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Cahier n° 1
novembre 2010
N O U V E L L E R E V U E P É D A G O G I Q U E N° 620 / 7,50 e / ISSN 1636-3574
Séquences
Récits Une œuvre inclassable :
La Légende
5e
francophones
d’Ulenspiegel
Jaseries québécoises 4e
Enfances africaines 3e
Actualités
Le livre et la lecture
à l’heure du numérique
Collèges d’ailleurs :
en Allemagne
Conformément aux dispositions sur le droit d'auteur
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ÉDITORIAL SOMMAIRE NOUVELLE REVUE PÉDAGOGIQUE - COLLÈGE / n° 2 / novembre 2011
PRIX LITTÉRATURE JEUNESSE la religion. Par ailleurs les deux les légendes et les mythes qui
héros se ressemblent, chacun les entourent, voire même les
Le prix NRP poursuit devant avoir assez confiance en sa
foi pour faire face au scepticisme
caractéristiques inventées par
d’autres auteurs (un clin d’œil à
son épopée qui l’entoure et mener son peuple la saga Harry Potter dans Les Sor-
Par Alexandra Guidal vers la liberté. Aucun des deux ne cières de Skelleftestad). Ces romans
pourra pleinement apprécier sa apportent par ailleurs fraîcheur
Pour cette nouvelle édition du prix NRP Littérature jeunesse, les éditeurs victoire. Mais eux aussi ont été en et humour dans une sélection
nous ont envoyé des ouvrages riches en sensations fortes, où chacun des quête de leur destin. Chaka Zoulou parfois bien grave.
personnages principaux se trouve dans une recherche de lui-même et (Casterman) se situe dans la même Les deux derniers ouvrages
de son destin. Déroutants, instructifs ou simplement divertissants, ces veine, où l’aspect religieux est rem- un peu en marge de la sélection
romans nous promettent des heures de lectures passionnantes. placé par une forme de magie, mais La Colère des MacGregor (Bayard
l’on peut là aussi le lire comme Jeunesse) et Asfour le devin (Le
une épopée racontant la naissance Seuil Jeunesse), reprennent à
Des adolescents ou des personnes, les ados cachent
d’un peuple : les Zoulous, autour leur manière, certains des thèmes
tourmentés… finalement leurs blessures. Cet
d’un personnage emblématique, évoqués précédemment. Une
état atteint son paroxysme dans
Les héros adolescents des Chaka. Autres destins exception- énigme, un soupçon de magie et
Terminal Terminus, avec l’histoire
ouvrages Blog (Actes Sud Junior), nels que ceux des pionniers de Au un retour vers des ancêtres dans
de Louis qui devient dealer dans
Poil au nez (Rouergue), Com- Pays des Indiens (Flammarion) et La Colère des MacGregor. Une
l’espoir d’être intégré par sa classe
ment j’ai raté ma vie de super héros de Sacagawea. Encore une fois fable moraliste et une sorte de
et finit par en mourir. Mais ces
(Sarbacane), Terminal Terminus nous retrouverons en filigrane la quête de soi dans Asfour le devin.
ados sont aussi pour la plupart des
(Syros), J’ai 15 ans et je ne l’ai quête d’un adolescent, Jean-Bap- Dernier grand thème abordé
jeunes qui cherchent simplement
jamais fait (Thierry Magnier), tiste, vers ses origines, mais, ici, dans la quasi-totalité des ouvrages,
leur voie, et qui comme Martin et
sont écorchés vifs, passionnés c’est la mère qui est au centre des le premier amour. Certains de
Capucine – J’ai quinze et je ne l’ai
et en quête d’eux-mêmes. Dans préoccupations du héros. Puis nos héros connaissent des sen-
jamais fait – finissent par la trou-
la majorité de ces romans, les l’histoire se mêle à la littérature timents plus ou moins partagés,
ver à la fin du roman. Ces romans
héros ont comme point commun dans Victor Hugo, la révolte d’un mais toujours intenses, pour
pour adolescents racontent fina-
une relation particulière avec géant (Pocket Jeunesse), où l’on quelqu’un. L’être aimé(e) consti-
lement la quête de soi au gré de
leur père, qui brille soit par son découvre, Valentin un jeune gar- tue le plus souvent un grand sou-
la confrontation avec des figu-
absence : Poil au nez, Comment j’ai çon qui part à Paris, pour tenter de tien dans le parcours du héros, il
res paternelles. C’est probable-
raté ma vie de super héros, soit par réaliser ses rêves et trouver sa place est celui ou celle qui va les mener
ment le début du passage à l’âge
sa présence maladroite dans Blog. dans le monde. C’est la révolte qui au bout de son aventure, que
adulte qui se dessine doucement
Une relation qui semble liée au se prépare qui changera le cours l’histoire s’achève bien ou non.
pour ces jeunes. D’un point de
besoin d’un modèle et à la néces- de sa vie. L’histoire enfin est pal- Voilà une sélection remplie
vue narratif, les histoires mêlent
sité d’un retour sur ces origines. pable dans le roman Le Sang des de rires, de larmes, d’aventures
plusieurs voix, plusieurs époques,
Ainsi Angel – Poil au nez – se fait Cordeliers (Nouveau Monde Jeu- et de réflexions en tous genres,
liées les unes aux autres et qui
pousser la même moustache que nesse), qui nous plonge dans une qui ravira une grande variété de
finissent par se retrouver dans le
son père ; Morgan – Comment j’ai ambiance moyenâgeuse sur fond jeunes lecteurs.
dénouement final. Enfin l’emploi
raté ma vie de super héros – porte d’énigme policière. Vous retrouverez dans le sup-
de la première personne rend ces
le costume offert par son père, le romans d’autant plus captivants ; plément en ligne sur le site de la
héros de Blog se plonge dans les le lecteur s’identifiera aisément Et un peu d’humour NRP une présentation détaillée
souvenirs d’adolescence de son aux narrateurs. de tous les livres en compétition
père ; quant à Martin – J’ai 15 ans La dimension fantastique est avec des avis de lecture des pro-
et je ne l’ai jamais fait – il cherche aussi représentée dans la sélec- fesseurs et professeurs documen-
un père de substitution. L’autre Une plongée dans l’histoire… tion au travers principalement talistes du jury.
point commun de ces ados réside des ouvrages A comme association Et dès janvier 2011, vous connaî-
dans leurs sentiments exacerbés : On retrouvera également dans (Gallimard) et Les Sorcières de trez les trois livres lauréats du prix
chacun exprime ses besoins, ses notre sélection des épopées his- Skelleftestad (L’École des loi- NRP Littérature jeunesse qui vous
manques à sa manière en allant toriques. Dans Jeanne (Le Livre sirs). Ces romans introduisent seront présentés par les membres
parfois jusqu’à la folie, comme de poche Jeunesse) et Moïse, entre des personnages fantastiques en du jury. Une interview de chaque
pour Morgan. Dans leur excès et Dieu et les hommes (Nathan), l’his- vogue (troll, sorciers et autres auteur vous sera proposée.
dans leur dépendance à des objets toire est fortement liée à celle de loup-garous), en réinvestissant À vos livres !
LITTÉRATURE JEUNESSE
Le Salon, côté images des discussions, et des séances Un atelier dans Casabulles.
spécialement destinées aux ados
L’image et l’illustration tiennent comme Kroak 1 – Partie de pêche Côté texte jeunes ont de juin à mars pour
une place importante dans la de Nicolas Bianco-Levrin, Le lire les sélections et élire2 leur
littérature jeunesse et dans la Processus de Philippe Gramma- Dans le Juke-box ados, les livre préféré dans trois catégo-
programmation du Salon. Deux ticopoulos, Dévoïko de Renaud jeunes s’en remettent à l’auteur. ries : romans 11 ans et plus, BD
espaces, entièrement consacrés à Perrin ou encore Heureux de Grâce à un écran tactile, ils et Mangas (9-13 ans).
la bande dessinée, tels que Casa- Thierry Van Hasselt. choisissent de découvrir un écri- Tous les ouvrages en lice pour
bulles et l’Archipel BD convient vain en visionnant des films où
L’exposition sur le thème des les prix du Salon3 constituent
les jeunes à découvrir de nouveaux celui-ci parle de son roman. Il
princes et princesses réserve aussi également des pistes de lectures
auteurs et à s’initier aux multiples évoque ses personnages, son ins-
des surprises aux plus grands. Pour recensées dans les Parcours litté-
techniques de création révélées piration, ses souvenirs d’enfance
eux, un atelier-exposition – créé à raires. Ces itinéraires sont dispo-
par les « bédéastes » invités. ou influences culturelles. Au total
l’occasion des 30 ans de La Belle nibles à l’entrée du Salon et sur
De plus en plus d’illustrateurs une trentaine d’auteurs, dont six
lisse Poire du Prince de Motordu de son site internet.
créent des films d’animation, de nouvelles plumes1 en 2010, sont
Pef – permet de relire cette histoire Le Salon du livre et de la presse
nombreux réalisateurs puisent à découvrir.
désopilante et de jouer avec les jeunesse en Seine-Saint-Denis,
dans la littérature jeunesse, de la En consultant le nouveau blog
mots en inventant des milliers de c’est donc bien sûr un événement
même manière, le Salon inaugure juke-box-ados.fr, chacun peut
« Tartes postales ». Une centaine unique pour découvrir des livres,
cette année un nouveau festival désormais, en classe ou chez soi,
d’illustrations issues d’albums et des créateurs et des auteurs de lit-
de cinéma d’animation : Ani- découvrir les auteurs et livres
des créations originales propose- térature jeunesse, mais c’est aussi
Mix. Il sera proposé des sorties sélectionnés.
ront également une lecture ludi- un formidable « prétexte » pour
nationales ou avant-premières, La presse et le documentaire
que des contes classiques. créer des projets toute l’année et
des présentations de pilotes, ne sont pas en reste, puisque pas puiser des idées pour diversifier
moins de 70 revues sont à lire ses lectures et bâtir des parcours
dans le kiosque de la presse des inventifs autour des livres et des
CÔTÉ PROFESSIONNEL ET INTERPROFESSIONNEL jeunes. Deux prix littéraires leur histoires.
Avec AniMix, le Salon invite d’autres formes d’expression. Grâce à EUropa, sont aussi dédiés : « Terre en
vue » et le « Prix de la presse des * Responsable de la communication
une librairie européenne de 300 m2, il élargit son horizon. Pour affiner ses du SLPJ.
connaissances professionnelles, il propose aussi de nouvelles formations jeunes », dont les sélections peu-
à la carte. Animées par des spécialistes de la littérature de jeunesse, elles vent susciter de nombreux débats 1. Eli Anderson, Charlotte Bousquet,
sont réservées à des groupes inscrits. entre élèves. Emmanuel Dadoun, Timothée de
Parmi les prix littéraires du Fombelle, Anne Percin, Cathy Ytak.
Durant six jours, et notamment lors de la journée professionnelle du lundi 2. Vote en ligne http://www.prixtam-
6 décembre, le Salon est libre d’accès pour les enseignants accrédités. Salon, les « Tam-Tam » se prêtent
tam.fr/
Informations / accréditation / inscription : tout particulièrement à un travail 3. Toutes les sélections sur http://www.
www.salon-livre-presse-jeunesse.net/ accès pro au long cours. Seuls ou enca- salon-livre-presse-jeunesse.net / rubrique
drés par leurs enseignants, les prix littéraires.
LIRE AU CDI géographique qu’est la franco- est une occasion unique d’écouter
phonie véhiculent les réalités les autres locuteurs, de découvrir
À la rencontre des autres francophones. Pour les élèves de
sixième ou de cinquième, l’utili-
les mots de l’oralité tout en pro-
fitant de leurs accents.
francophones... sation du Dictionnaire francophone
de poche et du livre Les Mots de
À la question « Qui parle français dans le monde ? » qui mérite d’être la francophonie deviendra une Lire la francophonie
posée en classe, on est pratiquement assuré que pour les élèves la véritable découverte linguistique
Par la lecture de romans, de
réponse ne concerne que deux ou trois pays ; les élèves n’entendent-ils passionnante et très enrichis-
poésies, de pièces de théâtre ou
pas dire que l’anglais est la langue parlée dans tous les pays du monde ? sante. Confrontés aux « éclats
de bandes dessinées, les élèves
Si, dans la classe, il y a des élèves d’origine étrangère, alors la réponse de mots » chers au Mauricien
pourront apprécier toute la
sera sans doute plus complète. Dans un premier temps, étonnés voire Khal Torabully, les élèves seront
saveur des mots et expressions
dubitatifs, les élèves découvriront qu’ailleurs dans le monde dans « un enjoués à l’idée de découvrir des
exploitées par les nombreux
vaste archipel de l’Atlantique nord à l’océan Indien » selon les mots mots qui ressemblent un peu
écrivains francophones pour
d’Alain Rey, des millions de personnes parlent le français, la même langue aux leurs, par l’orthographe et
créer des univers riches de sen-
qu’eux, et qu’ils ont avec ces inconnus quelque chose en commun, la prononciation, mais qui dif-
sibilité, d’expression et d’échan-
quelque chose qu’ils partagent. Peut-être en éprouveront-ils une cer- fèrent totalement quant au sens
ges originales.
taine fierté, eux qui imaginent qu’ils n’ont pas la chance d’avoir l’anglais auquel ils s’attendaient. Comme
comme langue maternelle, ils relativiseront leur situation de locuteur
un avant-goût, prenons quelques
exemples : que signifient « buti-
francophone qu’ils voyait comme isolée pour prendre conscience qu’ils
neur », « nuage » et « clavarder »
Bibliographie
font partie d’un réseau riche de créativité linguistique.
pour un Québécois ? Quel est le L. Depecker, Les Mots de la
sens de l’expression néocalédo- francophonie, Belin, 1988.
nienne « avoir un cocotier dans la G. Pineau, Un papillon dans la
Qu’est-ce que nationale de la Francophonie
main » ? Que signifie l’expres-
(OIF) et à son programme d’actions cité, Sépia, 2009.
la francophonie ? sion belge « faire le chat » ? Que K. Torabully, Dictionnaire
déterminé tous les deux ans lors
Très légitimement une ques- veut dire « sirandane » employé francophone de poche, La Passe du
du sommet de la Francophonie.
tion surgit : « Pourquoi » ? Pour- à la Réunion et à l’île Maurice ? Vent, 2007.
Des recherches au sujet de la
quoi environ deux cents millions Qu’appelle-t-on un « long- Semaine de la langue française
place de l’Agence intergouverne-
de personnes, qui vivent aux crayon » au Cameroun? Des expli- et de la francophonie www.dglf.
mentale de la francophonie (AIF)
quatre coins du monde dans des cations seront nécessaires quant à culture.gouv.fr
dans la mise en œuvre d’actions
pays sans frontières communes, la formation des mots. Ainsi, les Chaque année le 20 mars, la
à caractère culturel et éducatif
partagent-elles encore un espace faits grammaticaux notables des Journée internationale de la fran-
dans le cadre de la promotion de
linguistique commun, le fran- mots de la francophonie seront cophonie
la langue française, mais aussi des
çais ? Pour répondre à ces ques- abordés comme : le créolisme, Site portail de la francopho-
actions dans le domaine de l’envi-
tions et à celles que se poseront la dérivation morphologique, nie : www.francophonie.org
ronnement ou bien de l’écono-
les élèves, des recherches docu- le dialectalisme, la dérivation http://bibliodoc.francophonie.
mie, permettront aux élèves
mentaires au CDI s’imposent. sémantique, le francophonisme, org
d’être sensibilisés aux valeurs
Des recherches sur le poids de la le mot-valise... Pôle national de ressources :
chères à la francophonie. Sou-
colonisation dans l’utilisation du venons-nous des paroles d’Abou écritures contemporaines fran-
français au xviie siècle au Canada Diouf, secrétaire général de la cophones et théâtre :
puis au xixe siècle en Afrique et Francophonie : « La caractéris- http : //pnr.crdp-limousin.fr
en Asie. Puis, ils découvriront
La presse francophone
tique même de notre organisation Festival de théâtre : Les Fran-
le rôle du géographe français [la francophonie] c’est l’idée d’un À l’occasion de la Semaine de cophonies à Limoges
Onésime Reclus, père du terme espace de solidarité. » la presse à l’école, la découverte http://www.lesfrancophonies.
« francophonie » et la place de des sites Internet de la presse com
l’écrivain et homme politique francophone pour accéder à la
sénégalais Léopold Sédar Sen- presse écrite permettra aux élèves
Découvrir
ghor en 1960 dans la création d’entrer en contact avec la réalité
« Des éclats de mots »
de la communauté francophone. quotidienne des autres franco- Christine Bruner,
Les plus grands pourront s’inté- Intéressons-nous aux mots phones. L’écoute d’émissions Bureau national de la FADBEN,
resser à l’Organisation inter- qui à travers cette immense aire radiophoniques grâce à Internet Limoges.
THÉÂTRE
L’apesanteur et la grâce
Par Olivier Balazuc
Depuis quelques années, Mathurin Bolze s’est imposé comme
l’enfant prodige de ce qu’on appelle le nouveau cirque. Formé au
Centre national des arts du cirque, après un stage au cirque Archaos,
il s’est ouvert au théâtre en collaborant à plusieurs spectacles du
metteur en scène Jean-Paul Delore, ainsi qu’à la chorégraphie
auprès de Joseph Nadj et de François Verret. En 2001, il fonde sa
compagnie, « Les mains, les pieds et la tête aussi », avec laquelle il
élabore ses propres spectacles, au carrefour de plusieurs disciplines
artistiques, dont le solo Fenêtres (2002), le duo Ali (2008) et enfin
le surprenant Du goudron et des plumes (2009), pièce de cirque
pour cinq interprètes, sur une musique originale de Philippe Foch et
Jérôme Fevre. En 2009, il a obtenu le prix Arts du Cirque, décerné
par la SACD.
Les pratiques d’écriture et de l’étude de la grammaire et de tout comme elles le font des méca- cité de synthèse personnelle de
lecture des élèves – mais aussi des l’orthographe, notamment, en nismes sur lesquels se fondent un ces informations. Le caractère
adultes qui prennent en charge sont transformées. système (celui de la langue). Ce hétéroclite, non hiérarchisé de
leur éducation – sont en train L’apprentissage de la lec- sont bien les processus d’appren- la « littérature » qui prolifère sur
de changer et l’on en ressent ture, gagne aussi en efficacité. tissage eux-mêmes qui sont ainsi la toile, s’ajoutant au fait que, sur
les effets dans l’organisation des Le travail sur écran permet de mis en relief et que l’élève peut un écran d’ordinateur, les textes,
cours, même s’il est encore diffi- faire repérer à l’élève les archi- s’approprier consciemment, deve- quel que soit leur statut ou leur
cile de les mesurer. tectures textuelles, la construc- nant ainsi le premier acteur de ses genre, sont donnés à lire sous
Bien sûr, il n’y a pas de formule tion des phrases, la disposition apprentissages. une forme quasi homogène, ou
miracle dans ce domaine : c’est la et le mouvement d’une pensée, NRP. – Au fond, l’usage des en tout cas décontextualisée,
rencontre entre, d’une part, un les rythmes, les articulations, les TICE n’amène-t-il pas lui- non différenciée par le format
projet didactique bien construit réseaux sémantiques et lexicaux, même à travailler de nouvelles de leur support (comme le sont,
et, d’autre part, les fonctionnalités les liens grammaticaux qui font compétences ? au contraire, la lettre, le jour-
d’un outil et la configuration d’un sens, etc. Comme pour l’écri- C. B.-B. – L’utilisation des nal, la revue, le tract, l’affiche,
environnement de travail, mis en ture, déconstruire pour recons- supports numériques, mais sur- etc.), tout ceci rend nécessaire un
place par le professeur en fonction truire, morceler pour élaborer tout la navigation sur Internet, apport de compétences nouvelles
du profil de ses élèves, qui déter- une cohérence, sont des opéra- impliquent que les élèves soient qui doit se faire très tôt, à l’école,
mine le succès d’une pédagogie. tions rendues plus souples et plus formés à des compétences spé- et qui incombe pour une grande
NRP. – Peut-on dire que les légères que lorsqu’elles étaient cifiques sans lesquelles le ris- part au professeur de français.
outils numériques améliorent faites au tableau noir, au moyen que serait grand d’une nouvelle NRP. – De quoi s’agit-il,
les apprentissages des élèves ? de feutres sur des photocopies, forme d’ « illettrisme » – se défi- plus précisément, pour les
C. B.-B. – Du point de vue ou avec des ciseaux et de la colle. nissant non plus comme l’inca- professeurs ?
des apprentissages scolaires, les Cette facilitation des opérations pacité à lire ou à écrire, mais C. B.-B. – Il s’agit d’apprendre
effets sont tangibles. Prenons, purement techniques décuple les comme l’ignorance des règles et aux élèves à percevoir des pro-
pour le français, les trois appren- possibilités de lecture, permet des codes qui permettent d’avoir cédures et des stratégies d’énon-
tissages fondamentaux : écrire, des comparaisons, des associa- un usage autonome et respon- ciation à l’œuvre dans différents
lire, s’exprimer à l’oral. tions, l’établissement ou l’inven- sable de l’outil. On sait que ce types de textes, de discours, mais
Pour le travail de l’écriture, tion de liens divers… Elle fait que l’on nomme la « fracture aussi différents types de dispositifs
le support numérique apparaît de l’élève un lecteur plus rigou- numérique » est, en réalité, une médiatiques, en se plaçant prin-
comme un facilitateur très effi- reux, mais surtout l’auteur d’une « fracture culturelle ou intellec- cipalement du point de vue des
cace : l’élève peut revenir sur interprétation dont il comprend tuelle » : là où l’écart se creuse conditions de leur réception. Bref,
son texte sans le raturer, il peut ainsi qu’elle ne va pas de soi mais entre les élèves dits défavorisés de leur faire acquérir la distance
le faire évoluer de l’intérieur en qu’elle résulte d’un travail de et les autres, c’est au niveau de critique suffisante pour que puisse
gardant ou en effaçant les éta- découverte qui dépend de lui. l’intelligence de l’outil et non se mettre en place une compétence
pes successives de son travail, il En ce qui concerne l’oral, sou- plus des conditions matérielles de lecture et une pratique éclairée
peut en matérialiser la progres- vent négligé dans notre ensei- d’accès à cet outil. des supports médiatiques, au ser-
sion, le compléter, le corriger, gnement, à cause du manque de Les professeurs de Lettres vice de leur liberté de penser, et
l’améliorer, l’échanger pour en temps, il trouve dans les TICE sont, à cet égard, particulièrement pour leur montrer, notamment,
négocier la forme avec ses cama- des conditions de pratique et concernés (et responsabilisés). comment se construit et se valide
rades ; il peut aussi, lorsqu’il est d’exercice particulièrement favo- Lorsque les élèves, par exemple, une interprétation.
