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FÉVRIER LA NOUVELLE CRISE :LA COMPRENDRE POUR

2018 MIEUX L’ANTICIPER

Pour garder le cap | Charles Sannat


STRATÉGIES

Comprendre et anticiper la nouvelle crise

Lettre Stratégies – La nouvelle crise : la co pre dre pour ieux l’a ticiper – Février 2018
Sommaire
Sommaire ........................................................................................................................................................................... 3
Introduction ......................................................................................................................................................................... 5
Un état des lieux des problèmes majeurs ............................................................................................................................... 7
Les crédits à la consommation titrisés nettement plus hauts qu’avant ! ................................................ 7

Prêts sur véhicules automobiles titrisés .................................................................................................. 7

La dette étudiante. .................................................................................................................................. 8

Les dits evolvi g… .............................................................................................................................. 9

La dette de l’État fédéral à 20 000 milliards de dollars !! ........................................................................ 9

L’indice des prix à la consommation depuis 1945 ! ............................................................................... 10

L’emploi aux USA :un faux plein emploi. ............................................................................................... 11

Les non-comptés dans la population active .......................................................................................... 12

La croissance économique n’est pas violente au point d’être inquiétante !! ....................................... 13

Des taux qui montent sensiblement !.................................................................................................... 14

Il faut des taux élevés pour payer les retraites mais des taux trop hauts rendent insolvables les agents
o o i ues… ....................................................................................................................................... 15

Comprendre le nouveau gouverneur de la FED Jay Powell .................................................................................................... 17


Jay Powell, le banquier qui va fabriquer des bulles en série ................................................................. 17

La stratégie du choc et une nouvelle conflagration organisée ? .............................................................................................. 20


Augmenter les taux c’est créer une crise de toutes pièces. .................................................................. 20

L’hypothèse de la maîtrise des bulles .................................................................................................... 21

L’hypothèse de la stratégie du choc pour la conservation du leadership américain ............................ 24

L’hypothèse « et si tout se passait bien ? » ........................................................................................... 27

Pour résumer nos trois hypothèses!...................................................................................................... 28

Comment protéger mon patrimoine et le développer? ............................................................................................................ 30


Pour le long terme, il n'y a pas 36 solutions pour s'enrichir .................................................................. 30

Pour le moyen terme? les métaux précieux! ......................................................................................... 30

Pour le court terme? Vendez les actions, spéculez sur la baisse à venir! ............................................. 31

CONCLUSION................................................................................................................................................................... 34
Annexe. Remettre la crise en perspective ............................................................................................................................. 36

Lettre Stratégies – La nouvelle crise : la co pre dre pour ieux l’a ticiper – Février 2018
Comprendre la crise ............................................................................................................................... 36

Le balancier revient au milieu ................................................................................................................ 36

L’économie de guerre entraîne des économies beaucoup plus administrées ...................................... 37

Les chocs pétroliers................................................................................................................................ 37

La démassification : d’une économie de production de masse à une « économie de la connaissance » ...................... 38


Le retour du libéralisme et l’arrivée du néo-libéralisme signent la fin du social étatisme ............................................ 39
La chute du mur de Berlin et les premières délocalisations massives............................................................................ 40
Good Bye Lenine, and welcome capitalism and liberalism ! ........................................................................................... 40
Le bouleversement politique et économique de novembre 1989 ........................................................ 40

La marche du nouveau libéralisme triomphant..................................................................................... 42

La mondialisation, une forme de « darwinisme économique » ..................................................................................... 43


La mondialisation, source de pression sur les salaires .......................................................................... 43

« Les délocalisations détruisent 36000 emplois par an » ...................................................................... 44

Les nouvelles technologies, une révolution de la productivité ............................................................. 45

L’immigration, outil utilisé par le patronat pour faire baisser les salaires ! .......................................... 46

Lutter contre l’inflation signifiait lutter contre les salaires et donc contre l’emploi !!! ........................ 47

Reprenons donc cet enchaînement terrible de causes ! ....................................................................... 48

Le crédit aux particuliers, solution trop facile pour être honnête......................................................... 48

Crise et crédits : d’un mur de béton à un mur de dettes ...................................................................... 50

La compétitivité occidentale, grande victime de la mondialisation ...................................................... 52

Lettre Stratégies – La nouvelle crise : la co pre dre pour ieux l’a ticiper – Février 2018
Introduction
Comprendre la nouvelle crise qui arrive et qui est inéluctable : voici le sujet sur lequel j’avais très
envie de travailler pour cette lettre et les réflexions que je voulais partager avec vous.

Cette crise, comme nous allons d’abord le voir, est inéluctable parce qu’elle va provenir de
déséquilibres que nous avons créés et qui ont des origines très profondes et lointaines sur
lesquelles je reviens dans les annexes, à la fin de cette lettre, et que vous pourrez prendre le
temps de lire si cela vous passionne autant que moi, et durant les longues soirées d’hiver qu’il
nous reste encore à passer avant l’arrivée du printemps tant espéré… Enfin les rayons de soleil !!

Si les mêmes causes provoquent les mêmes effets, ce raisonnement, bien que parfaitement vrai
et applicable dans la situation actuelle qui nous préoccupe, n’est qu’une remarque partielle pour
expliquer ce qu’il va se passer.

Résumons d’abord et gardez cet enchaînement à l’esprit. Il est détaillé sur des pages entières en
annexes pour celles et ceux qui voudront creuser le sujet et avoir une vision globale du problème.

Chute du mur de Berlin, effondrement du communisme, victoire du capitalisme par KO, cela rend
possible la mondialisation par définition inenvisageable dans un monde coupé en deux entre Est
et Ouest.

La mondialisation ainsi que d’autres facteurs comme les progrès techniques (informatisation,
robotisation, etc.) vont provoquer une augmentation importante du chômage et une stagnation des
revenus et des salaires.

Cette stagnation sera compensée par des recours massifs à l’endettement et au crédit.
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Lettre Stratégies – La nouvelle crise : la co pre dre pour ieux l’a ticiper – Février 2018
Tout cela mène logiquement à une crise de la dette.

Cet endettement généralisé conduit à des chocs et à des crises bancaires, financières,
économiques.

Lutter contre ces crises nécessite l’intervention des banques centrales. Les banques centrales
baissent le coût du crédit (les taux d’intérêt) pour relancer la machine économique, en créant…
encore plus de nouvelles dettes !

Cela va donc générer de nouveaux chocs. Ces crises multiples finiront logiquement par aboutir à
une crise qui sera monétaire, car au bout du compte, c’est l’arrivée d’une nouvelle monnaie qui
sera la seule manière crédible de résoudre tous les déséquilibres économiques mondiaux.

Avant d’arriver à cette étape du raisonnement, à savoir la conséquence ultime et la résolution


monétaire des choses, nous allons d’abord regarder ce qu’il se passe, puis comment anticiper ces
grands changements à titre individuel.

Tout le nœud gordien à trancher se situe autour de cette histoire de taux d’intérêts qui doivent
monter mais qui ne peuvent pas vraiment monter, ni durablement, ni bien haut !

Lettre Stratégies – La nouvelle crise : la co pre dre pour ieux l’a ticiper – Février 2018
Un état des lieux des problèmes
majeurs
Comme je vous l’ai déjà exprimé à de multiples reprises, le problème auquel nous sommes
confrontés est un problème de dettes.

Les crédits à la consommation titrisés nettement plus hauts qu’avant !

Comme vous pouvez le voir sur le graphique ci-dessous, qui est issu de la base de documents de
la Réserve Fédérale américaine elle-même, avec 3 840 milliards de dollars, jamais les crédits à la
consommation n’ont été aussi monstrueusement élevés en montants cumulés.
Des créditsqu’il faudra bien rembourser et sur lesquels repose l’illusion de la fausse croissance
américaine…
Et lisez bien avec attention cet intertitre : les crédits… dits “titrisés” ! Eh oui, comme à la belle
époque des subprimes, les crédits à la consommation américains ont été titrisés et tout le monde
en a un peu sans le savoir.

Prêts sur véhicules automobiles titrisés

Avec 1 114 milliards de dollars de crédits voitures cumulés, là aussi, nous atteignons des
sommets jamais escaladés dans notre fuite éperdue vers le toujours plus de croissance
économique sur des bases malsaines, hélas. N’oublions pas non plus… qu’ils sont titrisés, ce qui
nous annonce un joyeux bazar le jour où tous ces beaux crédits (qui sont à taux variables) ne
seront plus remboursés par des Américains devenus insolvables en raison de la hausse des taux
d’intérêt.

Lettre Stratégies – La nouvelle crise : la co pre dre pour ieux l’a ticiper – Février 2018
Plus loin, dans la partie de « La nouvelle crise, le surendettement américain », je vous présenterai
deux autres tableaux qui viendront utilement enrichir votre réflexion.
Vous ne pourrez que visualiser, et c’est l’objectif de cette petite démonstration pédagogique,
l’étendue des dégâts d’ores et déjà effectifs liés à l’endettement massif qu’est celui de nos
économies.

La dette étudiante

Comme vous pouvez le voir sur ce graphique, avec 1 490 milliards de dollars, jamais la dette
étudiante cumulée n’a été aussi élevée, et ce n’est pas parce que le nombre d’étudiants explose
mais parce que le coût des études, lui, devient de plus en plus important.
Cela pose la question d’ailleurs du retour sur investissement des études supérieures, mais c’est
un autre sujet et un débat que je n’ouvrirai pas ici.

Lettre Stratégies – La nouvelle crise : la co pre dre pour ieux l’a ticiper – Février 2018
Les crédits revolving…

Surnommés aussi les crédits “revolver”… parce qu’ils vous permettent de vous surendetter et
peuvent pousser certains au suicide financier.

Ce n’est pas bon non plus. Enfin si ! Tout dépend pour qui. C’est excellent pour la “croâssance”
économique et la consommation avec la vente massive de plein de bidules dont on n’a pas
forcément besoin mais payés avec de l’argent que les gens n’ont manifestement pas.
D’ailleurs, ce n’est pas qu’un phénomène américain, et la prochaine coupe du monde de foot de
cet été sera l’occasion pour beaucoup d’acheter une nouvelle télé avec un paiement en 10 fois
avec ou sans frais.

Comme vous pouvez donc le constater, l’endettement gangrène toutes les sphères de la société
américaine.

La dette de l’État fédéral à 20 000 milliards de dollars !!

Lettre Stratégies – La nouvelle crise : la co pre dre pour ieux l’a ticiper – Février 2018
Si vous regardez bien ce graphique de l’évolution de la dette fédérale américaine, vous ne pourrez
que constater qu’elle est stable jusqu’au milieu des années 70, et pour cause : jusqu’à la fin des
accords de Bretton Woods, n’oubliez pas que le dollar américain était « as goog as gold », ce qui
veut dire « aussi bon que l’or » puisque le billet était convertible en métal jaune.

C’est depuis la suppression de la convertibilité du dollar en or que la valeur du dollar s’érode et


que l’endettement américain explose.

Lorsque les dettes augmentent, on ne parle évidemment même plus du fait de rembourser le
principal et le capital mais simplement du « coût des intérêts de la dette ».

Faites un calcul simple et presque simpliste car comme vous le savez, la dette des États est une
moyenne des maturités des crédits effectués. En clair, l’État américain emprunte à 1 an, 2 ans, 10
ans, ou par exemple 30 ans. Si les taux montent aujourd’hui, ce que vous avez emprunté pour les
30 prochaines années garde le même taux. Lorsque les taux remontent, le coût de la dette ne
remonte pas aussi vite puisqu’il existe un « vieux » stock de dettes à des taux anciens. Il y a donc
de l’inertie, mais à terme le mouvement de hausse de taux finit fatalement par impacter toute la
dette.

