites perfections de désola la plus grande part de sa vie. Celui qu'on a
l'art, que sont sortis les talents les plus révolution- surnommé le Corrége français était indigent
-
comme
naires de notre époque, si j'ose m'exprimer ainsi, son illustre modèle. Aujourd'hui ses ouvrages, juste-
c'est-à-dire Géricault, Sigalon, MM: Eug. Delacroix, ment appréciés des connaisseurs pour la grâce par-
Champmartin, et quelques autres encore dont le nom faite qui les distingue, pour la magie de l'effet, pour
ne revient pas à ma mémoire. Cette circonstance m'a leur belle harmonie, pour toutes les grandes qualités
paru assez curieuse à noter pour insister un peu plus de peintre qui s'y révèlent, ont acquis à l'auteur du
que cette courte notice ne le permettait sur le nom de Crime poursuivi par la justice divine, du Zéphyr se
Pierre Guérin. balançant sur les eaux, de la Famille indigente et du
Parmi les plus illustres élèves de David, citons ce- Christ expirant sur la croix, un rang dont il ne saurait -

lui dont le nom ira peut-être le plus loin dans la pos- plus déchoir, et qui le pose au moins l'égal des meil-
térité; je veux parler de Léopold Robert. Peu com- leurs parmi nos maîtres contemporains.
pris de son maître, il fut un élève très-obscur de l'a- Ici nous déposons la plume ; nous ne pourrions pas
telier du peintre des Horaces. Bientôt il se dégoûta de aller plus loin sans toucher aux vivants : c'est à faire
l'école, et partit pour l'Italie. Il en fit sa patrie. C'est à la .critique et non plus à l'histoire. — Peut-être, à
la qu'il a composé ses quatre grands tableaux, la l'occasion de l'exposition prochaine, reviendrons-nous
sur ce sujet pour compléter cette vue rapide jetée sur la palette. Tracez l'esquisse d'une main légère, et
les nombreuses évolutions de l'art français depuis la mettons-nous à l'oeuvre.,
Renaissance. DEUXIÈME MODÈLE. (Pl. 103, par M. Hubert.)—Deux

A. BARBIER. modestes chalets assis au penchant d'une verte col-


line ; sur le devant, un ruisseau et quelques quartiers
de rochers ; plus loin, une futaie dont les formes se
noient dans les vapeurs du matin ; dans le fond, une
PI L'^OTMILLI- montagne abrupte, aux profils anguleux, couronnée
d'une vieille ruine féodale se détachant en demi-
(SUITE) (1). teinte sur un ciel légèrement coloré : tel est le site
que nous avons sous les yeux et qu'il s'agit de ren-
« A force de forger on devient forgeron. » dre, site des plus simples, mais tout rempli de fraî-
Nous terminions par cet axiome assez vulgaire, cheur et de solitude, et déjà marqué de ce cachet de
mais d'un grand sens, nôtre dernière leçon sur la grandeur qui caractérise le paysage alpestre de la
pratique de l'aquarelle. Nous le répétons au commen- Suisse ou du Dauphiné.
cement de celle-ci avecl'espérance que nos lecteurs ne Mais nous oublions que la palette nous attend : re-
l'auront point laissé dormir inutile dans leur mé- descendons des hauteurs de la poésie au plain-pied du
moire, et qu'ils sont déjà devenus, sinon de très-ha, détail technique.
biles forgerons, au moins des apprentis assez adroits Commencez d'abord par humecter avec l'éponge le
pour nous suivre, sans trop d'embarras, dans le revers du papier; puis, passant à l'endroit, étendez
progrès de notre enseignement. sur toute la surface une eau très-légèrement teintée
Nous ne reviendrons pas sur les détails, purement d'ocre jaune et d'un atome de rouge de Saturne.
matériels et .techniques, contenus dans notre précè- Quand cette première eau sera à demi sèche, c'est-à-
dent article ; cela est dit une fois pour toutes ; c'est à dire qu'étant observée à contre-jour elle ne produira
nos élèves de les revoir au besoin pour s'en rafraî- plus aucun brillant et paraîtra mate, faites avec du
chir la mémoire, "et se pénétrer de leur utilité prati- cobalt pur, employé au degré d'intensité convenable,
que. Nous en dirons autant des conseils d'exécution l'azur du ciel, en dessinant de suite avec la teinte le
qui les suivent ; ils ont un certain caractère de géné- contour frangé des nuages ; avec ce même cobalt,
ralité qui les rend applicables en toute circonstance étendu de beaucoup d'eau, donnez les touches légè-
et à toute espèce de modèle. Il sera toujours bon d'y rement azurées qui empêchent la partie lumineuse de
recourir, jusqu'à ce qu'enfin, par un travail répété, paraître plate, et qui mènent l'œil jusqu'à l'horizon.
on soit parvenu à se les rendre si familiers, que leur Les nuages gris, à droite, se feront du même coup, et,
application devienne une affaire d'instinct et de senti- autant que possible, pendant que le papier est encore
ment qui ne coûte plus aucune préoccupation à l'es- humide, avec de la teinte neutre, colorée au besoin
prit. À la longue, la main prend une telle habitude de d'un peu d'ocré et d'une pointe de laque ou de brun-
franchir couramment toutes les petites difficultés du rouge. — Nous voici au bout de noire première
genre, qu'il lui faudrait plus d'efforts pour gâter un épreuve ; le ciel est fait! — Mais cette opération, qui
dessin, de parti pris, que pour le réussir. n'est rien pour celui qui sait, et qu'il termine presque
Nous supposons donc que tout est préparé d'avance en se jouant, devient une manœuvre assez compliquée
et à point, le châssis tendu d'un bon papier Wat- pour un commençant; il y faut de la prestesse de
mann, les deux verres d'eau bien nette, les pinceaux, main, du tact, de la résolution, toutes choses qui ne
s'acquièrent qu'avec le temps. Il ne faudra donc pas
(1) Voir notre numéro du 25 décembre 1852. s'étonner de l'imperfection des premiers résultats,
mais continuer courageusement les essais jusqu'à ce à ébaucher les rochers du premier plan, dont les vi-
que l'on réussisse. D'ailleurs, un ciel manqué au pre- gueurs et les détails s'accusent ensuite avec des
mier coup n'est pas toujours perdu ; il reste la res- touches de sépia ou dè brun de Van-Dyck fran-
source dele laver à grande eau avec l'éponge, et sou- chement posées avec la couleur aussi épaisse que
vent ce qui reste du premier travail devient une ex- possible. — Maintenant, quittons les tons bruns pour
cellente préparation pour le nouveau. Nous ferons de aborder les tons plus frais et plus gais du terrain et
plus remarquer qu'il ne s'agit pas ici de copier servi- de l'arbrisseau qui couronnent le rocher de gauche.
lement ; on est bien obligé de donner quelque chose Les verts se font avec de l'indigo et du jaune indien,
au hasard de la teinte. Pourvu que l'ensemble et où l'on introduit un peu d'ocre pour corriger la
l'effet général du modèle soient rendus, on doit se crudité du ton. D'abord, on met une couche plate et
tenir satisfait. colorée par-dessus laquelle on revient en modelant
Arrivons à la montagne du fond. On l'indique avec avec une seconde teinté plus froide et plus fraîche,
une première teinte plate, composée d'ocre et de étendue par places, de manière à laisser voir le des-
rouge de Saturne que l'on descend jusqu'à la ligne sous dans les parties plus éclairées et plus saillantes.
du terrain sur lequel reposent les chalets. On a soin
I
Pour les ombres, on force le ton avec le stil de grain,
de ménager les contours du petit arbre transparent le brun de Van-Dyck et la laque carminée pour les
et lumineux qui occupe le premier plan à gauche. teintes chaudes et l'accent à donner aux détails;
On fait ensuite les ombres avec un mélange à peu la teinte neutre pour les tons froids.. L'arbre
avec
près égal de teinte neutre et de cobalt ; ce dernier s'exécute absolument comme les gazons, sauf la
en plus forte quantité à mesure que Ton descend. différence à observer dans le sens et la forme de
Par-dessus cette teinte encore humide, on massera la touche. Restent les eaux et la femme qui occu-
largement les arbres du second plan avec un ton as- pent le premier plan. Qn indique la tête, le corsage
sez vigoureux, composé de teinte neutre, d'ocre jaune et la jupe du personnage avec un brun très-intense,
et d'une pointe d'indigo, si cela est nécessaire. — composé de sépia et de terre de Sienne brûlée, ou
Le toit du chalet, dans l'ombre, est fait avec du brun de brun de Van-Dyck et de laque carminée sou-
de Van-Dyck et de la teinte neutre dans la partie la tenus d'une pointe d'indigo. Si, dans le travail, on
plus sombre; avec du brun de Van-Dyck, de la sépia n'a pas suffisamment réservé les clairs des man-
et très-peu d'ocre, dans les parties plus claires. La ches blanches et du tablier rouge, il suffit de mouiller
sépia et le brun de Van-Dyck, employés à différents la place avec le pinceau trempé d'eau, et, prenant
degrés de force et superposés a deux ou trois reprises aussitôt un coin de mouchoir, de l'appuyer fortement
pour les grandes vigueurs, donnent le ton des bois
-
avec l'index sur l'endroit humide, et de glisser rapi-
dans l'ombre, le dessus des toits, les renfoncements dement en tirant à soi, jusqu'à ce qu'on ait rappelé
des portes et des croisées, les touches de détail qui le blanc du papier. On sera maître d'y appliquer en-
dessinent les refends des planches, ou achèvent d'in- suite les teintes nécessaires. Quant aux eaux, on les
diquer les pierres et les tuiles du toit. Sur la face rendra par de larges touches horizontales faites avec d u
éclairée du premier chalet, la cloison en planches est cobalt pour la partie claire, et avec de la teinte neutre
rehaussée par de larges touches lumineuses de terre mêlée d'un peu d'ocre et d'une pointe de stil de grain
de Sienne-brûlée; la muraille est teintée d'ocre léger. pour les parties sombres, et l'on aura soin, surtout,
Dans la demi-teinte-à droite, cette même muraille est de bien ménager les petites lignes claires qui scin-
faite avec du brun de Van-Dyck, de l'ocre en très- tillent entre les teintes, comme les reflets du ciel
petite quantité, et encore moins de teinte neutre. Ce entre les petites vagues d'une eau courante ou légère-
même ton,,plus ou moins coloré par de l'ocre de Rû, ment agitée par lé vent.
ou refroidi par de la teinte neutre, sert à couvrir et Nous voici parvenus, non sans peine et sans fati-
gue, au terme de notre leçon. Après avoir dit et fait quissez le coq bien à sa place et dans son mouve-
tout ce qu'il était possible de faire et de dire pour la ment; puis, après la poule, les poussins et le canard.
rendre claire et facile, nous en livrons l'application Au besoin, quelques lignes, une ou deux tout au
a l'intelligence et à la main de nos chers élèves. plus, vous donneront h position relative des autres
Puisse-t-elle leur être profitable, et donner un nouvel habitants de cette basse-cour. Quant aux ombres,
attrait à l'étude charmante dans laquelle nous avons elles sont d'une exécution facile à comprendre.
entrepris de les guider ! Commencez toujours par les points de vigueur, et.
A. BARBIER. pour le surplus, attaquez vivement, avec franchise.
en ayant soin de donner à vos hachures la même di-
«< c®a-g»g>$ rection qu'elles ont au modèle.
PI. 106. — Étude d'architecture pittoresque, par
EMaMBMMMai M. Victor Petit. — Le sommet de la vieille tour féo-
dale offre seul quelque difficulté, à cause de son en-
tablement en consoles et de sa forme circulaire. Sur
les deux côtés verticaux on fera poser une ligne ho-
Planches N. ÎO» à 108. rizontale qui sera comme la corde d'un arc formé par
la courbe sur laquelle s'appuient les consoles. Cette
PI. 105. — SeconùeÉtude d'aquarelle, par M. Hu- courbe une fois déterminée, les autres courbes supé-
bert. -- Voir notre article de ce jour. rieures, lui étant h peu près parallèles, seront aisément
Pl. 104. —Étude de tête, par madame J. Ducollcl. trouvées. On indiquera sur cette courbe la place de
Malgré le turban et le costume levantin, ce front la console du milieu, puis à droite et a gauche celles

élevé, ce nez droit, ces yeux profondément enchâssés des deux autres consoles situées à peu près à égale
dans leur orbite, cette bouche fine et bien coupée, distance de la première et des extrémités de l'entable-
cet ovale gracieux du visage, sont autant de carac- ment ; on remplira ensuite les espaces intermédiaires
tères qui révèlent le type grec dans son antique pu- d'autant de consoles qu'ils en contiennent dans le
reté. C'est ce qu'il faut s'efforcer de conserver dans dessin original, en observant de les resserrer de plus
l'esquisse par une fidélité rigoureuse aux lignes du en plus à mesure que l'on s'éloigne du point milieu
modèle : toute déviation ne pourrait qu'en altérer l'har- pour se rapprocher du bord extérieur de la tour. —
monie et la grâce. Prenez donc, pour être exacts, les Sauf cette remarque, nous renvoyons, pour le reste
précautions accoutumées, et ne passez au trait défi- de l'exécution, à ce que nous avons déjà dit (voir
nitif qu'après avoir bien arrêté l'ensemble au fusin. pl. 58, 52 et 81) à propos d'autres croquis du même
Que ce trait soit finement fait et légèrement accentué; artiste.
après quoi vous passerez aux ombres. Elles n'offrent Pl. 107. — Croquis divers, par M. Gustave Roux.
aucune difficulté particulière qui exige de plus am-
— La leçon donnée dans notre livraison du 25 fé-
ples explications que celles contenues dans nos le- vrier, sur une charmante feuille de croquis sortis du
çons précédentes. — Nous y renvoyons donc nos même crayon, s'applique littéralement à celle-ci ;
élèves. nous n'avons rien à y ajouter ni à y reprendre.
PI. 105. — Une basse-cour, croquis par M. Victor PI. 108. - Dessin linéaire : Une Station de chemin
Adam. — Ce coq chante, ces poussins vivent, ce de fer. — Cela s'exécute au compas, à la règle et à l'é-
dindon se rengorge; la poule cherche pâture, et le ca-
querre. Il n'y faut qu'un peu d'adresse à manier ces
nard va clapoter. Chacun de ces volatiles a son carac- instruments, et de l'exactitude dans le relevé des
tère, sa tournure propre et sa physionomie. Voilà ce mesures et des proportions.
qu'il faut avant tout chercher à rendre. D'abord, es- A. B.
A L H L VI

