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L'article suivant paraît conjointement dans :

Der Einzige . Revue trimestrielle des Archives Max Stirner de Leipzig, n° 3 (15), 3 août 2001, p. 31-33
Titre original :
Karl Marx - ein lärmender Quietist
Eine Replik auf Fritz-Erik Hoevels: Stirner, Psychoanalyse und Marxismus - II und postscriptum zu
Bernd A. Laska: Max Stirner - ein Verächter der "Praxis" ?

Karl Marx — un quiétiste tapageur


Une réplique à Fritz-Erik Hoevel : Stirner, psychanalyse et marxisme - II
et postscriptum à
Bernd A. Laska : Max Stirner — un adversaire de la « pratique » ?

Le numéro précédent de cette revue, paru début février 2001 est consacré au thème « Max Stirner et la
psychanalyse », contenant, entre autres, deux articles connexes : 1) « Stirner, psychanalyse et
marxisme », dans lesquelles Fritz-Erik Hoevels présentait essentiellement sa vision de Stirner ainsi que
des rapports Marx/Stirner et — en raison du noyau factuel : la fonction du « surmoi » — Freud/Reich,
et 2) « Max Stirner - un problème de « pratique »? « dans lequel j'ai certes rendu hommage à Hoevels
en tant que « l'un des très rares auteurs qui ont consciemment saisi et publiquement affirmé les idées
centrales de Stirner, que j'ai provisoirement placés sous le titre « La négation du surmoi irrationnel chez
Stirner' », mais dans lequel j'ai critiqué les idées exprimées par ailleurs par Hoevels comme étant
incompatibles en soi et hautement contradictoires et « paradoxales ». (1)
Quelques semaines plus tard, j'appris que Hoevels avait temporairement retiré son livre sur Wilhelm
Reich. Hoevels avait déjà annoncé une campagne publicitaire coûteuse dans les quotidiens nationaux et
les magazines spécialisés pour la foire du livre de Leipzig en mars 2001 (2). Cette nouvelle a ravivé en
moi la croyance en l'importance et la force évidentes d'arguments qui avaient été très affaiblis par des
années d'expérience, ou du moins la croyance que des arguments rationnels en faveur d'une renaissance
des Lumières sont possibles parmi ceux qui conviennent que le siècle des Lumières est loin d'être
terminé, mais qu'il est paralysé depuis des dizaines d'années.

Pourquoi a-t-il fait cela ? Parce que Hoevels a soigneusement examiné les arguments avancés dans
l'article que j'ai cité et qu'il est convaincu que la vision actuelle de la relation entre Freud et Reich,
exprimée non seulement dans l'article que j'ai cité mais aussi dans la présentation de son livre (3), est
complètement erronée.

l’endroit de Stirner et Freud aurait « mal » réagi à Reich). Malgré cela, il s'en tient essentiellement à
son point de vue auquel j’avais exposé le refoulement interne et le « paradoxe »

Mais, une fois de plus, mon espoir d'une discussion rationnel et de son effet de clarification fut vain. En
effet, lorsque, quelques semaines plus tard, je vis la «réponse» de Hoevels écrivit à ma critique (4), je
fus profondément déçu. Hoevels ne répondit guère à mes arguments tout en persistant à dire que Reich
ne comprenait pas la psychanalyse de Freud, que lui, comme beaucoup d'autres, l'avait « seulement un
peu affinée », que Marx était un « éléphant » et Stirner un « cerf-volant », et ainsi de suite. Il fait certes,
par nécessité, de petites concessions (par exemple : Marx aurait réagi avec « dégoût » à l’endroit de
Stirner et Freud aurait « mal » réagi à Reich). Malgré cela, il insiste en restant inflexible sur sa position
auquel j’avais exposé l’autocensure intérieur et le « paradoxe »
Hoevels commence par être conciliant sur le plan rhétorique, en me créditant de « malentendus » qu'il
prétend vouloir corriger, mais seulement « les plus évidents » parmi les nombreux. Mais en y regardant
de plus près, il ne trouve rien qui mérite d'être mentionné, et ne produit donc, comme dans son premier
article, qu'un flot de paroles qui ne se concentre pas sur les faits. Au lieu de cela, je vois un auteur qui,
avec beaucoup de mots, crée de nouvelles confusions pour détourner l'attention d'anciennes lacunes, et
qui, une fois de plus, se cabre comme une bête enragée — après que j'ai dû, au prix d'un certain effort,
donner une forme structurée à son premier article avant de pouvoir le critiquer.

Tandis qu'au début de la « réplique », Hoevels donne l'impression de vouloir m'affronter d'égal à égal,
comme un « homme à demi éclairé et bienveillant » comme lui, mais le besoin évident de réfuter le
pousse peu à peu dans l'attitude heurtée de celui qui essaie de me regarder avec mépris : à un pinceau
assez simpliste « sancta simplicitas ! » qui n'affiche aucune couleur sur la question principale, la
question de la pratique —Hoevels la qualifie de « cachée», bien que ce soit moi, et non lui, qui l’ai mis
dans le titre— Dans une fureur larvée (triste! ça lui échappe deux fois), il m'accuse d'adopter une
attitude de « laïque-quiétiste-bouddhiste » et, à la lumière de sa conception néo-léniniste, que je n'ai
« ni queue ni tête »... Il m'accuse d'être « comme le plus stupide récit d'étude » et d'être ami avec « les
plus petits esprits et les plus grands réactionnaires ».

