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SMA5 INTÉGRATION

CHAPITRE I
ESPACES MESURÉS
UNIVERSITÉ MOULAY ISMAIL
2020-2021

RAJAE BEN TAHER- MOHAMED RHOUDAF

1. Mesure positive

Définition 1.1. Soit X un ensemble non vide muni d’une tribu


A. On dit que µ est une mesure (positive) sur (X, A) si :
(1) µ est une application: A → [0, +∞]
(2) µ(∅) = 0
(3) Si A0 , A1 , A2 , · · · ∈ A et sont deux à deux disjoints alors
X
µ( ∪ An ) = µ(An ).
n≥0 n≥0

On dit que (X, A, µ) est un espace mesuré et µ(A) est la mesure


de A; pour tout A ∈ A.
S’il existe A ∈ A tel que µ(A) < +∞, il suffit d’avoir les condi-
tions (1) et (3) pour la définition. En effet, Soit A ∈ A tq µ(A) <
+∞, en vertu de la condition (3) µ(A) = µ(A ∪ ∅) = µ(A) + µ(∅).
D’où µ(∅) = 0.

• Lorsque µ(X) < +∞, on dit que la mesure µ est finie.


• Si µ(X) = 1, on dit que µ est une mesure de probabilité .
La tribu A contient tous les événements possibles et, pour
A ∈ A, µ(A) est la probabilité que A se produise.
• S’il existe une suite {An }n≥1 de parties de A telle que
[
µ(An ) < +∞ pour tout n ≥ 1 et X = An , on dit que la
n≥1
mesure µ est σ- finie.
Exemples
i) Supposons que X est de cardinal n et A = P(X).
Pour tout A ∈ P(X), on note |A| le cardinal de A. On pose
|A|
µ(A) = .
n
On obtient ainsi une mesure (une probabilité) sur X.
ii) Supposons X = N∗ , A = P(N∗ ) et posons; pour tout E ⊂ N∗ ,
X 1
µ(A) = a
.
a∈E 2
µ est bien une mesure sur X.
iii) Suposons X quelconque et pour tour tout A ∈ P(X), posons

|A| si A est fini


µ(A) = 

 + ∞ sinon

µ est une mesure sur (X, A) appelée mesure de comptage.


iv) Soit (X, A) un espace mesurable et x0 ∈ X. Pour tout
A ∈ A, posons

si x ∈ A
1


µ(A) = 1A (x) = 
0 si x ∈

/A

µ est une mesure positive sur X appelée mesure de Dirac.


v) Soient X = N∗ , A = P(N∗ ). On pose pour tout E ⊂ N∗ ,
X 1

si E est fini



2

n∈E n

µ(E) = 

+∞ sinon

2
On prend En = {n}, n ∈ N∗ . On a En ∩ Em = ∅(n 6= m) et
X 1
En = N∗ , µ(
[ [ X
En ) = ∞ et µ(En ) = 2
converge. Il
n∈N∗ n∈N∗ n∈N∗ n∈N∗ n
en résulte que µ n’est pas une mesure.
vi) Soient X un ensemble, a1 , a2 , · · · une suite de points de X
et α1 , α2 , · · · une suite de réels > 0.
Pour toute partie A de X, on pose
X X
µ(A) = αn δan (A) = αn
n≥1 n≥1,an ∈A

une mesure positive sur X appelée mesure discrète et notée µ =


X
αn δan .
n≥1

Théorème 1.2. Soit (X, A, µ) un espace mesuré, on a


(1) Si A, B ∈ A et B ⊂ A
• Alors µ(B) ≤ µ(A).
• Si, de plus µ(B) < +∞ alors µ(A\B) = µ(A) − µ(B).
(2) Si A0 , A1 , A2 , · · · ∈ A (pas forcément deux à deux disjoints).
X
Alors µ( ∪ An ) ≤ µ(An )
n≥0 n≥0
(3) Si A0 , A1 , · · · ∈ A et A0 ⊂ A1 ⊂ · · · ⊂ An ⊂ An+1 ⊂ · · · ,
alors µ( ∪ Ak ) = n→∞
lim µ(An )
k≥0
(4) Si A0 , A1 , · · · ∈ A et A0 ⊃ A1 ⊃ · · · ⊃ An ⊃ An+1 ⊃ · · · et
tels que µ(A0 ) < +∞ alors µ( ∩ Ak ) = lim µ(An ).
k≥0 n→+∞

