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REPUBLIQUE DU CAMEROUN PAIX-TRAVAIL-PATRIE

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EXPOSE DES MOTIFS


du projet de loi portant loi de finances de la République
du Cameroun pour l’exercice 2018

Le projet de loi de finances pour l’exercice 2018 a été élaboré conformément aux hautes
orientations du Chef de l’Etat contenues dans la Circulaire N°001/CAB/PR du 20 juin 2017 relative
à la préparation du budget de l’Etat pour l’exercice 2018.

Ce projet traduit la volonté de continuer à impulser une croissance forte malgré un


environnement international marqué par la persistance du faible niveau des cours du pétrole brut,
et un contexte national caractérisé par la mise en œuvre du Programme économique et financier
triennal conclu avec le FMI le 26 juin 2017, d’une part, et l’insécurité transfrontalière, en
particulier dans la Région de l’Extrême-Nord, d’autre part.

Ce projet de budget s’équilibre en recettes et en dépenses à 4 513,5 milliards de francs


CFA contre 4 373,8 milliards de francs CFA en 2017, soit une augmentation de 139,7
milliards de francs CFA en valeur absolue et 3,2% en valeur relative.

Afin de mettre en œuvre les engagements pris par l’Etat dans le cadre du Programme
économique et financier sus-évoqué, de nombreuses mesures nouvelles sont proposées aux plan
douanier, fiscal et financier, dans le but (i) d’accroître la mobilisation des recettes internes, par
une augmentation du taux de la pression fiscale qui passerait de 12,5% du PIB en 2017, à 12,9%
en 2018 ; (ii) de resserrer les dépenses publiques et (iii) de maîtriser le rythme de l’endettement.

Au plan douanier (article deuxième), il est envisagé :

 Des mesures relatives à l’élargissement de l’assiette fiscale comme suit :


- Refondation de la politique globale de taxation à l’exportation ;
- Amélioration de la procédure de dédouanement des produits pétroliers à la SONARA et
du système de recouvrement des droits et taxes ;
- Soumission des armes, leurs parties et les munitions aux droits d’accises au taux de
25%.

 Des mesures de facilitation et d’amélioration du climat social et des affaires


ainsi qu’il suit :
- Clarification de la réglementation en matière de taxation des logiciels, redevances, droit
d’usage, licences et mises à jour ;
- Institution d’entrepôts de véhicules d’occasion de moins de 10 ans d’âge ;
- Définition d’un cadre réglementaire pour la reprise éventuelle d’un contrôle ou une
vérification, sur une période déjà contrôlée, en cas notamment de découverte
d’éléments nouveaux dissimulés lors du précédent contrôle ;
- Exonération de la TVA sur certains produits à usage agricole, médicale et
pharmaceutique, en vue de l’amélioration des conditions de vie ;
- Assouplissement des conditions d’exercice des recours contentieux ;
- Renforcement des pouvoirs de l’Administration des douanes dans le cadre de la lutte
contre l’incivisme fiscal des importateurs et exportateurs, conformément aux
dispositions du code des douanes CEMAC et de la loi de finances 2010 ;
- Habilitation de la Direction Générale des Douanes à percevoir une rémunération auprès
des sociétés d’inspection et de tout autre organisme exerçant sur les plateformes
douanières ou bénéficiant de l’intervention du personnel douanier, correspondant soit à
l’utilisation de son patrimoine soit pour un service rendu ;
- Adaptation des taux d’imposition tarifaire à l’activité industrielle.

