1830 —
1930
^ '3
[LECTION DU CENTENAIRE DE L'ALGÉRIE
GÉOGRAPHIE
ORA¥
d'Histoire urbaines
ide de Géographie et
PAR
René LESPÈS
k) DOCTEUR ES LETTRES
PARIS
FÉLIX ALCAN
LIBRAIRIE
VIe
BOULEVARD SAINT-GERMAIN,
lo8,
M.CM.XXXVI1I
61414
1830 —
1930 -tfU
3
COLLECTION DU CENTENAIRE DE L'ALGÉRIE
GEOGRAPHIE
ORAN
Etude de Géographie et d'Histoire urbaines
PAR
René LESPES
DOCTEUR ES LETTRES
PARIS
L'ouvrage que nous présentons sur Oran est, comme celui publié
peut-on définir dans des limites plus précises la part qui lui revient
R. L.
LIVRE I
35° 42'
1. Position géographique: Oran -
Santa-Cruz (Marabout). Lat. N.: 25";
3° 0' 21"
Long. O. : (Mér. de Paris) .
—
(Annuaire du Bureau des Longitudes.)
14 LES CONDITIONS NATURELLES
La situation d'Oran —
ou plus exactement de la baie d'Oran,
avec le mouillage de Mers-el-Kebir —
nage des voies maritimes, même des plus fréquentées, varie d'ail
leurs, comme on le sait, en raison des circonstances les plus diverses,
avec la situation politique, avec les changements introduits dans
la construction navale, avec l'utilisation de nouveaux combusti
1. A. Lieussou, o. c, p. 57.
2. Baron Baude. L'Algérie. Paris, 1841, tome II, p. 15-17.
3. Voir plus loin, p. 352.
4. Voir plus loin, p. 383.
1/500.000*
5. Voir la carte au du Service Géographique de l'Armée. Afrique
du Nord. Feuille Oran.
16 LES CONDITIONS NATURELLES
forcé pour gagner la mer. Sur la côte s'ouvrent deux baies également
bien abritées, celles d'Oran-Mers-el-Kebir et celle d'Arzeu qui, de
prime abord, sont aussi bien désignées par la nature l'une que
l'autre pour être les débouchés maritimes de cet important car
1. Oran -
La Sénia est devenu la tête d'une des lignes Algérie-Congo exploi
tée en pool avec la ligne belge de la S.A.B.E.N.A. Voir plus loin, p. 424.
CHAPITRE II
SITE1
LE
témoigne par sa forme et son aspect des effondrements qui lui ont
153, Oran. —
Plan d'Oran au
1/10.000°
du Service Géographique de l'Armée publié en 1928.
2. Suess. La face de la Terre, trad. de Margerie, tome I, p. 289. Paris, 1897.
3. Le point culminant est, en réalité, plusau Sud-Ouest, à 591, à 8 k. 700
2°
de Mers-el-Kebir ; Le plateau, qui du pied des premiers escar
ments actuels.
citadelle —
espace perdu pour l'urbanisme. Un peu plus à l'Est, de
150 m., une autre échancrure de la falaise s'ouvre par le ravin de la
Mina, qui ne s'enfonce dans les terres que de 150 m. environ ; puis
sûr par tous les temps : celui que constitue la pointe la plus méri
3479. Dépôt
des Cartes et Plans de la Marine.
2. Service hydrographique de la Marine. Instructions nautiques. Mer Médi
terranée. Côte Nord du Maroc, Algérie, Tunisie. Paris, 1919. Tirage de 1922,
p. 148-149.
3. C'est ainsi définissait la position d'Oran M. -A. Bérard dans sa Des
que
dû sans doute s'avancer jadis beaucoup plus loin vers l'Est, jusqu'à
près de 3 kilomètres, ainsi que l'atteste l'allure des courbes bathy-
marins 2.
Il n'en était pas ainsi pour l'autre mouillage, celui qui a été l'ori
gine bien modeste du port d'Oran. La pointe rocheuse de Lamoune,
qui termine la montagne de Santa-Cruz ne pouvait offrir qu'un abri
3. A. Lieussou, o. c, p. 54.
4. Idem.
d'eau, fond de sable, mais qu'avec les vents du Nord-Est, « ils étaient
fort incommodés par la mer. »
moins de mal à couvrir le fond de la baie d'Oran que ceux qui ont
1. Les observations qui ont servi de base à cette étude sont consignées dans
les Annales du Bureau central météorologique de France -
Observations mé
dans les études de Angot : Etude sur le climat de l'Algérie (Ann. du Bur. cent.
Met, 1881, tome I, p. B, 736, Paris, 1883), dont les conclusions portent sur la
période 1860-1879, et A. Thévenet : Essai de Climatologie algérienne (Alger, 1896) .
connaître les données essentielles qui lui confèrent, ainsi qu'à l'Ora
nie, une physionomie nettement distincte de celles des stations litto
rales du Centre ou de l'Est algérien.
Jan. Fév. Mars Avr. Mai Juin Juil. Août Sep. Oct. Nov. Dec.
Oran... 11°1 11,6 13,4 15,4 18,2 21,4 23,5 24,4 22,4 18,2 14,7 11,7
Alger... 12°3 12,6 14,1 15,8 18,4 21,6 24,4 24,8 23,2 19,7 15,4 13
Le mois le plus froid est celui de janvier ; celui d'août est le plus
plus élevée à Oran qu'à Alger (13,3 contre 12,5) cela tient à ce
que les trois mois de l'hiver y sont plus frais, sans doute sous l'in
fluence des vents du Nord-Ouest qui ont traversé la masse conti
nentale froide de l'Espagne et n'ont pas eu le temps de se réchauffer
Jan. Fév. Mars Avr. Mai Juill Juil. Août Sep. Oct. Nov. Dec.
Oran... 7°8 8,1 9,7 11,9 14,6 17,7 20,4 21,1 19,2 15,3 11,4 7,9
Alger... 9°1 9,7 10,4 11,9 15,1 18,2 20,7 21,7 20,1 16 13,1 10,2
souvent —
et cette observation n'est pas particulière à Oran —
la
1. Nous donnons ici les résultats de Thévenet, rectifiés par ceux des années
1896-1914 (Ann. du Bur. cent. Met.). Il n'a pas été nécessaire d'opérer la réduc
9°,2. En tous cas, la neige et les gelées sont tout aussi rares à Oran
qu'à Alger.
On est un peu surpris, quand on connaît le paysage oranais,
d'aspect certainement plus africain, et dont la végétation témoigne
d'influences steppiennes, de constater que les maximas de la saison
chaude, de juin à septembre, ne sont pas plus élevés dans la station
de l'Ouest que dans l'autre ; ils seraient plutôt inférieurs. Mais les
écarts observés dans la pluviométrie générale suffisent à expliquer
cette différence d'aspect, et par ailleurs la situation de la ville2
lui
confère sur la majeure partie d'Alger, l'ancien Alger et Mustapha,
l'avantage d'être mieux exposée aux brises rafraîchissantes du
large. Est-ce la raison pour laquelle les extrêmes accusent la même
nuance ? Entre 1896 et 1914, on n'y a noté que deux fois une tem
dent, quelles que soient les dates et le nombre des années envisa
1924:
12mm
25 63 53 51 33 36 31 25 11 0 0 340
22™ m
80 122 106 104 63 71 45 25 24 2 1 665
nent africain, ont déjà déposé une grande partie de leur humidité
sur les reliefs de l'Espagne et n'ont le temps, dans leur
pas eu
1. Nous les avons rangées dans l'ordre de succession des mois de l'année
agricole. Nous avons déjà noté (p. 26, note 1) que l'altitude des deux stations
Oran 21 59 67 87 75 67 72 65 30 8 12 554
Alger 26 72 92 111 76 67 77 49 25 17 1 8 621
QUELQUES DONNEES CLIMATIQUES 29
57 % à Oran, 59 % à Alger 1.
1. Si l'on se reporte, pour le calculer, aux deux autres tableaux que nous
d'
avons donnés, on trouve respectivement : dans celui Angot, 53 et 55,1 %,
dans celui de M. Lasserre, 58 et 59 %.
2. O.c, p. 23.
3. Nous relevons ici les résultats comparés d'Oran et d'Alger de 1926-27 à
1932-33 :
Oran Alger
Total annuel Total annuel
fr
30 LES CONDITIONS NATURELLES
0,55 *. Elle dénote une différence assez sensible entre les deux sta
tions.
I
CHAPITRE IV
sionné par une conduite venue d'Oran 2. Peut-être aussi, sans qu'on
1. Rozet, o. c. L'auteur notait, en 1833, que, pour cette raison majeure, les
conditions naturelles y étaient très défavorables à un établissement de coloni
sation. Bérard (o. c, p. 173) signale aussi le fait. « Il existait, dit-il, autrefois,
sur la Ouest,
côte une grande citerne destinée à fournir l'eau aux bâtiments.
Aujourd'hui, il n'y a plus que la ressource de la citerne du fort, qui est à
peine suffisante pour la garnison. On est donc obligé de la faire venir d'Oran,
ce qui n'est pas toujours aisé. » Les navires allaient aussi se réapprovisionner,
quand l'état de la le permettait, près du Cap Falcon, dans la petite anse
mer
de « Las Aguadas », dont le nom est significatif ; ils n'y disposaient guère,
d'ailleurs, que d'une citerne « généralement à sec en été ». (Instructions nau
tiques, o. c, p. 145) . L'auteur de la bonne notice sur les points occupés que
l'on trouve dans le Tableau des Etablissements français dans l'Afrique du Nord,
publié en 1838 (p. 52), après avoir décrit l'Oued-er-Rehi, ajoutait: «Ce cours
d'eau si précieux et l'heureux site du ravin ont, sans contredit, déterminé l'éta
blissement de la ville dans cette position, quoi qu'il n'y ait qu'une petite rade,
de préférence à Mers-el-Kebir, où est le port. »
jusqu'à la mer dans le ravin dont les bords ont été le site du vieil
Cette source, qui pendant des siècles et même après notre installa
intermittent
5. Rozet (o. c, p. 19) : «A un quart d'heure de la Medersa (de Karguentah),
à l'extrémité de l'anse qui se trouve devant le bâtiment, il existe un ruisseau
abondant qui coule dans le fond d'une vallée profonde... l'eau suit maintenant
son cours naturel pour se rendre à la mer. Après avoir tra^jersé ce ruisseau
Vue perspective d'Oran, d'après une gravure espagnole de 1732.
(Iconographie historique de l'Algérie, tome II, Gabriel Esquer).
1. Castillo de San Phelipe. Convento de S. Domingo.
11. 21. Atalaya.
2. Castillo de San-Andrès Convento de S. Francisco.
12. 22. Montana del Santo.
3. Torre de Madrigal. Huertas de Oran.
13. 23. Puerta de Mallorca.
4. Castillo de Rosalcazar. 1>N. Molinos Harineros.
14. 24. La Alcazaba.
5. Puerta de Canastel. J<3^L5. Los Baranes. 25. Puerta de Trémecen.
6. Ifre, Lugar de Moros. Corrales de las Barcas. 26. Arroyo, o Rio.
7. La Montana de la Meseta. Ermita de Nuestra Sefiora del 27. Camino pora el Castillo de San
8. Castillo de Santa-Cruz. Carmen. ta Cruz.
9. Iglesia de Santa Maria. 18. Castillo de S. Gregorio.
10. Convento de Nuestra Sefiora de 19. Bahia, o Puerto de Mazarquivir.
la Merced. 20. Castillo de Mazarquivir.
LES RESSOURCES EN EAU 33
des calcaires fissurés, avec des crevasses parfois béantes, des grottes,
des ravins à sec, de véritables « avens », des bétoires où les eaux
géologique d'Oran, au
nous communiquer et que nous avons utilisé ici et plus loin. (Ville d'Oran.
