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Au début du 

Xe siècle, une nouvelle dynastie supplante les Aghlabides et


les Rostémides en Ifriqiya et dans le Maghreb central, les Fatimides. De doctrine chiite, et
pensant que le khalifat doit revenir à la descendance d'Ali et de Fatima, fille du
prophète Mahomet, ils considèrent les khalifes Abbassides comme des usurpateurs. Aussi, dès
sa prise de pouvoir en 909 à Raqqada, le premier représentant de cette dynastie, Ubayd Allah,
revêt le titre de Mahdi et celui de commandeur des croyants26.
Son accession au pouvoir a été préparée par un prédicateur ismaélien, le Yéménite Abu
Abdallah, venu en Ifriqiya, après sa rencontre à la Mecque de pèlerins berbères de la Petite
Kabylie, des Kutamas. Installé à Ikjan, près de Sétif, où il développe son prosélytisme, il constitue
une armée parmi les Kutamas, et s'attaque aux Aghlabites dont il conquiert l'émirat en une
quinzaine d'années (893-909)26. Abu Abdallah entreprend alors d'aller chercher Ubayd Allah, le
Mahdi, tenu en captivité à Sijilmassa, et ce dernier fait son entrée triomphale à Raqqada en 909.
Le souverain est autoritaire et intolérant, pratiquant une politique fiscale rigoureuse. Il se heurte
dès 911 à un complot des chefs Kutamas où Abu Abdallah avait trempé, il les fait exécuter. Pour
marquer ses ambitions tournées vers l'Orient, il établit sa nouvelle capitale à Mahdia26.
Ubayd Allah se proclame mahdi et fait assassiner Abu Abdallah. Ce meurtre déclenche des
révoltes berbères chez les Kotamas et les Zénètes L 50. Plusieurs tribus érigent des principautés
dans les régions montagneuses : les Kotamas de Petite Kabylie, les Sufrites de Tlemcen et
les Kharidjites des AurèsL 51. La plus importante des révoltes est celle que dirige d'Abu Yazid, un
kharidjite zénète des Banou Ifren surnommé « l'homme à l'âne » dans les Aurès en 943. La
révolte gagne l'ensemble du MaghrebL 52. Il parvient, en 944, à défaire l'armée fatimide et à
s'emparer de KairouanL 53. Mais, vers 947, il est tué. Cela marque la fin du kharidjisme
insurrectionnelL 54.
Des parties des tribus berbères Zénètes Maghraouas et Ifrenides participent à la grande révolte
anti-fatimide d'Abu Yazid. Une branche des Banou Ifrens devient vassal des Omeyyades de
Cordoue et contrôle l'OranieL 44. Leur chef Yala Ibn Mohamed choisit Ifgan comme capitale (Aïn
Fekan, près du Mascara) en 938 et détruit Oran en 955. En 958, la nouvelle capitale des Banou
Ifren est saccagée par le général Jawhar al-Siqilli qui élimine Yala Ibn MohamedL 44.
Les Fatimides avec l'aide de leurs alliés Sanhadjas menés par le chef berbère Ziri ibn
Menad répriment les révoltes Zénètes et kharidjites. Ils contrôlent désormais le Maghreb et
la SicileL 55. En 969, l'armé fatimide dont les Kutama forment le noyau conquiert l'ÉgypteL 56. Par la
suite, les mahdis fatimides deviennent méfiants à l'égard des Berbères et s'entourent d'étrangers,
notamment SlavesL 55. Avant son départ, le calife fatimide désigne le chef des
Sanhadjas Bologhine ibn Ziri, gouverneur du MaghrebL 52.

Dynasties sanhadjiennes[modifier | modifier le code]


Articles détaillés : Zirides et Hammadides.

Ruines d'Achir, fondée par Ziri ibn Menad, dont descend la Dynastie ziride.

Ziri ibn Menad est le chef des tribus berbères SanhadjasL 55 qui habitaient entre Alger et M'SilaL 52.
Client des Fatimides, il commence la construction d'Achir en 935L 56, qui devient sa capitaleL 55. Les
Zirides commencent à bâtir une souveraineté dans le Maghreb centralL 57. Ziri charge son
fils Bologhine ibn Ziri de construire trois villes : Miliana, Médéa et AlgerL 52. En 972, Bologhine est
nommé émir du Maghreb par les Fatimides. Il vise à étendre son autorité à l'ouest L 57 et s'empare
de Tahert et de Tlemcen, dont il déporte une partie de la population à Achir L 58.
Par la suite les Zirides s'installent en Tunisie et laissent la police du Maghreb central à leurs
cousins HammadidesL 52. Le fondateur de la dynastie, Hammad ibn Bologhine est le fils de
Bologhine ibn Ziri, nommé gouverneur dans le Maghreb central L 58. Les Hammadides se
détachent de l'autorité ziride et construisent une nouvelle capitale Al-Qalaa en 1007L 52.

