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SOMMAIRE

SOMMAIRE .............................................................................................................................. 1

SIGLES ET ABBREVIATIONS ............................................................................................... 3

LISTES DES TABLEAUX ........................................................................................................


4

LISTE DES GRAPHIQUES ...................................................................................................... 5

LISTE DES FIGURES ...............................................................................................................


6

RESUME ....................................................................................................................................
7

INTRODUCTION ......................................................................................................................
8

CHAPITRE 1 : CARACTERISTIQUES DES MENAGES ET ACCES AU


FINANCEMENT PRESENTATATION GENERALE DE L’ETUDE ................................... 10

1.1. Généralités ................................................................................................................. 10

1.2. Caractéristiques des ménages et accès au financement : revue de littérature et


présentation des variables ..................................................................................................... 16

CHAPITRE 2 : Analyse des caractéristiques des ménages du département de la Lekié ......... 18

2.1. Profils démographiques des ménages ........................................................................ 18

2.2. Profil socioéconomique des ménages ........................................................................ 21

CHAPITRE 3 : ANALYSE DES FACTEURS EXPLICATIFS DE L’ACCES AU


FINANCEMENT DES MENAGES DE LA LEKIE ............................................................... 26

3.1. ACCES AU FINANCEMENT FORMEL ..................................................................... 26

3.2. Description des profils des ménages de la Lékié selon l’accès au financement informel
..............................................................................................................................................
30

LIMITES ET RECOMMENDATIONS ...................................................................................


34
CONCLUSION ........................................................................................................................
35

BIBLIOGRAPHIE ...................................................................................................................
36

TABLE DES MATIERES ....................................................................................................... 37

SIGLES ET ABBREVIATIONS

EMF : Etablissement de Microfinance

FAO : Fonds des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture


FINFOLE : Financement Informel
INS : Institut National de la Statistique
INSEE : Institut National de la Statistique et des Etudes Economique

2
LISTES DES TABLEAUX

Tableau 1 : Indicateurs relatifs à la distribution des âges des personnes enquêtées ................ 18
Tableau 2 : Répartition des personnes enquêtées en fonction de leur état matrimonial légal .. 20
Tableau 3 : Indicateurs relatifs à la distribution de la taille des ménages ................................ 21
Tableau 4 : Répartition des personnes enquêtées selon qu’ils ont ou pas une voiture ............. 25
Tableau 5 : Répartition des représentants des ménages selon qu’ils ont ou pas un compte
bancaire .................................................................................................................................... 26
Tableau 6 : Demande et obtention de crédit formel par les représentants des ménages .......... 27
Tableau 7 : Niveau d’étude et accès au financement formel .................................................... 29
Tableau 8 : répartition des ménages selon le sexe du chef de ménage et l’accès au financement
formel .......................................................................................................................................
29
Tableau 9 : Activité principale du chef de ménage et accès au financement informel ............ 31
Tableau 10 : répartition des ménages selon le sexe du chef de ménage et l’accès au
financement informel ............................................................................................................... 33

3
4
LISTE DES GRAPHIQUES

Graphique 1 : Répartition de l’âge moyen (en année) des personnes enquêtées en fonction des
arrondissements ........................................................................................................................
19
Graphique 2 : Répartition du nombre d’enquêté en fonction du niveau d’étude ..................... 20
Graphique 3 : Distribution des personnes enquêtées selon leur activité principale ................. 22
Graphique 4 : Distribution des personnes enquêtées selon l’appréciation qu’ils ont de leur
niveau de vie .............................................................................................................................
23
Graphique 5 : Répartition des personnes enquêtées selon qu’ils ont ou pas un terrain
exploitable ................................................................................................................................
24
Graphique 6 : Distribution des ménages par rapport à leur montant total des dépenses
annuelles ...................................................................................................................................
25
Graphique 7 : Répartition des ménages selon leurs type d’activité et l’accès au financement
formel ....................................................................................................................................... 28
Graphique 8 : répartition des ménages selon le sexe du chef de ménage et sa possession d’un
compte bancaire ........................................................................................................................
29 Graphique 9 : Arrondissement et accès au financement informel............................................
30
Graphique 10 : Niveau d’instruction du chef de ménage et accès au financement informel ...
32 Graphique 11 : répartition des ménages selon le sexe du chef de ménage et son
appartenance à une organisation communautaire
............................................................................................. 33

5
LISTE DES FIGURES

Figure 1 : Département de la Lékié .......................................................................................... 12


Figure 2 : Les différents types de tontine ................................................................................. 14

6
RESUME

L’objectif de ce travail est de décrire les conditions de vie et l’accès aux financements des
ménages dans le département de la Lékié au Cameroun. Pour y parvenir, nous mobilisons les
différents éléments de la statistique descriptive uni variée et bi variée vus en cours. Les données
proviennent de l’enquête Enquête sur le Financement Informel des Populations du Département
de la Lékié (FINFOLE2023). Cette enquête recense un échantillon de 300 ménages dont les
chefs de ménages sont les principales cibles pour administrer le questionnaire.

De cette analyse, il vient que :

• La plupart des ménages de la Lékié a pour activité principale l’agriculture (60% environ) ;

• De plus, seulement 18 ménages sur 300 ont pour chef ou conjoint une personne diplômée du
supérieur ;

• Cependant, plus de la moitié des ménages du département de la Lekié n’ont pas accès au
financement ;

• Or, les 27 ménages qui ont demandé un financement auprès d’une institution formelle l’ont
effectivement obtenu ;

• Et juste 1 et 40 sur 100 agriculteurs ont accès respectivement au financement formel et


informel, pendant que 9 sur dix ménages ayant un niveau d’éducation faible n’ont accès à
aucun financement.

7
Il ressort de cette analyse que les difficultés d’accès au financement des ménages sont relatives
à leur structure. Pour y remédier, il est nécessaire de :

- Renforcer le cadre légal des tontines au Cameroun ;


- Mettre sur pieds des institutions financières qui prennent en compte les spécificités
sociales et culturelles des ménages.
- Ouvrir et promouvoir les banques et microfinances dans les zones rurales

Mots clés : Accès au financement, Statistique univariée, Statistique bivariée.

INTRODUCTION

L’accès au financement est un concept clé au développement socioéconomique de nombreux


pays dans le monde. Il est en effet l’un des aspects importants de l’inclusion financière. Selon
le Fond Monétaire international (FMI), l’inclusion financière se capte par : un cout des services
abordables, l’accès rapide aux services et des prestataires fiables. Ainsi, l’agenda 2030 des
Nations Unies sur le développement durable parmi ses multiples objectifs vise à mettre fin à
l’extrême pauvreté dans le monde. La réalisation de cet objectif prévoit que tous les Hommes,
en particulier les pauvres et les vulnérables aient accès aux mêmes ressources économiques,
des services financiers adéquats y compris. Par ailleurs, pour mesurer les progrès accomplis
dans le domaine de la finance, cet agenda possède un indicateur intitulé
« proportion d’adultes (15ans ou plus) possédant un compte dans une banque ou dans une autre
institution financière ou faisant appel à des services monétaires mobiles ». En Afrique et en
particulier au Cameroun, le taux de bancarisation est passé de 13 ;8% en 2011 à 20% environ
en 2015. Ces chiffres montrent à quel point le Cameroun est en marge du système financier
formel au sens des ODD. D’où la nécessité de se pencher sur les questions d’accès au
financement des ménages au Cameroun.