« achevé », le mettre en valeur, rables : l’élève, grâce à la bala- utilisent des informations en * Miguel Degoulet, Professeur de Lettres
par un travail d’édition qui va dodiffusion, peut s’enregistrer, ligne (trouvées grâce à un moteur
rejaillir sur la façon de le conce- s’écouter, se corriger, amélio- de recherche), ils manquent pour
voir, et l’encourager dans son rer sa diction. Là aussi, il prend la plupart de repères pour une Publication
initiative… Il en résulte une du recul par rapport à son pro- recherche efficace et une sélec- Une brochure pédagogique
distanciation par rapport à son pre travail et surtout, il prend tion critique des informations. est publiée à l’occasion du sémi-
travail – on parle de dédramatisa- conscience de ses progrès. Incapables d’en mesurer la portée naire : Enseigner les lettres avec
tion de l’erreur – et une posture Ce dernier point semble consti- ou la validité, leur réflexe sera le le numérique. Elle propose dix
positive face aux apprentissages tuer l’apport majeur des TICE « copier-coller », ce qui va nuire séquences didactiques origina-
réputés les plus rébarbatifs, qui pour l’enseignement de la langue : inévitablement à la construction les autour de la lecture. Elle est
ne sont pas sans conséquence sur elles permettent de mettre en évi- des savoirs et à l’exercice du téléchargeable sur Educnet :
l’image même de la discipline : dence les étapes d’une progression, raisonnement comme à la capa- www.educnet.education.fr/lettres.
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DOSSIER
Le récit
francophone
Par Corinne Martinon-Deshors*
SOMMAIRE
en effet, reconnaître une littérature, à part
La littérature entière, à d’anciennes provinces ou d’ex-terri-
La littérature francophone : francophone : toires d’Outre-mer, revient pour la puissance
un peu d’histoire > p. 14 un peu d’histoire coloniale à reconnaître une seconde fois leur
indépendance. Pourtant, et à l’inverse, dans
Le français, langue universelle Littérature francophone ou littératures ces mêmes pays, certains revendiquent leur
ou langue plurielle ? > p. 15 francophones, la distinction s’impose dès attachement à cette France par leur culture
que l’on touche à ce problème très concret langagière.
Le récit francophone, un emprunt d’identité. Avant l’apparition du terme fran-
aux ancêtres français > p. 15 cophone, toute œuvre écrite en français était C’est dans cette ambiguïté même que
associée à la littérature française, qu’elle fût s’ancre notre sujet : s’intéresser au récit
Le roman d’aventures
issue d’une terre colonisée, ou simplement francophone conduit à rencontrer, dans
Les récits de vie
ces littératures indépendantes, la présence
La littérature, une conquête permanente peuplée par des hommes dont la langue était
de modèles préexistants, issus de la littéra-
de la liberté le français. Aujourd’hui l’expression « LA lit-
ture française. Mais c’est aussi y étudier leur
térature francophone » ne suffit plus à défi-
appropriation du modèle, leurs différences et
Le récit francophone, nir les littératureS francophoneS, œuvres de
donc leur identité.
une autonomie revendiquée > p. 17 langue française propres à ces pays géogra-
La quête identitaire phiquement étrangers à la France mais dont Il faudrait en outre inclure dans cette
Le témoignage d’une lutte historique le français reste encore la langue nationale, la étude les écrivains, qui, par choix, ont décidé
Un « récit poétique » langue de communication. d’écrire en français, langue de la liberté pour
Si ces définitions posent problème, c’est certains exilés russes ou espagnols, langue
Bibliographie et sitographie > p. 19 qu’un enjeu quasi politique s’y inscrit implici- simplement choisie par Julien Green ou
tement depuis la seconde moitié du XXe siècle : Agota Kristof.
On le voit, notre analyse ne peut être réduite une malédiction règne, qui fait s’opposer
à celle des origines régionales ; aussi avons-
Le récit francophone, deux groupes : l’un qui pense que malgré
nous pris le parti de présenter un état des lieux un emprunt aux ancêtres tout, on doit faire monter le troupeau pour
moins géographique que thématique. français profiter des richesses que la nature offre à
l’homme, l’autre qui ne veut pas de cette
Les premiers récits publiés et rattachés à confrontation avec la montagne maléfique.
la littérature francophone ne naissent qu’au On ignorera toujours de quelle malédiction
XIXe siècle même si on a pu parfois souli- il s’agit. On a seulement l’histoire d’une
Le français, langue gner chez Rousseau son origine genevoise. nature étrange et vivante peuplée de per-
universelle ou langue Et considère-t-on Benjamin Constant ou sonnages simples.
Madame de Staël comme francophones ?
plurielle ? Cette œuvre, qui s’inspire du schéma
tragique, fut l’occasion d’un débat au cours
La littérature francophone a été appelée Le roman d’aventures duquel on accusa l’auteur d’ « écrire mal
d’abord « régionale » puis « d’outre-mer », Les premiers auteurs reconnus comme exprès » : les particularismes locaux qui
« connexe »1 ou encore « périphérique » : francophones sont d’abord belges ou suisses. émaillent l’écriture de ce roman étaient
ces dénominations témoignent de la difficulté Ils inscrivent leur conception de l’œuvre autant d’atteintes à la clarté et à la pureté de
pour Paris à ne pas se considérer comme la littéraire dans le mouvement romanesque la langue mère. Mais Ramuz n’a que faire de
référence d’un mouvement d’idées toujours qui marque le XIXe siècle, romantique et ces reproches qui viennent selon lui de « ces
centripète. Elles montrent aussi que la litté- réaliste : ainsi, le premier exemple est le échappés de Sorbonne qui n’utilisent [la
rature proprement française s’exclut – para- roman picaresque de Charles de Coster, la langue du peuple] qu’entre guillemets,
doxalement – de la francophonie. Force est Légende et les Aventures héroïques, joyeuses c’est-à-dire ne [la] touchent qu’avec des pin-
de constater que la place tenue par les récits et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme cettes » (Lettre à Paul Claudel, avril 1925).
francophones n’est guère importante dans les Goedzak au pays de Flandres et ailleurs, Claudel lui-même salua son travail d’arti-
programmes scolaires ou universitaires. Il est qui reprend le personnage légendaire du san veillant à l’enrichissement de l’écriture
vrai que c’est la colonisation qui a répandu le Moyen Âge, Till l’Espiègle, pour en faire, par l’insertion du vocabulaire vaudois, de
français à travers le monde et ce monde en au XVIe siècle, l’incarnation de la résistance tournures syntaxiques inusitées ou même
garde des traces : le dominant observe une du peuple flamand à l’envahisseur espagnol par une certaine réappropriation des temps
relative condescendance à l’égard d’écritures (voir séquence 5e). verbaux.
considérées comme empruntées. Le Belge Georges Rodenbach compose un Antonine Maillet, auteure acadienne,
Pourtant, c’est rester aux temps de la pré- roman d’inspiration symboliste, Bruges-la- suit la même démarche quand elle écrit
histoire du récit francophone : le français morte3 (1892) qui n’est pas sans rappeler le Pélagie-la-Charrette (Prix Goncourt 1979) :
parlé hors de France ne pouvait rester imper- mythe d’Eurydice ou la nouvelle fantastique Pélagie Bourg-Le Blanc, devenue esclave
méable aux langues autochtones, même s’il d’Edgar Poe, Ligéia : un veuf erre dans une en 1755, décide de quitter la Géorgie avec
était appris à l’école et parlé par l’adminis- Bruges moribonde qui lui rappelle son épouse ses enfants pour rejoindre l’Acadie, sa terre
tration ou les élites. L’acadien ou le joual morte ; dans l’une de ses errances, il croit la natale ; son voyage d’aventures et de souf-
par exemple sont des témoins forts de son reconnaître mais c’est une comédienne dont france dure dix ans, sur fond de guerre
évolution : souvent la préoccupation des il tombe éperdument amoureux ; ils s’ins- d’Indépendance et de haine protestante
écrivains comme Antonine Maillet pour l’aca- tallent ensemble mais un jour, elle veut voir la et catholique. Une langue très riche est
dien ou Réjean Ducharme pour le joual a été demeure qui a abrité sa première vie ; là elle en quelque sorte inventée par A. Maillet
de réduire la distance entre un français écrit trouve la couronne de mariée de la défunte pour soutenir son propos : elle allie une
et un français parlé. La langue a peut-être mais au moment où elle s’en pare, elle meurt langue française courante, voire soutenue
perdu sa pureté et son aspect quelque peu étranglée. à des dialogues imprégnés d’acadien, signe
sacralisé, voire figé, mais a gagné vivacité Au XXe siècle, Ramuz est l’un des roman- d’une authenticité vivante.
et richesse. L’Afrique sème les graines du ciers suisses qui revendique le plus l’apport Le XXe siècle connaît aussi une partici-
malinké ou les îles celles du créole. Ainsi, du français parlé hors de France à la langue pation accrue du Maghreb et de l’Afrique
certains écrivains se sont même accordés le romanesque : l’action de son livre le plus noire à l’histoire du roman. Mais mise à
titre des « voleurs de langue »2 : la langue connu, La Grande Peur dans la montagne4 part leur inventivité linguistique com-
du dominateur est devenue si familière aux (1926) se situe dans un village au pied mune, rien ne permet véritablement de
colonisés qu’ils se sont senti le droit de la des Alpages. « On avait beau écouter, on différencier ces œuvres de celles de la
considérer comme leur propriété, « le sésame n’entendait rien du tout : c’était comme au littérature française ou européenne. Cer-
magique qui [leur] ouvre toute grande la commencement du monde avant les hommes tains écrivains ont même été accusés de
porte de leurs mystères ». ou bien comme à la fin du monde. » Car plagiat.
Un romancier tunisien, Fawzi Mellah, à l’écriture de la métropole, on y trouve l’autobiographie, le héros du livre, Samba
publie en 1988 Elissa, la reine vagabonde : inscrites toutes les contradictions dont l’his- Diallo, permet une généralisation de son
ce récit remonte aux origines légendaires de toire de ces pays de langue française est expérience : membre du clan très noble
Carthage que l’Europe connaît essentielle- imprégnée. Comme on l’a lu dans le livre des Toucouleurs, il reçoit avec respect et
ment par L’Énéide de Virgile. Elissa-Didon, de Mariama Bâ et d’autres, comment et où intelligence l’éducation d’un Islam exi-
dont le frère a usurpé le trône de Phénicie, se situer entre le pays de ses origines, de geant ; avec la colonisation, il va fréquenter
fuit Tyr pour l’Afrique du Nord où elle se ses traditions et de l’histoire de ses parents, « l’école des Français », ce qui le conduit
propose de fonder une cité égalitaire où elle et ce pays neuf, imprégné d’une culture à la Sorbonne pour suivre des cours de
ne se laissera pas déposséder du pouvoir par étrangère, composée de religions et de cou- philosophie. Lorsqu’il revient au Sénégal,
un homme. Le roman historique se dote ici tumes différentes, transmise par une langue il ne peut trouver son équilibre entre les
d’un enjeu idéologique d’une portée nou- étrangère ? deux cultures tant son exigence d’absolu
velle : l’archéologie a en effet mis au jour C’est pourquoi le fil rouge de tous ces est totale : « Je ne suis pas un pays des
cette substitution du pouvoir masculin à des romans, apparent ou implicite, est la ques- Diallobé distinct, face à un Occident dis-
règnes de femmes ; ce roman met en scène tion de l’identité. Elle peut concerner un per- tinct […] Je suis devenu les deux. Il n’y a
ces luttes contre la montée du patriarcat. sonnage, un narrateur, un sexe, une classe pas une tête lucide entre les deux termes
Tahar Ben Jelloun s’inscrit dans la même d’âge, une région ou un pays. d’un choix. »
perspective : il place l’action de L’Enfant des Cheikh Hamidou Kane montre dans Ce livre est l’incarnation de la tension iden-
sables (1986) puis de La Nuit sacrée (1987) L’Aventure ambiguë (1961) combien l’écri- titaire éprouvée par les héritiers des années
dans la société marocaine contemporaine vain francophone vit une aventure mysté- de colonisation.
où le patriarcat conforte les inégalités entre rieuse et déstabilisante : le titre en décrit L’écrivain haïtien René Depestre éprouve,
hommes et femmes. Un père, désespéré de lui-même l’errance, entre double culture lui, le déchirement dû à la langue. Il parvient
ne pas avoir de fils, décide que sa dernière et double personnalité. Même si ce récit à la décision de n’écrire ni contre le créole,
née sera un garçon et élève Zahra comme appartient partiellement à la catégorie de ni contre le français, mais de maintenir le
Ahmed. Quand l’héroïne décide de retrouver
sa véritable nature, le récit prend la forme
d’un roman d’initiation qui montre les diffi-
cultés de Zahra pour construire son identité.
C’est le moyen pour l’auteur de décrire l’into-
lérance de ses concitoyens, l’obscurantisme
qui règne encore dans les familles et les
différentes sortes de mutilations auxquelles
peut conduire la tradition.
Mariama Bâ poursuit un propos similaire
dans Une si longue lettre (1979) : deux femmes
éduquées par l’école française de l’époque
coloniale vivent leur vie d’adultes dans le
Sénégal indépendant ; elles n’adoptent pas
la même attitude face à leurs rôles d’épouse,
de mère et de veuve. Mais le bilan que livre
le roman est mesuré, plein de sagesse et
d’humanisme : ce n’est pas le plus mauvais
moyen pour convaincre le lecteur de la jus-
tesse d’un combat.
Le récit francophone,
une autonomie
revendiquée
La quête identitaire
Pourtant, et malgré les formes tradition-
nelles que le récit francophone emprunte René Depestre en 2006.
créole mêlé à l’usage du français : « J’ai Bouts de bois de Dieu (1960). Le cadre, qui Un « récit poétique »
fait la paix en moi entre le créole et le fran- n’est pas sans rappeler Zola, est celui de
Marquée par une origine orale, la littéra-
çais. »7 Car, à Haïti, les langues officielles la grève menée par les femmes d’ouvriers,
ture francophone d’Afrique et des Caraïbes
sont le français et le créole haïtien depuis d’octobre 1947 à mars 1948. Ces ouvriers
n’est pas seulement caractérisée par son
1961. René Depestre choisit donc le fran- construisaient la ligne de chemin de fer
réalisme mais aussi par son caractère poé-
çais comme langue d’écriture mais enrichit « Dakar-Niger ». Inscrivant son récit dans
tique : ce n’est pas sans raison si la métro-
ses romans par l’usage d’une onomastique une ancienne tradition orale qu’il rappelle
pole a d’abord identifié cette partie de la
résolument issue de sa langue « naturelle » dans des citations, Sembène Ousmane le
littérature francophone à ses poètes. Aimé
ou anime parfois les dialogues d’expressions dédie par ailleurs à ses « frères de syndicat
Césaire, Léopold Sédar Senghor en sont les
créoles, plus authentiques. Pourtant, cette et à tous les syndicalistes et à leurs compa-
emblèmes. Or cette poésie se rencontre non
langue est encore considérée comme une gnes de ce vaste monde ».
seulement dans les œuvres romanesques de
langue orale et impropre à l’écriture. L’évolution de la littérature francophone
ces contrées, mais aussi dans les récits qué-
L’auteure belge Dominique Rolin, elle suit un mouvement progressiste et sa
bécois, belges ou européens.
aussi, recherche « sa » vérité dans L’Infini vigueur, originellement engagée contre le
La présence d’une écriture poétique
chez soi (1980) en racontant le temps colonialisme ou tout envahisseur, s’empreint
métamorphose le réel décrit et lui donne
d’avant sa naissance, son « avant-vie », de critiques contre son propre pays d’ori-
une valeur métapoétique voire même méta-
qu’elle invente ou réécrit. Dans cette même gine : elle prend d’abord la forme d’hom-
physique. Ainsi Simone Schwarz-Bart trans-
interrogation du moi s’inscrit l’œuvre de son mages aux grandes figures d’indépen-
figure la nature qui environne les héroïnes
compatriote Pierre Mertens ; mais il ouvre dantistes déboutés du pouvoir ou même
de Pluie et vent sur Télumée Miracle (1972) :
une perspective plus symbolique ou plus assassinés. Mongo Béti se livre dans Perpé-
« Soleil levé, soleil couché, les journées
abstraite. Il publie en 1987 Éblouissements tue (1974) à une critique acerbe du pouvoir glissent et le sable que soulève la brise enli-
qui retrace en sept fragments la vie du poète qui s’est mis en place au Cameroun en sera ma barque mais je mourrai là, comme
expressionniste Gottfried Benn, médecin des 1958 ; Rachid Mimouni décrit la situation je suis, debout dans mon petit jardin, quelle
pauvres et des prostituées ; G. Benn s’était politique en Algérie, vingt ans après l’Indé- joie ! » Telles sont les phrases sur lesquelles
engagé aux côtés du nazisme entre 1933 pendance, dans un récit au titre évocateur : se clôt le livre, phrases qui réécrivent le
et 1936, ce qui lui valut, après la Seconde Le Fleuve détourné (1982). Face aux politi- topos du temps.
Guerre mondiale, la proscription et l’inter- ciens corrompus, le peuple sans honneur, René Depestre nous livre une autre forme
diction de publier. Mertens étudie aussi la dépassé, accepte ce détournement (L’Hon- de récit poétique dans ses romans ; ainsi,
vie d’Alban Berg8, en recourant à la fiction neur de la tribu, 1990). Hadriana dans tous mes rêves (Gallimard) a
d’une rêverie du compositeur au soir de sa La littérature francophone voit ses cibles pour environnement la question du vaudou
mort, écartelé entre ses souvenirs. évoluer, en particulier lorsque les voix fémi- dans les croyances populaires, posant, comme
Dans toutes ses œuvres, le romancier nines prennent la parole : Calixte Beyala le titre y invite, la question de l’imagination et
poursuit l’étude de personnages dépossé- lutte contre la phallocratie traditionnelle de l’ambiguïté des perceptions. Hadriana est
dés d’eux-mêmes, déchirés entre des choix, toujours vivante (C’est le soleil qui m’a brû- morte le jour de ses noces mais son cercueil
qu’ils ne renient jamais, et leurs consé- lée, 1987) ; mais son héroïne martyrisée ne est vide : elle est censée poursuivre sa vie
quences ; ils sont en quelque sorte exilés survit que lorsqu’à de rares moments elle sous la forme d’une zombie. L’écriture réin-
en eux-mêmes ou, comme ils le disent, peut écrire. ventée par le romancier oscille entre réalisme
« lacunaires ». D’autres voix féminines se joignent à et onirisme, non sans humour.
Ces différentes littératures francophones celle-ci mais en diversifiant la portée de
sont traversées par une même probléma- leur engagement : Fatou Diomé, si elle cri- « Une fois, bien des années
tique – la quête du moi, la question du « Qui tique la société sénégalaise d’aujourd’hui, avant la mort de mon corps,
suis-je ? » – mais qui peut trouver son ori- éclaire aussi son roman, Dans le ventre de j’étais mort dans mon esprit,
gine, soit dans la colonisation, soit dans la l’Atlantique (2003), d’une réflexion sur les j’étais allongé raide mort
différence linguistique. pièges de l’émigration vers l’Europe. Ken dans mes rêves à la dérive
Bugul en 2005 publie un roman policier, comme des voiles de mariée
Rue Félix Faure, dont les criminels ne sont en spirales dans le vent,
Le témoignage d’une lutte pas des meurtriers au sens propre mais ceux j’étais mort dans tous mes sens,
historique qu’elle appelle les « monstres modernes », soudain une de nos îles me rendit
Le roman historique peut se doter d’un « les nouveaux prophètes avec les nouveaux à la folie à l’échelle d’une femme,
enjeu idéologique, lui aussi. On peut rap- temples, les faux gourous avec les nouvelles le temps d’Hadriana Siloé,
procher de cette perspective le récit réa- voies », qui abusent de la crédulité des le miroir qui prend racine
liste du Sénégalais Sembène Ousmane, Les femmes. dans un soleil coupé en amande. »
Revues / articles
Textes et documents pour la classe (TDC)
Littératures francophones, n° 912, 15 mars
2006, La Documentation française.
