00:00:18 Beauvau / Ah bon, qu’est-ce qui se passe ? 00:00:22 Jessica / On a eu le verdict de la nouvelle affaire du docteur Frey. Sur l'ensemble des victimes, toutes ont été reconnues, sauf moi. 00:00:35 Beauvau / Ah bon ? Et pourquoi ? 00:00:38 Jessica / Et pourquoi ? Je me demande. Les autres victimes l’ont été sur une simple visite médicale de recrutement. Moi il y a eu plusieurs fois, comme vous le savez, il y a eu. 00:00:48 Beauvau / Ah bah oui. Le harcèlement surtout, pour les visites médicales, je me souviens. 00:00:54 Jessica / Vous savez très bien que par rapport à ma pathologie, quand un neurochirurgien dit qu’il faut opérer et qu’un autre médecin de la police départementale dit qu’il faut me laisser en arrêt, et que [le docteur Frey] s'y oppose, et qu’il me fait monter [sur Metz]… Vous savez aussi bien que moi, je vous avais dit qu'il était au téléphone avec sa mère, qu’il me mettait seins nus, et je vous ai aussi envoyé des mails en vous disant que j'étais pas la seule, vous vous souvenez de ça ? 00:01:21 Beauvau / Oui, oui, bien sûr. 00:01:23 Jessica / J'étais pas la seule, il y avait d'autres filles. Le rapport que je vous avais envoyé, cette jeune fille a été mise sur l'affaire de Reims. En plus il y avait d'autres jeunes filles : tout a été raccordé. Et moi, j'ai été encore une fois victime avec lui, avec des SMS [qu’il prétendait lire] pendant les consultations… Et finalement, aujourd'hui, le tribunal rend une décision où je ne suis pas reconnue comme victime. Et pourtant, j'ai alerté tout le monde. Honnêtement, vous le savez, docteur, je vous ai avisée avant l'affaire de Reims. 00:02:00 Beauvau / Oui, oui. 00:02:01 Jessica / C'était avant l'affaire de Reims, oui ou non ? 00:02:04 Beauvau / Oui, oui, parce que je crois que c'est vous qui m’avait alertée dans les premières. 00:02:10 Jessica / Voilà et moi je vous ai dit : attention, il n’y a pas que moi, il y en a d'autres. C'est monté en pression. Je vous avais alertée dès le mois de mai, et [Reims], c’est juin, à l'époque, je pense. Pour l’ordre chronologique, vous ne pouvez peut-être pas vous souvenir de tout… Mais aujourd'hui, toutes les autres victimes ont été reconnues, sauf moi. 00:02:32 Beauvau / Ouais, ouais. Ben je garde tous les mails, moi. Je dois avoir tous vos mails. 00:02:38 Jessica / Docteur, on a eu des conversations aussi d'ordre privé. Je me suis confiée à vous, vous savez aussi bien que moi que j'ai été victime. Je vous l'avais dit, que ces visites médicales n’étaient pas… catholiques. Que j'étais à quatre pattes, que j'avais les seins nus. J'y allais même en maillot de bain à une pièce, je vous l'avais dit ? 00:02:58 Beauvau / Ouais ouais. 00:03:00 Jessica / Et aujourd’hui, tout le monde a été reconnu victime, sauf moi. Tous ont été reconnus victime sauf moi ! Le plus gros préjudice, c'est moi qui l’ai subi parce que j'ai été réopérée une deuxième fois de la colonne. Et pour votre information, avant le procès, tellement j'étais stressée, j'ai été réopérée une troisième fois. Et après le procès, j'ai été réopérée une quatrième fois. 00:03:23 Beauvau / Ouais. 00:03:24 Jessica / Donc le mec, il m'a ruiné ma santé – tout-court. Ma santé d'un point de vue police : il a fallu que je parte parce que c'était plus vivable, parce que j'ai dénoncé des choses qu'il fallait pas. 00:03:36 Beauvau / Ouais. 00:03:38 Jessica / Donc d’un point de vue professionnel, voilà. Et d'un point de vue personnel, vous imaginez l'impact de ces actes par rapport à ça, par rapport au corps, par rapport à comment on peut gérer les relations avec son conjoint, que ça peut gêner. 00:03:56 Beauvau / Ouais, ouais ouais, non mais je comprends. Parce qu’enfin voilà, les décisions de justice, qu'est-ce que vous voulez que je fasse ? 00:04:03 Jessica / Non, je jette pas la faute sur vous. Je voulais juste vous le dire, ça fait quatre ans que ça dure. Voyez, ce soir, il y a une décision de justice… Il fallait que je vous appelle parce que vous étiez la première chez qui je m’étais confiée. […] 00:04:45 Jessica / Et aujourd'hui, regardez : toutes les autres victimes sont reconnues, et moi pas ? Mais moi ça me rend dingue. Putain, j'ai tout fait, moi. J'ai alerté tout le monde. Je vous ai alertée vous – attention, je n'ai rien contre vous, docteur… J’ai aussi alerté la médecine statutaire… […] Rien n’a été fait. Heureusement qu'à un moment donné, vous avez alerté, que vous m'avez défendue, [qu’on] s'est penché sur mon dossier. Mais finalement, j'ai quand même pas pu regagner la Police nationale correctement. J'ai pas pu, c’est fini. Une fois que vous dénoncez ça, docteur, franchement, une fois que vous dénoncez ça, c'est pas fini votre carrière ? 00:05:36 Beauvau / Ouais. Bah, euh, écoutez… Moi, je suis désolé pour vous, effectivement. Et je vois pas pourquoi il y a eu une différence entre vous et les autres. C'est ça qui est étonnant. [………]