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1 - INTRODUCTION
La raison d’être de la maintenance est d’obtenir une disponibilité optimale des équipements afin
d’obtenir une productivité la meilleure possible. Pour cela, le matériel devrait être exempt de défaillances ; le
mot défaillance désigne tout ce qui parait anormal, tout ce qui s’écarte de la norme de bon fonctionnement,
par exemple :
un bruit anormal,
des vibrations anormales,
la sortie d’un produit non conforme (au point de vue dimensionnel, analyse, etc..),
un arrêt partiel de la machine,
un arrêt total.
Comme le risque zéro n’existe pas, il est clair que le technicien de maintenance devra réagir au plus
tôt et le plus vite possible afin de limiter les temps d’arrêt. En fait, il va être le « médecin » des équipements,
et s’il veut apporter des solutions, il devra savoir diagnostiquer le type de défaillance afin d’y apporter re-
mède. Comme une pathologie humaine, la défaillance est le résultat d’un mécanisme rationnel et expli-
cable : elle est due à une ou plusieurs causes que le technicien va devoir identifier.
Toutefois, effectuer une opération corrective sur un équipement défaillant, sans avoir compris
l’origine de la défaillance, revient à se voiler la face : il est clair qu’à plus ou moins brève échéance, elle re-
viendra. Une réparation corrective définitive s’appuie sur l’expertise de la défaillance (action sur la cause) :
reconnaissance du type de défaillance,
reconnaissance du mode de défaillance,
savoir retrouver, par une analyse méthodique, l’origine de la défaillance,
définition ou utilisation des lois d’usure.
Inversement, si l’on connaît et si l’on comprend l’origine d’une défaillance, on pourra appliquer un préventif
« vrai ». Enfin, quelle erreur on commettrait, si on fabriquait un équipement en ignorant, ou en faisant sem-
blant d’ignorer, les défaillances possibles de chacun des composants de cet équipement !
1
elle permet d’inclure à la conception l’élément qui fera qu’elle ne pourra plus jamais se produire
(maintenance intégrée à la conception) ; des méthodes telles que l’AMDEC (analyse des modes
de défaillances et de leur criticité) permettent de faciliter ce travail (notion d’analyse prévision-
nelle).
1.3 – Définitions
Nous rappellerons tout d’abord par un diagramme de synthèse ce que nous avons écrit dans le cha-
pitre 2 sur les types de défaillance.
Rapidité de
Par combinaison de
manifestation
plusieurs concepts
# défaillance progressive
# défaillance soudaine # défaillance catalectique
# défaillance par dégradation
Période En fonction
d'apparition des causes
# défaillance intermittente
# défaillance systématique
Pour analyser une défaillance, il faut rassembler les six éléments de connaissance suivants.
1. Cause de la défaillance : ce sont la ou les circonstances liées à la conception, à la fabrication, à
l'installation, à l'utilisation et/ou à la maintenance qui ont conduit à la défaillance.
2. Mécanisme de défaillance : ce sont le ou les processus physiques, chimiques ou autres qui con-
duisent ou ont conduit à une défaillance.
3. Mode de défaillance : ce sont les effets par lesquels les défaillances se manifestent.
4. Amplitude de la défaillance : c’est le degré d’importance de la défaillance (défaillance partielle ou
complète).
5. Conséquences de la défaillance : elles vont agir sur le fonctionnement futur de l’équipement selon
qu’elles sont mineures, majeures ou critiques.
6. Aptitude à être détectée : les défaillances ne sont pas toutes soudaines ; elles peuvent être pro-
gressives, mais aussi latentes s’il s’avère que la fonction sur laquelle la défaillance arrive n’est pas
utilisée.
2 – CAUSES DE DEFAILLANCES
La cause de la défaillance est une anomalie initiale susceptible de conduire au mode de défaillance.
Elle s'exprime en terme d'écart par rapport à la norme. Exemples : sous-dimensionnement, absence de joint
d'écrou, manque de lubrifiant, etc.. Elle se répartit dans les domaines que nous identifierons par 5M dans le
paragraphe 5 : milieu, méthodes, main d’œuvre, matière et matériel.
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1. Le milieu : environnement température ambiante, degré hygrométrique, vibrations, champs magné-
tiques, éclairage, agrément du lieu, etc..
2. La matière : matière d’œuvre, composants, hétérogénéité des caractéristiques, etc..
3. La main-d’œuvre : personnel, action de la main, programmation, réglage, etc..
4. Le matériel : machines, outils et outillages, montages, etc..
5. Les méthodes : gammes, modes opératoires, procédures, etc..
Notons qu’aujourd’hui, on rajoute deux autres facteurs : le Management et les Moyens Financiers qui consti-
tuent des facteurs intéressants, notamment dans les domaines immatériels, les services, gestion de projets,
logiciels par exemple. On parle donc de 6M voire de 7M.
Elle est inhérente à des faiblesses de l’équipement ; on parle donc de défaillance primaire : c’est la
défaillance d'un bien qui n'est pas causée directement ou indirectement par une défaillance ou une panne
d'un autre bien. Parmi les causes intrinsèques, on trouve :
la défaillance due à une conception inadéquate de l’équipement (mauvais dimensionnement,
pas de rayon de raccordement, angles vifs, zones de contraintes mal évaluées),
la défaillance due à une fabrication de l’équipement non conforme à sa conception ou à des pro-
cédés de fabrication spécifiés (faiblesses d’épaisseur, matières mal adaptées, défauts de fabri-
cation faisant apparaître des inclusions, soufflures, criques, etc..),
la défaillance due à une installation incorrectement réalisée (défauts d’équilibrage),
les défaillances par usure (liées à la durée d’utilisation) et vieillissement liées au temps).
Exemple : problème de non-respect des cotes dû à l'usure des pièces de la machine.
Elles sont généralement imputables à l’application de contraintes supérieures aux possibilités défi-
nies de l’équipement :
utilisation au-delà des limites recommandées et qu'on doit raisonnablement respecter,
Exemples : problème de surcharge de machine (cadence trop élevée), dépassement des capa-
cités techniques de la machine (vitesse, profondeur de passe trop élevée), machine soumise à
des conditions extérieures extrêmes (température, humidité, salinité de l'air).
manipulation incorrecte de l’équipement ou manque de précaution,
action de maintenance inadaptée ou exécutée de manière incorrecte, défaut d’entretien,
défaillance causée directement ou indirectement par une défaillance ou une panne d'un autre
équipement.
