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UNIVERSITE NORBERT ZONGO

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Unité de Formation et de Recherche en Sciences Economique et de Gestion


(UFR/SEG)

COURS DE MACROECONOMIE :
Equilibre et déséquilibre macroéconomiques

Niveau : L2/S3

Enseignants : Pr. Mahamadou DIARRA


diarrahamed@gmail.com

Dr. Oumarou ZALLE


ozallas@yahoo.com

Dr. Mariam BAKOUAN


limarisim@yahoo.fr

Année universitaire 2020-2021


Table des matières
Introduction générale .................................................................................................................. 1
Chapitre I : Le modèle classique et la critique keynésienne ...................................................... 3
Introduction ................................................................................................................................ 3
I. L’approche classique .............................................................................................................. 4
I.1. La conception générale de l’économie............................................................................. 4
I.1.1. La nature de l’économie : une économie réelle d’échange ....................................... 4
I.1.2. L’objet de l’analyse : équilibre général des échanges............................................... 5
I.2. Les deux principes fondamentaux de la macroéconomie classique ................................. 6
I.2.1. La loi des débouchés ................................................................................................. 6
I.2.2. La théorie quantitative de la monnaie ....................................................................... 6
I.3. La structure d’un modèle d’inspiration classique ............................................................ 7
I.3.1. La détermination du niveau d’activité et d’emploi : marché du travail et fonction de
production........................................................................................................................... 7
I.3.2. La détermination de la structure de la production : le marché des prêts ................... 9
I.3.3. Les effets d’une régulation macroéconomique ....................................................... 10
II. La critique keynésienne ....................................................................................................... 11
II.1. La conception générale de l’économie ......................................................................... 11
II.1.1. Le projet de Keynes ............................................................................................... 11
II.1.2. La nature de l’économie : une économie monétaire de production ....................... 12
II.2. Les deux principes fondamentaux de la macroéconomie keynésienne ........................ 13
II.2.1. Le principe de la demande effective ou critique de la loi de Say .......................... 13
II.2.2. Le principe de la préférence pour la liquidité ou critique de la théorie quantitative
de la monnaie ................................................................................................................... 14
Chapitre II : Le modèle revenu-dépense et le principe du multiplicateur ................................ 15
Introduction .............................................................................................................................. 15
I. Le principe de la demande effective et l’équilibre sur le marché des biens & services ....... 15
I.1. La demande effective ..................................................................................................... 15
I.2. La détermination du revenu d’équilibre ......................................................................... 16
I.3. Ecart déflationniste et écart inflationniste ...................................................................... 17
I.3.1. Ecart déflationniste ................................................................................................. 17
I.3.2. Ecart inflationniste .................................................................................................. 18

i
II. Le principe du multiplicateur et la régulation budgétaire conjoncturelle ............................ 19
II.1. Le principe du multiplicateur de l’investissement ........................................................ 19
II.1.1 Le processus du multiplicateur ............................................................................... 19
II.1.2. Le processus d’ajustement de l’épargne à l’investissement : l’identité I = S ........ 20
II.1.3. Représentation graphique du processus du multiplicateur .................................... 21
II.2. Les multiplicateurs et la politique budgétaire ............................................................... 21
Chapitre III : Le modèle IS/LM ............................................................................................... 23
Introduction .............................................................................................................................. 23
I. La présentation du schéma IS-LM à prix fixe ...................................................................... 23
I.1. Le marché des biens et services et la courbe IS ............................................................. 24
I.2. Le marché de la monnaie et la courbe LM..................................................................... 26
I.3. L’équilibre simultané sur les deux marchés : IS-LM..................................................... 29
II. La politique macroéconomique dans le modèle IS-LM ...................................................... 31
II.1. Le modèle IS-LM et l’efficacité de la politique budgétaire ......................................... 31
II.2. Le modèle IS/LM et la politique monétaire .................................................................. 33
II.3. Le policy-mix ............................................................................................................... 35
II.3. Critiques et intérêt du modèle IS/LM ........................................................................... 36
Chapitre IV : Le modèle offre globale/demande globale ......................................................... 37
Introduction .............................................................................................................................. 37
I. La fonction de demande agrégée (AD) ................................................................................. 37
II. La fonction d’offre globale (AS) ......................................................................................... 39
III. Equilibre demande globale/ offre globale .......................................................................... 40
IV. Le modèle AD/AS et la politique économique : effets prix et effets quantités d’une politique
économique expansionniste...................................................................................................... 41
Conclusion générale ................................................................................................................. 43
Références bibliographiques .................................................................................................... 44

ii
Introduction générale

Dans les semestres 1 et 2, nous nous sommes intéressés à l’offre globale (fonction de production
macroéconomique) ainsi qu’aux déterminants essentiels de la demande globale (consommation
et investissement). A présent, il convient d’étudier les interactions entre l’offre et la demande
globale dans les économies de marché afin de dégager le revenu national d’équilibre.

Dans son sens macroéconomique, l’équilibre peut être défini comme une situation de cohérence
de l’ensemble du système économique dans lequel les décisions des différents groupes d’agents
économiques s’exprimant sur les différents macro-marchés sont compatibles entre elles. De
cette situation de cohérence générale, il se dégage un revenu d’équilibre qui détermine le
volume d’emploi et par conséquent le taux de chômage dans l’économie.

La notion d’équilibre macroéconomique est empruntée à l’analyse classique de l’équilibre


microéconomique. Dans l’optique macroéconomique, l’équilibre qualifié de général renvoie à
l’équilibre simultané sur les quatre marchés (biens et services, travail, fonds prêtables,
monnaie). Dès lors, il se pose la question de savoir si cet équilibre général est possible et
durable.

Selon la théorie classique, l’équilibre général est l’état naturel de l’économie du marché, car
selon cette théorie, le marché laisser à lui-même permet d’aboutir toujours à une situation
d’équilibre optimal pour tous les agents. Les situations de déséquilibre sont donc des
évènements passagers qui peuvent résulter de l’intervention de facteurs exogènes. Cette vision
optimiste du fonctionnement des économies de marché est réfutée par la vision keynésienne qui
stipule que les économies de marché sont constituées de centre de décisions multiples et
décentralisés et pour cela, il est fort probable que les décisions des uns ne coïncident pas avec
les désirs des autres. Par exemple, les entreprises décident du niveau de production et les
ménages décident la quantité demandée et il n’y a aucune raison que les deux désirs coïncident.

Par ailleurs, dans l’optique du circuit économique, les économistes ont des points de vue
divergents sur le point d’amorçage de l’activité. Selon les classiques, la capacité de l’économie
de marché à s’autoréguler est fondée sur les deux postulats de base de la théorie classique : la
loi des débouchés et l’identité de Walras. Toute offre étant une demande, il ne peut donc pas y
avoir une situation de déséquilibre durable de l’ensemble du système.

1
Pour la théorie classique, l’équilibre macroéconomique est un équilibre général qui présente les
caractéristiques suivantes :

• il résulte de l’agrégation des comportements rationnels individuels de tous les agents


économiques, de ce fait, il est Pareto-optimal ;
• tous les marchés sont interdépendants à travers les mécanismes d’ajustement des prix
relatifs ;
• il est déterminé dans un univers sans monnaie ;
• il correspond toujours à un équilibre de plein-emploi.

Pour Keynes cependant, la demande gouverne l’offre. De plus, comme l’économie de marché
est un système de centres de décisions décentralisés, elle ne possède pas de mécanismes
autorégulateurs suffisamment puissants pour atteindre systématiquement le plein-emploi.
L’équilibre de sous-emploi est donc une situation naturelle pour une économie.

Pour les keynésiens, cet équilibre est qualifié de global et a les caractéristiques suivantes :

• il résulte de l’interaction des fonctions macroéconomiques (Consommation,


Investissement, Demande de monnaie) ;
• les prix et les salaires sont rigides ;
• la monnaie joue un rôle majeur dans la détermination des variables réelles ;
• l’équilibre global est généralement un équilibre de sous-emploi.

L’objectif de la présente partie du cours de macroéconomie est de présenter des modèles


simples fondés sur la vision keynésienne du fonctionnement de l’économie. A cet égard, elle
est organisée en quatre chapitres. Le premier présente le modèle classique et la critique
keynésienne. Le second développe le modèle le plus simplifié pour décrire une macroéconomie.
Il s’agit du modèle revenu-dépense ou modèle keynésien simple ou encore diagramme de 45°
qui ne considère que le seul marché des biens et services. Le modèle présenté dans le chapitre
3 va élargir le modèle simple pour intégrer le marché de la monnaie dans l’analyse. Quant au
quatrième chapitre, il lève l’hypothèse keynésienne de prix fixe en intégrant dans l’analyse les
aspects liés à l’inflation.

2
Chapitre I : Le modèle classique et la critique keynésienne

Introduction

La macroéconomie moderne a émergé en tant que discours distinct au sein de la théorie


économique à l’occasion de la parution, en 1936, de l’œuvre majeure de John Maynard Keynes
intitulée « Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie ». Elle est apparue alors
comme une approche critique de la conception générale de l’économie que véhiculait la
tradition classique, c’est-à-dire de la représentation que celle-ci se fait du mécanisme de
fonctionnement spontané de nos systèmes économiques.

La tradition classique représente les économies dans lesquelles nous vivons sous les traits
d’économies réelles d’échange, dans lesquelles la monnaie ne joue pas un rôle spécifique en
dehors de celui d’être un expédient technique des échanges et où tous les marchés sont conçus
comme des lieux autorisant par le jeu des mouvements de prix la mise en cohérence de la
multitude des décisions économiques.

Pour la théorie classique, tout part de l’offre, c’est-à-dire des conditions d’une production
rentable pour les entrepreneurs. Le chômage est alors dû à un coût de travail trop élevé si bien
qu’il n’est pas rentable pour les entrepreneurs d’embaucher toutes les personnes à la recherche
d’un emploi. L’Etat doit donc par conséquent lutter contre les « rigidités » qui empêchent le
marché du travail de fonctionner correctement (syndicats, salaire minimum, protection de
l’emploi, allocation chômage, etc.).

