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Commentaires sur les nouvelles dispositions prévues par le

projet de Loi des Finances pour 2024

L’Administration fiscale a mis à la disposition de la CCIN en date du 26 décembre 2023, le


projet des dispositions fiscales prévues par le projet de loi de finances pour 2024.
Les six dispositions phares portent sur :
1- Dans la limite de leur objet social, les entreprises constituées sous la forme de WAQF
sont exonérées de :
- L’impôt sur les bénéfices,
- L’IMF,
- L’IRVM sur les revenus des actions,
- les impôts fonciers des immeubles leur appartenant,
- la taxe professionnelle.
2- Le précompte ISB retenu par les clients peut à nouveau être imputé sur les acomptes de
20% dus aux 30/6, 31/8 et 31/10.
3- Toutes les entreprises soumises au régime réel d’imposition sont dispensées de la retenue
du Prélèvement pour Incivisme Fiscal (PIF) ;
4- L’obligation d’enregistrement au taux de 2% des contrats conclus entre personnes privées
prévu à l’article 482 bis est supprimée ;
5- Le CARFI a été supprimé et le recours auprès du CARFI est également supprimé. Seule
le recours auprès du Ministre en charge des finances est maintenu ;
6- Le recours en contentieux auprès du DGI requiert le paiement d’une caution de 10% de
la partie contestée.

Ces dispositions et les autres dispositions contenues dans ce projet de loi de finances
peuvent être résumées comme suit :
1- Toutes les sociétés, quel que soit leur objet sont soumises à l’ISB ;

2- Dans la limite de leur objet social, les entreprises constituées sous la forme de WAQF
sont exonérées de :
a. L’impôt sur les bénéfices
b. L’IMF
c. L’IRVM sur les revenus des actions
d. les impôts fonciers des immeubles leur appartenant
e. la taxe professionnelle

3- Pour les entreprises non-résidentes qui dispose d’un établissement stable au Niger,
l’impôt est établi au nom de l’établissement stable (ES). La définition de l’établissement
stable a été intégrée au CGI presque identique à celle prévue par la Convention fiscale
des pays de l’UEMOA sauf pour l’entrepôt pour stocker les marchandises pour autrui
qui est qualifié d’ES par le CGI. Constituent donc des établissements stables :
a. Un siège de direction ;
b. Une succursale ;
c. Un bureau ;
d. Une usine ;
e. Un atelier ;
f. Un entrepôt mis à la disposition d'une personne pour stocker les marchandises
d'autrui ;
g. Une mine, un puits de pétrole ou de gaz, une carrière ou tout autre lieu de
stockage ou tout autre lieu d'extraction des ressources naturelles et une
installation ou une structure utilisée dans le cadre d'une exploration et d'une
exploitation de ressources naturelles ;
h. Un chantier de construction ou de montage, ou une installation ou un projet
d'assemblage, ou des activités de supervision y afférents, à condition que la
durée du chantier, du projet ou de l'activité en question dépasse six mois au cours
d'une période de 12 mois.

4- Pour les charges déductibles, il a été apporté une nouvelle limitation et deux nouvelles
déductions :
a. Les intérêts servis aux entreprises associées ou liées (y compris pour les prêts
garantis par ces entreprises) ne sont déductibles que dans la limite de 15% de
l’EBE. Pour les intérêts servis par les banques aux entreprises qui leur sont
associées ou liées, ils ne sont déductibles qu’en tenant compte des règles en
matière de prix de transfert.
b. Les dépenses relatives à la responsabilité sociétale ou sociale sont déductibles à
hauteur de 0,5% du chiffre d’affaires lorsqu’elles sont versées aux associations,
fondations et aux populations vulnérables ;
c. Les libéralités faites à l’Etat dans le cadre de la participation au Fonds de
Solidarité pour la Sauvegarde de la Patrie (FSSP) sont déductibles sans
limitation. Ces dons sont également exclus de la base de la Taxe sur certains frais
généraux des entreprises (TCFGE) alors que les autres libéralités à l’Etat sont
soumises à cette taxe de 28%.
5- Les entreprises soumises au régime réel normal ou simplifié qui tiennent leur
comptabilité au moyen de systèmes informatisés doivent transmettre en même temps
que leur déclaration de résultat le fichier des écritures comptables validées et clôturées
sous une forme dématérialisée conformément aux dispositions prévues par voie
réglementaire.

6- Pour les achats réalisés auprès des importateurs, grossistes et des industriels relevant du
régime réel d'imposition, dans un but commercial ou présumé tel la facturation du
précompte sur l’impôt sur les bénéfices (précompte ISB) de 2% a été modifiée comme
suit : la notion de certificat de conformité à l’utilisation du SECeF pour l’acheteur qui
permettait de l’exonérer du paiement de ce précompte a été abandonnée.

