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La puissance russe depuis 1991

« Nous avons connu des transformations importantes et difficiles et nous avons été capables de surmonter de nouveaux défis
économiques et sociaux extrêmement complexes, nous avons préservé l’unité de notre pays, édifié une société démocratique
et l’avons mise sur la voie de la liberté et de l’indépendance. Nous avons assuré la viabilité et la stabilité de presque tous les
domaines de la vie [...].
Aujourd’hui, la Russie se classe parmi les pays chefs de file dans le monde, avec un fort potentiel, tant pour l’économie à
l’exportation que pour la défense. Mais nous n’avons pas encore atteint le niveau requis pour garantir la qualité de vie et la
prospérité de la population [...].
Permettez-moi de vous rappeler qu’en 2000, 42 millions de personnes vivaient au-dessous du seuil de pauvreté, ce qui
représentait près de 30% de la population. En 2012, cet indicateur est tombé à 10%. La pauvreté a légèrement augmenté avec
la crise économique. Aujourd’hui, 20 millions de Russes vivent dans la pauvreté. Bien sûr, c’est beaucoup moins que les 42
millions de personnes de l’année 2000, mais c’est encore beaucoup trop. Il y a même des travailleurs qui doivent mener des
vies très modestes. [...]
La Russie doit s’affirmer fermement parmi les cinq plus grandes économies mondiales et son PIB par habitant doit croître de
50% jusqu’au milieu de la prochaine décennie. C’est une tâche très difficile. Je suis convaincu que nous sommes prêts à
l’accomplir.
Bien entendu, l’espérance de vie est un paramètre d’une importance fondamentale pour évaluer le bien-être des citoyens et du
pays. En 2000, la Russie affichait une espérance de vie d’un peu plus de 65 ans, celle des hommes tombant au-dessous de 60
ans. Ces dernières années, la Russie a affiché une augmentation importante de son espérance de vie moyenne, qui est parmi
les plus élevées au monde. L’espérance de vie a augmenté de plus de sept ans et se monte actuellement à 73 ans. Mais bien
sûr, ce n’est pas suffisant non plus. Aujourd’hui, nous devons nous fixer un tout nouvel objectif. D’ici la fin de la prochaine
décennie, la Russie doit rejoindre avec confiance le club des pays affichant une espérance de vie de 80 ans et plus, qui
comprend le Japon, la France et l’Allemagne. [...].
Il est important que le développement des villes devienne le moteur de tout le pays. La Russie a un vaste territoire et sa vie
active et dynamique ne peut pas être concentrée dans quelques métropoles. Les grandes villes doivent répartir leur énergie et
servir de soutien pour le développement territorial équilibré et harmonieux de l’ensemble de la Russie. [...] Nous devons
accéder à tout le pays avec des communications avancées. [...] Le pont de Crimée s’ouvrira aux voitures dans quelques mois
et aux trains l’année prochaine. Cela stimulera le développement de la Crimée et de toute la région russe de la mer Noire. [...]
Dans l’ensemble, ces six prochaines années, nous devons presque doubler les dépenses pour la construction et la réparation
des routes. [...] De grands corridors de transport eurasiens se développement également. Une route pour les véhicules
automobiles qui fera partie du corridor Europe-Asie Pacifique est déjà en construction. Nos partenaires chinois et kazakhs
impliqués avec nous dans ce projet ont déjà accompli leur part. Leurs sections sont déjà ouvertes, donc nous devons accélérer
nos travaux. [...]
La route maritime du Nord sera la clé du développement de l’Arctique et de l’Extrême-Orient russes. En 2025, le trafic de
marchandises sur cette route sera décuplé pour atteindre 80 millions de tonnes. Notre but est d’en faire une route de transfert
vraiment mondiale et compétitive. [...]
La Russie doit non seulement devenir la principale plaque tournante mondiale de la logistique et du transport, ce qui est très
important, mais aussi un centre mondial pour le stockage, le traitement, le transfert et la protection fiable d’importants
volumes d’informations, ce qu’on appelle le Big Data. [...] Nous disposons de toutes les ressources nécessaires pour mettre
rapidement en œuvre les technologies 5G et l’internet des objets. [...]
Nous devons renforcer la supériorité de l’école nationale de mathématiques. Elle donne à la Russie un fort avantage
compétitif à l’ère de l’économie numérique. [...] Je propose également de créer les conditions les plus confortables et les plus
attrayantes pour que les jeunes gens talentueux issus d’autres pays puissent aussi s’inscrire dans nos universités. Ils viennent
déjà étudier ici. Mais nous devons également créer les conditions pour que les meilleurs diplômés étrangers de nos universités
travaillent en Russie. [...]
Afin de modifier davantage la structure de l’économie nationale et d’améliorer sa compétitivité, il est impératif [...]
d’augmenter la productivité de la main-d’œuvre sur une nouvelle base technologique, gestionnaire et personnelle. Nous
accusons toujours un retard important par rapport à cet indicateur. L’augmentation des investissements est la deuxième
source de croissance. Nous avons déjà fixé la tâche de les amener à 25% du PIB, puis à 27%. Malheureusement, cet objectif
n’a pas encore été atteint. [...] Enfin, une autre source de croissance est le développement des exportations hors matières
premières. [...]
Au début des années 2000, nous étions profondément dépendants des importations alimentaires. La situation a complètement
changé. Nous sommes maintenant à l’aube de nouveaux changements. Dans quatre ans à peine, nous prévoyons
d’approvisionner davantage les marchés mondiaux que ce que nous importons de l’étranger. [...] Pour que l’économie
fonctionne à sa pleine capacité, nous devons [...] nous débarrasser de tout ce qui permet aux fonctionnaires corrompus de
faire pression sur les entreprises [...]
L’opération en Syrie a prouvé les capacités accrues des forces armées russes. Au cours des dernières années, beaucoup a été
fait pour améliorer l’armée et la marine. [...] D’énormes lacunes sont apparues après la désintégration de l’URSS. Toutes ont
été réparées. [...]
Après l’effondrement de l’URSS, la Russie, connue sous le nom d’URSS ou de Russie soviétique à l’étranger, a perdu 23,8%
de son territoire national, 48,5% de sa population, 41% de son PIB, 39,4% de son potentiel industriel, [...] ainsi que 44,6% de
sa capacité militaire en raison de la division des forces armées soviétiques entre les anciennes républiques soviétiques.
L’équipement militaire de l’armée russe devenait obsolète et les forces armées étaient dans un état pitoyable. Une guerre
civile faisait rage dans le Caucase [...].

