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Québec français

Re(-)présentations de la condition féminine dans les textes des


écrivaines africaines
Bernardette Kassi

Littératures de la francophonie
Number 127, Fall 2002

URI: https://id.erudit.org/iderudit/55805ac

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Les Publications Québec français

ISSN
0316-2052 (print)
1923-5119 (digital)

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Kassi, B. (2002). Re(-)présentations de la condition féminine dans les textes des
écrivaines africaines. Québec français, (127), 39–44.

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LITTÉRATURE

Sentir les beautés partout où elles se


trouvent n'est pas une délicatesse de moins,
mats une faculté de plus.
BENJAMIN CONSTANT'

Rien ne m'indiquait que tout cela pouvait


s'écrire au féminin, pourtant.
MADELEINE GAGNON 2

Re( ^présentations
de la condition féminine
dans les textes des écrivaines africaines
PAR BERNADETTE KASSI*

Q uand il s'est agi de célébrer la


femme africaine, le poète (ou
l'écrivain africain, en général) a
su trouver les accents d'un lyrisme qui mêle
de l'histoire littéraire, « ce sera sans doute
parce que [des] maisons d'édition se sont
mises à [les] publier, un public intéressé
s'est mis à les lire, des critiques littéraires
Par leurs œuvres, ces écrivaines « refu-
sent, en les dénonçant, les mensonges des
sociétés d'un continent qui, pour avoir été
séculairement exploité, devrait cesser de se
la plus pure sensualité à une sorte de vé- chevronnés ont pris la peine de commen- tromper lui-même » (Sahel, 1981). Ce
nération, pour en arriver, très souvent, à ter leurs œuvres, des jurys se sont mis à leur constat infère une série de questions à pro-
une totale idéalisation (Condé, 1979, p. 3), décerner des prix et, surtout, parce qu'un pos de ces productions littéraires, dont la
comme le suggère le célèbre poème de Leo- nombre croissant d'Africaines [...] se sont première serait de savoir quelles sont les re-
pold Senghor, « Femme noire », dont nous mises à écrire à ce moment-là » (Volet, présentations privilégiées par les Africaines
citons quelques vers : 1993, p. 13). Le moment était venu pour dans leurs textes. Plus particulièrement,
quelles en sont les configurations sociales de
la condition féminine, cette expression si
Femme nue, femme noire idéologiquement chargée ? De telles inter-
Vêtue de ta couleur qui est vie, de ta forme qui est beauté ! rogations impliquent un cadre de réflexion
j'ai grandi à ton ombre ; la douceur de tes mains bandait qui s'articule de la façon suivante : com-
mes yeux. [...] ment arriver à percevoir les écrits d'Africai-
Et ta beauté me foudroie en plein cœur, comme l'éclair nes sur la condition féminine, à la fois
comme refn-ésentation d'une position histo-
d'un aigle.
rique contextuelle, de façon diachronique
Femme nue, femme obscure !
et synchronique, et comme re-présentation
Fruit mûr à la chair ferme, sombres extases du vin
d'une réalité « féminine » selon une esthé-
noir, bouche qui fait lyrique ma bouche
tique qui les inscrit non plus en marge de
Chants d'ombre, 1945
la Littérature, mais comme contribution à
l'universalité de la culture ?
Mais, aux lendemains des indépendan- elles « de ne plus se laisser chanter unique- C'est à cette problématique que nous
ces africaines, on assiste à l'éclosion mas- ment » (Sahel, 1981), mais de s'exprimer allons tenter de répondre grâce à l'analyse
sive de la parole littéraire des citoyennes en devenant auteures, même si cette notion de quelques romans d'écrivaines africaines
africaines, à leur prise d'écriture, au point est l'objet, dans les études littéraires, de (parus entre 1979 et 1998), en l'occurrence
de faire dire à certains critiques que si les débats et d'enjeux encore d'actualité (Bar- Une si longue lettre de Mariama Bâ (1979),
années 1980' doivent figurer au palmarès thes, 1968 ; Foucault, 1969). Elle sera de jaspe et de corail, foumal d'une