Avant d’établir la preuve de ce théorème, on énonce la propo-


sition suivante,

Proposition 1.3. Soit {An }n∈N∗ une suite dans A telle que A1 ⊂
A2 ⊂ · · · ⊂ An , alors il existe une suite {Bn }n∈N∗ dans A d’eéments
3
deux à deux disjoints et telle que

An = ∪nk=1 Bk et ∪
n
An = ∪B
n n

Preuve de la proposition
On pose
B1 = A1 , B2 = A2 \A1
.
.
.
[
Bn = An \( Ap )
1≤p≤n−1

et comme A1 ⊂ A2 ⊂ · · · ⊂ An , on obtient Bn = An \An−1 .


Vérifions par récurrence que An = ∪ Bk . En effet,
1≤k≤n
A1 = B1 , A2 = A1 ∪ A2 \A1 = B1 ∪ B2 , on suppose que An =
∪nk=1 Bk et on vérifie pour l’ordre n + 1.
On a An+1 = An ∪ (An+1 \An ) = ∪nk=1 Bk ∪ Bn+1 = ∪n+1
k=1 Bk .
En outre Bn ∩ Bm = ∅ pour n 6= m. En effet,
pour n 6= m, on suppose n < m i.e n ≤ m − 1. On a Bm =
Am \Am−1 , d’où Bm ∩ Am−1 = ∅ et comme Am−1 = ∪m−1
k=1 Bk , alors
Bn ⊂ Am−1 . Et par suite Bn ∩ Bm = ∅ . Il en résulte que
∪A ⊂∪
n n
B et puis ∪
n n
A ⊂∪
n n
B
n n

Preuve du théorème
(1) On a A, B ∈ A et B ⊂ A, alors A\B et B sont disjoints
et A = A ∪ A\B. Donc µ(A) = µ(A\B) + µ(B) et par suite
µ(B) ≤ µ(A). Si µ(B) < +∞, on obtient µ(A\B) = µ(A)−µ(B).
4
(2) On pose B0 = A0 et Bk = Ak \ ∪0≤i≤k−1 Ai ; ∀k ≥ 1. On ob-
serve que Les ensembles B0 , B1 , B2 , . . . sont deux à deux disjoints.
On a

µ( ∪ An ) = µ( ∪ Bn )
n≥0 n≥0
X
(car B0 , B1 , B2 , . . . deux à deux disjoints) = µ(Bn )
n≥0
X
(car ∀n, Bn ⊂ An ) ≤ µ(An ).
n≥0

(3) On a A1 ⊂ A2 ⊂ · · · ⊂ An ⊂ · · · ⊂ Am dans A , il s’avère


d’après la proposition précédente qu’il existe une suite {Bn }n∈N∗
dans A dééments deux à deux disjoints et telle que An = ∪nk=1 Bk
X
et ∪A =∪
n n
B . Il s’ensuit que µ( ∪ An ) = µ( ∪ Bn ) =
n n
µ(Bn ).
n≥0 n≥0 n≥0
n
Et comme An = ∪nk=1 Bk , alors µ(An ) = µ(∪nk=1 Bk ) =
X
µ(Bk )
k=0
n
X +∞
X
etn→∞
lim µ(An ) = n→∞
lim µ(Bi ) = µ(Bn ) = µ( ∪ An ).
i=0 i=0 n≥0
(4) Pour tout k on pose, Bk = A0 \Ak . La suite {Bn }n≥0 %.
On a ∪ Bk = A0 \ ∩ Ak , donc (par l’assertion(1))
k≥0 k≥0

µ( ∩ Ak ) = µ(A0 ) − µ( ∪ Bk )
k≥0 k≥0
X
(Assertion(3)) = µ(A0 ) − µ(Bk )
k≥0
= µ(A0 ) − lim µ(Bn )
n→+∞

