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A propos de Stirner

Son biographe

Après de nombreuses années de recherches exhaustives, John Henry Mackay publia une
biographie de Max Stirner à Berlin en 1898 sous le titre MAX STIRNER: SA VIE ET SON
ŒUVRE. Inspiré par les idées de Stirner, Mackay devient un poète individualiste, anarchiste
et réussit en outre à rééditer l'œuvre de Stirner. Tous les documents lesquels Mackay a
collecté sur Stirner sont désormais conservés à l'Institut Marx-Engels de Moscou.

La biographie de Stirner

C’est en l’an 1806 que Max Stirner naît à Bayreuth,


en Bavière, le 25 octobre, d'un père luthier
d'Ansbach, Albert Christian Heinrich Schmidt, et
d'une mère, Sophia Eleonora Rheinlein, fille d'un
facteur d'Erlangen. Johann Casper Schmidt, qui sera
plus tard connu sous le nom de plume Max Stirner,
perd son père alors qu'il n'a que cinq mois. La cause
du décès semble avoir été un effort physique
extrême, il n'avait que 37 ans.

En 1809, sa mère se remarie avec le pharmacien


Barelstedt. Elle quitte aussitôt Bayreuth pour
s'installer avec son second mari à Kulm, sur les rives de la Vistule, en Prusse occidentale. Ils
s’installèrent chez le vieil oncle fortuné de Balestedt, un capitaine de cavalerie Göcking, qui n'avait pas
l'intention de passer ses vieux jours seuls.

Grâce à cet oncle fortuné et à une pharmacie, Johann Casper a pu recevoir une éducation de qualité.
Après l'avoir laissé entre-temps à Bayreuth, sa mère le ramène à Kulm en 1810. Le manque d'amour
maternel de Sophia pour son poupon Johann est évident. Johann Caspar grandit dans la grande agitation
de la maison du beau-père. Pendant cette période, au milieu du chaos des guerres napoléoniennes, il dut
faire face aux difficultés et aux incertitudes de la vie sans ses parents. En grandissant dans la maison
animée de son beau-père, Johann Casper fut exposé aux idées influentes d'Hegel, le chef spirituel
allemand et le principal représentant de la philosophie prussienne. Ce n'est qu'à la mort de Hegel en
1831 que son génie intellectuel s'est émoussé, annonçant la fin de l'idéalisme ; changements dans la
sphère spirituelle platonicienne.
En 1818, Johann Casper retourne dans sa ville natale dans l'intention de fréquenter une université
prestigieuse comme Bayreuth : à l'âge de 12 ans, il est accueilli par son parrain Sticht, l'artisan sans
enfant. Il a pu ainsi poursuivre ses études sans inquiétude. Parmi ses professeurs, on trouve
Schleiermacher et Georg Andreas Gabler, qui était un fervent partisan de Hegel. À la mort de Hegel en
1831, Gabler retourna à Berlin pour en prendre la direction. De toute évidence, l'esprit de la
philosophie de Hegel était déjà présent au sein de cette célèbre institution de Bayreuth : entre 1826 et
1828, le jeune Stirner étudie la philosophie, la philologie et la théologie à l'université de Berlin. Il est
également un lecteur assidu de Hegel, dont il occupe la chaire depuis 1818.

Les chercheurs de cette université ont admis reconnaître l'existence d'une réalité distincte qui existait en
dehors de l'esprit. Ils ont étudié l'homme en tant qu'être naturel et en tant qu'entité vivante dans des
circonstances précises en posant des questions de façon scientifique. Dans « L'unique et sa propriété »,
Stirner développe une rude critique de la raison universelle de Hegel. Il rejette fermement la raison
absolue de Hegel comme une illusion sans fondement et remet en question son lien avec la réalité. C'est
dans une dialectique assez originale et singulière qu'il met l'accent sur la critique religieuse, notamment
sur les effets néfastes et trompeurs du protestantisme, de Luther et des réformes. Il note que ces
réformes visaient d’une part à rétablir la laïcité, d’autre part à influencer l'État et à remodeler le concept
de mariage.