Sources de Brédéah. Rapport d'étude hydrogéologique, 31 mars 1928). Les for
mations perméables sont celles qui sont désignées sur la carte géologique par
3 4 4 4
les lettres m4
les lits parallèles (N.-N.-O. S.-S.-E.), tracés par des torrents inter
mittents, qui s'effacent avant d'arriver à la plaine.
toute une série de nappes, dont les plus profondes forment, au-des
sous des « eaux libres » et même du niveau des sources, l'ultime
réservoir des eaux dites « captives » ou « fossiles ». La carapace
calcaire s'enfonce d'autre part sous les dépôts pliocènes et les allu-
liens 3. A
Si la disposition structurale semble devoir au premier abord
fique de l'Algérie pendant les années 1840, 1841, 1942 [Paris, 1848]. Sciences
LES RESSOURCES EN EAU 35
a montré qu'il n'en était pas et qu'il ne pouvait pas en être ainsi,
notamment pour les sources de Brédéah, les plus abondantes, et
ritent à peine une mention : telles les eaux issues à la base des
calcaires dolomitiques du Lias, au contact des schistes sous-jacents,
sourcesde l'Oued Bachir, de Bou-Sfer par exemple2. Il en est une
contentait pas de puiser dans les cavités occupées par les « eaux
l'adduction à Oran de ces eaux leur confèrent une origine artésienne, par
à Oran les sources de Brédéah [Oran, août 1876]. Arch. Munie. Eaux). On
Dr
retrouve cette erreur dans l'ouvrage du Imbeaux (Annuaire statistique et
par M. Savornin).
1 Rapport de M. Bouty, o. c.
laisse pas espérer qu'il soit possible de trouver pour cette ville un
le pompage, rompu depuis 1911, a été rétabli à peu près en 1918 par des excé
dents pluviométriques, pour être de nouveau détruit à la suite de l'hiver sec
de 1919.
CHAPITRE V
MATÉRIAUX1
LES ET LE RAVITAILLEMENT
Lias. S'ils ont été peu employés pour la construction des maisons,
ils devaient l'être en revanche comme matériaux d'enrochement
des jetées des môles, ainsi que les
et schistes durs et les bancs
épais de quartzites du Néocomien qui constituent les falaises du
port. On retrouve ces derniers dans les grandes carrières ouvertes
qui l'accompagne.
3. Nous laissons, en effet, de côté pour le moment les affleurements spora-
diques du trias.
38 LES CONDITIONS NATURELLES
1. H existe notamment une Société des Chaux et Ciments oranais qui les
exploite.
faisaient aussi, depuis le siècle, le trafic du thuya dont les rondins étaient
XVIe
très employés dans les constructions mauresques (Derrien, o. c. plus loin p. 26) .
40 LES CONDITIONS NATURELLES
trent qu'il pouvait être facile, toutes les fois que l'hostilité des
tribus d'alentour n'interceptait pas les communications et n'abou
communications.
l
ORAN, VILLE ET PORT AVANT 1831
1. Les Sources de l'histoire d'Oran ont été réunies sous ce titre même dans
un Essai bibliographique publié par M. Jean Cazenave (Bull, de la Société de
Géographie et d'Archéologie de la Province d'Oran. Année 1933, p. 303-379).
Pour toute l'histoire politique et militaire d'Oran, qui ne fait pas l'objet prin
tentrionale, 3 vol., Paris, 1888-91 ; Henri-Léon Fey, Histoire d'Oran, Oran, 1858,
plus abondamment et plus sûrement documentée sur la période espagnole que
LES ORIGINES
XVIe
A la différence d'Alger, qui fut dès le siècle une capitale
XVIIe
et qui compta dans ses murs au plus de 100.000 habitants l,
Oran n'a jamais été, avant notre arrivée, qu'une petite ville dont
la population ne dépassa guère 20.000 âmes, aux plus beaux jours
d'une prospérité fragile. Son avènement comme grande cité est un
3. En arabe
ft_y Les premiers documents cartographiques qui le
ç)<j
mentionnent, les portulans du xrv°
et du
XV*
Tammar
de Angelino Dulcert, 1339, de Guglielmo Soleri, 1385, mappemonde des frères
Pizzigani, 1367, port, de Andréa Bianco, 1436, carte Catalane de 1375 ; c'est la
forme qui domine jusqu'au xvf siècle chez les cartographes, qu'ils soient major-
fois dans un portulan génois de 1384, mais elle ne se généralise guère que
vers la fin du
XVIe
contre Ouram
(Diego Homan, carte portugaise de 1569 et mapp. de Pierre
Descelliers (1546), Orano et même Orani. Voir M. Jomard, Les Monuments de
la Géographie, Paris, s. d. ; Charles de la Roncière, La découverts de l'Afrique
VILLE ET PORT AVANT 1831
44 ORAN,
Maghreb central2.
revanche, Arbal, au Sud, a été, sous le nom de Regiae, une ville importante
et une clef de routes. Voir St. Gsell, Atlas archéologique de l'Algérie, Oran
(feuille 20).
n°
Abou'
1. El Bekri, o. c, p. 181. «Archgoul, écrit-il, est le port de Tlemcen».
lfeda (Description des pays du Maghreb, trad. Ch. Solvet, Alger, 1839, p. 71),
parlant du royaume de Tlemcen, dans la deuxième moitié du
xrv"
siècle, cite
comme étant les ports les plus célèbres Ouahrân et Honeïn. One, forme sous
laquelle ce dernier lieu figure dans les cartes et dans les chroniques espagnoles,
Ils se trouvaient ainsi attirés par le site voisin, où ils trouvaient des
voies de pénétration largement ouvertes, des moyens naturels de
défense suffisants, un oued, et, à défaut d'un bon mouillage, un
d'Oran, « tellement sûr et si bien abrité contre tous les vents, écrit-il,
que je ne pense pas qu'il y ait son pareil dans tous les pays des
Berbères », il ne peut s'agir trop évidemment que de Mers-el-Kebir.
Et c'est à lui de même que pense El Bekri 2, quand il cite la rade
La d'Oran 4 offrir
« ville est un port trop peu considérable pour
Il n'en est pas de meilleur ni de plus vaste sur toute la côte du pays
Moumen.
les eaux de l'oued qui arrosait les jardins et l'on aurait donné à ce
vives. »
XIe
2. R. Basset, o. c, p. 14. Il déclarait, en effet (à la fin du siècle) que dans
le Maghreb central, deux villes lui avaient plu particulièrement, Oran de
Khazer, qu'il appelait ainsi par suite d'une erreur sur son origine, et Alger
de Bologguin.
VIII, 1906). Cet ancêtre des sourciers inspirait aux Oranais une telle confiance
qu'au cours d'un entretien sur l'eau, un des interlocuteurs disait à son petit-
fils : « Si ton grand-père voulait faire venir l'eau du Tessala à Oran, assu
rément il pourrait le faire. » Ce propos semblerait indiquer que les habitants
n'étaient pas très satisfaits de l'eau d'Oran soit pour la quantité, soit plutôt
pour la qualité.
48 ORAN, VILLE ET PORT AVANT 1831
du Judaïsme, que les nouveaux venus eurent fort à faire tirer pour-
de Grenade, en 1492 3.
rovas Ephrati établi à Oran même. AilleuA(p. 58), il est signalé qu'il a dû
combattre certaines coutumes empruntées aux Musulmans par les Juifs indi
gènes et contraires à la loi Mosaïque, telles que les sept jours de lamentations
dans les cimetières. Ce rabbin était apparenté à une famille Susan, qui com
merçait à Oran (p. 97).
2. Isidore Epstein, o. c. C'est ainsi qu'ils réduisirent en leur faveur de moitié
times auxquelles les nouveaux venus se livraient avec l'Espagne et les Etats
Italiens. Les Juifs indigènes se plaignaient de la concurrence de ces industrieux
Plus nombreux que les Juifs durent être les Maures que la
« reconquista » progressive des rivages méditerranéens de l'Espa
gne, suivie des persécutions et des conversions forcées, décida à
rejoindre leurs frères Musulmans d'Afrique. Cet exode se place
XVe
dans la deuxième moitié du siècle. La chute de Malaga date
de 1486, six ans avant celle de Grenade. Les précisions manquent
XIVe
3. Cette piraterie s'exerçait d'ailleurs bien auparavant. Au siècle, il y
eut même un redoublement. « Oran et la côte du Maroc, est-il écrit dans le
Roudh el qartas, avaient leurs marins et leurs pirates qui devinrent plus en
vaient de leurs revenus, combien cfc'il fût petit : car à vouloir s'y
tenir sans s'adonner à quelque art, il se fallait contenter avec du
pain d'orge. » Cette déclaration est peu rassurante sur la prétendue
avec les Catalans et les Génois. Les Oranais, dont Edrisi notait
1. R. Basset, o. c, p. 13.
2. Edrisi, o. c, p. 96-97.
3. Léon l'Africain, o. c, p. 40-41. Marmol (L'Afrique, trad. Perrot d'Ablan-
court, Paris, 1667, tome II, p. 362) , parle aussi des « fermiers de la douane ».
LES ORIGINES 51
XVe
siècle, lorsqu'ils furent « ennemis des rois de Telemsin (Tlem
cen) qui en avaient cependant besoin —
une espèce de petite Ré
publique marchande où, en dehors du « Trésorier » et du « Fac
teur » percevant les droits de douane du royaume et choisis par
eux —
il faut dire sans doute « agréés par eux » —
le chef, le
« conseiller pour les choses civiles et criminelles » était élu par
« le peuple ».
la mer était trop agitée. Les communications par terre eussent été
2. Marmol, o. c, p. 362.
3. Edrisi, l. c, parle des ports d'Oran. Léon l'Africain (l. c.) nous dit que
« les Vénitiens y souloyent retirer leurs galères (à Mers-el-Kebir), quand
survenait la fureur marine, envoyant leurs marchandises sur des barques à
Oran, à la plage de laquelle elles s'en allaient tout droit surgir en temps
calme. »
52 ORAN, VILLE ET PORT AVANT 1831
Il est fort à croire que les relations maritimes les plus suivies,
Xe XIe
sinon les seules, furent au début, au cours du et même du
siècle, avec l'Espagne musulmane : la proximité des deux côtes,
la parenté des populations, la communauté de religion et de langue
firent du couloir de la Méditerranée occidentale si bien dessiné,
entre le cap de la Nao et le cap Ténès, d'une part, et Gibraltar,
de l'autre, un véritable « channel », une Manche Ibéro-Africaine
parle d'Oran comme d'un «port fortifié d'où l'on s'embarque nuit
principaux de l'exportation4.
XIe
Avec la fin du siècle et le XIIe, une ère nouvelle s'ouvrit.
les points des deux côtes situés « vis-à-vis », donne comme durée moyenne
de la traversée deux journées et demie, ce qui paraît exagéré. Il place en face
d'Oran Echekoubères, que l'on hésite à identifier avec
Escombrera, cap et île
placés à l'entrée de la rade de
Carthagène, trop à l'Est par conséquent. C'est
bien cependant la direction méridienne, mais les données transcrites par El
Bekri sont celles des navigateurs qui traçaient leurs routes de côte à côte la
plus directement possible, et par conséquent dans ce cas selon l'orientation
N.-O. Edrisi serait plus exact et mieux renseigné quand il note que « Oran
est situé vis-à-vis d'Almeria sur la côte d'Espagne ».
3. Cité par R. Basset, o. c, p. 14.
4. Ibn Haouqâl et Edrisi (l. c).
LES ORIGINES 53
1. G. Marcais, o. c, p. 139.
2. P. Boissonnade, o. c,
soubstituèrent aux Pisans 5. Mais ils furent vite éclipsés par les
Vénitiens. Tous ces traités commerciaux reposaient sur les mêmes
1. Idem, p. 70.
2. De Mas Latrie, u.c., p. 74.
3. E. de la Primaudaie, o. u., p. 271. Lorsque, plus tard, Abou Hammou ïï
voulut se rendre à Alexandrie, c'est sur un navire catalan mouillé à Mers-el-
XIIe
d'égalité3, ils eurent à Oran dès la fin du siècle leur fondouk
particulier, avec un directeur nommé par les Consuls de Marseille ;
c'était un véritable petit quartier, ayant jusqu'à son four commun
demi. Les statuts de 1233 prouvent que ses marchands se rendaient à Oran
avec les Catalans.