DE

L ECOLE DE DESSIN
PARIS. — IMPRIMERIE SIMON RAÇON ET COMP., RUE D'ERFURTH. I.
L'ÉCOLE DE DESSIN BE

JOURNAL
DES JEUNES ARTISTES m,l' M§ ilMIIK
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AU BUREAU DU JOURNAL
Rue Suger, 3, place Saint-André des- Arls
L'ÉCOLE DE DESSIN
des formes, ne semble-t-elle pas faite tout exprès pour c'est-a-dire franchement et vivement-étalées, compo-
l'àquarelle? Prenez donc vite vos couleurs les plus sées d'indigo, de jaune indien, et, pour les tons plus

fraîches, vos teintes les plus limpides; c'est le mo- frais, de vert émeraude ; si vous tâtonner, si vous
ment de commencer. avez de l'hésitation, vous perdez toute la transpa-
Si le soleil vous importune et vous fatigue de son rence et l'éclat de votre couleur. — Pour les ombres,
rayonnement, déployez le parasol, fixez-le solidement servez-vous d'un mélange de brun de Van-Dyck, de
en terre et
installez votre pliant sous son ombre, de jaune indien, de laque carminée ; les branches et lesl
manière à ne point gêner votre point de vue. Mainte- repiqués vigoureux des dessous s'indiquent avec la
nant, ouvrez le portefeuille : le papier est tendu ; la sépia et le. brun de Van-Dyck, mêlés aux tons qui
boîte de couleurs est attachée, par son double an- garnissent déjà la palette. — Maintenant, passons sur
neau, au pouce de la main gauche ; le double godet les fonds un petit glacis de cobalt pour donner de
plein d'eau est suspendu à ses bords. l'air, ou d'ocre jaune et de minium si nous voulons
Commencez, pour éteindre la trop grande blan- colorer le ton.
— J'appelle glacis des teintes très-
cheur du papier, par couvrir toute sa surface d'une limpides que l'on passe par-dessus une partie déjà
teinte légère d'ocre jaune et de rouge de Saturne, ap- faite et tout a fait sèche, pour en modifier la nuance.
:
pelé aussi minium quand elle est bien sèche, jetez - Avons-nous des contours trop secs et trop durs:
hardiment les teintes du ciel avec du cobalt un peu mouillons-les avec le pinceau humide et frottons avec
réchauffé, s'il'le faut, de la teinte précédente; mais le mouchoir.— Est-ce tout?n'avons-nous rien omis?—
ayez soin de réserver les clairs des nuages, ainsi que Si, vraiment ! et ces vapeurs qu'on aperçoit flottantes
les murailles blanches du village que vous apercevez au penchant des coteaux et le long des futaies?—
là-bas dans le lointain ; nous y reviendrons plus lard Humectèz la place avec le pinceau .demi-sec ; estom-
pour les colorer davantage .avec l'ocre et le minium, pez en tournant avec le doigt ou le mouchoir, de ma-
si cela est nécessaire. Dès que le tout est sec, vous nière a dégarnir un peu le papier de la teinte qui le
ébauchez avec un ton d'ocre et. de minium, rompu couvre ; vous passerez ensuite, un très-léger glacis de
d'une pointe de teinte neutre ou de cobalt, les arbres cobalt, ou d'un ton plus coloré, si ces vapeurs sont
du dernier plan ; laissez encore sécher ; traversées ou renétées d'un rayon de soleil. — Nous
— avec le
même ton refroidi et augmenté d'intensité au moyen allions encore oublier le petit village du fond : accusez
d'une addition de teinte neutre et de quelque peu avec un peu de brun-rouge, relevé d'une pointe d'ocre,
d'ocre, massez les ombres qui les achèvent et leur le ton gai des tuiles; avec une eau d'ocre et de mi-
donnent du relief, tout en laissant briller sur les nium, colorez les murailles frappées du soleil; glissez
bords, du côté de la lumière, la teinte chaude du dans cette eau un peu de cobalt pour les ombres.—
dessous. — Arrêtons-nous un moment pour faire
une L'étude doit être terminée ; s'il reste encore quelques
remarque essentielle : c'est qu'il ne faut jamais em- touches de détail à donner, nous les ferons au logis :
ployer le jaune indien dans les fonds : il fournit des mais seulement gardons-nous bien de retoucher aux
tons trop crus et trop entiers; l'ocre jaune, plus parties achevées sur place, si nous ne voulons pas,
fuyante, donne un vert plus fin et plus doux. — Vous perdre tout le fruit de notre travail.
attaquez ensuite les arbres du second plan avec Mais le soleil s'élève et domine sur l'horizon; les
une
teinte plus ferme, composée d'ocre, de teinte neutre vapeurs disparaissent et la campagne ne présente plus,
et de plus ou moins d'indigo ou de cobalt, selon qué que des ombres d'un gris argentin ; onze heures son-
le vert en est plus ou moins vif; avec cette même
nent au clocher du village voisin ; l'effet du matin est
teinte plus intense, vous indiquez les ombres. Enfin passe ; nous pouvons aller déjeuner.
vous faites les arbres et les gazons des premiers plans
A. BARBIER.
avec des teintes solides, abondantes, bien lavées, ,
10. Indigo. — Bleu très-foncé, entrant dans la plupart des
PEINTURE DE FLEURS A L'AQUARELLE. tons verts.
il. Pierre de fiel.- Couleur jaune, légère et transparente,
excellente à employer en glacis et produisant, avec Yindigo et
la sépia, des verts foncés.
PREMIÈRE LEÇON. 12. Sépia.-Sert principalement touches de vigueur -
et
aux
donne de la solidité aux teintes dans lesquelles on la fait
Voici un bouquet de fleurs à l'aquarelle que nous entrer. V

offrons a nos élèves (voyez pl. 109), comme un but 13. Terre de Sienne brûlée. — Belle couleur transparente,
et un encouragement à leurs efforts. Le- modèle est propre aux teintes chaudes des reflets; alliée à l'indigo, au
jaune indien ou à la gomme-gutte, elle fournit un vert. chaud
un peu savant et compliqué, et plus d'un hésitera
et vigoureux.
avant de l'entreprendre; mais nous allons tâcher, par 14. Encre de Chine -Ton noir, léger, transparent, docile
nos conseils, de relever leur confiance, et, quel que à tous les mélanges et d'un bon usage dans les ombres des
soit le résultat de leur tentative, il en restera toujours fleurs blanches.
quelque chose d'utile à leur progrès futur. 15. Vert émeraude.- S'emploie pour les verts clairs et bril-
Composons d'abord la palette du peintre de fleurs ; lants.
16. Laque jaune- — leau jaune, transparent et couvrant,
on va voir qu'elle compte quelques tons de plus que
bien.
celle du paysagiste ; on les ajoutera à ceux que l'on
17. Écarlate. — Le plus brillant de tous les rouges,, indis-
possède déjà. pensable dans la coloration d'un grand nombre de fleurs et de
fruits; mais il ne faut l'employer qu'avec réserve, car il a
NOMS DES COULEURS, DANS L'ORDRE QU'ELLES DOIVENT l'inconvénient de tuer tout "ce qui l'entoure.
OCCUPER SUR LA PALETTE.
18. Pourpre.— C'est un violet très-fin de teinte et d'un fré-
quent usage dans la peinture des fleurs et des fruits. On l'em-
1. Vermillon de Chine.- Couleur d'un rouge éclatant, très- ploie pour les violettes, les pensées; mêlé au cobalt et au
solide, couvrant bien, et se prêtant à tous les mélanges. carmin, il entre dans les nuances- des raisins noirs, des prunes
2. Jaune indien.-Le meilleur est d'un beau jaune d'or ; avec- de monsieur et de certaines variétés de reines-marguerites.
les bleus, il donne des verts éclatants et chauds. 19. Carmin à l'alcali. — Son emploi èst de rigueur dans
3. Bleu de Prusse.- Mêlé au cobalt, il le rend plus fin et sert l'étude des roses. On le trouve tout préparé, à l'état liquide,
à donner plus.juste le ton azuré de certaines fleurs. chez les marchands de couleurs. On le conserve dans une
4. Bleu de cobalt.-lleau bleu céleste. petite fiole bouchée à l'émeri.
5. Teinte neutre.-C'est une couleur qui rend de grands ser- 20. Blanc léger.-ll se vend sous forme de lames minces et
vices, très-fuyante, fort utile pour rompre un ton trop entier friables. Lorsqu'on veut l'employer, on en place un fragment
et pour jeter de l'air entre les masses d'un bouquet. dans un godet et l'on verse dessus quelques gouttes d'eau bien
6. Gomme-gutte.- Jaune clair, très-utile pour faire les verts nette. Quand il est imbibé, on le broie avec un corps dur
frais et brillants; mêlée avec le cobalt et la laque carminée, on uni, ou même avec le pouce. Il sert à reproduire, en gouachant,
en obtient le vert blanchâtre de quelques plantes ou vert-saule ; les détails trop fins qu'il serait difficile, pour ne pas dire im-
employée en glacis, elle ravive les tons et leur donne de l'é- possible, de réserver. Si la touche qui en résulte est d'un blanc
clat. trop prononcé, on attend qu'elle soit parfaitement sèche pour
7. Laque carminée. — Elle sert beaucoup pour rompre la passer dessus, vivement et d'un seul coup, une teinte colorée
crudité de certaines nuances de verdure ; mélangée avec la qui la met en harmonie avec le reste. Si l'on doit y revenir,
gomme-gutte et la sépia, elle fournit un ton brun très-chaud il faut laisser sécher de nouveau, sans quoi la touche de blanc,
dont on se sert pour les touches les plus vigoureuses. détrempée, s'étendrait et ferait tache.
8. Minium.— Rouge-orange, très-utile pour passer insensi- Pour le surplus du petit matériel nécessaire, voyez
blement d'une teine jaune à une teinte bleue. Il sert aussi à
notre leçon du 25 mars 1852. Nous ajouterons
gouacher.
seulement trois ou quatre godets de porcelaine dont
9. Brun rouge. -Mèlé'avec le cobalt et la gomme-gutte, il
produitlles gris très-fins; avec l'indigo et la pierre de fiel, on on se sert pour apprêter d'avance les teintes ùn peu
en obtient un ton noir très-vigoureux. considérables, ou celles très-pures et très-fraîches qui
doivent servir à reproduire le ton général d'une fleur PL 110. -
Un Paysage, par M. Hubert. Nos -
ou d'un fruit. élèves doivent être assez familiarisésavec les procédés
Maintenant, esquissez légèrement votre bouquet à de cet excellent maître, pour que nous nous croyions
la manière ordinaire, avec un crayon de mine de dispensés d'insister sur ce nouveau modèle sorti de
plomb demi-ferme, sur un bon papier Watmann bien son facile crayon. Qu'ils recherchent dans nos leçons

tendu, fin de grain, et d'une pureté irréprochable. antérieures, et particulièrement dans celles du 25juil-
Ayez soin de ne point trop effacer, car la mie de pain let et du 25 août de l'année dernière, les.conseils que
a l'inconvénient de graisser le papier et la gomme nous leur avons déjà donnés.
élastique d'en enlever la fleur, ce qui compromet né- Pl. 111. —Un Tigre guettant sa proie, par M. Vic-
cessairement la limpidité des teintes et produit des tor Adam. — Appliquez-vous à bien saisir l'expres-
taches obscures très-difficiles à réparer. sion de la tête et le mouvement du corps, tout est
là ! — Procédez d'après les mêmes principes qui vous
PREMIÈRE ÉBAUCHE. ont guidés dans la reproduction du lion représenté
pl. 80, 14e livraison.
Avec une teinte de carmin très-légère, vous cou-
PL 112. — Étude d'architecture pittoresque. —
vrez toute la surfiLce des roses, sauf quelques endroits Nous renvoyons pourrexécution aux leçons déjà don-
réservés pour les grands clairs dans celle de gauche : nées sur les pl. 38 et 52.
vous procédez de la même manière et dans les mêmes Pl. 113.—Va-Profil d'enfant, étude. —Nous
proportions avec le cobalt, pour les pervenches; avec
avons assez bonne opinion de l'intelligence de nos
le jaune indien, pour les coriopsis, dont vous indiquez
élèves et des progrès qu'ils doivent avoir déjà faits
le cœur, d'un rouge brunâtre, au moyen d'un ton de
pour leur livrer ce modèle sans commentaire.
terre de Sienne brûlée. Passant ensuite aux feuilles et
Pl. 114. — Exercice de dessin linéaire. — Suivre
,
aux tiges, vous les couvrez d'un vert plus ou moins les méthodes et les préceptes précédemment dévelop-
chaud, selon que le jaune ou le bleu y domine. Lais-
pés à propos de modèles identiques.
sez bien sécher : puis avec un petit pinceau très-fin,
chargé d'un peu de carmin, vous indiquez légèrement
les principales nervures et le dentelé des feuilles de
—»> —
rosier, ainsi que les épines et quelques autres détails (BEHM)B!I<~a M3 MV&
des contours.
Cette première préparation achevée, arrêtez-vous. Dimanche, 15 mai, l'exposition des ouvrages des artistes vi-
Nous vous apprendrons, dans notre prochaine le- vants a été ouverte aux Menus-Plaisirs, rue du Faubourg-Pois-
— sonnière. L'aspect général est très-satisfaisant, et prouve que
çon, à compléter cette ébauche, et à l'amener enfin
notre jeune école n'a point dégénéré. Cependant aucun ou-
jusqu'à la valeur du modèle.
vrage hors ligne n'a eu encore le privilége de passionner la
A. BARDtEH. foule; le public ébloui regarde et reste incertain : trouvera-
t-il à faire un choix? Jusqu'ici, les principaux ouvrages re-
—>»— marqués sont : — Une Frise, par M. Gérôme; le Marché aux

lliSiïiiiiiif», Chevaux, par mademoiselle Rosa Bonheur, très-belle toile ;


deux sujets religit ux, par M. Eugène Delacroix; trois fortes
études de M. Couibet, qui ne seront pas du goût de tout le
monde; trois tableaux microscopiques de Meissonnier; ks
Derniers moments de Montaigne, par M. Robert Fleury ; en-
Planches N. I09 à il4. fin, de très-beaux paysages de Troyon, Corot, Th. Rousseau,
L. Cabat, J. Noël, <H de bien d'autres qu'il sciait trop, long de
PL 109. —Étude de fleurs a l'aquarelle.
l'article précédent.
— Voyez
plus prochains numéros.
nommer. Nous aurons occasion d'y revenir dans un de= nos
J
-,;
ÉTTTOIiS ©'M&GJJ^IRllilLLË le faux et dans les tons impossibles, comme c'est
malheureusement le travers de certains peintres,
D'APRÈS NATURE. moins tourmentés du désir de bien faire que de l'idée
de faire autrement que les autres. On appelle cela de
la fantaisie : à la bonne heureMais si la fantaisie est
!