D’après la théorie économique keynésienne, il existe une relation entre le revenu des individus,
leurs épargnes et le financement extérieur. Cela s’explique par le fait que ces composantes sont
les principales ressources monétaires dont les individus ont besoin pour effectuer des dépenses

8
de consommation et d’investissement. A cet effet, l’agent économique a essentiellement
recours au financement extérieur lorsque son revenu ainsi que son épargne sont insuffisants
pour couvrir l’ensemble de ces dépenses. La typologie de l’économie camerounaise qui relève
une forte prépondérance du secteur informel mène à penser que le secteur de la banque est
également menacé par ce fléau. Essai d’analyse de l’épargne dans les tontines en pleine
recrudescence au Cameroun montre que les individus ont une préférence pour ces tontines par
rapport aux institutions financières formelles à cause de la tradition sociale, Bruno Bekolo
(1989). De façon analogue, une enquête statistique a été menée dans le département de la Lékié
pour faire une mise au point sur la situation de financement et de crédit des populations et des
ménages. Cette étude révèle que sur 300 ménages enquêtés, seulement 28 d’entre eux possèdent
un compte dans une banque. Cependant ,111 ménages ont obtenu un financement informel et
69 d’entre eux ont un niveau de vie faible. Cela pousse à

9
s’intéresser à la nature de la relation entre la présentation d’un ménage sur son accès aux
financements. Au vu de cette description, la question qui oriente le cours de notre analyse
se formule comme suit : quels sont les profils des ménages qui ont accès aux financements
? De façon précise, quel peut être le lien entre les caractéristiques d’un ménage et
l’obtention de d’un financement formel et/ou informel ?

Répondre aux questions susmentionnées sera une occasion pour nous d’évoquer dans notre
analyse un ensemble d’éléments statistiques et même sociaux permettant de mieux cerner le
sujet sur le financement dans la zone Lekie en particulier. Ainsi nous ferons dans un premier
temps une présentation générale des concepts (chapitre1). Par la suite, le chapitre 2 portera sur
une analyse descriptive des conditions de vie des ménages et du financement. Enfin, le chapitre
3 présente une étude de la liaison entre le mode de vie et l’accès au financement des ménages.

10
CHAPITRE 1 : CARACTERISTIQUES DES MENAGES ET ACCES AU
FINANCEMENT PRESENTATATION GENERALE DE L’ETUDE

L’accès au financement pour les ménages vivant en zone rurale demeure une
préoccupation centrale dans les économies en développement dans lesquelles le système
financier peine à se développer. Ceci étant, avant une analyse approfondie, il s’avère nécessaire
de s’interroger sur les généralités autour des caractéristiques des ménages ruraux et de l’accès
au financement pour ces derniers ainsi que de la littérature y afférente. Ainsi, il sera question
pour nous dans ce chapitre de présenter d’une part les généralités autour de ces notions et d’autre
part, de présenter la littérature théorique et empirique y afférente ainsi qu’une présentation de
nos variables.

1.1. Généralités
Selon l’INS, un ménage est une unité d’habitation comportant une personne ou un groupe
de personnes, ayant ou pas des liens parentaux qui surviennent aux dépenses courantes de
manière commune. Ainsi donc, l’appellation ménage rural renvoie au fait que l’unité statistique
concernée réside en zone rurale. Dans cette section, nous présenterons les principales
caractéristiques des ménages ruraux d’une part et de l’accès au financement d’autre part.

1.1.1. Des caractéristiques des ménages du département de la Lékié…


Cette rubrique donne un aperçu sur le milieu rural ainsi qu’une représentation détaillée du département
de la Lékié.

1.1.1.1. Présentation du milieu rural

Pour l’essentiel, les ménages en milieu rural pratiquent des activités de subsistance
principalement l’agriculture, le commerce ou encore l’élevage. Bien que perçu péjorativement
par bons nombres, le milieu rural présente un certain nombre d’atouts tels que dressé par le
parlement européen à savoir :

• La contribution au développement en général grâce à la production d’aliments et de matières


premières ;
• Les rapports sociaux à dimension humaine ;

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• Un plus fort attachement de l’homme son espace de vie naturel ;
• Une position prépondérante des petites et moyennes entreprises ;
• Un coût de la vie moins élevé, une constitution de patrimoine plus aisée ;
• Des coûts de salaire plus bas du point de vue de l’entreprise ;
• Une valeur en tant que lieu de repos et de loisir ;
• Des possibilités d’emplois accessoires dans le domaine des loisirs.

Bien que présentant ces qualités, le milieu rural fait également face à d’importantes difficultés entre
autres :

• La baisse des possibilités d’emploi ;


• L’offre faible des domaines de formations ;
• L’accès difficiles aux technologies modernes ;
• Le taux de scolarisation faible

Selon le Fonds des Nations unies pour l’Agriculture et l’Alimentation, la majorité des
habitants dans le monde vivent en zone rurale. Ceci est d’autant plus vrai que cette part est plus
importante en Afrique que dans toutes les autres régions du monde. Au Cameroun,
l’amélioration des conditions de vie en milieu rural constitue l’un des objectifs du
gouvernement. Cette ambition a été matérialisé entre autres en 2005 par le document de stratégie
de développement du secteur rural (SDSR), auquel s’est ajouté le plan national d’investissement
agricole (SDSR/PNIA 2020-2030) en 2020. Dans ce document, y est identifié plusieurs
contraintes majeures à savoir :

• La faible productivité et production agricole ;


• Les difficultés d’accès aux marchés ;
• La précarité des conditions de vie ;
• L’enclavement des bassins de production
• Un environnement en dégradation ;
• La faible organisation des acteurs et difficultés d’accès au crédit ;
• Un environnement institutionnel insuffisamment adapté aux
exigences de développement efficient et efficace du secteur

1.1.1.2. Présentation du département de la Lékié

S’agissant de la Lékié, c’est un des dix départements de la région du Centre Cameroun


comportant environ 750 000 habitants pour une superficie de 2 989 km2 soit une densité de 251

12
habitant/km2(Wikipédia). Se situant au Nord de Yaoundé, la Lékié est la principale ravitailleuse
de celui-ci en produits vivriers. Ayant pour chef-lieu Monatélé, elle est composée de 4
arrondissements : Ebebda, Elig-Mfomo, Evodoula, Obala, Batchenga, Obala, Okola, Sa’ a et
Monatélé. Comme dans bons nombres de département en dehors de Yaoundé, l’agriculture y
est l’activité principale. La culture du cacao (2ème producteur national) autre fois dominante
dans cette partie du territoire a peu à peu laissé place à celle d’autres comme le manioc car les
cours de la première étant très fluctuantes durant les années 90 (Kouna, 2023).