56 ORAN, VILLE ET PORT AVANT 1831
tations, elles portaient presque uniqi^ment sur les laines, les cuirs
associé avec Bernard de Conques, de Figeac, est en relation avec Oran. Son
fils Jean y convoie lui-même des marchandises. En 1233 Bernard Manduel
reçoit en commande six charges de coton pour 60 livres, qu'il s'engage à
porter à Oran Tlemcen ; on le
et voit emprunter à Oran à des changeurs une
somme de 50 livres. Etienne, en
1227, commandite le Juif Bonus Judas pour
un voyage aux lieux. On trouve à Oran des bateaux nolisés par
mêmes
eux,
le « Saint-Michel », le « Saint-Bonaventure », le « Saint-Sauveur ».
LES ORIGINES 57
et les peaux, les grains, et parfois sur les esclaves 1. Le XVe siècle
vit la décadence de ce commerce, malgré les efforts du roi René
masculins » vendus d'ordinaire 10 livres par tête, soit un peu plus de 200
francs. Le commerce de l'or et de l'argent monnayés a été également pra
tiqué.
2. De Mas Latrie, o. c, p. 333. Il est à remarquer que le séjour à Alger et
leur commerce étaient à peu près les mêmes que ceux dont tra
fiquaient les Génois et les Catalans. Les Génois achetaient parti
avouable.
1. E. de la Primaudaie, o. c, p. 275.
2. De Mas Latrie, o.c, p. 276-77. Un document vénitien, émanant d'un
certain M. Bartholoméo di Pasi da Vinetia (Venise, 1540), donne le catalogue
de toutes les denrées importées et exportées, ainsi que quelques mesures et
quelques prix.
de ses ports. Il dut être en tous cas singulièrement troublé par les
guerres, les sièges, les pillages, les changements de souverains, qui
trouvons chez les uns et les autres. On est ainsi amené à se défendre
de beaucoup de scepticisme et d'un autre genre d'exagération. Au
fond, il nous faut mesurer toutes ces choses à une autre échelle
que celles de nos temps modernes. Une ville de 25.000 habitants
XVe
pouvait passer au siècle pour « une grande cité », et la fréquence
des arrivages de petits bateaux dans un port faisait oublier cette
d'objets de luxe destinés aux habitants d'une capitale qui elle con
nut sûrement quelque splendeur. Ses monuments en témoignent ;
on en chercherait en vain quelque digne réplique à Oran. Il est
XIIIe XVe
le et la fin du siècle ; elle avait certainement franchi les
murs de l'enceinte et il existait déjà sur le plateau de Karguentah
un véritable faubourg. Mais il est permis de conjecturer qu'ici
pour croire que les Espagnols, quand ils se rendirent maîtres d'Oran,
le 17 mai 1509, ne recueillirent qu'un médiocre héritage.
CHAPITRE II
tains historiens l'ont imaginé K Quelque opinion que l'on ait sur
F. Braudel, dans les articles cités plus haut ; on ne peut que s'y reporter.
2. J. Cazenave, Oran, cité berbère, p. 77. En 1500, ils avaient enlevé 60
personnes sur une plage voisine de Carthagène ; en 1505, ils incendiaient
de nuit des navires mouillés dans le port même de Malaga, et la même année
ils saccageaient les faubourgs d'Elche et d'Alicante. Les corsaires espagnols
Cette date de 1558 est capitale dans l'histoire d'Oran. Les Turcs
maîtres de Mostaganem installaient leur garnison dans le Méchouar
de Tlemcen : à partir de ce moment Oran ne cessa d'être bloqué.
La politique de Philippe II se concentra sur la Méditerranée orien
plus aux Espagnols, sur les côtes de l'Afrique du Nord, que les
places d'Oran, de Melilla, seuls points d'appui
de Mers-el-Kebir et
1675, coup de main tenté sur Oran par Moulay Ismaïl, sultan du Maroc en
1673, enfin blocus des deux places par 1* bey de Mascara et les Turcs d'Alger
depuis 1705, chute d'Oran en 1707 et capitulation de Mers-el-Kebir en 1708.
2. Mémoire sur l'état et la valeur des Places d'Oran et de Mers-el-Kebir,
écrit dans les jours de l'année 1734, après son inspection générale,
premiers
par Son Exe. Don Joseph Vallejo, Commandant général, traduit et annoté —
par Jean Cazenave. (Reuue Africaine, 2e et 3" trim. 1925.) L'auteur concluait
« Cette ville sera toujours, quoi qu'on
ainsi :
dise, un poids mort pour notre
royaume » (p. 33) et il ajoutait plus loin : « La baie et le port de Mers-el-
bien établi que les nouveaux maîtres d'Oran ne firent rien pour
Les Juifs restés après leur arrivée et retenus par leurs affaires,
et peut-être aussi ceux qui, après avoir fui, revinrent vite reprendre
1. Les Arabes de la campagne ne pouvaient entrer dans la ville que par une
que l'on distribuait ou que l'on vendait. Les conversions qui auraient
l'âge de sept ans. » Les enfants en bas âge capturés dans les razzias étaient
d'ailleurs baptisés d'office (Mémoire déjà cité, p. 48, note de M. Cazenave). En
1535, le comte d'Alcaudete annonçait comme une deuxième victoire : « Cin
quante (Arabes) de ceux qui ont été pris dans les razzias ont été baptisés. »
ressembler aux Infidèles, dont ils ne se différenciaient plus que par le nom »
(p. 47).
ORAN ESPAGNOL ET TURC DE 1509 A 1791 67
—
et bien faible en nombre, comme nous venons de le voir.
vant : 330 maisons, dont 120 occupées par les officiers et les ser
1. Mémoire, o. c, p. 13.
2. Cité Meunier, Notice sur le port d'Oran. (Min. des Trav. Publics.
par M.
lre
Ports maritimes de la France, tome VHI partie. Paris, 1890, p. 247.)
1930, p. 18-19.
4. On ne peut fixer la date à laquelle on commença à peupler les bagnes
d'Oran. Il apparaît bien que ce fut dès l'origine de l'occupation espagnole ; la
mémoire de Vallejo y fait une allusion rétrospective. Il faut distinguer entre
les condamnés et les exilés, parmi lesquels se sont trouvés des personnages
de rang.
civile de la ville. *
1. H. Fey, o. c, p. 217-220.
2. Idem, p. 36. Outre
ce casernement, on comptait, à cette
date, six quartiers
dans la place, dont un pour les « exilés à la chaîne et les plus mutins », et un
pour les « exilés inhabiles aux travaux et employés au nettoyage »
; un sep
tième se trouvait au « château de Rosalcazar ».
du Commerce des Européens dans l'Afrique septentrionale, Paris, 1826, tome II,
p. 133. En 1785, la Cour de Versailles rachète pour 644.200 livres 315 esclaves
chiffres sur ce que put être Oran privé de l'élément indigène, anda-
lou et juif qui aurait certainement vivifié cette pauvre cité déchue
1. H.
Fey, o. c, p. 217-220.
2. I.
Cazenave, Les gouverneurs d'Oran, o. c, p. 42.
3. J.-Ad. Fhrn von Rehbinder, Nachrichten und Bemerkungen ùber den
Algierschen Staat. Erster Theil. Altona, 1798, p. 34.
4. On les trouvera rassemblés et longuement exposés dans le livre de H.
Fey. Le de Hontabat, colonel commandant les Ingénieurs (le Génie)
rapport
est le document de première main que l'on doit consulter pour une étude sur
ce sujet. Voir aussi le mémoire de Don Sancho Martinez de Leiva « sur les
avantages que retirerait Sa Majesté, pour la conservation de Mers-el-Kebir
et de son port, de fortifier Oran et sur divers moyens proposés à cet effet »,
1831 —
ont constitué le principal du domaine militaire, dont l'exis
tence a pesé et pèse encore sur les destinées de la ville.
forte. Edrisi ajoute même qu'elle est « entourée d'un mur de terre
construit avec art », muni de tours espacées 1. L'enceinte était donc
en pisé, tout comme celle d'Alger à la même époque. Il dut y avoir de
bonne heure, sinon dès les premières années, une Casbah, au point
massif de trois hautes tours reliées par des courtines, que l'on
voit encore fort bien du côté Ouest enclavé dans les constructions
des Français, pour battre la petite anse qui avait toujours servi de
débarcadère, et le « Castillo de los Santos », au point culminant
souvenir de la trahison d'un Juif qui aurait, en 1509, livré une porte de la ville
Quant au fortin, H. Fey (p. 105) signale qu'on en voyait encore les vestiges
ruiné.
72 ORAN, VILLE ET PORT AVANT 1831
fournie par la tribu alliée des Hamian3 le fort de Santa Cruz qui
XVIe
siècle, la ville fut munie du côté du Nord, de la Marine, par
conséquent, d'une épaisse muraille destinée à la fois à servir de
courtine et à soutenir les terres du plateau tranché à pic4. Elle
forma dès lors une ligne de séparation très nette entre la ville et
Mers-
de Madrid était-il trop occupé ailleurs. Les. fortifications de
el-Kebir, mal entretenues, tombaient en ruines 5. A Oran on travailla
pendant tout le cours du siècle à agrandir le Château Neuf ; on
construisit le fort Saint André entre le Rozalcazar et le fort de
Saint Philippe qui fut refait et fort mal6.
1. H.
Fey, o. c, p. 61, et J. Cazenave, Mémoire de Vallejo, p. 41, note I.
2. H.
Fey, o. c, p. 103-107. Il est question, à cette occasion, d'un petit fortin,
dit de San-Miguel, élevé sur le point culminant de la Montagne de Mers-el-
Kebir.
3. M.Bodin, o. c, p. 211.
4. H.Fey signale qu'on la voyait encore très bien en 1856, au-dessus de
l'église Saint-Louis, du côté de la mer.
5. J. Cazenave, Les gouverneurs d'Oran, o. c, p. 37. Il en était ainsi dès
1675, lors de l'attaque dirigée contre cette place par les Turcs et les Maures.
Le mémoire de Vallejo montre qu'il en était encore ainsi en 1734 (p. 11).
6. Mémoire de Vallejo, o. c, p. 17. Dans le de
« mortier ses murailles, il y a
plus de terre que de chaux : ainsi, un seul coup de canon causerait d'assez
y
grands préjudices. »
PLANCHE Ul
cinq châteaux fort, Santa Cruz, Saint Grégoire, Saint Philippe, Saint
André et Rozalcazar. Le nouveau gouverneur déclarait que « la perte
1 Voir le même mémoire sur l'état de tous ces ouvrages en 1934. On trou
vera aussi des renseignements sur les travaux exécutés de 1732 à 1832 dans
l'Histoire d'Oran, du Marquis de Tabalosos, o. c.
74, ORAN, VILLE ET PORT AVANT 1831
plus loin que la place forte d'Oran avait cessé d'être considérée par
pour l'avenir.
« La ville d'Oran n'a que deux portes », écrivait le Docteur
Shaw 3 qui la visita en 1730 ; « elles sont toutes deux du côté de
la campagne. Celle qui est appelée la « porte de la mer », parce
tour carrée que l'on pourrait armer en cas de besoin. Près de l'autre
appelée la « porte de Tlemsen » on a élevé une batterie ». La porte
portes d'une cave plutôt qu'aux portes d'une ville », fut recons
3. Le magnifique palais maure de la Casbah dont parle Vallejo (p. 13) paraît
bien avoir été construit par les Turcs lorsqu'ils agrandirent la citadelle après
1708.
76 ORAN, VILLE ET PORT AVANT 1831
XVIe XVIIe
bien que les préoccupations militaires ont dû, au et au
du couventdes Bernardins ; c'est sur son emplacement que fut construite, par
1. H. Fey, o. c, p. 167.
2. Le premier dont l'entrée est encore visible est utilisé de nos jours. Le
départ du deuxième a été bouché. La clef de voûte de ce bel ouvrage est à
2 m. 80 du soL
78 ORAN, VILLE ET PORT AVANT 1831
ardeurs du climat » K
Le problème le plus grave, le plus difficile à résoudre, fut assu
opposé à celui que nous avons donné plus haut, la deuxième ayant
Sans doute les jardins du ravin, soit dans la ville, soit en dehors
en remontant vers les sources de l'oued, pouvaient fournir des
compter que sur les « Maures de paix », c'est-à-dire sur les tribus
du voisinage immédiat d'Oran qui venaient camper dans la plaine,
1. Hontabat, o. c, p. 13-14.
Dr
2, Shaw, o. c, p. 224-229.