SECOXBE ÉTUDE. —— LE SOIR (1). quelquefois de mise à l'Opéra, sous la lumière du


lustre, je la trouve fort déplacée en face de la nature
Il est trois heures; nous avons laissé passer la sous un rayon de vrai soleil.
grande chaleur du jour, et nous sommes reposés des Mais nous avons assez admiré ce délicieux paysage.
travaux du matin; hâtons-nous de reprendre notre Le moment est venu d'en fixer sur le vélin l'effet trop
bagage pour l'étude du soir.— Un soleil couchant en fugitif; il n'y a pas un instant à perdre : c'est ici qu'il
automne ! concevez-vous quelque chose de plus ma- faut avoir la perception rapide, l'esprit résolu et la
gnifique? — Un Claude Lorrain qui va poser devant main leste. — Déployons le portefeuille, et reprenons
vous! Mais d'abord il faudra chercher un site qui se la palette et les pinceaux.
prête à l'effet. — Tenez ! par exemple, ce groupe de Nous débuterons par couvrir entièrement le papier
vieux ormes dont les branches se réfléchissent dans d'une teinte chaude et lumineuse d'ocre et de minium
cette rivière qui coule si calme et si tranquille, qu'elle beaucoup plus colorée que pour l'effet du malin. Par-
semble dormir à leurs pieds : voilà notre affaire ; il ne dessus cette teinte encore moite, nous indiquerons,
s'agit plus que d'attendre l'heure favorable. — Cou- avec un ton plus ferme, où il entrera, selon le besoin,
chons-nous donc sur l'herbe fraîche, tout près de ces de la teinte neutre, du cobalt, de la laque et du mi-
joncs, examinons attentivement tous les détails de ce nium, les montagnes ou les horizons du fond. Reve-
ravissant tableau, car dans peu de moments nous ne nons ensuite avec le cobalt pur, ou mêlé à la teinte
verrons plus que les grandes masses d'ombre et de lu- neutre, pour déterminer la forme des plans d'ombre
mière que le soleil en son déclin projettera sur le dans ces montagnes et ces horizons.— Souvent quel-
paysage. — Comme une petite barque amarrée au ques touches de cobalt plus épais, glissées dans l'eau
tronc de ce vieux saule formerait un charmant pre- encore miroitante sur le papier, donnent d'heureux
mier plan! Venez ! avançons un peu ; il doit s'en accidents ; elles s'étendent et se fondent dans la teinte

trouver une à quelques pas de nous. — Saisissez bien à la manière de ces vapeurs azurées qui remplissent
vite ces quelques vaches rouges et noires, aux taches les profondeurs des vallées ou se balancent au-dessus
blanches, qui font si bien à travers les herbes du ri- des eaux et des bois à l'approche du soir. Le cobalt,
vage; surtout n'oubliez pas cette cabane au toit ainsi moelleusement employé sur un fond encore hu-
moussu, ni ces longues perches où s'étale, tout à côté, mide, est un moyen sûr de faire fuir les plans et de
le grand filet qui sèche au soleil.— Dépêchez-vous de jeter de l'air dans un paysage. — Quand cette pre-
saisir les tons orangés du ciel et ces bandes de nuages mière ébauche est bien sécliée, prenez un gros pin-
un peu violetés dont les bords semblent tout frangés ceau plat de petit-gris, de deux centimètres environ
d'or; ne craignez pas de mettre entre le bleu du ciel de largeur sur une longueur a peu près égale ; trem-
et le jaune doré de l'horizon quelque peu de cette pez-le dans l'eau bien nette, et lavez sur tout le des-
nuance verdâtre qui relie les deux tons l'un à l'autre sin pour unir et fondre les tons, comme si vous pas-
:
par une transition harmonieuse cela fait toujours siez un blaireau. Laissez encore sécher; puis glacez
bien, mais à la condition de ne rien exagérer; car il l'horizon avec du chrome n° 2, et dans ce glacis en-
ne faut pas, sous prétexte d'originalité, tomber dans core mouillé posez avec du minium pur ces grandes
bandes rouges dont le ciel s'empourpre aux rayons du
(1) Voir la dernière livraison. couchant. Ne craignez pas d'épuiser ici les ressources
leepllis brillantes de votre palette. — Maintenant, et travail sera bien sec, relavons vivement rpaç-d.essus
de foûtlre
quand votre papier s'est bien retendu, massez le ciel, avec le pinceau plat gorgé- d'eau, afin et
l'azur avec le cobalt, les nuages les plus vigoureux d'harmoniser le tout ensemble.
avec (in smalt et de f laque. Vous enlèverez ensuite, Abordons les terrains maintenant, en les couvrant
-en humectant la place et la frottant énergiquement de grandes teintes franchement lavées. Dans les par-
avec la gomme élastique, les parties les plus claires ties de gazon éclairées du soleil, insistez sur le jaune
des nuages, et vous les recouvrirez du ton nécessaire, indien et 1 everl émeraude clair; pour les parties à l'om-
minium ou chrome, selon que vous l'indiquera la na- bre, employez le vert émeraude foncé, et accentuez
ture.
Passons
; à ce beau groupe de vieux ormes
.-4
qui s'en-
les détails avec la sépia, le briin- de Van-Dick et la. la -
que. - Ifeste encore la cabane au,toit de chaume et
lève en vigueur sur le ciel, au premier plan de votre de mousse; colorons avec Y ocre de Rû, modifié d'une
dessin. — Attaquez-le d'une bonne teinte ferme et pointe de teinte neutre, son vieux mur écorché; cou-
solide, composée, suivant la qualité du ton, de brun de vrons son toit .d'-un ton fait de brun de Van Dich et,
Van-Dick ou de sépia, de jaune indien, d'une pointe de jaune indien, rendu - plus verdâtre ou plus brun
d'un - d'indigo«ou,
d'indigo, et prenez, pour cette opération, le plus en quelques places par l'addition peu
vieux, le plus fatigué de vos pinceaux, celui dont les de laque; avec le même ton on indiquera les percher
faisceaux de poils s'écartent et font le goupillon ; vous et les filets, après les avoir préalablement recherchés
l'aviez mis a la réforme, retrouvez-le maintenant ; çt enlevés au mouchoir ou a la gomme élastique.
celui-là sera le meilleur. Yous le chargez bien de la Retrouvons encore,
par le même procédé, quelques
teinte préparée, et vous le promenez sur le papier en touches claires dans ce pré; ce .sont nos vaches ta-
le tenant presque perpendiculaire et lui faisant suivre chetées d e terre de Sienne brûlée, de brun de Van-Dick
d'une main libre les contours de vos arbres ; vous ob- et
:
de sépia, rousses, noires
ou blanches.— Noyons
tiendrez ainsi les - capricieuses découpures des extré- encore un peu ces contours trop secs sur le ciel et a
mités, et ces percées lumineuses qui jettent tant de lé- l'horizon, en les frottant avec un coin du mouchoir,,
gèreté et de grâce dans les massifs de verdure. Vous après les avoir légèrement humectés du bout du pin-
repiquerez -ensuite les bois, les dessous des rameaux ceau.-—Enfin tout est fini !—Examinons :— croyez-
et les autres détails avec la sépia, le brun de Van-Dick vous sérieusement avoir fait un Claude Lorrain? -=—
et la laque. Quelques touches de jaune indien, et Pour ma part, j'en doute, et vous aussi, j'en réponds.
même de chrome n° 2 sur le côté frappé par la lu- Que si j'osais parler ici comme un empirique, je,
mière, donneront ces clairs transparents qui scin- vous dirais que vous avez la recette,et la manière
tillent à l'extrémité des branches ou dans l'obscurité de s'en servir; mais il faut encore la main et le sen- '-

des ombres les plus intenses. timent,qui font le grand artiste; cela ne s'acquiért

-
Mais ébauchons les eaux, très-sombres dans la pas en un jour; vous ne le comprendrez que trop. En
partie où se reflètent les arbres; miroir du ciel dans attendant, observez la nature, pratiquez, multipliez
les parties plus claires; la d'un les essais, et vous serez du moins sur la trace du
vert glauque et pro-
fond, ici petillantes d'azur ou des tons orangés de maître, si vous ne pouvez raisonnablement prétendre
l'horizon. — Remarquez que le reflet de l'ombre a à l'égaler jamais. - -,

moins de vigueur que l'ombre réfléchie, tandis que A. BARBIER. J


celui des plus vives lumières reste toujours un
peu
- voilé. — Ajoutons quelques larges coups de pinceau
et quelques traits lumineux enlevés avec la gomme
élastique, comme je l'ai déjà dit, pour faire sentir les
ondulations de l'eau -à la silrface, et, quand tout ce
PBffltBM DB FLEURS À L'AQUARELLE. - et même \xsépia. Poùr les yerts clairs et brillante
servez-vous du vert - émeraude ; la gomme * gutte,
mêlée à l'un des bleujs de la palette,: fournit,aussi
des verts frais et très-eoliilan^ ; combinée avec la
- - - - iievxièihê UBÇORT(«.).- -
laque carminée et le cob'alt, elle vous. donnera Je
bouquet point
Nous reprenons notre où nous vert bleuâtre des feuilles des pervenches, ainsi quç
-
- au
l'avons laissé, simplement couvertJ -de teintes locales de quelques-unes dès feuilles de rosier les plus re-
posées à plat. Nous allons essayer de le terminer.- flétées du ciel.- Ces préparatifs terminés, vous
Commençons

:
-
par les-roses. - attaquerez vos feuilles vivement en commençant par
les plans les plus larges, vous attachant à reproduire
- - SECONDE
ÉBAUCHE.
fidèlement le ton local propre à-chacune, amenant le
Prenez du carmin bien détrempé d'eau, et, avec un modelé par' degrés au moyen de teintes superposées,
pinceau de moyenne grosseur, indiquez légèrement soigneusement fondues vers les' bords, enfin procé-
les ombres et les demi-teintes de chacune de vos ro- dant exactement d'après les mêmes principes ci-des-
ses en commençant par les parties les plus vigoureu- sus indiqués pour l'exécution des roses et des per-
venches. — Avec un ton, un peu fermp, puisé dans
ses ; vous aurez soin, avec un second pinceau propre,
humecté d'eau, d'adoucir sur les hords cés teintes les mélanges de la palette et placé du côté de l'ombre ,
nouvelles pour qu'elles se marient, sans transitions donnez de la rondeur à vos tiges.—-Considérez .votre
-dessin à cette heure; il doit déjà satisfaire votre œil,

-
apparentes, avec le ton de dessous. Renouvelez ce tra-
vail autant de fois qu'il sera nécessaire pour obtenir £ t avoir, dans son ensemble, presque toute la valeur

de la rondeur et du modeléî et reprenez, en glaçant du modèle. ,


:

avec un mélange dé carmin-et de cobalt, certaines MANIÈRE DE FINIR. ,

parties d'ombre et de demi-teinte faciles a reconnaître


dans'Ie modèle ; ajoutez dans les profondeursles plus Quand cette seconde ébauche est finie et bien sét
vigoureuses quelques touches de carmin pur ou de chée, posez franchement et par places, avec un gros
couleur pourpre, celle-cî pour les coups de force. — pinceau chargé de la couleur nécessaire, des touches
Il est bien entendu qu'avant de revenir sur une teinte larges et hardies, entremêlées de hachures reliées
déjà posée il faut lui laisser le temps de bien sécher, et moelleuses, qui achèveront de donner du relief
sans quoi chaque nouveau coup de pinceau laisserait aux formes et de faire ressortir les détails essentiels,
Par exemple, glacez d'un ton léger de carmin le cœur
sa trace sur le papier et perdrait tout le travail déjà
fait. de vos roses, et dans ce glacis humide glissez aux en-
Quànt aux coriopsis et aux pervenches, vous les droits les plus vigoureux quelques touches, de cafmin
amènerez facilement au ton en doublant et triplant les plus épais, soutenu au besoin d'un peu de pourpre pu
teintes locales, et procédant, pour les ombres et la de sépia ; par le mélange du carmin avec le cobalt ou
recherche du modelé, de la même manière que pour l'indigo, on obtient encore un ton d'ombre très-un
lense, mais plus froid, fort utile en certaines occa-
-

les roses. -

Préparez, maintenant sur la palette une gamme de sions. Ne craignez pas dans les verts les plus sombres,
tons verts assortis à ceux du modèle." Vous les ferez d'introduire un peu de laque carminée ; cela leur donne
abondants et variés, afin de n'avoir plus à y revenir. plus de transparence et corrige la crudité,
Pour les verts les plus sombres, employez l'indigo, Maintenant, examinez si l'ensemble est harnKH
la gomme-gatté, la pierre de fiel, la laque carminée,. nieux ; voilez d'un léger glacis les-lumières trop vi-
ves*, les couleurs, trop entières; accentuez les détails,,
(1) Voir la dernière livraison. faites disparaître les duretés en y repassant douce-.
- -
ment le pinceau un peu humide; mettez de l'accord libre et spirituelle, voilà ce qu'il faut pour réussir
partout, et votre bouquet doit être terminé. — Que ces deux charmants croquis. Nos conseils seraient
si le résultat ne répondait pas à votre attente, n'en restés bien stériles, si nos chers élèves n'étaient point
:
prenez pas trop de souci ; il y a du remède prenez en état de mener à bien cette étude presque élémen-
l'éponge, lavez votre dessin à grande eau en inclinant taire et si peu nouvelle pour eux.
le papier pour faciliter l'écoulement du liquide; il Pl. 118. — Pivoine et oeillets. Étude de fleurs, par
vous restera une excellente ébauche, sur laquelle vous M. Censier. — D'abord, couvrez bien l'esquisse d'un
pourrez immédiatement renouveler l'expérience. trait léger, puis massez à l'estompe en commençant
A. BARBIER. par les plus grandes ombres et les points de vigueur;
réservez pour la fin les demi-teintes et gardez-vous
bien d'empiéter sur les lumières; laissez-les plutôt
plus larges qu'il ne faut; elles diminueront assez, et
Il$11111111 1Tb presque malgré vous, dans le cours de votre travail,
par suite de cette tendance qu'ont tous les commen-
çants à exagérer les ombres et à les étendre au delà
Planclies N. 115 à alto. de leurs vraies limites. Quand votre ébauche aura
acquis un certain aspect, revenez avec un grené de
PI. 115. — Une tête d'enfant, étude aux deux crayon n° 1 par-dessus les teintes d'estompe pour leur
crayons, par madame Joséphine Ducollet. — Deux donner plus d'énergie et d'égalité, et terminez par
lignes, l'une verticale, placée à volonté sur l'ensem- des hachures moelleuses dirigées dans le sens des
ble de la tête, et de manière à la traverser dans toute formes à rendre. — Voyez au surplus la leçon du
sa hauteur, l'autre horizontale et passant sous la pau- 25 octobre dernier, sur un modèle de fruits du même
pière inférieure de l'œil gauche, seront plus que suf- auteur.
fisantes pour déterminer l'inclinaison des plans, la Pl. 119. — Un cartouche d'ornement, par M. Nu-
forme des contours et la place des principaux détails. ma. — Voir, pour l'exécution, les leçons relatives
Il faut traiter cette étude d'un crayon délicat, harmo- à la p1. 65 et à la pl. 72, onzième et douzième li-
nieux, par teintes fines et fondues, sans dureté dans vraisons.
les ombres, sans rudesse dans le modelé. C'est une -
Pl. 120. Deux études de marine, par M. Morel-
tleur qui se flétrirait sous l'attouchement d'une main Fatio. — La première représente un petit brick ser-
trop virile. — Pour le surplus de l'exécution, voyez rant une partie de ses voiles. La ligne d'horizon de la
notre leçon du 25 septembre 1852, sur la planche 61. mer servira de repère pour le mouvement à donner
PI. 116. — Études d'architecture pittoresque, par à la coque et à la mâture; ces points essentiels une
M. V. Petit.
— Rien à dire sur ces deux croquis, fois trouvés, le reste n'offre plus de difficulté. Voir
que nous n'ayons déjà dit dans nos précédentes le- d'ailleurs notre leçon du 25 janvier, sur la pl. 89.—
çons, à propos d'autres modèles dus au même crayon. La seconde étude représente un navire en construc-
Il n'y a ici aucune difficulté nouvelle. Nous tion, et une chaloupe échouée sur sa hanche. Une
renvoyons
donc nos élèves à nos livraisons antérieures, spécia- ligne horizontale, allant de la poupe à la proue, ai-
lement à celle du 25 mai 1852, pl. 38. dera à apprécier la grâce des courbes qui donnent le
Pl. 117. — Deux études de fabriques pour le raccourci du bâtiment; une verticale déterminera son
paysage, par M. Hubert. - Même remarque que pour aplomb. Il en sera de même pour la chaloupe. Nous
le précédent modèle, et même renvoi aux nombreuses
ne parlons pas de l'ombre, que l'on obtiendra facile-
leçons dont cet excellent artiste nous déjà fourni la
a ment par les procédés ordinaires.
matière. De l'exactitude, de la franchise, une touche A. BARBIER.
mmm m FMWCIWS tinctes dans la Perspective. L'une qui détermine les
contours apparents des objets et leurs positions res-