1
Pendant un certain temps, la question n’était pas de savoir si nous serions en mesure de développer un système d’armes
stratégiques – certains se demandaient si notre pays serait même en mesure de stocker et de conserver en toute sécurité les
armes nucléaires dont nous avons hérité après l’effondrement de l’URSS. La Russie avait d’énormes dettes, son économie ne
pouvait fonctionner sans des prêts du FMI et de la Banque mondiale ; la politique sociale était impossible à soutenir.
Apparemment, nos partenaires ont eu l’impression qu’il était impossible pour notre pays, dans un avenir prévisible, de
relancer son économie, son industrie, son industrie de défense et ses forces armées à des niveaux soutenant le potentiel
stratégique nécessaire. Et si tel est le cas, il est inutile de tenir compte de l’opinion de la Russie [...].
Les États-Unis, s’autorise une croissance constante et incontrôlée du nombre de missiles antibalistiques, améliore leur qualité
et crée de nouvelles zones de lancement de missiles. Si nous ne faisons rien, cela aboutira finalement à la dévaluation
complète du potentiel nucléaire de la Russie. Cela signifie que tous nos missiles pourraient tout simplement être interceptés.
[…] De nouveaux systèmes de défense antimissile ont été installés en Alaska et en Californie ; à la suite de l’expansion de
l’OTAN à l’est, deux nouvelles zones de défense antimissile ont été créées en Europe occidentale : une a déjà été créée en
Roumanie, alors que le déploiement du système en Pologne est maintenant presque achevé. Leur gamme continuera
d’augmenter ; de nouvelles zones de lancement doivent être créées au Japon et en Corée du Sud. [...]
Comment la Russie répondra-t-elle à ce défi ? [...] Nous nous sommes lancés dans le développement de la prochaine
génération de missiles. Nous l’avons appelée Sarmat [...] Sarmat sera équipé d’un large éventail de têtes nucléaires
puissantes, y compris hypersoniques, et les moyens les plus modernes d’échapper à la défense antimissile. [...] J’estime
nécessaire de souligner que la puissance militaire croissante de la Russie est une garantie solide de la paix mondiale car cette
puissance préserve et maintiendra la parité stratégique et l’équilibre des forces dans le monde, qui, comme on le sait, a été et
reste un facteur clé de la sécurité internationale après la Seconde Guerre mondiale et jusqu’à nos jours [...]. Nous observons
le droit international et croyons au rôle central inviolable de l’ONU.
Notre partenariat stratégique global avec la République populaire de Chine en est un exemple. La Russie et l’Inde bénéficient
également d’une relation stratégique spéciale privilégiée. [...] La Russie est largement impliquée dans les organisations
internationales. Avec nos partenaires, nous faisons progresser des associations et des groupes tels que l’OTSC, l’Organisation
de coopération de Shanghai et les BRICS. Nous faisons la promotion d’un programme positif à l’ONU, au G20 et à l’APEC.
Nous sommes intéressés par une coopération normale et constructive avec les États-Unis et l’Union européenne. Nous
espérons que le bon sens prévaudra et que nos partenaires opteront pour un travail honnête sur un pied d’égalité. [...] La
Russie et ses partenaires de l’Union économique eurasienne cherchent à faire un groupe d’intégration mondialement
compétitif. L’agenda de l’UEE comprend la construction d’un marché commun pour l’électricité, le pétrole, les produits
pétroliers et le gaz, l’harmonisation des marchés financiers et la mise en relation de nos autorités douanières.
Nous devons être audacieux dans nos plans et nos actions, prendre des responsabilités et des initiatives, et devenir plus forts
[...] Ce n’est qu’alors que la prochaine décennie et l’ensemble du XXIe siècle seront sans aucun doute l’âge des triomphes
exceptionnels pour la Russie et notre succès commun. Je crois que ce sera le cas. »