Remarquons que beaucoup de défaillances extrinsèques sont des défaillances intrinsèques que l’on
n’a pas su prévoir, à cause le plus souvent de l’ignorance de l’utilisateur sur l’environnement de l’équipement
et de son utilisation (imprécision du cahier des charges).
Elles sont généralement imputables à des signaux de commande et de contrôle incorrects : erreur
humaine, environnement, autres composants.
Exemples : problèmes dus à des dérèglements des instruments de mesures, d'étalonnage, de l'utilisa-
tion des capteurs hors de leur domaine d'utilisation (température, humidité, poussière).
Nous donnons dans le tableau 5.2 quelques exemples de causes de défaillance dans trois domaine
différents : électromécanique, hydraulique et mécanique.
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Electromécanique Hydraulique Mécanique
Causes intrinsèques Vieillissement Vieillissement Fatigue
liées au matériel Mort subite d’un compo- Mort subite d’un compo- Contrainte
sant - Claquage sant Etat de surface
Rupture de liaison Colmatage
Collage de contacts Fuite
Causes extrinsèques Poussières, huile, eau Température Température
liées au milieu et à Choc, vibration Poussières, huile, eau, Poussières, huile, eau,
l’exploitation Echauffement local copeaux copeaux
Parasites Echauffement local Echauffement local
Causes liées à la main Fabrication, montage, Fabrication, montage, Conception (géométrie)
d’œuvre et aux outils réglage réglage Fabrication, montage,
Contrôle Contrôle réglage
Manque d’énergie Manque d’énergie Utilisation, outils
Utilisation, outils Utilisation, outils
3 – MODES DE DEFAILLANCE
Le mode de défaillance est relatif à une fonction. Il s'exprime par la manière dont un système vient
à ne plus remplir sa fonction, mais il peut aussi s’exprimer en termes physiques : rupture, desserrage,
coincement, court circuit, etc.. Par exemple considérons la fonction pompage réalisée par un groupe moto-
pompe. Les modes de défaillances généralement considérés pour un groupe motopompe sont :
le refus de démarrer ou le refus de s’arrêter,
un débit inférieur au débit requis,
une pression de refoulement inférieure à la pression requise,
un démarrage intempestif,
une fuite externe.
Ces modes de défaillances devront être adaptés à chaque système. Pour faciliter la tâche des gens de
maintenance, l’AFNOR propose une liste normalisée de 33 modes génériques de défaillance (figure 5.3).
4
Quelques exemples de modes de défaillance précis
Nous donnons sur le tableau suivant, quelques exemples de modes de défaillance dans trois do-
maine différents : électromécanique, hydraulique et mécanique.
4 – MECANISMES DE DEFAILLANCE
Il n’est pas question ici de donner une liste exhaustive de tous les mécanismes de défaillances, mais
d’en voir les plus fréquents, tels qu’on les voit sur la partie opérative ou la partie commande des systèmes
automatisés de production.
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4.12 – Défaillances mécaniques
1 - Détériorations de surface
Elles sont liées aux notions de fatigue et d’usure. Il existe différentes formes de détérioration des
surfaces fonctionnelles :
1. l’usure est l’enlèvement progressif de matière à la surface des pièces d’un couple cinématique
en glissement relatif ;
2. le fretting-corrosion est une usure particulière apparaissant au contact de deux pièces statiques,
mais soumises à de petits mouvements oscillants (vibrations par exemple). L’origine est le plus
souvent la différence de dureté entre les pièces frottantes. C’est le cas de pièces frettées, des
clavetages ou des roulements restés longuement à l’arrêt, des tiges filetées et écrous ;
3. l’écaillage est l’enlèvement de grosses écailles de matière par fatigue de contact ;
4. le grippage est la soudure de larges plages de contact, avec arrachement massif de matière ;
La cavitation est un phénomène complexe pouvant exister dans une installation de pompage.
Nous donnerons l’exemple d'une pompe centrifuge : quand un liquide coule dans un tuyau
d'aspiration et qu'il entre dans l'œil de l'impulseur, sa vélocité augmente ce qui amène un réduc-
tion de pression. Si cette pression descend en dessous de la tension de vapeur correspondant à
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la température du liquide, celui ci va se vaporiser et le courant qui s'écoule consistera à la fois
de liquides et de poches de vapeur. Continuant son mouvement dans l'impulseur, le liquide ar-
rive à une zone de pression plus élevée et les cavités de vapeur disparaissent. C'est cette dis-
parition de poches de vapeur qui cause le bruit relié à la cavitation.
La cavitation peut varier de très légère jusqu’à très forte : dans le premier cas le seul effet est
une baisse de l'efficacité ; dans le deuxième cas, une forte cavitation est très bruyante et peut
briser l'impulseur de la pompe ou d'autres parties (voir photos 5.7)
7. l’érosion est l’enlèvement de matière par l’impact d’un fluide, de particules solides en suspension
ou de phénomènes électriques (arcs) ;
8. le faïençage est un réseau de craquelures superficielles dû à la fatigue thermique ;
9. le marquage est un enfoncement localisé dû à une charge ponctuelle ;
10. le rayage est une trace laissée par le passage d’un corps dur ;
11. la corrosion est la désagrégation progressive d’une surface par effet chimique.
2 – Déformations plastiques
L’essai de traction sur une éprouvette met en évidence une zone de déformation élastique et réver-
sible, puis une zone de déformation plastique irréversible. Une déformation élastique n’est pas une défail-
lance en soi, à cause de sa réversibilité sauf dans des cas particuliers :
un allongement peut créer une perte d’étanchéité,
un arbre soumis à des effets centrifuges peut se déformer et créer un balourd aux consé-
quences néfastes sur un roulement, par exemple.
Une déformation plastique permanente est par contre une défaillance puisqu’elle est irréversible.