Sites
Site de l’organisation internationale de la
francophonie – espace diversité culturelle :
http://www.francophonie.org/-Diversite-
culturelle-et-.html
Site de la Fédération internationale des
professeurs de français :
http://www.fipf.info/
Site des professeurs de français :
http://www.francparler.info
Site « enseigner le français » de TV5
monde :
http://www.tv5.org/TV5Site/enseigner-
apprendre-francais/accueil_enseigner.php
Repères sur la francophonie dans le
monde :
http://www.ladocumentationfrancaise.fr/
Dessin pour la revue Tropiques par Wilfredo Lam. Revue créée et dirigée à Fort-de-France dossiers/francophonie/index.shtml
par A. Césaire et R. Ménil, avril 1941-avril 1942, février 1943-septembre 1945. Site du CRDP de l’académie de Paris :
« Parcours littéraires francophones », col-
C’est une autre perspective qu’ouvre Xavier Deniau, La Francophonie, Paris, PUF, lèges en ligne dédiée à l’étude des littéra-
l’adoption du français comme langue d’écri- 2003 : le « Que sais-je ? » sur la question. tures francophones :
ture : pour ces écrivains dont ce n’est pas Jean-Louis Joubert, Les Voleurs de langue, http://crdp.ac-paris.fr/parcours/
la langue naturelle, cette relative étrangeté Paris, éd. Philippe Rey, 2006 : un état des Sur le site Weblettres : liste de romans
introduit une distance dans laquelle peut se lieux actualisé sur l’état du français, l’histoire francophones pour le lycée :
déployer la poésie. de son universalité et ses variantes littéraires ; http://www.weblettres.net/spip/article.
les littératures. php3?id_article=28
Jean-Louis Joubert, Petit Guide des littéra- Site de littérature québécoise :
tures francophones, Paris, Nathan, 2006. http://www.litterature-quebecoise.org/
Bibliographie Jean-Louis Joubert, Littérature franco- * Professeur de Lettres.
et sitographie phone, Anthologie, Paris, Nathan, 1992.
Jean-Louis Joubert, Littératures de l’océan
Indien, EDICEF, 1991 : le patrimoine littéraire 1. Encyclopédie de la Pléiade, 1958.
Ouvrages sur la littérature inconnu des îles de l’océan Indien. 2. J. Rabemanjanara au Deuxième Congrès des écrivains et
francophone Michel Laurin, Anthologie de la littérature artistes noirs, Rome, 1959.
Denise Brahimi, Langue et littératures fran- québécoise, Anjou, éditions CÉC, 1996. 3. Actes Sud, coll. « Babel ».
4. Éditions Grasset.
cophones, Paris, Ellipses, 2001: histoire de la 5. Christiane Achour, Mouloud Feraoun, une voix en
francophonie du Moyen Âge à nos jours ; contrepoint, Paris, Silex, 1986, p. 79.
géographie des littératures francophones. Essais 6. Jacques-Stephen Alexis est mort dans les geôles d’Haïti
en 1961.
Dominique Chancé, Histoire des littéra- Denise Bombardier, Lettre ouverte aux
7. Marie-Denise Shelton, Image de la société dans le
tures antillaises, Paris, Ellipses, « Littérature Français qui se croient le nombril du monde, roman haïtien, Paris, éditions L’Harmattan, 1993.
des cinq continents », 2005. Paris, Albin Michel, 2000. 8. Les Lettres clandestines (1990).
Présentation
Supports : Charles de Coster, La Légende d’Ulenspiegel,
Livre I, 1867. La Légende d’Ulenspiegel, de Charles de Coster, est une œuvre singu-
– Éditions Luc Pire, collection « Espace Nord », Bruxelles, lière : son titre laisse penser qu’elle est la transcription d’une tradition
2010. médiévale ; or c’est un roman du XIXe siècle. La truculence, le style et le
– Version numérisée de l’œuvre parue aux éditions cadre sont proprement flamands ; et c’est aussi un récit écrit en français
de la Toison d’or, Bruxelles, 1942. http://abu.cnam.fr/cgi- par un auteur d’origine à la fois flamande et wallonne, qui pourtant,
bin/donner_html?ulenspiegel1 n’entendait pas, qu’en littérature, on pût user d’une autre langue que
Objectifs : du français.
• Lire une œuvre intégrale en sélectionnant des passages L’étude de ce long roman ne saurait être intégrale : on se limitera à une
signifiants. sélection de chapitres qui illustrent la dimension épique de ces aven-
• Aborder la notion de genres littéraires : la littérature
tures. Le contexte demande aussi à être éclairé, conduisant à un travail
de dérision.
• Inscrire la littérature dans l’histoire des idées : le roman
sur le genre du roman historique. Enfin, on abordera une autre perspec-
historique. tive du programme, la littérature de dérision, rencontrée souvent dans
• Repérer les marques de l’appartenance les fabliaux, dont certains chapitres de l’œuvre sont très proches.
à la francophonie. Cette séquence permet donc de croiser plusieurs objectifs du pro-
Durée : 14 heures environ. gramme de 5e.
Pour le vocabulaire, on consultera un dictionnaire du moyen français
Organisation de la séquence
(http://www.cnrtl.fr/definition/dmf/) et le lexique de l’édition de référence.
ÉTAPE 1 : UN ROMAN HISTORIQUE
• Séance 1 : Le personnage principal (chapitres 1 et 5)
• Séance 2 : Un langage francophone : aide
à la compréhension (fiche soutien 1)
• Séance 3 : Présence de l’Histoire (chapitre 28)
• Séance 4 : Histoire et allégorie (chapitre 29)
Étape 1
• Séance 5 : Une littérature symbolique : la notion
d’apologue (chapitre 46)
Un roman historique
• Séance 6 : Aux origines du personnage : le choix d’un
héros (fiche élève)
ÉTAPE 2 : UNE ŒUVRE DE DÉRISION
Séance 1 > Le personnage principal
• Séance 7 : Le jeu des réécritures : le fabliau (chapitre 19) Supports : chapitres 1 et 5.
• Séance 8 : Truculence flamande et francophonie Mise en œuvre : lecture autonome des deux chapitres ; réponses aux
(chapitre 35) questions.
• Séance 9 : Aide à l’écriture (chapitre 62)
Durée : 1 heure.
• Séance 10 : De la lecture à l’écriture (fiche soutien 2)
• Séance 11 : Le fou, miroir de vérité (chapitre 39)
• Séance 12 : La Flandre de Thyl au cinéma Questions
FICHES ÉLÈVE 1. Dans ces deux chapitres, quels sont les personnages en présence ?
1. Aux origines du personnage – séance TICE 2. Quels indices permettent de définir l’époque et le lieu ?
2. La langue de La Légende d’Ulenspiegel (fiche soutien 1) 3. Sur quels événements l’action s’ouvre-t-elle ? Quelles en sont les
3. Écrire un fabliau moderne à la manière de Charles particularités ?
de Coster (fiche soutien 2) 4. À quel type d’œuvre le lecteur peut-il s’attendre ?
dans une cour francophone, puisque ce sont ses ancêtres, les ducs
de Bourgogne, qui ont conquis la région et l’ont réunie à leurs pos-
Séance 5 > Une littérature symbolique :
sessions. En 1507, il hérite des Pays-Bas et de la Franche-Comté, la notion d’apologue
en 1518, de l’Espagne et de ses possessions en Amérique et en Support : chapitre 46.
Italie ; en 1519, la mort de son grand-père, l’empereur d’Autriche Durée : 1 heure.
Maximilien, le met en rivalité avec le roi de France François Ier et Mise en œuvre : lecture autonome – commentaire.
le roi d’Angleterre Henri VIII. Sacré empereur du Saint-Empire à
Aix-la-Chapelle le 23 octobre 1520, il est le maître de l’Europe Questions
jusqu’à son abdication en 1557. D’abord tolérant envers la Réforme 1. Faites un court résumé du chapitre.
par souci de paix religieuse en Europe, il fut lassé par l’intransigeance 2. Relevez les espèces de poissons nageant dans la rivière : qui est le
de Luther et se rapprocha de François Ier. Après une longue lutte plus fort ?
contre des princes protestants, il finit en 1555 par autoriser la liberté 3. Pouvez-vous identifier des symboles ?
religieuse.
Gand Commentaire
e
Principale cité des Flandres dès le XII siècle, au confluent de la Lys Cette séance prolonge la précédente : il s’agit ici d’un apologue,
et de l’Escaut, c’est la deuxième ville du Nord après Paris en 1500. court récit à valeur didactique. L’anecdote met en scène des bro-
En 1539, elle se révolte contre l’autorité royale qui veut nommer les chets qui, après avoir gobé d’autres espèces, s’entredévorent. Dans
échevins1 : affaiblie par d’anciennes amendes, elle refuse un impôt son unique réplique, Thyl révèle leur signification à l’époque de la
supplémentaire pour soutenir l’effort de guerre. François Ier, le roi fiction : l’un est le symbole du Pape, l’autre de Charles Quint. Celui-ci
au « long nez », autorise Charles Quint à traverser la France pour veut confisquer les biens dont les monastères héritaient à la mort
marcher sur la ville ; vainqueur rapidement des insurgés, l’empereur des moines.
prend des mesures draconiennes : les habitants furent surnommés les Pour de Coster, l’argent est le vrai motif des luttes entre les Grands, la religion
Stroppendragers, les « garrotés », parce qu’il les força à défiler pieds n’est qu’un prétexte. Le peuple, longtemps victime, attend son heure.
nus, « la corde au cou ».
Portée de l’extrait
Les références factuelles sont exactes. À travers le roman historique, de
Séance 6 > Aux origines
Coster évoque, pour les lecteurs du XIXe siècle, le combat de la liberté du personnage : le choix d’un héros
c’est-à-dire l’actualité. Support : fiche élève, p. 23.
Durée : 2 heures.
Mise en œuvre : séance TICE – CDI.
Séance 4 > Histoire et allégorie Aux sources de l’œuvre se trouve un personnage historique, attesté
Support : chapitre 29. en Basse-Saxe au XIVe siècle. Ses aventures, d’abord transmises par la
Objectif : résumer le récit ; reconnaître l’allégorie. tradition orale, furent imprimées dès 1478.
Durée : 1 heure. Le nom d’Eulenspiegel a donné espiègle. L’interprétation courante est
Mise en œuvre : lecture découverte. signifiée sur une gravure de 1515 : Till tient un miroir (Spiegel)
dans la main gauche et une chouette (Eule) est perchée sur sa main
Allégorie : du grec allegorein, « parler autrement ». La figure droite. Elle est l’emblème de la sagesse, et au Moyen Âge, de la ruse.
représente une idée abstraite en la matérialisant dans Le miroir renvoie aux hommes leur image véridique. Ce nom pourrait
un contexte narratif à portée symbolique. aussi évoquer une expression grossière du bas allemand2.
Symbole : du grec sumbolon, « signe de reconnaissance » qui Thyl incarne la liberté par rapport à l’ordre établi et l’aventure contre
renvoie à une abstraction. le travail. Il simule la folie pour mieux ridiculiser celle des hommes. Ses
La cage symbolise l’asservissement. L’allégorie consiste à insérer ce cibles sont nombreuses : les paysans, le clergé, les princes, les savants.
symbole dans une courte fiction mettant en scène le protagoniste. Le C’est un anticonformiste. De Coster en fait l’organisateur de la résis-
père de Thyl l’oblige à se mettre en imagination dans la situation de tance flamande contre l’occupant espagnol.
l’oiseau en cage pour lui faire prendre conscience de ce qu’est la liberté. Voir la découverte par Brel de ce personnage sur ina.fr : .
L’allégorie n’est pas seulement une figure rhétorique ; elle a une double Dans le chapitre 20, p. 54, de Coster modifie l’étymologie pour soutenir
portée : dans la fiction, elle contribue à l’apprentissage de Thyl (éveil de son projet de langage adapté au cadre flamand :
sa conscience morale) ; pour les lecteurs du XIXe siècle, elle fait l’éloge « […] il leur disait abréviant : “Ik ben ulen spiegel” ainsi que cela se dit
de la liberté. encore présentement dans l’Oost et la West-Flandre. »
Étape 2 Commentaire
Un fabliau
Une œuvre de dérision Une des sources de ce fabliau est Les Trois Aveugles de Compiègne
Séance 7 > Le jeu des réécritures : (fin du XIIIe siècle) attribué à Cortebarbe. La ruse et le schéma en sont
semblables. Les dupes sont d’abord les aveugles qui se battent entre
le fabliau eux, puis l’hôtelier âpre au gain, enfin le plus riche membre du clergé
Support : chapitre 19. de la ville. Thyl triomphe.
Durée : 1 heure.
Mise en œuvre : repérage des caractéristiques du genre. La Flandre dans une œuvre francophone
Prolongement : La Fontaine, « Les Voleurs et l’Âne » (Fables, I, 13). Le sujet de l’anecdote est la nourriture ; les énumérations de mets et
de plats savoureux abondent. On retrouve ici un cliché de la Flandre qui
Questions aime à faire bombance, comme la représentent les peintres flamands
1. Qu’est-ce qu’un vilain ? (Bruegel, Noces paysannes, 1568). L’auteur laisse libre cours à une
2. Relevez les mots qui indiquent que l’histoire se déroule en Flandre. créativité toute rabelaisienne : « Pèlerin pèlerinant, veux-tu pèleriner à
3. Quel passage indique l’intervention d’un narrateur extérieur ? travers sauces et fricassées ? » Très flamandes sont aussi les confréries,
comme celle au nom évocateur de La Bonne Trogne. Ce sont des asso-
Fabliau : « conte à rire en vers »*, en vogue dans les provinces
ciations de laïcs unis par un idéal caritatif ou un métier.
du Nord entre les XIIe et XIVe siècles, récité à l’occasion de fêtes.
De Coster utilise des mots du flamand médiéval ou actuel, tels les noms
Il traite souvent de ruses et de tromperies, et parfois de tabous
de monnaie ou de plats. La francophonie s’inscrit dans une commu-
transgressés.
nauté de formes et d’idées que chaque région réinvente.
*Joseph Bédier, Les Fabliaux, 1893.
Commentaire
De Coster s’amuse ici à se réapproprier la matière des fabliaux : le tour
est joué par Thyl à des vilains (« paysans libres »), qui ont volé une
ruche à son père. Thyl prend ici sa dimension farcesque, présente dans
la tradition allemande et dans Le Roman de Renart.
Première visée du fabliau : le héros se joue des voleurs et en donne à
rire. Le récit se clôt sur une vérité générale : « Et c’est ainsi que dans
les querelles les sournois ont leur profit. » L’expression au présent gno-
mique marque un commentaire extérieur. Le récit est un apologue.
Cette anecdote pourrait évoquer des évènements politiques. Dans la
fable « Les Voleurs et l’Âne », La Fontaine explique (vers 7-8) :
« L’Âne, c’est quelquefois une pauvre province :
Les voleurs sont tel ou tel prince, […] »
La narration de Charles de Coster admet manifestement la même lecture.
Questions
1. Où se déroule l’action ?
2. Dégagez un plan du chapitre en cinq parties.
3. En vous appuyant sur celui-ci, rédigez un résumé de 10 lignes.
4. Quel passage indique la leçon de cette histoire ? Gravure illustrant La Légende d’Ulenspiegel par Charles de Grouse (1868).
La langue
de La Légende d’Ulenspiegel
Une langue qui imite celle du passé
3 Relevez les dénominations des personnages de ces chapitres.
Ex. : commère sage-femme.
................................................................................................................
................................................................................................................
................................................................................................................
................................................................................................................
................................................................................................................
................................................................................................................
4 Notez les mots que vous n’avez jamais rencontrés dans vos
lectures ; dans un dictionnaire de la langue du Moyen Âge, recher-
chez leur sens, et quand vous le pouvez, leur origine régionale.
Pour vous procurer ce dictionnaire, vous pouvez vous renseigner auprès
du professeur documentaliste présent dans le CDI de votre collège ou
faire une recherche sur Internet (site du CNRTL par exemple :
http://www.cnrtl.fr).
Exemple : Aux bailles : ...........................................................................
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Photographie de Charles de Coster à 20 ans.
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Supports : chapitres 1 et 5. ................................................................................................................
Mise en œuvre : possibilité d’une séance TICE – recherches au CDI.
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Les indices d’une époque révolue ................................................................................................................
LE REPAS DE NOCES,
Peter BRUEGEL L’ANCIEN, 1568,
huile sur panneau, 114 × 163 cm,
Vienne, Kunsthistorisches Museum.
1 Décrivez le tableau. Qui sont ces gens ? Où se trouve la 4 Voyez-vous la ressemblance existante entre le fragment
mariée ? Un personnage porte sa cuillère sur son chapeau : de la chaise située au coin inférieur droit et la composition
où est-il ? de l’ensemble du tableau ? Faites un schéma.
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2 Comment sont disposées les couleurs rouges ? Pourquoi ? 5 Quels sont les bruits qu’on entendrait si cette image était
................................................................................................................ celle d’un film ?
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3 Précisez à quel niveau nous sommes situés en tant ................................................................................................................
qu’observateur de cette scène. 6 En quoi ce tableau est-il une allégorie (voir la séance 4 de
................................................................................................................ la séquence précédente) ?
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Jaseries québécoises
Par Adeline Pringault-Leguy*
Séance 4 > Décrire avec le lexique vers les Laurentides. Il est accompagné par des saltimbanques français
qui voyagent dans un vieux bus scolaire. Le voyage est magnifique : pay-
québécois sages, rencontre avec Marie, échanges de livres, retrouvailles, oiseaux…
Support : fiche élève 1, p. 33. Ce sont autant les relations humaines que le rapport à l’objet livre qu’on
Durée : 2 heures (1 heure pour les trois premiers exercices et leur cor- explore dans ce roman, on y découvre aussi les paysages de ce morceau
rection + 1 heure pour l’exercice d’écriture). de terre québécoise.
Autour de la lecture
Déroulement
Le tracé de l’itinéraire du bibliobus sur une carte est une activité
Le premier exercice porte sur le lexique des sens ; le deuxième exercice indispensable qui nous permet de feuilleter à nouveau le roman pour
sur les connecteurs spatiaux. Le troisième permet de vérifier le sens des y retrouver la route et les étapes de Québec à Havre-Saint-Pierre
mots appris : les élèves sont munis du lexique composé à partir des textes (Québec – île d’Orléans – Baie-Saint-Paul – île aux Coudres – La
lus et on leur laisse la possibilité de consulter le site du dictionnaire. Le Malbaie – Port-au-Persil – Tadoussac – Escoumins – Baie-Comeau –
dernier exercice est une mise en pratique de leurs acquis. Baie-Trinité – Rivière-Pentecôte – Sept-îles – Maliotenam – Moisie –
Rivière-au-Tonnerre – Havre-Saint-Pierre), puis de Godbout à Québec
quand le bibliobus rentre par la Gaspésie (Godbout – Matane – L’Anse-
Étape 2 pleureuse – Murdochville – Cap-des-Rosiers – Percé – île Bonaventure –
Anse-à-Beaufils – Carleton – Miguasha – Mont-Joli – Bic – Québec).
La forme pronominale On peut aussi faire des recherches sur les nombreuses chansons citées : La
Java bleue (p. 9), Mon pote le gitan (p. 17), Le P’tit Bonheur, Litanies du
Objectifs : Étudier les verbes pronominaux.
petit homme (p. 33), Don’t explain, Famous blue raincoat (p. 34), Quand
Durée : 3 heures.
j’serai K.O. (p. 66), Les Amants de Saint-Jean (p. 72), Le Chien dans la
Dominante : Langue.
vitrine (p. 73), Good luck Charm (p. 76), La Berceuse aux étoiles (p. 120),
Ma péniche, Le Chant des partisans (p. 164). Les recherches portent sur
Séance 5 > Les verbes pronominaux leur succès et leurs échos, sur leur créateur et leurs interprètes, sur les
paroles (expliquées et traduites) et sur leur rapport avec le roman.
et la forme pronominale (reconnaissance)
Supports : Gabrielle Roy, Bonheur d’occasion et Roxanne Bouchard,
Whisky et Paraboles (textes 1 et 2, p. 32) + fiche élève 2, p. 34.
Dominique Demers, Marie-Tempête
Durée : 2 heures. Compte rendu
Déroulement : On suit la fiche élève 2. Un hiver de tourmente, Les grands sapins, Ils dansent dans la tempête
constituent les trois parties de Marie-Tempête. Elles sont d’abord parues
Séance 6 > Conjuguer les verbes isolément, mais il s’agit d’une seule histoire, celle de Marie-Lune, jeune-fille
de quinze ans. Les événements qui se succèdent sont violents, à l’image de
pronominaux et accorder les participes passés la forêt et des saisons décrites au fil du roman. Les personnages principaux
Support : fiche élève 3, p. 35. sont entourés de figurants qui ne font que des apparitions, mais marquent
Durée : 1 heure. par la force de leur symbolique. Parce qu’il traite des choix et des doutes
Déroulement : On suit la fiche élève 3. d’une adolescente face à la mort, l’amour, la maternité ou la spiritualité, ce
roman parlera davantage aux filles qu’aux garçons, mais les figures mas-
culines ne sont pas négligées et un garçon peut se retrouver en elles.
Étape 3 Autour de la lecture
Lectures cursives Une telle lecture ne se prête guère au questionnaire, tant elle est intime.
Il est souhaitable de ne pas chercher à « l’exploiter ». Par contre, on
Objectif : Accompagner les lectures cursives. peut envisager de la prendre comme point de départ à une série de
Dominante : Lecture. recherches documentaires sur les thèmes de société évoqués : la mort
d’un parent, le cancer, la maternité précoce, les enfants malades,
Jacques Poulin, La Tournée d’automne l’alcoolisme, la drogue, le suicide, l’abandon d’enfant, l’adoption, les
animaux familiers, les communautés religieuses, les liens familiaux,
Compte rendu l’amitié, la nature... Les élèves exposent le sujet choisi, puis citent la
Le lecteur s’embarque avec le Chauffeur, conducteur de bibliobus qui manière dont Dominique Demers y fait référence et se positionnent en
fait sa dernière tournée en remontant l’estuaire du Saint-Laurent à tra- indiquant ce qu’ils en pensent.