Adresse annuelle de Vladimir Poutine devant l’Assemblée fédérale, 1er mars 2018

 Consignes

1) Complétez le tableau suivant.

Réaffirmation de la
Difficultés de la Russie dans Limites de cette
puissance russe dans les
les années 1990 réaffirmation
années 2000-2010
Puissance militaire
Puissance diplomatique
Puissance économique
Puissance territoriale
Puissance démographique

2) Confrontez la présentation de la Russie par Vladimir Poutine avec les documents et points de vue suivants. Vous
remplirez le tableau déjà complété en partie lors du travail précédent.

Par groupe de 4, vous travaillerez chacun sur une partie du dossier (regroupées comme indiqué ci-dessous) que vous
choisirez.

 documents 1 et 2  documents 5, 6 et 7
 documents 3 et 4  documents 8, 9 et 10

Ensuite, en échangeant au sein de votre groupe, vous devrez compléter le tableau avec ces nouveaux arguments qui
confirment ou contredisent le point de vue de Vladimir Poutine sur la puissance russe.

2
1. La Russie sous Boris Eltsine

Le premier président de la Russie post-soviétique laisse derrière lui une économie exsangue, une société éclatée et
paupérisée, une puissance défaite et humiliée sur la scène mondiale. Ce pays détient cependant des richesses en
hydrocarbures et des potentialités de redressement que l’on sous-estime. Le capitalisme a bien pris racine et de grands
groupes industriels et financiers se sont aguerris.