La Kalâa des Béni Hammad (minaret, face sud).

En 1005, Hammad impose à son neveu Badis ben Mansur un accord de partage du pouvoir, dès
lors le Maghreb central et l'Ifriqiya sont gouvernés par deux autorités distinctes 27. À l'ouest, les
Hammadides manœuvrent pour renforcer leur pouvoir sur les tribus ZénètesL 59, mais les
émirs Maghraouas s'appuient sur les Omeyyades de Cordoue pour contrarier leur extensionL 52.
Les Hammadides rejettent la suzeraineté fatimide pour signifier leur indépendance L 59.
Les Hammadides adoptent le sunnisme en 1015 et les Zirides en 104827. Pour les punir, les
Fatimides envoient contre eux les tribus arabes des Hilaliens installés en Haute-Égypte en 1051
et 1052L 60. Les Hilaliens déferlent d'abord en IfriqiyaL 61, les Zirides se réfugient dans le littoral et
sont chassés définitivement par les Normands en 1148L 60. Le royaume hammadide est moins
touché par les incursions des HilaliensL 60 et profite des troubles qui secouent l'Ifriqiya pour
prendre l'avantage sur les ZiridesL 62.
Toutefois, pour éviter l'affrontement avec les tribus arabes L 60 et pour mieux s'intégrer au
commerce méditerranéen27, les Hammadides transfèrent leur capitale à BéjaïaL 60 qu'ils fondent en
1064L 63 et s'y installent définitivement en 1090L 64 avant d'être vaincus par l'Almohade Zénéte Abd
al-Mumin en 1151L 65.
Cette migration connue en français sous le nom d'« invasion hilalienne »L 66, est un long
processus de migration qui s'étale sur trois siècles. Elle ne concerne pas que des guerriers mais
des tribusL 67. Elle constitue un événement majeur pour tout le MaghrebL 68. Le bilan de cette
migration est contrastéL 69, Ibn Khaldoun était un grand citadin qui exprimait les vues des hommes
d'ordre de son époqueL 70. Des tensions ont existé entre Arabes nomades et sédentaires. Mais ce
type de tensions existent de longue date entre les sédentaires et les nomades berbères L 71. Les
Arabes nomades sont progressivement intégrés dans la société d'accueil qui pratiquait déjà la
transhumance pastoraleL 72. Ils entraînent l'arabisation plus poussée dans le pays surtout chez les
Zénètes nomadesL 72 et élargissent les espaces des migrations pastorales L 71. Cela a provoqué la
régression urbaine et de l'agriculture, le déplacement de la vie urbaine vers le littoral et l'abandon
des villes des plaines intérieurs et des Hauts PlateauxL 68.
Citadelle (casbah) au-dessus du port de Béjaïa, d'époque hammadide.

Au temps des Zirides, Achir située dans le Titteri devient rapidement un centre commercial actifL
57
. Son architecture est soignée et d'inspiration machrekienne. Les Hammadides vont édifier une
nouvelle capitale, la Kalâa des Béni Hammad dans le Hodna, chaque nouveau dynaste tient à
avoir sa capitale, mais Achir n'est pas abandonnée L 73. La nouvelle capitale sera rapidement
peuplée par les citadins, commerçants, savants et lettrés qui ont fui l'Ifriqiya notamment
Kairouan, mais également les habitants des villes détruites par Hammad comme M’sila. La région
connait alors une vraie prospéritéL 59. La cité abritait de nombreux palais et lieux de cultes L 74. Le
souverain hammadide Al Nacir construit une nouvelle ville Béjaïa qui devient la capitale du
royaumeL 64 et l'un des ports les plus actifs du MaghrebL 60. Dès lors, la cité devient un centre
d'enseignement et un pôle intellectuel renommé pour la science qui attire les étudiants et les
savantsL 75. La Kalâa reste un centre commercial et intellectuel actif, mais décline
progressivementL 69.