3. Mémoire, o. c, p. 25.
4. M. Bodin, o. c, p. 226.
5. Cette place existait encore en 1858, sur le trajet de la rue Pontéba (H.
Fey, o.c, p. 184).
6. Hontabat, o. c, p. 10. L'auteur du rapport regrette que les règlements sur
les servitudes de la place aient tari inutilement cette source de profits.
ORAN ESPAGNOL ET TURC DE 1509 A 1791 79
avant 1708 —
« les
Maures approvisionnaient la place de viande, de volailles, de bois
et de toute sorte de comestibles qu'ils cédaient à un prix très mo
Carthagène ; chaque semaine cet office était rempli par deux « che-
les dissentiments qui éclataient entre les fonctionnaires civils et militaires, pour
le plus grand détriment de l'administration de la ville.
le surnom de
Corte Chica », la « petite Cour ». Son prédécesseur,
«
informé, nous rapporte que quelques années avant son passage dans
1. H. Fey (o. c.) mentionne quelques-unes des rues où il en est resté des
traces jusque dans ces derniers temps, par exemple celle du Vieux-Château.
2. J. Cazenave, Les gouverneurs d'Oran, o. c, p. 41-42.
3. Marquis de Tabalosos, o. c, p. 59, et note du traducteur.
4. H. Fey, o. c, p. 184.
5. Marquis de Tabalosos, o. c, p. 76.
6. Idem, p. 41-42. Le marquis de la Real Corona (1749-1758).
7. Vallejo va jusqu'à accuser les gouverneurs d'avoir « laissé vivre les
Espagnols arabisés à la façon des Arabes eux-mêmes (o. c, p. 47-48).
»
d'entrepôts des
venu^ d'outre-mer.
marchandises
Il est tout d'abord étonnant qu'ils n'aient rien fait dans ce sens
du bey de Mascara qui expédia les prisonniers à Alger où ils seraient demeurés
captifs assez longtemps, le Dey ayant demandé une rançon énorme. Ils n'au
être pour eux de quelque intérêt. » A Oran, ils n'ont travaillé que
sément la place que pour des vues plus étendues. Ce n'est, en effet,
qu'en 1736, qu'ils s'avisèrent d'entreprendre la construction d'une
jetée enracinée à la pointe méridionale de la petite presqu'île de
La Mona, un peu au Sud du fort !. Il s'agissait simplement de créer
fait tant bien que mal, et, mal entretenu par les Turcs, après leur
occupation de 1791, il s'affaissa. En 1833, il ne dépassait pas le ni
De Missiessy (1833). Les détails qui suivent sont également empruntés à cette
excellente notice.
mentale mentionnée plus haut. Sur la plage les vastes magasins des
vivres, du sel et des fourrages, bien bâtis, ont pu être occupés et
Dans son mémoire, qui est un réquisitoire aussi sévère que fondé
sur la politique l'administration espagnoles, Don José Vallejo1
et
n'a pas craint d'écrire : « Nous autres, Espagnols, nous sommes tou
jours signalés par une négligence extrême quand il s'est agi de dé
velopper notre commerce. Il montre, d'autre part,
» qu'il y a eu
rager les relations des marchands avec les tribus. Si elles ont pu
1. Mémoire, o. c, p. 29.
ORAN ESPAGNOL ET TURC DE 1509 A 1791 85
Le Corregidor dit que ces gens-là sont très utiles pour le commerce
vices ; le Juif
Cetora, qui passait pour avoir livré une des portes
de la ville en 1509, était un employé des douanes du roi de Tlemcen
à Oran 4. En 1669, on les expulsa en masse ; on en embarqua ainsi
près de 500 5. Or, les Juifs avaient toujours été les intermédiaires
3. J. Cazenave, o. c, p. 18-19.
5. J. Cazenave, o. c, p. 37.
86 ORAN, VILLE ET PORT AVANT 1831
sur ce point. En tous cas, elle fut supprimée en 1749, sauf pour les
comestibles —
ce qui est significatif. On établit une Administration
des impôts généraux ; on afferma la fourniture des vivres pour dix
ans au Marquis de Murillo 2. « De toutes parts, s'élevèrent alors
des protestations énergiques : car beaucoup de familles établies dans
cette Place se virent fermer complètement le commerce des denrées
alimentaires. » Sur le sens de ce terme de « port franc », il est
dant, ils s'intéressaient encore à cette escale plus qu'à celles d'Alger
et de Bougie, et il en fut ainsi au moins pendant une bonne partie
XVIe
du siècle4.
1. Hontabat, o. c, p. 19.
serià molto a proposito e più benefitio, de dicte galie che le tochassero la scala
1708 —
devaient être prélevés sur les revenus de la Douane et le quint des razzias
et des prises. « Or, le montant des deux produits suffisait à peine et très
souvent même ne suffisait pas à parfaire cette somme. »
La Porte d'Espagne, porte monumentale décorée des La Grande Mosquée dite du Pacha.
armes d'Espagne.
Au second de G. à D. la mosquée du Cam
plan,
Photo A. Lùck.
pement et l'Hôpital militaire ; en arrière les casernes
de la Casbah, la promenade des Planteurs, le fort
et la chapelle de Santa Cruz.
Photo A. Lûck.
ORAN ESPAGNOL ET TURC DE 1509 A 1791 89
dre leur influence sur 140 douars l, il n'en fut plus de même au
XVIIIe
siècle.
sité. »
A défaut de trafic pacifique, tel que celui qui avait uni jadis
Tlemcen et Oran dans une communauté d'intérêts et de profits, les
Espagnols recoururent à la razzia et y entraînèrent les douars voi
sins, se faisant complices du désordre et du pillage dont ceux-ci
dans le seul but de ramasser du butin3, dont une partie était dis
tribuée à la garnison et aux fonctionnaires et le reste vendu publi
quement. Les produits les plus intéressants de la razzia étaient les
grains dans les silos, le bétail capturé
enlevés et les esclaves, —
vait aussi parfois que les Maures venaient vendre des esclaves des
2. Hontabat, o. c, p. 19.
3. Mémoire de Vallejo, o. c, p. 45-47. L'auteur, très sévère pour cette pra
tique désastreuse, n'hésite pas à dire que ces « jornadas » ressemblaient étran
par des trahisons d'espions. Il déclare que « la cupidité poussa quelquefois les
Espagnols à organiser des incursions sans aucun motif raisonnable ».
90 ORAN, VILLE ET PORT AVANT 1831
H. Fey, o. c, p. 261-268.
ORAN ESPAGNOL ET TURC DE 1509 A 1791 91
el-Kebir. Cette solution de l'abandon d'Oran avait été déjà envisagée soit dans
le presidio même, soit dans les conseils de Madrid, quelque pénible qu'elle fût
pour l'amour-propre et pour l'esprit religieux des Espagnols. Don José de
Vallejo la préconisait en 1734, mais sans succès. Philippe V, dans un véritable
appel à son peuple, le 6 juin 1732, au moment où allait partir l'expédition de
férerait aux « Barbares Africains », une fois instruits dans l'art de la guerre,
la possession de cette place si proche de son royaume : « porte fermée à l'ex
tension de ma religion sacrée, porte ouverte à l'esclavage des gens qui vivent sur
après 1732, les églises et les hôpitaux avaient été démolis. Il restait
1. H. Fey, o. c, p. 268.
2. Idem. Un seul, Français, resta : Dominique Gaillard, né en 1754 ; converti
à l'Islam, il devint joaillier du Bey. Son fils fut trouvé à Oran en 1831.
3. Isaac Bloch, Les Israélites d'Oran, de 1792 à 1815. Paris-Alger, 1886.
ORAN DE 1791 A 1831 93
tions de cette place avec les pays méditerranéens. Les Juifs d'Oran
surent aussi à l'occasion collaborer à la défense des murs contre
les tribus, et ils firent preuve même d'un certain courage dont le
souvenir était encore vivant lors de notre arrivée 2.
XIXe
années du siècle, 5 à 6.000 habitants 3, si l'on n'y comprend
pas celle des deux grands faubourgs situés hors de ses murs, Kar
portée par des pèlerins, elle sévissait de nouveau ; selon les rap-
quement précipité pour Alger, à l'approche d'un marabout rebelle qui avait
persécuté les Juifs de Mascara. En 1813, quelques Israélites compromis dans les
intrigues d'une coreligionnaire nommée Hanina, favorite du Dey, furent sup
pliciés et quelques familles exilées à Médéah.
2. Rozet, Voyage dans la Régence d'Alger. Paris, 1833, tome II, p. 237-238
et p. 270.
3. Idem, p. 269. William Shaler, dans son Esquisse de l'Etat d'Alger, trad.
avec toute sa famille pour aller camper dans la plaine de la Mléta. Cette
peste fut appelée « peste d'Osman », en souvenir du fils du bey qui fut une
consulaire de France.
4. Isaac Bloch, o. c, signale notamment Joseph Melul, de la famille des
Cabeza.
ORAN DE 1791 A 1831 95
celui des armes, des agrès et des apparaux pour la marine. Livourne
où les Israélites détenaient le commerce, a sans doute eu des rela
sentants à Oran. Les bateaux nolisés étaient souvent des tartanes marocaines,
ce qui semble indiquer qu'il eut pas de marine locale à Oran ni à Mers-
n'y
el-Kebir.
3. On ne doit pas oublier en effet que Livourne était pour les exportations
du rachat des esclaves chrétiens (1796). Le Bey fit élever hors des
murs, à Karguentah, une petite mosquée destinée à contenir son
maisons en assez bon état. « Au milieu des ruines des maisons, des
églises et des palais espagnols, s'élèvent quelques maisons maures
1. Isaac Bloch, o. c, cite le cas d'un de ces corsaires qui put récupérer une
faire leur cuisine. Près des ruines d'une église espagnole, on voit
approche —
il y avait en 1831 un assez grand nombre d'artisans,
cordonniers, tailleurs, tisserands en toile, en laine, menuisiers, ser
des Juifs.
98 ORAN, VILLE ET PORT AVANT 1831
que
s'installèrent, en 1831, les Français. Quelques traces des édifices
espagnols, quelques mosquées récentes et les « beaux remparts de
la Casbah », le Fort Neuf, en étaient les seuls ornements.
nouvelle
LA POPULATION D'ORAN
DE 1831 A NOS JOURS i
1. Les chiffres que l'on trouvera dans ce chapitre sont, pour les résultats
permis d'asseoir nos conclusions sur des bases solides. On doit se persuader
d'ailleurs qu'il n'y a pas d'autre moyen de connaître l'inventaire d'une popu
pénible ne doit pas rebuter ceux qui recherchent la vérité. (Voir à ce propos
éparses que nous avons utilisées. Nous citerons cependant les articles parus
LE MOUVEMENT DE LA POPULATION
suivre, en dépit des événements et des crises qui ont atteint l'Algé
rie. Le tableau suivant en fournit la preuve.
102 LA POPULATION DE 1831 A NOS JOURS
ACCROISSEMENT ACCROISSEMENT
DATES POPULATION
impressionnant de
50.370 unités.
Nous donnons plus loin quelques résultats choisis ; bien que l'on
ne puisse en garantir l'exactitude absolue, du moins les erreurs, si
l'on pouvait en établir l'amplitude avec quelque précision, ne
sauraient altérer sérieusement les conclusions que l'on est en droit
de tirer des faits d'ensemble. On peut admettre en effet qu'elles
signification.
104 LA POPULATION DE 1831 A NOS JOURS
forte ; elle s'explique avant tout par cette circonstance militaire, que
1870.
