Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
versus
Crise des Subprimes
Résum
sumé.
sum .
Dans un contexte actuel assujetti à une globalisation économique interdisciplinaire,
conjuguée à une libéralisation financière omniprésente, on compose aujourd’hui avec
un environnement économique en perpétuelle mouvance. Force est de constater que
suite à l’intégration et l’interconnexion des marchés financiers, une vague de mutations
a touché la sphère économique dans son ensemble et sa composante boursière en parti-
culier ; se caractérisant par une forte activité qui ne peut que pactiser avec, le tryp-
tique, désintermédiation, déréglementation et décloisonnement.
1
Mohamed BACHISSE
1 Université
Universit Mohammed V de Rabat – Agdal, Faculté
Facult des Scie
Sciences Juridiques,
Economiuqes et Sociales (FSJES) de Rabat, Maroc.
47 <<<Revue CREM 2016
INTRODUCTION
A fortiori, si on regarde à titre d’illustration, le parcours boursier de
l’entreprise Air France-KLM17 pendant l’année 2011, la chute est spec-
taculaire, l’action Air France-KLM a terminé la séance du 31 décembre
2011 à 3,97 euros, soit une chute de 70,85% sur l’année 2011. A l’image
de ces changements des cours boursiers qui semblent assez révélateurs,
on est interpellé par les réactions des investisseurs à des évènements peu
porteurs d’informations. Ce constat stigmatise l’excès de ces investis-
seurs et trouvent là des arguments pour condamner le diktat de compor-
tements spéculatifs absurdes, calqués à une logique de casino, et décon-
nectés de l’économie.
17
Le groupe Air France-KLM est une alliance franco-néerlandaise regroupant
deux compagnies aériennes principales, Air France et KLM, cotée sur la bourse de
Paris , sur Euronext Amsterdam et le New York Stock Exchange.
18
Sandrine Lardic, Valérie Mignon, (2006), « L’efficience informationnelle des marchés
financiers » Ed. La découverte, 128 p.
48 <<<Revue CREM 2016
facteurs déterminants dans l’attrait d’investissements locaux et étran-
gers. La recherche, l’analyse et l’exploitation de l’information disponible
remplissent un rôle primordial dans la décision des investisseurs. Ces
derniers s’intéressent à la pertinence de l’information publique révélée
sur le marché, à l’information privée qu’ils détiennent, à l’anticipation
des informations privées détenues par les autres agents économiques et à
la détermination du degré de rapidité avec lequel le marché intègre dans
le cours des titres chaque catégorie d’informations.
19
Naoui K., Khaled M., (2010), ”Apport de la finance comportementale a l’explication
de la volatilité excessive des prix des actifs financiers”. Revue Libanaise de Gestion et
d’Economie, 4, pp. 1–35.
Rahaoui Rachid, (2011), « Efficience informationnelle du marché boursier marocain :
20
impact d’un profit warning sur les cours boursiers », Editions universitaires, 68 p.
D’après ces deux auteurs, les investisseurs sont la proie de plusieurs fac-
teurs psychologiques qui affectent leur logique de raisonnement et les
poussent à entreprendre des actions en contradiction avec l’hypothèse de
rationalité, certains penseurs évoquent la notion de rationalité limitée23.
21
ORLEAN, A., 2004, ”Efficience, finance comportementaliste et convention : une
synthèse théorique”, in BOYER, R., DEHOVE, M. et PLIHON, D., Les crises finan-
cières, 2004, Rapport du Conseil d’Analyse Économique, pp.241-270
22
Sur les anomalies boursières et les biais cognitifs et émotionnels qui les causent, se
sont faites en association avec Amos Tversky. Kahneman, expert en psychologie cogni-
tive et Tversky, expert en psychologie mathématique, développent ensemble des appli-
cations des mathématiques à la psychologie et l’économie.
23
H. Simon (Prix Nobel d’économie) a développé le concept de rationalité limitée ou
procédurale. Il ne s’agit pas de dire que les agents économiques ne se comportent pas
toujours rationnellement mais qu’ils ne bénéficient pas de toute l’information pour
50 <<<Revue CREM 2016
Les études financières récentes se sont intéressées aux modèles de com-
portements humains et plus particulièrement à la science basée sur la
psychologie dans le but d’apporter une explication plausible aux écarts
observés par rapport à l’hypothèse d’efficience des marchés.
