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Michel Lajoye
V
ous tenez entre vos mains un porte le nom du stalinien Gayssot et quant à elle, est la moins bien lotie
"mémoire" qui n'en est pas à qui contraint les goyim à être des avec seulement l5OO agents.
sa première édition: cette disciples de la Très Sainte Religion Pourtant, la DST est très connue,
présente est la huitième! Holocaustique … vous en aviez déjà entendu parler. Ce
La toute première rédaction de ce Dans mon récit, je me suis qui n'était pas le cas de la DPSD et de
document a été achevée il y a 3 ans, efforcé de décomposer chaque pan de ses 1620 barbouzes!
en décembre 1997. Date symbolique, cette/mon affaire en commençant par Additionnons la DGSE, la DRM et
puisque cela faisait alors 10 ans que le début: ma rencontre avec un la DPSD et cela constitue, au sens
j'étais incarcéré pour une affair e dénommé Christophe Arcini qui fut mon large, une police politique militaire de
criminelle qui apparaissait déjà comme coaccusé lors du procès de Caen. Le 4100 + 1709 + 1620 = 7429 agents! Un
"pas claire". lecteur découvrira que cet individu, total bien supérieur aux RG (3200) et à
Aujourd'hui, en avril 2001, je suis fonctionnaire du Ministère de la DST (1500) réunis qui, eux,
entré dans ma quatorzième année de l'intérieur, était un agent chargé n'alignent donc que 4700 agents, soit
détention et je vous propose de lire ce d'infiltrer les milieux d'extrême-droite 2729 de moins que la police politique
mémoire qui vous relate une afin de leur faire commettre des militaire! Et aux effectifs de cette
manipulation d'État dont, vous aussi, attentats. dernière, il ne faut pas oublier d'y
vous avez été victime, puisqu'elle était Le lecteur découvrira aussi ajouter les 95 000 gendarmes qui sont
destinée à influencer votre opinion, comment la Police Judiciaire et des militaires et qui ne se font pas
votre choix, votre conditionnement l'lnstitution Judiciaire ont exécuté les prier pour faire, dès que la DPSD le
électoral... ordres du Pouvoir politique et ont leur ordonne, du renseignement sur tel
Ne pensez pas que j'exagère, car relâché (provisoirement...) cet Arcini ou tel citoyen!
ce document vous apprendra que le qu'ils avaient auparavant interpellé! Ces chiffres vous étonnent, mais
terrorisme d'État existe, que le Pouvoir Ceci pour qu'il puisse continuer à jouer ils parlent d'eux-mêmes: en France la
n'hésite pas à y recourir, que cela soit son rôle d'agent-provocateur et me police politique est plus militaire que
pour éliminer des opposants, ou pour fasse commettre un attentat à la civile.
servir la propagande d'État. Car qui y bombe. Lisez ce mémoire, cela vous en
a-t-il de mieux qu'un bon attentat, Lire ce document, ce sera aussi apprendra encore plus sur les activités
intervenant au bon moment, pour entrer dans les coulisses des services de cette police politique militaire,
souder une opinion publique derrière et des polices politiques . Que ce soit omniprésente, mais dont vous n'aviez
une politique gouvernementale? la civile avec les Renseignements jamais entendu parler avant et dont
En France, dams les années 80, Généraux, mais aussi de la militaire vous ne soupçonniez même pas
il a été commis divers attentats que avec la Direction de la Protection, de l'existence, alors que c'est vous,
l'on a qualifiés d'extrême-droite. Des la Sécurité et de la Défense (l'ex- contr ibuable, qui la financez.
actions qui ont toujours été perpétrées Sécurité Militaire). Certains lecteurs ne manqueront
au "bon moment" pour servir la Cette DPSD, dont il sera pas de s'étonner que ce mémoire soit
propagande gouvernementale contre beaucoup question dans ce récit, est imprimé sur des feuilles A4, et non "en
ce qui était à l'époque le Front inconnue du grand public. Pour ce livre". Cela tient au contenu même de
National. dernier, la police politique, en France, ce récit, et aux chiffres détaillés plus
Ce document contient le récit se limite aux civils des RG et à ceux haut. Quel est l'éditeur grand public
d'une de ces campagnes. Une de la Direction de la Surveillance du qui oserait braver ces assassins
opération qui s'est soldée, entre Territoire. st ipendiés par l'État? Alors ce que
autres, par ma condamnation à la Pourtant, les chiffres budgétaires vous avez entre les mains ne pouvait
réclusion criminelle à perpétuité pour 1999/2000 sont sans équivoque être qu'un samizdat , car aujourd'hui, à
assortie d'une peine incompressible de (cf. l'organigramme paru dans cause des polices politiques, un
18 ans, pour la pose d'une bombe, qui Libération du 26 novembre 1999): la diss ident ne peut pas plus se faire
n'a peut-être pas explosé, et qui, en DPSD a officiellement 1620 éditer en France qu'il ne le pouvait en
tout cas , n'a causé ni dégât, ni blessé permanents. Et nous en sommes URSS du temps de la "splendeur" du
et, bien entendu: aucun mort. arrivés à 2800 "civils" plus 2200 KGB.
Condamnation prononcée à l'issue d'un militaires pour la Direction Générale Le lecteur dispose, au recto de
procès (si l'on peut appeler cela des Services Extérie urs. Sans omettre cette présentation, d'un « Sommaire »
comme ça...) qui s'est tenu à Caen en les 1709 fonctionnaires de la Direction pour faciliter ses éventuelles
juin l99O, c'est-à-dire entre la du Renseignement Militaire. recherches et/ou retours en arrière, à
profanation de Carpentras (commise, À l'opposé, la police politique travers ce mémoire.
elle aussi, fort à propos...) et civile compte officiellement, avec les Bonne lecture!
l'adoption/promulgation de la loi qui RG, 3200 fonctionnaires. Et la DST,
Chapitre 1 13. Arcini forcément identifié par la police 4. Lundi 7 décembre 1987 (convocation
Premiers contacts avec Arcini (1984) dès juin 1987 ………………………… 31 à la PJ) …………….…………………. 57
14. Nouvelle voiture pour Arcini ………… 33 5. Plan pour faire évader Arcini des
1. Mon parcours, mon passage au FN, 15. Une fuite malencontreuse dans la locaux de la PJ ……….……………… 57
et mon fichage par les polices presse …………………………..……. 33 6. Mardi 8 décembre 1987, convocation
politiques ………….…..……………… 3 16. Les revendications sionistes ………… 34 à la PJ (suite) …….………………….. 57
2. Rencontre avec Arcini .….....……….... 4 17. Visite d'un inspecteur à la prison où 7. Arcini "s'évade" ……………………… 58
3. Origines d'Arcini …………………..…. 4 j'étais détenu …………………..…….. 34 8. Mercredi 9 décembre 1987 (trajet
4. Arcini forcément fiché …………….… 4 Caen-Le Havre) ….………………….. 61
5. Travail d'Arcini …………………….… 5 Chapitre 6 9. Je croise Arcini "par hasard" ………... 61
6. La récupération d'armes, d'explosifs, Ma sortie de prison (26 octobre 1987) 10. Le jeudi 10 décembre (l'arrestation) ... 62
et autres ……………………………… 5
1. Reprises de contacts avec Arcini ….... 35 11. Arrêtés sur "renseignement" ……..… 64
7. Formation qui m'est dispensée …….. 6 12. Un, ou des mystérieux "groupes ar-
8. Arcini forcément manipulé ou agent
infiltré…………………………………. 7 Chapitre 7 més" ………………………………….. 65
L'attentat qui m'est reproché
Chapitre 9
Chapitre 2 I. Avant toute chose ……………..……... 35 La garde-à-vue et l'instruction
Passage à l'armée 2. Arcini n'y a pas participé directement 36
3. Trajet Caen-Cherbourg (vendredi 20 1. Il manque des armes et les explosifs
1. Procédure d'engagement (mars
novembre ont disparu ……………………..…….. 66
1985) ……………………..…………… 7 4 1987) ………………..……. 36
4. Assemblage de la bombe (dimanche 2. L'instruction ………………..………… 69
2. Étrange visite au Peloton d'Elèves
22 novembre 1987) ……………..…… 36 3. Les motifs d'inculpation ……...……… 70
Gradés (juin 1985) …………..…..…... 8
5. Essai avec la "bombe-test" (lundi 23 4. Soi-disant arrêté avec l'arme du
3. Arrivée au régiment d'affectation, puis
novembre 1987) ………..……………. 37 crime de Caen ……………….……… 70
description de mon travail ……..……. 9
2. Mon nom disparaît de l'effectif 6. Possible substitution de l'explosif …... 37
7. Cabines téléphoniques toutes en Chapitre 10
régimentaire ………………..………... 10
panne ……………………….….…….. 37 Le dossier
5. Visites officielles de la Sécurité
Militaire (fin mars 1986) ……….….... 10 8. Obligé de partir pour Caen (25 1. Sa remise (8 juin 1990) ………..……. 72
6. Est-ce un agent de la DGSE? ……… 12 novembre 1987) ……………….…….. 38 2. L'enquête de personnalité a été en
7. Première mission (avril 1986) ……... 12 9. Trajet Cherbourg-Rouen (27 partie rédigée par la gendarmerie …... 72
8. Problèmes idéologiques …………….. 13 novembre 1987) ……………………. 39 3. Les parents ……………..……………. 73
9. Les autres missions, en vrac (courant 10. Derniers repérages (29 novembre 4. Les frères et sœurs ………….……… 74
1986) ………………………………..... 13 1987) …………………………….…… 39 5. Procès-verbaux sur la période
10. L'affaire des GAL (octobre 1986) ...…. 14 11. L'attentat en lui-même, tel que j'ai scolaire ………………………..……… 75
11. Refus de la mission GAL, je déserte opéré (30 novembre 1987) ……..…… 39 6. Procès-verbaux militaires …….…… 76
(octobre/novembre 1986) …………… 15 12. Retour à Caen (30 novembre 1987) .... 41 7. L'enquête fut manifestement stoppée ……………………
12. Conclusion du passage à l'armée …... 16 13. Récit de l'explosion de la bombe 8. Pas d'audition d'ami(e) ou de voisin .. 77
13. Contexte de l'époque …………...……. 16 (version officielle) …………………... 41
14. Durant l'armée, contacts réguliers 14. Le Parquet n'a jamais convoqué les Chapitre 11
avec Arcini …………………………... 19 témoins! …………………….……….. 42 Le procès aux Assises (juin 1990)
15. Bilan de l'explosion: trois blessés 1. Dates, lieu, ambiance ………..……… 77
Chapitre 3 (version officielle) ……….…………... 43 2. Le président de la Cour ……………... 78
Une liberté très surveillée 16. "Bizarreries " des versions officielles 43 3. L'avocat général (promu après le
17. Un explosif défectueux selon la procès) …………….………………… 78
1. Ma voiture qui prend feu …………..… 20 version officielle ……….…………... 44 4. Comportement anormal des jurés ….. 79
2. Une voiture piégée qui disparaît …..... 21 18. Récit de l'attentat (version du témoin 5. Les témoins cités ………………..…... 80
Bounifia) ……………….…………….. 45
Chapitre 4 6. Les témoins que j'avais fait citer …… 80
19. Disposition de chacun (selon 7. Les parties civiles qui s'étaient
Ma première incarcération (janvier 1987)
Bounifia) ………………..…………… 46 constituées …………………………… 81
1. L'arrestation …………………………. 22 20. Ce qui a suivi mon départ (version 8. Les experts cités …………….………. 81
2. Le procès "arrangé" de Coutances Bounifia) ………………..……………. 46 9. Comportement d'Arcini durant le
(4 août 1987) ………………………… 22 21. Disposition de chacun lors de procès ……………..…………………. 81
3. Un projet d'attentat …………..………. 23 l'explosion (version Bounifia) ……… 47 10. Arcini incapable de décrire, techni-
4. Visite d'un colonel en prison et 22. Effets matériels de l'explosion (selon quement, la bombe …….……………. 81
démission de l'armée …………...…... 24 Bounifia) ……………………….…….. 48 11. Le réquisitoire contre moi ……..……. 83
23. Aucun dégât humain (selon Bounifia) 49 12. Le réquisitoire contre Arcini ……..….. 83
Chapitre 5 24. Hypothèse d'une défaillance du
Les attentats commis par Arcini (1987) 13. Les plaidoiries de la défense ……...… 83
système de mise à feu …...…….…… 50 14. J'ai pris la parole pendant près de 2
1. Rappel de ma situation à l'époque de 25. Bounifia ne savait pas………...……… 51 heures ………………………..………. 84
ces attentats ……………………..…... 24 26. Un assureur fantôme ………………… 51 15. Le verdict ………………………….…. 84
2. Le prernier attentat (6 marsl987) ….... 24 27. Conclusions sur ce témoignage de 16. Arcini est toujours en prison ……..…. 84
3. Le second attentat (5 juin 1987) …….. 24 Bounifia ………………………..…….. 51
4. Arcini a utilisé sa voiture personnelle 26 28. Témoignage de Bounifia, version Chapitre 12
5. Arcini a-t-il opéré seul? ……….……. 26 janvier 2000 ………………...…….….. 52 Le pourvoi en cassation
6. Le jour de l'attentat, Arcini protégeait 29. Ce qui a pu se dérouler dans ce bar le
1. Je n'étais pas pour ………….……….. 85
Balladur ………………………...……. 27 30 novembre 1987 …………………... 53
2. Arcini dépose un pourvoi …….……… 85
7. Provenance étrange de l'arme du 30. Arcini m'a déconseillé un système de
3. L'avocat, qui avait accepté, se désiste
crime ………………………….……… 27 mise à feu "à bille" ………………….... 54
………………………………………... 85
8. Celui qui a fourni l'arme abattu par la 31. Aucun débris de la bombe ne sera
4. Mon pourvoi, évidemment, rejeté …. 86
suite ….………………………………. 27 présent au procès …………..……….. 55
5. Des journaux ont les attendus avant
9. Des munitions identiques dans 32. Conclusions sur cet "attentat virtuel" .. 55
nous …………………………..………. 86
diverses affaires ……………..……. 29
10. Les munitions qui ont servi au crime Chapitre 8
de Caen ……………………………… 29 Derniers jours avant l'arrestation Conclusion ……………………………... 86
11. Précisions de la presse concernant les I. Vendredi 4 décembre 1987 ……..…... 56
munitions ……………..………….. 30 2. Samedi 5 décembre 1987 (envoi
12. Arcini a peut-être commis des Postface de Carlos ……………… 97
d'une revendication) …………...……. 56
attentats en Corse ……………….…... 31 3. Dimanche 6 décembre 1987 ……..…. 57
E
n 1984, comme aujourd'hui, les média
présentaient le Front National comme un parti reste... J'avais même le droit à des mises à pied, un
néofasciste, néonazi, et j'en passe. Dès lors, vrai bonheur: je manquais le collège, et, en punition,
puisqu'ils me présentaient ainsi ce mouvement: j'y ai j'étais interdit d'y venir (de toute façon je n'y serais
adhéré de confiance! pas venu...) pendant 3 ou 8 jours. J'étais aussi
Mais voyons avant mon parcours personnel, plutôt (pour)suivi par une assistante sociale et une
sinueux, qui m'a conduit à m'encarter dans ce parti (ré)éducatrice qui, évidemment, ne me voyaient
politique (mon "environnement familial" ne sera jamais: pour ça il aurait d'abord fallu qu'elles
abordé qu'au chapitre 10). m'attrapent...
Je suis né en 1967, le 19 avril, dans la commune Cela a duré ainsi de mes 12/13 ans (1980)
de Le Dézert (environ 500 habitants à l'époque) jusqu'à mes 16 ans (1983). "L'aggravation" a surtout
située dans le canton de Saint-Jean-de-Daye (cela été à partir d'avril 1981 où j'ai eu 14 ans, 1'âge
se trouve entre Saint-Lô et Carentan), dans le minimum pour avoir un cyclomoteur, et je m'en suis
département de la Manche. J'ai vécu toute mon acheté un grâce aux revenus procurés par les
enfance dans cette région à la limite sud du Cotentin. castors... Avec ce véhicule (une petite moto plus
Au niveau scolarité, ce fut très chaotique, mais qu'un cyclo) j'étais très mobile, ce qui a accru mon
seulement à partir du collège. À compter de mes absentéisme scolaire...
12/13 ans, j'estimais que j'avais mieux à faire que de En avril 1983, j'ai eu 16 ans. Par conséquent libre
passer mon temps à bâiller en n'écoutant même pas (outre d'acheter une moto de cylindrée plus grosse)
les professeurs. Et de toute façon pour ce qu'ils de ne surtout plus aller au collège (puisque la
avaient à dire... scolarité/endoctrinement est obligatoire jusqu'à 16
Il y a aussi que lorsque j'étais petit, j'étais ans). Je n'ai pas fait un jour de plus, j'ai donc quitté
anormalement grand pour mon âge... La raison en l'école à 16 ans pile, et même un peu avant puisque
est que j'ai fait ma croissance en avance, et en mon 16 ème anniversaire tombait durant les vacances
conséquence vers mes 12/13 ans, j'avais déjà scolaires de Pâques 1983. À l'époque j'étais en
quasiment ma taille adulte. Je n'ai plus grandi depuis troisième, mais disons que j'étais inscrit à ce niveau,
mes 13/14 ans. Dès lors, je n'avais pas vraiment car dire que j'y étais scolarisé, cela serait très
envie de rester avec des "petits merdeux" de mon exagéré. La dernière année, si je me souviens bien,
âge qui n'étaient même pas à ma taille en plus... Ceci j'ai été malade trois mois d'affilée: le trimestre d'hiver
s'ajoutait au fait, aux dires même de mes où je chassais les castors du Cotentin...
professeurs, que j'avais une maturité précoce. C'est Durant cette période, puisque je fréquentais des
exact, et j'aspirais à d'autres activités/loisirs que ceux gens plus âgés, nous sortions beaucoup, et chaque
dont j'avais l'âge. Je ne fréquentais donc que des jour était un jour de fête... Ce qui me permettait de
personnes plus âgées que moi, des aînées de 4 à 5 vivre ainsi, c'est que j'étais indépendant
ans, parfois plus. financièrement grâce à mes activités de chasse aux
En ce temps-là, mes loisirs étaient surtout axés rats d'eau. À la fin de l'été, début de l'automne,
"nature": pêche (en rivière), plus chasse. Cela avait j'agrémentais en faisant du braconnage à la truite de
aussi un but très lucratif, car j'habitais en bordure du mer. Dans la Vire, la plus importante rivière commune
Cotentin, et l'hiver, dès que les rivières entraient en aux départements de la Manche et du Calvados, il
crue, tous les marais étaient inondés. Dans ces remontait pas mal de truites de mer (et parfois
derniers, à l'époque, c'était plein de rats d'eau (les quelques saumons). Il était aisé de les capturer avec
castors locaux!) très facile à capturer lorsque tout est un filet lorsque les poissons tentaient de franchir, par
inondé puisqu'ils sont obligés de se réfugier sur des les échelles à saumons, les divers barrages de la
îlots. J'utilisais une barque à moteur et je pouvais Vire. Des restaurants m'achetaient les prises un très
ainsi les traquer dans tous les marais du Cotentin. Un bon prix. Les affaires marchaient fort bien...
tanneur m'achetait chaque bête 10 francs. Au début En 1984 (j'avais 16/17 ans) j'étais donc déjà en
des années 80 c'était très rentable, car j'en capturais rupture totale de scolarité depuis près d'une année
en moyenne une trentaine par jour lorsqu'il y avait et peu à peu j'ai changé de fréquentations. Fini les
des crues! beuveries et autres (au bout de 3 à 4 ans, ça
Par conséquent, entre aller à l'école, ou capturer lasse...), il n'était que temps que cela se termine, que
des rats d'eau qui se matérialisaient pour moi en je décroche de certaines accoutumances... J'ai par
argent de poche, c'était vite choisi! Dès l'hiver, dès conséquent mis fin à cette période que l'on peut
que les premières grosses pluies donnaient des qualifier de "baba-cool".
crues: je tombais toujours gravement malade pour la Comme précisé plus haut, c'est à ce moment-là
durée des crues, et de ce fait la scolarité était plutôt (1984) que j'ai adhéré au FN. Ce fut le début de ma
Chapitre 2
PASSAGE À L'ARMÉE
E
n 1985 je me suis engagé dans l’armée. Mais
en fait, initialement, je n’ai jamais eu l’intention que j'ai passés moins de 8 jours plus tard. Ayant été
de m’enrôler dans la milice supplétive de l'US reçu "haut la main" (note 17/20), j'avais le droit à tout
Army, puisque je ne voulais pas servir de sabbat-goy ce que je voulais comme affectation régimentaire, à
à Tsahal! Je désirais juste faire un devancement moi de choisir. Je me suis alors vu énumérer des
d’appel pour être débarrassé du service militaire. régiments, et comme je n'avais pas d'opinion sur le
Cependant, ce n’était pas possible, car en mars sujet, je répondais toujours « Bof, le suivant c'est
1985 j’étais encore mineur et l’on ne pouvait pas quoi? ». Après une vingtaine de « bof... », les nerfs
effectuer de devancement d’appel lorsque l’on avait de l'orienteur ont un peu lâché et il m'a dit qu'il
moins de 18 ans. Mais le Centre de documentation et faudrait que je me décide un peu... Comme à ce
de recrutement de l’armée de terre de Saint-Lô m’a moment-là il était sur 5 ème Régiment d'Hélicoptères de
proposé un engagement de 3 ans, et de faire en Combat basé à Pau, ce fut adopté: direction le
réalité 6 mois comme engagé, de résilier mon contrat Béarn, dans l'Aviation Légère de l'Armée de Terre
au bout de cette période, et de finir les 6 autres mois (ALAT).
du service national (il était d’un an à l’époque) Par conséquent, je pense (mais chacun est libre
comme appelé. Si c’était possible, c’est qu’engagé d'avoir son opinion, je ne fais que relater les faits)
alors que j’étais mineur, je pouvais résilier mon que c'est le hasard qui a voulu que je me sois
contrat au bout de 6 mois (contre 3 mois pour les retrouvé dans ce régiment. Il me semble (pour moi qui
engagés majeurs). ai vécu ces mésaventures) que si l'orienteur s'était
Cependant, ce n'était pas possible, car en mars fatigué plus tôt, ou plus tard, de mes « bof... »,
1985 j'étais encore mineur et l'on ne pouvait pas j'aurais été affecté ailleurs. À moins que ce major n'ait
effectuer de devancement d'appel lorsque l'on avait été machiavélique, et qu'il m'ait fait croire que j'avais
moins de 18 ans. Mais le Centre de Documentation le choix de mon affectation, mais qu'il ait prévu, au
et de Recrutement de l'Armée de Terre de Saint-Lô final, de me faire signer, d'une façon ou d'une autre,
m'a proposé un engagement de 3 ans, et de faire en pour le 5 ème RHC.
réalité 6 mois comme engagé, de résilier mon contrat I1 ne peut être exclu, en effet, que l'on m'ait
au bout de cette période, et de finir les 6 autres mois sciemment envoyé dans cette unité, après qu'Arcini
du service national (il était d'un an à l'époque) ait signalé à ses supérieurs qu'il y avait moyen de me
comme appelé. Si c'était possible, c'est qu'engagé faire contracter un engagement militaire. Il savait que
alors que j'étais mineur, je pouvais résilier mon j'allais me rendre au Centre de Documentation et de
contrat au bout de 6 mois (contre 3 mois pour les Recrutement de l'Armée de Terre de Saint-Lô,
engagés majeurs). puisque je lui en avais parlé. A-t-il agit en
C'était alléchant, car le premier semestre j'avais la conséquence?2
solde des professionnels, le second la misère des Ce qui pourrait faire répondre par l'affirmative à
appelés. En plus je gardais les 45 jours de cette question, c'est une analyse des événements.
permission des engagés. C'était vraiment une bonne
2
affaire qui me convenait parfaitement. Nous verrons plus loin, dans la « Conclusion » de ce récit, qu'Arcini a
fort bien pu être, en réalité, une barbouze opérant pour le compte de la
C'est en mars 1985, le 12 (si je me souviens bien) police politique militaire. Dans ce cas, son statut de fonctionnaire du
du mois, que je suis entré dans ce centre de Ministère de l'Intérieur n'aurait été qu'une "couverture".
Mémoire de Michel Lajoye page 7
C'est un peu comme si l'armée n'attendait que moi ou comptait m’utiliser, me manipuler, pour diverses
presque! I1 suffit de voir avec quelle promptitude j'ai choses.
été engagé, accueilli à bras ouverts! Mais il reste bien Il faut bien voir qu’à cette époque je côtoyais déjà
difficile de dire, de façon affirmative, qu'Arcini a eu Arcini depuis un moment. Et s’il était manipulé, ceux
(ou n'a pas eu) un rôle dans cet engagement. qui tiraient les ficelles savaient qu’il m’en avait appris
Quoi qu'il en soit, le 3 avril 1985, j'étais de beaucoup dans le domaine des explosifs et que je
nouveau au centre de recrutement de Saint-Lô pour m’entraînais souvent avec lui, que cela soit au tir,
signer mon contrat. Ce qui fait qu'entre le 12 mars, lancé de grenades, piégeages complexes, etc. Si
date où je suis entré dans ce centre pour me Arcini n’était pas manipulé, mais un agent infiltré,
renseigner et le 3 avril, jour où j'y signais mon c’est encore pire, car la police politique était, dans ce
engagement, il s'est écoulé 3 semaines (quelle cas, encore mieux informée!
rapidité!). Ce cours délai exclut totalement qu'ils aient À partir de ce moment, la logique aurait voulu que
fait une enquête de moralité sur mon compte. Il faut l’on me dise de faire mon paquetage et d’aller voir
compter trois mois pour une procédure de ce genre ailleurs puisque "l’activisme néonazi" est un motif
et ce n'est que plus tard que je serai (du moins, je d’exclusion de l’armée dite française.
l'interprète ainsi) rattrapé par cette enquête. Or, ce n’est pas ce qui s’est déroulé, bien au
Une fois le contrat paraphé, je me suis rendu à contraire! Car, à l’issue de cette "visite", cela a
Pau, non pas pour être incorporé tout de suite au changé: on s’occupait de moi. Je me retrouvais
5 ème RHC, mais pour commencer par un séjour à la envoyé en formation et en entraînement bien plus
"prestigieuse" École des Troupes Aéroportées souvent que les autres élèves du peloton.
(ETAP) qui se trouve également à Pau. Par exemple les séances d’instruction étaient par
petits groupes (4 à 5 élèves afin de mieux
2. ÉTRANGE VISITE AU PELOTON D'ÉLÈVES personnaliser), chaque groupe tournait sur une
GRADÉS (juin 1985) activité. En moyenne une seule activité poussée par
Début juin 1985, j’étais militaire depuis deux mois, jour et par groupe. Le reste du temps: TIG, c’est-à-
et cela faisait près d’un trimestre que j’avais sollicité dire astiquer les bâtiments. Pour ma part j’étais inclus
un engagement. Soit le délai moyen pour le retour dans plusieurs groupes de façon à être
d’une enquête de moralité. À cette date, j’étais dans continuellement en formation. Ce qui fait que lorsque
l’un des deux Pelotons d’Elèves Gradés de l’ETAP et les autres élèves faisaient une seule activité dans la
je fus demandé dans le bureau du lieutenant du journée, j’en avais fait 4 à 5 en passant d’un groupe
PEG de la 12 ème compagnie, un certain Bellinck. à l’autre. Et l’on ne me passait rien, là où les autres
Une fois entré dans la pièce, j’ai pu voir qu’outre réussissaient moyennement ce qui leur était
Bellinck qui était assis à son bureau, il y avait un demandé, et où les instructeurs s’en foutaient pas
autre lieutenant derrière lui, adossé au mur. Ce mal qu’ils réussissent ou pas, si je faisais une chose
mystérieux militaire m’était inconnu, et il avait les médiocrement, je devais recommencer jusqu’à que
cheveux assez "longs" (trop longs pour appartenir à cela soit parfait.
l’ETAP, ou alors c’était le beatnik de l’école!). Bellinck C’était systématique, dès que j’arrivais sur un
m’a d’entrée dit qu’il avait un "problème de sécurité" terrain d’entraînement (nous étions toujours plusieurs
avec moi, et qu’il avait une "note de sécurité" à élèves à y arriver), la première chose que faisaient les
remplir me concernant. J’en ai dès lors conclu que les instructeurs c’était de repérer celui qui avait
Renseignements Généraux (et autres) avaient bien « Lajoye » écrit sur sa bande patronymique. Ils
fait leur travail, et que j’étais bel et bien fiché comme avaient des consignes de me pousser plus que les
activiste… autres, et à chaque fois j’y avais droit.
Après diverses questions destinées à remplir cette Il y avait forcément une raison à ce "traitement de
note de sécurité, j’ai été invité à disposer. J’ai faveur". D’autant plus que les listes de l’effectif
présumé que cette note ne pouvait avoir été désigné pour tels et tels entraînements venaient
demandée que par la Sécurité Militaire et que ce directement de l’état-major de l’ETAP. En quelque
lieutenant, dans le bureau de Bellinck, en faisait sorte, je peux dire que j’ai eu un entraînement plus
partie. Il n’avait aucun insigne d’unité, il était juste en poussé avec la contrepartie suivante: aucune
treillis, pas de béret ou de képi apparent, et de fait permission et/ou quartier libre. La raison en est que
pas de signe qui m’aurait indiqué d’où il venait. j'étais mélangé à tous les groupes, je passais de l'un
Quant à son nom sur la bande patronymique de sa à l'autre, et je n'étais donc pas mis au repos en
veste, je n’ai pas pu le lire, si tenté que cela ait été même temps que "mon" groupe, puisque je n'étais
son vrai nom en plus. Durant l’entretien que j’ai eu rattaché à aucun. Ainsi, j'étais "isolé" de la troupe.
avec Bellinck ce lieutenant n’a pas dit un mot, il est J’ai mis ce "traitement spécial" (qui a débuté
resté adossé au mur afin de le soutenir… aussitôt après la mystérieuse visite de ce lieutenant)
Ce qui s’est déroulé est très important, car dès sur le compte de mon affectation future. Le 5 ème RHC
juin 1985 j’étais donc repéré officiellement par la est (sur le papier) une "unité d’élite" (ayant connu ce
Sécurité Militaire (cela ne pouvait être que cela!). régiment de l’intérieur, j’en rigole encore!), un des
Tout à partir de cette date doit être vu avec à l’esprit piliers de la Force d’Action Rapide (ça aussi, cela me
que les autorités militaires savaient forcément à qui fait encore bien rigoler!) de l’époque. Alors je pensais
elles avaient à faire, et il ne faut pas exclure que l’on qu’à unité d’élite, entraînements plus poussés.