200.000
175.000
150.000
125.000
n.300
100.000
/
/
$.273
75.000
50.000
25.000
21 26 31 1936
LE MOUVEMENT DE LA POPULATION 105
civil, et par dessus tout les progrès de la viticulture, ont fait d'Oran
comme des principaux ports algériens un centre d'affaires de plus
bonds.
La décade de 1921-1931 a été marquée par un fléchissement, très
106 LA POPULATION DE 1831 A NOS JOURS
R. de Flotte de Roquevaire.
CHAPITRE II
mière importance que cette ruée vers les grandes villes, dont la phy
sionomie ethnique tend de ce fait à être sensiblement transformée.
On peut en tous cas affirmer, sans crainte d'être démenti, que l'Oran
des Français renferme plus de Musulmans que n'en a jamais groupé
vant comme dans la suite, il est certain qu'ils ont été englobés long
temps sous la rubrique « Kabaïles » ou « Kabyles » qui désignait
C'est ainsi que nous avons pu, dans le recensement de 1886, distin
guer 1.516 Juifs de cette provenance sur un total de 4.026. Seuls
les derniers chiffres peuvent être acceptés (1921, 1.142 ; 1926, 2.678 ;
1931, 3.278 ;
1936, 4.395). C'est un fait constant que la mobilité de cet
Oran subi le sort qu'ils ont eu en général dans le Tell : cette popu
que 321.
merçants.
due au retour à Tlemcen des familles qui avaient fui cette ville
le de Saint-
vieille ville avec quartier israélite et le quartier contigu
est leur gîte principal, nous en avons compté 2.621 nés hors d'Oran,
dont les trois quarts environ étaient des chefs de famille. On peut
dire que tous les centres urbains de l'^anie étaient représentés dans
ce chiffre, mais principalement Tlemcen
(381), Sidi-bel-Abbès (198),
Mascara (130), Saint-Denis du Sig (126), Mostaganem (89).
Une autre immigration, particulièrement accrue dans les der
nières années, a amené à Oran un contingent important originaire
toutes les fois que des opérations militaires ont été entreprises au
explique certainement —
concurremment avec l'ouverture du pays
du côté de l'Est —
l'afflux qui s'est produit, notamment à Oran,
depuis notre intervention militaire dans l'Empire chérifien. Il est
1805 à Alger.
tale de l'Ouest, une place importante. Oran n'est cependant pas celui
plusde 6.000, Mascara plus de 4.000 ; ce sont les réserves qui ali
de la natalité —
baisse que l'on observe entre 1926 et 1931. On sait
—
1835 ... 709 1.503 2.212 »
—
1837 ... 1.183 2.622 3.805 »
—
1838 ... 1.324 3.186 4.510 40,6 %
—
1839 ... 1.342 3.495 4.837 »
—
1840 ... 1.492 2.887 4.379 »
—
1842 ... 1.881 5.259 7.140 »
—
1843 ... 1.741 5.230 6.971 52,7 %
—
1845 ... 3.699 7.634 11.333 »
—
1848 ... 4.640 10.684 15.324 »
—
1849 ... 4.618 12.663 17.281 »
—
1854 ... 5.021 12.170 17.191 »
—
1855 ... 6.695 12.073 18.768 »
—
1861 . . 7.554 12.090 19.644 87 %
—
1866 ... 8.789 14.342 23.131 72,5 %
—
1872 . . 12.365 18.169 30.534 74 %
(sans les Israélites)
—
1876 ... 14.435 21.558 35.993 72,9 %
1881 . . 18.247 24.793 43.040 72,4 %
116 LA POPULATION DE 1831 A NOS JOURS
moins de 30.
De tous les éléments du peuplement oranais, il est incontestable
que l'élément espagnol est celui qui a le plus influé sur ses progrès
*
1837 1.555 1866*
Les chiffres détaillés
1838 2.073 1872* ._
des diverses populations
tendre. On peut affirmer, en tous cas, que c'est grâce à cet appoint
été moins affecté que les autres par les crises diverses dont a souffert
genres, employés et gens d'affaires plus aisés dans les rues du centre,
d'
au voisinage du boulevard Seguin et de la rue Arzeu. Les femmes
fournissent des ouvrières d'ateliers et d'usines, des vendeuses de
magasins, des domestiques, des laveuses, des concierges. A parcourir
les listes nominatives d'un dénombrement quelconque, on emporte
l'impression d'une population travailleuse et l'on reste convaincu
atteint son maximum entre les années 1881 et 1896 ; il est inutile
d'en redire les causes. Il oscille depuis la guerre avec une tendance
127S69
125.000
,18.995
'
09.555
'T02.270
100.000
SS 734
80.129
75.000
•^1.274
A*
Ï7.SS3
50.000
39163
f-
a"-'
\rion i rp
1.241
•$0,936 \, 29.435
25.000
16 21 26 31 1936
CHAPITRE III
trois parties :
1°
La vieille ville, celle qui fut enfermée dans l'enceinte espa
1856 .. 20.713 — —
—
1891 ..
25.812 35,7 39.104 54,2 7.321 10,1
1896 .. 25.906 32,2 45.109 56,2 9.329 11,6
trueuses 1.
Les progrès de la Ville Nouvelle intra muros ont été au contraire
faite certainement —
les témoignages en sont nombreux et irré-
cusables —
au détriment de l'ancienne. La population bourgeoise
aisée et le monde des affaires basse sursont montés de la ville
négligeables.
1. Rozet, o. c. I
, p. 269.
REPARTITION SUR LE SITE 125
péenne n'a donc pas été suivi, comme à Alger, d'une réoccupation
massive par les Indigènes Musulmans. Ils n'ont été, jusqu'aux toutes
dernières années, dans les variations de sa population, qu'un facteur
à peu près insignifiant ; il semble qu'il y ait depuis quelque chose
de changé. Indépendamment des places laissées par la population
espagnole flottante, le voisinage des quais du port attire évidem
ment les Indigènes en quête de travail, et par ailleurs cet élément
pauvre ne recule pas devant toutes les conséquences de l'entas
sement et du surpeuplement.
Nous avons signalé plus haut ce « rush » des Indigènes vers Oran.
Or cette population pauvre d'ouvriers et de journaliers tend à s'établir
de 1931:
1931 1936 1931 1936
Montplaisant 81 93 Pouyet 4 8
Abattoirs —
68 Arbèsville . . . 36 6
St-Eugène ... 32 68
56,6
54,2
30,2
■y.
67% W/'SM'M'MW/,
33'/. 26.387 g
pMMjlfe
V11.045 ■W//////A 11.535
54,9
B ■
31,7
22,1
26,9 Z 65.282V
^65.876^
|§|§§§ llÉP
^VX^ 18,2 45.269
|30.634f
HII
21.462
l
§31.535j
MS
911 1926 1931 1936
GRAPHIQUE IV
1876 1896
Français
etnaturalisés européens
Etrangers Musulmans.
1936
GRAPHIQUE V
PLANCHE V
est même plus le noyau principal, encore que les Israélites aient
(carte 9), où la distribution par quartiers et par rues est ingénieusement figu-
130 LA POPULATION DE 1831 A NOS JOURS
FAU-
TOTAL DE LA VIEILLE VILLE
générale ; mais elle affecte avant tout la Vieille Ville et les fau
bourgs, plus recherchés par cette population pauvre que les autres
n'a pas été prise, comme à Alger, par les Indigènes Musulmans,
mais par d'autres Européens moins fortunés. Après cette dernière
date, il y a stagnation pour la ville basse, dont le pourcentage tend
plutôt à baisser, tandis que les autres régions se peuplent de plus
.
en plus. Enfin dans les dernières années, ce sont les faubourgs qui
peuplement oranais.
rables ne les rebute pas, tant sont grandes leur endurance, leur
résignation et leur ténacité. Il faut admirer ici leur capacité d'ex-
132 LA POPULATION DE 1831 A NOS JOURS
pansion qui n'a d'égales que celle des Siciliens en Tunisie, des
Chinois et des Japonais en Extrême-Orient. Il faut ajouter d'ailleurs
aussi qu'ils trouvent des facilités toutes particulières pour leur
établissement dans un pays et dans une ville où ils ne se sentent
tiers de la Marine et de la
Calère, où, en 1886, on trouvait plus
d'attention pour que son oreille perçût souvent sur son chemin le
parler espagnol.
cité, mais ils ont en revanche débordé sur les faubourgs du Sud
où aboutissent les routes de Mascara et de Tlemcen. De toutes
manières, cet afflux particulièrement précipité dans les toutes der
nières années menace de changer la physionomie ethnique de la
capitale de l'Ouest. Et ainsi les Musulmans sont aujourd'hui, dans
la grande cité moderne, plus nombreux certainement qu'ils ne l'ont
jamais été dans la vieille ville du royaume de Tlemcen.
Pour terminer, on ne peut se défendre d'une réflexion que
là mêmes qui jadis avaient été confinés dans les murs d'Oran par
L'AMÉNAGEMENT DU SITE
CHAPITRE I
LA CONSTRUCTION DE LA VILLE
entre les tribus qui bloquaient la ville et les habitants effrayés qui
l'avaient forcé à rester dans ses murs. C'est à peu près sans coup
férir que Damrémont avait pu faire son entrée le 4 janvier 1831
et installer le Khalifa du prince tunisien Ahmed désigné comme
renseignements précis sur l'œuvre municipale et la vie urbaine que nous avons
mis à profit.
138 L'AMENAGEMENT DU SITE
présent, celui de la ville au port, était infesté par les rôdeurs ; les
attaques des cavaliers arabes poussées jusqu'aux remparts obli
3. Indépendamment de la de
mosquée Karguentah, organisée défensivement,
le premier de ces blockhaus exécuté par le Génie, en plein combat, fut celui
« d'Orléans », au Sud-Est de la ville, à la la de Dar-Beïda.
cote 123, sur route
avec l'arrière-pays.
Maîtres de la de la Mléta, les Gharabas attaquaient les
plaine
1"
tion municipale ; c'est en vertu de l'article qu'une seconde or
dont cinq Français 4 ; mais si la Ville voyait fixer ses recettes spé
ciales, l'Administration restait dans la réalité au Sous-Intendant
civil, maître des dépenses. Ce régime ne subsista pas longtemps ;
un arrêté du 2 août 1836 réduisit de nouveau les attributions du
Maire à celles d'officier de l'état civil ; les autres passèrent à l'Ad
ministration provinciale. Les Conseils Municipaux tombèrent dans
l'inaction et l'impuissance complètes, les dépenses et les recettes
furent fondues dans le budget colonial, la commune cessa réel
lement d'exister. Cette centralisation fâcheuse rendait particuliè
rement difficile la connaissance des besoins de la
Ville, retardait
l'heure de les satisfaire et se traduisît généralement par l'insuffi
sance des crédits.
à moitié ruinée ; elle n'y a pas manqué, et son emprise, dont il serait
difficile de contester l'utilité à l'époque où elle a été opérée, devait
moderne.
4. C'est sans doute à ce quartier que fait allusion la Notice quand elle parle
de Tlemcen, dont on peut voir encore les traces dans le mur au pied
1. Voir plus haut, p. 74 et 97. Ces arbres ont été abattus en 1868, parce
ment intéressant à consulter, ne fût-ce que pbur la raison indiquée dans le texte
ci-dessus. Les voies existantes sont très faciles à reconnaître et à identifier avec
celles du plan espagnol.
sable.
tions avec la ville que par la rampe plus ou moins raide remontant
Telle était la ville qui nous avait été léguée. « De tous les points
occupés par les Français en Afrique, Oran est celui où les travaux
d'installation définitive et permanente des divers services militaires
sont le plus avancés. La raison en est bien simple. Oran n'était point,
comme les autres places de l'Algérie, une ville toute africaine ; les
Espagnols y avaient entrepris et terminé beaucoup de constructions
I
1. Rues de
Naples, de Fleurus, de Milan, de Ratisbonne, de Zurich, de Wa-
gram, de Suez, de Leoben. Toutes ces dénominations, comme beaucoup d'autres
de la vieille ville, évoquaient les souvenirs encore vivants chez les militaires
des guerres de la Révolution et de l'Empire.
l'hôpital installé à Alger dans les jardins du Dey. Il ne faut pas confondre
d'ailleurs cet hôpital dit « Hôpital de la Mosquée » avec le grand hôpital mili
plus ou moins réparées ou dans des immeubles loués, dont les baux
constituèrent d'ailleurs une charge de plus en plus lourde 5. La Mai-
1.
