Vous êtes sur la page 1sur 56

MEMOIRE

Présenté en vue de l'obtention du Master en Ingénieur de


Gestion, finalité Advanced Management

Quelle performance économique pour l'ex-RDA


(Allemagne de l'Est) de 1949 à 1989 ?

Par Benoît Deprez


Directeur : Professeur Jean-Luc Demeulemeester

Assesseur : Professeur Kenneth Bertrams

A n né e a ca d ém i qu e 2 01 6 - 2 0 17
Remerciements :

J’aimerais remercier toutes les personnes qui ont pu m’aider de loin ou de près à la
réalisation de ce mémoire.

Premièrement mon promoteur, le professeur Jean-Luc Demeulemeester pour m’avoir


accordé du temps et m’aider à m’orienter dans ce travail. Je remercie également le professeur
Claude Diebolt de l’université de Strasbourg pour ses réponses toujours plus rapides et ses
encouragements. La relecture minutieuse de Cécile pour effacer chaque faute me fut
également précieuse.

Ensuite je tiens à remercier Léa qui a su supporter mes sautes d’humeur durant la
rédaction, prendre soin de moi et me réconforter dans mes moments de doutes. Merci aussi à
tous mes amis, pour ces moments de rigolades et de guindailles durant toutes ces années.

Finalement merci à mes parents pour leur soutien mais surtout merci à eux de m’avoir
offert cette jeunesse merveilleuse.

ii
Table des matières
Introduction ................................................................................................................................ 1

I.Aux origines de la République démocratique allemande......................................................... 3

Origine géopolitique ............................................................................................................... 3

Situation économique après-guerre ........................................................................................ 5

II.Historique des politiques économiques .................................................................................. 8

La construction de l’économie planifiée : 1947-1953 ............................................................ 8

Vers la construction du rideau de fer : 1953-1961 ............................................................... 12

De la réforme à la chute d’Ulbricht : 1961-1971 ................................................................. 14

Stabilisation du régime socialiste : 1971-1982 .................................................................... 17

Vers la chute du mur : 1982-1989 ........................................................................................ 20

III.Analyse de l’économie de la RDA ...................................................................................... 24

Le produit intérieur brut ....................................................................................................... 25

Productivité et problèmes inhérents du système .................................................................. 27

Commerce extérieur et interallemand .................................................................................. 34

Niveau de vie ........................................................................................................................ 39

Conclusion ................................................................................................................................ 42

Références ................................................................................................................................ 44

Livres .................................................................................................................................... 44

Articles ................................................................................................................................. 45

Autres ................................................................................................................................... 47

Annexes .................................................................................................................................... 48

iii
Table des figures
Figure 1 : Comparaison des PIB de la RDA dans les différentes études (1950 = 100) ........... 25

Figure 2 : PIB/habitant de la RDA et de la RFA (1950=100) .................................................. 26

Figure 3 : Evolution du PIB/habitant et du PIB/travailleur de la RDA (1950=100) ............... 27

Figure 4 : Ratio de la productivité du travail en RDA sur la productivité du travail en RFA . 28

Figure 5 : Part de la consommation et de l’investissement dans l’usage domestique du PIB de


la RFA et la RDA (en %) ......................................................................................................... 30

Figure 6 : Répartition des investissements en RDA en fonction des secteurs (en %) .............. 30

Figure 7 : Evolution du coefficient marginal de capital ........................................................... 31

Figure 8 : Structure du commerce extérieur de la RDA par catégorie (en %) ......................... 35

Figure 9 : Structure du commerce extérieur de la RDA par région (en %) .............................. 36

Figure 10 : Balance commerciale de la RDA (en million de Valutamarks) ............................ 36

Figure 11 : Structure du Commerce de la RDA avec la RFA (moyenne annuelle en %) ........ 38

Figure 12 : Evolution des biens de consommation durables pour 100 ménages en RDA ....... 40

Figure 13 : Biens de consommation durables pour 100 ménages en RFA en 1973 ................. 40

Figure 14 : Espérance de vie à la naissance d’un homme en RFA et RDA ............................. 41

Figure 15 : Evolution de la population de la RDA et de la RFA (en million) ......................... 48

Figure 16 : Part de travailleurs dans la population totale de la RFA et de la RDA.................. 49

Figure 17 : Répartition des investissements dans le secteur de l’industrie en RDA (en %) .... 50

Figure 18 : Structure du commerce de la RDA avec l’URSS (moyenne annuelle en %) ........ 51

Figure 19 : Structure du commerce de la RDA avec la Pologne (en %) .................................. 51

Figure 20 : Structure du commerce de la RDA avec la Hongrie (en %) .................................. 52

Figure 21 : Structure du commerce de la RDA avec l’OCDE (moyenne annuelle en %) ....... 52

iv
Introduction

L’opposition d’idéologie entre le bloc soviétique et le bloc capitaliste occupa une grande
place dans l’espace géopolitique de la seconde moitié du 20ème siècle, chacun voulant
démontrer la suprématie de son modèle. Durant cette période, les régimes communistes ne se
sont pratiquement établis que dans des pays très peu développés d’un point de vue économique
et qui trouvaient en cette idéologie un moyen de développer leur économie et de bouleverser la
hiérarchie sociale. Au vu des différences des conditions initiales, une comparaison de
l’évolution économique de l’un de ces pays avec l’économie d’un pays capitaliste développé
peut être désuète.

Avec la République démocratique allemande (RDA), une autre perspective apparaît. En


effet, pour la première fois un pays déjà développé industriellement va mettre en place une
économie centralement planifiée. L’Allemagne de l’Est et la République fédérale d’Allemagne
(RFA) offrent aussi un point de comparaison particulièrement intéressant. Ces deux territoires
formaient un pays unis jusqu’en 1945 et partagent une même histoire, leurs valeurs, leur culture,
leurs institutions et une structure économique similaire. La répartition des ressources entre deux
Etats distincts séparés par le rideau de fer aura des répercutions. Pour comparer les deux
systèmes, il faut analyser les politiques économiques intérieures menées par les deux pays (dont
notamment les politiques d’occupation dans un premier temps) ainsi que leur position et leur
intégration dans une économie mondiale.

Ce mémoire aura donc pour objectif d’analyser le développement économique de


l’Allemagne de l’Est durant son existence et de le comparer à celui de la RFA. Un obstacle de
taille doit être signalé lorsque l’on étudie les économies centralement planifiées et donc la
RDA : ce sont les données. En effet, les publications officielles utilisent un système de
comptabilité nationale différent, une monnaie qui ne possède pas de taux de change sur le
marché officiel, une notion de prix très différente ou encore certaines données qui ne sont jamais
publiées. Néanmoins même s’il est impossible de présenter des chiffres exacts, on retrouve des
tendances similaires dans les diverses études qui ont été réalisée pour convertir les données
officielles et permettre leur comparaison avec des économies capitalistes. De plus depuis la

1
chute du mur de Berlin, l’ouverture des archives a permis aux chercheurs de confirmer ou
d’infirmer certaines de leurs hypothèses.

Le premier chapitre présentera les origines de la séparation de l’Allemagne en deux Etats


distincts ainsi que la politique d’occupation instaurée par les différents vainqueurs de la
Seconde Guerre Mondiale. La situation économique au sortir de la guerre sera développée ainsi
que la répartition inégale des facteurs de production entre les deux territoires.

Le deuxième chapitre sera consacré aux différentes politiques économiques qui ont été
menées par le gouvernement de la RDA. Celles-ci seront rythmées par des périodes de
centralisation fortes suivies de plus grandes libertés économiques. L’organisation des différents
secteurs sera évoquée ainsi que les problèmes rencontrés par l’Allemagne de l’Est.

La dernière partie sera consacrée à l’analyse des indicateurs de performance de l’économie


de la République démocratique allemande et à la comparaison par rapport à l’évolution de ceux
de son voisin de l’Ouest. Les échanges commerciaux avec ses partenaires soviétiques et avec
le bloc capitaliste seront aussi présentés de même qu’une estimation du niveau de vie de la
population.

2
I. Aux origines de la République démocratique allemande

Origine géopolitique

Les origines de la République démocratique allemande se trouvent dans les différents


accords pris par les chefs d’Etat des nations alliées après la seconde guerre mondiale. A la suite
des différentes conférences de 1944 (Londres) et 1945 (Yalta, Potsdam) les représentants de
l’URSS (Joseph Staline), des Etats-Unis (Franklin Roosevelt puis Truman) et du Royaume-Uni
(Winston Churchill ensuite Clément Atlee) décident de diviser l’Allemagne en trois parties puis
en quatre. L’une de ces parties est cédée à la France. L’ancienne capitale Berlin, située en
territoire soviétique, se voit attribuer un statut spécial et est également divisée entre les quatre
nations alliées. L’objectif est clair, éliminer l’autorité publique allemande et la transférer au
Conseil de contrôle allié créé le 30 août 1945, qui est administré par les quatre puissances
occupant le territoire allemand. C’est également les origines de l’affrontement des deux
superpuissances que sont les USA et l’URSS.

Lors de la conférence de Potsdam (de juillet à août 1945), les alliés statueront sur les
objectifs de l’occupation du territoire allemand, ceux-ci sont connus sous le nom des 5D. La
dénazification, qui correspond à la déconstruction de l’idéologie nazie et aux procès des
criminels de guerre (procès de Nuremberg, Fragebogen1), la démilitarisation, la décartellisation
des empires industriels nazis, accompagnée d’une réduction de la capacité industrielle
allemande. Et finalement la démocratisation et la décentralisation du pouvoir politique. Des
partis seront alors créés et, la presse et la religion retrouveront leur liberté.2

Toutefois, les alliés vont rapidement avoir des désaccords quant à la gestion des différents
territoires. La France va s’opposer à la création d’une administration allemande et les
soviétiques vont imposer un niveau industriel ridiculement bas, ce qui aura comme conséquence

1 Questionnaire politique de 131 points utilisé par les 4 puissances, il devait être complété par chaque allemand désirant
travailler dans la société civile ou lié à un poste politique, culturel ou social.
2
WAHL, A. (2009), L’Allemagne de 1945 à nos jours, p.16-25

3
que l’Allemagne ne pouvait plus subvenir seule à ses besoins ; la famine ne put être endiguée
que grâce à l’envoi de colis alimentaires provenant de Londres et de Washington.

A l’Est, l’URSS ne cesse d’imposer son idéologie communiste et veut garantir son
hégémonie sur l’Europe. En réaction, le 1er janvier 1947, les américains et les britanniques
regroupent leurs zones pour créer la « bizone » et suivrent une politique commune.

En 1948, le divorce entre les quatre nations est définitivement consommé. Dans un
premier temps, les USA lancent le plan Marshall, plan qui vise à aider l’Europe à se redresser
et à tisser des liens économiques forts entre le vieux continent et les Etats-Unis. Ce plan est mis
en place dans une grande partie de l’Europe excepté dans les états sous influence soviétique,
l’URSS ayant opposé son véto. Dans un deuxième temps, en mars 1948, la France, la Belgique,
les Pays-Bas, le Luxembourg et la Grande-Bretagne s’unissent lors du traité de Bruxelles, celui-
ci promeut une défense mutuelle ainsi que des accords socio-économiques et culturels. Suite à
ces évènements, l’Union soviétique décide de quitter le Conseil de contrôle allié, ce qui signe
la fin de tout espoir d’une Allemagne unifiée.

La suite logique est l’intégration de la zone française dans la « bizone » qui devient alors
la « trizone » et une réforme monétaire avec l’introduction du Deutsche Mark. La réaction
soviétique ne se fit pas attendre, deux jours après le mark-Est fut créé. La deuxième
conséquence, et non des moindres, fut que l’URSS instaura un blocus de Berlin-Ouest
empêchant tout approvisionnement par voie navigable, par rail ou par route. Leur intention était
d’instaurer une telle pression sur les Etats occidentaux que ceux-ci seraient contraints de quitter
Berlin mais également de les dissuader de mener à bien leur réforme monétaire et de créer un
nouvel Etat. Cette stratégie fût un échec, les états occidentaux vont durant neuf mois ravitailler
l’ouest de Berlin grâce à un pont aérien. La décision fût alors prise par les occupants de la
« trizone » de créer un Etat fédéral ouest-allemand ; la République fédérale d’Allemagne (RFA)
fut créée le 23 mai 1949. Dans sa constitution il était toutefois spécifié que cet Etat pouvait être
transitoire et qu’il existait la possibilité de réunir les Landërs pour former une Allemagne libre
et unifiée.3

3
WINKLER, H. A. (2000), Histoire de l’Allemagne XIX-XX siècle, p.563-580

4
L’espoir de Staline était de pouvoir créer une Allemagne unie avec un régime
communiste agissant sous l’influence de Moscou mais, avec la création de la RFA, il dut se
résoudre à accepter la création de la République démocratique allemande le 27 septembre 1949.
Les premières élections en Allemagne de l’Est se déroulent sous forme de liste unique et le
Sozialistische Einheitspartei Deutschlands (SED), parti communiste prosoviétique, sort
vainqueur de ces élections et devint le parti unique. La RDA était donc née sous une nouvelle
forme de dictature se donnant l’image d’un rempart contre le fascisme.4

Situation économique après-guerre

Avant d’étudier l’évolution des politiques économiques en RDA, il convient d’analyser la


situation des territoires de l’Est au sortir de la guerre.