7
Ce qui contraste avec l’idéologue des quatre de la branche internationale
arrêtés à Vitry-aux-Loges! Car, durant un temps, il avait décoré sa cellule
avec des Étoiles de David! Tiens, tiens…
Mémoire de Michel Lajoye page 19
Chapitre 3
Chapitre 4
L
e 25 janvier 1987, au matin, j’ai été arrêté dans
le département de la Manche par la tout le monde, ou presque! J’ignore d’où venait ce
gendarmerie alors que je me trouvais au volant major, mais il parlait des "activistes connus" en les
d’une voiture (la mienne) contenant des armes. désignant paternellement par leurs prénoms…
En plus j’étais recherché pour désertion (c’était Vraiment le brave papy qui veillait sur ses petits-
d’ailleurs cela le motif d’arrestation). enfants extrémistes… avant de les envoyer en tôle!
La voiture qui contenait les armes était une Seat Il est aussi venu deux fonctionnaires des
Ronda (l’équivalent espagnol de la Fiat Ritmo) diesel Renseignements Généraux, mais la gendarmerie
de couleur bleu azur immatriculée 9597 SM 64 (j’étais était jalouse (ou avait-elle plutôt des consignes de la
domicilié dans les Pyrénées-Atlantiques). DPSD pour limiter les dégâts?), elle voulait me garder
Au niveau armement, il y avait ce qu’il fallait: cela rien que pour elle! Le capitaine a même dit (devant
allait du fusil de guerre à la grenade9. Il y avait aussi moi) au commandant qu’il fallait éviter que les RG
des minuteries (réveils bricolés en système de mise à débarquent car après la gendarmerie risquait de se
feu), sans oublier divers documents (j’y reviendrai trouver dessaisie et ils voulaient garder cette affaire
plus loin). pour eux (pour la minimiser?). Et, effectivement, tout
Il y avait également des moyens radios: talkies- le week-end la gendarmerie m’a gardé rien que pour
walkies. elle, puisque ce n’est seulement que le lundi, en
Divers éléments me font penser que cette toute fin d’après-midi, juste avant de me présenter au
arrestation n’a pas enchanté la DPSD, c’était trop tôt! Parquet, que le duo des RG a pu me voir très
Je n’avais encore rien commis qui pouvait me valoir brièvement. Et encore: sans pouvoir m’interroger
un passage en Cour d’Assises. officiellement, puisqu’il n’y a pas eu de procès-verbal.
Mon arrestation fut un hasard d’après ce que j’ai
2. LE PROCÈS "ARRANGÉ" DE COUTANCES
cru comprendre. Sur cette route 4 gendarmes
(4 août 1987)
opéraient des contrôles de routine. Je pensais
d’ailleurs le passer sans problème exactement Suite à mon arrestation, j’ai été placé, le 26
comme j’en avais passé beaucoup d’autres. Ce qui janvier 1987, en détention provisoire à la Maison
explique que je sois sorti de mon véhicule d’arrêt de Coutances (département de la Manche). Et
normalement. Mais comme le monde est petit, l’un cela sous l’inculpation de détention d’armes. Je
des gendarmes était originaire du même village que devais y attendre le procès.
moi, et… me connaissait! Ce dernier a eu lieu au Tribunal correctionnel de
Très vite ces gendarmes ruraux 10 ont appelé les Coutances le 4 août 1987. J’y ai été condamné à 2
"chefs" en découvrant que cette arrestation pour ans, dont un avec sursis, ce qui faisait qu’avec les
désertion levait une autre affaire eu égard au remises de peine automatiques, j’en avais pris pour 9
contenu de mon véhicule… mois pleins. De fait, compte tenu de la préventive:
Un capitaine est venu spécialement de Caen, un libération pour le 26 octobre 1987.
commandant est arrivé de Saint-Lô, et il fut envoyé C’était un verdict bizarre, je pensais prendre plus.
Car quand même, la voiture contenait beaucoup
9
Pour l’anecdote: c’est le "Contrôleur" Arcini qui, dans le cadre de son d’armes: des armes de guerre notamment dont ils
travail de démineur, s’occupera de désactiver cette grenade. La n’ont pas pu établir la provenance puisque je ne l’ai
gendarmerie la lui fera porter…
10 pas donnée ou plutôt si: « J’ai acheté ces armes à
De la brigade de Saint-Clair-sur-Elle, dans le département de la
Manche. un type que s’appelle José [variante de Momo], un
Mémoire de Michel Lajoye page 22
petit au teint mat, je l’ai rencontré dans un bar à Je pense réellement qu’à Coutances, le 4 août
Pau… » Le pire c’est qu’ils m’ont cru, ou du moins ils 1987, on ne m’a fait condamner que légèrement pour
ont fait semblant de me croire, parce que cela les me faire sortir très rapidement de prison afin que je
arrangeait. passe à l’action le plus vite possible. J’évoquerai au
De plus, il y avait des minuteries de bombes dans chapitre 5 section 14, la visite à la prison d’un
cette voiture! inspecteur. C’était peu après l’attentat de Caen
Alors avec 9 mois de prison, je m’en tirais bien: commis par Arcini en juin 1987 et il venait voir où j’en
trop bien pour que cela soit honnête! étais…
J’ai donc été libéré le 26 octobre 1987, et de la
3. UN PROJET D'ATTENTAT Maison d’arrêt de Caen, car 3 semaines avant ma
Mais je m’en tirais d’autant mieux qu’il n’y avait libération, j’avais été transféré de Coutances à Caen.
pas que les armes et ces minuteries! À croire que "certains" voulaient que je sorte de taule
En effet, dans le véhicule, il avait été découvert à Caen: cela leur éviterait le déplacement jusqu’à
des documents: un repérage complet, démontrant Coutances pour me prendre en filature à ma sortie…
qu’une action était en préparation. Dans ces Lorsque j’ai consulté le dossier du procès
documents, la cible était désignée sous la lettre B, d’Assises jugé à Caen en juin 1990, j’ai pu constater
donc non désignée clairement, et impossible pour un que le dossier de l’affaire jugée à Coutances en août
non initié de savoir ce dont il s’agissait. La 1987, était bel et bien joint au dossier des attentats
documentation retrouvée était le "plan à suivre". Arcini/Lajoye. Mais cette affaire jugée à Coutances
C’était de la logistique pure, un passage en revue de n’a pas été détaillée lors du procès de Caen! Ce qui
tout le matériel nécessaire à l’opération (et le matériel se comprend, car s’il avait été détaillé cette affaire
était dans la voiture!). Il était mentionné la conduite à jugée à Coutances, des gens auraient pu s’étonner
tenir de chacun durant l’opération. Il y avait des qu’un type arrêté au volant d’une voiture bourrée
consignes pour chacun des deux opérants (l’autre d’armes (et il fallait voir l’armement!), contenant
c’était Arcini, hasard...). autant de munitions, équipé de puissants moyens
Ces documents étaient au dossier jugé à radios, renfermant surtout des documents
Coutances, mais je n’ai pas été interrogé démontrant qu’une action était imminente, n’ait
particulièrement sur eux durant l’instruction. J’ai juste effectué que 9 mois de prison et que l’on n’ait pas,
répondu que ce n’était pas des documents sérieux, officiellement, cherché à en savoir plus!
et finalement je n’en ai pas entendu beaucoup
4. VISITE D'UN COLONEL EN PRISON ET
parler. Ils se contentaient, un peu trop facilement, de
DÉMISSION DE L'ARMÉE
ma version disant que c’était une sorte de scénario…
En réalité, seule mon arrestation en janvier 1987 Lorsque j’ai été incarcéré en janvier 1987, j’étais
a fait annuler "l’opération" qui devait avoir lieu dans encore "militaire sous contrat". Celui-ci n’ayant pas
les jours suivants. Car pour passer à l’action, il fallait été cassé après ma désertion, ce qui démontre que
une amélioration météo, il y avait eu pas mal de l’armée m’aimait bien et était prête à me pardonner
neige début 1987 en Normandie et cela rendait ma "petite escapade"… Ce contrat fut cassé après
l’opération délicate. que j’ai signé une démission officielle, car c’est moi
Le fait que durant l’instruction, puis lors du procès, qui ai quitté l’armée et non eux qui m’ont radié des
il n’ait pas été fait une fixation sur ces documents est cadres! J’ai démissionné en mai 1987, soit avant le
pour le moins étonnant. Car quand même, c’était procès de Coutances.
évident qu’ils avaient une grande importance. Malgré L’armée souhaitait, apparemment, que j’aie
cela, au procès, pas un mot et résultat: 9 mois démissionné avant mon passage au Tribunal
effectifs de prison en comptant les remises de peine! correctionnel pour août 1987, mais ce n’était pas un
Soit les juges étaient sympathisants, ce que je préalable, je pouvais refuser m’a-t-on dit.
n’ose évidemment pas penser11 ; soit ils avaient des Celui qui m’a affirmé cela est un militaire venu me
consignes d’y aller doucement pour que je sois vite visiter, il s’agissait d’un colonel, qui, hasard, était de
de nouveau libre de commettre quelque chose de la DPSD (mais j’ignore de quelle Antenne et son
plus intéressant pour la DPSD… identité)! Nous avons évoqué "l’affaire", puis il a sorti
Le procès de Coutances a eu lieu en août 1987, une lettre de démission que je n’avais plus qu’à
soit juste 2 mois après un attentat commis à Caen signer si je souhaitais en rester là (officiellement) avec
par Christophe Arcini (j’aborderai cet attentat au l’armée.
chapitre 5). Territorialement, le Parquet de Coutances C’était une lettre adressée à un général de
dépend de la Cour d’appel de Caen, et, lors de mon Bordeaux12 (dont j’ai malheureusement oublié le nom)
procès, même un juge très bête aurait dû se et ce document manuscrit, officiellement écrit par moi
demander s’il n’y aura pas un lien… (mais que je n’ai fait que signer), demandait que mon
contrat soit cassé "pour raisons personnelles". Il l’a
11
Pour information: le Tribunal était présidé par une femme, une certaine
12
Matho. C’est cette même personne qui en 1996 présidait le Tribunal de Ce qui confirme que je ne faisais guère partie du 5ème Régiment
Caen qui a condamné sévèrement le révisionniste Vincent Reynouard. d’Hélicoptères de Combat de Pau, lieu où, officiellement, j’étais affecté.
Lors d’audiences précédentes, elle avait eu la main lourde contre des En effet, cette unité dépendait à l’époque de la 4ème Division Aéromobile
nationalistes. Cette Matho est une hystérique envers tout ce qui est avec son état-major basé à Nancy, pas à Bordeaux! Donc "mon" général
nationaliste et/ou révisionniste, ce qui n’en rend que plus étonnant qu’en aurait du être à Nancy! Or, pour démissionner, il a fallu que je signe une
1987 elle ait été aussi "arrangeante" avec moi… lettre adressée à "mon" général qui se trouvait à Bordeaux…
Mémoire de Michel Lajoye page 23
été à compter de la date de la lettre que j’ai disponibilité" faite à ma demande. C’est quand même
paraphée, puisque tout était prévu d’avance. C’est le étonnant que dans mon dossier militaire la désertion
23 mai 1987 que je suis redevenu civil. n’apparaisse pas officiellement, et soit simplement
Accessoirement, mais c’est intéressant, j’ai pu voir remplacée par une formule neutre…
en 1987, dans mes états de service, que je suis Quant à une condamnation pour cette désertion,
déclaré militaire du 3 avril 1985 au 23 mai 1987, mais on peut toujours fouiner pour tenter de la trouver!
avec "interruption de service actif" des premiers jours Rien de tel n’apparaît dans mon casier judiciaire!
de novembre 1986 au 25 janvier 1987 (ma désertion En juin 1990, lors du procès aux Assises, un
de la DPSD). Mon contrat a par conséquent été psychiatre mandaté par la "justice" pour examiner le
suspendu dès que mon absence a été constatée, et sujet, est venu à la barre faire son compte rendu.
il a été "réactivé" le jour de mon arrestation par la Comme nous avions discuté de choses et d’autres, je
gendarmerie. Ce qui veut dire que mes mois lui avais parlé de cette désertion (je ne m’en suis
d’incarcération ont compté comme service actif à part jamais caché), et cela avait été inclus dans le rapport
entière dans l’armée! Et, ce qui est incroyable, c’est d’expertise psychiatrique, puis évoqué à la barre par
que durant mon incarcération où j’étais considéré le médecin… Aussitôt le président de la Cour l’a
comme militaire, qui plus est en activité, j’ai touché interrompu pour indiquer: « Mais Lajoye n’a pas
sur mon compte bancaire un virement de solde déserté! ». C’était clair, je n’ai pas déserté, on ne
exactement comme si j’avais été réellement en veut pas en entendre parler! Ce qui se comprend, car
service actif! Et ce ne fut pas une erreur! si l’on évoquait cette désertion, une question
Dans mes états de service, du moins tels qu’ils devenait inévitable: « Pourquoi avez-vous déserté
étaient rédigés fin 1987 (maintenant cela a peut-être alors que vous étiez militaire engagé? ». Cette
été modifié...) le mot "désertion" n’apparaît pas, question aurait dû alors m’être posée! Et,
simplement une "interruption de service actif" entre évidemment, on n’avait pas envie que je commence
novembre 1986 et janvier 1987. Et les raisons de à parler de la DPSD, du commandant Février qui
cette "interruption" n’étant pas indiquées, cela m’avait proposé la mission sur les GAL, etc, etc…
pourrait être médical par exemple, ou une "mise en
Chapitre 5
J
e rappelle brièvement ma situation pénale de
3. LE SECOND ATTENTAT (5 juin 1987)
l’époque. Comme précisé au chapitre précédent
4, « Ma première incarcération ». J’ai été Le second attentat fut un délire médiatique, la
emprisonné du 26 janvier 1987 au 26 octobre 1987. raison en est qu’Edouard Balladur, alors Ministre de
Donc lorsque Christophe Arcini, officiellement l’Economie du gouvernement Chirac, effectuait une
fonctionnaire du Ministère de l’Intérieur (il est bon visite officielle en Normandie et il traînait derrière lui
durant ce récit de toujours garder à l’esprit qui était des nuées de journalistes qui ont pu faire des
son employeur officiel !), a commis ses attentats en reportages.
Normandie, j’étais en prison. Ceci à son importance Le 5 juin Arcini avait décidé (ou plus
puisque cela exclut totalement ma participation! vraisemblablement, on lui a "suggéré"!) d’abattre le
propriétaire de l’épicerie Aux épices de l’Atlas à
2. LE PREMIER ATTENTAT (6 mars 1987) Caen. Cette personne, Rahmani Abdeslem Ben Ali,
Le premier attentat connu officiellement (car il y en était (et est peut-être encore) surtout le responsable
a peut-être eu d’autres avant, j’y viendrai plus loin...) local de l’Amicale des Marocains en France.
commis par Arcini a eu lieu le 6 mars 1987, en soirée, Autrement dit une organisation sensible, puisque
de nuit. Cela visait un bar arabe, L’Epoque, à Petit- cette "Amicale" marocaine, à l’image de celle des
Quevilly, près de Rouen. Arcini a tiré avec un pistolet Algériens en France, est là pour encadrer la
Lüger P08 à travers les vitres. communauté immigrée dans l’hexagone! Notamment
Il y a eu un blessé léger, un certain Mohamed "s’occuper" des opposants "exilés" chez nous et qui
Bedani, qui sera partie civile au procès qui suivra. critiquent un peu trop le régime chérifien que
Cet attentat n’a eu aucun impact médiatique, car l’Amicale représente…
le soir même un car-ferry coulait à Zeebrugge et cela D’après ce qui fut débattu lors du procès qui a
faisait la une de la propagande. Mais même s’il n’y suivi, vers les 10 heures 15, lorsque Arcini est entré
avait pas eu ce navire qui a coulé, je ne pense pas dans l’épicerie du Marocain Rahmani, il s’y trouvait
que cela aurait fait beaucoup de mousse ces balles trois personnes: l’une était l’employé, l’Algérien
tirées contre un bar. Abdelkader Moussaoui (le futur mort) ; l’autre un
client, le Tunisien Mohamed Ayari (qui sera partie
Chapitre 6
L
e 26 octobre 1987 j’ai été libéré de prison
après 9 mois plein puisque avec les remises de cette affaire.
peine automatiques cela me faisait, Le créneau d'octobre à décembre 1987 est
virtuellement, 12 mois accomplis. particulier, car comme Arcini a été identifié aussitôt
J’ai repris contact avec Arcini. Tout me semblait après l’attentat de Caen commis en juin 1987, mais
normal. J’étais loin de me douter qu’il était tenu en remis en liberté contre petit accord sur mon dos, tout
laisse par ses collègues du Ministère de l’Intérieur, et ce qui a suivi ma libération du 26 octobre 1987 était
aussi par certains fonctionnaires du Ministère de la sous contrôle de ceux qui tenaient Arcini en laisse.
Défense auquel appartient la DPSD… En conséquence, tout ce que j’ai fait à partir du 26
Certes, j’avais été étonné qu’après l’attentat de octobre 1987 l’a été sous l’œil d’observateurs, et
juin 1987 la police n’ait pas remonté au tueur parfois même fait selon les directives qu’ils donnaient
sachant qu’il avait utilisé sa propre voiture. Mais à Arcini.
jamais je n’aurais imaginé qu’ils l’avaient interpellé Normalement si, suite à l’attentat de Caen de juin
pour le relâcher afin de l’utiliser contre moi. 1987, Arcini avait été officiellement arrêté, et écroué,
Une fois que j’ai revu Arcini, nous avons je ne serais sans doute pas sorti de prison le 26
simplement fait le point sur ce qui s’était déroulé ces octobre 1987. Je pense que j’aurais été inculpé pour
derniers mois. Il a abordé l’attentat de Caen de juin "association de malfaiteurs", puisqu’il aurait été
1987, ainsi que celui de mars précédent à Petit- démontré que j’étais en contact avec Arcini. Cela
Quevilly. Mais, évidemment, il s’est bien gardé de me m’aurait sans doute valu quelques mois de prison
parler de son audition par la PJ telle que l’a relatée la supplémentaires, mais sans plus, n’ayant en rien
presse de décembre 1987. À aucun moment, je participé aux attentats commis par ce fonctionnaire
n’apprendrai cette fameuse précédente très spécial du Ministère de l’Intérieur…
interpellation ! C’est 10 ans plus tard, et par un
Chapitre 7
I
l y a plusieurs versions de cet attentat. Certaines
sont les versions développées au procès de Caen Pour ma part je ne privilégie aucune des versions
en juin 1990, autrement dit ce sur quoi j’ai été par rapport à une autre, sachant que toutes, sans
condamné. Je les désignerai dans ce récit sous le exception, comportent de nombreuses incohérences,
vocable version officielle. On peut même parler des et des impossibilités techniques. Toutes ces
versions officielles! allégations contradictoires laissent surtout à penser
Puis, il y a un autre récit, récent, qui émane d’un qu’il y a eu mise en scène, et que ce ne fut qu’un
témoin de cet attentat, et qui contredit radicalement "attentat virtuel".
les versions officielles du Ministère Public. Mais les Je vais relater chacune des versions, et détailler
affirmations de ce témoin ont été recueillies en juillet chacune des hypothèses qui apparaissent. Dans un
1998 et janvier 2000, soit 10 ans et demi après premier temps, nous verrons les faits que j’ai commis,
l’attentat dans le premier cas, et plus de 12 ans dans comment j’ai opéré ; le récit que le Ministère Public a
le second. Ces témoignages sont aussi intervenus donné de l’explosion qui aurait suivi, et ce que j’en
plus de 8 et 10 ans après le procès. Ce qui veut dire pense. Puis, nous verrons les déclarations que ce
qu’elles ne furent pas prises en compte lors de ce témoin a faites en juillet 1998 et la version qu'il a
9. TRAJET CHERBOURG-ROUEN
(27 novembre 1987)
Le vendredi 27 novembre 1987 j’ai quitté
Cherbourg pour gagner Rouen où je suis descendu
dans un hôtel 0ù j’avais réservé jusqu’au lundi.
Chapitre 8
C
e jour-là j’ai retrouvé Arcini dans la soirée. Il
habitait un petit pavillon dans Caen, au 3 rue décembre 1987 (soit après l’arrestation puisque j’ai
Rouget de Lisle. C’était la première fois que je été interpellé le 10), Ouest-France édition de Caen,
le revoyais depuis la bombe du 30 novembre (les affirmera n’avoir jamais reçu la moindre lettre de
jours qui ont suivi l’attentat sont sans importance). revendication! Pour expliquer cela, comme à leur
Nous ne nous étions pas revus depuis le 25 habitude, les tenants de la version officielle ne se
novembre, et les seuls contacts que nous avons eu démonteront pas: ils affirmeront alors que si le
c’est via le téléphone, de cabine à cabine. courrier n’est pas arrivé, c’est qu’il s’est perdu car
Il était prévu que je reste quelques jours chez lui, envoyé à une "mauvaise adresse"… Très crédible en
il m’avait dit de passer afin que l’on mette au point effet! Dans l’Ouest, n'importe quel facteur connaît
diverses choses. Ouest-France, et toute lettre adressée à Ouest-
France, sans autre mention sur l’enveloppe, serait
2. SAMEDI 5 DÉCEMBRE 1987 certaine d’arriver à destination tellement ce journal
(envoi d’une revendication) est connu.
Apparemment il semble y avoir eu un manque de
Dans l’après-midi, Arcini a dû s’absenter, pour voir
coordination entre ce que devait raconter Arcini, pour
un collègue (prétexte invoqué). Je suis resté seul
que cela "colle" avec la version officielle, et ce qui
chez lui durant tout l’après-midi.
s’est réellement déroulé !
La version officielle de cette affaire dit que c’est le
C’est plus qu’évident qu'on a dit à Arcini de
samedi 5 décembre qu’Arcini s’est rendu de Caen à
s’accuser, comme prévu dans le plan, d’avoir expédié
Rouen pour y poster la revendication de cet attentat
une revendication le samedi à Ouest-France et
à la bombe du 30 novembre.
Libération. Seulement c’est bien connu: on est un
Je n’ai jamais eu l’intention de revendiquer quoi
con! Car comme nous venons de le voir, la
que ce soit, et je n’ai pas été consulté pour cela. Je
revendication expédiée à Libération n’a été postée
n’ai appris l’existence de ce texte de revendication
que le lundi dans l’après-midi! Quant à celle destinée
qu’une fois arrêté! Dans tous les jours qui vont suivre
à Ouest-France, au mieux elle est restée sur le
et que je relate dans ce chapitre, j’ignore que
bureau de l’agent des RG, ou de la DPSD, qui devait
l’attentat que j’ai commis a été revendiqué.
la poster ; ou au pire, elle n’a jamais été rédigée…
D’après la version officielle, cette revendication,
Autre couac important: dans cette revendication,
en double exemplaire, a été adressée par voie
faite à mon insu, et arrivée à Libération, il est
postale aux quotidiens Ouest-France et Libération.
mentionné un réveil mécanique bleu composant la
Seulement il y a des couacs, et non des moindres!
minuterie de cette bombe, ainsi qu’une pile 9 volts.
Car Libération dans son édition du jeudi 10
Ce sont d’ailleurs les deux seules indications
décembre 1987 fera bien état d’une revendication.
techniques données pour "authentifier" la
Mais, le document lui a été expédié depuis la Poste
revendication.
principale de Saint-Étienne-du-Rouvray (près de
Or, je suis formel, je n’ai pas dit un mot à Arcini sur
Rouen), lors de la levée postale de 16 heures 45, le
la composition technique de cette bombe quant à la
lundi 7 décembre 1987 (cachet de la Poste)!
couleur du réveil et à la pile utilisée surtout!
C’est assez étrange, car la version officielle, elle,
Ainsi, si nous reprenons à nouveau la version
situe très clairement la remise à la Poste d’une
officielle de cette affaire, le samedi 5 décembre 1987
revendication le samedi après-midi. Mais,
Arcini rédige une revendication qu’il va poster près de
apparemment, selon Libération qui, lui, a reçu le
Rouen en utilisant sa voiture (la Ford car la Simca
texte, ce n’est que le lundi suivant, à 16 heures 45,
1100 il ne roulait plus avec, voir chapitre 5 section
que le contenu de la boîte aux lettres de la Poste
14, pour le changement de véhicule). Mais dans ce
principale de Saint Etienne de Rouvray aurait été
cas nous sommes bien obligés de nous interroger:
relevé… Il n’y aurait donc pas eu de levée du courrier
comment aurait-il pu savoir que le réveil était bleu et
le lundi matin à l’ouverture de la Poste? Faites
que l’alimentation électrique pour la mise à feu était
l’expérience, postez-vous, à vous-même, une
une pile 9 volts?
correspondance un samedi après-midi dans une
La version officielle dit que c’est Arcini qui a
Poste principale et vous verrez qu’elle sera oblitérée
assemblé la bombe, mais c’est faux, c’est moi et je ne
avant le lundi après-midi suivant…
lui ai rien détaillé!
Mémoire de Michel Lajoye page 56
Il apparaît clairement, dans tous les cas, que ceux 5. PLAN POUR FAIRE ÉVADER ARCINI DES
qui tenaient Arcini en laisse depuis environ la mi-juin, LOCAUX DE LA PJ
ont revendiqué eux-mêmes en mentionnant un réveil
Devant les événements, vite fait, nous avons
bleu et une pile 9 volts. Ce qui explique, qu’en
élaboré un plan d’action, c’est surtout moi qui le
réalité, la seule lettre de revendication arrivée à
mettais au point. Ce plan visait à libérer Arcini s’il était
destination n’ait été postée que le lundi 7, avant la
retenu à la PJ et c’était possible, car nous avions une
levée de 16 heures 45, cachet de la Poste faisant foi
bonne connaissance des lieux.
comme on dit… Or le lundi 7 décembre 1987, si l’on
Je conseillais à Arcini de se rendre à sa
en croit le dossier officiel de cette affaire, Arcini n’a
convocation et de voir sur place. Soit il était
pas quitté la zone de Caen. De fait, il n’a pas pu être
convoqué pour une affaire anodine, dans ce cas, il
à Saint-Étienne-du-Rouvray pour y poster ce qu’a
serait ressorti rapidement ; soit c’était pour l’affaire
reçu Libération…
des attentats, dans ce cas, il devait braquer les
Cette revendication est capitale pour eux, car en
policiers et s’enfuir.
revendiquant, en utilisant le même matériel pour cela,
J’estimais que c’était mieux de se rendre à la
il était établi un lien avec les autres attentats commis
convocation plutôt que de s’enfuir tout de suite, ce
en Normandie par Arcini.
lundi soir. Car, pour moi, il pouvait être convoqué
Ainsi, pour la "justice", tous les attentats étaient
pour une autre affaire banale sans importance et se
liés par des revendications émanant du même
mettre en cavale pour une peccadille, ce n’était pas
groupe. Dès lors, cela justifiait un procès commun
le mieux.
puisque c’était la même organisation derrière les trois
Quant au fait que je proposais à Arcini d’aller
actions qui ont eu lieu en Normandie! Finement joué!
l’aider à se libérer de la PJ s’il y était retenu, c’était
3. DIMANCHE 6 DÉCEMBRE 1987 techniquement possible, et même assez simple. La
PJ de Caen est un détachement du SRPJ de Rouen.
Le dimanche s’est déroulé normalement, rien à en Il logeait au dernier étage d’un bâtiment administratif
dire. de la préfecture du Calvados. Ce n’était pas un
bâtiment de police proprement dit, il n’y avait aucune
4. LUNDI 7 DÉCEMBRE 1987
protection comme dans une PJ normale.
(convocation à la PJ)
Cette PJ de Caen il faut la voir juste comme un
Le lundi Arcini a dû se rendre à son travail, c’était couloir, quelques bureaux, pas la moindre porte
le dernier jour que je passais chez lui, j’avais prévu blindée à l’entrée, encore moins de sas de sécurité
de partir le mardi. En fin d’après-midi, retour de mon pour filtrer les visiteurs. Il suffisait de pousser la porte
camarade. Mais il est revenu en ayant à la main une à l’entrée du couloir pour s’engager dans la partie PJ
convocation de la PJ de Caen qui lui aurait été de ce bâtiment préfectoral! C’était une antenne
remise sur son lieu de travail, à la Sécurité Civile. Il administrative, et lorsqu’il y avait des gardés à vue,
était convoqué à la PJ pour le lendemain matin, 8 ceux-ci étaient "logés" au commissariat central de
heures 30. Caen.