Elle contient de plus un risque de rupture ultérieur qui peut s’avérer dangereux pour les biens et les per-
sonnes. On trouve deux sortes de déformation plastique :
la déformation plastique sous contrainte mécanique,
la déformation plastique sous contrainte thermique et dans le temps (fluage et relaxation).
3 – Ruptures
Les ruptures sont les phases finales d’évolution ; elles sont de nature catalectique. On trouve :
la rupture ductile qui survient après une phase de déformation plastique importante, et dont
l’origine est souvent une inclusion ;
la rupture fragile qui survient après une très faible déformation plastique. Elle est souvent la
conséquence d’une contrainte brutale ou d’un choc et est favorisée par un effet d’entaille ou de
fragilité intrinsèque du matériau ;
la rupture par fatigue favorisée par le fretting-corrosion, l’oxydation en phase de fissuration, les
effets d’entaille liés au dessin de la pièce.
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4.13 – Défaillances par corrosion
Tous les responsables maintenance le savent, un métal, dès lors qu’il est en contact avec l’air am-
biant, l’eau plus ou moins chargée, les liquides en règle générale et les gaz, se corrode. Mais les matières
plastiques ou le bois ne sont pas en reste.
1 – Corrosion humide (électrochimique)
On trouve tout d’abord la corrosion électrochimique en phase aqueuse. Elle a lieu dès qu’un maté-
riau métallique est exposé à un milieu aqueux (l’air en est un : notion de degré d’hygrométrie). On observe
une oxydation du métal avec libération d’ions ferreux en solution dans l’eau :
2Fe 3H 2 O Fe 2 O 3 3H 2 .
Une autre forme de corrosion électrochimique est la corrosion galvanique ; elle concerne les couples de
métaux plongés dans un électrolyte quelconque. Les métaux les plus électronégatifs (fer, aluminium, zinc)
se corrodent rapidement. On trouve souvent cette forme de corrosion sur des couples galvaniques. C’est le
cas sur les tuyaux de chauffage central, au niveau des colliers de fixation (acier, aluminium ou zinc) du tuyau
de cuivre sur le mur.
2 – Corrosion sèche (chimique)
C’est la mise en contact de matériaux métalliques avec des produits chimiques agressifs (acides,
composés alcalins, composés halogénés, etc..). On a même vu des graisses ou lubrifiants dont les additifs
réagissaient sur des surfaces sensées être protégées par le lubrifiant !.. La corrosion se manifeste par la
formation de piqûres et/ou de fissures.
3 – Corrosion électrique
Un arc électrique, issu d’une différence de potentiel créée entre deux surfaces métalliques, des cou-
rants « vagabonds » peuvent produire une cratérisation de ces surfaces. Les cratères ainsi formés sont à
l’origine de corrosions qui peuvent s’étendre.
4 – Cas des aciers inoxydables
Il existe plusieurs possibilités de corrosion des aciers inox :
corrosion par piqûres (en particulier en milieu Cl-) ; pour y remédier, on rajoute du molybdène ;
corrosion intergranulaire (précipités de carbures aux joints des grains) ; pour y remédier, on peut
vérifier l’hypertrempe, on ajoute du titane ou du niobium ;
corrosion sous tension ; pour éviter ce problème, on emploie de l’acier inox austénoferritique.
On trouve souvent, dans des mécanismes, des pièces réalisées à partir de polymères. Ces pièces
subissent des modes de défaillances semblables à celles des pièces métalliques : usure, fatigue, rupture,
etc.. Elles sont également très sensibles à l’environnement : température, rayonnement ultraviolet, etc..
Les parties commande sont réalisées maintenant avec des circuits électroniques. On ne trouve qua-
siment plus de séquenceurs à relais ou pneumatique. Le problème des composants électroniques est qu’ils
ont un taux de défaillance (voir chapitre 7) constant, ce qui signifie que leurs défaillances sont aléatoires. Le
séquencement des opérations est réalisé en logique programmée : automate programmable industriel ou PC
industrialisé. En règle générale, on observera des défaillances des circuits électroniques (API, modules
d’entrée/sorties, alimentations). Notons tout de suite que les API sont très fiables (moins de 10% des défail-
lances). Les défaillances se situent surtout au niveau des modules d’entrée/sortie et des alimentations. Les
causes potentielles de défaillance sont :
les surcharges en courant ou en tension,
les décharges électrostatiques,
les chocs thermiques dus aux successions de « marche-arrêt »,
les dérives de vieillissement des composants électroniques,
les défauts de connectique dus en particulier aux vibrations et à la corrosion,
le rayonnement électromagnétique provoqué par des courants forts passant par les mêmes gou-
lottes que les courants faibles, organes émetteurs (antennes radar, téléphone cellulaire, etc..) ;
8
normalement toutes les parties commande devraient fonctionner correctement dans un environ-
nement électromagnétique perturbant (notion de CEM : compatibilité électromagnétique).
Les API sont maintenant montés en réseaux afin d’augmenter la flexibilité des lignes (conception
CIM). Les réseaux sont souvent pollués par le rayonnement électromagnétique et par les harmoniques. Il est
donc nécessaire de veiller à leur protection (blindage, respect des règles de câblage et d’implantation, etc..).
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ANALYSE DES DEFAILLANCES ET AIDE AU
DIAGNOSTIC
L’analyse quantitative d’un historique va permettre de dégager des actions d’amélioration, donc iden-
tifier les défaillances à approfondir afin de les corriger et les prévenir. Analyser quantitativement les résultats
des diagnostics constitue ainsi un axe de progrès. Les données chiffrées à saisir doivent être les suivantes :
dates des interventions correctives (jours, heures) et nombre N de défaillances ; ces éléments
permettront de calculer les périodes de bon fonctionnement (UT = Up Time), les intervalles de
temps entre deux défaillances consécutives (TBF = Time Between Failures) et leur moyenne
(MTBF) ; ces données permettront de caractériser la fiabilité des équipements ;
temps d’arrêt de production (DT = Down Time) consécutifs à des défaillances, y compris ceux des
« microdéfaillances » ; tous les événements sont systématiquement consignés, même les plus
anodins ; il est toujours plus simple de se rappeler d’une grosse panne que d’une microdéfaillance
répétitive qui engendrera à terme une défaillance grave ; l’expérience montre que son oubli fausse
complètement une étude de fiabilité ultérieure. Il est prouvé aussi que les microdéfaillances, qui
appartiennent à la routine, donc qu’on oublie facilement, sont génératrices de perte de disponibi-
lité, donc de productivité moindre et bien sûr de non qualité ; ces données permettront donc de
caractériser la disponibilité des équipements ;
durées d’intervention maintenance (TTR = Time To Repair) et leur moyenne (MTTR) ; ces don-
nées permettront de caractériser la maintenabilité des équipements.