Figure 1 : Département de la Lékié

Source : www.semanticscholar.org

1.1.2. … Au problème de l’accès au financement


L’accès au financement renvoie à l’accès à toutes les ressources financières formelles et informelles
pour satisfaire différents besoins de consommation ou d’investissement

1.1.2.1. Accès au financement formel

13
De façon traditionnelle, il se fait pour les ménages au niveau des banques ou des
microfinances : on parle alors du financement formel. Avoir un compte en banque présente de
nombreux avantage : percevoir son salaire ou une allocation, payer ses factures, réduit les coûts
de transactions, donne plus de souplesse dans la gestion de la trésorerie, réduit les risques de
fraude, renforce l’autonomie financière de son détenteur et lui donne accès à de nombreux
produits financiers permettant de financer ses activités (Christophe, 2019).

Sauf que, obtenir un financement auprès d’une banque n’est pas toujours chose facile
du fait des conditions à remplir principalement les taux d’intérêt souvent élevé et des garantis
assez conséquentes. Cet état des choses a donc laissé place à la création de la microfinance par
Mohammad Yunus (Prix Nobel 2006) qui elle, nécessite moins de procédures et destiné aux
ménages moins nantis. La microfinance a ainsi entre autres comme objectif d’accompagner les
clients dans leur projet ou leur activité.

Au Cameroun, la microfinance est régie principalement par le règlement COBAC


n°01/17/CEMAC/UMAC/COBAC du 27 septembre 2017 fixant les règles relatives aux
conditions d’exercice et de contrôle de l’activité de Microfinance dans la CEMAC. Le nombre
de microfinances est sans cesse en augmentation au Cameroun. En effet, suivant la liste des
établissements de microfinances agrées au Cameroun au 31 décembre 2021, il ressort que le
Cameroun compte plus de 418 établissements de microfinance². Ceci étant, celles-ci sont
principalement situées en zone urbaines au détriment des zones rurales. Aux côtés de ces 2 voies
de financement, les ménages font également recours à un mode de financement informel qui est
la tontine.

1.1.2.2. Accès au financement informel

La tontine peut se définir comme étant une association fondée sur le respect de la parole
donnée et des critères homogènes, dont le but est de promouvoir toute action de solidarité ou
de constituer périodiquement un marché financier informel et fermé, permettant à ses membres
de placer leurs épargnes pour les uns, et d’accéder aux crédits pour les autres (Atangana et
Tomo, 2022). Il s’agit donc d’un rassemblement de personnes qui permet entre autres à ces
adhérents d’accroitre leur pouvoir d’achat. Elle constitue dans un certain ses une sorte de caisse
de prévoyance à laquelle les gens adhèrent en prévision des difficultés qui peuvent survenir au
cours de leur activités ou encore sur le plan familial.

Les différents types de tontines peuvent être résumés dans le graphique ci-dessous :

14
Figure 2 : Les différents types de tontine

Mutuelle

Commerciale

Aléatoire

Tontine

Financière
Discrétionnaire

Source :Meumeu (2022)

• Les tontines mutuelles : intègrent à la fois la vie sociale et le quotidien des participants.
Ici, il y existe des liens de confiance et de solidarité qui se tissent entre les membres.
Ceux-ci se connaissent mutuellement, les rencontres sont régulières et obligent la
participation de tous les membres sous peine d’amende. Pour ce qui est des levées de
fonds issus des contributions, elles se font à tour de rôle ou par tirage au sort par une
personne non membre de la tontine.
• Les tontines commerciales : plus récente que la précédente, elles sont l’initiative d’un
tiers appelé tontinier. De façon générale, de par sa bonne réputation, le tontinier contacte
des personnes auprès desquelles il propose un service d’épargne sous forme de tontine.
Il collecte ensuite tour à tour les contributions auprès des clients, qui sont pour la plupart
des commerçants parfois des salariés. Le tontinier joue un rôle d’intermédiaire entre ses
clients et assure la sécurité des fonds collectés et des transactions financières.
• Les tontines financières : Dans ce type, le lot de cotisation est mis à prix.
L’attribution des fonds cotisés se fait à travers une mise aux enchères, les fonds sont
donc octroyés à celui qui fera la plus grande offre. Telle une banque, l’enchère est le
coût ou l’intérêt à supporter pour disposer du lot de cotisation. Comme cela se dit

15
couramment, dans cette tontine, « on vend l’argent », et ce, à des taux concurrentiels.
Au fur et à mesure que le cycle tontinier évolue, ce taux d’enchère diminue car les
membres bénéficiaires sont de moins en moins nombreux.
• Les tontines aléatoires : Ici, on procède soit par tirage au sort en séance tenante, ou au
début de chaque cycle, soit par un classement statique prédéfini de commun accord
(très souvent à la fondation de la tontine), qui détermine l’ordre et la date de levée de fonds
par membre.
• Les tontines discrétionnaires : Ce sont celles selon lesquelles l’attribution de la
cagnotte se fait dans un ordre suivant un principe hiérarchique, sur base de critères
prédéfinis tels que le statut social et/ou religieux, l’âge, le pouvoir, voire l’influence du
membre.

Au Cameroun, c’est la loi n° 90/050 du 19 décembre 1990 portant sur la liberté d’association
qui favorisera l’éclosion de plusieurs regroupements au sein de la société civile parmi lesquelles
la tontine (Hatcheu Tchawe et Nzomo Tcheunta, 2007). Aujourd’hui, il est quasiment
impossible de connaitre le nombre exact de tontines au Cameroun. En effet, elle est devenue
une pratique courante dans toutes les régions du triangle national.

La définition et les généralités autours de nos notions centrales étant faites, la section
suivante fera l’objet de la présentation de littérature existante sur les conditions de vie des
ménages et leur accès au financement.

1.2. Caractéristiques des ménages et accès au financement


: revue de littérature et présentation des variables
Cette section passe en révision une série d’études réalisée aussi bien sur la problématique de l’accès
au financement que sur l’aspect intrinsèque des ménages.

1.2.1. Revue de littérature sur les caractéristiques des ménages et l’accès


au financement

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Le problème de l’accès au financement des ménages ruraux n’est pas une thématique
nouvelle. En effet, de nombreux auteurs et organismes nationaux comme internationaux se sont
penchés sur le sujet. Déjà, il existe une inégale répartition des EMFs au sein même des milieux
ruraux au Cameroun. En effet, dans une étude sur l’offre de financement rural dans certaines
régions du Cameroun, Ngoumboute et al. (2020) faisaient remarquer le fait que les
EMFs y étaient inégalement répartis. Plus encore, les auteurs observent que peu d’EMFs (8.33%)
prélèvent des taux d’intérêt qui sont eux même assez faibles.

Mala’a et al. (2017) étudient l’impact des types de crédit sur le revenu des ménages
rizicoles dans la région du Nord-Ouest Cameroun. Les résultats sur un échantillon de 183
riziculteurs montrent que le crédit en nature impacte plus significativement que le crédit en
espèce sur le revenu des agriculteurs. Pour leur part, s’interrogeant sur les déterminants d’accès
au financement dans des exploitations agroforestières de 3 villages de l’Est Cameroun,
Ngoumboute et Moumoum (2020) arrivent à la conclusion selon laquelle l’âge, la situation
matrimoniale ainsi que l’effectif du ménage sont les principaux déterminants l’accès au
financement dans ces trois villages. A variables, peut être ajouter le sexe (Atangana et
Tomo, 2022). Ainsi, on peut noter une forte prépondérance des femmes d’un certain âge à adhérer aux
tontines comparativement aux hommes.