1
ÉLÉMENTAIRE ET PRATIQUE pectives sur les différents plans où ils se trouvent ré-
partis ; l'autre qui cherche à saisir l'apparence et la
SPÉCIALEMENT APPLICABLE A L'ÉTUDE DU DESSIN
couleur même des objets, en tenant compte des mo-
D'APRÈS NATURE. difications qu'ils subissent sous la lumière et à travers
les couches plus ou moins épaisses d'air atmosphéri-
que qui les enveloppent et les séparent les uns des
autres. — La première est une science positive, ba-
PRÉLIMINAIRES. sée sur les principes les plus simples de la géomé-
trie: c'est la Perspective linéaire, celle dont nous
Élément et base essentielle de la peinture, le le, des- allons spécialement traiter. — La seconde, plus dé-
sin indique avec des lignes, des clairs et des ombres, pendante du sentiment que du raisonnement, de l'ob-
les contours apparents des corps, leur pose" et leur servation que de la science, constitue ce que les pein-
relief. tres appellent la Perspective aérienne : c'est elle qui
Les lignes, qui, dans la nature, servent de limites donne la vie et la couleur au tableau. On peut, aidé
aux surfaces des corps, sont plus ou moins compli- par la Perspective linéaire, produire des former cor-
quées; mais les plus simples de toutes, les plus régu- rectes et agréables ; mais la Perspective aérienne est
lières, et dès lors les plus faciles à saisir, sont, sans seule capable de les animer. — Nous nous réser-
contredit, celles de la géométrie élémentaire. Les vons d'en dire quelques mots à la fin de ces leçons.
premières notions de cette science sont donc néces- Tous les objets visibles sont soumis aux lois de la
saires au dessinateur; elles lui deviennent surtout in- Perspective.
dispensables pour l'intelligence et l'application des Tout tableau ou dessin qui représente fidèlement
règles les plus générales de la perspective linéaire, ces objets n'est autre chose qu'une perspective.
telles que nous allons les exposer. Nous engageons Par le dessin,, on cherche les contours des choses;
donc nos lecteurs à revoir avec une sérieuse attention, la Perspective fournit le moyen de trouver exacte-
avant de passer -outre, nos leçons du 25 mai et du 25 ment ces contours. C'est l'art de tracer sur une sur-
juin 1852, sur les planches 41, 42 et 48. Les dé- face plane toute sorte d'objets pittoresques avec une
monstrations qu'elles contiennent, et les figures doni exactitude suffisante, pour que ces objets peints pa-
elles sont accompagnées, suffiront à faire comprendre raissent aux yeux comme s'ils étaient réels, et qu'ils
ce qui doit suivre; d'ailleurs, et au besoin, nous sup- fussent vus à travers cette surface, supposée transpa-
pléerions, chemin faisant, à ce qui pourrait y man- rente, et dressés verticalement et de front en face du
quer; mais nous ne saurions trop insister sur la ri- spectateur.
goureuse nécessité de cette étude préparatoire, sans Scientifiquement parlant, cette dernière définition
laquelle tout le reste ne serait pour l'élève que lettre manque de précision ; mais elle suffit à la peinture,
morte et problème insoluble. — Nous supposons donc qui n'a que faire d'une très-grande rigueur mathéma-
ces premières connaissances acquises, et nous entrons tique dans la pratique de la Perspective.
en matière. Un spectateur étant placé en un lieu fixe, son œil
La Perspective a pour but de représenter les objets doit être considéré comme un point central d'où sont
tels qu'ils nous apparaissent dans la nature, eu égard à vus tous les objets qui peuvent être embrassés d'un
leur pose et à leur éloignement de l'œil qui les re- seul regard, sans aucune déviation de la tête, ni à
garde. droite, ni à gauche, ni en haut, ni en bas. L'étendue
, Il est, pour atteindre ce but, deux parties bien dis- de ce regard est la mesure naturelle de la plus grande
dimension qu'il soit possible de donner au chaùrp ter un site, un édifice, une ruine, ou tel autre dé-
d'un lableau. tail pittoresque, sous son aspect le plus agréable.
La vision s'opère par une multitude de rayons, Ceux mêmes qui se piquent, en ce genre, de copier
plus ou moins lumineux, allant des objets à l'œil. Ces le plus fidèlement la nature, sans y rien ajouter ni
rayons, qu'on est convenu d'appeler rayons visuels, retrancher, ne peuvent se passer de la Perspective,
sont comme. autant de petits fils conducteurs par lesquels car elle leur apprend à se bien placer devant leur su-
l'objet se communique à la vue. Il est facile de s'ima- jet, de manière à l'embrasser dans son ensemble d'un
-
giner la totalité des fils ou des rayons compris dans seul et même coup d'œil, sans être obligés de tourner
un seul coup d'œil, comme formant un eône (voir la la tête. Ils lui devront encore de mieux comprendre
huitième livraison, page 8, deuxième colonne) dont et de saisir plus rapidement l'agencement des lignes
la base s'appuierait à tous les points des objets vi- et la disposition des différents plans dont le site se
sibles, et le sommet au centre de l'œil du regardant. compose.
Ce cône s'appelle cône optique. Aux peintres de fleurs, de fruits ou de nature
Maintenant, nous comprendrons facilement la Pers- morte, elle enseigne à dessiner ces objets d'une gran-
pective, si nous supposons qu'entre notre œil, placé deur et d'une forme convenables, selon qu'ils sont
en un point fixe, et les-objets naturels que nous vou- plus ou moins éloignés de l'œil, ou dans des positions
Ions représenter, il existe une glace transparente po- variées, ainsi qu'à tracer avec grâce et précision les
sée de telle sorte, que nous puissions les voir à tra- contours d'une table, d'un vase, d'une corbeille, ou
vers et les calquer sur sa surface.; Ce calque sera la de tout autre objet analogue..
perspective exacte de ces objets. On peut encore sup- Enfin; elle devient d'une absolue nécessité pour
poser autant de rayons visuels qu'il y a de points vi- ceux qui consacrent particulièrement leur talent à la
sibles dans les objets aperçus au delà de la glace; sa peinture des monuments et des ruines, lorsqu'ils ne
surface en sera nécessairement traversée avant qu'ils peuvent se placera une distance favorable pour dessiner
arrivent jusqu'à l'œil du spectateur, et recevra au- sur place l'édifice qu'ils veulent représenter sous son
tant depqinis qu'il y aura de rayons; admettons pour plus bel aspect. La Perspective alors leur fournit des
un moment que ces points et ces rayons y laissent des moyens de suppléer à ce défaut de distance, et leur
traces sensibles, il est évident que ces traces forme- révèle, pour ainsi dire, la forme des objets qu'ils ne
ront encore une image perspective et fidèle des divers peuvent bien voir, ou dont ils n'ont même qu'une
objets-observés à travers le corps transparent. perspective très-incomplète.
C'est sur cette observation, réduite en théorie, que C'est-donc particulièrement aux peintres et aux
repose toute la science et la pratique de la Perspective. dessinateurs que - La Perspective est utile et néces-
La Perspective est un des premiers éléments des saire ; car elle contribue à donner a leurs œuvres cette
:

arts du dessin; elle est nécessaire dans tous les genres apparence de vérité sans laquelle il n'y a en peinture
de peinture,, afin d'éviter les effets bizarres et ridi- ni illusion ni intérêt.
cules dont on ne rencontre que trop d'exemples ;
A. BARBIER.
dans les œuvres ,de certains artistes, doués d'ail-
leurs d'un véritable talent. —<C< —
Elle enseigne à bien placer dans un tableau des ®aL@INl 01 U 8'5.Z5
figures humaines, à les mettre dans un juste rapport
avec les objets qui les environnent, à les dégrader de La spécialité de notre journal et les exigences de
grandeur selon le plan qu'elles occupent, à dessiner
notre enseignement ne nous laissent ni assez de loi-
leurs contours avec plus de facilité et de correction. sir ni assez d'espace pour faire ici de l'esthétique;
Elle apprend aux peintres de paysage à représen- !

nous ne pourrions pas même essayer de la critique


courante; à peine trouverons-nous place pour la no- Frère, Plassan, Fauvelet, Guillemin; et les Chouans
menclature là plus succincte dés" artistes et des ou- de M. Fortin, et là superbe chape de.vieux velours
vrages les plus remarqués du Salon de 1855. vert si bien peinte par M. Jacquaiid dans son tableau
Mademoiselle Rosa Bonheur reste toujours maî- de l'Amende honorable ; et le Christ rmcuneux de
tresse du turf artistique ; a elle les honneurs. Son M. Hébert, un peu plus affecté de strabisme qu'il ne
tableau du Marché aux chevaux n'a pas cessé d'être convient a un Dieu peut-être. — N'oublions pas les
l'oeuvre la plus mâle et la plus complète de l'exposi- Baigneuses de M. Courbet, ni la Fileuse, du même.,
tion. Géricault n'a jamais mieux peint les chevaux ; cauchemars d'un homme de talent qui s'est enivré
et encore j'aime mieux la palette de mademoiselle avec un charretier et endormi sur les genoux d'une
Rosa Bonheur que celle de Géricault; elle est plus vachère. Enfin, et pour finir sur des idées plus -agréa..
transparente et plus légère. Il y a encore de cette bles, citons encore les beaux paysages de Troyon,
excellente artiste un Pâturage normand, que Paul Corot, "Français, L. Cabat, Bellel, Jules Noël, dont
Pôtter s'honorerait de signer. les toiles sont dignes de lutter avec ce que les vieilles
Le Tepidarium (1) de M. Th. Chassériau a eu écoles nous ont laissé de meilleur en ce genre.
l'avantage d'attirer l'attention du public amateur; Tel est, en abrégé, le Salon de 1855 : — Fera-t-il
c'est un succès, mais un succès très-discuté par quel- oublier-celui de 1852?—Nous ne le croyons pas :—
ques-uns. Les 'opinions sont très-partagées sur le c'est plutôt le contraire qui arrivera.
talent de l'artiste; mais au moins lui doit-on cette - A. BARBIER.