1
TBF
Fonctionnement
UT
Arrêt t
TTR TTR
DT DT
Chacune des données précédentes est ensuite associée aux familles de défaillance définies dans le
chapitre précédent :
localisation des éléments sensibles à partir de la décomposition structurelle,
modes de défaillances observés le plus fréquemment.
PARETO (1848-1923) était un socio-économiste italien qui étudia la répartition des impôts fonciers
aux Etats-Unis. Il constata que 15% des contribuables payaient 85% des impôts fonciers. Il en tira une règle,
celle des 85-15, et plutôt celle des 80-20 qui peut s’appliquer partout :
20% des routes ou des voies ferrées assurent 80% du trafic,
20% des conducteurs provoquent 80% des accidents,
20% des articles vendus représentent 80% du chiffre d’affaires.
En d’autres termes : « une minorité des causes est responsable de la majorité des effets ». On appelle
loi de PARETO ou « loi des 80-20 » la règle de concordance que l’on trouve souvent entre :
le faible pourcentage d’éléments d’une population ou d’un échantillon donné,
le fort pourcentage que ces éléments représentent si l’on considère un de leurs caractères parti-
culiers ou un critère donné.
1.12 – Méthode ABC
Parmi la multitude de préoccupations qui se posent à un responsable maintenance, il lui faut décider
quelles défaillances doivent être étudiées et/ou améliorées en premier. Pour cela, il faut déceler celles qui sont
les plus importantes et dont la résolution ou l’amélioration serait le plus rentable, en particulier en terme de
coûts d’indisponibilité. La difficulté réside dans le fait que ce qui « est important » et que ce qu’il « l’est moins »
ne se distinguent pas toujours de façon claire.
La méthode ABC apporte une réponse. Elle permet l’investigation qui met en évidence les éléments
les plus importants d’un problème afin de faciliter les choix et les priorités. On classe les événements (pannes
par exemple) par ordre décroissant de coûts (temps d’arrêts, coût financier, nombre, etc..), chaque événement
se rapportant à une entité. On établit ensuite un graphique faisant correspondre les pourcentages de coûts
cumulés aux pourcentages de types de pannes ou de défaillances cumulés. Sur le schéma figure 6.2, on
observe trois zones.
1. Zone A : 20% des pannes occasionnent 80% des coûts ;
2. Zone B : les 30% de pannes supplémentaires ne coûtent que 15% supplémentaires ;
3. Zone C : les 50% de pannes restantes ne concernent que 5% du coût global.
Conclusion : il est évident que la préparation des travaux de maintenance doit porter sur les pannes de la
zone A.
2
Coûts
cumulés
C
100%
80 B
60
40
20
A
Nombre de
0
défaillances
20 40 60 80 100%
En maintenance cette méthode est très utile pour déterminer les urgences ou les tâches les plus rentables,
par exemple :
s’attacher particulièrement à la préparation des interventions sur les défaillances les plus fré-
quentes et/ou les plus coûteuses (documentation, gammes opératoires, contrats, ordonnance-
ment, etc..),
rechercher les causes et les améliorations possibles pour ces mêmes défaillances,
organiser un magasin en fonction des fréquences de sortie des pièces (nombre de pièces et em-
placement),
décider de la politique de maintenance à appliquer sur certains équipements en fonction des
heures et des coûts de maintenance.
Attention toutefois : cette méthode ne résout pas les problèmes, mais elle attire l’attention du technicien sur
les groupes d’éléments à étudier en priorité.
Le service maintenance peut exploiter cette méthode en allant beaucoup plus loin :
on dresse un tableau regroupant les sous-ensembles, le nombre de défaillances N, les temps
d’arrêt par sous-ensemble Nt et la moyenne des temps d’arrêt t ;
on élabore les diagrammes en bâtons N, Nt et t ; ils permettront de déterminer la priorité de prise
en charge des sous-ensembles par le service maintenance,
le graphe en N oriente vers l’amélioration de la fiabilité ;
le graphe en Nt est un indicateur de disponibilité, car Nt estime la perte de disponibilité de chaque
sous-ensemble ;
le graphe en t oriente vers la maintenabilité, c’est à dire l’amélioration de l’aptitude à la mainte-
nance.
1.14 – Application
Une machine comporte 10 sous-ensembles dont on a relevé l’historique des pannes. L’entreprise, qui
utilise cette machine, désire augmenter sa productivité en diminuant les pannes sérieuses. Pour cela elle
demande au service de maintenance de définir des priorités sur les améliorations à apporter à cette machine.
L’historique de la machine fournit le tableau suivant.
Sous-ensembles A B C D E F G H I J
Nombre d’heures d’arrêt 26,5 11 1 57 56,5 1 17 1,5 9,5 1
Nombre de pannes 4 15 4 4 3 8 12 2 3 2
Figure 6.3 – Historique d’une machine
3
Sous-en- Classement Cumul des % des coûts Nombre de Cumul des % des
sembles en coût (en h) coûts (en h) cumulés pannes pannes pannes cu-
mulées
D 57 57 31,3 4 4 7
E 56,5 113,5 62,4 3 7 12,3
A 26,5 140 76,9 4 11 19,3
G 17 157 87,2 12 23 40,3
B 11 168 92,3 15 38 66,7
I 9,5 177,5 97,5 3 41 71,9
H 1,5 179 98,3 2 43 75,4
C 1 180 98,9 4 47 82,4
F 1 181 99,4 8 55 96,5
J 1 182 100 2 57 100
80
60
40
20
A B C Pannes
cumulées
0
20 40 60 80 100%
B – Diagrammes en N, Nt et t
Sous-ensembles N Nt t
A 4 26,5 6,625
B 15 11 0,73
C 4 1 0,25
D 4 57 14,25
E 3 56,5 21.83
F 8 1 0,125
G 12 17 1,42
H 2 1,5 0,75
I 3 9,5 3,17
J 2 1 0,5
Le graphe en N (figure 6.7) oriente vers l’amélioration de la fiabilité : ici on constate que les sous-
ensembles B et G sont ceux sur lesquels il faudra agir prioritairement. Différentes actions sont envisageables :
modifications techniques (qualité des composants), consignes de conduite, surveillance accrue (maintenance
de ronde), actions préventives systématiques dans un premier temps, conditionnelle ensuite.
