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Thèse

Présentée devant

L’UNIVERSITE PAUL SABATIER, TOULOUSE III


En vue de l’obtention du titre de

DOCTEUR DE L’UNIVERSITE PAUL SABATIER

Spécialité : Physique et ingénierie des plasmas de décharge

par

Pierre Freton

Etude d’un arc de découpe par plasma d’oxygène


Modélisation – expérience

Soutenue le 28 novembre 2002 devant la commission d’examen :

Président :
- Mr Pierre Millet, Professeur de l’Université Paul Sabatier, Toulouse
Rapporteurs :
- Mr Bruno Cheron, Professeur de l’Université de Rouen
- Mr Jean-François Coudert, Professeur de l’Université de Limoges
Examinateurs :
- Mr Alain Gleizes, Directeur de recherche au C.N.R.S., Toulouse
- Mr Jean-Jacques Gonzalez, Chargé de recherche au C.N.R.S., Toulouse
- Mr Daniel Henry, Chargé de recherches au C.N.R.S., Ecole Centrale de Lyon
Invités :
- Mr Georges Caillibotte, Ingénieur de recherche, Air Liquide – C.R.C.D.
- Mr Frédéric Camy-Peyret, Ingénieur de recherche, Air Liquide C.T.A.S.
- Mr Jean-Claude Vérité, Ingénieur de recherche, E.D.F.

Recherches effectuées au Centre de Physique des Plasmas et de leurs Applications de Toulouse – UMR 5002
118, route de Narbonne 31062 Toulouse cedex 4
A Rachel, à ma mère, à ma famille.
Ce travail a été réalisé au sein du groupe « physico – chimie » des plasmas

d’arc du laboratoire intitulé « Centre de Physique des Plasmas d’arc et de leurs

Applications de Toulouse ».

Monsieur Jean Jacques Gonzalez, Chargé de recherche au C.N.R.S., a

dirigé et suivi la progression de mes travaux avec compétence, patience, et

disponibilité. Il m’a toujours soutenu, partageant avec moi sa grande expérience

scientifique et prodiguant de précieux conseils. Qu’il trouve ici l’expression de

ma profonde reconnaissance et de mon amitié la plus sincère.

Je tiens à remercier Monsieur Alain Gleizes, Directeur de recherche au

C.N.R.S., de m’avoir accueilli au sein de son équipe. Je le remercie aussi pour

toutes les nombreuses discussions très fructueuses que nous avons eues

ensemble et pour toute la bienveillance qu’il a manifesté à l’égard de ce travail.

Monsieur Pierre Millet, Professeur de l’Université Paul Sabatier, m’a fait

l’honneur de bien vouloir présider le jury de ma thèse. Il m’a aussi soutenu dans

mon apprentissage de l’enseignement supérieur. Je le prie donc de trouver ici

l’expression de ma très sincère reconnaissance.

Je remercie aussi, Monsieur Jean François Coudert, Professeur à

l’Université de Limoges et Monsieur Bruno Cheron, Professeur à l’Université de

Rouen, pour m’avoir fait l’honneur d’examiner ce travail et pour leur participation

au jury. Leurs suggestions et critiques ont facilité la rédaction finale de ce

mémoire.

Ma reconnaissance va également à Monsieur Daniel Henry, Chargé de

recherche au CNRS, pour sa participation au jury.

Je remercie Monsieur Frédéric Camy Peyret, Monsieur Georges Caillibotte

et Monsieur Jean Claude Vérité, qui ont eu la gentillesse de se déplacer à

Toulouse pour participer à mon jury de thèse. Je les remercie aussi pour

l’attention et le soutien qu’ils ont bien voulu porter à ce travail.


J’exprime toute ma sympathie à ceux que j’ai côtoyé pendant ces années

de thèse : Philippe (le moine), Manitra pour sa constante bonne humeur, Jean

Marc (bobo), Yann (R cité U), Fred (loulou), Mathieu (riri), Jacquou pour sa joie

de vivre , Béa, Lolo, Marqui, Antonio, Robin, Yassi, et tous les autres.

Enfin, je remercie monsieur Jean-Marie Barrachet pour la réalisation

matérielle de ce mémoire.
Titre
Etude d’un arc de découpe par plasma d’oxygène
Modélisation – expérience

Résumé

Ce travail est consacré à l’étude d’une torche à plasma, fonctionnant sous oxygène,
dédiée à la découpe de métaux. La finalité de l’étude est d’obtenir les caractéristiques du
milieu créé par ce procédé. Pour cela, deux voies sont envisagées : Une première, théorique,
consiste à développer un modèle. Une seconde, expérimentale doit compléter l’étude et
permettre la validation, ou du moins une confrontation des résultats avec ceux du modèle.
Dans la première partie de l’étude, une comparaison des différents procédés et
techniques de découpe est présentée. Nous développons ensuite, un modèle bi-dimensionnel
(2D) turbulent du milieu plasma appliqué à la configuration de découpe. Ce code permet alors
d’obtenir des indications sur les températures élevées du plasma (autour de 20000K) et sur le
caractère supersonique de l’écoulement. Dans la troisième partie, les températures, le mélange
de l’oxygène et de l’air ambiant ainsi que les densités électroniques sont mesurées par
spectroscopie d’émission. Ces grandeurs permettent de valider le modèle. Les résultats du
modèle et les résultats expérimentaux sont ensuite utilisés pour faire une estimation de la
contribution des différents phénomènes intervenant dans le transfert d’énergie. Il est montré
que contrairement au cas de l’oxycoupage, la réaction exothermique d’oxydation du fer
représente moins de 15% de la puissance nécessaire à la coupe. Enfin, une dernière partie est
consacrée à la modélisation tri-dimensionnelle (3D) du procédé. Les résultats 3D et 2D sont
comparés : L’hypothèse de l’utilisation du 2D reste valable pour l’estimation des grandeurs
physiques (température, pression, vitesses…) dans la tuyère alors que proche de la plaque à
couper la prise en compte d’un modèle en trois dimensions est nécessaire.

Mots clés

Découpe de métaux Spectroscopie d’émission


Modélisation numérique Supersonique
Plasma thermique Oxygène
2D/3D Turbulence
Title
Study of an oxygen plasma cutting arc
Model and experiment

Abstract

This study concerns a commercially available oxygen plasma torch used for cutting
metal. The aim of the work was to obtain the characteristics of the process. Two approaches
were used : a theoretical approach to develop a model and an experimental approach for
validation or at least comparison of the results with these of the model.
In the first part we describe the various processes and techniques used for plasma
cutting. Then, we draw up a turbulent 2D model of the plasma in the cutting torch. The code
then provides information on the high temperatures occurring in the plasma (about 20000K)
and on the supersonic flow. In the third part, the temperatures, the mixture of oxygen and
ambient air and the electron densities were measured by emission spectroscopy. These
variables were used for the validation of the model. Then, the results from the model and from
the experiment were used to estimate the contribution of the various phenomena in the
transfer of energy. It is shown that unlike with oxy-fuel cutting, the exothermic reaction of the
oxidation of iron represents less than 15% of power required for cutting. Finally, the last part
is devoted to 3D modelling of the process. The 2D and 3D results are compared : it was found
that 2D modelling is sufficient to estimate the physical variables ( temperature, pressure,
velocities, etc…) in the nozzle but near the plate to be cut, the 3D model is required.

Keywords
Metal cutting Emission spectroscopy
Numerical modelling Supersonic
Thermal plasma Oxygen
2D/3D Turbulence
Table des matières
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Table des matières


Table des matières


Introduction ( p1)

Chapitre I : Présentation de la découpe thermique – Dispositif d’étude ( p7)

I.A) Méthode de découpe thermique ( p10)


I.A.1) La découpe laser ( p11)
I.A.2) Oxycoupage ( p12)
I.A.3) Découpe plasma ( p14)
I.A.4) Qualité de coupe – Critères de choix ( p16)
I.A.5) Comparaison des procédés thermiques ( p19)

I.B) Position du problème – dispositif d’étude ( p22)


I.B.1) Etude bibliographique ( p23)
I.B.2) La torche industrielle ( p26)
I.B.3) L’installation au laboratoire ( p28)

Chapitre II : Etude de la colonne d’arc du plasma de découpe ( p29)

II.A) Modèle de Base– Validation par les résultats sur l’arc libre ( p31)
II.A.1) Modèle Fluide – Méthode numérique ( p31)
II.A.1.a) Equations de Navier – Stockes, terminologie ( p31)
II.A.1.b) Méthode de Patankar ( p34)
II.A.1.c) Schémas numériques ( p36)
II.A.1.d) Equation de pression ( p39)

II.A.2) Validation Supersonique ( p40)

II.A.3) Validation du modèle de base par l’Arc libre ( p44)


II.A.3.a) Hypothèses ( p44)
II.A.3.b) Equations ( p44)
II.A.3.c) Validation du potentiel vecteur 2D ( p47)
II.A.3.d) Géométrie et conditions limites ( p48)
II.A.3.e) Validation du modèle 2D ( p50)

- ii -
Table des matières


II.B) Modélisation de la torche de découpe 2D ( p52)


II.B.1) Modélisation laminaire du dispositif de découpe ( p53)
II.B.1.a) Hypothèses ( p53)
II.B.1.b) Equations ( p53)
II.B.1.c) Prise en compte du mélange – coefficients de transports ( p54)
II.B.1.d) Géométrie – conditions limites ( p58)
II.B.1.e) Résultats ( p60)

II.B.2) Etude de l’injection en vortex par la modélisation ( p63)


II .B.2.a) Equations, conditions aux limites ( p63)
II.B.2.b) Comparaison Vortex – Injection droite ( p65)
II.B.2.c) Influence du maillage ( p67)
II.B.2.d) Influence du profil Jz à la cathode ( p70)

II.B.3) Modèle de turbulence ( p72)


II.B.3.a) Bases de la turbulence ( p72)
II.B.3.b) Modèle de longueur de mélange ( p75)
II.B.3.c) Comparaison entre modèle turbulent et laminaire ( p77)
I.B.3.d) Influence du choix de l’isotherme ( p81)
II.B.3.e) Influence du nombre de Lewis ( p83)

II.B.4) Modèle de rayonnement P1 ( p84)


II.B.4.a) Définitions ( p85)
II.B.4.b) Modèle de rayonnement P1 ( p87)
II.B.4.c) Choix des bandes – interpolations ( p90)
II.B.4.d) Résultats ( p91)

- iii -
Table des matières

Chapitre III : Mesures expérimentales de la colonne d’arc - Comparaison
avec les résultats du modèle ( p97)

III.A) Etude de la configuration spectroscopique (p100)


III.A.1) Bases de la spectroscopie d’émission (p100)
III.A.1.a) Equilibre thermodynamique total et Equilibre Thermodynamique Local (p100)
III.A.1.b) Les processus d’émission de rayonnement (p103)
III.A.1.c) Les méthodes « classiques » de mesures par spectroscopie (p107)
III.A.1.d) Composition des mélanges oxygène - azote (p110)

III.A.2) L’installation au laboratoire (p112)


III.A.2.a) La torche (p112)
III.A.2.b) Les appareils de mesures (p113)
III.A.2.c) Etalonnage du signal émis par le plasma (p115)

III.A.3) Etude de paramètres, résultats généraux (p117)


III.A.3.a) Photographies de l’onde de choc (p117)
III.A.3.b) Couple débit - pression (p119)

III.A.4) Etude de l’onde de choc (p120)


III.A.4.a ) Conditions expérimentales –Etudes préliminaires (p120)
III.A.4.b) Méthodes de diagnostic mises en place dans l’onde de choc (p122)
III.A.4.c) Température et densité électronique dans l’onde de choc comparaison
avec le modèle (p126)
III.A.4.d) Etude particulière de la ligne de matrice à 1.3mm (p129)

III.A.5) Etude à 10.6 mm de la sortie de tuyère (p133)


III.A.5.a ) Conditions expérimentales –Etudes préliminaires (p133)
III.A.5.b) Méthodes de diagnostic mises en place à 10.6 mm de la sortie de tuyère (p134)
III.A.5.c) Température et fraction massique à 10.5mm (p138)
III.A.5.d) Etude d’une ligne particulière à 11.4mm– comparaison avec le modèle (p140)

- iv -
Table des matières

III.B) Etude de la configuration de découpe (p143)
III.B.1) Configuration de découpe (p144)
III.B.1.a) Configuration expérimentale (p144)
III.B.1.b) Configuration pour le modèle (p145)

III.B.2) Estimation de la répartition de l’énergie dans le procédé (p146)


III.B.2.a) Puissances mises en jeu entre la plaque et la tuyère (p147)
III.B.2.b) Puissances mises en jeu dans la saignée (p148)
III.B.2c) Puissances mises en jeu pour la fusion (p150)

III.B.3) Résultats généraux (p152)


III.B.3.a) Résultats obtenus par le modèle (p152)
III.B.3.b) Qualité de coupe (p155)
III.B.3.c) Chutes de potentiel (p156)

III.B.4) Résultats sur la répartition de la puissance (p157)


III.B.4.a) Puissance dissipée dans la coupe (p157)
III.B.4.b) Répartition de la puissance au dessus de la plaque (p159)
III.B.4c) Répartition de la puissance pour la découpe (p160)

Chapitre IV : Modélisation de la torche de découpe en trois dimensions (p163)

IV.A) Validation du modèle – Etude de la tuyère (p165)


IV.A.1) Validation à partir de l’arc libre (p165)
IV.A.1.a) Hypothèses (p165)
IV.A.1.b) Equations (p166)
IV.A.1.c) Prise en compte de l’aspect électrique du plasma (p167)
IV.A.1.d) Validation du potentiel vecteur (p168)
IV.A.1.e) Géométrie et conditions limites (p170)
IV.A.1.f) Résultats du modèle 3D – Comparaison avec le 2D (p171)

IV.A.2) Etude de la tuyère en 3D (p173)


IV.A.2.a) Hypothèses, équations, géométrie 3D (p173)
IV.A.2.b) Hypothèses, équations, géométrie 2D (p176)

-v-
Table des matières

IV.A.2.c) Résultats en 3D (p177)
IV.A.2.d) Comparaison 2D /3D dans la chambre de torche (p183)

IV.B) Etude d’une configuration de découpe en 3D – Comparaison 2D/3D (p187)

IV.B.1) Configuration 3D (p188)


IV.B.1.a) Hypothèses (p188)
IV.B.1.b) Equations (p189)
IV.B.1.c) Géométrie (p189)
IV.B.1.d) Conditions limites (p195)
IV.B.1.e) Résultats sur la configuration 3D (p196)

IV.B.2) Comparaison 2D /3D (p201)


IV.B.2.a) Hypothèses, équations et géométrie 2D (p203)
IV.B.2.b) Résultats – comparaison 2D/3D (p204)

Conclusion (p209)

Bibliographie (p217)

Annexe I : Coefficients de transport de l’oxygène et de l’azote (p227)

Annexe II : Estimation des incertitudes (p233)

Annexe III : Inversion d’Abel (p239)

Annexe IV : Système optique (p247)

- vi -
Introduction générale


Introduction générale
Introduction générale
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Introduction générale

L’étude des arcs électriques a débuté il y a plus de deux siècles. Ainsi, la première
expérience concernant un arc électrique fut menée par Davy en 1813 [Lar_01]. Cet arc était
créé entre deux charbons dans une cage de verre sous vide. A cette époque, les études étaient
limitées par les connaissances scientifiques et les appareils de mesures existants. Il n’était
ainsi possible que de mesurer des grandeurs macroscopiques telles que la tension ou
l’intensité de l’arc. Cela n’a pas empêché les scientifiques d’alors, d’envisager les prémices
des applications industrielles plasmas présentes aujourd’hui. Ces applications reposaient sur
les différentes constatations plus où moins empiriques concernant les fortes températures
régnant dans le plasma ou encore sur les capacités réactives du milieu. Il faudra cependant
attendre le développement de l’aire industrielle pour voir apparaître les procédés plasma dans
l’industrie. Ainsi, au début du XXème siècle, le plasma fut utilisé pour la production d’oxydes
d’azote et d’acétylène. Quelques essais furent menés sur la soudure à l’arc [Lar_01] ou sur le
chauffage de coulées de métal dans la métallurgie. A cette époque, le milieu plasma n’était
toujours pas caractérisé et ce n’est que dans les années 30 que Langmuir fit des études plus
théoriques sur les gaz ionisés. C’est cependant la seconde guerre mondiale qui favorisa le plus
le développement de nouvelles techniques industrielles plasmas. Ainsi, c’est à cette période
qu’apparurent aux Etats Unis les premières torches de soudage sous flux de gaz. Puis dans les
années 50 se développa le procédé de découpe plasma. A l’heure actuelle, les plasmas
thermiques sont utilisés dans de nombreux autres domaines d’applications tels que la
métallurgie, la sidérurgie, le traitement des déchets, le traitement de pièces mécaniques, la
chimie et pétrochimie ou encore la cimenterie. Les installations industrielles utilisent
principalement trois types de configurations : les torches à plasma soufflé, les arcs transférés
et les torches à plasma inductif. Si la maturité industrielle semble atteinte pour beaucoup de
procédés plasmas, étrangement, ce ne sont que des études plus ou moins semi – empiriques
qui ont permis de faire évoluer ces techniques jusqu’au milieu des années 70. Les ingénieurs,
se sont rendus compte alors de la nécessité d’études plus fondamentales pour obtenir des
procédés optimisés et une meilleure connaissance de « l’outil » plasma.
Ainsi, pour étudier et caractériser au mieux ces milieux plasmas, deux approches
complémentaires sont envisageables : l’une par le biais expérimental, et l’autre par la
modélisation. L’approche expérimentale a débuté dès les premiers temps par des mesures
macroscopiques sur la tension, l’intensité ou encore sur des bilans calorimétriques. Il a fallu
toutefois attendre le développement de la physique moderne pour permettre la compréhension
et l’étude plus détaillée du milieu plasma. Divers techniques de diagnostic ont alors été mises
au point. On peut citer la spectroscopie d’émission, d’absorption [Vac_1], l’interférométrie

-3-
Introduction générale

laser [Vac_1], les méthodes Thomson scattering [Sny_1], et plus récemment la mise au point
de la sonde enthalpique [Vac_1], ou encore des méthodes utilisant les fluctuations lumineuses
[Pla_1] ou acoustiques de l’arc. Moyennant quelques hypothèses, ces méthodes permettent
d’obtenir diverses grandeurs caractérisant le plasma telles que la température locale, les
densités électroniques, les vitesses, ou encore la composition du plasma. Depuis leur première
mise en place, ces techniques deviennent de plus en plus perfectionnées. Par exemple les
premières mesures pour la spectroscopie, considéraient le plasma comme homogène, puis
avec l’amélioration des moyens informatiques, l’inversion d’Abel a permis de remonter à des
grandeurs locales en faisant l’hypothèse de symétrie cylindrique. Depuis les dix dernières
années on voit apparaître des méthodes s’affranchissant de la symétrie [Wit_1] avec
notamment la mise en place de la tomographie [Neg_1].
Parallèlement aux études expérimentales, l’utilisation de l’outil informatique a permis
le développement de modèles de plasma de plus en plus perfectionnés. Les premiers modèles
unidimensionnels sont apparus dans les années 70. Ils permettaient d’obtenir moyennant
certaines hypothèses le profil de température dans des configuration simplifiées en utilisant
l’équation d’Elenbass Heller. Puis, avec l’augmentation des puissances de calcul, des
modélisations d’arcs en 2D axisymétriques sont apparues dans les années 80. Les premiers
travaux étaient alors menés sur des configurations simples comme celle de l’arc libre [Hsu_1].
Ensuite, durant les années 80 et 90, ces modélisations ont évolué vers des géométries de plus
en plus complexes (par exemple des géométries de torche [Wes_1]) et vers des modèles de
plus en plus sophistiqués, prenant en compte plus de phénomènes physiques (turbulence,
modèles de gaine [Low_1], modèles de rayonnement [Eby_1], mélanges de gaz [Bau_1],
interaction matériaux – plasma, modèle à deux températures [Gir_1]). Enfin, depuis ces
dernières années on constate l’apparition de modèles 3D [Kar_1] avec des géométries plus
proches des procédés. Le CTAS (Air Liquide) fait partie des sociétés qui utilisent les
caractéristiques du milieu plasma pour un procédé industriel, en l’occurrence la découpe sous
oxygène. Ce procédé commercial a évolué au cours des dernières années par des études
systématiques et par le savoir faire du personnel technique. Cependant, afin de mieux
maîtriser et comprendre les différents mécanismes intervenant dans la technique de découpe,
ceci afin de réduire les coûts de traitement des plaques coupées ou d’optimiser la position de
la plaque par rapport à la torche, la société Air Liquide s’est rapprochée de notre laboratoire.
Ainsi, ce travail porte sur l’étude d’une torche de découpe de métaux par plasma
thermique sous oxygène commercialisée par la société Air Liquide. Cette torche fait partie des
nouveaux procédés de découpe plasma fonctionnant à basse intensité et créant un dard de

-4-
Introduction générale

plasma très fin (diamètre de l’ordre de 1mm). Cette étude, cofinancée par Air Liquide et EDF,
a pour objectif une meilleure connaissance du plasma créé par ce type de procédé. Pour cela,
deux voies sont envisagées : une première théorique avec le développement d’un modèle
utilisant le logiciel CFD Fluent dans sa version structurée et une deuxième expérimentale
permettant la validation de ce modèle. Au cours des travaux, deux configurations pour la
torche ont été étudiées : Une première dite « configuration de laboratoire » ou l’arc est allongé
sur 15mm à la sortie de la torche et transféré sur une anode tournante et une seconde qui est
une configuration réelle de coupe où la distance entre la plaque et la torche n’est que de
quelques millimètres.
Ce travail est séparé en quatre chapitres. Le premier chapitre est introductif et présente
les trois techniques principales de coupe de métaux existantes à l’heure actuelle : il s’agit de
la découpe laser, de l’oxycoupage et de la découpe plasma. Une attention particulière est
portée sur la découpe par procédé plasma. Le dispositif utilisé par la société Air Liquide est
alors présenté. Dans le second chapitre, un modèle 2D du plasma est développé. Il est dans un
premier temps validé sur une configuration d’arc libre dans l’argon à 200A, et appliqué
ensuite à la géométrie réelle de la torche de découpe sous oxygène dans la « configuration de
laboratoire ». Ce premier modèle simple à un seul gaz est ensuite modifié pour tenir compte
du mélange du gaz plasmagène (oxygène) avec l’air environnant sous l’effet éventuel de la
turbulence du jet. Un modèle P1 pour le traitement du rayonnement est ensuite proposé. Le
modèle global ainsi mis en place nous permet d’obtenir les premières informations sur la
nature du milieu plasma. On trouve ainsi que le plasma est supersonique à la sortie de la
tuyère et qu’il présente un maximum de température aux alentours de 22000K pour une
intensité de 60A. Le troisième chapitre porte sur l’étude expérimentale du dispositif. Dans la
première partie, des mesures spectroscopiques de température, de densités électroniques et de
fractions d’azote pompé dans le jet sont présentées sur la « configuration de laboratoire ». Ces
mesures sont comparées aux grandeurs obtenues par le modèle et un accord satisfaisant est
trouvé. Les mesures expérimentales des fractions molaires d’azote nous permettent de caler le
modèle de turbulence. Dans la deuxième partie du chapitre, une étude concernant une
configuration réelle de découpe est présentée. Sur cette configuration diverses mesures
macroscopiques telles que la tension ou le débit sont mesurées et comparées aux grandeurs
obtenues par le modèle. D’autres mesures sont aussi menées sur la plaque et concernent par
exemple les largeurs de saignées, les quantités de métal éjecté ou encore les valeurs des
dépouilles obtenues en faisant varier l’épaisseur de la plaque, la vitesse de coupe ou la
distance torche – tôle à couper. A partir de ces mesures et du modèle, il est alors possible

-5-
Introduction générale

d’effectuer une estimation de la part de puissance amenée par les différents processus
intervenant lors de la découpe. Ainsi, il est montré que la part due à l’oxydation du métal ne
représente pas plus de 20% de la puissance totale nécessaire à la fusion. Enfin, dans le
quatrième chapitre, un modèle 3D est développé. Comme pour les développements en 2D, ce
modèle est dans un premier temps validé sur une configuration d’arc libre. Il est ensuite
appliqué à la tuyère seule puis à l’ensemble torche plus plaque à couper en stationnaire. Les
différences 2D/3D sont alors étudiées montrant les limitations du modèle 2D. Ainsi,
l’hypothèse 2D axisymétrique permet d’obtenir de très bonnes informations dans la zone
comprise entre la sortie de tuyère et la plaque mais trouve sa limitation au niveau de la plaque,
où les développements 3D deviennent alors indispensables notamment pour l’étude de
l’accrochage et du transfert d’énergie.