Le tour d’horizon de la littérature sur les caractéristiques des ménages et leur accès au
financement étant fait, l’objet de la sous-section suivante consistera à présenter les variables
que nous utiliserons dans notre travail.

1.2.2. Présentation des variables

Les variables sur lesquelles portent la présente étude sont issues de l’Enquête sur le
financement informel des populations du département de la Lékié, région du Centre Cameroun
(FINFOLE 2023) réalisée de juillet à août 2023. Ainsi, nous aurons à analyser tout au long de
ce travail les variables concernant d’une part les caractéristiques des ménages ruraux et d’autre
part les variables concernant le financement.

1.2.2.1. Les variables concernant les caractéristiques démographiques et


socioéconomiques des ménages ruraux

• La variable âge qui renseigne sur l’âge du chef de ménage ou de son conjoint ;
• La variable situation matrimoniale qui renseigne sur la situation matrimoniale de l’enquêté ;

17
• La variable niveau d’instruction qui renseigne sur le niveau d’étude de l’enquêté ;
• La variable taille du ménage qui renseigne sur le nombre de personnes vivant dans le ménage
;
• La variable type de logement qui renseigne sur le standing du logement dans lequel vit le
ménage ;
• La variable dépense du ménage qui renseigne sur montant total des dépenses annuelles du
ménage en FCFA ;
• La variable bien-être subjectif du ménage qui renvoie à l’appréciation que l’enquêté se fait
de son niveau de vie.

1.2.2.2. Les variables concernant le financement

• La variable obtention d’un crédit formel qui mesure l’accès au financement formel
• La variable Obtention d’un crédit informel qui mesure l’accès au financement informel
• La variable membre d’une organisation communautaire
• La variable possession d’un compte bancaire

CHAPITRE 2 : Analyse des caractéristiques des ménages du


département de la Lekié

Ce chapitre a pour objectifs l’étude des caractéristiques des ménages du département de la


Lekié. Nous présenterons d’une part le profil démographique des ménages et d’autre part nous
analyserons le profil socioéconomique des ménages du département de la Lekié.

18
2.1. Profils démographiques des ménages
Les ménages interrogés lors de l’enquête ont des caractéristiques variées. Cette diversité de profils
nous pousse donc à faire une analyse approfondie sur ceux-ci.

2.1.1. Description des ménages suivant l’âge du chef de ménages


L’analyse de la distribution de l’âge des représentants des ménages nous a permis de
construire les tableaux ci-dessous, nous illustrant sur des statistiques portant sur la distribution
des âges.

De ce tableau, on retient qu’en moyenne, les représentants des ménages avaient 50,65
ans. D’ailleurs la moitié de ceux-ci avaient au plus 52 ans au moment de l’enquête. Cette
distribution reste comprise entre 22 ans et 87 ans étant ainsi l’âge minimum et maximum
respectivement enregistré

Tableau 1 : Indicateurs relatifs à la distribution des âges des personnes enquêtées


Indicateur Valeur (en
année)

Moyenne 50,65

Médiane 52

Mode 62

Écart-type 13,96

Minimum 16

Maximum 87
Source : Auteur sur la base de l’enquête FINFOLE2023 réalisée de juillet à août 2023

Le graphique ci-dessous, montre qu’en moyenne les personnes enquêtées dans


l’arrondissement de Sa’a sont plus jeune (44,71 ans) que ceux des arrondissement d’Okola
(52,12 ans) et d’Obala (53,97 ans).

Graphique 1 : Répartition de l’âge moyen (en année) des personnes enquêtées en fonction des
arrondissements

19
60 53,97 52,12
50 44,71
40

30

20

10

0
Obala Okola Sa'a
Arrondissement

Source : Auteur sur la base de l’enquête FINFOLE2023 réalisée de juillet à août 2023

De l’analyse précédente, nous avons vu qu’en moyenne, les représentants des ménages
sont du troisième âge. Ceci pourrait s’expliquer par l’exode rural qui est le déplacement massif
des jeunes de la campagne vers les villes. Un déplacement qui est d’ailleurs facilité dû au fait
que le département de la Lekié est très proche de la grande métropole Yaoundé.

Après cette analyse, Il serait donc intéressant de regarder la situation matrimoniale des
représentants des ménages.

2.1.2. Situation matrimoniale des personnes enquêtées


Selon l’INSEE, la situation matrimoniale légal d’une personne désigne la situation conjugale
de celui-ci au regard de la loi : célibataire, mariée, veuve, divorcée.

Le tableau ci-dessous nous renseigne que la majorité des représentants des ménages sont
mariées (soit environ 34,67%). Cependant, la proportion des personnes en couple de façon
formelle (c’est-à-dire marié(e) monogame) est relativement équivalente à celle en union libre
(soit 32% pour les mariés monogames et 31,33% pour ceux en union libre).

Tableau 2 : Répartition des personnes enquêtées en fonction de leur état matrimonial légal

Union Divorce(e) Marie(e), Marie(e),


Libre /Séparé(e) monogame polygame
Sexe Veuf/Veuve Célibataire Total

20
Féminin 39 18 45 4 42 5 153

Masculin 10 28 49 3 54 3 147

Total 49 46 94 7 96 8 300

Source : Auteur sur la base de l’enquête FINFOLE2023 réalisée de juillet à août 2023

L’analyse sur l’état matrimonial des enquêtés ayant été faite, nous allons à présent nous
interroger sur leur niveau d’instruction.

2.1.3. Niveau d’instruction des personnes enquêtées


« Le niveau d'instruction d'une personne est celui qui correspond à la dernière année
d'études accomplie ou au plus haut degré atteint par cette personne dans le système
d'enseignement de son État ou d'un autre État. »(UNESCO, 1958b)

Graphique 2 : Répartition du nombre d’enquêté en fonction du niveau d’étude


160
134138
140
120
100 Sans niveau
80 71
60
60 Primaire
34 39 44
40 24 18 Secondaire
20 3 4 6 4 10 10
1 Supérieur
0
Obala Okola Sa'a Lekié
Zone

Source : Auteur sur la base de l’enquête FINFOLE2023 réalisée de juillet à août 2023

Le graphique ci-dessus nous présente la distribution des représentants des ménages en fonction
de leur niveau d’étude. On constate que 134 personnes sur les 300 ont le niveau primaire, soit
environ 44,66%. Ce qui pourrait s’expliquer par le fait qu’en milieu rural, les populations se
lancent assez tôt dans la vie active. On note également une proportion importante de personnes
qui ont le niveau secondaire, soit 138 personnes sur 300. Seulement 18 personnes sur les 300
ont un niveau d’étude supérieur. Et enfin, on note qu’il y’a 10 personnes sur les 300 qui sont
sans niveau, soit environ 3,33% des représentants des ménages.