La version officielle de cette affaire veut qu’il ait Côté occupants: 5 inspecteurs et 1 commissaire
été convoqué parce qu’il était l’un des propriétaires travaillaient dans ces lieux, mais certains étaient
d’une Simca 1100 TI de la couleur de celle qui était partis pour enquêtes, par conséquent il y avait
recherchée après l’attentat de Caen, en juin 1987. rarement plus de 3 policiers présents. Ces derniers
En effet, comme je l’ai relaté au chapitre 5, la version étaient certes armés, mais une telle sortie était
officielle, que l’on doit croire, veut que ce ne soit faisable.
qu’en décembre 1987 (6 mois après) que la PJ se Cette opération envisagée n’était pas l’attaque
soit, enfin, intéressée à Arcini! d’une place forte, avec au final un échec assuré.
Toujours est-il que lorsque j’ai appris la C’était l’assaut d’un service administratif, et il ne faut
convocation, j’ai demandé à "mon hôte" s’il en pas oublier que, dans ce plan, il était pris en compte
connaissait les raisons. Évidemment il m’a répondu l’effet de surprise. Car c’était Arcini qui aurait sorti son
qu’il n’en savait rien. Nous avons évoqué l’attentat de arme le premier!
juin, et celui de mars précédent. Je lui ai conseillé ne J’estimais que mon plan tenait la route et, à mes
pas "paniquer", nous aviserions sur place, car je me yeux, si Arcini était bien convoqué pour les attentats,
disais que la convocation était peut-être pour une il lui serait facile de s’évader, cela ne tenait qu’à lui.
autre raison. Mais à mes yeux cela ne pouvait être
que les "attentats" l’objet de cette "invitation" à se 6. MARDI 8 DÉCEMBRE 1987, CONVOCATION
rendre à la PJ. À LA PJ (suite)
Lorsque Arcini affirmait ne rien savoir du motif de Le mardi 8 décembre 1987, pour les 8 heures 30,
cette convocation, il mentait! Car si l’on en croit les comme prévu, avant d’aller à son travail, Arcini s’est
journaux parus en décembre 1987, notamment rendu à sa convocation de Police Judiciaire. Il était
l’hebdomadaire caennais Liberté en date du 11 porteur d’une grenade, de son revolver et de
décembre 1987, il avait déjà été interpellé pour cette suffisamment de munitions. Je l’ai vu partir avec cet
affaire, et relâché parce qu’il avait l’alibi Balladur… armement.
(cf. chapitre 5 section 15). De mon côté, je le suivais, et lorsqu’il est entré à
l’étage de la PJ, je me suis installé à l’accueil des
Mémoire de Michel Lajoye page 57
cartes grises, c’est-à-dire à l’entrée du couloir de la Seulement, comme dit plus haut, je n’ai pas vu
PJ puisque c’était un hall commun d’accueil pour tous Arcini ressortir de la PJ, que cela soit seul ou
les étages de ce bâtiment préfectoral. Il y avait plein accompagné de deux inspecteurs, et j’ai surveillé
de gens, j’ai pris un numéro d’attente puisque c’était jusqu’à 11 heures.
chacun son tour et cela m’arrangeait qu’il y ait Mais, comme dit plus haut aussi, ils auraient pu
beaucoup du monde, je passais plus inaperçu: j’étais s’éclipser pendant que j’entrais dans la bibliothèque.
une personne comme une autre qui attendait son Cela m’a pris dans les 5 minutes pour entrer et
tour pour une affaire administrative à la préfecture. monter à l’étage, puis de m’installer à une table, un
J’étais assis sur un banc avec à mes pieds un sac de journal à la main, mais avec les yeux rivés sur la
sport ouvert et contenant ce qui, éventuellement, sortie du bâtiment préfectoral.
serait utile à l’opération. De ce fait, pour qu’ils aient échappé à ma
J’avais bien dit à Arcini qu’il allait être très surveillance, la perquisition chez Arcini aurait dû partir
rapidement fixé et que s’ils lui demandaient de vider vers les 9 heures 25, moment où j’entrais dans la
ses poches, c’est que sa convocation devenait une bibliothèque. Or la version officielle de cette affaire
garde-à-vue, dans ce cas: il devait passer à l’action. affirme que c’est « vers les 9 heures 45 » qu’ils sont
Donc, à 8 heures 30, j’ai vu Arcini entrer dans la partis! C’est par conséquent la confirmation de ce
partie PJ du bâtiment préfectoral, tout était prêt, je ne que l’on sait déjà: tout est bidon!
pouvais pas faire plus pour lui. Maintenant qu’il était De toute façon c’est n’importe quoi cette version
entré là-dedans, cela dépendait de lui et de l’objet de officielle contenue dans le dossier que l’on en juge:
son "invitation".
Mais, il avait été convenu aussi qu’à 9 heures 15 7. ARCINI "S'ÉVADE"
je quitterais les lieux. Comme à 9 heures 15 Arcini Cette version officielle, telle qu’elle a été détaillée
n’était toujours pas ressorti (et n’avait pas tiré non au procès, et qui figure au dossier dans des versions
plus!), j’ai alors pensé qu’il avait dû être convoqué parfois différentes (notamment pour les horaires!)
pour une affaire anodine parce que si cela avait été d’un document à l’autre, dit en gros ceci:
grave, si cela avait été l’affaire des attentats, il y a « Vers les 9 heures 45 », après son audition à la
longtemps que cela se serait "agité" dans ce PJ, deux inspecteurs ont emmené Arcini dans une
couloir… 205 banalisée. Arcini était libre, pas de menottes, il
De plus, comme Arcini était copain avec certains n’a même pas été fouillé puisqu’il était encore armé
inspecteurs (du moins il les connaissait puisqu’ils (ce qui fait très crédible: ils ne lui auraient donc pas
étaient du même Ministère de l’Intérieur et demandé de vider ses poches à la PJ?). Ils sont allé
mangeaient ensemble), je me disais qu’il devait être chez lui et ont commencé « vers les 10 heures » une
en train de tailler la bavette avec eux autour d’un perquisition qui leur aurait fait découvrir une balle de
café. revolver dans un tiroir. De là, Arcini se voyant
Alors, puisque cela faisait 3/4 d’heure qu’il était là- démasqué (pourquoi?), sort son revolver justement,
dedans sans qu’il ne se soit déroulé quelque chose, puis une grenade qu’il dégoupille (avec les dents
c’est que tout allait bien, et je suis parti comme peut-être?). C’est techniquement peu vraisemblable
convenu. (j’y reviens après). Il y a aussi la version inverse:
Cependant, je ne suis pas beaucoup éloigné, car l’autre inspecteur (les deux "braqués" étaient cités
cela m’intriguait. Puisqu’il y avait à côté un comme témoins et ce que je relate c’est ce qu’ils ont
département annexe de la bibliothèque de Caen, j’y raconté à l’audience) qui a déposé à la barre des
suis allé. Je me suis installé près d’une fenêtre où témoins a parlé de la grenade d’abord (probablement
l’on voyait l’entrée/sortie (il n’y en avait qu’une) du dégoupillée avec son autre main) et le revolver
bâtiment préfectoral. Je suis resté jusqu’à 11 heures exhibé ensuite.
à la bibliothèque, et je n’ai pas vu ressortir Arcini. Lors du procès, l’un des deux inspecteurs a donc
Mais, il aurait pu quitter les lieux alors que j’entrais donné une chronologie de sortie différente pour la
dans la bibliothèque, car pendant quelques minutes grenade. Cela à son importance, car comment
je n’ai pas eu l’entrée du bâtiment préfectoral dans dégoupiller une grenade si on a, déjà, un revolver
mon champ de vision. Je précise bien que ce dans l’autre main? Bonne question, mais lors du
bâtiment n’avait qu’une entrée/sortie. procès, personne ne l’a posée et l’on ne me donnait
Si j’insiste sur ce point c’est qu’il y a la version pas la parole pour que je la pose.
officielle de tout cela! Cette dernière dit qu’Arcini Certes, c’est possible de tenir un revolver et de
s’est rendu à sa convocation, qu’il a été interrogé sur dégoupiller une grenade, mais pendant que l’on fait
son emploi du temps le jour des attentats, et plus cela, la garde est baissée et les personnes tenues
particulièrement sur l’assassinat de Moussaoui. Et en joue ne sont alors plus sous la menace directe de
cette vérité vraie dit qu’ensuite, après son audition, l’arme. Elles peuvent "tenter leur chance"…
pour compléter celle-ci, Arcini a été conduit à son La grenade d’Arcini était américaine avec une
domicile par deux inspecteurs (un certain Christian goupille à pince ressort non modifiée (je l’ai vue). Je
Morin et Didier Lefeuvre qui seront témoins au m’en étais d’ailleurs étonné auprès de lui, car
procès) qui y ont opéré une perquisition. Cela serait normalement, soit il aurait dû mettre une goupille
lors de cette fouille domiciliaire, qu’Arcini aurait alors classique ; soit la pince de sécurité aurait dû être
braqué les policiers, et qu’il se serait enfui avec la coupée et remplacée par un élastique de
voiture de la PJ (j’y reviendrai en détail plus loin).
Mémoire de Michel Lajoye page 58
caoutchouc. Ceci afin de pouvoir, justement, Visualisons la scène: Arcini a alors le revolver
dégoupiller la grenade d’une seule main en s’aidant dans une main, la grenade dégoupillée dans l’autre.
avec les dents ou en accrochant l’anneau de goupille C’est bien ainsi qu’à l’audience les deux inspecteurs
dans un crochet quelconque. Sur une grenade l’ont décrit. Dans ce cas s’il avait un revolver dans
américaine qui a une goupille à pince ressort (comme une main, une grenade dans l’autre, il les a fouillé
pour les grenades de l'armée française), il faut mettre avec quoi et surtout comment? Grâce à sa troisième
le doigt dans l’anneau et tourner en faisant pivoter main peut-être?
l’axe afin de faire s’écarter la pince-ressort de sécurité Poursuivons encore: après la "fouille", il les
qui empêche la clavette de sortir de son logement. enferme, mais sans verrouiller la porte car il les a
Pour cela il faut ses deux mains: l’une (en général la "séquestrés" dans une pièce (laquelle?) dont la porte
droite) tenant la grenade et notamment sa "cuillère", ne fermait pas à clé (ce n’est pas un gag, c’est la
l’autre avec un doigt passé dans l’anneau de goupille version officielle !).Il leur a juste dit qu’il piégeait
que l’on fait pivoter de 45 degrés (pour faire écarter l’entrée ce qui se révélera faux! La porte n’avait pas
la pince-ressort) avant de tirer dessus. été piégée! C’est que cela aurait pu mettre en
Il est techniquement impossible de dégoupiller danger la vie des deux inspecteurs, alors pas de ça!
une grenade qui a une sécurité à pince ressort Cette porte sera moralement, virtuellement, piégée,
(comme celle qu’avait Arcini ce matin-là) d’une seule ils feront comme si! Ils ont joué à « on dirait que la
main puisque, dans ce cas, comment on fait pour porte, elle est piégée »!… L’histoire ne dit pas si,
faire opérer la rotation de 45 degrés à la goupille tout dans cette pièce (non désignée!) où ont été
en tenant bien fermement la grenade? "enfermés" les policiers, il y avait une fenêtre. Mais il
À la rigueur, on peut faire sauter la clavette d’une devait y en avoir une, car moi qui connaissais le
seule main en écartant la pince-ressort entre deux pavillon d’Arcini, je ne vois vraiment pas dans quelle
doigts (pouce-index) et en poussant sur l’axe. pièce il a pu les enfermer: toutes, à part les toilettes,
Seulement, dans ce cas, la cuillère de la grenade avaient des fenêtres! L’une des versions officielles
n’est plus tenue par aucun doigt et elle remonte, d’où affirme qu’ils ont été "enfermés" dans la cuisine. Une
l’amorçage de l’engin, et l’impérative nécessité de pièce du rez-de-chaussée dont il suffisait d’ouvrir la
s’en débarrasser très rapidement (surtout que les fenêtre pour sortir…
grenades que l’on utilisait avaient des mèches très Après avoir "enfermé" ses "visiteurs", Arcini
écourtées, ce qui leur donnait trois secondes de s’enfuit avec la voiture de la PJ, car lors de la fouille
retard maximum !)... des policiers, et comme le dit le dossier officiel, il a
Or, dans la version officielle, Arcini a toujours « volé les clés de leur voiture de service Peugeot 205
gardé sa grenade dégoupillée dans sa main (rien n’a dans la poche de l’un d’eux »…
explosé!) et il a remis la goupille après (ça aussi c’est Ensuite il faudra un long, très long moment pour
très difficile à faire d’une seule main car il faut bien que les deux inspecteurs (même pas attachés) se
écarter la pince-ressort pour tout remettre en place!). décident à sortir de la pièce (au risque que cela
L’inspecteur qui a parlé du revolver sorti avant la explose puisque dans la version officielle Arcini leur a
grenade et celle-ci dégoupillée après sa sortie, dit qu’il piégeait la porte!) où ils étaient "cloîtrés" et
pouvait, s’il était contre-interrogé sur le champ, être donnent l’alerte. Et, contrairement à ce qu’affirme la
pris en flagrant délit de mensonge s’il maintenait sa version officielle, aucun barrage de police ne sera mis
version. Mais l’on ne m’a pas donné la parole en place dans la zone urbaine de Caen. Pourtant en
puisque la partie de ce dossier ne me concernait juin 1987, lors de l’assassinat de Moussaoui, il y avait
pas… eu des barrages dans l’agglomération pour
C’est vrai ça, de quoi je me mêlais d’aller vouloir rechercher la Simca 1100, ce qui avait donné des
démontrer que l’inspecteur mentait? Et Arcini disait embouteillages dans Caen (je l’avais vu à la télé !).
que c’était bien ainsi que cela s’était déroulé. Il Là, cette fois, Arcini braque la police, vole la 205 de
reconnaissait la chronologie des faits pour chacune la PJ, mais l’on ne va pas bloquer la ville pour le
des versions différentes ! Ce "braquage" n’était pas retrouver?! Ce n’est que « vers 11 heures » que la
la partie de mon affaire, c’était celle d’Arcini. Je voiture sera retrouvée "par hasard" près de la gare
n’étais accusé que de la pose d’une bombe, pas de Caen (d’après la version officielle).
d’avoir "braqué" des policiers pour "m’évader"! Alors Et Arcini, l’honnêteté même, et qui pense à tout,
je n’étais pas invité à m’exprimer sur un sujet ne me avait bien pris soin (d’après la même version officielle)
concernant pas directement… Lorsque cela les de fermer l’automobile à clé. Sans doute de crainte
arrangeait: les affaires étaient dissociées! que l’on ne la vole, réellement, cette fois! Arcini n’a
Pour information, et même confirmation, je même pas dérobé le scanner radio dans la voiture et
mentionne que l’Arrêt de renvoi devant les Assises, tous les accessoires divers de police qui devaient se
qui relate cette "évasion", donne, lui aussi, une trouver dans la boîte à gant de la 205 ou dans le
chronologie irréalisable: « Arcini exhibait un revolver coffre. Le véhicule était celui du commissaire
et une grenade qu’il dégoupillait aussitôt. » Gaillardon 19(qui sera témoin au procès), il aurait dû,
Poursuivons la version officielle telle que relatée
19
aux audiences du procès de Caen: une fois les Dans Le Crapouillot n° 86 de février 1986, il est question de
armes en main, Arcini menace les inspecteurs, les l'assassinat, près de Rouen, de François Duprat (l'un des fondateurs, en
1972, du Front National. Il en était le n° 2 á sa mort, en 1978, survenue
fouille l’un après l’autre (mais les policiers ne sont pas dans une voiture qu'on [ce on dans le cas présent pourrait bien désigner
armés, j’y reviens plus loin). les "mil ices juives"…] avait piégée). Ce numéro du Crapouillot parle du
Mémoire de Michel Lajoye page 59
logiquement, être bien pourvu en équipements perquisition chez un type soupçonné d’avoir commis
toujours utiles. Mais "l’évadé" ne touchera à rien, il ne des attentats et qu’ils savaient forcément armé de
prendra rien. par son travail! On se demande bien avec quoi les
Tout cela c’est la version officielle de cette policiers comptaient arrêter le suspect si la
"évasion". Et l'on est prié de la croire! C’est bien perquisition s’avérait fructueuse!
simple: à côté de "l’évasion" d’Arcini, celle de Cette version officielle contenue dans le dossier,
Raymond Samuel dit Aubrac fait crédible, c’est dire! puis racontée à l’audience, et dont j’étais le seul à
Ce fut un grand moment de détente aux rire, c’est le scénario mal ficelé qui était destiné au
audiences du procès lorsque les deux inspecteurs futur procès. Car il fallait bien expliquer telle ou telle
sont venus raconter la scène de "l’évasion" d’Arcini et chose. Comme il allait y avoir procès, il leur fallait bien
que l’on détaillera le reste! Les journalistes, qui ont expliquer, officiellement, comment ils étaient
suivi les débats, ont écrit dans leurs feuilles que remontés à Arcini début décembre 1987. Et très fort:
j’étais « goguenard », « un sourire permanent au ils l’ont officiellement identifié, mais, mais, mais…
coin des lèvres » durant les récits! Mais c’est eux, sans l’arrêter puisqu’il s’est "évadé"! Il devait leur
tous ces faux-témoins, qui faisaient rien qu’à me faire "échapper", puisqu’ils allaient en avoir besoin pour
rigoler! Au lieu de s’occuper de moi, tous ces m’appréhender!
scribouillards auraient mieux fait de noter les De plus, si Arcini avait été "de bonne foi". si j’ose
invraisemblances contenues dans ces témoignages dire, c’est-à-dire non coopératif, non manipulé, et pas
rocambolesques. avec une laisse depuis 6 mois. S’il avait eu vraiment
Car, pour cette affaire "d’évasion", ce qui est l’idée de s’enfuir comme il l’a fait (du moins dans la
hautement savoureux c’est que les policiers n’étaient version officielle !), il l’aurait fait entre 8 heures 30 et
pas armés! Dans la version officielle, il est dit qu’Arcini 9 heures 15: lorsqu’il savait que j’étais dans le Centre
a fouillé les inspecteurs pour les désarmer. Au administratif, au bout du couloir donnant sur
passage, comment Arcini, homme seul, a fait pour l’antenne de la PJ.
"palper" (avec sa troisième main puisque les deux En effet, il faut être logique, une fois dans la
autres étaient occupées: l’une par un revolver, l’autre place, et voyant qu’il était bien convoqué pour
par une grenade) un policier tout en surveillant l’autre l’affaire de l’assassinat de Moussaoui, Arcini savait
pour qu’il ne lui saute pas dessus? qu’il était foutu ! Qu’il ne pourrait pas faire illusion
Quoi qu’il en soit, la version officielle, qui fut longtemps et que dans les minutes qui allaient suivre
relatée lors des audiences du procès, dit bien ils allaient lui demander de vider ses poches, de leur
qu’Arcini n’a pas eu à désarmer les deux enquêteurs, remettre son arme de service! Bien malin celui qui
puisqu’ils n’avaient pas d’arme… Je le crois sans aurait pu lui prédire qu’il aurait l’opportunité (officielle)
problème! Voilà deux inspecteurs de la PJ, qui vont de s’évader lors de la perquisition qui suivrait cette
faire, sans arme, une perquisition chez un type audition. Alors, ses meilleures chances de fuite, il les
suspecté d’attentats, dont un où il y a eu un mort!20 avait entre 8 heure 30 et 9 heures 15. Créneau
Ils y sont allés les mains dans les poches pour ainsi durant lequel il n’avait juste qu’à sortir son arme,
dire! Quand on sait qu’un fonctionnaire de PJ va neutraliser d’une façon ou d’une autre les
facilement aux toilettes avec son arme, affirmer qu’ils inspecteurs présents avec lui dans la pièce, et
sont allés chez Arcini sans leur artillerie, c’est la j’arrivais pour l’aider. Il ne l’a pas fait, preuve, à mes
chose la plus grotesque qui soit! yeux, qu’il n’envisageait pas de s’échapper des
Surtout que ces inspecteurs de la PJ mains de la PJ!
connaissaient fort bien leur collègue Arcini: lui aussi Il faut aussi remettre cela dans son contexte, à ce
fonctionnaire du Ministère de l’Intérieur, Contrôleur moment Arcini est quelqu’un qui est déjà passé à
artificier-démineur de la Préfecture pour être précis ; l’action, qui a tué. Dès lors, sortir son arme devant les
qui, très souvent, assurait des protections inspecteurs (et les neutraliser!) ce n’était pas une
rapprochées de personnalités, ministres notamment, chose qui le paralysait de peur. Moussaoui (et
et qui à ce titre était, cela va de soi, armé ! Ainsi, ce probablement d’autres) en "témoignaient". Aux vues
matin-là, des trois fonctionnaires du Ministère de des entrées/sorties que j’avais constatées à la PJ, il
l’Intérieur, le seul qui n’avait pas oublié son arme n’y avait que 4 policiers durant le créneau horaire
c’était le Contrôleur artificier-démineur Arcini… prévu pour la sortie en force. Autant dire qu’avec
Mais ce n’est pas tout! Mon camarade a l’effet de surprise, c’était simple de s’évader. Arcini
"enfermé" chez lui les deux inspecteurs, mais sans était puissamment armé avec son Magnum il avait au
les attacher car lorsqu’il les a fouillés, il n’a pas trouvé moins deux enquêteurs avec lui dans le bureau où il
leurs menottes (version officielle). Ce sont donc deux se trouvait, simple de les neutraliser avant qu’ils
inspecteurs (expérimentés!) sans arme et sans une n’aient réagi. Après il n’en restait plus que deux
paire de menottes qui sont allés opérer une autres dans un ou deux bureaux. Nous aussi nous
étions deux, et côté armement il y avait une
commissaire Gaillardon, du SRPJ de Rouen, chargé de l'enquête sur cet disproportion écrasante en notre faveur grâce à des
assassinat. Ce policier, fort impliqué dans les affaires Arcini/Lajoye
comme nous le verrons dans la suite de ce récit, est donc l'enquêteur qui grenades et un fusil d’assaut que j’avais avec moi
a fait en sorte que les investigations sur la mort de Duprat n'aboutissent dans un sac de sport.
jamais, puisque plus de 22 ans après: les coupables sont "inconnus"… Si Arcini s’est "évadé" à un autre moment que le
20
Les inspecteurs" braqués" avaient, au moins chacun, dans les 20 ans
de maison! Il ne s’agit nullement de deux "jeunes" inspecteurs sans créneau 8 heures 30 - 9 heures 15, c’est qu’il estimait
expérience qui ont oublié, tous les deux en même temps, leurs armes… qu’il valait mieux "s'enfuir" lorsque je ne serais pas là!
Mémoire de Michel Lajoye page 60
Il avait peur que je ne vienne l’aider comme je l’avais On se demande pourquoi, dans l’après-midi, la
prévu. Il a dû dire aux inspecteurs (qui le tenaient en Ford d’Arcini était encore devant le bâtiment
laisse depuis 6 mois) que j’étais dans l’entrée, préfectoral puisque "l’évasion" est censée s’être
puissamment armé, prêt à bondir! Il savait produite « vers les 10 heures ». Ils n’avaient donc
précisément ce que j’avais comme armement avec pas emporté la voiture du fuyard pour la fouiller? Elle
moi et il l’a forcément détaillé à ses collègues aurait pu être piégée et/ou contenir des armes ou
policiers! autres! Les inspecteurs de la PJ savaient que cette
Et à propos de ce matériel, je me souviens que le Ford était à Arcini. C’est un manque d’intérêt très
matin, avant que l’on aille à la PJ, j’avais retrouvé étonnant quand même! Et le matin, comme j’ai
Arcini à une cache d’armes histoire de "faire le plein". surveillé jusqu’à 11 heures le bâtiment préfectoral où
Cela l’avait un peu effrayé de me voir remplir mon sac se trouve la PJ, j’aurais dû constater une
de sport avec des grenades (c’est vrai que j’avais fait effervescence, des allées et venues de policiers tout
fort!). Ainsi que de me voir prendre un fusil d’assaut agités, puisque la version officielle dit que "l’évasion"
pensant que mon Lüger et mon Ruby comme "arme a eu lieu « vers les 10 heures ». Il n’en a rien été, je
de secours" (en cas d’enrayage de l’arme principale), n’ai rien remarqué!
ne suffiraient pas. Il avait eu comme commentaire Vers les 21 heures, je suis repassé dans la rue et
« on n’a pas besoin de tout cela » qui, avec le recul, cette fois la Ford n’était plus là. Reste à savoir si c’est
est significatif! Car pas besoin d’un fusil d’assaut pour la PJ qui l’a faite enlever ou si c’est Arcini, lui-même,
mener un assaut, c’était nouveau! Finalement, cela qui est ressorti tranquillement de chez ses collègues
ne l’avait pas emballé plus que ça que je lui propose pour reprendre sa voiture et aller je ne sais où.
d’aller lui prêter assistance en cas de problème et de Ces petits détails supplémentaires démontrent
le faire évader… que la version officielle n’est pas du tout crédible.
Par conséquent, si Arcini a informé les inspecteurs Quoi qu’il en soit, ce mardi 8 décembre 1987 je perds
de la PJ sur la nature de mon armement, il leur a le contact avec Arcini.
précisé que si je le voyais "s’évader" là maintenant,
j’allais forcément l’aider! De ce fait, il valait mieux qu’il 8. MERCREDI 9 DÉCEMBRE 1987
"s’échappe" plus tard lorsque je serais parti, cela (trajet Caen-Le Havre)
serait moins dangereux. Il est plus que probable Le mercredi matin, je décidais de quitter Caen
qu’ils n’avaient pas du tout envie de me voir surgir pour Le Havre. Je comptais y aller en train.
dans la PJ avec un fusil d’assaut dans les mains. Et Alors que je me rendais à pied à la gare, en
c’est pour cette raison, à mon avis, qu’Arcini est resté passant devant un vendeur de journaux (tout près de
bien sagement à l’étage de l’antenne de la Police la gare) je vois une affichette des "informations
Judiciaire. locales" de Ouest-France avec le titre « Crime raciste
Ils ont peut-être eu à ce moment l’idée de de la rue d’Auge: le suspect s’enfuit » et en une il
m’arrêter. C’est même plus que probable! Cela aurait était relaté "l’évasion", mais sans citer le nom du
accéléré les choses. Mais il y avait plein de monde à suspect. En apprenant cela, il n’était plus question
l’accueil dans ce bâtiment préfectoral, et aucun effet pour moi de prendre le train pour Le Havre, car je
de surprise à espérer pour eux: j’étais fin prêt, tendu pensais que la gare ferroviaire devait être truffée de
par le "stress d’avant-assaut". Arcini me connaissant policiers à la recherche de "l’évadé". Quant à partir
bien, leur a certainement dit que l’arrestation se en voiture, cela ne me disait rien, puisque je
déroulerait sans doute très mal (et pas que pour supposais que les routes devaient avoir des barrages
moi!). Appeler des renforts pour cerner le bâtiment afin de, normalement, rechercher le fuyard.
n’aurait rien changé. Le mieux était de me laisser Je suis alors reparti pour retourner où j’avais
partir, ce qu’ils ont fait, mais normalement, dès ce passé la nuit précédente, et en route j’ai croisé Arcini!
mardi 8 décembre 1987, l’arrestation aurait pu se
faire. J’étais forcément bien localisé dans Caen. Mais 9. JE CROISE ARCINI "PAR HASARD"
apparemment ils n’étaient pas chaud.
Ce qui s’est déroulé, c’est que vers les 10 heures
J’évoque aussi un fait qui est très troublant: dans
30, au moment d’arriver à la "planque", j’ai croisé
l’après-midi du mardi 8 décembre 1987 (jour de
Arcini qui, comme moi, marchait à pied, un sac en
"l’évasion"), je suis passé à deux reprises dans la rue
bandoulière. Nous sommes allé là où j’avais passé la
où il y avait le bâtiment préfectoral où se trouvait la
nuit, puis nous avons fait le point sur ce qui venait de
PJ. J’ai pu y voir que la voiture Ford d’Arcini était
passer ces dernières heures.
toujours garée, bien sagement, devant la porte
Avec le recul, je ne pense pas du tout que ce soit
d’entrée pour ainsi dire. Le véhicule avait une
le hasard qui ait fait que j’ai croisé Arcini. J’avais dû
contravention sur le pare-brise, ce qui veut dire qu’il
être repéré à la gare de Caen, et ceux qui le tenaient
n’était pas ressorti mettre de l’argent dans le
en laisse ont dû partir bien vite avec lui en voiture
parcmètre.
pour le "larguer", en amont de la rue que je
Mais surtout, cela veut dire que sur le coup de 15
remontais, afin qu’en marchant je le croise 2par
heures, et même à 18 heures lorsque je suis passé à
hasard".
nouveau, il ne semblait s’être rien déroulé, puisque
Caen est grand, et c’est quand même une sacrée
sa voiture était toujours garée devant l’antenne de la
coïncidence que ce matin-là, en remontant de la gare
PJ.
en direction d’une "planque", je le croise
Chapitre 9
LA GARDE-À-VUE ET L'INSTRUCTION
D
urant la garde-à-vue, pour ce qui est des
armes, il s’est déroulé de drôles de choses… conviction exposées lors du procès. Nous y voyons
D’après le dossier officiel de cette affaire, trois armes d’épaule et cela ne colle pas du tout avec
Arcini aurait "spontanément", durant sa garde-à-vue, le contenu de l’Arrêt de renvoi devant les Assises!
indiqué où nous avions des caches d’armes dans C’est le moins que l’on puisse dire, puisque pages
Caen. Celles-ci furent "visitées" le samedi 12 23 et 24 de l’Arrêt il est mentionné les armes
décembre 1987. d’épaule saisies. Idem page 36 et 37. Il n’a été mis
Mais, au procès qui a suivi en juin 1990, je n’ai sous scellé (officiellement!) en tout et pour tout,
pas vu ces armes, du moins pas toutes! Et dans le comme arme d’épaule, qu’un misérable fusil de
dossier, dans l’Arrêt de renvoi devant la Cour chasse, qui plus est, détail important, "à canon scié".
d’Assises, il est énuméré à "détention d’armes", ce Or, sur la photo de presse, on peut constater que
que l’on nous reproche d’avoir détenu. Mais c’est le fusil au centre n’a pas l’air d’avoir le canon scié!
dérisoire! Ensuite, sur la droite des clichés, il y a, ce que (du
En effet, au niveau des armes saisies, il n’y a rien box des accusés), j’ai identifié comme l’US M1
pour ainsi dire. Juste ce que l’on avait avec nous lors évoquée plus haut. Mais cette carabine n'est pas
de l’arrestation et ce que j’avais dans mon sac resté mentionnée dans l’Arrêt!