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Chapitre I : - Présentation de la découpe thermique – dispositif d’étude


Chapitre I

Présentation de la découpe
thermique - dispositif d’étude
Chapitre I : - Présentation de la découpe thermique – dispositif d’étude

Chapitre I : - Présentation de la découpe thermique – dispositif d’étude

Lors de la seconde guerre mondiale, devant l’effort de guerre à fournir, avec
notamment la fabrication d’avions en grandes quantités, l’industrie Américaine a recherché de
nouveaux procédés permettant d’améliorer ses rendements. C’est ainsi qu’est apparu en 1941
le premier procédé de soudure à l’arc électrique (Tungsten Inert Gas) [Swa_1] [Git_1] : un arc
transféré fond le métal et un gaz inerte est soufflé pour éviter la présence d’air dans le métal
fondu servant à la soudure. Les fabricants de gaz ont tout de suite perçu l’intérêt de ce
procédé qui utilisait du gaz (argon, hélium..) en grande quantité. Ils ont donc favorisé son
développement scientifique et économique et dans les années 50, le procédé de soudure par
arc électrique s’est développé dans le secteur métallurgique [Swa_1].
Poursuivant leurs recherches, les ingénieurs ont remarqué que les caractéristiques du
plasma changeaient complètement si on le constrictait dans une tuyère ou si on changeait le
gaz de soudure. En le constrictant, les températures et les vitesses du plasma augmentaient
fortement, la qualité de soudure diminuait et cela entraînait de forte dégradations des
consommables ( tuyères, cathode..). Cela leur donna l’idée d’utiliser l’arc électrique comme
outil de découpe et en 1957 [Swa_1] [Git_1] la première torche plasma de découpe a été
développée par l’Union Carbide’s Linde Division devenue maintenant l’ESAB. Cette société
a alors posé un brevet qui lui a permis d’avoir le monopole du marché pendant plus de 17 ans
[Swa_1]. Cela explique probablement la quasi inexistence d’articles scientifiques sur le sujet
durant les années 60-70.
Les premières torches de découpe fonctionnaient à forte intensité (jusqu’à 1000A)
dans l’argon et permettaient de couper de fortes épaisseurs de métal (40-50mm). Pour
améliorer la précision et les vitesses de coupe, les scientifiques ont cherché à constricter de
plus en plus l’arc, augmentant alors les températures et les vitesses du jet. Cela a conduit au
problème bien connu du « double arcing », créant à la fois un arc entre la cathode et l’anode
mais aussi entre l’anode et la tuyère. Ce problème a occupé les ingénieurs pendant les années
60 et a encore fait l’objet d’un article relativement récent de Nemchinsky [Nem_1].
De nombreuses améliorations techniques ont été développées dans les années soixante.
De nouveaux matériaux d’électrodes (comme l’hafnium ou le zirconium) ont notamment
permis l’utilisation de l’air ou de l’oxygène, jusqu’alors trop corrosifs, comme gaz
plasmagènes. L’utilisation d’un deuxième gaz autour du gaz plasmagène a été introduite en
1967. Ce gaz a pour but de gainer le plasma et d’améliorer la qualité de coupe en utilisant par
exemple de l’oxygène autour d’un jet d’azote. Au début des années 70, le gaz de gaine a été
remplacé par de l’eau autour du plasma [Swa_1][Git_1] et, en 1977, la technique de découpe
sous l’eau a été mise au point. Cette technique est très intéressante car elle permet de réduire

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Chapitre I : - Présentation de la découpe thermique – dispositif d’étude
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considérablement l’émission de bruit et de rayonnement vers l’utilisateur. Elle est encore très
utilisée aujourd’hui.
Dans les années 80, les ingénieurs ont cherché à rendre la découpe plasma encore plus
attractive et surtout plus maniable. Sont apparues alors des torches fonctionnant à faible
intensité ( typiquement 100A) avec de l’air ou de l’azote. Les sources électriques sont
devenues plus petites et les installations moins difficiles à mettre en place. Les premières
torches de découpe manuelles ont été commercialisées. Le procédé de découpe de métaux
traditionnel étant l’oxycoupage, des torches à oxygène ont été développées avec succès au
milieu des années 80. Elles présentent toutefois le désavantage de consommer beaucoup de
cathodes et de tuyères.
Enfin, ces dix dernières années, la découpe laser prenant le pas sur la découpe plasma
dans le milieu industriel, une nouvelle génération de torche a été développée pour rivaliser
avec les techniques laser [Fer_1]. Ces torches, présentent des densités d’énergie plus
importantes grâce à des diamètres de tuyères très resserrés de l’ordre du millimètre. Elles
fonctionnent généralement à l’oxygène et dans une gamme d’intensité autour de 60A. Leur
développement a été rendu possible par les études menées ces trente dernières années sur les
matériaux de cathode, sur la conception des tuyères et sur les gaz.

I.A) Méthodes de découpe thermique

Afin de situer la place du procédé de découpe plasma sur le marché de la métallurgie,


nous allons décrire dans ce paragraphe les diverses techniques de découpes existantes à
l’heure actuelle. Ces techniques se divisent en deux grandes catégories : Une première qui
regroupe tous les procédés mécaniques fonctionnant par cisaillement ou arrachement de la
matière et une deuxième qui concerne les procédés dits « thermiques » qui fonctionnent par
fusion de la pièce à couper.
Dans cette présentation, nous laisserons de côté les procédés mécaniques car ils ne
sont pas directement concurrents de la découpe plasma. En effet, ils sont plus lourds à mettre
en place et ne permettent pas la découpe de forme complexes en 2D [Git_1]. On peut
toutefois citer quelques outils existants tels que le coupage à la cisaille, le poinçonnage à la
presse ou encore le tronçonnage à la meule. Un procédé par arrachement de matière tel que la
découpe par jet d’eau est aussi relativement utilisé dans le milieu industriel [Vig_1]. Il s’agit
d’une découpe par érosion du métal et nous ne détaillerons donc pas son fonctionnement.

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Chapitre I : - Présentation de la découpe thermique – dispositif d’étude
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Les procédés thermiques ont tous un fonctionnement commun : Une quantité
d’énergie est transmise à la plaque à couper de manière à fondre le métal, et un jet de fluide
fournit une force vive pour éjecter le métal fondu. L’outil (ou la plaque) se déplace à une
certaine vitesse qui dépend du procédé. Il se forme alors une saignée dans la pièce dont les
caractéristiques vont déterminer la qualité de la découpe. Celle ci est jugée sur différents
paramètres tels que son profil, la production de bavures, et la déformation thermique du
matériau coupé. La qualité et la vitesse de coupe sont des éléments importants dans le choix
d’un procédé. D’autres paramètres comme la pollution engendrée et le rapport qualité/coût
pour l’entreprise entrent aussi en jeu. Il faut aussi prendre en compte le montant initial de
l’installation, la formation du personnel et, ce qui est souvent oublié, le prix d’un éventuel
retraitement de la pièce coupée pour la rendre utilisable pour un autre procédé (le soudage par
exemple). On peut remarquer que la plupart des techniques mécaniques nécessitent un contact
direct entre la pièce à couper et l’outil ce qui n’est pas le cas des procédés thermiques. Ce
dernier point est un avantage non négligeable des outils de découpe thermique.
Les techniques de découpe thermique sont au nombre de trois : la découpe laser,
l’oxycoupage et la découpe plasma. Ces trois techniques sont concurrentes et le choix de
l’une ou l’autre se fera suivant les critères que nous avons mentionnés ci dessus et que nous
détaillerons dans ce paragraphe. Nous présentons à présent le fonctionnement des différentes
techniques de découpe thermique.

I.A.1) La découpe laser

Des trois procédés thermiques, la découpe laser est celui qui est apparu le plus
récemment dans l’industrie (autour des années 80) [Vig_1]. Malgré cette récente apparition,
elle occupe aujourd’hui une place prépondérante sur le marché, concurrençant fortement la
découpe plasma et les procédés mécaniques.
Le schéma d’un dispositif laser est présenté sur la figure (FI_01). L’énergie qui sert à
la fusion du métal est apportée par un faisceau de photons monochromatiques. Ce faisceau est
focalisé par une lentille et frappe ensuite la plaque de métal à couper sur la plus petite surface
possible. L’apport d’énergie doit alors être suffisant pour vaporiser une partie du métal.
L’éjection des produits fusion/vaporisation hors de la saignée est effectuée par un soufflage
simultané d’un gaz de coupe. La nature de ce gaz peut être changée suivant les matériaux
envisagés. Ainsi, pour des aciers faiblement alliés, on utilisera de l’oxygène de manière à
obtenir sur les tranches de la saignée un effet chimique d’oxydation (qui rend plus lisses les

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Chapitre I : - Présentation de la découpe thermique – dispositif d’étude
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bords de saignée) alors que pour les aciers inoxydables ou des métaux contenant par exemple
du chrome, on utilisera des gaz plus inertes tels que l’argon ou l’azote. Ce gaz a aussi pour but
de protéger les éléments de l’optique du laser en évitant que des particules de métal fondues
viennent se coller dessus.
Le type de laser utilisé est généralement un laser CO2 [Vig_1] fonctionnant en continu
dans l’infrarouge. Le diamètre de sortie de la tuyère est d’environ 1mm. La puissance mise en
jeu pour alimenter la source laser est de l’ordre de 50 à 100kW pour une puissance utile au
niveau de la tête de coupe de seulement 2000W. Le rendement de l’ensemble est donc très
faible et le procédé très consommateur d’énergie.
Le procédé laser peut couper n’importe quel type de métal non réfléchissant sur des
épaisseurs allant de huit à moins de un millimètre. Des métaux tels que l’or ou l’aluminium ne
pourront être découpés car ils reflètent trop la lumière. Le laser permet aussi à l’industriel de
diversifier son activité grâce à la découpe d’autres matériaux tels que le bois ou le plastique.
Si l’on a un laser à longueur d’onde accordable, il suffit pour cela d’adapter la longueur
d’onde en fonction du matériau à traiter.

Figure (FI_01) : Tête laser de découpe.

I.A.2) Oxycoupage

Ce procédé est le plus ancien des trois. Il est utilisé dans l’industrie depuis le début du
siècle [Vig_1]. Malgré l’apparition des procédés plasma et laser et bien qu’il ne permette la

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Chapitre I : - Présentation de la découpe thermique – dispositif d’étude
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découpe que de d’aciers faiblement alliés, il équipe encore actuellement un grand nombre de
bancs de découpe.

Figure (FI_02) : Dispositif d’oxycoupage.

Dans ce procédé, l’énergie de fusion est fournie par la réaction d’oxydation du fer. Cette
réaction est la suivante :
2Fe + O 2 ⇔ FeO + 274.6kJ / mol (EI_01)
Il s’agit d’une réaction exothermique se produisant préférentiellement dans une
gamme de températures de 1600K à 1800K. Il est indispensable d’entourer le jet d’oxygène
servant à la combustion/oxydation du métal par une flamme de préchauffage. Cette dernière,
permet à la pièce de métal d’atteindre localement la température nécessaire à l’amorçage de la
réaction d’oxydation. La force vive du jet d’oxygène éjecte alors le métal fondu hors de la
saignée tout en laissant le métal solide en front de saignée à une température suffisante pour
entretenir la réaction pendant que l’outil avance. La figure (FI_02) donne un schéma simplifié
du procédé. Le gaz de coupe est injecté au centre de la buse et doit toujours être de l’oxygène
assez pur avec moins de 0.5% d’impuretés. Le gaz de chauffe est distribué par des injecteurs
placés en couronne autour du jet central. Ce gaz périphérique peut avoir différentes natures
suivant l’installation (propane, acétylène ou gaz commerciaux comme le tétrène d’Air
Liquide). Il est toujours mélangé à de l’oxygène comme comburant.

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Si ce n’est l’alimentation pour déplacer la tête de découpe, l’oxycoupage ne
consomme aucune énergie électrique. Il permet de découper tous les métaux non alliés
contenant du fer dans une plage d’épaisseur de 3 à 150 mm. Tous les autres types de métaux,
ou de matériaux ne pourront pas être traités.

I.A.3) Découpe plasma

Figure (FI_03) : Géométries de torches à plasma pour la découpe.

Le principe de base des procédés plasma consiste en la création d’un arc qui est
transféré entre une cathode autour de laquelle est soufflé un gaz et une pièce métallique à
couper prise comme anode. L’échange d’énergie entre le plasma et la plaque fait rentrer le
métal en fusion et la force vive du jet éjecte le métal liquide hors de la saignée. Il existe deux
types de configuration de torche : une où la cathode est pointue et une autre où elle est plate
de type « bouton ». La cathode plate est généralement en cuivre et possède habituellement un
insert en hafnium. La cathode pointue est la plupart du temps en tungstène. Ces deux types de
géométries sont représentées sur la figure (FI_03). Dans le cas des cathodes pointues,
l’écoulement de gaz est axial alors que pour les cathodes plates, il est en vortex. Ce dernier
point semble présenter deux avantages : (1) L’utilisation d’un vortex place le point d’émission
de l’arc hors du flux gazeux sur l’insert en hafnium, économisant ainsi les cathodes et
diminuant donc le coût de fonctionnement du procédé [Vig_1], (2) La présence du vortex
modifie le profil de saignée et on obtient des bords dissymétriques : un coté présentant très
peu de dépouille et un autre un peu plus. Ce deuxième point peut devenir un inconvénient si
l’on veut conserver les deux pièces obtenues après découpe.

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Ces deux types de géométries correspondent à différentes générations de torches. Les
premières torches des années 50 avaient une cathode pointue. Elles présentaient un diamètre
de sortie de tuyère de quelques millimètres et fonctionnaient avec des gaz chimiquement
inertes. Les dernières installations ont toutes une injection en vortex, un diamètre de tuyère
plus réduit autour du millimètre, et fonctionnent avec de l’air ou mieux de l’oxygène. Les
configurations à cathodes pointues sont de moins en moins utilisées de nos jours.
Les gaz plasmagènes doivent posséder des propriétés physiques particulières. Il faut
tout d’abord qu’ils aient une conductivité thermique et une enthalpie élevées de manière à
favoriser un transfert rapide d’importantes quantités de chaleur du plasma vers la plaque. Cela
permet d’avoir une vitesse de coupe élevée en conservant de bonnes caractéristiques de
coupe. Les gaz doivent aussi posséder une masse moléculaire ou atomique importante afin
que le jet de plasma puisse éjecter le métal fondu hors de la saignée.
L’azote et dans une moindre mesure l’argon détenant ces deux critères, ce sont eux qui
ont été les premiers utilisés dans les années 60 [Swa_1]. L’argon possède un faible potentiel
d’ionisation et une masse atomique importante mais son enthalpie et sa conductivité
thermique faibles n’en font pas un très bon candidat quand il est utilisé pur. Ainsi, ce sont
plutôt des mélanges argon-hydrogène qui sont utilisés, chaque gaz apportant ses "bonnes"
caractéristiques au plasma : l’argon son faible potentiel d’ionisation et sa densité de masse
élevée et l’hydrogène sa conductivité thermique importante. Les mélanges habituellement
utilisés se situaient dans des proportions aux alentours de 80%Ar et 20%H2 [Git_1]. Depuis
les années 70, ces mélanges ont été peu à peu remplacés par de l’azote ou de l’air sauf dans le
domaine de la découpe d’aciers inoxydables [Val_1]. Ces deux gaz regroupent toutes les
caractéristiques nécessaires à une découpe rapide et présentent l’avantage d’être largement
utilisés sur le marché (ils sont donc moins chers). Leur inconvénient majeur est la formation
de bavures sous la plaque et l’absorption d’azote par le métal qui se solidifie. Ce dernier
phénomène est très gênant lorsque l’on veut par la suite souder la pièce découpée. Il faut alors
retraiter chimiquement la pièce pour la décharger de son azote. Cette intervention
supplémentaire implique un accroissement non négligeable du prix de revient du produit
[Vig_1]. Pour pallier à ces inconvénients, la dernière génération de torche utilise de
l’oxygène. Ce gaz possède toutes les caractéristiques d’un « bon candidat » : Une enthalpie,
une densité de masse et une conductivité thermique élevées. Il permet de plus de découper
plus rapidement le métal avec des puissances électriques moins importantes [Fer_1].
Cependant, il présente l’inconvénient majeur d’user très vite les consommables. En effet,

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Chapitre I : - Présentation de la découpe thermique – dispositif d’étude
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l’oxygène engendre une érosion très importante au niveau des cathodes et des tuyères et il ne
permet actuellement pas une utilisation en continu de plus de 3 heures.
Les puissances mises en jeu varient de quelques kilo Watts à plus de 100kW. Le
courant fourni par les alimentations électriques est généralement continu. L’intensité de la
torche peut varier avec les conditions opératoires (épaisseur de tôle, gaz….) de quelques
dizaines d’ampères à 500 ou 600 ampères. La dernière génération de torche fonctionne plutôt
à faible intensité.
La plaque servant d’anode, il est évident qu’avec ce procédé, seuls les matériaux
conducteurs pourront être traités.

I.A.4) Qualité de coupe – Critères de choix

Après avoir présenté le fonctionnement des trois procédés thermiques, nous nous
intéressons dans ce paragraphe à la qualité de coupe et de manière plus générale, aux critères
de choix pour l’utilisateur d’une technique ou d’une autre.

Figure (FI_04) : Définition de diverses grandeurs et termes techniques utilisés pour la


découpe thermique.

Nous présentons sur la figure (FI_04) le schéma d’un procédé thermique découpant
une plaque. Ce procédé peut être soit un laser, une torche d’oxycoupage ou une torche
plasma. Sur cette figure, divers termes associés à la découpe thermique sont introduits :

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Chapitre I : - Présentation de la découpe thermique – dispositif d’étude
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- Zone Affectée Thermiquement (Z.A.T.) :


Lors de la découpe, une certaine quantité d’énergie est fournie au métal par l’outil.
Suivant les cas, ce flux thermique peut modifier la structure du métal autour de la saignée sur
plusieurs millimètres. Par définition, la ZAT représente l’isotherme à partir de laquelle la
structure du métal est inchangée. Cette isotherme est égale à 700°C pour l’acier [Val_1]. Elle
peut être révélée par un traitement chimique acide effectué après la découpe. Plus la ZAT est
réduite, meilleure est la qualité du produit fini. En effet, la ZAT peut être vue comme l’image
de l’effet thermique de l’outil sur le matériau. Si elle est étendue, cela traduit le fait que le
flux de chaleur s’est propagé profondément dans le matériau entraînant des déformations
thermiques indésirables.