Pour la logique keynésienne, tout part de la demande c’est-à-dire du volume des comptes ou
des débouchés. Le chômage est alors dû à une insuffisante persistante de la demande. L’Etat
doit par conséquent intervenir en augmentant les dépenses publiques, en réduisant les impôts,
ou en demandant à la banque centrale de diminuer le taux d’intérêt.

En réalité, depuis la fin des années 70, un consensus existe pour admettre l’existence simultanée
de deux types de mécanismes à court terme et pour reconnaître que la théorie néoclassique est
valable à long terme. Le principal point de divergence restant concerne la durée permettant de
distinguer ce que l’on a appelé le moyen terme du court terme.

3
I. L’approche classique

On regroupe généralement sous le nom de théorie classique le courant de pensée qui va d’Adam
Smith (Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations, 1776), Jean-Baptiste
Say (Traité d’économie politique, 1803), David Hume (Principes de l’économie politique et de
l’impôt, 1817), jusqu’à Alfred Marshall (Principes d’économie politique, 1890) et à Arthur
Cécil Pigou (La Théorie du Chômage, 1933).
Trois principes majeurs sont à la base de la théorie classique/néoclassique :

• Le principe général consiste à analyser les économies contemporaines comme des


économies de marchés. Ces marchés sont spontanément à l’équilibre ; idée qui apparaît
avec Adam Smith et sa parabole de la main invisible ;
• La loi des débouchés qui soutient que l’offre crée toujours sa propre demande, de sorte
que l’économie ne peut jamais connaître de surproduction. La validité de cette loi est
subordonnée au rôle conféré à la monnaie ;
• La théorie quantitative de la monnaie selon laquelle la monnaie n’a pas d’effets réels,
mais affecte seulement le niveau général des prix, repose, au fond, sur l’idée que la
monnaie n’est jamais demandée pour elle-même (constance de la vitesse de circulation
de la monnaie).

I.1. La conception générale de l’économie

I.1.1. La nature de l’économie : une économie réelle d’échange


Les économistes néoclassiques considèrent les systèmes économiques dans lesquels nous
vivons comme des économies d’échange, des économies réelles et des économies certaines.

• Les économies d’échange signifient que toute activité économique peut être
appréhendée comme une activité marchande, que la coordination des activités
économiques, la conciliation entre intérêts individuels et optimum social s’effectue sur
des marchés.
• Les économies réelles signifient que la monnaie est considérée comme simple
instrument d’échange (neutralité de la monnaie), que par conséquent la monnaie n’est
jamais demandée pour elle-même.
• Les économies certaines signifient qu’il n’y a pas d’incertitude exogène qui ne soit pas
probabilisable, qu’il n’existe pas d’incertitude endogène.

4
I.1.2. L’objet de l’analyse : équilibre général des échanges
Selon l’approche néoclassique, le mécanisme essentiel qui permet de coordonner les décisions
des agents économiques est le marché. C’est en ce sens que nos économies sont décrites comme
des économies de marché. L’objet de l’analyse est donc la représentation de ce mécanisme
d’ajustement marchand, puis la recherche des conditions de réalisation de l’équilibre général
des marchés, et de sa stabilité. La représentation schématique du fonctionnement d’un marché
est alors la suivante :

P Courbe d’offre

P1
E
P*

P2
Courbe de demande

Q02 Q11 Q* Q01 Q

Le marché est conçu comme un lieu sur lequel les acheteurs et les vendeurs entrent en contact
pour échanger des marchandises. Il va résulter ensuite une confrontation entre l’offre et la
demande. A l’équilibre, il n’y a aucun agent rationné, et chacun est satisfait de la situation
économique qui prévaut, puisqu’il réalise au regard des prix en vigueur, les transactions qu’il
souhaitent opérer. A cet équilibre E, on a un prix et une quantité d’équilibre notée P* et Q*. En
dehors de ce point d’équilibre, il existe deux autres situations que sont P1 et P2 qui donnent
respectivement des offres et des demandes différentes. Dans la conception néoclassique, les
marchés remplissent tous la même fonction économique : ils déterminent des prix tels que la
quantité que les acheteurs souhaitent acquérir soit égale à celle que les vendeurs désirent offrir.

Cette représentation graphique définit, dans la conception classique, les conditions de


fonctionnement idéal d’une économie de marché, conditions vers lesquelles toute économie
réelle devrait tendre, pour assurer une régulation harmonieuse du marché.

5
I.2. Les deux principes fondamentaux de la macroéconomie classique

I.2.1. La loi des débouchés


La loi des débouchés ou loi de Say, affirme, en fait plus qu’elle ne démontre, que toute
production trouve nécessairement une demande qui lui est équivalente. Dès lors, toute crise de
surproduction est impossible au niveau macroéconomique. S’il existe des capacités de
production et de la main d’œuvre en excès alors elles peuvent être à l’origine de nouvelles
productions, qui sont elles-mêmes selon la loi, source de nouvelles demandes.

Dans la pensée classique, il ne peut pas y avoir de problèmes de débouchés pour les biens
produits. Pour cette théorie, ce n’est pas la demande de biens qui cause problème par son
insuffisance mais c’est l’offre de biens elle-même qui peut être limitée à un moment donné.

I.2.2. La théorie quantitative de la monnaie


Littéralement, la théorie quantitative de la monnaie exprime qu’il existe un lien direct entre la
quantité de monnaie en circulation dans l’économie au cours d’une période et le niveau général
des prix de cette économie. Cette théorie quantitative de la monnaie a connu des évolutions et
la version moderne a été présentée par Irving Fisher. Irving Fisher part de l’identité comptable :

Revenu nominal = Dépense totale

Par la suite et puisque :

- la dépense totale est le produit du stock total de signes monétaires disponibles dans
l’économie, M, par la vitesse de circulation de la monnaie, V ;
- le revenu nominal total est le produit de la production vendue en volume (en termes
réels), Q, par le niveau général des prix ,P.

On a donc, Revenu nominal = Dépense totale, d’où PQ=MV.

Pour que l’on puisse dériver de cette identité comptable une théorie causale de la détermination
du NGP par le stock de monnaie, il faut adjoindre deux autres hypothèses :

- la vitesse de circulation de la monnaie est un paramètre constant, V = V


- le volume de la production Q échangé est déterminé avant la réalisation effective des
transactions, dans la sphère réelle, et donc est insensible au déroulement des échanges
monétaires, Q = Q

6
On peut donc écrire que : MV = PQ et par conséquent, on déduit que M = P , qui signifie
que toute variation de stock de monnaie se répercute de façon directe sur le NGP.

I.3. La structure d’un modèle d’inspiration classique


Le modèle d’inspiration classique va partir d’une économie fermée à 3 agents (un ménage
représentatif, une entreprise représentative et l’Administration) et 4 macro-marchés (marché du
travail, marché des biens, marché des titres financiers et le marché de la monnaie). On admet la
spécialisation suivante des agents : les firmes produisent et investissent, les ménages
consomment, épargnent et offrent leur travail, et l’administration est un agent non marchand
qui effectue des dépenses publiques pour la collectivité.

En vertu de la loi de Walras, le modèle classique ne modélise explicitement que trois marchés
sur quatre. En règle générale, il choisit de ne traiter que les seuls marchés du travail, des titres
et de la monnaie, les comportements et les conditions d’équilibre sur le marché des biens restant
induits ou implicites.

Dans ce cadre, le modèle classique se caractérise par un modèle d’offre (les seules contraintes
se situant du côté de l’offre : marché du travail et fonction de production), et un modèle
dichotomique (le secteur monétaire n’ayant aucune influence sur le niveau réel des grandeurs
économiques).

I.3.1. La détermination du niveau d’activité et d’emploi : marché du travail et fonction de


production
Le niveau d’activité et le niveau de l’emploi vont être déterminés à partir du marché de l’emploi
et de la fonction de production.

Selon l’approche classique, le niveau d’emploi dans l’économie se détermine sur le seul marché
du travail. La demande de travail est déduite des conditions techniques de la production et de
l’hypothèse de rationalité des entreprises. Les conditions techniques représentent une contrainte
pour les entreprises et sont données par la fonction de production macroéconomique de court
terme : Q0 = A  F ( LD , K ) avec F '  0, F ''  0

On suppose que le marché des biens est un marché concurrentiel c’est-à-dire que les prix des
biens s’imposent aux entreprises. Sur cette base, la demande de travail des entreprises se déduit
de leur comportement de maximisation du profit, qui les conduit à égaliser à la marge le

7
bénéfice attendu de l’embauche d’un travailleur supplémentaire et le coût marginal que cette
embauche induit. On a :
 w Q w w
PmL =    D =  FL' ( LD ) =
P L P P

FL' désigne la productivité marginale du travail et traduit le supplément de produit induit, à la


marge, par la variation d’une unité de la demande de travail.

La fonction de demande de travail est donc : LD = F '−1   . Cette fonction est décroissante en
w
P

raison de la décroissance de la productivité marginale du travail.

L’offre de travail, quant à elle, est une fonction croissante du taux de salaire réel. Elle résulte
d’un arbitrage de la part des ménages entre travail et loisirs. Lorsque le taux de salaire réel
s’élève, le coût d’opportunité du loisir augmente. Cela conduit à substituer du travail au loisir,
et donc à augmenter l’offre de travail. Mais, cet effet de substitution se conjugue à un effet de
revenu qui joue en sens contraire. La théorie néoclassique privilégiée en général, l’hypothèse
de dominance de l’effet de substitution sur l’effet de revenu.

On a donc : Lo = Lo   (L )
w o '
avec 0
P

Finalement, la pression exercée symétriquement sur le marché du travail par les fonctions

d’offre et de demande de travail établit un équilibre pour un taux de salaire réel   et un


w
P

niveau d’emploi ( N ) . Le niveau d’emploi est obtenu par la confrontation de la courbe d’offre
et de demande.
Courbe de demande Courbe d’offre de
travail L0(W/P)
Taux de salaire réel

de travail LD(W/P)

(W/P)*

N= L0(W/P)= LD(W/P) Niveau d’emploi


8
On comprend que si le taux de salaire réel effectif est inférieur au taux de salaire réel
d’équilibre, il y a excès de la demande de travail de la part des firmes et les salaires monétaires
vont augmenter. Le NGP étant inchangé, les salaires réels vont augmenter, réduisant la demande
de travail et augmentant l’offre de travail.
A l’équilibre du marché, on a : LO = LD = Niveau d ' emploi . Une situation de chômage
involontaire durable est donc, dans ce cadre, inconcevable. La conception classique de la
détermination du niveau de l’emploi ne vaut donc que moyennant l’acceptation de la loi de Say
qui évacue les problèmes de débouchés.