4
Défaut de fiabilité
120
100
080
Taux
060 Taux de
panne
040
Cumul
020
000
B G F A C D E I H J
Sous-ensembles
Le graphe en Nt (figure 6.8) est un indicateur de disponibilité, car Nt estime la perte de disponibilité de chaque
sous-ensemble. Il permet donc de sélectionner l’ordre de prise en charge des types de défaillance en fonction
de leur criticité (ici les sous-ensembles D et E).
Indisponibilité
120
100
080 Taux d'indispo
Taux
060
Cumul
040
020
000
D E A G B I H C F J
Sous-ensembles
Le graphe en t oriente vers la maintenabilité, c’est à dire l’amélioration de l’aptitude à la maintenance. Ici, les
sous-ensembles E et D présentent quasiment 80% des difficultés de réparation.
Défaut de maintenabilité
120
100 Taux de non-
080 maint
Taux
060
040 Cumul
020
000
E D A I G H B J C F
Sous-ensembles
5
Après analyse de t (attente maintenance, déplacements, temps de diagnostic, attente de pièce, etc..),
il sera possible d’agir sur :
la logistique (moyens de dépannage, de manutention, etc..),
l’organisation de la maintenance (gammes d’intervention, formation du personnel, échanges stan-
dard, etc..),
l’amélioration de la maintenabilité (accessibilité, conception modulaire, etc..).
Défaillance
3 : J'agis
1 : Je vois
2 : Je réfléchis
7
Partie commande 5% 90% Partie Opérative
Zone mémoire
1,5% A2 E2
Chaîne P3 A3 E3
Unité de Sorties d'action
Traitement
3% 5% 60%
Capteur 1 Capteur 2 Capteur 3
0,5%
Entrées Chaîne
d'acquisition
4 – Savoir-faire
Le diagnostic est construit comme une enquête policière : le maintenancier part des informations et
symptômes, et à partir de son expérience, il formule des hypothèses affectées d’un niveau de probabilité plus
ou moins important, teste ces hypothèses afin de se construire une certitude. Il dispose pour cela d’outils de
diagnostic. Les plus utilisés sont :
le GRAFCET (recherche des discordances),
le diagramme Causes – Effets,
l’arbre des causes,
l’organigramme de diagnostic et/ou la fiche de diagnostic
les systèmes experts.
Le GRAFCET est un outil bien connu des automaticiens : il permet en particulier la recherche de
dysfonctionnement sur une chaîne fonctionnelle et d’identifier l’équipement défaillant d’un SAP. Mais tous les
systèmes sont loin d’être automatisés : lorsqu’on a un appareil électroménager qui ne démarre pas quand on
en a besoin, il faut d’autres outils ! C’est ce que nous allons essayer de voir maintenant.
2.31 – Rappels
Vu de l’utilisateur, une défaillance se manifeste donc par son effet. Si on veut résoudre le problème, il
faut d’abord localiser l’élément en cause afin de le réparer ou de l’échanger. Puis, si on veut que la défaillance
ne se reproduise plus, .il faut rechercher les phénomènes ou les circonstances en cause.
Dans ce paragraphe, on appellera recherche des causes la localisation des éléments dont l’état anor-
mal a entraîné la défaillance. Pour aider l’homme de maintenance dans cette recherche, on dispose du Ta-
bleau Cause – Effets qui débouche ensuite sur l’organigramme de diagnostic. Le Tableau Cause – Effets
permet :
de faire un bilan des défaillances,
de rechercher des causes à partir d’un effet.
2
2.32 – Structure du tableau Causes – Effets
On recense, de manière exhaustive dans l’historique d’un équipement, tous les évènements relatifs à
un sous-ensemble ou un composant d’un équipement posant problème (déterminé par exemple par une ana-
lyse de Pareto). On détermine :
le nombre de fois où l’effet est apparu,
la moyenne des temps d’intervention (MTI),
la moyenne des temps de diagnostic.
L’ensemble de ces données est tout d’abord regroupé sur un tableau comme indiqué figure 6.17. Ne
pas s’étonner si un effet peut être provoqué par plusieurs causes.
Effet constaté Elément en cause Nombre de fois MTI (min) MTD (min)
E1 C1 12 25 10
E2 C2 4 15 5
E1 C3 23 60 10
E3 C4 2 10 2
E2 C5 6 40 12
Si ce tableau a l’intérêt de regrouper toutes les causes possibles correspondant à chaque effet, il a
aussi un inconvénient majeur : pour chaque défaillance signalée, il faut parcourir toute la liste des effets cons-
tatés pour récupérer tous les éléments en cause. Donc, pour un équipement complexe, cette liste peut être
très longue, d’où une perte de temps et des risques d’oubli.
On va donc « croiser » les effets et les causes sur un tableau à double entrée (figure 6.18). Puis à
l’intersection d’un effet et d’une cause, on indique le nombre de fois où l’effet est apparu.
Cause
Cause
Cause
Cause
Cause C1 C2 C3 C4 C5
E1 12 23
E2 4 6
E3 2
On complète le tableau en intégrant les temps MTI et MTD. On obtient le tableau définitif de la figure 6.19.