à l’ancienne base de l’OTAN. À cela s’en ajoute Sur la gauche de ces photos de presse, on voit
quelques autres (des grenades notamment) trouvées distinctement un fusil d’assaut, c’est une arme de
à Caen selon les indications d’Arcini, mais guère plus. guerre: un SIG Manurhin qui n'est pas non plus
Pourtant, il était exposé au procès, parmi les répertorié dans l’Arrêt!
pièces à conviction, un fusil US M1. Je l’ai vue ! Donc, pour résumer: l’Arrêt fait mention d’une
Je suis formel, j’ai reconnu cette arme qui était seule arme d’épaule, un fusil de chasse "à canon
stockée initialement dans une cache qui comprenait scié", mais celui qui se trouvait parmi les pièces à
également 3 pistolets Lüger. Ces derniers n’étaient conviction, présentes au procès, n’avait,
pas, eux, parmi les pièces à conviction! Ils apparemment, pas le canon scié! Quant aux deux
n’apparaissent pas, non plus, dans le dossier! autres armes d’épaules, c’est encore mieux, elles ne
De toute façon, ils ne peuvent nier une "certaine figurent pas du tout dans l’Arrêt!
valse" avec l’armement, puisque je peux en apporter Lors du procès, je ne me suis pas rendu compte
la preuve par des documents photographiques. de cette non-concordance! Je n’avais pas le dossier
en main! Je pensais naïvement que ces armes,
Mémoire de Michel Lajoye page 66
exposées dans la salle, étaient répertoriées au dire la vérité, lorsque le président lui a rituellement
dossier! Cela d’autant plus qu’elles venaient bien des demandé s’il connaissait les accusés, il a répondu
caches d’armes qu’Arcini et moi possédions. J’ai « non » (même chose pour les inspecteurs, alors
reconnu ce matériel! qu’ils mangeaient le midi avec Arcini au restaurant
Il semblerait que cet armement n’ait été là que administratif...). Son « non » pour dire qu’il ne
pour assurer la "décoration"! Sans doute pour connaissait pas les accusés est vrai, Gaillardon ne
"impressionner" le public, qui pouvait admirer me connaissait pas, mais ce commissaire fréquentait
l’équipement ainsi étalé. Les armes avaient été en suffisamment Arcini pour lui demander, amicalement,
outre disposées de telle façon que les canons sans contrepartie financière, de lui fournir des obus
"braquaient" les jurés! Ce qui démontre un certain complets pour la décoration de sa maison (et/ou
sens de la mise en scène… celles d’autres).
Autre signe qui montre qu’il s’est déroulé de Lorsque Gaillardon a dit qu’il ne connaissait pas
choses étranges avec l’armement, c’est que durant la Arcini, j’ai trouvé ce reniement tellement lamentable
garde-à-vue (le matin du samedi 12 décembre) j’ai vu que j’ai voulu lui rappeler qu’il le connaissait pourtant
passer, dans le couloir de la PJ de Caen, des suffisamment pour lui demander des obus! Mais je
policiers (je présume que cela en était, bien que je ne n’ai pas eu la parole, et après il était trop tard, le
sache pas qui étaient ces gens habillés en civil) avec témoin s’était retiré. De toute façon, ils m’auraient
dans les mains des armes diverses à nous. Tout cela tous traité de menteur si j’avais dit cela.
n’apparaît nulle part dans le dossier officiel, et c’était Le fait que ce commissaire, puis les inspecteurs,
encore moins présent au procès puisque j’ai même aient affirmé ne pas connaître Arcini s’explique par le
souri lorsqu’ils ont parlé de notre "arsenal". Compte besoin de rendre crédible la version officielle. Celle-ci
tenu de ce qui était exposé là (3 armes d’épaule, 3 dit que c’est en décembre 1987 (6 mois après
armes de poing, quelques grenades: une misère!), et l’attentat de Caen) qu’ils ont identifié le tueur de
ce que nous possédions en réalité, s’ils avaient tout Moussaoui en épluchant le fichier des cartes grises.
amené je me demande le qualificatif qu’ils auraient S’ils avaient dit à l’audience qu’ils connaissaient
employé… Arcini, et mangeaient en sa compagnie le midi, un
Alors où sont passées les autres armes? Et saloupiaud aurait alors pu leur demander comment
pourquoi les armes d’épaule présentes au procès, cela se faisait qu’en juin 1987, aussitôt après
parmi les pièces à conviction, n’apparaissent-elles l’attentat de Caen, ils n’ont pas fait le rapprochement
pas répertoriées dans le dossier officiel ? Certaines avec leur collègue, propriétaire d’une Simca 1100 TI
d’entre elles avaient-elles servi dans d’autres verte, avec qui ils mangeaient tous les midis… Voilà
attentats? Si c’est le cas, il convenait de les faire qui aurait été un bel "outrage à la Cour" et qui
disparaître car une saisie officielle aurait impliqué une m’aurait fait expulser immédiatement!
expertise balistique qui aurait pu être gênante si De plus, les policiers ont été gonflés d’affirmer,
Arcini a commis d’autres actions avec. sous la foi du serment, ne pas connaître mon
Autre hypothèse qui n’est pas à négliger: c’est coaccusé. Je rappelle que ce dernier était artificier-
que nous ayons eu à faire à des policiers démineur du Ministère de l’Intérieur, et qu’il avait le
collectionneurs ! Voyant des "armes de collection" grade de Contrôleur. Qu’il assurait la protection de
(des Lüger à l’état neuf en plus, c’est très prisé!) ils ministres (et non des moindres!), qu’il intervenait
ont pu les garder pour eux! même souvent avec la gendarmerie, la police
Je sais par exemple que Dominique Gaillardon urbaine, et la PJ lors d’arrestation de suspects
(dont il était déjà question dans la note de bas de la détenant des grenades ou des explosifs. Alors, que
page 60 concernant son "enquête" sur l'assassinat des policiers de la PJ de Caen aient affirmé, devant
de François Duprat), commissaire de l’antenne de PJ la Cour, ne pas le connaître et que le président n’ait
de Caen, est un "collectionneur". Je le sais car, pas bronché devant ce parjure, cela en dit long sur
début janvier 1987, j’ai vu Arcini avec deux obus cette farce judiciaire!
d’artillerie complets (douille + ogive), qu’il avait Autres détails concernant la garde-à-vue: les
neutralisés en ôtant les charges explosives des caches d’armes étaient toutes piégées, règle absolue
ogives et les amorces des douilles. Je lui ai demandé entre Arcini et moi. Et lorsque mon camarade a révélé
si c’était « pour nous » ces obus, et il m’avait où il y avait des caches dans Caen, il me semble
répondu que non, c’était pour Gaillardon, le étonnant que l’on n’ait pas dû faire venir le
commissaire de la Police Judiciaire de Caen! Ainsi, déminage. Ces dépôts contenaient des pièges, et il a
Arcini fournissait (amicalement!) des obus neutralisés bien fallu les neutraliser! Soit c’est Arcini qui l’a fait lui-
à ce commissaire (et peut-être à d’autres policiers!) même (après tout il était artificier-démineur!), dans ce
pour que, je suppose, il décore sa maison, et/ou les cas, elle était bizarre sa garde-à-vue puisqu’ils lui ont
donne à des amis.
Et à propos de l’honnête Gaillardon23, lorsqu’il a très courant ces pratiques durant les garde-à-vue car en janvier 1987, lors
témoigné au procès, après avoir prêté serment de de mon arrestation par la gendarmerie, certaines armes que j’avais dans
la voiture étaient dans des housses de protection. Ces dernières (de
qualité...) disparaîtront toutes "mystérieusement" durant la garde-à-vue…
23
Pour l’anecdote: après mon arrestation, j’ai été conduit au SRPJ de Idem pour une cassette audio de Jean-Pax Méfret que j’avais dans ma
Rouen. Là, tard dans la soirée, le commissaire Gaillardon est venu me voiture et qui a ravi les oreilles d’un mélomane de la gendarmerie! Donc
voir pour remplir une fiche. Et pour cela, il a sorti de sa poche un stylo! un conseil que je donne à tous: au moment de sortir d’une garde-à-vue (ou
Mon stylo qu’il avait volé dans mes affaires que l’on m’avait retirées! Et d’une simple convocation), n’oubliez pas de bien fouiller les gendarmes et
évidemment: « Qui vole un stylo, vole une arme »… Apparemment c’est les policiers pour récupérer tout ce qu’ils vous ont forcément volé!
Mémoire de Michel Lajoye page 67
"libéré" les mains afin qu’il démine le site de Récemment, le journaliste-écrivain Henri de
stockage. Soit ils ont fait venir un artificier-démineur Fersan a publié le livre L comme Lajoye. Analyse
qui a travaillé selon les indications d’Arcini, mais dans d'un complot d'Etat. L'ouvrage est consacré à mon
ce cas, pourquoi cela n’apparaît pas au dossier de affaire, et dedans l'auteur mentionne ces actions
garde-à-vue? contre des diplomates tunisiens en remettant cela
Il n’est venu au procès aucun témoin pour dans son contexte géopolitique. Il développe en quoi
raconter comment il a fallu neutraliser les pièges! la France (qui aime jouer le sabbat-goy d'Israël!) avait
Pourtant la police est bien allée dans ces caches: à un grand intérêt à privilégier Ben Ali et aider au
l’audience, comme dit plus haut, parmi les pièces à renversement du vieux Bourguiba24.
conviction, j’ai vu une US M1 qui en venait! Ces autres attentats expliqueraient, du coup,
Et chose qui pourrait frapper l’observateur qui pourquoi tout l'explosif qu'Arcini et moi possédions a
consulterait le dossier officiel, c’est l’absence totalement "disparu"! Car une saisie officielle aurait
d’explosif saisi! Rien, pas de pain de plastic dans les inclus une analyse chimique, et comme c'est sans
pièces à conviction! Alors que des explosifs nous doute le même explosif que celui qui a servi ailleurs,
pouvions en avoir facilement! Plus aisément que des dans des affaires ayant des implications
armes, et que nous en avions quelques kilos diplomatiques avec certains pays dit "sensibles", cela
d’avance… aurait obligé la "justice" à juger Arcini pour cela aussi.
Ce que je pense c’est que de l’explosif de ces Et ça, il ne fallait pas! Car cela aurait été violer le petit
mêmes lots, de ces mêmes pains, a servi dans accord passé avec lui (sur mon dos!). . .
d’autres affaires et qu’il valait mieux ne pas en Sans oublier le scandale énorme que cela aurait
parler… causé si l'on avait révélé que certains attentats des
En effet, en décembre 1987, lorsque je me suis années 80 ont été perpétrés par des services
rendu chez Arcini, et que j'y ai passé quelques jours, gouvernementaux, et non pas par ceux qu'on a
il m'a confié des choses concernant divers attentats. désignés au "bon peuple"! Car Arcini était tellement
J'étais en train de perfectionner un cours sur les blasé par la routine qu'on lui faisait faire, qu'il en
lettres piégées, et, comme ça, je lui ai dit que cela évoquait facilement certaines actions (il n'y a pas que
devait être compliqué d'envoyer ce genre de cette campagne contre des proches de Bourguiba, je
«missives» à des représentations diplomatiques, car suis au courant d'autres "bricoles" de ce genre). Il ne
ces dernières devaient forcément avoir des s'agissait pas de "vantardises" de la part d'Arcini,
détecteurs. Mon vis-à-vis m'a spontanément répondu c'était toujours purement anecdotique. Il ne disait
que « nôôôn », pas de problème pour les jamais « j'ai commis… » ou « nous avons
représentations de certains pays "arriérés", ainsi que commis… », il citait seulement en exemple une
pour les domiciles hors ambassades des a1faire précise pour illustrer un propos, apporter une
"Excellences". Voulant me démontrer que ces rectification. Si cela avait été de la vantardise, cela
dernières ne se méfiaient pas, il me cita alors comme aurait été raconté avec moult détails imaginaires et il
exemple une campagne de lettres piégées envoyées se serait attribué ces actions. Là, ce n'était pas le
à divers diplomates en poste en France, ainsi qu'à cas! C'était le professionnel qui parlait, et qui me
des proches de Bourguiba, le chef de l'Etat tunisien. mentionnait, par un exemple concret et précis, que
Cela s'était déroulé courant 1987, au moment de la j'avais dit une connerie en affirmant que les
révolution de palais à Tunis, afin de faire place nette ambassades étaient équipées de "machines à
pour que Ben Ali réussisse, plus facilement, son rayons" pour détecter si des lettres suspectes étaient
putsch et devienne calife à la place du calife. piégées ou non…
Arcini m'a parlé de cette affaire avec le même Pour en revenir au matériel saisi par la police suite
détachement blasé que celui avec lequel il m'a parlé à mon arrestation et l'auto-capture d'Arcini,
des actions commises en Normandie, que ce soit finalement, lorsque l'on voit ce qui a été découvert,
l'attentat du 6 mars ou celui du S juin 1987 que j'ai nous pourrions penser que mon binôme était plus
détaillé au chapitre 5 de ce document. armurier qu'artificier-démineur! Car s'il y a bien été
Bien sûr on pourrait se dire que c'est via son saisi quelques armes, en revanche, aucun explosif
travail d'artificier-démineur du Ministère de l'Intérieur ne l'a été! Du moins… officiellement ! Dans les motifs
qu'Arcini a eu vent de ces actions des services contre d'inculpation il n'y a pas de « détention d'explosif »!
des proches de Bourguiba. Mais peut-être aussi (et je Alors, où est passé tout l'explosif que nous avions
penche pour cette hypothèse) qu'Arcini, agent d'un et que les policiers ont récupéré ? Qu'en ont-ils fait ?
service, a fait partie de l'équipe qui a réalisé cette Je n'ai pas souvenir non plus qu'il ait été analysé
"campagne d'éliminations"! ce qui se trouvait dans les grenades! Car elles
Le fait que cette dernière n'ait jamais été étaient recyclées avec une charge neuve provenant
mentionnée dans la presse de 1987 est logique. Les des pains de plastic que nous avions. Il aurait pu être
média ne relatent que ce qu'on leur dit de rapporter à très intéressant de savoir si l'explosif, contenu dans
la "masse goye". Cette dernière n'a pas à savoir telle ou telle grenade, a servi ailleurs…
certaines choses! Surtout que la France n'a pas
24
intérêt à informer son opinion publique que des Ceux intéressés par le livre L comme Lajoye. Analyse d'un
(ses?) "services" ont donné un "petit" coup de pouce complot d'État, peuvent le commander à l'adresse suivante:
Publications HdF * Boîte Postale 18 * 63670 Le Cendre, au prix de 125
à Ben Ali… FRF franco de port. Il est également disponible dans les bonnes librairies
nationalistes.
Mémoire de Michel Lajoye page 68
De même que je voudrais aussi bien savoir où "chez lui" à cause des revendications sionistes
sont passées les mines antichars transformées en d’Arcini. C’est certain que des "mauvais esprits"
"grosses grenades" ainsi que les obus! Mais peut- auraient pu faire le lien avec les milices juives
être que, là également, l'explosif qui servait à évoquées, en son temps, par Françoise Castro,
recharger ces mines et ces obus provenait du même épouse Fabiusida (cf. section 12 du chapitre 8)…
lot de plastic que celui utilisé lors d'autres attentats ? Arcini a toujours affirmé être en contact avec des
Dans ce cas, là encore, cela expliquerait le pourquoi groupes sionistes, et, en effet, un tel procès "chez"
de la disparition de ce matériel lourd. Fabiusida cela aurait fait mauvais genre… Surtout
Tout ce que je peux dire, c'est qu'il s'est déroulé que deux des trois attentats ont eu lieu à Petit-
des choses très bizarres durant cette garde-à-vue, Quevilly, dont le maire était (est?) François Zimeray,
puisque la majorité des armes a disparu, ainsi que membre "éminent" de la secte des B'nai B'rith, "aile
tous les explosifs. politique" des terroristes des milices juives.
Mais ce que je ne m'explique pas trop, c'est Quoi qu’il en soit, l’instruction s’est déroulée
pourquoi il a été attendu la garde-à-vue pour faire (officiellement) comme elle apparaît au dossier, mais
disparaître ce matériel ? Ils auraient pu le récupérer ce fut un délire total. Car Arcini racontait n’importe
avant, dès juin 1987, lorsque Arcini fut identifié et quoi, ou plus exactement ce que je pensais être
arrêté, juste après l'attentat qui a coûté la vie à n’importe quoi. À l’époque je n’avais pas le recul que
Moussaoui. j’ai maintenant, et j’admirais la façon dont il les menait
La seule explication que je vois, c'est qu'ils en bateau, en fait c’était moi qui me faisais mener en
pensaient que j'aurais trouvé étrange de voir les bateau…
caches vides de certaines armes et de ne plus y Durant l’instruction (et même durant la garde-à-
trouver un gramme d'explosif. Idem chez Arcini alors vue) il a été question sans cesse d’un groupe appelé
qu'il vivait au milieu d'un stock incroyable! Pour eux, la Main Blanche. Il y a même eu un moment Voie
mieux valait tout laisser en place pour que je ne me Lumineuse. C’était ce que nous avions, soi-disant,
doute de rien, il serait toujours temps, après mon constitué Arcini et moi. Pour ma part je n’étais pas au
arrestation, durant la garde-à-vue, de tout faire courant que nous formions ce groupe-là à nous
disparaître. Et qui m'aurait cru si j'avais dit au procès deux!
qu'il manquait plein d'armes et que tout L'explosif Cependant, au début j’ai joué le jeu, car je n’avais
que possédait Arcini s'était "volatilisé" ? pas de raison de mettre en doute la sincérité d’Arcini
Si nous prenons en compte le fait qu'Arcini était et notamment de me méfier de lui. Je pensais qu’il
tenu en laisse, qu'il y avait un accord "d'amnistie" était en train de faire diversion. Donc la Main
pour certains actes, contre une "petite aide" pour Blanche, j’ai enchaîné dessus. Idem pour tout le
m'avoir, tout ce que je trouve bizarre est d'une reste, je faisais en sorte que cela "colle" le plus
logique implacable… possible à ce que racontait mon co-inculpé.
En réalité tout est bidon, il n’y a jamais eu de
2. L'INSTRUCTION groupe constitué entre Arcini et moi. Il faisait ce qu’il
L’instruction s’est déroulée à Caen, le magistrat- voulait de son côté, et moi de même du mien. Il est
instructeur était une femme, une certaine Fabienne certain que l’on se voyait souvent, que l’on
Janocka. Pendant l’instruction, j’ai fait pas mal de s’entraînait ensemble, il y avait la fourniture de
"caprices", refusant d’y aller! Le juge était d’obligé de matériel, etc, mais nous n’avons pas été complice
délivrer des mandats d’amener à chaque fois pour dans nos actions respectives. Il y avait des actions
me faire venir. Ils devaient aller m’arrêter à la prison… prévues en commun, mais elles ne se sont jamais
Cela m’a étonné que toutes les affaires soient réalisées.
instruites à Caen, car l’attentat qui m’était reproché a Quant à la documentation qui aurait été retrouvée
été commis à Petit-Quevilly. C’est de fait le Parquet chez Arcini, cela ne correspond à rien, c’est du vent
de Rouen qui était territorialement compétent pour qui, j’en suis sûr, a été rédigé entre juin 1987,
me juger! Je n’ai rien commis dans la zone du époque où Arcini a été identifié après l’assassinat de
Parquet de Caen! Il est étrange que j’aie été jugé par Moussaoui, et décembre 1987, époque où il a été
les Assises du Calvados pour des faits relevant des arrêté avec moi.
Assises de Seine-Maritime. Mais toute cette affaire de Main Blanche n’était
De plus, le tout premier attentat, commis en pas là par hasard. C’était destiné à lier toutes les
Normandie, l’a été à Petit-Quevilly. C’est le affaires et à me faire juger en même temps qu’Arcini,
"mitraillage" d’un bar arabe le 6 mars 1987. Par puisque grâce à cela je formais avec lui une
conséquent, si l’instruction devait se dérouler là où a "association de malfaiteurs" dénommée la Main
commencé l’infraction, c’était en Seine-Maritime que Blanche. Sans l’association Main Blanche, les
cela devait être instruit et jugé. Au total deux affaires auraient dû être dissociées c’est évident, cela
attentats ont été commis en Seine-Maritime, contre aurait dû être des affaires distinctes.
un dans le Calvados. En effet, je n’ai pas participé aux actions d’Arcini,
Peu après le procès aux Assises, l’hebdomadaire j’étais en prison. Lui n’a pas participé directement à
Rivarol a écrit que si l’affaire a été jugée à Caen l’attentat que j’ai commis. Nous nous sommes juste
c’était parce que le Normand de Rouen qu’est fait arrêter ensemble. Et si Arcini s’est fait arrêter avec
Fabiusida ne voulait pas d’un procès de ce genre moi c’est uniquement parce que le mercredi 9
décembre 1987 je l’ai croisé "par hasard" dans une
Mémoire de Michel Lajoye page 69
rue de Caen. Sans cela je ne l’aurais pas eu dans participé à l’assassinat de Moussaoui! Et même que
mes pattes à ce moment. c’est moi qui l’ai abattu comme on peut le lire
Mais si cela avait été dissocié, mon affaire serait régulièrement dans certains "journaux de référence",
apparue comme dérisoire, ridicule même! Difficile de comme Le Monde. Beaucoup de gens pensent, de
me condamner à perpétuité pour si peu, tout le bonne foi, que j’ai bel et bien abattu l’épicier
monde aurait trouvé ça louche. C’est pour joindre les Moussaoui car ils l’ont lu dans le journal!
affaires qu’il fallait aussi qu’Arcini soit celui qui ait, Les motifs d’inculpation (publiés dans la presse au
officiellement, assemblé la bombe que j’ai déposée. moment du procès) me concernant sont donc une
Et si on lit les déclarations d’Arcini avec à l’esprit que savante manipulation, car ils comprennent bien la
le but était de me "lier" aux autres attentats, ses « complicité d’assassinat » (troisième motif
dépositions deviennent très claires. Il ne fait aucun d’inculpation!). Or, le seul mort (officiel puisque l’on
doute qu'on lui dictait ce qu’il devait dire. ne parle pas de Costa et des autres) est Moussaoui.
Pendant l’instruction, du moins dans les premiers Il a été abattu le 5 juin 1987 et j’étais en prison du 26
mois, Arcini était détenu à la Maison d’arrêt de janvier 1987 au 26 octobre 1987… Ce qui constitue
Lisieux. Le monde des prisons étant petit, alors que quand même un alibi en béton!
j’étais quant à moi à celle de Rennes, un détenu Pourtant, si on prend des documents officiels me
transféré de Lisieux m’avait donné comme "tuyau" de concernant et qui figurent dans le dossier (par
« faire gaffe à [mon] pote Arcini »… En effet, il exemple ma citation à comparaître) on y lit bien que
recevait régulièrement au parloir avocats la visite de je suis inculpé pour « complicité d’assassinat » (de
deux hommes habillés en civil, et qui n’étaient pas du Moussaoui) et que je vais être jugé pour cela! Mais
cabinet de son avocat, et ce n’était pas ce dernier… aussi que je vais l’être pour « assassinat » (de
Alors qui étaient ces hommes? Ceux qui venaient lui Moussaoui). Ce qui est quand même humoristique,
dire de raconter telles choses? car du coup j’étais accusé (sur la citation à
Autres détails troublants, au début de sa comparaître) d’être mon propre complice dans un
détention, il s’est retrouvé au mitard. N’ayant pas assassinat commis par moi-même…
goûté cela, il a écrit une lettre au Parquet affirmant On mélange sciemment les affaires d’Arcini à la
qu’il voulait être entendu (sur quoi?) et qu’il avait des mienne et il y a même mentionné contre moi une
« révélations à faire » (termes employés par lui!)! accusation de « vol » (la 205 de la PJ qu’Arcini aurait
Évidemment, on s’est bien gardé de l’entendre, on a dérobée lors son "évasion" et une « résistance à la
dû lui envoyer les deux civils pour le remettre en Force Publique » ("l’évasion")! Même les menaces
condition… Cette lettre d’Arcini est étrangement au proférées (qui ne l’ont jamais été en réalité!) par
dossier (ils ont dû oublier de l’ôter), je l’ai lue, Arcini aux policiers lors de "l’évasion" figurent à mon
apparemment il n’était pas content et il semblait crédit!
réellement disposé à tout raconter… Heureusement, Encore récemment, en 1996, puis en 1998, suite
par la suite, on l’a changé de prison! Il a été envoyé, à diverses procédures devant la juridiction
chose jamais faite pour un détenu en préventive, administrative, j’ai pu lire dans plusieurs documents
dans un Centre de Détention tout neuf à Lorient où produits par le Bureau des Affaires Juridiques du
ne s’y trouvaient que des condamnés à moins de 5 Ministère de la Justice, que je suis condamné, entre
ans! Cela offrait des conditions de détention bien autres, pour « assassinat ».... À force de répéter un
meilleures (4 étoiles!) qui étaient susceptibles de lui mensonge, cela devient une vérité! Celui qui a
faire oublier ses velléités de "révélations" qu’il produit ces multiples documents, est un certain Didier
menaçait de faire… Safar Chef du "Service Contentieux" du Garde des
Sceaux. Que ce dernier en soit arrivé à fournir, au
3. LES MOTIFS D'INCULPATION Tribunal Administratif de Strasbourg, puis à la Cour
Officiellement, si on lit le dossier, l’information qui administrative d’appel de Nancy, de faux documents
a été ouverte contre moi l’a été pour: me concernant et mentionnant que je suis condamné
« Assassinat, tentatives d’assassinat, complicité pour « assassinat »..., démontre qu’à très haut
d’assassinat, fabrication d’engin explosif, résistance à niveau, on continue encore aujourd’hui la savante
la Force Publique, menace d’atteinte aux personnes, manipulation. Cela démontre surtout qu’ils ont
vol, détention et transport d’armes et de munitions de tellement conscience que ma condamnation apparaît
1 ère catégorie, association de malfaiteurs. ». Pas comme disproportionnée aux observateurs, qu’ils
moins! jugent préférable d’en rajouter un peu afin que cela
Encore aujourd’hui ma fiche pénale, de passe mieux…
condamné, comprend cet énoncé, et ce n’est pas un
4. SOI-DISANT ARRÊTÉ AVEC L'ARME DU
hasard. Car une personne qui verrait que je suis
CRIME DE CAEN
condamné à perpétuité avec 18 ans de sûreté pour
au final la simple « dégradation d’un bien immobilier » Durant l’instruction, j’ai appris une chose qui m’a
trouverait ça louche. Tandis que là, si l’on prend ma étonné, et que je ne crois pas! Officiellement, le
fiche, on se dit que, certes, je suis condamné à pistolet Lüger, que j’avais sur moi, lors de mon
perpétuité, mais il y a matière à condamnation. arrestation par le RAID, c’est celui qui a servi à tuer
Et cette affaire a été présentée médiatiquement Moussaoui. C’est-à-dire l’arme que Costa a remise à
et judiciairement de façon à accréditer l’idée que j’ai Arcini (cf. chapitre 5, section 7). Il a aussi été affirmé
LE DOSSIER
U
ne copie du "dossier complet", ou plus
exactement présenté abusivement comme tel, personnalité", et je remercie ceux qui l'ont établie!
m’a été remise le 8 juin 1990, un peu avant Car s'il me fallait encore des preuves de la
midi. C’était le lendemain de mon transfert de la falsification du dossier, ils m'en ont fourni plus qu'il
Maison d’arrêt de Rennes à celle de Caen. m'en faut.