Donc 20 000 milliards à 1%, c’est 200 milliards d’intérêt chaque année !! Eh oui, 200 !!! À 2%,
c’est 400 et 3%, c’est 600 milliards. Cela tombe bien, nous y sommes presque au taux de 3% et
ce niveau représente le niveau de « couinements » généralisés des acteurs économiques qui
deviennent pour beaucoup difficilement solvables passécette limite de 3% !

Mais pourquoi donc vouloir augmenter les taux si cela met tout le monde en faillite ?

On vous explique officiellement qu’il faut monter ces taux justement pour éviter l’inflation, car
l’inflation serait sur le point de faire son retour…

Pour cela, il faut que les prix montent, que les salaires montent, que le chômage soit au plus bas
et qu’il n’y ait pas de réservoir de main-d’œuvre…

Et vous savez quoi ? Nous nageons en plein bobards économiques, des mensonges auxquels
nous allons tordre le cou toujours avec les propres chiffres de la Banque centrale américaine elle-
même.

S’il y a crainte d’inflation, alors cela doit se voir ou en tous les cas, il doit y avoir des indicateurs ou
indices qui permettent de penser qu’un risque inflationniste existerait.

Sans pour autant que cela constitue une certitude absolue, regarder l’indice des prix à la
consommation permet d’avoir une bonne indication et un faisceau de présomption sur ce qui est
en train de se passer ou pas sur ce point précis.

L’indice des prix à la consommation depuis 1945 !

Histoire d’être sûr d’avoir une tendance suffisamment longue pour pouvoir apprécier une tendance
de fond, je vous propose de vous référer au tableau suivant de la FED. Vous constaterez de vos
yeux vus que nous nous situons totalement dans la tendance historique et de long terme de
l’inflation.

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Lettre Stratégies – La nouvelle crise : la co pre dre pour ieux l’a ticiper – Février 2018
J’en profite aussi pour faire une légère digression, à savoir qu’en 2000, cet indice des prix aux
États-Unis est à 170. Aujourd’hui, il est à 250, soit une augmentation de 50% des prix !!! C’est
considérable, pourtant, aux Etats-Unis, il n’y a pas eu de passage à… l’euro. Accuser l’euro de la
montée des prix est très injuste économiquement.

Ce qui rend l’inflation visible aussi bien aux États-Unis qu’en Europe, c’est le fait que durant cette
même période, les salaires ont massivement stagné voire… ont même baissé en raison des effets
de la mondialisation et de l’arrivée sur le marché du travail mondial de milliards de Chinois,
d’Indiens et de pays asiatiques.

Doncpas d’inflation à l’horizon, si ce n’est une inflation marginale sur les prix qui restent orientés à
la baisse en raison des pressions déflationnistes liées aussi bien à l’informatisation, la robotisation
que les délocalisations.

D’ailleurs, si l’inflation arrive, cela veut dire que c’est le plein emploi. Que se passe donc-t-il côté
emploi aux États-Unis ?

L’emploi aux USA : un faux plein emploi

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Sur le graphique ci-dessus, vous pouvez constater que le taux officiel de chômage est
effectivement relativement bas, bien qu’un peu plus haut que le précédent point bas de 2007.

Pour autant, derrière ce que l’on pourrait croire être une bonne nouvelle, il se cache le fameux
taux de participation de la population active.

Il est indéniable que ce taux de participation est équivalent à ce qu’il était dans les années 70 et
qu’il est en chute libre depuis 2007. En fait, il s’est stabilisé depuis 2015 en restant sur ses
niveaux les plus bas et n’a pas du tout retrouvé ses sommets d’avant la crise.

Cela veut dire qu’il y a moins de personnes qui travaillent. C’est aussi simple que cela. Si moins
de personnes travaillent, cela signifie qu’il y a un réservoir important de main-d’œuvre disponible.

Les non-comptés dans la population active

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D’ailleurs, ce que nous disions un peu plus haut sur le taux de participation à la population active
est totalement corroboré par le tableau ci-dessus qui comptabilise toutes les personnes qui ne
sont plus prises en compte justement dans la population active !

De 2007 à 2018, nous sommes passés de 77 millions de personnes à …plus de 95 millions, soit
une augmentation de 18 millions d’Américains en âge de travailler et qui sont partis dans un
véritable trou noir.

Si vous regardez bien, ce taux commence à augmenter en réalité à partir de 1995, et 1995 c’est le
début des effets de la chute du mur de Berlin, de l’effondrement de l’ex-URSS et de l’ouverture au
monde de la moitié de l’humanité qui était enfermée derrière le rideau de fer.

Ces gens dont vous voyez le nombre augmenter à travers cette courbe sont les exclus de la
mondialisation, les victimes du plus grand transfert de richesses et de capacité de production de
tous les temps.

Ces hommes et ces femmes sont celles et ceux qui sont remplacés par des machines ou par des
petits Chinois payés un bol de riz et sous surveillance du commissaire politique et sans droits
sociaux.

La croissance économique n’est pas violente au point d’être inquiétante !!

Comme vous pouvez le voir, la croissance économique aux Etats-Unis est même plutôt en train
de décélérer et c’est assez logique, car comme vous le verrez sur le graphique suivant, les taux…
remontent déjà sensiblement et cela impacte donc la croissance américaine ainsi que les
investissements des entreprises, sans oublier la consommation des ménages essentiellement
financée par des crédits.

S’il n’y a pas de pic de croissance, il y a peu de chance de voir un épisode inflationniste
conséquent.

Alors pourquoi cette volonté absolue de vouloir poursuivre la hausse des taux ?

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Des taux qui montent sensiblement !

Comme vous pouvez le voir sur ce graphique, lestaux retrouvent les plus hauts de 2010 mais à
2,8% à 10 ans, ils sont encore très très loin des taux américains des années 80 qui étaient à
16% !!! Il faut dire qu’à l’époque il y avait de l’inflation. Il y avait de l’inflation car les frontières
existaient et les droits de douane aussi, sans oublier l’indexation des salaires sur l’inflation. Bref,
le monde économique était radicalement différent.

Aujourd’hui, il n’y a pas d’inflation.

Alors pourquoi, encore une fois, vouloir monter ces fichus taux pour lutter contre une inflation qui
n’existe pas ?

La réponse est assez simple.

Lorsque le sage montre la lune, l’imbécile regarde le bout du doigt. Nous sommes exactement
dans ce cas.

On ne lutte pas contre l’inflation et l’on vous désigne le mauvais ennemi.

On vous fait croire que l’on veut lutter contre l’inflation.

En réalité, les autorités monétaires veulent faire exploser des bulles financières monumentales et
c’est dans ces bulles que sont allés se loger les monceaux et autres tombereaux de billets
fraîchement imprimés. Toutes les liquidités des QE et autres stimulus monétaires sont allés
s’investir dans une triple bulle.

Une bulle obligataire.


Une bulle boursière.
Une bulle immobilière.

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Lettre Stratégies – La nouvelle crise : la co pre dre pour ieux l’a ticiper – Février 2018
À plus de 25 000 points, l’indice Dow Jones est en lévitation stratosphérique avec des
valorisations d’entreprises jamais atteintes dans l’histoire économique (ce que l’on appelle « les
multiples de valorisation »).

C’est donc cette bulle financière qu’il faut tenter de dégonfler, et en la dégonflant, il y aura
inévitablement des dégâts collatéraux.

Mais ce n’est pas le seul problème.

Les rendements trop bas, à taux zéro ou négatifs, posent un problème considérable pour le
financement des fonds de pensions privés.

Les compagnies d’assurance retraites qui doivent verser des pensions aux retraités n’ont plus les
moyens de le faire puisque les placements qu’elles possèdent ne rapportent plus suffisamment.

Il faut donc du rendement.

Il faut des taux élevés pour payer les retraites mais des taux trop hauts rendent
insolvables les agents économiques…

Voilà l’un des plus grands paradoxes dans lequel nous nous trouvons.

Il faut du rendement pour assurer la pérennité des systèmes de retraite par capitalisation, mais s’il
y a du rendement, cela veut dire que les taux sont hauts et si les taux sont trop hauts, alors c’est
l’insolvabilité généralisée.

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L’idée, pour les banques centrales et en particulier pour la FED, c’est d’atteindre une ligne de
crête de 3 à 4% susceptible d’assurer du rendement aux compagnies d’assurance sans
déclencher une crise apocalyptique…

Vu la situation, ce n’est pas gagné.

Il y a une autre hypothèse… nettement moins rassurante et nettement plus géopolitique qui, elle,
plaide pour un immense krach boursier et obligataire avec en ligne de mire la conservation pour
les États-Unis de leur leadership économico-monétaire.

Nous allons y revenir.

Tout d’abord, faisons une digression sur le profil du nouveau grand timonier de la FED : le
gouverneur Jerome Powell.

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Lettre Stratégies – La nouvelle crise : la co pre dre pour ieux l’a ticiper – Février 2018
Comprendre le nouveau gouverneur de
la FED Jay Powell
Jay Powell, le banquier qui va fabriquer des bulles en série

Je vous reproduis ici un article instructif de Jean-Marc Vittori, éditorialiste au quotidien Les Échos.
Cet article alimentera utilement votre réflexion et vous permettra de mieux comprendre qui est le
nouveau gouverneur de la FED.

« Le nouveau patron de la FED est un avocat devenu banquier. Comme ses prédécesseurs, son
histoire va fortement influer sur la politique monétaire de l'institution financière la plus puissante au
monde. Clefs de lecture.

Mais qui est vraiment Jerome Powell ? Le 4 février, jour de ses 65 ans, ce quasi-inconnu
deviendra l'homme le plus puissant de la planète finance. Il succédera à Janet Yellen à la tête de
la Réserve fédérale des États-Unis, banque centrale de la première puissance financière du
monde, où il était l'un des sept gouverneurs depuis 2012. Et risque d'avoir à gérer, lors de son
mandat de quatre ans, des événements majeurs – résurgence de l'inflation, récession, krach
financier...

Pas d'ennemis dans le panier de crabes

À première vue, Jerome Powell, dit "Jay Powell", incarne la modération. Loin, très loin des
embardées du président Donald Trump qui l'a choisi. Cet homme-là ne boirait jamais plus de deux
verres de vin lors d'un repas. Avocat, son principal talent fut de négocier des accords complexes à
l'abri des regards, dans des banques de New York comme dans l'administration de George Bush
père, où il fut sous-secrétaire au Trésor.

Républicain, Powell a travaillé dans un centre d'études impartial (le Bipartisan Policy Center) où le
président démocrate Barack l'a repéré avant de le nommer à l'un des sept postes de gouverneur
de la FED, en 2012. Gouverneur de la banque centrale, il a toujours voté comme la démocrate
Janet Yellen, qu'il va remplacer. Et il semble ne pas avoir d'ennemis dans le panier de crabes
qu'est la capitale américaine.

Mais ce qui a guidé ses prédécesseurs au cours des dernières décennies n'est ni leur
tempérament ni leurs convictions politiques : c'est leur itinéraire antérieur. Alan Greenspan, Ben
Bernanke et Janet Yellen ont tous les trois piloté la politique monétaire des Etats-Unis en fonction
de leur histoire personnelle.