I.3.2. La détermination de la structure de la production : le marché des prêts


Le marché du capital ou marché des fonds prêtables met en relation les épargnants désirant
placer leurs fonds et, d’une part les entreprises désirant emprunter pour investir, et d’autre part
l’Administration désirant financer son déficit budgétaire. Le libre fonctionnement du marché
va, comme dans le cas du marché du travail, fixer une quantité échangée d’équilibre et un prix
d’équilibre en occurrence un taux d’intérêt d’équilibre. Généralement, l’équilibre du marché
des fonds prêtables n’a aucune influence sur le niveau du produit global. Cela tient à l’hypothèse
de courte période qui conduit à admettre un stock de capital fixe : les décisions d’épargne et
d’investissement n’ont d’influence à court terme que sur la composition de la demande qui
s’adresse aux entrepreneurs.

L’offre de capital de prêt (demande de titres) des ménages est dérivée des règles supposées de
comportement individuel. Elle résulte en outre d’une procédure d’optimisation intertemporelle
des ménages entre consommer aujourd’hui et consommer demain. Dans ces conditions, le taux
d’intérêt va apparaître comme une récompense de l’abstinence de consommation.

Du côté de la demande de capital de prêt ou offre de titres, on peut distinguer le comportement


de l’Etat de celui des entreprises.

• en ce qui concerne l’Etat, puisque la demande de capital de prêt résulte de la nécessité


de trouver les moyens de financer le déficit budgétaire, on peut supposer que ce
comportement est indépendant du niveau du taux d’intérêt : la demande est inélastique ;
• en ce qui concerne les entreprises, elle est le fait des entreprises qui investissent : elle
est donc déterminée par leurs décisions d’investissement. Puisque l’investissement est
décroissant avec le niveau des taux d’intérêt, il en sera de même pour la demande de
capital de prêt.
9
La confrontation des courbes d’offre et de demande de fonds prêtables assurent ainsi un
équilibre sur le marché des capitaux.

Demande de titres
Niveau de taux
d’ intérêt réel

Offre de titres
(demande de fonds prêtables) (offre de fonds prêtables)

(i)

P* Montant de capital échangé

Selon l’approche classique, le marché des fonds prêtables n’a aucune influence sur le niveau du
revenu global, et ne fait qu’influencer sa répartition entre bien de consommation et bien
d’investissement. Cela tient à l’hypothèse de courte période qui conduit à admettre un stock de
capital fixe. Ainsi, les décisions d’épargne et d’investissement n’ont d’influence à court terme
que sur la composition de la demande qui s’adresse aux entrepreneurs, mais n’influencent pas
le niveau de l’offre qui dépend entièrement de ce qui se passe sur le marché du travail. Ce n’est
qu’à long terme que les investissements réalisés agissent sur ce niveau, en augmentant les
capacités de productions, en introduisant le progrès technique.

I.3.3. Les effets d’une régulation macroéconomique


L’équilibre classique que nous venons de décrire est un optimum au sens de Pareto. Cela
signifie que à chaque équilibre de marché, l’ensemble des agents est satisfait, que chaque agent
particulier soit ou non en situation de transaction. Il n’est par conséquent pas possible
d’améliorer les conditions de qui que ce soit sans pénaliser au moins un autre agent. Cette
propriété nourrit clairement l’intuition que la politique économique est inutile. En effet, si le
fonctionnement spontané de l’économie capitaliste, conçue comme économie de marchés, est
harmonieux, pourquoi s’embrasser de déterminer et d’appliquer des politiques économiques ?
Il suffit de laisser librement les marchés, qui, en vertu de leurs qualités autorégulatrices et au

10
travers de l’ajustement variables-prix, éliminent progressivement les éventuels déséquilibres se
faisant jour, au fur et à mesure que les échanges et les transactions se développent.

Dans cette perspective, Adam Smith soutient que : dès lors que le mécanisme de
fonctionnement spontané de l’économie de marché est harmonieux, toute volonté, aussi bien
intentionnée soit-elle, d’intervention extérieure dans ce mécanisme ne peut que le perturber, et
introduire des déséquilibres qui en étaient à priori absents. Ces déséquilibres vont uniquement
se manifester dans le secteur monétaire et financier ; l’intervention de l’Etat n’affectera en rien
l’équilibre du marché du travail, et donc n’affectera en rein le niveau d’emploi et d’activité
réelle. Une politique économique visant à soutenir le niveau d’activité économique n’aura
éventuellement d’effet que sur les grandeurs nominales, en conduisant à une élévation du niveau
général des prix, mais jamais aucun effet sur les grandeurs réelles.

Enfin, la tentation d’instaurer des règlementations ne peut qu’empêcher le système libéral de


fonctionner correctement. Les déséquilibres, qui n’auraient pu être que temporaires, vont alors
se pérenniser puisque le mécanisme d’ajustement ne joue plus.

II. La critique keynésienne

II.1. La conception générale de l’économie

II.1.1. Le projet de Keynes


Keynes démontre en 1936 que le fonctionnement spontané des économies capitalistes n’est pas
harmonieux, qu’il débouche sur des situations de sous-emploi massif des facteurs, en particulier
sur le chômage involontaire de la main d’œuvre. Dans les termes classiques, Keynes veut
démontrer que le marché du travail peut se clore dans une situation où demeure du chômage
involontaire, et ce en dépit d’une flexibilité des salaires réels. Keynes remet fondamentalement
en cause le mode de détermination de l’équilibre sur le marché du travail. En l’occurrence,
Keynes démontre que l’offre de travail n’est pas en mesure de peser sur le niveau d’emploi, qui
ne résulte que des seules décisions unilatérales des entrepreneurs. Dans la théorie économique,
une telle situation ne peut se concevoir qu’à la condition que les entrepreneurs ne soient pas
assurés de leurs débouchés. La véritable attaque de Keynes concerne la loi de Say. En effet,
une situation de chômage involontaire, en dépit d’une flexibilité des salaires réels n’est donc
envisageable que moyennant l’invalidation de la loi de Say.

11
A son tour, une invalidation de la loi de Say conduit logiquement à remettre en cause la théorie
quantitative de la monnaie et la vision classique du marché du capital, du rôle qu’y joue le taux
d’intérêt, et de la manière dont se réalise l’égalité épargne-investissement. La théorie générale
de l’emploi va décrire les économies dans lesquelles nous vivons sous une forme éloignée de
la vision classique.

II.1.2. La nature de l’économie : une économie monétaire de production


Contrairement à la théorie classique, Keynes va considérer les économies comme :

• des économies de production ;


• des économies monétaires ;
• des économies incertaines.

Les économies de production signifient :

✓ que l’activité économique s’organise autour de la mise en œuvre par les entrepreneurs
de la production qui est un acte économique spécifique qui ne se réduit pas à un acte
marchand. Les niveaux de production et d’emploi et leur variation sont déterminés par
les seuls entrepreneurs, sur la base de leurs anticipations, à court terme, de la demande
globale qui leur est adressée. Le marché dans ce cadre a un statut théorique différent de
celui du marché classique. Il n’est que le lieu où se confirment, ou s’infirment, les
anticipations des entrepreneurs. Mais, il n’est pas un lieu où peuvent s’ajuster les
différentes décisions économiques ;
✓ que l’économie n’est donc pas une économie de marché au sens où l’entendent les
néoclassiques. Il n’existe pas en particulier un marché du travail, où les décisions d’offre
et de demande de travail pourrait s’ajuster les unes aux autres. Même si le contrat salarial
a l’aspect d’une relation marchande dans laquelle le salaire semble jouer le rôle du prix
de la transaction, les salariés n’ont aucun moyen de peser sur les décisions d’emploi qui
découlent des seules décisions de production des entrepreneurs. Aussi, les salaires réels,
mêmes s’ils sont flexibles ne sont pas des variables d’ajustement de l’offre et de la
demande de travail.

Les économies monétaires signifient par contre que :

✓ la monnaie n’est qu’un simple instrument des échanges. Elle est d’abord l’unité de
compte des transactions. L’économie est une économie monétaire entendue dans le sens
12
où Keynes ne distingue pas les grandeurs réelles des grandeurs monétaires. Ensuite, la
monnaie est un moyen de paiement. A ce titre, elle est le moyen de la détention
privilégiée de la richesse. La monnaie est donc demandée pour elle-même autant sinon
davantage que dans le seul dessein de réaliser des échanges.
✓ la monnaie n’est plus logiquement pas neutre. En raison de l’absence de dichotomie,
les comportements vis-à-vis de la monnaie vont influencer le niveau de l’ensemble des
grandeurs économiques, en particulier ceux de la production et de l’emploi. L’existence
d’une préférence pour la liquidité, en particulier, va rompre le lien entre offre globale et
demande globale et peut être un facteur de crise. Mais le comportement de préférence
pour la liquidité est en grande partie lié à l’incertitude inhérente à l’activité économique.

Les économies incertaines signifient que :

✓ l’activité économique se déroule dans un monde caractérisé par l’existence d’une


incertitude radicale (non probabilisable), liée au caractère décentralisé du système
économique dans lequel une décision économique peut être mise en œuvre
indépendamment et préalablement à une mise en cohérence avec l’ensemble des autres
décisions économiques.
✓ les anticipations jouent dès lors un rôle essentiel. Les agents économiques ont tendance
à conformer leurs décisions à celle de l’opinion commune telle qu’ils se la représentent.

Cette vision globale du fonctionnement des économies s’exprime dans l’invalidation des deux
principes fondamentaux de la macroéconomie classique. Ces deux principes sont : la loi de Say
et le rôle joué par la monnaie. Keynes va substituer à ces deux principes le principe de la
demande effective et le principe de la préférence pour la liquidité.