Jean-Marie Chauvier, Le Monde diplomatique, 24 avril 2007

Diplomatiquement, la Russie ne pèse plus sur les affaires mondiales. Repliée sur l’Europe, elle assiste impuissante à
l’élargissement de l’OTAN, à la guerre du Kosovo contre la Serbie et de la mise en place d’un système de défense anti-
missile qui, selon elle, porte atteinte à la crédibilité de sa dissuasion. Lorsqu’il prend le pouvoir en 2000, Vladimir Poutine
veut effacer ces humiliations. Il considère que l’implosion de l’Union soviétique est la « pire catastrophe géopolitique
du XXe siècle » car cela revient à laisser les mains libres à des États-Unis animés par une volonté d’hégémonie.

Pascal Boniface et Hubert Védrine, Atlas des crises et des conflits, 2016

2. Le déclin économique de la Russie sous Boris Eltsine

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3. Image et réalité de la puissance militaire russe

Depuis la révolution de Maïdan en Ukraine et l’annexion de la Crimée en mars 2014, le continent européen connaît un regain
de tension géopolitique. Plusieurs pays s’inquiètent d’une éventuelle action militaire russe que Moscou justifierait par un
impératif de protection des minorités russophones établies hors de Russie [...].
Plusieurs pays ont pris des mesures à forte charge symbolique : [...] En Lettonie, le service militaire a été remis en vigueur.
[...]
Toutes ces mesures et ces stratégies ont un adversaire commun : l’armée russe. Forte de 700  000 hommes, cette institution
héritée de l’Armée rouge soviétique est aujourd’hui considérée comme la 3 ème armée du monde en termes de budget loin
derrière les Etats-Unis et la Chine, mais devant l’Arabie Saoudite et la France. Cette armée serait « de retour » après le
marasme des années 1990, comme en témoignent l’intervention militaire en Syrie ou encore le regain d’activité de la marine
russe en Méditerranée et dans l’Atlantique.
Fait hautement symbolique, l’aviation russe a même repris depuis quelques années ses vols de patrouilles stratégiques : une
pratique qui consiste à envoyer des bombardiers à long rayon d’action à la lisière des espaces aériens de la France, du
Royaume-Uni et du Japon afin, entre autres missions, de tester le temps de réaction des forces aériennes de ces pays.
Ces épisodes bénéficient d’une importante couverture médiatique et participent à reconstruire l’image de puissance et de
modernité que l’armée russe avait perdue dans l’imaginaire collectif après la chute de l’URSS. Il en va de même de certains
exercices militaires comme Zapad 2017, qui a mobilisé plus de 70 000 hommes à la frontière des pays baltes.
Or, s’il est difficile d’estimer concrètement les capacités militaires de la Russie, certains chiffres permettent de les
relativiser : ainsi, rapporté au nombre d’habitants, le budget de la défense russe est nettement inférieur aux budgets
allemands, français et britannique. Il en va de même pour le montant total des dépenses militaires russes comparées à celles
des Etats-Unis et leurs alliés. [...] Ses capacités restent bien en deçà de celles de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord
(OTAN) que la doctrine militaire russe considère comme la principale menace à sa sécurité.
Dès lors le décalage qui existerait entre la « puissance ressentie » et la « puissance réelle » de l’armée russe semble être le
résultat d’une stratégie efficace de diversion. De fait, l’armée russe est aidée par des médias tels que RT ou Sputnik qui sont
toujours prêts à glorifier le renouveau de l’armée.