'
Idem, p. 29.
2. Idem, p. 167. On commença de nouvelles constructions à cet effet en 1843.
3. Ce fut l'église Saint-André, consacrée par Mgr Dupuch le 25 décembre 1844
(Derrien, p. 181).
4. Dans les premières années, les généraux commandant la subdivision furent
logée dans un immeuble domanial de la rue de Bassano ; en 1843, on expropria
qu'en 1843 que l'on organisa pour la première fois à Oran un service
provisoirement 3. »
geaient des réparations continuelles. Voir Arch. dép. le dossier des Baux à loyer,
série B1.
1. Derrien, o. c, p. 74-76.
2. Derrien, o. c, p. 200.
3. Tableau de la situation, o. c, 1843-1844, p. 178.
4. Quelques à l'établir. En 1835, le budget des dépenses
chiffres suffisent
Idem, 105). En 1844, on ne pouvait affecter que 130.000 francs aux travaux du
p.
futur boulevard Malakoff (p. 181) et 95.000 à ceux de la rue des Jardins. La rue
de Turin coûta 16.999 francs (p. 182).
1. Il fut créé dès le début, en avril 1832 (Derrien, p. 40). Le premier titulaire
de la Direction fut M. Pézerat, ingénieur civil, assisté d'un agent-voyer.
2. Tableau de la situation, o. c, 1843-1844, p. 177.
3. Idem, p. 178.
4. Tableau de la situation, o. c, 1841, p. 119; idem, 1842-1843, p. 125. On a
empierré à cette date les rues Philippe, Napoléon, d'Orléans, de la Marine. Idem,
1843-1844, p. 17).
LA CONSTRUCTION DE LA VILLE 149
1. Idem, 1843-1844, p. 177 et Derrien, p. 182. C'est seulement en 1844 que l'on
de Madrid, la rue de Turin (p. 194). En avril 1842, des pluies diluviennes pro
voquèrent l'écroulement du mur de soutènement de la rue d'Orléans et de quel
avait été donnée, dès son arrivée en 1840, par cet entraîneur —
on
paroles que prononçait, en 1847, cet illustre général devant les chefs
gligez pas ceux qui peuvent donner de l'agrément à votre ville. Des
esprits qui ont la prétention de se croire pratiques exaltent seu
juif, ils s'étaient portés vers la rue Philippe, la rue de Turin, la rue
liers ont trouvé de grandes ressources dans ce qui restait du long séjour des
Espagnols ».
époque (3.047.650 francs) (Tab. de la sit., 1842-43, p. 135). En 1841 (idem. 1841)
ils n'avaient atteint que 200.850 francs pour 18 maisons. Voir pour 1843, Derrien,
152 L'AMENAGEMENT DU SITE
fait sortir de terre une trentaine. L'importance prise par Oran, comme
vent nous paraître bien faibles, même en tenant compte de la valeur actuelle
correspondante, étaient assez considérables pour l'époque, surtout dans une colo
nie nouvelle. È
1. Derrien, o. c, p. 182.
2. Voir les Tableaux de la situation de 1842 à 1846. Indépendamment d'éta
blissements particuliers comme la ferme de M. Dandrieu qui, dès 1837, avait eu
le courage d'inaugurer cette exploitation agricole sous le feu de l'ennemi (Der
rien, p. 124 et 175) et de quelques autres autour de Dar Beida, les premiers
6 kil. de la ville, inauguré en août 1844, puis Misserghin (arr. du 25 nov. 1844),
et Sidi Chami.
3. Derrien, o. c, p. 183.
4. Idem, 196. Bugeaud, lors de son voyage en juin, fut frappé du grand
p.
nombre des constructions élevées à Oran depuis son dernier passage et surtout
des progrès de la culture autour de la ville (p. 203).
5. Idem, p. 196.
LA CONSTRUCTION DE LA VILLE 153
porain2
nous la décrit comme un assemblage de rues fort étroites,
peu nombreuses 3, « où il faut toujours grimper ou descendre à
pic » ; seuls les rampes et les boulevards nouvellement percés se
4. Derrien, o. c, p. 79.
5. Idem, p. 115.
6. Derrien, o. c, p. 71-72.
154 L'AMENAGEMENT DU SITE
de faire des cultures maraîchères dans la plaine des Andalouses, où dès 1835,
Ismaïl Oul'd Kadi avait encouragé la tentative de deux colons français, Landsman
et Michel (Derrien, p. 88) ; mais les hostilités avec Abd el Kader ruinèrent l'en
treprise. On songeait en 1843 à la colonisation de cette riche plaine (Tab. de la
sit, 1843-44, p. 239).
6. A la fin de 1846, on comptait à Oran 185 bateaux de pêche montés par
1. Derrien, o. c, p. 189.
2. Tab. de la sit., 1843-44, p. 374, et Derrien, p. 124. Le marché aux bestiaux
se tenait en dehors de la porte du Marché ou grains, à la
d'Alger, celui aux
volaille, aux œufs, au beurre dans les fossés Est du Château Neuf. Une halle
aux grains fonctionnait sur le boulevard d'Orléans. Le charbon de bois était
apporté dans les fossés Ouest du Château Neuf et depuis 1839 aussi place de
l'Hôpital.
3. Tab. de la sit. 1844-45, p. 130. Ce dut être une construction légère, dont
il ne reste aucune trace.
4. Cet abattoir qui se trouvait à la Marine, près du débouché de l'oued, fut
en effet agrandi en 1842 (Derrien, o. c, p. 161).
5. Tableau de la situation, 1844-1845.
6. Idem, 1843-44 et Derrien, p. 167.
7. Marcotte de Quivières, o. c, p. 176-182. L'auteur fait le récit d'un bal chez
Lamoricière, suivi d'une tombola où parmi les lots figuraient un chacal, une
8. Derrien, o. c, donne des détails sur la vie à Oran en 1846. Les officiers
fréquentaient le Café de Paris, au premier étage d'une maison de la rue Phi
lippe ; les civils, les cafés du Commerce et de la Régence dans la même rue.
Des cafés abondants s'ouvrirent de 1839 à 1846 Place d'Armes, rue Napoléon, rue
1. Idem, p. 162.
2. Idem, p. 229.
3. Idem, p. 234. Projet Chéronnet et Lasry, moyennant concession gratuite du
terrain pendant 99 ans.
4. Idem, p. 197-198.
5. Idem, p. 170.
6. Rozet, o. c, III, p. 227,
parle de deux grandes voies traversant d'un bout
à l'autre le village, de 700 mètres de long chacune. Il faut sans doute comprendre
par là deux chemins bordés de médiocres
constructions, de murs et de jardins.
LA CONSTRUCTION DE LA VILLE 157
celui du Sud.
Philippe4. On fit de même dans la suite pour tous les gourbis qui,
du de Ras-el-Aïn, pouvaient servir d'embuscades et permettre
côté
2. Idem, p. 215.
3. Idem, 221. Le de
p. « village »
Karguentah, formé par des colons libres, ne
fut remis à l'Administration civile qu'en 1844. On le traita d'abord comme un
régulier d'alignement et de
nivellement, de prévoir les emplacements pour les
fontaines, le lavoir et pour des bâtiments publics, une église, une école, un près-
LA CONSTRUCTION DE LA VILLE 159
geraient sur Arzeu, sur Dar Beïda et sur Karguentah. On mit à la disposition
de l'Autorité civile la main-d'œuvre militaire. Ainsi naquit officiellement le
6e
village devenu bien vite faubourg. (Arch. dép. Colonisation, dossier 1 M'q.)
1. Voir plus haut, p. 22.
2. Idem, p. 19 et 75.
3. Comte de Castellane. Souvenirs de la vie militaire en Afrique, Paris, 1879,
p. 331-332. On y trouvera aussi une description d'Oran, tel qu'il apparaissait
vu de la mer, en 1846, et du Château Neuf (Bordj-el-Hameur) où résidait
Lamoricière.
160 L'AMENAGEMENT DU SITE
Vers l'Est et le Sud, les travaux furent orientés sur les trois di
rections que la nature distinguait et que l'histoire avait consacrées
comme devant être celles des voies de communication principales,
sur Mostaganem avec une dérivation vers Arzeu, route qui devait
être dans la suite celle d'Alger, sur Mascara et sur Tlemcen. Ces
liaisons furent amorcées par l'ouverture des chemins carrossables
4. Idem, 1841, p. 119 ; 1843-44. Ouverte par le Génie en 1836 jusqu'à Brédéah,
elle avait été remise aux Ponts et Chaussées en 1840 jusqu'à Misserghin. En
1842 la main-d'œuvre militaire permettait de terminer la route de Tlemcen,
qui fut améliorée en 1843. En 1844, La Senia qui venait d'être créé était relié à
Oran et l'on commençait les travaux de la route de Mascara.
:ii,/ry*]SI »-^1éÊU*
dwe' 4».«
Vue générale d'Oran en 1850, prise des pentes du fort Saint Grégoire.
Oran vers la même époque, vue prise du fort Sainte Thérèse. Photo Lûck.
DE 1848 A 1880
Et, de fait, son activité, bien que restreinte par les ressources
de 1864, à 512.272 francs ; en 1867 il montait à 530.230 francs plus le budget sup
plémentaire, de 137.836 francs ; en 1870, à 624.217 francs ; en 1871, à 714.795 francs.
LA CONSTRUCTION DE LA VILLE 163
hardi-
ples de la ville « trop étroite pour sa population croissante... chevauchant
164 L'AMENAGEMENT DU SITE
tier de Cavalerie.
A l'exception de la Préfecture, achevée en 1852 7, les Services
civils restaient bien médiocrement dotés. La pauvre Mairie avait
été commencés en 1845 (voir plus haut, 150, note 1 ; mais interrompu, faute
p.
d'argent, on les reprit en 1861 (Tab. de la sit., 1859-61, p. 201) pour les terminer
en 1862 (Tab. de la sit., 1862, p. 275).
4. A. M. S. du 15 février 1853 et du 13 décembre 1858.
o. c, 1850-52, p. 416.
5. Tableau de la situation,
vansérail 2.
salutaires effets pour l'assainissement de la ville d'Oran, que les massifs, dit la
notice, protégeront contre l'envahissement des brouillards amenés par les vents
d'Ouest ».
LA CONSTRUCTION DE LA VILLE 167
cipalité, déclarait dans son discours que la ville était trop étroite
pour sa population toujours croissante. « Aussi, ajoutait-il, elle che
vauche hardiment de mamelon en mamelon jusque sur le plateau
jadis désert de Karguentah 3. » Un plan de 1856 nous montre qu'une
3. A. M. S. du 31 octobre 1851.
4. Idem.
5. Idem S. du 24 juillet 1854.
6. Idem S. du 27 mars 1858.
7. Idem S. du 4 décembre 1858. Mais la question traîna en longueur quand il
1861. L'enquête de commodo suscita des oppositions sur l'emplacement que cer
d'Espagne.
168 L'AMENAGEMENT DU SITE
*j£t£Ë&mÊ
Oran vers 1875 ; vue prise des pentes de Santa Cruz. Photo Lûck.
Le bassin Aucour n'est pas encore terminé. Dans la ville basse on remar
que l'emplacement et les premières plantations de la place de la République ;
au milieu de la photographie, le Parc à fourrages et le quartier des Chasseurs ;
qu'en 1866, par une décision ministérielle du 4 mai, que fut ordon
1. Idem, p. 315. Dès 1855 les navires à vapeur de la Cie Touache y venaient
régulièrement.
prescrit de fixer les limites des zones de servitude « aussi réduites que pos
sible ».
Saint-
6.035 habitants; Antoine, 630; Saint-Michel, 1.303; Village Nègre, 3.077.
Total: 11.045, contre 22.689 intra muros.