II.2. Les deux principes fondamentaux de la macroéconomie keynésienne

II.2.1. Le principe de la demande effective ou critique de la loi de Say


Dans la construction de Keynes, les volumes de la production et de l’emploi ne se déterminent
pas comme le résultat du fonctionnement du marché du travail, mais sont déterminés par les
entrepreneurs en fonction de leurs anticipations des débouchés.

Les entrepreneurs comparent les recettes attendues et les coûts certains afin de décider du
niveau de leur activité. Les coûts sont appréhendés sous la forme de ce que Keynes appelle le
prix de l’offre globale. Ce prix doit permettre de couvrir les coûts de production. Les deux
13
grandeurs que sont le prix de l’offre globale et le prix de la demande globale s’élèvent à mesure
que l’emploi augmente. Finalement le niveau d’emploi n’a aucune raison d’être un niveau de
plein emploi.

Consommation
Demande Niveau de la Niveau d’emploi
effective production
Investissement

II.2.2. Le principe de la préférence pour la liquidité ou critique de la théorie quantitative


de la monnaie
Finalement, le principe de la demande effective laisse le niveau d’emploi et d’activité dépendant
du niveau d’investissement et de ses variations. En effet, trois variables peuvent influencer le
niveau d’activité décidé par les entrepreneurs et donc le niveau d’emploi. Ce sont :

✓ le niveau de consommation anticipée qui dépend de la propension marginale à


consommer (PmC) qui est stable à court terme ;
✓ la marge minimale de profit exigée par les entrepreneurs qui est stable à court terme ;
✓ le niveau d’investissement. Seule cette dernière variable est susceptible de varier dans
le court terme.

Finalement l’insuffisance de l’emploi peut être attribuée prioritairement à une insuffisance de


l’investissement. A son tour, l’investissement résulte de la comparaison de deux taux : celui de
l’efficacité marginale du capital et celui de l’intérêt.

Chez Keynes la vision du taux d’intérêt est strictement alternative à celle des classiques. En
effet, pour Keynes, le taux d’intérêt n’est pas le prix de la renonciation à la consommation.
Aussi, le taux d’intérêt n’est pas une variable d’ajustement sur un marché du capital. En
revanche, le taux d’intérêt est pour Keynes le prix de la renonciation à la liquidité.

Au total, la vision strictement alternative du mécanisme de fonctionnement des économies


conduit logiquement Keynes à une vision également différente quant à la nécessité
d’intervention d’origine étatique. Keynes est un défenseur de l’économie libérale, qui, au nom
de cette défense, plaide pour l’implication massive des Etats dans le fonctionnement
économique.

14
Chapitre II : Le modèle revenu-dépense et le principe du multiplicateur

Introduction

Dans l’optique de Keynes, le revenu national dans une économie de marché est déterminé
prioritairement par la demande globale. Si cette demande qu’il qualifie de demande effective
est faible, le niveau de production réalisé par les entreprises et partant le revenu national sera
faible et le niveau de chômage élevé. Selon Keynes, l’équilibre avec chômage correspond à un
état final de repos du système économique. Pour cela Keynes va faire un plaidoyer en faveur
de l’utilisation systématique d’instruments de politique économique pour soutenir l’activité
économique et assurer la pérennité des institutions du capitalisme. L’efficacité des politiques
économiques est fondée sur le principe du multiplicateur qui montre qu’un accroissement
exogène de la demande effective (l’investissement autonome par exemple) se traduit par une
augmentation plus que proportionnelle de la production. La demande effective, le principe du
multiplicateur et l’efficacité de la politique budgétaire sont les concepts clés du modèle
keynésien simple revenu-dépense.

I. Le principe de la demande effective et l’équilibre sur le marché des biens & services

I.1. La demande effective


Un des concepts majeurs de la théorie de Keynes dans la formulation de la macroéconomie
contemporaine est celui de la demande effective. Le concept désigne la demande totale de biens
et services prévue dans une économie pour une période donnée. De façon générale, la théorie
économique contemporaine distingue quatre composantes de la demande agrégée : la
consommation finale, l’investissement, les dépenses publiques et les exportations nettes.

Pour simplifier le modèle, émettons les hypothèses suivantes :


- l’économie est en autarcie ;
- l’investissement est autonome ;
- les prix sont fixés ;
- il n’y a pas de dépenses publiques.

Dans ces conditions, la demande totale consiste en deux composantes : la consommation finale
des ménages et les dépenses d’investissement. En plus, il n’y a pas de distinction entre variables
réelles et variables nominales.
La demande agrégée est donc donnée par :

15
Z = C + I0 (1)
Dans (1) la fonction de consommation présente les caractéristiques keynésiennes présentées
dans le cours de Macroéconomie S2 c’est-à-dire
C = C0 + cY (2)
Ici Y désigne à la fois le revenu disponible et le revenu global sous l’hypothèse 4 ;
(2) dans (1) donne :
Z = C0 + cY + I0 = (C0 + I0) + cY (3)

La demande globale peut être représentée de la manière suivante :

Graphique 1 : la droite de demande globale

I,C
Z = (Co +Io) + cY

Co+ I0

I0

I.2. La détermination du revenu d’équilibre


Pour chaque niveau donné de demande effective correspond un niveau de revenu d’équilibre
qui traduit l’égalité entre la demande agrégée et l’offre agrégée. En remarquant que la valeur
de l’offre totale est la somme des revenus distribués qui ont servi à effectuer les dépenses, à
l’équilibre, on peut écrire que :

Y = Z = C + I  Y = (C0 + I0 ) + cY
C0 + I0
Y =
1− c
1
Y= DA
1− c

16
Graphique 2 : Détermination du revenu d’équilibre
C+I Z=Y

Z = C+I

YE Y

Au point YE les désirs de production et d’achats de biens et services sont identiques. Autrement
dit, la production prévue par les entreprises correspond exactement à la demande prévue. Mais
il se peut que ce niveau de production réalisé ne corresponde pas à celui qui permet d’utiliser
toutes les capacités de production (travail et capital). Ce qui implique que deux cas de figures
peuvent être envisagés : le cas où le revenu d’équilibre est inférieur à celui qui permet de réaliser
le plein-emploi ; auquel cas on parle d’écart déflationniste et le cas où le niveau du revenu
d’équilibre est supérieur ; dans ce cas on parle d’écart inflationniste.

I.3. Ecart déflationniste et écart inflationniste


Le modèle simple décrit ci-dessus permet de déterminer le revenu d’équilibre effectif qui est
déterminé par la demande effective. Ainsi, à chaque niveau de demande effective anticipée par
les entreprises correspond une offre qui permet de dégager un revenu d’équilibre qui peut être
différent ou égal au revenu qui assure le plein emploi sur le marché du travail. De ce fait, il
n’existe à priori aucun mécanisme qui peut faire en sorte que le revenu d’équilibre effectif soit
celui de plein emploi.

I.3.1. Ecart déflationniste


Si le revenu d’équilibre est inférieur au revenu de plein-emploi, compte tenu de la faiblesse de
la demande effective, l’écart obtenu est qualifié d’écart déflationniste. Pour une production
totale qui correspond à celle qui assure le plein emploi, la dépense totale projetée de
consommation et d’investissement est inférieure à ce niveau de production. On se trouve donc

17
dans une situation de chômage involontaire occasionné par une insuffisance de la demande
effective dont seule une politique de relance peut permettre d’en sortir.

Graphique 3 : Économie en situation de sous-emploi

C+I
YPE Y=Z

ZPE Z

ZE

Ecart déflationniste

YE YPE

I.3.2. Ecart inflationniste


L’économie se trouve dans une situation d’écart inflationniste lorsque la demande anticipée
s’établit à un niveau supérieur à celui de la production qui assure le plein-emploi.

Graphique 4 : Économie en situation d’écart inflationniste

C+I
Y=Z

ZE

Ecart inflationniste

YPE YE

18
II. Le principe du multiplicateur et la régulation budgétaire conjoncturelle

La situation d’écart déflationniste est présentée par Keynes comme l’état de repos de
l’économie de marché. Les entreprises décident du niveau de production à mettre sur le marché
au regard des anticipations qu’elles se font de la demande globale et rien ne garantit que le
niveau de production mis en œuvre soit celui qui assure le plein emploi de la main-œuvre. Si la
demande anticipée par les entreprises est faible, le niveau de production qui sera mis en œuvre
sera inférieur à celui qui assure le plein-emploi et aucun mécanisme endogène ne peut amener
l’économie vers le niveau de production de plein-emploi.

Pour sortir de cette situation sous optimale, Keynes propose un plaidoyer en faveur de la
politique budgétaire dont l’efficacité est fondée sur le principe du multiplicateur. L’idée sous-
jacente étant qu’une augmentation exogène de l’investissement se traduit à terme par un
accroissement plus que proportionnelle du revenu national.

II.1. Le principe du multiplicateur de l’investissement

II.1.1 Le processus du multiplicateur


L’effet multiplicateur peut être exposé de la façon suivante. Soit une entreprise qui décide de
réaliser sur le territoire national, un investissement d’un montant global de 100 milliards (la
création d’un parc d’attraction par exemple). A cette fin, elle commande des biens
d’équipement à d’autres entreprises qui, pour leur production, embauchent un certain nombre
de travailleurs (cela constitue une création d’emplois nouveaux). Cette activité productive se
traduit par une distribution de revenu pour un montant de 100 milliards aux propriétaires de
capital et salariés fabriquant les biens d’équipement. En supposant que ces agents économiques
consomment chaque fois 80% de leur revenu, le supplément de revenu de 100 milliards sera
réparti entre consommation pour 80 milliards et l’épargne pour 20 milliards. Les dépenses de
consommation constituent alors de nouveaux revenus pour les commerçants et leurs employés,
revenus qu’ils vont dépenser à leur tour dans les proportions de 80% pour la consommation. Ce
qui donne d’étape en étape le tableau suivant :

19
Tableau 1 : Principe multiplicateur d’une augmentation ponctuelle de l’investissement
Périodes Variation de I Variation de C Variation de S Variation de Y
1 +100 - - +100
2 0 80 20 80
3 0 64 16 64
4 0 51,2 12,8 51,2
5 0 41 10,2 41
6 0 32,8 8,2 32,8
7 0 26,2 6,6 26,2
8 0 21 5,2 21
9 0 16,8 4,2 16,8
10 0 13,4 3,4 13,4
… … …. … …
Total +100 400 100 +500

La variation du revenu d’équilibre Y induit par l’accroissement initial de I0 de I 0 = 100 et


une PmC = 0,8 est :

Y = 100 + 80 + 64 + 51,2 + .... = 100 + 100.0,8 + 100.0,82 + 100.0,83....