Premièrement, les deux Etats ont subi les ravages de la guerre et les bombardements
incessants des alliés, leur capacité industrielle ainsi que leurs infrastructures furent durement
touchées. La zone Ouest fut la cible de plus de bombardements et de combats et fut donc au
final plus affectée. On considère que 15% des capitaux industriels furent détruits dans la zone
soviétique contre 21% dans la zone contrôlée par les occidentaux.5 Néanmoins si l’on compare
le niveau de la capacité industrielle de la RDA en 1944 par rapport à son niveau d’avant-guerre
en 1936, on constate qu’il est bien plus élevé. Les destructions de guerre n’ont donc pas été le
facteur le plus impactant sur le développement de l’Allemagne de l’Est.6

Le deuxième élément qui a affecté l’économie est le démantèlement demandé comme


réparation de guerre par les alliés. Alors que dans la partie Ouest, les vainqueurs de la guerre
ne démantèlent pratiquement que l’industrie militaire et veulent éviter de répéter les erreurs de
la fin de la première guerre mondiale. A l’Est les soviétiques abusent de leur pouvoir et
prélèvent dix fois plus que les occidentaux.7 Le démantèlement se fait tout azimut, souvent de
manière désordonnée, avec des pièces qui se perdent ou qui deviennent inutilisables avant

4
WINKLER, H. A. (2000), Histoire de l’Allemagne XIX-XX siècle, p.583-584
5
CORNELSEN, D. et POHL, R. et Deutsches Institut für Wirtschaftsforschung. (1979), Handbook of the economy of the
German Democratic Republic, p.110
6
RITSCHL, A. & VONYÓ, T. (2014), The roots of economic failure: what explains East Germany’s falling behind between 1945
and 1950?
7
LACHAISE, F. (2001), Histoire d’un état disparu : La république Démocratique Allemande de 1945 à nos jours, p.32-33

5
d’arriver jusqu’en URSS.8 Les secteurs les plus touchés sont les grosses industries telles que la
production de fer, de machines et d’automobiles qui voient leur capacité de production réduite
de 75% par rapport au niveau d’avant-guerre. Les industries plus légères, tels que le textile ou
la mécanique de précision, sont démantelés à hauteur de 20 à 50% en fonction des secteurs.9

Le troisième élément qui affecta fortement le futur territoire de la RDA au sortir de la guerre
fût les livraisons d’une partie de la production allemande vers l’Union soviétique qui durèrent
jusqu’en 1953. Ces réparations de guerre pesèrent lourd sur l’économie du territoire de l’Est.
On estime en effet qu’elles représentaient 48.8% de la production brut en 1946 pour diminuer
progressivement jusqu’à 12.9% en 1953.10

Le quatrième élément à souligner est le bouleversement dans le secteur agricole juste après
la guerre. En 1945, les terres arables sont principalement concentrées dans les mains de grands
propriétaires terriens, les autorités soviétiques décident alors de saisir sans indemnité tous les
domaines supérieurs à 100 hectares tout comme ceux ayant appartenu à des criminels de guerre.
Plus de 10 000 propriétés, représentant 2,1 millions d’hectares, sont ainsi morcelées en terre de
5 à 15ha et distribuées à plus de 500.000 personnes, essentiellement des anciens et de nouveaux
petits paysans allemands et des réfugiés venant de l’Est.11

Le dernier élément concerne l’industrie. La partie nord du territoire soviétique est


spécialisée principalement dans l’agriculture, le Sud est quant à lui très industrialisé.
Néanmoins, presque l’intégralité des matières premières nécessaires à la production provient
de la partie ouest de l’Allemagne ou des importations. Comme ordre de grandeur on peut citer
le fait qu’en 1943 seulement 2% de la fonte et du charbon proviennent de la zone soviétique.12
La principale ressource disponible est le lignite qui sera d’ailleurs utilisé en grande quantité
pour la production d’énergie en RDA (83.1% en 1960 et 65.5% en 1975).13
De plus, l’industrie subit, tout comme le secteur agricole de grands changements. En effet,

8
STEINER, A. (2010), The plans that failed an economic history of GDR, p.16-18
9 STEINER, A. (2010), The plans that failed an economic history of GDR, p.19
10 STEINER, A. (2010), The plans that failed an economic history of GDR, p.22
11 WAHL, A. (2009), L’Allemagne de 1945 à nos jours, p.43
12 STEINER, A. (2010), The plans that failed an economic history of GDR, p.12
13CORNELSEN, D. et POHL, R. et Deutsches Institut für Wirtschaftsforschung. (1979), Handbook of the economy of the
German Democratic Republic, p.110

6
l’administration militaire soviétique (SMAD) décrète une politique d’étatisation de l’industrie.
En 1946, 45% des entreprises industrielles passent d’un statut privé à un statut public appelé
« Volkseigentum » (propriété du peuple).14

14
LACHAISE, F. (2001), Histoire d’un état disparu : La république Démocratique Allemande de 1945 à nos jours, p.31

7
II. Historique des politiques économiques

La construction de l’économie planifiée : 1947-1953

En 1947 l’Allemagne de l’Est est en crise, les récoltes sont mauvaises, l’industrie a
utilisé toutes les réserves de ressources datant de la guerre et commence à s’essouffler, le
marché noir se développe, le réseau de transport est très affaibli et les réparations de guerre
versées aux soviétiques accablent l’économie. A partir de cette crise et jusqu’à la révolte des
travailleurs en juin 1953, les territoires soviétiques puis la RDA vont suivre la voie de
l’édification du socialisme et la transformation de l’économie en une économie planifiée
influencée fortement par le modèle soviétique.

La première question à se poser est de savoir qui prend les décisions politiques durant
cette période. Au sortir de la guerre c’est l’administration militaire soviétique qui dirige le pays,
ensuite avec l’autorisation de la reformation des partis politiques deux grands partis de gauche
se démarquent, le Sozialdemokratische Partei Deutschlands (SPD) rassemblant les sociaux-
démocrates et le Kommunistische Partei Deutschlands (KPD) rassemblant les communistes.
Sous la pression des soviétiques, le KPD accepte finalement une fusion avec le SPD pour créer
le SED, parti qui vise l’établissement de la dictature du prolétariat. Rapidement, avec l’aide des
soviétiques le SED va prendre le pouvoir en RDA et éliminer toute forme d’opposition politique
(la liste unique obtiendra un score moyen de 99% à chaque élection), il restera au pouvoir
jusqu’à la chute du mur de Berlin en 1989. Depuis 1950 Walter Ulbricht qui est le secrétaire
général du parti est le preneur de décision, il le restera jusqu’à sa chute en 1971.15 Pour ce qui
est de la mise en place de la politique économique, le pouvoir est donné à la Commission
économique allemande (DWK) qui deviendra la Commission nationale de planification en 1950
et qui est en charge de l’établissement des plans.

Au niveau de la politique et de son commerce extérieur, la RDA va renforcer ses liens


avec ses voisins de l’Est. La part de son commerce extérieur attribuée aux échanges avec les
pays de l’est et du sud-est de l’Europe va passer de 9% en 1947 à 68% en 1950. 16 Cette

15
LACHAISE, F. (2001), Histoire d’un état disparu : La république Démocratique Allemande de 1945 à nos jours
16
STEINER, A. (2010), The plans that failed an economic history of GDR, p.48

8
augmentation est due à plusieurs facteurs. D’abord comme dit dans le premier chapitre, la RDA
ne dispose pas de matières premières et l’URSS va devenir son principal fournisseur tout au
long de son existence. Ensuite avec la création de deux monnaies distinctes en RDA et RFA, le
manque cruel de Dollar dans la partie Est et l’embargo imposé par les USA sur certaines
technologies, le commerce avec les occidentaux est rendu difficile.17 Finalement on peut aussi
noter qu’en 1950, la RDA rejoint le Conseil d'aide économique mutuelle (CAEM ou
COMECON), une organisation dont les membres fondateurs sont différents pays de l’Est
(République tchécoslovaque, Pologne, URSS, Bulgarie, Hongrie, Roumanie et Albanie) et qui
a pour but de coordonner les différentes productions de ses membres et faciliter le commerce
entre eux.

Au milieu de l’année 1948, un premier plan de deux ans (1949-1950) est adopté, ses
deux principaux objectifs sont une augmentation de la production (35%) et de la productivité
(30%). Pour motiver les travailleurs, les soviétiques vont réintroduire le travail payé au
rendement, lancer des campagnes de propagandes basées sur le modèle soviétique avec comme
héros un mineur nommé Hennecke et des paiements en nature sont aussi proposés si les
objectifs du plan sont remplis (repas chauds, vêtements, etc).18 Néanmoins certains ouvriers
résistent contre ce système de paiement typiquement capitaliste, en réaction les autorités vont
alors supprimer les limites de bonus au salaire et ne plus augmenter les objectifs de production
individuelle qu’en cas d’évolution technique. Ce qui aura comme effet négatif pour l’économie
une hausse des salaires réels bien plus rapide que la hausse de la productivité.19

En 1950, le gouvernement décide d’établir son premier plan quinquennal (1951-1955),


celui-ci aura comme dessein principal de continuer à faire croitre la production industrielle (la
doubler par rapport à celle de 1936), le focus sera mis sur l’industrie lourde (métallurgie,
chimie), sur la production énergétique et la production de machines. Ce plan aura également
deux autres buts, assurer les besoins en biens de consommation de la population et continuer la
socialisation dans tous les domaines de l’économie.20

17
STEINER, A. (2010), The plans that failed an economic history of GDR, p.49
18 BADIA, G. (1987), Histoire de l’Allemagne contemporaine : Les deux Etats allemands RFA-RDA, p.409
19
STEINER, A. (2010), The plans that failed an economic history of GDR, p.44-45
20
BADIA, G. (1987), Histoire de l’Allemagne contemporaine : Les deux Etats allemands RFA-RDA, p.458

9
L’année 1952 est charnière pour la montée du socialisme en RDA. Dans le secteur
agricole, la répartition des terres n’a pas eu l’effet escompté, les machines manquent, et les
nouveaux paysans sont inexpérimentés entraînant de médiocres récoltes. Le parti va alors lancer
une campagne de collectivisation et créer les Landwirtschaftliche Produktionsgenossenschaft
(LPG) qui sont des coopératives agricoles plus simples à gérer pour la planification. Pour
accélérer ce mouvement, l’Etat impose des quotas et des taxes plus élevées aux agriculteurs
indépendants et les coopératives reçoivent quant à elle davantage de subsides ou encore un
accès simplifié aux machines agricoles. Les industries et les entreprises de service privées sont
également poussées à la collectivisation, les taxes sont augmentées ainsi que les quotas de
production et des crédits leur sont refusés.21

Au début de l’année 1953, l’économie va mal. Les autorités en demandent trop et il est
impossible de remplir tous les objectifs : les livraisons de réparation de guerre, le réarmement
de la RDA demandé par les soviétiques, l’augmentation de la production de l’industrie ou
encore l’approvisionnement de la population. Il en résulte une pénurie de produits de base :
légumes, viandes, vêtements et, ajouté à cela, les fréquentes coupures de courant.22 Le parti va
alors augmenter les taxes et diminuer les avantages sociaux des classes moyennes, supprimer
les cartes de rationnement des allemands de l’Est travaillant dans Berlin-Ouest. Cette situation
désastreuse aura pour conséquence d’accélérer la fuite des travailleurs vers la RFA, or ces
derniers sont principalement des personnes qualifiées, des artisans et des paysans. On estime
qu’en 1953, 331 000 personnes quitteront la RDA.23

Cette émigration de masse ne va pas améliorer le sort de l’économie, le SED va alors


toucher à la dernière classe sociale épargnée jusqu’à présent, les ouvriers. Les quotas de
production par ouvrier vont être augmentés de 10% pour essayer d’ajuster la productivité aux
salaires mais avec l’inflation constante due à la pénurie, les ouvriers des classes sociales les
plus basses estiment qu’ils ne pourront plus vivre décemment et la révolte gronde.24 Le 11 juin
1953, le SED publie un décret, le « Nouveau cours » expliquant qu’il aurait commis des fautes

21
STEINER, A. (2010), The plans that failed an economic history of GDR, p.57-58
22
STEINER, A. (2010), The plans that failed an economic history of GDR, p.59
23
BADIA, G. (1987), Histoire de l’Allemagne contemporaine : Les deux Etats allemands RFA-RDA, p.462
24
STEINER, A. (2010), The plans that failed an economic history of GDR, p.60

10
et que des changements vont être apportés : la suppression de certaines mesures fiscales,
l’augmentation d’aides sociales, l’autorisation pour ceux qui ont fui de revenir au pays mais les
modifications apportées aux quotas de production restent inchangées. Cette publication sera
vue comme une faiblesse du gouvernement et ne sera pas comprise par le peuple.25 Le 17 juin,
on assiste à une explosion des tensions, les ouvriers lancent un mouvement de protestation et
marchent vers le siège du gouvernement de Berlin-Est ; ces manifestations commencent à
dégénérer en émeutes, des magasins sont pillés, des permanences du SED détruites. C’est alors
que le gouvernement soviétique va réagir en envoyant ses troupes et surtout ses chars dans les
rues pour rétablir le calme, le SED seul n’en aurait pas été capable.26

Ces évènements auront une incidence primordiale sur les décisions politiques en RDA
jusqu’à la fin de son existence. Le gouvernement craindra désormais une révolte ouvrière et
n’osera plus toucher aux bénéfices de cette classe sociale. Des changements radicaux sont
nécessaires pour sortir l’économie de ce mauvais pas. Tout d’abord, l’URSS va alléger les
contraintes pesant sur l’Allemagne de l’Est en renonçant à ses réparations de guerre, en
diminuant le coût de stationnement de ses troupes sur le territoire allemand, en réduisant la dette
et en octroyant de nouveaux subsides et prêts. Ensuite, une libéralisation de l’économie est
promulguée avec comme conséquence que l’agriculture et les entreprises privées subissent
moins de pression, les investissements dans l’industrie lourde vont diminuer au profit de
l’industrie légère, de la production de biens de consommation et de l’importation de nourriture.
Enfin, la suppression de l’augmentation de 10% des objectifs de production ainsi qu’une
augmentation des salaires les plus bas sont décrétés. Cependant ces décisions économiques
auront encore des conséquences négatives car les salaires progresser de nouveau plus vite que
la productivité et donc l’accroissement de la monnaie disponible ne pourra pas être compensée
par l’augmentation de biens disponibles sur le marché.27

25
BADIA, G. (1987), Histoire de l’Allemagne contemporaine : Les deux Etats allemands RFA-RDA, p.463
26
BADIA, G. (1987), Histoire de l’Allemagne contemporaine : Les deux Etats allemands RFA-RDA, p.470
27
STEINER, A. (2010), The plans that failed an economic history of GDR, p.63