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misovire... de Werewere Liking (1983), et radicalisme « occidental » d'Aïssatou et antipodes du radicalisme à l'occidental
C'est le soleil qui m'a brûlée de Calixthe de Daba et, enfin, la position mitigée de d'Aïssatou et de Daba.
Beyala (1987). Des romans plus récents Ramatoulaye.
(Riwan ou le chemin de sable (1998) de Ken Le radicalisme à l'occidental
Bugul et Rebelle (1998) de Fatou Kéita) per- Le conservatisme des Le refus radical qu'Aïssatou objecte à la
mettront de nuancer certaines positions traditionalistes polygamie dans la lettre qu'elle laisse à son
adoptées dans les années 1970-1980. Tou- La voix de la Tradition est incarnée par futur ex-mari Mawdo avant de le quitter est
tes ces œuvres ont en commun de compor- Farmata, la griotte, Tante Nabou, mère de sans équivoque. Sa réaction qui est le choix
ter, mais à des degrés divers, des personna- Mawdo et Dame Belle-mère, mère de de l'indépendance, de l'autonomie par
ges principaux féminins. Notre hypothèse Binetou. Ces trois personnages féminins en l'Africaine instruite, ne laisse aucune place
de travail est que les romans des Africaines reproduisent l'esprit, dans ce qu'il peut aux doutes, aux hésitations et s'aligne sur
offre des représentations de la condition fé- avoir de coercitif pour les individus et sur- la conception occidentale de l'amour et des
minine soutenues par des stratégies formel- tout pour les femmes africaines. Elles sont rapports conjugaux où « l'Amour tout
les originales. donc pour le statu quo et agissent dans ce court et l'amour physique [vont de pair,
sens. Tante Nabou réussit à régir la vie per- puisque] la communion charnelle ne peut
UNE SI LONGUE LETTRE sonnelle de son fils Mawdo selon les règles être sans l'acceptation du cœur, si minime
Mariama Bâ (1979) d'une société de castes : elle refuse d'accep- soit-elle » (USL, p. 50), tandis que les
Considéré comme un classique de la lit- ter Aïssatou comme bru parce qu'elle est unions en Afrique traditionnelle ne tien-
térature au féminin, voire de la littérature bijoutière, d'une caste inférieure à la nent pas toujours compte des sentiments.
africaine tout court, ce roman de Mariama sienne. Cette dernière refusera justement La prise en charge de sa vie après le refus
Bâ, une Sénégalaise qui fait partie de la de se plier à ce « règlement intérieur de [la] de la polygamie, son changement de car-
première génération d'écrivaines, s'inscrit société avec ses clivages insensés [selon les- rière, son départ pour les États-Unis, etc.,
dans une perspective que d'aucuns ont qua- quels] les princes dominent leurs senti- sont autant d'indices de « l'exterritoria-
lifié d'autobiographique et de réaliste. C'est ments, pour honorer leurs devoirs. Les lité4 » de cette conduite. Autrement dit, ja-
l'histoire de deux amies d'enfance, Rama- «autres» courbent leur nuque et acceptent mais Aïssatou n'aurait pu assumer sereine-
toulaye et Aïssatou, à qui la première écrit en silence un sort qui les brime » (USL, ment son choix dans son espace culturel
« une longue lettre » pour noyer la douleur p. 150). Tante Nabou imposera donc la initial, eu égard à l'ancrage encore profond
de la perte de son mari, Modou, et replon- polygamie au couple Mawdo-Aïssatou. dans les imaginaires collectifs de certaines
ger par la même occasion dans « ce passé La mère de Binetou, d'une famille de pratiques sociales dont la polygamie.
[qui] renaît avec son cortège d'émotions » « ndol » (extrême pauvreté), compte sur le La position de Daba, qui demande à sa
(USL, P. 7). mariage de sa fille pour intégrer la bour- mère de quitter son père lorsqu'il épouse la
En fait, le récit dont la narration geoisie citadine. Elle perpétue donc la tra- jeune Binetou, est celle de la révolte sans
autodiégétique est assumée par Rama- dition du mariage forcé, qui fait de la jeune compromis qui rejoint le choix d'Aïssatou.
toulaye fait état des « destins croisés de fille « un agneau immolé [...] sur l'autel du Elle incarne non seulement la voix de la
ces deux femmes qui seront, toutes les "matériel" » (USL, P. 60). Quant à la jeunesse féminine africaine, mais aussi l'es-
deux, à des années d'intervalle, aux pri- griotte Farmata, qui accepte mal la décision poir puisqu'elle allie avec intelligence la
ses avec la polygamie », l'un des problè- de Ramatoulaye de ne pas épouser en se- raison et les émotions. Elle vit la relation
mes auxquels sont confrontées les femmes condes noces Daouda Dieng, elle est plus de couple idéale et constitue l'équilibre que
dans la société du texte. En réalité, que jamais convaincue de la nécessité pour la narratrice-personnage, Ramatoulaye,
Ramatoulaye et Aïssatou seront délais- une femme d'avoir un homme dans sa vie, espère réaliser. C'est une relation em-
sées, chacune à son tour, par pour être considérée dans preinte de respect et de considération, où
leurs maris au profit d'épou- la société, quel qu'en soit le la complémentarité, le dialogue concertée
ses plus jeunes, avec la com- prix à payer. Comme si le ne sont pas de vains mots, mais une réalité
plicité de la belle-famille bonheur ne rimait pas avec quotidienne, puisque son mari considère
dans les deux cas. La ques- l'amour, avec le libre choix qu'une épouse n'est pas l'esclave de son
tion polygamique permet du partenaire, Farmata pré- mari. Cependant, le fait pour Daba de
d'observer trois types de dit un avenir ombragé par n'avoir pas été directement confrontée à la
réactions féminines à pro- une sanction divine à dure réalité de la polygamie enlève à son
pos de la condition fémi- Ramatoulaye : « Tu as discours progressiste tout pragmatisme et
nine : le conservatisme des éconduit l'envoyé de l'inscrit dans le lot des théories difficile-
traditionalistes (Farmata, la dieu... Tu vivras dans la ment applicables aux réalités sociales
griotte ; tante Nabou, mère boue... » (USL, p. 101). africaines. Difficile également est le choix
de Mawdo ; Dame Belle- Ce conservatisme des tra- que Ramatoulaye doit opérer face au cours
mère, mère de Binetou), le ditionalistes se trouve aux de l'Histoire.