Notamment, Marx dira avant lui de Luther , qu’il a sans contredit, vaincu la
servitude par dévotion, mais en lui substituant la servitude par conviction. Il
a brisé la foi en l'autorité, parce qu'il a restauré l'autorité de la foi. Il a
transformé les prêtres en laïques parce qu'il a métamorphosé les laïques en
prêtres. Il a libéré l'homme de la religiosité extérieure, parce qu'il a fait de la
religiosité l' « essence même de l'homme ». Il a fait tomber les chaînes du
corps, parce qu'il a chargé le cœur de chaînes.
Si le protestantisme ne fut pas la vraie solution, ce fut du moins la vraie
position du problème. Il ne s'agissait plus, dés lors, de la lutte du laïque
contre le prêtre, c'est-à-dire quelqu'un d'extérieur à lui-même ; il s'agissait
de la lutte contre son propre prêtre intérieur, contre sa propre nature de
prêtre. 1

Notre cher et brillant Stirner a donc prophétisé ce que l'histoire allait révéler plus tard :
Là où le protestantisme fleurit, les gens manifestent toujours une
confiance absolue en l'État et ne critiquent pas le gouvernement.

Suis-je libéré du despote lorsque je ne crains plus la tyrannie intérieure?


alors que j’ai peur d’enfreindre le respect que je m’ « imagine » lui devoir ?
Rien d'autre ne s'est produit depuis toute l'époque chrétienne. Elle s’est
confinée à transformer des objets existants, des despotes réels, etc., en
objets représentés, en concepts en face desquels l'Ancien Respect ne s’est
jamais perdu, mais gagne en intensité. Certes, nous nous sommes moqués
de Dieu et du diable dans leur réalité grossière du passé, mais nous n'étions
que plus attentifs à leur « concept ». « Tu es délivré du mal, le mal est
demeurer.»
Désormais, aussi téméraire et « diabolique » que puisse paraître une idée, je
ne tremble plus de peur. Tant qu'elle me devient pénible et désagréable, sa
fin est en mon pouvoir. Tout comme saint Boniface s'est abstenu d'abattre les
chênes sacrés des païens par scrupule religieux. De même que les choses du
monde sont devenues vaines, de même les pensées de l'esprit doivent devenir
vaines.
« S'opposer à l'État, renverser les lois en vigueur, on ne s'en souciait pas,
étant déterminé à ne pas se laisser imposer plus longtemps par les réalités
existantes et tangibles ; mais qui oserait transgresser l'idée d'État et ne pas se
plier à l'idée de loi ? Ton abaissement face à ce principe te transforme en un
sectateur captif. Tu es tenu de respecter la loi et l'esprit de l'État. « Enfin,
nous ne pouvons que nous efforcer d'être « citoyens et fidèles serviteurs de
l'État » et de « louer la grandeur et la toute-puissance de ce Dieu devenu
notre maître ». Dans l'homme comme dans la nature, il n'y a que la pensée
qui vive, tout le reste est mort ! C'est à cette abstraction, à la vie des
universaux, à la vie de ce qui sans vie, qu'aboutit l'histoire de l'esprit. Dieu
seul vit qui est esprit, il n'y a que le fantôme.

« Le degré de mon attachement et de mon dévouement donne la mesure de


ma servitude, le degré de mon délit donne la mesure de mon individualité. »

L'adhésion au catholicisme implique que lorsque l'on est pénétré par lui, le processus de se libérer de
ses effets profondément trompeurs devient très difficile. La situation actuelle des personnes religieuses
qui ne croient plus fermement en Dieu, mais restent attachées aux principes saints de leur foi, peut être
attribuée à la Réforme luthérienne. Toutes les religions sont donc en fin de compte un code moral
personnel profondément enraciné en eux-mêmes.

Stirner dit : « La foi morale est aussi fanatique que la foi religieuse:
« Chaque Prussien porte en lui un gendarme: s’exclame un officier supérieur
prussien. » « Ce n'est pas moi qui vis, mais la loi qui vit en moi. » « Vous
prétendez être libérés d'un Dieu exclusif, mais vous êtes prompts à mettre au
monde d'autres dieux que vous suivez et vénérez et dont vous ne pouvez
vous débarrasser».

Or, ne peut-on pas appliquer ce que le christianisme (la religion) a conçu


contre les passions à sa prescription selon laquelle l'esprit (les pensées, les
représentations, les idées, les croyances, etc.) nous détermine?
Celle-ci conduirait à la dissolution de l'esprit, de toute pensée, de toute
représentation. De même que nous avons dit: « Nous devons avoir la
passion, mais la passion ne doit pas nous avoir », disons désormais : « Nous
devons avoir l'esprit, mais l'esprit ne doit pas nous avoir ». Toutes idées ne
sont pas libres devant moi, elles sont ma propriété, elles sont miennes et je
peux les faire disparaître ou les remettre en cause à tout moment.