Almoravides et Almohades[modifier | modifier le code]


Articles détaillés : Almoravides et Almohades.
Du XIe siècle au XIIIe siècle, les Almoravides puis les Almohades ont tenté de construire deux
empires qui regroupaient le Maghreb et Al-AndalusL 76. Au début du XIe siècle, les
nomades Sanhadjas du Sahara occidental se regroupent au sein d'une communauté et se
proclament des AlmoravidesL 77 (al-Murābitūn, « ceux du ribat »L 77 ou les gardes frontières
du jihadL 78). La guerre sainte vise l'Afrique noire qu'ils veulent convertirL 78. Des campagnes sont
lancées dans le Sahel et dans les oasis Drâa et à SijilmassaL 78. Au début du XIIe siècle, cet
empire berbère s'étend du Sénégal à l'Èbre et au Tage en EspagneL 79.
L'État almoravide est à la fois religieux et militaire, son armée est composée de Sanhadjas
(Lamta et Goudla)L 68 auxquelles se sont joints des mercenaires noirs et européens L 79. L'autorité
religieuse est présentée par les légalistes malékites L 68.
Grande Mosquée de Nedroma, construite durant l’ère almoravide.

Au Maghreb central, les Almoravides prennent Tlemcen en 1075L 79, Oran et s'arrêtent à AlgerL 68,
qu'ils enlèvent après un siège en 1082L 80. En 1102, les Hammadides contre-attaquentL 65, et les
font reculer jusqu'à Tlemcen, mais les Almoravides ripostent, dès lors leur aire de souveraineté
va jouxter le domaine hammadideL 81. Les villes telles qu'Alger et Tlemcen ont connu un
épanouissement pendant leur règne, mais sans dépasser Béjaïa la hammadide qui était le centre
économique et culturel du Maghreb central L 82. Les Almoravides édifient les grandes mosquées
de Tlemcen et d'Alger et laissent d'autres vestiges mineurs à Oran, Ténès et CherchellL 83. Le
déclenchement du mouvement Almohade marque la fin de l'empire des AlmoravidesL 82.
Le mouvement almohade est fondé par Ibn Toumert qui commence à prêcher sa doctrine
en 1117L 84. Il s'installe dans les années 1120 chez les Masmoudas, à Tinmel dans le Haut
Atlas marocainL 85. Les Almohades (al-Muwahhidoun, les unitaristes) prêchent pour une doctrine
qui réclame l'unicité absolue du Dieu et pensent que les Almoravides sont coupables
d'anthropomorphismeL 86. Ibn Toumert prêche dans une mosquée à Béjaïa, il critique les mœurs
des citadins, mais il en est chasséL 86. À sa mort, les Almohades désignent son successeur : Abd
al-Mumin, disciple Zénète originaire de la région de NedromaL 86.
Abd al-Mumin transforme la structure politique en monarchie héréditaire et s'appuie sur sa tribu
d'origine les Koumya de Nedroma et les Hilaliens qu'il intègre dans l'armée régulièreL 82. Il
s'empare de la région de Tlemcen, il prend Oran en 1143, puis Tlemcen en 1145-1146 L 87. Puis,
avec 30 000 guerriers, il envahit Marrakech28,29,30. En 1151, il bat les Hammadides et
occupe BéjaïaL 88 et écrase les Hilaliens près de Sétif en 1153L 82. Puis, il achève en Ifriqiya la
conquête du Maghreb. Les Beni Ghania qui se sont maintenus aux Baléares, attaquent le
Maghreb central et s'emparent de Béjaïa en 1184 puis Alger, al Qalaa et Miliana et
assiègent ConstantineL 89. En 1185, les Almohades contre-attaquent, les Beni Ghania se replient
alors en IfriqiyaL 89.
L'empire décline et se décompose au cours de la première moitié du XIIIe siècleL 90. En 1212, lors
de la bataille de Las Navas de Tolosa, ils subissent une importante défaite face aux armées
chrétiennes en EspagneL 88. Au Maghreb, le gouverneur de l'Ifriqiya se proclame indépendant
en 1229, puis le gouverneur de Tlemcen en 1236L 91. Dans le même temps,
la Reconquista progresseL 92. Les Mérinides mettent fin à l'empire almohade, en 1269, par la prise
de MarrakechL 93. Sous les Almohades, l'activité économique se concentre sur le littoral, où se
pratique le commerce portuaireL 82. L'empire a connu de nombreuses révoltes malékitesL 82, les
Almohades vont procéder également à des conversions forcées de juifs et de chrétiens L 94.
Cependant, les Almohades ont tenté de constituer un État institutionnalisé L 95. Pendant leur règne,
l'arabisation progresse sans retour, l'arabe devient la langue de haute cultureL 96, le mysticisme et
les chants soufis se développent L 97 et le Maghreb connait un grand afflux d'immigrés andalous L 90.
Hafsides et Zianides

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