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La position mitigée de Ramatoulaye de façon insidieuse. D'abord, selon le point le sursaut de vie d'Aïssatou, sa prise en
La réaction de Ramatoulaye, que tra- de vue exclusif d'une femme (narratrice, main de sa vie de femme divorcée, par la
duit la cogitation à laquelle elle se prête, actrice et focalisatrice principale — c'est lecture de livres qui, « devenus [s]on refuge,
quand elle apprend qu'elle « n'est [aux justement ce qui a fondé le jugement des [la] soutinrent » (USL, p. 51). Rama-
yeux de son mari Modou] plus qu'une critiques qui ont qualifié l'œuvre d'autobio- toulaye vante les mérites de cet outil de
feuille qui voltige mais qu'aucune main graphique, parce que le « je » de la narra- connaissances que sont les livres, de leur
n'ose ramasser [comme] aurait dit sa tion coïncidait avec le « je » de l'action. Or puissance en tant qu'invention mer-
grand-mère » (USL, p. 61), est très miti- selon Philippe Lejeune, pour qu'il y ait veilleuse de l'astucieuse intelligence hu-
gée. Tantôt elle se demande s'il faut contrat autobiographique, l'équation doit maine et surtout pour le pouvoir qu'ils oc-
« [pjartir ? Recommencer à zéro, après comporter un 3 e « je », celui de l'auteur troient aux femmes dans une société où
avoir vécu vingt-cinq ans avec un homme, réel, ce qui n'est pas le cas ici. Ensuite, se- presque tout leur est refusé (USL, p. 51).
après avoir mis au monde douze enfants ? » lon celui d'une femme victime de cette pra- L'instruction est également la condition
(ibid.), tantôt elle estime qu'il ne lui reste tique, qui en parle sous le couvert de la sine qua none pour une participation plus
plus qu'à « [p]artir! [À t]irer un trait net sur « confidence qui noie la douleur » (USL, active des femmes africaines à l'administra-
le passé. [À tjourner une page ou tout p. 7), grâce à une fonction phatique assez tion publique de la Cité, même si le « fé-
n'était pas reluisant sans doute, mais net » développée. Puis, par le biais d'une utilisa- ministe » Daouda Dieng trouve que quatre
(ibid.). tion originale du récit épistolaire (genre femmes à l'Assemblée nationale c'est
Elle décide, dans un premier temps et romanesque pas très prisé dans la littérature énorme.
malgré la désapprobation de sa fille Daba, africaine en général) qui, non seulement
de rester mariée à Modou, pour leurs en- frise le journal intime, ELLE SERA DE JASPE ET
fants — dont l'éducation lui causera quel- mais part aussi de l'ex- DE CORAIL. JOURNAL
ques ennuis lorsqu'elle devra assumer seule pression d'une peine per- D'UNE MISOVIRE...
les responsabilités morale et matérielle de sonnelle à la peinture des Werewere Liking (1983)
cette monoparentalité, mais aussi et sur- dysfonctionnements d'un Ce « chant-roman » de
tout à cause de sa conception de l'amour système social qui freine Liking mêle, au plan de
et du mariage : « J'ai donné sans compter, l'épanouissement des l'énonciation, au moins trois
donné plus que je n'ai reçu. Je suis de cel- femmes africaines, elle ar- voix. D'abord, celle de Lunaï,
les qui ne peuvent se réaliser et s'épanouir rive à impliquer le lecto- « un village merdeux et mer-
que dans le couple. Je n'ai jamais conçu le rat surtout féminin par un dique où il est impossible de
bonheur hors du couple, tout en te com- phénomène d'identifica- concevoir la Beauté de rêver
prenant, tout en respectant le choix des tion aux héroïnes. Cela a d'Amour d'entrevoir de vas-
femmes libres » (USL, p. 82). grandement contribué à tes Horizons bref [...] d'accé-
la renommée internatio- der à la Vision » (EJC, p. 13).
En fait, elle abhorre le sort que réserve
nale de l'œuvre. Ensuite, la voix élégiaque de
la société à la femme qui choisit de vivre
ou à qui s'impose la voie de la solitude. Non En somme, Bâ utilise des stratégies à la Nuit noire, plus lyrique, qui espère l'éclosion
seulement elle doit faire face aux difficul- fois narratives et discursives pour livrer son d'une Race « qui sera de jaspe et de corail »
tés de la vie, mais elle doit affronter « les message de dénonciation des grandeurs et et où « l'Homme [...] se présentera dans un
regards étonnés » et forcément désappro- misères de la condition des femmes séné- corps sain plus fort et plus harmonieux avec
bateurs des gens et à partir desquels elle galaises dans la société musulmane : le récit des Emotions plus riches plus stables et plus
mesurait « la minceur de la liberté accor- que fait Ramatoulaye du sort de Jacqueline, affinées » (EJC, p. 22). Et enfin, la misovire,
dée à la femme » (USL, p. 76). une étrangère (ivoirienne protestante) qui, témoin vigilant et critique de Lunaï et dont
Dans un deuxième temps, Ramatoulaye contre la volonté de ses parents, a épousé le récit ou plutôt l'écriture du Journal sera
prend sa revanche sur le sort de la vie, en un Sénégalais musulman dont les frasques interrompue par le discours de deux hom-
osant enfin exprimer sa révolte contre des adultérines la rendent dépressive, au bord mes, Grozi et Babou « qui se masturbent et
pratiques ancestrales, tel le lévirat, qui de la « folie », est un moyen de révéler, im- déversent leur honte glauque [...] s'accep-
n'honorent pas souvent celles qui les subis- plicitement, les conséquences désastreuses tant inférieurs sans rien de beau de puissant
sent. À son beau-frère Tamsir qui n'attend que peuvent entraîner chez la femme séné- à proposer à enseigner à offrir » (EJC, p. 12).
même pas que Ramatoulaye sorte du deuil galaise le maintien de certains habitus La misovire — qui, en fait, devient ainsi,
pour la demander en mariage, comme le masculins ou phallocrates avalisés par la parce qu'il n'y a plus d'hommes dignes à
veut la coutume, elle crachera vertement société, par la culture hégémonique (au aimer —, finira par n'écrire que neuf pages
sa colère, sa rancœur, après trente années sens que Marc Angenot donne à ce con- de son journal.
de silence et de brimades (USL, p. 85). cept). Elle propose comme salut à la dérive Ce roman dont les nombreux réseaux
La particularité de Bâ est d'avoir traité ontologique de la femme africaine l'ins- intertextuels (Senghor, la culture bassa du
de cet épineux problème de la polygamie truction, le pouvoir des livres. Elle justifie Cameroun, la Bible : le titre, récurrence de