(
Y = I 0 + cI 0 + c 2 I 0 + c 3I 0 + .... = I 0 1 + c + c 2 + c 3 + ... )
Y est donc la somme des termes d’une suite géométrique de premier terme I 0 et de raison
1 1 1
c. d’où Y = I 0  Y = kI 0 avec k = =
1− c 1− c s
k est appelé le multiplicateur keynésien simple d’investissement : il est égal à l’inverse de la
propension marginale à épargner. De ce fait, tout accroissement de revenu qui ne se répercute
pas en accroissement de consommation est une fuite qui diminue l’effet multiplicateur de
l’investissement initial.

II.1.2. Le processus d’ajustement de l’épargne à l’investissement : l’identité I = S


Dans le tableau ci-dessus, lorsque le principe du multiplicateur a épuisé tous ses effets, on
observe que l’accroissement de l’épargne qui en résulte est égal à l’accroissement initial de
l’investissement : on dit que l’épargne s’ajuste ex-post à l’investissement. Ainsi, on sait que :
Y = C + I0 = C + S  I0 = S
Y ' = C '+ I 0 + I 0 = C '+ S + S  I 0 = S
L’accroissement du revenu induit un accroissement de l’épargne qui est équivalent à
l’accroissement initial de l’investissement. En effet, si Y augmente cela induit un accroissement
1 s
de S de : S = sY ; Y = I 0  S = I 0 = I 0
s s

20
II.1.3. Représentation graphique du processus du multiplicateur
Graphique 5 : principe du multiplicateur

C + I 0 + I 0
E1
C D
A
C+I0
I 0 B

E0

Y0 Y1
Interprétation : l’accroissement de l’investissement induit une augmentation de la demande
globale et un déplacement de la courbe de C + I 0 à C + I 0 + I 0 . I 0 est indiqué par le trajet

E0A. Le point A n’étant pas un point d’équilibre, la demande globale Y0A>Y0E0 de 100. Cet
excès de demande est résorbé par une diminution des stocks de 100 et leur reconstitution se fait
par une hausse de la production et donc du revenu d’un montant équivalent à 100 : c’est le trajet
AB. Le revenu national ayant augmenté de 100, 80% de cette hausse est consommé.
L’augmentation de la consommation nécessite encore un déstockage d’un montant équivalent
à 80 indiqué par le trajet BC. Mais le point C n’étant pas un équilibre, le processus se poursuit
avec des augmentations de moins en moins importante de la consommation et du revenu
jusqu’au rétablissement de l’équilibre au Point E1.

II.2. Les multiplicateurs et la politique budgétaire


L’investissement autonome, les impôts, les transferts et les dépenses publiques représentent les
flux de dépenses autonomes qui interagissent avec les dépenses de consommation pour
déterminer le niveau de la production. Ces composantes de la demande globale sont appelées
des instruments de la politique budgétaire de l’État. En effet, en faisant varier l’une de ces
composantes on influence le niveau de la production nationale.

Le multiplicateur de la dépense publique est l’accroissement du revenu résultant de


l’augmentation de cette dépense publique d’une unité. En effet, une augmentation des dépenses
publiques (politique budgétaire expansionniste) contribue à relancer l’activité économique et
donc à réduire le chômage.
21
Ainsi, en partant du modèle de base et si on considère que l’État réalise des recettes et effectue
des dépenses on a :
C = C0 + cYd ; T = tY + T0 ; I = I 0 ; G = G0 , R = R0

Y=
1
(C0 − cT0 + I 0 + G0 + cR0 ) (E0)
1 − c + ct

Une politique budgétaire expansionniste se traduit par une augmentation de G0 de G0 . (E)
devient :

Y + Y =
1
(C0 − cT0 + I 0 + R0 + G0 + G0 ) ( E1 )
1 − c + ct

1 1
(E1)-(E0) Y = G0 kG =
1 − c + ct 1 − c + ct

De même, la politique budgétaire expansionniste peut se traduire par une baisse des impôts ;
l’augmentation du revenu qui en découle sera :

−c −c
Y = T0 k f =
1 − c + ct 1 − c + ct

Remarque : comme c < 1 alors on a k f  kG la raison est simple : en effet, lorsque l’État

dépense une unité de G celle-ci est dépensée directement en revenu. Par contre, quand l’État
diminue les impôts d’une unité une partie seulement de cette unité est destinée à la
consommation, l’autre partie étant épargnée.

Supposons maintenant que l’État veut mener une politique budgétaire tout en laissant le solde
budgétaire inchangé. Dans ce cas, il va augmenter ses dépenses et les impôts d’un montant
équivalent. Quel est l’accroissement du revenu qui en résulte de cette politique ?
✓ Si T est exogène on montre que Y = G0 = T0 : c’est le multiplicateur du budget

équilibré ou théorème d’Haavelmo.


✓ Si T est endogène on montre que le multiplicateur du budget équilibré est la somme du
multiplicateur de la dépense et du multiplicateur fiscal.

Exercice d’application

Reprendre le modèle en considérant que l’économie est ouverte au reste du monde. Pour cela
X = X0
on considérera que les équations supplémentaires :
M = mY + M 0
22
Chapitre III : Le modèle IS/LM

Introduction

Proposé presque simultanément par John Hicks en 1937 et Alvin Hansen en 1938, le modèle
IS-LM fournit un cadre général permettant, sinon de "réconcilier" les classiques et les
keynésiens, tout au moins de les confronter à l’intérieur d’un cadre analytique unique qui se
présente comme une généralisation. D’où l’idée de synthèse néo-classique.

Ce modèle considère deux équilibres, celui du marché des biens et services (IS pour Investment-
Saving), et celui de la monnaie (LM pour Liquidity-Money). Quand ces deux équilibres sont
réalisés simultanément, le revenu d’équilibre en découle, ainsi que le taux d’intérêt d’équilibre.

L’un des mérites du modèle IS-LM est de permettre le développement et l’évaluation des
politiques économiques. A ce titre, il convient de présenter le modèle avant de voir ses
implications en termes de politiques économiques.

I. La présentation du schéma IS-LM à prix fixe

Ce modèle permet de présenter dans un seul diagramme les relations entre le taux d’intérêt et
le niveau de production sous deux formes : une liaison traduisant l’équilibre entre l’offre et la
demande de biens et une relation traduisant l’équilibre entre l’offre et la demande de monnaie.
La confrontation de l’offre et de la demande de titres n’est pas nécessaire puisqu’en vertu de la
loi de Walras, si deux marchés sur trois sont en équilibre le troisième est forcément équilibré.

Il n’y a pas de marché du travail car l’économie est supposée être en situation de capacités de
production excédentaires : les entreprises peuvent répondre sans délai à une augmentation de la
demande, ce qui implique que le revenu et la production sont entièrement déterminés par la
demande globale. Le modèle est à prix fixes puisqu’il n’y a pas de contrainte pesant sur la
production.

Dans la perspective keynésienne, les équations décrivant les liaisons entre les variables ne sont
pas des fonctions de comportement (il n’est pas nécessaire d’invoquer des fondements
microéconomiques, il suffit de montrer que ces équations se vérifient empiriquement), ce sont
des fonctions macroéconomiques décrivant le comportement des agrégats des comptes
nationaux.

23
I.1. Le marché des biens et services et la courbe IS
On considère une économie fermée et notons Z la demande globale. Z comprend trois
composantes : la consommation finale privée (C), l’investissement privé (I) et les dépenses
publiques (G0). On considère également que les fonctions de consommation et d’investissement
sont données par :
C = C0 + cYd (1)
Où 0  c  1; C0  0
I = I 0 + bi (2)
Avec b  0
Comme indiqué dans le chapitre précédent, l’équilibre keynésien est réalisé lorsque l’offre Y
est égale à la demande globale Z :
Y = Z  Y = C + I + G0 (3)
Sachant que le revenu disponible se répartit entre consommation et épargne, que le revenu
disponible est le revenu national diminué de la taxe et que celle-ci est exogène, on peut écrire
que :
Y = Yd + T0 = C + S + T0 (4)
(3) et (4) impliquent C + I + G0 = C + S + T0  I + G0 = S + T0 (5)

En partant du fait que l’Etat ne fait pas de déficit budgétaire, il vient que :

T0 − G0 = 0 et par conséquent, on l’égalité I = S ( 6)


Ainsi donc, l’équilibre sur le marché des biens et services est réalisé s’il y a égalité entre
l’investissement et l’épargne.
En remplaçant les composantes de la demande par leurs expressions dans l’équation (3), il vient
que :
Y = C (Y ) + I (r ) + G0
 Y = C0 + cYd + I 0 + br + G0
 Y = C0 + c(Y − T0 ) + I 0 + br + G0
 (1 − c)Y = C0 − cT0 + I 0 + br + G0
b C + I 0 + G0 − cT0
Y = r+ 0
1− c 1− c
b C + I + G0 − cT0
Y= r+ 0 0 (8)
1− c 1− c
L’équation (8) représente l’équation de la courbe IS.

24
Ainsi, la courbe IS est l’ensemble des combinaisons de taux d’intérêt (r) et de revenu (Y)
qui assurent l’équilibre sur le marché des biens et services, c’est-à-dire qui sont
compatibles avec l’égalité I = S.
La courbe IS peut être interprétée de deux façons équivalentes :
− Dans l’optique keynésienne : c’est le niveau du produit Y qui équilibre le marché des
biens étant donné le niveau du taux d’intérêt r. C’est alors le niveau de l’épargne S qui s’ajuste
au niveau de l’investissement I afin que soit respectée l’égalité comptable ;
− Selon l’interprétation néo-classique : c’est le niveau du taux d’intérêt r qui équilibre le
marché des biens étant donné le niveau du produit Y. C’est alors le niveau de l’investissement
I qui s’ajuste au niveau de l’épargne S afin que soit respectée l’égalité comptable Y = C + I +
G, c’est-à-dire S = I + (G − T).