11
Vers la construction du rideau de fer : 1953-1961

On distingue deux périodes durant ces années, la première, de 53 à 57, voit la RDA
suivre la même direction politique qu’après les émeutes de juin 1953 et une relative
libéralisation de l’économie avec un retour du focus accru sur l’industrie. La deuxième période
de 1957 à 1961, voit le retour d’une soviétisation forte de l’économie et s’achève par la
construction du mur de Berlin. C’est aussi à cette époque que la RDA s’affirme sur le plan
international, elle obtient une souveraineté élargie de la part de l’URSS le 25 mars 1954 et peut
alors décider intégralement de sa politique intérieure et extérieure. Et, après l’intégration de la
RFA en 1954 à l’OTAN, la RDA intègre le pacte de Varsovie en mai 1955, ces deux décisions
scelleront définitivement la séparation de l’Allemagne en deux Etats distincts.28

En 1955, la nouvelle politique économique est mise en place avec le second plan
quinquennal (1955-1960). Parmi les nouveautés, la volonté de se coordonner avec les plans des
autres Etats du CAEM. Tout comme le premier plan, celui-ci visera une augmentation de la
productivité et de la profitabilité de l’industrie, néanmoins l’accent sera mis cette fois sur la
science et la technologie comme en témoigne son slogan « Modernisation, Mécanisation,
Automatisation ».29 Pour poursuivre ces objectifs, un plan d’investissement massif pour
l’industrie primaire et la production de machines sera établi. Ce plan d’investissements est
nécessaire au vu du contexte économique, la RDA est appauvrie par les réparations de guerre
et les industries ont du mal ne fusse qu’à renouveler leurs immobilisations.30

En 1958 au 5ème Congrès du Parti, Ulbricht expose une nouvelle politique et pour ce
faire instaure un nouveau plan ; il sera désormais septennal (1959-1965). Sa finalité sera de
rattraper le niveau de vie et de production de la RFA et de le dépasser. Le secrétaire du parti
réaffirmera sa volonté de collectivisation des moyens de production. Tout d’abord, dans le
secteur privé de la production, l’Etat n’accordera plus de crédit aux entreprises privées, par
contre les entreprises publiques (VEB) prendront des participations dans les compagnies
privées pour les transformer en partenariat publique-privé, et pour dans un deuxième temps,

28 LORRAIN, S. (1994), Histoire de la RDA, p.47


29
LORRAIN, S. (1994), Histoire de la RDA, p.54
30
STEINER, A. (2010), The plans that failed an economic history of GDR, p.71

12
devenir complètement publiques.31 Ensuite, dans le secteur agricole une collectivisation forcée
sera lancée, entre 1958 et 1960 ; le pourcentage de LPG passera de 38% à 85%. Cette
socialisation imposée aura comme conséquence une fuite massive des paysans vers l’ouest.32
Cependant, la période 58-59 est marquée par une croissance relativement bonne de l’économie.
Les cartes de rationnement disparaissent, ce qui donne lieu à une augmentation des prix mais
compensée par une hausse des salaires. L’accès aux hôpitaux, crèches et universités est
également facilité surtout pour les classes ouvrières les plus défavorisées.33

Cette accalmie fut de courte durée, les années 1960-1961 marquent le retour de la crise.
Dans le secteur agricole, un manque d’investissement dans les équipements ne permet pas
d’exploiter les grands domaines agricoles regroupés sous forme de LPG, le départ d’une partie
des paysans vers l’ouest entraine un manque de main d’œuvre qualifiées et d’expertise et, en
1961, de mauvaises conditions climatiques vont fortement impactés les récoltes. Au niveau de
l’industrie et de la production de biens de consommation, la pénurie est aussi présente, d’un
côté l’URSS et les partenaires du bloc de l’Est n’assurent pas les livraisons de matières
premières promises, de l’autre la RFA ralentit ses exportations car la RDA n’est pas capable de
livrer le nombre de produits attendus en retour.34 La pénurie est donc à tous les étages de
l’économie et la population en est fortement affectée, l’objectif qui était de rattraper le standard
de vie de la RFA est un échec. L’ultime coup de grâce qui accentuera encore la fuite des citoyens
vers l’Ouest est une augmentation des rendements demandée aux ouvriers tout en diminuant
certains de leurs avantages sociaux.35 On considère que de 1945 à mi-août 1961, 2 739 000
personnes ont quitté l’Allemagne de l’Est ce qui représente environ 15% de sa population à la
sortie de la guerre.36 Ces fuites de cerveaux, de travailleurs qualifiés et de jeunes hommes pèsent
extrêmement lourd sur l’économie et les tentatives d’inverser la tendance via le plan et
l’augmentation du niveau de vie ne sont pas fructueuses. Ulbricht réussit à convaincre les
membres du pacte de Varsovie, lors du sommet du 3 août au 5 août 1961, qu’il faut fermer les

31
STEINER, A. (2010), The plans that failed an economic history of GDR, p.75
32
WAHL, A. (2009), L’Allemagne de 1945 à nos jours, p.142-143
33
WAHL, A. (2009), L’Allemagne de 1945 à nos jours, p.143
34
STEINER, A. (2010), The plans that failed an economic history of GDR, p.95-97
35
WAHL, A. (2009), L’Allemagne de 1945 à nos jours, p.144
36
LACHAISE, F. (2001), Histoire d’un état disparu : La république Démocratique Allemande de 1945 à nos jours p.75

13
frontières et construire un mur infranchissable. Le 13 août les frontières sont fermées et la
construction du mur peut commencer. Désormais l’économie de la RDA se développera à
l’ombre du rideau de fer.37

De la réforme à la chute d’Ulbricht : 1961-1971

En 1962, la socialisation de l’économie est pratiquement achevée, 84% de la production


totale provient du secteur socialisé ; 93% du secteur des transports et 95% du commerce de gros
est nationalisé. En tout, ce sont 85% des terres agricoles qui sont possédées par les coopératives
et les industries socialistes représentent 89% de la production industrielle. La prochaine étape
sera de réussir à piloter cette économie pour l’amener à rattraper et dépasser la RFA.38

En 1963, Ulbricht va mettre en place une des plus grandes réformes économiques de la
RDA, elle se nomme le « nouveau système économique de planification et de gestion » (NÖS
en allemand). Conscient des lacunes de l’économie de son pays depuis sa création et envieux
du niveau de production de son voisin de l’Ouest, Ulbricht veut moderniser son système et
améliorer la productivité. Il va introduire une certaine décentralisation de son économie et y
intégrer des bases d’économie de marché.

La planification va se faire selon un nouveau modèle, un plan de 7 ans qui donne les
lignes directrices de l’économie et les secteurs à privilégier avec en soutien des plans annuels
renseignant sur des objectifs de production plus précis mais moins contraignant et laissant
beaucoup plus de libertés aux agents économiques. Désormais les décisions seront davantage
décentralisées c’est-à-dire que ce ne sont plus les ministères de chaque industrie qui vont
décider de tout, les Unions d’entreprises nationalisées (VVB) qui se situent un échelon en
dessous au niveau de l’administration vont désormais coordonner avec les entreprises elles-
mêmes le niveau de production et les firmes pourront à nouveau nouer des relations
contractuelles entre-elles. Une autre évolution est également très importante, il s’agit de la façon
de comptabiliser la production de l’industrie. Auparavant, elle était basée uniquement sur la
quantité de pièces ou au poids produit. Désormais, on réintroduit le bénéfice, les coûts mais

37
WAHL, A. (2009), L’Allemagne de 1945 à nos jours, p.144
38
BADIA, G. (1987), Histoire de l’Allemagne contemporaine : Les deux Etats allemands RFA-RDA, p.507

14
aussi la qualité des produits pour mesurer la performance économique des entreprises. Pour
pouvoir utiliser efficacement le profit comme indicateur, une réforme des prix est nécessaire
car ceux-ci n’étaient plus du tout réalistes par rapport aux coûts réels des matières premières,
du capital ou encore des salaires. Une certaine dynamisation des prix va ainsi être instaurée,
elle est censée prendre en compte les variations dues aux changements technologiques ou des
moyens de production. Les entreprises se verront également attribué plus de responsabilités,
elles devront financer leurs investissements et se seront imposées sur le capital ; ces règles ont
comme ambition de les obliger à avoir un certain niveau de profit et donc de réduire le
gaspillage de ressources ou encore de favoriser la mise en place de nouvelles technologies.
Enfin, pour diffuser cet élan de gain de productivité jusqu’au travailleur, les salaires et les bonus
seront liés aux performances individuelles.39 40 41

L’économie va dans un premier temps réagir positivement à la réforme mais il est


difficile de dire si cela vient de la conjoncture économique ou des nouvelles mesures. En effet,
avant même que toutes les nouvelles mesures soient mises en application, des problèmes
surviennent. Les directeurs d’entreprises éprouvent des difficultés à acquérir la fibre
entrepreneuriale et à estimer correctement les projets. Et les choix pris par les firmes dévient
fortement de la direction du plan initial. De plus, la dynamisation des prix à tendance à entrainer
leur hausse, sans jamais les baisser. Au niveau politique, certains traditionalistes n’apprécient
pas cette réforme qui a des airs d’économie capitaliste, les soviétiques ne voient pas non plus
tout ça d’un très bon œil. Une partie des réformes sera alors abandonnée en 1968 et un nouveau
projet appelé « Système économique du socialisme » (ÖSS) verra le jour.42

Le slogan de cette nouvelle réforme sera « Dépasser sans rattraper » et aura donc comme
objectif que la RDA dépasse la RFA dans tous les domaines. L’axe principal de ce projet est le
développement et l’utilisation de la science et des technologies. Le gouvernement va choisir

39
BADIA, G. (1987), Histoire de l’Allemagne contemporaine : Les deux Etats allemands RFA-RDA, p.515-516
40
STEINER, A. (2010), The plans that failed an economic history of GDR, p.110-111
41
CORNELSEN, D. et POHL, R. et Deutsches Institut für Wirtschaftsforschung. (1979), Handbook of the economy of the
German Democratic Republic, p.40-41
42
CORNELSEN, D. et POHL, R. et Deutsches Institut für Wirtschaftsforschung. (1979), Handbook of the economy of the
German Democratic Republic, p.42

15
des secteurs modernes et des projets spécifiques pour les financer en priorité. Ces secteurs
seront la chimie, l’électronique, la production de machines ou encore l’automatisation.43

Ces nouvelles réformes vont rapidement montrer leurs faiblesses. Premièrement le choix
des projets n’est pas forcément assez réfléchi et souvent leurs coûts s’envolent. Deuxièmement
ces investissements spécifiques créent d’énormes disparités au sein des industries, ce qui a pour
conséquence, par exemple, que la production de produits semi-finis se développent moins
rapidement que la production de produits finis, créant ainsi des goulots d’étranglement. La
volonté du gouvernement de vouloir satisfaire les demandes de biens de consommation de la
population et de conserver une bonne croissance industrielle et des exportations mène à la
surexploitation de l’économie.44

En 1970, l’économie est en crise et, pour compenser le retard pris dans la production
due aux pénuries de matières premières et aux coupures de courant, il est demandé aux ouvriers
de faire des shifts le week-end ; la carotte des gains récoltés par rapport au travail fourni ne
suffit plus, les dirigeants et les ouvriers commencent à saturer. Cette pénurie va se répercuter
sur les biens de consommation et le peuple va commencer à manquer de tout. A cela s’ajoute
une mauvaise récolte en 1969 qui doit donc être compensée par l’importation massive de
nourriture, ce qui entraine à son tour un endettement envers l’Ouest mais également une
réduction de l’importation de matières premières. Tout ceci crée un cercle vicieux.45 Le parti a
alors deux possibilités, continuer la réforme mais en implémentant plus de libertés économiques
et transformer progressivement l’économie en une économie de marché, au risque de perdre le
pouvoir politique ou, retourner à un système plus contrôlé et centralisé.46

C’est cette crise que les adversaires politiques d’Ulbricht vont utiliser pour le mettre
hors course. Depuis l’instauration du NÖS et ensuite du ÖSS, les critiques fusent contre ses
réformes qui ressemble à des mécanismes d’une économie du marché, mais elles fusent aussi
contre son arrogance et son attitude de guide idéologique. Ulbricht perd alors le support des
leaders soviétiques contrairement à son fidèle lieutenant Erich Honecker qui lui en a les faveurs.

43
STEINER, A. (2010), The plans that failed an economic history of GDR, p.119
44
STEINER, A. (2010), The plans that failed an economic history of GDR, p.121 & p.132
45
STEINER, A. (2010), The plans that failed an economic history of GDR, p.121 & p.133
46 BAYLIS, T.A. (1986), Explaining the GDR's Economic Strategy, p.385

16
Ce dernier va alors monter une coalition au sein du Bureau politique du SED pour en prendre
le pouvoir. Après avoir reçu le feu vert de Brejnev (alors dirigeant de l’URSS), le comité central
du SED annonce le 3 mai 1971 le remplacement d’Ulbricht par Honecker à la tête du parti. Une
nouvelle ère s’ouvre alors pour l’Allemagne de l’Est.47

Stabilisation du régime socialiste : 1971-1982

Dès son arrivée au pouvoir Honecker va totalement changer la politique économique de


la RDA. Il va supprimer pratiquement toutes les réformes entreprises avec le NÖS et l’ÖSS en
gardant toutefois cet objectif de progrès technologique tant voulu par Ulbricht. Cette nouvelle
direction sera appelée « tâche principale » et aura comme but « l'élévation ultérieure du niveau
de vie matériel et culturel à partir d'un système de développement élevé de la production
socialiste, du progrès technico-scientifique et de la croissance de la productivité du travail ».48
L’accent sera clairement mis sur l’approvisionnement en biens de consommation en plus
grandes quantités et avec des produits de meilleure qualité pour satisfaire le peuple. Ceci
correspond à l’idée d’Honecker que l’amélioration du niveau de vie de sa population entrainera
un gain de productivité et de performance économique.49 De plus les révoltes polonaises de
1970 (dues à une augmentation du coût de la vie) ont bien fait comprendre aux dirigeants de la
RDA la nécessité de prendre soin de son peuple pour garder le pouvoir. Qui plus est que les
habitants de l’Allemagne de l’Est sont les plus exigeants du bloc de l’Est car ils reçoivent les
images et la radio en provenance de la RFA leur faisant miroiter le rêve occidental.50

Cette nouvelle orientation politique s’accompagne d’une recentralisation de l’économie.