Je n’ai pas pu le consulter longuement car je
2. "L'ENQUÊTE DE PERSONNALITÉ" A ÉTÉ EN
devais l’envoyer à Maître Burdeyron (mon avocat à
PARTIE RÉDIGÉE PAR LA GENDARMERIE
l’époque) qui, lui, ne l’avait pas (et je ne pouvais le
photocopier, faute de moyens techniques pour cela)! Si avant le procès de juin 1990, je n'ai pas eu le
Comme à la Maison d’arrêt de Caen le courrier est temps de consulter le dossier officiel dans sa totalité,
ramassé vers les 17 heures, j’ai eu le dossier juste en revanche j'avais eu le temps de lire le contenu de
quelques heures en début d’après-midi, ce qui "l'Enquête de personnalité" me concernant et j'avais
explique que je n’ai pas pu le consulter à fond avant été édifié!
le procès. Le temps que la Poste achemine les En effet, lorsque j'ai lu les déclarations de mes
documents à Maître Burdeyron, celui-ci les a eus parents, cela m'a fait bondir! Car ma mère disait (je
moins de deux semaines avant l’ouverture du procès. résume) que je m'absentais souvent et notamment
Ce qui fait catastrophique pour préparer une telle une fois où je suis parti pendant plusieurs jours, en
affaire. Bretagne, et qui plus est pas chez n'importe qui:
De plus, ce dossier est constitué de telle façon chez Jean-Marie Le Pen lui-même! Ce qui est bien
qu’un avocat qui le consulte ne sait pas par quel sûr totalement faux!
bout commencer. Cela part dans tous les sens, pour Par la suite (après le procès de juin 1990), j'ai écrit
au final n’arriver qu’à du vent. à mes parents pour leur demander quelles étaient
En effet, comme Arcini a en réalité été identifié ces choses racontées dans leurs procès-verbaux
dès juin 1987, juste après l’assassinat de Moussaoui, d'audition. Ils ont fini par me répondre, après que
et qu’il a été tenu en laisse jusqu’en décembre 1987, j'aie insisté dans plusieurs lettres, que ce sont les
il faut bien se rendre à l’évidence que dans ce cas: gendarmes qui avaient écrit cela eux-mêmes ! Ce
tout le dossier jugé à Caen est un faux ! sont eux, au moment de consigner les déclarations
Quant à ceux qui pourraient s’étonner que ce ne de mes parents, qui ont rajouté ces éléments en
soit que le 8 juin 1990 (soit 15 jours avant le procès!) affirmant à ma mère que cela pourrait m'aider de
que j’ai eu accès au dossier, je leur répondrai qu’en "décharger" ma responsabilité et de dire que j'avais
France c’est quand ils le veulent qu’ils daignent en été "entraîné", "influencé", et patati et patata. Donc,
remettre une copie à l’accusé! Les "Droits de la c'était bien la faute à Le Pen et j'étais même,
défense" et le "Droit à un procès juste et équitable" apparemment, allé chez lui, en Bretagne (à La
etc, sont des arguments de propagande destinés Trinité-sur-Mer, je suppose!), prendre les dernières
aux gogos, et je dirais même destinés aux goyim ! Je consignes… Les gendarmes ont aussi précisé à mes
me permets de plagier l’excellente formule de parents qu'il fallait me présenter "comme ci et comme
François Brigneau: « À quoi reconnaît-on, en France, ça".
un imbécile? C’est celui qui dit “j’ai confiance dans la Je ne crois pas un instant que ce soient les
Justice de mon pays!” ». On ne saurait mieux dire! gendarmes qui aient eu cette idée-là tout seuls. Car
Et pour la remise de cette copie, encore dois-je ceux qui ont réalisé ces auditions ce sont (c'est
dire merci, car je l’ai eue deux semaines avant mentionné sur les procès-verbaux) des gendarmes
l’audience! Ils auraient pu me la remettre le matin du de la brigade de Saint-Jean-de-Daye (département
procès! Voire ne pas m’en remettre du tout! Et 15 de la Manche), du chef-lieu de canton (500
jours avant, c’était suffisant, le dossier remis ne faisait habitants)! Par conséquent, des pandores de la
que dans les 3.000 pièces, une paille à consulter! campagne, forcément pas vraiment au fait des
Ce dossier, comme tous ceux de Cours d'Assises, subtilités politiques liées à "l'extrême-droite"… On
se décompose en deux parties: la première est avait, c'est manifeste, briefé ces militaires en leur
consacrée aux faits criminels (je n'y reviens pas, précisant ce qu'ils devaient obtenir et faire signer aux
puisque ce fut développé au fur et à mesure de ce parents. Car c'est l'ensemble des auditions de mes
mémoire); la seconde est intitulée "Enquête de parents qui est ainsi bidonné puisque totalement, ou
personnalité". Comme son nom l'indique, cela presque, écrit par la gendarmerie!
concerne la personnalité. Ces investigations sont Par exemple, dans le procès-verbal d'audition de
destinées à savoir si l'accusé a fait pipi au lit lorsqu'il ma mère, il est question de la Corse. D'un séjour que
était gosse, et/ou s'il a tiré sur les couettes d'une j'y aurais fait. C'est exact, puisque je suis bien allé
copine de maternelle ou de CP pour ceux qui, dans l'île en 1983. Mais, je suis formel, mes parents
comme moi, ne sont jamais allés en classe de l'ignoraient totalement, et n'avaient aucun moyen de
Mémoire de Michel Lajoye page 72
le savoir! À l'époque où je m'y suis rendu (été 1983), que j'avais commis des actions en Corse, puisque je
j'avais 16 ans depuis avril et j'étais parti en Corse m'y rendais de temps en temps. Pour les "preuves"
"comme ca" (vers 13/14 ans, je suis devenu "très de ma participation à de quelconques actions, je leur
mobile", mes parents me voyaient de moins en fais confiance, ils auraient fabriqué cela… J'ai
moins. J'ai abordé cela au chapitre 1, section 1 de ce expliqué dans ce mémoire, au chapitre 9 section 4
document). Je suis resté en Corse tout l'été. (« Soi-disant arrêté avec l'arme du crime de Caen »),
Cependant, dans le procès-verbal de ma mère, il comment on s'y prend pour fabriquer des "preuves
est précisé que c'est en 1984 que je m'y suis rendu. accablantes".
Ils se seraient apparemment trompés puisque c'est En tout cas, il est évident que la gendarmerie n'a
en 1983 que j'ai effectué ce séjour. D'ailleurs, dans pas ajouté ce "séjour en Corse" sans avoir sous le
l'hebdomadaire caennais Liberté en date du képi une raison bien précise!
vendredi 29 juin 1990 qui faisait le compte rendu du En outre, d'après ce même procès-verbal
procès de Caen, il est fait état de ce tourisme d'audition autodictée, je suis revenu de Corse « le
insulaire. Il est précisé également que cela a eu lieu crâne rasé »… Je me retrouvais par conséquent
lorsque j'avais 17 ans (donc en 1984). L'erreur de décrit comme un skinhead, ce que je n'ai jamais été!
date a ainsi été reprise par la presse "bien" informée Mais qu'importe, dans cette audition, il fallait qu'il y ait
sur ce qu'elle devait écrire. tous les éléments du fantasme: nous avons Le Pen
Si mes parents ne savaient pas que je me suis (qui ne peut être, évidemment, que l'instigateur des
rendu en Corse, et par conséquent qu'ils n'ont pas actes que j'ai commis!), nous avons la Corse et ses
pu l'indiquer d'eux-mêmes dans leur procès-verbal mystérieuses exécutions, et nous avons les
d'audition, en revanche Christophe Arcini a su que je "skinheads"! Ne manquait, dans ce document,
suis allé dans l'île! Je ne le connaissais pas en 1983, qu'une allusion au Ku Klux Klan et à Odessa !
mais en 1984, lors d'une conversation portant sur la Le reste des auditions de mes parents est de la
Corse, je lui ai dit que je connaissais un peu, puisque même eau: tout y est totalement bidon, ou alors
j'y avais séjourné durant tout l'été 1983. présenté d'une façon plus que tendancieuse.
Alors je ne vois qu'Arcini pour avoir raconté (à Mais, ce qui est significatif, c'est que lors du
ceux qui le tenaient en laisse sans doute…) que je procès de Caen, ils n'ont pas exhibé certaines
m'étais rendu en Corse en 1983. Et ce sont les déclarations contenues dans ces procès-verbaux des
gendarmes (renseignés probablement par la DPSD parents. C'est dire si c'était gros! Même la licrasse qui
et/ou autres…) qui, sachant qu'ils devaient ajouter était partie civile et qui pourtant ne recule devant
certaines choses aux procès-verbaux d'audition des rien, a préféré s'abstenir de sortir ce "séjour chez Le
parents, l'ont ajouté en faisant une faute de frappe: Pen"! Idem pour la LDH et le MRAP qui, comme les
en tapant 1984 au lieu de 1983. À moins que l'erreur licrasseux, ont finalement considéré que, sur ce
ne soit volontaire, mais comme je ne me suis pas coup-là, la gendarmerie y était allée un peu fort
rendu en Corse en 1984, je ne vois pas, au premier quand même et que cela se voyait vraiment
abord, l'intérêt de cette "faute de frappe"… Il peut beaucoup qu'il y avait eu de l'autodictée! L'avocat
aussi s'agir d'Arcini qui a mal transmis, et indiqué général, ainsi que le président de la Cour, se sont
1984 au lieu de 1983. Difficile de le savoir… aussi abstenus de sortir cette déposition, ce
Mais ce séjour en Corse n'a pas été inclus de "témoignage", pourtant si accablant pour Jean-Marie
façon innocente dans cette audition parentale. C'est Le Pen…
évident! Au besoin cela "prouvait" (c'est ma mère qui
l'indiquait, alors c'était forcément la "vérité vraie", une 3. LES PARENTS
mère ne mentirait pas aux gendarmes sur cela1 Qui Eu égard à la personnalité de mes parents, il fut
croirait le contraire?) que je me rendais en Corse de aisé pour la gendarmerie de leur faire signer
temps à autre. Et qu'est-ce qu'il y a eu dans cette n'importe quoi! Ou plus exactement, pas n'importe
île? L'assassinat de Costa qui aurait fourni à Arcini le quoi: des “indications“ qui auraient pu éventuellement
Lüger P08 utilisé pour commettre deux des trois servir!
attentats normands. Et aussi ces deux Arabes Mon père est maintenant décédé, il est mort au
abattus à Ajaccio en août 1986. (Ces affaires ont été début 1995. Je dois dire que c'était des parents
abordées au chapitre 5 de ce document) spéciaux (ma mère vit encore). Lorsque je suis né,
En mentionnant dans ce procès-verbal ce "séjour mes parents avaient tous les deux 44 ans (ils sont
en Corse", il semble manifeste qu'on voulait en faire nés en 1923). Il y a une grande différence d'âge
conclure certaines choses… Je pense sincèrement entre mes frères, mes sœurs et moi (j'y reviendrai plus
qu'on voulait établir une sorte de "connexion" avec loin).
divers crimes qui ont eu lieu dans l'île, notamment Mon père: alcoolique total. Quant à ma mère, elle
ceux que j'ai mentionné dans ce mémoire. est un peu retardée, un brin “simple d'esprit“ comme
En effet, en quelque sorte, les gendarmes avaient on dit. Ce qui fait qu'avec deux personnes de ce
"préétabli" dans cette déposition un lien imaginaire genre, les gendarmes jouaient sur du velours, ils
avec Le Pen lui-même (on se demande ce qu'il vient pouvaient leur faire avaler n'importe quoi et les
faire là-dedans!), et surtout avec la Corse! Ainsi, pour persuader de signer des procès-verbaux d'audition
le cas où l'on aurait eu besoin de charger "un peu qu'ils avaient en partie rédigés eux-mêmes.
plus" les accusations contre moi afin d'obtenir une
condamnation maximum, il était aisé de "démontrer"
Mémoire de Michel Lajoye page 73
Ma mère ne pensait évidemment pas à mal, elle a à mort avec mon père, ce qui fait que "ce type", je le
accepté (certainement sans se rendre compte de ce voyais de loin, je savais que c'était l'un de mes frères,
qu'elle faisait!) pour « être utile », comme elle me l'a mais c'est tout!
précisé dans une lettre. Les gendarmes Et ce qui est étonnant, c'est que, lors de son
(« aimables ») lui ont dit que cela m'aiderait, alors elle audition, cet "inconnu" aurait raconté des choses
l'a cru et a signé les déclarations que les pandores comme s'il me connaissait très bien! Il est écrit qu'il a
avaient rédigées… déclaré avoir vécu chez mes parents jusqu'à assez
Et compte tenu que ma mère est un peu “simple tard. Ce qui est rigoureusement faux! Il habitait une
d'esprit~ (c'est suite à ma naissance, problèmes dû à maison, dans la même commune, mais à 1 kilomètre
l'accouchement), j'estime qu'ils auraient pu s'abstenir de celle qu'occupaient mes parents et je ne l'ai
d'aller recueillir sa déposition, ou alors mettre une jamais côtoyé!
réserve à ses déclarations en précisant un peu les Mais lui c'est peut-être spécial, car il était
choses sur son état. Mais ces "gens-là~ n'ont aucune mécanicien "à son compte" (non-déclaré), et il
pudeur, et ils ont, au contraire, sauté sur l'occasion! traficotait (paraît-il…) dans les pièces détachées
Mon père travaillait dans une usine, une laiterie volées. En conséquence, cela a pu être du donnant-
située à Pont-Hébert, dans le département de la donnant avec les gendarmes: « Tu signes le procès-
Manche. Il avait un emploi d'ouvrier de chaufferie. verbal que l'on a écrit nous-mêmes, et l'on ne parle
Quant à ma mère, elle était ce que l'on appelle “mère pas des pièces de voitures volées qu'on a trouvées
au foyer“. chez toi… ».
Donc milieu parental très modeste, et même plus Pour Marie-Thérèse, l'une de mes deux sœurs et
que très modeste. qui est aussi le second enfant de la fratrie, elle est
plus âgée que moi (plus de 15 ans), et elle s'est
4. LES FRÈRES ET SŒURS mariée en 1972. À cette époque, j'avais… 5 ans!
L'audition des parents a été de "l'autodictée", Après son mariage, je n'ai pas dû la revoir plus
mais pour les frères est sœurs, ce fut la même chose, d'une dizaine de fois juste comme ça en "coup de
du moins pour certains. vent". Et depuis l'âge de mes 12/13 ans (soit depuis
Mais avant tout, je précise que je suis le dernier 1980 en gros), je me demande si je l'ai revue plus
de 7 enfants nés, et dont l'un est mort en bas âge il y d'une fois, c'est dire si, en 1988, elle était habilitée à
a très longtemps, bien avant ma naissance. Un des parler de moi dans un procès-verbal! Et pourtant, elle
autres, mon frère Émile, est décédé en 1992 de je ne l'a fait! Du moins on a fait dire à cette sœur des
sais trop quelle maladie, il avait la quarantaine. choses sur l'adolescence extrémiste, néonazie, etc,
Comme spécifié plus haut, il y a une grande de son petit frère pas sage…
différence d'âge entre mes frères et sœurs et moi. Il m'est très aisé de démontrer qu'ils en ont trop
Lorsque je suis né, en 1967, certains étaient encore fait dans ce procès-verbal de Marie-Thérèse, car il y a
là mais peu de temps après, ils ont quitté mes une impossibilité temporelle dans cette déposition!
parents. À tel point que, hormis ma sœur Odile, qui Ceux qui ont auto-dicté sont de piètres calculateurs:
est l'enfant née juste avant moi (elle a vu le jour en ils n'ont pas pris en compte la différence d'âge entre
1960), j'étais incapable de préciser l'année de ma sœur aînée et moi! Puisqu'elle est partie tôt de la
naissance de mes frères et sœurs: je ne les ai pas "maison familiale" (il est déclaré qu'elle a été placée
connus du tout pour certains. Pour avoir ces « en pension »), qu'elle s'est mariée en 1972, et que
éléments, il m'a fallu consulter les procès-verbaux je suis né en 1967: comment aurait-elle pu prétendre
d'audition de "ma famille"! m'avoir côtoyé durant mon adolescence, et cela dans
La raison de cette ignorance est que mon père une relation frère/sœur élevés ensemble? Ceux qui
mettait ses enfants (les garçons) dehors à 16 ans, ont auto-dicté cette déposition, ont pris comme base,
âge minimum pour travailler, donc du vent… Les filles pour leurs falsifications, la normalité: savoir que dans
avaient le droit de rester un peu, mais juste un peu. une famille ordinaire, la sœur aînée grandit avec le
(Aucun des enfants dans la famille n'a pu faire petit frère! Manque de chance pour eux, ce ne fut
d'études. De toute façon, je vois mal comment nos pas le cas dans la famille Lajoye!
parents auraient pu les payer…) Ce qui veut dire que Parmi mes deux autres frères, il y a Alain
le premier enfant de la famille (mon frère Émile, (troisième enfant après Émile et Marie-Thérèse) et
décédé en 1992 alors qu'il avait la quarantaine) est son procès-verbal semble correct. Il a déclaré qu'il ne
parti lorsqu'il a eu 16 ans! Idem pour mes deux pouvait rien dire sur moi car il ne m'avait pas connu.
autres frères, Alain et Gustave. Et comme il y a de 15 Ce qui est exact! Il semble que cela soit le seul qui ait
à prés de 20 ans entre mes frères et moi, dit la vérité (ou plus exactement le seul a qui l'on a
automatiquement, comme ils sont partis à leurs 16 laissé dire la vérité; ou le seul dont on n'ait pas
ans, je ne les ai pas réellement connus: j'étais bien falsifié, après coup, l'audition).
trop petit (voire même pas encore né lors du départ Quant à mon frère Gustave (né quelques années
de certains!) pour m'en souvenir. après Alain), apparemment la gendarmerie ne l'a pas
Je n'ai, de fait, pas connu ces frères et sœurs, trouvé puisqu'il ne figurait pas au dossier. C'est
hormis Émile (décédé en 1992), qui était l'aîné de la dommage, cela aurait été marrant. Car bien que je ne
famille et qui habitait la même commune que mes l'aie pas connu, j'en ai juste un vague souvenir (la
parents. Mais je l'ai "connu" de vue, car il était fâché dernière fois que je l'ai vu, je devais avoir 7 ou 8
ans), il paraît que c'est un gauchiste qui a séjourné
Mémoire de Michel Lajoye page 74
dans des mouvements et des maquis de guérilla en d'une probité au-dessus de tout soupçon, incapables
Amérique du Sud et qu'il y serait encore, s'il ne s'y de se livrer à de telles forfaitures…
est pas fait tuer. C'est ce qui se disait la dernière fois Mais je ne comprends pas pourquoi ils ont
que l'on a eu de ses nouvelles. bidonné les procès-verbaux d'audition de mes frères
Odile, ma seconde sœur, est l'enfant née juste et sœurs pour leur faire dire que j'avais des "activités
avant moi et que j'ai connu puisque seulement 7 ans d'extrême-droite" connues et affichées. À croire que
nous séparent. Mais, elle est partie travailler, en ce n'était pas évident, à première vue… J'estime
Seine-et-Marne, comme vendeuse lorsqu'elle avait 17 qu'ils se sont donné beaucoup de mal, et pris de
ans, donc en 1977. À cette époque, j'avais 9/10 ans. gros risques (car je peux prouver la falsification!),
Par la suite, je ne l'ai pas revue plus de quelques pour faire "confirmer" par la famille ce qui était
fois, mais juste comme ca en "coup de vent" aussi. flagrant.
Comme pour mon autre sœur, je ne pense pas l'avoir En revanche, plus grave est la manipulation des
revu depuis mes 12/13 ans, si ce n'est pour son procès-verbaux de mes parents car elle, elle visait bel
mariage qui était en 1980 (c'est là que j'ai revu mes et bien à impliquer Jean-Marie Le Pen, et à établir
deux sœurs pour la dernière fois). Par conséquent, une connexion avec la Corse!
avant que je ne milite à quoi que ce soit! En conclusion, cette "Enquête de personnalité"
Alors, ce qui est incroyable, et qui m'a paru faite auprès de ma famille et qui figure au dossier
initialement d'un culot monstre de sa part, c'est que officiel est, c'est aisé de le démontrer, falsifiée! Ma
ma sœur Odile déclarait, dans son procès-verbal personnalité devait correspondre à un certain profil
d'audition (si j'en crois ce qui est mentionné!), que préétabli (par qui?), alors ils ont fait en sorte que cela
mes "activités extrémistes de droite" étaient connues, colle parfaitement à l'image qu'ils voulaient donner de
et qu'ils en parlaient (s'inquiétaient même!) en famille! moi, et qu'ils avaient besoin de faire "apparaître"
Lorsque l'on connaît la famille, ceux qui ont dicté cela pour le cas où… Je sais que dans les affaires
ont été particulièrement gonflés! Puisque ma dernière judiciaires ordinaires, la famille, c'est ce qu'il y a de
sœur est partie définitivement de la "maison familiale" plus proche et qui peut témoigner. Mais pas dans
en 1977 alors que j'avais 9/10 ans, l'image qu'elle a mon cas!
gardé de moi, c'est celle d'un gosse de cet âge! Dès
lors, comment aurait-elle pu déclarer, lors de son 5. PROCÈS-VERBAUX SUR LA PÉRIODE
audition, qu'effectivement, ayant été élevée en ma SCOLAIRE
compagnie, elle avait constaté que je faisais dans Il y a d'autres procès-verbaux dans cette
"l'extrémisme de droite" et que, précisément, ils en "Enquête de personnalité“, ils viennent de personnes
parlaient lors de "réunions de famille" pour s'en censées être plus éloignées de moi, mais qui en
"inquiéter"? réalité m'ont bien mieux connu que mes frères et
Je précise bien que, si je n'avais pas lu leurs sœurs.
procès-verbaux mentionnant leur "situation", j'aurais Par exemple, il y a un procès-verbal d'audition
été incapable de parler, avec précision, de mes frères d'Henri Turgis, mon instituteur de CM2. Il m'a bien
et sœurs (profession, etc…). Donc, si je n'étais pas connu, ainsi que sa femme, puisque cette dernière
capable d'en parler, eux ne pouvaient pas être en était l'institutrice de CM1. En outre, Henri Turgis,
mesure de parler de moi! Ils ne m'ont pas plus côtoyé c'était le directeur de l'école du village. Et ce couple
que je ne les ai connus! Pourtant, si on lit les procès- habitait juste à côté de chez mes parents. Alors, en
verbaux de mon frère Émile et de mes deux sœurs plus de m'avoir eu dans son école (depuis mes 4/5
(Marie-Thérèse et Odile), on a la sensation de lire des ans jusqu'à mes 11/12 ans), de m'avoir vu dans la
déclarations de gens qui ont été élevés à mes côtés, classe de sa femme, et de m'avoir eu dans sa classe
durant mon adolescence. Ce qui est totalement à lui, le reste du temps, hors de l'école, il me côtoyait
faux ! puisque que nous étions voisins directs.
Dès lors, dès que j'ai pris connaissance de ces Et, étrangement, si on prend ce procès-verbal
procès-verbaux, j'ai eu la certitude, la preuve, que: d'audition d'Henri Turgis, le portrait qu'il donne de moi
soit on avait tout "auto-dicté" et fait signer ensuite; ne colle pas du tout, mais alors pas du tout, avec ce
soit on avait carrément auto-écrit et auto-signé ces qu'on a fait décrire aux autres: la famille!
documents! Voire falsifié des déclarations initiales La raison est simple: Henri Turgis est quelqu'un
sachant que, de toute façon, si elles étaient utilisées d'évolué intellectuellement, un instituteur "vieille
au procès, les frères et sœurs ne seraient pas là pour école“, pas le genre à se faire dicter sa déposition
dire que ce n'est pas ce qu'ils ont déclaré lors de par qui que ce soit. Et avec lui, il ne fallait pas que
leurs dépositions. les gendarmes, même en étant très “aimables“,
Il faut savoir que dans des interrogatoires de ce espèrent pouvoir rajouter des “petites choses“ ça et
genre, aucune copie des procès-verbaux n'est là et lui faire signer le tout à la fin. De même, s'il avait
laissée aux auditionnés. Il est, par conséquent, aisé appris, par hasard, qu'ensuite on a modifié ses
de falsifier leurs déclarations! Et même si une déclarations, il n'aurait pas été sans réagir vivement.
personne affirmait ne jamais avoir déclaré ce qu'on lui Dans cette “Enquête de personnalité“, dès qu'il a
a ensuite "fait dire", après falsification, cela serait sa été auditionné des gens d'un certain niveau
parole contre celle des gendarmes et/ou des intellectuel (instituteurs, ou lors de l'enquête réalisée
policiers. Or, comme chacun doit le savoir: la au collège auprès de professeurs), cela a changé du
maréchaussée et la police sont composées de gens
Mémoire de Michel Lajoye page 75
tout au tout. C'est l'avis qui ressort nettement en évidemment pas gardé dans ses rangs...), mais bien
lisant les documents. comme "suivi d’un agent".
Il faut bien mesurer l’importance constituée par
6. PROCÈS-VERBAUX MILITAIRES ces propos de Duranton! C’est un militaire, pas
Dans cette "Enquête de personnalité", il y a aussi n’importe lequel: le Chancelier du régiment, celui qui
l'audition de l’adjudant-chef Duranton qui occupait les a accès aux dossiers sensibles sur les personnels
fonctions de Chancelier du 5 ème Régiment composant l’unité, qui affirme à la gendarmerie que
d’Hélicoptères de Combat basé à Pau. C’est l’unité à j’étais bel et bien lié à la DPSD!
laquelle j’étais officiellement affecté "en couverture" Autres déclarations très intéressantes de cet
de mes activités pour l’APSD de Tarbes. Cet adjudant-chef: il affirme dans son procès-verbal que
adjudant-chef Duranton a probablement été maudit tous ceux qui m’ont côtoyé au sein des Services
par la DPSD qui a dû s’occuper, ensuite, de l’envoyer Techniques du 5 ème RHC ont été mutés ou sont partis
prendre une retraite anticipée "bien méritée"! Que à la retraite.
l’on en juge par ses déclarations suicidaires: Tiens, tiens, pourquoi l’éclatement du personnel
Pour débuter, il m’a tressé des lauriers sur mon des ST du 5 ème RHC? Pourtant aucun n’était proche
commandement et mon service. Alors qu’il aurait dû de la retraite (hormis le commandant Drulhe dont le
savoir que j’étais, forcément, un militaire nul, départ était prévu pour janvier 1987) et/ou mutable
indiscipliné, et patati et patata… prochainement. Au contraire, puisque certains
Mais il a fait bien pire encore: il a précisé que avaient été affectés en juin/juillet 1986 ils n’étaient
l’armée avait parfaitement connaissance de mes pas mutables avant au moins 5 à 7 ans de présence
"opinions extrémistes"! Ce qui signifie que les au régiment. Quant aux autres, en octobre 1986,
autorités militaires savaient (depuis le début!) à qui lorsque j’ai déserté la DPSD, et par la même les ST
elles avaient à faire et m’employaient, de ce fait, en du 5 ème RHC, il leur restait dans les deux à trois ans
conséquence! avant d’entrer dans la période qui fait que l’on est
Et, enfonçant le clou en ruinant par la même muté automatiquement.
définitivement sa carrière, Duranton s’est mis à Il n’est pas stupide de penser que, si on a éclaté
déclarer que j’étais lié à la DPSD. Certes, il ne fait les Services Techniques en mutant et/ou en mettant
que parler d’un lien, il ne va pas jusqu’à dire "agent à la retraite tous ceux qui m’ont connu (comme le
de la DPSD"! Mais bon, lorsque l’on est en relation précise Duranton dans son procès-verbal), c’est
avec cette maison, ce n’est pas pour rien… qu'on avait peur que certains de mes anciens
En effet, il est hors de question de voir ce "suivi" collègues ne se mettent à parler!
de la DPSD comme un 2suivi d’un militaire extrémiste En effet, ces militaires des Services Techniques
de droite". J’étais officiellement secrétaire-comptable du 5 ème RHC auraient pu raconter qu’effectivement,
aux Services Techniques du 5 ème RHC, un "poste- en juillet 1985, je les ai rejoints, mais qu’à compter de
clé", dans cette unité prétendument d’élite. Jamais mars 1986 j’étais plus souvent parti "en mission" pour
un militaire fiché comme "activiste néonazi" et le compte de la DPSD qu’à travailler aux ST du
uniquement cela, n’aurait occupé cet emploi. Si je l’ai régiment…
occupé c’est parce que l’on avait d’autres projets à Dans cette base d’hélicoptères de Pau où j’ai
mon sujet. La Banque Rothschild ne mettrait pas un servi, il est certain qu’après mon arrestation, qui a été
goy, braqueur (notoire) de banque, convoyeur de ses médiatisée, des langues ont dû se délier. Au Mess,
fonds! De même, l’Armée française ne met pas un entre deux verres, il a forcément été évoqué
militaire fiché comme "néonazi notoire" au secrétariat "l’affaire"! D’où l’éclatement des ST, ce service
des Services Techniques d’un régiment: là où il y a composé de fonctionnaires qui n’y étaient pour rien,
les clés des soutes à munitions, la gestion des armes mais qui en savaient beaucoup trop sur mes contacts
etc… avec l’APSD de Tarbes.