En ce qui concerne les dispositions relatives au Code Général des Impôts (articles
troisième et suivants), les évolutions sont centrées essentiellement sur l’amélioration du climat des
affaires et le renforcement des garanties octroyées aux contribuables, l’élargissement de l’assiette,
la sécurisation des recettes et la promotion socio-économique. Il est prévu ce qui suit, à travers la
modification des articles concernés du Code Général des Impôts :
- Consécration de la non déductibilité de la TVA et du bénéfice imposable à l’Impôt sur les
sociétés, des opérations consécutives à une fraude ou un détournement ;
- Consécration de la transmission automatique de la documentation relative aux prix de
transfert par les grandes entreprises ;
- Arrimage de notre dispositif de lutte contre la fraude et l’évasion fiscales internationales
aux standards internationaux en la matière ;
- Consécration de l’option entre le régime d’acompte d’IR sur le chiffre d’affaires et celui
sur la marge ;
- Ajustement des modalités de perception des impôts et taxes sur les dépenses
effectuées sur le budget de l’Etat ;
- Simplification des formalités requises pour le bénéfice du régime d’imposition allégée à
l’IRPP des revenus exceptionnels ;
- Encadrement du suivi des entreprises individuelles disposant de plusieurs
établissements situés sur le territoire de différents centres des impôts ;
- Clarification de la notion de profession libérale ;
- Consécration de l’exonération de la TVA des intérêts rémunérant les prêts accordés par
les établissements de micro-finances (EMF) de première catégorie à leurs membres et
dispense du droit de timbre gradué sur lesdits prêts ;
- Mise à jour de la liste des équipements médicaux exonérés de la TVA ;
- Consécration de l’assujettissement à la TVA par option ;
- Instauration d’un droit d’accise spécifique sur les jeux de hasard et de divertissement ;
- Application du taux réduit des droits d’accises de 120 FCFA à tous les vins produits
localement ;
- Extension du champ des droits d’accises spécifiques à tous les emballages non
retournables ;
- Simplification de la procédure de remboursement des crédits de TVA ;
- Suppression des centimes additionnels communaux (CAC) grevant la taxe sur les jeux
de hasard et de divertissement ;
- Soumission à la taxe spéciale sur le revenu (TSR) au taux réduit de 5%, des
rémunérations versées à l’étranger pour la fourniture de l’accès aux prestations
audiovisuelles à contenu numérique ;
- Application d’un taux réduit de TSR aux opérations pétrolières de la phase
d’exploration ;
- Substitution du quitus fiscal actuellement exigé pour l’exportation des produits forestiers
et miniers, par l’attestation de non-redevance ;
- Arrimage des taux des redevances et taxes minières à ceux prévus par le code minier ;

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- Harmonisation du régime d’enregistrement de la commande publique quelle que soit la
source de financement ;
- Modalités de timbrage des documents soumis au droit de timbre ;
- Elargissement du champ d’application des droits de timbre automobile (DTA) et
institution d’un plafond de recettes de DTA affectées aux CTD ;
- Relèvement du tarif du droit de timbre aéroport sur les vols internationaux ;
- Consécration de l’exigence d’inscription au fichier des contribuables actifs pour procéder
aux opérations douanières ;
- Consécration législative de la réforme du paiement des impôts, droits et taxes en
espèces auprès des banques ;
- Consécration du principe des contrôles conjoints impôts/douanes ;
- Extension de l’encadrement de la recevabilité des pièces justificatives à la phase
juridictionnelle du contentieux ;
- Consécration de la possibilité d’exercice du droit de communication à partir du bureau
dans le cadre des demandes de renseignements pour le compte d’une administration
fiscale étrangère ;
- Transmission automatique des informations à caractère fiscal détenues par tous types
d’organismes ;
- Consécration du droit de visite ;
- Clarification des modalités de mise en œuvre des avis à tiers détenteurs (ATD) ;
- Extension du champ de la contrainte extérieure au Receveur des douanes pour le
recouvrement des impôts et taxes internes dus par l’importateur, et la consécration de
la saisine des marchandises importées par les commerçants comme mesure de
recouvrement forcé ;
- Consécration de l’interdiction de soumissionner pour l’obtention d’un titre d’exploitation
forestière pour les entreprises forestières ne respectant pas leurs obligations fiscales ;
- Extension de l’exigence de l’attestation de non-redevance (ANR) aux autorisations de
transfert des fonds à l’étranger ;
- Renforcement des sanctions découlant de la mise en œuvre d’une taxation d’office ;
- Renforcement de la sanction du droit de communication et de l’exécution de l’avis à
tiers détenteur ;
- Précisions sur le terme des effets du sursis ;
- Alignement des procédures fiscales aux règles de compétence territoriale des tribunaux
administratifs prévues par la loi n°2006/022 du 29 décembre 2006 fixant organisation et
fonctionnement desdits tribunaux ;
- Encadrement des poursuites en recouvrement pendant la phase transactionnelle ;
- Rationalisation des délais de saisine du Tribunal administratif et de présentation des
mémoires, encadrement de la procédure d’échange des écrits et de la production des
conclusions du Parquet Général ;
- Réduction du tarif du timbre communal.