Le pouvoir de gestion est repris par les ministères des industries et les tentatives de libertés
d’investissement données aux entreprises sont annulées. Le profit comme indicateur de
performance économique est relégué au second plan, les prix sont à nouveau gelés et le plan

47
WAHL, A. (2009), L’Allemagne de 1945 à nos jours, p.189-190
48
CORNELSEN, D. (1989), L'économie de la RDA durant l'ère Honecker, p.10
49
STEINER, A. (2010), The plans that failed an economic history of GDR, p.143
50
BADIA, G. (1987), Histoire de l’Allemagne contemporaine : Les deux Etats allemands RFA-RDA, p.549

17
doit être suivi à la lettre.51 De plus, en 1972, Honecker lance un programme de nationalisation
accélérée des dernières firmes privées et des entreprises à participation de l’Etat.

Pour poursuivre son but d’amélioration du niveau de vie, Honecker va mettre en place
une série de mesures sociales. Les salaires les plus bas, les bonus de fin d’année et les retraites
seront augmentés et, le nombre de jours de vacances va croître. En RDA, 9 femmes sur 10
travaillent et la croissance démographique est au ralenti. Une politique nataliste est alors lancée
avec une réduction du temps de travail pour les mères, une prime supplémentaire à la naissance
est accordée, les congés de maternité sont allongés et des crédits spécifiques sont créés pour les
couples ayant plusieurs enfants. Le coût de la vie est réduit grâce à des transports très subsidiés,
des loyers ridiculement bas et la garantie des prix des biens alimentaires. Le dernier volet de
cette politique sociale est le grand plan de construction de logements, ce secteur est en pénurie
depuis la fin de la guerre et les constructions précédentes ont très mal vieilli. De 1971 à 1975,
plus de 600.000 logements seront construits (20% de plus que l’objectif initial) et dans la
période allant de 1976 à 1981 ce sont 750.000 appartements qui sont construits ou rénovés ; ce
projet sera une vraie réussite.52

Dans un premier temps, la nouvelle politique économique va plutôt porter ses fruits. En
1973 et 1974, l’augmentation de la productivité sera la plus forte de tout le régime d’Honecker,
les allemands de l’Est vont avoir accès à bien plus de biens de consommation. Toutefois cette
bonne progression se fera de concert avec une augmentation du déficit commercial de la RDA
avec les pays non socialistes.

En 1973 la première crise pétrolière éclate et le prix des matières premières explosent
sur le marché mondial. Dans un premier temps, la RDA n’est pas affectée au niveau de ses
importations car elle importe la plupart de ses matières premières des pays du CAEM dont les
tarifs sont fixés sur une moyenne des prix des cinq dernières années. Néanmoins, cette crise
diminue la quantité des importations faites par les pays occidentaux à l’Allemagne de l’Est et
affecte sa balance commerciale. Lorsqu’en 1975, l’URSS décide de refixer à la hausse les prix
du pétrole, la RDA se doit de réagir. L’objectif sera désormais de faire croitre l’industrie de

51
BAYLIS, T.A. (1986), Explaining the GDR's Economic Strategy, p.389
52
BADIA, G. (1987), Histoire de l’Allemagne contemporaine : Les deux Etats allemands RFA-RDA, p.549-552

18
manière intensive et non plus extensive comme c’est le cas depuis de nombreuses années.53
Pour ce faire, la RDA va mettre en place un plan de rationalisation de l’utilisation des matières
premières, une réduction de sa consommation d’énergie et relancer sa production de lignite
pour diminuer sa dépendance énergétique. Toutefois le lignite présente deux désavantages
importants, elle coûte de plus en plus cher à l’extraction et elle pollue fortement, preuve en est,
en 1985, 300 kg par personne d’oxyde de soufre sont émis dans l’air en RDA contre 42 kg en
RFA et 203 kg en Tchécoslovaquie. Pour augmenter ses importations vers les pays occidentaux,
l’Allemagne de l’Est se doit d’améliorer ses technologies et à partir de 1977, elle va
massivement investir dans la micro-électronique pour tenter d’être compétitive sur le marché
international et rétablir sa balance commerciale.54 Mais le choix de ce secteur d’investissement,
envisagé comme une solution miracle par les dirigeants va s’avérer être un échec complet et
engloutira des sommes colossales. Les retards technologiques iront jusqu’à 9 ans par rapport
aux standard internationaux et ne permettront pas d’acquérir la compétitivité visée.55

A la fin des années 70, dans l’idée de diffuser plus rapidement l’innovation, d’améliorer
l’utilisation des ressources et des machines et de faciliter la planification, le SED va décider de
constituer des combinats d’entreprises. Dans ces conglomérats les firmes étaient intégrées
horizontalement et verticalement et le processus s’étendait de la recherche et développement
jusqu’à la vente du produit fini. L’idée de rationaliser l’industrie en les rassemblant parait assez
prometteuse mais rapidement les travers des monopoles font surface. L’innovation et la qualité
stagnent et les conglomérats, à la demande des autorités politiques, se développent comme des
entités indépendantes les unes des autres ce qui les oblige à devoir produire des biens
intermédiaires (machines, vis) et donc à perdre les bénéfices de la spécialisation. Les pertes de
productivité seront donc plus grandes que les avantages liés à une planification simplifiée.56
Dans l’agriculture, des coopératives géantes sont créées, avec une taille moyenne de 4.130
hectares, elles sont 15 fois plus grandes que les LPG du début des années 60. En plus de cette
agrégation des terres, il est aussi décider de séparer l’agriculture et l’élevage. Le gouvernement
va voir trop grand et ces super-entreprises vont engendrer une baisse de la production due à la

53
CORNELSEN, D. (1989), L'économie de la RDA durant l'ère Honecker, p.12
54
CORNELSEN, D. (1989), L'économie de la RDA durant l'ère Honecker, p.19
55
STEINER, A. (2010), The plans that failed an economic history of GDR, p.152
56
STEINER, A. (2010), The plans that failed an economic history of GDR, p.156

19
surexploitation des sols, une augmentation des coûts d’hygiène dû aux troupeaux gigantesques,
une gestion du purin compliquée ou encore de problèmes environnementaux. En 1981, à la mort
de Grüneberg, initiateur de ce plan, les premières réductions de la taille de ces entreprises sont
décidées.57

Le deuxième choc pétrolier en 1979 affectera plus fortement la RDA et la plongera dans
une crise de la dette. Durant les années 70, afin de tenter de conserver un niveau de vie élevé,
l’Allemagne de l’Est va soutenir sa consommation privée, ses mesures sociales et ses
importations par une explosion de ses créances envers les pays capitalistes. Sa dette passera de
2 milliards de Valutamarks (unité de mesure statistique utilisée par la RDA pour exprimer sa
balance commerciale) en 1971 à 25,1 milliards de Valutamarks en 1982. Politiquement cette
dépendance envers l’Ouest commence à déranger. De plus en 1981 la Pologne se déclare
insolvable et les banques occidentales coupent l’accès aux crédits aux pays du bloc soviétiques.
Honecker décide alors de réduire drastiquement les importations et, les investissements, tout en
augmentant les exportations. La production pour la consommation domestique chute et entraine
des pénuries.58

Vers la chute du mur : 1982-1989

Pour sortir de cette crise, le gouvernement de la RDA va être obligé d’effectuer des
changements dans sa politique économique. La première réaction à court terme sera une
diminution des investissements (5.2% en 1982, une stagnation en 1983 et à nouveau une chute
de 5% en 1984).59 Les décisions de long terme pour résorber la crise peuvent être divisées en
deux catégories : la reprise de l’intensification de l’économie, qui va de pair avec une réforme
des mécanismes de contrôle et l’utilisation des relations particulières entre la RDA et la RFA.60

L’intensification de l’économie devient plus cruciale que jamais, la réduction de la


consommation d’énergie, de matières premières et de force de travail tout en augmentant la

57
STEINER, A. (2010), The plans that failed an economic history of GDR, p.157
58
STEINER, A. (2010), The plans that failed an economic history of GDR, p.163
59
CORNELSEN, D. (1985), Improved supply situation but decline in investment: the GDR economy at the beginning of 1985,
p.5
60
BAYLIS, T.A. (1986), Explaining the GDR's Economic Strategy, p.399

20
productivité sont les objectifs ultimes. Une première mesure sera prise pour surveiller plus
étroitement la consommation de matières premières, les stocks et la comptabilité des
entreprises. L’un des changements majeurs est le changement des indicateurs de performance
économique, ces indicateurs seront à présent la production nette, le bénéfice net, les productions
et services à la population et les exportations.61 En 1984, une réforme des prix est lancée,
désormais ils seront calculés par rapport aux coûts de production en y ajoutant une part de
profit ; les prix peuvent augmenter si l’entreprise prouve qu’elle a apporté une innovation au
produit, en revanche il n’y a pas de mécanisme à la baisse durant tout le plan quinquennal. Il
faut néanmoins noter que les consommateurs ne voient aucune augmentation du prix des biens
de consommation primaire qui sont toujours autant subsidiés.62 La RDA opère donc un retour
vers sa politique des années 60. La dernière mesure mise en place et qui sera unique dans le
bloc soviétique est un impôt payé sur la base des salaires de l’entreprise, cette mesure a pour
objectif que les compagnies utilisent plus efficacement leur main d’œuvre et qu’en cas de
surplus ses ouvriers puissent être placés dans une autre usine, qui elle, est à la recherche de bras
pour travailler.63

Le deuxième axe repose sur l’utilisation des liens qui lient les deux Etats allemands.
Premièrement, et sûrement par craintes des conséquences d’une faillite de la RDA, la RFA a
garanti deux crédits (1 milliard et 950 millions de Deutschemarks respectivement) au
gouvernement de l’Est. Cette somme servira à rétablir la confiance des marchés dans la RDA,
elle sera utilisée d’abord pour rembourser les dettes à court terme puis le reste sera déposé sur
des comptes de banques de l’Ouest en guise de garantie. La RDA va également utiliser les
dispositions spéciales du commerce entre les deux Allemagnes (pas de tarif douanier, TVA
réduite et possibilité de déficit commercial couvert par un crédit à taux 0) en achetant par
exemple de l’acier à crédit et en le revendant immédiatement pour obtenir des devises
étrangères. En plus de ce lien commercial, la RDA va également utiliser les liens historiques
qui lient les deux Etats pour obtenir des devises étrangères dont l’Allemagne de l’Est a tant
besoin. Les rentrées seront assurées grâce aux paiements spéciaux de la RFA pour l’entretien

61 CORNELSEN, D. (1983), Stabilization of growth by changing the economic mechanism: The GDR economy in mid-1983,
p.4
62
CORNELSEN, D. (1989), L'économie de la RDA durant l'ère Honecker, p.17-18
63
BAYLISS, T.A. (1986), Explaining the GDR's Economic Strategy, p.401

21
de services (services postaux, autoroutes menant à Berlin ou encore libération de prisonniers
politiques), grâce aux visites familiales (paiement des visas, obligation d’échanger un certain
montant d’argent lors de l’entrée en RDA, cadeau en cash intrafamiliaux)64 ou encore grâce à
des ventes d’œuvres d’art ou d’armes.65

Grâce à ces mesures l’Allemagne de l’Est va réussir à surmonter cette période de crise.
Elle va réduire sa dette, sa consommation de matière première et augmenter sa productivité
mais cela sera de courte durée. A la fin des années 80, le prix du pétrole reste élevé, les coupes
massives dans l’investissement ont encore aggravé l’état de décrépitude de certaines usines
tandis que le secteur de la micro-électronique englouti encore énormément d’argent pour des
résultats très décevants vu le retard accumulé face à la technologie de l’ouest. De plus, à cause
de la réduction des importations et l’objectif de diminution de la dette, les pénuries sont
présentes et la politique sociale coûte beaucoup d’argent à l’Etat. C’est le retour des problèmes
systémiques.66

A la fin des années 80, la révolte gronde doucement. Un des premiers éléments qui
mènera à la chute du mur de Berlin sera l’ouverture des frontières de la Hongrie avec l’Autriche
en mai 1989 ; les habitants de la RDA reprennent leur fuite via les ambassades de la RDA en
Pologne, en Tchécoslovaquie ou par la Hongrie. On dénote 344 000 départs en 1989. 67 Début
octobre, quelques petites révoltes populaires commencent à éclater, le mécontentement à
l’encontre d’Honecker est aussi présent au sein du parti et, le 18 octobre, un groupe de dirigeants
poussent le leader à démissionner. A la fin du mois d’octobre et au début du mois de novembre
les manifestions ont enflé, le 4 novembre, on dénombre un million de manifestants dans Berlin-
Est désirant plus de libertés. C’est alors que le parti va prendre une décision qui va sceller
définitivement l’avenir du mur. Dans la nuit du 9 novembre, les dirigeants organisent une
conférence de presse où ils annoncent que les voyages à l’étranger ne nécessiteront plus qu’une
simple demande, ils espéraient ainsi ralentir l’exode. A la question d’un journaliste demandant
la date d’entrée en vigueur cette réforme, un des dirigeants répondit qu’elle était à effet

64
BAYLIS, T.A. (1986), Explaining the GDR's Economic Strategy, p.402-404
65
STEINER, A. (2010), The plans that failed an economic history of GDR, p.174
66
STEINER, A. (2010), The plans that failed an economic history of GDR, p.190
67
CORNELSEN, D. (1989), L'économie de la RDA durant l'ère Honecker, p.27

22
immédiat. Une masse populaire vint alors se masser aux différents points de passage du mur et
sous la pression les soldats les laissèrent passer. Cette chute du mur entraîna la fin de la
République démocratique allemande.68

68
WAHL, A. (2009), L’Allemagne de 1945 à nos jours, p.303

23
III. Analyse de l’économie de la RDA

L’objectif de ce chapitre sera d’analyser différents indicateurs économiques et de


détecter des succès ou des échecs. Quand c’est possible, des comparaisons seront faites avec la
République fédérale d’Allemagne, ce qui permet d’avoir un critère plus objectif du
développement de la RDA sachant que les conditions initiales des deux états étaient plus ou
moins similaires au sortir de la guerre.