Kevin Limonier et Vladimir Pawlotsky, « La Russie, une puissance en renouveau ? », La Documentation photographique,
novembre 2018

 Les dépenses militaires de la Russie comparées à celles des autres grandes puissances militaires

Dépenses de défense en
Dépenses de défense en % Dépenses de défense par
2015
du PIB en 2015 habitant (en dollars)
(en milliards de dollars)
Russie 4.18 51.6 362
Etats-Unis 3.33 597.5 1859
Canada 0.89 14 399
Europe (OTAN + non-OTAN) 1.36 246.4 395

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4. La Russie économique et sociale en quelques chiffres

Aux commandes du pays depuis plus de dix-huit ans, Vladimir Poutine devrait être réélu à l’issue de la présidentielle,
dimanche. Pourtant, son bilan économique et social est loin d’être flatteur.
La Russie, plus vaste pays du monde, est dotée de richesses exceptionnelles : hydrocarbures, minerais rares, forêts
immenses… Pourtant, elle est confrontée à d’immenses difficultés économiques et sociales et reste dépendante d’une
économie de rente fondée sur le pétrole. Le président russe, Vladimir Poutine, aux commandes depuis plus de dix-huit ans,
devrait être réélu pour un 4e mandat à la tête du pays, à l’issue de la présidentielle dimanche 18 mars. Pourtant son bilan
économique et social est loin d’être flatteur.

143,4 millions
C’est le nombre d’habitants en Russie, selon l’édition 2018 du Bilan du Monde. Depuis 2009, la courbe de croissance de la
population est repartie à la hausse, après des années de baisse après le pic atteint en 1992 (148,689 millions d’habitants).
Selon Philippe Pelé-Clamour, spécialiste de la Russie et professeur à l’Ecole des hautes études commerciales (HEC) de Paris,
« la politique familiale de Poutine pour aider à partir du deuxième enfant n’a pas fonctionné dans les villes, mais seulement
dans les campagnes ». Depuis l’arrivée au pouvoir de Poutine, le taux de fécondité – en forte baisse depuis 1987 – est certes
reparti à la hausse, mais il reste trop faible pour assurer le renouvellement des générations ; il était de 1,75 en 2015, selon les
données disponibles les plus récentes.

1 469,3 milliards
C’est, en dollars, le montant du produit intérieur brut de la Russie, selon le Bilan du Monde, qui s’appuie sur les chiffres du
Fonds monétaire international (FMI). Le pays, qui a le 12e plus gros PIB du monde, se place entre la Corée du Sud (1 529,7
milliards) et l’Espagne (1 307,2 milliards) et loin derrière les Etats-Unis, premiers avec 19 362,1 milliards de dollars. Le PIB
russe, qui était à son plus-haut en 2013, représente actuellement un petit peu moins de 2 % du PIB mondial.

+ 1,8 %
C’est le taux de croissance qu’a connu Russie en 2017, d’après les estimations du FMI. Pour 2018, la présidente de la Banque
centrale de Russie, Elvira Nabioullina, a estimé, en décembre 2017, que la croissance serait « entre 1,5 % et 2 % ». Le pays a
beau être sorti de la récession dans laquelle il était plongé depuis 2014, sous le double effet de la chute des cours du pétrole et
des sanctions, la reprise reste fragile, notamment à cause de la production industrielle qui a suivi une brusque rechute en
novembre 2017.

- 8,4 %
C’est le déficit budgétaire hors recettes pétrolières en 2017, selon le FMI. Avec les recettes pétrolières, il n’était que de 1 %
en 2017. Cela montre la dépendance énorme du budget aux recettes des ventes d’hydrocarbures.

10 307
C’est, en dollars, le revenu national brut par habitant en 2016, selon la Banque mondiale. En hausse quasi constante depuis
des dizaines d’années, ce chiffre accuse une baisse depuis 2013 et place aujourd’hui la Russie assez loin dans le classement
mondial (entre la 55e et la 60e place, selon les modes de calcul), à quelques rangs devant le Kazakhstan, mais derrière
notamment la Pologne et la Hongrie.