Compte rendu
Recueil de huit récits d’enfance drôles et émouvants qui nous plongent
dans les joies, les angoisses et les déceptions d’un jeune garçon de
Montréal des années 1950.
Autour de la lecture
Les mêmes personnages se retrouvent d’un récit à l’autre : le jeune
Michel, ses frères Bernard et Jacques, sa mère Nana, son père, sa grand-
mère Tremblay, la tante Robertine, l’oncle Josaphat, le cousin Claude
et la cousine Hélène. On demande aux élèves de s’approprier un des
personnages et de recueillir toutes les informations le concernant dans
l’ensemble des nouvelles. Avec ces informations, ils rédigent le portrait
du personnage choisi.
* Professeur de Lettres. Michel Tremblay en 2002.
CORPUS juste en face du lac, deux chalets qui se tournent le dos. Dans
l’une, de la musique, sur l’autre, l’affiche à vendre. À travers le
TEXTE 1 (SÉANCE 1) 15 rideau déchiré, j’ai épié l’intérieur : au centre de la cuisine, une
Rose-Anna va voir sa mère qui vit toujours dans l’érablière où elle table rectangulaire entourée de chaises de bois rustiques. Au mur,
a passé son enfance. un bricolage d’enfant servant de calendrier périmé et des assiettes
« Les sucres !... » Ces deux mots avaient à peine frappé son décoratives en cuivre terni illustrant des scènes bibliques. Un
oreille qu’elle était partie rêvant sur la route dissimulée de ses banc de quêteux garni d’un coussin aplati, un plancher peint à la
songeries. […] elle se voyait déjà là-bas, dans les lieux de son 20 main et un frigo vide. Merveilleux.
enfance ; elle avançait à travers l’érablière, dans la neige molle, Roxanne Bouchard, Whisky et paraboles, Typo, 2008,
5 vers la cabane à sucre […] © 2008 Éditions Typo et Roxanne Bouchard.
Elle ne cessait de voir surgir, se recomposer, s’animer, s’enchaî-
ner les délices de son enfance. Au pied des plus grands arbres,
l’ombre et la neige se tassaient encore, mais le soleil plus haut
TEXTE 3 (SÉANCE 3)
En octobre 1912, Maria s’installe à Montréal.
chaque jour, perçait plus avant entre les érables où des silhouettes
10 affairées vivement couraient ; son oncle Alfred activait les che- Quelqu’un à la gare lui a expliqué qu’elle se trouve dans la
vaux, charroyant du bois coupé pour entretenir le grand feu de partie ouest de la ville, la plus riche, qu’elle n’est pas très loin
la cabane ; les enfants aux tuques rouges, jaunes, vertes, sautaient de la rue Sainte-Catherine, qu’elle n’aura pas à attendre long-
comme des lapins ; et le chien Pato les suivait à travers la clai- temps parce que les petits chars y sont fréquents. Elle sourit
rière et dans les sous-bois avec des jappements que les coteaux 5 malgré elle. Les petits chars, encore. Quelle drôle d’expres-
15 se renvoyaient. C’était gai, clair, joyeux ; et son cœur battait sion. S’il y a des petits chars, c’est qu’il y en a aussi des gros.
d’aise. Elle voyait les seaux de fer blanc qui brillaient au pied des Alors, c’est quoi, les gros chars ? Des gros tramways ? Il y a
érables ; elle entendait le son mat de ceux que l’on transportait à donc des petits tramways et des gros ? Elle se dit qu’elle va
bras, débordant de sève, et que parfois l’on heurtait ; elle enten- être obligée de s’habituer au français d’ici après en avoir tant
dait encore un mince murmure, moins qu’un ruissellement, plus 10 arraché avec celui de la Nouvelle-Angleterre, si différent du
20 doux que le bruit d’une lente pluie de printemps sur les feuilles sien ? mais d’après ce qu’elle a entendu de son frère, la dif-
jeunes et lisses ; les érables, saignant à plaies ouvertes, c’était le férence de langage entre Montréal et Providence est moins
son de mille gouttes jointes une à une qui tombaient. Rose-Anna grande qu’entre la Saskatchewan et la Nouvelle-Angleterre. Il
percevait encore le pétillement du grand feu de la cabane ; elle y a plus de Canadiens français de l’Est qui sont allés s’installer
voyait la sève blonde dans les bassins, qui, en gros bouillons, se 15 en Nouvelle-Angleterre que d’habitants de l’Ouest, comme
25 levait et soudain comme des bulles d’air crevait ; le goût du sirop elle, plus rares. Et après tout, le français reste le français
était sur ses lèvres, la senteur sucrée dans ses narines ; et toute la quelle que soit la façon de le prononcer. […]
rumeur de la forêt dans son souvenir. Elle a beaucoup entendu parler de la Catherine – comme les
Montréalais l’appellent – par les nouveaux arrivants avec qui
Gabrielle Roy, Bonheur d’occasion, Boréal, 2009 (Boréal compact).
20 elle a travaillé au cours des années et qui la décrivaient comme
la huitième merveille du monde. (Ceux de la ville de Québec
TEXTE 2 (SÉANCE 2) parlaient de la même façon de la rue Saint-Jean.) […]
Une jeune femme décide de partir pour changer de vie. En débouchant dans la rue Sainte-Catherine, elle est un
3 juillet peu déçue. […] Elle se serait attendue à quelque chose de plus
M’enfuir. J’ai claqué toutes les portes pour aller m’échouer 25 fou, à une espèce de fête perpétuelle, une veille de Noël sans
dans mon auto et j’ai grignoté les routes du Québec, kilomètre fin parce que c’est comme ça qu’on la lui avait décrite, cette
par kilomètre. […] mythique artère, le cœur de Montréal, ses Champs-Élysées.
5 Quittant le fleuve, j’ai bifurqué sur la route des chantiers et des C’est moins large qu’elle ne l’aurait cru, pas aussi bruyant,
forêts où s’écarter et j’ai fini par aboutir ici. Comme dans tous les les vitrines des magasins ne sont pas toutes éclairées et y
villages jetés au hasard, on y retrouve l’essentielle trinité permet- 30 flotte en fin de compte une sorte de brouhaha provincial pas
tant de survivre au néant : un dépanneur, un bar, une église. Une très différent de celui des rues commerciales de Providence.
croix de chemin, une affiche de maison à vendre derrière laquelle Montréal est quand même la métropole du Canada, son port
10 s’étire une allée de terre qui s’enfonce dans un bois. le plus important, sa ville industrielle la plus florissante ! La
[…] Une baraque mourante au-dessus du torrent, une autre deuxième ville française du monde, à ce qu’on dit !
complètement au fond du domaine, accotée contre la forêt et, Michel Tremblay, La Traversée de la ville, Léméac Éditeur – Actes Sud, 2008.
Décrire
avec le lexique québécois
1 Décrivez une crêpe au sirop d’érable avec au moins cinq des La lettre de Suzanne :
mots suivants : savoureux, narines, papilles, onctuosité, doux, 28 novembre
boisé, sucre, tiède, parfum, délicieuse. Mon cher Arthur,
Quels sont les deux sens que vous avez développés ? Enfin quelques minutes pour se ................................ . J’étais tellement
Décrivez la même crêpe en utilisant deux autres sens. ................................ que je n’ai pas eu le temps d’écrire. Mais ça y
2 Décrivez l’image représentant une partie de la rue Sainte- est, nous avons quitté Montréal et l’appartement qui donnait sur la
Catherine à Montréal en utilisant au moins cinq connecteurs spatiaux Catherine. Nous sommes en pleine forêt. Il a fallu ................................
différents employés comme compléments circonstanciels. pour tout ................................ .
Ah ! cette nouvelle vie me tente vraiment. L’................................ est
tenue comme avant. Tout autour de nous poussent les érables. Ce sont
de grands arbres magnifiques. Quand s’en vient l’été des Indiens, ils sont
tout rouges. Puis, le pays devient gris et ................................ ; il n’y a
plus que nos ................................ qui donnent un peu de couleur et de
chaleur à nos oreilles. Ce temps est long et triste, un bon temps pour
étudier. Au dégel, une petite incision se pratique dans l’écorce des arbres
et la sève coule dans les seaux qui se posent au pied. Ça sent bon ! Un
grand bâtiment s’élève au milieu des arbres, c’est la ................................
où se fabriquent les ................................ à partir de cette sève amère.
Astheure, on y reçoit les touristes et les locaux qui font des parties de
sucre : crêpes au sirop d’érable, tires d’érable et, bien sûr, jaseries et
chansonnettes !
Je rentre du cégep (lycée) chaque fin de semaine. Maman me prend
avec le ................................ et nous nous arrêtons au village. Un
................................ est ................................ contre l’école où va la
................................ : s’y trouve tout ce qu’il nous faut et on y rit parce
que leur ................................ est difficile à comprendre et qu’ils lancent
des ................................ à chaque instant.
Suzanne, ta cousine
4 Répondez-lui en insérant au moins 10 mots de la liste ou / et du
lexique québécois que vous avez constitué au fil de la séquence.
Dans le corps de votre lettre, vous décrirez un lieu que vous venez de
découvrir, dont vous aviez beaucoup entendu parler et qui vous a déçu
parce qu’il était moins bien dans la réalité que dans vos rêves.
Pour la description, employez le vocabulaire des sens et les connecteurs
spatiaux.
La rue Sainte-Catherine à Montréal. Barème de notation
Lexique québécois /5
3 Replacez les quinze mots de la liste suivante dans la lettre Vocabulaire des sens /3
envoyée par votre cousine québécoise. Expression de la déception /4
Liste de mots : Connecteurs spatiaux /2
accoté – en arracher – une cabane à sucre – un char – débagager – un Présentation de la lettre /2
dépanneur – une érablière – être dans le jus – frète – jaser – la marmaille – Langue (orthographe / syntaxe) /4
la parlure – un sacre – les sucres – une tuque Total
Reconnaître
les verbes pronominaux
Observation La forme pronominale passive
1 À partir des textes de Roxanne Bouchard et de Gabrielle Roy 6 Transformez ces phrases en utilisant à la forme pronominale
(textes 1 et 2, p. 32), relevez les verbes pronominaux avec leur
les verbes dont le sujet est le pronom personnel on.
sujet (s’ils sont conjugués) et indiquez leur forme à l’infinitif.
« Comme dans tous les villages jetés au hasard, on y retrouve l’essentielle
trinité permettant de survivre au néant » (R. Bouchard).
Les verbes essentiellement pronominaux « Elle voyait les seaux de fer blanc qui brillaient au pied des érables ; elle
entendait le son mat de ceux que l’on transportait à bras, débordant de
2 Dans le relevé, repérez un verbe qui conserve le pronom per-
sève, et que parfois l’on heurtait » (G. Roy).
sonnel réfléchi à l’infinitif.
Ce verbe est appelé essentiellement pronominal. Vous avez conjugué vos verbes à la forme pronominale passive.
Pour partir au Québec, nous ................................ sommes bien orga- Les baleines se voient le long des côtes de la Gaspésie. Leur massacre
nisés. Nous avons réservé nos vols. Je ................................ étais se poursuit, malgré les lois. Le rorqual bleu et la baleine noire se par-
chargé de préparer les valises : des vêtements chauds, des gants tagent une place dominante dans les préoccupations scientifiques. Des
et des bonnets. Marie ................................ est occupée de faire oiseaux, comme l’arlequin plongeur, se trouvent également menacés.
l’itinéraire : Montréal, Trois-Rivières, Québec et le lac Saint-Jean. Heureusement, la diminution des caribous des bois se stabilise.
Nous ................................ sommes bien documentés. Vous souvenez- ................................................................................................................
................................ de votre arrivée à Montréal ? Pour nous, ce fut ................................................................................................................
mémorable. Nous ................................ étions emmitouflés, mais le
................................................................................................................
froid était mordant : on ................................ serait cru au Pôle Nord. Le
................................................................................................................
pire est que les Montréalais ................................ couvraient à peine et
................................ moquaient gentiment de nous ! ................................................................................................................
................................................................................................................
2 Conjuguez les verbes pronominaux à l’impératif présent ................................................................................................................
................................................................................................................
s’en aller – s’évader – se souvenir
................................................................................................................
................................................................................................................
RAPPEL
N. B. : Pour les verbes essentiellement pronominaux, la règle
Pour accorder les participes passés des verbes pronominaux dans
les temps composés, on utilise les règles d’accord avec l’auxiliaire d’accord avec l’auxiliaire « être » prévaut.
« avoir ».
Si le pronom personnel réfléchi peut être considéré comme 5 Récrivez ce texte au passé composé
un C.O.D., le participe passé s’accorde avec lui (ex. : Elle s’est Ah ! les vacances au lac Saint-Jean. Louise s’achemine au bord du lac et
lavée). elle voit une bête qui se cabre et s’écroule. Elle s’élance, suivie par une
Si le C.O.D. est placé après l’auxiliaire, le participe passé ne
autre promeneuse. Toutes deux s’approchent et s’agenouillent près de
s’accorde pas (ex. : Elle s’est lavé les mains).
l’animal. C’est une jeune martre qui ne se méfie pas. Louise la prend
dans ses bras : la martre s’y réfugie, puis se ravise et s’enfuit.
3 Accordez les participes passés
6 Récapitulons !
Pélagie s’était toujours di.......................... qu’elle se serait
Reprenez votre analyse des verbes pronominaux (fiche 2, exercice 8) et
pl.......................... dans les Laurentides. Elle s’est décid.......................... à
mettez le verbe entre parenthèses au participe passé en veillant à bien
y aller au printemps, avec Célanie. Elles se sont émerveill..........................
l’accorder.
devant les côtes sauvages. Célanie s’est passionn.......................... pour Les entreprises se sont plus (développer) à Montréal et les étudiants
les oiseaux. Elle s’est mi.......................... à les dessiner avec tout son s’y sont (rendre) pour fréquenter l’université. Dynamique, la ville s’est
talent. Pélagie s’est souven.......................... longtemps de ce voyage. Les (ouvrir) vers l’avenir. Mais Québec a gardé un charme inimitable. Quand
deux amies s’y sont sent.......................... vraiment bien. nous l’avons visitée, tout le monde s’y est bien (sentir). Cet hiver, le fleuve
s’est (traverser) à bord d’un brise-glace. À son passage, les oiseaux se
N. B. : Pour les formes passives, on accorde le participe passé avec le sujet. sont (envoler).
Gilles Vigneault
chante à l’Olympia
le 26 octobre 2009.
1 Observez le portrait. Qu’est-ce qui révèle le dynamisme 4 Dans sa chanson, Vigneault nous parle de lui. À quel
du personnage ? moment nous interpelle-t-il ? Quel effet cela produit-il ?
................................................................................................................ ................................................................................................................
................................................................................................................ ................................................................................................................
2 Quel élément de l’image nous signale que ce chanteur 5 Relevez les derniers mots de chaque vers. En quoi résument-
accorde de l’importance aux paroles ? ils toute la chanson ?
................................................................................................................ ................................................................................................................
3 Écoutez Mon pays (sur http://www.deezer.com/fr/#music/ ................................................................................................................
result/all/gilles%vigneault%20mon%20pays). Que pensez-
vous de la mélodie de cette chanson ? 6 Que nous apporte ce chant ?
................................................................................................................ ................................................................................................................
................................................................................................................ ................................................................................................................
Ce qui est propre à la chanson québécoise se révèle particulière- Québécois possède une façon différente de vivre. La langue en consti-
ment bien dans la chanson populaire. Son inspiration appartient à tue l’identité : « Si on perd notre langue, on perd notre pays ».
l’imaginaire américain, à ses grands espaces et à ses super-héros, Vigneault aime raconter cette histoire pour démontrer qu’entre le
et ses styles empruntent aux rythmes de la country, du western, Canada et le Québec, il se passe la même chose qu’entre l’éléphant
de la protest song, du rap, du rock‘n‘roll, comme aux figures de et la souris. L’éléphant, s’il savait ce que la souris dit et combien la
crooners. langue de celle-ci est précieuse pour nommer les choses, les renom-
mer, s’il savait cela, il serait le premier à faire attention de ne pas
marcher sur la souris ; bien plus, « il se coucherait pour mettre sa
Observation du portrait, grande oreille contre celle de la petite ».
écoute de la chanson Mon pays répond aux critères de ce qui fait un très grand chef-d’œuvre,
On sent que Vigneault, poète, écrivain, chanteur, compositeur a pour Richard Baillargeon (401 Petits et grands chefs-d’œuvre de
besoin de se montrer, de se faire aimer de son public. Lors des tour- la chanson et de la musique québécoises, 2010) : « une chanson
nées, « l’artiste est tous les soirs en train de dire : “Heille... j’existe ! s’adresse à la fois au corps (rythme et danse), à l’intellect (paroles),
M’as-tu vu ?” L’expression est bonne : “M’as-tu vu ? M’as-tu remar- à l’émotion (mélodie) et à notre sens esthétique (sonorités, textures,
qué ? As-tu remarqué mon existence ?” » Tout dans ce visage de repères culturels). Un petit chef-d’œuvre est une pièce musicale qui
Vigneault est dirigé vers l’autre, comme il l’affirme : « C’est une excelle sous un de ces aspects, un grand en réunit deux ou trois et
envie de dire, c’est une envie de communiquer, c’est une envie de un très grand les réunit tous les quatre ».
se nommer. »
En lisant les paroles d’une chanson, on doit toujours les chanter
intérieurement. Si on se rappelle les paroles des premier et dernier
couplets, on constate que c’est l’hiver qui est sans cesse évoqué Réponses aux questions
et mis en relation avec la topographie du pays. La neige couvre le
chemin et le jardin devient une plaine. Mais c’est négativement que 1 La tête est rejetée en arrière, le visage est souriant, les cheveux
sont décrits le pays et la vie. Le « ce n’est pas, c’est » est répété sont ébouriffés.
dans chaque vers de la première strophe. En fait, il est bien vrai
que le Québec n’est pas un pays puisqu’il n’est qu’une province 2 La main est portée au visage, comme pour réfléchir et lui per-
du Canada. Le Québec ne possède pas de frontières naturelles. Ses mettre de mieux s’exprimer.
frontières artificielles sont définies par la nature des choses et par 3 La mélodie est facile à retenir. De plus, les paroles viennent en
l’âme des hommes qui y vivent. Alors, le compositeur s’identifie à ponctuer le rythme.
sa chanson et ne fait qu’un avec l’espace et l’hiver.
4 Tout au long du poème, « mon » et « ma » sont répétés. Au
dernier vers, c’est le mot « toi » qui surgit brusquement. On est sur-
Contexte culturel et social pris en étant directement concerné.
Gilles Vigneault est né en 1928 au Canada. Professeur de français, 5 Les derniers mots de chaque vers sont : hiver, plaine, neige,
il écrit des contes pour enfants et publie des poèmes. Il compose en
envers, patrie, vie. Toute la teneur de la chanson se trouve par là
1964 la chanson Mon pays qui décroche le premier prix au Festival
résumée : évocation spatiale et implication personnelle.
de Sopot. Politiquement engagé, il milite pour l’indépendance du
Québec. 6 On chante pour laisser aller sa voix, porter son émotion vers les
Comment se définit un pays ? C’est pour Vigneault un ensemble autres afin qu’ils partagent nos sentiments. Le chant permet d’affron-
de gens possédant les mêmes coutumes, et qui ont décidé de vivre ter l’injustice, d’attendrir les cœurs, de se sentir frères et sœurs d’une
ensemble. Le problème du Canadien est de se croire Américain. Le même cause.
Enfances africaines
Par Adeline Pringault-Leguy*
Présentation
Cette séquence propose l’étude de deux récits d’enfance africains célèbres
et très diffusés. L’un, Amkoullel, l’enfant peul d’Amadou Hampâté
Bâ, est présenté comme autobiographique ; l’autre, L’Enfant noir de
Camara Laye, comme un roman. Les récits sont abordés comme des
récits d’enfance écrits par des auteurs africains d’expression française,
mais avant tout comme des œuvres littéraires.
L’Enfant noir, de Camara Laye, œuvre préconisée dans les I.O. pour
la classe de 3e, est étudiée en œuvre intégrale. Plusieurs séances sont
donc entièrement consacrées à l’étude de différents aspects du livre,
alors que la figure de la mère et le rite initiatique de la circoncision sont
étudiés à travers les deux récits.
Couverture de L’Enfant noir de Camara Laye. Séance 1 > Situer les textes
Supports : une carte de l’Afrique de l’ouest sur laquelle figure les villes
Support : Amadou Hampâté Bâ, Amkoullel, l’enfant peul, citées ; Hampâté Bâ, p. 395-396.
Actes sud, 1992 (édition citée : J’ai lu, 2007) ; Camara Laye,
L’Enfant noir, Plon, 1953 (édition citée : Pocket, 1976). Durée : 1 heure.
Objectifs :
– Étudier une œuvre intégrale : Camara Laye, L’Enfant noir Déroulement
– Améliorer son orthographe : le participe présent
Dans l’avant-propos de l’édition J’ai lu (p. 12), Amadou Hampâté Bâ
et l’adjectif verbal
précise que « quand on parle de tradition africaine, il ne faut jamais
Durée : 10-12 heures. généraliser. Il n’y a pas une Afrique, il n’y a pas un homme africain, il
Organisation de la séquence n’y a pas une tradition africaine valable pour toutes les régions et toutes
ÉTUDE DE CAMARA LAYE, L’ENFANT NOIR
les ethnies ». Il est important, avant de commencer l’étude, de sensibi-
• Séance 1 : Situer les textes liser les élèves à cela. Si environ 800 kilomètres séparent Bandiagara où
• Séance 2 : L’incipit de L’Enfant noir (fiche élève 1) naquit Amadou Hampâté Bâ du village de Camara Laye, Kouroussa, les
• Séance 3 : L’Enfant noir : roman ou autobiographie ? deux auteurs sont, cependant, originaires de l’ancien royaume du Mali
• Séance 4 : La figure de la mère et partagent une histoire et une culture (organisation sociale en castes
• Séance 5 : L’image de l’école dans L’Enfant noir avec des hommes libres et des esclaves ; légendes communes ; sociétés
(fiche élève 2) patrilinéaires…). Camara Laye insiste sur cette culture commune aux
• Séance 6 : La circoncision ethnies de la boucle du Niger, mais non pas à l’ensemble de l’Afrique
• Séance 7 : Évaluation de fin de séquence (fiche élève 3) (p. 73).