7- Le précompte ISB peut à nouveau être imputé sur les acomptes de 20% chacun dus aux
30/6, 31/8 et 31/10. Cette possibilité avait été supprimée par la loi de finances pour
2023 ;

8- La TCFGE de 28% n’est pas due sur les contributions versées au Fond de Solidarité
pour la Sauvegarde de la Patrie (FSSP) ;

9- La catégorisation des restaurants et des débits de boissons (tableau C2) a été modifiée
avec 12 catégories au lieu de 20 catégories (de moins de 3 000 000 à 50 000 000 FCFA
au lieu de 100 000 000) ;

10- Toutes les entreprises soumises au régime réel d’imposition sont dispensées de la
retenue du Prélèvement pour Incivisme Fiscal (PIF). A compter du 1er janvier 2024, cette
obligation instituée par la loi de finances pour 2023 est limitée aux paiements effectués
par les comptables publics, les projets, les organisations non gouvernementales et les
organismes de l'État, aux fournisseurs de biens et aux prestataires de services ne
justifiant pas d'une Attestation de Régularité Fiscale (ARF) délivrée par l'Administration
fiscale. ;

11- La liste des biens importés, les ventes de biens et les prestations réalisées à l’intérieur
du pays qui sont exonérés en vertu des dispositions de l’article 219 a été réaménagée
avec l’introduction des services au point 8) à savoir : « sont exonérés de la TVA - 8) les
exportations directes de biens et de services et les réexportations par suite de régime
douanier suspensif ». Cette insertion des services autorise la facturation HT des services
utilisés à l’étranger et de retenir ces services rendus au numérateur pour le calcul du
prorata de déduction prévu à aux article 227 et 228 du CGI. Il convient toutefois de
noter que le 4ème alinea de l’article 227 et l’article 228 n’ont pas été modifiés pour
prendre en compte cet impact sur le calcul de ce prorata de déduction ;

12- Le taux réduit de 10% de la TVA est étendu à toutes les activités de prestations
d’hébergement et de restauration et non pas seulement celles réalisées les hôtels ;

13- Il est prévu de rétrocéder une partie des droits d’accises au Fonds National de
Développement du Sport et la liste des produits soumis aux droits d’accises a été
modifiée avec :

- La réduction de 60% à 50%, les droits sur les cigares, cigarillos et cigarettes,
en tabac ou en succédanés de tabac et autres tabacs et succédanés de tabacs
fabriqués,
- La réintroduction des véhicules de tourisme d’une puissance supérieure ou
égale à 13 CV avec des droits d’accises de 10%. Ce produit était exclu de la
liste des produits soumis à ces droits par la loi de finances pour 2023 ;

14- La taxe sur les produits pétroliers raffinés destinés à l’exportation a été supprimée ;

15- Le taux de la taxe sur les recettes de loterie a été porté de 15% à 20% ;

16- Dans le cadre du droit de visite lorsqu’à l’occasion d’une visite, il est découvert des
éléments révélant l’existence en d’autres lieux de pièces et documents se rapportant aux
mêmes agissements, le juge peut autoriser de procéder immédiatement à la visite des
lieux aux fins de saisie de ces pièces et documents.

17- La validité de l’ARF est portée de 45 jours à 3 mois en sa forme originale ou en copie
légalisée. Le timbre est porté de 1 500 F à 10 000 F ;

18- L’obligation d’enregistrement au taux de 2% des contrats conclus entre personnes


privées prévu à l’article 482 bis est supprimée. Cette obligation a été introduite par la
loi de finances pour 2018 ;

19- Le CARFI a été supprimé et le recours auprès du CARFI est également supprimé. Le
CARFI est la 2ème voie de recours après le recours administratif auprès du DGI avec le
recours auprès du Ministre chargé des finances. Cette décision marque un recul
significatif des droits des contribuables ;

20- Le recours en contentieux auprès du DGI requiert le paiement d’une caution de 10% de
la partie contestée. Cette caution a été mise en place par la loi de finances rectificative
pour 2018 puis supprimée par la loi de finances pour 2022 ;

21- Le recours auprès du Ministre chargé des finances est maintenu avec le paiement de la
caution de 15%. Le recours juridictionnel se poursuit avec le paiement de la caution de
25% si le recours auprès du Ministre est fait. Si le recours auprès du Ministre n’est pas
utilisé, le paiement de 50% de la partie contestée est requis.

22- La taxe spécifique sur les tabacs et cigarettes est supprimée.

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