21
2.1.4. Tailles des ménages
L’analyse des données de l’enquête nous a permis de construire le tableau suivant qui
résume les indicateurs obtenus pour la distribution du nombre de personne par ménage. Dans
l’ensemble, on note qu’en moyenne il y a 5 personnes par ménage dans les différentes localités
du département de la Lékié. Ceci-étant, la plupart des ménages n’est habitée que par une seule
personne.

On constate également qu’en moyenne, la taille des ménages de l’arrondissement d’Obala est
plus grande (plus de 6 personnes) que dans les autres arrondissements (plus de 4 personnes à
Okola et à Sa’a ).

Tableau 3 : Indicateurs relatifs à la distribution de la taille des ménages


Indicateur Obala Okola Sa'a Ensemble

Taille moyenne 6,17 4,35 4,88 5,35

Médiane 6 4 4 5

Écart-type 3,93 2,87 3,14 3,55

Minimum 1 1 1 1

Maximum 21 15 14 21

Mode 5 4 1 1
Source : Auteur sur la base de l’enquête FINFOLE2023 réalisée de juillet à août 2023

À ce stade de notre analyse, nous avons présenté certaines caractéristiques des ménages
enquêtées à savoir l’âge, l’état matrimonial, le niveau d’étude des représentants des ménages et
la taille des ménages. Il serait aussi intéressant de faire une étude sur le profil socioéconomique
des ménages.

2.2. Profil socioéconomique des ménages

La connaissance du profil socioéconomique d’un ménage est importante pour comprendre les
moyens d’existence et les opérations économiques du ménage. Dans cette partie, nous ferons donc
une étude détaillée sur le profil socioéconomique des ménages du département de la Lekié.

2.2.1. Catégorie socio-professionnelle

22
Les catégories socioprofessionnelles (CSP) constituent un classement de la population réalisé
par l’Insee en ensembles cohérents à partir des professions. L’institut regroupe les professions
en fonction de critères tels que le métier exercé, la place dans la hiérarchie du travail et le fait
d’être salarié ou non. Dans le cadre de notre travail, nous avons regroupé les personnes suivant
7 grands groupes à savoir : Agriculture, Enseignement, Conduite auto, Commerce, Autre métier
technique, Autre activité, Aucune activité.

Le graphique ci-dessous montre que les personnes enquêtées évoluant principalement dans le
secteur agricole sont les plus nombreux. En effet, les agriculteurs représentent 66% de
l’ensemble des représentants des ménages. Cette prédominance de personnes dans l’activité
agricole pourrait s’expliquer par le fait que les personnes vivant en milieu rural au Cameroun,
comme dans de nombreux autres pays africains, pratiquent et vivent principalement de
l’agriculture. En effet, selon la FAO (2016), l’agriculture est l’activité essentiel pratiqué en zone
rural et constitue l’avenir de cette dernière.

Graphique 3 : Distribution des personnes enquêtées selon leur activité principale


Enseignement
Conduite auto
4%
2% Lekié
Autre métier Commerce
technique 11%
6%
Autre activité
6%
Agriculture
66%
Aucune
activité
5%

Source : Auteur sur la base de l’enquête FINFOLE2023 réalisée de juillet à août 2023

2.2.2. Bien-être subjectif des personnes enquêtées


Il est généralement admis que l’estimation qu’un individu se fait sur son niveau de vie
impacte grandement les différents aspects de sa vie au quotidien. L’objet de cette sous partie
est d’analyser le bien-être subjectif des individus interrogées au cours de l’enquête. Sur la base

23
du graphique ci-dessous nous pouvons constater que dans l’ensemble, une part très importante
de personnes juge avoir un niveau de vie pauvre (soit 63% des représentants des ménages).

Ceci-étant, suivant les arrondissements, les habitants de l’arrondissement d’Okola pour la


plupart estime avoir un niveau de vie moyen. Un tel niveau est plutôt revu à la baisse pour la
plupart des habitants des autres arrondissements de la Lékié. Le fait que les habitants de
l’arrondissement d’Obala se considèrent comme étant pauvres par rapport aux habitants des
autres arrondissements pourrait être lié à la proximité d’avec la capitale Yaoundé. En effet, se
situant tout près de la capitale, un habitant pourrait s’estimer être pauvre en voyant les
commodités et le niveau de vie des habitant de Yaoundé. (Yaoundé-Obala : 41,2km ; Yaoundé-
Okola : 31,3 km ; Yaoundé-Sa’a : 97,0 km).

Graphique 4 : Distribution des personnes enquêtées selon l’appréciation qu’ils ont de leur niveau
de vie

200 189

150 120
104
100 Non Pauvre
51 54
50 35
18 NSP
2 15 5 7
0 Pauvre
Obala Okola Sa'a Lekié
Zone

Source : Auteur sur la base de l’enquête FINFOLE2023 réalisée de juillet à août 2023

2.2.3. Possession d’un terrain exploitable


Le graphique ci-dessous nous montre que l’ensemble des enquêtés déclarent posséder un
terrain exploitable (80,66%). Un tel fort taux de possession et ceux indépendamment de
l’arrondissement considéré pourrait être expliqué par au moins deux raisons à savoir :

- Dans les zones rurales camerounaises, les terrains se vendent relativement moins chers

- Au Cameroun, l’agriculture est l’activité principale en milieu rural et en particulier dans la


Lekié comme le montre notre analyse précédente sur la catégorie socioprofessionnelle des
représentants des ménages. De ce fait, les personnes ont tendance à acheter des terres pour
cultiver.

Graphique 5 : Répartition des personnes enquêtées selon qu’ils ont ou pas un terrain exploitable

24
300
242
250

200

150 129
Non
100
60 53 58 Oui
41
50
9 8
0
Obala Okola Sa'a Lekié
Zone

Source : Auteur sur la base de l’enquête FINFOLE2023 réalisée de juillet à août 2023

Cette étude étant faite, nous passons maintenant à l’analyse des représentants des ménages qui
possèdent ou pas une voiture ou un camion.

2.2.4. Possession d’une voiture


Dans l’ensemble, on note d’abord que sur les 300 représentants des ménages interrogés lors de
l’enquête, seul 286 ont répondu avoir ou non une voiture.

Le tableau ci-dessous nous montre alors que dans l’ensemble, presque aucune personne ne
possède une voiture ni même un camion (soit 97,55% des personnes ayant répondu). Ceci
pourrait s’expliquer par le fait qu’au Cameroun, les personnes qui vivent en milieu rural sont
généralement des personnes pauvres et dont les métiers qu’ils exercent (et éventuellement les
revenus qu’ils engrangent) ne leurs permettent pas de s’acheter une voiture encore moins un
camion

Tableau 4 : Répartition des personnes enquêtées selon qu’ils ont ou pas une voiture
Possession d'une voiture ou Obala Okola Sa'a Lekié (Total)
d'un camion

Non 126 59 94 279

25
Oui 3 4 0 7

Total 129 63 94 286


Source : Auteur sur la base de l’enquête FINFOLE2023 réalisée de juillet à août 2023

2.2.5. Dépenses annuelles des ménages


L’une des analyses importantes qu’un institut de statistique se doit d’étudier sur un ménage est
le montant total de ses dépenses annuelles. Car ceci donne une idée des conditions de vie de
celui-ci.

