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Article original
Faut-il mieux informer les femmes jeunes sur leur fertilité ? Étude des
connaissances sur une population d’étudiantes
Should we better inform young women about fertility? A state-of-knowledge study
in a student population
I N F O A R T I C L E R É S U M É
Historique de l’article : Objectifs. – Évaluer les connaissances d’étudiantes sages-femmes (ESF) dans le domaine de la fertilité
Reçu le 22 juillet 2014 féminine et étudier la décision qu’elles penseraient prendre si un diagnostic d’altération de la réserve
Accepté le 31 décembre 2014 ovarienne leur était posé.
Disponible sur Internet le 27 janvier 2015
Patientes et méthodes. – Étude prospective observationnelle par autoquestionnaire réalisée auprès de
393 ESF de sexe féminin en 4e et en 5e années de sept écoles de maı̈eutique du sud-est de la France de juin
Mots clés : à décembre 2013. Le questionnaire était composé de trois parties : (1) des questions destinées à recueillir
Fertilité
des informations sur la population étudiée ; (2) un questionnaire composé de 10 items visant à tester les
Réserve ovarienne
Connaissances
connaissances concernant la fertilité féminine et la réserve ovarienne ; (3) un autoquestionnaire
Étudiantes simulant un diagnostic d’altération de la réserve ovarienne et quantifiant les décisions que penserait
prendre l’ESF à l’aide d’une échelle de Likert en 5 points.
Résultats. – Le taux de participation a été de 72,5 % (n = 285). La moyenne d’âge était de 22,6 ans 1,9.
Sur les 285 participantes, la notion de réserve ovarienne était connue par 93 % d’entre elles (n = 265) grâce
aux études de maı̈eutique (77 %, n = 204), aux médias (9 %, n = 24) et à d’autres sources d’informations. Au
total, 83,5 % des ESF (n = 238) ont répondu qu’elles étaient intéressées de connaı̂tre leur réserve ovarienne, et
ce dans l’immédiat pour 48,3 % d’entre elles (n = 115). Concernant leurs connaissances, 22,5 % des ESF (n = 64)
ont indiqué penser que la fertilité féminine commençait à décliner à partir de 35 ans ; 85,6 % (n = 244)
pensaient que la fécondation in vitro permettait à une femme de concevoir même avec une réserve ovarienne
considérablement diminuée ; 43,9 % (n = 125) ont répondu que l’activité physique et une alimentation saine
avaient une action bénéfique sur la préservation de la réserve ovarienne. Si elles se savaient atteintes d’une
diminution de leur réserve ovarienne, 76,8 % des ESF (n = 219) seraient tout à fait d’accord pour avoir des
enfants plus tôt que prévu. Parmi elles, 57,9 % (n = 165) approuveraient d’avoir recours à une
autoconservation de leurs ovocytes dans ce contexte.
Discussion et conclusion. – Cette étude est la première en France à évaluer dans une population
d’étudiantes leurs connaissances sur la fertilité. Nous avons observé : (1) des lacunes et des idées reçues sur
la fertilité féminine dans une catégorie de jeunes femmes ayant pourtant reçu une formation médicale ; (2)
une vision trop optimiste des capacités de la fécondation in vitro à pallier une infertilité liée à l’âge ; (3)
l’adhésion de jeunes femmes n’ayant pas fini leurs études et ayant un projet professionnel à la possibilité de
recourir à une autoconservation sociétale de leurs ovocytes ; (4) qu’une information adéquate sur la baisse
de la fertilité avec l’âge pourrait avoir un impact sur la décision d’avoir un enfant plus jeune. Bien que les
modalités exactes restent à définir en termes d’organisation, une information spécifique concernant la
diminution de la fertilité avec l’âge devrait être proposée à toutes les jeunes femmes, afin qu’elles puissent
s’organiser de façon éclairée pour allier à la fois parcours professionnel et familial.
ß 2015 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
* Auteur correspondant.
Adresse e-mail : blandine.courbiere@ap-hm.fr (B. Courbiere).
http://dx.doi.org/10.1016/j.gyobfe.2015.01.002
1297-9589/ß 2015 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
L. Chelli et al. / Gynécologie Obstétrique & Fertilité 43 (2015) 128–132 129
A B S T R A C T
Keywords: Objectives. – To assess midwifery students’ knowledge in the field of female fertility and to study their
Fertility decision if they had diagnosis of diminished ovarian reserve (DOR).
Diminished ovarian reserve Subjects and methods. – A prospective observational study by self-administered questionnaire was
Knowledge conducted among female midwifery students of seven French schools from June to December 2013. The
Female students.
questionnaire had three parts: (1) questions designed to gather information on the study population; (2)
a questionnaire consisting of 10 items to test knowledge about female fertility and ovarian reserve; (3) a
self-administered questionnaire simulating a DOR diagnosis and quantifying the decision that students
would make using a Likert scale of 5 points.