Dans les hypothèses retenues pour les équations de consommation et d’investissement, la


fonction IS est décroissante puisque b est négatif et c est comprise entre 0 et 1. En effet, la
courbe IS se présente comme suit :

Selon l’interprétation keynésienne, une hausse du taux d’intérêt r diminue le niveau de


l’investissement I, ce qui diminue la demande autonome et donc le niveau du produit Y qui
équilibre le marché des biens.
Selon la lecture néo-classique, une hausse du produit Y se traduit par une hausse de l’épargne
S des ménages, permettant un accroissement de l’investissement I. Il faut alors que le taux
d’intérêt r baisse pour permettre un tel accroissement de l’investissement.
On peut démontrer que la pente de la courbe IS dépend de deux facteurs :
− l’élasticité de l'investissement au taux d'intérêt. Si l’investissement est très
élastique au taux d’intérêt, toute variation du taux d’intérêt aura un fort impact sur
25
l’investissement et la pente de la courbe IS sera faible (horizontale à la limite). Si au
contraire l’investissement est faiblement élastique au taux d’intérêt, toute variation
du taux d’intérêt n’aura qu’un faible impact sur l’investissement et la pente de la
courbe IS sera forte (verticale à la limite) ;
− l'importance de l'effet multiplicateur. Quand i baisse, l'investissement augmente
d'un montant donné, il s'ensuit un effet multiplicateur qui augmente Y d'un montant
inversement proportionnel à la propension à épargner s = 1 − c . Plus s est faible et
plus l’impact multiplicateur est fort et la courbe IS faiblement pentue (horizontale à
la limite). Plus c’est élevé et plus l’impact multiplicateur est faible et la courbe IS
fortement pentue (verticale à la limite)

I.2. Le marché de la monnaie et la courbe LM


Sur le marché de la monnaie on peut identifier deux agrégats importants : l’offre de monnaie et
la demande de monnaie.

Faisons l’hypothèse que l’offre de monnaie M0 est exogène et est déterminée par les autorités
monétaires.

Définition : On appelle demande de monnaie au cours d’une certaine période de temps le


montant des sommes acquises pendant cette période par les agents économiques (Ménages,
entreprises et Etat) et qu’ils choisissent de conserver sous forme liquide.

Dans cette perspective, quels sont les motifs de détention d’encaisses monétaires ?
Trois motifs expliquent pourquoi les agents économiques préfèrent garder sous forme liquide
une certaine fraction de leurs avoirs :
➢ un motif de transaction : la succession des recettes n’étant pas concomitante à celle des
dépenses, chaque agent économique trouve utile de tenir une certaine encaisse afin de
pouvoir effectuer les transactions au moment désiré. Cette détention lui permet en outre
d’éviter le coût qu’impliquerait la reconversion en monnaie de ses actifs, s’il les plaçait
tous sous forme non monétaire ;
➢ un motif de précaution : certaines recettes ou certaines dépenses étant aléatoires,
l’agent économique juge souvent prudent de détenir plus de signes monétaires que ne
nécessitent les transactions prévues de manière certaine ; et ceci d’autant plus que la
conversion d’actifs non monétaires en monnaie implique toujours un délai ;

26
➢ un motif de spéculation : l’objectif est ici de disposer de liquidités en vue de profiter
des mouvements des prix sur les marchés pour réaliser une « bonne affaire ». De manière
plus précise, sinon plus complexe, un agent économique détient de la monnaie pour
motif de spéculation lorsqu’il s’attend à une baisse des prix telle que son encaisse
monétaire jouira d’un gain en pouvoir d’achat supérieur à celui qu’il attend des autres
placements.

Si les motifs de la préférence pour la liquidité expliquent la demande de monnaie, ils indiquent
aussi quels sont les facteurs économiques qui font varier cette demande, ainsi que le sens dans
lequel ils agissent. John Maynard KEYNES, auteur de cette analyse, identifie deux facteurs :
d’une part le revenu, et d’autre part le taux d’intérêt.

➢ Le niveau du revenu influence positivement la demande de monnaie. Plus il est élevé,


plus importants sont en effet les divers achats de biens de consommation et autres, et
donc plus grande est la quantité de monnaie qu’il faut détenir pour faire ces transactions.
On reconnaît évidemment ici le motif de transaction ; mais celui de précaution intervient
dans le même sens : plus le revenu est élevé, plus grande aussi est la réserve que l’on
peut se permettre à cette fin. La demande de monnaie apparaît donc comme une fonction
croissante du revenu.

➢ Le niveau du taux d’intérêt influence au contraire négativement la demande de


monnaie. En effet, plus il est élevé, plus important est le sacrifice financier dû au fait de
la détenir comme telle, plutôt que de la placer (et la rendre « illiquide ») pour toucher
ce taux. En d’autres termes, le taux d’intérêt est le coût d’opportunité de la détention de
monnaie. La demande de monnaie apparaît dès lors comme une fonction décroissante
du taux d’intérêt.

Ainsi, la fonction de demande de monnaie peut s’écrire comme suit :


M d = l1Y + l2i (9)
Avec l1  0; l2  0

L’équilibre sur le marché de la monnaie signifie que :

M d = M 0  M 0 = l1Y + l2i
l2 M0
Y =− i+ (10)
l1 l1

27
L’équation (10) représente la courbe LM c’est-à-dire l’ensemble des couples (Y, i)
compatibles avec cet équilibre, l’ensemble des situations où l’offre de monnaie (M) égalise
la demande de monnaie (L).

Dans la lecture keynésienne, la courbe LM est le niveau du taux d’intérêt i qui équilibre le
marché de la monnaie étant donné le niveau du produit Y. Une hausse du produit Y se traduit
par un accroissement des transactions et donc par une augmentation de la demande de monnaie.
Le taux d’intérêt r s’ajuste alors à la hausse pour diminuer la demande de monnaie et restaurer
l’équilibre sur le marché de la monnaie. Ainsi, une hausse de l’offre de monnaie M0 pour un
niveau donné du produit Y nécessite un ajustement à la baisse du taux d’intérêt r pour que la
demande de monnaie augmente et reste égale à l’offre de monnaie. La courbe LM est donc
croissante dans un diagramme (Y, r). Elle se déplace vers la droite quand l’offre de monnaie
augmente et vers la gauche quand les prix augmentent.

Lecture classique (ou monétariste) de la courbe LM. C’est le niveau du produit Y qui équilibre
le marché de la monnaie, étant donné le niveau des taux d’intérêt r. Une hausse du taux d’intérêt
r se traduit alors par une baisse de la demande de monnaie. Le produit Y doit alors augmenter
pour que la demande de monnaie redevienne égale à l’offre de monnaie. De ce fait, une hausse
de l’offre de monnaie M0 à taux d’intérêt r fixé nécessite un ajustement à la hausse du produit
Y pour que la demande de monnaie augmente et redevienne égale à l’offre de monnaie.

La pente de la courbe LM dépend de deux facteurs à savoir l’élasticité de la demande de


monnaie à des fins de transaction et de précaution par rapport au revenu et son élasticité
à des fins de spéculation par rapport au taux d'intérêt :

− l'élasticité de la demande de monnaie à des fins de transaction et de précaution par


rapport au revenu. Si la demande de monnaie à des fins de transaction et de précaution est
très élastique par rapport au revenu, une faible augmentation de revenu entraînera une forte
hausse de la demande de monnaie à des fins de transaction et de précaution et nécessitera
une forte hausse du taux d’intérêt pour dégager les liquidités jusque-là conservées pour la
spéculation. La pente de la courbe LM sera donc d’autant plus forte et verticale à la limite.
Si en revanche la demande de monnaie à des fins de transaction et de précaution est
faiblement élastique au revenu alors une augmentation de revenu entraînera une faible
hausse de la demande de monnaie à des fins de transaction et de précaution et nécessitera

28
seulement une faible hausse du taux d’intérêt. La pente de la courbe LM sera faible et même
horizontale à la limite ;

− l'élasticité de la demande de monnaie à des fins de spéculation par rapport au taux


d'intérêt. Si la demande de monnaie à des fins spéculatives est fortement élastique au taux
d’intérêt, une hausse de revenu créera une demande de monnaie supplémentaire et
entraînera une hausse du taux d’intérêt. Cette hausse du taux d’intérêt libérera une forte
quantité de monnaie jusque-là conservée à des fins spéculatives. En d’autres termes, une
augmentation donnée de revenu ne nécessitera qu’une faible hausse du taux d’intérêt pour
satisfaire les besoins en monnaie détenue à des fins de transaction et de précaution. Dès
lors, cela signifie que lorsque la demande de monnaie à des fins spéculatives est faiblement
élastique au taux d’intérêt la pente de la courbe LM sera assez forte et même verticale à la
limite. En revanche, si la demande de monnaie à des fins spéculatives est fortement
sensible au taux d’intérêt, la pente de la courbe LM sera faible et même horizontale à
la limite. C’est ce dernier cas, dit de « trappe à liquidité », qui nous intéressera par la
suite.

Allure de la courbe LM

i LM

L1 très élevé et L2 faible


i Max

L1 faible et L2 élevé
i Min Trappe à liquidité

Y
I.3. L’équilibre simultané sur les deux marchés : IS-LM
L’équilibre économique s’établit lorsque le taux d’intérêt et le revenu national sont tels que le
marché des biens et de la monnaie sont équilibrés. Cet équilibre général est obtenu par la
confrontation des deux courbes sous l’hypothèse que i = r puisque p = p0 = 1 .