PROLONGEMENTS Le premier travail consiste à situer les textes géographiquement. Sur la
Lecture cursive : Ferdinand Oyono, Une vie de boy carte de l’Afrique de l’Ouest, les élèves repèrent en bleu les endroits
Autour d’Amadou Hampâté Bâ que l’on trouvera dans les extraits des mémoires d’Amadou Hampâté Bâ
FICHES ÉLÈVE (Bandiagara, Djenné, Kati, Bamako) et en rouge le village de Kouroussa
1. Orthographe : le participe présent et l’adjectif verbal où Camara Laye passe sa petite enfance, Conakry où il fréquente le
2. L’image de l’école dans L’Enfant noir lycée technique et Kankan qu’il visite avant son départ pour la France.
3. Un extrait de L’Enfant noir – L’atelier du père On propose ensuite de prendre en compte les événements survenus
pendant les deux périodes des récits. Le récit d’Hampâté Bâ couvre 2. « Quel âge avais-je en ce temps-là ? » (p. 9) : l’auteur raconte un
la période 1900-1920 et trois événements historiques sont racontés : souvenir aux contours incertains.
la grande famine de 1914 (p. 309-319), la déclaration de guerre de « …chaque gri-gri a sa propriété particulière ; mais quelle vertu pré-
1914 (p. 320-332) et son impact sur la société coloniale et à la fin de cise ? Je l’ignore, j’ai quitté mon père trop tôt » (p. 11) : il indique son
la guerre en 1918, le retour des rescapés dont les récits changèrent ignorance des traditions. Il est plus l’enfant de l’école française que de
irrémédiablement la manière dont les Maliens considérèrent les Français son village natal. Il est important de noter que, dans le cas de Camara
(p. 395-396). La lecture de ce court passage permet de mieux com- Laye, il n’y a aucun reproche fait au système colonial. Il ne fait que
prendre le contexte colonial. Le récit de Camara Laye évoque la période constater une réalité mais, rappelons-le, Camara Laye écrit son texte
de 1930-1947, mais le contexte historique est peu présent : l’enfant à 25 ans.
subit des brimades infligées par les instituteurs français aux écoliers 3. Description de la case du père : « Mon père avait sa case […] à tous
(chapitre 6), mais il ne prend pas conscience d’une inégalité. L’Enfant les maléfices ».
noir est paru en 1953 alors que Camara Laye a 25 ans ; il raconte des 4. Ce lieu est primordial, car c’est l’endroit qu’il voit depuis la véranda
faits sans avoir pris de recul. où il passe la majeure partie de son temps pendant sa petite enfance,
puis l’endroit où il aime à se réfugier un peu plus âgé (p. 12).
Séance 2 > L’incipit de L’Enfant noir Séance 3 > L’Enfant noir, roman ou
Supports : Camara Laye, p. 9 à 11 (jusqu’à « trop tôt ») + fiche élève 1, autobiographie ?
p. 43.
Support : Camara Laye, L’Enfant noir.
Durée : 2 heures.
Durée : 1 heure.
Déroulement : On suit les questions sur le texte.
Déroulement
Avant le début de l’étude, les élèves ont lu le roman. En classe, on étudie Questions
les cinq premiers paragraphes. Suit l’étude d’un point d’orthographe :
1. Qui est le narrateur du livre ?
participe présent et adjectif verbal (fiche 1), formes que Camara Laye
2. Qu’est-ce qui nous permet de dire que ce narrateur se confond avec
utilise fréquemment sur l’ensemble de son texte.
l’auteur ?
3. Comment s’appelle l’enfant noir, personnage central du texte ?
Questions 4. Expliquez la présence du sous-titre « roman » sur la page de garde.
1. Quel est le premier événement raconté ? Formulez des hypothèses
expliquant ce choix (considérez l’ensemble du roman). Éléments de réponse
2. Recopiez les deux phrases à la forme interrogative. Expliquez-les.
1. Le narrateur du livre est l’enfant devenu grand.
3. Repérez un passage descriptif. Qu’est-ce qui est décrit ?
2. Une recherche sur la vie de Camara Laye et son parcours scolaire
4. En considérant l’ensemble du premier chapitre, expliquez pourquoi
prouverait que l’enfant noir est Camara Laye.
ce lieu est primordial pour l’enfant.
3. Le narrateur se désigne en utilisant la première personne (je). Sa
mère le nomme « mon enfant » (p. 15), son père : « petit, fils, mon
Éléments de réponse petit » (p. 20, 21, 153, 160), sa grand-mère : « mon petit époux »
1. Le livre s’ouvre sur un souvenir d’enfant : le narrateur joue avec un ser- (p. 42). Mais son amie Marie l’appelle « Laye » et il la nomme en plai-
pent, est sauvé in extremis de la morsure par un apprenti de son père et santant, « Madame Camara n° 3 » (p. 185). Cette appellation confirme
sermonné par sa mère apeurée. La fin du premier chapitre nous apprend qu’il y a identité entre l’auteur, le narrateur et le personnage principal.
que l’enfant prit conscience de la dangerosité des serpents, mais aussi 4. Le mot « roman » permet à l’auteur de prendre quelque liberté avec
de l’existence des génies et en particulier de celui de sa lignée, confié les faits réels, de changer les noms, de forcer un trait et d’inclure dans
à son père : un petit serpent noir. Cet événement est fondateur, car il ses souvenirs d’enfance des aventures auxquelles il a pu assister, mais
aurait dû devenir le gardien du génie familial à la suite de son père, mais qu’il n’a pas vécues directement. Le terme « roman » a pu aussi être
l’école l’a éloigné des savoirs traditionnels. Bien que cet éloignement ajouté par l’éditeur dans une logique commerciale.
soit volontaire, l’enfant est partagé entre l’importance de fréquenter
une école qui l’éloigne de ses traditions et celle de sauver le savoir de ses
parents (« Et je ne savais plus si je devais continuer d’aller à l’école ou si
Séance 4 > La figure de la mère
je devais demeurer dans l’atelier : j’étais dans un trouble inexprimable », Supports : Camara Laye, p. 7-8, et Hampâté Bâ, p. 53 (« Si j’avais res-
p. 21). Ce déchirement entre la tradition orale familiale et l’ensei- pecté […] dans cet ouvrage »).
gnement écrit officiel est un lieu commun du récit d’enfance africain. Durée : 1 heure.
Déroulement Prolongement
Camara Laye précise que « le plus souvent on imagine dérisoire le rôle de On conseille l’écoute du magnifique poème « Femme noire » de
la femme africaine, et il est des contrées où il est insignifiant, mais l’Afrique Léopold Sédar Senghor lu par le poète lui-même (piste 23 : Léopold
est grande, aussi diverse que grande » (p. 73). Amadou Hampâté Bâ S. Senghor, enregistrements historiques, Frémeaux). Écrit dans les
déclare qu’elle tiendra une « place essentielle » dans ses mémoires. Après années 1930 alors que Senghor étudie à Paris et publié en 1945 dans le
les avoir relus, on étudie les deux textes des auteurs sur leur mère. recueil Chants d’ombre, ce poème a, de toute évidence, inspiré Camara
Laye. On profite de l’occasion d’évoquer le poète que les élèves ont
Questions peut-être déjà étudié en 6e (Leuk-le-lièvre) et de son rôle essentiel dans
1. Quel est le prénom de chacune des deux mères ? la littérature francophone.
2. Quels sont les différents rôles de la mère ?
3. Pourquoi Amadou Hampâté Bâ n’a-t-il pas commencé son texte en
évoquant sa mère ? Répondez en citant le texte. Séance 5 > L’image de l’école
4. Au-delà de sa propre mère, à qui Camara Laye rend-il hommage dans L’Enfant noir
dans son texte ? Supports : Camara Laye, L’Enfant noir + fiche élève 2, p. 44.
5. Dans un entretien, Amadou Hampâté Bâ raconte : « Ma propre Durée : 2 heures.
mère, lorsqu’elle voulait me rencontrer pour une affaire quelconque,
avait coutume de demander au préalable à mon épouse : “Laquelle
des personnes de mon enfant l’habite aujourd’hui ? Est-ce le toubab Déroulement
[l’homme blanc] ? Est-ce l’homme de religion ? Ou est-ce mon fils ?” Si Camara Laye va à l’école de Kouroussa, puis au lycée de Conakry, avant
ma femme répondait “c’est ton fils”, elle entrait sans ménagement et de rejoindre la France pour poursuivre ses études. Son père l’encourage
me dictait ses volontés. Si elle lui répondait “C’est l’homme de Dieu”, dans cette voie, mais a conscience qu’en le faisant ainsi étudier, il le
ma mère se contentait de me faire des propositions. Mais si ma femme
perd pour le village. Choisir l’école coloniale, c’est aussi renoncer à bien
déclarait “C’est le toubab”, alors ma mère repartait sans même essayer
connaître les traditions ancestrales. Camara Laye parle souvent de son
de me voir » (cité dans Sur les traces d’Amkoullel, l’enfant peul, Actes
ignorance due au fait qu’il a trop peu fréquenté son père puisqu’il était
Sud, 1998, p. 131). D’après votre lecture de L’Enfant noir, quels points
à l’école.
communs voyez-vous avec la mère de Camara Laye ?
Avec les élèves, on suit la fiche élève 2.
Éléments de réponse
1. La mère de Camara Laye se nomme Dâman et celle d’Amadou Séance 6 > La circoncision
Hampâté Bâ, Kadidja.
Supports : Camara Laye, chapitre 8 (p. 123-154) et Hampâté Bâ, « une cir-
2. La mère est créatrice de l’être humain, chacun doit la vie à sa mère,
concision à la sauvette », p. 369-372 (jusqu’à « dans toutes ses finesses »).
ce qui la rend presque divine. Camara Laye détaille ses rôles : allaite-
Durée : 1 heure.
ment, portage sur le dos, guidage pour les premiers pas, consolatrice,
Déroulement : Les récits étant longs, les élèves les ont relus avant le
conteuse, éducatrice.
cours. Ils répondent aux questions.
3. Amadou Hampâté Bâ présente ses mémoires avec une rigueur histo-
rique qui lui impose de commencer son texte en évoquant ses ancêtres
et son père. Cependant, en procédant ainsi, il a évoqué d’abord le
Questions
« double héritage » de ses deux lignées et a déjà parlé de sa mère. 1. À quel âge intervient cette cérémonie ?
« Que ma mère me pardonne donc de ne pas avoir commencé ce récit 2. Les deux garçons désirent-ils être circoncis ? Pourquoi ? Citez le texte.
par elle en dépit de tout ce que je lui dois, mais l’enchaînement chrono- 3. Dégagez les étapes de la cérémonie de la circoncision pour Hampâté
logique a ses lois ». Bâ et pour Camara Laye.
4. Camara Laye rend hommage à sa lignée (« la grande famille des 4. Qu’est-ce que cette circoncision a changé dans la vie des deux enfants ?
forgerons »), mais aussi aux femmes africaines (« Femme noire, femme 5. La circoncision est décrite ici comme un « rite d’initiation ». Comment
africaine ») et, à travers elles, à la terre africaine, depuis son exil français, comprenez-vous cette expression ? Pouvez-vous citer d’autres rites sym-
considérée comme nourricière (« ton fils, si loin, si près de toi ! »). bolisant le passage de l’enfance à l’âge adulte ?
5. La mère de Camara Laye a tout pouvoir sur son enfant, on le voit au
chapitre 5. Cela lui confère la possibilité d’être autoritaire vis-à-vis de la Éléments de réponse
part d’enfance qui demeure dans le fils adulte. La mère de Camara Laye
méprise elle aussi ce que son fils a appris à l’école, cette école qui ne 1. Pour Hampâté Bâ, elle aurait dû avoir lieu à 12 ans mais, à cause de
fait qu’éloigner le fils de sa mère (« Ils n’ont donc pas de mère ? Mais sa fréquentation de l’école qui l’éloigne du village et des frais que cela
naturellement ils n’en ont pas : ils ne seraient pas partis si loin de chez engendrerait, elle a lieu quand il a 16 ans. Camara Laye est circoncis
eux s’ils en avaient une ! », p. 217). plus tard que ses camarades de classe vers 14-15 ans.
2. Hampâté Bâ désire être circoncis, car sinon il est inférieur à tout autre
garçon circoncis (« Je harcelais constamment mes parents pour me
faire circoncire », p.369). Camara Laye tient absolument à être circoncis
(« Quelle que soit la certitude de la souffrance, personne pourtant ne
songerait à se dérober à l’épreuve […] et pour ma part, je n’y songeais
aucunement », p. 125).
3. Ne suivant pas la cérémonie traditionnelle, la circoncision d’Ama-
dou en garde quelques éléments : revêtement d’un boubou et d’un
bonnet spécifiques, opération, convalescence (beaucoup plus courte
que l’usage), retour coiffé du bonnet de circoncis et présents offerts
par la famille. La circoncision de Camara Laye se fait selon le rite et est
longuement racontée dans le livre. Tout commence par des journées de
danse durant lesquelles Camara est revêtu d’un boubou et d’un bonnet
spécifiques, puis les cérémonies se poursuivent avec les seuls initiés à
l’écart du village. Les jeunes sont rasés et le boubou cousu sur les côtés,
des danses reprennent au son du tam-tam, puis a lieu l’opération, les
jeunes circoncis restent isolés plusieurs semaines pendant lesquelles ils
reçoivent une éducation secrète sur leur future vie d’homme.
4. Les deux enfants sont dès lors considérés comme des adultes.
Concrètement, Amadou peut être servi par les garçons non-circoncis.
Camara Laye n’habite plus avec sa mère, mais dans une case personnelle
proche. Il s’habille désormais avec des vêtements d’homme. C’est pour Camara Laye en 1979.
lui une naissance à la vie adulte : « je voulais naître, renaître ! » (p. 125).
5. Un rite d’initiation est une cérémonie qui marque le passage de Prolongements
l’enfance à l’âge adulte, mais aussi l’initiation à un savoir qui n’est pas
connu des non-initiés. Le rite de l’excision, rarement accompagné d’une Lecture cursive
initiation, n’est donc pas légitimé de la même manière. Il n’est pas aussi Ferdinand Oyono, Une vie de boy, Julliard, 1956 (édition Pocket,
répandu que la circoncision. Les Malinké, l’ethnie de Camara Laye, ne 1970). L’auteur y dénonce la colonisation à travers le journal fictif
pratiquent pas d’initiation pour les filles, car on considère qu’elles ne sont d’un Camerounais au service de l’administrateur des colonies. Ce livre
pas capables de garder un secret… Quand Camara Laye écrit (p. 124) : fit scandale et le récit des humiliations subies par le jeune Africain est
« Et c’est un peu comme si à renfort de bruit et de mouvement, de marquant pour nos consciences actuelles. Contemporain du texte de
réjouissances et de danses, l’on cherchait à nous faire oublier ce qu’il y a Camara Laye, il présente une vision opposée de l’Afrique coloniale.
d’angoissant dans l’attente et de réellement pénible dans l’épreuve ; mais
l’angoisse ne se dissipe pas si aisément, si même elle faiblit par intervalles, Autour d’Amadou Hampâté Bâ
et la douleur de l’excision n’en demeure pas moins présente à l’esprit », Pour de bons lecteurs, on recommande la lecture intégrale d’Amkoullel,
il utilise le mot générique, mais parle bien de l’excision du prépuce des l’enfant peul et, éventuellement, la deuxième partie des Mémoires :
garçons, c’est-à-dire la circoncision. Dans de nombreuses sociétés océa- Oui mon commandant !, Actes sud, 1994. Le professeur trouvera à la
niennes, les scarifications marquent le passage à l’âge adulte. Chez nous, fin de ce deuxième volume des textes évoquant la genèse de l’œuvre
les rites religieux reculent, mais on citera la communion solennelle pour littéraire de l’auteur.
les catholiques ou la bar-mitsva pour les juifs. L’obtention du baccalauréat Une documentation photographique, ainsi que des textes d’Amadou
est une sorte de rite de passage, mais elle n’est pas indispensable, comme Hampâté Bâ sont présentés dans Sur les traces d’Amkoullel, l’enfant
l’est un rite d’initiation, pour vivre dans la société. peul, Actes Sud, 1998, qui complète agréablement ses mémoires.
* Professeur de lettres.
3. Participes présents : racontant – grandissant – venant – quittant – 7. Ayant été orphelin très jeune, le père n’est pas allé à l’école et est
apprenant. devenu simple forgeron. Il espère que l’école donnera à son fils un
Adjectifs verbaux : brûlant – brillant – fascinant – décevant – intéressant. métier moins fatigant. Au moment de son départ en France, il montre
4. Il la trouve séduisante et intéressante. Ils passent des heures, ensemble, une hésitation à le laisser partir, car il sait qu’il le coupe de ses racines :
admirant la mer chatoyante et les vagues écumantes. Il rêve de partir il demande à son fils de revenir vivre en Guinée après ses études.
sur les îlots qu’ils voient au loin. Le voilà s’imaginant sur une barque 8. Le père a une conscience claire de l’avenir de l’Afrique coloniale. Il
filant sur l’océan, le vent s’engouffrant dans sa chemise légère. Marie sait que son fils doit partir en France pour acquérir des savoirs qu’il ne
est plus hésitante, mais elle le trouve touchant quand il projette de pourrait acquérir au village, mais il lui fait promettre de revenir travailler
louer une barque aux pêcheurs rentrant sur le port. Tous deux savent chez eux : « Oui, je veux que tu ailles en France ; je le veux aujourd’hui
qu’ils ne partiront pas, mais ils passent des heures charmantes devant la autant que toi-même : on aura besoin ici sous peu d’hommes comme
mer : parlant et jouant aux jeux troublants de la séduction. Les heures toi… », p. 213-214.
passant, ils rentrent au soleil couchant, sans se préoccuper des tantes
Écriture
souriant de leur complicité naissante.
5. Participes présents : arrivant – marchant – observant – vivant – ayant. AVANTAGES INCONVÉNIENTS
Adjectifs verbaux : fatigant – précédente – imposantes – différentes – Apprentissages passionnants Éloignement du village et de sa famille
Exemple : p. 84 ; p. 213 Exemple : p. 159 ; p. 212
étouffante – impressionnante.
Formation pour l’avenir Ignorance des savoirs traditionnels
Fiche 2 Exemple : p. 60-61 ; p. 177-178 ; Exemple : p. 20-21
p. 213-214
1. Voir tableau ci-dessous.
ÉTABLISSEMENT ÂGE RÉFÉRENCES
LIEU
FRÉQUENTÉ (APPROXIMATIF) (PAGES DU LIVRE)
École coranique Non précisé Kouroussa p. 80 Fiche 3
(6-9 ans ?) 1. La présence du griot et l’usage de la cora permettent de situer la
École primaire 9-15 ans Kouroussa p. 81-101 scène en Afrique, de même l’évocation du gisement d’or de Siguiri
française (situé près de Kankan).
Collège technique 15-19 ans Conakry p. 155 ; 175-182 ; 2. La scène se déroule dans l’atelier du forgeron.
Georges Poiret 193-195. 3. Le narrateur est le fils du forgeron.
École centrale à partir de 19 ans Argenteuil p. 219-221 4. Il aime ces moments-là, car la présence du griot et de la femme ne
d’ingénierie
sont pas habituels et changent du quotidien. Il les vit comme une fête.
automobile
5. Le temps dominant est l’imparfait utilisé pour exprimer une action
2. Ce parcours ressemble à un parcours scolaire français, puisqu’il suit passée qui s’est répétée (valeur itérative).
l’enseignement colonial. 6. La femme a trouvé de l’or en filtrant l’eau et la boue dans les placers
3. Attitude des enfants en classe : attention et étude (p. 84) ; Ressenti de Siguiri.
de l’enfant face au tableau noir : peur ; Punition pour la petite classe : 7. Elle veut en faire des bijoux.
coups de bâton (p. 85) ; Punition en 2e année : balayage de la cour ; 8. a, b, c. « lavant » : laver. J’utilise une nouvelle poudre lavante.
Punition pour les 3e et 4e années : entretien du potager ; Punition pour « détachant » : détacher. Il existe des produits détachants naturels.
les deux grandes classes : gardiennage du troupeau (p. 86). 9. La femme s’adresse au père pour transformer l’or, car il est forgeron
Conclusion sur le rapport avec le maître : l’autorité est basée sur la vio- et c’est l’une de ses fonctions.
lence et le maître considère ses élèves comme ses serviteurs. 10. Un griot est un conteur et un chanteur. Il conserve et transmet la
4. L’enfant aime l’école, même si les violences lui pèsent : « l’étude était mémoire.
une chose sérieuse, passionnante » ; « nous ne nous lassions jamais
11. Les deux aspects du métier de griot sont de flatter en inventant des
d’écouter » (p. 84).
exploits, mais aussi de transmettre la mémoire sans trop la déformer.
5. et 6. Voir tableau ci-dessous.
12. La femme vient avec un griot pour convaincre le forgeron de tra-
POINTS POSITIFS POINTS NÉGATIFS vailler pour elle.