= lim (µ(A0 ) − µ(Bn ))


n→+∞

= lim µ(An ) .
n→+∞

Remarque
L’hypothèse µ(An ) < ∞ joue un rôle important pour avoir
l’assertion (4).
5
En effet, on prend X = R, A: tribu borélienne , An = {n, n +
1, · · · , n + k, · · · } et µ la mesure de dénombrement sur R.
On a µ(An ) = ∞, en outre A1 ⊃ A2 ⊃ · · · ⊃ An ⊃ · · · et
A=∩A = ∅, d’où µ(A) = 0 alors que lim µ(An ) = +∞.
n n n→+∞

Théorème 1.4. Mesure de Lebesgue.


Il existe une mesure λ sur (R, B(R)) vérifiant,
(1) pour tout intervalle ]a, b[, λ(]a, b[) = b − a
(2) ∀A ∈ B(R), ∀x ∈ R, λ({y : y − x ∈ A}) = λ(A) .
Cette mesure λ s’appelle la mesure de Lebesgue.

Example 1.5. Mesure de Lebesgue d’un intervalle quelconque.


Soient a ≤ b des éléments de R. On a

λ([a, b]) = λ(]a − 1, b + 1[\(]a − 1, a[∪]b, b + 1[))


(par l’assertion 1) de la prop 1.2) = λ(]a − 1, b + 1[) − λ(]a − 1, a[∪]b, b + 1[)
(réunion disjointe) = λ(]a − 1, b + 1[) − λ(]a − 1, a[) − λ(]b, b + 1[)
= (b + 1 − (a − 1)) − (a − (a − 1)) − (b + 1 − b)
= b−a .

De même, λ([a, b[) = λ(]a, b]) = b − a.

Example 1.6. Mesure de Lebesgue d’un singleton.


Soit x ∈ R, ∀n ≥ 1, {x} ⊂ [x − 1/n, x + 1/n]. D’après l’assertion
1) de la Prop 1.2. , ∀n ≥ 1, λ({x}) ≤ λ([x−1/n, x+1/n]) = 2/n.
Donc λ({x}) = 0.

Example 1.7. Mesure de Lebesgue de Q.


On sait que Q est dénombrable. Donc on peut numéroter ses
6
éléments : Q =" {u0 , u1 , u2 , . . . }. #Pour tout entier n ≥ 1, on
1 1
définit An = ∪ ui − i , ui + i . On a pour tout n, Q ⊂ An
i≥0 n2 n2
(donc, par l’assertion 1) de la prop 1.2 .), λ(Q) ≤ λ(An )) et, #!
par
1 1
"
X
l’assertion 2) de la prop 1.2, λ(An ) ≤ λ ui − i , ui + i =
i≥0 n2 n2
2
. Et donc λ(Q) = 0.
n

2. Mesure extérieure

Définition 2.1. a) Soit X un ensemble non vide . On dit que µ∗


est une mesure extérieure sur X, si :
(1) µ∗ est une application de : P(X) → [0, +∞]
(2) µ∗ (∅) = 0
(3) Si A ⊂ B, alors µ∗ (A) ≤ µ∗ (B)
(4) Pour toute suite {An }n≥0 dans P(X);


(∪∞ µ∗ (An )
X
µ n=0 An ) ≤
n=0

b) Une partie B de X est dite µ∗ -mesurable si, pour toute partie


A de X, on a

µ∗ (A) = µ∗ (A ∩ B) + µ∗ (A ∩ B c )

Proposition 2.2. Soit µ∗ une mesure extérieure sur un ensemble


X et B ⊂ X
(1) B est µ∗ -mesurable ⇔ B c est µ∗ -mesurable

(2) µ∗ (B) = 0 ou µ∗ (B c ) = 0 alors B est µ∗ -mesurable.