2. A. M. S. du 28 septembre 1867.
LA CONSTRUCTION DE LA VILLE 171
1. A. M. S. du 13 mars 1856.
2. Idem S. du 20 novembre 1861 où fut présenté un historique de la ques
tion. On y apprend que le terrain malgré les difficultés d'établir des fonda
tions solides, coûtait à Bastrana 80 francs le et 45 à Ras-el-
mètre, seulement
Aïn. Le Génie faisait d'ailleurs de l'opposition à la construction de l'Hôtel de
Ville sur la place Napoléon, domaine militaire.
LA CONSTRUCTION DE LA VILLE 173
de la place Napoléon1.
de Karguentah —
contre des faits les plus patents, et les plus naturels, dans le sens
tait, cherchait à se défendre par tous les moyens. C'est ainsi qu'en
1. A. M. S. du 25 février 1854.
LA CONSTRUCTION DE LA VILLE 175
l'avenir, avec les pires déconvenues, les dépenses les plus lourdes,
le jour où il devenait inévitable de réparer des méfaits d'urbanisme
presque irréparables.
environ, était réservé pour une place, sensiblement plus vaste que
rait un véritable balcon et une vue des plus attrayantes sur la mer,
les quais, le port. Le cadre de cette place, qui a porté successivement
les noms de place Impériale3 et de place de la République, est un
heureuse de toutes.
quartiers ; mais, depuis que l'air avait été bouché par les cons
1867 1868 y avaient été vraiment terribles. Dans cette dernière épidémie, la
et
proportion du décès par rapport aux malades avait été de 90 %, alors que dans
juge par les réclamations des habitants. Il semble qu'elle ait ren
1. A. M. S. du 19 février 1870.
2. Idem. S. du 7 août 1879, du 7 novembre, du 20 et du 24 décembre. Il
s'agissait du «Plan d'alignement et de nivellement des quartiers de la ville
jour » 4.
Une autre question mit en opposition les deux Commissions
d'alignements, celle de la Ville et celle du Département. La Ville
avait demandé au Préfet, en 1868, d'approuver la régularisation
ceux de l'Etat à 5 %.
3. Idem S. du 15 février 1869.
4. Idem S. du 26 juillet 1869.
180 L'AMENAGEMENT DU SITE
des espaces libres, elle exprima des regrets sur les réductions opé
le privilège de traverser —
en tunnel —
la zone militaire. La pro
ce qui expliquait déjà qu'elle ne fût pas pour les habitants le lieu
DE 1880 A 1900
ment depuis 1877 ; dans les quatre années qui suivirent, on éleva
plus de maisons que dans les onze années précédentes 3. Les recettes
I
1. En 1876, 49.368 habitants et en 1881, 59.377, soit en plus 10.009. De 1872
à 1881, la population européenne avait augmenté de 12.506 habitants.
2. M. Meunier, o. c, p. 315.
3. Soit 250 environ contre 150 dans la période 1866 à 1877.
4. Elles passaient de 870.000 environ à 1.080.000 francs.
5. A. M. S. du 7 décembre 1870. Le Conseil Municipal décida de changer les
noms de certaines rues et de certaines places pour chasser les souvenirs de
l'Empire. Ainsi la Impériale, la place Napoléon, la place Saint-Arnaud,
place
7*
gptttna
,»«
L'UNIS
Photo de l'Ofalac.
LA CONSTRUCTION DE LA VILLE 185
La ville haute —
c'est ainsi que l'on appelait alors toute la
région comprise entre les vieux et les nouveaux murs —
prenait
3. Voir plus haut, p. 170 et A.M. S. du 7 août 1879. Les voies nouvelles
Prison civile, Halle aux grains. C'était là un fait décisif, qui consa
celles d'aujourd'hui1.
Le Saint- de Tlemcen le bou
quartier Antoine, entrera rue et
Michel, outre les percées prévues, les particuliers qui avaient tra
vaillé avant la ville, en avaient ouvert d'autres2, de part et d'autre
de la rue Saint-Michel, mal tracées, aussi mal que la plupart de
celles de la partie de Karguentah qui y touchait au Nord, et dont
la place Hoche était le centre. On pouvait s'apercevoir ainsi de
l'erreur insigne qui avait favorisé le désordre, sous prétexte de
réaliser des économies et de ne porter aucune atteinte à la liberté
et aux intérêts des propriétaires. En examinant de près le plan de
1880, l'impression, du
on a moins pour les de la périphérie,
quartiers
réserve ; le plan d'alignement de 1880 arrivait trop tard pour mettre de l'or
dre. Il y eut cependant des particuliers qui offrirent leur concours pour l'ou
verture de quelques voies, par exemple pour l'ouverture du boulevard Fulton
(A. M. S. du 13 janvier 1888). Le plan de nivellement du quartier Saint-Michel
et de l'ancien cimetière musulman avait été approuvé par le Préfet le 16 mars
1880, sous la réserve que certains îlots feraient l'objet de plans spéciaux ulté
s'étaient implantées sur le tracé des voies, sans tenir compte des décisions
antérieures.
3. C'était une simple indication pour l'avenir ; car il n'était pas encore ques
56,4 % —
alors qu'en 1866, la proportion, pour ce qu'on appelait
nouveau gîte, qui avait tout naturellement suivi celle des construc
3.019.
LA CONSTRUCTION DE LA VILLE 189
la Maison Lasry, que l'on citait alors comme un des plus beaux
immeubles de la ville ; au Sud par l'Hôtel de Ville en construction,
elle commençait à se garnir de maisons neuves sur l'emplacement
là, entre les rues de Wagram et des Jardins, en dépit des aligne
ments qui en avaient fait tomber beaucoup, « les maisons indigènes
petites et carrées, n'ayant généralement qu'un
rez-de-chaussée, et
dont la cour est abritée du soleil par une vigne», maisons badi
geonnées de blanc, de bleu ou de rouge \
le cadre et les
de ce site tourmenté, l'étagement et par
accidents
1. Idem, p. 184.
2. Idem, p. 183.
3. Ch. Desprez. Voyage à Oran, Alger, 1872, p. 165. On trouvera dans ce livre
une description généralement précise et vivante de la ville, telle que l'a vue
l'auteur en 1872. Voir notamment sur la vieille ville, p. 165-193 ; sur le Village
livrant à « l'industrie du caboulot », sur ses fontaines et sur les porteurs d'eau,
p. 199 ; sur le quartier Napoléon,, p. 177-182.
etc,
4. Louis Piesse, o. u., p. 182.
192 L'AMENAGEMENT DU SITE
quantité des fleurs, des légumes et des fruits ; c'était en outre, avec
1. Exactement 3.019.
qu'un petit hameau, une halte du chemin de fer, Valmy, sur l'em
placement du « camp du Figuier », était déjà peuplé de 752 habi
tants. Vers l'Est, aux alentours de la route d'Arzeu, la colonisa
1. Idem, p. 191.
2. Idem, p. 193-198. La ville d'Oran n'avait fait aucune opposition à la sépa
et n'aurait pas les ressources nécessaires pour faire les travaux d'édilité. (A. M.
S. du 11 octobre 1861).
3. A. M. S. du 4 avril 1860.
4. Louis Piesse, o. c, p. 195.
5. On l'appelait ainsi à cette époque ; nous ignorons à quelle date et pour
quoi ce nom a été mis au féminin ; c'est avec ce genre qu'il figure au Tableau
des Communes.
6. Voir sur toute cette banlieue le guide de Joanne (éd. de 1879).
194 L'AMENAGEMENT DU SITE
1. Idem, p. 157.
2. A. M. S. du 23 déc. 1885.
3. Idem S. du 6 juillet 1886.
196 L'AMENAGEMENT DU SITE
1. A. M. du 4 oct. 1867.
2. Idem, S. du 17 oct. 1879. Rapport de MM. Grégoire et Lasry. Dans la ses
sion de cette même année, le Conseil Général émettait un vœu sur la suppression
Théâtre, des Ecoles, et rien ou à peu près rien pour Oran. Dans
ce réquisitoire fois, mais particulièrement déve
réitéré plusieurs
fortement augmenté, alors que, dans ses anciennes limites, elle avait
pu en assurer l'équilibre. Aussi, devant la situation qui lui était
—
un peu partout pourrait-on dire —
du domaine militaire, étaient
déjà chose ancienne ; elles avaient surgi en de nombreuses occa
lement, totalité,
soit en ont-ils
réitérés, été sans cesse soit au Con
seil Municipal, soit au Conseil Général. La décision, prise en 1867,
de construire une nouvelle enceinte, donna le signal, et, à la
en
dette ; avec ses 420 hectares, elle encontracté pour 8.200.000 francs, et
avait
de 800.000 francs. Les cimetières dont il s'agit étaient les anciens cimetières
mait encore six lots situés sur le plateau du Village Nègre, qui
ron, Ministre de la Guerre, très bien disposé pour les Villes, faisait,
en 1887 5, une promesse formelle que la chute du Cabinet empêcha
géré.
1. A. M. S. du 17 et du 24 avril 1891.
2. Idem. S. du 15 mai 1891.
LA CONSTRUCTION DE LA VILLE 203
jamais été élaboré, les propriétaires ont bâti suivant les accidents
entre elles les parties du tout. Le plan était donc présenté comme
Mais le projet visait aussi une autre région du site urbain, celle
prétexte qu'elle avait déjà été modifiée par le Génie avant d'avoir
reçu l'approbation de l'Autorité supérieure. Les considérants étaient
de deux ordres, les premiers devant préparer la voie aux seconds,
les plus importants assurément dans la pensée des opposants. Le
projet n'apportait, disait-on, aucun travail d'amélioration de la voi
nais ; l'humanité exige qu'à défaut d'espace dans les rues Phi
lippe des Jardins qui, seules, relient la basse
ou ville aux nouveaux
censements de la population1 —
que l'on n'arrêterait pas le dépla
cement du centre de
de la ville, et non moins certain que
gravité
1. De 1881 à 1891, la vieille ville, c'est-à-dire celle qui était comprise dans
les limites de l'ancienne enceinte, ne s'était accrue que de 2.883 habitants,
tandis que la nouvelle, celle du Plateau, en avait reçu 5.675, et les faubourgs
extra muros, 4.302.
208 L'AMENAGEMENT DU SITE
d'Aïn-Rouina.
LA CONSTRUCTION DE LA VILLE 209
séance, mission au Maire de faire aboutir les vœux émis par une réunion de
210 L'AMENAGEMENT DU SITE
nationale
n°
2 d'Oran à Tlemcen pour lui faire suivre le ravin de
Ras-el-Aïn temps le d'Eck-
et relier en même faubourg grandissant
ranimerait en tous cas une des plus grandes et des plus belles ar
tères de la ville.
...
Mais, tandis que le tracé des Ponts et Chaussées ne prévoyait
jusqu'au Château d'Eau, soit sur 1.100 mètres, pour y installer une
seraient percées sur les deux versants, pour constituer « les amor
Amérique. »
à faire d'Oran, et des versants du Ras el Aïn, « une station hivernale pleine
d'avenir qui apporterait son puissant contingent à la vieille ville et lui rendrait
en peu de temps sa valeur incontestable et sa vitalité momentanément en
rayée ».
avec les charges des contribuables, qui veulent bien souscrire aux
enfin transmis à Paris. S. du 10 nov. 1896. On se plaint des retards qui gênent
les transaction immobilières et paralysent la construction.
2. Idem S. du 26 mai 1896.
3. Idem S. du 6 mai et du 23 déc. 1897.
4. Idem S. du 23 nov. 1897.
LA CONSTRUCTION DE LA VILLE 213
total pour les autres était de 3.894. Or en 1901, il était de 11.289 ; soit un gain
de 7.395 unités.
4. Pour 1086 exactement.
5. En 1881, 5.154 et en 1901, 8.656, soit en plus 3.502 habitants.
LA CONSTRUCTION DE LA VILLE 215
ville —
qui donnait, en dépit ou peut-être à cause du tracé des
voies principaleslargement ouvertes, l'impression d'un vaste chan
tier de construction, avec beaucoup d'incohérence, de vides, de
décision a privé par avance Oran de l'un des avantages de son site.