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la référence à Bethsabée, etc.), le mélange et des femmes qui viennent C'EST LE SOLEIL
des genres (lyrisme, théâtre avec dialogues de la femme » (EJC, p. 93). QUI M'A BRÛLÉE
et didascalies, journal de bord, etc.), pour Par ailleurs, elle fait le . Calixthe Beyala (1987)
ne citer que ces particularités formelles, est procès d'une certaine con- Dans le premier roman de
une métaphore de la difficulté pour la ception de l'émancipation fé- Calixthe Beyala, cette autre
femme africaine d'accéder à une parole minine qui vise à remplacer écrivaine camerounaise très
propre, libre, de se départir d'un mutisme, la dictature mâle par celle des prolixe, l'instance énon-
qui a longtemps assuré les fondements de femmes en copiant leurs ethos ciatrice du prologue de ce
la superstructure sociale. et praxis : « difficile à définir xthc texte, « attendait aussi le
fate
Dans ses diatribes, la misovire n'épargne au moment même où elle C'est le soleil moment opportun pour ré-
pas la gent féminine qu'elle nomme « les perd la conscience de sa va- .qui m'a brûlée pondre à l'essentiel, pour
femmes tsé-tsé de Lunaï » parce qu'elles leur et ne désire plus que de- parler de cette aube triste, de
« trouveront tous les moyens pour exalter venir "homme", pire que le ces heures qui ont couru
leur superficialité sous prétexte de vouloir mâle... à l'heure où elle se avant l'arrivée de l'homme »
plaire... » (EJC, p. 23). Sa lecture lucide des laisse entretenir tout en se gargarisant de (CSB, p. 7).
maux de la société, dans son ensemble, n'ex- mots creux : égalité émancipation fémi- C'est le soleil qui m'a brûlée séduit n o n
clut pas la responsabilité qu'elle fait porter nisme vais-je pouvoir chanter l'être ? Me seulement pour sa charge idéologique fémi-
aux femmes de Lunaï, que Grozi et Babou lever et dire : je suis femme » (EJC, p. 93). niste très évidente, mais surtout par ses qua-
accusent d'être « la source de leur malheur » Cette tirade exprime ou traduit l'ambi- lités formelles, son esthétique qui le place,
(EJC, p. 74). Dans le texte de Beyala que valence de la femme africaine quant à l'at- à l'instar du texte de Liking, dans la vague
nous aborderons plus loin, la source du mal- titude à adopter pour l'amélioration d'une des romans qui renouvellent et enrichissent
heur est plutôt mâle. situation qu'elle juge injuste et insuppor- la pratique scripturaire africaine. L'architec-
Dans son journal — au chapitre trois table, mais qui ne saurait néanmoins être tonique narrative révèle un caractère poly-
intitulé « La femme. Pourquoi pas ! La traitée ou abordée de façon eurocentriste. phonique dont la manifestation la plus évi-
femme....C'est ça » —, la misovire dresse La femme africaine doit trouver sa voix/e dente demeure les nombreuses métalepses
un bilan non reluisant de la situation de la propre, authentique. Il est vrai que « dire narratives qu'opère la voix élégiaque, ce
femme (EJ, p. 76). C'est pourtant de ces je suis femme est lourd de conséquences », Moi fort récurrent dans l'univers diégétique
femmes que devra naître « la Nouvelle comme l'affirmait en 1977 l'écrivaine fé- du narrateur hétérodiégétique. La narration
Race ». Dans ce cas, pourquoi en peindre ministe québécoise Nicole Brossard, il l'est du roman de Beyala est donc organisée de
un tableau si sombre ? Pour que justement encore plus pour la femme africaine dont la façon suivante : un prologue assumé par
se réalise la prophétie « qui chante la mort, l'objet de lutte est triple : en plus d'avoir à une narratrice homodiégétique présentant,
[...] l'Amour éternel, l'espoir car si le grain lutter contre le patriarcat et les effets per- avec force commentaires, ses relations
ne meurt...il ne peut renaître de ses cen- vers du capitalisme, elle doit faire face au avec Ateba, et un autre niveau narratif
dres » (EJC, p. 155). C'est une prophétie néo-colonialisme sous toutes ses formes parallèle au premier et dont la charge re-
qui rappelle étrangement, dans une sorte (Thiam, 1978, p. 161). Le troisième roman vient à un narrateur hétérodiégétique qui
de résonance thématique, d'intertextualité, du corpus (C'est le soleil qui m'a brûlée) est raconte l'histoire proprement dite de la
la promesse que Ramatoulaye fait à son plus explicite à ce sujet. principale protagoniste mais avec l'inter-
amie Aïssatou au terme de sa longue mis- En somme, le projet de vie que prône la vention récurrente de cette voix subjec-
sive : « Je t'avertis déjà, je ne renonce pas misovire tient compte de l'humanité dans tive de la narratrice homodiégétique du
à refaire ma vie. Malgré tout — déceptions toutes ses composantes, celle qui sera de prologue, ce qui constitue une situation
et humiliations — l'Espérance m'habite. jaspe et de corail. La nouvelle configuration métaleptique. Les cas de métalepses repé-
C'est de l'humus sale et nauséabond que de cette relation de genre ou des rapports rés dans C'est le soleil concernent donc,
jaillit la plante verte et je sens pointer en hommes-femmes suppose la satisfaction de d'une part, l'introduction frauduleuse de
moi, des bourgeons neufs » (USL, p. 131). conditions à remplir par l'homme et la la narratrice homodiégétique ou Je-nar-
femme et énumérées comme suit : Quand rant dans les registres narratifs autres que
En fait, pour la misovire, qui stigmatise
l'homme ne jouera plus au porc° Quand la la sienne, à savoir le récit hétérodiégétique
les femmes qui refusent « la fécondité », la
femme ne sera plus chienne en chaleur 0 et, d'autre part, le brouillage de la tempora-
figuration de la femme nouvelle passe par
Quand je ne serai plus misovire et qu'il n'y lité de la narration à celle de l'histoire
l'acceptation de la Maternité. La Mère est
aura plus de mysogynes0 Quand il n'y aura (Lintvelt, 1981, p. 210-211).
justement évoquée, interpellée à plusieurs
reprises par la misovire dans ses réflexions : plus que des Êtres en quête d'un mieux être 0 En outre, l'identité entre cette voix
« Je suis la Matrice-Mère où sont en ges- Parce que l'Etre absolu peut tout avoir 0 narratrice et Ateba n'est évidente qu'au
tation et les Idées et les Formes et le Souf- Quand donc je pourrai parler de l'Essentiel terme du roman, lorsqu'après le geste meur-
fle de vie afin que tout soit parce que je totalement épuré ° De la difficulté d'être et des trier de cette dernière, le « je «-narrant est
suis. Et tout est. Je suis femme des hommes voies qui mènent à l'être (EJC, p. 153). sur le point de prendre congé non sans