7
Preuve
(1) Evident (d’après la définition) (A = (A ∩ B) ∪ (A ∩ B c ))
(2) µ∗ (B) = 0, ∀A ∈ P(X), on a µ∗ (A) ≥ µ∗ (A ∩ B) = 0 et
µ∗ (A) ≥ µ∗ (A ∩ B c ) = 0. Et comme A = (A ∩ B) ∪ (A ∩ B c ), alors
µ∗ (A ∩ B c ) ≤ µ∗ (A) ≤ µ∗ (A ∩ B) + µ∗ (A ∩ B c ). D’où le résultat.

Il découle de cette propriété que ∅ est µ∗ -mesurable ( car µ∗ (∅) =


0).

Théorème 2.3. Soit µ∗ une mesure extérieure sur un ensemble


X et Aµ∗ la famille des parties µ∗ -mesurables de X. Alors

i) Aµ∗ est une tribu sur X

ii) µ∗ : Aµ∗ → [0, +∞] est une mesure positive.

Preuve
Montrons i), 1) On a ∅ ∈ Aµ∗ et X ∈ Aµ∗
2) Si B ∈ Aµ∗ ⇒ B c ∈ Aµ∗ ( d’aprés la proposition 2.2)
3) On suppose que B1 et B2 sont µ∗ -mesurables, alors B1 ∪ B2
est µ∗ mesurable. En effet,
Soit A ⊂ X, on a

µ∗ (A ∩ (B1 ∪ B2 )) = µ∗ (A ∩ ((B1 ∪ B2 ) ∩ B1 )) + µ∗ (A ∩ ((B1 ∪ B2 ) ∩ B1c ))(B1 est µ∗


= µ∗ (A ∩ B1 ) + µ∗ (A ∩ B2 ∩ B1c )
8
D’où µ∗ (A ∩ (B1 ∪ B2 )) + µ∗ (A ∩ (B1 ∪ B2 )c )
= µ∗ (A ∩ B1 ) + µ∗ (A ∩ B2 ∩ B1c ) + µ∗ (A ∩ B2C ∩ B1c )
= µ∗ (A ∩ B1 ) + µ∗ (A ∩ B1c )
= µ∗ (A)

Par induction, la réunion finie d’ensembles µ∗ -mesurables est µ∗ -


mesurable.
? On prend {Bn }n≥1 une suite d’éléments dans Aµ∗ deux à deux
disjoints.
k

µ∗ (A ∩ Bi ) + µ∗ (A ∩
X
soit A ⊂ X, on suppose que µ (A) =
i=1
(∩ki=1 Bic )) est vraie jusqu’à l’ordre n et on montre par récurrence
que l’hypothèse est vraie ∀n ≥ 1.
• Pour n = 1, vraie (d’après ce qui précède)
• On suppose que l’hyp est vraie pour n, et on la vérifie pour n+1.

On a µ∗ (A ∩ (∩ni=1 Bic )) = µ∗ (A ∩ (∩ni=1 Bic ) ∩ Bn+1 ) + µ∗ (A ∩ (∩n+1 c


i=1 Bi ))

( Bn+1 ⊂ ∩ni=1 Bic ) = µ∗ (A ∩ (Bn+1 ) + µ∗ (A ∩ (∩ni=1 Bic ))

n+1
D’où µ∗ (A) = µ∗ (A ∩ Bi ) + µ∗ (A ∩ (∩n+1 c ∗
X
i=1 Bi )), et puis µ (A) =
i=1
n
µ (A ∩ Bi ) + µ∗ (A ∩ (∩∞
∗ c
X
i=1 Bi )); ∀n ≥ 1.
i=1
Il s’ensuit que
9
n

µ∗ (A ∩ Bi ) + µ∗ (A ∩ (∩∞ c
X
?µ (A) ≥ i=1 Bi ))
i=1

c Donc ∪Bn ∈ Aµ∗
µ∗ (A ∩ Bi ) + µ∗ (A ∩ (∪∞
X
≥ i=1 Bi ) ) n
i=1

≥ µ∗ (A)
?? Si {En }n≥1 ∈ Aµ∗ quelconque Posons

B1 = E1
B2 = E2 \E1 = E2 ∩ E1c ∈ Aµ∗ (E1 ∪ E2c ∈ Aµ∗ )
.
.
.
Bn = En − ( ∪ Ep )
1≤p≤n−1

on a ∪np=1 Ep = ∪np=1 Bp et ∪∞ ∞
p=1 Ep = ∪p=1 Bp ∈ Aµ∗ , donc Aµ∗ est
bien une σ-algèbre sur X.
ii) Montrons que µ∗ /Aµ∗ est une mesure positive, en effet:
a) µ∗ (∅) = 0
b) Si {Bn }n≥1 ∈ Aµ∗ et Bn sont deux à deux disjoints, on prend
A = ∪∞
n=1 Bn , d’après ?, on a:


µ∗ (∪∞ µ∗ (Bn ) ≥ Aµ∗ (∪∞
X
n=1 Bn ) ≥ n=1 Bn )
n=1

. D’où µ∗ est σ-additive.

-Soit µ une mesure sur une algèbre A0 (stabilité par réunion


finie) de parties de X. On prend µ une mesure positive, σ- additive
et non constante avec la valeur +∞.
10
On définit d’une manière naturelle une mesure extérieure µ∗
sur X en termes de µ. En effet, soient A ∈ P(X) et SA = {S =
{An }n∈N ⊂ A0 / A ⊂ ∪A }, on pose
n n


∗ X
µ (A) = inf ( µ(An )).
S∈SA n=1

P.S (µ est σ -additive sur une algèbre A0 ssi pour toute {An }n∈N ⊂
A0 d’éléments deux à deux disjoints tq ∪A ∈ A, alors µ(∪∞
n n n=1 An ) =

X
µ(An )).
n=1

Lemme 2.4. La fonction µ∗ : P(X) → R+ est une mesure


extérieure qui coincide avec µ sur A0 .

Démonstration
(1) Soit A ∈ A0 , on a de manière évidente µ∗ (A) ≤ µ(A).
X X
Soit S = {An }n∈N∗ ∈ SA , µ(A) ≤ µ(An ∩A) ≤ µ(An ).
n∈N∗ n∈N∗
(µ(An )) = µ∗ (A).
X
D’où µ(A) ≤ inf ( Et par suite
S∈SA n∈N∗
µ(A) = µ∗ (A).

(2) On montre que µ∗ est une mesure extérieure sur X.


Les propriétés i) et ii) découlent directement de la définition.
On démontre iii), en effet
Soit A ⊂ X telle que A = ∪ ∗ An avec An ∈ P(X).
n∈N
• Si pour un certain indice i ∈ N, µ∗ (An ) = +∞, donc
µ∗ ( ∪ ∗ An ) ≤ µ∗ (An ) = +∞.
X
n∈N n∈N∗
• Sinon, ∀ > 0, et ∀n ∈ N∗ ; ∃ une suite {Ank }k∈N∗ dans

µ(Ank ) ≤ µ∗ (An ) + k .
X
A0 telle que An ⊂ ∪ ∗ Ank et
k∈N n∈N∗ 2
11
Par ailleurs A ⊂ ∪ Ank , il s’ensuit que
n,k∈N∗

µ∗ (A) ≤ ∗
µ∗ (An ) + .
X X
µ (An,k ) ≤
n,k∈N∗ n∈N∗

Il en résulte par passage à la limite que µ∗ (A) ≤ µ∗ (An ).


X

n∈N∗

? On désigne par B la tribu constituée des parties µ∗ -mesurables.

Lemme 2.5. La tribu A = σ(A0 ) engendrée par A0 est contenue


dans B.

Preuve
Pour cela, il suffit de montrer que A0 ⊂ B. En effet,

Soit A ∈ A0 et E ∈ P(X), on a µ∗ (E) = inf {
X
µ(An ) , S =
S∈SE n=1
{An }n∈N ⊂ A0 / E ⊂ ∪An }.
• Si µ∗ (E) = +∞, on a trivialement µ∗ (E) ≥ µ∗ (E c ∩ A) +
µ∗ (E ∩ A)
D’où le résultat .