Results. – The participation rate was 72.5% (n = 285/393). The average age was 22, 6 years 1.9. Among
the 285 participants, the ovarian reserve concept was known by 93% of them (n = 265) thanks to the
midwifery studies (77%, n = 204), the media (9%, n = 24) and other sources of information. In total, 83.5% of
midwifery students (n = 238) were interested in assessing their ovarian reserve, and 48.3% of them were
interested in evaluating it immediately (n = 115). Among midwifery students, 22.5% of them (n = 64)
reported that female fertility began to decline from the age of 35 years old; 85.6% (n = 244) thought that in
vitro fertilization allowed women to conceive if fertility is related to a diminished ovarian reserve; 43.9%
(n = 125) answered that physical activity and a healthy diet had a beneficial effect on the ovarian reserve. If a
DOR was diagnosed to them, 76.8% of students (n = 219) would be likely to conceive their first child earlier
than expected. Among them, 57.9% (n = 165) would agree to have oocyte freezing in this context.
Conclusion. – This study is the first in France that assessed students’ knowledge on fertility. We
observed: (1) gaps and misconceptions about female fertility despite a medical training in midwifery
students; (2) a belief that in vitro fertilization is effective to overcome infertility related to age; (3) that
some of these young students would be favorable to oocyte social freezing (technique not allowed in
France); (4) that an adequate information on the decrease of fertility with age could lead some students
to anticipate their first pregnancy. Specific information regarding the decrease of fertility with age
should be offered to all reproductive-aged young women.
ß 2015 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.
un autoquestionnaire, qui après avoir demandé leur attitude face connaı̂tre leur âge ovarien, et ce dans l’immédiat pour 48,3 %
à une proposition de dépistage de leur réserve ovarienne, d’entre elles (n = 115). Dans la proportion des étudiantes
simulait un diagnostic d’insuffisance ovarienne précoce avec éprouvant un intérêt pour connaı̂tre leur âge ovarien, 34,9 %
évaluation de leur réaction vis-à-vis de leur vie de couple et (n = 83) y seraient favorables dans les cinq prochaines années et
professionnelle à l’aide d’une échelle de Likert en 5 points. 16,8 % (n = 40) dans les dix prochaines années.
Le Tableau 1 rapporte les réponses aux questions portant sur la
Les questionnaires ont été numérotés par leur rang de réception fertilité féminine et plus particulièrement sur la réserve
et aucune information relative à l’identité des participantes n’a été ovarienne : 22,5 % (n = 64) des ESF ont indiqué que la fertilité
demandée. Des statistiques purement descriptives ont été utilisées féminine commençait à décliner à partir de 35 ans ; 85,6 % (n = 244)
pour l’obtention des résultats. Cette étude a reçu au préalable l’avis ont répondu que la fécondation in vitro permettait à une femme de
favorable du comité d’éthique de la recherche en obstétrique et concevoir même avec une réserve ovarienne considérablement
gynécologie (CEROG no 2013-GYN-02-02-R1). diminuée. Pour 43,9 % d’entre elle (n = 125), l’activité physique et
une alimentation saine avaient une action bénéfique sur la
3. Résultats préservation de la réserve ovarienne, tandis que 26 % (n = 74)
connaissaient la probabilité d’obtenir une grossesse au cours d’un
Le taux de participation a été de 72,5 % : sur 393 étudiantes cycle menstruel chez une femme de 35 ans.
sage-femme (ESF) de sexe féminin contactées, 285 ESF ont répondu S’il leur était diagnostiqué une diminution de leur réserve
à l’étude. Les participantes avaient pour moyenne d’âge ovarienne, le Tableau 2 montre les réponses concernant les
22,6 ans 1,9 : 52,3 % (n = 149) étaient en 5e année d’étude ou conséquences qu’elles penseraient que cela aurait sur leurs projets
master 2 tandis que 47,7 % (n = 136) étaient en 4e année d’étude ou professionnel et familial. Parmi les ESF, 31,6 % (n = 90) étaient
master 1. Seules 13,7 % des ESF (n = 39) ont déclaré avoir effectué un d’accord ou tout à fait d’accord avec l’idée de se mettre en couple dès
stage en centre d’assistance médicale à la procréation tandis que l’annonce du diagnostic et 76,8 % des ESF (n = 219) étaient tout à fait
45,6 % d’entre elles (n = 130) ont eu un enseignement théorique dans d’accord ou d’accord pour avoir des enfants plus tôt que prévu. Parmi
ce domaine. Les mères des ESF avaient une moyenne d’âge de elles, 57,9 % (n = 165) approuvaient le recours à une autoconserva-
28,7 ans 4,6 ans à la naissance de leurs filles et aucune n’a eu de tion de leurs ovocytes dans ce contexte. En cas d’altération de leur
ménopause précoce. Parmi les ESF, 62,8 % ont déclaré être en couple réserve ovarienne, 53,7 % (n = 153) n’étaient pas d’accord pour avoir
(n = 179) et 61,8 % (n = 176) se sont dites prêtes à envisager dans les recours au don d’ovocyte. Le recours à une adoption serait une
années à venir un projet de grossesse. possibilité à considérer pour 42,8 % (n = 122) d’entre elles. Les ESF
La notion de réserve ovarienne était connue par 93 % des ESF étaient 70,8 % (n = 202) à être contre la démarche d’interrompre
(n = 265) grâce aux études de maı̈eutique (77 %, n = 204), aux leurs études transitoirement le temps d’avoir un enfant et 54,4 %
médias (9 %, n = 24) et à d’autres sources d’informations. Parmi les (n = 155) étaient d’accord pour dire que cette annonce théorique
ESF, 83,5 % (n = 238) ont indiqué qu’elles étaient intéressées de n’aurait aucune incidence sur le cours de leurs études.