Premièrement, il faut savoir quelles données sont pertinentes à analyser. Les statistiques
officielles publiées chaque année par le gouvernement sont à utiliser avec précautions. Le
gouvernement et les entreprises pouvaient avoir intérêt à maquiller un peu les chiffres et,
certains indices de production peuvent être irréalistes suite à des produits invendables ou des
estimations de coûts et de prix irréalistes. Néanmoins ces statistiques publiées chaque année
dans le « Statistisches Jahrbuch der DDR » ont pu être comparées depuis la chute du mur de
Berlin avec des notes d’économistes opérant à l’époque. De plus, ces statistiques ont été
utilisées par les planificateurs pour prendre les décisions économiques et elles ne sont donc pas
totalement erronées. Ces données pourront donc être utilisées pour analyser l’évolution de
certains indicateurs au sein de la RDA ou pour analyser la structure de l’économie.69

Deuxièmement, pour pouvoir comparer les performances entre les deux Allemagnes,
une transformation des données est nécessaire. En effet, il y a deux obstacles à la comparaison
immédiate des statistiques des deux Etats. En premier lieu parce que les méthodes de
comptabilité diffèrent et en second lieu parce que le Mark-Est allemand n’ayant pas de taux de
conversion officiel, les chercheurs ont dû utiliser des méthodes alternatives pour créer un
coefficient de conversion. Il est très intéressant de noter qu’au vu de la complexité de ces
transformations certaines études ne s’accordent pas.

69
STEINER, A. (2010), The plans that failed an economic history of GDR, p.9

24
Le produit intérieur brut

Pour avoir un premier aperçu du développement de l’économie de l’Allemagne de l’Est, on


peut utiliser le PIB et le PIB par habitant. Différentes études pour calculer le PIB de la RDA
sur la période allant de 1949 à 1989 ont été réalisées. Une partie de celles-ci sont regroupées
dans la figure n°1. Les différences observées sont principalement dues à la méthode de calcul
du secteur des services qui est un véritable casse-tête dans les économies planifiées mais aussi
aux coefficients de conversion utilisés (taux de change, qualité des produits). Néanmoins, on
remarque une tendance similaire dans toutes les études exceptée celle de Heske où, à partir de
1975 la croissance du PIB devient nettement supérieure jusqu’à être estimée à presque le double
de celui de Merkel et Wahl sur la période 1950-1989.

Figure 1 : Comparaison des PIB de la RDA dans les différentes études (1950 = 100)

600

500

400

300

200

100

0
1945 1950 1955 1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995

Merkel&Wahl (1991) Schwarzer (1996) Maddison (2001)


Sleifer (2006) Heske (2009)

Source : Heske, G. (2009), Volkswirtschaftliche Gesamtrechnung DDR 1950-1989 : Daten, Methoden, Vergleiche

En observant le PIB par habitant dans la figure n°2 on voit que l’évolution de l’économie
de la RFA et de la RDA se fait de pair jusqu’au milieu des années 80, moment où l’Allemagne
de l’Ouest prend alors le dessus. Il faut toutefois nuancer ces résultats. Premièrement, la
population de l’Allemagne de l’Est n’a fait que diminuer depuis sa création dû à la fuite de ses
citoyens en quête du rêve occidental passant de 18,9 millions en 1949 à 16,4 millions en 1989,

25
tandis qu’à l’Ouest la population a eu tendance à grossir au fil du temps (Cfr. Figure 14 en
annexe). Deuxièmement, le pourcentage de la population mise au travail diffère dans les deux
pays alors que les pyramides des âges sont assez similaires. En effet, dans l’idéal socialiste,
l’objectif en RDA est de faire travailler tout le monde, en mettant en place des mesures sociales
pour les mères ou encore en intégrant les handicapés au monde du travail. Le résultat est qu’en
1989, 58,7% de la population totale de l’Allemagne de l’Est travaille contre seulement 47,3%
en Allemagne de l’Ouest70. Si l’on regarde la figure n°3, on s’aperçoit que le PIB par travailleur
progresse moins vite que le PIB par habitant et qu’il stagne même à partir de 1975, ce qui
implique une croissance de l’économie de manière extensive nécessitant de plus en plus de
main d’œuvre.

Figure 2 : PIB/habitant de la RDA et de la RFA (1950=100)

500

450

400

350

300

250

200

150

100

50

0
1950 1952 1954 1956 1958 1960 1962 1964 1966 1968 1970 1972 1974 1976 1978 1980 1982 1984 1986 1988

RDA RFA

Source: Créé à partir de SLEIFER, J. (2006), Planning ahead and falling behind. The East German Economy in comparison
with West Germany 1936-2002.

70
Heske, G. (2009), Volkswirtschaftliche Gesamtrechnung DDR 1950-1989 : Daten, Methoden, Vergleiche

26
Figure 3 : Evolution du PIB/habitant et du PIB/travailleur de la RDA (1950=100)

450

400

350

300

250

200

150

100

50

0
1950 1952 1954 1956 1958 1960 1962 1964 1966 1968 1970 1972 1974 1976 1978 1980 1982 1984 1986 1988

PIB/habitant PIB/travailleur

Source: Créé à partir de SLEIFER, J. (2006), Planning ahead and falling behind. The East German Economy in comparison
with West Germany 1936-2002.

Productivité et problèmes inhérents du système

Un des paramètres clés pour avoir une économie prospère est de réussir à augmenter sa
productivité, que ce soit du travail, du capital ou la productivité globale des facteurs. La
productivité de l’économie de la RDA est un sujet qui a été abordé dans bon nombre d’études,
cherchant à voir si les politiques menées avaient réussi à la faire croître et à comparer son niveau
à celui de la RFA. Réussir à calculer ou à estimer la productivité en Allemagne de l’Est est un
réel challenge car plusieurs problématiques doivent être prises en compte. Premièrement en
RDA, les prix étant fixés par l’état et manquant souvent de liens avec les coûts réels, ceci
nécessite une conversion particulière pour pouvoir les comparer avec des prix de la RFA.
Deuxièmement la qualité des produits dans une économie planifiée comme à l’Est a tendance à
être moindre que dans une économie capitaliste classique. Le troisième problème est la méthode
de calcul de la production : en URSS et en RDA, ils utilisaient le « Material product system »
(MPS) qui ne considèrent pas les services comme apportant de la valeur tandis que dans les
pays occidentaux, le « System of national account » (SNA) est utilisé. Quatrièmement en
Allemagne de l’Est, les entreprises adaptent leur production en fonction du plan et non de la
demande amenant la fabrication de biens invendables, ce qui pose la question de savoir si on

27
les considère à la même valeur que les autres produits. Finalement la classification des
différents secteurs et industries est différente entre la RFA et la RDA.71

Dans la figure n°4, la première colonne correspond au ratio de productivité du travail en


RDA sur celle en RFA en utilisant le facteur de valeur ajoutée produite ; tandis que la seconde
calcule ce même ratio mais en fonction de la production brute. Lors de sa création en 1949, la
RDA accuse déjà un retard de productivité alors qu’en 1944 les niveaux sont similaires. Par la
suite son augmentation sera un des objectifs prioritaires de pratiquement tous les plans mais
comme le montrent les chiffres, la RDA n’arrivera finalement pas à combler son retard sur la
RFA et pis encore, il augmentera. Il faut toutefois souligner que les chiffres provenant de l’étude
de Van Ark font parties des estimations basses.

Figure 4 : Ratio de la productivité du travail en RDA sur la productivité du travail en RFA


Avec le facteur valeur
ajoutée Production brut
1950 39,2 62
1955 38,1 60,2
1960 39,3 62,1
1965 38,1 60,2
1970 34,2 54,1
1975 31,9 50,5
1980 31,7 50
1985 30,3 47,9
1988 31,7 50,2
Source: VAN ARK, B. (1995), The manufacturing sector in East Germany: a reassessment of comparative productivity
performance, 1950–1988.

L’existence de cet écart déjà existant en 1948 et son origine méritent des explications. Celui-
ci est dû en grande partie à l’inefficacité de l’industrie de l’Est et non à l’exploitation abusive
des soviétiques (démantèlement, coût de stationnement des troupes). En effet dans l’étude de
Ritschl et Voyo (2014), il est démontré que l’influence du ratio capital-travail sur la croissance
de la production industrielle est très inférieure à celle de la productivité globale des facteurs,
cette dernière étant fortement influencée par la répartition géographique des industries en
Allemagne. Comme expliqué dans le chapitre 1, les capacités de production de matières
premières et de biens industriels de base étaient concentrées dans la partie ouest de l’Allemagne.

71
VAN ARK, B. (1995), The manufacturing sector in East Germany: a reassessment of comparative productivity
performance 1950–1988, p.76–79

28
De plus, l’économie des territoires qui deviendront la RFA dépend historiquement beaucoup
moins de l’extérieur : 40% de sa production est exportée vers d’autres pays ou vers la partie est
de l’Allemagne et 33% de ses besoins sont importés de l’extérieur tandis que ces chiffres sont
respectivement de 64% et 69% pour la future RDA. 72 A l’Ouest on retrouve donc une
production excessive de matières premières et intermédiaires, l’investissement se concentre
alors dans l’industrie de biens de consommation qui va se développer très rapidement. Tandis
qu’à l’Est le goulot d’étranglement se situe au niveau des matières premières et empêche donc
l’utilisation efficiente des industries mécaniques ou de biens de consommation qui sont
originairement les points fort des territoires de l’Est. Le choix de l’investissement est porté sur
l’industrie lourde qui est très gourmande en capital or l’accès aux crédits étrangers est limité ce
qui aura pour effet une réduction de la consommation intérieure. On constate donc, au vu des
dates, que le premier écart de productivité qui s’est creusé entre les deux territoires ne provient
pas de la mise en place du système socialiste.

Si dans un premier temps ce n’est pas la mise en place d’une économie centralement
planifiée (ECP) qui est responsable de la chute de la productivité, par la suite on retrouve les
problèmes inhérents à ce type d’économie comme cause d’une productivité en berne.

Le premier problème est la mauvaise allocation des ressources, au niveau macro-


économique les choix et la quantité des investissements peuvent être critiqués avec à la clé une
certaine inefficacité de ceux-ci. Lorsque l’on observe la part de l’investissement dans l’usage
domestique de la production totale en RDA dans la figure n°5, on peut noter qu’elle a fortement
augmenté dans les premières années pour pouvoir couvrir les importants besoins de fonds des
industries lourdes nécessaires au développement du pays après la guerre. A partir des années
70, l’augmentation s’est faite à taux bien plus réduit. En RFA, on constate le schéma contraire
avec déjà près de 30% de l’usage domestique du PIB consacré à l’investissement sur la période
1950-1955, par la suite la consommation augmente plus vite que les investissements qui ne
représentent alors plus que 22% sur la période 86-89.

72
RITSCHL, A. et VONYÓ, T. (2014), The roots of economic failure: what explains East Germany’s falling behind between
1945 and 1950? p.174–176

29
Figure 5 : Part de la consommation et de l’investissement dans l’usage domestique du PIB de
la RFA et la RDA (en %)
RDA RFA
Consommation Investissement Consommation Investissement
1950-1955 86,5 13,5 70,4 29,6
1956-1960 82 18 69,6 30,4
1961-1965 80,2 19,8 69,7 30,3
1966-1970 77,1 22,9 71,6 28,4
1971-1975 76,4 23,6 74,5 25,5
1976-1980 75,7 24,4 75,7 23,3
1981-1985 77,7 22,3 77,9 22,1
1986-1989 76,6 23,4 78 22
Source : HESKE, G. Volkswirtschaftliche Gesamtrechnung DDR 1950-1989: Daten, Methoden, Vergeleiche

Figure 6 : Répartition des investissements en RDA en fonction des secteurs (en %)


Agriculture,
sylviculture et Commerce Autres
Industrie pêche Construction intérieur Transport secteurs
1955 42,5 14,7 0,6 3 14 25,3
1960 46,7 12,5 2,6 2,7 10,7 24,8
1965 52,5 14,1 2 4,3 9,6 17,5
1970 49,9 14,1 3,5 4,7 9,1 18,8
1975 47,8 12,6 3,6 3,6 10,7 21,6
1980 52,9 10,5 2,6 3 8,7 22,3
1985 55,5 8 1,2 2,8 9,3 23,3
1988 59,1 8,7 1,7 3,1 7,7 19,8
Source: HESKE, G. (2013), Wertschöpfung, Erwerbstätigkeit und Investitionen in der Industrie Ostdeutschlands, 1950-2000:
Daten, Methoden, Vergleiche.

Comme on le voit ci-dessus dans la figure 6, le secteur de l’industrie et plus


particulièrement de l’industrie lourde (cfr. Figure n°17 en annexe) a toujours été favorisé avec
environ 50% des investissements totaux. Ces choix ont été influencés par la philosophie
communiste et l’idée que la classe des ouvriers doit gouverner mais aussi, dans les années 50,
par la pression soviétique pour que les pays de l’Est développent activement leur industrie
lourde. La problématique ici est que les choix des investissements sont critiquables. La RDA,
au fil de son histoire, va se concentrer sur une ou deux industries lourdes délaissant les autres
secteurs qui ne pourront se développer, avec comme exemple qu’à la fin des années 60 et aussi
des années 80, l’argent est investi dans les industries de produits finis. Ces dernières se
développent donc plus rapidement que leurs fournisseurs et que les centrales énergétiques,

30
causant des pénuries. Ou bien encore l’état déplorable du réseau de transport, qui à la fin des
années 80, tombe complètement en ruine faute d’argent (17% des voies de chemins de fer sont
fermées ou accessibles à vitesse très réduite et 18% du réseau routier est qualifié de « à peine
empruntable »)73. Un autre problème est que durant toute l’existence de la RDA, la préservation
des mesures sociales et de la consommation privée a toujours été privilégiée aux
investissements. Un exemple concret qui pourrait refléter ce problème est le suivant : en 1982,
lors de la crise de la dette, la première décision d’Honecker a été de réduire les investissements
assez drastiquement sans vouloir toucher aux subsides astronomiques des biens primaires. En
outre, on constate que les projets sont souvent mal évalués avec comme conséquence une
explosion des coûts et des projets qui ne sont finalement pas achevés.74 Ces différents facteurs
peuvent expliquer l’inefficacité des investissements qui se reflète en partie depuis 1960 par un
mauvais coefficient marginal de capital comme le montre la figure n°7. Cette inefficacité est
également prouvée par les différences de croissance annuelle des taux d’investissement et du
PIB en RFA et RDA qui est de 8,52% d’augmentation pour les investissements sur la période
1950-1979 pour une augmentation du PIB de 3,77% en Allemagne de l’Est contre
respectivement 5,69% pour 4,85% de croissance du PIB à l’Ouest.75

Figure 7 : Evolution du coefficient marginal de capital


Année Coefficient marginal de
capital
1950 0,48
1955 3,73
1960 11,1
1970 8,89
1975 6,65
1980 11,22
1985 8,24
1988 19,26
Source: RITSCHL, A. (1996), An exercise in futility: East German economic growth and decline, 1945–1989.