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Confiance aveugle dans le marché

Alan Greenspan d'abord. Avant de diriger la FED de 1987 à 2006, celui qui fut surnommé "le
maestro" a présidé pendant plus de trois décennies une firme new-yorkaise de conseil
économique (sauf trois années à la tête du Comité des conseillers économiques du président
républicain Gerald Ford). Pour vendre sa fameuse analyse de la conjoncture, il s'est mis à l'écoute
de Wall Street, là où se trouvaient ses clients.

Devenu patron de la FED, Greenspan a une confiance aveugle dans le mécanisme du marché,
dans les pratiques de ses anciens clients. Il avait certes voulu enrayer la formation de la bulle
Internet, en 1996, en parlant d'« exubérance irrationnelle ». Mais dans les années 2000, alors que
les banques développent des innovations à bride abattue, le président de la FED explique que la
finance s'autorégule bien mieux que des autorités publiques. Après la chute de la banque Lehman
Brothers en 2008, il avouera qu'il avait eu tort.

Sa spécialité, le marché du travail

Ensuite, Ben Bernanke. Lui fut d'abord professeur et chercheur. Il a cherché pendant sa carrière
universitaire à comprendre la Grande Dépression des années 1930. Son discours le plus frappant,
prononcé en 2002 alors qu'il était l'un des gouverneurs de la FED, est intitulé « Déflation :
s'assurer qu'elle n'arrive plus ici». Il y explique toutes les mesures à prendre pour éviter ce terrible
fléau. Quand la crise financière éclate en 2008, deux ans après le début de son mandat, il déploie
ces mesures, jusqu'au rachat massif d'obligations –le « quantitative easing ». Bernanke a piloté la
FED en s'appuyant sur sa connaissance profonde du passé.

Janet Yellen enfin. Sa spécialité à elle, c'est le marché du travail. Le titre de son mémoire de PhD
commence par le mot « emploi ». Ses articles académiques les plus marquants portent sur le
chômage, même si elle a touché à bien d'autres sujets. Une expertise qui lui a été précieuse.
Yellen devient présidente de la FED début 2014, au moment précis où la banque centrale
commence à réduire ses achats d'obligation. L'activité est repartie depuis plusieurs années et le
chômage baisse. Faut-il remonter les taux d'intérêt pour éviter l'accélération des prix ?

Yellen passe quatre ans à décortiquer les tendances de l'emploi –baisse de la proportion d'actifs
parmi les Américains en âge de travailler, faiblesse des augmentations de salaires, etc. D'où la
prudence extrême de la FED en relevant ses taux d'intérêt.

Favorable à la déréglementation

Jay Powell, lui, n'a été ni un fournisseur des grandes institutions financières, ni un historien des
crises financières, ni un expert du marché du travail. Il fut banquier dans des symboles de la
finance new-yorkaise – Dillon Read, Bankers Trust puis le gérant d'actifs Carlyle. Sans expertise
forte sur la politique monétaire (c'est le premier non-économiste à accéder à la tête de la FED
depuis quarante ans), il marchera sans doute dans les traces de Janet Yellen pour la
détermination des taux d'intérêt.

Mais depuis la crise de 2008, le Congrès a élargi le champ de la Réserve fédérale du côté de la
supervision des institutions financières. Ici, Powell sera dans son élément. Or il est favorable à la
déréglementation. Même s'il s'est montré circonspect, il l'a dit lors de son audition par le Sénat. Et

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Lettre Stratégies – La nouvelle crise : la co pre dre pour ieux l’a ticiper – Février 2018
ce n'est guère étonnant. Il a baigné dans la banque. Et la déréglementation est l'obsession de
celui qui l'a choisi. Donald Trump a d'ailleurs également nommé à la FED Randal Quarles, vice-
président en charge de la supervision des banques. Ancien de Carlyle comme Powell, Quarles est
un chaud partisan de la déréglementation.

Douceur sur les deux pédales

Dans sa conduite de la voiture FED, Janet Yellen appuyait doucement sur la pédale monétaire
mais fermement sur la pédale réglementaire (ce qui lui a peut-être coûté son poste). Sauf fausse
manœuvre toujours possible chez un novice, Jay Powell devrait faire preuve de douceur sur les
deux pédales. Autrement dit, il va être un Yellen au carré. Les bulles vont pétiller. Sur les marchés
financiers, on va adorer. »

Source Les Échos ici

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Lettre Stratégies – La nouvelle crise : la co pre dre pour ieux l’a ticiper – Février 2018
La stratégie du choc et une nouvelle
conflagration organisée ?
La Stratégie du choc, la montée d’un capitalisme du désastre est le titre du best-seller de Naomi
Klein.

Cette dernière s'appuyant sur plusieurs recherches documentaires soutient que des désastres
(catastrophes naturelles, changements de régimes, attentats), qui conduisent à des chocs
psychologiques, permettent aux chantres du capitalisme d'appliquer la doctrine de l'école de
Chicago dont Milton Friedman est l'un des représentants les plus connus.

Ils imposeraient, à l'occasion des désastres, des réformes économiques que Naomi Klein qualifie
d'ultra-libérales, telles que la privatisation de l'énergie ou de la sécurité sociale.

L’idée centrale est que les chocs de sidération sont mis à profit par une élite dirigeant pour faire
accepter des solutions qui ne l’auraient pas été en temps habituel.

Source ici

Augmenter les taux c’est créer une crise de toutes pièces

C’est une question qu’il convient de se poser. Même si je n’y répondrai pas de manière tranchée,
et sans que cela ne constitue une vérité absolue, je vous invite à partager une réflexion commune
à travers un scénario qui peut sembler un peu extrême, et pourtant !

Comme je le dis et le répète, et comme vous avez pu le voir dans tous les graphiques de
l’endettement américain, si les taux montent, c’est l’insolvabilité généralisée.

N’oubliez pas que les taux fixes français sont une exception… française !

Partout dans le monde, les gens et les entreprises empruntent à taux variables. Quand les taux
montent, les mensualités montent ! Quand elles montent trop, les gens comme les entreprises ne
peuvent plus rembourser. C’est également valable pour les États.

Vous le savez, je le sais, et la FED et Jay Powell le savent également.

Alors pourquoi vouloir monter les taux ?

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Lettre Stratégies – La nouvelle crise : la co pre dre pour ieux l’a ticiper – Février 2018
L’hypothèse de la maîtrise des bulles

1re hypothèse, que nous appellerons l’hypothèse principale, comme nous l’avons vu, il faut du
rendement aussi bien pour le système bancaire que pour les épargnants, que pour financer les
retraites, et globalement qu’il est indispensable que l’argent ait un prix afind‘éviter un emballement
des bulles spéculatives.

Mon point de vue et que dans tous les cas, ce que nous pourrons faire, enfin pas vous et moi mais
les banques centrales, sera trop peu et trop tard. Nous sommes pris au piège des taux bas.

Dans un tel cas, nous pourrons éventuellement, peut-être, si tout cela est piloté avec un infini
doigté, réussir à gagner un peu de temps.

Ce qui est plus probable c’est que dans une telle hypothèse de travail, les taux continuent à
monter comme ils le font actuellement et que la FED pousse un peu trop –exactement comme elle
l’a fait en 2007, qui a été son dernier resserrement de politique monétaire avec le succès que l’on
sait puisque c’est en montant les taux en tout au long des années 2005 et 2006 que la FED a fait
exploser volontairement la bulle immobilière américaine en 2007, crise connue sous le vocable
« crise des subprimes ».

Cette crise,ce n’est pas la crise des subprimes. C’est une crise liée uniquement à l’augmentation
des taux d’intérêts qui ont atteint, à l’été 2007, le niveau de couinement et douleur qui a engendré
l’insolvabilité des acteurs économiques et des emprunteurs, et donc la crise.

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Lettre Stratégies – La nouvelle crise : la co pre dre pour ieux l’a ticiper – Février 2018
J’ai voulu vous montrer sur le graphique ci-dessus comment la crise de 2007 était prévisible dès la
mi-2004, soit à partir du moment où la Banque centrale américaine annonçait son intention de
relever les taux.

Vous connaissez le principe du « les mêmes causes produisent les mêmes effets ». Nous
sommes exactement dans ce contexte, de la même façon que nous l’étions en 2000 où l’explosion
de la bulle internet a été provoquée volontairement par une montée des taux américains à
presque 7%, puis à nouveau la même cause en 2007 provoquée par une hausse de taux
volontaire, et de vous à moi ce sera aussi le cas en 2018/2019 avec les montées de taux actuelles
de la Banque centrale américaine.

Les mêmes causes vont provoquer les mêmes effets.

À ce niveau-là de la lettre, cela normalement doitêtre acquis dans votre esprit.

Soit, mais que va-t-il se passer par la suite ?

Si nous suivons une logique… logique, du genre rationnel, et non « fin-du-mondiste », alors on
peut prédire sans trop de risque de se tromper que la FED veut juste tenter de trouver la meilleure
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Lettre Stratégies – La nouvelle crise : la co pre dre pour ieux l’a ticiper – Février 2018
ligne de crête économique entre des taux qui n’effondrent pas l’économie mais qui permettent un
peu de rendement tout en dégonflant au mieux les bulles boursières et obligataires.

Pas simple.

Comme ce n’est pas simple, cela, malgré les discours super rassurants, va nécessiter un pilotage
manuel particulièrement fin.

Un pied sur le frein destaux et l’autre sur l’accélérateur de l’injection monétaire.

En clair, si la FED monte les taux aujourd’hui et encore demain et après-demain, la semaine
prochaine, elle peut les baisser tout aussi rapidement ou les maintenir un peu haut en injectant
des liquidités sur le marché par exemple pour éliminer quelques tensions.

Bref, nous pourrions vivre un cycle de resserrement plus court que d’habitude, allant logiquement
moins haut, et la limite de 3 à 3,5% semble très difficilement dépassable sans provoquer
l’effondrement généralisé du système économique, et enfin, nous pouvons même envisager que
la FED monte puis baisse les taux, voire les remonte… et les baisse à nouveau !

Cela veut dire qu’en terme boursier, nous sommes sans doute au plus haut.

Nous allons vivre une consolidation d’au moins 20%. Elle a d’ailleurs certainement déjà
commencé et vous en avez déjà vu lespremiers signes.

Mais cette première consolidation risque de s’avérer trop rapide et trop violente, et donc il y aurait
la possibilité d’une perte totale de contrôle. Ce risque de perte de contrôle poussera la FED à
inverser la vapeur rapidement pour contrebalancer ses hausses de taux.

Alors, les marchés acteront définitivement que les autorités monétaires sont tombées dans le
piège des taux bas éternellement et qu’elles ne pourront pas en sortir autrement qu’au prix de
l’effondrement total du système économique tel que nous le connaissons.

L’implication sera évidente.

Les cours de Bourse, après avoir plongé brutalement, vont se redresser tout aussi rapidement et
très vite dépasser des sommets jamais vus.

Ce sera une forme de fuite en avant, ce qui est très logique. Il y aura pour toujours de l’argent qui
coulera à flots…Jusqu’à ce que tout le monde soit ruiné par l’hyperinflation, ce qui arrivera au bout
du compte, mais dans un second temps seulement.

N’oubliez pas qu’un phénomène hyperinflationiste cantonné à quelques bulles spéculatives est
nettement moins visible pour les peuples qu’un effondrement généralisé.

N’oubliez pas non plus que même en cas d’inflation forte, un système économique continue à
tourner… Quand il y a effondrement, il y arrêt des flux commerciaux et financiers.