Je ne vois donc aucune raison d'ajouter quoi que ce soit à ce que j’ai dit dans l’article précédent, car
cela reviendrait à répéter simplement ce qui a déjà été dit. Quoi qu’il en soit, l’accusation centrale de
quiétisme, soulevée à nouveau par Hoevels, est totalement déplacée à mon égard — et surtout à celui
de Stirner. Stirner, comme je l'ai mentionné dans « Max Stirner —Verächter der "Praxis" un adversaire
de la « pratique »?, n'était vraiment pas un quiétiste méprisant la pratique.
Marx était donc le vrai quiétiste, pas Stirner, un quiétiste tapageur, si l'on peut dire. De plus, après une
analyse minutieuse de sa réaction à «l'unique» de Stirner, on pourrait aussi le décrire comme un
obscurantiste objectif. Car Marx a reconnu Stirner, ou les idées centrales de Stirner, comme la pointe de
la pensée émancipatrice * — à travers le silence et l'activisme illusoire turbulent, d'abord dans un sens
psychologique, et peu de temps après pour la poursuite de l’« Aufklärung » le «marxisme». Également
au sens de l'histoire des idées (pour les autres). (5) Mais il ne s'agit pas du tout ici de trouver la
désignation la plus appropriée pour Marx ou Stirner, ni de condamner ces anciens protagonistes, c'est-
à-dire Marx et de chercher une réhabilitation pour Stirner. Il s'agit uniquement de rendre ces
procédures historiques heuristiquement prolifiques et — pour moi — enrichissant! (6) — pour la
pensée et l'action (« pratique ») ici et aujourd'hui.
* Voir Lettre de Engel à Marx, à partir des
idées de Stirner, on planifieé leur manifeste
communiste.

Hoevels, comme il l'a dit, voit cela de la même manière : nous devrions moins nous intéresser aux
« contraintes de personnes importantes découlant des circonstances historiques » que nous devrions
plutôt nous intéresser à leur « performance propre, que nous pouvons également exploiter. » Seulement,
il ne voit pas que Stirner ou Reich n'était pas soumis aux « restrictions qui s'imposaient à leurs
contemporains Marx ou Freud dans ses théories et « phobiques » « phobischen » ou des réactions
« mauvaises » schäbigen (etc.). La position de Hoevels est en vérité « schizophrène » : en termes de
contenu, dans la question crucial de la « négation du surmoi irrationnel », il est d'accord avec Stirner et
Reich en principe ; en même temps, il reconnaît avec insistance ceux qui, précisément à cause de cette
question, considéraient Stirner et Reich comme leurs ennemis les plus intimes et les combattaient avec
les pires moyens. Hoevels est donc, malheureusement, incapable de tirer une leçon pour la situation
actuelle des conflits Marx contre Stirner et Freud contre Reich.

Notes :
(1) Der Einzige (L'Unique). Revue trimestrielle des archives Max Stirner de Leipzig. Cahier n° 1/2 (13/14), 3 février 2001,
p. 15-22 et 22-30.

(2) La publicité pleine page reproduite à la p.17 de »Der Einzige«  (3 février 2001) a également paru, par exemple, dans
»Süddeutsche Zeitung« (numéro consacré à la foire du livre du 22 au 26 mars 2001) et dans PSYCHE (numéro de mars
2001). Fritz-Erik Hoevels : La contribution de Wilhelm Reich à la psychanalyse. A paraître au printemps 2001.

(3) Hoevels annonçait le livre en ces termes : « L'œuvre de Wilhelm Reich, avant que son esprit ne commence à s'obscurcir
en exil, était une conséquence de la psychanalyse classique, et non pas sa déformation arbitraire ; elle découlait logiquement
de celle de Freud et n'en était que la mise en forme et — partiellement — l'application sociale ».

(4) dans ce cahier, p. 23-31

(5) cf. à ce sujet mes travaux :


Bernd A. Laska : Toujours dissident.(Dissident geblieben) Comment Marx et Nietzsche ont évincé leur collègue Max Stirner
et pourquoi il leur a survécu spirituellement. In : Die Zeit, n° 5, 27 janvier 2000, page 49
Bernd A. Laska : Rompre le charme! (Den Bann brechen!) - Max Stirner redivivus. Wider Marx, Nietzsche et al. Un
encouragement à l'occasion de deux nouvelles publications décourageantes. Partie 1 : Sur Marx et la recherche sur Marx.
Dans : L'Unique. Revue trimestrielle des Archives Max Stirner de Leipzig, n° 3
(11), 3 août 2000, p. 17-24.
Pour une présentation plus complète de l'histoire de la répulsion et de la déception de l' « Unique » de Stirner, cf :
Bernd A. Laska : Ein dauerhafter Dissident. Nuremberg : LSR-Verlag 1996

(6) « Je » (Ich) ici comme figure de proue pour chaque « je », pour chaque lecteur (h/f) qui est en mesure de suivre ces
raisonnements et de les mettre à profit pour lui-même.

Stirner était contre l’« idéologie


sacré » selon laquelle les individus
de façon subjective accepte de renier
leur autorité et à être utiliser comme
un moyen pour une fin, que toute
activité qu’il entreprend est appelé à
se soumettre sans résistance à la
demande d’un décideur totalitaire
sous peine menaçante et de
contrainte. Voilà ce à quoi — il était
farouchement opposé.

Copyright 2001-2005 © by Bernd A. Laska


Étude Litéraire Stirnerienne ELS
Traduction 2022
Révision : 2023

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