• Si µ∗ (E) < +∞, ∀ > 0, ∃ une suite S = {An }n∈N∗ ∈ SE /



µ(An ) ≤ µ∗ (E) + .
X

n=1
∞ ∞ ∞
µ(Ac ∩ An ) ≥
X X X
D’autre part, µ(An ) = µ(A ∩ An ) +
n=1 n=1 n=1
µ∗ (A ∩ E) + µ∗ (Ac ∩ E)
On obtient µ∗ (A ∩ E) + µ∗ (Ac ∩ E) ≤ µ∗ (E) + ; ∀ > 0.
Donc µ∗ (A ∩ E) + µ∗ (Ac ∩ E) ≤ µ∗ (E). Et en vertu de la
déf d’une mesure extérieure, on a

µ∗ (A ∩ E) + µ∗ (Ac ∩ E) ≥ µ∗ (E).

D’où le résultat désiré.


12
Théorème 2.6. (théorème de prolongement)
Soit A0 une algèbre et Aσ = σ(A0 ) la tribu engendrée par A0 .
Alors toute mesure σ-finie sur (X, A0 ) se prolonge de manière
unique en une mesure σ-finie sur (X, σ(A0 )).

Preuve
Exercice.

Définition 2.7. (Propriétés presque partout)


Soit (X, A, µ) un espace mesuré.
(1) Une partie A de X est dite négligeable s’il existe B ∈
A / A ⊂ B et µ(B) = 0.
(2) Une propriété sur X est dite vérifiée presque partout pour
la mesure µ (en abrégé µ-p.p.); si l’ensemble des éléments
de X qui ne la vérifient pas est de mesure nulle.

Exemples
Soit f, g deux fonctions définies de X → C.
(1) f = g µ-p.p. ssi µ({x ∈ X; f (x) 6= g(x)}) = 0.
→ f µ-p.p. ssi µ({x ∈ X; fn (x) ne converge pas versf (x)}) =
(2) fn n→∞
0.
(3) f ≤ g µ-p.p. ssi µ({x ∈ X; f (x) > g(x)}) = 0.

Définition 2.8. (et proposition)


Soit (X, A, µ) un espace mesuré.

µ est complète ⇐⇒ ∀A ∈ A tel que µ(A) = 0, alors B ⊂ A =⇒ B ∈ A


⇐⇒ ∀A, B ∈ A tels que A ⊂ E ⊂ B et µ(B\A) = 0 =⇒ E ∈ A.

Complétion d’une mesure


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Soit (X, A, µ) un espace mesuré.
Soit N un ensemble mesurable négligeable, on peut avoir l’existance
d’un E ⊂ N tq E ∈
/ A, dans ce cas il serait logique de poser
µ(E) = 0 par extension.
µ reste t’elle une mesure sur une σ- algèbre?, la réponse est affir-
mative. En effet,

Théorème 2.9. Soit (X, A, µ) un espace mesuré et A∗ l’ensemble


des parties E ⊂ X por lesquelles, il existe A, B ∈ A tq A ⊂ E ⊂
B et µ(B\A).
On définit sur A∗ l’application µ par; µ(E) = µ(A) = µ(B).
Alors A∗ est une σ- algèbre et µ : A∗ −→ [0, +∞] est une
mesure positive complète.

Définition 2.10. A∗ est appelé le complété de A par rapport à


µ, ou on dit aussi la compétion de A (A ⊂ A∗ ).

• A ∈ A, A ⊂ A ⊂ A et µ(A\A) = µ(∅) = 0.
Preuve
Exercice

Théorème 2.11. Soient X un ensemble non vide et µ∗ une mesure


extèrieure sur X,. Soit B la tribu des parties A∗ -mesurables et
µ = µ∗ /B. Alors µ est une mesure complète sur B.

Preuve
En vertu du théorème 2.3, µ est bien une mesure positive sur
B. Il reste à montrer que µ est une mesure complète. En effet,
soit N ⊂ X / µ∗ (N ) = 0 et A ⊂ X, on a µ∗ (A) ≤ µ∗ (A ∩ N ) +
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µ∗ (A ∩ N c ) = µ∗ (A ∩ N c ) ≤ µ∗ (A).
D’où N est µ∗ -mesurable .