Au niveau micro-économique, la mauvaise allocation des ressources est également présente


et impacte la productivité. Premièrement, les entreprises ne sont limitées que par une

73
STEINER, A. (2010), The plans that failed an economic history of GDR, p.179-183
74
STEINER, A. (2010), The plans that failed an economic history of GDR, p.132
75
KORNAI, J. (1992), The socialist system. The political economy of communism, p.168

31
« contrainte budgétaire légère » (soft budget constraint), concept qui fut développé
originellement par J. Kornai pour décrire l’idée que dans une économie socialiste les entreprises
ne peuvent pas faire faillite et donc les firmes inefficaces ne vont pas forcément disparaître avec
le mécanisme de la faillite comme c’est le cas dans les économies capitalistes. Deuxièmement,
les objectifs du plan sont mesurés par la production brute des produits finis de l’entreprise sans
aucune mesure de sa consommation intermédiaire entrainant de la surconsommation, du
gaspillage et ne donnant aucune motivation pour améliorer les processus (en 1979 pour 1$ de
PNB la RDA a besoin de 0,76kg d’équivalent pétrole contre seulement 0,34kg en RFA)76.
Néanmoins comme dit dans le chapitre 2, après les deux chocs pétroliers et la crise de la dette
en 1982, Honecker lancera un plan de rationalisation de l’industrie dont l’une des mesures est
la réduction des matières premières mais surtout des combustibles. Celle-ci sera un succès. Il
existe un autre phénomène inhérent au système socialiste qui donne lieu à un phénomène
absurde de pénurie et d’abondance simultanément ; lorsque les entreprises, pour pouvoir être
sûre de remplir les objectifs du plan, font des stocks de matières premières tandis que d’autres
sont à l’arrêt dans l’attente de fournitures.77

Au niveau de la force de travail, on constate également une mauvaise allocation des


ressources qui réduit la productivité. Premièrement, comme pour les matières premières, les
entreprises veulent éviter tout problème de pénurie de main d’œuvre et remplir leur objectif du
plan, et ce sans porter d’attention sur le coût de leur personnel. L’effet pervers va être que les
firmes vont employer un nombre de personnes trop élevées par rapport au travail à fournir.
Deuxièmement le gouvernement en voulant garantir le plein emploi à sa population va parfois
entrainer une mauvaise répartition des travailleurs. Certains seront placés à des postes ne
correspondant pas à leur qualification. Comme dit dans le chapitre deux, une politique unique
parmi les pays de l’Est sera mise en place en 1984, qui imposera les entreprises en fonction de
leur masse salariale pour réduire la retenue des travailleurs.

Finalement, il existe deux facteurs qui ont pénalisé encore davantage le développement des
industries et de la productivité. Ce sont le manque d’innovation (des processus et des produits)
et le retard technologique. De nouveau dans ce secteur, l’Allemagne de l’Est a fait face à des

76
LAVIGNE, M. (1985), Economie internationale des pays socialistes, p.153
77
VAN ARK, B. (1995), The manufacturing sector in East Germany: a reassessment of comparative productivity performance
1950–1988, p.79-80

32
problèmes caractéristiques des ECP. Le gouvernement a néanmoins tenté de mettre en place
différentes stratégies pour essayer d’améliorer le développement technologique du pays.

Au niveau des entreprises, plusieurs freins à la recherche et au développement existent.


Premièrement, leur objectif est de remplir les demandes du plan de production et non de
répondre aux attentes de qualité du consommateur et elles ne sont pas soumises à la compétition
internationale. De plus, les prix étant fixés administrativement, cela ne pousse pas à
l’amélioration des produits. La réforme des prix lors du NÖS, qui autorisa ceux-ci à être ajustés
en cas de développement technologique, et la possibilité de décider en partie des
investissements internes pousseront un peu les entreprises à la recherche mais ce système sera
vite abandonné. Les transferts de technologie seront également peu fréquents entre les différents
secteurs de l’industrie mais également entre les compagnies elles-mêmes. Et la création des
combinats par Honecker aura quant à elle pour effet de ralentir l’innovation suite à la position
monopolistique de ces groupements d’entreprises.

Au niveau de la gestion de la recherche et du développement directement par l’état, d’autres


problèmes se posent. Les recherches sont menées par des centres de recherches
gouvernementaux (pilotés dans un premier temps par le Conseil de recherche créé en 1957)
mais ceux-ci sont trop peu liés aux entreprises, ce qui crée des délais d’assimilation très long.
De plus le focus est fait sur la recherche fondamentale ou sur des projets d’ampleur mais très
peu sur des petites améliorations de produits existants. L’idée de la fin des années 60 mais
également par après est de se focaliser sur certains projets spécifiques qui engloutiront de
grandes parts de l’argent destiné à la recherche avec des résultats mitigés, tels que
l’automatisation voulue par Ulbricht ou la micro-électronique à l’époque d’Honecker.

Enfin, au niveau des échanges internationaux de technologie, il faut différencier les


échanges avec l’Ouest et ceux intra-COMECON. A l’époque, les pays de l’Est subissent un
embargo sur un bon nombre de technologies, ce qui en limite l’accès pour la RDA ; néanmoins
certaines technologies sont achetées et payées en nature grâce aux nouvelles productions.
L’Allemagne de l’Est a également réussi à mettre en place un système d’espionnage industriel
assez efficace et rentable en RFA. Ce système a été une source non négligeable de progrès
technologique.78 Au sein du COMECON, l’URSS est assez réticente à partager ses

78
GLITZ, A. & MEYERSSON, E. (2017), Industrial espionage and productivity

33
connaissances scientifiques, même avec ses alliés, officiellement pour des raisons de sécurité.
Quant aux échanges avec les autres nations de l’Est, ils sont peu développés. Trois freins
peuvent être soulignés, les différences d’avancées technologiques, les difficultés d’évaluation
du prix des recherches liées à l’inconvertibilité des monnaies ou encore l’absence de
compagnies internationales pour diffuser plus rapidement le progrès entre les Etats.79

Pour conclure, la croissance de l’économie de la RDA s’est surtout faite de manière


intensive de 1949 à 1989, les différentes politiques visant à accélérer la croissance de la
productivité n’ont pas été fructueuses en comparaison avec des économies capitalistes. Notons
cependant qu’en investissant massivement dans certains projets l’Allemagne de l’Est a pu
prétendre à un niveau technologique avancé et même à devenir leader au sein du COMECON
dans certains secteurs mais toujours au détriment d’autres qui tombèrent en décrépitude. De
plus, être leader technologique au sein du COMECON paraît désuet en comparaison avec les
standards internationaux. Comme dans les années 80, où les micro-processeurs produits par la
RDA ont eu des difficultés à séduire l’URSS au vu de leur retard technologique.

Commerce extérieur et interallemand

Comme tous les pays du COMECON, l’Allemagne de l’Est gère son commerce extérieur
via un monopole d’Etat lié à un ministère. Cette organisation sert de liaison entre les entreprises
allemandes et tout agent économique étranger. Néanmoins, en RDA, à partir de 1979 et de la
création des combinats, une partie de la gestion du commerce extérieur a été confiée à ces
groupements d’entreprises avec l’objectif de lier plus fortement les activités productives et
commerciales.80

En observant la structure du commerce extérieur de la RDA au fil du temps (voir figure


n°8), on voit qu’elle est importatrice de matières premières et de machines ; et exportatrice de
produits finis. On peut souligner aussi qu’au début de son existence elle importait des produits
alimentaires qui ont par la suite été remplacé par des machines et de l’équipement afin de
supporter sa capacité productive. Au niveau de ses exportations on retrouve son statut de leader
technologique de l’industrie et de la chimie au sein du CAEM avec jusqu’à 50% de ses

79
LAVIGNE, M. (1985), Economie internationale des pays socialistes, p.141-143
80
LAVIGNE, M. (1985), Economie internationale des pays socialistes, p.99-103

34
exportations concentrées dans le secteur des machines et de l’équipement et 13% dans celui des
produits chimiques.

Figure 8 : Structure du commerce extérieur de la RDA par catégorie (en %)


IMPORTATIONS 1960 1970 1975 1980 1988
Machines et équipements 12,7 34,2 30,8 34,1 37
Combustibles, métaux et
matières premières minérales 38,5 27,6 30,5 38 33,5
Autres matières première et
produits alimentaires 39,2 28,1 22,6 13,1 14,1
Biens de consommation
industriel 5,3 4,5 5,6 5,7 5,7
Produits chimiques, matériaux
de construction et autres biens 4,3 5,6 10,5 9,1 9,7

EXPORTATIONS 1960 1970 1975 1980 1988


Machines et équipements 49 51,7 50,7 48 47,6
Combustibles, métaux et
matières premières minérales 15,7 10,1 12,1 16,7 15,1
Autres matières première et
produits alimentaires 5,9 7,4 9,1 6,8 7
Biens de consommation
industriel 15,1 20,2 15,6 16 16,4
Produits chimiques, matériaux
de construction et autres biens 14,3 10,6 12,5 12,5 13,9
Source: Statistisches Jahrbuch der DDR 1989, p.239 et CORNELSEN, D. et POHL, R. et Deutsches Institut für
Wirtschaftsforschung. (1979), Handbook of the economy of the German Democratic Republic p.337

Si l’on s’intéresse à la structure régionale (figure n°9), on constate que les pays
socialistes sont les principaux partenaires commerciaux de la RDA avec largement en tête
l’Union soviétique, toutefois la part du commerce avec les pays occidentaux n’a fait
qu’augmenter entre 1960 et 1985. Si l’on creuse encore un peu plus et que l’on regarde la
structure des échanges en fonction des régions (voir figures n°18, 19, 20 et 21 en annexe), il
apparait que la part des machines et des équipements industriels dans les exportations de la
RDA avec les pays socialistes est très importante (plus de 50%) tandis qu’elle diminue dans ses
échanges avec les pays de l’OCDE, ce qui est logique au vu des deltas technologiques. Au
niveau des importations, l’Allemagne de l’Est s’approvisionne en matières premières auprès
des pays socialistes (jusqu’à 50% des importations venant de l’URSS) mais également en
machines et équipement (Pologne) ou en produits agricoles (Hongrie) en fonction du
développement du pays. Tandis qu’au niveau de ses importations avec les pays occidentaux, on

35
observe un shift d’importation de produits agricoles dans les années 60 vers des produits
chimiques et d’autres matériaux basiques dans les années 70, et en échange, elle exporte des
biens industriels, de consommation et chimiques.

Figure 9 : Structure du commerce extérieur de la RDA par région (en %)

Pays socialistes CAEM URSS Pays en développement Pays capitalistes


1950 72,3 72,3 39,7 0,4 27,3
1960 74,6 67,6 42,8 4,3 21,1
1965 73,9 69,4 42,8 4,5 21,7
1970 71,6 67,3 39,1 4 24,4
1975 69,7 66,2 35,7 4,4 25,9
1980 66,5 62,7 35,5 6,1 27,4
1985 66,1 63,6 38,8 4,6 29,4
1988 69,1 66,4 37,5 3,3 27,6
Source: Statistisches Jahrbuch der DDR 1989, p.240

Finalement si l’on se penche sur la balance commerciale de l’Allemagne de l’Est, il est très
compliqué de pouvoir donner des chiffres exacts car les données officielles (figure n°10) et
celles des pays occidentaux diffèrent ; néanmoins les tendances sont les mêmes. La balance
commerciale avec les pays socialistes est globalement positive sauf au tout début de la RDA et
en 1975-1980. Le déficit de cette période est dû à l’explosion du prix des matières premières
que la RDA achète à ses voisins socialistes. Pour ce qui est des autres pays, on retrouve un
déficit limité pendant la « période Ulbricht » jusqu’en 1970. Ensuite, avec l’arrivée au pouvoir
d’Honecker, qui soutient la croissance grâce aux importations, on constate une explosion du
déficit commercial jusqu’à la crise de la dette en 1982 et les mesures prises par le gouvernement
pour renverser la vapeur et retrouver un excédent commercial.

Figure 10 : Balance commerciale de la RDA (en million de Valutamarks)


1950 1955 1960 1965 1970 1975 1980 1985 1988
Balance
commerciale avec -318 448 223 1051 102 -477 -376 2577 2765
les pays socialistes
Balance
commerciale avec
-11 -48 -169 41 -425 -3708 -5464 4212 250
les pays
capitalistes
Source : Calculé à partir de Statistisches Jahrbuch der DDR 1960 p.573 et Statistisches Jahrbuch 1990, p.241

36
Pour ce qui est du commerce entre les deux Etats allemands celui-ci revêt depuis ses débuts
un caractère particulier. Les accords encadrant ces échanges sont signés à Berlin en 1951 et par
la suite ceux-ci seront régulièrement ajustés jusqu’en 1989. Ils comportent différentes
dispositions. Premièrement, le commerce est bilatéral et vise l’équilibre sur le long-terme.
Deuxièmement, les paiements se font sous forme d’écriture comptable entre les deux banques
centrales avec les contrats libellés en Deutschemark de l’Ouest et une unité de compte appelée
« Verrechnungseinheiten » (VE) liée au DM mais qui ne peut être assimilée à un taux de change
entre les deux monnaies allemandes. Une autre disposition qui sera très utilisée par la RDA est
la création du « swing » qui permet d’avoir un déséquilibre dans les échanges commerciaux
entre les deux Allemagnes et qui est couvert par un crédit à un taux de 0%. De plus, un régime
fiscal particulier existe, supprimant les frais de douanes entre les deux états et en réduisant la
TVA payée sur les exportations. La dernière spécificité de ce commerce est que le traité de
Berlin est reconnu par la Communauté Economique Européenne (CEE), le commerce n’est
donc pas soumis aux frais de douanes de la CEE, ce qui permet par exemple à la RFA d’acheter
des produits agricoles meilleur marché à la RDA qu’un autre état membre de la CEE.81

L’importance de ces échanges interallemands diffère entre les deux Etats. Pour la RDA, la
RFA est son deuxième ou troisième partenaire commercial (en fonction des sources) et de loin
le premier parmi les pays occidentaux tandis que pour la RFA, l’Allemagne de l’Est n’est même
pas dans le top 10 des partenaires commerciaux et les échanges ne représentent même pas 2%
du commerce extérieur de la RFA. Néanmoins la RDA est un fournisseur important de sources
d’énergie (pétrole, gaz, électricité) pour Berlin-Ouest.82

L’analyse de l’évolution du commerce interallemand amène quelques conclusions


intéressantes. La croissance des échanges fut assez irrégulière d’année en année, liée en partie
aux conjonctures économiques (crise pétrolière) mais indépendante des périodes de tension et
de détente entre les deux Etats, avec par exemple pratiquement pas d’influence lors de
« l’Ostpolitik » au début des années 70. Sur la période allant de 1960 à 1983, les échanges
croissent annuellement de 8,2%83, toutefois, la part de la RFA dans le commerce total avec les

81
SAMSON, I. (1984), Les échanges inter-allemands : un espace protégé dans le commerce Est-Ouest, p.70-73
82
BADIA, G. (1987), Histoire de l’Allemagne contemporaine : Les deux Etats allemands RFA-RDA, p.560
83
BADIA, G. (1987), Histoire de l’Allemagne contemporaine : Les deux Etats allemands RFA-RDA, p.559

37
pays occidentaux va se réduire au fil des années passant de 42% en 1970 à 31% en 1982. Il est
intéressant aussi de voir que lorsque les échanges Est-Ouest se sont contractés au début des
années 80 à cause de la crise pétrolière et des crises de devises dans les pays de l’Est, la RDA
s’est tournée vers la RFA, contrairement aux autres pays du CAEM qui ont augmenté le
commerce entre eux.