1re année Camaraderie, p. 175 Mêmes cours en 2e et en 1re année 13. Le chant du griot rejaillit sur le narrateur, car il est le fils du forgeron
Enseignement technique dans (p. 175-176) et ce sont aussi ses ancêtres que le griot évoque.
les ateliers, p. 177 Niveau des enseignements
Orthographe : Le griot s’installa, préluda sur sa cora, qui est notre
généraux inférieur à celui
du primaire (p. 176) harpe, et commença à chanter les louanges de mon père. Pour moi,
2e année Nouvelles salles, p. 181 Aucun ce chant fut un grand moment. J’entendis rappeler les hauts faits
Professeurs français, p. 181 des ancêtres de mon père, et ces ancêtres eux-mêmes dans l’ordre du
Bons enseignements technique temps ; à mesure que les couplets se dévidèrent, ce fut comme un
et général, p. 181 grand arbre généalogique qui se dressa.
L’image de l’école
dans L’Enfant noir
Parcours scolaire
1 En vous aidant du texte, retracez le parcours scolaire du personnage principal
Références
Établissement fréquenté Âge (approximatif) Lieu
(pages du livre)
......................................................................... Non précisé (de … à … ans ?) ......................................................................... p. ...................................
......................................................................... de … à … ans ......................................................................... p. ...................................
......................................................................... de … à … ans ......................................................................... p. ...................................
......................................................................... à partir de … ans ......................................................................... p. ...................................
GUERRIER DEBOUT,
Ousmane SOW, 1991,
technique mixte,
260 ⴛ 130 ⴛ 120 cm.
1 Où est présentée cette sculpture de guerrier ? Quel effet 4 Pouvez-vous imaginer le milieu dans lequel vit ce guerrier ?
cela produit-il ? ................................................................................................................
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2 Quelle est son attitude ? ................................................................................................................
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5 Quel regard implique le fait qu’il s’agit d’une exposition ?
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3 Comment le percevez-vous ? Est-ce comme dans le
film d’Hervé Palud, Un Indien dans la ville (1994), où l’enfant ................................................................................................................
venu d’Amazonie descend l’avenue des Champs-Élysées ? ................................................................................................................
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Observation L’œuvre
Haut de 2,60 mètres, le guerrier médite. Il est au cœur de Paris, sur Plusieurs modes d’approche d’une telle réalisation sont à envisager,
la passerelle des Arts, et il ne craint pas de s’afficher dans sa nudité non exclusifs les uns des autres :
impressionnante. Ce personnage n’est pas isolé. Il est mis en scène, – Une approche narrative : que fait donc ce guerrier Masaï sur ce
pont reliant la coupole de l’Institut au musée du Louvre, lieux haute-
dans un groupe, parmi d’autres. Les personnages se parlent, se
ment symboliques de la culture occidentale ? Alors qu’il ne peut être
répondent, se renvoient l’un à l’autre. Leurs dimensions plus grandes dissocié de son environnement naturel, physique et culturel, il nous
que nature leur octroient un statut particulier. Leur aspect est celui de paraît ici bien triste, bien solitaire.
personnages bien réels, mais leurs dimensions les excluent de notre – Une approche humaniste : cet autre mode de perception consiste
monde. Ousmane Sow s’en explique : ses œuvres sont réalisées pour à regarder en cet homme un être humain semblable à nous. C’est
nous surprendre en changeant nos habitudes de voir et d’interpréter. alors avec bienveillance ou avec un certain mépris qu’au nom de
En un puissant contraste, la silhouette du corps s’oppose au classi- notre civilisation, nous le regardons avec hauteur. Ainsi, la nudité
cisme des berges de la Seine. Le contact avec la terre et la chaleur du de ce personnage qui avait choqué certains Parisiens fait place à la
climat tropical ont buriné les traits de ce visage, tandis que la Seine considération d’être en présence d’un de nos frères humains : « Nous
paisiblement s’écoule sous le doux soleil du mois de mai. Choc des sommes venus sur terre nus et nous repartirons nus », ajoute
Ousmane Sow.
cultures ou constance humaniste ?
– Une approche ethnologique et sociale : il est alors possible
d’imaginer le milieu social dans lequel vit le Masaï, obéissant à une
organisation bien structurée, où le guerrier médite avant l’attaque.
Contexte culturel et social Le Masaï fixe des yeux sa sagaie, la mèche de cheveux, le profil du
guerrier sont de la même trempe que la pointe de l’arme. On ne
L’artiste serait pas surpris d’apprendre que le guerrier, dans cette attitude,
donne libre cours à une pensée animiste le conduisant à un dialogue
Ousmane Sow réalise ses sculptures à partir de fers de béton, autour
intérieur avec son arme pour entrer en communion avec elle.
desquels il enroule de la paille, puis des toiles de jute recouvertes
– Une approche esthétique : en ce lieu d’exposition, on se plaît
d’une pâte, une mixture de son invention, faite de terre et de miné- à contempler les subtils rapports de couleurs, la découpe de la sil-
raux mélangés avec laquelle il modèle délicatement le physique de houette brune sur fond bleuté, la beauté du profil… En aucun cas,
ses personnages. Le Massaï est un guerrier appartenant aux tribus de on ne saurait envisager ce personnage comme étant un vrai Masaï, il
bergers nomades vivant au Kenya et en Tanzanie. L’artiste s’identifie est une œuvre d’art que l’on regarde.
au personnage qu’il modèle ; tel un sorcier, il lui donne vie en le
façonnant de ses mains caressantes, fermant les yeux pour se laisser
guider par des sensations tactiles. Réponses aux questions
À vingt-deux ans, Ousmane Sow avait quitté le Sénégal pour suivre
des études à Paris, exercer de petits métiers, obtenir un diplôme
1 Cette sculpture est exposée sur le pont des Arts à Paris. Le
contraste avec le panorama de la ville nous interroge. Que fait ce
d’infirmier et devenir kinésithérapeute. Ce dernier métier nécessite
guerrier-là ?
une parfaite connaissance des muscles et de l’anatomie. Ce qu’il met-
2 Le guerrier médite, avant la chasse.
tra à profit dans la pratique de la sculpture à laquelle il se consacre
complètement à partir de 1992. Pour lui, un grand sculpteur africain 3 Le Masaï est déraciné de son milieu. Perdu dans la ville, comme
ne fait pas de la sculpture africaine. Il sait toucher nos cœurs par un suspendu au-dessus de la Seine, il fait partie d’un autre monde.
langage humaniste, celui de tous les artistes. « On se croit africain, 4 On imagine la savane aux herbes hautes et arbustes, ou de steppes
dit-il, on ne l’est pas forcément. On est façonné par le destin et, à végétaux de petite taille.
aujourd’hui, le destin est multiple. » 5 Nous contemplons sans véritablement nous impliquer.
L’écriture de soi
I. Le prénom C. Acrostiches
D’un poète : François Villon
A. Les raisons du choix d’un prénom
Fausse beauté qui tant me coûte cher,
« Il fut alors dénommé Tristram et fut baptisé sous ce nom.
Rude en effet, hypocrite douleur,
Il reçut ce nom parce qu’il avait été conçu dans les tourments
Amour dure plus que fer à mâcher,
et porté dans la souffrance, et qu’il est né dans l’affliction et la
Nommer que puis, de ma défaçon seur [sûre de ma ruine]
peine ; et sa vie fut remplie de peine. Il s’appela Tristan à juste
Charme félon, la mort d’un pauvre cœur,
5 titre, car il s’éveillait triste, s’endormait triste, et mourut triste,
comme pourront l’apprendre ceux qui écouteront cette histoire Orgueil mussé [caché], qui gens met au mourir,
plus avant. » Yeux sans pitié, ne veut Droit de Rigueur,
Sans empirer, un pauvre secourir ?
« Le baptême de Tristan » in Tristan et Iseut : les poèmes français,
la saga norroise, Daniel Lacroix et Philippe Walter,
[…]
LGF, Le Livre de Poche, coll. « Lettres Gothiques ».
D’une élève
Moi, je pense ? Non.
B. Des prénoms à adopter Alors c’est mon nom qui fait penser ?
Dans la liste de prénoms féminins suivants peu portés, choisissez- Non, toujours négatif, c’est ce que porte ce nom : Manon.
en un que vous voudriez adopter, et dites pourquoi. Vous pouvez Oui, ou plutôt nom… je m’égare. Alors ce nom fait penser ?
en faire votre second prénom.
Non non ou nom N-O-M ? Lequel ? Tout compte fait, ce
Calliope, Clio, Polhymnie, Euterpe, Terpsichore, Erato, Melpomène,
nom fait penser.
Thalie, Uranie.
Dans la liste des prénoms masculins suivants venus d’ailleurs,
choisissez-en un que vous voudriez adopter et dites pourquoi.
Vous pouvez en faire votre second prénom.
Njall, Snorri, Skarphedhinn, Eremon, Midir, Uisliu, Nantu, Etsa.
II. La généalogie
Vous pouvez argumenter sur la sonorité du prénom, son carac- « Au commencement donc fut le Chaos, puis Géa au vaste sein,
tère peu répandu, les associations d’idées qu’il fait naître. Vous éternel et inébranlable soutien de toutes choses, puis, dans le fond
pouvez lui inventer une origine fantaisiste et vous en réclamer. des abîmes de la terre spacieuse, le ténébreux Tartare, puis enfin
................................................................................................................ l’Amour, le plus beau des immortels, qui pénètre de sa douce
................................................................................................................ langueur et les dieux et les hommes, qui dompte tous les cœurs,
................................................................................................................ et triomphe des plus sages conseils.
................................................................................................................ Du Chaos et de l’Érèbe naquit la noire Nuit : de la Nuit l’Éther
et le Jour […]
................................................................................................................
Géa enfanta encore les durs Cyclopes, Brontès, Stéropès,
................................................................................................................
Argès, qui ont donné à Zeus sa foudre, qui ont forgé son tonnerre.
................................................................................................................ Semblables en tout le reste aux autres dieux, ils n’avaient qu’un
................................................................................................................ œil au milieu du front ; mortels nés d’immortels, ils reçurent
................................................................................................................ le nom de Cyclopes, à cause de cet œil unique, qui, au milieu de
................................................................................................................ leur front, formait un cercle immense. Ils eurent en partage la
force et excellèrent dans les arts. De Géa et d’Ouranos naquirent
................................................................................................................
encore trois autres enfants, énormes, effroyables, qu’on n’ose
................................................................................................................
nommer : c’étaient Cottos, Briarée, Gyas, race orgueilleuse ; de
................................................................................................................ leurs épaules sortaient cent invisibles bras, et de là aussi, au dessus
................................................................................................................ de leurs robustes membres, s’élevaient cinquante têtes ; leur force
................................................................................................................ était extrême, immense, comme leur corps. »
................................................................................................................ Hésiode, Théogonie, trad. Henri Joseph Guillaume Patin, 1872.
L’écriture de soi
Par Édith Wolf*
Quatre pistes pour une généalogie sur deux ou trois générations, du nom qui suivent les noms propres, apposi-
avec noms, prénoms, métiers, lieux d’implanta- tions, compléments de détermination, épithètes,
une année tion, histoire familiale. On précise que l’on ne lira propositions relatives. On remarque le niveau
On peut organiser l’année en quatre phases pas ce document qui servira de base de départ. soutenu de l’épique et la cohérence lexicale.
dont chacune permettra d’aborder l’écriture Pour les retours, insister sur les effets liés aux On fait noter des mots à conserver : engendrer,
depuis une de ses sources. Ces catégories four- formes proposées et à la tonalité. Même pour la naître, enfanter, mettre au monde, des construc-
nissent une typologie commode et n’ont aucune consigne 2, la forme poétique surgit souvent, à tions inhabituelles : « Au commencement donc
prétention d’explication. cause du système de la liste, et on peut en sug- fut… ». On étudie le développement sur Cottos,
Le point de départ pourra donc être : gérer une accentuation. Briarée, Gyas, et on y relève des tournures
– la vie, l’écriture de soi ; Les auditeurs devront deviner quel est le per- comme : « race orgueilleuse », « cent invincibles
– un appel à l’imaginaire ; sonnage inventé. bras ».
– un élément de la situation réelle (lieu, époque Consigne 1 : On lit à haute voix l’extrait d’Exil Consigne : écrire une généalogie. Il faut carac-
de l’année, date, paysage extérieur, objets) ; de Saint-John Perse (Gallimard, 1942). Le texte tériser chaque personnage par des expansions du
– la langue (jeux sur les mots les tournures, la est difficile, et ne sera pas compris dans le détail, nom et le situer dans la lignée. On peut commen-
ponctuation, les figures de styles…). il suffit que le souffle dû à l’emploi de l’anaphore cer par : « Avant tout fut (ou furent) », on utilise
et du verset soit ressenti. engendrer, naître, enfanter, mettre au monde.
Consigne : On demande de remplacer dans la On doit commencer une phrase ou une ligne par
L’écriture de soi, généalogie apportée les noms par des groupes « Ceux-là » ou « celui / celle-là », et une autre par
« Et… était ». On introduit un personnage fictif à
les origines nominaux commençant par celui ou celle qui, et
faire repérer par les auditeurs.
d’écrire un texte de célébration. On ajoute qu’il
Écrire sur son prénom faut introduire dans la généalogie un personnage * Agrégée de Lettres Modernes.
inventé, que les auditeurs devront repérer.
– Récit, dialogue, texte explicatif à propos de
l’origine de son prénom « […] celui qui vague, avec les gens de peu,
On n’est nullement obligé de révéler la vérité, sur les chantiers et sur les cales désertées par la
on a toute latitude pour inventer ou mêler réalité foule, après le lancement d’une grande coque de
et fiction (un élève a imaginé que son prénom trois ans ; […]
lui avait été donné par Jim Morrison !). Si l’on Celui qui ouvre un compte en banque pour les
invente, on peut imiter le système donné pour recherches de l’esprit ; celui qui entre au cirque
expliquer le nom de Tristan dans la fiche élève. de son œuvre nouvelle dans une très grande ani-
– J’aime ou je n’aime pas mon prénom parce mation de l’être, et, de trois jours, nul n’a regard
que… sur son silence que sa mère, nul n’a l’accès de sa
– Le prénom désiré / le prénom redouté. chambre que la plus vieille des servantes ; celui
– Des prénoms à adopter, en choisir un et qui mène aux sources sa monture sans y boire lui-
écrire pourquoi (on ne dira pas au début que même ; celui qui rêve, aux selleries, d’un parfum
les prénoms féminins de la liste sont ceux des plus ardent que celui de la cire […] »
Muses, et les prénoms masculins ceux de héros
nordiques, celtes et amérindiens). Texte d’élève (Yassine)
– Acrostiche avec son prénom. « Celui qui tente l’impossible, en ces années-
Certains textes écrits à partir des consignes là, toutes mystérieuses et pleines de secrets, ose
précédentes peuvent être présentés sous forme y réfléchir sans contraintes, espérant les percer
d’acrostiches. d’une quelconque manière ;
Les retours sont à mener rapidement. On Celui qui trime, travaillant avec acharnement
pourra faire classer les textes produits selon les pour résister et contrer la descente infernale de
types de discours : narratif, descriptif, explicatif, l’endettement, évitant de commettre l’Erreur ;
repérer dialogues, autoportraits et éloges, relever Celui qui aide sans être aidé, isolé du reste de
les jeux sur les sons. Pour les prénoms adoptés, la vie, se recluant sur lui-même ;
on les fera d’abord prononcer pour jouer avec Celui qui s’isole pour mieux s’élever ;
les sonorités. Celui qui aime, enrôlé par le cycle infernal qui
le rejette.
Écrire sa généalogie Ne sachant que faire. Ne faisant rien. »
Pour chacune des deux consignes, on demande Consigne 2 : On examine l’extrait d’Hésiode, Lettre enluminée du Testament
aux élèves, lors de la séance précédente, de faire et on analyse la composition des expansions de François Villon.
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Les expériences de Baba Sur ses habitants :
1 Qui est Baba ? ................................................................................................................
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2 Quelle est sa vie à Kouroussa ? 3 Avez-vous envie d’y aller maintenant ? Pourquoi ?
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4 Que découvre-t-il ? 5 Racontez un autre voyage que vous avez fait grâce au cinéma.
Pendant le voyage : ................................................................................................................
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Enfin la relation serrée qu’entretiennent le réel deux rives, figurant la destinée humaine. L’image
Présentation et la fiction dans L’Enfant noir prend un tour symbolique de l’enfant sur le pont en aplomb
Réalisé en 1995, L’Enfant noir s’inspire libre- original avec l’implication forte des acteurs au-dessus du fleuve, par laquelle le film semble
ment du récit autobiographique éponyme de dans l’élaboration du récit cinématographique. s’ouvrir plutôt que se clore, exprime magnifique-
Camara Laye paru en 1953 et raconte, en le En effet, c’est la rencontre du réalisateur avec les ment cet état de mouvement et d’équilibre où
transposant dans la Guinée des années 1990, le membres de la famille de Camara Laye, vivant l’homme peut enfin devenir ce qu’il est.
destin du jeune Baba parti de sa petite ville de toujours à Kouroussa, et leur désir de se réap-
Kouroussa pour faire l’expérience d’une autre proprier le roman de leur illustre parent qui initie
vie à Conakry. le film. Mais dans le jeu de la transposition, au
Pour Laurent Chevallier qui, après de nom- lieu de jouer leur propre rôle, ils interprètent une L’invitation au voyage
breux documentaires, signe là sa première fiction, sorte d’allégorie de leur histoire familiale, identi-
L’Enfant noir se déploie à travers la Guinée,
il ne s’agit pas de faire une reconstitution histo- taire et culturelle. Le film gagne en complexité
et le regard de Baba – tantôt sujet, tantôt
rique mais une transposition du roman dans la dans ce va-et-vient constant entre les besoins
moteur de l’objectif de la caméra de Laurent
Guinée contemporaine qu’il connaît pour l’avoir du scénario et la vie quotidienne des acteurs.
Chevallier – manifeste fortement la croyance
filmée, en 1991, dans Djembefola. D’une époque Souvent la frontière entre ce qui est joué et ce qui
dans le cinéma comme moyen d’aller vers
à l’autre, d’un langage à l’autre, le texte se loge est réellement vécu devient absolument floue. Le
l’Autre et l’Ailleurs. Le réalisateur s’incarne
naturellement dans le film qui l’actualise sans mariage de l’oncle à Conakry, par exemple, par-
d’emblée dans le personnage du marchand d’or,
rien perdre de sa dimension initiatique et de sa faitement réel, aurait dû interrompre le tournage.
figure de la mise en mouvement et du boulever-
capacité à interroger la culture africaine. Le réalisateur l’intègre aussitôt à la fiction et en
sement qui initie la fiction et qui est à l’origine
Inscrit au dispositif national d’éducation à nourrit son scénario (7).
du destin de Baba. Le marchand est saisi, dès la
l’image « Collège au cinéma », L’Enfant noir allie
première séquence, dans un réseau de relations
à une forme claire des questionnements univer-
que son énergie et ses intérêts ne finissent pas
sels sur le passage de l’enfance à l’adolescence, le
de tisser. Dans son sillage et par son impulsion,
conflit entre tradition et modernité et la douleur Un récit d’apprentissage s’animent les figures qui vont ensuite porter le
de l’exil.
Au centre de L’Enfant noir, le personnage récit. De même, le réalisateur invite le spectateur
de Baba Camara, le propre neveu de l’écrivain, à une série de rencontres, des gens de Kouroussa
ordonne la dimension initiatique du récit. De à ceux de Conakry en passant par Baba et ses
amis.
Une fiction nourrie Kouroussa (1/2/3) à Conakry (4/5/6/7), Baba
Ainsi, le geste cinématographique se confond
passe de l’influence de sa famille proche à une
de réel certaine autonomie chez son oncle citadin, de la avec l’activité du marchand : quand l’un ramène
vie traditionnelle de son village de province à la des pépites du bout de la Guinée, l’autre filme,
La séquence générique (1)1 pose d’emblée
vie trépidante et moderne de Conakry, de l’espace c’est-à-dire s’avance vers l’inconnu et en ramène
l’un des partis pris esthétiques structurants de
ouvert de la plaine à l’espace chaotique de la des trésors de sensations et d’expressions.
L’Enfant noir : le terreau documentaire dans Chercheur d’images ou chercheur d’or, leurs
lequel s’enracine le film. Un montage élémentaire ville. Dans ce système d’oppositions s’actualise
aussi la tension entre la tradition et la modernité. trajectoires sont parallèles. Pour l’un comme pour
d’images et de sons bruts représente des hommes l’autre, qu’ils empruntent des voies navigables
et des femmes au travail. Les échelles des plans, Au lieu d’opposer l’école et ses apprentissages
scientifiques aux savoirs de la tradition orale, et carrossables ou celles de la représentation, il
entre le plan américain et le gros plan, concentrent s’agit de traverser des espaces et de faire passer
le regard sur les corps et les mains de ces figures L’Enfant noir les lie intimement puisque Baba
en prend connaissance simultanément. Les pas- les gués. Tout l’enjeu du cinéma réside là, dans
qui ne sont pas encore des personnages. Les cette possibilité d’un regard toujours plus large-
gestes des chercheurs d’or qui creusent et lavent seurs se trouvent à Kouroussa (le père raconte
l’histoire du grand-père Komadi et du serpent ment ouvert sur le monde, capable de contenir
la terre puis pèsent et vendent leur précieuse les contradictions du réel, l’autre et soi.
récolte tiennent lieu de sujet dans un film où noir, génie de la famille [3]) comme à Conakry :
aucun drame ni articulation dramatique forte ne l’oncle Moussa évoque le dunumba, la danse des *Intervenante cinéma en milieu scolaire.
se dessine encore. À cette construction sans effet hommes forts (5) tandis que le médecin explique
répondent le son direct et la lumière naturelle qui le soli, le rythme qui accompagne la cérémonie
excluent toute idée d’artifice. de la circoncision (6).