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avoir réintégré le corps de l'héroïne en pré- voix narratrice mystérieuse présentant et La narration de Elle sera de jaspe et de
cisant que sa mission, à savoir vaincre l'en- commentant son enfer « qgétiste » et sur- corail et de C'est le soleil qui m'a brûlée est
nemi (l'homme) pour réconcilier la femme tout sa hargne d'en sortir et qui s'avère être, assurée, de part et d'autre, par des voix mul-
avec elle-même, est achevée (Gallimore, au terme du récit, son âme, sa voix inté- tiples qui confèrent à ces récits une troi-
1997, p. 51). La voix narratrice s'introduit rieure, sa conscience, son double-narrant, sième dimension interdisant toute lecture
frauduleusement dans un univers narratif elle espère le « jour [où] le passé viendra et, simpliste ou unilatérale. En effet, le pou-
qui n'est pas le sien au point d'en devenir adossée à son arbre, la femme froissera le voir phallocratique étant basé dans les
une actrice. Le roman se termine justement présent en boule et la jettera dans le fleuve deux champs littéraires sur le mutisme des
sur un passage narré par cette voix : « Je la des abominations » (CSB, p. 25). La fonc- femmes, il fallait choisir d'autres alterna-
[Ateba] regarde s'avancer, seule, dans le tion principale de ce « je «-narrant est tives pour les faire parler et entendre. Cette
jour naissant, dans les ruelles désertes [vers donc d'actualiser le discours de la protago- façon de procéder métaphorise la difficulté
la clarté diffuse à l'horizon]. Ce n'est pas niste Ateba dans un monde où elle est « ré- de dire l'indicible et met en évidence les
cela qui l'attire mais cette lueur plus vive, duite à l'indifférence ou à [son] plus petit deux facettes de l'expérience féminine : se
tapie dans les eaux complexes des femmes dénominateur » (Beyala, 1993, p. 8). C'est soumettre aux contraintes patriarcales ou
à venir » (CSB, p. 153). Par ailleurs, quelle ce qui fait dire à Odile Cazenave que s'échapper de son emprise. Les métalepses,
peut être la fonction de cette polyphonie « l'utilisation récurrente d'un double la polyphonie narrative et le mélange des
de voix narratives, de ce choix délibéré de comme moyen littéraire permet de juxta- genres symbolisent donc le non-respect de
formes narratives transgressives ? poser deux personnages complémentaires, l'ordre social établi sur la négation de la
C'est une voix narrative (au sens où l'un conforme à la société, l'autre, hors des subjectivité féminine, le rejet ou la viola-
l'entend Genette) tout à fait ordinaire si ce normes, mais libéré des contraintes de la tion des interdits sociaux par les protago-
n'est qu'elle permet à l'auteure de dévoi- réalité quotidienne » (1996, p. 273). nistes féminins en proie à une véritable
ler le malaise des femmes en proie à l'op- Par ailleurs, ce texte de Beyala offre des quête identitaire.
pression masculine, d'étaler les maux et personnages jusque-là marginalisés dans la La production romanesque au féminin
absurdités de l'Afrique post-coloniale et littérature africaine, les prostituées, dont la des années 1990 traduit l'évolution de
notamment la condition d'assujettissement présentation n'est plus focalisée sur leurs cette quête identitaire sinueuse. Pensons
des femmes à travers la peinture de l'uni- vices, à travers la lucarne de la censure so- spécialement à la progression thématique