Tableau 1
Résultats de l’autoquestionnaire consacré à la fertilité féminine.
À quel âge la fertilité naturelle décline chez une femme ? 35 ans 64 (22,5) 215 (75,4) 6 (2,1)
Fumer risque d’altérer la réserve ovarienne Vrai 242 (84,9) 22 (7,7) 21 (7,4)
Les contraceptifs oraux ont des effets délétères sur la réserve ovarienne Faux 234 (82,1) 16 (5,6) 35 (12,3)
La régularité des cycles menstruels est le marqueur d’une réserve ovarienne normale Faux 209 (73,3) 41 (14,4) 35 (12,3)
La fécondation in vitro permet à une femme de concevoir même avec une réserve Faux 24 (8,4) 244 (85,6) 17 (6)
ovarienne considérablement diminuée
La réserve ovarienne peut varier considérablement chez les femmes Vrai 258 (90,5) 15 (5,3) 12 (4,2)
Il a été démontré que l’activité physique et une alimentation saine ont une action Faux 40 (14) 125 (43,9) 120 (42,1)
bénéfique sur la préservation de la réserve ovarienne
Si une femme suit une chimiothérapie, elle peut envisager, au préalable, une congélation Vrai 250 (87,7) 7 (2,5) 28 (9,8)
d’ovocytes
Chaque femme dispose d’une réserve ovarienne fixe et non renouvelable dès la naissance Vrai 260 (91,2) 20 (7) 5 (1,8)
Quelle est la probabilité d’obtenir une grossesse au cours d’un cycle menstruel chez une 10 % 74 (26) 151 (53) 60 (21)
femme de 35 ans ?
Tableau 2
Impact supposé d’un diagnostic d’insuffisance ovarienne sur les décisions de planifications professionnelle et familiale des étudiantes sage-femme.
Dans l’hypothèse où une diminution de la réserve ovarienne vous était diagnostiquée, que feriez-vous ?
Tout à fait D’accord (%) Ne sait pas (%) Pas d’accord (%) Pas du tout
d’accord (%) d’accord (%)
exigée dans le cadre de la spécialisation en gynécologie- [6] Bunting L, Tsibulsky I, Boivin J. Fertility knowledge and beliefs about fertility
treatment: findings from the International Fertility Decision-making Study.
obstétrique et en gynécologie médicale, beaucoup d’internes de Hum Reprod 2013;28:385–97.
spécialité ne réalisant pas de choix en médecine de la reproduction [7] Bretherick KL, Fairbrother N, Avila L, Harbord SHA, Robinson WP. Fertility and
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voient d’informer toutes les femmes entre 20 et 30 ans des effets de [9] Sabarre K-A, Khan Z, Whitten AN, Remes O, Phillips KP. A qualitative study of
Ottawa university students’ awareness, knowledge and perceptions of infer-
l’âge sur la fertilité [26]. Bien que les modalités exactes restent à tility, infertility risk factors and assisted reproductive technologies (ART).
définir en termes d’organisation sur le territoire, une information Reprod Health 2013;10:41.
spécifique concernant la diminution de la fertilité avec l’âge devrait [10] Hashiloni-Dolev Y, Kaplan A, Shkedi-Rafid S. The fertility myth: Israeli stu-
dents’ knowledge regarding age-related fertility decline and late pregnancies
être proposée entre 20 et 30 ans, afin que les femmes puissent
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s’organiser de façon éclairée pour allier à la fois parcours [11] Maheshwari A, Porter M, Shetty A, Bhattacharya S. Women’s awareness and
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[19] Craig BM, Donovan KA, Fraenkel L, Watson V, Hawley S, Quinn GP. A genera-
Annexe A. Matériel complémentaire
tion of childless women: lessons from the United States. Womens Health
Issues 2014;24:e21–7.
Le matériel complémentaire (Questionnaire) accompagnant la [20] Belaisch-Allart J, Brzakowski M, Chouraqui A, Grefenstette I, Mayenga J-M,
Muller E, et al. [Social egg freezing: which problems?] Gynec Obstet Fertil
version en ligne de cet article est disponible sur http://www. 2013;41:518–20.
sciencedirect.com et http://dx.doi.org/10.1016/j.gyobfe.2015.01. [21] Pennings G. Ethical aspects of social freezing. Gynec Obstet Fertil 2013;41:
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