- Retard :
Ce terme désigne l’angle créé par l’outil sur le front de fusion du métal. Cet angle
dépend principalement de la vitesse de déplacement de l’outil et du flux thermique reçu par la
pièce. Ramakrishnan [Ram_1] a étudié pour une torche à plasma les retards engendrés par
différentes vitesses de coupe. Pour des vitesses de torches trop élevées, il a montré que la
puissance fournie à la pièce à couper est réduite et que cela entraîne un retard sur le front de
fusion. Si par contre, la vitesse est trop faible, un retard est aussi créé mais dans l’autre sens,
la courbure du front de fusion s’inversant alors vers l’avant. Pour la séparation de plaque de
métal en deux, le retard a peu d’incidence sur la qualité de la coupe. Par contre, pour des
applications plus complexes comme la découpe de formes en deux dimensions, il sera
primordial de bien adapter la vitesse de l’outil pour éviter au maximum une courbure positive
ou négative du front de fusion.

- Dépouille :
Dans la plupart des cas, quand la saignée se forme, sa largeur en haut et en bas de
plaque n’est pas la même. La dépouille représente l’angle que forment les bords de la saignée
par rapport à la verticale. Cet angle n’est pas forcément identique à gauche et à droite de la
saignée. Il dépend du procédé utilisé, des conditions opératoires (gaz, vortex, débits…), mais
aussi de l’épaisseur de la plaque. Plus la pièce à couper est épaisse, plus la dépouille risque
d’être importante. Une bonne qualité de coupe correspondra à la plus petite dépouille possible
(au moins sur un des bords de la saignée).

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Chapitre I : - Présentation de la découpe thermique – dispositif d’étude
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- Largeur de trait :
Suivant les procédés, la largeur moyenne de saignée varie de quelques dixièmes de
millimètres à quelques millimètres. Cette largeur de trait va jouer sur la précision du procédé.
Plus elle sera petite, plus le procédé sera précis et plus l’on pourra découper de petites pièces.

- Scories :
Lors de la fusion du métal le long de la saignée, il arrive souvent que des gouttelettes
restent accrochées sous la tôle. Ce sont ces éléments de métal solidifiés sous la plaque et sur
les bords de saignée que l’on appelle scories. A titre d’exemple, nous avons représenté sur la
figure (I_05) les scories crées par un plasma d’azote. On peut observer que leur hauteur peut
atteindre jusqu’à 1cm. Lors de la présence de scories, il est nécessaire de retraiter la pièce
après découpe en « ébavurant » ses bords. Cette opération entraîne un surcoût qui influencera
directement le choix d’un procédé. Sur cette même figure, on peut voir la présence de stries
dans la saignée. Ces stries sont aussi un défaut important de la découpe plasma et ont fait
l’objet de nombreuses études dont la thèse de Valetoux [Val_1]. Cependant il semble
qu’aucune explication valable sur leur origine n’aie été trouvée. Il est à noter que ces stries
apparaissent aussi bien lors de la découpe laser que lors de la découpe plasma.

Figure (FI_05) : Exemple de scories sous la plaque.

Ainsi donc, la qualité de coupe sera jugée suivant les différents critères présentés. Elle
n’est cependant pas le seul paramètre qui entre en jeu dans le choix d’un procédé. En effet, le
coût de l’installation, des consommables, de la formation du personnel, et celui d’un éventuel
retraitement de la pièce après découpe sont d’autres critères importants. La notion de

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Chapitre I : - Présentation de la découpe thermique – dispositif d’étude
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rendement avec la vitesse de coupe est aussi essentielle. Enfin n’oublions pas dans ces
critères, les diverses pollutions créées par le procédé parmi lesquelles les fumées dégagées, le
rayonnement et le bruit émis par l’outil. Sur ce dernier point, si le retraitement des gaz
dégagés par le procédé est bien maîtrisé, beaucoup de progrès restent à faire pour les deux
autres types de pollutions [Dec_1]. L’utilisateur devra donc bien définir ses besoins afin
d’optimiser au mieux le rapport (qualité + rendement)/coût de son installation.

I.A.5) Comparaison des procédés thermiques

Nous présentons dans ce paragraphe, pour chaque technique, les caractéristiques qui
vont permettre à l’utilisateur d’élaborer son choix.

- La découpe Laser.
Pour ce procédé, la vitesse de coupe varie de 0.3m/min à 10m/min suivant l’épaisseur
de la plaque et la puissance du laser. L’apport d’énergie se faisant sur une surface de quelques
dixièmes de mm2, la ZAT est peu importante et la largeur de trait de l’ordre de quelques
dixièmes de millimètres. Le matériau à couper subit peu de déformations thermiques ce qui
est un avantage important. Les bords de saignée sont bien droits et la dépouille quasiment
négligeable. Avec le laser, à condition d’avoir de bons réglages, la formation de scories est
inexistante. Par contre l’apparition de stries persiste. L’épaisseur de la plaque que l’on peut
couper de manière rentable varie du dixième de millimètre à 3-4 millimètres. En terme de
qualité de coupe, le laser présente de nombreux avantages : une très bonne précision, une
ZAT très étroite et une grande diversité de matériaux traitables.
En terme de pollution, les installations laser font un bruit important (autour de
100dBA à un mètre de l’installation) et dégagent beaucoup de rayonnement [Dec_1]. Des
solutions peu pratiques pour éviter cela, consistent à encapsuler la tête laser ou de séparer
l’utilisateur de l’endroit où se fait la découpe. Ceci a pour conséquence d’augmenter le coût
de l’installation, d’abaisser la productivité et donc d’accroître le coût de la découpe. Des
solutions individuelles peuvent aussi être mises en place.
Le prix d’une installation complète se situe aux alentours de 500 kilo-euros [Vig_1].
Cela représente un investissement de départ lourd pour une entreprise. De plus les
installations laser restent tout de même relativement fragiles et leur coût d’entretien est très
élevé.

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Chapitre I : - Présentation de la découpe thermique – dispositif d’étude
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- Oxycoupage
Pour l’oxycoupage, les vitesses de coupe se situent autour d’une cinquantaine de
centimètres par minute. Seuls les aciers pas ou faiblement alliés peuvent être coupés. La ZAT
créée est très importante, de l’ordre de 6mm autour de la saignée [Val_1]. Cette très large
ZAT est principalement due à la présence des flammes de préchauffage qui portent le métal
autour de la saignée à une température avoisinant les 1600K pour amorcer la réaction
d’oxydation. Une autre raison provient de la réaction chimique exothermique s’effectuant au
sein de la plaque de métal. En effet, cette réaction propage de la chaleur de manière isotrope à
partir de tous les bords de la saignée. Le flux de chaleur transmis dans la plaque, modifie de
manière importante la structure du métal dans la ZAT et favorise l’apparition de fortes
déformations thermiques. La largeur de trait est de l’ordre de 2 à 3mm et la précision finale de
l’ordre de 1 à 2 millimètres. La présence d’oxygène a tendance à fluidifier le métal liquide,
évitant que des scories s’accrochent en bas de saignée [Fer_1]. L’oxycoupage a ainsi
l’avantage de créer des saignées aux bords bien lisses et aucun retraitement de la pièce coupée
n’est nécessaire. La dépouille créée est quasi inexistante. Finalement, la qualité de coupe de
l’oxycoupage est moyenne : les caractéristiques de la saignée sont bonnes mais la précision
est médiocre et les déformations thermiques importantes. Malgré cela, l’oxycoupage est
beaucoup utilisé dans l’industrie car c’est un procédé très robuste avec un coût très faible aux
alentours de quelques centaines d’euros [Vig_1]. De plus, l’oxycoupage permet de couper des
épaisseurs de plaque variant de 20cm à 2m. De plus, la pollution de ce procédé se limite à la
création de gaz toxiques du type Nx-Oy et cette pollution est bien maîtrisée et traitée par des
systèmes d’extraction et de filtrage des fumées [Dec_1].

- Découpe plasma
Pour la découpe plasma, la vitesse de coupe dépasse 5 m/min pour les plus faibles
épaisseurs et n’atteint que quelque dizaines de centimètres par minute pour les plus fortes. On
peut couper de manière rentable des épaisseurs de métal allant de quelques dixièmes de
millimètres à plus de 150 mm. Il faudra toutefois adapter la géométrie de la torche et sa
puissance pour les plus fortes épaisseurs. La largeur de trait se situe aux alentours de 1 à 2
mm. Elle dépend de la puissance et de la géométrie de la torche. Avec les nouveaux procédés
à l’oxygène on arrive à obtenir des largeurs de trait inférieures au millimètre et une précision
de coupe de quelques dixièmes de millimètres, comparable à celle du laser [Fer_1]. Suivant la
configuration de la torche et les conditions opératoires, la ZAT varie de 1 à 2mm. Elle est
beaucoup moins importante que dans le cas de l’oxycoupage. Lorsque la découpe est réalisée

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Chapitre I : - Présentation de la découpe thermique – dispositif d’étude
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sous l’eau, la ZAT est quelque peu diminuée [Vig_1]. La présence d’une ZAT de 2 mm
traduit la présence d’un fort gradient de température lors de la découpe engendrant, pour les
torches de forte puissance, des déformations thermiques au sein de la pièce coupée. On peut
éventuellement pour les éviter mettre en place une découpe simultanée des deux bords de la
pièce par deux torches [Vig_1]. En terme de qualité de coupe, le plus gros inconvénient de la
découpe plasma reste la difficulté à réduire l’accrochage de scories à la sortie de la saignée
telles que celles présentées sur la figure (FI_05). L’utilisation de l’oxygène diminue
notablement leur formation. En effet avec l’oxygène, la tension de surface du métal est
fortement abaissée [Fer_1] et les gouttes de métal, plus petites que dans le cas de l’azote ou
du mélange argon - hydrogène, se forment beaucoup plus rapidement. Les scories sont donc
beaucoup moins nombreuses. On pourrait penser que comme pour l’oxycoupage une action
d’oxydation est couplée à l’action du plasma. En fait les ordres de grandeurs des températures
en haut de la saignée (15000K) ne permettent pas l’oxydation qui ne se fait qu’à des
températures voisines de 2000K. Par contre en bas de saignée, l’oxydation a lieu et semble
dans une certaine mesure éviter la formation de scories. Les bords de la saignée obtenus avec
l’oxygène sont beaucoup plus lisses qu’avec les autres gaz. Cependant, l’emploi de l’oxygène
n’empêche pas la formation de stries.
Le coût d’une installation plasma est de quelques dizaines de milliers d’euros. Si on
utilise de l’oxygène comme gaz de coupe, il faut aussi compter un surcoût important dû aux
consommables [Fer_1]. La pollution engendrée par le procédé plasma est à peu près de même
nature que celle du laser ( bruit + rayonnement). Cependant, contrairement à son concurrent,
elle peut être réduite par la mise en place d’un banc de découpe sous l’eau [Dec_1].
Pour conclure, la découpe plasma permet de traiter des métaux dans une gamme
d’épaisseur variant de 1 à 150mm. Cependant pour cela il faudra adapter la torche pour les
différentes épaisseurs. Par rapport à l’oxycoupage, la ZAT est fortement réduite et la précision
accrue. La technique plasma, peu fragile permet de couper tous les types de métaux et le coût
d’une installation est à peu près dix fois moindre que celui d’un banc de découpe laser.
L’apparition des nouvelles torches à oxygène permet d’accroître la précision et la vitesse de
coupe tout en consommant moins d’énergie. La figure (FI_06) [Vig_1] présente les
différentes gammes de fonctionnement pour les procédés thermiques. On peut observer que la
découpe plasma sous oxygène se place comme un concurrent direct de la découpe laser. En
effet, ces deux techniques opèrent dans la même plage d’épaisseur, la découpe sous oxygène
étant deux à trois fois plus rapide. De plus son coût de revient et d’entretien est bien inférieur
à celui d’une installation laser.

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Chapitre I : - Présentation de la découpe thermique – dispositif d’étude
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Figure (FI_06) : Vitesse de coupes suivant les épaisseurs pour les procédés de découpe
présentés

I.B) Position du problème – dispositif d’étude

La découpe plasma est un procédé complexe mettant en jeu plusieurs domaines de la


physique. Pour le représenter Valetoux [Val_1] a proposé un synopsis que nous reprenons
quelque peu modifié sur la figure (FI_07).
D’après ce synopsis, les phénomènes mis en jeu dans la découpe peuvent être séparés
en deux grandes catégories, une concernant la physique des plasmas thermiques et une autre
concernant l’interaction plasma – métal à couper. La physique des plasmas permet, en
connaissant, les propriétés du gaz utilisé et les conditions opératoires de caractériser le jet de
plasma en terme de vitesse, température, densité d’énergie, pression…. Ce jet de plasma
interagit avec la plaque à couper faisant rentrer le métal en fusion et éjectant ce métal hors de
la saignée. Ces processus, qui font partie de l’interaction plasma – surface, font intervenir de
nombreux domaines de la physique: la thermique avec le transfert de chaleur du plasma vers

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Chapitre I : - Présentation de la découpe thermique – dispositif d’étude
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la plaque, la mécanique des fluides, la chimie réactive et la physique des matériaux. Les deux
parties interagissent l’une avec l’autre et vont déterminer les caractéristiques de la découpe.

Figure (FI_07) : Synopsis de la découpe plasma.

Dans ce qui suit, nous donnons dans un premier temps les publications scientifiques
récentes existantes sur le sujet de la découpe. Nous présentons ensuite les motivations de cette
étude, le dispositif de découpe que nous avons utilisé et son installation au CPAT.

I.B.1) Etude bibliographique

Les publications scientifiques autour de la découpe suivent généralement les deux axes
principaux du synopsis. Pour l’interaction plasma – matériau, on peut par exemple citer trois
publications récentes de Nemchinsky [Nem_2] [Nem_3] [Nem_4] et une autre de
Ramakrishnan [Ram_1].
Dans un premier papier, Nemchinsky [Nem_2] présente un modèle assez complet des

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Chapitre I : - Présentation de la découpe thermique – dispositif d’étude
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forces agissant sur la couche de métal liquide pendant une découpe plasma sous oxygène
fonctionnant entre 250 et 700A. Un bilan entre les forces de gravité, traînée, viscosité du
métal liquide, inertie et tension de surface est fait. Sur les bases d’un modèle simple, l’auteur
conclut sur l’importance de l’épaisseur de la couche liquide sur le transfert thermique à la
plaque et en déduit des vitesses optimales de découpe suivant les conditions opératoires.
Cependant, dans ce modèle, le plasma n’est vu que comme un fluide isotherme avec une
vitesse unique ce qui paraît assez réducteur. C’est cependant à l’heure actuelle, la publication
la plus complète sur les transferts thermiques du plasma vers la plaque et sur l’analyse de la
couche de métal liquide.
Dans ses deux autres publications, Nemchinsky étudie d’une part, la façon dont se
perce une plaque de métal dans la première phase de l’opération de découpe [Nem_3] et
d’autre part, les processus de formation de scories [Nem_4]. A chaque fois des modèles de
transferts thermiques sont développés et leurs résultats comparés avec des données
expérimentales macroscopiques (vitesse de découpe, efficacité du procédé). Les torches
plasma utilisées fonctionnent entre 200 et 400A. Pour le premier article, le modèle de perçage
est développé en 2D axisymétrique mais le plasma n’est vu que comme une source de chaleur
isotherme. Les aspects particuliers du plasma (électrique, gradient de température, propriétés
thermodynamiques..) ne sont pas pris en compte. L’auteur étudie l’efficacité du perçage de
plaques de différentes épaisseurs en utilisant de l’oxygène ou de l’azote. Il conclut sur la plus
grande efficacité de l’oxygène par rapport à l’azote. Dans l’article sur la formation de scories,
un modèle de transfert thermique basé sur celui de Rosenthal [Ros_1] est présenté. L’auteur
en déduit des vitesses minimales et maximales de coupe. Cependant, encore une fois, le
plasma n’est considéré que comme une simple source de chaleur. Dans ce même article, une
étude utilisant le nombre adimensionnel de Weber est proposée. Ce nombre est le rapport des
forces dynamique de la couche liquide sur les forces de tension de surface. L’auteur montre
que plus ce nombre est important et moins il existe de scories.
Enfin, dans un dernier article Ramakrishnan [Ram_1] fait une étude très complète
sur les caractéristiques de coupe suivant la composition du gaz plasmagène. La torche utilisée
fonctionne à 100A. Divers résultats expérimentaux sont présentés avec notamment des profils
de saignée suivant les conditions opératoires telles que le gaz de coupe ou la vitesse de torche.
Une étude théorique sur l’efficacité du plasma de découpe est ensuite proposée mais là aussi,
le plasma n’est considéré que comme une source de chaleur sans plus de détails.
Concernant la colonne plasma qui est l’autre point du synopsis, des études théoriques
et expérimentales ont été publiées. Pour la partie expérimentale, Pardo et al [Par_1] sont les

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Chapitre I : - Présentation de la découpe thermique – dispositif d’étude
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seuls à avoir proposé une étude spectroscopique aussi complète d’un plasma de découpe sous
air fonctionnant autour de 100A. Des champs de température, pression et densité
électroniques sont présentés. Les auteurs soulignent les hautes températures du plasma
(supérieures à 15000K en sortie de tuyère) et la présence d’une dépression en sortie de torche.
Cependant, leurs mesures sont entachées d’incertitudes élevées dues à une alimentation
électrique mal stabilisée. Pour la partie théorique, Nemchinsky propose dans un de ses
articles [Nem_1] d’étudier les caractéristiques d’un arc de découpe en améliorant un modèle
théorique développé par Ramakrishnan [Ram_2]. Ce modèle très simple considère le plasma
comme un fluide possédant deux zones de températures constantes: Une température élevée
au centre du jet et une température de quelques centaines de kelvins sur les bords. La vitesse
du plasma est considérée uniquement axiale et la pression dans le plasma ne varie elle aussi
que suivant l’axe. La véritable géométrie de la tuyère de découpe n’est pas prise en compte
car la torche n’est considérée que comme un cylindre uniforme et les forces de Lorentz sont
négligées. Ces deux études [Nem_1] [Ram_2] assez similaires permettent tout de même de
donner quelques caractéristiques d’un plasma de découpe : des températures très élevées
(autour de 25000K pour une intensité de 400A) et un jet supersonique avec la présence d’une
onde de choc en sortie de torche. Un modèle plus compliqué en deux dimensions
axisymétrique, utilisant les équations de Navier Stokes a été développé par Gonzalez –
Aguilar [Gon_1]. Ce modèle donne des résultats en terme de champs de température de
pression et de vitesse. Cependant, l’article ne présente pas une configuration réaliste de
découpe. En effet, le plasma s’écrase sur une plaque pleine et l’impact du jet qui possède des
vitesses très élevées, peut créer des recirculations qui modifient complètement les
caractéristiques du plasma.
Le but de notre travail est l’étude d’un dispositif industriel de découpe plasma. Cette
installation fournie par la société Air Liquide fait partie de la dernière génération de torches
développées dans les années 90. Elle fonctionne sous oxygène à basse intensité et présente un
diamètre de tuyère relativement fin. Nous proposons dans cette étude deux approches du
problème. Une première, théorique avec le développement d’un modèle prenant en compte la
géométrie de la torche de découpe. Une deuxième expérimentale, avec notamment l’étude
spectroscopique du plasma de découpe. Dans un premier temps l’étude est faite sur une
configuration qui nous permet de déterminer les caractéristiques de la colonne plasma. Les
résultats du modèle sont comparés sur certains points à ceux de l’expérience. Dans un
deuxième temps, sur les bases de notre modèle 2D, nous procédons à une étude théorique
d’une configuration réelle de découpe. Une estimation des flux d’énergie vers la plaque est

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Chapitre I : - Présentation de la découpe thermique – dispositif d’étude
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faite. Enfin, nous développons un modèle 3D de la même configuration de découpe et
comparons les résultats 3D avec ceux en 2D. Nous présentons à présent le dispositif d’étude
et ses différents accessoires.

I.B.2) La torche industrielle

Le dispositif complet est constitué de quatre parties : Une alimentation électrique, un


boîtier de commande, un boîtier fluide et la torche de découpe. C’est une installation
commerciale vendue par la Soudure Autogène Française.

- L’alimentation électrique
L’alimentation électrique est une source de courant continue de type Nertajet HP 120.
Elle fournit des intensités fixes de 15, 30, 60, 90 et 120 Ampères et dispose d’une stabilisation
électronique qui lui permet de réagir à d’éventuelles fluctuations de l’arc. Elle supporte une
tension pouvant aller jusqu’à 500V à vide et 300V en charge. L’alimentation a des
dimensions de 670x820x1320mm (largeur x longueur x hauteur) et est refroidie par un
ventilateur. Cet ensemble gère non seulement le courant délivré dans la torche mais aussi la
distribution des différents gaz et le refroidissement par eau de la tête de découpe. A tout
moment, des diodes permettent de vérifier le bon fonctionnement de tous les éléments
pendant la découpe.

- Le boîtier de commandes.
Ce coffret gère l’ensemble de l’installation plasma. Il intègre le contrôle du courant de
la torche et celui des différents cycles de découpe tels que l’amorçage, le transfert de l’arc sur
la plaque ou le déplacement de la torche au dessus de la plaque à couper.

- La torche de découpe
La torche de découpe est une torche Nertajet OCP150. Elle est alimentée en eau, et
gaz par l’intermédiaire d’un faisceau de tuyauterie au travers duquel passe aussi
l’alimentation électrique. Un schéma de la tête de découpe est présenté sur la figure (FI_08).
Elle est composée d’une injection vortex (huit trous) (3), d’une tuyère en cuivre (2), d’une
cathode plate (4) avec insert en hafnium et d’une coiffe en métal chromé (1). Tous ces
éléments sont considérés comme des consommables et peuvent être changés séparément
suivant leur usure. Certains changent suivant les conditions opératoires. Le diamètre de la

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Chapitre I : - Présentation de la découpe thermique – dispositif d’étude
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tuyère varie suivant les intensités d’utilisation. Sa valeur se situe autour de un millimètre. On
peut obtenir un effet de vortex plus ou moins important en changeant la partie vortex. La
cathode peut être changée suivant le gaz de coupe. Une circulation d’eau permet le
refroidissement de l’ensemble. Cette eau passe à l’intérieur de la cathode et entre la tuyère et
la coiffe.