vers vital d'Ateba. Cette dernière choisit ciale, mais sur leur humanité, sur leur côté de la romancière sénégalaise Ken Bugul,
d'en finir directement avec la source de ses positif. Tout l'entourage féminin immédiat de son véritable nom Mariétou Mbaye. Du
déboires, à savoir l'homme (elle tuera ce- d'Ateba (sa mère Betty, sa tante nourrice Baobab fou (1984) à Ri wan ou le chemin de
lui qui vient de la violer) et de « se tour- Ada et sa meilleure amie Irène) pratique « le sable (1998), elle est passée d'une position
ner vers le sexe féminin dans une sorte de plus vieux métier du monde ». Le Père est « féministe » cherchant difficilement à
[sororité5 universelle] pour libérer la femme paradoxalement absent du roman (Ateba concilier tradition et modernité par des
africaine » (Mbom, 1994, p. 50) à travers est bâtarde et ne connaîtra pas son père), expériences tous azimuts, à une autre po-
une correspondance épistolaire. mais est remplacé par les autres hommes qui sition radicale, le « retour douloureux à la
Beyala et Liking se préoccupent de la se succèdent dans le lit de Betty et d'Ada, case départ » (RCS, p. 167), à la tradi-
situation de la femme post-coloniale en ces deux femmes constituant la stabilité, tion, « au plus près de [ses] origines »
essayant de faire entendre sa voix, elle qui l'ordre et les clients ou leurs amants, l'ins- (RCS, p. 166). Malgré son appartenance
a toujours observé le silence face au dis- tabilité. Il est intéressant de voir le renver- « à la classe de celles qu'on disait allées à
cours masculin. Alors, comment ces sement que Beyala fait des implications de l'école des Autres » (RCS, p. 36), la nar-
écrivaines arrivent-elles à donner la parole la vieille conception de la prostitution : ratrice-héroïne accepte de devenir l'une
auxforclosesdu pouvoir, aux marginalisées l'homme va voir des prostituées qui sont des des 30 épouses du Grand Sérigne et sem-
et minorisées de la société ? moins que rien et il change de partenaires ble en tirer une énorme satisfaction (RCS,
Ateba se trouve dans un contexte où, au gré de ses humeurs. Tandis qu'ici, les p. 167).
comme l'héroïne de cet autre roman de hommes viennent trouver la prostituée et La narratrice a une tout autre concep-
Beyala le souligne, on considère que « [l]a c'est plutôt elle qui constitue la référence. tion de la polygamie basée sur sa nouvelle
femme est née à genoux aux pieds de Au-delà de cette innovation thémati- compréhension de sa quête identitaire.
l'homme[, qu'il lui] a énuméré des princi- que, il faut noter la violence langagière qui Tout en considérant la femme comme
pes exacts et raisonnables qui seraient con- va de pair avec la violence, physique ou « l'élément fondamental, essentiel, de la
formes à sa liberté [et contre lesquels elle morale, faite aux femmes. Beyala leur pro- vie » (RCS, p. 35), elle appréciait la vie en
n'avait] nulle échappée possible » (Beyala, pose l'écriture de lettres, justement, à des ménage polygamique (RCS, p. 180).
1993, p. 47). femmes imaginaires, aux astres, et aussi le Malgré ces bonnes dispositions à l'égard
En effet, non seulement Ateba se débar- meurtre - « tuer l'Homme pour se retrou- de la polygamie, l'héroïne ne peut s'empê-
rasse physiquement de son agresseur, ver, détruire le chaos » -, comme solution cher de repenser à « l'inoubliable douceur
l'homme, mais, grâce à la présence de la à leurs problèmes. d'Andros » (RCS, p. 166), cette île où elle