Au niveau de la structure des échanges (figure n°11), on note que celle-ci diffère de celle
qui existe entre la RDA et les autres pays de l’OCDE. L’exportation de combustibles a une part
de plus en plus importante, celle-ci est due en partie à l’augmentation des prix mais pas
seulement car il existe des accords de livraison entre les deux Etats et la RDA profite de ses
grandes capacités de transformation et de son accès à du pétrole brut à des prix réduits via le
CAEM. Au niveau des produits de consommation l’Allemagne de l’Est exporte plus de textiles
vers la RFA que vers les autres pays. Le point le plus étonnant des échanges est la faible part
des machines et équipements dans les importations et exportations de la RDA avec la RFA.

Figure 11 : Structure du Commerce de la RDA avec la RFA (moyenne annuelle en %)


Importations 1961-1965 1966-1970 1971-1975
Matières premières et
matériaux basiques 56,6 51,8 53,8
Biens d'équipement 17,3 22,8 23,8
Biens de consommation 7,3 8,3 9,5
Produits alimentaires 18,5 16,5 11,7

Exportations 1961-1965 1966-1970 1971-1975


Matières premières et
matériaux basiques 51 30,9 38,9
Biens d'équipement 10,5 13,6 10,7
Biens de consommation 22 29,4 30,6
Dont textiles et
habillement 14,9 18,7 19,2
Produits alimentaires 16,2 25,6 19,5
Source: CORNELSEN, D. et POHL, R. et Deutsches Institut für Wirtschaftsforschung. (1979), Handbook of the economy of
the German Democratic Republic, p.348

Finalement, la balance commerciale a presque suivi la même évolution que celle de la


RDA avec les pays de l’OCDE ; ce qui signifie que seule l’Allemagne de l’Est a réellement
profité du « swing » mis en place par les deux Etats.

38
Pour conclure, la RDA a profité de son niveau de développement industriel supérieur
par rapport au pays du CAEM, pour importer des matières premières dont elle manque
cruellement et exporter des produits finis. Elle a également profité de sa main d’œuvre bon
marché et de son pétrole à bon prix pour le revendre vers l’Ouest et se permettre d’importer des
biens de consommation pour satisfaire sa population. Mais après les chocs pétroliers de 73 et
79, avec la hausse du prix des matières premières même en provenance de l’Est et un retard
technologique de plus en plus important, les termes de l’échange de l’Allemagne de l’Est se
dégradent assez fortement. Même ses ventes vers ses alliés du CAEM ont fortement diminué
car les pays de l’Est ont de plus en plus facilement accès aux marchés occidentaux et peuvent
se permettre d’importer de meilleures voitures ou de la micro-électronique de niveau
technologique bien supérieur à celui de la RDA.

Niveau de vie

Il est assez difficile de quantifier le niveau de vie d’un pays. Dans cette section, différents
indicateurs seront utilisés tels que l’espérance de vie et la quantité de biens industriels. Le
niveau de la République fédérale d’Allemagne sera utilisé comme point de repère.

Si l’on prend comme premier indicateur la possession par les ménages de l’Allemagne de
l’Est de biens de consommation durables (cfr. figure n°12 ci-dessous), on voit clairement que
le niveau de vie a bien progressé depuis 1950. Si on le compare avec le niveau de vie de la RFA
en 1973 (figure n°13), on constate qu’en terme absolu il est presque similaire pour la radio, la
télé ou encore les machines à laver. Toutefois ces chiffres cachent certaines différences car dans
une économie planifiée la contrainte d’achat des ménages n’est pas uniquement budgétaire. La
disponibilité à l’achat est très différente entre les deux économies particulièrement pour les
automobiles où le temps d’attente pour en obtenir une en RDA à la fin des années 80 varie entre
12,5 et 17 ans en fonction du modèle. Un autre moyen de mesurer l’impact de la pénurie est de
savoir quelle part de leur consommation totale les ménages seraient prêts à sacrifier pour
supprimer cette contrainte. Pour l’année 1977, l’estimation est de 13%.84 De plus, ces chiffres

84
COLLIER, I. L. Jr. (1986), Effective Purchasing Power in a Quantity Constrained Economy: An Estimate for the German
Democratic Republic, p.30

39
ne montrent pas les niveaux de différences technologiques comme le fait que les télévisions
couleurs soient bien moins présentes en RDA.85

Figure 12 : Evolution des biens de consommation durables pour 100 ménages en RDA
Année TV Machine à laver Frigo Voiture
1955 1 1 0 0
1960 19 6 6 3
1965 54 28 26 8
1970 74 54 56 16
1975 88 73 85 26
1980 105 84 109 38
1985 118 99 138 48
1989 129 110 167 57
Source: Statistisches Jahrbuch 1990, p.325

Figure 13 : Biens de consommation durables pour 100 ménages en RFA en 1973


TV Machine à laver Frigo Voiture
1973 89 75 93 55

Source: CORNELSEN, D. et Pohl, R. et Deutsches Institut für Wirtschaftsforschung. (1979), CORNELSEN, D. et POHL, R.
et Deutsches Institut für Wirtschaftsforschung. (1979), Handbook of the economy of the German Democratic Republic, p.220

Un des autres facteurs qui peut indiquer le niveau de vie d’un pays est l’espérance de vie.
Si l’on observe la figure n°14, on voit que jusqu’en 1975 l’espérance de vie est similaire dans
les deux pays et, qu’à partir de cette année-là, elle devient supérieure en RFA. Cette divergence
est due à la mortalité cardiovasculaire qui était une des principales causes de mort dans les deux
territoires mais qui a diminué plus rapidement à partir des années 70 à l’Ouest grâce à l’accès
à une meilleure technologie.86 Néanmoins, le système de santé de la RDA, comme dans
beaucoup d’économies socialistes était bien développé. Le nombre de médecins pour 1.000
habitants était de 1,6 en 1970 et de 2 en 1980 contre 1,63 et 2,26 en RFA aux mêmes dates.87 Il
faut aussi souligner que ces chiffres sont supérieurs à d’autres pays de l’OCDE avec par
exemple 1,55 médecins pour 1.000 habitants en Belgique en 1970 ou 1,8 au Canada en 1980.88
De plus, le système de sécurité sociale est complètement développé avec des avantages liés à

85
STEINER, A. (2010), The plans that failed an economic history of GDR, p.187
86 GRIGORIEV, P. et Al. Espérance de vie : les deux Allemagne ont-elles convergé depuis la réunification ? p.1-4.
87SENSCH, J. (2013), Histat-datenkompilation online: Basisdaten zur entwicklung der gesundheitsverhältnisse in
Deutschland, 1816 – 2010.
88 Statistiques de l’OCDE

40
la maternité particulièrement poussés pour augmenter le taux de natalité, une assurance maladie
de bonne qualité ou encore des soins de santé gratuits mais précisons toutefois que les retraites
sont fixées à un niveau relativement bas par rapport aux salaires.

Figure 14 : Espérance de vie à la naissance d’un homme en RFA et RDA


1958 1960 1965 1970 1975 1980 1985 1988
RDA 66,4 66,5 68,0 68,1 68,5 68,7 69,5 69,7
RFA 66,8 66,9 67,9 67,4 68,6 70,2 71,8 72,2
Source: RDA : FRANZMAN, G. (2007) Bevölkerung in der ehemaligen DDR 1946-1989 et RFA : NOLL, H-H. et WEICK,
S. (2013), DISI: Deutsches System Sozialer Indikatoren. Gesundheit, 1950-2013.

Pour conclure, le niveau de vie d’un pays est difficile à estimer. Si l’on essaye d’évaluer
l’évolution du niveau de vie en Allemagne de l’Est, on peut dire qu’il a augmenté au fil des
années avec l’accès à de plus en plus de biens de consommation durable, un niveau de
consommation de biens primaires toujours maintenu, une éducation et des services de soins
accessibles à tous. Toutefois les priorités accordées aux secteurs produisant des biens industriels
ont provoqué des périodes de pénurie de nourriture, de produits textiles ou encore d’électricité
qui ont affecté la population et donc baissé le niveau de vie. On peut les situer à différents
moments : au début de l’existence de la RDA, avant la création du mur, avant l’arrivée au
pouvoir de Honecker, lors de la crise de la dette en 1982 ou encore à l’approche de la chute du
mur de Berlin. Si on compare le niveau de vie de la RDA avec les yeux d’un habitant de la RFA
celui-ci dira surement qu’il est inférieur, car la qualité et la technologie des biens sont inférieurs
et certains produits sont difficiles d’accès mais si l’on prend l’angle vue d’un habitant d’un pays
de la CAEM (excepté la Tchécoslovaquie qui a un développement assez comparable à la RDA)
il trouvera que l’Allemagne de l’Est est un paradis. Finalement si l’on demande à un habitant
de la RDA, il dira potentiellement qu’il n’est pas satisfait preuve en est le nombre de citoyens
ayant fui le pays.

41
Conclusion

Force est de constater que les politiques économiques successives menées en


République démocratique allemande depuis sa création, en 1948, jusqu’à la réunification ont
globalement été un échec. Preuve si l’en est, la population a durant toute cette période exprimé
son mécontentement en fuyant massivement le pays vers l’Ouest ; à la recherche d’un niveau
de vie supérieur.

Les causes de cet échec sont multiples et aussi la conséquence d’une succession de
mauvais choix du gouvernement. Aveuglés par la volonté de conserver leur autorité illégitime
et leur idéologie socialiste, les dirigeants en oubliaient l’efficacité de l’économie.

La RDA a toujours voulu s’affirmer sur le plan international et profiter du commerce


mondial sans totalement en suivre les règles du jeu. En protégeant son industrie du monde
extérieur, en créant des monopoles et en enlevant aux entreprises toute motivation pour
développer des produits innovants, la RDA a perdu sa compétitivité sur les marchés
internationaux.

La gestion de la planification et du budget de l’état ont également été douteux.


L’asymétrie de l’information au sein des économies centralement planifiées a empêché le
gouvernement de faire les choix d’investissements les plus optimaux et de répartir correctement
ses ressources. La peur des révoltes populaires a quant à elle, limité les possibilités de réformer
la politique de subsides des biens primaires ou du système de sécurité social.

Toutefois, grâce à son développement industriel initial et en mettant en marche une force
de travail remarquable, la République démocratique allemande réussira avec le soutien financier
direct et indirect de son allié soviétique, à contrer l’inefficience de son système économique,
du moins pendant un temps, et à faire figure de réussite économique parmi ses alliés du bloc de
l’Est.

Finalement, après avoir comparé les performances de la République démocratique


allemande avec son voisin capitaliste. Il serait intéressant de la comparer avec d’autres
économies centralement planifiées appliquant des modèles légèrement différents. La première
serait la Hongrie, membre actif du CAEM et sous le giron de l’URSS. A partir de 1968, le

42
gouvernement hongrois a entamé des réformes similaires au NÖS. Le deuxième cas serait la
Yougoslavie, pays socialiste mais non aligné sur la politique de l’Union soviétique. L’économie
yougoslave s’était principalement développée sur le principe d’autogestion jusqu’à la crise de
la fin des années 80 et le déclenchement de la guerre civile en 1991. Le dernier exemple pourrait
être Cuba qui a subi un embargo durant de longues années, les mêmes soucis de pénurie qu’en
Allemagne de l’Est mais aussi la fuite de ses citoyens.

43
Références

Livres

BADIA, G. et Al. (1987), Histoire de l’Allemagne contemporaine : Les deux Etats allemands
RFA-RDA. Paris: Messidor.

BURANT, S.R. (1988), East Germany: a country study. Washington, D.C.: Federal Research
Division, Library of Congress.

CORNELSEN, D. et POHL, R. et Deutsches Institut für Wirtschaftsforschung. (1979),


Handbook of the economy of the German Democratic Republic. Farnborough: Saxon House.

DEMINSKI, P. H. (1988), Les économies planifiées : la logique du système. Paris: Edition du


Seuil.

DENNIS, M. (1988), German Democratic Republic: politics, economics, and societ., Londres:
Pinter Publishers.

KOPSTEIN, J. (1997), The Politics of Economics Decline in East Germany, 1945-1989. Chapel
Hill : University of North Carolina Press.

KORNAI, J. (1992), The socialist system. The political economy of communism. Oxford:
Clarendon Press.

LACHAISE, F. (2001), Histoire d’un état disparu : La république Démocratique Allemande


de 1945 à nos jours. Paris: Ellipses.

