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COMMENTAIRE DE 

: Alex Nsiantima

CHAP III : L’inspiration de la Sainte Ecriture et son interprétation

Inspiration et vérité de la Sainte Ecriture

Apres avoir parlé de la transmission de la révélation, le concile aborde la question de


l’inspiration de la Sainte Ecriture.

Dans son sens général, l’inspiration peut être comprise comme un acte de l’intellect, des
émotions et de la créativité à partir d’une influence. Elle peut aussi être comprise comme le
fait de pousser, de mouvoir ou d’emporter. C’est une énergie qui pousse l’homme à réaliser
quelque chose au-delà de sa capacité naturelle. C’est dans cette perspective que les pères
conçoivent la notion de l’inspiration concernant la Sainte Ecriture. Pour eux en effet, Dieu est
l’unique auteur de la Sainte Ecriture. Il s’est servi des hommes pour communiquer son
vouloir. Dans une perspective chrétienne, nous pouvons définir l’inspiration comme une
action surnaturelle de l’Esprit de Dieu sur les auteurs de la Bible, afin que ceux-ci rendent
avec fidélité les vérités de la révélation. En effet, l’homme, être lié au temps et à l’espace, ne
peut connaitre la pensée de son créateur si ce dernier ne les lui communique lui-même. C’est
dans cette communication que Dieu explique ses actes et révèle son plan. C’est pourquoi dès
l’origine, Dieu a parlé à travers des hommes qui ont joué le rôle des portes paroles, des
envoyés, des messagers auprès du peuple. Ces hommes n’annonçaient pas leurs convictions,
mais la volonté de Dieu. A travers eux, c’est Dieu lui-même qui parlait. Dès les premiers
siècles après Jésus, les pères de l’Eglise ont vite reconnu ce fait. Pour Justin par exemple, les
prophètes « parlaient par l’Esprit Saint ; ils ne disaient que ce qu’ils avaient entendu et vu,
remplis de l’Esprit Saint. »1 Pour Clément d’Alexandrie, « c’est le Seigneur qui parle par
Isaïe, par Elie par la bouche des prophètes. »2 Ce sont des hommes qui ont reçus le dépôt du
Saint Esprit. Tenant de Dieu lui-même inspiration et sagesse, ils ont été instruits par Dieu. Ils
deviennent des organes de Dieu, parce qu’ayant reçus la grâce d’être digne de parler de lui
aux autres hommes. C’est sous cette grâce qu’ils ont parlé de la création du monde et de tout
le reste. Pour saint Irénée, les écrits de l’Ancien et du Nouveau testament sont inspirés par
l’Esprit de Dieu. L’Esprit Saint parle par le prophète Jérémie, par l’Apôtre Matthieu, par saint
Paul.3 C’est cette inspiration divine qui assure aux livres sacrés une valeur hors pair et une
supériorité incontestable sur les ouvrages d’autres écrivains, profanes ou religieux. Ainsi, la
Sainte Ecriture revêt un caractère parfait, puisqu’ayant Dieu pour auteur. Dieu qui est par
essence parfait, ne peut donc être auteur des erreurs, c’est pourquoi il garantit lui-même
l’infaillibilité de la Sainte Ecriture. C’est ici qu’intervient la nation de l’inerrance. Par
inerrance, on entend que la Sainte Ecriture ne contient aucune erreur et n’enseigne que la
vérité. Saint Thomas d’Aquin le formulait ainsi : « quidquid in sacra scriptura continentur
verum est. »4 « Dès lors, puisque toutes les assertions des auteurs inspirés ou hagiographes
doivent être tenues pour assertions de l’Esprit Saint, il faut déclarer que les livres de l’Ecriture
enseignent fermement, fidèlement et sans erreur la vérité que Dieu a voulu consignée pour
1
E. Lipinski, Essais sur la Révélation et la Bible, Paris, Ed. Cerf, 1970, p. 45
2
Ibid., p.49
3
Ibidem.
4
Saint Thomas d’Aquin cité par P. Grelot in Bible et Théologie, Paris, Desclée, 1965, p. 114

1
notre salut dans les lettres sacrées. » 5 Ainsi, toute l’Ecriture est ainsi considérée comme
moyen de sanctification et voie du salut (2Tim 3, 16-17).

Comment interpréter l’Ecriture

L’Ecriture Sainte est parole de Dieu dans le lange humain. C’est Dieu qui a parlé aux
hommes à la manière des hommes. Dieu, en entrant de l’histoire de l’homme, emprunte son
langage, sa culture. D’où l’importance, de bien comprendre les conditions du temps et de la
culture de l’écrivain. En effet, l’écrivain n’est pas un isolé. Il est lié à une situation historique
et culturelle déterminées, et vit dans une communauté socialement structurée qui peut avoir de
l’influence dans l’œuvre. Celle-ci est la première clé d’interprétation de la Sainte Ecriture.
Comme nous l’avons dit, Dieu, c’est dans la culture des hommes qu’il se révèle. Il est donc
nécessaire, pour celui qui veut interpréter le message du salut, d’avoir la connaissance de cette
culture. Pour une interprétation authentique de la Sainte Ecriture, il est indispensable de
connaitre les genres littéraires en usage à l’époque, des manières de sentir, de parler et de
raconter courantes en ces temps-là.6 Mais puisque la Sainte Ecriture est parole inspirée, il est
utile de l’interpréter sans le secours de l’Esprit Saint. Ceci veut dire qu’elle doit être lue et
interprétée à la lumière du même Esprit qui la fit rédiger. Sans ce principe, toute
interprétation de la sainte Ecriture demeurerait morte. Ici, la foi se présente comme la porte
ouverte à l’Esprit qui agit et révèle la vérité de la Sainte Ecriture. Il est aussi nécessaire de
souligner le rôle des exégètes dans l’Eglise qui est celui de se consacrer à la compréhension et
à expliquer de façon pénétrante le sens l’Ecriture Sainte. L’Eglise est appelée à profond
jugement, à un profond discernement de ce qu’elle doit transmettre aux fidèles.

La condescendance de Dieu

Par condescendance de Dieu, on voit les deux modes par lesquels Dieu a parlé aux hommes,
que la lettre aux Hébreux 1,1-2 reprend. En effet, Dieu a parlé aux hommes d’abord à travers
le langage humain, puis par l’intermédiaire de Jésus, qui est sa parole, qui a assumé la
condition humaine. Ainsi, Dieu adapte son langage à notre humanité. Désormais notre
langage devient aussi digne de parler de lui. C’est pourquoi Jésus confie à tous ces disciples la
mission de proclamer la bonne nouvelle du royaume. On peut ainsi dire que le langage
humain, revêtu de la grâce divine, devient digne de poursuivre l’œuvre de la Révélation
divine.

QUESTIONS

1. La notion de la liberté de l’homme a encore sa place dans celle de l’inspiration de la


Sainte Ecriture ?
2. Les vérités de la Sainte Ecriture sont-elles compatibles à la science ?

5
Catéchisme de l’Eglise, N°107
6
Ibid N°109

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