Compte tenu de ces opinions, connues de Mais ce n’est pas tout, l’adjudant-chef Duranton,
l’armée, j’aurais dû être "déplacé", affecté à un autre décidément très en verve, précisait également dans
service moins sensible. Ou plus simplement et plus son procès-verbal d’audition que celui qui pourrait
logiquement: renvoyé de l’armée pour "activisme mieux, et surtout plus, parler de moi c’est l’ancien
néonazi". Je rappelle que c’est un motif d’exclusion chef des ST: le commandant Pierre Drulhe qui est à
des rangs de la milice supplétive de l'US Army! la retraite. Et Duranton donnait ses coordonnées
Je crois qu’à l’époque (1985/1986) il devait y avoir pour que les gendarmes puissent aller lui rendre
une place pour 40 demandes d’engagement militaire. visite, comme il le leur suggérait ouvertement…
Ce qui veut dire que si l’armée tenait tellement à me Et là, très étrangement, c’est la fin de "l’Enquête
garder, alors que je n’étais pas irremplaçable comme de personnalité", il n’y a pas d’autre procès-verbal
secrétaire-comptable, et que j’étais "à risques" après celui de Duranton!
compte tenu de mes opinions (parfaitement connues
7. L'ENQUÊTE FUT MANIFESTEMENT STOPPÉE
de l’armée comme l’a stipulé Duranton...), c’est qu’ils
avaient bien des projets précis à mon sujet. Cela ne colle évidemment pas, car celui qui lit le
Alors, lorsque le Chancelier du régiment parle d’un dossier officiel de mon affaire se met à saliver! Dans
"suivi" par la DPSD, il ne peut être pris dans le sens le dernier procès-verbal, le Chancelier du régiment
"suivi d’un militaire extrémiste" (que l’armée n’aurait vient d’évoquer de mystérieux contacts avec la DPSD
Chapitre 11
L
e procès s’est tenu au Palais de Justice de
Caen les lundi 25, mardi 26, et mercredi 27 juin Burdeyron, c’est le 18 mai 1990 qu’il m’a écrit pour
1990. Les audiences duraient la journée m’informer qu’il venait juste de recevoir un courrier du
entière: de 9 heures jusqu’à en moyenne 21 heures Greffe de la Cour de Caen lui annonçant les dates
(avec pause le midi évidemment), soit plus de 30 du procès. Ce qui veut dire que l’on a dû écrire à
heures d’audience sur les 3 jours. l’avocat vers le 15 mai 1990, soit un mois avant la
Ce procès était inscrit en seconde semaine (et en première l’audience.
clôture) de la session d’Assises, car cette dernière Pour ma part, c’est le 8 juin que j’ai eu le tout
avait débuté en fait le 18 juin. premier document officiel m’avisant que j’allais passer
Quant à ma citation à comparaître, elle m’a été aux Assises à compter du 25 juin. En effet, le 7 juin,
remise par huissier le… 11 juin! Soit juste une j’avais été transféré de la prison de Rennes à celle
semaine avant l’ouverture de la session d’Assises et de Caen (je suis retourné à Rennes quelques jours
exactement deux semaines avant la première après le procès) et le lendemain de mon transfert,
audience! Ce qui sentait un peu le procès ajouté en soit le 8 juin, j’ai eu la visite du président de la Cour
catastrophe au rôle pour que les convocations aient d’Assises qui est venu me voir comme c’est d’usage
été délivrées si près de la date d’ouverture des avant un jugement aux Assises.
débats. La raison de cet ajout du procès à cette session
Il a été dit que ce procès était fixé de longue de juin 1990 est, évidemment, liée à la profanation
date. Peut-être, mais pour ma part je n’étais pas au du cimetière juif de Carpentras… Cette manipulation
courant. Alors si des gens étaient informés "de a eu son point d’effervescence médiatique vers le 10
mai 1990, certains se sont alors dit que cela serait
Mémoire de Michel Lajoye page 77
une bonne idée que d’organiser le procès sont tués. De nombreux autres furent blessés,
Arcini/Lajoye à la session d’Assises de juin, car ils ne certains pilotent aujourd'hui des fauteuils roulants!
retrouveraient pas de si tôt un climat pareil. Ce qui Durant plusieurs jours, ces drames de l'inconscience
explique pourquoi c’est vers le 15 mai (soit 5 jours ont donné lieu à un gros battage médiatique, car il
après le point culminant de la carpentrasserie), que s’est avéré que le procureur n’avait pas pris les
l’on ait écrit à Maître Burdeyron pour lui préciser que mesures élémentaires de sécurité, comme faire
le procès, cela serait dans un mois! mettre en place des points de contrôle de police pour
L’ambiance suscitée par la manipulation de empêcher les "rodéos" et faire signer au préfet un
Carpentras faisait que durant les audiences il y avait décret interdisant la vente d’alcool. Après une telle
des manifestations tout autour du Palais de Justice incurie (9 morts), on aurait pu penser que Bot allait
de Caen. Il y avait même des appels à l’attroupement voir sa carrière "un peu" freinée… Or pas du tout!
publiés, sous forme de "communiqués associatifs", En 1993, lors de la cohabitation
dans le quotidien Ouest-France. La Préfecture avait, Mitterrand/Balladur, le Ministre de la Justice
de son côté, autorisé des manifestations dans la ville (Méhaignerie à l’époque) avait décidé de nommer
de Caen! Yves Bot au poste très sensible (et très convoité!) de
Mais, étonnamment, le procès n’a pas été Directeur des Affaires Criminelles et des Grâces. C’est
médiatisé à outrance au niveau national, il n’y a ce que l’on appelle de la promotion fulgurante!
qu’au niveau régional où ce fut le délire. Rivarol du 6 C’est le moins que l’on puisse dire! Car Bot n’était
juillet 1990, page 4, s’en étonnait même en titrant encore, en juin 1990, qu’un obscur et énième
« Le mystère du procès de Caen ». Dans cet article, substitut du Procureur de Caen, pas vraiment le
Camille-Marie Galic s’étonnait qu’en pleine hystérie poste important, et moins de 3 ans plus tard, après
antiraciste les débats d’un tel procès aient été un passage désastreux par Le Mans, il était pressenti
occultés alors qu’il s’agissait de vraies affaires pour occuper un poste hautement stratégique ! La
racistes. direction des Affaires Criminelles et de Grâces c’est
de là que partent les ordres de classement de
2. LE PRÉSIDENT DE LA COUR "certaines affaires", et c’est là que sont instruits les
Le président de la Cour d’Assises était un certain dossiers de recours en grâce… Par conséquent c’est
Bernard Salmon. Il a fait parler de lui tout un poste plus que sensible!
récemment… Cependant, en 1993, c’est François Falletti qui a
En effet, tout le monde a encore en mémoire la été désigné à la place de Bot directeur des Affaires
libération de Patrick Henry, qui vient d'intervenir, alors Criminelles et des Grâces. La raison en est que
qu'il était incarcéré au centre de détention de Caen. Mitterrand, en tant que Président de la République,
L'élargissement de l'assassin du petit Philippe était aussi le Président du Conseil Supérieur de la
Bertrand a été rendu possible grâce à une décision Magistrature, et il s’est catégoriquement opposé à la
prise par la Commission régionale pour les libérations promotion de Bot pour un motif bien précis…
conditionnelles. Cette dernière, siégeant en Basse- En effet, c’est le juge Jean-Pierre qui, en 1992, a
Normandie, était présidée par un magistrat "lancé" l’instruction de l’affaire dite du « prêt
"normand", en l'occurrence un conseiller auprès de la Pelat/Bérégovoy ». Et le juge Jean-Pierre était au
Cour d'Appel de Caen qui n'était autre que Bernard Mans, sous la coupe de Bot! Ce dernier, en bon
Salmon. procureur serviteur de l’État, aurait dû empêcher le
Ainsi, celui qui a obtenu ma condamnation en juge de mettre son nez dans ce dossier! C’est que
1990 est celui qui, onze ans plus tard, a ordonné la l’instruction de cette affaire de "prêt" a plus que nuit
libération de Patrick Henry… à Pierre Bérégovoy qui était alors le Premier Ministre
Accessoirement, le fait que Salmon soit toujours de Mitterrand! Bot n’a pas pu empêcher le juge Jean-
magistrat auprès de la Cour d'Appel de Caen Pierre de fouiner, mais, heureusement, cela faisait
démontre que ce sioniste rabique préfère nos plus de 2 ans que Pelat était déjà mort (fort
territoires occupés à ceux, tout aussi occupés, de la opportunément dans un hôpital militaire!) et, le 1 er mai
Palestine, où il aurait pu faire son Alyah… 1993, il fut rejoint outre-tombe par Bérégovoy qui, lui,
s’est suicidé de deux balles… Du coup: affaire
3. L'AVOCAT GÉNÉRAL classée pour le « prêt Pelat/Bérégovoy ».! Ouf!
(promu après le procès) Cette opposition de Mitterrand à la nomination de
Bot au poste de directeur des Affaires criminelles et
Quant à l’avocat général, c’était Yves Bot. Alors
des grâces est totalement liée au fait que ce
lui c’est particulier, il a bénéficié d’une cascade de
procureur n’a pu empêcher le juge Jean-Pierre de
promotions peu de temps après.
s’intéresser au financement de la galaxie
C’est indéniable puisqu’en 1990, date du procès,
mitterrandienne. Le Franciscain était connu pour être
il était simple substitut du Procureur de Caen, autant
un brin rancunier…
dire pas grand-chose. Peu de temps après le
Cependant, Bot a eu un joli lot de consolation!
jugement, il a été promu Procureur Général au Mans.
Car après le veto élyséen, il n’est pas reparti
Dans cette ville, il s’est plutôt illustré par son
s’occuper de rillettes au Mans! En compensation il a
incompétence. En 1992, lors des 24 Heures du Mans
été désigné "conseiller spécial" auprès de Pierre
Moto, il y a eu beaucoup d’accidents et 9 (neuf!)
Méhaignerie, Ministre de la Justice!
motards (parmi ceux venus assister à la course) se
Pour les parties civiles, outre les charognards 9. COMPORTEMENT D'ARCINI DURANT LE
habituels des "ligues" qui étaient venues se faire de PROCÈS
l’argent, et de la publicité, sur le cadavre de
Le comportement d’Arcini a été plus que trouble
Moussaoui, il n’y a pas grand monde.
et cela sentait vraiment les textes récités. Les
Mohamed Bedani est une des victimes d’Arcini. Il
dialogues étaient surréalistes entre mon "complice" et
se trouvait dans le bar qu’il avait "mitraillé" le 6 mars
le président Salmon. Ce dernier disait des choses du
1987 à Petit-Quevilly. Cette partie civile ne me
genre: « C’est bien comme ça que cela s’est
concernait pas.
déroulé? » en énumérant lui-même les faits contenus
Mohamed Ayari, c’est le client blessé dans
dans des documents qu’il avait en main. Et Arcini de
l’épicerie de Caen le 5 juin 1987. Là aussi, cette
toujours, bien poliment, lui répondre par l’affirmative.
partie civile ne concernait qu’Arcini.
À aucun moment, il n’a répondu de façon négative, il
Marie-Noëlle Catherine, c’était la concubine de
était toujours d’accord avec la version qui lui était
Moussaoui, l’épicier abattu par Arcini le 5 juin 1987.
relatée. Cela se voyait vraiment que le président
Là encore, cela ne concernait pas mon affaire26.
aidait Arcini dans son rôle d'accusé qui s'auto-
Il n’y a pas eu d’autre partie civile constituée parmi
accusait.
les victimes. Notamment aucune de la part des
Mais le plus délirant, c’est que c’est Arcini qui a
personnes que se trouvaient dans le bar où j’ai
"décrit" la façon dont j’ai commis l’attentat. Or, il n’y a
déposé la bombe, et dans lequel, officiellement,
pas assisté, mais il connaissait bien son texte sur ce
selon la version officielle, il y aurait eu trois blessés!
point! Le président Salmon lui a par exemple
Et comme je le relatais dans le chapitre 7 section
demandé des choses du genre: « Lajoye a déposé
25, le propriétaire de l’établissement ne s’est pas
le paquet sur le bar et est parti par la sortie des
constitué partie civile!
toilettes? » et Arcini de répondre: « Oui, M’sieur le
Même l’assureur de ce bar ne s’est pas retourné
président! ».
contre moi, il ne s'est jamais manifesté!
C’était totalement surréaliste de voir qu’à chaque
Idem pour la Caisse Primaire d’Assurance Maladie
fois qu’il était question de l’attentat à la bombe,
qui était partie civile contre Arcini (elle s’est constituée
c’était à Arcini que l’on demandait de confirmer… et il
à l’audience), mais pas contre moi!
le faisait! J’ai bien sûr signalé à Salmon que je
Ce qui démontre bien, encore une fois, qu’il n’y a
trouvais étonnant sa façon de conduire les
eu aucun blessé lors du prétendu attentat du 30
interrogatoires, il a néanmoins poursuivi! Il m'a juste
novembre 1987! Sinon ils auraient occasionné des
rappelé que c'est le président qui conduit les débats.
frais médicaux, et la CPAM en aurait réclamé le
En conséquence un accusé pas d'accord n'a que le
remboursement en se portant partie civile.
droit de se taire, sinon: expulsion!.
J’ai par conséquent été condamné alors qu’il n’y
Au cours du procès, il m’est apparu manifeste qu’il
avait pas la moindre partie civile constituée contre
avait été prévu une "contrepartie" pour Arcini. Ce qui
moi (outre celles des ligues: LICRA, LDH, MRAP et
explique qu’il ait accepté de donner les répliques à
toute la clique...)!
Salmon et Bot.
Le seul qui m’ait "poursuivi" dans l’affaire, c’est le
Ministère Public ! Et je n’ai pas la sensation que ce 10. ARCINI INCAPABLE DE DÉCRIRE,
dernier ait agi « au nom du Peuple français », comme TECHNIQUEMENT, LA BOMBE
il l'a prétendu…
Mais si mon coaccusé connaissait bien son texte,
j’ai pu tous les "coincer" sur un point: la version
officielle veut que ce soit Arcini qui ait assemblé la
bombe. Ce qui a permis de le désigner comme
26
Pour information: cette Marie-Noëlle Catherine s’est vue attribuer, par "complice direct" afin de joindre toutes les affaires.
le Fonds de Garantie (celui pour les victimes d’actes de terrorisme), 1
400 000 francs de dédommagements pour la mort de son concubin et non Cependant, c’est moi qui ai assemblé l’engin (cf.
de son mari comme les média l’ont affirmé… Les Français victimes de chapitre 7 section 4). Et lors du procès, alors que les
l’immigration-invasion, qui eux ne sont jamais indemnisés, apprécieront! dialogues pré-appris Salmon/Arcini y allaient bon
Mais, en dédommageant copieusement cette femme, on était assuré
qu’elle ne chercherait pas à en savoir plus sur cette affaire plus que train, j’ai demandé au président de la Cour si l’on
trouble.
Mémoire de Michel Lajoye page 81
pouvait demander à Arcini de décrire techniquement la minuterie). Autant dire que cela faisait un peu
la bombe. léger! De mon côté, j’ai décrit à la Cour, de façon très
Puisque c’était lui qui l’avait, soi-disant, précise, cette bombe: modèle et référence de la pile,
assemblée, il allait pouvoir nous en donner les détails marque des prises électriques, leur matière, couleur,
comme la marque et le type de la pile, les couleurs etc. Ce qui fait que celui qui entendait cela en
des fils électriques, et aussi la façon dont les fils du concluait que c’est bien moi qui l’avais assemblée
détonateur étaient reliés aux fils de la minuterie (pile), puisque j’étais le seul des deux à décrire de mémoire
etc, etc… les parties techniques.
Là, j’avais mis le doigt sur le gros problème, car Mon intervention a créé un incident. J’ai même
aussitôt l’avocat général Bot a vu le danger, et il a frisé l’expulsion. L’avocat général et le président ont
ironisé sur mon côté provocateur qui faisait de totalement changé de sujet, je n’ai pas pu finir de
l’esbroufe pour faire son intéressant. Et il a ajouté décrire la bombe: ils ne voulaient pas que j’en parle.
que « cette diversion » ne le surprenait pas vu le peu Ils ont vu qu’Arcini avait un "coup de fatigue", qu’il se
de respect que j’avais pour les institutions sentait mal (c’était vers les 18 heures, il avait été
judiciaires… Je ne voyais pas le rapport! Le président sollicité depuis le matin 9 heures!) et qu’il était sur le
Salmon de son côté en a rajouté, l’essentiel étant de point de s’effondrer, de reconnaître qu’il n’avait pas
faire sourire la salle, et d’éviter qu’Arcini doive assemblé cet engin, qu’il ne l’avait jamais vu!
répondre à ce que j’avais demandé. Les jurés, quant Ce que je voulais faire, c’est démontrer, sur place,
à eux, n’ont pas pensé que j’avais soulevé là une lors de l’audience, qu’Arcini n’avait pas assemblé la
très bonne question puisqu’ils n’ont pas demandé bombe. Cela aurait fait apparaître comme totalement
que l’on approfondisse… anormal que je sois jugé en même temps que lui
Car, à cette question, mon coaccusé était bien puisque je n’avais rien à voir avec ses affaires et lui
incapable de répondre et pour cause! Il savait son rien à voir avec la mienne. Et surtout cela aurait fait
texte, mais n’avait pas en mémoire l’intégralité du apparaître que mon camarade récitait un texte où il
dossier et il ne pouvait tout de même pas le consulter devait s’attribuer, s’accuser de la confection totale de
avant de répondre! Comme j’insistais, Arcini a cette bombe et cela aurait été déterminant!
totalement perdu pied, cela se voyait bien, il En effet, il y avait quand même du public dans la
cherchait ses mots (cherchait son texte), et il a donné salle (on refusait même du monde et j’aurais dû faire
un prétexte qui aurait dû être évoqué en dernier payer les entrées au spectacle!) qui aurait compris la
recours. supercherie. Il fallait en conséquence "jouer" le public
En effet, il a alors dit: « Lajoye a peut-être modifié contre la Cour! Cette dernière n’aurait pas pu, devant
la structure électrique » (ce ne sont pas ses paroles tous ces gens, continuer à ignorer l’évidence, cela
exactes, cependant c’était ça le sens)! Mais ce n’était aurait fait trop de « hoooo! » dans la salle.
pas tout de suite qu’il fallait qu’il dise cela, c’était Le lendemain c’était le défilé des témoins, et si
après : en dernier recours! j’avais pu démontrer qu’Arcini mentait sur l’affaire de
Car il devait, d’abord, d’écrire une bombe, en la bombe et qu'on lui avait fait apprendre un texte, le
disant (éventuellement m’importe quoi) que c’était lendemain je faisais pareil avec le récit de "l’évasion"
telle pile, telle couleur de fils, etc, cela n’avait aucune et c’était gagné. S’il avait été démontré que
importance s’il n’avait plus en mémoire le dossier. Car "l’évasion" d’Arcini était bidon, dans ce cas c’est
si cela n’avait pas correspondu à la réalité de cette absolument toute la supercherie qui serait apparue
bombe, pour expliquer la différence entre la version au public, et il aurait "grondé"! Une fausse évasion, il
donnée par Arcini et la conception technique de la y aurait eu de quoi! Très rapidement le président
bombe "officielle", la parade était de dire: « Lajoye a Salmon aurait fermé sa boutique et renvoyé l’affaire
peut-être modifié la structure électrique ». pour "supplément d’informations", seule façon de se
Cela veut dire qu’ils avaient répété cette scène, ils dégager de ce guêpier et de tenter de la reprendre
avaient prévu le coup d’un avocat demandant à mon plus tard.
coaccusé de décrire cette bombe (sans regarder le Mais je n’avais pas le pouvoir de "secouer" Arcini.
dossier)! Mais Arcini s’est totalement emmêlé les En matière de Cour d’Assises, c’est le président qui
pieds, et a commencé par donner l’explication de conduit les débats, et pour poser les questions, il faut
non-concordance avant la description. Ensuite, en passer par lui ! J’ai découvert beaucoup de
voyant sa gaffe (c’en était une belle!), il a bredouillé choses aux cours de ces trois jours d’audience, et je
qu’il ne savait plus. À ce moment, il était mûr, il allait rappelle que ce n’est que 15 jours avant l’ouverture
s’écrouler, il était au bord de la crise de nerfs… du procès que le Parquet de Caen a remis à la
Pour le faire "s’écrouler", il aurait suffit de lui défense le dossier officiel qui fait près de 3.000
répondre que ce n’était pas crédible car on pièces. Je n’avais donc pas pu le consulter, et Maître
n’assemble pas une bombe tous les jours, et l'on se Burdeyron, mon avocat de l’époque, n’avait pas
souvient de détails comme le type de la pile, etc, et vraiment pu préparer l’affaire de son côté, faute de
de réitérer les questions en le "secouant" un peu. temps. Comme moi, l’avocat découvrait un tas de
Mais je n’avais pas ce pouvoir et l’impartial président choses en cours d’audience.
Salmon jouait dans le même camp que mon Par exemple ce n’est que lors de l’ouverture des
coaccusé… débats que nous avons découvert que les personnes
Ce dernier n’avait retenu de cette bombe que présentes dans le bar ne seraient pas citées à la
"boîte de conserve" et "réveil mécanique bleu" (pour
Mémoire de Michel Lajoye page 82
barre des témoins! Le Parquet s’était bien gardé de par cette clause. J’ignorais ce point de Droit, je ne l’ai
révéler cela avant! appris qu’à l’audience. Sans lui il aurait été requis 30
De plus, il faut bien voir que dans ce procès ans de sûreté, et je les prenais sans problème
stalinien nous étions seuls contre tous, ce n’était pas puisque le but, c’était d’obtenir la plus grosse
un procès impartial avec un président cherchant à condamnation possible.
faire "éclater la vérité". C’était un procès où tous
faisaient partie de la manipulation: du président à 12. LE RÉQUISITOIRE CONTRE ARCINI
l’avocat général en passant par les faux témoins et Dans le cas d’Arcini, il a été requis perpétuité,
mon coaccusé, sans oublier la nuée d’avocats des mais avec les 30 ans de sûreté. Ce réquisitoire était
ligues! possible puisqu’il avait contre lui de multiples affaires
J’ai parfaitement conscience que le procès a été (par armes à feu), donc, elles, toutes passibles de la
perdu le premier jour, en fin d’après-midi, quand réclusion criminelle à perpétuité avec peine
Arcini était sur le point de craquer nerveusement et incompressible de 30 ans. Et, en prime, il avait (c’était
qu’il n’a pas été poussé dans ses derniers la version officielle) la fabrication de la bombe que
retranchements pour lui faire dire qu’il n’avait pas j’avais déposée, ce qui lui donnait du coup une
confectionné cette bombe… « complicité de tentative d’assassinat ». Alors 30 ans
Cela n’a pas empêché, qu’à l’arrivée, c’est bien à de sûreté, vue l’ambiance d’après Carpentras, il
Arcini qu’a été imputée la « fabrication d’engin devait, normalement, s’il n’y avait pas eu le "petit
explosif » ! Ce qui prouve que les jurés ont signé là accord", les prendre sans problème.
où on leur a dit de signer, puisqu’ils ont condamné Le réquisitoire de l’avocat général contre Arcini
un type incapable de décrire cet "engin explosif" et sentait le creux, car finalement il a requis plus
reconnu innocent de cela celui qui le décrivait longuement, et plus haineusement, contre moi que
techniquement. contre mon coaccusé. Et s’il a réclamé 30 ans contre
En général, dans les Cours d’Assises, lorsqu’il y a lui c’est pour faire diversion et donner l’illusion qu’il ne
plusieurs accusés, ils se rejettent mutuellement les faisait pas une fixation sur ma personne.
responsabilités. Là c’était le contraire, nous affirmions
chacun avoir assemblé la bombe! 13. LES PLAIDOIRIES DE LA DÉFENSE
Suite à cet incident, où j’ai voulu démontrer
Maître Burdeyron, qui m’assistait durant ce show,
qu’Arcini s’accusait sur ordre, je n’ai plus eu le loisir
n’a pas remis en cause la réalité des faits de l’affaire
de poser des questions. Lors du second jour du
en elle-même, il a plaidé l’atténuation du réquisitoire.
procès c’était le défilé des témoins, le président et
Il a bien plaidé dans ce domaine, mais, peut-être, et
l’avocat général, qui avaient été échaudés par ma
même sûrement, que ce n’était pas sur l’atténuation
question de la veille au sujet de la bombe, étaient sur
qu’il fallait plaider, mais la véracité des faits qui n’était
la défensive. Je n’ai jamais eu la parole lors de ce
pas prouvée.
défilé!
Cependant, à l’époque, nous n’avions pas la
Ils ont notamment fait déposer les inspecteurs
vision que j’ai actuellement de cette affaire.
"braqués" lors de "l’évasion" d’Arcini, puis les ont fait
De plus, comme il semblerait que les jurés avaient
partir (« Vous pouvez disposer... »), et ce n’est
été soigneusement sélectionnés, l’affaire était
qu’après le départ du dernier témoin que le président
entendue, et cela ne servait à rien de leur demander
Salmon a demandé à la défense si elle avait des
de me condamner à « un peu moins » comme l’a fait
questions à poser. C’était se foutre du monde,
l’avocat.
interroger qui? Il n’y avait plus personne à la barre!
De toute façon lors des plaidoiries, il était aussi
11. LE RÉQUISITOIRE CONTRE MOI trop tard pour mettre en avant l’absence de preuves
de l’explosion et de "jouer" le public contre la Cour.
Lors de son réquisitoire Yves Bot a précisé qu’en Ce n’était pas à la fin qu’il fallait faire dans le
ce qui me concernait, « la loi ne fait pas de différence "révisionnisme actif", mais dès le début en exigeant
entre la tentative et l’assassinat » (pour citer ses que l’on aille chercher les témoins de cette l’explosion
propos) et que je devais être condamné comme si la pour les amener à la barre afin qu’ils nous donnent
bombe avait tué. Je n’étais dès lors pas jugé sur des leur version des faits. S’ils avaient refusé d’aller
faits qui s’étaient produits, mais sur des chercher les témoins, automatiquement le public
conséquences qui auraient pu se produire si cela aurait flairé l’imposture.
s’était déroulé comme ci et/ou comme ça… Et en cas de refus d’aller chercher les témoins, il y
Il a demandé pour moi la perpétuité assortie d’une avait aussi moyen de faire théâtral: à savoir que
peine de sûreté de 18 ans. Mais il a bien précisé qu’il Maître Burdeyron aurait pu prendre ses affaires et
regrettait beaucoup de ne pouvoir requérir une peine quitter la salle (après que je l’ai récusé), et à moi de
de sûreté de 30 ans. Il a même parlé de peine de rester dans ma cellule et ne plus revenir à ces
mort, expliquant que cette peine de sûreté de 30 ans pitreries tout le temps qu’on n'aurait pas amené les
la remplaçait. témoins.
À l’époque, le Code Pénal en vigueur (il a été Mais, pour faire tout cela, il aurait fallu que nous
"réformé" depuis) prévoyait que pour les attentats à sachions, avant le procès, qu’ils n’allaient pas
l’explosif la peine de sûreté ne pouvait excéder 18 apporter la preuve de l’explosion et qu’ils n’allaient
ans! Partant de là, l’avocat général s’est trouvé limité pas faire citer les témoins. Comme ce n’est qu’à la fin
Chapitre 12
LE POURVOI EN CASSATION
A
l’issue de la condamnation, il me fut proposé
un pourvoi en cassation. Je ne souhaitais pas apparu bien léger, l’absence de témoins se serait
en déposer un, car c’était leur donner le plaisir remarquée, idem pour les parties civiles!
de le rejeter… De plus, c'était leur donner une Donc il paraît évident qu'on a précisé à mon
légitimité, reconnaître cette "justice"! Finalement, des "complice" qu’il "fallait me suivre" et déposer un
camarades ont insisté en me disant que faire casser pourvoi.
le verdict, cela m'offrirait un second procès où, Cependant, Arcini est un malin, car sa requête n’a
d'entrée, je pourrais exiger de voir les témoins pas été examinée puisqu’il a "oublié" (sciemment
présents dans le bar, ainsi que les prétendues bien sûr!) de signer le Mémoire ampliatif.
victimes! Je suis persuadé qu’il l’a fait exprès! C’est même
J’ai donc accepté d’entamer cette procédure bien évident! Comme ça il avait bien fait cassation, comme
particulière, car la Cour de Cassation ne se prononce on le lui avait dit, afin de ne pas me laisser aller seul
pas sur les faits jugés, mais uniquement sur à un éventuel nouveau procès. Mais, il a fait en sorte
d'éventuels "vices de procédure" survenus durant le de ne pas prendre le risque de voir son recours
déroulement du procès. En 1990, il n'existait pas accepté, en "oubliant" de signer la pièce de
encore la Cour d'Appel pour les Assises. Elle n'a été procédure essentielle qu’est le Mémoire ampliatif.
instituée que le 1 er janvier 2001 et je ne peux pas en Cela prouve bien qu’Arcini n’était quand même
bénéficier rétroactivement… pas inconscient, et il n’avait pas envie d’être jugé à
nouveau au risque de prendre, cette fois, 30 ans
2. ARCINI DÉPOSE UN POURVOI incompressibles… En bon artificier-démineur, il a
neutralisé le "piège"!
Arcini qui ne souhaitait pas déposer de pourvoi à
De plus, il n’était pas assisté d’un avocat pour
l’issue du procès, et pour cause, il avait eu 12 ans de
cette procédure devant la Cour de cassation, alors
réduction par rapport à la peine de sûreté requise,
qu’il en avait les moyens financiers.
s’est décidé à aller en cassation également lorsqu’il a
De ce fait, que l’on ne vienne pas me dire
su que j’y allais… Ce qui était contre toute logique et
qu’Arcini, de lui-même, souhaitait véritablement
n’était pas un comportement très cohérent!
déposer cette requête, car s’il l’avait souhaité
En effet, compte tenu du nombre d’accusations
réellement, il se serait assuré le concours d’un
contre lui et de l’ambiance d’après Carpentras, Arcini
professionnel.
devait s’estimer heureux! Il s’en était tiré plus que
bien! Il ne pouvait quand même pas espérer être 3. L'AVOCAT, QUI AVAIT ACCEPTÉ, SE
condamné à moins de 18 ans! DÉSISTE
Alors pourquoi Arcini, de lui-même, serait allé
déposer un pourvoi en cassation pour être jugé à Pour mon pourvoi, Maître Burdeyron avait
nouveau, avec le risque énorme d’être cette fois contacté Maître Chantal Urtin-Petit, avocat à la Cour
condamné à 30 ans incompressibles ? Je ne crois de cassation, avec qui il avait déjà travaillé. Maître
pas du tout qu’il ait effectué cette démarche de lui- Urtin-Petit avait accepté, par lettre, l’affaire et tout
même! Ce que je pense, c’est que certains ne allait pour le mieux.
voulaient pas me laisser aller seul à un nouveau
Conclusion
L
e moins que l’on puisse dire c’est que cette recruté, qu’est-ce qu’ils attendaient de moi? Qui a tiré
affaire est loin d’être éclaircie! Il y a beaucoup les ficelles de cette manipulation?
de "zones d’ombre". Cependant, vu les Je ne crois pas vraiment que la DPSD m’ait
implications, il ne faut pas rêver et il est douteux de recruté pour que je fasse partie de la DPSD. J’estime
penser connaître la vérité, du moins avec le régime que j’étais beaucoup trop jeune et trop "bleu" pour
actuel! être envoyé si rapidement sur des missions de
De plus, quelle était la véritable finalité de cette barbouzerie! Je pense plutôt que j’ai été recruté pour
manipulation? Qui était visé? Lorsque la DPSD m’a être utilisé par la DPSD. Cela, évidemment, dans un
but bien précis de manipulation.