Il en résulte que tout jugement que je porte sur un objet est la créature de ma
volonté. Et de cette observation en naît une autre ; celle à laquelle je ne me
perds jamais dans ma créature, le jugement, mais que je demeure le créateur,
le juge qui sans cesse crée. Tous les prédicats des objets sont mes
affirmations, mes jugements, mes créations. S'ils veulent se détacher de moi
pour devenir quelque chose en soi ou même de m'en imposer, je n'ai rien de
plus pressé que de les rappeler dans leur néant, à savoir en moi leur créateur.
Dieu, le Christ, la Sainte Trinité, la Moralité, la Nation, le Peuple, la Patrie, le
Bien, le Mal, le Divin, la Société, le Bien commun etc., sont des créatures de
ce genre. Ensuite je ne me permets pas seulement de dire qu'il s'agit de
vérités, mais aussi d'illusions.

— S'ennuyant à l'université de Berlin, Stirner décide donc d’étudier à l’université d’Erlangen, la ville
où sa mère, une Reinlein, est née et où ses parents vivent sûrement encore. Pendant six mois, il étudie
la théologie, la logique et la métaphysique. Puis lassé par l'université, il fait une pause de trois ans et
demi et effectue son seul voyage à travers l'Allemagne. Par la suite Stirner se demande s'il doit
continuer à fréquenter l'université pour sa tranquillité et sa diversité, ou s'il doit explorer d'autres
domaines d'études. Il a également examiné la possibilité de cesser ses études afin de mener d'autres
activités. Outre ses objectifs futurs, encore peu clairs, il met en lumière le processus et les méthodes
d'enseignement établis. — Un système scolaire fondé sur des procédés qui met l'accent sur le
formalisme pratique et ignore la capacité de l'individu à créer la beauté et sa propre vérité à travers son
originalité et sa raison. Autrement dit, ce système scolaire n'a pas d'autre objet que celui de bloquer
l'enfant dans sa volonté à devenir créateur, à la place, il est fait quelqu’un de discipliner et docile.

Dieu, l'immortalité, la liberté et l'humanité s'impriment en nous dès l'enfance sous forme de sentiments
et de pensées qui nous animent avec plus ou moins de force.

Stirner indique : Dieu, l'immortalité, la liberté, l'humanité, etc., s'imprègnent


en nous dès l'enfance comme des sentiments et pensées qui émeuvent plus
ou moins fortement notre être intérieur, soit qu'ils nous dominent
inconsciemment, soit, chez les natures plus riches, qu'ils se manifestent sous
forme de systèmes et d'œuvres d'art, mais ce sont des impressions qui nous
sont données et non provoquées en nous, parce que nous y croyons et
devons en dépendre.

Il est nécessaire de faire la distinction entre les sentiments qui vous sont
données et celles qui ne s'éveillent qu'en vous. Ces derniers sont mes propres
sentiments égoïste, parce qu'ils n'ont pas été imprimés en moi., annoncés et
imposés comme sentiments, tandis que je me prélasse sur les premiers, que
je les soigne en moi comme ma part d'héritage, que je les cultive, que j'en
suis possédé. Qui donc, plus ou moins consciemment, n'a pas remarqué que
toute notre éducation a pour objet de faire naître en nous des sentiments, de
nous les suggérer au lieu de laisser ce soin à nous-mêmes quoi qu'il arrive ?
Entendons-nous le nom de Dieu, nous devons ressentir en nous la crainte
divine, celui de Sa Majesté le Roi, nous éprouvons les sentiments de respect,
vénération, soumission, le nom de la Morale, nous pensons à quelque chose
d'inviolable, le nom du Mauvais, nous tremblons, etc. C'est à ces sentiments
que l'on tend et quiconque par exemple éprouverait de la satisfaction aux
actes du «Mauvais» devra être «fouetté». Ainsi bourrés de sentiments
suggérés nous paraissons aux portes de la majorité et sommes déclarés
«majeurs». Notre équipement consiste en «sentiments élevés, pensées
sublimes, maximes inspiratrices, éternels principes, etc.» On pousse les
jeunes en troupeau à l'école afin qu'ils apprennent les vieilles ritournelles et
quand ils savent par cœur le verbiage des vieux, on les déclare «majeurs».
En face de toute chose ou de tout mot qui se présente à nous, nous n'avons
pas la permission d'éprouver ce que nous pourrions et voudrions éprouver,
par exemple, le nom de Dieu ne peut pas nous inspirer des pensées drôles,
des sentiments irrespectueux, il nous est prescrit et indiqué ce que nous
devons penser et sentir et comment nous le devons.