LAVIGNE, M. (1979), Les économies socialistes : soviétique et européennes. Paris : Armand


Colin.

LAVIGNE, M. (1985), Economie internationale des pays socialistes. Paris: Armand Colin.

LORRAIN, S. (1994), Histoire de la RDA. Paris: Presses Universitaires de France.

MERKEL, W., et WAHL, S., (1991), Das geplünderte Deutschland : Die wirtschaftliche
Entwicklung im östlichen Teil Deutschlands von 1949 bis 1989. Bonn: Schriften des Instituts
für Wirtschaft und Gesellschaft.

NOVE, A. (1986), Socialism, economics, and development. Londres: Allen & Unwin.

SLEIFER, J. (2006), Planning ahead and falling behind. The East German Economy in
comparison with West Germany 1936-2002. Berlin: Akademie-Verlag.

STEINER, A. et JUDT, M. et REICHEL, T. (2006), Statistische Übersichten zur Sozialpolitik


in Deutschland seit 1945 - Band SBZ/DDR. Bonn: Bundesministerium für Arbeit und Soziales.

44
STEINER, A. (2010), The plans that failed an economic history of GDR. New York: Berghan
Books.

STOCKES, R. G. (2000), Constructing Socialism: Technology and change in East Germany


1945-1990. Baltimore: The Johns Hopkins University Press.

STOLPER, W. F. (1960), The structure of the East German economy. Cambridge,


Massachusetts: Harvard University Press.

WAHL, A. (2009), L’Allemagne de 1945 à nos jours. Paris: Armand Colin.

WINKLER, H. A. (2000), Histoire de l’Allemagne XIX-XX siècle. Paris: Fayard.

Articles

BAYLIS, T.A (1971), Economic Reform as Ideology: East Germany's New Economic System.
Comparative Politics, Vol. 3, N°2, p. 211-229.

BAYLIS, T.A. (1986), Explaining the GDR's Economic Strategy. International Organization
Vol. 40, N°2, p. 381-420.

COLLIER, I. L. Jr. (1986), Effective Purchasing Power in a Quantity Constrained Economy:


An Estimate for the German Democratic Republic. The Review of Economics and Statistics,
Vol. 68, N°1, p. 24-32.

CORNELSEN, D. (1980), Foreign payments problems depress growth prospects: The GDR
economy in 1979. Economic Bulletin, Vol. 17, N°2, p. 5-12.

CORNELSEN, D. (1981), Structural change in the GDR’s growth prospects: The GDR
economy in 1981. Economic Bulletin, Vol. 18, N°2, p. 6-12.

CORNELSEN, D. (1982), Debts problems reduce the GDR economy: The GDR economy in
mid-1982. Economic Bulletin, Vol. 19, N°8, p. 4-9.

CORNELSEN, D. (1983), Stabilization of growth by changing the economic mechanism: The


GDR economy in mid-1983. Economic Bulletin, Vol. 20, N°8, p. 4-10.

CORNELSEN, D. (1985), Improved supply situation but decline in investment: The GDR
economy at the beginning of 1985. Economic Bulletin, Vol. 22, N°2, p. 4-11.

CORNELSEN, D. (1985), The GDR economy in mid-1985. Economic Bulletin, Vol. 22, N°8,
p. 4-9.

CORNELSEN, D. (1986), The GDR economy in 1986-1990. Economic Bulletin, Vol. 23, N°8,
p. 4-9.

CORNELSEN, D. (1989), L'économie de la RDA durant l'ère Honecker. Revue d'études


comparatives Est-Ouest, Vol. 20, N°4, p. 9-27.

45
EICHENGREEN, B et RITSCHL, A. (2009), Understanding West German economic growth
in the 1950s. Cliometrica, Vol. 3, N°3, p. 191-219.

FRANSISCO, R.A. (2005), The foreign economic policy of the GDR and the USSR: the end of
autarky? Dans : D.Childs et T.A.Baylis et M.Rueschemeyer (Ed.) East Germany in
comparative perspective, Taylor & Francis e-Library, p. 141-155.

GLITZ, A. & MEYERSSON, E. (2017), Industrial espionage and productivity. CESifo working
paper, N°6525.

GRIEDER, P. (1998), The overthrow of Ulbricht in East Germany, Journal of Contemporary


Central and Eastern Europe, Vol. 6, N°1, p. 8-45.

GRIGORIEV, P. et Al. (2017), Espérance de vie: les deux Allemagne ont-elles convergé depuis
la réunification? Population & Sociétés, N°544, p. 1-4.

HESKE, G. (2009) Volkswirtschaftliche Gesamtrechnung DDR 1950-1989: Daten, Methoden,


Vergeleiche. Historical Social Research, Supplement

HESKE, G. (2013), Wertschöpfung, Erwerbstätigkeit und Investitionen in der Industrie


Ostdeutschlands, 1950-2000: Daten, Methoden, Vergleiche. Historical Social Research, Vol.
4, p. 14-254.

KOPSTEIN, J. (1994), Ulbricht Embattled: The Quest for Socialist Modernity in the Light of
New Sources. Europe-Asia Studies, Vol. 46, N°4, p. 597-615.

PRYOR, F.L. (2005), The Rise and Fall of Marxist Regimes: An Economic Overview. Orbis,
Vol. 49, N°1, p. 123-140.

RITSCHL, A. (1996), An exercise in futility: East German economic growth and decline, 1945–
1989. Dans: Economic Growth in Europe since 1945. Cambridge: Cambridge University Press,
p. 498–540.

RITSCHL, A. & VONYÓ, T. (2014), The roots of economic failure: what explains East
Germany’s falling behind between 1945 and 1950? European Review of Economic History,
Vol. 18, N°2, p. 166–184.

SAMSON, I. (1984), Les échanges inter-allemands : un espace protégé dans le commerce Est-
Ouest. Revue d'études comparatives Est-Ouest, Vol. 15, N°4, p. 69-99.

SAMSON, I. (1989), La RDA de Honecker ou la recherche d’un socialisme prussien. Revue


d'études comparatives Est-Ouest, Vol. 20, N°4, p. 29-46.

STANKHE, A. A. (1987), Kombinate as the Key Structural Element in the GDR Intensification
Process. Studies in comparative communism, Vol. 20, N°1, p. 27-37.

VAN ARK, B. (1995), The manufacturing sector in East Germany: a reassessment of


comparative productivity performance, 1950–1988. Jahrbuch für Wirtschaftsgeschichte, Vol.2,
p. 75–100.

46
VORTMANN, H. (1989), La sécurité sociale en RDA. Revue d'études comparatives Est-Ouest,
Vol. 20, N°4, p. 91-106.

Autres
FRANZMAN, G. (2007), Bevölkerung in der ehemaligen DDR 1946-1989. Etude N° ZA 8267,
consultée en 2017 depuis de https://histat.gesis.org.

NOLL, H-H. et WEICK, S. (2013), DISI: Deutsches System Sozialer Indikatoren. Gesundheit,
1950-2013. Etude N° ZA 8647, consultée en 2017 depuis https://histat.gesis.org.

OCDE, Base de données. Consultée en 2017 depuis https://data.oecd.org.

SENSCH, J. (2013), Histat-datenkompilation online: Basisdaten zur entwicklung der


gesundheitsverhältnisse in Deutschland, 1816 – 2010. Etude N° ZA 8563, consultée en 2017
depuis https://histat.gesis.org.

STAATLICHEN ZENTRALVERWALTUNG FÜR STATISTIK (1956), Statistisches


jahrbuch der DDR.
Repris en 2017 depuis http://www.digizeitschriften.de/dms/toc/?PID=PPN514402644

STAATLICHEN ZENTRALVERWALTUNG FÜR STATISTIK (1960), Statistisches


jahrbuch der DDR. Consulté en 2017 depuis
http://www.digizeitschriften.de/dms/toc/?PID=PPN514402644

STAATLICHEN ZENTRALVERWALTUNG FÜR STATISTIK (1976), Statistisches


jahrbuch der DDR. Consulté en 2017 depuis
http://www.digizeitschriften.de/dms/toc/?PID=PPN514402644

STAATLICHEN ZENTRALVERWALTUNG FÜR STATISTIK (1989), Statistisches


jahrbuch der DDR. Consulté en 2017 depuis
http://www.digizeitschriften.de/dms/toc/?PID=PPN514402644

STAATLICHEN ZENTRALVERWALTUNG FÜR STATISTIK (1990), Statistisches


jahrbuch der DDR. Consulté en 2017 depuis
http://www.digizeitschriften.de/dms/toc/?PID=PPN514402644

47
Annexes
Figure 15 : Evolution de la population de la RDA et de la RFA (en million)
RDA RFA
1939 16,7 43
1946 18,1 46,2
1947 / 47
1948 19,1 48,3
1949 18,9 49,2
1950 18,4 50,2
1955 17,8 52,4
1960 17,2 55,4
1965 17 58,6
1970 17,1 60,7
1974 16,3 62,1
1975 16,8 61,8
1980 16,7 61,6
1985 16,7 61
1989 16,4 62,4
Source: MERKEL, W., et WAHL, S., (1991), Das geplünderte Deutschland : Die wirtschaftliche Entwicklung im östlichen
Teil Deutschlands von 1949 bis 1989.

48
Figure 16 : Part de travailleurs dans la population totale de la RFA et de la RDA
RFA RDA
1950 41,8% 45,4%
1951 42,4% 45,5%
1952 43,1% 45,7%
1953 43,8% 46,2%
1954 44,6% 46,7%
1955 45,8% 47,1%
1956 46,5% 47,8%
1957 47,1% 48,3%
1958 47,0% 48,7%
1959 47,0% 48,9%
1960 47,3% 49,1%
1961 47,4% 49,3%
1962 46,9% 49,4%
1963 46,6% 49,2%
1964 46,1% 49,7%
1965 45,7% 49,8%
1966 45,3% 49,8%
1967 43,7% 50,2%
1968 43,6% 50,4%
1969 43,8% 50,8%
1970 43,9% 51,2%
1972 43,6% 51,7%
1975 42,4% 53,4%
1978 43,1% 55,7%
1979 43,9% 56,2%
1980 44,5% 56,6%
1981 44,4% 57,0%
1982 44,1% 57,5%
1983 43,9% 57,9%
1984 44,4% 58,2%
1985 45,1% 58,5%
1986 45,9% 58,7%
1987 46,5% 58,8%
1988 46,9% 59,0%
1989 47,3% 58,7%
Source: HESKE, G. (2009) Volkswirtschaftliche Gesamtrechnung DDR 1950-1989: Daten, Methoden, Vergeleiche.

49
Figure 17 : Répartition des investissements dans le secteur de l’industrie en RDA (en %)

50
Figure 18 : Structure du commerce de la RDA avec l’URSS (moyenne annuelle en %)
Importations 1961-1965 1966-1970 1971-1975
Matières premières et
matériaux basiques 55,6 50,7 52,4
Dont fer, acier et pétrole 41,5 36,2 39,1
Biens d’équipement 5,9 13,4 19,1
Biens de consommation 9 6,4 3,5
Produits agroalimentaires 17,7 12,3 6,3
Autres 11,8 17,2 25

Exportations 1961-1965 1966-1970 1971-1975


Matières premières et
matériaux basiques 10 8,5 9,1
Dont produits chimiques 9,1 7,6 8,2
Biens d’équipement 59,2 58,8 55,9
Biens de consommation 16 17,3 15
Autres 14,8 15,4 20
Source: CORNELSEN, D. et POHL, R. et Deutsches Institut für Wirtschaftsforschung. (1979), Handbook of the economy of
the German Democratic Republic, p.342

Figure 19 : Structure du commerce de la RDA avec la Pologne (en %)


Importations 1965 1970 1974
Matière premières et
matériaux basiques 50,7 21,9 32,1
Dont charbon 19,9 7,2 6,9
Biens d'équipement 20,7 39,4 42
Biens de consommation 2,3 1,9 3,1
Produits alimentaires 8 3,9 4,6
Autres 18,4 32,9 18,2

Exportations 1965 1970 1974


Matière premières et
matériaux basiques 25,6 27,3 23,4
Dont Produits chimiques 15 14 12,2
Biens d'équipement 51,8 56,3 67
Biens de consommation 11,5 14,2 6,1
Produits alimentaires 2,4 0,7 1,1
Autres 8,7 1,5 2,4
Source: CORNELSEN, D. et POHL, R. et Deutsches Institut für Wirtschaftsforschung. (1979), Handbook of the economy of
the German Democratic Republic, p.345

51
Figure 20 : Structure du commerce de la RDA avec la Hongrie (en %)
Importations 1965 1970 1974
Matière premières et
matériaux basiques 5,4 3,7 4,3
Biens d'équipement 24,7 32,5 46,9
Biens de consommation 5,5 4,8 6,8
Produits alimentaires 32,2 19,6 25,6
Autres 32,2 39,4 16,4

Exportations 1965 1970 1974


Matière premières et
matériaux basiques 15,8 10,5 17,9
Biens d'équipement 30,9 37,8 52,9
Biens de consommation 5,2 4,4 6,2
Produits alimentaires 1,9 3,4 5,8
Autres 46,2 43,9 17,2
Source: CORNELSEN, D. et POHL, R. et Deutsches Institut für Wirtschaftsforschung. (1979), Handbook of the economy of
the German Democratic Republic, p.346

Figure 21 : Structure du commerce de la RDA avec l’OCDE (moyenne annuelle en %)


Importations 1961-1965 1966-1970 1971-1975
Matières premières et
matériaux basiques 27,6 27,8 39,6
Dont produits chimiques 7,2 8 19,2
Biens d'équipement 20,1 33,2 31,4
Biens de consommation 5,2 5 7,8
Produits alimentaires 43,6 28,8 17,6
Autres 3,5 5,2 3,6

Exportations 1961-1965 1966-1970 1971-1975


Matières premières et
matériaux basiques 44 39,6 33,3
Dont produits chimiques 12,6 12 13,5
Biens d'équipement 23,4 25 28,8
Biens de consommation 19,5 16,5 19,5
Produits alimentaires 9,7 13,6 15
Autres 3,4 5,3 3,4
Source: CORNELSEN, D. et POHL, R. et Deutsches Institut für Wirtschaftsforschung. (1979), Handbook of the economy of
the German Democratic Republic, p.340

52

Vous aimerez peut-être aussi