Le graphique ci-dessous montre que la majeure partie des ménages dépensent au plus 2 millions par
an, soit 229 ménages sur les 300 enquêtés.

Graphique 6 : Distribution des ménages par rapport à leur montant total des dépenses
annuelles

140
117 112
120
100
80
60
37
40
21
20 7 4 2
0
0-1M 1M-2M 2M-3M 3M-4M 4M-5M 5M-6M 6M-7M
Montant total des dépenses annuelles

Source : Auteur sur la base de l’enquête FINFOLE2023 réalisée de juillet à août 2023

L’analyse des données de l’enquête nous a également permis de construire le tableau suivant
qui résume les indicateurs obtenus pour la distribution des ménages par rapport à leur montant
total des dépenses annuelles. Sur ce tableau, il ressort qu’en moyenne les ménages dépensent 1
521 638,89 FCFA par an. On constate également que la moitié des ménages dépensent environ
1 226 531,26 FCFA par an.

CHAPITRE 3 : ANALYSE DES FACTEURS


EXPLICATIFS DE L’ACCES AU FINANCEMENT DES
MENAGES DE LA LEKIE

26
Dans ce chapitre nous nous attarderons sur les caractéristiques des ménages ayant eu accès à un
financement formel et à un financement informel

3.1. ACCES AU FINANCEMENT FORMEL

3.1.1. Possession d’un compte bancaire

Sur les 300 ménages enquêtés, seulement 28 d’entre eux à un chef de ménage qui
possède un compte bancaire. Ainsi seulement 9,33 % des ménages ont un compte bancaire et
donc ont une chance d’obtenir un financement formel.

Suivant les localités du département de la Lékié, on constate que plus de 9 ménages sur 10 ne
possèdent pas un compte bancaire dans les localités du Sa’a (95,74%) et d’Obala (92,75%),
contre près de 8 ménages sur 10 dans la localité d’Okola.

Il ressort de cette analyse que seulement une très faible proportion de ménages peuvent avoir
accès au financement auprès d’une banque.

Tableau 5 : Répartition des représentants des ménages selon qu’ils ont ou pas un compte
bancaire
Accès au financement
Arrondissement formel Total
Oui Non
Obala 92,75% 7,25% 100%
Okola 79,41% 20,59% 100%
Sa'a 95,74% 4,26% 100%
Total 90,67% 9,33% 100%
Source : Auteur sur la base de l’enquête FINFOLE2023 réalisée de juillet à août 2023

3.1.2. Demande de crédit informel et accès au financement informel

Tableau 6 : Demande et obtention de crédit formel par les représentants des ménages
Demande de
crédit Crédit obtenu

27
Site Non Oui Non Oui
Obala 10 0 0 0
Okola 8 6 0 6
Sa'a 3 1 0 1
Total 21 7 0 7
Source : Auteur sur la base de l’enquête FINFOLE2023 réalisée de juillet à août 2023

De manière globale, sur les 300 ménages enquêtés seulement 7 ont fait une demande
de prêt auprès d’une institution financière. 21 des 28 ménages qui ont un compte bancaire
n’ont pas eu besoin d’un financement formel. Tous les 7 ménages qui ont sollicité un crédit
auprès d’une institution financière formelle l’ont effectivement obtenu. 6 de ces ménages sont
localisés dans l’arrondissement d’Okola.

Au regard de cette analyse il semblerait que les ménages de la Lékié ne sont pas assez instruits
sur les moyens de financement formel provenant des institutions financières.

Comme tous les ménages ayant sollicité un financement auprès d’une institution
financière l’on obtenu, on peut dans la suite partitionner la population étudiée en 2 groupes à
savoir : les ménages qui ont eu besoin d’un financement formel et les ménages qui n’ont pas
eu besoin d’un financement formel.

Etant donné que le type d’activité influencent de manière générale beaucoup sur la
nécessité d’avoir un financement, il serait intéressant de voir le profilage selon le type
d’activité des ménages qui ont eu accès à un financement formel ce qui veut dire au regard des
résultats ci-dessus qui ont eu besoin d’un financement.

3.1.3. Le type d’activité et l’accès au financement formel

Graphique 7 : Répartition des ménages selon leurs type d’activité et l’accès au financement
formel

28
Source : Auteur sur la base de l’enquête FINFOLE2023 réalisée de juillet à août 2023

Il ressort de ce graphique ci-dessus que dans la population étudiée, aucun enseignant,


ni aucun conducteur automobile et aucun de ceux qui n’ont aucune activité principale n’ont
obtenu un crédit formel. Même avec une très faible proportion (9,68%), les commerçants ont
le plus obtenu un financement auprès d’une institution financière reconnue. Seulement un
agriculteur sur 100 demandes et obtient un crédit auprès d’une institution financière. Ceci peut
s’expliquer par la faible connaissance des habitants de la Lékié sur les moyens et des
procédures pour obtenir un financement auprès d’une institution financière. Le Coefficient de
CRAMER (0,193) montre qu’il existe une faible liaison entre le type d’activité et l’accès au
financement formel.

3.1.3. Niveau d’étude et accès au financement formel

Selon le tableau ci-dessus, le niveau d’instruction n’a pas d’incidence significative sur
l’accès au financement formel comme le montre aussi le coefficient de CRAMER
correspondant qui est de 0,075. On remarque néanmoins que plus le niveau d’étude d’un chef
de ménage est élevé, plus il a de chance d’accéder à un financement formel. En effet la
proportion la plus élevée d’accès au financement est celle des chefs de ménages qui ont un
niveau d’étude supérieur (5,56%), suivi des chefs de ménage avec un niveau d’étude
secondaire (2,90 %) et des chefs de ménage avec un niveau d’instruction correspondant au
primaire. Aucun des chefs de ménage sans niveau d’instruction n’a eu accès à un financement
auprès d’une institution financière. Comme tous les chefs de ménage qui ont demandé un prêt
bancaire l’on obtenu, ceci s’explique donc par le fait que plus un chef de ménage est moins

29
instruit moins il a de connaissance sur l’obtention des crédits formels. Aussi, comme les
institutions financières formelles exigent souvent une documentation importante, ceux qui
n’ont pas un grand niveau d’instruction ne sont pas encouragés à faire des demandes de crédit
auprès des institutions financières.