Figure (FI_08) : Schéma de principe de la tête de torche OCP150

Pour amorcer le plasma, on crée d’abord un arc pilote dans de l’argon entre la cathode et
la tuyère. Ce premier arc est créé par contact entre la cathode et la tuyère. Un système d’air
comprimé permet de faire descendre la cathode jusqu’à l’entrée de la tuyère. Une fois ce
plasma établi, on rapproche la torche de la plaque à couper (de l’ordre du millimètre entre les
deux) et on transfère l’arc sur cette dernière. Le gaz plasmagène passe alors automatiquement
de l’argon à l’oxygène. Ce cycle est automatique.

- Le boîtier fluide.
Ce boîtier est placé entre la torche et l’alimentation, son rôle est de contrôler la
distribution des gaz de coupe. Il comporte un manomètre qui permet de vérifier et de régler la
pression d’entrée de la tuyère. En condition de découpe, les débits de gaz plasmagène varient
entre 4 et 12Nl/min suivant les intensités.

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Chapitre I : - Présentation de la découpe thermique – dispositif d’étude
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I.B.3) L’installation au laboratoire

Notre but n’est pas d’étudier la torche en fonctionnement de découpe mais plutôt de
caractériser le plasma d’oxygène qui est créé. Pour cela, nous avons remplacé la plaque à
couper par un disque tournant de 20 cm de diamètre. Un schéma de principe de ce dispositif
est donné sur la figure (FI_09).
gaz
Eau

arc

Anode rotative

Figure (FI_09) : Schéma du dispositif en laboratoire

Le disque est en acier et sa vitesse de rotation a été choisie de manière à ce que l’arc reste
bien stable (≈2 tours/min). La procédure d’allumage reste la même mais l’amorçage se fait sur
le bord du disque. Lorsque l’on transfère l’arc, la distance anode - sortie de tuyère est de
quelques millimètres. On descend ensuite le disque pour obtenir un espace anode - tuyère de
1.5cm. Cette distance nous permet de procéder à des mesures spectroscopiques d’émission du
plasma sans être gênés par d’éventuelles éjections de métal. Nous donnerons plus de détails
sur l’installation mise en place au laboratoire au chapitre III lorsque nous aborderons la partie
expérimentale de ce travail.
La partie modélisation que nous allons développer au chapitre II a été réalisée sur le
dispositif expérimental que nous venons de décrire. Il en est de même pour les mesures par
spectroscopie d’émission que nous présenterons au chapitre III.

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Chapitre II : - Etude de la colonne d’arc du plasma de découpe
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Chapitre II

Etude de la colonne d’arc du


plasma de découpe
Chapitre II : - Etude de la colonne d’arc du plasma de découpe
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Chapitre II : - Etude de la colonne d’arc du plasma de découpe
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II.A) Modèle de Base – Validation par les résultats sur l’arc libre

Nous présentons dans ce paragraphe les bases du modèle hydrodynamique. Dans un


premier temps, nous introduisons les concepts généraux concernant l’hydrodynamique et la
méthode numérique que nous utilisons. Nous présentons ensuite en détail le modèle fluide
utilisé pour la description du plasma de découpe. Ce modèle fluide, est régit par les équations
de Navier - Stokes auxquelles sont ajoutés différents termes prenant en compte la nature
électrique du plasma. Ces équations forment un système résolu à l’aide de la version 4.5
structurée du logiciel Fluent. Fluent est un logiciel commercial dédié à la modélisation des
écoulements fluides à basses températures (typiquement jusqu’aux températures de
combustion inférieures à 4000K). Cependant des routines en fortran permettent à l’utilisateur
d’adapter le logiciel Fluent à des besoins particuliers tout en bénéficiant de la partie solveur :
résolution d’équations. Ainsi moyennant quelques difficultés d’utilisation et de conceptions, il
est possible d’adapter Fluent au traitement des plasmas thermiques. A la fin de ce paragraphe,
une validation de ces développements en Fortran est proposée en comparant les résultats
théoriques d’un arc libre à des résultats expérimentaux obtenus par Hsu [Hsu_1].

II.A.1) Modèle Fluide – Méthode numérique

La résolution des équations de Navier – Stokes consiste en la résolution d’un système


couplé d’équations différentielles à coefficients variables. Sauf dans des cas très simples, il
n’existe pas de solutions analytiques et seules des méthodes numériques permettent de prédire
les solutions de ces équations qui déterminent les caractéristiques d’un écoulement. Une de
ces méthodes, utilisée dans le logiciel Fluent, est celle de Patankar [Pat_1]. Dans ce qui suit,
une présentation des équations de Navier – Stokes et de la méthode de Patankar sera faite.

II.A.1.a) Equations de Navier – Stokes, terminologie

Les équations de Navier – Stokes traduisent pour un fluide, la conservation des


différents flux de masse et de chaleur, par unité de volume. Leurs solutions permettent de
déduire les grandeurs caractérisant le fluide : l’enthalpie (et donc la température), les vitesses,
la fraction massique, la pression. Chaque variable possède sa propre équation. Il y a ainsi une
équation de conservation de la masse, une équation pour chacune des composantes de la

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Chapitre II : - Etude de la colonne d’arc du plasma de découpe
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vitesse suivant les dimensions du problème et une autre de conservation de l’énergie. Elles
sont données en détails par Bird [Bir_1] :

¾ Conservation de la masse
∂ρ
∂t
( )
+ ∇ ρv = 0 (EII_01)

ρ désigne la densité de masse du fluide, et v le vecteur vitesse.

¾ Conservation de la quantité de mouvement

∂ρv
∂t
( ) ( )
+ ∇ ρv⋅v = −∇P − ∇⋅τ + S (EII_02)

P désigne la pression et τ le tenseur de contraintes (matrice carrée de même dimension que


celle du problème à traiter (1D, 2D ou 3D)). Le terme S désigne un terme source par unité de
volume et de temps. Le terme de pression prend en compte les forces de pressions par unité de
surface et le tenseur des contraintes les forces visqueuses par unité de surface.

¾ Conservation de l’énergie.
La conservation de l’énergie se traduit par une équation de conservation de l’enthalpie
statique hs :
∂ (ρh s )
∂t
( )
+ v ⋅ ∇ ⋅ hs =
∂P
∂t
( ) ( )
+ v ⋅ ∇P + ∇ κ ∇T − ∇ τ ⋅ v + S (EII_03)

κ désigne la conductivité thermique du fluide. Les termes contenant la pression et le tenseur


de contrainte traduisent la variation de travail par unité de volume et de temps due aux forces
de pression et aux forces de viscosité.
La grandeur température est ensuite déduite de l’enthalpie statique sachant que :
T
h s(T )=h s(273K )+ ∫Cp(f )df (EII_04)
273

Cp désigne la chaleur spécifique du fluide.

Dans le cas de fluides compressibles, une équation d’état permet de relier la densité de
masse à la pression et à la température :
ρ(P, T ) = f (P, T ) (EII_05)

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Chapitre II : - Etude de la colonne d’arc du plasma de découpe
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Si le fluide est un mélange de plusieurs gaz, il faut ajouter l’équation de la fraction
massique :

∂t
( )
∂mf + ∇ mfρv = Smf (EII_06)

mf étant la fraction massique du gaz considéré, et Smf un terme source.

Dans les équations d’énergie et de quantité de mouvement, le tenseur de contraintes


n’est à priori pas connu. Cependant, dans la plupart des cas, les fluides sont considérés
comme newtoniens. Cette hypothèse traduit le fait que les forces visqueuses peuvent être
∂v i
décomposées en une partie proportionnelle à la déformation linéaire du fluide ( ) et une
∂x i

( )
autre à la déformation volumique du fluide ∇ ⋅ v . On a ainsi [Bir_1] :

  ∂v ∂v  2 ∂v
τij = µ i + j  − µ l δij (EII_07)
  ∂x j ∂x i  3 ∂x l

Les indices i, j correspondent aux différentes coordonnées, δij=1 si i=j et 0 sinon.


Différentes variantes des ces équations générales ont été étudiées dans la littérature.
Ainsi, dans certains cas, la viscosité peut être négligée (hypothèse d’un fluide non visqueux)
et les équations de Navier - Stokes se réduisent aux équations d’Euler. Dans d’autres cas, la
densité du fluide ne varie pas. Le fluide est alors incompressible et l’on peut sortir la densité
de tous les termes de gradient des équations décrites précédemment. Lorsque le problème est
stationnaire, les termes fonction du temps disparaissent des équations de conservation.
Suivant les cas et les différentes simplifications, les équations de Navier – Stokes
présentent trois natures physiques différentes : Paraboliques, elliptiques ou hyperboliques.
Cette classification se fait sur des critères mathématiques sur la forme des équations
différentielles. Nous ne les exposerons pas ici mais plus de détails sont donnés dans le livre de
Versteeg [Ver_1]. D’un point de vue physique, il faut retenir que pour les équations de
natures elliptiques ou paraboliques, la solution locale de la variable que l’on résout dépend de
toutes les autres valeurs de cette variable dans le domaine de calcul. Pour les équations de
type hyperbolique, la solution locale de la variable dépend uniquement des valeurs locales
d’une partie du domaine de calcul.
Il est tout à fait possible d’avoir des équations ayant une nature hyperbolique dans une
direction et elliptique dans une autre. Généralement, la séparation entre les types d’équation
est déterminée par la nature subsonique ou supersonique du fluide.

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Chapitre II : - Etude de la colonne d’arc du plasma de découpe
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Prenons un exemple cité par Jodoin [Jod_1] avec un écoulement créé entre deux
réservoirs, l’un à la pression P0 et l’autre à la pression P1, reliés tous deux par un conduit. Si
P0=P1, il n’y a pas d’écoulement. Si P0 est légèrement supérieure à P1, il y a un écoulement de
0 vers 1 mais la vitesse du fluide dans le conduit reste inférieure à la vitesse du son du milieu
et la pression a le temps de s’adapter pour atteindre la valeur P1. La nature des équations est
alors elliptique ou parabolique et la pression dans le conduit dépend à la fois de la pression
amont et aval. Si maintenant, la pression P0 est très supérieure à la pression P1 la vitesse du
fluide dépasse la vitesse du son du milieu. La vitesse du son correspondant à la vitesse de
déplacement des ondes dans le fluide, l’information se déplace moins vite que le fluide et, la
pression et les vitesses dans le conduit, poussées par la pression du réservoir amont 0 ne
peuvent pas s’adapter à la pression du réservoir 1. La pression relaxe alors de P0 vers P1 en
créant une onde de choc à la sortie du conduit reliant les deux réservoirs. Dans ces conditions
supersoniques, si on diminue la pression P1 dans le réservoir, la pression dans l’onde de choc
va baisser mais la distribution de pression dans le conduit ne va pas changer. On a alors un
comportement hyperbolique des équations, la pression locale dans la tuyère ne dépendant plus
que de la pression amont et pas des autres valeurs locales du domaine de calcul.

II.A.1.b) Méthode de Patankar

Comme nous l’avons présenté dans l’introduction de ce paragraphe, le logiciel Fluent


utilise la résolution des équations de Navier – Stokes sur des géométries plus ou moins
complexes en deux ou trois dimensions. Cette résolution est faite par la méthode itérative de
Patankar [Pat_1] qui consiste à mettre les équations stationnaires que l’on veut résoudre sous
la forme de l’équation :
r
( )
div(ρvφ) = div Γ φ grad(φ) + S φ (EII_08)
Le terme de gauche représente la partie convective de l’équation. De l’autre coté de
l’équation, nous trouvons successivement le terme de diffusion et le terme source. ρ est la

densité de masse, v la vitesse et Γφ un coefficient de diffusion. φ est la variable à résoudre.


Le domaine de calcul est divisé en volumes de contrôle au centre desquels sont
calculées les valeurs locales des scalaires φ en fonction des valeurs locales voisines.
L’équation différentielle à coefficients variables (EII_08) est transformée en une équation
linéaire et les différentes grandeurs sont ensuite obtenues de manière itérative par une
méthode de résolution des systèmes linéaires jusqu’à convergence de la solution. La méthode

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Chapitre II : - Etude de la colonne d’arc du plasma de découpe
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de Patankar a déjà été appliquée avec succès aux plasmas thermiques par de nombreux
auteurs comme Bauchire [Bau_1] ou Gonzalez [Gon_2].
Nous proposons d’illustrer son fonctionnement à l’aide d’un cas à une dimension
représenté sur la figure (FII_01).

Figure (FII_01) : Représentation 1D de la résolution par méthode de Patankar.

Cette figure représente trois volumes de contrôle 1D avec leurs centres W (pour West)
P, et E (pour East) et leurs faces communes w et e. Ces volumes ont une longueur ∆x dans la
direction de résolution et présentent une surface A perpendiculairement. Le cas étant à une
seule dimension, la surface A est la même pour tous les volumes de contrôle. On suppose de
plus que les grandeurs sont homogènes sur la surface A et cette dernière sera donc simplifiée
dans toutes les équations. La valeur de φP sur le volume central se déduit de
l’équation (EII_08) mise sous la forme suivante :
A P φP = A W φW + A E φE + b (EII_09)
Les coefficients Ap, Aw, AE, se déduisent de l’intégration sur chaque volume de contrôle de
l’équation (EII_08).
Si u désigne la vitesse dans la direction de résolution, cette équation s’écrit en 1D :

(ρuφ) = ∂  Γ φ ∂ (φ) + Sφ (EII_10)
∂x ∂x  ∂x 
Après intégration sur les volumes de contrôle, en ne prenant pas de termes sources, il
vient :

(ρAuφ)e − (ρAuφ)w 
=  AΓ φ (φ) −  AΓ φ ∂ (φ) (EII_11)
 ∂x  e  ∂x  w

En posant F=ρu et D=Γφ / (∆x) et en simplifiant par A, on obtient :

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Chapitre II : - Etude de la colonne d’arc du plasma de découpe
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Fe φ e − Fw φ w = D e (φ E − φ P ) − D w (φ P − φ W ) (EII_12)

Avec le même formalisme, l’équation de conservation de la masse (EII_01) s’écrit :


Fe − Fw = 0 (EII_13)

Pour mettre l’équation (EII_12) sous la forme de l’équation (EII_09) il faut exprimer
les valeurs de F, D et φ aux faces des volumes de contrôle. Pour les termes diffusifs, une
1 1 1
interpolation du type D = D + D pour un maillage régulier permet de déduire les valeurs
e E P

aux faces [Pat_1]. En ce qui concerne les vitesses, dans la méthode préconisée par Patankar,
elles sont calculées sur un maillage décalé dont les centres des mailles correspondent aux
faces des volumes pour les autres scalaires [Pat_1] ( vitesses calculées en e et w et les autres
grandeurs en W, P, E ). Cela permet d’avoir directement la valeur de la vitesse aux faces des
cellules et d’obtenir une bonne conservation des flux de masse dans le volume de contrôle.
Néanmoins, dans la version commerciale de Fluent, ces vitesses sont calculées sur le même
maillage que les autres grandeurs évitant ainsi d’avoir à gérer deux maillages différents
[Flu_1]. Les vitesses aux faces sont ensuite déduites d’une interpolation linéaire prenant en
compte le gradient de pression à la face. Cette méthode proposée par Peric [Per_1] donne
d’aussi bons résultats que la méthode des maillages décalés.
Pour la densité de masse apparaissant dans les termes convectifs (F) et les valeurs de φ
aux faces, l’interpolation peut être faite en utilisant différents schémas numériques détaillés en
partie dans le paragraphe suivant.

II.A.1.c) Schémas numériques

Les schémas numériques sont généralement divisés par ordres de puissances dans la
direction x. Ceux du premier ordre correspondent à une estimation aux faces à l’aide d’une
série de Taylor coupée au premier ordre, ceux du deuxième ordre par une série à l’ordre deux
et ainsi de suite. Généralement plus l’ordre du schéma est élevé plus la solution est précise
mais aussi plus la convergence est difficile [Ver_1]. La qualité d’un schéma numérique sera
jugée sur la conservation des flux dans le volume de calcul, la prise en compte du sens de
l’écoulement et l’obtention d’une solution numérique stable. Nous présentons à présent
quelques schémas parmi les plus utilisés dans la littérature.

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Chapitre II : - Etude de la colonne d’arc du plasma de découpe
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¾ Différences finies.
Avec ce schéma, la valeur de φ à la face e est déduite par interpolation linéaire entre
φP et φE. Si les volumes sont de même taille, on a φe = (φP+φE)/2. Ce schéma bien conservatif
ne tient pas compte du sens de l’écoulement. Si le problème est purement diffusif (F=0), il
conduit à une solution correcte. Par contre dans le cas d’une forte convection, la méthode
itérative devient instable et peut conduire à des oscillations non physiques de la solution.
Même si ce schéma est du second ordre, Patankar [Pat_1] déconseille son utilisation car il
ne prend pas en compte la convection du problème et peut conduire à des solutions aberrantes.

¾ Upwind.
Ce schéma prend en compte le sens et la direction de l’écoulement. Pour ce schéma, la
valeur de φ aux faces dépend du sens des vitesses : ainsi, si la vitesse ue (Figure FII_01) va de
P vers E, alors φe=φP. Si elle va dans le sens contraire, φe=φE. Ce schéma est très stable
numériquement et reste conservatif. Il a cependant tendance à atténuer les fortes variations de
φ et peut conduire à de la diffusion numérique si le maillage n’est pas bien aligné avec
l’écoulement [Pat_1].

¾ Power Law
Ce schéma est celui qui prend le mieux en compte la nature convecto – diffusive du
problème. Il utilise la solution 1D de l’équation (EII_10) en introduisant le nombre de Péclet.
Ce nombre adimensionnel est le rapport des effets convectifs sur les effets diffusifs : Pour une
ρuL
cellule de longueur L : Pe = . Si l’on reprend la figure (FII_01) autour de la face e, à
Γp

partir de la figure (FII_02), on peut obtenir la solution 1D qui nous donne :

( x
φ(x ) − φ P exp Pe ⋅ L
=
)
. On peut donc en déduire la valeur de φe en x=e. Ce schéma est le
φE − φP exp(Pe ) − 1

plus précis et le plus physique de tous. Si la convection est très forte, Pe>>1 on retrouve le
schéma upwind et si seule la diffusion prime, Pe=0, on retrouve le schéma des différences
finies.

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Chapitre II : - Etude de la colonne d’arc du plasma de découpe


Figure (FII_02) : Points de contrôle du maillage

¾ Schéma du second ordre – Schéma QUICK


Les schémas numériques de « second ordre » font intervenir en général les volumes
voisins aux volumes adjacents de la face et la convection du milieu. Si on reprend la figure
(FII_01), en supposant que la vitesse va de W vers E, ces schémas proposent de calculer la
valeur de φe par une interpolation quadratique passant par φW, φP et φE de la forme:
 φ − φP 
Φe = ΦP +0.5 ⋅ B(r) ⋅ (ΦP −ΦW ) , avec r =  E  (EII_14)
 φE − φW 
B(r) est une fonction qui permet de limiter les valeurs de φ aux faces pour éviter
qu’elles ne dépassent certaines valeurs non physiques. Cette fonction conditionne la valeur de
la variable φ aux faces des volumes. Si B(r) est une constante, le schéma n’est plus que du
premier ordre (ex : 0 upwind). Si B(r) est de la forme B(r) = 0.5 [(1+K) r + (1−K)] (K=
constante), le schéma est dit « linéaire » du second ordre. Pour K=1, on obtient le schéma des
différences finies, K=0.5 le schéma QUICK de base, K=-1 le schéma upwind du second ordre.
Ces schémas bien que du second ordre sont numériquement peu stables et peuvent entraîner
une convergence difficile du code due à des oscillations de la solution. Il faut donc faire très
attention lors de leur utilisation. Des schémas non linéaires avec limitations de B(r) ont été
développés pour en partie résoudre ce problème. Un des plus couramment utilisé, disponible
dans Fluent, est le schéma QUICK-MUSCL qui utilise l’expression suivante de B(r) :
B(r)=max (0 , min ( 2r , 0.5 + 0.5 ⋅ r , 2)) (EII_15)
Ce schéma permet d’obtenir une convergence du code relativement stable.
Le choix d’un schéma apparaît comme difficile. Les schémas du premier ordre moins
précis semblent plus physiques (comme le power law). Cependant, pour les fluides

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Chapitre II : - Etude de la colonne d’arc du plasma de découpe

supersoniques, ils ont tendance à atténuer les ondes de choc mais à stabiliser la convergence
du code.
Il est en général conseillé d’utiliser des schémas du deuxième ordre dans le cas des
écoulements supersoniques [Ver_1], mais ils entraînent souvent une surestimation des ondes
de pression et des discontinuités. Ils doivent donc être employés avec précaution et surtout
avec une fonction B(r) qui limite le plus possible l’obtention d’oscillations et stabilise la
convergence vers la solution. Nous consacrerons par la suite un paragraphe sur le choix des
schémas à utiliser dans notre configuration.