La collaboration entre la finance et les autres sciences sociales, a donné
lieu à la finance comportementale et a conduit à un profond renouvelle-
ment de notre connaissance des marchés financiers. Dans les recherches
futures, il est important de garder omniprésent à l’esprit les faiblesses de
l’hypothèse d’efficience des marchés financiers et de maintenir une ap-
proche éclectique.
d’étude.
25
La volatilité excessive qualifiée de l’exubérance irrationnelle par Shiller (2000), cons-
titue l’un des plus fameux puzzles de la théorie d’efficience, décortiquée notamment
par la finance comportementale du fait qu’elle résulte du biais d’excès de confiance et
du comportement grégaire des investisseurs.
26
BOURGHELLE, D., BRANDOUY, O., GILLET, R., ORLEAN, A. (2005) «Flux
d’ordres et coordination sur les marchés financiers», Croyances, représentations collec-
tives et convention en finance, Economica, Paris, 182p. p.59-88.
27
Samuelson est, avec John Hicks, considéré comme « le père » de la microéconomie
traditionnelle actuelle. Certains de ses pairs – dont notamment Kenneth Ar-
row, JagdishBhagwati– le considèrent tout simplement comme le plus grand écono-
miste de tous les temps.
52 <<<Revue CREM 2016
La recherche sur l’efficience a eu un effet marqué sur la connaissance et
les attitudes envers les marchés boursiers et les marchés financiers en
général, elle a influencé la tendance mondiale à la libéralisation des mar-
chés des capitaux et des autres types de marchés. Cette recherche a in-
terpellé notre attention d’autant plus que l’efficience des marchés est un
domaine d’étude à cheval entre la finance et l’économie, mais aussi qui
fait appel d’une part à l’analyse microéconomique surtout dans son as-
pect théorique, et d’autre part à l’analyse macroéconomique et écono-
métrique dans son aspect empirique. L’étude de concept requiert une
bonne connaissance de ces aspects de l’analyse économique. C’est donc
un domaine d’étude assez enrichissant et stimulant où il faut faire
preuve de technicité et de connaissances théoriques.
28
Depuis quelques années, la prise en compte de la non linéarité et plus spécifiquement
de l’existence de phénomènes de changement de régimes tend à modifier profondément
les approches de l‘économétrie appliquée à la macroéconomie et à la finance.
29
BOURGHELLE, D., BRANDOUY, O., GILLET, R., ORLEAN, A. (2005) « Flux
d’ordres et coordination sur les marchés financiers», Croyances, représentations collec-
tives et convention en finance, Economica, Paris, 182p. p.59-88.
III.1.1 Définition
finition de l’efficience
l efficience informationnelle et conditions théoriques
th oriques
cessaires à sa vérification
nécessaires v rification
La définition de l’efficience informationnelle a évolué avec les apports
des différents théoriciens. La plus simple des définitions étant celle re-
prise par FAMA: « Un marché financier est dit efficient si, et seulement
si, l’ensemble des informations disponibles concernant chaque actif fi-
nancier coté sur ce marché est immédiatement intégré dans le prix de
cet actif ». En termes de fonctionnement du marché, une définition sou-
vent utilisée est proposée par JENSEN : « Par rapport à un ensemble
donné d’informations, un marché est efficient s’il est impossible de réali-
ser des profits en échangeant sur la base de cet ensemble d’informations
», le terme (profits) désignant dans ce cadre des rendements positifs
nets de tout coût. Autrement dit, pour JENSEN, les marchés efficients
30
LARDIC Sandrine et MIGNON Valérie, L’efficience informationnelle des marchés
financiers, La Découverte, La Découverte, Paris, 2006, p 20.
31
ORLEAN, A., 2004, ”Efficience, finance comportementaliste et convention : une
synthèse théorique”, in BOYER, R., DEHOVE, M. et PLIHON, D., Les crises finan-
cières, 2004, Rapport du Conseil d’Analyse Économique, pp.241-270
Kenneth Joseph Arrow est un économiste américain. Il est co-titulaire, avec John
32
Hicks, du prix « Nobel d’économie » en 1972. Il est considéré comme l’un des fonda-
teurs de l’École néoclassique moderne.
33
Herbert Alexander Simon est un économiste et sociologue américain ayant reçu le
prix Nobel d’économie en 1978.Il s’est intéressé à la psychologie cognitive et
la rationalité limitée (BoundedRationality) qui constituent le cœur de sa pensée.
34
Se dit d’une distribution de probabilités dont la cloche est plus pointue que celle de
la loi gaussienne, avec des queues plus importantes.