Cause
Cause
Cause
Cause
Cause C1 C2 C3 C4 C5
Moyenne des temps de diagnostic MTD 10 5 10 2 12
Moyenne des temps d’intervention MTI 25 15 60 10 40
E1 12 23
E2 4 6
E3 2
Figure 6.19 – Tableau Causes – Effets
Conclusion
Le tableau causes – effets est un outil de synthèse d’historique qui met en évidence :
les relations entre les causes connues et les effets constatés,
la fréquence d’apparition des causes,
les temps d’intervention et les temps de diagnostic.
3
Il va permettre de générer la fiche de diagnostic et l’organigramme de diagnostic.
Remarque
Ce tableau est mieux adapté à la maintenance que le diagramme d’Ishikawa (voir en annexe) utilisé par les
qualiticiens pour identifier toutes les causes donnant naissance à un effet (un diagramme par effet).
Exemple : un aspirateur tourne mais n’aspire plus. Il est clair qu’il y a des choses à faire avant de mettre en
cause le système d’aspiration.
Pas d'aspiration
Oui
Hypothèse 1 Suceur obstrué?
Déboucher
Non suceur
Mauvais Bon
Essais
Hypothèse 2 Oui
Sac plein? Changer le sac
Non
Mauvais Bon
Essais
Oui Déboucher
Hypothèse 3 Flexible obstrué?
flexible
Non
Mauvais Bon
Essais
Appeler le
technicien agréé
Fin
4
Un organigramme de diagnostic est écrit par un expert de l’équipement. L’utilisateur n’est pas forcé-
ment un expert de l’équipement, mais il doit être capable d’effectuer correctement et en toute sécurité les
actions et les tests proposés par l’organigramme.
C’est un diagramme déductif qui va de l’effet vers la cause et qui a pour objet de rechercher toutes
les combinaisons de défaillances élémentaires (primaires) pouvant déboucher vers une panne.
A – Symbolisme
Cet outil utilise un symbolisme qu’on utilise également sur les circuits logiques. On parle aussi de
logigramme de dépannage. Ce symbolisme est donné figure 6.23.
&
ou Porte ET
>1
ou Porte OU
2
Figure 6.23 – Symbolisme des arbres de défaillances
Enoncer la défaillance à
analyser
Etudier le système
NON OUI
A-t-on une défaillance de
Porte ET composant ? Porte OU
Construire l’arbre de
défaillance
C – Application
3
Non conformité de la température
du fluide avec la valeur souhaitée
Chauffage Brassage
défectueux défectueux
Hélice
Réglage Chauffage Moteur
désaccouplée
défectueux défectueux défectueux
Thermostat ³1
déréglé
Moteur
Résistance Alimentation bloqué Défaut
HS HS interne
Alimentation
HS
Remarque : à partir de l’arbre de défaillance, on peut évaluer la probabilité d’apparition de l’événement non
désiré. Le calcul repose sur les règles classiques de calcul des probabilités composées à événements indé-
pendants (voir chapitre 7). On utilisera le taux de défaillance estimé de chaque composant, que l’on suppo-
sera évidemment constant. Si i est le taux de défaillance de l’élément i, alors :
n
pour une porte ET i ,
i1
n
pour une porte OU i .
i1
Un système expert est un logiciel qui simule les activités intellectuelles de l’homme avec des moyens
informatiques. Avec un système expert, on entre dans le domaine de l’intelligence artificielle (IA).
Les notions d’IA date de 1956 à Berkeley (USA). Il s'agissait à l'époque de doter un ordinateur de
capacités habituellement attribuées à l'intelligence humaine : acquisition de connaissances, perception (vision,
audition), raisonnement, prise de décision.
L'intelligence artificielle a été développée ensuite pour permettre la résolution de problèmes non so-
lubles par une méthode algorithmique. En fait, l' I.A. a pour but d'approcher le raisonnement humain. Elle
recouvre trois domaines essentiels :
la reconnaissance des formes (analyse, reconnaissance et synthèse de la parole et de l'image)
avec ses applications vers la robotique,
le traitement du langage naturel (compréhension, utilisation et synthèse des (compréhension, uti-
lisation et synthèse des processus syntaxiques),la résolution de problèmes (compréhension, re-
présentation et résolution des problèmes).Les systèmes experts appartiennent à ce domaine.
4
L’I.A. a fait sont entrée dans le domaine industriel dans les années 80 ; Les systèmes experts
représentent plus de la moitié des applications de l’I.A. (figure 6.26).
Reconnaissance de
formes
Robotique
Reconnaissance
vocale
Langages naturels
Systèmes experts
Il est toujours difficile de traiter un diagnostic par un raisonnement algorithmique. La difficulté réside
dans l'opération du diagnostic elle-même : c’est un acte intelligent (raisonnement logique) qui ne correspond
à aucun algorithme mathématique. En effet, l'expert dispose d'un ensemble d'informations qui, combinées
avec la connaissance du processus qu'il possède, vont lui permettre d'aboutir à un diagnostic. Cette tâche est
donc difficilement automatisable par des techniques classiques. Or rappelons-nous comment on effectue un
diagnostic via un arbre de défaillances par exemple :
l’arbre propose le test à effectuer,
l’opérateur effectue le test et analyse le résultat,
il diagnostique la panne ou effectue un nouveau test,
il répare.
Cette procédure se calque donc sur les trois parties : observation, diagnostic, remise en état.
L’utilisation du système expert permet une meilleure approche du diagnostic que l’arbre de mainte-
nance classique ; il permet :
d’hésiter entre plusieurs choix ;
de refuser de répondre à un test, ceci ne stoppant pas le diagnostic ; seul le taux de vraisemblance
de la solution impliquée diminue.
Base de Interface de
connaissances développement
Moteur
d'inférence
Interface de Bases de
consultation faits
5
6.27 – Organisation générale d'un Système Expert
Sur ce schéma, on voit apparaître trois parties essentielles qui constituent le cœur du système expert :
la base de connaissances, c’est à dire l’ensemble de règles de raisonnement,
la base de faits qui contient les données initiales,
le moteur d'inférence qui simule le comportement d’un expert ; c’est lui qui applique les connais-
sances aux données.
Les connaissances sont exprimées sous formes de règles de production, du type « Si .... Alors ... ».
Une telle règle comprend une partie gauche composée de « prémisses » et une partie droite donnant « la
conclusion ».