Quelques années plus tard, Stirner accroît ces idées dans un article intitulé « Les faux principes de notre
éducation, ou le réalisme et le matérialisme » Das unwahre Prinzip unserer Erziehung, publié dans la
Gazette du Rheinische Zeitung en 1842. Dans ce document, il affirme que depuis des siècles, les écoles
et les universités ont transformé les étudiants en créatures passives qui ne peuvent qu'être formées, au
lieu de les guider pour qu'ils deviennent des êtres créatifs et des créateurs. Ses critiques portaient sur le
style d'enseignement dogmatique, l'infaillibilité des enseignants, le contrôle strict de l'État et de
l'Église, bref la suppression de la personnalité individuelle.

La misère de notre ancienne éducation est que le savoir n'a pas été
purifiée en volonté, en l'auto-activité, en pratique pure. Les réalistes ont
reconnu cette divergence, mais ne l'ont corrigée que de façon pathétique
en formant des « homme pratique », « réalistes » à leur tour. Dénués
d'idées et de liberté. La plupart des étudiants-enseignants instituteurs sont
une preuve vivante de cette orientation triste. Au mieux, tailler, ils taillent
à leur tour, dressés, ils dressent de nouveau.

Selon Stirner, le seul but de cette éducation est de produire des créatures, en ce sens qu'ils sont formés
en tant que citoyens dociles et utiles. Après son séjour en Allemagne, Stirner n'est toujours pas
convaincu et peut-être, sous la pression de sa famille bourgeoise, décide de s’inscrire à l'université de
Königsberg. Au lieu de cela, il choisi de s’installer avec ses parents à Kulm pendant un an, à l'âge de 24
ans, il s'engage comme soldat prussien et se voit contraint de retourner à Königsberg. On ne peut
qu'imaginer ce qu'il a vécu à l'époque, Mais Stirner a vite trouvé un moyen de se sortir de cette dure
réalité. Il réussit à se faire exempter du service militaire en tant qu’invalide. Max Stirner est déterminé
à terminer ses études. De retour à Berlin, il trouve la force de surmonter les obstacles et s'immerge dans
les cours et les conférences. Ses études, cependant, seront encore interrompues : pour des raisons de
santé. Puis, en 1833, Stirner reprend l'étude de la philologie classique afin de devenir professeur de
lycée. Dès lors, les mois d'hiver seront pour lui consacrés aux examens préparatoires.

En 1834, Schmidt passe les examens pour le pro facultate dossendi, mais en raison de la dégradation de
l'état de santé de sa mère, on lui demande de l'assister pendant son séjour à Berlin. Schmidt demande
un bref délai pour les examens et est autorisé sous conditions à enseigner en avril 1835.

Plus tard, Stirner enseigne en tant que professeur stagiaire à la Lehlschule, toutefois il ne parviendra
jamais à obtenir un poste d'enseignant régulier dans une institution publique. De 1833 à 1837, Max
Stirner vit avec sa sage-femme Brutz, au 2 Neuen Markt, où vit également sa petite-fille Agnes Clara
Nigunde Brutz. Il se marie à Agnes, qui devient sa femme le 12 décembre 1837. Le mariage est célébré
par un prêtre protestant à l'église Sainte-Marie de Berlin. En 1838, le couple déménage au
Klosterstrasse 5/6, puis au Oranienburgerstrasse 86. Dans leur nouvel appartement, la jeune Agnès
Clara meurt tragiquement des suites d'un accouchement prématuré. Cette épreuve difficile l’amène à
retourner chez sa sage-femme, Brutz.

En 1839, Johann Kasper Schmidt devient professeur de littérature à l'institut littéraire de Madame
Gropius, au Kölnischer Fischmarkt 4, au cours de ces cinq années à ce poste d'enseignant, il mena une
double vie. En tant que Stirner, il fréquente le Groupe des Libres, un cercle d’intellectuelle universitaire
d'opposition d'extrême gauche. Marx, Engels, Bauer, Buhl et Ruge et beaucoup d’autre en font partie. A
cette époque, Stirner est très actif dans la rédaction d'articles d'opposition de la gauche hégélienne.