À peine quelques discrètes notes de musique L’enfant multiplie les expériences, embrassant
suggèrent-elles un autre niveau de représenta- la ville (4), l’océan (5) et l’amour (8) d’un même
tion. Ce signe infime qui interrompt l’impression regard ébahi. Car ce film à hauteur d’enfant
de prélèvement du réel est un indice de taille est avant tout l’histoire de la naissance d’un
car c’est justement de la bande son que vient regard sur le monde. De la séquence du voyage
la rupture : l’apparition de la voix off opère la à travers la Guinée (4) à la séquence finale sur le
bifurcation du film vers la fiction. La voix du pont (8) en passant par celle de l’errance solitaire
narrateur donne au marchand d’or un véritable dans Conakry (7), le film met spatialement en
statut de personnage ; elle circonscrit aussi le scène un trajet intérieur, celui qui fait passer
temps et l’espace du film en invitant le spectateur Baba de l’enfance à l’âge d’homme. La mise en 1. La numérotation renvoie au chapitrage du DVD édité
à entrer dans Kouroussa. scène en fait un voyageur constamment entre par Les Films du Paradoxe.
Les adverbes
Je note le cours proprement et lisiblement sur une feuille à part 9. Elle ne sait que répondre avec méchanceté.
puis je l’apprends. 10. Elle se leva avec majesté.
Total : …/20 points
Les adverbes
Par Coralie Amet*
Présentation Non déplaçables : ne plus, tout, puis, bien, galant – lâche – obscur – assidu – pesant – aisé –
très, beaucoup, même, assez. décent – impudent – posé.
Cette fiche propose d’étudier les différents
rôles de l’adverbe et ses particularités de for- 4 ne plus : voit ; simplement et pauvre- 3 Retrouvez l’adverbe en -ment corres-
mation. Ce cours sur les adverbes permet une ment : vêtue ; tout : en noir ; puis : toute la pondant à chaque adjectif.
approche orthographique mais aussi gramma- phrase ; bien : faite ; très : grands ; aussitôt : récemment – froidement – vaillamment – crû-
ticale et sémantique car les adverbes possèdent jetai ; visiblement : toute la phrase ; beaucoup : ment – effrontément – copieusement – étourdi-
des fonctions syntaxiques variées allant de la aimait ; même : fumait ; assez : doux. ment – obscurément – furtivement – joliment –
phrase au texte jusqu’à l’énonciation où son rôle coquettement – honnêtement – négligemment –
s’apparente à celui des modalisateurs. 5 Marque le point de vue du narrateur sur étonnamment – apparemment – réellement –
La séance dure deux heures en incluant la son énoncé : visiblement. élégamment – suffisamment – fièrement –
prise de notes du cours. Les élèves peuvent Sert à enchaîner deux phrases : puis. bruyamment.
s’autoévaluer à l’aide du barème proposé pour
les exercices. 4 Remplacez par l’adverbe correspon-
Corrigé des exercices dant chacun des groupes nominaux sou-
lignés.
1 Dans les phrases suivantes, relevez les 1. Elle jongle adroitement. – 2. Il entra non-
adverbes et identifiez le mot dont ils modi- chalamment. – 3. Les clients s’approchèrent
Réponses aux questions fient le sens. précipitamment. – 4. Il me répond souvent
tout à fait : remarquable ; plutôt : surprenant. insolemment. – 5. Le cambrioleur s’enfuit hâti-
1 Non, ils sont invariables. Ainsi : toute la phrase ; seulement : un an ; vement. – 6. John a mis la table soigneuse-
vaillamment : a ; beaucoup : persévérance ; tant : ment. – 7. Conduis prudemment. – 8. Il a joué
2 Supprimables : simplement, pauvrement, zèle ; déjà : dépasse ; ne … plus : demande ; talentueusement. – 9. Elle ne sait que répondre
tout, puis, très, aussitôt, visiblement, beaucoup, désormais : toute la phrase. méchamment. – 10. Elle se leva majestueusement.
même, assez.
Non supprimables : ne plus, bien. 2 Retrouvez l’adjectif sur lequel est
formé chacun de ces adverbes.
3 Déplaçables : simplement, pauvrement, modéré – fréquent – net – suffisant – résolu –
aussitôt, visiblement. fou – continu – franc – assidu – constant – patient – * Professeur de Lettres classiques.
COURS
Emplois
– Les adverbes sont des mots invariables qui modifient le sens d’un verbe, d’un adjectif ou d’un autre adverbe.
Ex. : Il vient toujours à la même heure. Le drap est bien sec. Il roule trop vite.
– Certains adverbes servent à organiser le texte. Ex. : D’abord, nous choisirons. Ensuite, nous vous informerons.
– D’autres portent sur l’énoncé ou indiquent le point de vue de l’énonciateur. Ex. : Viens-tu ? Non. – Visiblement, elle est malade.
Formation
– Certains adverbes proviennent directement d’adverbes latins : bien, hier, là, loin, mal, mieux, où, plus, quand, tant (bene, heri, illac, longe, male,
melius, ubi, plus, quando, tantum).
– D’autres sont formés par dérivation à partir d’un adjectif qualificatif au féminin et du suffixe -ment.
Ex. : Attentif K attentive K Attentivement.
Difficultés
– Les adverbes en -ANT font -amment. Ex. : galant K galamment
– Les adjectifs terminés par -é, -i, -u, -ai au masculin font : modérément, poliment, éperdument, vraiment. Exception : Gaiement.
– Certains adverbes se terminent en -ément au lieu de -ement. Ex. : précisément, aveuglément, profondément.
– Les adjectifs en -ENT font -emment. Ex. : prudent K prudemment.
C’est à l’indicatif présent que les verbes du Éléments pour la leçon et [ə] (je lève, nous levons). Toujours réalisée à
1er groupe posent le plus de difficultés ; elles l’oral, l’alternance se transcrit de manière variée
tiennent à la base utilisée, qui ne se déduit pas I. Principes généraux (valables à l’écrit : le son [ε] est toujours transcrit par un e
toujours de l’observation de l’infinitif. Il ne s’agit pour tous les apprentissages accent grave, sauf pour les verbes en -eter et -eler
pas de présenter des listes d’exceptions, mais de où il peut correspondre à un redoublement de la
construire ou reconstruire des automatismes gra-
en conjugaison) consonne t ou l (je pèle / j’appelle, nous appe-
phiques et oraux et de faire apparaître la logique Conjuguer un verbe, c’est connaître : 1) sa lons4 ; j’achète / je jette, nous jetons) ; connaître
d’un système où seule pose réellement problème base lexicale : pour les verbes du 1er groupe, le mode de réalisation du son [ε] relève alors de
la transcription du son [ε] pour les verbes en on la trouve le plus souvent en retranchant le l’apprentissage lexical5.
-eter et -eler. Par la suite, on pourra appliquer -er de l’infinitif, mais certains verbes utilisent 4. Les verbes en -ayer fonctionnent au choix
ces automatismes à la flexion – fort régulière – deux bases, avec alternance vocalique (voir sur une seule base terminée par y- (je paye, nous
des autres temps de l’indicatif, et du subjonctif plus loin). payons), ou sur deux bases i- / y- (je paie, nous
présent. La connaissance partielle de l’alphabet 2) une flexion modale et temporelle : à l’indica- payons) ; les verbes en -oyer ou -uyer fonc-
phonétique international est ici un pré-requis. tif présent, les désinences sont les suivantes : e / tionnent obligatoirement sur deux bases (j’essuie,
N.B. : les différentes personnes, de la 1re du es / e / ons /ez /ent. je noie / nous essuyons, nous noyons).
singulier à la 3e du pluriel, sont désignées à l’aide 3) une flexion de personne.
des abréviations P1 à P6 (par exemple, P4 désigne 4) une flexion de nombre, de nature synta-
la 1re personne du pluriel). xique : accord GN ou pronom sujet de phrase Correction des exercices
K verbe.
1. Pour les verbes à deux bases, le tableau
Observation [5) une flexion de genre, parfois, aux temps
comporte un exemple de chacune d’elles.
composés (participe passé).]
1. a. Réputé avoir une conjugaison régulière 2. a. Plongeons – b. jetez – c. déplacez –
(prévisible), un verbe du 1er groupe est terminé d. naviguons – e. harceler – f. paies ou payes –
à l’infinitif par -er1. b. On rappellera les notions II. Particularités g. cries – h. assiègent. – i. aimes.
de « base » (radical) et de « terminaisons » (dési- de la conjugaison du présent 3. Étudies – annonçons – espérez – allégeons –
nences). Ces dernières sont liées à la flexion en appelle – répète – interpellez – achètent –
personne du verbe 1. Bien que faisant l’objet de tableaux par-
ticuliers dans les manuels de conjugaison, les appuies – emploie.
2. Pour transcrire le son [s] (et non [k]), c com- verbes dont la base est terminée par -é, -i 2 et * Agrégé de Lettres classiques,
porte une cédille devant a, o, u. Pour transcrire le -gu (cré-er, étudi-er, distingu-er…) ne posent collège Edgar-Faure, Valdahon (25).
son [] (et non [g]), g est suivi d’un e devant les pas de problème orthographique : la base reste
mêmes voyelles. Terminaison concernée : -ons inchangée à toutes les personnes, même pour
(on trouve -ont, -ai, -as, -a, -âmes, -âtes, -ais, -ait, les verbes en -gu- devant o (ou a ailleurs qu’au
-aient à d’autres temps et modes). présent) : je cré-e, nous agré-ons, tu cri-es, nous
3. a. Un e sans accent correspond au son [ε] distingu-ons, je navigu-ai3.
(rarement, au son [e]) quand il est suivi de deux ou de 2. Pour conjuguer les verbes en -ger et en
trois consonnes (mais la seconde ne doit pas être un -cer, il suffit de connaître la règle de ge- ou de la
-r ni un -l), d’une consonne double ou d’un x (trans- cédille devant la voyelle o (ou a) : nous nageons, 1. Aller est parfois rattaché à ce groupe, bien qu’il utilise
crivant deux sons). Il correspond au son [ə] quand il nous plaçons, je nageais, je plaçai. On rappellera un nombre important de bases, provenant de plusieurs
n’est suivi que d’une consonne (ils prennent / nous le cas échéant que la base du verbe acquiesc-er verbes latins (va-, all-, aill-, ir-).
prenons). b. On peut mettre un accent grave sur un e comporte un s devant le c, sans que cela change 2. On rappellera que les verbes en -ier appartiennent au
quand la syllabe écrite qui suit comporte un -e muet la règle d’emploi de la cédille (j’acquiesce, nous 1er groupe et que les terminaisons en -is et -it, réservées
(je règle / tu réglais, j’achève / vous achevez). acquiesçons, j’acquiesçai). aux verbes des 2e et 3e groupes, sont impossibles.
3. Le verbe arguer utilise la base argu- prononcée [arg] ou
4. a. et b. À l’indicatif présent, la base utilisée 3. Les verbes du 1er groupe utilisant deux [argy], d’où, dans le second cas, des différences orthogra-
à l’infinitif et en P4 / P5 est différente de celle qui bases sont : les verbes comme « compléter », phiques (utilisation du tréma : j’argue / j’arguë).
est utilisée en P1/P2/P3/P6. On note une alter- « espérer », « aérer », « semer », « mener », 4. Le verbe interpeller fonctionne à l’écrit sur une base
nance vocalique entre ces deux bases. Même si « peser », etc., les verbes en -eter et -eler, et les unique interpell-, mais l’alternance vocalique est réalisée
la base écrite reste identique, on note parfois à verbes du type « protéger », « dépecer », ou à l’oral : j’interpelle ([pεl]), nous interpellons ([pəlɔ˜]).
l’oral une légère différence de prononciation en « rapiécer » qui relèvent aussi de la particularité 5. Les Rectifications orthographiques de 1991 préconisent
P4/P5 : j’intéresse [rεs], nous intéressons [resɔ̃], je n° 2. Les verbes à deux bases fonctionnent une certaine unification, avec utilisation systématique de
crée (krε], nous créons [kreɔ̃]. l’accent grave (je chancèle, j’épèle, je harcèle, je feuillète)
sur les principes suivants : a) la base des per-
sauf pour les verbes appeler et jeter et leurs dérivés,
5. En P1/P2/P3/P6, les formes en -ay- sont cor- sonnes P1, P2, P3 et P6 est différente de celle dont les formes en -ell- et -ett- sont bien stabilisées dans
rectes, les formes en -oy- et -uy- incorrectes ; elles qu’on trouve à l’infinitif et en P4/P5 ; b) il y a l’usage. Est également préconisé un alignement de la
sont alors remplacées par -oi- et -ui- (y compris au alternance vocalique entre les deux bases, entre conjugaison du verbe interpeller sur celle de appeler (on
futur simple : j’essuierai, je noierai). les sons [ε] et [e] (je cède, nous cédons) ou [ε] écrira donc : interpeler, nous interpelons, etc.).
Le vocabulaire au BEPC
L’Enfant, roman d’inspiration autobiographique, est le récit de 3 Quelle scène ce petit texte décrit-il ?
l’enfance difficile de Jacques Vingtras, fils d’une paysanne et d’un
................................................................................................................
ancien pion de collège devenu professeur. Son style vif, parfois féroce ................................................................................................................
et humoristique, fait la satire des valeurs familiales de la société du
XIXe siècle. Les sentiments de l’enfant
Il y a de temps en temps un œuf. 4 Relevez les mots, expressions, types de phrases qui expriment
On tire cet œuf d’un sac, comme un numéro de loterie, et on les différents sentiments éprouvés par l’enfant et nommez-les.
le met à la coque, le malheureux ! C’est un véritable crime, un ...............................................................................................................
coquicide, car il y a toujours un petit poulet dedans. ...............................................................................................................
5 Je mange ce fœtus avec reconnaissance, car on m’a dit que tout
le monde n’en mange pas, que j’ai le bénéfice d’une rareté ; mais 5 Cherchez, en vous aidant du dictionnaire Le Robert Collège des
sans entrain, car je n’aime pas l’avorton en mouillettes et le poulet synonymes du mot « entrain ».
à la petite cuiller. ...............................................................................................................
Jules Vallès, L’Enfant (1878). ...............................................................................................................
Questions ...............................................................................................................
...............................................................................................................
Une scène de la vie quotidienne
1 À quelle personne ce récit est-il écrit ? Observez les initiales du La transfiguration du réel
personnage principal et celles de l’auteur : que pouvez-vous en 7 « C’est un véritable crime, un coquicide »
conclure ?
a. Expliquez cette expression.
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...............................................................................................................
................................................................................................................
b. Décomposez le mot coquicide.
2 À propos de on. ...............................................................................................................
a. Que désigne le on ?
c. Cherchez ce mot dans le dictionnaire Le Robert Collège. Que
................................................................................................................ constatez-vous ? Comment s’appelle ce type de mot ?
b. Cherchez la nature exacte de ce mot dans le dictionnaire Le ...............................................................................................................
Robert Collège. ...............................................................................................................
................................................................................................................
8 Relevez le champ lexical humanisant l’œuf. Comment appelle-
c. Pourquoi les autres personnages ne sont-ils pas nommés ?
t-on cette figure de style ?
Quel est l’effet produit ?
...............................................................................................................
................................................................................................................
...............................................................................................................
................................................................................................................
................................................................................................................ 9 Quelle dimension cette scène quotidienne prend-elle aux yeux
................................................................................................................ de l’enfant ? Devine-t-on le point de vue du narrateur adulte ?
................................................................................................................ ...............................................................................................................
................................................................................................................ ...............................................................................................................
Le vocabulaire au BEPC
Par Coralie Amet
On veillera donc à l’ordre des questions qui 3. Le texte décrit une scène de repas où l’on
Objectifs traduit souvent la préoccupation suivante : l’élève propose un œuf à la coque au jeune Jacques.
Cette fiche pédagogique ne constitue pas un doit partir de l’observation d’un fait de langue
sujet de brevet classique mais elle propose un pour aller plus loin dans le commentaire litté- Les sentiments de l’enfant
aperçu des différentes questions de vocabulaire raire construisant par là même des compétences 4. L’enfant éprouve de la pitié pour l’œuf tiré
possibles dans un sujet de BEPC. Ces questions de lecteur et d’interprète éclairé d’un texte au sort, sensible à travers l’exclamation « le mal-
déroutent parfois les élèves de 3e qui doivent littéraire. heureux ! », mais aussi de la gratitude à l’égard
souvent s’appuyer sur des connaissances censées de ses parents (« avec reconnaissance ») qui lui
être acquises les années précédentes comme la offrent un mets sortant de l’ordinaire. Enfin, il
formation des mots, les relations entre les mots,
sens propre et figuré, etc.
Réponses aux questions mange l’œuf « sans entrain » à l’idée que celui-ci
est une sorte de poussin mort-né.
Il peut donc être utile d’effectuer une synthèse
de tous ces points de vocabulaire en préparation Une scène de la vie quotidienne 5. Synonymes d’« entrain » : ardeur, enthou-
siasme, fougue, vivacité.
d’un devoir type-brevet ou à l’occasion d’une 1. Le récit est à la 1re personne du singulier. K On pourra demander aux élèves de relever
correction. Les initiales du personnage principal et celles également les antonymes de ce mot (« inertie »,
Le travail peut se faire en classe avec l’aide du de l’auteur sont les mêmes (J.V.) : on peut donc « nonchalance »).
dictionnaire le Robert Collège dans sa nouvelle faire le parallèle entre la vie de Jacques et celle
édition de mai 2010. On utilisera également avec de Vallès qui s’est inspiré de sa vie et nous laisse 6. Ces sentiments sont contradictoires car au
profit le Robert en ligne. cet indice. plaisir et à la satisfaction qu’il éprouve de déguster
un plat de choix s’oppose son dégoût de consom-
2. « On » désigne ses parents. C’est un pronom mer un poussin mort-né. Le connecteur logique
personnel indéfini. Le pronom on selon Le Robert
À savoir Collège marque « l’indétermination » ; elle désigne
qui indique cette opposition est : « mais ».
Une première remarque : la question de voca- l’autorité parentale sans qu’elle soit incarnée : La transfiguration du réel
bulaire n’est pas une fin en soi et sera presque les parents sont mis à distance par la démarche 7. « C’est un véritable crime, un coquicide »
toujours mise au service de la construction du autobiographique. Le narrateur adulte peut ainsi, a) L’enfant assimile l’œuf destiné à la consom-
sens. Elle aide à trouver la signification du texte sans les nommer, se permettre un regard critique mation à un œuf fécondé destiné à faire naître un
et guide son interprétation. et ironique sur le discours parental. poussin ; il a l’impression de commettre un crime.
Manger un œuf à la coque signifie manger un
œuf cuit dans sa coquille. Coquicide est un jeu
COURS de mots sur coque et coq (le poussin adulte) qui
signifie « le meurtre du coq ».
Les relations entre les mots b) Coque : radical ; -cide : suffixe latin (du latin
– Synonyme : mot de même sens ou de sens voisin par rapport à un autre mot. caedere, tuer, abattre) qui signifie : qui tue, qui
– Antonyme : mot de sens contraire. fait disparaître, meurtre de.
N.B. : Lorsque vous donnez un synonyme ou un antonyme, pensez à donner un mot de même K On pourra inviter les élèves à trouver
nature. Ex. : un adjectif pour un adjectif, un nom pour un nom. d’autres mots formés avec le même suffixe.
– Hyperonyme : mot de sens général qui recouvre un ensemble de mots d’un sens plus res- Voir les fonctionnalités du Robert en ligne.
treint. Ex. : oiseau est l’hyperonyme de grive, merle, rossignol et moineau. c) Ce mot n’existe pas dans le dictionnaire Le
Le sens des mots Robert Collège : c’est donc un néologisme.
K Activité : inventer d’autres néologismes
Il faut préciser le sens d’un mot ou d’une expression. On demande parfois le sens général du construits sur le même modèle.
mot et son sens, parfois différent, dans le contexte du texte ou encore le sens propre (sens 8. Champ lexical humanisant l’œuf : « le mal-
initial) et le sens figuré (sens imagé, donné après le sens propre dans une définition). heureux », « ce fœtus », « l’avorton ». C’est une
La formation des mots personnification.
9. Cette scène quotidienne est assez terre-à-
Chaque mot peut être composé d’un préfixe, d’un radical et d’un suffixe. Ex. : In/concili/able.
terre : l’ingestion d’un œuf à la coque prend une
Les mots ayant le même radical sont des mots de la même famille. tonalité épique par le grandissement et l’humani-
Les relevés justificatifs sation dont l’œuf fait l’objet mais également une
dimension pathétique de par le malaise qu’elle
Il faut trouver dans le texte les mots ou expressions qui indiquent un sentiment, appartiennent procure au petit garçon.
à un champ lexical, confirment une idée, démontrent le bien-fondé d’une affirmation. Enfin, on perçoit l’œil ironique et amusé du narra-
Attention teur adulte qui exagère à souhait cette dramatisation
Il faut veiller à rédiger au maximum les réponses de vocabulaire même si elles semblent simples. du tableau familial (phrases exclamatives, expressions
Chaque réponse doit être écrite sous la forme d’une phrase correcte et les citations du texte burlesques comme « avorton en mouillettes » et
doivent être complètes et encadrées de guillemets. « poulet à la petite cuiller », invention d’un néolo-
gisme cocasse et l’ironie avec « véritable crime »).
pourra sembler ainsi qu’il y avait tout et rien entre nous ; mais 1. Le Niger est un grand fleuve africain qui prend sa source en Guinée et passe
non ! il y avait tout, et il n’y avait pas rien : personne n’a jamais à Kouroussa.