II.A.1.d) Equation de pression

Vitesses, enthalpie, et fraction massique sont obtenues à partir des équations de Navier
– Stokes mises sous la forme de l’équation (EII_08). La pression n’est pas gouvernée par une
équation de conservation, elle est déduite dans Fluent via l’algorithme SIMPLE décrit dans
[Pat_1]. A chaque itération, cet algorithme calcule une équation de correction de pression
permettant d’équilibrer à la fois l’équation de conservation de la masse et celle des quantités
de mouvement. Pour une itération i, il se déroule ainsi :
1 – Les propriétés du fluide sont déduites de l’itération précédente i-1
Par exemple ρ i = ρ(Ti-1 , Pi-1 ) .
2 – Pour cette itération, les équations de quantité de mouvement conduisent à des
composantes: vj* (j dépend de la direction par exemple r, z en 2D). Si la convergence
n’est pas atteinte les vj* ne respectent pas la loi de conservation de la masse (EII_01).
Une correction est donc nécessaire. Elle est faite au point 3.
3- Une correction de pression p’ permet d’équilibrer les équations de conservation de
la masse et de la quatité de mouvement. On a pi = pi-1 + p’.
4 – Cette correction de pression conduit à une correction de vitesse v’ et on a v=v*+v’.
5 – Les autres équations sont résolues
6 – On recommence au point 1 jusqu’à convergence du problème.

Aucune hypothèse n’est faite pour la résolution de cette correction et elle doit
normalement fonctionner à la fois pour les équations elliptiques, paraboliques, et
hyperboliques. Cependant, Patankar [Pat_1] signale que pour les cas supersoniques, elle peut
conduire à une divergence de la solution : dans une même itération, en calculant la correction
de vitesse, elle ne tient pas compte de la variation de densité due à la correction de pression

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Chapitre II : - Etude de la colonne d’arc du plasma de découpe
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p’. La méthode étant itérative, cette variation est prise en compte à l’itération suivante dans
l’étape 1 grâce à l’équation d’état. Si cette variation est trop forte, cela peut conduire très
rapidement à une divergence de la solution.
Divers moyens sont proposés dans la littérature pour pallier ce problème. McGuirke
et al [McG_1] proposent d’adopter une pression retardée tenant compte de la vitesse du son
locale (dont le carré est inversement proportionnel à la dérivée de la densité par rapport à la
pression à entropie constante). Cette solution fonctionne bien pour les cas instationnaires mais
ne change rien pour les cas stationnaires. Karki [Kar_1] propose l’utilisation de l’algorithme
SIMPLER compressible. Par rapport à SIMPLE qui déduit la pression d’une correction de
pression, cet algorithme résout une véritable équation de pression à chaque itération. La
correction de pression ne sert alors qu’à calculer la correction de vitesse de la même manière
que dans SIMPLE. Dans la forme compressible de SIMPLER, la correction de pression prend
en compte la variation de la densité en fonction de la correction p’.
Fluent étant un logiciel commercial, il ne nous a malheureusement pas été possible de
changer le schéma de résolution de pression, cependant dans le logiciel Fluent, nous avons
constaté que l’algorithme de base de SIMPLE a été modifié avec l’ajout d’une étape entre
l’étape 3 et 4 qui recalcule la variation de densité en tenant compte de p’. Le logiciel Fluent
permet de plus d’utiliser en option l’algorithme PISO [Flu_1][Ver_1] dérivé de SIMPLE. La
principale différence entre cet algorithme et SIMPLE est la répétition des étapes 3 et 4
plusieurs fois dans une même itération. Ces deux modifications semblent rendre le code plus
stable pour les fluides supersoniques en évitant les divergences.

II.A.2) Validation Supersonique

Avant de modéliser un écoulement plasma nous avons voulu vérifier la capacité de


Fluent à bien modéliser les écoulements transsoniques et supersoniques. L’étude de ce point
particulier s’appuie sur les travaux de Cuffel [Cuf_1][Cuf_2]. La géométrie qu’il utilise est
présentée sur la figure (FII_03).

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Chapitre II : - Etude de la colonne d’arc du plasma de découpe
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Figure (FII_03) : Configuration de tuyère de Laval pour la validation du code.

Pour cette configuration, la tuyère est conique avec un angle de convergence de 45° à
l’entrée et de 15° à la sortie. Le rayon de la gorge est de 0.8 inches et le rapport entre le rayon
de gorge et le rayon de paroi à la gorge est de 0.625. Dans son article [Cuf_1], l’auteur donne
des mesures expérimentales de nombre de Mach et de pression statique d’un écoulement
d’air. Les conditions opératoires sont les suivantes : L’air est injecté à 300K et la pression de
stagnation dans la tuyère est de 70psi soit 4.86.105 Pa.
Nous avons appliqué cette géométrie dans Fluent avec les hypothèses suivantes :
- Le modèle est 2D axisymétrique
- Seule la densité varie en fonction de la pression en prenant comme équation
P
d’état : ρ(P ) =
287 * T
Les équations résolues sont les équations de conservation de la masse, des deux
composantes de la vitesse et celle de la température.
Les conditions aux limites de notre problème sont les suivantes : L’axe BC est pris
comme axe de symétrie. La paroi AD est considérée adiabatique avec des vitesses glissantes.
La pression à l’entrée (segment AB) est imposée à une pression totale de 4.86.105 Pa. A la
sortie la pression est prise égale à une pression statique de 6.5.104 Pa comme dans les
conditions expérimentales. Cette dernière condition n’est de toutes façons pas très importante,
car le fluide étant supersonique, les pressions et l’écoulement aval ne sont pas conditionnés
par cette valeur.

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Chapitre II : - Etude de la colonne d’arc du plasma de découpe
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Nous avons sur cette configuration effectués trois cas tests en faisant varier à chaque
fois les schémas numériques. Ces schémas pour les trois tests sont présentés dans le tableau
(TII_01) ci dessous :
Vitesses Température Densité
Test 1 Power Law Power Law Upwind
Test 2 Power Law Power Law MUSCL
Test 3 MUSCL MUSCL MUSCL
Tableau (TII_01) : Schémas utilisés pour les tests sur la tuyère convergente – divergente de
Cuffel [Cuf_1]

Nous comparons sur les figures (FII_04a-c) les résultats obtenus avec nos trois cas tests et les
résultats expérimentaux en terme de nombre de Mach. Les points correspondent aux valeurs
expérimentales de Cuffel et les lignes pleines à nos valeurs théoriques.

Figure (FII_04a) : Comparaison du champ de nombre de Mach obtenu avec le test 1 et


l’expérience [Cuf_1].

Figure (FII_04b) : Comparaison du champ de nombre de Mach obtenu avec le test 2 et


l’expérience [Cuf_1].

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Chapitre II : - Etude de la colonne d’arc du plasma de découpe
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Figure (FII_04c) : Comparaison du champ de nombre de Mach obtenu avec le test 3 et


l’expérience [Cuf_1].

Dans la partie amont de la tuyère, l’écoulement reste subsonique. Pour les trois cas tests
présentés dans cette partie, les nombres de Mach théoriques correspondent bien aux nombres
de Mach expérimentaux. Les schémas employés dans les trois tests positionnent correctement
le passage transsonique (Mach=1) au col de la tuyère : Pour le test 1, pour les nombres de
Mach supérieurs à l’unité, le schéma Upwind sur la densité a tendance à mal décrire les
vitesses supersoniques sur l’axe. Il sous-estime systématiquement les nombres de Mach
supérieurs à 1, atténuant ainsi l’aspect supersonique du fluide. L’application d’un schéma
MUSCL sur la densité en gardant les autres interpolations en Power Law permet de mieux
prendre en compte les vitesses supersoniques, les résultats théoriques se rapprochant
nettement des valeurs expérimentales. Enfin, pour le test 3, l’utilisation du schéma MUSCL
sur toutes les variables a tendance à surestimer l’aspect supersonique du fluide et le gradient
de pression. Sur les bords de la tuyère, on peut remarquer que les résultats théoriques diffèrent
de ceux expérimentaux. Cela peut être attribué à nos conditions limites qui ne prennent pas en
compte de lois de paroi pour les murs. D’un point de vue numérique, les schémas employés
dans les tests 1 et 2 sont très stables. L’application d’un schéma MUSCL sur toutes les
variables l’est moins et peut dans certains cas entraîner une divergence du code. Nous avons
donc choisi par la suite d’appliquer les schémas proposés dans le test 2. Cela semble être un
bon compromis entre précision et robustesse du code.

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Chapitre II : - Etude de la colonne d’arc du plasma de découpe
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II.A.3) Validation du modèle de base par l’Arc libre

Afin de valider les modules que nous avons développés nous avons modélisé la
configuration d’arc libre utilisée par Hsu [Hsu_1]. Dans cet article, Hsu présente des résultats
expérimentaux et théoriques d’un arc libre à 200A fonctionnant dans l’argon.

II.A.3.a) Hypothèses
- Nous supposons un modèle en deux dimensions axisymétrique. Le repère utilisé est
un repère en r et z.
- Le plasma est créé dans de l’argon et est à l’équilibre thermodynamique local. Cette
dernière hypothèse intervient essentiellement dans le calcul des coefficients de transport. Ils
sont issus du Thermal Plasma [Bou_1].
- Le plasma est considéré comme un fluide visqueux, laminaire, newtonien et le
problème est stationnaire. L’effet de la gravité est négligé devant les forces de pression.
- Nous avons utilisé la méthode du coefficient d’émission nette pour prendre en
compte le rayonnement émis par le plasma. Ces coefficients ont été calculés par Erraki
[Err_1] pour l’argon. Ils correspondent à l’émission d’une sphère de plasma isotherme de
rayon R et s’expriment en Watt par mètre cube. Bien que très simplificatrice, cette hypothèse
semble donner d’assez bons résultat dans les modélisations de plasmas thermiques [Vac_1]
car elle décrit bien les pertes par rayonnement des parties chaudes du plasma. Cette méthode
est très utilisée car elle est très pratique, donnant pour une température, un rayon de plasma et
un gaz donné un coefficient de perte radiative directement utilisable dans l’équation
d’énergie. Nous avons choisi pour cette modélisation un rayon de plasma R=1mm.
- Le caractère électrique du plasma est pris en compte par la résolution du potentiel
électrique pour calculer l’effet joule et par la résolution du potentiel vecteur pour estimer le
champ magnétique auto induit par l’arc.
- Nous ne modélisons que la colonne positive de l’arc, négligeant les gaines anodique
et cathodique.

II.A.3.b) Equations
Avec l’hypothèse 2D axisymétrique, l’équation de Patankar (EII_08) s’écrit sous la
forme stationnaire:

(ρv z Φ ) + 1 ∂ (rv r Φ ) = ∂  Γ Φ ∂Φ  + 1 ∂  rΓ Φ ∂Φ  + SΦ (EII_16)
∂z r ∂r ∂z  ∂z  r ∂r  ∂r 

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Chapitre II : - Etude de la colonne d’arc du plasma de découpe
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vr et vz sont les composantes radiale et axiale de la vitesse. Détaillons à présent les termes φ,
Γφ et Sφ des équations présentes dans le modèle.

¾ Equation de conservation de la masse


Pour l’équation de conservation de la masse on a :
φ=1, Γφ=0 et Sφ=0 (EII_17)

¾ Equation de conservation de la quantité de mouvement axiale


φ= vz, Γφ=µ et
∂p 1 ∂  ∂v r  1 ∂  ∂v z  2 ∂  1 ∂
SΦ = − +  rµ + µ −  (rv r ) + jr Bθ (EII_18)
∂z r ∂r  ∂z  3 ∂z  ∂z  3 ∂z  r ∂r 
La variable résolue est la vitesse axiale vz. Le coefficient de diffusion pour les deux équations
de quantité de mouvement est égal à la viscosité du fluide µ. Dans le terme source, le premier
terme correspond à l’influence des gradients de pression, les deuxième, troisième et quatrième
termes sont dus au tenseur visqueux. Le dernier terme représente l’influence des forces de
Lorentz sur la vitesse axiale, Bϑ et jr étant respectivement le champ magnétique azimutal et la
densité de courant radiale.

¾ Equation de conservation de la quantité de mouvement radiale


φ= vr, Γφ=µ et
∂p 1 ∂  ∂v r  1 ∂  ∂v z  2 ∂  1 ∂
SΦ = − +  rµ + µ −  (rv r ) − j z B θ (EII_19)
∂r r ∂r  ∂z  3 ∂z  ∂z  3 ∂z  r ∂r 
La variable est la vitesse radiale vr. Le coefficient de diffusion et les différents éléments du
terme source ont la même signification que pour l’équation (EII_18), jz étant cette fois la
densité de courant axiale. .

¾ Equation de conservation de l’énergie.


κ
φ= hs, Γ φ = et
Cp

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Chapitre II : - Etude de la colonne d’arc du plasma de découpe
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∂p ∂p
SΦ = v z + vr
∂z ∂r
  ∂v  2 v 2  ∂v  2   ∂v ∂v  2 2 1 ∂ 2

+ µ 2 r  + 2r +  z   +  r + z  − µ  (rv r ) + ∂v z   (EII_20)
  ∂r  r  ∂z    ∂z ∂r  3  r ∂r ∂z  

j2 + j2 5 k  jz ∂h s jr ∂h s 
+ z r − 4πε N + +
σ 2 e  C p ∂z C p ∂r 

Pour l’équation de l’énergie, la variable φ est l’enthalpie statique hs. L’enthalpie

statique est reliée à l’enthalpie totale htot par la relation h tot = h s +


2
()
1 2
v . Le coefficient de

κ
diffusion est pris égal à , κ étant la conductivité thermique de l’argon, et Cp sa chaleur
Cp

spécifique. En ce qui concerne le terme source, la première ligne correspond aux effets de la
pression sur l’énergie et la deuxième ligne à l’effet du tenseur visqueux. La dernière ligne
concerne la prise en compte de l’arc électrique. σ correspond à la conductivité électrique du
plasma, εN aux pertes radiatives, k à la constante de Boltzmann et e à la charge élémentaire de
l’électron. Le premier terme de cette ligne en j2 se rapporte au chauffage du plasma par effet
joule, le deuxième aux pertes radiatives et le dernier au flux enthalpique des électrons.
De l’enthalpie statique, on peut déduire la température T du plasma en tout point du
∂h s
domaine de calcul sachant que C p = .
∂T
Aux équations fluides, il faut ajouter les équations électriques :
¾ Equation du potentiel électrique
La résolution du potentiel V se fait en résolvant l’équation de Poisson. Cette équation
est obtenue sous la forme d’une équation de Patankar en annulant les termes convectifs de
l’équation (EII_16) et en prenant :
φ=V, Γφ=σ et Sφ=0 (EII_21)
A partir du champ de potentiel, il est alors possible de calculer les densités de courant
axiale jz et radiale jr sachant que par définition en stationnaire, on a :

j = −σ∇(V ) (EII_22)
∂V
jz = −σ (EII_23)
∂z
∂V
jr = −σ (EII_24)
∂r

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Chapitre II : - Etude de la colonne d’arc du plasma de découpe
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¾ Equations des composantes du potentiel vecteur A


Généralement, dans les modèles 2D axisymétriques d’arc électrique ([Hsu_1] [Bau_1],
[Gon_4] par exemple), le champ azimutal Bϑ est déduit à partir du théorème de Maxwell :
r
µ
Bθ = 0 ∫ jz (α )αdα (EII_25)
r 0

µ0 : Perméabilité du vide.
Cette méthode très pratique en deux dimensions, ne permet pas d’estimer le champ
magnétique en trois dimensions. Nous avons donc choisi de calculer le champ induit à partir

de l’expression du potentiel vecteur magnétique A qui d’après l’équation d’Ampère s’écrit :

B=∇∧A et ∆ A = µ 0 j (EII_26)
En écrivant cette équation pour les deux composantes du potentiel vecteur (Ar, Az) on
obtient :
- Pour Az
φ=Az, Γφ=1 et Sφ = µ 0 .jz (EII_27)

- Pour Ar
φ=Ar, Γφ=1 et Sφ = µ 0 .jr (EII_28)

Le champ magnétique azimutal est alors calculé à partir de l’équation (EII_26) :


∂Ar ∂Az
Bθ = − (EII_29)
∂z ∂r
Cette approche a déjà été appliquée avec succès par Gonzalès [Gon_3].

II.A.3.c) Validation du potentiel vecteur 2D

Avant de continuer la modélisation de l’arc de découpe nous avons voulu valider notre
module de calcul du champ magnétique en 2D. Pour cela nous avons modélisé une
distribution de densité de courant constante, cylindrique, de rayon a :
J e r r ≤ a
j=  z (EII_30)
0 r>a

Si le cylindre a une longueur L infinie, il est facile de trouver les expressions


analytiques du potentiel vecteur et du champ magnétique qui ne dépendent alors que du rayon.
Ces expressions sont les suivantes [Per_1] :

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Chapitre II : - Etude de la colonne d’arc du plasma de découpe
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 µ 0 .J.a 2
B θ (r ) =
 2.r
Si r>a  (EII_31)
A (r ) = A (0 ) − µ 0 .J.a 1  r  
2

 z  + ln  
 z  2 2  a  

 µ 0 .J.r
 B θ (r ) =
 2
Si r ≤ a  (EII_32)
A z (r ) = A z (0) − µ 0 .J.r 
2

  4 

Il n’est pas possible de modéliser un cylindre infini. Cependant, pour un cylindre de


longueur L, ces expressions restent valables pour le plan z=L/2 qui est antisymétrique. Nous
avons modélisé un cylindre d’une longueur de 5cm, de rayon 2mm traversé par une densité de

courant j = (10 7 A / m 2 )e z soit un courant de 125A.

Figures (FII_05-a & FII_05-b) : Comparaison entre le modèle 2D et les expressions


analytiques de Az et Bθ

Notre domaine de calcul s’étend sur 1cm radialement et nous avons arbitrairement fixé
Az(1cm)=0. Nous comparons les profils de Az et Bθ théoriques et modélisés sur les figures
(FII_05.a-b). On peut constater que l’accord entre les valeurs calculées par le modèle et les
valeurs analytiques est bon.

II.A.3.d) Géométrie et conditions limites

La géométrie que nous avons modélisée est celle utilisée par Hsu [Hsu_1]. Elle est
présentée sur la figure (FII_06).

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Chapitre II : - Etude de la colonne d’arc du plasma de découpe
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Figure (FII_06) : Géométrie de calcul pour le modèle 2D d’arc libre.

L’arc libre est créé entre une cathode pointue tronquée présentant un angle au sommet
de 60° et une anode plate placée à 10mm de cette dernière. Nous avons choisi d’étendre notre
domaine de calcul sur 13mm radialement et sur 3mm au dessus de la cathode. La ligne AB est
prise comme axe de symétrie, la ligne BC représente l’anode et les segments ED – DC sont
des entrées à la pression atmosphérique. Travaillant avec la version structurée de Fluent, nous
avons été obligés de tronquer un bout de la cathode de manière à pouvoir par la suite imposer
la condition limite pour le potentiel à la cathode. La taille de AA’ est égale à 0.5mm. Le
domaine de calcul a été divisé en 28 cellules suivant l’axe et 69 suivant le rayon.
Les conditions aux limites des différentes équations sur chaque segment sont résumées
dans le tableau (TII_02).
Les conditions en vitesse et pression sont des conditions classiques. Pour la température, nous
avons choisi pour la cathode une température de 3000K. Pour l’anode, nous imposons un flux
nul sur le segment BB’ et une température de 1000K sur B’C. La taille de BB’ est égale à
4.5mm. Cette valeur correspond au rayon de l’isotherme 11500K prés de l’anode dans les
résultats expérimentaux de Hsu. Pour le potentiel, sa valeur est prise égale à zéro sur l’anode.
Sur la cathode (segment AA’), nous imposons un profil de densité de courant jz tel que :
jz (r ) = J max exp(− br ) (EII_33)

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Chapitre II : - Etude de la colonne d’arc du plasma de découpe
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Jmax a été pris égal à 1.4 108A/m2 et b est déterminé à partir de la valeur de l’intensité :
Rc

I = 2π ∫ rjz (r ) dr . Rc a été pris égal à 3mm comme préconisé par Hsu. Cette forme analytique
0

de profil de densité de courant est très employée dans la littérature [Bau_2][Hsu_1][Gon_1]


pour les cathodes pointues.
P vz vr T V Az Ar
AB ∂p ∂v z vr = 0 ∂T ∂V ∂A z ∂A r
=0 =0 =0 =0 =0 =0
∂r ∂r ∂r ∂r ∂r ∂r
BB’ -- 0 0 ∂T 0 ∂A z ∂A r
=0 =0 =0
∂z ∂z ∂z
B’C -- 0 0 1000 0 ∂A z ∂A r
=0 =0
∂z ∂z
CD 1atm ∂v z ∂v r 1000 0 0 0
=0 =0
∂r ∂r
DE 1atm ∂v z ∂v r 1000 0 0 0
=0 =0
∂z ∂z
EA’ -- 0 0 3000 0 ∂A z ∂A r
=0 =0
∂n ∂n
AA’ -- 0 0 3000 Jz(r)/∆z ∂A z ∂A r
=0 =0
∂n ∂n

Tableau (TII_02) : Conditions limites pour l’arc libre en deux dimensions.

II.A.3.e) Validation du modèle 2D

Nous comparons nos résultats théoriques à ceux de Hsu. La figure (FII_07) représente
le champ des températures expérimentales obtenues par Hsu (coté gauche) comparé avec
celui obtenu par le modèle à droite.