justice que, s'il fait mauvais (argot d'atelier), c'est de


très-bonne foi et magistralement.
Dans le Montaigne mourant de M. Robert Fleury, Eue£ la§£ [MENTIE
on ne reconnaît pas la puissance d'effet et la vigueur
de coloris qui distinguent ordinairement ses ouvrages.
De son côté, M. Meissonnier, dans ses petits chefs- Planches IV. ft
191 196.
d'œuvre, nous semble n'avoir plus la même ampleur
ni la même franchise de touche, et, sincèrement, Pl. 121. — La Petite chapelle, sujet de genre, sur
nous le regretterions. M. Hamon a exposé une idylle papier demi-teinte, par M. Jules David.
charmante, Ma sœur n'y est pas, fort appréciée des Ce n'est pas, là précisément un modèle que nous
gens d'un goût délicat ; comme dessin et comme in- proposons à nos élèves ; il dépasserai t. la, force du
tention, rien n'est plus gracieux ni plus finement plus grand nombre d'entre eux ; — c'est plutôt une
senti. Quant à la couleur, il n'en faut point parler ; récréation pour leurs yeux, un encouragement pour
il y a parti pris chez M. Hamon d'en répudier jusqu'à leurs travaux, qu'un enseignement positif.. — Cepen-
l'apparence. — Nous ne parlerons pas de YAmbroise dant, nous ne voudrions pas, par ces paroles, arrêter
Paré de M. Matout; c'est de la peinture de cliirur- l'élan et paralyser lao' louable.- émulation de ceux qui
gien ; cela regarde l'anphithéâtre de l'École de mé- se croiraient capables de tenter l'aventure ; si le. suc-
decine bien plus que l'Académie. cès justifiait leur ambition, ce résultat de nos leçons
Mais l'espace va nous manquer :-
Hâtons-nous de nous flatterait encore plus qu'eux-mêmes, car il té-
moignerait en faveur de la sûreté dé nos méthodes et
citer encore M. Léon Benouville, auteur d'un saint
François d'Assise, aussi judicieusement peint que de l'utilité pratique de notre enseignement, — Que
pensé; et lés charmants tableaux de genre de MM. Ed. ceux qui ne s'effrayeront pas de la difficulté que
pourra leur présenter la copie à faire de ce charmant
(1) Salle ou les femmes de Pompéi venaient se sécli-er en croquis prennent donc hardiment leur papier, de teinte
sortant du bain. harmonieuse, et leurs crayons ; voici quelques indica-
-
tions et quelques conseils propres à les guider et à études de feuillé, jusqu'à ce qu'enfin ils s'en soient
les soutenir dans leur entreprise : rendus maîtres; car; sans une certaine manière facile
D'abord, avant de s'attaquer au tout ensemble, et gracieuse de traiter les arbres et leurs différents
l'élève pourrait s'essayer sur un seul groupe, comme caractères, il n'y a ni paysages ni paysagistes.
celui par exempte des deux enfants assis sur le pre- PI. 123. — Tussilages, études de plantes, par
mier plan, ou celui dtt passant et de la petite fille qui M. Hubert. — Tracez l'esquisse d'une main légère,
fait-la quête, ou bien encore celui delà jeune mère et en conservant bien à ces feuilles épanouies sur leur
de son enfant. Si l'épreuve lui réussit, qu'il n'hésite tige leur attitude élégante : une ligne horizontale me-
plus à aborder le modèle tout entier.
— Pour arriver née à travers le groupe aidera à en faire mieux com-
plus sûrement à reproduire avec exactitude, dans prendre la disposition pittoresque, ainsi qu'à trouver
l'esquisse, les positions et les proportions relatives la place de chaque détail. — Maintenant, attaquez le
des personnages' de cette scène, nous conseillons de ;
fond franchement il y a la des osiers qui doiventêtre
recouvrir la totalité du dessin d'un réseau de carreaux indiqués à grands traits allongés, de manière, a faire
réguliers, comme nous l'avons déjà enseigné, page 24 sentir la légèreté du feuillage et la flexibilité des ra-
et planche 72 de notre 12e livraison. On répétera meaux ; ombrez ensuite la plante en commençant par
fidèlement ce réseau sur la feuille destinée à la copie : les points de vigueur et les teintes les plus larges ;
on comprend quelle facilité il offrira pour faire l'es- vous passerez de là aux détails des nervures, et vous
quisse presque à coup sûr et du premier coup ; il ne finirez avec un crayon tendre, en revenant mettre du
faudra qu'un peu d'attention à suivre le passage des noir dans les dessous et dans tout ce qui fait trou. —
lignes dans chaque carreau. — L'esquisse une fois Les terrains se traitent dans, le même sentiment que
faite et chaque détail exactement indiqué à sa place, les arbres, autant que possible au premier coup, et
t'en passera aux ombres, que l'on exécutera par la d'une main libre et ferme.
méthode ordinaire, en commençant par les points les -
Pl. 124. — Tête de jeune fille, étude. Une ligne
plus vigoureux et terminant par les teintes les plus verticale, partant du sommet de la tête, et passant par
légères ; il ne faudra qu'y apporter seulement encore le larmier de l'œil gauche et le milieu de la bouche,
plus de patience et de soin, un crayon plus délicat et suffira pour guider l'élève dans le tracé de l'esquisse ;
plus moelleux, à cause de la finesse des détails. Ce les moins habiles pourront y ajouter un plan horizon-
travail terminé, quelques touches de blanc de gouache tal, partant de l'angle externe de l'œil gauche et pas-
spirituellement posées sur les linges et sur la muraille sant sous l'œil droit ; avec ces deux béquilles, le plus
achèveront le dessin. maladroit devra marcher tout seul. — Quant aux
Pl. 122. — Deux études de feuillé, par M. Hubert. ombres, on procédera largement en suivant à la lettre
A gauche le Hêtre, à droite le Noyer. Sous le la marche indiquée pour la pl. 82. (Livraison de dé-

rapport de l'esquisse, ces deux études n'ont plus cembre. )
rien de difficile pour nos élèves ; mais il en doit être PI. 125. — Étude d'ornement. — Partagez le des-
autrement du travail du feuillé, véritable pierre d'a- sin en deux parties égales par une ligne abaissée du
choppetoent pour tous ceux qui ne sont pas encore sommet à la base; faites l'esquisse bien symétrique
suffisamment familiarisés avec le maniement du de chaque moitié, et ombrez comme il est dit pour les
crayon. Ils trouveront à ce sujet d'utiles indications pl. 65 et 72,14e et 12e livraisons.
dans notre leçon du 25 juillet 1852, sur la pl. 51, et Pl. 126. — Exercices de dessin linéaire. — Voir,
dans celle du 25 novembre de la même année, sur la pour l'exécution, nos précédentes leçons sur des
pl. 76. Qu'ils les relisent et surtout qu'ils en profi- études entièrement analogues.—11 sera bon, pour,
tent. Nous ne saurions trop insister auprès de nos donner de la sûreté à la main, d'exécuter quelquefois
élèves sur la nécessité de revenir souvent sur ces ces dessins sans règle ni compas. A. BAIÎBIEK.
SSMUJ1IL M 311SF1OTa se rapprocher. Il suit de là que plus Ja distance aug-
mente entre l'œil et les objets, plos l'angle optique se
ÉLÉMENTAIRE ET PRATIQUE resserre, plus les dimensions de ces objets diminuent.
Exemple (fig. 3) : A B C D est une glace transparente,
SPÉCIALEMENT APPLICABLE A L'ÉTUDE DU DESSIN
dressée verticalement entre le spectateur 0 et les trois
D'APRÈS NiTlJRE.
jalons G F, HI, L M, placés derrière cette glace à
différentes profondeurs. Élevez sur la glace la verti-
cale E K faisant face au regardant; tirez les rayons
G 0, F 0, H 0,10, L 0, M 0, vous aurez sur la glace
II
g f pour la grandeur du premier jalon, h i pour celle
Du point de vue, de la distance, de l'angle optique, de du second, l m pour celle du troisième, et ainsi de
la ligne de terre ou base du tableau, de l'horizon suite, toujours en diminuant, jusqu'à perte de vue,
et du terrain perspectif. si vous augmentez indéfiniment le nombre des jalons.
Tous les objets visibles semblent donc diminuer de
Quand on se place devant un objet quelconque, une grandeur à mesure qu'ils s'éloignent de nous, et ils
scène ou un site pour les dessiner, il faut avoir atten- disparaissent complétement au delà d'une plus ou
tion de le faire de façon à pouvoir en embrasser l'en- moins grande distance, selon qu'ils sont plus ou moins
semble et les détails d'un seul et même coup d'œil. grands.
Par là on détermine à la fois le point de vue et la C'est là une vérité que totir le monde a pu éprouver,
distance, qui doivent rester invariables jusqu'à l'en- et, en même temps, le principe essentiel sur lequel
tière confection du dessin. repose toute la perspective proprement dite.
On peut aisément concevoir le point de vue comme Le plus difficile, a dit un peintre de paysages, n'est
un point placé dans l'œil même du spectateur, et ser- pas de trouver un site pittoresque, c'est de s'y asseoir;
vant de centre commun à tous les rayons visuels dont en d'autres termes, de savoir choisir le point de vue
se compose le cône optique. et la distance les plus favorables au développement
On appelle angle optique J'angle formé par l'écar- gracieux des lignes et des formes des principaux ob-
tement de deux rayons visuels, partant de chaque ex- jets dont il se compose. On sent que c'est là une
trémité de Tune des dimensions d'un objet observé question de goût et d'expérience, pour la solution de
ou d'un espace circonscrit d'avance. laquelle on ne saurait donner de règles précises.
Soit, par exemple (pl. 131, fig. 1), le jalon vertical Pour déterminer la distance, il faut d'abord re-
A B; 0 l'œil de l'observateur qui le regarde,
ou le marquer que l'on ne peut bien voir un objet si l'on
point de vue. Les lignes A 0, B 0, sont des rayons en est trop près ou trop loin. Vu de trop près, c'est-
visuels; l'angle A 0 B, un angle optique. à-dire sous un angle visuel trop ouvert, il se déforme
Le cône optique, étant composé d'une multitude in- et prend des apparences pénibles à l'œil; de trop
finie de rayons, renferme nécessairement une infinité loin, sous un angle visuel par conséquent trop aigu,
d'angles aussi variés de mesure que le sont les dimen- il devient vague et ne présente plus que des formes
sions des objets naturels. douteuses. — La distance sera suffisante, si du point
Plus l'objet est rapproché de l'œil, plus l'angle op- où l'on s'est placé l'on peut aisément saisir l'ensem-
tique est ouvert; plus il en est éloigné, plus l'angle se ble et les principaux détails du paysage que l'on veut
resserre. Transportons en 0' (fig. 1) notre premier dessiner, commèVil était renfermé dans un cadre ima-
spectateur, le nouvel angle A 0' B, formé des rayons ginaire dont on apercevrait tous les bords à la fois.
A 0', B 0', est plus petit que le premier, c'est-à-dire En général, et cela dit, non comme règle,, mais
que ses deux côtés ont une tendance plus marquée a comme simple'conseil, la distance ne peut guère être
faite plus petite que deux fois la base du tableau, ni aussi la mesure descelle distance prise de l'œil au
plus grande qne trois fois cette même base. tableau, comme B C la donne du pied deTobserva-

gne
Dans là fig. 1, la distance du spectateur 0 à, la li- ;
AB serait représentée par la ligne G 0; elle serait
leur à la ligne de terre. : -
-
::
Après avoir choisi son point de vue et déterminé la
- trop petite. La seconde distance G 0', pour le second' distance, là première chose à faire, en arrivant sur le
spectateur plus éloigné, serait à peine suffisante. terrain, est de constater et de^iixer la hauteur de
Veut-on un exemple de l'influence de la distance: l'horizon.
sur l'apparence des objets? - -
Si l'on considère du rivage "une certaine étendue de
Ce cube abc d e fil (fig. 3) est tracé en prenant mer, l'horizon est cefte ligpe, circulaire en réalité,
pour la distance la moitié de la basedu;lableaû::— mais droite en apparence, qui semble séparer le ciel
(fig. 4) la distance égale la base du tableau; (fig. 5)'
— dés eaux. Il est le terme de la plus grande étendue de
la distance égale deux fois la base du tableau;— (fig.6) la vue, 1 toujours nu. niveau de Voeil, et par conséquent
la distance égale le triple de la base du tableau. parallèle à la ligne de terre;.mais sa hauteur'-peut va-
La troisième et la quatrième de ces représentations rier selon le lieu où l'observateur est placé; si celui-ci
ne sont-elles les plus agréables à l'œil et les mieux s'élève, l'horizon s'élève avec lui, s'il descend, l'ho-
pas
proportionnées? rizon s'abaisse, fidèle,. en cela, à la loi d'optique, qui
La distance, une fois arrêtée ne peut plus subir au- le place invariablement à' la hauteur de l'œil de celui :
cune modification; tous les objets représentés dans Je qui regarde. :' -: ':
tableau doivent lui être subordonnés. Il est facile La plupart des fautes de perspective viennent de ce r
de l'apprécier, devant la nature, en estimant à peu que le peintre ne s'est pas bien rendu compte de la
près l'éloignement où l'on se trouve d'un' détail hauteur de Yhcrizon.
qui doit figurér au premier plan et sur le bord infé- L'horizon du tableau est donc un point capital à
rieur du dessin ou tableau, peu importe le' mot ; en déterminer, si l'on veut faire une perspective a peu
perspective, ces deux termes sont synonymes. Ce dé- près correcte et sans défauts trop apparents.
tail observé, supposez au-dessous une ligne droite Quand on s'est placé pour dessiner ou peindre une
horizontale, cette ligne sera la base du tableau, ce d'après nature, l'horizon est dès lors irrévocable-
vue
que les peintres appellent la ligne de terre, à partir ment fixé; si le site est borné par la mer, l'horizon
de laquelle commence, dans la nature, le terrain que est visible, il n'y a qu'a copier; sinon, il faut le trou-
le peintre copie. On comprend qu'une droite partant
ver, ce qui n'est pas plus difficile, car si le peintre
des pieds du spectateur, et perpendiculaire a cette conçoit à la hauteur de ses yeux, et parallèlement à
ligne, qu'elle viendrait couper à angles droits, don- leur plan, une ligne de niveaii passant par un point
nerait assez exactement la mesure de la distance. de quelque objet visible, et qu'il remarque la situa-
La connaissance exacte de cette mesure n'est abso- tion de ce point par rapport à la ligne de terre, il
lument nécessaire que lorsque l'on opère chez soi, la hauteur
aura la de l'horizon assez exactement pour
nature absente, d'après un dessin incomplet, ou mal l'indiquer sur son tableau. -
pris, auquel on veut faire subir un changement im- Résumons tous les points essentiels de cette leçon
portant ouajouler quelque détail nouveau. dans un exemple. (Pl. 132, fig. K) — Le quadri-
Pour éclaircir cette proposition par un exemple
latère ABC D représentant la surface d'un tableau
(voy. pl. 132, fige 7) : soit A B C D la glace
ou le ta- ou dessin placé verticalement en face du spectateur
bleau, ce qui revient au même, et 0 X le spectateur;
de manière que son regard puisse en embrasser
B C sera la ligne de terre, K X, perpendiculaire à
B C, aisément toute l'étendue, B C sera la ligne de-terre'
la distance; le rayon visuel 0 Z, perpendiculaire à la
ou base du tableau; AB et C D seront ses deux cô-
surface de la.glace, et parallèle et égal à B C, donnera
tés; AD, la limite supérieure, que l'on fixe à volonté
selon que lè site a représenter se développe en hau-
teur ou'en largeur. Ordinairement la meilleure fôrmeJ
irsiit Élu li t®rr
;:j
à donner au tableau est celle d'un rectangle un peu
allongé; La forma trop carjrée est disgracieuse et peu
::

:
favorable à un beau développement des lignes, Planche* N. 1%7 A l3%.
Pour le spectateur 0, qui est debout et - placé ici
sur le c<Hë, mais que nous supposons vis-à-vis delà
verticale LN, en avant du tableau, l'horizon est re~-
présenté par 0 E; pour celui qui est assis 0', fig. 9
par 0' 1; pour le troisième, fig. 10, monté sur une
plate-ibrme, par 0' G. ;— Maintenant, admettons
-
Pl. 127. — Une tête

!
— Fac simile d'un croquis de Charlel, par? madame!