35
Le théorème de Bayes est un résultat
r de base en théorie des probabilités,
s, issu des
travaux du révérend Thomas Bayes et retrouvé ensuite indépendamment par Laplace.
Dans son unique article, Bayes cherchait à déterminer ce que l’on appellerait actuelle-
ment la distribution a posteriori de la probabilité d’une loi binomiale.
60 <<<Revue CREM 2016
Les investisseurs sont sur-confiants ;
Les investisseurs simplifient les choix complexes à l’aide de règles
et de raccourcis et raccourcis nommés heuristiques.
Une heuristique décrit des principes et méthodes qui permettent de for-
muler plus simplement des jugements ou des évaluations de vraisem-
blance. C’est un procédé de jugement sans démarche analytique délibéré
ni contrainte de quantification ou de traitement. Ce concept est central
en finance comportementale car il permet de comprendre de quelle ma-
nière les opérateurs s’écartent de l’agent rationnel.L’ensemble de ces
constatations ont conduit les chercheurs à rejeter l’hypothèse de ratio-
nalité des agents et par conséquent le corollaire de l’efficience des mar-
chés financiers.
III.2.2
III.2.2 Réflexion
flexion sur la Finance Comportementale
Comportementale
Les tenants de la finance comportementale estiment que les prix qui se
forment sur le marché sont loin des prédictions des modèles standards
même s’il n’existe pas d’opportunités profitables ajustées pour le risque.
Ceci est notamment le cas lorsque les opportunités d’arbitrage sont li-
mitées. Compte tenu du comportement des « bruiteurs » (noise trader),
la mauvaise évaluation peut s’amplifier dans le court terme. Ceci est
particulièrement le cas lorsque les décisions d’investissement sont délé-
guées à des gérants de portefeuille ayant des horizons de gestion à court
terme. De plus, l’arbitrage peut devenir risqué lorsqu’il implique
l’ensemble du marché ou destitres individuels sans proches substituts.
Enfin, l’activité d’arbitrage peut entraîner des frais significatifs de tran-
saction.
36
BROIHANNE, M.-H., MERLI, M., ROGER, P., 2004, Finance comportementale,
Economica, Paris, 255p.
37
ORLEAN, A., 2004, ”Efficience, finance comportementaliste et convention : une
synthèse théorique”, in BOYER, R., DEHOVE, M. et PLIHON, D., Les crises finan-
cières, 2004, Rapport du Conseil d’Analyse Économique, pp.241-270.
38
Dans le cade théorique des marchés efficients, les changements de prix des titres sui-
vent une marche au hasard. C’est-à-dire que les évolutions des prix sont indépendantes
des prix passés. Il est alors impossible de prévoir les évolutions futures, puisqu’elles
sont totalement aléatoires.
62 <<<Revue CREM 2016
III.2.3
III.2.3 Les principaux biais de la Finance Comportementale
D’une manière plus générale, la finance comportementale va s’efforcer
d’expliquer les anomalies de marché en se basant sur l’étude des com-
portements humains. Elle s’intéresse notamment aux :
Biais de familiarité
familiarit
Le Biais de familiarité apparaît dès lors qu’un individu est amené à fa-
voriser une option par rapport à une autre uniquement parce qu’elle lui
est plus familière. A la suite de divers questionnaires, TVERSKY a
montré qu’entre deux paris offrant la même probabilité de succès, les
individus vont choisir celui qu’ils connaissent le mieux. Les auteurs ont
également démontré que même si la probabilité de succès est plus faible,
une minorité d’individus optera toujours pour le pari le plus familier.
Biais émotionnels
motionnels
Si les émotions sont utiles au processus décisionnel en le simplifiant,
elles limitent également la capacité de l’investisseur à dérouler un rai-
sonnement analytique et efficace. D’une manière générale, les investis-
seurs passent par différents états émotionnels (fierté, joie, euphorie, peur
...) et humeurs qui peuvent amener à des actions prédéterminées. Les
biais affectifs sont également liés aux croyances. Ils ont été l’objet de
nombreuses études et sont susceptibles d’impacter le jugement des in-
vestisseurs.
Biais de cadrage
KAHNEMAN et TVERSKY ont mis en évidence à partir de travaux
d’économie expérimentale l’existence d’un biais qu’ils ont dénommé «
FramingEffect»39. Ce biais peut s’exprimer en ces termes : les opérateurs
n’ont pas le même comportement de décision face à un même problème
présenté en des termes différents.