 Autres dispositions financières prévues :


- Obligation pour tous les marchés publics, quels que soient le maître d’ouvrage et le
maître d’œuvre, d’être conclus toutes taxes comprises ;

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- Rappel aux intermédiaires financiers (banques et établissements de micro finance), de
l’obligation du dépôt mensuel d’un rapport relatif aux transactions financières effectuées
avec l’étranger, dans le cadre des opérations du commerce extérieur, tant pour leur
propre compte que celui de leurs clients ;
- Obligation pour les personnes physiques ou morales bénéficiaires de facilités douanières
et fiscales, contenues dans les conventions signées avec diverses autorités
administratives (convention d’établissement, cahier de charges, accord d’établissement,
etc.) antérieures ou en marge de la loi n°2013/04 du 18 avril 2013 fixant les incitations
à l’investissement privé au Cameroun et non ratifiées par le Parlement, de négocier avec
le Ministère en charge des finances, l’arrimage des dispositions desdites conventions à
la loi cadre sur les incitations à l’investissement susvisée, dans un délai d’un an, à
compter de la date de promulgation de la présente loi ;
- Exonération des administrations publiques de tous impôts et taxes sur la diffusion de
leurs communications et informations ;
- Consécration légale de l’exigence de présentation de la quittance de paiement des
impôts, droits et taxes dus sur les mutations de véhicules d’occasion, pour la délivrance
de l’attestation de dédouanement ;
- Instauration du paiement par voie électronique dans les postes de péages et de
pesages.
On note par ailleurs que :
- le seuil pour les emprunts concessionnels a été ramené à 150 milliards de francs CFA,
contre 500 milliards de francs CFA en 2017. Celui des prêts non concessionnels est
maintenu à 500 milliards de francs CFA ;
- le montant des titres publics que le Gouvernement est autorisé à émettre est fixé à 260
milliards de francs CFA, contre 300 milliards de francs CFA en 2017.

Le présent projet repose sur les hypothèses d’un taux de croissance du PIB de 4,2%, un
déficit primaire de 1,7% du PIB (base ordonnancement), en droite ligne des objectifs du
Programme de réformes économiques et financières conclu avec le FMI.

Sur cette base, il est prévu :

- en matière de recettes : (1) des recettes non pétrolières pour 2814 milliards de FCFA ;
(2) des recettes pétrolières et de gaz à hauteur de 362 milliards de FCFA, (3) des prêts
projets pour 571 milliards de FCFA, (4) des émissions de titres publics d’un montant de 260
milliards de FCFA, des financements bancaires à hauteur de 96 milliards de FCFA, des
appuis budgétaires des partenaires au développement pour un montant de 347 milliards
de FCFA et (5) des dons d’un montant de 64,5 milliards de FCFA.

- en matière de dépenses, les 4 513,5 milliards de FCFA se répartissent ainsi qu’il suit :
(1) dépenses courantes évaluées à 2 195 milliards de FCFA (contre 1981,1 milliards
de FCFA en 2017, soit une hausse de 75,8 milliards de FCFA ; (2) dépenses en capital
prévues pour 1 291,5 milliards de FCFA (contre 1525,8 milliards de FCFA en 2017, soit
une augmentation de 43,1 milliards de FCFA) ; (3) service de la dette publique pour
1 027 milliards de FCFA (contre 727,5 milliards de FCFA en 2017).

Telle est l’économie de ce projet de loi soumis à l’examen du Parlement./-

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