71,3 ans
C’est l’espérance de vie moyenne en 2015, selon l’Organisation de Coopération et de Développement Economiques (OCDE),
avec un écart très important entre les femmes (76,7 ans) et les hommes (65,9 ans). Cette moyenne reste bien en deçà de celle
que connaissent la plupart des pays développés à l’instar de la France (82,4 ans) ou des Etats-Unis (78,8 ans).

19,8 millions
Selon les statistiques officielles russes, c’est le nombre de Russes vivant sous le seuil de pauvreté en 2016 ; 13 % de la
population vivait cette année avec moins que le revenu minimal fixé à 9 691 roubles (environ 160 euros), soit le niveau le
plus haut enregistré depuis dix ans. Ils n’étaient que 16,1 millions à vivre sous ce seuil en 2014, avant l’entrée de la Russie en
récession à cause de l’effondrement des cours du pétrole et des sanctions occidentales dues à la crise ukrainienne. L’année
2016 fut donc la pire en Russie en termes de pauvreté depuis 2006, quand 21,6 millions de Russes vivaient sous le seuil de
pauvreté.
Edouard Pflimlin, Le Monde, le 17 mars 2018

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5. La démographie russe, chantier politique majeur

Le déclin démographique des années 1990-2000 survient dans le contexte de la détérioration des conditions de vie de
l’immense majorité de la population à la suite des réformes économiques et sociales de libéralisation économique et politique
et de privatisation connues sous le nom de « thérapie de choc ».
L’explosion du taux de chômage, du taux de pauvreté et la très importante hausse des prix ne sont pas sans lien avec la
recrudescence de maladies mortelles jusque là disparues, la diminution de l’espérance de vie et une augmentation importante
du nombre d’homicides.
A partir de 2000, le retour de la croissance économique, portée par la hausse du prix des hydrocarbures, contribue à la mise
en place de politiques natalistes volontaristes (aides pour favoriser la hausse du taux de natalité). [...]
A l’échelle nationale, la répartition et l’évolution de la population sont très inégales. [...] Dans 62 des 85 régions russes, le
solde démographique est déficitaire : le bilan migratoire y est le plus souvent négatif, équilibré dans le meilleur des cas ; le
taux de natalité y est relativement élevé, mais ne permet un renouvellement de la population face à un taux de mortalité élevé
et à une espérance de vie plus faible.

Kevin Limonier et Vladimir Pawlotsky, « La Russie, une puissance en renouveau ? », La Documentation photographique,
novembre 2018

6. Hydrocarbures : des enjeux stratégiques

Malgré une inflexion indéniable, l’économie russe demeure en grande partie basée sur les revenus que lui apporte la vente
d’hydrocarbures. A ce titre, en 2016, la part des hydrocarbures dans les exportations totales russes atteignait 63 %. Aussi, la
Russie est-elle dans une situation d’interdépendance avec une partie de ses partenaires commerciaux : si ceux-ci sont
fortement dépendants des hydrocarbures russes, en particulier en Europe de l’Est, la Russie est elle-même dépendante, sur le
plan économique de cette demande extérieure. [...]
Les voies d’acheminement des hydrocarbures grâce à des tubes sont au cœur de la politique énergétique russe. La Russie
essayant de diversifier ses itinéraires d’exportation d’hydrocarbures vers l’Europe. Il s’agit de réduire la part des exportations
qui transitent vers l’Ukraine. [...] La Russie tente d’atténuer sa dépendance envers l’Europe en cherchant à instituer des
relations commerciales pérennes avec ses voisins asiatiques (projets Force de Sibérie et VSTO 2 vers la Chine). [...] Le
débouché chinois permettra d’extraire des hydrocarbures depuis des gisements sibériens très reculés et jusque-là faiblement
exploités.