Joséphine Ducollet.
XIII.,
de soldat du temps de Louis

L'esquisse doit être faite avec une certaine Jiar-r


diesse, carrément et sans mollesse dans les lignes?
qu'une grande plaine bien unie se déploie sous Foeil il faut que le crayon, librement conduit, n'y laisse"
point soupçonner la peine. Pour arriver à ce résultat,
du spectateur 0, fig. 8, il verra l'horizon au niveau
des yeux de tous les personnages posés debout dans aidez-vous des procédés' ordinaires; par* exenfplë,
*
'*1
cette plaine; tandis que 0«« le spectateur assis, fig. 9, d'une verticale partant du sommet du chapeau et'pas-
l'horizonabaisse à la hauteur de œil, par- sant par l'angleinterne de l'œil droit pour venir abou-
verra son
tir à la boucle du baudrier, plus d'une horizontale in-
tager à peu près chaque persDnnage en deux parties,
égales; et 0", monté sur la plaie-forme, fig. 10, l'ho- diquant le plan des yeux; une autre horizontale, allant
rizon élevé au-dessus de la tête de ces mêmes per- d'un bord à J'autre du chapeau, sera aussi d'un bon
sonoagës d'une quantité perspeclivement égale à la: secours pour lui donner le mouvementé la-tournure
hauteur de cette plate-forme; c'est-à-dire que si célle-cil cavalière. Quand le trait sera arrêté, on attaquera
la hauteur d'un homme, il verra l'horizon élevé franchement les ombres par les touches de vigueur,
a
d'une hauteur d'homme au-dessus de la tête de cha- principalement aux yeux, sous le nez, sous la mous-
tache, dans la barbe et la chevelure. On passera en-
que personnage, à quelque distance qu'il se trouve.
Cette observation nous apprend à juger rapidement suite aux demi-teintes qu'on préparera aveç un gréné,)
si des figures placées dans un tableau, à différentes recouvert de courtes hachures formant des losanges,
profondeurs, sont bien a leur plan sur le terrain un peu allongées. Le crayon noir n° 1 sera le meilleur,
perspectif, et dégradées de grandeur, selon leur éloi- pour ce dernier travail. On achèvera avec quelques
touches de blanc au pinceau, comme on les voit au
gnement.
La ligne L N, fig. 8, qui partage le tableau en modèle. -
>

deux parties égales, s'appelle la verticale du tableau,


PI. 128. — Têtes de lion et de lionnes, étude dé
et le point d'intersection de cette ligne avec l'horizon, M: Victor Adam. - Nous ne voyons ici aucune né-
en V, le point de vue ou point principal. — Dans ce' cessité de nous livrer à de nouveaux commentaires
cas, Y0 serait la mesure de la distance, reportée ici : :
les indications contenues dans nos précédentes leçons,:.
sur Yhorizon, a côté du tableau, par l'impossibilité de principalement dans celles des 25 novembre et 25
la représenter dans sa situation véritable vis-à-vis du
décembre derniers, sur des croquis du même artiste,
point de vue même. — L'espace compris entre la
sont plus que suffisantes pour guider l'élève.
base du tableau et son horizon, comme ici B E, fig.
8, B 1, fig. 9, B G, fig. 10, s'appelle terrain per- PI. 129. — Un paysage, par M. Hubert. — Tout le
spectif.. succès de la copie dépend ici du plus ou. moins de
A. BAUBIER. zèle qu'on aura mis à mettre, en pratique nos conseils:
tout récents sur l'étude des arbres, et du feuillé; nous
ne saurions faire mieux que d'y renvoyer nos élèves.
- Voir notre dernière livraison, ainsi que celles de
juillet et de novembre 1852.
annoncé la résolution qui tarait été piisede ne plus disséminer
à l'avenir les encouragements de l'administration. Les fonds si
restreints qui constituent la dotation des beaux-arts seraient
Pl. 130. — Deux croquis de mâtine, par Morel Fa- désormais répartis entre un petit nombre d'artistes d'un ta-
lent éprouvé, chargés seuls de tous les travaux importants.
tio. — Le premier est tout élémentaire et n'a pas
Quant au demeurant des pauvres artistes, à la plèbe qui n'a
besoin d'être expliqué, — Le second offre un aspect
pas assez d'essor pour at rivep au premier rang, -elle vivra
et des formes plus difficiles à. saisir; mais quelques comme elle pourra, disetteuse, méprisée, conspuée, en at-
lignes placées avec intelligence auront bientôt fait tendant une place à Bicêtre ou dans l'entreprise du balayage
évanouir ces difficultés apparentes; nous renvoyons public. — A la bonne heure! Nous souhaitons qu'une mesure
d'ailleurs, pour la méthode à suivre et pour le surplus si peu favorable au plus grand nombre des artistes tourne
réellement au profit de l'art.
de l'exécution, à nos leçons des 25 juin et 25 jan-
Pour revenir à notre sujet, voici quelques-uns des noms
vier derniers sur les pl. 120 et 89.
proclamés à la suite de ces deux discours par M. le directeur
général des musées impériaux.
Pl. 131 et 132. — Perspective. — Voir notre ar-
Dans la Légion d'honneur, ont été promus -au grade d'offi-
ticle Perspective de ce jour.
cier, Lehman (Henni), peintre d'histoire, et Duret, sculpteur,
A. BARBIEU.
bien qu'aucun ouvrage de ces deux messieurs n'eût figuré à -

<« »> l'exposition de cette année. — Ont été nommés chevaliers,


MM. Français, paysage, et Ed. Dubuffe, histoire; Chenavard,
histoire; André (Jules), paysage; Hébert, histoire; le peintre
~(MM~M B)M M~. de la Malaria, Willems, peintre belge, genre; Cavelier, sculp-
teur; l'auteur de la Pénélope, etc., etc. — Par décision spé-
ciale, mademoiselle Rosa Bonheur et madame Herbelin sont
affranchies désormais de l'obligation de soumettre leurs ou-
SALON DE 1853. — RÉCOMPENSES. vrages à l'examen du jury. Il a semblé à tout le monde que
leur talent éminent méritait mieux, et l'on a peine à com-
Le 26 juillet dernier a eu lieu, dans le grand salon carré prendre ce qui a pu empêcher l'administration d'accorder à
du Louvre, la distribution des récompenses accordées aux ces dames ce même ruban dont elle n'hésite pas à décorer une
artistes qui se sont distingués à l'exposition de 1853. Cette sœur de charité, ou même une cantinière : si le dévouement
solennité était présidée par S. A. 1. le prince Napoléon, ayant a des droits, le talent a aussi les siens.
à sa droite M. le ministre d'État, à sa gauche M. le directeur La MÉDAILLE D'HONNEUR a été attribuée à M. Henriquel Dupont,
général des Musées. Un nombreux public, composé des mem- graveur et membre de l'Institut. On pouvait croire que sa
bres de l'Académie des Beaux-Arts, de ceux du jury d'admis- qualité d'académicien le mettait au-dessus d'une telle récom-
sion et d'un assez grand nombre d'artistes, remplissait le reste pense, si honorable qu'elle soit. Aussi neTa-t-il acceptée qu'à
du salon. la condition de pouvoir disposer des quatre mille francs aux-
Après une courte allocution du prince tout en l'honneur quels cette distinction lui donnait droit de la manière sui-
de l'art, et pleine de promesses bienveillantes pour les ar- vante : deux mille francs en faveur de l'association des artis-
tistes, M. le ministre a pris à son tour la parole. Ce second tes, deux mille francs à ajouter aux recettes de l'exposition.
discours était comme le correctif du premier. Ainsi, M. le Nous ne pouvons qu'applaudir à cet acte de haute convenance
ministre estime que nos jeunes artistes, trop séduits par les et de parfaite délicatesse.
parties purement techniques et matérielles de l'art, ne se li- Parmi les médaillistes, nous avons remarqué, dans la pre-
vrent pas assez à la recherche de FiDÉAL. — Voilà un grand mière classe, les noms de MM. Daubigny, paysage; Léon Be-
mot : l'idéal! — Mais qu'est-ce que l'idéal? où le trouver? nouvilleetJalabert, peintres d'histoire; dans la seconde, ceux

Dans les œuvres des maîtres ; mais lesquels ? — Titien et de MM. Millet, genre; Lambinet, paysage; Maréchales, his-
Rembrandt l'entendaient-ils comme Michel-Ange et Raphaël ? toire; enfin, dans la troisième, ceux de MM. Hamon, Chevét
Corrége et Murillo comme Poussin et Lesueur? De quel idéal et Dehodencq, peintres de genre; Noël (Jules), paysage. La
voulez-vous parler ? — Il serait bon de s'entendre sur la va- sculpture a obtenu aussi deux médailles de première classe,
leur do mot- et sur le sens précis que vous lui donnez dans décernées à MM. Maillet et Loison, et la gravure une à M. Fran-
votre pensée, avant de passer outre. Son Excellence a aussi çois (Jules). Il n'y en a pas eu pour l'architecture!
et se réunir a leurs extrémités en un point de l'hori-
ffiMUJB, m ~~k~irmMM~iË) zon du tableau. Tel est l'effet que produit une route
ÉLÉMENTAIRE ET PRATIQUE
tracée en ligne droite à perte de vue, ou une longue
avenue plantée d'arbres. Voyez, fig. 11 , les lignes
SPÉCIALEMENT APPLICABLE A L'ÉTUDE DU DESSIN E V, F V' de la voie antique, et dans la fig. 12,
représentant un canal fuyant à l'horizon , les paral-
lèles A V, B V, C V, D V, P V, L V.
Si une surface plane horizontale est située au-
dessous de l'œil, comme A B C D (fig. 13), elle
paraît s'élever en s'éloignant. Tel est l'effet que pro-
duit le sol de la voie antique dans la fig. 11.
et remarques. Si cette surface est placée horizontalement à la
hauteur de l'œil, elle paraîtra une ligne droite ( À"
Nous supposons toujours le tableau représenté par B" C" D", fige 13) se confondant avec l'horizon.

une surface placée verticalement vis-à-vis le specta- Si elle est située au-dessus de l'œil, comme en a b
teur, soit ici A B C D, fig. 11, pl. 138. c d (fig. 13), elle semble s'abaisser en s'éloignant.
Toutes les lignes ou surfaces parallèles à ce tableau Voyez dans la dernière leçon , pl. 131, les plafonds
sont dites lignes ou surfaces de front ; ainsi, même des intérieurs représentés dans les fig. 3, 4, 5 et 6.
figure, ef g h est une surface de front, e f, f h, h g, Par une conséquence toute naturelle de ce prin-
etc., sont des lignes vues de front. cipe on comprend que plus cette surface se rappro-
,
ToutesJes lignes ou surfaces qui ne sont pas paral- che de l'horizon , plus elle se resserre, moins elle
lèles au tableau sont dites lignes on surfaces fuyantes, paraît avoir de développement en profondeur. Pour
c'est-à-dire qui ont l'air de s'éloigner de l'œil et de se convaincre de cette vérité, il suffit de compare1*
s'enfoncer dans le tableau; voyez, toujours même entre eux les deux carrés superposés A B C D, A' B\
fig. 11, les lignes fuyantes hi, 1 m, n o, et les sur- C' D' , fig., 13.
faces fuyantes h i,fs, 1 m-, no. On peut d'ailleurs vérifier le fait par soi-même :
On appelle largeur ou perspective la dimension ,
prenez une planchette un livre mince, un carton,
horizontale d'une surface de front, comme ici e fou donnez-lui la position horizontale et élevez-le ou
9 h ; et hauteur sa dimension verticale r v. abaissez-le tour à tour au-dessus et au-dessous du
On appelle profondeur la dimension d'une surface niveau de l'œil, et vous verrez se produire successi-
fuyante prise dans le sens de sa direction vers l'hori- vement tous ces çffets qui sont dus à la même cause,
zon; les lignes f s, (tig; 11), donnent les profon- -, c'est-à-dire à la diminution apparente et graduelle de
no
deurs des surfaces fuyantes hi f s, Imn o. grandeur qu'éprouvent les lignes et les surfaces, et
Dégradation linéaire se dit de la diminution de généralement tous les objets naturels, à mesure
grandeur qu'éprouvent les objets à mesure qu'ils qu'ils s'éloignent de nous.
s'éloignent de plus en plus de l'œil du spectateur : il Les lignes géométrales parallèles entre elles, vues
y a dégradation linéaire entre les deux tours g h et de front, restent parallèles en perspective. Voyez,
t p de la fig. 11 ; également dans les largeurs E F, fig. 11, les lignes E F G H, 1 K, donnant les lar-
,
G H, 1 K, de la voie antique qui occupe le milieu geurs successives de la route E Y F, et fig. 13 les
du tableau, dans les croisées fuyantes du bâtiment horizontales A, A', A", a. - Les verticales restent
m rn p qui la borde à droite. :
verticales ; exemples fig. 11, les côtés de la tour
Les lignes parallèles prolongées à une grande dis- e g, f h, s t, et les arrêts du bâtiment à droite n m,
tance paraissent se rapprocher les unes des autres, rp, etc. ; fig. 13, les lignes A a , B b, C c, D d.
La perspective d'une surface plane quelconque et A B G S : plus il s'éLoigne de la verticale, a
droite
parallèle au tableau (lonne une figure semblable à et, a gauche, plus l'apparence de, ses côtés grandit
(cns delà profondeur; voyez encore ici H,
l'original. Ainsi un rectangle, un cercle, parallèles dans le
au tableau , ne changent pas d'apparence mais seu- F, 1, P, etc. : remarquez qu'en P une partie dusolide
lement de grandeur, selon leur éloignemenl de l'œil. est engagée sur l'horizon , ce qui ne permet de voir
Soit donné, par exemple, le tableau transparent ni le dessus ni le dessous.