Théorème 2.12. Sous les hypothèses du th 2.6, soit ν une autre


mesure sur σ(A0 ) = Aσ telle que ν/A0 = µ. Alors

B = Aσ ∪ N

B est la tribu constituée des parties µ∗ -mesurables et N = {N ⊆


X/ ∃F ∈ Aσ vérifiant N ⊆ F et ν(F ) = 0}.

Avant de commencer la démonstration de ce théorème, on va


énoncer le lemme suivant.

Lemme 2.13. Soient X, A0 , µ et µ∗ les hypothèses du th 2.6.


Alors,

[
i) ∀B ⊂ X, ∃ > 0 et {Aj }j∈N ⊂ A0 / B ⊂ Aj et
j=1

∗ [
µ( Aj ) ≤ µ∗ (B) + .
j=1
On suppose que µ est σ-finie et on considère A(σ) =
σ(A0 ), les assertions suivantes sont vraies,
ii) E ⊂ X µ∗ -mesurable ssi ∃A ∈ A(σ) / E ⊆ A et µ∗ (A\E) =
0
iii) E ⊂ X est µ∗ -mesurables ssi ∃B ∈ A(σ) / B ⊆ E et
µ∗ (E\B) = 0

Démonstration du théorème
En appliquant le lemme 2.13 et le th, on obtient M(σ) =
σ(A0 ) ⊂ B et comme µ∗ /B = µ vérifie µ/A0 = µ et ν/A0 = µ
alors µ = ν/σ(A0 ).
15
De plus, en vertu du th 2.11 , on a µ est complète et σ(A0 ) ∪ N ⊂
B.
Pour montrtrer que B ⊂ σ(A0 ) ∪ N , il suffit d’ appliquer
l’assertion iii) du lemme 2.13.

Mesure de lebesgue sur R


Les résultats étudiés ci dessus vont nous servir primordialement
pour introduire l’objet de ce chapitre qui n’est autre que la mesure
de lebesgue sur R.
n
[
On considère A0 = {E ⊆ R : E = Ij , Ij sont deux à deux disjoints Ij =
j=1
]aj , bj [ ou Ij =]aj , +∞[, −∞ ≤ aj < bj < +∞} (vérifier que A0
est bien une algèbre).

Lemme 2.14. Soit µ une application définie sur A0 dans [0, +∞]
par:
n
[
µ(∅) = 0, µ(E) = +∞ si E ∈ A0 non borné et µ( ]aj , bj [) =
j=1
n
X
(bj − aj ) avec ]aj , bj [ sont deux à deux disjoints. Alors µ est
j=1
une mesure σ-additive sur A0 .

Preuve
On considère µ∗ la mesure extèrieure définie dans le lemme par
∞ ∞
µ∗ (A) = inf {
X [
µ(An ), A ⊂ An et {An }n≥1 ⊂ A0 }. Il
n=1 n=1

s’avère d’après le lemme 2.4 que µ est bien une mesure extèrieure
et µ∗ /A0 = µ.
- On définit l’espace mesuré de lebesque (R, L, m) par L =
{X ⊂ R/ X est µ∗ −mesurable} et m = µ∗ /L. D’après les
théorèmes 2.3 et 2.9, L est bien une tribu et m = µ∗ /L est une
mesure complète.
16
Propriétés
(1) Par le biais du th 2.3, L = BR ∪ N où N = {N ⊆ R/ ∃F ∈
BR , N ⊆ F et m(F ) = 0} (BR est la tribu borèlienne sur
R).
(2) ∀I ⊂ R, m(I) = l(I)( possibilité +∞, l: longueur ).
(3) La mesure de lebesgue est invariante par translation, ∀B ∈
BR , ∀α ∈ R; λ(B + α) = λ(B)
(4) La mesure de lebesgue est invariante par symetrie ∀B ∈
BR , λ(−B) = λ(B).
(5) BR ( L ( P(R)
Avec des inclusions strictes
• Argumement de cardinalité pour la première (ensemble
de Cantour).
• Axiome de choix pour la deusième(ensemble de Vitali).

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