29
Cet équilibre peut être représenté par un diagramme connu sous le nom de diagramme Hicks-
Hansen.

i LM
IS

iE E

YE
L’équilibre E est unique, il résulte de l’interaction des forces réelles (une fonction de
consommation, une EMC,) et monétaire de l’économie (une préférence pour la liquidité et une
quantité de monnaie) de l’économie. YE correspond au flux de revenu que les agents perçoivent
et dépensent au cours d’une période. Le prix des biens étant fixe, le PIB Y E est également le
niveau de production que les entreprises désirent offrir sur le marché des biens. Puisque le long
de IS la demande de biens égale l’offre et puisque le long de LM la demande égale l’offre de
monnaie, le point d’équilibre signale que les entrepreneurs vendent la totalité de leur production
et que les ménages possèdent le portefeuille d’actifs financiers qu’ils souhaitent.

Algébriquement, l’équilibre global est obtenu par la résolution du système d’équations suivant :


Y = Ai + B ;A=
b I + C0 + G0 − cT0
;B = 0  A(F − B )
 Y = +B
 1− c 1− c  e
A− E
  (S1)
Y = Ei + F l2 M0 i = F − B
;E = − ;F =

 l1 l1 

e
A− E

YE change lorsque les courbes se déplacent. On débouche sur une logique de politique
économique.

30
II. La politique macroéconomique dans le modèle IS-LM

L'équilibre de départ étant connu, le modèle IS/LM permet de déterminer l'équilibre d'arrivée
après modification d'une ou plusieurs variable (s) exogène (s). Une courbe ne se déplace que si
une variable exogène la déterminant directement (par exemple T dans la construction IS
précédente) est modifiée.

II.1. Le modèle IS-LM et l’efficacité de la politique budgétaire

Dans la fonction donnant le revenu d’équilibre global, une variation de l’une des composantes
de la demande globale (politique budgétaire) entraîne un déplacement parallèle de la courbe IS,
ce qui fait varier le revenu et le taux d’intérêt d’équilibre. Ainsi, une augmentation des dépenses
publiques fait déplacer la courbe IS de IS0 à IS1. Cette politique n’affecte pas la courbe LM qui
reste inchangée. Le résultat d’une telle politique dépend de l’allure de la courbe LM. Dans cette
optique, on distingue 3 cas de figures : le cas keynésien, le cas de synthèse et le cas classique
de la courbe LM.

 Le cas keynésien pur

C’est le cas où la demande de monnaie est parfaitement sensible à des variations du taux
d’intérêt. Il s’agit du cas défendu par Keynes et qualifié de trappe à liquidité. Dans un tel cas,
une politique budgétaire expansionniste produit d’importants effets sur la production : le
multiplicateur joue à fond et l’efficacité de la politique budgétaire est totale comme dans le
modèle keynésien simple. Graphiquement cela se traduit comme suit :

i
IS0 IS1

i0 LM

Y
Y0 Y1

31
 Le cas de synthèse

C’est le cas où les courbes IS et LM sont légèrement pentues.

LM0

i1 E1

i0 E0 E2

IS1
IS0
Y0 Y1 Y2

On constate qu’une augmentation des dépenses publiques entraîne une modification de


l’équilibre initial qui s’établit au point E1. Ce qui engendre une augmentation du revenu
d’équilibre qui passe de Y0 à Y1 ; mais on remarque que cet accroissement du revenu national
s’accompagne d’une hausse des taux d’intérêt. Dans cette optique, peut-on dire que le
multiplicateur joue comme dans le modèle keynésien simple ? En effet, le plein jeu du
multiplicateur selon le modèle simple permettrait d’atteindre un nouveau revenu qui s’établit à
Y2 au lieu de Y1. Ce qui implique que dans le schéma IS-LM la valeur du multiplicateur des
dépenses publiques diminue. Pourquoi ? En effet, on constate que le déplacement de IS
engendre une hausse des taux d’intérêt qui passe de i0 à i1. Cette augmentation du taux d’intérêt
déprime l’investissement privé et donc une réduction de la production de Y2 à Y1 : c’est l’effet
d’éviction ; il y a éviction de l’investissement privé par la dépense publique dont l’importance
dépend de l’élasticité de la demande d’encaisses actives aux variations du revenu, de l’élasticité
de la demande d’encaisses oisives aux variations du taux d’intérêt et de l’élasticité de
l’investissement aux variations du taux d’intérêt. On a donc un frein financier qui réduit l’effet
multiplicateur de l’expansion budgétaire.

 Le cas classique

Dans le cas classique, la demande d’encaisses est indépendante du taux d’intérêt et la courbe
LM est verticale. Dans de telles conditions, la demande est parfaitement insensible à des
variations du taux d’intérêt. La politique expansionniste n’a aucun effet sur la production qui
reste inchangée : on parle d’effet d’éviction totale.

32
i LM

i1

i0 IS1

IS0
Y
Y0

 Le financement de la politique budgétaire

Il y trois solutions au financement d’un surcroit de dépenses publiques : l’augmentation des


recettes publiques par un alourdissement de la pression fiscale, l’emprunt d’Etat et la
création monétaire.

La hausse des impôts est la seule des trois solutions à ne pas transformer l’augmentation des
dépenses publiques en déficit budgétaire. Mais, elle présente à priori le défaut de contredire
l’effet recherché avec l’augmentation des dépenses publiques car elle entraine la réduction du
revenu des agents.

Le financement des dépenses publiques par emprunt pose la question de la dette publique et de
sa soutenabilité. Tout dépend de la relation entre le taux d’intérêt et le taux de croissance de
l’économie. La dette publique n’est soutenable que lorsque le premier est inférieur au second.

Le financement des dépenses publiques par la voie monétaire (la planche à billet ou création de
monnaie supplémentaire) consiste graphiquement non seulement à déplacer IS mais également
LM. L’on a ici une politique économique de type mixte qui présente l’avantage de limiter ou
d’éliminer le risque d’effet d’éviction puisqu’elle s’oppose à la hausse du taux d’intérêt.

II.2. Le modèle IS/LM et la politique monétaire


La politique monétaire consiste en une variation de l’offre de monnaie M 0 qui conduit à un
déplacement de la courbe LM et laissant inchangé la courbe IS. L’efficacité d’une telle politique
dépend également de la pente des deux courbes.
 Cas où l’investissement privé est parfaitement sensible au taux d’intérêt : dans ce
cas IS est horizontale et une augmentation de l’offre de monnaie entraîne une
augmentation plus que proportionnelle de l’investissement et donc de la production.

33
i
LM0
LM1

i0 IS

Y
Y0 Y1

 Dans le cas où l’investissement privé est parfaitement insensible au taux d’intérêt


(IS verticale), une politique monétaire expansionniste se traduisant par la baisse du
taux d’intérêt n’a aucun effet sur le produit : elle est totalement inefficace.

i
IS
LM0
i0

LM1
i1

Y
Y0

Le cas intermédiaire : dans ce cas l’expansion monétaire engendre la baisse des taux d’intérêt
toute chose qui relance les investissements et donc l’activité.

LM0

i0 E0 LM1

i1 E1

IS

Y0 Y1

Au total, on retient trois cas importants sur l’efficacité de la politique économique dans le
modèle IS-LM :

a. Le cas keynésien extrême suppose que les investissements sont plutôt faiblement
sensibles à une variation des taux d’intérêt et que la demande de monnaie est fortement
sensible à des variations du taux d’intérêt. Autrement dit, la politique budgétaire est plutôt
efficace et doit être préférée à la politique monétaire plutôt inefficace.

34
b. Le cas monétariste extrême suppose que les investissements sont fortement sensibles à
une variation des taux d’intérêt et que la demande de monnaie est insensible à ces mêmes
variations. Dès lors, une politique monétaire est efficace alors qu’une politique budgétaire est
inefficace.

c. Le cas intermédiaire où les deux politiques économiques ont des effets partiels sur
l’activité et le taux d’intérêt

Cas Politique budgétaire Politique monétaire


Sensibilité élevée de I /i Inefficace Efficace
Sensibilité faible de I /i Efficace Inefficace
Sensibilité élevée de Md /i Efficace Inefficace
Sensibilité faible de Md /i Inefficace Efficace

II.3. Le policy-mix
Le policy-mix consiste pour les pouvoirs publics à utiliser simultanément les politiques
budgétaire et monétaire pour réguler l’activité. Dans le schéma IS-LM, une bonne policy
consistera par exemple à amplifier le multiplicateur budgétaire à travers une augmentation de
l’offre de monnaie permettant de freiner la hausse du taux d’intérêt qui est à l’origine de
l’évincement de l’investissement. On dit dans ce cas que la politique budgétaire expansionniste
est accompagnée d’une politique monétaire accommodante. Graphiquement on a :

IS1
I LM0
IS0
LM1
E1
i1
i0 E0 E2

Y0 Y1 Y2 Y

35
II.3. Critiques et intérêt du modèle IS/LM
Le modèle IS/LM a fait l’objet de nombreuses critiques, tant de la part des keynésiens que des
néoclassiques.
Les keynésiens lui reprochent d’avoir trahi la pensée de Keynes :

• analyse de l’équilibre sur des marchés interdépendants alors que le raisonnement


keynésien s’effectue en termes de circuit ;
• absence de référence à la demande effective ;
• non prise en compte de la demande dans la décision d’investir.

Les critiques des néoclassiques portent sur les points suivants :

• l’hypothèse de fixité des prix ;


• l’introduction de la demande de monnaie de spéculation ;
• l’ignorance des anticipations des acteurs.

Le modèle IS-LM souffre de l’hypothèse d’anticipations stables, du caractère simplificateur des


relations entre les différentes variables macroéconomiques, de l’ignorance des contraintes
budgétaires intertemporelles. Il peut aussi être interprété comme un cas particulier du modèle
néoclassique : le sous-emploi serait alors non la conséquence de l’incapacité des économies de
marché à s’autoréguler, mais le résultat d’imperfections du marché auxquelles il est possible de
remédier.

Néanmoins, le modèle IS/LM est bien d’inspiration keynésienne par ses hypothèses sur le
comportement des agents, notamment au niveau de la consommation et l’épargne ou de la
demande de monnaie. De plus, les prix sont rigides, l’offre flexible et les ajustements sur le
marché des biens et services se font par les quantités.