Quand il y a arrêt des flux économiques, qu’ils soient financiers ou commerciaux, dans un monde
presque exclusivement urbanisé et où les gens ont perdu toute autonomie à l’égard de ce que l’on
nomme les « services supports », c’est le chaos assuré à très court terme. N’oubliez pas cette

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Lettre Stratégies – La nouvelle crise : la co pre dre pour ieux l’a ticiper – Février 2018
phrase : « Ce qui sépare l’humanité du chaos, c’est 9 repas. »9 repas, c’est globalement 3 jours
sans manger.

Laissez nos villes 3 jours sans manger, et les gens commenceront à s’entretuer dans nos centres
urbains et le maigre vernis de civilisation craquera bien vite pour laisser place à une sauvagerie
que l’on croyait oubliée ou impossible.

Il est, je l’espère, peu probable que nos autorités économiques, monétaires et politiques
souhaitent atteindre de telles extrémités.

Je l’espère, mais il existe une probabilité dite du « suicide collectif » afin de déclencher justement
le choc et l’effroi dans le cadre d’une stratégie plus que cynique.

L’hypothèse de la stratégie du choc pour la conservation du leadership américain

Bon, cette hypothèse n’est, je l’espère, qu’une élucubration intellectuelle parce que si ce n’était
pas le cas, alors nous allons vers des heures particulièrement sombres.

Imaginez que l’élite américaine se sente particulièrement menacée dans l’exercice de son
leadership par la montée en puissance considérable de la Chine.

Imaginez que l’élite américaine se sente au bout du bout d’un système basé sur un recours à un
endettement massif et à une impression monétaire sans limite qui, jusqu'à présent, ne posait pas
de problème car nous vivions le règne du « pétrodollar ». Le dollar, en réalité, était une monnaie
qui, de convertible en or, était devenue « convertible » en pétrole ! Mais c’est la fin du pétrole,
donc du pétrodollar, et c’est demain ! Souvenez-vous de la lettre STRATÉGIES que j’avais
volontairement consacrée aux guerres pour l’énergie et dans laquelle je vous montrais la nouvelle
stratégie saoudienne pour se préparer à l’après-pétrole avec le projet « vision2030 ».

Imaginez que l’élite américaine, et c’est le sens de la politique portée par Trump, ait bien compris
qu’il ne peut plus y avoir de leadership américain avec les règles actuelles de mondialisation et le
pillage en règle par la Chine des technologies occidentales en général et américaines en
particulier– d’où l’augmentation des tensions autour de ce que l’on appelle les « industries
sensibles ».

Imaginez aussi que nos dirigeants ne sachent pas vraiment quoi faire des surnuméraires.

Les surnuméraires, c’est vous, c’est moi, c’est eux, ce sont ces millions d’individus qui sont tous
l’imbécile de quelqu’un, et nous sommes en trop.

Nous sommes des « surnuméraires », nous sommes en surnombre.

En surnombre pour la soutenabilité environnementale.

En surnombre en termes de main-d’œuvre puisque l’essentiel des tâches nécessitant autrefois


des bras d’ouvriers peuvent désormais être confiées à des robots ou à des ordinateurs.

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Lettre Stratégies – La nouvelle crise : la co pre dre pour ieux l’a ticiper – Février 2018
En surnombre si les propriétaires des GAFA et les malades transhumanistes de la Silicon Valley
veulent déployer les techniques médicales dites « d’immortalité » où, loin d’être immortels, nous
aurions une espérance de vie dépassant largement le siècle. C’est impossible avec 8 milliards
d’habitants sur Terre.

Alors prenez tous ces éléments-là.

Mettez-les dans un shaker.

Secouez.

Versez… Vous ne savez pas ce que vous obtiendrez, mais disons que certains pourraient avoir
une furieuse envie d’appuyer sur le « bouton » qui permettrait une immense remise à zéro de la
bulle spéculative mère.

La mère de toutes les bulles n’est pas boursière.

La mère de toutes les bulles n’est pas obligataire.

La mère de toutes les bulles n’est pas n’est pas monétaire.

La mère de toutes les bulles n’est pas liée à l’endettement.

La mère de toutes les bulles est intrinsèquement… démographique !

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Lettre Stratégies – La nouvelle crise : la co pre dre pour ieux l’a ticiper – Février 2018
Vous pouvez voir sur la courbe ci-dessus, qui pourrait faire passer une courbe exponentielle pour
une courbe plate, l’ampleur du problème.

L’humanité s’est toujours maintenue à environ 500 millions d’habitants, ce qui fait largement de la
place pour tout le monde et une empreinte très faible de l’homme sur la Terre.

D’ailleurs, ce programme relativement funeste, pour celles et ceux qui ne sont pas désignés ni
sélectionnés pour le nouveau monde, est déjà gravé dans le marbre.

Au sens propre du terme d’ailleurs.

Maintenir l’humanité en dessous de 500 000 000 d’individus en perpétuel équilibre avec la nature.

Ce monument que vous voyez, c’est les « Georgia Guidestones ». 108 tonnes de granit.

Les Georgia Guidestones, appelées aussi le « Stonehenge américain », sont un monument en


granite érigé le 22 mars 1980 aux États-Unis, en Géorgie, près d'Elberton. Elles ont été
construites par la firme Elberton Granite Finishing Company sur commande d'un anonyme s'étant
présenté sous le nom de R. C. Christian (pseudonyme allégorique pour Christian Rosenkreutz ou
Christian Rose-Croix).

Ceux qui seront titillés pourront faire leurs propres recherches.

Pour résumer, il y a 10 commandements, dont le 1er est à l’origine de multiples rumeurs et


théories du complot qui circulent sur Internet.

Il faut dire qu’il y a de quoi puisque le premier commandement dit :

« Maintenez l'humanité en dessous de 500 millions d'individus en perpétuel équilibre avec la


nature. »

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Lettre Stratégies – La nouvelle crise : la co pre dre pour ieux l’a ticiper – Février 2018
500 millions. Ce chiffre n’est pas du tout un hasard, c’est celui de l’humanité depuis la nuit des
temps.

Les chiffres ne mentent pas.

Nous sommes dans une immense bulle démographique.

Or comme toutes les bulles explosent, cette bulle explosera aussi. La question est de quelle
manière, comment, à quel moment ?

Aurons-nous une crise environnementale, une famine, un effondrement lié à la raréfaction des
ressources à commencer par l’énergie et le pétrole, ce qui conduira à un effondrement
démographique?

Aurons-nous une pandémie gigantesque, vengeance de Mère Nature ?

Vivrons-nous une catastrophe naturelle d’ampleur biblique ?

Ou alors serons-nous nos propres assassins, en décidant une forme de suicide collectif. Enfin,
pas nous, mais eux…

Pour terminer ce sombre panorama, nous pouvons imaginer aussi à la fin de ce processus de
choc et d’effroi, évidemment, la mise en place d’une nouvelle monnaie numérique cette fois, ou
tous les flux seraient évidemment tracés, suivis.

Cette nouvelle monnaie serait le moyen de supprimer les espèces. Elle permettrait aussi de
mettre fin à future crise monétaire, et d’apurer le monceau de dettes qui est le nôtre.

Voilà la seconde hypothèse.

Cette seconde hypothèse de travail n’est pas absurde en soi, et elle relève du processus dit de
« l’avocat du diable » ou encore du « 10e homme ».

En gros, quand un consensus se dégage et que tout le monde pense la même chose, alors on
peut aussi considérer que plus personne ne pense. Le 10ehomme doit penser l’inverse du
consensus et étudier les pistes « exotiques ».

Être celui qui étudie les pistes exotiques est rarement le bon moyen pour s’attirer la sympathie des
masses ou s’assurer une réputation de crédibilité et de sérieux. En général, cela entraîne plutôt
les moqueries.

Pour autant, le processus intellectuel que cette technique implique est tout simplement le meilleur
qui soit.

Cela va nous mener donc à une troisième hypothèse que nous nous devons aussi d’étudier
intellectuellement.

L’hypothèse « et si tout se passait bien ? »

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Lettre Stratégies – La nouvelle crise : la co pre dre pour ieux l’a ticiper – Février 2018
Par intégrité intellectuelle, il est important de se poser cette question. La réponse sera rapide.
Pour que tout aille bien et pour le mieux, il conviendrait évidemment que la croissance revienne.
Nous sommes tous d'accord là-dessus, et c'est d'autant plus nécessaire que seule une croissance
relativement forte, saine et durable permettrait de rembourser les montants astronomiques de
dettes.

Or si la croissance devient suffisamment forte pour rembourser les dettes, ce qui veut dire au
moins 3 à 4% de croissance annuelle, alors les prix du pétrole et de l'énergie vont exploser à la
hausse et vous retrouverez très vite le baril à 200 dollars. Or à 200 dollars le baril de pétrole, il n'y
a aucune croissance économique possible parce que nos économies restent profondément
carbonées et au moment où vous lisez ces lignes, la transition écologique est une vaste fumisterie
en termes macroéconomiques. Je ne dis pas que c'est mal, pas bien, ou qu'il ne faut pas
d'éolienne ou de voiture électrique mais cela pose de très nombreux autres problèmes totalement
occultés dans les débats actuels.

Pour ne donner que deux exemples, en cas d'incendie d'une voiture électrique, les fumées
dégagées sont tout simplement mortelles. Imaginez, dans un endroit confiné comme un tunnel ou
un parking. Nous aurons un jour de nouveaux types de drames.

Autre problème, les batteries qui n'aiment pas le feu, n'aiment pas non plus l'eau et réagissent très
mal... Or des voitures prises dans des inondations, c'est évidemment très courant. Nous aurons
de nouveaux types de pollution qui seront de surcroît très difficiles à traiter après une catastrophe
naturelle car l'eau se chargera de répandre des particules toxiques et des métaux lourds sur des
milliers et des milliers d'hectares.

Bref, nous n'avons aucune recette miracle pour réussir une croissance infinie, dans un monde...
fini! D'ailleurs, cette dernière constatation peut nous renvoyer à notre hypothèse précédente.

Pour résumer nos trois hypothèses!

Il est peu probable donc que les choses se passent bien. Nous pouvons donc résumer en disant
que notre spectre de choix va de mauvais à très mauvais.

Mauvais, c'est notre hypothèse un. C'est juste mauvais, parce qu'évidemment après une bonne
purge, nous allons repartir encore à la hausse et le système tentera de gagner encore quelques
années de plus et la dernière fois, c'était en 2007. Nous sommes en 2018. Nous avons plus que
doublé les dettes et les masses monétaires, sans même parler des bilans des banques centrales.
Cela a coûté des fortunes jamais dépensées même en temps de guerre, mais... le système a
gagné 10 ans!

Il n'est donc pas absurde de penser que le même système va utiliser les mêmes stratégies, avec
les mêmes méthodes, remises un peu au goût du jour et adaptées à notre situation actuelle, mais
dans l'épaisseur du trait, envisager cette hypothèse et la considérer comme principale hypothèse
de travailn'est pas du tout intellectuellement absurde. Statistiquement d'ailleurs, c'est même
l'hypothèse qui a le plus de chance de survenir.

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Lettre Stratégies – La nouvelle crise : la co pre dre pour ieux l’a ticiper – Février 2018
Très mauvais, c'est évidemment notre seconde hypothèse. Celle qui consiste à appuyer sur le
bouton rouge et à déclencher un immense effondrement. Dans un tel cas, disons-le très
clairement, le mobile du crime ne sera pas uniquement économique et financier.