Ce fut aussi durant cette période que Stirner rédigea son chef-d'œuvre « l’Unique et Sa Propriété » Der
Einzige und sein Eigentum. En outre, il parapha Johann Casper Schmidt dans ses commentaires sur les
tragédies de Schiller à l'Institut Gropius. Les étudiants apprécièrent beaucoup leur charmant professeur.
C'est parmi le cercle des libres penseurs que Stirner rencontre Marie Denhardt, qui deviendra plus tard
sa seconde épouse. Le Groupe des Libres se réunissait dans un bar à vin simple et confortable situé au
94 de la Friedrichstraße à Hippel, Berlin. Les discussions étaient très animées, l'insatisfaction envers la
situation politique et sociale était répandue parmi tous les membres. Les discussions et les thèmes
abordés étaient la censure, le socialisme et la possibilité de lutter contre le pouvoir.

Le mariage de Stirner et de Marie Denhardt fit sensation à Berlin et donna lieu à une lettre officielle
adressée à l’Empereur. À l'époque, la légalisation du mariage nécessitait une cérémonie religieuse,
toutefois Stirner ne s'intéressait guère à l'Église. Face à leur assiduité, ils ont fait venir le prêtre chez
eux. Les amis de Hippel Bar fut tout invités. Pour démontrer leur quête d’émancipation personnelle, ils
choisirent de se vêtir de manière non convenu et décontractée, en manches de chemise. Alors que le
prêtre entame la pratique de la rituelle, un événement gênant se produit. Les alliances étaient
introuvables ! Les Stirner n'avaient jamais considéré que les alliances faisaient partie inclusive d'un
mariage ‘’chrétien’’. Encore heureux, Bauer intervient pour remédier à la situation, il détache de sa
bourse deux anneaux de la même taille que les alliances. Mécontent, l’aumônier se rend compte que ces
viroles sont provisoires. Il procède alors à leur bénédiction et les passe aux doigts des mariés.

En octobre 1844, un livre intitulé Der Einzige und sein Eigentum, édité par Otto Wiegand, est publié à
Leipzig. Max Stirner en est l'auteur et le dédie à sa maîtresse Marie Denhardt. Il fut d'abord saisi en
Saxe et en Prusse. Cependant, la saisie en Saxe est soudain levée. Le livre étant jugé trop ridicule pour
représenter un réel danger. Seulement, il est à nouveau ressaisi en vertu de nouveaux décrets…

— Voir Max Stirner: His Life And His Work John Henry Mackay, pour plus d’informations.

L’« Unique » peut être vu de différentes manières. D'une part, il peut s'agir d'un examen rétrospectif
des discussions politiques et sociales intenses qui ont eu lieu au milieu du XIXe siècle, tout au long de
la période du Vormärz et du mouvement de la Paulskirche, dont l'auteur a lui-même vécu. Stirner était
aligné du côté des jeunes Hégéliens de gauche, de sorte que ce livre peut être considéré comme une
œuvre philosophique et politique qui s’oriente sur des aspects spécifiques. En termes plus simples, il
affirme que la liberté, l'humanité et la vérité sont des constructions utopiques qui nous contraignent
dans tous les aspects de notre existence. Une troisième façon de lire L’« Unique » peut aussi être
examiné comme un texte thérapeutique, offrant des conseils sur l'authenticité et l'expression de soi.
Stirner explique comment nous pouvons rester fidèles à nous-mêmes, notamment en nous engageant
constamment dans ce processus, qui permet d'affiner notre indépendance et notre autonomie et de créer
de véritables liens avec les autres.
Les deux aspects de Stirner

La pensée de Max Stirner peut être décrite comme une pensée libératrice à tout égard, axée sur
l'individualisme. D'un autre côté, son attitude envers ses deux femmes ne saurait être qualifiée de
progressiste ni de libertaire. Hélas, on sait peu de choses à ce sujet, mais selon un ami, Johann Casper
Schmidt s'est couché un soir pour trouver sa femme Agnes Clara déjà nue. Surpris par cette approche
du sexe opposé, il ne peut plus avoir de contact intime avec elle. Stirner n'est libre que dans sa tête.
Dans la vie de tous les jours, pour autant, il se présente comme un Philistin conservateur, un citoyen
prussien Schmidt.
Sa seconde épouse, Marie Denhardt, fut l'une des premières femmes à être émancipée à l'époque. Après
avoir quitté le domicile familial, elle s'installe à Berlin. Elle était confiante et prenait plaisir à échanger
sur les discussions et la vie en général. Elle ne voulait pas être une mauvaise maîtresse de maison. Avec
Max Stirner, Marie Dähnhardt aspirait à une vie stable et libératrice. Elle était à l'encontre des règles
générales de moralité. Cependant, Stirner Schmidt ne cesse d’échouer. Elle en est venue à penser
qu'elle ne pouvait plus tolérer ces relations progressives et nomades. Sa nature improbable rendait
insupportables les tourments que Marie éprouvait. Elle quitta Stirner après qu'il eut échoué
financièrement dans sa tentative de se lancer dans le commerce des produits laitiers et qu'il eut liquidé
tous ses biens.