A B C D (fig. 14) ; au delà le spectateur 0, que nous A. BARBIER.

supposons placé au point de vue yis-à vis le point


central V; et-en deçà, de ce côté-ci delà glace, le
rectangle géométral E F G H fixé-au point R du
terrain perspectif, sur la verticale R P; le second ENSEIGNEMENT.
rectangle, plus petit, mais semblable, e f g h, sera,
pour le spectateur 0, la reproduction perspective, sur
le tableau du premier rectangle. Il en sera de même
du cercle T X , représenté- par t x. Planches N. 133 à 13S.
Mais si ces figures sont vues obliquement, c'est-à-
dite sur un plan formant un angle quelconque avec la Pi. do5. — Étude de géranium, par M. Gensier.
base et le plan vertical du tableau, comme ici en L M Nous avons déjà eu l'occasion de fixer l'attention

F H pour le rectangle, et en K Z pour le cercle, elles de nos élèves sur des études du même genre et sor-
changent d'apparence; le cercle se montre sous la ties du même crayon. Revoyez nos leçons du 25 oc-
forme d'un ovale, le rectangle sous celle d'un trapèze, tobre 1852* et du 25 juin 1855. Elles contiennent
et ainsi du reste pour toutes les autres surfaces régu- toutes les indications nécessaires pour mener à bien
lières ou irrégulières placées dans des conditions ana- ce nouveau dessin beaucoup moins compliqué : seu-
logues, et par conséquent plus ou moins soumises, lement, comme il est destiné à être colorié, ne forcez
selon le degré de leur obliquité avec le plan du ta- pas les ombres, en d'autres termes, touchez-les
bleau, aux déformations que la perspective leur fait d'une main légère, et ne les chargez pas trop de
subir. crayon, afin de conserver plus de pureté et de trans-
Entin, un solide, placé de manière à n'offrir à la parence aux teintes que vous devrez mettre ensuite.
vue qu'une seule de ses faces, ne paraît que comme Pour obtenir plus sûrement ce résultat, il serait bon
,
une simple surface. Voyez fig. 15, le solide ABC peut-être de tremper préalablement le dessin crayonné
D mis en perspective sur le devant du tableau ; dans une eau légèrement gommée, ce qui aurait l'a-

le spectateur 0, placé ici sur le côté pour la plus vantage de fixer assez le crayon pour l'empêcher de
grande facilité de l'opération , est censé faire face au se mêler aux teintes. Cette préparation faite et votre
point central V ; — élevez ce solide à la hauteur de papier bien séché, prenez votre pinceau et couvrez la
l'horizon, de manière à cacher le point V au specta- fleur d'un ton léger composé de laque carminée et
teur 0, il ne présentera plus qu'une surface A' B' C' d'une pointe de vermillon ; laissez sécher et revenez
D'. —Profitons de l'occasion pour faire manœuvrer dans les ombres avec cette même teinte un peu ren-
ce solide dans le champ du tableau, et pour obser- forcée, et en adoucissant les bords du côté qui con-
ver les diverses modifications qu'il éprouve suivant la fine'à la lumière. Faites pour les feuilles, et appliquez
place qu'il occupe : plus il est élevé au-dessus de de la même manière un vert composé d'indigo, cYocre
l'horizon, plus la face inférieure se développe. Voyez, jaune, et ravivé, au.besoin, d'un peu de jaune indien-
même fig. 15, H, F, G, 1 : plus il est abaissé au-des- ou de laque jaune, pour lui donner plus de fraîcheur.
sous , plus la. face supérieure apparaît ; voyez L, M, Consultez au surplus, pour cette partie de l'exécution,
nos deux leçons d'aquarelle appliquée à la peinture sin, et de répéter ces essais avec persévérance jusqu'à
des fleurs, dans nos 196 et 206 numéros. ce qu'on soit parvenu, par une imitation d'abord
presque servile, ensuite plus libre, à rendre la légè-
Pl. 154. Étude de tête lithographiée, d'après de reté du coup de crayon, l'esprit de la louche, et enfin

Rudder, par madame Joséphine Ducollet. l'aspect et le modelé d'une masse quelconque prise au
Cette tête d'adulte est remarquable par la finesse hasard. On devra aussi tenir compte de la différence
du trait, le sentiment recueilli de l'expression, l'in- d'exécution qui existe entre les arbres du premier
telligence du regard et la distinction de l'ensemble, plan et ceux du second, qui sont beaucoup plus sim-
autant de caractères qu'il faut s'efforcer de repro- plement accusés quant aux détails, et pour ainsi dire
duire. On n'y parviendra que par une très-grande presque effacés. Ces premières difficultés surmontées,
exactitude dans l'esquisse ; il faut donc y apporter une faites votre esquisse en commençant par les prin-
particulière attention. — Après avoir établi ses prin- cipaux bois,et groupant autour les masses de feuil-
cipales lignes, soit ici une verticale partant de la sé- lage. Vous ombrerez en attaquant franchemeut les
paration des cheveux sur le front, une horizontale vigueurs avec un crayon noir et tendre, et passant
traversant l'œil droit et venant passer sous l'œil gau- ensuite au détail des feuilles avec un crayon plus
che, et une oblique à cette dernière ligne donnant ferme. — Il sera bon de préparer les fonds par un
l'inclinaison de l'axe des yeux, on cherchera d'abord grené qu'on achèvera de remplir en le frottant légè-
ce que, nous autres peintres, nous appelons la grande rement avec le doigt.
-
forme, le galbe général de la tête. Cette forme trou-
vée par des lignes presque géométriques (comme on Pl. 156. — Études d'architecture rustique. —
peut en voir un exemple dans le premier profil d'une ,
Nous avons déjà donné dans notre 20e livraison,
tête d'enfant, représentée dans quatre degrés diffé- deux spécimen de ce- genre de fabriques, plus parti-
rents d'achèvement, pl. 82 de la 146 livraison), on re- culièrement destinées à l'ornement des jardins et des
viendra avec soin et délicatesse pour donner l'accent parcs anglais. Nous y renvoyons nos élèves, ainsi
et la forme définitive aux détails. — Nous saisis- -qu'à notre leçon du 25 mai 1852, sur la pl: 58, et
sons cette occasion de recommander à nos chers spécialement à celle du 25 décembre même annce,
élèves d'avoir souvent recours à cette utile leçon de sur la pl." 81 , où l'on trouvera l'indication d'un
la pl. 82, et d'en faire surtout la fréquente applica- moyen géométrique qui facilitera le tracé des co.irbcs
,
tion. — Quand l'esquisse sera terminée conduisez du chalet et du pont.
le travail de l'ombre par les méthodes ordinaires ,
telles qu'elles vous ont été déjà enseignées à propos .Pl. 137. — Étude d'ornement, par Jullien.
de. cette même tête d'enfant de* là 146 livraison. On Ce croquis si largement indiqué, où l'on retrouve
pourra encore consulter avec fruit l'enseignement toute la main et le sentiment du maître, n'est pas ob-

Charlet.
donné le 25 novembre 1852, à propos de la Fileuse tenu par les procédés lithographiques maintenant en
bretonne, et celùi du mois dernier, sur un croquis de usage. La lithographie a sans doute fait de grands
progrès sous le rapport de l'exécution matérielle; mais
aussi, depuis qu'elle s'est faite industrielle et qu'elle
-
Pl. 135.— Des sapins, élude de paysage par Hu- est devenue, poitr ainsi parler, un métier, elle n'est
bert. - Voici un nouveau caractère de feuillé qui se plus guère pratiquée par les véritables maîtres de
présente à nous ; il faut d'abord se familiariser avec l'art ; des praticiens habiles et patients, plus ouvriers
lui, chercher à se le mettre dans la main, comme di- qu'artistes, s'en sont emparés, et, contents du rôle
sent les paysagistes. Pour cela, il est nécessaire de modeste de traducteur des œuvres d'autrui, l'ont
l'étudier par fragments, à part, en dehors de son des- exploitée à leur profit. On a dû à leurs efforts, pour
lutter avec la gravure, de très-remarquables ouvrages dans- la section de peinture de l'Académie des Beaux-Aits par
la mort de M. Blondel. Sur cinq candidats qui se présentaient,
sous le rapport du rendu et de l'énergie du ton ; mais
il n'y en avait que deux véritablement sérieux et significatifs,
on n'a plus eu de ces charmants croquis, véritables Flandrin et Eug. Delacroix, que recommandaient ses
MM. H.
autographes sortis de la main du maître, qui se mul-
beaux travaux, récemment achevés, des plafonds de la galerie
tipliaient à l'infini, et dont s'enrichissaient les cartons d'Apollon. Sur trente-cinq votants, son heureux concurrent
des plus fins connaisseurs. Ce fut pourtant la un des a été nommé par dix-huit voix, juste la majorité de rigueur;
plus grands mérites de cette belle découverte à son M. Delacroix, le Titien français, comme ne craignent pas de
origine, et qui contribua le plus a la rendre populaire. l'appeler les admirateurs de son incontestable talent, n'a ob-
Ce mérite, on cherche à le lui rendre, et l'on peut tenu que cinq suffrages. On voit, par ce résultat, que le Clàs.
sique lient ferme, à l'Académie, et n'est pas près de se laisser
se convaincre, par l'aspect tout nouveau du croquis
détrôner par la nouvelle école. M. Delacroix se consolera- en
que nous plaçons ici sous les yeux de nos lecteurs, songeant que Granger, l'un des plus obscurs élèves de David,
que l'on est en bonne voie d'y parvenir. On n'en est fut de l'Académie; que Prudhon faillit n'en pas être, et que
encore qu'aux premiers essais, et il y a de la marge Géricault n'en fut pas.
pour le perfectionnement ; mais voyez déjà comme ce GRANDS PRIX DE SCULPTURE ET D'ARCHITECTURE.— « Alexandre,
dessin est vivant, largement jeté ; comme l'exécution échauffé par le vin, ayant tué Clitus à la fin d'un repas, fut
en est franche et libre, facile à saisir, bien à la saisi d'un si grand désespoir en voyant étendu à ses pieds le
main et reproduit fidèlement le travail et le grain du corps de son ami, qu'il voulut se percer lui-même de la jave-
line dont il l'avait frappé, ce à quoi s'opposèrent tous ceux
crayon. Il est évident que des modèles conçus et exé-
qui l'entouraient. » — Tel est le sujet donné, cette année, en
cutés dans ce système seraient de beaucoup préfé-
pâture aux huit élèves qui se présentaient pour disputer le
rables aux lithographies trop curieusement léchées grand prix de Rome. H avait le grave inconvénient de pré-
ayant cours aujourd'hui dans l'enseignement, et senter une action double dont des maîtres auraient pu être
dont le grand inconvénient est d'être inexécutables aussi embarrassés que des écoliers; à laquelle s'attacher?
quel moment choisir? S'agissait-il du meurtre accompli par
pour la plupart des élèves. — Quant au présent mo-
dèle, il est si simplé et si clair, que nous croyons Alexandre sur son ami? s'agissait-il du désespoir du meur-
trier? Il nous semble, sauf erreur, qu'un programme, même
pouvoir le livrer aux nôtres sans autre recommanda-
académique, ne saurait être trop précis et trop clair. Les huit
tion., si ce n'est pourtant celle de recourir, pour bas-reliefs exposés par les concurrents ont généralement
l'esquisse, aux pratiques indiquées dans nos précé- paru assez faibles, surtout par le style et l'élévation; c'est
dentes leçons d'ornement, pl. 72 et 90. là leur principal défaut, défaut grave en seulpture, où l'ar-
PL 138. — Perspective. — Voir notre art. Perspec- tiste n'a point pour couvrir les défaillances de la forme la
tive de ce jour. ressource de la couleur. L'Académie n'a pas décerné de pre-
mier prix; un second grand prix a été accordé à M. Chapu,
A. BABEIEB.
élève de MM. Pradier et Duret, déjà honoré dans les précé-
dents concours de la même distinction, et dont le bas-relief
se ressentait de l'étude assez sérieuse des chefs-d'œuvre de
l'antiquité.
Au commencement du mois dernier, le corps des Après la sculpture, l'architecture a eu son tour. Le sujet
à traiter était un Musée pour une grande capitale. Pour des
architectes de vingt ans, qui n'ont pas à s'embarrasser du
Au commencement du mois dernier, 10 corps des profes- chiffre d'un devis, il y avait raison de prendre l'essor sur un
seurs de l'École des Beaux-Arts de Paris s'est réuni pl-L-r si beau programme; aussi, la plupart des projets présentés
donner un successeur à M. Blondel, décédé professeur à celle
au concours sont-ils d'une magnificence fabuleuse. Celui de
école. Trois concurrents avaient été admis à cette candidature, M. Diet, élève de MM. Biouet et Duban, a obtenu les honneurs
MM. Hesse, Hipp. Flandrin, et Robert Fleitry i
ce dernier a été du premier grand prix ; un second grand prix a été décerné
élu : c'était une victoire de la couleur sur la forme, du réel
au projet de M. Coquart, une mention honorable à M. Dau-
sur l'idéal; mais, à quelques jours de là, la forme bien pris
a met. Nous rendrons compte, le mois prochain, dea résultats
sa revanche. Il s'agissait de nommer au fauteuil laissé vacant du concours de peinture.
nous les prolongeons jusqu'à l'horizon, elles nous
-
ffiMOTE, M tlMPlKlIWl donneront de chaque côté du point principal V, deux
ÉLÉMENTAIRE ET PRATIQUE nouveaux points équidistants D D", qui sont les points
de fuite de toutes les lignes horizontales qui font un
SPÉCIALEMENT APPLICABLE A L'ÉTUDE DU DESSIN angle demi-droit; aussi les diagonales continuées du
second carré F L 1 G vont-elles s'y réunir. - *
— Remar-
<

D'APRÈS NATURE.
que. -On voit combien il est facile, par le moyen des'
diagonales, de trouver le milieu (o, o', o") d'un-carré
perspectif.
-- IV.
Si au lieu de voir le carré de front nous le voyons
Points de fuite; point principal; points de distance; sur l'angle comme en a b f c, alors l'une des diago-
points de fuite accidentels. nales, c b, reste parallèle à l'horizon, l'autre, a f, per-
pendiculaire au tableau, se dirige au point principal,
Les points de fuite, points de concours, points éva- tandis que les côtés prolongés du carré, qui, par
nouissants, car on les désigne à volonté par ces diverses leur nouvelle position, font des angles demi-droits
appellations, sont ceux vers lesquels des lignes fuyan- avec le tableau, vont concourir aux points D D'.
tes, parallèles entre elles, tendent à se réunir et se Ces deux points D, D', où viennent concourir toutes
réunissent en effet lorsqu'elles sont prolongées. Voyez les lignes, formant des angles demi-droits avec le plan
la dernière leçon, fig. 11, j2,13 et 15 delà pl. 138. vertical du tableau, sont appelés par les peintres points
On remarquera que toutes les fuyantes de ces figures de distance ; c'est-à-dire que: si l'on mesure pour cha-
se dirigent vers un même point V, qui est en même cun, sur l'horizon, la distance qui les sépare du point
temps leur point de fuite et le point principal du ta- principal V, cette distance, ggale ici à une fois et demie
bleau Or, comme toutes ces lignes sont parallèles entre la base E M du tableau, sera rigoureusement sembla-
elles et perpendiculaires au plan vertical du tableau, ble à celle où le peintre s'est placé pour voir et des-
c'est-à-dire que dans la réalité géométrique elles for- siner les objets.
ment dès angles droits avec ce plan, j'en conclus que le Quand on opère à vue d'après nature, il est rare
point principal est toujours et nécessairement le point qu'on ait besoin de déterminer exactement la dis-
où vont aboutir toutes les parallèles fuyantes perpen- lance sur l'horizon ; il suffit d'indiquer avec intelli-
diculaires au tableau. gence et bon goût les contours des objets qui se pré-
Supposons un carré parfait, À B G F, pl. 144, sentent ; mais dès les premières lignes cette distance
fig. 16, couché horizontalement sur le terrain du ta- se trouve indirectement déterminée, et tout le reste
bleau et vu de front, on observera que ses côtés du dessin doit être subordonné au premier objet tracé;
fuyants A C, B F, étant prolongés, vont se réunir sur en d'autres termes, il n'est plus permis de changer de
l'horizon H H au point principal V: 1° comme perpen- place, puisque tout l'ensemble du dessin doit invaria-
diculaires au tableau ; 20 en vertu de leur parallélisme. blement être soumis au même point de vue et à la
H en est de même pour le second carré perspectif F , même distance.
LI G, vu sous le même aspect quoique sur un plan Ainsi, règle générale, les lignes horizontales per-
plus éloigné, et dont les deux côtés fuyants F G, L I, pendiculaires au tableau vont aboutir au point prin-
concourent au même point V. cipal; les lignes horizontales, faisant des angles demi-
Tirons, dans le premier carré les diagonales A F, droits, vont aux points de distance : — Toutes les
B G, elles partageront en deux parties égales les an-
- autres lignes plus ou moins inclinées au tableau,
gles droits de ce carré, et formeront, avec le plan du c'est-à-dire formant avec son plan des angles plus ou
tableau, des angles demi-droits, ou de 45 degrés ; si moins ouverts, ont leurs points de fuite sur le reste
de l'horizon. Ces points sont dits points accidentels ; B 7, mais comparativement réduites de grandeur par
la géométrie offre divers moyens pour les déterminer l'effet de l'éloignement.
ou les suppléer au besoin ; mais cette étude sort de On comprend combien il nous est facile maintenant
,