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Chapitre II : - Etude de la colonne d’arc du plasma de découpe
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Figure (FII_07) : Comparaison des températures obtenues par notre modèle avec les résultats
expérimentaux de Hsu

Dans les deux cas, l’arc présente une forme de poire bien représentative des arcs
libres. On peut noter un bon accord entre les deux champs de température. Proche de l’anode,
on peut remarquer que les températures prédites par le modèle diffèrent un peu des résultats
de Hsu. Cela peut être attribué à la condition limite de flux en température que nous avons
prise. Cette condition a été choisie pour permettre l’accrochage de l’arc à l’anode La
comparaison entre théorie et résultats expérimentaux reste toutefois satisfaisante.
Une autre comparaison est faite sur la figure (FII_08) entre les vitesses théoriques
obtenues par Hsu et celles de notre modèle. Aux extrémités de la courbe (z=0 et z=10mm) la
vitesse est égale à 0 car la position z=0 correspond à la pointe de la cathode et z=10mm à
l’anode. On peut remarquer que la vitesse obtenue avec notre modèle est inférieure à celle du
modèle de Hsu. La différence maximum se situe entre 7 et 8mm et est égale à 70m/s. Pour les
deux modèles, les conditions aux limites pour les vitesses sont les mêmes. Cependant notre
géométrie de cathode diffère de celle de Hsu. Dans notre cas, nous avons été obligés de
tronquer le bout de la pointe de cathode de façon à imposer la condition aux limites du

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Chapitre II : - Etude de la colonne d’arc du plasma de découpe

potentiel, alors que Hsu semble avoir conservé la géométrie exacte. Cette petite différence
peut jouer sur la convection et peut expliquer qu’elle soit plus importante dans le cas de Hsu.
Cette comparaison entre les résultats de Hsu et ceux obtenus avec Fluent nous permet
tout de même de conclure sur la capacité de Fluent à modéliser les plasmas thermiques.

Figure (FII_08) : Vitesse axiale de Hsu et de notre modèle.

II.B) Modélisation de la torche de découpe 2D

Dans ce paragraphe nous allons appliquer le modèle développé à l’étude de la torche


de découpe dans la configuration installée au laboratoire. Les résultats de notre modèle 2D sur
la torche de découpe en laminaire sont présentés. Nous prenons en compte la géométrie
d’injection en vortex de la torche et son influence sur les résultats obtenus. Une étude de
l’influence du maillage sur les champs de température, vitesse et pression est faite. Analysant
le champ du nombre de Reynolds dans notre domaine de calcul, un modèle turbulent en sortie
de tuyère est ensuite présenté. Enfin, pour compléter la modélisation de l’arc, un modèle de
rayonnement P1 est appliqué. Il nous permet de mieux prendre en compte le traitement du
rayonnement émis par le plasma.

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Chapitre II : - Etude de la colonne d’arc du plasma de découpe


II.B.1) Modélisation laminaire du dispositif de découpe

Nous proposons dans ce paragraphe de modéliser la configuration telle qu’elle est


installée au laboratoire avec une tuyère de diamètre 1mm, fonctionnant à 60A et une distance
sortie de tuyère – anode tournante de 15mm.

II.B.1.a) Hypothèses

Les hypothèses générales de notre modèle 2D restent sensiblement les mêmes que
celles décrites au paragraphe II.A.1.
- Le plasma est un fluide laminaire, stationnaire, à l’E.T.L.
- Nous avons utilisé la méthode du coefficient d’émission nette εN pour prendre en
compte le rayonnement du plasma. Le rayon de calcul de εN a été choisi à 0.5mm.
- Nous négligeons les gaines anodiques et cathodiques.
- La tuyère présente un axe de symétrie naturel cependant la présence du disque
tournant annule cette symétrie. Il n’est donc pas possible de représenter correctement l’anode
tournante en deux dimensions. Nous supposons à la place un trou cylindrique en haut duquel
se trouve une anode poreuse. Cette hypothèse est couramment employée pour les
modélisations 2D des plasmas thermiques [Bau_1][Wes_1]. Elle revient à considérer que la
position moyenne d’accrochage de l’arc au cours du temps se situe au centre de la colonne
positive du plasma à la hauteur de l’anode.
- Le gaz plasmagène est de l’oxygène se déchargeant dans de l’air considéré comme
un mélange molaire de 21% d’oxygène et de 79% d’azote. Ce sont les proportions utilisées
par Raffanel lors de ses travaux [Raf_1]. Nous détaillerons dans le paragraphe II.B.1.c la
prise en compte des coefficients de transport du mélange.

II.B.1.b) Equations

Les équations utilisées sont les mêmes que celles du modèle d’arc libre 2D (EII_17-
29). Cependant, le fait de prendre en compte deux espèces (oxygène et azote) entraîne une
modification de certains termes source et nécessite la résolution supplémentaire de l’équation
de conservation de la fraction massique d’oxygène.
Cette équation s’écrie sous la forme d’une équation de Patankar (EII_16) avec :

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Chapitre II : - Etude de la colonne d’arc du plasma de découpe

φ= m O 2 , Γφ=ρD et S Φ = 0 (EII_34)

m O 2 est la fraction massique d’oxygène, D le coefficient de diffusion de l’oxygène dans

l’azote.
Les termes sources modifiés sont ceux de l’équation de l’énergie (EII_20) que nous
désignerons par SII_20. En effet, la présence de deux espèces dans le plasma nécessite l’ajout
d’un terme prenant en compte le transport d’enthalpie dû à la diffusion des espèces. Le
nouveau terme source s’écrit donc :

∂  ∂m O 2  1∂ ∂m O 2 
SΦ = SII_20 +
∂z 
[ ]
 ρD h O 2 − h N 2
∂z
 + [ ]
 rρD h O 2 − h N 2  (EII_35)
 r ∂r  ∂r 
h O 2 et h N 2 désignant les enthalpies statiques de l’oxygène et de l’azote.

Nous ne prenons pas en compte d’autres termes de diffusions tels que ceux proposés par
Bauchire [Bau_1] et Pousse [Pou_1] car ils sont purement numériques.

II.B.1.c) Prise en compte du mélange – coefficients de transports

¾ Coefficients de transport – propriétés thermodynamiques.


Si les coefficients de transport sont bien connus pour les gaz purs à pression
atmosphérique, ils le sont beaucoup moins pour les mélanges de gaz qu’ils soient à la pression
atmosphérique ou non. Nous avons choisi pour déterminer les coefficients de transport du
mélange O2 – N2 en chaque point de maillage du domaine d’utiliser les lois d’interpolations
de Wilke [Bir_1] et celles au prorata des fractions massiques ou molaires proposées par
Bauchire [Bau_1]. Le traitement du coefficient de diffusion binaire D a fait l’objet d’une
étude particulière à partir des travaux de Murphy [Mur_1]. Dans ce qui suit, on désignera par
mi et yi les fractions massique et molaires relatives à l’espèce i.
Pour la chaleur spécifique Cp et la densité de masse ρ du mélange, on utilise une loi
sur les fractions massiques.
- densité de masse ρ
1 mO2 m N2
= + (EII_36)
ρ ρ O2 ρ N2

- Coefficient de chaleur spécifique Cp


Cp = m o2 Cpo + m N 2 C p N (EII_37)
2 2

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Chapitre II : - Etude de la colonne d’arc du plasma de découpe
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Pour la viscosité, c’est la loi de Wilke qui est utilisée :


2
m kµ k
µ=∑ 2
(EII_38)
k =1
∑m Φ
j=1
j kj

2
−1    12 Mm 14 
1  Mm i 
2

Φ ij = 1+ 1 +  µ i   j 

8  Mm j    µ j   Mm i  

 
L’indice 1 désigne l’oxygène et l’indice 2 l’azote. Mi désigne la masse molaire de l’espèce i.

Pour les autres coefficients, c’est une loi au prorata de la fraction molaire qui est faite.
- Conductivité thermique K
K = y O2 K O2 + y N 2 K N 2 (EII_39)

- Conductivité électrique σ
σ = y O2 σ O2 + y N2 σ N2 (EII_40)

Les coefficients de transport des gaz purs sont ceux donnés dans le thermal plasma
[Bou_1]. Ils ont été calculés à la pression atmosphérique jusqu’à des températures de 24000K.
Il peut arriver lors des calculs de dépasser cette température limite. Cependant, dans tous les
cas traités par la suite, la température maximale n’excède pas 26000K, et une interpolation
linéaire est faite à partir des deux derniers points de la table pour les températures supérieures
à 24000K. Murphy [Mur_1] a calculé les coefficients de transport de l’oxygène jusqu’à
30000K. Nous avons fait une comparaison entre notre interpolation et ses coefficients de
transport entre 24000 K et 30000K et l’accord est bon. Murphy n’ayant pas calculé les
propriétés thermodynamiques (Cp, ρ), nous avons préféré faire une interpolation linéaire au
delà de 24000K et conserver des données provenant toutes de la même banque.
Afin de tester la validité des lois de Wilke, nous avons comparé les coefficients de
l’air à ceux obtenus en prenant 21% d’oxygène et 79% d’azote en fraction molaire. La figure
(FII_09) présente cette comparaison pour la conductivité thermique. L’accord entre
l’interpolation et le calcul est bon. Le même accord a été trouvé pour les autres propriétés et
coefficients de transport. On peut supposer que cet accord reste bon pour d’autres
pourcentages de mélange.

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Chapitre II : - Etude de la colonne d’arc du plasma de découpe
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Figure (FII_09) : Comparaison entre la conductivité thermique de l’air [Bou_1] et


l’interpolation au prorata des fractions molaire d’oxygène et d’azote.

¾ Coefficient d’émission nette


Bien que le coefficient d’émission nette ne puisse être considéré comme un coefficient
de transport, la similarité de son traitement avec celui des coefficients de transport dans le cas
d’un mélange de gaz nous permet de le placer dans ce paragraphe. On obtient ainsi :
ε N = y O2 ε NO + y N2 ε N N (EII_41)
2 2

Les coefficients d’émission nette des gaz purs proviennent des résultats de
Naghizadeh [Nag_1].

¾ Coefficient de diffusion
N
Le coefficient de diffusion de l’oxygène dans l’azote D O22 provient des travaux de

Murphy [Mur_2]. Dans son papier, l’auteur a calculé le coefficient de l’oxygène dans l’air
pour différents pourcentages air-O2. Ce coefficient, semblable au coefficient de diffusion
binaire jusqu’à 10000K, prend ensuite en compte l’effet de la dissociation et de l’ionisation
des espèces pour les températures plus élevées. Il est représenté sur la figure (FII_10).
Si l’on considère que l’air est constitué de 21 % d’oxygène et de 19 % d’azote, ces courbes
nous permettent de déterminer le coefficient de diffusion de l’oxygène dans l’azote. On peut
remarquer que le maximum des courbes décroît quand la proportion d’oxygène augmente
dans le mélange. Vu les faibles variations qui existent entre les deux cas extrêmes (99% air et

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Chapitre II : - Etude de la colonne d’arc du plasma de découpe

99% O2), nous avons considéré dans notre modèle un coefficient moyen qui ne varie pas avec
la composition du mélange. Ce coefficient correspond au cas 75%air-25%O2.

Figure (FII_10) : Coefficient de diffusion ordinaire de l’oxygène dans l’air pour


différentes proportions Oxygène – Air [Mur2].

¾ Dépendance en pression
Toutes les banques de données dont nous disposons ont été calculées à la pression
atmosphérique. Or, dans le cas de la torche de découpe, la pression varie de quelques
atmosphères à l’entrée de la torche et peut descendre en dessous de la pression atmosphérique
lors de la détente à la sortie de la tuyère. Ne disposant pas de banques dépendant de la
pression nous avons choisi d’interpoler certains coefficients en fonction de la pression. Ce
choix a été fait en fonction des résultats de Raffanel [Raf_1] sur les coefficients de transport
et les propriétés thermodynamiques des plasmas d’air pour des pressions variant de 1 à 100
atm. Pour la conductivité thermique et la chaleur spécifique, une augmentation de la pression
a tendance à déplacer les pics de dissociation et d’ionisation vers les hautes températures.
Cependant la différence entre les valeurs à 1 atm et 10 atm n’est pas significative (moins de
10%) et on peut considérer dans notre gamme de fonctionnement en pression que ces deux
coefficients ne varient pas avec la pression. La pression ne joue pas sur la viscosité à basse
température, au delà de 15000K le rapport entre les viscosités à 1 et 10 atm peut atteindre un
facteur 2 au maximum. Nous négligeons donc aussi les variations de viscosité avec la
pression. Raffanel montre aussi que dans l’air, la conductivité électrique est peu sensible à la
pression. Seule la densité de masse est donc concernée par l’évolution en pression. Ainsi, en
première approximation, si l’on se réfère à la loi des gaz parfaits, il suffit de multiplier les

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Chapitre II : - Etude de la colonne d’arc du plasma de découpe
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données à une atmosphère par le rapport P/Patm. , P étant la pression totale à laquelle on désire
la valeur de la densité et Patm. la pression atmosphérique.
ρ(1 atm ) ⋅ P
ρ(P ) = (EII_42)
1 atm

Pour le rayonnement, la variation du coefficient d’émission nette avec la pression a été


étudiée par Riad [Ria_1]. Il a montré que la pression a une influence importante sur les
coefficients d’émission nette. Jusqu’à 15000K, εN semble varier de façon proportionnelle à la
pression. Au delà, cette loi de proportionnalité semble un peu moins valable dû à la non
linéarité du coefficient d’absorption en exp(-Kabs.Rp) (Kabs ; coefficient d’absorption et
Rp :rayon du plasma). L’étude de Riad porte sur un plasma d’oxygène avec un rayon de
plasma de 5mm. Dans son cas, pour les températures au dessus de 15000K, le coefficient à 10
atm semble varier comme en 1,5 fois le rapport pression locale/pression atmosphérique plutôt
que directement proportionnel à la pression atmosphérique. Dans notre cas le rayon de plasma
est faible (0.5mm) minimisant ainsi l’influence de la non linéarité. De plus nous avons vérifié
que multiplier ou diviser le coefficient d’émission nette par deux n’influe que de 500K sur la
température finale. Nous avons donc choisi de prendre εn directement proportionnel à la
pression locale:
P
ε n (P ) = ε n (1 atm ) (EII_43)
1 atm

II.B.1.d) Géométrie – conditions limites

Notre domaine de calcul et la géométrie du dispositif sont représentés sur la figure


(FII_11). La tuyère (Segment IJ) correspond à un courant de 60A. Elle présente un diamètre
de sortie de 1mm pour une longueur d’environ 5mm. Le haut de la tuyère est en entonnoir,
elle devient droite ensuite. La cathode est représentée par la surface ABCDE. Elle est plate et
possède un insert en hafnium centré de 1 mm de diamètre (ED). L’entrée de gaz est latérale
(segment GH). Nous supposons dans un premier temps que l’oxygène rentre de manière
perpendiculaire à cette entrée. La plaque est représentée par la surface MNRO. Dans cette
géométrie, l’anode est cylindrique et présente un trou en son centre de 2.5mm de rayon et de
2.5mm de long (QROP). La condition d’anode poreuse est imposée sur le segment QR. L’axe
AP est pris comme axe de symétrie et les bords du domaine (KLM et PO) sont supposés à la
pression atmosphérique. Nous avons dans un premier temps divisé le domaine de calcul en

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Chapitre II : - Etude de la colonne d’arc du plasma de découpe
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196 points de calcul suivant z et 82 suivant r. Le maillage a été pris constant suivant z (avec
un pas de 0.2 mm), radialement il est ensuite plus serré au centre que sur les bords (au centre
le pas de maillage est de 0.045mm).
Les conditions limites associées à notre domaine de calcul sont résumées dans le
tableau (TII_03). Il est à noter que comme pour le cas de l’arc libre, nous avons imposé pour
le potentiel un profil de densité de courant à la cathode. Ce profil a été choisi parabolique
comme dans la modélisation d’arc de découpe proposée par Gonzalez-Aguilar [Gon_1]. On a
ainsi :
  r 
2

j z (r ) = J max 1 −    (EII_44)
  Rc  
 
Jmax est la valeur maximale de la densité de courant sur l’axe. Elle est prise égale à
1.7.108 A/m2 en accord avec celle estimée expérimentalement par Yin [Yin_1]. Le rayon Rc
sur lequel s’étend ce profil est donné par l’intensité de courant I choisie:
Rc   r 
2

I = 2π ∫ J max  −   + 1.r.dr (EII_45)
  Rc  
0  
Sachant que jz(Rc)=0. Pour une intensité de 60A, Rc=4.74.10-4 m.

Figure (FII_11) : Géométrie de la torche de découpe.

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Chapitre II : - Etude de la colonne d’arc du plasma de découpe
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Pstat vr vz T V Ar Az m O2
(atm) (m/s) (m/s) (K) (V) (Teslas/m) (Teslas/m)

BF -- 0 0 300 0 ∂A r ∂A z --
=0 =0
BC ∂n ∂n
FG
HI
JK
GH 4 ∂v r 0 300 0 ∂A r ∂A z 1
=0 =0 =0
∂n ∂n ∂n
CD -- 0 0 1000 ∂V ∂A r ∂A z --
=0 =0 =0
∂n ∂n ∂n
DE -- 0 0 3500 Jz(r) ∂A r ∂A z --
=0 =0
∂n ∂n
IJ -- 0 0 1000 ∂V ∂A r ∂A z --
=0 =0 =0
∂n ∂n ∂n
OR -- 0 0 1000 0 ∂A r ∂A z --
=0 =0
RM ∂n ∂n
KL 1 0 ∂v z 300 0 0 0 0.233
=0
OP ∂n
LM 1 ∂v r 0 300 0 0 0 0.233
=0
∂n
AP ∂P ∂v r ∂v z ∂T ∂V ∂A r ∂A z ∂m O 2
=0 =0 =0 =0 =0 =0 =0 =0
∂n ∂n ∂n ∂n ∂n ∂n ∂n ∂n

QR -- -- -- -- 0 -- -- --
Table (TII_03) : Conditions aux limites de la torche de découpe 2D en laminaire.

II.B.1.e) Résultats
Nous présentons sur les figure (FII_12a&b) les champs de pression statique (droite) et
de norme de la vitesse (gauche). Avec une entrée en pression statique de 4atm nous obtenons
un débit d’oxygène de 8.19.10-5 kg/s soient 3.8Nl/min. Le champ de pression présente à la
sortie de tuyère une onde de choc avec une dépression et une valeur minimum de -0.40atm.
Cette première onde est suivie d’une légère surpression. La présence de cette onde est due au

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Chapitre II : - Etude de la colonne d’arc du plasma de découpe
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Figure (FII_12a) : Champs de pression statique et de vitesse.

Figure (FII_12b) : Champs de pression statique et de vitesse zoomés autour de l’onde de choc.

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Chapitre II : - Etude de la colonne d’arc du plasma de découpe
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fait que la pression totale passe de 5atm à l’entrée de la tuyère à 1atm en sortie. La pression ne
s’adaptant pas dans la tuyère, le passage de 5atm à 1atm se fait au travers d’une, ou plusieurs
ondes de choc, et le champ de pression présente ainsi des zones de dépressions et surpressions
jusqu’à son adaptation à la pression atmosphérique. Les vitesses sont maximales dans l’onde
de choc où elles atteignent 9000m/s sur l’axe. Elles diminuent ensuite pour n’être plus que de
5000m/s sur l’axe, proche de l’anode. Radialement, après la sortie de tuyère, le jet de plasma
a tendance à s’étendre, l’iso valeur de 1000m/s atteignant un rayon de 1mm à l’anode.
La figure (FII_13) montre les champs de température et de potentiel. La température est
présentée sur la partie droite de la figure et le potentiel sur la partie gauche. Proche de la
cathode, la température est de 18000K sur l’axe. Radialement, on peut remarquer une étendue
importante des isovaleurs inférieures à 12000K. Cette expansion des températures en
« boule » a tendance à boucher l’entrée de la tuyère car la viscosité du plasma est importante
autour de 10000K. Une partie importante du débit de gaz passe alors dans l’espacement
compris entre l’isotherme 10000K et la tuyère. L’arc à cet endroit est constricté et la
température sur l’axe augmente jusqu’à une valeur de 25300K. Elle est encore de 22000K à la
sortie. Au niveau de l’onde de choc (1.5mm de la sortie de tuyère), la température présente
un maximum local de 20000K. Ce maxima est dû à un point de stagnation en sortie d’onde de
choc. En effet, il y a une diminution de la vitesse à cet endroit, provoquée par un gradient
positif de pression. Cela se traduit en terme de conservation d’énergie par une augmentation
de l’enthalpie et donc de la température. Du fait de la détente, à l’air libre, le plasma s’étend
radialement, l’isotherme 2000K atteignant un rayon de plus de 2mm proche de l’anode. Après
l’onde de choc, la température décroît de façon monotone et atteint une valeur de 16000K
proche de l’anode.
Pour le cas que nous présentons, la chute de potentiel dans la colonne d’arc atteint
168V. Avant l’entrée dans la tuyère, les iso-valeurs sont équidistantes. Le champ électrique
n’est donc localement pas très important car le rayon de conduction du plasma est très large à
cet endroit. A l’entrée de la tuyère, le champ de potentiel se resserre axialement pour
compenser la constriction de l’arc et les pertes convectives sont alors plus importantes.
Ensuite, jusqu’à la sortie, il croît de façon monotone. A partir de l’onde de choc, le rayon du
plasma augmente en se rapprochant de l’anode, les iso-valeurs du potentiel deviennent plus
éloignées.

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Chapitre II : - Etude de la colonne d’arc du plasma de découpe
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Figure (FII_13) : Champs de température et de potentiel électrique.

II.B.2) Etude de l’injection en vortex par la modélisation

II.B.2.a) Equations, conditions aux limites

Contrairement au cas que nous avons présenté dans le paragraphe précédent ou


l’injection de gaz était perpendiculaire à la paroi de tuyère, celle de la véritable géométrie est
en vortex. Nous allons, dans ce paragraphe, tenir compte de ce vortex en résolvant une
équation supplémentaire pour la composante de la vitesse suivant θ. En deux dimensions
axisymétrique, nous supposerons que cette vitesse ne varie pas suivant θ mais seulement
suivant r et z. L’équation supplémentaire à résoudre se met sous la forme d’une équation de
Patankar de la manière suivante:
vr vθ v v ∂µ
Φ=vθ, Γφ=µ, S Φ = −ρ − µ 2θ − θ (EII_46)
r r r ∂r

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Chapitre II : - Etude de la colonne d’arc du plasma de découpe
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Afin de mieux comprendre le fonctionnement de l’injection vortex, nous avons
représenté sur la figure (FII_14) la géométrie de la torche en trois dimensions. Le vortex de
gaz est créé par huit injecteurs disposés de manière homogène autour de la cathode.
Il n’est évidemment pas possible de représenter les huit injecteurs en deux dimensions.
Nous imposons à la place une couronne placée tout autour de la cathode et ayant une surface
équivalente à celles des injecteurs. Cette couronne correspond au segment GH de la figure
(FII_11). Les conditions aux limites, en vitesses sur (GH), sont données par les cosinus
directeur de chaque composante de la vitesse par rapport à la normale à la surface. Ces
cosinus sont choisis pour donner le même angle d’injection que celui des huit injecteurs de la
configuration réelle. Les conditions limites en pression, température, potentiel du tableau
(TII_03) sont conservées et les nouvelles conditions limites pour les vitesses sont résumées
dans la table (TII_04).