Mémoire de Michel Lajoye page 86
Comme relaté au chapitre 2, je les aurais bien vu hypothèse (qui n’est qu’une hypothèse!) est loin
me faire commettre une action quelconque, me d’être à exclure. Actuellement il n’est pas impossible
liquider dans la foulée, et l'on aurait pu lancer une que les RG ne soient pas mécontents de voir leurs
campagne médiatique contre les nationalistes, et à rivaux de la DPSD empêtrés avec cette "Affaire
tous les coups contre le FN qui, évidemment, aurait Lajoye". La police politique civile pourra ainsi faire
été l’inspirateur des actes commis par Lajoye… valoir, avec des arguments, que la police politique
D’ailleurs, au final, l’opération a été partiellement militaire a été minable, qu’elle est composée de nuls,
réussie, on m’a fait commettre un attentat. Seulement et qu’il faut, pour éviter que cela ne se renouvelle,
on n’a pas pu mettre cela sur le dos du FN car j’étais confier la police politique aux civils…
là pour dire qu’il n’y était pour rien. Ce qui fait penser Mais si cette hypothèse est la bonne, les civils
à beaucoup que, sans aucun doute, le "plan initial" auraient tort de se réjouir de voir les militaires enlisés
(conçu par la DPSD?) prévoyait que je sois abattu avec ce dossier! En effet, pour ma part, je fais partir
lors de mon arrestation. Ainsi, il aurait été simple pour cette "Affaire Lajoye" en 1984: date de ma rencontre
eux d’impliquer, ensuite, le FN! Je n’aurais pas été là avec l’agent civil Arcini, officiellement fonctionnaire du
pour dire le contraire! Ministère de l’Intérieur, et non pas uniquement à
Or, je n’ai pas été abattu! Reste à savoir partir de 1985/1986, époque de mon recrutement par
pourquoi, et notamment si le plan initial prévoyait que la DPSD!
je le sois. Est-ce qu’il y a eu "rivalité" entre les De plus, tout au long de ce récit, nous avons vu
services spéciaux militaires et civils? L’un a-t-il que les civils, que ce soient les RG et/ou la Police
savonné la planche à l’autre? C’est fort possible! Il Judiciaire, sont loin d’être innocents!
faut savoir qu’il y a un antagonisme (pour ne pas dire Quoi qu’il en soit, rivalité inter-services ou non, il
conflit ouvert!) entre les civils et les militaires des est indéniable qu’il y a bel et bien eu une "haute
services spéciaux. Chaque camp voulant éliminer autorité" derrière les faits relatés dans ce mémoire!
l’autre pour avoir "l’exclusivité du marché". Il se Prenons l’exemple de l’attentat qui m’est
pourrait que mon affaire ait été utilisée dans cette reproché. Il apparaît qu’il n’y a jamais eu de blessé,
"guerre" qu’ils se livrent. le témoin Rabia Bounifia le confirme. Cependant, des
En effet, si nous analysons rationnellement les blessés existent sur le papier, dans des procès
éléments, nous pouvons dire qu’il a été commis des verbaux, l’Arrêt de renvoi devant les Assises, etc. Je
erreurs énormes! La preuve avec ce mémoire! Une doute que ce soient des officiers de police judiciaire
décennie après, il m’a été possible de démontrer la et/ou des magistrats qui, d’eux-mêmes, ont pris
manipulation. Cette dernière apparaît tellement l’initiative de "faire monter la sauce" et d’inventer des
cousue de fil blanc que personne ne peut la nier. victimes!
C’est un peu comme si un service avait laissé traîner D’autant plus que ces faux blessés, ces
des indices, commis sciemment des bourdes, pour mensonges qui ont été formulés dès le début par la
que je puisse, ensuite, remonter les tenants et police judiciaire, ont été couverts par tous les
aboutissants afin de montrer du doigt ceux qui sont magistrats qui, par la suite, sont intervenus dans ce
derrière tout cela. dossier. C’est que cela en fait du monde!
Compte tenu que j’ai été interpellé par le RAID, Il a bien fallu qu’un service, qu’une "autorité
policiers civils, que c’est Ange Mancini lui-même (à supérieure", leur ordonne de couvrir cette
l’époque le chef de cette unité) qui menait le manipulation. Et pour que tous ces policiers, tous ses
commando, il se pourrait que les civils aient joué un magistrats, obéissent il faut que le service et/ou
"sale tour" aux militaires (les rivaux honnis!) en ne "l’autorité supérieure" soient très puissants! Qu’ils les
tirant pas! Mancini était-il là, personnellement, afin de craignent!
bien contrôler qu’aucun de ses hommes ne Cette terreur qu’inspirent ceux qui sont derrière
commettrait de "bavure"? Il est en tout cas pour le cette manipulation, rend hypothétiques les chances
moins étonnant que ce soit Mancini, en personne, de voir "réviser" le jugement me condamnant.
qui ait opéré mon arrestation… J’avoue que croire à une révision me semble
Car, encore une fois, si j’avais été liquidé en 1987 totalement utopique. Car pour qu’une telle chose soit
lors de cette interpellation, il aurait été impossible (à acceptée, entreprise, il faudrait que la "justice"
qui que ce soit!) de remonter "l’affaire" et de reconnaisse son erreur, sa participation active dans
démontrer la manipulation impliquant les services cette manipulation! Autant dire que c’est du domaine
spéciaux de l’armée! Alors qu’aujourd’hui, à cause de l’illusoire! Je vois mal la magistrature, la police
des civils du RAID qui n’ont pas tiré, c’est bel est bien judiciaire, la police politique civile et militaire, etc, se
la DPSD que je montre du doigt! Qui m’a recruté? La couvrir la tête de cendres puis avouer, publiquement,
DPSD! À la base de cette affaire, ce sont bien les qu’elles sont allées jusque-là ! Le reconnaître, cela
services spéciaux de l’armée, et non pas les serait convenir que la France n’a rien à envier aux
Renseignements Généraux! pires pays totalitaires que l’hexagone se complaît à
Il se peut fort bien que certains militaires se montrer du doigt! Les "initiés" savent ce qu’il en est,
mordent aujourd’hui les doigts d’avoir laissé envoyer, réellement, de la situation en France. Mais le grand
pour mon arrestation en 1987, les civils du RAID et public, cette "masse goye", n’a pas à le savoir et ne
non les militaires du GIGN! doit surtout pas le savoir!
Ceux qui connaissent la rivalité entre les services
spéciaux civils et militaires, comprendront que cette
Mémoire de Michel Lajoye page 87
Si on acceptait d’instruire objectivement cette Le Pen) l’agent infiltré Devaux va assassiner (sur
"Affaire Lajoye", c’est-à-dire les faits relatés dans ce ordre de qui?) un militant du PS!
mémoire, cela serait ouvrir la boîte à Pandore! Le crime de Croisy, médiatisé à outrance durant la
En effet, dans cette affaire, les RG (police campagne des législatives de 1986, puisque imputé
politique civile) sont impliqués, mais la DPSD (police à un militant du FN, a fait perdre à ce mouvement un
politique militaire) l’est aussi et même apparemment nombre considérable de voix! Ce qui était l’objectif à
beaucoup plus! Les premiers dépendent du Ministère atteindre! Ce pourquoi on a envoyé "en mission" le
de l’Intérieur, la seconde du Ministère de la Défense. sergent Devaux! Ce pourquoi le gouvernement, issu
Il faudrait alors expliquer, au public, cette du Parti Socialiste, a fait tuer un de ses militants!
collaboration inter-services et même interarmes! Cet assassinat éclaire ma propre affaire, car cette
Cette collaboration démontre qu’il y a eu cellule, située à Vanvres et à laquelle appartenait
coordination au sein d’une cellule… Une sorte de Régis Devaux, ressemble beaucoup à ce que j’ai
"Cellule de lutte contre l’extrême-droite"… Cette connu à l’APSD de Tarbes!
dernière un peu calquée sur le modèle de la "Cellule Il serait intéressant de savoir combien il y a de
élyséenne", le cabinet noir de Mitterrand, qui était cellules interarmes de ce genre en France!
composé de militaires (GIGN, DGSE, DPSD) et de Il serait tout aussi intéressant de savoir qui les
civils (RG, DST, PJ). La Cellule Elyséenne démontre commande. Car ces opérations de manipulations
bien que, lorsqu’ils le veulent, ils savent faire travailler s’inscrivent dans la continuité politique. La preuve en
militaires et civils. est mon cas: cela s’est poursuivi quels que soient les
En conséquence, chercher qui est derrière mon gouvernements! Aucun n’a dit « Stop! » et ordonné
affaire, cela serait donner un coup de projecteur sur la dissolution de toutes ces cellules! Les faits relatés
ces cellules interarmes de lutte contre l’extrême-droite dans ce mémoire se sont étalés de 1984, date de ma
qui existent bel et bien! Car mon cas n’est pas isolé, rencontre avec l’agent Arcini, jusqu’à 1991, date du
loin de là! rejet du pourvoi en cassation.
À Croisy, le 7 mars 1986 (soit à une époque Ce qui veut dire que cela a débuté sous un
contemporaine des faits relatés dans ce mémoire), gouvernement "de gauche" avec un Premier Ministre
quelques jours avant les élections législatives, un qui n’était autre que Laurent Fabiusida, l’époux de
certain Régis Devaux a poignardé à mort Philippe Françoise Castro, celle des "milices juives armées"!
Brocard, un militant du Parti Socialiste dont il collait Le Ministre de l’Intérieur (celui qui a "engagé" Arcini
les affiches. Les média, lors d’une campagne en 1982/1983!) était Pierre Joxe, fils de Louis, lui-
haineuse, ont affirmé que ce Devaux était un militant même fils d’Halévy.
du Front National. Ce qui est "vrai", il était encarté au Cela s’est prolongé en 1987, année où furent
FN, mais… sous une fausse adresse! commis les attentats relatés dans ce mémoire. À
En fait ce Devaux (dont l’affaire fut totalement cette date (depuis les élections législatives de mars
étouffée ensuite, et pour cause!) était (à l’époque) le 1986) c’était un gouvernement de cohabitation "de
sergent Devaux! Affectation militaire: Fort de droite", dirigé par Jacques Chirac, un membre du
Vanvres! Sous les ordres du colonel Morel. Devaux Comité d’honneur de la LICRA. À l’Intérieur y étaient
appartenait à une "Section spéciale" de l’armée les duettistes Pasqua (membre d’honneur du
(apparemment une Antenne de la DPSD...) casernée Mossad) et le franc-maçon Pandraud qui occupaient
à Vanvres et composée de 120 hommes spécialisés un "super-Ministère" de la sécurité.
dans l’infiltration des groupes d’extrême-droite! Ensuite, cela s’est poursuivi sous un
Compte tenu que les services spéciaux de l’armée gouvernement "de gauche" (qui fut de retour en
n’ont aucun pouvoir judiciaire, ces infiltrations ne 1988), avec le procès de Caen tenu en juin 1990.
peuvent avoir comme finalité que la provocation ! Autrement dit un mois après la manipulation de
Pour la "couverture judiciaire", cette compagnie, à Carpentras (mai 1990) où Joxe s’est tant illustré et un
laquelle appartenait Devaux, travaillait à l’époque mois avant l’adoption de la Loi Fabius-Gayssot (juillet
(sans doute encore maintenant!) en liaison avec des 1990)…
officiers de gendarmerie de la brigade de recherche Preuve qu’il y a bien eu continuité dans cette
de Paris-Minimes. Ainsi qu’avec le Deuxième Bureau affaire! Gauche et droite ont couvert! De ce fait, cela
de la Direction Centrale des Renseignements tendrait à prouver que "l’autorité supérieure" qui est
Généraux! derrière cette manipulation est "apolitique", si j’ose
Voilà qui constitue une belle "cellule interarmes de dire… Gauche et droite lui obéissent, collaborent, et
lutte contre l’extrême-droite"! Elle allie les militaires utilisent des cellules spéciales dans leur guerre à
des services spéciaux (une compagnie complète: 120 mort contre les nationalistes!
agents, ce n’est pas rien!) et ceux de la gendarmerie, Mais qui sont donc ceux qui ont à leurs pieds
avec les civils des Renseignements Généraux! Et toute la classe politique française? Qui sont ceux qui
cette cellule de Vanvres est une unité qui assassine! exècrent les nationalismes (hormis le leur...)? Cela
En effet, le cas de Devaux est très significatif. Car pourrait bien être eux l’aiguillon, eux qui exigent que
voilà un militaire, des services spéciaux, qui s’encarte l’on recoure, en France, chez nous, aux mêmes
(dans le cadre de son travail!) au FN, parti méthodes que celles qui sont utilisées, par eux, en
démocratique. Puis, la veille d’élections législatives Palestine occupée!
(très importantes pour le mouvement de Jean-Marie Je sais que certaines personnes s’étonnent, ont
même du mal à croire, que la DPSD (par conséquent
Mémoire de Michel Lajoye page 88
leur armée chérie!) puisse s’impliquer dans des très rurale, il est difficile à l’inspecteur des RG d’avoir
affaires de basse police politique. Pourtant c’est ses renseignements. Il se fait repérer rapidement
logique! Il y a bien en France, pour le "maintien de dans un village de quelques centaines d’habitants.
l’ordre" (défense de rigoler!), une police civile (police Tandis qu’avec la DPSD, c’est simple! Comme c’est
nationale) et une police militaire (gendarmerie). Il est l’armée et que la gendarmerie, c’est militaire: chaque
dès lors normal qu’en matière de police politique il en gendarme est un agent en puissance, il suffit de
soit de même. "l’activer".
Et à ces sceptiques qui pensent encore que leur Ces pratiques de la DPSD sont totalement
armée vénérée ne tremperait pas là-dedans, je leur inconnues de la "masse goye". Les livres sur les RG
demanderai de se souvenir de l’époque de l’OAS: la pullulent, mais la DPSD est inconnue du grand
Sécurité Militaire (qui est devenue la DPSD en public. Gageons que cela continuera! C’est à cela
novembre 1981) traquait les membres de l’OAS, ainsi que l’on reconnaît d’ailleurs la puissance de ce
que les militants d’autres organisations et cela même service: il sait rester dans l’ombre et sait faire
s’ils étaient civils! respecter, par les média, la loi du silence!
En outre, dans le milieu des années 60 (soit après En effet, plus de 35 ans après "l’Affaire Saint-
la fin, officielle, de la guerre en Algérie), c’est bien la Aubin", alors que des documents prouvent
Sécurité Militaire (c’est-à-dire l’armée républicaine du l’implication de la Sécurité Militaire, que les noms des
pays des "Droits de l’Homme"!) qui a perpétré ce que donneurs d’ordres sont connus, quel est le journal,
l’on connaît sous le vocable de "l’Affaire Saint- quel est l’éditeur, qui a publié ces preuves
Aubin"! Du nom de ce jeune homme assassiné par disponibles? Aucun! Le silence de la terreur!
erreur, car les tueurs de la SM l’ont confondu avec un Idem pour le crime de Croisy commis en 1986!
avocat qu’ils avaient ordre de supprimer! Quel est le média qui a osé braver l’interdit et
Ce qui démontre, par l’exemple, que dans les mentionner que Philippe Brocard, militant du Parti
années 60 la Sécurité Militaire était très active en Socialiste, a été poignardé à mort, non pas par un
matière de police politique, n’hésitant pas à liquider militant du Front National, mais par le sergent Régis
des civils! Et pas n’importe quels civils puisque, dans Devaux, membre des services spéciaux de l’armée,
ce qui a débouché sur "l’Affaire Saint-Aubin", c’est un chargé d’infiltrer l’extrême droite? Aucun!
avocat qui, initialement, était visé! Cela ne se En France, dès que l’on parle police politique, la
déroulait pas en URSS, ou dans un de ses pays "masse goye" pense Renseignements Généraux! Le
satellites, mais en France! conditionnement pavlovien est parfait! Remarquable!
Alors il faut être bien naïf pour penser que Tout le monde croit qu’il n’y a qu’une police politique
certaines pratiques ont été abandonnées à compter dans ce pays: la civile, avec les RG! Grave, très
de novembre 1981. Date où les socialistes (ces grave erreur qu’un certain mouvement, lancé dans
vertueux!) ont restructuré la Sécurité Militaire pour en une conquête démocratique du pouvoir, a déjà payé,
faire la DPSD! Bien au contraire même! Cela s’est et paiera encore, très cher!
intensifié puisque la restructuration était destinée à Cette implication militaire, dans les affaires
faire de la "vieillotte" SM une police politique militaire politiques intérieures de ce pays, est d’autant plus
moderne! C’en est à un tel point qu’aujourd’hui vraie qu’elle est aisément mesurable. En effet, qu’est-
l’armée est très impliquée dans des affaires de ce que l’on voit depuis quelque temps? Que c’est la
manipulation politique, dans des crimes politiques! La gendarmerie qui s’occupe d’affaires d’ordinaire
preuve avec "l’Affaire Devaux", cet assassinat dévolues, voire réservées, aux Renseignements
commis à Croisy le 7 mars 1986 et que j’ai relaté plus Généraux! Le cas le plus significatif, et qui est encore
haut! dans toutes les mémoires, c’est "l’Affaire des
L’existence même d’une cellule comme celle à Paillotes" en Corse. Des gendarmes, donc des
laquelle appartenait Devaux, suffit à donner une idée militaires (par conséquent l’ombre de la DPSD
de l’implication de l’armée en matière de police plane...), étaient bien constitués en unité de police
politique! politique pratiquant le terrorisme gouvernemental!
J’ai par ailleurs reçu, il y a quelque temps, le Même si mon exemple des paillotes est mauvais,
témoignage d’un ancien militaire qui, lui aussi, a été puisque dans cette affaire corse, ce n’est pas l’action
utilisé, récemment, par la DPSD dans des affaires de en elle-même qui est significative. C’est une
basse police politique ("surveillance/infiltration" de opération très banale pour qui connaît, et a été de la
mouvements politiques). En conséquence, l’utilisation DPSD! En revanche, ce qui l’est moins, c’est que des
de l’armée à des fins de basse police politique est arrestations d’agents soient ainsi révélées, détaillées
plus que démontrée. Elle ne fait aucun doute! au public, via les média. Si ces derniers en ont parlé,
Il faut que les naïfs ouvrent les yeux et réalisent c’est qu’ils ont été "autorisés" à le faire, sinon ils en
que l’armée qu’ils ont connue n’existe plus! auraient fait état de la même manière qu’ils ont traité,
Aujourd’hui elle ne défend plus la nation! Elle sert le en 1986, l’affaire de Croisy en faisant le silence sur
pouvoir politique qui, lui, est aux ordres de ceux qu’il l’appartenance du sergent Devaux à une unité très
est interdit de nommer! spéciale. Dans l’affaire Corse, sans doute qu'on a
La DPSD est d’autant plus utilisée par "certains", même donné des ordres aux journalistes pour qu’ils
qu’il faut bien voir que, pour les Renseignements "fassent mousse".
Généraux, c’est délicat de surveiller des dissidents Dès lors, cette "Opération Paillotes" semble bien
réfugiés à la campagne. La raison en est qu’en zone être un règlement de compte entre civils des RG (qui
Mémoire de Michel Lajoye page 89
ont sous leur contrôle pas mal de "journalistes interpellé suite à ces provocations. Effectivement,
mondains") et militaires de la DPSD, puisque ces Michel Gouge (frère de Nicolas, lui aussi impliqué
deux polices politiques se détestent cordialement et dans cette affaire) fut prestement libéré, et par la
se font les pires vacheries afin de tenter de suite condamné (comme convenu, selon les dires de
discréditer l’autre! Decloedt) à seulement 6 mois de prison avec sursis
Restons donc plutôt dans les affaires dont les pour « association de malfaiteurs », alors que ces
média n’ont pas parlé, ou alors pour les présenter de attentats avaient causé un mort et plusieurs blessés
la façon qui arrangeait le plus les services très graves!
gouvernementaux qui en sont les auteurs. Comment ne pas faire le lien entre le dossier de la
J’ai relaté plus haut "l’Affaire Devaux", mais si SONACOTRA et "mon" affaire?
nous reprenions toutes les "affaires politiques En effet, j’ai relaté chapitre 9, section 1, de ce
criminelles d’extrême-droite" de ces dernières document que les armes et explosifs que nous
années, des affaires Arcini/Lajoye à Carpentras, en possédions, Arcini et moi, avaient été "récupérés"
passant par les attentats contre des foyers durant la garde-à-vue, après avoir transité par
SONACOTRA de la Côte d’Azur, nous constaterions l’antenne de la PJ de Caen. Exactement comme la
qu’il y a toujours un militaire, ou un ex-militaire, qui y DGSE a récupéré les armes et les explosifs utilisés
est impliqué. Jamais un bidasse de la "régulière", sur la Côte d’Azur dans les attentats contre les foyers
mais toujours un militaire d’une unité en cheville avec d’immigrés!
la DPSD! Troublant quand même! Et, justement, puisque le déménagement en
Je vais développer l’affaire de la SONACOTRA, Normandie a eu lieu en décembre 1987 (suite à mon
puis celle de Carpentras, pour illustrer ces propos. arrestation et l’auto-capture d’Arcini), comment ne
"L’Affaire de la SONACOTRA", pour ceux qui pas avoir à l’esprit que c’est peut-être bien "notre
auraient oublié ce dont il s’agit, je rappelle que ce matériel" qui a ainsi été transféré sur la Côte d’Azur
sont plusieurs foyers d’immigrés qui ont été plastiqué pour servir aux attentats contre la SONACOTRA qui
en 1988. On nous a présenté cela à l’époque, dans ont eu lieu en 1988. Nous retrouvons, dans cette
un battage médiatique auquel nous avons droit en salade niçoise, les mêmes ingrédients que ceux
pareil cas, comme des attentats perpétrés par des mitonnés en Normandie: les services spéciaux de
"néonazis". Singuliers "néonazis" aux vues du l’armée ; des policiers de la Police Judiciaire qui
rebondissement intervenu par la suite! opèrent des forfaitures ; la magistrature couchée qui
En effet, le Journal du Dimanche du 5 exécute les ordres et rend un verdict négocié par
septembre 1999 nous apprenait qu’en 1989, après avance ! Et en prime, une étrange similitude: comme
l’arrestation des poseurs de bombes, la DGSE (à ceux commis en Normandie, les attentats contre la
laquelle est liée la DPSD!) a "recélé" leurs matériels! SONACOTRA ont été revendiqués de façon sioniste!
La raison en est que l’un des terroristes, Michel Pour l’anecdote, je me permets de signaler que le
Gouge (le Arcini local!), appartenait à ce service! JDD du 5 septembre 1999, qui révélait le
D’après des informations que j’ai pu recueillir, c’est rebondissement dans l’affaire de la SONACOTRA,
un hallucinant concours de circonstances qui a mis tentait quand même d’atténuer les choses! Michel
en lumière ce rebondissement: un certain Huy Deléan, auteur de l’article, prenait pour argent
Decloedt, policier à Nice, fut interpellé en 1994 en comptant la version officielle qui veut que le dépôt
possession d’armes et d’explosifs. Son arrestation est d’armes et d’explosifs (d’où provient le matériel avec
due à une de ses amies trop bavarde au téléphone lequel Decloedt fut interpellé) soit un stock officiel de
(Big Brother vous écoute!). Pour ne pas plonger, ce la DGSE, mais… dissimulé dans une villa située sur
fonctionnaire du Ministère de l’Intérieur (qui a été les hauteurs de Nice!
jugé le 26 janvier 2000 à Paris pour « détention Tous ceux qui ont été militaires apprécieront ce
d’armes, de munitions et d’explosifs », je reviendrai "comique troupier" que le JDD a repris à son compte!
plus loin sur ce procès) s’est "confessé" à un juge D’ordinaire les soutes [ou dépôts] à munitions, et les
d’instruction auquel il a avoué avoir "emprunté" ce armureries de l’armée (qui plus est de la DGSE!) se
matériel dans un dépôt de la… DGSE! trouvent dans des établissements gardés
À ce niveau, ce n’est déjà pas banal! Mais là où militairement, jamais dans des villas de la Côte d’Azur
cela se gâte, c’est que l’analyse de l’explosif, que forcément peu sûres, puisque susceptibles d’être
détenait Decloedt, a révélé qu’il provenait du même cambriolées par des "jeunes".
lot que celui qui a servi à perpétrer les "attentats Il va de soi que cette cache azuréenne des
racistes" commis en 1988 sur la Côte d’Azur! Ce services spéciaux de l’armée a été constituée aussi
policier avait tout bonnement gardé par devers lui "officiellement" que celles qu’Arcini et moi possédions
une partie de l’armement que la DGSE a fait en Normandie et dont le contenu fut, lui aussi,
soustraire à la "justice"! récupéré.
Et je précise, pour faire bonne mesure dans cet Autre enseignement à tirer de ce rebondissement
incroyable imbroglio barbouzard, que c’est Decloedt dans l'affaire de la SONACOTRA: le contrôle que les
qui était chargé de coordonner l’enquête sur ces services exercent sur les média! C'est le moins que
attentats! Interrogé sur cette dernière, il a avoué l'on puisse dire puisque l'arrestation de Decloedt a eu
qu’un accord fut conclu, à très haut niveau, entre les lieu en 1994. Comment se fait-il qu'il ait fallu attendre
services spéciaux de l’armée, la PJ et la Justice afin 1999, soit 5 années après l'interpellation, pour
d’obtenir la libération de l’agent de la DGSE, qu'enfin un média officiel, en l'occurrence le JDD du
Mémoire de Michel Lajoye page 90
5 septembre 1999, en parle? Et comment ne pas Monfort qui a la particularité d'avoir été, jusqu'en
s'étonner que, dans un premier temps, il n'y ait que la 1985, juge d'instruction à Grasse. C'est-à-dire que le
presse militante qui se soit fait écho des "révélations2 président de la 17 ème Chambre Correctionnelle de
du JDD? Il a en effet fallu trois mois pour que la Paris, qui a jugé cet ex-enquêteur de la PJ de Nice,
grande presse reprenne à son compte ce que le JDD est quelqu'un qui a forcément travaillé avec ladite PJ,
du 5 septembre avait publié! et plus particulièrement avec Decloedt.
Et encore, ce ne fut "médiatisé" que parce qu'en Sans oublier que cette affaire implique aussi le
septembre 1999, à la suite du déballage opéré par le juge Murciano, qui est toujours en poste à… Grasse,
JDD, le Ministère public s'est senti contraint d'ouvrir et Farret, l'ex-procureur adjoint de… Grasse. C'est-à-
une nouvelle information contre les complices de dire que le premier a été un ex-voisin de bureau de
Decloedt qui, jusque-là, "étrangement", n'avaient pas Monfort, et le second l'ex-procureur auquel il était
été inquiétés! Cela a abouti, fin 1999, à la mise en soumis lorsqu'il était juge d'instruction à Grasse!
examen des consorts Jean-Pierre Murciano (le juge Pour le "comique" de la situation, et mesurer la
grassois qui a instruit le dossier des attentats contre vassalité de la presse qui n'a pas dénoncé ce procès
les foyers de la SONACOTRA) et Bernard Farret qui à très fraternel, il est bon que je mentionne que si
l'époque de ces forfaitures était le procureur-adjoint l'Institution judiciaire a fait dépayser ces affaires
de Grasse. Ces deux magistrats sont à l'affaire de la azuréennes à Paris, c'est pour ne pas faire juger les
SONACOTRA ce que la juge d'instruction Fabienne protagonistes par des magistrats de la même
Janocka et le procureur Yves Bot sont aux affaires juridiction que celle où ils officient, ou ont officié!
Arcini/Lajoye. La seule différence, c'est que les Difficile, en l'état, de jouer plus au Tartuffe!
seconds ne sont pas (encore?) mis en examen pour Et comment justifier le "saucissonnage" de la
« faux en écritures publiques »… procédure? Pourquoi avoir jugé, en janvier 2000,
Je stipule bien que cette instruction (ouverte en Decloedt alors qu'une instruction visant ses complices
septembre 1999), visant Farret et Murciano, concerne Farret et Murciano est encore en cours? Elle pourrait
les mêmes faits que ceux qui ont été instruits (à partir mettre en lumière des faits nouveaux qui éclaireraient
de 1994) contre Decloedt. La procédure a été le rôle joué par Decloedt. Or on ne peut être jugé
"saucissonnée", et le volet du dossier concernant les deux fois pour les mêmes faits. Un procès commun
deux robins est donc encore pendant. C'est même aux trois protagonistes s'imposait, et, évidemment,
parti pour durer longtemps, très longtemps. Sans devant un autre magistrat que leur ami (et sans
doute jusqu'à un oubli total. Voire un "égarement" du doute F .˙.) Monfort!
dossier (comme dans l'affaire de la secte de l'Eglise Cependant, ce procès Decloedt (qui a duré 8
de Scientologie…) qui le fera classer. heures!) aura quand même permis d'en apprendre un
Quoi qu'il en soit, le procès du lampiste Decloedt peu plus sur ces attentats de la Côte d'Azur, et cela
(et de lui seul!) s'est tenu le 26 janvier 2000 au Palais en dépit des diversions de Monfort qui, dès que les
de Justice de Paris, devant la 17 ème Chambre débats arrivaient sur un point embarrassant, gratifiait
Correctionnelle présidée par Jean-Yves Monfort. Les l'assistance d'une saillie de diversion. Le prévenu, qui
débats furent, bien évidemment, totalement occultés de son côté faisait monter la pression pour obtenir un
par les "grands média"! Pourtant, la DGSE impliquée verdict clément, a donné des détails fort intéressants
dans des attentats commis en France; la PJ et les sur ces explosions. Il a notamment affirmé que le
RG complices; plus la "justice" qui entérine le tout: ce système de mise à feu des bombes était composé,
n'est quand même pas rien! Cela aurait dû, en toute outre d'un détonateur pyrotechnique, de mèche lente
objectivité, alimenter la chronique journalistique et d'un boutefeu militaire. Accessoires que des
durant un "certain temps"! amateurs, comme ceux qui ont (officiellement…)
Ce mutisme des média, sur un pareil perpétré ces actions, pouvaient difficilement se
rebondissement concernant des "attentats racistes", procurer sans une "certaine aide".
contraste par rapport à l'hystérie qui s'est emparée C'est encore plus vrai pour l'explosif utilisé:
des journalistes après "l'affaire des paillotes" en artisanal à base de chlorate de soude selon la
Corse… Preuve, comme je l'indiquais précédemment, version officielle servie, en 1992, lors du procès des
que l'affaire Corse est avant tout un règlement de poseurs de bombes; coupé avec de la Pentrite selon
compte (pour neutraliser le préfet Bonnet qui Decloedt qui s'est exprimé récemment sur le sujet. Et
s'intéressait d'un peu trop près à la barbouze Yvan lorsque l'on voit, sur photos, les dégâts provoqués
Colonna?), sinon elle aurait été traitée en sourdine, aux foyers de la SONACOTRA, difficile de croire qu'il
comme l'arrestation, puis le procès et la n'y avait que du désherbant dans cette bombe! Seul
condamnation de Decloedt! un explosif surpuissant comme de la Pentrite peut
Si le procès de ce dernier s'est tenu le 26 janvier causer de tels dommages.