Kevin Limonier et Vladimir Pawlotsky, « La Russie, une puissance en renouveau ? », La Documentation photographique,
novembre 2018

 Gisements et transport des hydrocarbures russes

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7. Les exportations russes en 2017

8. La Russie de retour sur la scène internationale

[La Russie] apparaît conquérante, et même menaçante […]. Loin d’être une « superpuissance », disposant de moyens
nettement moins importants que ceux des États-Unis ou de la Chine, la Russie semble pourtant omniprésente sur la scène
internationale : opérations militaires en Syrie, « cyberattaques » supposées lors des dernières élections américaines,
organisation de grands événements sportifs comme les championnats du monde de football en 2018 […]. Le succès de
l’action internationale de la Russie est justement d’avoir su démultiplier la visibilité de ses instruments de puissance (armée,
économie, innovation, sport, etc.), grâce notamment à une stratégie très cohérente.

Kevin Limonier et Vladimir Pawlotsky, « La Russie, une puissance en renouveau ? », La Documentation photographique,
novembre 2018

9. Les démonstrations de force de la Russie

Qu’est-ce que l’intervention en Syrie a apporté à la Russie ?

[…] L’un des objectifs énoncés était de combattre le terrorisme. Sur cette question, la Russie a une conception à l’opposé de
celle des Américains1. […] Ensuite, il y avait l’idée de modifier, par cette intervention au Moyen-Orient, le cadre des
relations de la Russie avec l’Occident – et c’est ce qui s’est passé. […] La Syrie […] est centrale, donc cela aide Moscou à
regagner une position centrale dans les relations internationales. Une troisième raison, si l’on veut être cynique, était de tester
et de montrer les capacités militaires russes. Même en Russie, pas mal de gens ont été surpris par la performance des forces
russes. […]
Comment la place de la Russie dans le monde a-t-elle évolué depuis 2012, lorsque Vladimir Poutine a entamé son troisième
mandat ?
[…] Jusqu’à 2013, le sentiment général était que d’une manière ou d’une autre la Russie ferait partie de la grande Europe. Ce
n’est plus le cas, et c’est un défi important. D’un autre côté, la Russie est maintenant perçue comme un acteur beaucoup plus
sérieux qu’avant. Que cela plaise ou non, la capacité à recourir à la force est un atout important.

Fiodor Loukianov, « La place de la Russie dans le monde reste incertaine », Le Monde.fr, 23 mars 2016

1. Engagée aux côtés du régime de Bachar el-Assad, la Russie a en réalité concentré ses frappes aériennes contre les zones
rebelles au régime.

10. La Russie en Ukraine

Dans cette guerre qu’il a déclenchée, le Kremlin a violé les traités internationaux par lesquels la Russie s’engageait à
respecter l’intégrité territoriale et les frontières de l’Ukraine […]. En août 2008, même Vladimir Poutine affirmait encore que
la Crimée n’était pas « un territoire disputé » et que la Russie avait « reconnu depuis longtemps les frontières de l’Ukraine
actuelle ». C’est donc la parole des autorités russes qui se trouve, de nouveau, décrédibilisée. Tout cela est connu, et le
tandem franco-allemand tente, depuis plusieurs mois, de faire cesser cette guerre, dite hybride, qui a causé plus de dix mille
morts, des milliers d’orphelins et des centaines de milliers de réfugiés. Mais ce qui sidère aujourd’hui encore, c’est
l’obstination de certains Occidentaux qui continuent de nier l’implication de la Russie. […] Certes, la Russie qui ne se
résume pas au Kremlin est un grand pays. [...] La Russie est aussi un pays en pleine dérive autoritaire, corrompu comme
jamais, qui tente de dissimuler une crise identitaire profonde en terrorisant ses voisins. Elle y réussit : en Ukraine, dans les
Pays baltes, en Géorgie, même en Biélorussie et au Kazakhstan, on craint, à tort ou à raison, une expédition militaire russe
[…]. Le tout avec l’accord tacite d’Occidentaux paralysés.

Tribune de Cécile Vaissié, « Ukraine. Et le droit international ? », Ouest-France.fr, 21 juillet 2017

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