Exemple :
SI (le démarreur ne fonctionne pas)
ET (les phares ne s’allument pas)
ET (le klaxon ne fonctionne pas)
ALORS (batterie HS)
Pour développer un système expert, on utilise un générateur de système expert (GSE) : c’est un outil
informatique générique qui permet de créer un grand nombre de systèmes experts particuliers adaptés à
chaque type d'application. Le générateur de système expert apporte le canevas permettant de structurer le
savoir et le savoir-faire des experts.
Le choix du générateur de système expert doit se faire avec méthode et en concordance avec les
besoins des futurs utilisateurs. Exemples : Amidiag, MIAO, MAINTEX, SEDIAG, Solveur, etc..
6
2.54 – Quand créer un système expert ?
3.1 – Introduction
Prévoir la possibilité d’une défaillance et corriger l’équipement avant qu’elle ne se produise devrait
être le leitmotiv du constructeur. En fait, c’est rarement le cas, ne serait-ce qu’à cause du coût d’études sup-
plémentaire qui pénaliserait certainement le coût de vente du produit. C’est dommage, car alors on passerait
de la maintenance réactive à la maintenance proactive. La maintenance proactive est bâtie sur le concept de
sûreté de fonctionnement (SdF) :
SdF = Disponibilité + Sécurité
avec Disponibilité = Fiabilité + Maintenabilité + Logistique de maintenance. Dans ce paragraphe, on se limitera
aux techniques qui permettent de prévoir puis de supprimer les défaillances. En effet, il est clair qu’en main-
tenance, la bonne panne est celle qui n’arrive pas ou, tout au moins, celle qu’on a prévue. L’aspect disponibilité
sera traité dans le chapitre 7.
L’analyse prévisionnelle des défaillances est celle qu’on réalise normalement en phase de conception.
On parlera aussi d’Analyse du risque ou d’Etude du risque. S’il n’y a aucun risque, il est inutile de mener une
analyse prévisionnelle de défaillance !
7
L’analyse prévisionnelle des défaillances s’appuie sur l’expertise ou l’expérience acquise sur les équi-
pements en fonctionnement. Dans ce cas, les analyses s’effectuent après défaillances. Le retour d’expérience
est donc la base de l’analyse prévisionnelle : sans lui, toute gestion dans une logique de progrès est impos-
sible. L’analyse prévisionnelle est d’autant plus efficace qu’elle est réalisée en fin de conception traditionnelle
par un groupe mixte aux compétences croisées : par exemple concepteur, responsable production, respon-
sable maintenance, responsable qualité.
Une défaillance est susceptible de se produire de façon régulière, fugitive ou aléatoire avec une fré-
quence qui peut être connue ou inconnue. Les conséquences peuvent être plus ou moins grave. Le risque est
donc caractérisé par :
une probabilité d’occurrence,
une gravité plus ou moins acceptable.
Il est très difficile d’établir une loi entre la gravité et la probabilité d’occurrence. Mais, dans un premier
temps, on peut admettre que c’est une hyperbole, sachant que :
une défaillance mineure arrive très souvent (on la néglige d’ailleurs),
une défaillance catastrophique que l’on ne peut pas prévoir est censée ne pas arriver (ce n’est
pas pour autant qu’il faut la négliger !).
Gravité
Catastrophique
Très grave
Grave INACCEPTABLE
A
cc
Effets mineurs ep
ta
bl
Sans gravité e
Quelquefois
Exceptionnel
Très souvent
Jamais
Probabilité
Souvent
Rarement
d'occurence
8
A – Définition de l’équipement ou du système
On privilégie la représentation arborescente (voir chapitre 4). L’équipement et ses sous-ensembles
sont définis à partir de la documentation d’origine et de la réglementation qui régit sa conception et son utili-
sation. Il est placé dans son environnement (matières d’entrée, énergies utiles, produits de sorties, déchets,
etc..). Il présente des risques de nuisance et de pollution devant lesquels se posent les problèmes de risque
(et donc de responsabilité) que l’exploitant doit identifier et décliner à tous les niveaux de l’arborescence.
B – Identification des risques
Il existe plusieurs méthodes, les plus utiles étant :
l’analyse préliminaire du risque (APR),
l’analyse des modes de défaillance et de leur criticité (AMDEC),
l’analyse par arbre de défaillance (AAD).
C – Modélisation de la logique des causes et effets
On détecte ici les risques les plus préjudiciables à l’équipement et à son environnement, puis on iden-
tifie les liens de causalité entre chacun des évènements et leurs conséquences probables.
D – Hiérarchisation des risques
On analyse dans cette phase les évènements indésirables selon leur importance (gravité) et leur pro-
babilité d’occurrence, ce qui permet d’évaluer les dangers auxquels l’équipement et son environnement seront
soumis. C’est l’outil d’aide à la décision en termes de conception, amélioration ou utilisation.
1 Analyse
AMDEC
fonctionnelle
3 2
4 GMAO 8
5
7
Aide à la 6 Documentation
décision technique
L'AMDEC est une technique d'analyse exhaustive et rigoureuse de travail en groupe : chacun y met
en commun son expérience et sa compétence. Mais, pour la réussir, il faut bien connaître le fonctionnement
du système qui est analysé ou avoir les moyens de se procurer l'information auprès de ceux qui la détiennent.
Elle comporte cinq étapes :
étape 1 : préparer l’étude,
étape 2 : réaliser l’analyse fonctionnelle,
11
étape 3 : réaliser l’analyse qualitative des défaillances,
étape 4 : évaluer la criticité,
étape 5 : définir et suivre un plan d’actions correctives et préventives
Constituer l'équipe
Etape 1 : Préparation
Rassembler les données
Etape 2 : analyse
fonctionnelle
Eléments du système
Analyse des
Modes de Modes de défaillance du système
Etapes 3 et 4 :
Défaillance, de leurs
Effets et de leur Causes Criticité Effets
Criticité
12
Comme il est difficile de réunir 5 à 8 personnes d'un certain niveau (elles sont souvent peu dispo-
nibles), on planifie les cinq phases, de la « préparation » jusqu'aux « actions menées » en respectant une
fréquence d'une demi-journée tous les 15 jours en général.