Si nos autorités monétaires et politiques décident du suicide du système économique actuel, alors
ce sera pour des raisons autres que purement économiques. Il y aura d'autres enjeux. Ce n'est
pas l'hypothèse la plus probable. Elle n'est pas à exclure complètement non plus.

Conclusion? Il faut donc se préparer à une situation allant du mauvais au très mauvais.

Cela veut dire qu'il faut que vos placements prennent en compte ces deux hypothèses, tout en
sachant qu'un bon placement, pour moi, doit être bon dans tous les cas.

Lorsque nous investissons avec ma femme dans notre micro-ferme, nous pensons que ce sera un
bon investissement dans tous les cas et c'est pour cela que je le prends systématiquement
comme exemple. Si la situation est mauvaise ou très mauvaise, nous avons 1,5 hectare de
terrain, une maison, de quoi cultiver, du matériel, et un lieu d'autonomie pouvant, avec beaucoup
d'organisation et de rationnement, assurer la survie de 20 ou 30 personnes.

Si tout va très bien, nous gagnerons de l'argent avec notre production maraîchère, avec nos
locations de gîtes et notre patrimoine prendra de la valeur! C'est pour cela que je vous dis que
c'est investissement « face je gagne, pile je ne perds pas ».

Donc c'est ce type de raisonnement que vous devez appliquer à vos situations personnelles, de la
même façon qu'investir en vous doit rester une priorité, de même que raisonner patrimonialement
parlant (quand c'est possible) au niveau d'un famille. Si papy et mamie ont une ferme, il n'est pas
forcément utile de vous investir dans une ferme!

Mais dans une approche patrimoniale, il y a plusieurs horizons de temps et de placements.

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Lettre Stratégies – La nouvelle crise : la co pre dre pour ieux l’a ticiper – Février 2018
Comment protéger mon patrimoine et le
développer?
Comme je vous le disais, il y a plusieurs horizons de temps. Vous les connaissez tous. Le court, le
moyen et le long terme. À très long terme, nous sommes tous morts, ce qui veut dire que pour le
très long terme nous devons raisonner préparation de la succession, à moins que vous ne
préfériez tout laisser à l'État. Vu sa gestion désastreuse, mieux vaut léguer à une association de
votre choix qui porte une cause qui vous est précieuse. Cela veut dire que même si vous êtes
"contre" l'héritage, vous avez intérêt à préparer l'après.

Mais je ne voulais pas ici vous parler de succession.

Je voulais vous parler de ce que vous pouviez faire à court et moyen terme.

Pour le long terme, il n'y a pas 36 solutions pour s'enrichir.

La première, ce sont les placements immobiliers avec un recours à l'effet de levier de la dette.
Attention à la résidence principale. Si vous la "surcalibrez" en termes de standing, elle devient un
important centre de coût, et va obérer considérablement votre capacité d'emprunt. Votre résidence
principale est un centre de coût et ne vous génère aucun revenu ! Elle vous loge et c'est
beaucoup mais cela a un coût.

Vous avez donc, financièrement parlant, à vous loger "modeste" pour garder de la marge
d'endettement afin d’acheter des flux de revenus sur le long terme.

Autre solution pour le long terme, les actions. Pas n'importe lesquelles, celles de très, très grosses
capitalisations. Pour le long terme, ne prenez pas de risque et ne soyez pas créatif. L'Oréal vend
des bidons chaque seconde dans le monde. Coca des canettes à chaque instant... Google est
allumé en permanence chez vous, de même que Facebook. À chaque repli conséquent de ces
titres, à chaque période de consolidation, il faut évidemment en profiter pour acheter ces titres.

Pour le moyen terme? Les métaux précieux!

Pour le moyen terme, c'est l'or qui va assurer votre patrimoine. Beaucoup veulent rajouter de
l'argent métal. Sachez que, sans être défavorable sur l'argent métal, je vous incite à la plus
grande prudence, le ration or/argent se détériore depuis très longtemps et pour le moment, rien ne
semble indiquer que cela pourrait s'inverser. Si vous intégrez de l'argent métal dans votre
portefeuille, vous devez le considérer comme un actif "spéculatif". L'or va assurer votre patrimoine
financier en cas de situation très mauvaise de type insolvabilité généralisée ou effondrement plus
ou moins volontaire du système.

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Lettre Stratégies – La nouvelle crise : la co pre dre pour ieux l’a ticiper – Février 2018
Pour le court terme? Vendez les actions, spéculez sur la baisse à venir!

Évidemment, commencez par vendre vos actions et prendre vos bénéfices. Assurez l'ensemble
par une bonne dose de métal jaune pour assurer les liquidités qui vous permettront de faire des
achats à bon compte lors de la prochaine période de soldes!

Ensuite, vous pouvez prendre du BX4, qui est un tracker éligible au PEA vous permettant de
répliquer la baisse du CAC 40 avec un effet de levier.

MAIS...ce produit, aussi séduisant soit-il,a un défaut. Si le CAC monte de 10% vousperdrez 20%!
Il ne vous permet pas de jouer une baisse "plus tard" que maintenant!

Si nous voulons jouer la baisse pour dans 6 mois par exemple, le BX4 n'est pas le meilleur
produit. Le meilleur produit c'est les Warrants!

Un warrant, c'est quoi?

Un warrant (ou « bon d'option ») est un produit de Bourse à effet de levier qui permet à
l’investisseur d’amplifier les variations d’un actif à la hausse comme à la baisse tout en étant
sensible à la volatilité et à la valeur temps...

Bon, ça c'est la définition officielle claire comme du jus de chique, surtout la notion de valeur
temps, et encore je vous passe les "strike" et autres "delta" de formules mathématiques qui ne
vous serons guère très utiles pour ce que vous souhaiterez faire.

Que faut-il savoir?

Acheter un warrant vous permet de jouer un niveau de cours à une date donnée. Imaginons que
nous anticipions une baisse de la Bourse d'ici 12 mois. Nous pouvons acheter aujourd'hui un
warrant qui joue un Dow Jones actuellement à 25 000 points à disons 19 000 points d'ici
septembre 2018!

Si jamais à cette date-là le Dow Jones s'est envolé à 30 000 points, votre warrant ne vaudra plus
rien. 0! Vous perdrez votre mise. Mais si le Dow Jones descend à 19 000 points alors c'est le
jackpot!

C'est avec ce genre d'outil assez simple d'utilisation et qui ne nécessite pas de "compte futur"
mais un simple compte titre.

Voici un exemple.
FR0011479989 0.035 (c) 0.00% P 0.030 0.040 SOCIETE GENERALE CAC 40 2 400.000 EUR 21/12/2018

C'est un warrant émis par la Société générale. Le code Isin (pour acheter sur votre compte titre)
c'est le FR0011479989. L'idée du pari sur ce produit c'est que si le CAC vaut 2400 points (au lieu
de 5300 points aujourd'hui) au 21 décembre 2018, alors ce sera pour vous le jackpot.

Il est à noter que ce warrant augmentera beaucoup avant l'échéance même si le CAC n'est pas
encore descendu à 2400 points mais qu'il lui reste du temps pour le faire. C'est dans un warrant

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Lettre Stratégies – La nouvelle crise : la co pre dre pour ieux l’a ticiper – Février 2018
ce que l'on appelle la valeur "temps". Si le CAC vaut en juillet 4000 points, alors il a beaucoup de
chance d'aller à 2400 points dans les mois qu'il restera avant l'échéance de ce warrant.

Il ne faut pas néanmoins se "rater" dans le choix du moment de revente. Ne soyez pas trop
gourmand en cas de pari réussi!!

Je vous propose donc de vous familiariser un peu avec ces outils qui peuvent vous permettre de
prendre des paris sur des périodes plus ou moins longues avec une mise que vous choisissez et
une perte maximale connue qui est limitée au montant de warrant que vous aurez acheté.

Vous pourrez choisir vos stratégies et vos warrants sur le site de Boursorama ici
:http://www.boursorama.com/bourse/derives/warrants/

DE000CQ4Z5B0 0.505 (c) 0.00% P 0.500 0.510 CITIGROUP CAC 40 5 100.000 EUR 18/05/2018

DE000CQ4Z560 0.265 (c) 0.00% P 0.260 0.270 CITIGROUP CAC 40 4 850.000 EUR 18/05/2018

DE000CE8XJZ4 0.370 (c) 0.00% P ND ND COMMERZBANK CAC 40 4 800.000 EUR 13/06/2018

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Lettre Stratégies – La nouvelle crise : la co pre dre pour ieux l’a ticiper – Février 2018
.

Pour un achat ou toute inscription donnez le code INSOLENTIAE pour profiter d’avantages et de réductions en particulier sur les livraisons !

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Lettre Stratégies – La nouvelle crise : la co pre dre pour ieux l’a ticiper – Février 2018
CONCLUSION
Mon analyse est que l'hypothèse la plus crédible statistiquementconsiste à envisager le fait que la
FED va monter les taux jusqu'à exploser la bulle boursière actuelle et dégonfler la bulle obligataire
avec des taux qui ne devraient pas dépasser les 3,5%.

La FED va donc créer une crise. Cette crise, il est possible de la comprendre, et de l'anticiper.
Vous pouvez avoir une stratégie offensive dans votre patrimoine en jouant des warrants qui vont
avoir l'énorme avantage, contrairement à certains produits très spéculatifs, de limiter vos pertes à
votre mise.

Lorsque la FED aura explosé les bulles, elle se mettra à injecter toutes les liquidités nécessaires
pour "sauver" les marchés du péril qu'elle aura elle-même créé de toutes pièces.

Elle peut faire ces deux choses de façon assez rapide. Cela veut dire que le mouvement de
consolidation et le krach à venir pourraient être violents mais de relativement courte durée pour
rester maîtrisés par la FED.

Il est donc sans doute opportun de réduire considérablement son exposition aux actions, renforcer
ses réserves de cash afin de profiter des soldes, assurer son cash avec de l'or au cas où (entre 10
et 30% en fonction de vos prévisions), sans oublier évidemment de vous défaire de vos
obligations car le risque de krach obligataire est bien réel, ce qui pourrait entraîner des blocages
par exemple dans les contrats d'assurance vie.

Pour les plus entreprenants d'entrevous, étudiez les warrants : ils vous permettront de traduire en
actes de paris financiers vos analyses et convictions économiques!

Dans tous les cas, n'oubliez jamais que les conseilleurs ne sont pas les payeurs, qu'il s'agit de
votre argent et de vos responsabilités. N'oubliez pas non plus que les grands argentiers de ce
monde ne veulent pas votre bien et que les petits épargnants sont considérés comme de la
piétaille dont la seule vocation est de servir de contrepartie.

Je reviens sur cette histoire de warrants! Je ne gagne rien à vous en parler et ne suis pas
commissionné dessus!!

Souvenez-vous de cet article d'Insolentiae sur le hedge fund Bridgewater qui vient de parier 22
milliards contre l'Europe!

«L’analyse des positions "vendeuses" du fonds Bridgewater montre qu’il parie contre nombre
d’entreprises allemandes, françaises et italiennes.

Bridgewater mise gros contre l’Europe. En quelques mois, le plus grand fonds spéculatif au
monde, gérant environ 160 milliards de dollars d’actifs, a sensiblement augmenté ses positions à
la baisse dans des entreprises du Vieux Continent. Selon les chiffres analysés par Reuters et
Bloomberg, le total de ces positions s’élèverait à 22 milliards de dollars.