La dernière décennie 1845 – 1856

Suite à la parution de son « Unique », Stirner publia deux des ouvrages les plus importants de l'auteur
français Jean-Baptiste Say, Introduction à l'économie politique pratique, et de l'Anglais Adam Smith,
Étude de la richesse des nations. Il est convaincu de l'importance de cette nouvelle science de la
politique économique et entreprend donc de traduire les deux auteurs en allemand.
En avril 1846, Marie Denhardt se sépare de Stirner pour toujours. Cette « union » dura deux ans et
demi. Elle s'en alla vivre à Londres et lui demeura à Berlin.
En 1848, Stirner rédige une série d'articles politiques pour le journal autrichien Lloyd.
En ces jours, il y avait aussi des émeutes à Berlin. Les réunions de gauche se tenaient toujours au bar à
vin de Hippel. Ils se sont ensuite déplacés au 8 Dorothéenstrasse pour rejoindre d'autres groupes
radicaux pendant la révolution de 1848.

Bien que les nouvelles de la révolution circulent sans cesse, Max Stirner ne participe à aucune action de
lutte pendant cette période de 1848.
À ce stade, Stirner manifeste sa double nature ; d'un côté, l'anarchiste révolutionnaire — Un homme
révolté et écœuré qui en a assez d'un régime oppressif lequel s'immisce dans toutes les relations et
sphères entre les individus. — d'un autre côté, le citoyen prussien Schmidt, le petit-bourgeois de la
période Biedermeier.
À cet égard, Max Stirner en a déçu plus d'un. Lui qui était opposé à toute sorte de soulèvement collectif
dirigé par un ou plusieurs chefs, considérait qu'aucune mobilisation, même infime, ne pouvait avoir
lieu. Au mieux, ils auraient accepté une geste manifeste, mais Stirner ne lance pas même une seule
pierre. Il demeura silencieux devant la révolte de 48. En 1852, Stirner publie son dernier article :
« L'histoire des réactions ». Il s’agit d’un recueil dans laquelle Stirner analyse l'époque de la révolution
et les réactions qui en résultèrent, ce qui pour lui était à la fois inévitable et logique.

Quelque temps après sa séparation, il vit de nouveau une


situation difficile. Outre la faillite de son entreprise
laitière, son seul livre important « L’Unique et sa
Propriété » ne s'est vendu qu'à mille exemplaires. Il ne
parvient plus à mener une vie paisible, tant sur le plan
financier que familial. Au cours de ses luttes quotidiennes
pour survivre, il s'épuise de plus en plus.
Entre 1846 et 1856, il déménage au moins huit fois pour
échapper à ses créanciers. Dans les journaux, il sollicite
ouvertement des prêts pour rembourser d'autres dettes qui
ne finissent pas de s’accumulées, sauf que personne ne lui
fait de retour ; on l’emprisonne pour ses dettes. En mai 1856, Stirner tombe malade. Une bosse sur sa
nuque s'est formée, sans doute causée par une piqûre d'insecte, causant un furoncle. Le streptocoque se
répand dans tout son système nerveux et en quelques jours, une intense fièvre l'affaiblit encore plus.
Max Stirner s’éteint à jamais le 25 juin 1856 dans un modeste appartement au 19 Philippstrasse, à
Berlin. Il est inhumé trois jours plus tard. Seuls quelques amis intimes, dont Bruno Bauer et Ludwig
Bühl, l'ont escorté au cimetière Sophien-Friedhof pour la dernière fois, situé dans la Bergstrasse à
Berlin.

Son dernier domicile miteux du 19


Philippstrasse, Berlin
Copyright © 2001 Sabine Scholz
https://www.geocities.ws/marieundmax/stirner/stirner.htm

Traduit de l’allemand
Étude sur la Littérature Stirnerienne 2023

1 Contribution à la critique de La philosophie du droit de Hegel 1843

Max Stirner L’Unique et sa propriété traduit de l’allemand par Henri Lasvignes

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