Tableau 7 : Niveau d’étude et accès au financement formel


Accès au financement
Niveau d’étude formel Total
Oui Non
Primaire 1,49% 98,51% 100,00%
Sans niveau 0,00% 100,00% 100,00%
Secondaire 2,90% 97,10% 100,00%
Supérieur 5,56% 94,44% 100,00%
Total 2,33% 97,67% 100,00%
Source : Auteur sur la base de l’enquête FINFOLE2023 réalisée de juillet à août 2023

3.1.4. Sexe et accès au financement formel

Graphique 8 : répartition des ménages selon le sexe du chef de Tableau 8 : répartition des ménages selon le sexe du chef de
ménage et sa possession d’un compte bancaire ménage et
l’accès au financement formel
Compte bancaire Non Compte bancaire Oui
Accès au
67,86%
70,00% Sexe financement formel Total
60,00% 52,94% Oui Non
47,06%
50,00%
32,14% Femme 1,96% 98,04% 100,00%
40,00%
30,00%
20,00%
Homme 2,72% 97,28% 100,00%
10,00%
0,00% Total 2,33% 97,67% 100,00%
FEMME HOMME

Source : Auteur sur la base de l’enquête


FINFOLE2023 réalisée de juillet à août 2023

La présentation de ces profils ci-dessus révèle que l’arrondissement n’a pas une incidence
significative sur l’accès au financement informel, comme le révèle aussi le coefficient de
CRAMER qui est de 0,183. C’est dans l’arrondissement de Sa’a que les chefs de ménage
bénéficient le plus à un financement informel. En effet la moitié de tous les chefs de ménage
dans l’arrondissement de Sa‘a ont bénéficié d’un financement de type informel. A Obala
31,88% des chefs ménage ont eu accès à un financement informel contre 29,41% à Okola.

30
3.2. Description des profils des ménages de la Lékié selon l’accès
au financement informel

3.2.1. Arrondissement et accès au financement informel

Graphique 9 : Arrondissement et accès au financement informel


120,00%

100,00%

31,88% 29,41%
80,00%
50,00%

60,00%

40,00%
68,12% 70,59%
50,00%
20,00%

0,00%
Obala Okola Sa'a

Accès au financement Informel Non Accès au financement Informel Oui

Source : Auteur sur la base de l’enquête FINFOLE2023 réalisée de juillet à août 2023

La présentation de ces profils ci-dessus révèle que l’arrondissement n’a pas une
incidence significative sur l’accès au financement informel, comme le révèle aussi le
coefficient de CRAMER qui est de 0,183. C’est dans l’arrondissement de Sa’a que les chefs
de ménage bénéficient le plus à un financement informel. En effet la moitié de tous les chefs
de ménage dans l’arrondissement de Sa‘a ont bénéficié d’un financement de type informel. A
Obala 31,88% des chefs ménage ont eu accès à un financement informel contre 29,41% à
Okola.

3.2.2. Le type d’activité principale du chef de ménage et l’accès au financement


informel

31
Tableau 9 : Activité principale du chef de ménage et accès au financement informel
Accès au financement informel
Activité principale Total
Oui Non
Agriculture 40,70% 59,30% 100,00%
Aucune activité 25,00% 75,00% 100,00%
Autre activité 16,67% 83,33% 100,00%

Autre métier technique 36,84% 63,16% 100,00%

Commerce 32,26% 67,74% 100,00%


Conduite auto 45,45% 54,55% 100,00%
Enseignement 16,67% 83,33% 100,00%
Total 37,00% 63,00% 100,00%
Source : Auteur sur la base de l’enquête FINFOLE2023 réalisée de juillet à août 2023

La répartition des ménages suivant le type d’activité de leur chef de ménage et leur
accès à un financement informel, révèle que quel que soit leur type d’activité les chefs de
ménage n’ont pas souvent accès à un financement de type informel. Ainsi la proportion des
chefs de ménage qui ont eu accès à un financement informel selon le type de leur activité est
inférieur à la proportion des chefs de ménage qui n’ont pas eu accès à un financement
informel. Les conducteurs automobiles sont ceux qui ont le plus accès à un financement
informel. Après eux les agriculteurs font aussi beaucoup recours au financement informel.

3.2.3. Niveau d’instruction du chef de ménage et accès au financement


informel

L’examen du graphique ci-dessous nous montre que le niveau d’instruction des chefs
de ménage de la Lékié n’a pas vraiment d’incidence sur leur accès au financement informel.
Ceci est confirmé par le coefficient de CRAMER qui est de 0,113.

Les chefs de ménage qui ont le plus accès à un financement informel sont ceux avec un niveau
d’instruction secondaire (39,13%), suivi des chefs de ménage avec un niveau d’instruction
primaire (38,06%). A contrario, seulement 1 sur 10 chefs de ménages sans instruction ont
accès à un financement informel.

32
Graphique 10 : Niveau d’instruction du chef de ménage et accès au financement informel

100%
10,00%
90%
27,78%
80% 38,06% 39,13%
70%
60%
50%
90,00%
40%
72,22%
30% 61,94% 60,87%
20%
10%
0%
Primaire Sans niveau Secondaire Supérieur

Accès au financement informel Non Accès au financement informel Oui

Source : Auteur sur la base de l’enquête FINFOLE2023 réalisée de juillet à août 2023

L’examen du graphique ci-dessous nous montre que le niveau d’instruction des chefs
de ménage de la Lékié n’a pas vraiment d’incidence sur leur accès au financement informel.
Ceci est confirmé par le coefficient de CRAMER qui est de 0,113.

Les chefs de ménage qui ont le plus accès à un financement informel sont ceux avec un niveau
d’instruction secondaire (39,13%), suivi des chefs de ménage avec un niveau d’instruction
primaire (38,06%). A contrario, seulement 1 sur 10 chefs de ménages sans instruction ont
accès à un financement informel.

33
3.2.4. Sexe et accès au financement informel

Le tableau ci-dessus révèle que dans le département de la Lékié les femmes (39,87%) ont plus
accès à un financement informel que les hommes (34,01%). Cet écart de 5,86 points en faveur
des femmes s’explique notamment par le fait que les membres des organisations
communautaires sont majoritairement des femmes. En effet, 52 membres d’organisation
communautaire sur 100 sont des femmes. Cette répartition inégale se justifie en partie par le
fait que dans certaines cultures au Cameroun ou plus généralement en Afrique la tontine est une
pratique courante chez les femmes. Elles sont donc plus enclines à bénéficier de ce type de
financement.

Graphique 11 : répartition des ménages selon le sexe du chef Tableau 10 : répartition des ménages selon le sexe du chef de
ménage et de ménage et son appartenance à une organisation l’accès au financement informel

Source : Auteur sur la base de l’enquête FINFOLE2023 réalisée de juillet à août 2023

34
LIMITES ET RECOMMENDATIONS

Ce travail comporte néanmoins certaines limites qu’il convient de considérer parmi lesquelles on
peut citer :

- la méthodologie utilisée. Comme nous l’avons mentionné, nous avons recourus aux
statistiques descriptives pour notre analyse. Bien qu’elles puissent offrir une vue globale
utile, elles ne nous ont pas parmi de réaliser une analyse approfondie des relations de
causalité entre les variables.
- Notre étude se focalise uniquement sur l’analyse des déterminants de l’accès au
financement des département de la Lékié, mais elle ne mesure pas l’impact du
financement obtenu sur l’amélioration du niveau et des conditions des ménages de la
Lékié.
- Les résultats de notre étude ne pourraient être généralisés à tous les ménages du
département de la Lékié étant donné que notre échantillon n’est pas représentatif de la
population totale des ménages de la Lékié.