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Lettre Stratégies – La nouvelle crise : la co pre dre pour ieux l’a ticiper – Février 2018
Tout a commencé en Italie cet automne lorsque le fonds a pris des positions "short" sur les
banques du pays. Les bilans de la plupart d’entre elles sont criblés de créances douteuses, qui
minent leur performance et font peser d’importants risques en matière de régulation. La Banque
centrale européenne presse les établissements de les nettoyer, mettant sous pression leur cours
de Bourse. Bridgewater s’est notamment attaqué à Intesa Sanpaolo.

Le hedge fund a ensuite pris des positions vendeuses sur d’autres sociétés italiennes : Enel et
Eni… pour un total de 18 sociétés représentant 3 milliards de dollars. Ces dernières semaines, il a
étendu ses paris à la baisse à toute l’Europe. Le fonds est « short » sur les allemands Siemens et
Deutsche Bank, l’européen Airbus, la française BNP Paribas, la banque néerlandaise ING, Sanofi,
Nokia ou encore sur le pétrolier Total… Il a pris des positions courtes sur près de la moitié des
sociétés du DAX allemand, pour un total de 7,3 milliards de dollars outre-Rhin. Dans l’Hexagone,
le total s’élève à 4,5 milliards. »

Avec les warrants comme outil dans votre caisse personnelle, vous serez en mesure de prendre
le même type de position qu'un hedge fund et par exemple de spéculer à la baisse facilement, au
hasard, sur le cours des actions des banques européennes.

Attention encore une fois : non seulement vous pouvez tout perdre mais en plus, en cas de krach
total, tous ces produits financiers exotiques seront sans doute désactivés ou inutilisables, d'où
l'idée de répartir votre patrimoine et de d'assurer votre cash avec de l'or. Enfin cette partie
"warrant", c'est comme votre partie "cryptomonnaies" : vous pouvez jouer avec, mais pas l'argent
du ménage ni celui qui sert à payer les traites de la maison!!!

Pour que quelques-uns s'enrichissent beaucoup, beaucoup doivent perdre.

Ainsi va le monde depuis fort longtemps. Sortez du jeu. Ne jouez plus ce jeu.

À très bientôt.

Charles SANNAT

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Lettre Stratégies – La nouvelle crise : la co pre dre pour ieux l’a ticiper – Février 2018
Annexe. Remettre la crise en
perspective
Comprendre la crise

Contrairement aux idées reçues cette crise n'est pas la crise des subprimes. Les subprimes en sont une des
conséquences.

A l’origine de cette fameuse crise, d’abord, il y a eu un phénomène de tendance de long terme qui dure depuis près
de trente ans que l’on appelle la démassification, et ensuite, il y a eu deux évènements majeurs qui ont fait voler des
blocs de pierres en éclat, et qui ont entrainé deux grandes ruptures : la mondialisation et les taux bas.

Voici les évènements qui ont conduit à la crise actuelle :


- La démassification,
- La chute du mur de Berlin,
- L’effondrement des Twin Towers,
- La croissance infinie dans un monde fini.

Pour mieux comprendre ces phénomènes et leurs implications, je vous propose de remonter le cours du temps.

La crise de 1929, prémices de la crise actuelle

Il est important de revenir sur l’ensemble de ces phénomènes pour mieux comprendre les origines historiques de la
crise actuelle et comment on en est arrivé-là.

La crise actuelle provient de celle de 1929 (c’est son arrière-petite-fille en quelque sorte) qui, elle-même, a amené la
deuxième Guerre mondiale. Imaginons un grand balancier.

En 1929, le capitalisme ayant connu une grande crise d'endettement, d'excès et de spéculation, il était à l'extrême
droite du cadran, c'est à dire très libéral.
Le capitalisme est un système économique et social qui garantit et respecte la propriété privée, où les moyens de
production sont également privés, par opposition au communisme, où tout est public c'est-à-dire « collectivisé ».
A la suite de cette crise, les gouvernements ont été obligés d'intervenir de plus en plus dans l'économie pour essayer
de la remettre en ordre. Elle est donc devenue moins libérale.

Le balancier revient au milieu

Après la crise de 1929 arrive la Deuxième Guerre Mondiale. A ce moment-là, toujours sur le grand balancier, le
capitalisme devient très étatiste à cause des plans de relance suite à la crise de 29 et de la Seconde Guerre Mondiale
qui nécessite une « économie de guerre ». Il passe bien à gauche, c'est-à-dire keynésien.
Pierre Leconte, auteur du Guide de l’investissement en or, évoque même à cette période un passage du libéralisme à

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un véritable « dirigisme d’Etat », qui brille par l’absence de libertés individuelles ou collectives privées.

C’est l’époque de Keynes un économiste anglais à qui l’on doit la politique économique qui a permis de sortir en
partie de la crise de 1929, en impliquant l'Etat comme acteur à part entière de l'économie, et acteur de la relance.
Enfin c’est ce qui sera dit officiellement et c’est comme cela que l’histoire sera écrite. Avec le recul et les derniers
travaux d’histoire économiques, il en ressort surtout, que c’est la seconde guerre mondiale qui va permettre de
réellement « relancer » l’économie sur un champ de ruines soit dit en passant.

Keynes publiera son Traité de la monnaie en 1930 et sa Théorie générale de l’emploi de l’intérêt et de la monnaie en
1936 et ces deux grandes œuv es bouleverseront la pensée économique mondiale.

L’économie de guerre entraîne des économies beaucoup plus administrées

Une économie de guerre c’est un Etat qui est obligé de mobiliser toutes ses ressources humaines, militaires,
financières, pour faire face à une guerre qui menace son existence. L’Etat s’arroge donc tous les droits, et prend
toutes les décisions. C’est le rationnement, par exemple, ou la transformation des usines civiles vers une production
exclusivement militaire avec des réquisitions.

En 1945-1946, qu'elles soient américaines ou soviétiques, les économies sont des économies très administrées. En
partie pour la première, et totalement pour la seconde. Ce sont des économies de production de masse qui utilisent
des masses d'ouvriers. Le communisme pèse fortement sur le capitalisme, qui est obligé de s'adapter dans les pays
occidentaux face à ce "danger", cette nouvelle alternative que représente le communisme. Face aux revendications
ouvrières, le capitalisme, à cette époque, adoptera donc une façade plus douce.

La façade plus douce du capitalisme c’est un capitalisme plus social, à visage plus humain. Certains le qualifieront
même de « paternaliste ». Par exemple, Michelin à Clermont-Ferrand mettra en place des maisons, des hôpitaux et
des écoles pour ses ouvriers. Ici, l’entreprise pourvoit aux besoins de ses ouvriers presque entièrement. Arrivent,
ensuite, les fameuses Trente Glorieuses, de 1945 à 1974, période de forte croissance, de reconstruction et de plein
emploi. Le modèle de société adopté partout dans le monde, est un modèle de social étatisme, où l'Etat régule et
encadre quasiment tout, du Commissariat général au Plan, aux prix dirigés.

Le Commissariat au plan est une institution créée par le Général de Gaulle après-guerre en 1946, et qui a été active
jusqu’en 2006. Il était chargé de définir la planification économique du pays, notamment via des plans
quinquennaux !!! Cela fleure bon les trente glorieuses et les années 60 et 70 !
En France le prix du lait et de la baguette était fixé par l'Etat !
L’un des derniers « Commissaire au plan » était Monsieur Henri Guaino, qui fut ensuite conseiller du Président de la
République Nicolas Sarkozy.

Donc, vaille que vaille, le monde évolue jusqu'en 1975 sur ces bases.

Les chocs pétroliers

Ensuite arrivent les deux chocs pétroliers des années 1970 qui amplifient le fameux phénomène de tendance à long
terme : la « démassification », dont parle très bien Guy Sorman dans son ouvrage « la Solution Libérale » de 1984.

Guy Sorman est un écrivain et homme politique libéral français. Il s'inscrit dans la filiation intellectuelle du
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libéralisme français et de la défense des Droits de l’homme.Fondateur, en 1979, et président d'honneur d'Action
contre la faim, Guy Sorman est aussi membre de la Commission Nationale française des Droits de l'homme.

La démassification : d’une économie de production de masse à une « économie de


la connaissance »

La démassification est un mot un peu pompeux, mais très simple, comme bien souvent en économie. Grâce au
d veloppe e t de la te h ologie o oti ue, i fo ati ue, auto atisatio … , o va passe p og essive e t d'u e
économie de production de masse nécessitant une masse de gens (les ouvriers), à une société qui va avoir de moins
en moins besoin de "bras" pour produire de plus en plus.

C’est ça, la dé-mass-ification (ou encore l’évolution vers « l’économie de la connaissance » ou le tertiaire. On passe
donc d'une production de masse avec des masses d'ouvriers à une production de masse avec des masses d’ouvriers
en moins.

Illustration : La désindustrialisation de l’économie française et la tertiairisation en image !

Et que deviennent ces travailleurs en moins ? Des chômeurs.

Voilà le rapport avec la crise d’aujourd’hui. Ce phénomène a commencé véritablement au début des années 70, et
explique essentiellement la montée du chômage structurel de la fin de ces années, et du début des années 80.

Illustrations :
« Taux de chômage en France de 1968 à 2017 »

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Au début des années 80 déjà, le modèle social, étatiste ou dirigiste en vigueur depuis 1945, n’a plus réussi à trouver
de solutions, ou à proposer une grille de lecture cohérente du monde.
Cette impuissance ne concerne pas que la France, loin de là, c’est l’ensemble des pays occidentaux qui sont touchés.

Le retour du libéralisme et l’arrivée du néo-libéralisme signent la fin du social


étatisme

C'est dans cette faillite intellectuelle du social étatisme, que va renaître de ses cendres, le libéralisme, celui très à
droite de notre balancier.

Les libéraux sont portés au pouvoir par Margaret Thatcher en Grande Bretagne, et Donald Reagan aux Etats-Unis. Le
libéralisme, c’est moins d’Etat moins de règles, et plus de liberté pour les marchés, pour plus d’efficacité
économique. Ça, c’est la théorie en vigueur dans le camp libéral de l’époque.

Le libéralisme serait forcément « supérieur », car il serait naturel. En clair, toute société humaine s’organiserait
naturellement sur un schéma libéral, si aucune notion d’Etat, ou de loi, ne venait à entraver ce penchant des
hommes.

A partir de là, un mouvement de dérégulation de l'économie commence.

D’abord aux Etats-Unis, puis au Royaume-Uni, elle s’étend ensuite au reste du monde. En France, en 1986, Jacques
Chirac, Premier Ministre de l’époque, réalise les premières privatisations de grandes entreprises, jusque-là,
propriétés de l’Etat, dont la Banque Nationale de Paris, plus connue sous le nom de BNP Paribasaujourd’hui
(privatisée en 1993).

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Lettre Stratégies – La nouvelle crise : la co pre dre pour ieux l’a ticiper – Février 2018
Ce mouvement libéral va se poursuivre en s'accélérant, jusqu'à la chute du Mur de Berlin, qui signera la victoire par
KO du libéralisme sur le communisme et sur le social étatisme. Ce mouvement ne va pas s’arrêter là. On va aller
encore plus loin dans le libéralisme, pour arriver à des sociétés néo libérales, encore plus libérales que le libéralisme
!

Et ce passage du libéral au libéralisme plus blanc que blanc, c’est aussi le retour d’un certain nombre de valeurs,
dites morales (religion, puritanisme, etc.). Ce mouvement va débuter à partir de la chute du Mur de Berlin.