C – Limitations de l’étude
Il est nécessaire de limiter le champ et la durée de l’étude. Un champ d’étude trop important conduira
à un exercice harassant pour un résultat médiocre. Une durée d’étude de 2 à 3 mois est tout à fait raisonnable.
D – Constitution du dossier AMDEC
Dans cette phase, on effectue la collecte des données nécessaires à l’étude :
cahier des charges ou spécifications du produit,
plans, nomenclature, gammes de fabrication, spécifications,
calculs et leur vérification (chaîne de cotes),
contraintes de fabrication,
défaillances observées (retours clients, rebut de production),
essais de fiabilité, résultats de test,
relevés statistiques d’exploitation, historiques des pannes,
probabilités de défaillances liées à la technologie,
objectifs qualité.
Attention : il vaut mieux différer l’étape suivante que de la démarrer sans avoir toutes ces informations.
E - Fin de l’étape 1 : fiche de synthèse
Cette fiche (figure 6.32) accompagne l'étude tout au long de sa durée. On y retrouve toute la phase
d'initialisation ainsi que le suivi de l'étude. Elle est à remplir par l'animateur lors d'un entretien avec le deman-
deur et complétée avec le décideur. Son but est de formaliser sur un document les points clés de l'étude
AMDEC.
Réalisé
Légende Début : I Réunion : R Fin : F Animateur :
Suivi :S
Initial Evolution de la criticité Observations :
B Date : C0 C1 C2
I
Nombre Total
L
de
A Criticité >limite
causes
N %
14
Elément Défaillances Criticité
Décisions de
Mode de Cause de la maintenance
Désignation Fonction Effet Détection F G N I
défaillance défaillance
C GxFxN
La valeur maximale que l’on puisse obtenir est C = 125. Il est clair que, si C > 100, une remise en
cause de la conception est nécessaire. Inversement, si C < 25, certaines défaillances peuvent être négligées.
Entre les deux, des mesures correctives ou préventives sont nécessaires.
NB : chez RENAULT, la criticité s’appelle IPR (Indice de Priorité de Risque). La formule établie pour coter la
criticité est IPR = F x G x D où D est la probabilité de détection de la défaillance. Existe t-il un intérêt particulier
de parler de détection plutôt que de non-détection ? Nous ne le pensons pas ; en effet, nous préférons la non-
détection car, comme pour F et G, la criticité est d’autant plus faible que la non-détection est faible.
15
F Défaillance Probabilité
16
En phase de fabrication, et plus particulièrement en phase d'exploitation, les actions menées sont
correctives et sont donc lourdes à mettre en oeuvre. Elles permettent :
la diminution du MTTR,
une meilleure gestion des pièces de rechange,
le développement d'un système d'aide au diagnostic.
B – Actions de maintenance préventive
Tant que l'on se trouve en phase d'étude et de développement, les actions menées sont préventives,
afin de diminuer les risques inacceptables analysés :
optimisation des opérations de maintenance préventive,
mise en oeuvre de nouvelles opérations.
C – Actions de maintenance améliorative
Dans le cadre de la maintenance améliorative, l’AMDEC permet :
l’augmentation du MTBF et plus généralement de la SdF,
l’amélioration de la sécurité des opérateurs,
l’amélioration de l'environnement.
17
3 – Limitations de la méthode AMDEC
Bien que d'un usage généralisé, il serait inexact de prétendre que l'AMDEC est un outil universel.
Précisons les quelques limitations de la méthode :
elle est tributaire d'une bonne analyse fonctionnelle ;
elle impose des travaux et une méthodologie demandant une préparation, une rigueur et parfois
des moyens importants pour l'entreprise. Toutes les entreprises ne sont pas encore en mesure
d’y consacrer les efforts nécessaires (on privilégie encore trop les actions « pompiers ») ;
même si sa vocation est le traitement préventif des défaillances, elle doit s'appuyer sur un savoir-
faire existant dans l'entreprise et à partir duquel le groupe de travail peut extrapoler ses re-
cherches ;
elle s’adresse à des applications plutôt matérielles (mécanique, électricité, hydraulique, etc..).
5.44 - Conclusion
La mise en oeuvre d'une AMDEC est assez lourde à cause du nombre de personnes mobilisées et
par le temps nécessaire qu'elle demande. Si elle est indispensable sur un produit (impact sur la qualité), en
maintenance, elle est surtout réservée aux machines significatives de la production pour lesquelles la dépense
est hautement productive. Pour le reste, on procède à des réflexions moins contraignantes, donc moins
chères, mais qui restent inspirées de la méthode elle-même. L’analyse AMDEC n’a de valeur que par la per-
tinence et l’efficacité des actions d’amélioration qui en découlent. Pour réaliser l’optimisation de l’AMDEC, on
fixe les priorités suivantes :
modification du concept afin d‘éliminer la cause de la défaillance ou de réduire la gravité,
augmentation de la fiabilité du concept afin de minimiser la fréquence d’apparition de la cause de
la défaillance,
détection plus efficace de la cause de la défaillance (éviter si possible l’ajout de contrôles supplé-
mentaires).
Après optimisation, et en cas de modification de concept, les cinq étapes de l’AMDEC doivent de
nouveau être parcourues.
ANNEXE : DIAGRAMME CAUSES - EFFET D’ISHIKAWA
Cet outil a été créé par Ishikawa, professeur à l’Université de la TOKYO dans les années 60 et con-
cepteur d’une méthode de management de la qualité totale. Le diagramme causes-effet est une représentation
graphique du classement par familles de toutes les causes possibles pouvant influencer un processus. Ces
familles de causes au nombre de 5 engendrent la non qualité dans un processus de fabrication. Leur nom
commence par la lettre M d’où l’appellation 5M. Ishikawa a proposé une représentation graphique en « arête
de poisson » (figure A.1).
4
Appelé souvent « remue-méninges », technique de créativité utilisable dans toutes les circonstances, dés lors :qu’on
veut faire ressortir toutes les caractéristiques d’un problème,qu’on cherche des solutions innovantes à ce problème.
19