Figure (FII_14) : Géométrie de la torche en 3D.

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Chapitre II : - Etude de la colonne d’arc du plasma de découpe
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P vr vθ vz
(atm) (m/s) (m/s) (m/s)
BF-BC-FG- -- 0 0 0
HI-JK
GH 5 cos( v r , e r ) cos( v ϑ , e r ) 0
= −0.398 = 0.917
CD-DE-IJ-OR -- 0 0 0
RM
KL 1 0 0 ∂v z
=0
OP ∂n
LM 1 ∂v r 0 0
=0
∂n
AP ∂P ∂v r ∂v z ∂v θ
=0 =0 =0 =0
∂n ∂n ∂n ∂n

Tableau (TII_04) : Conditions aux limites pour les vitesses avec la modélisation du vortex.

II.B.2.b) Comparaison Vortex – Injection droite

A partir de ces conditions limites, nous avons obtenu de nouveaux résultats. Avec la
même condition aux limites en pression, le débit d’oxygène reste pratiquement inchangé avec
une valeur de 3.7Nl/min. La chute de potentiel dans la colonne reste de 168V. Nous
présentons sur la figure (FII_15) le nouveau champ de température obtenu en présence du
vortex comparé à celui obtenu précédemment. La différence entre les deux configurations est
surtout observable dans l’espace entre la cathode et l’entrée de la tuyère. Dans le cas du
vortex, le champ de température est plus confiné proche de la cathode. Cela est dû au vortex
qui gaine l’arc dans tout cet espace alors que l’injection droite ne le gainait que proche de
l’entrée de tuyère. Le resserrement de la colonne d’arc dans la tuyère est tel que la différence
entre les deux configurations disparaît et à partir de la sortie de tuyère, les deux champs de
température sont identiques avec la même évolution jusqu’à l’anode. Les autres grandeurs
restent sensiblement inchangées et nous ne les avons donc pas représentées. La position de
l’onde de choc reste la même.

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Chapitre II : - Etude de la colonne d’arc du plasma de découpe
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Nous avons représenté sur la figure (FII_16) à droite la composante du vecteur vitesse
suivant θ et à gauche le champ de fraction molaire d’oxygène. La vitesse azimutale présente
un maximum de 28 m/s dans la tuyère. En sortie de torche, elle n’atteint plus que 20m/s et
s’atténue jusqu’à l’anode. Cette vitesse de 20m/s en sortie est à comparer avec la norme de la
vitesse totale qui est de 9000m/s. La composante azimutale de la vitesse en sortie est donc très
faible devant la norme de la vitesse. La présence d’un vortex semble donc jouer un rôle
important sur le plasma pour tout ce qui se passe proche de la cathode. Par contre, en sortie de
tuyère, c’est la vitesse axiale qui prédomine sur tous les effets convectifs dans la colonne
d’arc. Concernant la fraction molaire, dans ce cas laminaire, on peut remarquer la présence
d’oxygène sur l’axe jusqu’à l’anode. Cependant, plus on se rapproche de celle ci et plus il y a
d’air pompé par la colonne d’arc. Le débit passe ainsi de 8.2.10-5 kg/s en sortie de tuyère à
1.7.10-4 kg/s dans l’anode poreuse.

Figure (FII_15) : Champs de température avec et sans vortex.

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Chapitre II : - Etude de la colonne d’arc du plasma de découpe
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Figure (FII_16) : Champ de fraction molaire d’oxygène et de vitesse azimutale.

II.B.2.c) Influence du maillage

Tous les calculs que nous avons présentés jusqu’ici ont été faits avec un maillage de
82 x 196 (r , z) points. Afin d’étudier l’influence du maillage sur les résultats de notre modèle,
nous présentons dans ce paragraphe une étude effectuée sur différents maillages. Les
maillages étudiés sont au nombre de cinq. Leurs caractéristiques sont présentées dans le
tableau (TII_05).
Maillage 1 Maillage 2 Maillage 3 Maillage 4 Maillage 5
Taille (r,z) 82x193 164x193 82x386 81x213 81x245
Caractéristiques Maillage Maillage Maillage Maillage Maillage très
simple de doublé doublé raffiné à la raffiné à la
départ. suivant r suivant z sortie de la sortie de la
tuyère tuyère.
Table (TII_05) : Caractéristiques des différents maillages étudiés.

Le maillage 1 est celui que nous avons utilisé jusqu’alors. Le maillage 2 a été doublé
suivant r. Le maillage 3 a été doublé suivant la direction z. Afin de gagner du temps de calcul,

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Chapitre II : - Etude de la colonne d’arc du plasma de découpe
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les fortes variations des variables hydrodynamiques se produisant essentiellement suivant z,
nous proposons avec les maillages 4 et 5 de n’augmenter le nombre de points de calcul que
sur les 3.5 premiers millimètres proche de la sortie de tuyère. Ainsi sur ces premiers
millimètres, pour le maillage 4, le nombre de mailles de calcul est doublé par rapport au
maillage 1 et quadruplé dans le cas du maillage 5.

Figure (FII_17a) : Comparaison en température entre le maillage 1 et 2.

Nous comparons dans un premier temps les résultats du maillage 1 et ceux du maillage
2. Les figures (FII_17a-b) représentent les profils radiaux de la vitesse et de la température à
l’entrée de la tuyère, en sortie de tuyère et juste au dessus de l’anode poreuse pour ces deux
configurations. On peut remarquer que pour toutes les tranches de plasma présentées, les
différences entre les résultats des deux maillages sont minimes. Il n’est donc pas nécessaire de
raffiner notre maillage radialement plus que pour le cas 1.

Figure (FII_17b) : Comparaison des vitesses axiales entre le maillage 1 et 2.

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Chapitre II : - Etude de la colonne d’arc du plasma de découpe
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Nous présentons sur les figures (FII_18a-b-c) les résultats sur l’axe obtenus avec les
maillages 1, 3, 4 et 5 en termes de pression, vitesse et température. Sur la figure (FII_18a), on
peut remarquer que les positions des sous pressions et surpressions sur l’axe restent
pratiquement inchangées avec le maillage. Cependant, plus le maillage est fin plus les pics de
pression en sortie de tuyère sont importants. En dehors de l’onde de choc, la variation de
pression ne change pas avec le maillage. Comme les différences entre le maillage 3 et le
maillage 4 sont très petites, pour la pression, il n’est pas nécessaire de doubler le maillage sur
tout le domaine de calcul. Le fait de raffiner seulement le maillage à la sortie de tuyère est
suffisant.

Figure (FII_18a) : Evolution de la pression axiale avec le maillage.

Figure (FII_18b) : Evolution de la température axiale avec le maillage.

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Chapitre II : - Etude de la colonne d’arc du plasma de découpe
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Figure (FII_18c) : Evolution de la vitesse axiale avec le maillage.

Sur la figure (FII_18b), le profil de température reste sensiblement le même dans la tuyère
quel que soit le maillage utilisé. A la sortie, plus le maillage est raffiné, plus les extrema de
températures sont prononcés. Après l’onde de choc, la température varie de la même manière
quelle que soit la grille considérée. Ces tendances restent les mêmes pour les vitesses. Ainsi,
comme pour la pression, il n’est donc pas nécessaire de raffiner tout le maillage suivant z.
Pour la suite de cette étude, nous avons choisi d’utiliser le maillage 4. Il semble être un
bon compromis entre dimension de la grille (et donc temps de calcul) et précision. Par rapport
au maillage 5 plus fin, le maillage 4 a tendance à sous-estimer un peu les valeurs des pics
dans l’onde de choc mais donne des résultats assez similaires dans les autres zones.

II.B.2.d) Influence du profil Jz à la cathode

Afin de bien modéliser le plasma de découpe par la suite, nous allons étudier
l’influence de la condition en profil de densité de courant imposée à la cathode. Pour cela,
l’influence de trois profils de densité de courant a été étudiée. Le profil 1 est celui donné dans
le paragraphe précédent avec l’équation (EII_44). Le profil 2 est de la même forme que le
profil 1 mais avec un maximum de densité de courant de seulement 1.2.108 A/m2. Le rayon de
cathode obtenu avec cette densité de courant est de 0.564mm. Enfin le profil 3 est le même
que le profil exponentiel de l’arc libre (équation (EII_33)) avec une densité de courant

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Chapitre II : - Etude de la colonne d’arc du plasma de découpe
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maximale de 1.2.108 A/m2 et un rayon Rc=0.5mm qui correspond à la taille de l’insert en
Hafnium de la cathode. Ces trois profils sont représentés sur la figure (FII_19).

Figure (FII_19) : Les différents profils de densité de courant utilisés à la cathode.

Sur les 0.4 premiers millimètres, les trois profils ont le même ordre de grandeur. Ensuite,
les profils paraboliques décroissent rapidement vers zéro jusqu’à leurs valeurs respectives
de Rc alors qu’à 0.5mm, le profil exponentiel coupe brusquement avec une valeur de Jz
égale à 7.107 A/m2.
L’évolution de la température obtenue sur l’axe avec les trois profils est représentée
sur la figure (FII_20).

Figure (FII_20) : Evolution de la température sur l’axe suivant les conditions limites du
potentiel.

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Chapitre II : - Etude de la colonne d’arc du plasma de découpe
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Dans les trois cas, la température présente une maximum local proche de la cathode (z=-
7.4mm). Ce maximum est plus ou moins prononcé suivant la valeur maximale de la densité de
courant dans le profil. Ainsi, pour le profil 1, ce maximum est égal à 18700K alors que pour
les profils 2 et 3 il n’atteint que 15700K. Les températures décroissent ensuite jusqu’à l’entrée
de la tuyère (z=-5.5mm). A partir de là, le plasma est complètement gainé par les parois de la
tuyère et les températures présentent exactement la même évolution et les mêmes valeurs quel
que soit le profil de densité de courant. Nous ne les avons pas représentées, mais les
évolutions de la pression et de la vitesse après l’entrée dans la tuyère sont elles aussi
identiques. Le profil de densité de courant employé ne joue donc pas sur les caractéristiques
du plasma en sortie de tuyère et nous gardons pour la suite le profil 1 parabolique.

II.B.3) Modèle de turbulence

Le champ de fraction molaire d’oxygène est présenté sur la figure (FII_16). On peut
remarquer que très peu d’air pénètre dans le plasma. Jusqu’à l’anode, le gaz reste de
l’oxygène pur sur l’axe. Cependant lors de nos mesures expérimentales nous avons observé
l’émission de raies atomiques d’azote dès les cinq premiers millimètres après la sortie de la
tuyère. Cela laisse penser que le plasma est turbulent aspirant l’air environnant en plus ou
moins grande quantité.

II.B.3.a) Bases de la turbulence

La turbulence est un phénomène difficile à quantifier. Quand le fluide est laminaire,


radialement, les couches de plasma glissent les unes sur les autres sans interagir. Le jet est
alors stationnaire, et complètement décrit par les équations de Navier Stokes. Le fluide
devient turbulent à partir d’un certain nombre de Reynolds Re. Ce nombre sans dimension,
traduit l’importance des forces d’inertie devant les forces visqueuses pour une couche de
fluide donnée. Par définition on a :
ρuL
Re = (EII_47)
µL

ρ : densité locale, u : vitesse suivant la direction principale du jet, L : longueur caractéristique


de l’écoulement, µL : viscosité locale.

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Chapitre II : - Etude de la colonne d’arc du plasma de découpe
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Lorsque les forces d’inertie deviennent importantes devant les forces visqueuses, la
moindre instabilité du fluide est amplifiée et transportée, créant ainsi d’autres instabilités
conduisant au régime turbulent. Ces instabilités interviennent sur diverses échelles de
grandeurs créant pour chaque échelle des tourbillons de fluide désordonnés. Les vitesses et
toutes les autres grandeurs concernées par la turbulence ont alors un comportement variant de
manière aléatoire autour d’une valeur moyenne dans le temps. Cette transition du régime
laminaire vers le régime turbulent se fait à partir d’un certain nombre de Reynolds dit
« critique ». Pour les gaz froids, il est généralement admis que si Re>2000, le régime
turbulent est établi, alors que si Re<2000, le fluide reste seulement laminaire [Ver_1]. Pour
les écoulements plasmas, cette transition peut intervenir pour des nombres de Reynolds
beaucoup plus bas autour de 200 [Bau_1].
Le phénomène de turbulence est très difficile à modéliser. Seule la théorie de « Large
Eddy Simulation » [Ver_1] permet de prendre en compte les diverses échelles de la
turbulence par une méthode de filtrage sur chaque échelle. Cette méthode nécessite des temps
de calculs énormes. Heureusement, dans la plupart des cas, ce n’est pas directement la
turbulence qu’il est important d’étudier mais plutôt son effet sur les grandeurs caractérisant le
fluide. Ainsi divers modèles statistiques existent permettant de calculer la valeur moyenne
autour de laquelle chaque scalaire varie. Tous ces modèles sont basés sur la décomposition
dite «décomposition de Reynolds » qui exprime n’importe quelle variable Φ concernée par les
phénomènes turbulents ( vitesses, température, fraction massique) comme la somme d’une
valeur moyenne Φ au cours du temps et d’une fluctuation à valeur moyenne nulle ϕ(t) autour
de Φ .
Φ(t ) = Φ + ϕ(t ) (EII_48)
En réécrivant les équations de Navier Stokes pour chaque Φ cette décomposition fait
apparaître un système d’équations convectives avec pour inconnue la valeur moyenne Φ et
des termes croisés corrélés. Par exemple pour les vitesses, ces termes sont de la forme
τij =ρu i' u 'j . Par analogie avec le tenseur de contraintes visqueuses, ils sont appelés tenseurs de
Reynolds. Avec la même analogie, l’introduction du tenseur de Reynolds conduit comme
pour les fluides Newtoniens à l’introduction d’une viscosité turbulente proportionnelle au
tenseur de Reynolds et à la déformation du volume du fluide (termes en gradients de vitesse).
Chaque composante du tenseur de Reynolds est une inconnue. La mise en place d’un modèle
de turbulence « classique » va consister à fermer le système de ces inconnues en estimant le
tenseur de Reynolds. De cette estimation est déduite la viscosité turbulente qui, additionnée à

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Chapitre II : - Etude de la colonne d’arc du plasma de découpe
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la viscosité du fluide conduit à la viscosité effective µe utilisée dans les équations de Navier –
Stokes des grandeurs moyennées. De la même façon, le coefficient de diffusion De et la
conductivité thermique Ke sont modifiés et, avec l’introduction des nombres de Schmidt Sct et
de Prandtl Prt turbulents on a [Bau_1]:

µ = µ + µ
 e t

 µ t Cp
K e = K + (EII_49)
 Prt
 µ
D e = D + t
 ρSc t

La fermeture du système et la détermination de µt se fait au travers d’une, deux ou


plusieurs équations suivant la complexité du modèle choisi. Chaque modèle fait généralement
intervenir un certain nombre de constantes qui permettent de s’ajuster au problème considéré.
Parmi les modèles les plus utilisés, on peut citer le modèle de longueur de mélange de Prandtl
(zéro équation), le modèle k-ε (deux équations), le modèle Rij-ε (une équation pour chaque
composante du tenseur de Reynolds).
Les deux modèles les plus courants dans le domaine des plasmas thermiques sont le
modèle de longueur de mélange et le modèle k-ε. Le modèle k-ε consiste en la résolution de
deux équations de transport supplémentaires, une pour l’énergie de turbulence

k=
1 2
2
( )
u ' + v' 2 + w ' 2 et une pour son taux de dissipation ε. Les valeurs de k et ε sont ensuite

utilisées pour calculer la viscosité turbulente. Le modèle de longueur de mélange est plus
simple. Il ne nécessite aucune équation supplémentaire. Il consiste juste à considérer la
viscosité turbulente comme proportionnelle au gradient de vitesse perpendiculaire à la
direction d’écoulement du fluide, à la densité du fluide, et à une longueur de mélange au carré
caractérisant l’échelle de turbulence.
Bauchire [Bau_1] a montré la difficulté d’utiliser le modèle k-ε dans les plasmas. En
effet, la turbulence n’existe généralement que dans les zones proches du plasma et pas
forcément sur tous les bords de domaine. Cela pose donc un problème important sur les
conditions limites que l’on doit utiliser pour les équations de transport. Il a aussi montré que
les résultats que l’on pouvait obtenir à l’aide du modèle de longueur de Prandtl étaient
suffisants pour estimer l’influence de la turbulence sur les champs de température, fractions
massique et vitesse du plasma. De plus, Yan [Yan_1] a montré que le modèle de longueur de
mélange était tout a fait capable de décrire la turbulence dans le cas de plasmas

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Chapitre II : - Etude de la colonne d’arc du plasma de découpe

supersoniques. C’est donc un modèle de longueur de mélange que nous avons choisi de
mettre en place pour la prise en compte de la turbulence dans la torche de découpe.

II.B.3.b) Modèle de longueur de mélange

Dans les plasmas thermiques l’estimation du nombre de Reynolds est un problème. En


effet, l’équation (EII_47) est facilement applicable dans le cadre d’un écoulement de fluide à
basse température où les coefficients de transport varient peu. Pour le cas des plasmas la
viscosité, la densité de masse et la vitesse varient fortement suivant le rayon et le problème est
de savoir quelles valeurs prendre pour faire une estimation correcte de ce nombre. Ainsi, pour
une section donnée, nous proposons d’utiliser la méthode présentée par Sinkevitch [Sin_02].
Cette méthode consiste dans un premier temps à calculer une enthalpie moyenne Hm par
section. Hm est pondérée par le débit G et on a :

∫ ρ.h.v z .r.dr
G = 2π ∫ ρ.v .r.dr et H ⋅ section (EII_50)

z m
sec tion ρ.v z .r.dr
section

A partir de ces définitions, il est possible de calculer un nouveau nombre de Reynolds


caractéristique de l’écoulement pour une section de plasma :
G
Re = (EII_51)
R sec tion .µ(H m )

Dans l’équation (EII_51), Rsection correspond au rayon de la section que l’on considère. Il
représente une longueur caractéristique de l’écoulement. A partir du cas laminaire, nous avons
représenté l’évolution du nombre de Reynolds sur la figure (FII_21) obtenu avec les
conditions limites des tableaux (TII_03&04). Nous avons pris comme longueur
caractéristique de l’écoulement le rayon de l’isotherme 7500K. Le choix de cette isotherme
est discutable. Ici, cela correspond à la valeur de la température à 0.05mm du bord de la
tuyère à la sortie. Le nombre de Reynolds est peu important dans la tuyère et atteint un
maximum de 750 sur l’axe à la sortie de cette dernière. Il présente ensuite des maxima et
minima locaux dans l’onde de choc. Il reste ensuite relativement constant jusqu’à l’anode.
Dans notre cas, la mise en place d’un modèle turbulent est surtout guidée par l’observation
d’un pompage important d’air dans le plasma. Les nombres de Reynolds étant moins
importants dans la tuyère que dans le jet libre, nous avons décidé de ne mettre en place le

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Chapitre II : - Etude de la colonne d’arc du plasma de découpe

modèle turbulent qu’en sortie de tuyère. Le modèle de longueur de mélange choisi est celui
proposé par Nicolet [Nic_1]. Ce modèle est particulièrement bien adapté pour la turbulence
dans les arcs transférés. Il a été utilisé avec succès non seulement par l’auteur [Nic_1] mais
aussi par Gonzalez [Gon_2] pour une modélisation d’arc de forte puissance et par Bauchire
[Bau_1] pour des torches à plasma.

Figure (FII_21) : Evolution axiale du nombre de Reynolds dans le plasma.

Ce modèle nécessite le calcul de la longueur de mélange lm caractérisant la turbulence


comme suit :
lm=0.075Rp (EII_52)
Le nombre de Prandtl turbulent Prt est tel que :

Prt = 0.95 si r ≥ Rp (EII_53)


2
 y 
Prt = 0.95 − 0.45  si r < Rp (EII_54)
R 
 p
y = Rp-r. Le paramètre Rp est le rayon de l’isotherme prise à 0.05mm de la paroi de la tuyère
proche de la sortie. Cette valeur de 0.05mm est du même ordre de grandeur que la rugosité du
mur donnée par Nicolet [Nic_1]. Le fait de prendre comme rayon une valeur liée à une

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Chapitre II : - Etude de la colonne d’arc du plasma de découpe
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isotherme plutôt qu’une valeur fixe permet de tenir compte de l’évolution du plasma dans sa
partie libre.
La viscosité turbulente est calculée en tenant compte de l’injection en vortex :
2
 ∂v r   ∂  v ϑ  
2

µ t = ρl 2m   + r (EII_55)
 ∂r   ∂r  R p  

Ce modèle n’était pas prévu au départ pour tenir compte d’un mélange de deux gaz.
Ainsi, aucune estimation du nombre de Schmidt n’est proposée. Dans la plupart des
publications prenant en compte la diffusion turbulente dans les plasmas [Bau_1][Cha_1], le
rapport (Nombre de Prandtl /Nombre de Schmidt) qui est le nombre adimensionnel de Lewis
est pris égal à l’unité. C’est cette hypothèse que nous ferons dans un premier temps.
Cependant, un paragraphe de ce chapitre sera dédié à l’étude de l’influence de ce nombre de
Lewis sur les caractéristiques du plasma. Le coefficient de diffusion et la conductivité
thermique sont recalculés avec les équations (EII_49) et utilisés ensuite dans les équations de
Navier – Stokes. Il est à noter que deux définitions du nombre de Lewis coexistent dans la
littérature. Une première le définit comme rapport du Nombre de Prandtl sur le nombre de
Schmidt et une seconde comme le rapport sur le nombre de Schmidt sur le nombre de Prandtl.
Nous avons choisi d’utiliser la première définition car c’est celle qui a été adoptée par
Bauchire [Bau_1] et Chyou [Chy_1] pour des applications concernant les plasmas
thermiques.