1878 6 les
partiel adopté en pour rues Schneider, de la Paix,
Paixhans, le futur boulevard du Lycée et leurs raccords avec le
boulevard Seguin. C'est à cette occasion que M. Estibot insista sur
dès le de 1875,
mois un alignement avait été délivré le boulevard Séguin,
sur
anciennes cubiques età patios qui ont subsisté d?.ns le quartier israélite,
XIX"
avec les grands immeubles de la fin du siècle.
ne la voit pas.
1"
1. A. M. S. du sept. 1860. Il s'agit de M. Marion, dans la séance du 14
nov. 1857.
2. Idem. S. du 17 mai 1862.
3. Idem. S. du 10 sept. 1872 et du 7 juillet 1873. Il s'agit de la proposition de
M. Boulpiquant.
4. Idem. S. du 21 juin 1887.
5. Idem. S. du 2 sept. 1892.
6. Voir plus haut, p. 208.
LA CONSTRUCTION DE LA VILLE 219
été mis au concours dès 1873 6, ne fut posée qu'en 1882 ; il n'était
1. A. M. S. du 12 mars 1894.
2. Idem S. du 15 sept. 1896.
3. Idem S. du 16 oct. 1905.
4. Louis Piesse. Algérie et Tunisie (Coll. des Guides. Joanne). Paris, 1887,
p. 158. Voir le plan d'Oran et de ses faubourgs p. 148.
5. Voir plus haut, p. 173.
6. A. M. S. du 6 janv., du 27 fév. et du 2 sept. 1873.
7. Idem S. du 22 juin 1886. Mais on travaillait encore à la décoration et à
l'ameublement en 1889 (S. du 31 mai 1889).
220 L'AMENAGEMENT DU SITE
pens, fut enfin réglée. Celui qui s'élevait sur la place Bastrana avait
en octobre 1907 5.
1. A. M. S. du 15 mai 1885.
2. Idem. S. du 6 juillet 1886.
3. Idem. S. du 19 déc. 1890.
4. Idem. S. du 18 oct. 1905 et du 25 janv. 1906. Il s'agissait du projet Hainez.
5. Idem. S. du 13 déc. 1906.
222 L'AMENAGEMENT DU SITE
la dernière clause relative aux travaux 3 ; dès 1867 une voie pro
vers l'Est, un boucle décrite hors les murs et un tunnel percé sous
le fort Sainte-Thérèse, arrivaient sur les terre-pleins ; les voyageurs
2° 2e
Douane. Place d'Armes-Eckmûhl par le boulevard Seguin, celui du
Zouaves, le boulevard National, la route de Tlemcen jusqu'à l'Ecole Normale.
3°
Place d'Armes à la porte de Valmy et au Cimetière par les boulevards Natio
4°
nal, Sébastopol et d'Iéna. Place d'Armes à la gare de Karguentah par le
boulevard Seguin, la rue de Mostaganem et le boulevard Marceau. 5° Place
6°
d'Armes-St-Eugène par le boulevard Seguin et la rue de Mostaganem..
Place d'Armes -Gambetta par le boulevard Seguin et la rue d'Arzeu.
1. Idem S. du 23 nov. 1896.
2. Idem S. du 22 janv. et du 23 nov. 1897.
3. Idem S. du 8 mai, du 18 et du 29 sept. 1885,. du 12 fév. 1886, du 15 janv.
et du 11 fév. 1888.
LA CONSTRUCTION DE LA VILLE 227
6. Il faut reconnaître que, si les propositions de cet ordre sont restées sans
suite, à Oran comme à Alger, c'est que l'entreprise ne pouvait être lucrative
qu'à la condition d'être liée à une spéculation sur des terrains qui acquer
dans toutes les grandes cités modernes. Les statistiques des recen
1881, des fermes dont les propriétaires lotisseurs ont donné généra
liorée.
2. Le premier recensement qui lui consacre une mention spéciale est celui
celui de l'Est.
6. En 1881 en effet, les chiffres respectifs étaient de 1.319 et de 304.
230 L'AMENAGEMENT DU SITE
en formation3.
DE 1900 A 1930
XXe
La période contemporaine de l'histoire d'Oran, celle du
siècle, de 1901 à nos jours, a été marquée par un accroissement
queront pas de signaler comme un des faits sociaux les plus sail
de 16.569 habitants.
232 L'AMENAGEMENT DU SITE
de 1899 6 7
Michel5, plans et de 1903 réglant l'aménagement du
nouveau quartier des Casernes et de la Grande Poste, plan de
classement des rues du quartier Saint-Charles en 1910. Mais, outre
le défaut de coordination que l'on pouvait reprocher à ces tra
vaux, on devait déplorer l'absence trop fréquente de cotes de
nivellement. «Les rues seules dont la création est postérieure à
2. A. M. S. du 14 juin 1912. 1
3. Voir plus haut, p. 158.
4. Idem, p. 170.
5. Idem, p. 185.
6. Idem, p. 214 et A.M. S. du 28 juillet et du 29 octobre 1903.
7. A. M. S. du 28 juillet et du 29 octobre 1903. On dénomma 8
alors rues
nouvelles: El-Moungar, de Marseille, de Lyon, de Bordeaux, de Strasbourg,
de Colmar, d'Igli, rue Ampère. La rue des Casernes devint la rue Alsace-Lor
raine. Le Conseil Général, dans sa séance du 20 avril 1911, demanda la refonte
du plan d'alignement des nouveaux quartiers qui, selon lui, ne réservait pas
assez d'espaces libres, si nécessaires aux grandes villes. Le Conseil Municipal
déclara pouvoir lui donner
ne
satisfaction, faute de ressources. L'effort de la
Ville de la Société Immobilière avait déjà doté ces quartiers de voies
et
de 10,
12, 15, 20 et 25 mètres (A. M. S. du 27 février 1912).
PLANCHE XI
Photo Liick.
LA CONSTRUCTION DE LA VILLE 233
en effet (art. 52) la confection de plans officiels, dans le délai d'un an, pour
toutes les communes de plus de 10.000 habitants. Celle de 1884 (art. 68) rap
pelait aux municipalités qu'elles devaient posséder un plan d'ensemble au
1/10.000 et des plans divisionnaires au 1/5.000.
2. En 1906 (A. M. S. du 22 juin), sous la municipalité Giraud, le conseil
dans le délai d'un an, et réalisés, en tant qu'ils modifieraient les alignements
et au fur et à mesure des moyens. « Œuvre durable, utile, nécessaire, récla
1905, le Conseil était saisi d'un projet Jourdan qui faisait partir le boulevard à
l'étude de l'angle Nord-Est de la place de la République ; la voie enjambait
8
234 L'AMENAGEMENT DU SITE
par un pont la rue Charles- Quint, longeait en rampe le talus Nord de la pro
fait une démarche auprès du Ministre qui était alors le député d'Oran Etienne.
Il avait proposé comme terrains la Lunette Saint-André et le camp Saint-
Philippe ; les ateliers de l'Arsenal seraient relégués au Polygone d'Eckmuhl.
Il avait aussi négocié le rachat de parcelles, rue d'Orléans, pour la construction
d'une école. Mais quand il s'agit de supprimer les murs de l'enceinte de 1867,
le Génie se déclara hostile au déclassement. « En raison de l'importance crois
sante que prend la place d'Oran dans notre système défensif de l'Algérie, la
conservation de son enceinte s'impose au point de vue militaire. Quelle que
puisse être en effet son insuffisance relative en présence des engins puissants
d'une chemise de sûreté, dont l'utilité autour de nos grandes places de guerre
a été maintes fois affirmée par les plus hautes autorités militaires ; car elle met
gratuite des terrains, soit 8.220 mq estimés par le Domaine à 328.800 francs, pour
en faire un jardin, dans ce quartier « qui serait le plus beau de la ville », et
que déparait fâcheusement l'Arsenal actuel.
236 L'AMENAGEMENT DU SITE
encore une échappée sur la rade. Ainsi seraient dégagées les plus
1. A. M. S. du 29 octobre 1912.
238 L'AMENAGEMENT DU SITE
pas d'élégance.
une grande part l'effet d'un exode des éléments pauvres du peu
de rues, pour ne pas dire le plus grand nombre, n'étaient pas clas
aux voies privées, notamment pour l'écoulement des eaux usées, les vidanges
240 L'AMENAGEMENT DU SITE
En attendant, on signalait2
le mauvais état des villages Lamur
et Lyautey, « véritables foyers d'infection » habités principalement
1. Dans les faubourgs extra muros. Car depuis longtemps, dans l'enceinte,
les terrains encore libres avaient pris une telle valeur (de 30 à 70 francs le
mètre carré)
—
sur la périphérie bien entendu —
que l'on ne pouvait songer
d'utilisation la Ville 4
plan bien arrêté par ; il manifestait, en effet,
paux voeux émis successivement par les Corps élus et les groupements divers :
1911, par le Syndicat des zoniers le 12 avril 1919. On citait les précédents des
villes d'Alger, de Philippeville, de Bône, de Mostaganem et de Sidi-bel-Abbès,
qui avaient obtenu satisfaction.
tion des Infirmiers, une caserne pour 800 hommes et 42 chevaux seraient dé
placés, mais intra muros. On ne refoulait à Eckmuhl que quelques bureaux
tels que ceux de l'Artillerie, deux ou trois magasins et une écurie de 25 chevaux.
1er
3. Idem. S. du décembre 1921, du 23 décembre 1922 et du 21 mars 1924.
1er
4. Idem. S. du décembre 1921.
LA CONSTRUCTION DE LA VILLE 243
1. A. M. S. du 8 mars 1905.
2. Idem. S. du 31 janvier 1923.
3. Voir plus haut, p. 74.
4. A. M. S. du 31 janvier et du 25 juin 1923. La Ville demandait d'ailleurs
que le déclassement ne fût pas prononcé avant l'homologation du plan d'auto
risation, afin d'enrayer la spéculation et d'éviter des expropriations coûteuses,
au cas où l'on construirait d'ici là.
244 L'AMENAGEMENT DU SITE
avant-
Pendant que les pourparlers traînaient en longueur, un
des autres : création d'un réseau régulier d'égouts pour les faubourgs
extra muros 6, usine pour l'incinération et le traitement des déchets
de la ville, réfection des chaussées et des trottoirs, construction de
Halles Centrales et de marchés couverts ; tout cela jusqu'à concur
rence d'environ 48 millions. Il n'y en avait pas moins de 30 réservés
une rampe de 236 m. et du côté des Planteurs, il se prolongeait par une rampe
de 119 m. suivie d'une patte d'oie, dont deux branches rejoignaient le chemin
2 des Planteurs, face faubourg Etienne. L'exécution
n"
concours.
40 mètres.
reçu à eux seuls 15.451, tandis que le vieil Oran en perdait 2.225
et que le reste de la ville intra muros n'en gagnait que 2.075, ce qui
la Ruche des P.T.T. (154), Brunie (1.177), Sanchidrian (480), Choupot (1.507),
Boulanger (2.111), Medioni (2.887), Sananès (2.011), Lamur (9.864), Lyautey
(2.559).
3. La population musulmane seule s'était accrue de près de 5.000 unités en
Miramar,
le lotissement Fouque et Duret, entre les rues d'Arzeu et de Coulmiers (A. M. S.
du 14 mai, 28 juin, 26 juillet 1926, du 28 octobre 1927 du 29 juillet 1925).
—
DE 1930 A 1937
Et d'abord les vœux réitérés à toute occasion par les Corps élus
et les divers groupements intéressés, les démarches poursuivies par
la Municipalité auprès de l'Autorité militaire depuis si longtemps 1
aboutirent à un succès, partiel assurément, mais néanmoins d'une
importance majeure pour le réaménagement de la Ville. Un décret
du 6 septembre 1933 2 autorisait le déclassement des remparts de
l'enceinte construite en 1866 entre la porte de Tlemcen et le Ravin
Blanc. Elle avait perdu toute valeur défensive et ne constituait plus
mier rang, ceux du Château Neuf occupés dès notre arrivée, et ceux