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littérature
Volume 65
Number 1 Du texte au(x) texte(s) Dynamiques Article 4
littéraires et filmiques au Maghreb
12-1-2005
Part of the African History Commons, African Languages and Societies Commons, African Studies
Commons, Fiction Commons, French and Francophone Language and Literature Commons, and the Other
Theatre and Performance Studies Commons
Recommended Citation
Trifu, Lucia (2005) "La poétique transgénérique de L’oeil et la nuit d’Abdellatif Laâbi : du théâtral au
filmique dans un roman-poème," Présence Francophone: Revue internationale de langue et de littérature:
Vol. 65 : No. 1 , Article 4.
Available at: https://crossworks.holycross.edu/pf/vol65/iss1/4
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Trifu: La poétique transgénérique de L’oeil et la nuit
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Lucia TRIFU
Queen’s University
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Laâbi utilise le terme dans Souffles (1967, no 4 : 7) bien avant d’autres théoriciens
plus récents. Toutes les questions lancées par le groupe et la revue sont toujours
actuelles. Souffles a réalisé la plus profonde théorisation postcoloniale de la culture
maghrébine.
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Le théâtre fait l’objet des analyses publiées dans Souffles (1966, no 3; 1967,
nos 5-6; 1968, no 12). En 1972, la revue sera interdite.
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Mais ce n’est pas la nuit indistincte. C’est déjà une lumière, sans
qu’il y ait d’astre ou de projecteurs artificiels. Cascade hertzienne
en coulée qui asperge la terre, sans réfraction, zones d’ombres,
qui pénètre, traverse les parois dans la galopade (15).
De je à jeux
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On m’a déposé dans une arène. Tout était mis en place pour
l’épreuve. Le public qui manifestait son impatience, la musique
funèbre, le taureau qui me toisait, l’air complice (35).
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L’œil/caméra
Certes, il s’agit d’un privilège (voir Helbo (1997 : 32) qui considère
l’image comme l’élément fondamental du cinéma) accordé à la
dimension iconique par la poétique laâbienne, ce qui n’est pas sans
nous rappeler l’analogie de Cocteau entre film et écriture en images,
une « écriture propre » (Martin, 1985 : 15), ayant sa spécificité. Outre
les images poétiques, les multiples références au « déclic », qui
devient leitmotiv, induisent les effets du septième art : « Un déclic
pour fixer l’enroulement du travelling. Vertige-sonnerie. Plus rien
que l’œil » (17). Le bruit sec du mécanisme de déclenchement de
la caméra qui enregistre ce qui passe répond en écho au « déclic »
[d’armes] (15) car, selon Michel Tournier (c’est Barthes (1980) qui
fait cette mention), faire le déclic et fixer sur la pellicule, c’est tuer
quelque chose du processus de l’existence, c’est l’arrêter. La prise
de vue mécanique, la photo, équivaut à la mort, au vol de l’âme.
Également, l’« enroulement du travelling » renvoie à l’autre travelling,
celui de la caméra-stylo (Astruc, 1948) et de l’œil, lequel, à l’instar
de la caméra, appareil souple d’enregistrement, se déplace et balaie
le champ de l’espace : « les yeux patiemment suivent hommes
et bêtes » (46), « L’œil attaque les formes. Les projections. S’en
repaît. À droite, le sanctuaire. Au fond, des ateliers de tannage »
(48). On a quasiment l’impression de lire des « didascalies »
cinématographiques. Cependant, l’œil laâbien n’est pas seulement
vision, il établit de nouvelles relations avec l’audition. Un chassé-
croisé qui produit un sens neuf : l’œil écoute, l’oreille voit. À l’instar
de Paul Claudel qui intitulait un de ses recueils sur l’histoire de l’art
L’œil écoute, soulignant la mesure dont le coup d’œil, acte instinctif
et immédiat, consiste en fait en un ensemble d’expériences, de
réflexions, à l’encontre de l’instinct, « l’œil [...] sonde le message
télépathique des voix, dépassant le mur du son, le cordon policier »
(142).
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Lucia Trifu soutiendra bientôt à Queen’s University une thèse de doctorat sur l’écriture
en régime postcolonial dans le contexte plurilingue du Maghreb. Elle a également
publié plusieurs articles sur Simone Schwarz-Bart (Palabres), sur Mohammed Dib
(Littéréalité), sur Michel Butor (Frontenac).
Références
ARMES, Roy et Lizbeth MALKMUS (1991). Arab and African Film Making, London,
Zed Books.
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-- (1983). Va ma terre, quelle belle idée, pièce tirée du roman Chemin des ordalies,
Paris, Denoël, 1982.
-- (1966-1972). Souffles.
SAID, Edward (1978). L’orientalisme. L’Orient créé par l’Occident, Paris, Seuil.