Le modèle IS/LM a le mérite de donner une représentation pédagogique de l’équilibre global


et un cadre d’analyse permettant de mener des politiques monétaire et budgétaire. C’est aussi
un modèle suffisamment souple pour être soit élargi à l’équilibre macroéconomique en
économie ouverte, soit interprété dans une politique néoclassique en levant l’hypothèse de
rigidité des prix et en supprimant la fonction de demande de monnaie de spéculation. C’est
l’objet du chapitre suivant.

36
Chapitre IV : Le modèle offre globale/demande globale

Introduction

La compréhension du modèle IS-LM où les prix sont rigides a permis de saisir la nature des
interrelations entre le marché des biens et services et le marché de la monnaie. Cette analyse
est cependant restrictive car elle ignore la conjugaison des effets-prix et quantité qui sont
déterminant en termes de politiques macroéconomiques. Une manière simple pour prendre en
compte les mouvements des prix dans cette analyse consiste à introduire les fonctions d’offre
et demande globale de biens et services et à analyser les effets des politiques économiques ci-
dessus étudiées.

I. La fonction de demande agrégée (AD)

La fonction AD peut être considérée comme l’équation d’équilibre dans le modèle IS-LM
lorsque l’hypothèse des prix fixes est relâchée. Dans cette optique, on aura :

Y = C (Y − T ) + I (Y , r ) + G IS

M 0 = PM d = PL(Y , i ) LM

M0
Y = Y (G, T0 , I 0 ,
)
P
Dans l’exemple précédent, on avait :

b C + I + G0 − cT0
Y= r+ 0 0 IS
1− c 1− c
En prenant en compte le niveau des prix, on obtient sur le marché de la monnaie
M0
M0 l P
M =d
= l1Y + l 2 r  Y = − 2 r + Ainsi le revenu d’équilibre globale est donné
P l1 l1
par :
b M0
C0 + I0 + G − cT0 l2 P
Y* = + (11) On voit donc que le revenu global s’exprime en
l1 l
1− c + b 1− c + b 1
l2 l2
fonction du niveau général des prix : cette équation (11) est la fonction de demande globale
(AD) qui donne l’ensemble des couples (Y, P) pour lesquels l’équilibre sur le marché des biens
est réalisé.

La courbe de AD est négative dans l’espace (Y, P) et cela peut s’expliquer de deux manière :
37
 En effet, une baisse du NGP valorise les encaisses réelles et l’équilibre sur le marché
de la monnaie nécessite une baisse du taux d’intérêt. La diminution du taux d’intérêt
conduit à une hausse des investissements et du revenu national : c’est l’effet
d’encaisses réelles ou effet Keynes
M0
P   l2 r  r  I  Y  Donc pente négative.
P

IS0 LM (P0)
LM (P1)
r0

r1

P Y0 Y1

P0

P1

AD

Y
Y0 Y1

 Une baisse du P entraîne une augmentation du pouvoir d’achat des ménages, ce qui
les amène à accroître leur consommation et donc la demande globale augmente : c’est
l’effet de richesse de Pigou.

NB : L’effet Keynes a été présenté par Keynes comme un mécanisme d’ajustement automatique
qui tend à amener l’économie en situation de plein-emploi comme le prétendent les
néoclassiques. Cependant, ce mécanisme, de retour automatique à l'équilibre, en plus de sa
lenteur, se heurte en pratique à deux obstacles : la trappe à liquidité et l’insuffisante élasticité
de l'investissement privé au taux d'intérêt.

38
II. La fonction d’offre globale (AS)

L’élaboration d’une fonction d’offre globale qui a le prix pour argument peut se faire à travers
le comportement de maximisation des entreprises et sous l’hypothèse que le salaire nominal W
W
est rigide à la baisse. Par conséquent, le salaire réel w = ne peut baisser que si les prix
P
augmentent.

En notant Y le produit, f la fonction de production, N le volume d’emploi, W le salaire nominal


et P les prix, il vient que :

Y = f (N ) (12)

La maximisation du profit  consiste à résoudre le problème suivant :

Max = Pf ( N ) − NW

Les CPO donnent :

W
Pf ' ( N ) = W  f ' ( N ) = (13)
P
L’équation (13) implique que la maximisation du profit nécessite que la productivité marginale
du travail soit égale au taux de salaire réel. Cette équation permet également de tirer la fonction
de demande de travail par les entreprises qui est donc fonction du taux de salaire réel :
W  W 
Nd = Nd  N d '   0 (14)
P P
Si l’on suppose que l’offre de travail dépend du taux de salaire réel, il vient que le volume
d’emploi à l’équilibre du marché de travail est donné par l’égalité entre offre et demande de
travail et est également fonction du taux de salaire réel :
 − 
W 
N '    0 (15)
W
N = N 
P P
 
En introduisant (15) dans (12) et en maintenant l’hypothèse d’un salaire nominal constant on
aboutit au fait que l’offre globale est une fonction croissante du NGP.

W0  W0 
Y = f (N )  Y  = f   Y = Y ( P ) et Y '( P)  0 (16)
 P   P 

39
P AS

La fonction d’offre peut toutefois avoir deux autres positions extrêmes :


On peut d’abord supposer le cas classique où il existe un niveau de production YPE pour lequel
les prix sont infiniment élastiques. Dans ce cas, la courbe AS est verticale, l’explication étant
qu’à court terme on ne peut accroître durablement la production au-delà de celle qui est
autorisée par le plein-emploi des capacités de production.

On peut aussi envisager le cas keynésien où le faible niveau d’activité engendre une situation
où les ajustements ne se font que par les quantités. La courbe AS est dans ce cas horizontale.

Dans l’ensemble la courbe AS aura donc l’allure suivante :


AS
P

P0

YPE Y

III. Equilibre demande globale/ offre globale

La confrontation des deux courbes donne l’équilibre qui indique qu’il existe un niveau de prix
compatible avec l’égalité entre le produit d’équilibre issu de la demande effective et le produit
offert. Aussi, si le prix est flexible, le processus de son ajustement permet l’équilibre entre
l’offre et la demande de produit agrégée, compatible avec l’équilibre sur le marché de la
monnaie.

40
P AD AS

Pe E

Ye Y

Le modèle permet d’analyser l’évolution attendue des prix par suite de chocs sur la demande
ou/et l’offre globale. Le modèle permet en particulier d’analyser l’impact des politiques
budgétaire et monétaire sur les prix et le revenu national.

IV. Le modèle AD/AS et la politique économique : effets prix et effets quantités d’une
politique économique expansionniste

En partant d’une situation d’équilibre décrit par le point E, imaginons que le gouvernement
décide d’augmenter les dépenses publiques. Cette hausse doit entraîner un déplacement de la
courbe de AD de AD0 à AD1 tout en laissant inchangée la courbe AS comme indiqué dans le
graphique ci-dessous.

P AS0
AD1
AD0

E1
P1
E0
P0 E2

Y0 Y1 Y2 Y

On peut constater que cette politique produit deux effets :


− une augmentation de la production qui passe de Y0 à Y1 : c’est l’effet quantité de la
politique budgétaire ;

41
− une augmentation des prix de P0 à P1 : c’est l’effet prix de la politique budgétaire.

Ces deux effets exercent des effets contradictoires sur la courbe IS : la hausse des dépenses
publiques implique un déplacement vers la droite de IS, mais l’augmentation des prix joue dans
le sens opposé et ramène IS vers la gauche puisque l’augmentation des prix à un effet négatif
sur la demande globale. Mais il convient de noter que l’effet quantité positif l’emporte sur l’effet
prix d’où l’équilibre au point E1 pour une production supérieure à son niveau initial.

Par conséquent, la politique budgétaire reste efficace, même si les prix sont variables. On
retrouve ainsi, l’effet attendu de l’analyse à prix fixes : la hausse des dépenses publiques se
traduit par une hausse du taux d’intérêt et du revenu. Cette politique présente maintenant, de
plus, un coût en termes d’inflation. L’ajustement se faisant partiellement par les quantités et
partiellement par les prix.

Il vient donc que ce modèle permet de remarquer qu’une politique de relance de la demande
qui vise à accroître la production et donc réduire le chômage a des effets inflationnistes sur
l’économie. Toute chose qui amène à penser à une éventuelle relation entre les variations du
NGP et le taux de chômage. On entre de ce fait dans le débat sur l’arbitrage entre inflation et le
chômage matérialisé par la courbe de Phillips.

42
Conclusion générale

Ces quelques éléments de statistique comparative permettent de saisir en quoi le modèle IS-LM
peut être considérer comme un outil dont le gouvernement peut user pour mettre en place sa
politique économique. Selon la conjoncture, il faut en effet décider d’agir sur l’une ou l’autre
des variables du modèle et modifier ainsi l’équilibre économique au gré de ces projets.

On remarque cependant, que le modèle IS/LM ne couvre pas explicitement tous les aspects de
l’activité économique. Cette présentation de l’équilibre simultané sur le marché des biens et
services et sur le marché de la monnaie contribue à une certaine compréhension de ce qu’est
l’économie moderne où la monnaie joue un rôle essentiel.

Pour tendre vers une représentation plus complète, il nous faut introduire une relation de change
avec l’extérieur et les conséquences qu’elle peut avoir sur la détermination de l’équilibre global
à l’intérieur d’un pays.

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Références bibliographiques

BERAUD A., 1989. Introduction à l’analyse macroéconomique, Economica, 2e Edition

COMBEMALE P., 2006. Introduction à Keynes, Paris, La Découverte, Collection Repères

GENEREUX J., 2014. Economie politique, 3. Macroéconomie, Hachette, 7e Edition

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KEBADJAN, 1991. Les modèles théoriques de la macroéconomie, Paris, Dunod

KEYNES J. M., 1936. Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie, Paris, Petite
bibliothèque

MANKIW G. N., 2007. Macroéconomie, De Boeck Université, 3e Edition

MONTOUSSE M., 2006. Macroéconomie, Collection Grand Amphi

NURBEL A., 2008. Les bases de la macroéconomie : exercices corrigés, questions à choix
multiples, Edition Publibook Université.

WAQUET I. & MONTOUSSE M., 2015. Macroéconomie, Bréal, 2e Edition

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