39
Framingeffect ou L’effet de cadrage est un exemple de biais cognitifs, dont les gens
réagissent à un choix particulier de différentes façons selon qu’il est présenté comme
une perte ou un gain.
63 <<<Revue CREM 2016
Comportements Suiveurs
Sur les marchés financiers, l’imitation semble être à l’origine de compor-
tements moutonniers qui font diverger les cours des valeurs fondamen-
tales. La Finance comportementale tend à justifier ce phénomène par
l’existence d’investisseurs ayant une rationalité limité et n’étant pas en
mesure de traiter l’ensemble de l’information disponible. Ces investis-
seurs se contenteront alors de suivre les autres.
40
Marie-Laure Gavard-Perret, David Gotteland, Christophe Haon, Alain Jolibert, 2012,
« Méthodologie de la recherche en sciences de gestion », Pearson France.
42
Depuis quelques années, la prise en compte de la non linéarité et plus spécifiquement
de l’existence de phénomènes de changement de régimes tend à modifier profondément
les approches de l‘économétrie appliquée à la macroéconomie et à la finance.
65 <<<Revue CREM 2016
ment théorique sera déduit, pour ensuite, être testées à travers des mo-
dèles économétriques et des tests empiriques.Notre problématique a ten-
té de soulever un certain nombre de questionnements liés à la théorie
d’efficience des marchés financiers en général et du marché boursier ma-
rocain en particulier ainsi que la remise en question de cette théorie au-
trement dit la rationalité des investisseurs par les préceptes de la fi-
nance comportementale.
CONCLUSION
Etant donné que l’efficience des marchés boursiers et le MEDAF (Mo-
dèle d’évaluation des actifs financiers) sont intimement liés et présen-
tent des hypothèses semblables en tentant de cerner l’interprétation de
l’information par les spéculateurs marocains, nous étudierons l’impact
d’un événement sur les cours boursiers. Dans un premier temps, nous
présenterons la pratique de l’étude d’événements, puis nous essayerons
de distinguer les différents impacts d’une information sur les cours d’une
43
Dans les statistiques et économétrie, un test de Dickey-Fuller augmenté (ADF) est
un test pour une racine unitaire dans un échantillon de séries chronologiques. C’est
une version augmentée du test de Dickey-Fuller pour un ensemble de modèles de séries
chronologiques plus grande et plus complexe.
44
Meanreversion est un concept mathématique parfois utilisé pour l’investissement
boursier, [2], mais elle peut être appliquée à d’autres actifs. En termes généraux, l’es-
sence même du concept repose sur l’hypothèse que les prix élevés et faibles de fois
stocks sont temporaires et que le prix d’une action auront tendance à se déplacer vers
le prix moyen au fil du temps.
66 <<<Revue CREM 2016
action. Ceci, pour appréhender la volatilité des titres et les rendements
normaux du marché boursier marocain.
Bibliographie
Ouvrages
Rahaoui Rachid, (2011), « Efficience informationnelle du marché bour-
sier marocain : impact d’un profit warning sur les cours bour-
siers », Editions universitaires, 68 p.
Articles
Trinugroho I., Sembel R., (2011), ”Overconfidence and Excessive Trad-
ing Behavior: An Experimental Study”. International Journal
of Business and Management, 6, 7, pp. 147–152.
Aktas N. E., De Bodt E., Van Hoppens H., (2008), ”Legal insider trad-
ing and marketefficiency”. Journal of Banking & Finance, 32,
pp. 1379–1392.
Baker M., Wurgler J., (2007), ”Investor sentiment in the stock market”,
Journal ofEconomic Perspectives, 21, pp.129–151.
Barneto P., Gregorio G., (2010), ”Peut-on réconcilier juste valeur comp-
table etefficience des marchés financiers ?”. Revue Française
de Comptabilité, 435, pp. 32–36.
Webographie
http://www.casablanca-
bourse.com/bourseweb/content.aspx?IdLink=14&Cat=1
http://ces.univ-
paris1.fr/membre/capelle/Cours/Ecofi/S7_fichiers/Efficience.pdf
http://www.parisschoolofeconomics.com/orlean-
andre/depot/publi/marchesfi.pdf
http://www.christophe-barraud.com/wp-
con-
tent/uploads/2013/04/C_Barraud_efficience_maches_financiers_finance_comp
ortementale.pdf
https://hec.unil.ch/docs/files/159/1451/efficience_&_fin_comportementale_-
_m._vlcek_-_6_dec_13.pdf