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vécut des moments idylliques dans sa vie C'est plutôt d'avoir su mettre au jour les versité. Néanmoins, « le genre romanesque
antérieure. Même si elle reprochait à ce atours et contours d'une réalité féminine de notre temps étant rongé par les remises
vécu de ne lui avoir pas permis « de vivre hétérogène, d'une identité ambivalente et en question et les incertitudes de l'esprit
en harmonie avec ses origines, de [se] met- en perpétuelle construction, grâce à une [soi-disant] moderne ». (Raymond, 2000,
tre en accord avec [elle-]même [...] de me- vision polyphonique. Cette démarche p. 21), les projets de vie ainsi proposés qui
ner une seule vie remplie de toutes ces dif- s'inscrit tout à fait dans ce nouvel Ethos de favorisent la contribution de l'humanité
férentes vies de [son] existence » (RCS, la critique des textes littéraires (ou autres) entière sont-ils utopiques ? Parviendrons-
p. 166), il n'en demeure pas moins qu'elle produits par des écrivains africains. Une nous à construire un monde dans lequel la
s'enorgueillit le plus souvent de son statut critique qui cesse de ne voir en ces produits « valence différentielle de sexe », loin de
de femme instruite. De plus, quelle aurait été culturels qu'une masse informationnelle constituer un handicap — pour l'une ou
sa réaction si elle n'avait pas été la privilé- comparable à un documentaire touristique l'autre moitié — serait gage d'harmonie ?
giée du Serigne, celle par qui les autres épou- sur l'Afrique. Cette démarche méthodolo- Le débat est ouvert !
ses devaient passer pour obtenir quelque gique tient compte de la double détermi-
chose de leur mari commun (RCS, p. 178) ? nation sociale et esthétique de l'écriture
Bernadette Kassi est doctorante, Département
En outre, si l'on compare Riwan de africaine et des termes de sa critique (afri-
des littératures, Université Laval.
Bugul à Rebelle (1998) de Fatou Kéita paru caine) actuelle moins ethnographique ou
la même année, force est d'admettre que sociographique qu'à ses débuts, et nette-
l'ambivalence de cette identité ou condi- ment plus orientée vers une théorie litté-
Notes
tion féminine est à son comble. L'héroïne raire conséquente (Lawson-Hellu, 1995,
1 B. Constant. « Préface » de Wallstein. 1809.
de Rebelle, Malimouna, s'oppose non seu- p. 36-37).
2 M. Gagnon, Autographie, I, p. 197.
lement à des pratiques telles l'excision, le Cette condition féminine, cette iden- 3 Précisons que plusieurs textes ont été publiés
mariage forcé et la polygamie, mais elle fait tité féminine est toujours en construction, dans les années 1970 dont La vie d'Aoua Kéita
de la cause féminine un cheval de bataille, racontée par elle-même ( 1975) d'Aoua Kéita, Le
à l'image de l'identité sociale en elle- revenant ( 1976) et La grève des battu ou les déchets
en militant dans des structures associatives même. Les images se font et se défont au humains ( 1979) d'Aminata Sow Fall, Une si longue
pour les droits des femmes. Le passage à rythme des changements et évolutions lettre ( 1979) de Mariama Bâ. Mais on doit à la
Camerounaise Marie-Claire Matip la
propos de l'excision qui est en fait un mo- socio-culturels. Ceux qui pensaient résou- « maternité » du premier roman écrit par une
nologue intérieur de l'héroïne est très élo- dre la question de la condition féminine Africaine, Ngonda (Douala/Yaoundé, Librairie du
quent (RCS, p. 218-219). Messager, 1958).
avec la prise de parole des femmes, non
4 Dans le sens d'importation de valeurs
Voilà qui montre jusqu'à quel point la plus en objet uniquement mais aussi et
étrangères.
saisie de l'identité des femmes africaines surtout en sujet, sont aux prises avec une
5 Néologisme créé à partir de sororat et qui
n'est pas aisée, puisqu'on note une oscilla- problématique de plus en plus complexi- renvoie i la fraternité ou plutôt à la solidarité
tion entre des pôles apparemment opposés, fiée. L'un des objectifs de ce texte était féminine.