Sur la base des résultats et limites, nous proposons les recommandations et perspectives suivantes :

- Les institutions financières doivent tenir compte du niveau d’instruction des populations
de la Lékié et alléger les procédures d’accès au crédit afin de rendre accessible à tout le
financement formel
- Renforcer le cadre légal des tontines au Cameroun ;
- Mettre sur pieds des institutions financières qui prennent en compte les spécificités
sociales et culturelles des ménages.
- Ouvrir et promouvoir les banques et microfinances dans les zones rurales.
- Sensibiliser les populations de la Lékié sur les opportunités et les risques des différentes
sources de financement en organisant des campagnes d’information, des ateliers, des
séminaires, sur les modalités, les avantages, les inconvénients, les obligations, liés à ces
financements
-

35
CONCLUSION

Le recours au financement informel est un phénomène dont la spécificité repose sur l’aspect
économique et social des ménages. Le but de note étude était de caractériser les ménages d’une
part et de décrire d’autre part quels sont les profils des ménages qui ont accès au financement
formel et informel. Pour ce faire, nous avons d’abord fait une présentation générale des
concepts. Ensuite nous avons décrit les profils des ménages et ainsi que leurs situations de
financement. Enfin une étude de la liaison entre les conditions de vie des ménages et l’accès au
financement a été faite. De cette analyse, il ressort qu’il existe une liaison non négligeable entre
les conditions de vie des ménages et leurs situations de financement externe. De façon
particulière, le niveau d’instruction et le l’activité rémunératrice principale des ménages ont
une incidence sur l’accès au financement. L’étude démontre que la plupart des ménages préfère
le système des tontines et donc est adverse au système formel. Alors il serait plus intéressant
d’étendre notre étude en recherchant davantage les raisons pour lesquelles les ménages
préfèrent les tontines que les banques, pour pouvoir mettre sur pieds une politique de
financement plus efficace.

36
BIBLIOGRAPHIE

[1] Atangana O. et Tomo C. (2022). Déterminants des ménages et accès au crédit dans les
tontines au Cameroun, Munich Personal RePEc Archive

[2] BIT (2016). Développer l’économie rurale par l’inclusion financière : Le rôle de l’accès
au financement. Note d’orientation des politiques

[3] Christophe J. (2019). Pour que l’accès aux services financiers ne constitue plus un frein
au développement personnel des individus et des ménages, LA FINANCE INCLUSIVE
[4] Hatcheu-Tchawe, E., et Nzomo-Tcheunta, J. (2007). « De l’informel au formel : Le défi
de la bancarisation des tontines en Afrique ». Document de travail N°07-78
[5] Kouna Biniélé M. S. (2023), Quand le vivrier marchand remplace les cultures de rente,
La revue du Groupe Ruralités, Education et Politiques
[6] LAROUSSE de poche 2005
[7] Malaa D., Alassa M., Igwacho M. B., Kane Q. et Jaff A. (2017). Impact des types de
crédit sur le revenu des ménages rizicoles dans la région du Nord-Ouest Cameroun.
International Journal of Innovation and Scientific Reseacrch
[8] Meumeu Djiatche, O., (2022). Une association de tontine de femmes camerounaises à
Liège. Mémoire. Université de Liège. Belgique
[9] Ngoumboute D., Mounmom C. (2020). Déterminants d’accès au financement : cas des
exploitations agroforestières des trois villages de l’Est-Cameroun. Journal d’Economie,
de Management, d’Environnement et de Droit
[10] Ngoumboute D., Njoupouognigni M. et Chuaibou M. (2020). Analyse de l’offre de
financement rural au Cameroun : Etude descriptive du cas des régions du Centre,
ExtrêmeNord et Ouest. Alternatives Managériales et Economiques
[11] OCDE et FAO (2016). L’agriculture en Afrique Subsaharienne : Perspectives et
enjeux de la décennie à venir. Perspectives agricoles de l’OCDE et de la FAO 2016-2025.

37
TABLE DES MATIERES

SOMMAIRE .............................................................................................................................. 1

SIGLES ET ABBREVIATIONS ............................................................................................... 2

LISTES DES TABLEAUX ....................................................................................................... 3

LISTE DES GRAPHIQUES ...................................................................................................... 5

LISTE DES FIGURES............................................................................................................... 6

RESUME ................................................................................................................................... 7

INTRODUCTION ..................................................................................................................... 8

CHAPITRE 1 : CARACTERISTIQUES DES MENAGES ET ACCES AU FINANCEMENT


PRESENTATATION GENERALE DE L’ETUDE ................................................................ 11

1.1. Généralités .................................................................................................................... 11

1.1.1. Des caractéristiques des ménages du département de la Lékié ............................. 11

1.1.2. … Au problème de l’accès au financement ........................................................... 13

1.2. Caractéristiques des ménages et accès au financement : revue de littérature et


présentation des variables ..................................................................................................... 16

1.2.1. Revue de littérature sur les caractéristiques des ménages et l’accès au ................ 16

financement....................................................................................................................... 16

1.2.2. Présentation des variables ...................................................................................... 17

CHAPITRE 2 : Analyse des caractéristiques des ménages du département de la Lekié ......... 18

2.1. Profils démographiques des ménages ........................................................................... 19

2.1.1. Description des ménages suivant l’âge du chef de ménages ................................. 19

2.1.2. Situation matrimoniale des personnes enquêtées .................................................. 20

2.1.3. Niveau d’instruction des personnes enquêtées ...................................................... 21

38
2.1.4. Tailles des ménages ............................................................................................... 22

2.2. Profil socioéconomique des ménages ........................................................................... 22

2.2.1. Catégorie socio-professionnelle............................................................................. 22

2.2.2. Bien-être subjectif des personnes enquêtées .......................................................... 23

2.2.3. Possession d’un terrain exploitable ....................................................................... 24

2.2.4. Possession d’une voiture........................................................................................ 25

2.2.5. Dépenses annuelles des ménages ........................................................................... 26

CHAPITRE 3 : ANALYSE DES FACTEURS EXPLICATIFS DE L’ACCES AU


FINANCEMENT DES MENAGES DE LA LEKIE ............................................................... 26

3.1. ACCES AU FINANCEMENT FORMEL ..................................................................... 27

3.1.1. Possession d’un compte bancaire ........................................................................... 27

3.1.2. Demande de crédit informel et accès au financement informel............................. 27

3.1.3. Le type d’activité et l’accès au financement formel .............................................. 28

3.1.3. Niveau d’étude et accès au financement formel ..................................................... 29

3.1.4. Sexe et accès au financement formel ...................................................................... 30

3.2. Description des profils des ménages de la Lékié selon l’accès au financement informel
.............................................................................................................................................. 31

3.2.1. Arrondissement et accès au financement informel ................................................. 31

3.2.2. Le type d’activité principale du chef de ménage et l’accès au financement informel


.......................................................................................................................................... 31

3.2.3. Niveau d’instruction du chef de ménage et accès au financement informel .......... 32

3.2.4. Sexe et accès au financement informel ................................................................... 34

LIMITES ET RECOMMENDATIONS .................................................................................. 35

CONCLUSION ........................................................................................................................ 36

BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................................... 37

TABLE DES MATIERES ....................................................................................................... 38

39
40
41

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