C’est l’époque de la fameuse Tina ! Tina n’est évidemment pas une personne pas plus qu’une chanteuse mais
l’acronyme de l’expression « ThereIs No Alternative » … Tina, est l’idée qu’il n’y a pas d’alternative économique
crédible au libéralise et cette idée, c’est Margaret Thatcher qui va la formuler et la populariser.

La chute du mur de Berlin et les premières délocalisationsmassives

Good Bye Lenine, and welcome capitalism and liberalism !

Quand j’étais adolescent, je me souviens avoir dit à ma mère un jour d’ennui : « Tu ne peux pas comprendre, toi,
parce que par rapport à ton époque, nous, on vit une période historique totalement inintéressante ! Il ne se passe
rien ! » L’ironie c’est que, je lui avais dit ça juste un mois avant la chute de Berlin, c’ tait e …

Le bouleversement politique et économique de novembre 1989

Le 9 novembre 1989, les Berlinois détruisent le Mur à coups de pioche. Politiquement, c’est un bouleversement.
Economiquement, c’est notamment le début des phénomènes de délocalisation de masse.

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Lettre Stratégies – La nouvelle crise : la co pre dre pour ieux l’a ticiper – Février 2018
Flux d'investissements directs entre la France et l'étranger de 1990 à 2011.

Sur ce graphique, selon la nouvelle méthode de calcul de l’INSEE, on voit clairement que les flux des investissements
étrangers en France – en jaune clair – est bien inférieur au flux des investissements français à l'étranger
(délocalisations) – en rose clair.
Lien : http://www.insee.fr/fr/themes/tableau.asp?reg_id=0&ref_id=NATTEF08451&page=graph
© INSEE

Le deuxième élément d’explication des origines de la crise que nous vivons aujourd’hui, vient de ces 100 mètres
gagnés par nuit lors du démantèlement du mur de Berlin, de fin 1989 à début 1990.

Dans le monde économique de 1989, la majorité des grandes entreprises françaises étaient publiques : l’Etat en avait
le contrôle. En 1990, la Chine était renfermée derrière sa muraille et n’existait pas sur la scène internationale, les
pays de l’Est n’étaient que des satellites de l’URSS, les « armées rouges » du pacte de Varsovie faisait trembler
l’occident. La mondialisation n’existait pas, la privatisation des entreprises existait peu, et on sortait même d’une
période de nationalisation. Le souvenir est encore vivace de l’arrivée au pouvoir de Mitterrand en 1981, et qui
commence par nationaliser de grands groupes.

L’idée de François Mitterrand consistait à dire que l’échec du social étatismeprovenait du fait qu’on n’avait pas été
assez loin, et qu’il fallait encore plus accentuer le trait. Ce sont des raisons idéologiques d’une part et économiques
d’autre part : éviter les trop grandes concentrations qui suppriment des emplois, les fameuses
« fusions/acquisitions », nationaliser des banques pour favoriser le prêt aux PME (Petites et Moyennes Entreprises),
bref, les objectifs étaient l’accroissement du patrimoine et de la puissance publique, la réappropriation des
essou es, et …

Etaient touchés, des secteurs comme l’industrie(Thomson, Saint-Gobain-Pont-à-Mousson, Rhône-Poulenc, Pechiney-


Ugine-Kuhlmann, Sacilor, Usinor) ou les finances (Paribas, Suez, CIC, Crédit du Nord, Crédit Commercial de France,
Banque Rothschild, Banque Worms, Banque La Hénin...). En 1983, un salarié sur quatre travaillait dans le secteur
public. A partir de 1986, l'État, sous le gouvernement Chirac a commencé à vendre une partie de ces participations,
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Lettre Stratégies – La nouvelle crise : la co pre dre pour ieux l’a ticiper – Février 2018
c’est ce qu’on appelle « privatiser ».

Jusqu’en 1990, l’économie était totalement différente de ce qu’elle est aujourd’hui. Et, petit à petit, sans que l’on ne
s’en aperçoive vraiment, il y a eu un subtil et redoutable glissement, qui a transformé les économies sociales-
étatistes en des économies néolibérales.

Un vent nouveau : des pays s’ouvrent et commencent leur mutation

Quand le Mur de Berlin s’effondre en 1989, on assiste progressivement à l’ouverture des pays de l’Est, au sens étroit,
et « communistes » au sens large, en incluant la Chine. Juste après de 1990 à 1993, on assiste aux premiers
phénomènes de masse de délocalisation.

Des pays jusque-là totalement hermétiques au monde occidental comme la Chine et les pays de l’Est, sous
domination de l’URSS, ouvrent leurs frontières et commencent leur mutation.
Du coup, les grandes multinationales trouvent dans ces nouveaux territoires, des réservoirs énormes de main
d’œuv e peu o euse et elative e t ualifi e su tout pou les pays de l’Est), et commencent à y installer de
nombreuses d’usines, en fermant petit à petit nos centres de production.

Délocaliser deviendra vite pour la France produire moins cher dans des pays à bas coût, comme la Pologne, la Chine,
la Tu isie, le Ma o , la Rou a ie…

C’est une victoire par KO ! L’Amérique libérale de Reagan vient de gagner la guerre idéologique contre l’URSS
communiste, à plate couture. A cette époque, son hégémonie et son leadership ne sont pas remis en cause, son
économie est florissante.

C’est le moment de la Pax Americana !

La Pax americana c’est le passage d’une économie sociale étatique, donc sous contrôle, à une économie plus libérale
sous l’amicale pression des amis anglosaxons. Durant toutes ces années 90, un vent nouveau soufflait sur le monde
occidental, balayant la guerre froide, le bloc soviétique et le communisme. On ne parlait que de la puissance
américaine. D’hyperpuissance, même ! "La Pax americana" était un terme à la mode.

Orle problème du libéralisme, c'est l'absence de contre-pouvoir notamment idéologique, qui va conduire aux excès
d’aujourd’hui.

La marche du nouveau libéralisme triomphant

Ce qu’il faut savoir, c’est que ce monde des années 90 est un monde où les salaires progressent de moins en moins
vite, où les entreprises licencient massivement. On développe cette notion de mondialisation,pour laquelle les
limites générales ne sont pas encore perceptibles.

Illustration : Évolution du salaire moyen et du salaire minimum de 1951 à 2010.

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Lettre Stratégies – La nouvelle crise : la co pre dre pour ieux l’a ticiper – Février 2018
Copyright : Insee
Lien : http://www.insee.fr/fr/themes/tableau.asp?reg_id=0&id=225&page=graph

C’est l’époque de ce que l’on croit être la mondialisation heureuse, de l’espoir d’un monde meilleur. Le souffle de
liberté, qui a suivi la chute du mur de Berlin et l’effondrement du communisme, donne une légitimité de fait, pour ne
pas dire une supériorité intellectuelle totale, aux économies capitalistes et à l’id ologie li ale… D’autant que
l’évolution du monde et les nouvelles technologies, (la démassification) vont à l’encontre de la nature même du
communisme, qui ne peut exister que s’il existe une classe ouvrière importante.

La mondialisation, une forme de « darwinisme économique »

La mondialisation, c’est l'expansion, et, normalement, l'harmonisation progressive des liens entre les pays. La
mondialisation économique, c’est l'accélération, à l'échelle mondiale, des échanges commerciaux rendus possibles
grâce à la levée progressive des entraves comme les barrières douanières (droits de douanes). C’est une forme
poussée de libre échange dans laquelle on laisse les forces du marché s’autoréguler. En clair c’est du « Darwinisme
économique ». Seuls les plus forts survivent, et ceux qui sont les moins chers trouvent du travail !

La mondialisation, source de pression sur les salaires

La mondialisation c’est la suppression des barrières, comme les douanes, et tout ce qu’il y a autour des normes
o t aig a tes, et des f ei s ad i ist atifs… Sauf ue la « mondialisation » ne s’est pas révélée aussi sexy.

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Lettre Stratégies – La nouvelle crise : la co pre dre pour ieux l’a ticiper – Février 2018
La mondialisation, ce sont aussi les licenciements massifs en Europe ou aux USA pour faire produire la même chose,
souvent de moins bonne qualité, par des Chinois payés le moins cher possible.
La mondialisation, ce sont les 20% de croissance annuelle réalisés par les grandes multinationales ces dix dernières
années.

En clair, ce que les entreprises économisent sur la différence entre les salaires occidentaux et ceux des Chinois, part
intégrale e t da s la olo e p ofits et divide des pou les a tio ai es…ou sous fo e de o us o testa les au
moins moralement, et de plus en plus contestés.

C’est un monde dans lequel le pouvoir d’achat n’évolue plus, et ne peut plus évoluer.

En France, au Royaume Uni, en Allemagne, aux USA, il est complètement gelé depuis 2000. Pourquoi augmenter un
ouvrier français, allemand ou espagnol, alors que l’on peut tout simplement le licencier au profit d’un ouvrier
chinois, 20 à 30 fois moins cher !

La mondialisation a exercé, et continue d’ailleurs d’exercer, une pression très forte à la baisse sur les salaires dans
les pays dits « développés » à cause des délocalisations.

« Les délocalisations détruisent 36.000 emplois par an »

« En moyenne, sur la période 2000-2005 étudiée par l'Insee, les délocalisations à l'étranger ont donc généré
approximativement 36.000 destructions d'emplois par an. Un chiffre qui, sans surprise, varie en fonction de la
conjoncture économique. A la baisse en période de croissance, les destructions d'emploi tombant autour de 20.000
par an, à la hausse en période de crise, les pertes s'élevant alors à près de 60.000. »

Article du 28/05/2010, www.lefigaro.fr

Enfin ce graphique de Natixis permet de voir en base 100 l’évolution terriblement négative de l’emploi
manufacturier en France depuis 1999.

Vous noterez et c’est fondamental que l’emploi décroche réellement à partir de 2003.

Or en 2003 il se passe quelque chose de très important. La Chine entre à ce moment-là dans l’OMC… et ette e t e
de la Chine dans l’Organisation du Commerce va évidemment lui permettre de s’ouvrir au monde, de commercer
pleinement avec nettement moins d’entraves et de barrières.

Le résultat sera quasi-immédiat. Ce que la Chine gagne en usines là-bas, nous le perdons nous, ici !

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Lettre Stratégies – La nouvelle crise : la co pre dre pour ieux l’a ticiper – Février 2018
Les nouvelles technologies, une révolution de la productivité

Mais les délocalisations ne sont pas la seule explication à nos malheurs évidemment.
En effet il nous arrive dessus, une nouvelle véritable révolution technologique menée à une vitesse incroyable.
L’informatique, Internet, c’était ré-vo-lu-tion-naire !

En 1999, à peine 1% des foyers français est relié à Internet. Le haut débit (ADSL) pour un grand nombre notamment
à Paris cela a moins de 5 ans. Pourtant nous avons tous l’impression d’avoir toujours eu Internet en haut débit, nous
avons même oublié l’existence de nos modems 56 K. On croit toujours à tort que ce que l’on vit aujourd’hui a
toujours été, est, et sera toujours identique !

Les nouvelles technologies, en perpétuelle évolution, ont eu pour conséquence, une autre véritable révolution : c’est
la révolution de la productivité. La productivité du travail c’est le temps (ou la quantité exprimée par exemple en
nombre de personnes) de travail nécessaire pour réaliser une tâche.

Plus on produit de quantité avec le minimum de salariés, plus on améliore sa productivité. Et augmenter sa
productivité, c’est gagner plus d’argent !