d'abord, dans une même œuvre, ensuite, justement de montrer comment s'inscrit 6 N o t r e corpus n'est pas exhaustif.

d'une œuvre à une autre. et se retranscrit la problématique de la


femme à travers les textes analysés. Com- Bibliographie
Conclusion ment peut-on percevoir l'évolution de la BÂ, Mariama, Une si longue lettre, Dakar, NÉA, 1979,
femme dans une perspective diachroni- 131 pages.
Pour conclure cette incursion partielle et
BARTHES, Roland, « La m o r t de l'auteur », dans Le
partiale6 dans l'univers des écrits africains que. Au terme de ce parcours, peut-on
bruissement de la langue. Paris, Seuil, 1984.
au féminin jaugés à l'aune de l'inscription parler d'évolution, quand on sait que
BEYALA, Calixthe, C'est le soleil qui m'a brûlée, Paris,
de l'histoire de la condition féminine qu'ils l'identitaire féminin africain, pour ne pas Stock, 1987 [j'ai lu (2512/2), 1993], 153 pages.
produisent, rappelons que l'appréhension du dire les identités féminines africaines, est BUGUL, Ken, Riwan ou le chemin de sable, Paris,
« Qu'est-ce que les écrivaines disent de la en perpétuelle (re)construction dans le Présence Africaine, 1998, 230 pages.

condition féminine ? » ne saurait faire fi du but de trouver la pierre angulaire de cet CAZENAVE. Odile, Femmes rebelles. Naissance d'un
être-au-monde, de parvenir à cet équilibre nouveau roman africain au féminin, Paris,
« Comment elle le disent... «littérairement
L'Harmattan, 1996, 349 pages.
ou poétiquement» ? ». Au contraire, cette substantiel et viable entre les héritages
FOUCAULT, Michel, « Qu'est-ce qu'un auteur > »,
préoccupation non seulement l'informe, africains et coloniaux, voire entre tradi- dans Dits et écrits, Paris, Seuil, 1994.
mais l'oriente d'un point de vue épistémo- tion (connaissance de soi) et modernité KÉITA, Fatou, Rebelle. Abidjan, NEI, 1998, 232 pages.
logique. (ouverture au monde) ?
LIKING, Werewere, Elle sera de jaspe et de corail.
Journal d'une misovire, Paris, L'Harmattan (Encres
Le mérite de ces écrivaines africaines La lecture des textes romanesques plus
noires), 1983, 156 pages.
n'est pas d'avoir « scénarisé » dans leurs récents confirme cette hétérogénéité de
VOLET, Jean-Marie, La Parole aux Africaines ou l'idée
textes la « condition féminine », puis- l'identité féminine, cette mouvance dans de pouvoir chez les romancières d'expression
que — nous l'avons dit —, le thème de la les parcours identitaires qui loin de desser- française de l'Afrique subsaharienne, Amsterdam/
Atlanta, Rodopi, 1993, 367 pages.
femme a été largement exploité aussi bien vir la cause de la condition féminine afri-
par les poètes que les romanciers africains. caine n'en exprime que l'enrichissante di-

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