notre cadre et ne convient qu'aux peintres de profes- d'avoir une mesure commune pour tous les* plans du
sion ; elle n'est pas nécessaire à des amateurs qui tableau : l'échelle dégradée G 0, sur le plan G, servira
ne veulent que se mettre en état de copier la nature. à mesurer le bâtiment situé sur ce même plan. Pour
avoir la hauteur du peuplier F R, on tirera du pied F
v. une horizontale F P, touchant à la base de l'échelle
verticale, et sur la section P élevant la perpendicu-
Dégradation perspective des grandeurs; échelle de front ; -

laire P S, on prendra l'une de ses divisions Pp pour


échelle fuyante,
mesurer le peuplier, qui en contient neuf: si ces di-
L'échelle de front sert à mesurer et à connaître les visions représentent des statures d'homme, c'est un
hauteurs et les largeurs perspectives de tous les objets peu plus de 15 mètres, ou, environ, 48 pieds.
qui se présentent de front, par conséquent sur des L'échelle fuyante sert à établir et à connaître les
plans parallèles-au plan vertical du tableau, comme profondeurs perspectives des objets représentés sur
dans la fig. 17 la face du bâtiment C E G. des plans ou surfaces fuyantes, dirigées de la base du
Tous les objets qui entrent dans un tableau peuvent tableau à son horizon ; B C F G, fig. 18, est une sur-
mutuellement se servir d'échelle pour établir les gran- face fuyante.
deurs relatives qui existent entre eux ; mais la me- Si une ligne droite divisée en parties égales est vue
sure la plus naturelle, et la plus communément usitée de front, ses divisions paraîtront toujours égales ;
parmi les peintres, est la stature humaine, à laquelle voyez, fig. 17, les lignes G 0 et P R. Si cette ligne est
ils comparent les objets qu'ils se proposent de repré- vue obliquement, ses divisions paraîtront inégales.
senter. On entend par ce mot, stature humaine, la hau- Soit ici la ligne fuyante B G, allant aboutir au point
teur d'un homme de taille ordinaire. accidentel 1 sur l'horizon, ainsi que sa parallèle G F;
Pour plus de facilité et d'exactitude, on a coutume il s'agit de la partager en cinq parties perspective-

de diviser la stature en huit têtes, ou plutôt huit par- ment égales.—Voici la pratique à suivre : — Du point
ties égales. Au surplus, on est libre de prendre pour H, pris à volonté sur l'horizon, menez par le point G
base de l'échelle perspective, soit la toise, le mètre la ligne H G P. Divisez la ligne B P en cinq parties
ou le pied, selon ses convenances ou la nature du su- égales ; des points 1, 2, 3,4, tirez des lignes au point
jet que l'on traite. H, et les sections l' 2' 3' 4' de ces lignes avec BG
Ici, flg. 17, nous avons divisé en six parties égales donneront la division cherchée. Élevez mainte-
, vous
la base A B du tableau ; nous reportons ensuite sur nant des perpendiculaires sur chacune des sections
le montant B 7 autant de ces divisions qu'il en peut l' 2' 3' 4', tout l'espace fuyant B G F G se trouvera
contenir; puis par tous ces points 1, 1', 2, 2', 3, 3', partagé en cinq parties égales. Les croisées et la porte
4,4', etc., nous tirons des lignes au point principal V, que nous y avons indiquées servent à faire connaître
-ce qui-nous donne deux échelles de front, l'une hori- le parti que l'on peut tirer de cette opération. — Re-
zontale A YB, l'autre verticale B Y 7, partagées par des
marque. — Si du point P on mène PI, et que l'on
parallèles fuyantes, dans tout leur parcours, en espaces trace ensuite les lignes G 0, l' 1", 2' 2" etc., on
égaux entre_eux, et perspectivement égaux aux divi-
aura la surface horizontale fuyante P 0 G B, divisée
sions portées sur la base et sur le côté du tableau ; de de la même manière et selon la même raison que la
sorte que l'horizontale G 0, par exemple, parallèle à surface verticale B C F G.
la base du tableau, contient six parties égales Autre exemple, fig. 19.—Soit sur la ligneAV fuyante
comme
la ligne A B, et la verticale P S, sept
comme le côté au point principal, un espace A a, égal à deux mètres,
que l'on veut multiplier un certain nombre de fois longtemps que nous ne nous sommes occupés d'aqua-
sur cette ligne pour y figurer une rangée de colonnes relle, et, à moins que vous n'ayez multiplie les essais
ou d'arbres équidistants l'un de l'autre. — Pratique. avec un dévouement assez rare chez des écoliers, je
—Du point de section S de l'horizon avec le côté A E me défie de votre mémoire.
du tableau, menez par le point a la ligne.S a a'; tirez Commençons par le ciel : la leçon du 25 avril, sur
au point principal a" Y ; faites l'horizontale a &', et la pl. 103, vous indique la marche à suivre; vous
par cette section &' tirez S b b'; le point b donnera n'avez qu'a recommencer ce que vous avez déjà fait.
l'emplacement du second arbre ou de la seconde co- — Pour les montagnes du fand, préparez la teinte
lonne; continuez ainsi l'opération, comme la figure avec un mélange d'ocre et de teinte neutre qu'on étend
l'indique, et autant qu'elle sera praticable, pour obte- sur tout ce plan ; ensuite, avec de la teinte neutre et
nir les autres divisions ; puis, sur tous ces points don- du cobalt, on fera les ombres,dont on aura soin d'a-
nés a, b, c, etc., élevez des verticales qui seront les doucir les bords avec le pinceau à denfi sec du côté
axes des colonnes ou des arbres dont la position per- qui confine a-la lumière. En chargeant la teinte d'un
spective était cherchée. peu plus de cobalt, on rehaussera le ton de la montagne
Malgré leur sécheresse, nous recommandons à nos à droite, et on donnera, dans les autres, les coups de
élèves l'étude de ces principes, avant de passer aux force qui en achèvent le modelé et en font mieux com-
applications qui vont suivre. prendre la construction et les plans. Il sera bon aussi
A. BARBIER. de réchauffer les lumières avec un léger glacis teinté
d'ocre mêlé-de jaune indien, qui leur donnera ce petit
CC< —
ton verdâtre que l'on remarque aux pentes des mon-
111111111111100 tagnes recouvertes d'assez de terre végétale pour
nourrir un peu de gazon. — Vous trouverez dans
cette même leçon du 25 avril, et dans celle du 25 dé-
cembre précédent, tout le détail des procédés à em-
Plancbes N. 139 à 144.
ployer pour l'exécution du reste du modèle, arbres et
Pl. 139. — Une vue de Suisse, troisième étude terrains, éaux et chalet, et jusqu'à la manière d'en-
d'aquarelle, parM. Hubert. — Indiquez d'abord votre lever avec le mouchoir, sur le ton sombre des devants,
esquisse d'un trait léger, surtout pour les fonds et les deux petites figures qui s'en détachent. Con-

pour toutes les parties de la ligne qui sont en contact trairement à ce que nous croyons avoir dit au moins
immédiat avec le ciel, car, des duretés de crayon fe- une fois, que la teinte neutre devait être réservée pour
raient là un très-mauvais effet. Je vous conseille aussi les lointains et ne point figurer dans les premiers
d'arrêter d'avance, et d'une main non moins délicate, plans, il faudra en mêler ici aux tons verts des sapins,
les contours des principales ombres qui déterminent parce que dans ce site, relevé presque à vol d'oiseau,
les différents plans et les formes des montagnes. — il n'y a pas, à proprement parler, de premier plan:
Tout cela fait d'une façon convenable, suspendez un tout y est vu d'assez loin pour exiger et justifier, sur
moment avant de prendre le pinceau, et revoyez les devants, l'emploi d'une couleur aussi aérienne que
avec un peu d'attention nos leçons d'aquarelle des la teinte neutre; — mais l'exception prouve la règle.
25 décembre 1852, 25 avril et 25 mai 1853 ; vous y Pl. 140. — Fragment de tête, par madame J. Du-
trouverez toutes les notions nécessaires pour mener collet. —Renvoi pur et simple à nos leçons antérieures
à bien cette nouvelle étude, et vous n'aurez qu'à sur des études absolument identiques.
mettre fidèlement en pratique les préceptes qu'elles PI. 141. — Peupliers, étude par M. Hubert. —
contiennent. Mais j'insiste sur la nécessité de repasser Tâchez surtout de reproduire dans votre croquis la
ces leçons, d'ailleurs très-détaillées, car il y a déjà forme gracieuse et svelte de ces peupliers, dont la
silhouette élégante se détache sur le ciel ; tous, ils in- pliez-les autant qu'il sera nécessaire pour obtenir un
clinent un peu vers la gauche, comme s'ils fléchis- bon contrôle de votre travail ; au besoin, recourez
saient sous le souffle d'une légère brise; c'est l'obser- même au procédé des carreaux géométriques, indi-
vation intelligente de ces accidents de la nature ani- qué dans nos levons sur les pl. 90 et 100 des 1pe et
mée qui donne de la vie à un tableau et qui fait la 17elivraisons.. — Ici, l'esquisse est tout, et si vous
poésie de l'art. —L'esquisse du premier plan n'offre parvenez à la faire d'une main un peu fine et spiri-
aucune difficulté; tout y est clair et facile. — Quant tuelle, vous aurez bien mérité de votre professeur: —
aux ombres, c'est toujours la même méthode à suivre, Parlerai-je des ombres?. Commencez comme a
la même manière de procéder que nous avons déjà l'ordinaire, par les touches les plus vigoureuses, et
vingt fois recommandée à nos élèves, en plaçant sous terminez par les demi-teintes et les détails plus fins,
leurs yeux tant de spirituelles études sorties du même librement et légèrement accentués.
crayon. Confiant dans les progrès qu'ils doivent avoir PI. 144. — Voyez notre article Perspective.
déjà faits, nous leur épargnerons l'ennui des redites A. BARBIER.

où nous entraîneraient de plus longues explications.


Pl. 142. - Étude de tête, par M. de Rudder, pro-
cédé nouveau. — Ce dessin est déjà un progrès sur • (BlKDMPl M àll,
la planched'ornement qui figure dans notre dernière
L'Académie des Beaux-Arts, présidée par M. Heim, a tenu
livraison, sous le n° 137. Quoique présentant la même le 1er octobre sa. séance publique annuelle, dans la grande
franchise d'exécution, la même simplicité de plans, les salle de l'Institut. Le secrétaire perpétuel, M. Raoul Rochette,
teintes sont plus fines, moins grises de ton, et la tou- lu rapport les travaux des pensionnaires de l'Ecole
a son sur
che est plus délicate. — D'ailleurs, le modèle est facile de France à Rome et en a-constaté à regret la faiblesse. Les
sous le double rapport du trait et de l'ombre. Il n'y a lauréats ont été ensuite proclamés. A la liste que nous
en avons déjà donnée, il faut ajouter MM. Galibert et Durand,
que le travail de la chevelure qui puisse arrêter un
qui ont obtenu le premier et le second grand prix de com-
instant nos élèves : — Il faut d'abord masser hardi- position musicale. Après la lecture faite par le secrétaire per-
ment, et avec un crayon noir et tendre, les parties vi- pétuel. d'une notice biographique sur Pradier, lecture qui a
goureuses, puis revenir par-dessus cette première captivé pendant quelques instants l'attention de l'assemblée,
ébauche avec un crayon plus ferme et plus fin, jusqu'à la séance s'est terminée par l'exécution de la cantate couron-
née, le Rocher d'Appenzel.
ce qu'on soit arrivé au ton; on reprendra alors les
parties claires, laissées d'abord complètement en — Le Baiser de Judas, de M. Hébert, et le Saint François
d'Assises, de M. Benouville, sont destinés au musée du
blanc, et même un peu plus larges qu'elles ne le sont
Luxembourg. Ces deux ouvrages, très-remarqués au dernier
dans l'original, et l'on en terminera le modelé par Salon, ont été acquis par ordre de M.-le ministre d'Etat et
quelques touches plus fermes et par des hachures diri- de la maison jle l'empereur sur les fonds perçus à l'entrée de
gées dans le sens de la forme. l'Exposition de 1855. On parle encore de vingt-cinq autres
Pl. 143. — Chevaux de labour, croquis par M. Vic- tableaux ou ouvrages de sculpture faisant partie de la même
exposition, qui ont été payés des mêmes deniers et distribués
tor Adam. — Ce croquis est charmant, mais il est un
entre le Luxembourg et les musées de plusieurs de nos
peu compliqué. Cette charrue, ces deux chevaux, ces principales villes de province.
harnais, tout cet ensemble de détails est de nature à -
nouvelle perte pour les
— Nous avons à enregistrer une
effaroucher au premier abord un dessinateur tant soit arts, déjà si cruellement frappés depuis quelques mois.
peu novice ; mais ne vous laissez pas intimider par M. Fontaine vient de mourir dans sa quatre-vingt-dixième

ces apparences, et mettez-vous bravement à l'œuvre; année. Il avait été successivement architecte de l'Empereur, de
seulement, prenez vos précautions. Or, j'appelle pré- Louis XVIII, de Charles X et de Louis-Philippe. Ami et colla-
borateur de Percier, il avait concouru avec lui à l'érection de
cautions les lignes de repère, tant horizontales que
l'Arc de Triomphe du Carrousel et a tous lés grands travaux'
verticales, dont je vous ai enseigné l'usage multi- qui furent exécutés au Louvre sous l'Empire.
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