L’informatique a permis cela !Des métiers se sont perdus, au profit de machines, de robots, d’o di ateu s et …

La conjonction de la mondialisation et ses cohortes de délocalisations, auquel s’ajoute une révolution technologique
de la productivité par l’informatique, va avoir un résultat catastrophique sur le pouvoir d’achat des gens, et sur le
nombre de chômeurs. L’évolution des salaires est stoppée car l’emploi est stoppé. C’est juste une réalité.

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L’immigration outil utilisé par le patronat pour faire baisser les salaires !

En dehors de tout débat idéologique sur l’utilité, le bien-fondé ou encore les dangers que voient certains dans
l’immigration, si l’on se contente d’aborder ce sujet uniquement par le prisme économique, on se rend compte
rapidement, que l’immigration un peu partout dans les pays occidentaux et c’est par exemple actuellement le cas en
Allemagne, est un outil qui est massivement utilisé pour permettre aux entreprises d’avoir à disposition une main
d’œuv e o v a le à e i et ai si pese à la aisse su les salai es des « locaux » (dont les origines aussi peuvent
varier).

L’immigration est également utilisée afin de redynamiser certaines dynamiques démographiques négatives comme
c’est encore une fois le cas en Allemagne.

A titre de comparaison et d’exemple, le Japon a fait un choix totalement différent en misant sur l’absence
d’immigration et la robotisation à outrance de son économie pour pouvoir gérer le déclin démographique qui est le
sien et qui entraine du coup une véritable déflation aussi bien de la population que de l’économie nippone.

En Europe, beaucoup de pays ne veulent pas avoir à gérer de déflation démographique car, nombre de traités
eu op e s fo t epose les uili es su la… populatio de ha ue pays. Ai si le o e de postes et do
l’influence de la France serait bien plus grande dans les décennies à venir en raison justement du déclin
démographique allemand, alors que la France connait un certain dynamisme démographique.

Avec ce graphique on visualise également très bien le lien entre l’immigration et le chômage. Comprenez-moi bien.
Ce n’est pas l’immigration qui créée le chômage. C’est l’immigration qui est utilisée pour créer en permanence un
stock important de travailleurs disponibles.

Ce qu’il faut savoir, c’est que dès que le taux de chômage passe sous la barre des 5%, les salaires montent car il y a
des pénuries importantes de compétences.

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Laisser un flot migratoire conséquent permet donc en permanence d’éviter des tensions trop importantes que le
marché de l’emploi.

En clair, le plein emploi, contrairement à tout ce qui est dit, n’a jamais été l’objectif poursuivi, non seulement parce
que cela couterait cher aux entreprises mais également parce que le plein emploi c’est l’augmentation des salaires et
l’augmentation des salaires c’est le retour de l’inflation !

Lutter contre l’inflation signifiait lutter contre les salaires et donc contre l’emploi !!!

Comme vous pouvez le voir sur ce graphique et il n’y a aucune ambigüité possible dans l’analyse à en avoir, toutes
les années de forte croissance, et de plein emploi s’accompagnent et se sont accompagnées d’une inflation de forte
à très forte de l’ordre de 15% par an.

Jusque dans les années 80 d’ailleurs les salaires étaient « indexés » sur l’inflation ce qui veut dire que chaque année
vos revenus augmentaient au moins du taux d’inflation.

Cette politique d’indexation était particulièrement agréable pour les ménages qui en s’endettant à taux fixe en 1970
voyait leur salaire doubler en 1980 et leur mensualité constante ne pesait plus grand-chose dans leur budget. C’est
d’ailleurs cette inflation accompagnée de l’indexation des revenus qui a permis à la génération des baby-boomers de
devenir massivement propriétaire et de détenir désormais plus de 60% du parc immobilier français.

Pour lutter contre l’inflation il va falloir faire deux choses.

La première désindexer les salaires sur l’inflation pour ne plus subir ce que les économistes appellent « l’inflation de
second tour ». En effet toute augmentation de salaire liée à l’inflation donc aux augmentations de prix passées, va
entrainer un surcroit de pouvoir d’achat. Or ce surcroit de pouvoir d’achat va à son tour produire une nouvelle
augmentation des prix et le cycle de l’inflation peut donc se poursuivre indéfiniment ou presque.

La deuxième c’est évidemment d’augmenter le taux de chômage, car s’il y a beaucoup de main d’œuv e dispo i le
alors il est facile de trouver des gens qui ne demanderont pas trop cher. En clair le chômage réduit les prétentions
salariales

Les effets de ces politiques sur le pouvoir d’achat des Français sera absolument redoutable.

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Lettre Stratégies – La nouvelle crise : la co pre dre pour ieux l’a ticiper – Février 2018
Reprenons donc cet enchainement terrible de causes !

Chute du mur de Berlin, progrès techniques, démassification, puis lutte contre l’inflation, puis désindexation des
salaires, puis utilisation de l’immigration et des délocalisations et enfin la révolution informatique sont autant de
facteurs de fond très puissant qui vont venir laminer le niveau d’emplois dans les pays occidentaux et en France en
particulier.

Le plus révoltant c’est que ces politiques, peu ou prou ont été menée consciemment par nos dirigeants au détriment
des peuples et des populations afin de favoriser l’e i hisse e t de uel ues g a des e t ep ises… deve ues de
multinationales omnipotentes !

Le crédit aux particuliers, solution trop facile pour être honnête

Or cette perte de pouvoir d’achat généralisée et liée aux délocalisations ou aux progrès techniques au sens large et
aux autres facteurs que nous avons évoqués qui pèsent sur les salaires va être compensée … pa le dit.

Comme vous pouvez le voir sur le graphique ci-dessous cette évolution est pour le moins indéniable.

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Sauf qu’il a beau avoir la couleur du pouvoir d'achat, son goût devient vite amer, car au bout du compte, on doit le
rembourser.

Cette triste réalité de l’absence de revenu lié e à l’absence de revenus du travail est compensée par une grosse
injection de crédit !

A hat de voitu es, aiso , voyages… hoisissez vot e o ta t, ave des e sualit s odula les e ou sez su 3
ans chère madame Dupont ! Simple comme un coup de fil ! Appelez le 0 … Puis tapez su la touche étoile, et
après avoir appuyé sur la touche 1 de votre clavier, parlez à monsieur Dièse !

Bon une fois, que Monsieur Dièse vous a donné les sous, on va, quand même, repréciser ce qu’est le crédit.

Le crédit c’est utiliser tout de suite l’argent que nous n’avons pas, et que nous prévoyons de gagner pendant une
période de X années.

Plus généralement, on a donc utilisé et consommé pendant ces 10 dernières années l’argent obtenu à crédit, et
anticipé sur les revenus futurs que nous avions prévu d’avoir dans les 30 prochaines années.

« On » ce sont tous les acteurs économiques : les entreprises, les ménages, les banques, les institutionnels, les
Etats…

On a donc injecté des crédits pour permettre aux gens comme nous, de continuer à consommer.
Encore fallait-t-il pouvoir payer pendant 30 ans !

Et c’est la crise d’aujourd’hui. Finalement, on se rend compte que l’on vit une crise de l’endettement. Un
endettement monstrueux qui pendant une dizaine d’années a réussi à masquer l’impasse dans laquelle se trouvait
l’économie mondiale.

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Lettre Stratégies – La nouvelle crise : la co pre dre pour ieux l’a ticiper – Février 2018
Cette culture de l’endettement devient tellement sans limite que désormais états comme entreprises empruntent
sur des durées totalement délirantes, à savoir sur 1 siècle ! Sur 100 ans. C’est le cas d’EDF comme vous pouvez le
voir ci-dessous.

Ou encore de l’état Argentin comme vous pouvez le voir sur cette copie d’un article du très sérieux magazine Les
Echos.

Crise et crédits : d’un mur de béton à un mur de dettes

C’est un nouvel effondrement ! A l’époque de la chute du mur de Berlin, nous étions dans des marchés non-
mondialisés.

La France de 1990 était encore essentiellement une France franco-française.

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Lettre Stratégies – La nouvelle crise : la co pre dre pour ieux l’a ticiper – Février 2018
En ces temps-là, souvenons-nous, quand on voulait acheter des jambons en Espagne, il fallait passer les frontières, le
douanier nous demandait de baisser notre vitre, et il fallait montrer notre passeport.

Et puis une fois passé la frontière il fallait échanger nos francs contre des pesetas, ou l’inverse, bref, nous devions
changer de monnaie.Il n’y avait pas Schengen, ni Erasmus, i la o aie u i ue…

La convention de Schengen de 1990 promulgue l'ouverture des frontières entre les pays signataires (Allemagne,
Belgique, Espagne, France, Luxembourg, Portugal, Pays-Bas… puis à peu p s le este de l’Europe, sauf le Vatican,
Andorre, Le Royaume Uni).

Depuis, les citoyens étrangers qui disposent d'un visa de longue durée pour l'un des pays membres peuvent circuler
librement à l'intérieur de la zone. Ce qui explique que suite aux multiples attentats ayant touchés les pays
européens, certains remettent en cause ce principe total de liberté de circulation. Là encore, les retours de balancier
se font sentir.

C’est pour cela que cette crise est devenue mondiale et n’est pas restée localisée au niveau de certains pays.

Avant l’ouverture des frontières, les crises ne pouvaient pas être aussi développées comme elles le sont aujourd’hui.

Par exemple, un pays comme le Japon qui a été en crise dans les années 90, l’est même encore aujourd’hui, mais
l'impact sur l'économie n'a pas du tout été aussi important.

A l’époque, tous les efforts du gouvernement japonais pour relancer la croissance ont eu peu de succès, et le pays s’est enfoncé
progressivement dans une récession majeure et interminable. Mais il s’enfonçait seul, dans un monde qui, lui, était prospère et
pas en crise.

Quand un pays est en crise d’une manière isolée, c’est évidemment moins grave, car les usines vont quand même continuer à
exporter ! Autre rapport direct, comme le monde était plus fermé, les politiques nationales avaient plus d’impact. Avant, nous
« maîtrisions » plus ot e o aie, os i dust ies… et os e plois taie t plus p ot g s pa des a i es doua i es ui
pouvaient compenser des différences de compétitivité parfois même très importantes. Les droits de douanes étaient une
réalité, de même que l’administration des douanes !!

Progressivement et ce phénomène va s’étaler sur des décennies le concept de droits de douane va presque disparaitre.

Sur le tableau ci-dessous cela se visualise et se comprend très bien.

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Lettre Stratégies – La nouvelle crise : la co pre dre pour ieux l’a ticiper – Février 2018
La compétitivité occidentale, grande victime de la mondialisation

Pour faire simple la « compétitivité », c'est le « coût » d’une chose.

Lorsqu’arrive un produit asiatique fabriqué à bas coûts car l’ouvrier asiatique coûte 30 fois moins cher que le même ouvrier
en France, pour « protéger » le travail de l’ouvrier français, on taxait sous forme de droit de douane la différence de prix afin
de mettre tout le monde sur le même pied d’égalité.

Ces droits de douane avaient pour objet de réduire voire supprimer les différences de compétitivité liée aux
distorsions de concurrence.

La compétitivité se joue donc sur le oût de la ai d'œuv e, ais pas seulement. C'est aussi bien sûr la capacité
d'un ouvrier à produire une quantité X de biens en un temps Y. Les ouvriers français sont plus compétitifs que les
ouvriers chinois. Mais hélas cela en général ne compense pas leur coût horaire.

La mondialisation s’avère sans doute moins idéale que prévu.

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Lettre Stratégies – La nouvelle crise : la co pre dre pour ieux l’a ticiper – Février 2018

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