2000, ce n'est que le 1 er mars que le verdict fut Or, la Pentrite est à l'explosif ce que le caviar est
rendu. Il est très modéré puisque cet ex-enquêteur à l'alimentation. C'est l'explosif le plus puissant, et
de la PJ de Nice (il est aujourd'hui fonctionnaire des surtout le plus coûteux dont dispose l'armée! Rares
RG du Var!) a été condamné à un an de prison avec sont les unités qui en ont en dotation, l'armée (qui
sursis et non suspension, encore moins révocation, est économe…) utilise plutôt du plastic classique. Ce
de la police! qui démontre, par ce matériel que n'ont donc pas les
Ce verdict n'est pas une surprise, puisque comme unités régulières, que ceux qui ont fait sauter ces
je l'ai indiqué, le Tribunal était présidé par Jean-Yves foyers d'immigrés étaient bel et bien approvisionnés
Mémoire de Michel Lajoye page 91
par des services spéciaux, et appartenaient même, bloc de béton au pied, et divers projectiles dans la
pour au moins l'un d'entre eux, auxdits services. Lors tête… Mais, pas de quoi intéresser les média!
de son procès, Decloedt a confirmé que l'un des Pensez donc, des broutilles que tout cela!
protagonistes, Michel Gouge, appartenait Des protagonistes survivants (c’est bien le cas de
effectivement à la DGSE. Ce qui n'empêche pas la le dire!), et qui seront jugés en 1997 pour cette
grande presse, et plus particulièrement Le Monde carpentrasserie, on trouve un certain Olivier Fimbry.
("journal de référence"), de continuer à nous le Ce dernier, en 1990, au moment de la profanation,
présenter comme un "prétendu agent". On voit qui était "militaire appelé"! Caserné en Allemagne. À
tient la laisse des journalistes mondains28… cette époque, Fimbry était dûment fiché comme
Par ailleurs je signale, toujours dans le cadre de "activiste néonazi"! Ce qui ne l’empêchait nullement
cette "Affaire SONACOTRA", qu'en décembre 1999, d’accomplir son service militaire…
peu avant le procès de Decloedt, j'ai écrit au juge Mais, encore plus étonnant, à l’issue de son
parisien Michèle Colin. Cette dernière était chargée service national, Fimbry devient militaire de carrière,
de l'instruction de la partie Murciano/Farret de ce qui plus est: sous-officier instructeur. Ce qui aurait été
dossier, et je voulais lui signaler toutes les similitudes rigoureusement impossible sans "certaines
qu'il y avait entre les attentats commis en Normandie protections"! Jamais l’armée n’aurait accepté dans
en 1987 et ceux perpétrés sur la Côte d'Azur en ses rangs un tel individu fiché de la sorte (son nom
1988 (cibles et revendications similaires, était apparu lors de l’enquête initiale sur la
protagonistes qui viennent des mêmes milieux, carpentrasserie...), s’il n’avait été qu’un "militant
implications des services, disparitions d'armes et néonazi"!
d'explosifs, etc…). Ma missive était accompagnée Pour un engagement il y a une période de
d'un exemplaire de ce présent mémoire, arrêté dans probation de 3 mois (6 mois pour les engagés qui
sa version décembre 1999. Ce document a fort sont encore mineurs), et si durant cette période
intéressé le magistrat puisqu'elle a même déploré, l’engagé peut résilier son contrat sur simple décision
par la suite, que sa hiérarchie n'ait pas étendu sa de sa part, c’est aussi valable dans l’autre sens.
saisine à ces "affaires normandes". Puis, à la mi- L’armée peut mettre fin à un contrat dans les 3
janvier 2000, rebondissement, ou plus exactement premiers mois sans donner de raison. Chose très
vaporisation du juge Colin! simple à faire avec Fimbry, car comme il avait déjà
En effet, mi-janvier 2000, quelqu'un a voulu lui accompli son service national, l’armée n’aurait même
téléphoner au Palais de Justice de Paris, mais on a pas eu à le garder pour qu’il effectue celui-ci.
répondu que Michèle Colin n'était plus là, qu'elle a Alors, on ne me fera pas croire que ce Fimbry
quitté les services de l'instruction début janvier, n’était pas en "contact" (pour ne pas dire plus...)
comme convenu "de longue date". Pourtant il avec la DPSD!
semblerait que cette juge ne comptait, apparemment, En outre, il était sous-officier instructeur, ce qui me
pas quitter son poste, du moins pas si rapidement: semble étrange vu sa personnalité, du moins celle
c'est elle-même qui avait fixé ce rendez-vous à cet affichée au Tribunal lors du procès de 1997 (mais il
interlocuteur pour la mi-janvier! Et comment peut-on faisait peut-être le demeuré!). Car il donnait l’image
croire qu'un dossier ultrasensible comme celui qui d’un simplet, particulièrement benêt, qui ne savait
vise Murciano, Farret et la DGSE, aurait pu être même pas ce qu’il y a eu le 8 mai 1945, ni ce qu’est
confié en septembre 1999 à un juge sur le départ le 14 juillet… Ce qui fait difficilement crédible! Car je
pour janvier 2000? À la fin 1999, ce dossier était me demande bien comment il a pu passer les tests
devenu si explosif, que le juge Colin s'était faite de sélection pour être sous-officier, étant entendu
assister de sa consœur Muriel Josié. On s'orientait, à qu’il faut un "NG" d’au moins 14/20 pour accéder à
très court terme, vers un déballage judiciaire de ce rang. Qui plus est, pour être sous-officier
"l'Affaire Lajoye", via celle de la SONACOTRA! instructeur, il faut avoir soi-même une certaine
Mais…ouf on respire, il n'en sera rien, puisque c'est instruction!
dorénavant un certain Charbonnier qui remplace, à Alors Fimbry a forcément dû soit passer par une
lui seul, ses consœurs Colin et Josié. école militaire (Saint-Maixent) ; soit être plus que
Venons en maintenant à Carpentras: une "pistonné" par la DPSD pour se retrouver à ce poste.
profanation est découverte le 10 mai 1990. Les Il faut bien voir qu’avec le chômage de l’époque,
auteurs en seraient, soi-disant, cinq hommes d’un l’armée des années 80 et du début des années 90,
groupe animé par un certain Jean-Claude Gos. Ce regardait un peu qui elle engageait et elle pouvait se
dernier sera mystérieusement tué le 23 décembre permettre de sélectionner…
1993, par Rachid Belkir, dans un "accident" de la Dans la carpentrasserie, tout le monde est bien
route (très similaire à celui de "l’Affaire Saint- d’accord pour y voir l’implication de la police politique,
Aubin"...)! Belkir, quant à lui, sera retrouvé le 16 mais tous regardent du côté des RG. Ce qui est, là
septembre 1995 faisant trempette dans le Rhône, un aussi, à mon humble avis, une très grosse erreur.
Seule la revue Révision et Alain Guionnet ont
28
Dans ce mémoire, j'ai déjà fait état du livre Guerres secrètes à précisé qu’il faudrait enquêter du côté de ce Fimbry,
l'Élysée (aux Éditions Albin Michel) signé du capitaine Paul Barril. Mais militaire assez spécial… Tellement spécial qu’il
je le recommande aussi pour la retranscription d'écoutes téléphoniques pourrait bien être membre d’un service de la même
qui concernent des conversations entre des journalistes du Monde et
ceux qui leur donnent leurs ordres. Cela instruira ceux qui croient encore texture!
que la presse est libre et non soumise à des "maîtres occultes".
Mémoire de Michel Lajoye page 92
Je pourrais citer d’autres exemples que ceux de la puisque policier au "prestigieux" OCTRIS (brigade
SONACOTRA et de Carpentras, ce n’est pas ce qui anti-stupéfiants).
manque! Dans toutes les affaires médiatisées à Or, par la suite, il fut découvert que le président
outrance ces dernières années, et utilisées entre du FNP était en réalité un agent des services
autres contre le Front National, l’implication de la spéciaux de l’armée!
police politique militaire apparaît! Dès lors, avec cet exemple, nous voyons qu’un
Tout cela démontre que penser obtenir la révision fonctionnaire du Ministère de l’Intérieur peut se
de mon procès, c’est se bercer d’illusions! Nous révéler être, au final, un agent de la DGSE/DPSD. Et
venons de voir que si l’on commence à "sortir" mon force est de constater qu’Arcini est le clone parfait de
affaire, toutes les autres sont à "ressortir"! Pas Jamet!
uniquement les affaires d’extrême-droite, car, en Que l’on en juge par les similitudes: au moment
face, chez nos camarades de la gauche antisioniste, de son arrestation, Jamet était fonctionnaire du
il y a aussi un tas de "cellules de manipulation" qui Ministère de l’Intérieur (comme Arcini!) ; chargé
sont actives. d’infiltrer l’extrême-droite (comme Arcini!) ; passé par
Par ailleurs, certaines personnes, après avoir lu l’Œuvre Française (comme Arcini!) et non couvert
un premier tirage du mémoire, m’ont suggéré suite à une mission un peu plus pourrie que les
qu’Arcini aurait pu être manipulé par un groupe autres (comme Arcini!).
sioniste opérant au sein du Ministère de l’Intérieur 29. Je sais en outre que les deux agents se sont
C’est possible. Je n’ai pas à rejeter cette côtoyés. Dans le chapitre 1, à la fin de la section 4,
hypothèse. Arcini était un agent, c’est évident, mais j’ai évoqué ma présence, en octobre 1984, dans un
de quel service précisément? Il était du Ministère de camp "paramilitaire" (si je puis dire...) qui était
l’Intérieur, mais c’est vague! Et ce n’est pas parce organisé en forêt de Fontainebleau. Je m’étais rendu
quelqu’un est du Ministère de l’Intérieur qu’il ne à ce rassemblement en compagnie d’Arcini, qui y a
travaille pas en fait pour les services spéciaux de retrouvé quelqu’un qu’il connaissait apparemment
l’armée. Je sais que cela peut sembler étonnant, bien. Cette personne m’était à l’époque inconnue,
surtout lorsque l'on connaît la rivalité entre ces deux mais j’ai pu l’identifier, 13 ans plus tard, grâce à une
services. Je vais donc démontrer que ce n'est pas photo parue dans National Hebdo, qui consacrait un
parce qu'Arcini était officiellement fonctionnaire du article au FNP: il s’agissait de Frédéric Jamet!
Ministère de l'intérieur qu'il n'était pas, en réalité, une Par conséquent, Arcini/Jamet, Jamet/Arcini, sont
barbouze de celui de la Défense: interchangeables. Même si l’un a été plus malin que
En février/mars 1998, il y a eu une affaire qui a son collègue, puisque Jamet fut remis en liberté
défrayé la chronique puisqu’elle intervenait, comme courant 1999 (après plus d’une année de détention
par hasard, peu de temps avant les élections préventive). Il a visiblement su se garder par devers
régionales. Il s’agit de Frédéric Jamet, président- lui des garanties pour négocier une "libération
fondateur du syndicat Front National Police, qui fut provisoire" en attentant un hypothétique procès qui
interpellé, en compagnie d’autres, puis mis en mis en n’aura, sans doute, jamais lieu!
examen pour des actes relevant pour certains de la Ce qui me fait croire que le procès ne s’ouvrira
Cour d’Assises: braquages (pour, semble-t-il, financer jamais, c’est qu’il s’est déroulé quelque chose de
des activités barbouzardes) détention d’armes, significatif et qui démontre la puissance des services:
d’explosifs, liens avec ce qui furent les GAL, etc, etc, lors de l’arrestation de Jamet, en février/mars 1998, la
la liste était très longue… presse grand public avait quand même copieusement
Ce Jamet, au moment de son arrestation, était, parlé de ce "policier ripoux", président-fondateur du
officiellement, fonctionnaire du Ministère de l’Intérieur FNP (mais en se gardant bien de préciser qu’en
réalité Jamet était un agent de la DGSE/DPSD,
chargé d'infiltrer le FN!). Cette médiatisation allait de
29 soi, puisqu’il fallait bien nuire un peu, juste avant les
C'est aussi l'hypothèse qui est développée dans le livre L comme
Lajoye – Analyse d'un complot d'État (voir bas de page 55 de ce document élections régionales de mars 1998, à ce qui était à
pour avoir l'adresse de l'éditeur). Henri de Fersan y écrit qu'Arcini a pu l’époque le FN unifié. Et, ce qui est révélateur, c’est
être sous les ordres de Sarah Ouaknine (qu'il désigne, pour éviter les que des personnes ont voulu aller rechercher, à ma
procès, sous le pseudonyme de "Champagne"). Cette fille et sœur de
rabbin, commissaire aux RG, dirigeait au Ministère de l'Intérieur les demande, sur les sites Internet des agences de
"Libertés Publiques", c'est-à-dire en bon français: le service de la censure presse et des journaux qui en avaient parlé à
d'État (interdiction de livres, revues, mouvements politiques, et l’époque, les dépêches et articles divers concernant
éventuellement actions/provocations pour monter l'opinion contre les
partis nationalistes…). Elle a finalement démissionné (des états d'âme?) ce policier. Mais… de Jamet, il n’y a point, ou plus
de son poste pour devenir juge à l'application des peines à Châteauroux. exactement: il n’y a plus!
Elle y est morte peu après (en janvier 1999), renversée en plein jour par Non seulement il a été remis en liberté, mais Big
un "chauffard" qui n'était pas ivre, dont on connaît le nom et qui, à ma
connaissance, n'a jamais été poursuivi pour ce "Crime contre Brother a gommé la tache, car si on consulte les
l'Humanité". Cette mort est quand même étrange, car elle fut à peine archives Internet de la presse de l’époque, il n’y a
relatée par la presse locale (un petit entrefilet qui jouxtait la rubrique jamais eu d’"Affaire Jamet"!
"fourre-tout" encore appelée "chiens écrasés"). Or, compte tenu des
fonctions qu'avait occupées l'écrabouillée (de ses origines!), cela aurait Quoi qu’il en soit, partant du fait où Jamet est le
dû faire un "certain bruit", y compris (surtout!) dans la presse clone parfait d’Arcini, bien malin celui qui pourrait dire
"parisienne". On a semble-t-il ordonné de ne point parler de ce qui semble pour quel Ministère, Intérieur ou Défense, travaillait
bien être une "liquidation" de quelqu'un qui en savait trop sur 15 ans de
barbouzeries en France, et qui semblait devenue "psychologiquement mon co-accusé! Il était d’un service, c’est évident.
fragile"… Mais est clair qu’il n’était pas du service lui assurant
Mémoire de Michel Lajoye page 93
une totale impunité puisqu’il s’est retrouvé en tôle et militants, et cela avec le concours des services qui le
y est encore! A-t-il fait du zèle? A-t-il pris des tiennent toujours!
initiatives personnelles qu'on ne lui a pas Ce dont il s’agit est "banal": Arcini a fait parvenir
pardonnées? A-t-il commis une "bavure" inexcusable un message à "quelqu’un". Ce document, bel et bien
en abattant Moussaoui au lieu de Rahmani? Le rédigé par celui qui fut mon camarade, disait qu’il
mystère demeure entier! fallait aller récupérer des armes et des explosifs dans
Cependant, Arcini était d’un service qui l’a fait une cache clairement mentionnée sur un plan qui
bénéficier d’un arrangement. Car après l’attentat de était joint.
juin 1987, il s’est fait arrêter, mais il fut relâché Or, ladite cache en question fut vidée le samedi
comme l’a précisé la presse locale de décembre 12 décembre 1987, lors de la garde-à-vue (cf.
1987! Ils l’ont arrêté, mais lui ont "arrangé le coup" chapitre 9, section 1 de ce mémoire).
en échange d’une aide pour me "faire tomber"! Donc, elle ne pouvait plus contenir d’armes et
Ce qui expliquerait, de ce fait, ses menaces de d’explosif après! Sauf… si la police politique en a
faire des "révélations" qu’il a agitées régulièrement… remis dans le but de servir de gruyère pour attraper
En effet, au procès de Caen, la pression a monté quelques souris…
de part et d’autre. Ceux qui tenaient Arcini en laisse Aucune confusion n’est possible: c’est bien Arcini
voulaient bien lui faire comprendre que s’il "faisait le qui a fait parvenir le message et le plan! Il ne s’agit
con", s’il "mangeait le morceau", il allait "morfler"! pas de gens qui se sont fait passer pour lui. Il a été
Pour ce faire, on aurait ressorti ses autres affaires déterminé de façon irrécusable, qu’il y a eu complicité
puisque je suis persuadé qu’il en a commis d’autres, active de sa part dans cette tentative visant à "faire
et que s’il n’avait pas "joué le jeu", on le jugerait pour tomber" des militants!
tout! Dès lors, il aurait été condamné à au moins 4 à Dans le cas de cette "récupération" d’armes et
5 fois (si ce n’est plus!) perpétuité avec 30 ans de d’explosif demandée par certains, via Arcini, je peux
sûreté à chaque fois. prédire ce qui se serait sans doute déroulé:
Mais Arcini, loin d’être un idiot, a aussi fait monter Soit une fois le matériel récupéré les militants se
la pression de son côté lors du procès de Caen! À seraient fait appréhender. Dans ce cas, je suis
plusieurs reprises il a agité le « je pourrais faire des persuadé que les armes que les services avaient
révélations » en se mettant à parler de "groupes remis dans cette cache sont celles qui ont servi à
sionistes" avec qui il était en contact, et d’origine de d’autres actions, idem pour les explosifs (lot identique
ses actions qui prennent leurs sources dans les à celui utilisé lors de certains attentats). De ce fait, les
attentats commis à Paris en 1986… Qu’est-ce qu’il "récupérateurs" se seraient fait imputer ces affaires
voulait dire par là? Que ces attentats n’ont pas été criminelles, puisque qu’interpellés avec l’armement
commis par ceux qu'on a désigné comme coupables? ayant servi à les perpétrer.
Mon co-accusé faisait, sans doute, cela pour bien Soit, c’était plus subtil! Car cette récupération
montrer à ceux qui le tenaient en laisse que s’ils ne devait fournir, à un "commando", le matériel pour
tenaient pas parole (sur le "petit arrangement"...), il permettre "l’exfiltration" d’Arcini, ainsi que celle d’un
allait tout déballer! Il a brandi cette menace de droit-commun détenu avec lui. Si cela s’était
"révélations" à plusieurs reprises, de façon concrétisé, sans doute que cette libération aurait
récurrente: dès que cela sentait le roussi pour lui… réussi (certains services auraient tout fait pour la
C’était donnant-donnant: « Verdict clément ou je faciliter!), l’oiseau se serait envolé, mais pas le
balance tout »! "commando" (et sans doute le "droit-co") qui, eux,
Cependant, il ne peut être exclu qu’Arcini ait été, auraient été arrêtés.
au final, le dindon de la farce kashère… Il est plus Ainsi les services s’en sortaient "avec le cul
que probable que "l’arrangement" prévoyait, outre un propre", leur agent était "exfiltré", et en prime ils
verdict mesuré, une discrète libération une fois faisaient mettre en taule des militants, et surtout un
l’affaire tassée. Mais il l’attend toujours! Ce qui en particulier qui était visé par ce piège!
confirmerait que, comme l’a si bien dit Pasqua qui Car ce dernier avait bien pour but de faire mettre
était le ministre de tutelle d’Arcini au moment de ces en prison une personne précise! Heureusement, les
attentats: « Les promesses n’engagent que ceux qui activistes contactés, par Arcini (et ses complices!)
les reçoivent »! pour constituer le "commando", ont flairé la
Dès lors, qu’Arcini ait été manipulé par des manipulation.
groupes sionistes, c’est fort possible. Il a lui-même Avec cette affaire de récupération, nous avons
manipulé, c’est clair! Puisque pour me "faire tomber", quand même bien la preuve, qu’une fois en prison,
il a fallu qu’il participe activement. Mais le ou plus exactement: que même incarcéré, l’agent-
manipulateur a pu se faire manipuler par plus provocateur Arcini continue (contre quoi? Quels
vicieux… avantages? Quelles promesses?) a être un zélé
Et pour éclairer le comportement de mon co- serviteur des services! Quelle abnégation de la part
accusé, je signale que, même en prison, il n’est de celui qui fut mon compagnon d’armes!
apparemment pas dégoûté du tout de ses Pour conclure, je vais parler un peu de ce qui
mésaventures, puisqu’il continue à servir! s'est déroulé durant ma détention. Dans le chapitre
C’est indéniable puisque je peux démontrer qu’il 9, à la fin de la section 3, j'ai évoqué rapidement les
a, depuis son lieu de détention, tenté de piéger des recours déposés devant la juridiction administrative.
Voilà pour "l’Affaire Lajoye". Dans ce mémoire, je n’ai fait que relater ce que j’ai commis,
ce qui s’est déroulé en parallèle, ce que j’ai vu et entendu au procès de Caen en juin 1990.
Je ne prétends pas détenir toute la vérité. Certains pans de cette affaire ont pu m’échapper,
d’autres ont pu être mal interprétés.
Mais, sur le fond, il est impossible de balayer tout cela! Les faits parlent d’eux-mêmes!
Ces derniers doivent, surtout, avoir des vertus pédagogiques afin de montrer qu’ils nous
livrent une lutte à mort et qu’ils nous mènent cette guerre en utilisant tous les moyens!
Cher Camarade,
Ta première carte postale (du caricaturiste Konk) était datée du 24 décembre 1997,
immédiatement après le verdict programmé des Assises de Paris. S'en est suivi une
correspondance régulière après ma brève enquête de moralité sur toi, auprès de
connaissances mutuelles.
Je découvre qu'un garçon de 20 ans fut condamné à la perpétuité avec 18 ans de
sûreté, pour avoir déposé un pétard dans un café maure de Petit-Quevilly, sans avoir fait de
blessé, ni causé de dégât.
Or, ce jeune homme termine ses missives avec des sonores "amitiés Nationales-
Socialistes".
À priori, il doit être une sorte de "cuir" ivrogne au crâne rasé, tatoué et "piercé",
consommateur de substances interdites, mal lavé et mal rasé, sadomasochiste bisexuel,
maniaque du fouet, sataniste profanateur de tombes israélites... ouf!
Mais, il était soldat, agent de la Sécurité Militaire en action commandée!
Il paraît être un vrai nazi ; à son âge?
L'image de feu mon beau-père Otto Kopp m'apparaît, d'après les monologues de sa
fille favorite, la cadette, mon épouse Magdalena, gauchiste allemande aujourd'hui devenue
repentie, qui ne pouvait s'empêcher d'aimer son père, nazi dès ses 16 ans, "Partei Genosse"
avant 1933, un des premiers 100 mille (son svastika d'or l'atteste), ancien du "Sturm
Abteilung" des temps durs, grand blessé au front russe, vétéran des transmissions, qui a
terminé en poste au centrale téléphonique d'Ulm, et est sorti indemne de l'occupation ; cet
homme doux, chef pâtissier de formation, qui n'aurait fait de mal à personne, chaque soir à la
"fermeture" du "Kneipe" de sa propriété dans la banlieue d'Ulm, restait avec ses camarades
du coin (policiers en ronde nocturne inclus) pour ressasser leurs exploits de jeunesse et les
bons jours de fraternité, avec soirée bien arrosée les 20 avril.
Pour nous, les communistes, le nazisme est l'ennemi, ou plus exactement, il l'était.
Mon père a bien caché un client escroqué par un curé indigne, en découvrant que c'était
un Allemand recherché, et lui a fait passer la frontière vers la Colombie avec un garde-du-
corps croate et un chien berger allemand.
En 1965 est tombé héroïquement en Saint-Dominique, sous le feu des Yankees, le
Capitaine italien Ilio Capozzi, qui fut détaché auprès des nageurs de combat des "Waffen SS"
et portait leur tatouage fièrement sous l'aisselle ; réfugié chez le dictateur Trujillo, il fonde,
entraîne et commande le corps des hommes-grenouilles, meilleure unité de commandos
d'Ibéroamérique. à la tête de ses hommes, il défendit la Révolution Constitutionnaliste,
payant de sa vie sa dette de gratitude envers le peuple dominicain, sans renier ses idéaux de
jeunesse.
Des anciens "Frei Arab" ont combattu à nos cotés en Jordanie en 1970/71, ils gardaient
intacte leur mystique guerrière.
Mes relations avec mon cher camarade disparu François Genoud, appartiennent à
l'Histoire, il s'est battu pour les bonnes causes sans renier ses idéaux.
J'ai reçu pendant des années des renseignements des services de police régionale
("LKA") d'Allemagne Fédérale, grâce à des anciens des "Waffen SS" qui avaient gardé une
profonde sympathie pour la Cause Palestinienne, suite à leur compagnonnage d'armes avec
Mémoire de Michel Lajoye page 97
les fidèles du grand Mufti de Jérusalem, Hajj Amine El Hesseini. Et là je suis tombé sur un
obstacle insurmontable: toutes nos tentatives d'établir in situ un système permanent de
communications avec ces vieux militants nationaux-socialistes, ont été infructueuses devant
les réactions de quasi-hystérie de nos camarades et sympathisants légaux en Allemagne.
Quel gâchis!
La guerre s'est terminée en 1945, et par héritage, j'appartiens au camp des vainqueurs.
Je ne suis pas la mode en reniant mes idéaux communistes, je les revendique.
Je n'arrive pas à comprendre le volet raciste de l'idéologie nationale-socialiste.
Aujourd'hui les peuples d'Ibérie et d'Amérique célèbrent le "Jour de la Race", en
référence à notre métissage amérindien-africain-ibérique, dans chaque anniversaire de la
découverte de l'Amérique.
Je ne connais qu'une seule race, la race humaine, composée d'ethnies plus ou moins
mélangées.
Je suis internationaliste et "fédayi" palestinien, tout en étant patriote vénézuélien, et je
lutte pour que les peuples puissent sublimer leurs cultures, espoirs et ambitions, dans des
structures nationales historiques, égales en droits et en devoirs, devant Dieu et les hommes.
J'ai vécu en Algérie, et j'aime son peuple fier et courageux. Je comprends la déchirure
des mal-nommées rapatriés, puisque la plupart n'ont pas de liens ethniques avec la France ;
mais je dois te rappeler l'évidence que la Guerre d'Algérie est finie depuis 1962, et ses cruels
combats en kaléidoscope, doivent servir à nourrir la réflexion des anciens combattants qui
militent encore pour une cause.
Tu t'étais trompé de guerre, ce qui a servi à te manipuler par les ennemis de la France,
qui sévissent dans les services plus ou moins spéciaux (foi de l'affaire de la rue Toullier), et
dans tout l'appareil d'État et du pouvoir réel.
Un phénomène similaire afflige la gauche révolutionnaire, de manière moins encadrée
institutionnellement.
Nos erreurs sont excusables seulement si elles servent à corriger nos actions futures.
Je disais souvent aux miens qu'il nous faut arrêter de refaire en boucle les batailles de
Madrid et de Stalingrad, pour nous concentrer sur celles d'aujourd'hui et de demain.
L'homme a besoin de mythes fondateurs pour se structurer, encore plus s'ils ont des bases
historiques récentes.
Préservons volontiers notre folklore cérémonial, nos traditions ancestrales dans ce
qu'elles ont d'héroïques et de spirituelles, et ces dates de souvenir qui nous font vibrer du
tréfonds de notre âme. Gardons nos spécificités et idiosyncrasies, mais unissons nous pour
le bien commun, contre l'ennemi de l'humanité, celui d'aujourd'hui et de toujours:
l'impérialisme yankee, le sionisme et leurs séides.
Ouvrons nos esprits à ceux qui doivent se trouver du même côté du front que nous.
Ton erreur et ton sacrifice ne doivent pas être en vain, tu dois sortir libre, en homme
plus sage et en militant plus décidé, sans sectarisme autodestructeur.
J'entre dans l'âge de la sagesse, avec cette lettre politiquement incorrecte selon les
canons de la mode, mais pour moi de grande humilité symbolique, parce qu'elle n'est pas
adressée à un grand de ce monde (et j'en connais...), mais à un jeune et méconnu
prisonnier, voué aux gémonies nazies ; un combat par avance perdu... non! Sauf si la France
est, elle, irrémédiablement perdue.
Le peuple français est loin d'avoir épuisé ses réserves humaines, je suis optimiste, il
marchera triomphant à côté d'autres grands peuples, pour le bien de l'humanité toute entière,
c'est son destin historique ; c'est le tien, c'est le nôtre, vers la Liberté.
Amitiés révolutionnaires,
Carlos
Mémoire de Michel Lajoye page 98