2. Kouroussa est la ville natale du narrateur.
été si proche de mon cœur que Marie, personne ne vivait dans 3. Tindican : petit village proche de Kouroussa où vit la grand-mère du narrateur qui y
mon cœur comme Marie ! séjourna souvent pendant son enfance.
55
Camara Laye, L’Enfant noir, Plon, 1953
(édition citée : Pocket, 1976, p. 190-193).
Questions (15 POINTS) 8 À quoi le narrateur compare-t-il son cœur et celui de Marie ?
En quoi les deux éléments sont-ils comparables ? (1 point)
L’air de la mer (4 points)
1 Où se trouvent précisément les personnages ? Justifiez votre 9 De quoi les deux amis parlent-ils en regardant la mer ? De
réponse en citant le texte (1 point). quoi ne parlent-ils pas ? Pourquoi n’abordent-ils pas ce sujet ?
(2 points)
2 Expliquez la formation et le sens du mot « îlot » (l. 1). Utilisez-
le dans une phrase où il prendra un sens figuré (2 points).
Le mythe d’Icare
Dédale, qui est exilé en Crète avec son fils Icare, imagine de s’enfuir
par les airs en se fabriquant des ailes avec des plumes et de la cire. Il
recommande à son fils de ne pas voler trop haut mais…
Quand l’enfant commença à se réjouir de son vol audacieux,
Il abandonna son guide, et entraîné par son désir de voir le ciel
Il continua son voyage plus haut. Rapidi vicinia solis
Mollit odoratas, pennarum vincula, ceras.
5 Tabuerant cerae ; nudos quatit ille lacertos.
Et, n’ayant plus de moyen d’avancer, il ne maîtrise plus les airs.
Les eaux sombres, auxquelles il a donné son nom,
L’accueillent, alors qu’il clame le nom de son père.
At pater infelix, nec jam pater : « Icare, dixit,
10 Icare, dixit, ubi es ? Qua te regione requiram ?
Icare ! », dicebat ; pennas aspexit in undis
Devovitque suas artes corpusque sepulcro
Condidit.
Ovide, Métamorphoses, VIII, 223-235, trad. de l’auteur.
Lecture et traduction 2 Que pensez-vous des formes ceras et cerae ? D’après vous,
peut-on conserver le pluriel dans la traduction ?
Complétez la traduction à l’aide du vocabulaire suivant :
3 De quels mots latins figurant dans le texte pouvez-vous rap-
Rapidus, a, um : dévorant
procher les mots suivants : nudité, aspect, dévoué, félicité ?
Vicinia, ae, f : proximité
Sol, solis, m : soleil 4 Quelle forme verbale du texte est utilisée telle quelle en fran-
Penna, ae, f : plume çais ? Que signifie-t-elle ?
Vinculum, i, n : lien 5 À quels temps sont conjuguées les formes dicebat et aspexit ?
Quatio, ere : secouer Quelle est la différence en termes d’aspect ? Complétez les deux
Lacertus, i, m : bras conjugaisons.
Tabuerant : « avaient commencé à fondre »
Nec jam : ne plus
Icarus, i, m : Icare Civilisation
Qua regione requiram ? : « Dans quelle région dois-je chercher ? »
1 Que savez-vous de Dédale ? Qu’est-ce qu’un dédale ?
Aspicio, is, ere, spexi, spectum : apercevoir
Devoveo, ere, vovi, votum : maudire 2 Quels sont les thèmes évoqués par ce mythe ? Connaissez-
Condo, ere, didi, ditum : cacher vous un autre mythe similaire ?
Le mythe d’Icare
Par Anne Sinha*
La mythologie autrement,
avec Les dieux s’amusent
Par Léo Lamarche
Avec Denis Lindon, la mythologie se lit comme un roman. Loin des fastidieuses énumérations de dieux et
d’attributs, ainsi que l’apprenaient nos grands-pères, l’auteur a su faire surgir des visages, rendre proches
de nous les héros et leurs aventures et donner un sens aux tribulations mythiques des grands noms de la
tradition. Au fil des pages, cette tradition se fait vivante et souriante – parfois même comique et parodique,
pour le plus grand plaisir du lecteur. Dieux et héros acquièrent ainsi une étonnante modernité car « rien de
ce qui est humain ne leur est étranger. »
les principales règles de l’expression orale. Dans Séance 2 > La création tences. Il est donc le grand défavorisé de la nature :
un second temps, on interrogera l’objet-livre pour « sans nageoires, sans ailes, sans crocs et sans
pénétrer plus aisément dans le récit. de l’homme griffes, sans cuir et sans fourrure ». Prométhée,
« réfléchi et méthodique » joue alors le rôle d’un
Suggestion de plan d’étude Lecture comparée adjuvant réparateur : il offre aux hommes le feu
et enferme les maux qui pourraient l’accabler
1. Connaître la Grèce antique Supports : Les dieux s’amusent, première partie
dans un coffret, afin que l’espèce puisse survivre.
p. 13 à 85, chapitre 2 « La création de l’homme ».
A. Suggestion d’exposés (en interdisciplinarité 2. Parent pauvre ou être supérieur ?
avec les cours d’histoire et de géographie)
Durée : 1 heure à 1 heure 30.
Objectifs : lire une séquence narrative ; lire et Parent pauvre de la création dans le récit de
a) La géographie du monde antique Denis Lindon, l’homme bénéficie d’un autre
b) La naissance de la civilisation grecque comparer deux textes des origines ; découvrir
statut chez Ovide où il vient en dernier, comme
c) La vie quotidienne en Grèce à l’époque quelle est la place de l’homme dans l’univers,
un « animal plus saint et plus digne d’une haute
archaïque dans la perspective gallo-romaine.
intelligence, qui puisse dominer les autres ». Point
d) La femme dans la Grèce antique (éduca- d’orgue de la création, il bénéficie d’une place de
tion, mariage, place dans la société) choix au sein des espèces animales qu’il a pour
e) Les dieux et leur culte
Déroulement de la séance mission de « dominer ».
f) La communication avec les dieux (oracles, En amont de la séance, ou dans sa première
Cependant, son origine n’est pas clairement
rêves et présages) partie, la correction collective des questions de
expliquée, le texte faisant état de plusieurs hypo-
g) Les routes maritimes, les dangers de la mer, la fiche élève 1 permettra d’établir une première thèses. Il peut être d’essence divine, ou conçu à
les navires et la navigation évaluation de lecture ou servira d’exercice de partir de semences de la terre et du ciel, mode-
h) Les guerriers grecs et leurs armes (les guer- remédiation. La séance proprement dite se lées par Prométhée à l’image des dieux. L’homme
res et les concours sportifs) déroule en deux temps : la relecture synthétique garde néanmoins une place prépondérante au
du chapitre 2 et sa comparaison avec un extrait sein de l’univers puisqu’il est créé « à l’image des
B. Des termes en question
des Métamorphoses d’Ovide. dieux ». Il se tourne vers l’ensemble de la création
(Partir des représentations des élèves.)
a) Qu’est-ce qu’un mythe ? et notamment l’univers céleste : il est donc pro-
mis à une plus grande ouverture intellectuelle (et
b) Qu’est-ce que la mythologie ? Un extrait des Métamorphoses morale) que les autres espèces.
c) Quelle est, à votre avis, l’originalité de la Après avoir ordonné le chaos initial, formé
mythologie grecque ? 3. Des rapports conflictuels
la terre et le ciel, le dieu créateur s’occupe de
d) Qu’est-ce qu’un héros ? Dès sa création, l’homme ne tarde pas à vivre
le peupler…
e) Qu’est-ce qu’une épopée ? des rapports conflictuels avec les dieux, notam-
De « Il avait à peine séparé tous les élé- ment Jupiter qui s’irrite d’avoir été trompé lors
f) Que sont L’Iliade et L’Odyssée ?
ments en leur fixant des limites » à « Ainsi la des premiers sacrifices, ce qui entraîne le châti-
2. Entrer dans le récit terre, naguère grossière et sans forme, se méta- ment exemplaire de leur créateur Prométhée. Par
A. Proposer, en commun, des hypothèses de morphosa et se revêtit des formes jusqu’alors mesure de représailles envers l’humanité, les dieux
lecture à partir de : inconnues des hommes ». créent la femme, dotée de multiples « attraits
– la première et la quatrième de couverture, les physiques » mais d’un « défaut moral » : la curio-
Ovide, Les Métamorphoses, Livre I,
informations de l’illustration et du paratexte ; sité. Il faut, bien entendu, faire la part de la pro-
d’après la traduction de Frédéric Le Blay, vocation ironique dans le récit de Denis Lindon.
– la table des matières ;
Petits Classiques, Larousse. Voir aussi
– la présentation de l’éditeur.
l’édition Flammarion Jeunesse. Exercice d’écriture
B. Formuler, en un court paragraphe les
Après le partage des attributs entre les créa-
hypothèses établies lors de la séance et ce que le
tures, l’homme vient trouver Prométhée pour se
lecteur aimerait trouver dans ce récit.
Questions plaindre de n’avoir rien reçu. Rédigez le discours
3. Au commencement du monde 1. Dans le texte de Denis Lindon, quels rôles de l’homme et la réponse de la divinité.
Comparer les trois premiers récits : « Jupiter jouent les dieux dans la création de l’homme ?
prend le pouvoir », « Les Titans et les Géants » et 2. Quand l’homme a-t-il été créé dans le récit
Lecture complémentaire
« Saturne », avec le texte de la Genèse I et II, le d’Ovide ? Son origine est-elle clairement expliquée ?
3. Qu’apporte l’homme, pour Ovide, à la créa- Dieu dit : « Faisons l’homme à notre
livre I des Métamorphoses d’Ovide et le premier
tion de la Terre ? image, comme notre ressemblance, et
chapitre du Premier roi du monde, l’épopée de
qu’ils dominent sur les poissons de la mer,
Gilgamesh, de Jacques Cassabois (Le Livre de 4. À quelle occasion, dans Les dieux s’amusent,
les oiseaux du ciel, les bestiaux, toutes les
Poche Jeunesse). les hommes irritent-ils pour la première fois
bêtes sauvages et toutes les bestioles qui
Jupiter ? Quelles en sont les conséquences ?
rampent à la surface de la terre. »
Prolongements / 5. Dans quelles circonstances la femme a-t- Dieu créa l’homme à son image, à
elle été créée ?
Documentation / Synthèse l’image de Dieu il le créa, homme et
femme il les créa.
• Établir une fiche détaillée sur l’un des dieux Éléments de réponse Dieu les bénit et leur dit : « Soyez
présentés dans la première partie « Du côté de 1. Des dieux créateurs et leurs créatures féconds, multipliez, emplissez la terre et
l’Olympe », à partir du texte de Denis Lindon et soumettez-la ; dominez les poissons de la
Dans le récit de Denis Lindon, Épiméthée et
des documents du CDI. mer, les oiseaux du ciel et tous les animaux
Prométhée peuvent être considérés comme les
• Rechercher des documents iconographiques deux facettes d’un même dieu créateur. Avec qui rampent sur la terre. »
sur les différents dieux et déesses cités dans cette Épiméthée, « étourdi et désordonné », l’homme La Genèse, chapitre 1.
première partie. est oublié lors du partage des facultés et compé-
Séance 3 > Deux héros d) Dans le langage courant, personnage doté 3. Deux héros solidaires
de qualités exceptionnelles. La première rencontre d’Hercule et de Thésée
légendaires On classera dans les différentes catégories, les a lieu alors que tous deux ont la conscience char-
noms des personnages que les élèves propose- gée. Celle d’Hercule d’un quadruple meurtre,
Lecture Synthétique ront et on les amènera à justifier leurs choix. celle de Thésée de l’abandon d’Ariane et de la
Supports : Les dieux s’amusent, deuxième • Thésée et Hercule sont des héros au sens mort de son père. Si bien qu’ils se réconfortent
partie « Les destins croisés de Thésée et d’Her- mythologique en ce qu’ils dont tous deux mutuellement. Cette solidarité et cette entraide
cule » p. 89 à 175. d’ascendance divine et accomplissent des exploits marquera les rapports qui les unissent. Hercule
Durée : 1 heure à 1 heure 30. extraordinaires grâce à leurs qualités exception- sauvera Thésée de la chaise de l’oubli et Thésée
nelles (intelligence pour Thésée, force surhu- aidera Hercule à accomplir trois de ses travaux.
Objectifs : lire et comprendre un ensemble
maine pour Hercule). Hercule, après sa mort, Un bel exemple que l’amitié qui unit les deux
de chapitres, découvrir des mythes antiques ;
deviendra même un immortel. cousins et qui restera sans faille.
étudier les différents sens du terme « héros » ;
• Mais les deux héros, outre leurs qualités
observer le mythe du héros à travers deux
indiscutables, se laissent également aller à de mau-
personnages légendaires ; dégager les carac-
vaises actions, et leur caractère n’est pas dépourvu Prolongement :
téristiques d’un personnage héroïque et de
son (ses) opposant(s).
de bassesse. Thésée abandonne lâchement Ariane expression écrite
après s’être servi d’elle, la colère d’Hercule l’incite
à commettre des crimes, si bien que la dénomina- 1. Thésée et Hercule se retrouvent au cours
tion de héros, au sens a) ou b), doit être nuancée d’un banquet et évoquent leurs exploits et leurs
Conduite car, malgré un ensemble de qualités positives, aventures. Rédigez la conversation entre les deux
La séance débute par la correction collective de toutes leurs actions ne sont pas héroïques. héros en respectant les événements du récit de
la fiche élève 2, qui servira de point de départ à départ.
la réflexion sur les deux héros. Les élèves seront 2. Grandeur et bassesse des héros 2. Après qu’Hercule ait accompli ses travaux, il
répartis en binômes ou en groupes, chaque ques- • Dans ce chapitre, Thésée fait preuve d’un retrouve Thésée pour une nouvelle aventure dont
tion sera suivie d’un temps de recherche. La cor- grand courage (« Il supplia son père de le laisser vous imaginerez les personnages, le déroulement
rection collective permettra d’établir une rapide faire partie du contingent de jeunes gens livrés au et le dénouement.
synthèse, sous la conduite du professeur. Minotaure »).
• Mais, le héros accepte également la propo-
Questions sition d’Ariane de l’emmener avec lui, alors qu’il Séance 4 > Lire un épisode
1. Recherchez dans un dictionnaire de langue
est décidé à ne pas y donner suite et finit par tra- narratif : la Toison d’or
hir la jeune fille. Ses sentiments évoluent envers
les différents sens du mot « héros ». Citez des
héros que vous connaissez.
la jeune fille de la « froide reconnaissance » à Lecture analytique
« l’irritation », puis à « l’ingratitude » et « la
2. À partir de cette définition, dites en quoi rancune ». Il oscille donc, au cours de cet épisode Supports : Les dieux s’amusent, troisième
Thésée et Hercule sont des héros et ce qui les entre « grandes actions » et « petites bassesses ». partie « La guerre de Troie », et plus parti-
rend héroïques. Il oublie également la promesse faite à son père culièrement la conquête de la Toison d’or,
3. Relisez le chapitre 11 « Thésée et le et provoque indirectement la mort de ce dernier. p. 262 à 272.
Minotaure ». Quelles sont les principales carac- • Le meurtre de sa femme Mégarée et de Durée : 1 heure.
téristiques de l’héroïsme de Thésée dans ce cha- ses enfants marque la jeunesse d’Hercule. Il est Objectifs : lire et étudier un épisode narratif ;
pitre ? De quelles caractéristiques négatives fait-il souillé par son crime et tous se détournent de lui. revoir le schéma narratif ; voir ou revoir le
également preuve ici ? Paradoxalement, les prouesses qu’il accomplira schéma actanciel.
4. Quel meurtre marque la jeunesse d’Hercule ? pour se racheter, épreuves qualifiantes, feront sa
grandeur et sa réputation.
5. Quels rapports entretiennent les deux
héros ? Comment évoluent ces rapports ?
Conduite
Après correction collective de la fiche élève 3,
disponible sur notre site , les questions sont
Éléments de réponse proposées aux différents groupes avec un temps de
1. La notion de héros recherche. La mise en commun des réponses per-
• On peut dégager trois catégories de « héros » mettra de préciser certaines notions de narratologie.
en fonction des définitions proposées par le dic-
tionnaire. Questions
a) Pour la mythologie grecque, le héros est un
1. En quoi ce récit de Nestor constitue-t-il un
demi-dieu ou un personnage aux caractéristiques
épisode à part entière ? Y a-t-il un rapport entre
divines et, par extension, un personnage légen-
Jason et la guerre de Troie ?
daire qui accomplit des exploits extraordinaires.
b) Dans l’imaginaire collectif, c’est un être 2. Retrouvez le schéma narratif de l’aventure à
qui réalise des actions exceptionnelles, en faisant partir de ses principaux épisodes.
preuve, par exemple, de courage, de bravoure, 3. Quelle mission est confiée à Jason ? Pour
d’intelligence, etc. Athéna, Jason et le dragon, illustration quelles raisons l’accepte-t-il ? Qu’est-ce qui le
c) En littérature, c’est le personnage principal d’une coupe attique trouvée à Cerveteri pousse à agir ? Qui s’oppose à lui au cours de cette
d’une œuvre de fiction. en 485-470 avant J.-C. aventure ? Qui aide le personnage dans sa quête ?
Complétez le tableau suivant en vous aidant du texte – Le (la) plus humain(e) ? .......................................................................
de Denis Lindon.
NOM RÈGNE SUR ATTRIBUTS CARACTÈRE PARTICULARITÉS PHYSIQUES GOÛTS ET PASSIONS
Jupiter
Neptune
Pluton
Junon
Bacchus
Apollon
Diane
Mercure
Mars
Vulcain
Vénus
Minerve
Thésée et Hercule
Qui sont-ils ? 11 Thésée offre la démocratie aux athéniens. VRAI / FAUX
À partir des informations du texte, complétez la fiche d’identité 12 Thésée meurt de la main de son épouse Déjanire. VRAI / FAUX
d’Hercule et de Thésée. 13 Après la mort d’Hercule, celui-ci devient immortel. VRAI / FAUX
Thésée Hercule
Né à : .......................................... Né à : ............................................. Les travaux d’Hercule
Fils de : ........................................ Fils de : ........................................... 1 Replacez les travaux d’Hercule dans l’ordre chronologiques et
Et de : ......................................... Et de : ............................................ dites rapidement, à l’oral, en quoi consiste chacun d’entre eux.
Particularités physiques : ............. Particularités physiques : ................ A. Voler les pommes d’or du jardin des Hespérides. – B. Affronter le san-
Caractère : .................................. Caractère : ..................................... glier d’Érymanthe. – C. Aller chercher Cerbère aux enfers. – D. Ramener
les troupeaux de Géryon. – E. Dompter les cavales de Diomède. –
F. Conquérir la ceinture d’Antiope. – G. Attraper le cerf aux cornes
L’enfance des héros d’or. – H. Ramener le taureau de Crète. – I. Terrasser le lion de Némée. –
J. Nettoyer les écuries d’Augias. – K. Tuer l’hydre de Lerne. – L. Décimer
Faites suivre chacun des exploits suivants du nom du héros qui
les oiseaux du lac de Stymphale.
l’a accompli.
Ordre : ...................................................................................................
1 Il terrasse un serpent envoyé par Junon : ………………….
2 Qualités et aides d’Hercule.
2 Il soulève un lourd rocher pour récupérer l’épée de son père : ……………………
a) Quelle(s) épreuve(s) Hercule a-t-il remportée(s) grâce à sa force physique ?
3 Il tue son maître de musique à coups de lyre : …………………………..
................................................................................................................
4 Il brise les chaînes de Prométhée : …………………………….. b) Grâce à son courage ?
5 Il se débarrasse des brigands Sciron et Procuste : ……………………. ................................................................................................................
c) Grâce à son astuce ?
................................................................................................................
Comprendre le récit d) Grâce à son endurance ?
Vrai ou faux ? Choisissez la bonne réponse et corrigez ou complé- ................................................................................................................
tez sur une feuille à part les informations données. e) Grâce à sa colère ?
1 Thésée et Hercule sont frères. VRAI / FAUX ................................................................................................................
2 Le Minotaure est un taureau envoyé par Jupiter pour séduire f) Grâce à sa virilité ?
Pasiphaé. VRAI / FAUX ................................................................................................................
3 Minos fait construire un labyrinthe pour cacher l’enfant monstrueux g) Quels travaux a-t-il accomplis grâce aux conseils de Thésée ?
de Pasiphaé. VRAI / FAUX ................................................................................................................
4 Après avoir séduit Ariane, Hercule l’abandonne sur l’île de Délos.
VRAI / FAUX
Monstres et créatures
5 Phèdre, la sœur d’Ariane, tombe amoureuse de son beau-fils Hippolyte.
VRAI / FAUX À la suite de chacune des descriptions suivantes, donnez le nom du
monstre ou de la créature dont il est question.
6 Deux mauvaises actions pèsent sur la conscience de Thésée. VRAI / FAUX
a) Chien à trois têtes qui garde l’entrée des Enfers : ..............................
7 Hercule a commis un crime. VRAI / FAUX
b) Taureau monstrueux vivant caché au fond d’un labyrinthe : .............
8 Thésée et Pirithoüs se rendent aux enfers pour enlever Perséphone.
VRAI / FAUX c) Volatiles pourvus de griffes d’airain : ..................................................
9 Hercule demande à Érysthée de lui imposer des tâches difficiles pour d) Géant à trois corps : ..........................................................................
le laver de son crime. VRAI / FAUX e) Chevaux se nourrissant exclusivement de chair humaine : .................
10 Hercule descend chercher Thésée aux enfers. VRAI / FAUX f) Monstre au corps de serpent pourvu de plusieurs têtes : ...................