II.B.3.c) Comparaison entre modèle turbulent et laminaire

Nous comparons dans ce paragraphe les résultats du modèle laminaire et du modèle


turbulent, obtenus pour les conditions aux limites de la table (TII_04). Après convergence de
la solution, l’isotherme qui correspond à la définition de Rp est de 7500K.
Pour une pression totale d’entrée de 5atm, on obtient pour les cas laminaire et
turbulent des débits d’entrée d’oxygène respectifs de 3.8Nl/min et 3.7Nl/min. Ces deux débits
sont très proches, par contre, la quantité de gaz pompée par le plasma dans la zone libre du jet
est beaucoup plus importante dans le cas turbulent que dans le cas laminaire. Elle passe ainsi
de 2.6.10-4 kg/s à 4.2.10-4 kg/s. La chute de tension obtenue pour le cas turbulent est de 174V
contre 169V pour le cas laminaire.

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Chapitre II : - Etude de la colonne d’arc du plasma de découpe
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L’évolution de la pression, de la norme de la vitesse et de la fraction molaire
d’oxygène sont reportées sur les figures (FII_22a-b-c). Nous n’avons représenté ces grandeurs
qu’à partir de la sortie de tuyère car elles restent inchangées au dessus, le modèle de longueur
de mélange n’étant appliqué qu’en sortie de tuyère. Néanmoins, les changements entraînés par
la turbulence dans le jet libre auraient pu se répercuter dans la tuyère. Le plasma étant
supersonique en sortie de tuyère, ce n’est pas le cas car les grandeurs hydrodynamiques ne
dépendent que de leurs valeurs amont et non de celles aval.
En terme de pression (figure (FII_22a)), la turbulence a tendance à atténuer les ondes
de choc en sortie de tuyère en favorisant les mélanges et en augmentant la viscosité du
plasma. La valeur minimale dans la première dépression passe ainsi de –0.55atm pour le cas
laminaire à –0.47atm pour le cas turbulent. On peut remarquer que la présence d’un modèle
turbulent ne déplace pas la position des vagues de pression. Après ces vagues, la pression
reste à la pression atmosphérique dans les deux cas. Les vitesses (figure (FII_22b)) obtenues
avec le modèle de turbulence sont inférieures à celles du cas laminaire. Cela peut être attribué
à l’augmentation de viscosité dans le cas turbulent. A la sortie de tuyère, dans la première
dépression, l’équation de vitesse est essentiellement guidée par la chute de pression et la
différence entre les vitesses des deux modèles n’est que de 300m/s. Passée la zone d’ondes de
choc, la vitesse décroît de manière monotone dans les deux cas. A 15mm de la sortie, proche
de l’anode, la différence entre les deux champs de vitesses est maximale et égale à 2100m/s.
Les courbes de fraction molaire de l’oxygène (figure (FII_22c)) montrent bien l’influence du
modèle turbulent sur le pompage d’air ambiant au cœur du plasma. La fraction molaire
d’oxygène passe ainsi de 0.9 proche de l’anode dans le cas laminaire à 0.6 dans le cas
turbulent. Il est important de bien quantifier la quantité d’air pompée par le plasma car c’est
un paramètre qui influence directement la qualité de la découpe. Nous avons représenté sur la
figure (FII_23) les champs de températures obtenus à gauche pour le cas laminaire et à droite
pour le cas turbulent. Jusqu’à la sortie de tuyère, les deux champs sont strictement identiques.
A partir de la sortie, la présence du modèle turbulent fait apparaître des différences à la fois
sur l’axe et radialement. Sur l’axe, on peut remarquer que les températures sont moins élevées
pour le cas turbulent. Ainsi, dans l’onde de choc à 1mm de la sortie de tuyère, les
températures passent d’un extremum de plus de 20000K dans le cas laminaire à seulement
18000K pour le cas turbulent. Cette différence de 2000K demeure tout le long de l’axe
jusqu’à l’anode ou la température turbulente est de 14000K contre 16000K pour la
température laminaire. Cette différence est essentiellement due au pompage plus important
d’air froid dans le cas turbulent. Radialement, on remarque un élargissement du plasma pour

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Chapitre II : - Etude de la colonne d’arc du plasma de découpe
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les isothermes inférieures à 12000K. Cela est dû à la présence de la turbulence qui favorise les
échanges de chaleur et qui a ainsi tendance à augmenter le rayon du plasma.

Figure (FII_22a) : Evolution de la pression sur l’axe entre cas laminaire et turbulent.

Figure (FII_22b) : Evolution de la norme de la vitesse sur l’axe entre cas laminaire et
turbulent.

Figure (FII_22c) : Evolution de la fraction massique d’oxygène sur l’axe entre cas laminaire
et turbulent.

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Chapitre II : - Etude de la colonne d’arc du plasma de découpe
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Le nombre de Mach a été représenté sur la figure (FII_24). Il est estimé à partir des
vitesses du son calculées par Pateyron [Pat_2] pour un plasma d’oxygène pur et d’azote pur à
la pression atmosphérique. Ces données sont représentées dans l’annexe (I). Elles prennent en
compte les énergies de dissociation et d’ionisation des gaz. La vitesse du son, vson dans le
mélange est ensuite déduite au prorata des fractions massiques et des vitesses du son de
chaque gaz pur, v son O 2 et v son N 2 :

v son = m O 2 v son O 2 + m N 2 v son N (EII_56)


2

Dans les deux cas l’écoulement est supersonique en sortie de tuyère avec un nombre de Mach
supérieur à 1.8 dans l’onde de choc. Pour le cas laminaire, le plasma reste supersonique
jusqu’à l’anode où le Mach atteint 1.2. Pour le cas turbulent, les vitesses sont moins
importantes et le fluide redevient subsonique 7mm après la sortie de la tuyère.

Figure (FII_23) : Champ de température pour le cas laminaire et le cas turbulent.

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Chapitre II : - Etude de la colonne d’arc du plasma de découpe


Figure (FII_24) : Champs de Mach pour le cas laminaire et turbulent.

II.B.3.d) Influence du choix de l’isotherme

Le seul paramètre qui nous permette d’adapter le modèle de turbulence est le rayon de
l’isotherme Rp. Ce paramètre joue directement sur la valeur de lm et donc sur la viscosité
turbulente. Nous donnons dans ce paragraphe une étude paramétrique fonction de Rp. Trois
valeurs de Rp ont été étudiées :
- Cas 1, Rp1 : Rayon à 0.05mm du mur de la tuyère.
- Cas 2, Rp2 : Rayon à 0.08mm du mur de la tuyère.
- Cas 3, Rp3 : Rayon à 0.11mm du mur de la tuyère.
Les conditions limites utilisées jusqu’alors restent inchangées. Après convergence, on
obtient T(Rp1)=7500K, T(Rp2)=11000K, T(Rp3)=12500K. Les différences de potentiel et les
quantités d’air pompées dans le plasma suivant les longueurs de mélange sont résumées dans
le tableau (TII_06).

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Chapitre II : - Etude de la colonne d’arc du plasma de découpe
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Cas 1 Cas 2 Cas 3
T(Rp) 7500 11000 12500
DDP (V) -173.7 -172.5 -172
Débit d’air pompé 3.418.10-4 3.12.10-4 2.95.10-4
dans le plasma (kg/s)
Tableau (TII_06) : Grandeurs macroscopiques obtenues avec différentes longueurs de
mélange.

Plus la valeur de l’isotherme est élevée, moins il y a de turbulence car moins la


viscosité turbulente est élevée. Cela se traduit par moins d’air ambiant pompé dans le plasma
et donc moins de pertes thermiques. Dans le même temps, plus il y a d’air pompé dans le
plasma, plus la température de celui diminue. Cette diminution de température entraîne une
diminution de la conductivité thermique locale. Il y a donc pour conserver le courant une
augmentation de la chute de potentiel et donc de la puissance totale injectée dans le système.
L’évolution de la température et de la fraction molaire d’oxygène sur l’axe suivant les trois
cas est représentée sur les figures (FII_25a-b).

Figure (FII_25a-b) : Evolution sur l’axe de la température et de la fraction molaire d’oxygène


suivant les différents rayons d’isothermes du modèle de turbulence.

Juste après la sortie de tuyère, dans l’onde de choc, la température sur l’axe est peu
affectée par la variation de longueur de mélange. Après l’onde de choc par contre, la
différence en température entre le cas 1 et le cas 3 est d’environ 500K. Cette différence reste
constante alors que la température décroît jusqu’à l’anode. Concernant la fraction molaire
d’oxygène sur l’axe, on peut remarquer que dans les trois premiers millimètres après la sortie
de tuyère, la variation de la longueur de mélange n’entraîne pas la présence de plus d’azote
sur l’axe. Cela est probablement dû à l’orientation des vitesses dans l’onde de choc. En effet

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Chapitre II : - Etude de la colonne d’arc du plasma de découpe
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juste à l’entrée de l’onde de choc, les vitesses sont orientées vers l’extérieur empêchant ainsi
la pénétration d’air dans le plasma. A la sortie de l’onde de choc, les vecteurs vitesses sont
orientés vers l’axe entraînant à ce moment là une pénétration de gaz froid. Pour le champ de
pression, il n’y a aucune variation significative suivant les trois cas. Pour les vitesses, on
obtient dans tous les cas des valeurs maximales dans l’onde de choc aux alentours de
9400m/s. Ensuite, la convection est plus marquée pour les faibles valeurs de longueur de
mélange et la différence sur l’axe entre les vitesses du cas 3 et du cas 1 atteint environ 650m/s
à l’anode.

II.B.3.e) Influence du nombre de Lewis

Nous étudions dans ce paragraphe l’influence du nombre de Lewis sur les


caractéristiques du plasma. Nous avons pris par définition, ce nombre égal au rapport du
nombre de Prandtl sur le nombre de Schmidt. Il donne une représentation des temps de
diffusion thermique turbulents (Prandtl) sur les temps de diffusion de masse turbulents
(Schmidt). Généralement dans les modélisations, ce nombre est pris égal à l’unité
[Bau_1][Cha_1]. Cependant, dans le cas des plasmas thermiques, Chyou et Pfender [Chy_1]
ont montré qu’il pouvait suivant les cas être inférieur ou supérieur à l’unité voir même varier
dans le plasma. Nous avons étudié l’influence de ce nombre sur les résultats de notre modèle
dans le cas 1 (Rp=7500K). Ainsi, sept nombres de Lewis différents (0.3, 0.4, 0.5, 0.75, 1,
1.25, 1.5) ont été choisis et les résultats concernant la température et la fraction molaire
d’azote sont représentés sur les figures (FII_26a&b).

Figure (FII_26a&b) : Evolution sur l’axe de la température et de la fraction molaire d’azote


suivant différents nombres de Lewis turbulents.

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Chapitre II : - Etude de la colonne d’arc du plasma de découpe
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Sur la figure (FII_26a) on constate que sur l’axe, la valeur du nombre de Lewis
influence très peu l’évolution de la température. Par contre, on remarque sur la figure
(FII_26b) que son influence est grande sur la pénétration d’azote au cœur du jet. Le fait que la
température ne change pas malgré la pénétration d’azote, est essentiellement dû à la nature du
mélange azote oxygène. En effet, les coefficients de transport (conductivité thermique,
conductivité électrique) de ces deux gaz sont très proches (Annexe I) pour les températures au
dessus de 12000K. Sur la figure (FII_26b), plus le nombre de Lewis est important, plus la
fraction molaire d’azote pénétrant dans le jet est élevée. En effet, quand le nombre de Lewis
augmente, le temps de diffusion de masse turbulent est moins important que celui de la
chaleur et le fluide est guidé par la pénétration d’azote dans le plasma. Pour les nombres de
Lewis inférieurs à l’unité, c’est le contraire qui se passe.
Nous avons présenté dans ce paragraphe l’influence de la turbulence sur le jet de
plasma. Les différents paramètres (longueur de mélange, nombre de Lewis) permettant
d’ajuster ce modèle ont été montrés. Cependant, il faut garder à l’esprit qu’il ne s’agit pas
d’un modèle auto cohérent. Il n’est donc pas possible à ce stade de faire de conclusion sur la
nature turbulente ou non du plasma, il faudrait pour cela confronter les résultats
expérimentaux aux résultats théoriques. Cette confrontation sera faite au prochain chapitre.

II.B.4) Modèle de rayonnement P1

Jusqu’ici, le rayonnement plasma n’a été pris en compte qu’au travers du coefficient
d’émission nette. Cette méthode est très simple à utiliser puisqu’elle ne nécessite la résolution
d’aucune équation supplémentaire. En effet, pour une température et un rayon de plasma
donné, elle donne un coefficient de pertes volumiques qui a été calculé et tabulé auparavant.
Elle est très utilisée dans la modélisation des plasmas thermiques et permet de tenir compte
dans l’équation de conservation de l’énergie des pertes par rayonnement des parties chaudes
du plasma. Elle reste ainsi une très bonne approximation si l’on ne s’intéresse pas aux
phénomènes radiatifs du plasma mais seulement à son aspect hydrodynamique. Cependant,
dès lors que l’on veut évaluer le transfert radiatif dans l’arc et prendre en compte l’absorption
du rayonnement des parties chaudes par les parties plus froides sur les bords, il faut utiliser
des méthodes plus complexes.

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Chapitre II : - Etude de la colonne d’arc du plasma de découpe
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II.B.4.a) Définitions

Tous les modèles de rayonnement sont basés sur l’équation de transfert radiatif. Cette
équation différentielle traduit pour un élément de volume la conservation du rayonnement. Il
est nécessaire avant de la présenter de définir quelques grandeurs.

- Intensité radiative
Sur la figure (FII_27), l’énergie radiative monochromatique dE υ (θ, ϕ) d’un flux de

photons qui passe à travers une section dS dans l’angle solide dΩ dans la direction ϑ (par

rapport à n perpendiculaire à dS) pendant le temps dt, à une fréquence comprise entre ν et
ν+dν est donnée par la relation :
dE υ (θ, ϕ) = I υ (θ, ϕ)dυdS cos(θ )dΩdt (EII_57)

La quantité I ν (θ, ϕ) est l’intensité radiative monochromatique en W/ster.m2.


A partir de cette définition on peut calculer l’intensité totale sur tout le spectre par unité
d’angle solide :

I(θ, ϕ) = ∫ I ν dν (W/ster.m2) (EII_58)
0

Ainsi l’intensité totale rayonnée dans tout l’espace sur tout le spectre sera
I= ∫ I(θ, ϕ)sin(θ)dθdϕ
espace
(W/m2) (EII_59)

Figure (FII_27) : Flux de photons à travers une surface dS.

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Chapitre II : - Etude de la colonne d’arc du plasma de découpe
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A partir de l’intensité radiative monochromatique, on peut définir diverses grandeurs


associées au rayonnement :

- Le flux radiatif monochromatique q ν (M ) dans la direction s :

q ν (M ) = ∫I ν (M, s).s.dΩ (EII_60)


Le terme source qui intervient dans l’équation de conservation de l’énergie est égal à
la divergence du flux radiatif monochromatique intégré sur tout le spectre.
- L’intensité radiative incidente monochromatique Gν(M) :

G ν (M ) = ∫I ν (M, s)dΩ (EII_61)


- L’intensité radiative monochromatique du corps noir B ν (T )

Par définition, l’intensité radiative B ν (T ) d’un corps noir ne dépend pas de la


direction considérée mais seulement de la température et est donnée pour une longueur donde
par la loi de Planck :
2hν 3 dν
B ν (T )dν = (W/ster.m3) (EII_62)
c2  hν 
exp  −1
 kT 

Connaissant ces grandeurs, en supposant l’équilibre thermodynamique local,

l’intensité rayonnée à une fréquence ν par un point M( r ) du plasma dans la direction s est
donnée par l’équation de transfert radiatif :

( () ) (
s ⋅ ∇ I ν M r , s = Κ 'ν B ν − I ν M r , s ( ( ) )) (EII_63)

Dans cette équation, les termes de diffusion de la lumière par le milieu ont été
négligés. Cette approximation est tout à fait valable dans le cadre des plasmas thermiques
[Bou_1]. Κ 'ν est le coefficient d’absorption prenant en compte l’émission stimulée. La
résolution de cette équation différentielle est compliquée car il s’agit d’une équation
différentielle à coefficients variables fonctions de la longueur d’onde, de la température
locale, de la direction considérée et de la composition du milieu.
Diverses méthodes ont été utilisées pour calculer le rayonnement des plasmas

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Chapitre II : - Etude de la colonne d’arc du plasma de découpe
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thermiques. On peut citer parmi elles la méthode des caractéristiques partielles présentée en
3D dans le papier de Raynal [Ray_1] pour un cylindre de plasma dans le SF6 et en 2D dans le
papier de Aubrecht [Aub_1], la méthode des coordonnées discrètes (S-N) présentée par
Menart [Men_1] dans une configuration d’arc libre dans de l’argon et enfin la méthode P1
présentée par Eby [Eby_1] dans un disjoncteur à SF6. Chacune de ces méthodes fait appel à
des hypothèses simplificatrices sur la dépendance spectrale de l’équation (EII_63) ou sur la
dépendance spatiale et souvent sur les deux.
La méthode des caractéristiques partielles est très lourde à mettre en place et nécessite
beaucoup de temps de calcul. Nous avons donc décidé de ne pas l’utiliser. la méthode S-N
nécessite le calcul de données de base dont nous ne disposons pas. Nous avons donc choisi
pour mieux tenir compte du rayonnement du plasma de découpe d’utiliser le modèle P-1.
Dans son article, Eby [Eby_1] a comparé les résultats du modèle P-1 et des caractéristiques
partielles et un bon accord a été trouvé. Ce modèle semble donner des résultats satisfaisant sur
le rayonnement émis par les parties chaudes du plasma et prend en compte l’absorption de ce
rayonnement par les parties plus froides. Il permet de plus d’estimer les flux de rayonnement
à l’extérieur du plasma

II.B.4.b) Modèle de rayonnement P1

Le modèle P1 provient d’une famille de modèles plus générale que sont les modèles P-
N. Ces modèles simplifient l’équation de transfert radiatif (EII_63) en développant l’intensité

( )
radiative I ν M, s sous la forme d’une série d’harmoniques sphériques :

( ) ( ( )) ( )
∞ l
I ν r, s = ∑ ∑ I lm M r .Ylm s (EII_64)
l=0 m = − l

avec :

 ( l − m )! 
1

()  m+ m  2

Ylm s = (− 1) (cos(θ ))
  m
 2 
  e imΨ Pl
 ( l + m )!
 

L’angle polaire θ et l’angle azimutal Ψ permettent d’obtenir la direction s dans le repère


sphérique considéré, m et l sont les indices jusqu’auxquels on développe la série.
En multipliant l’équation (EII_63) par des harmoniques sphériques, en intégrant sur
toutes les directions et en exploitant les propriétés d’orthogonalité des harmoniques
sphériques, on obtient une infinité d’équations différentielles couplées avec pour inconnues

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Chapitre II : - Etude de la colonne d’arc du plasma de découpe
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m
( ( ))
les I ν l M r qui ne dépendent plus que du point M considéré. Pour simplifier le modèle, il
est nécessaire de tronquer le développement en série à partir d’une certaine valeur N. Cette
valeur de N donne le nom au modèle que l’on utilise (ex : P-1 : N=1). En général, des valeurs
impaires de N semblent donner des résultats plus précis que les valeurs paires [Mod_1].

( )
En mettant I ν r, s sous la forme d’une série d’harmoniques sphériques, en multipliant
et intégrant sur toutes les directions, et en arrêtant cette série à un certain N, on a remplacé la

( )
seule inconnue I ν r, s qui dépend de la position et de la direction considérée par (N+1)2

inconnues I (M (r )) qui ne dépendent que de la position du point considéré dans le domaine.


m
νl

Pour le modèle P1, on développe I (M (r ), s ) jusqu’à N=1, sachant que l’on a :


ν

P00 (cos(θ )) = 1 , P10 (cos(θ )) = cos(θ ) et P11 (cos(θ )) = sin (θ ) , cela nous donne :

I ν (M, θ, Ψ ) =
I ν 0 (M ) + I ν1 (M ) cos(θ) +
0 0

1
2
( −1 1
)
I ν1 (M ) − I ν1 (M ) sin (θ) cos(Ψ ) (EII_65)


i
2
( −1 1
)
I ν1 (M ) + I ν1 (M ) sin (θ)sin (Ψ )

L’équation (EII_65) possède 4 termes. Le premier est indépendant de la direction, le

deuxième est proportionnel à la composante suivant k du vecteur de direction

s = sin (θ )cos(Ψ )i + sin (θ )sin (Ψ ) j + cos(θ )k , les deux derniers dépendent des deux directions i

et j du repère. Chacun de ces termes est précédé d’une fonction des coordonnées de l’espace
à déterminer. L’équation (EII_64) peut être écrite de manière beaucoup plus compacte en

introduisant deux nouvelles fonctions : a(M) un scalaire et b(M ) un vecteur. On a alors :

( )
I ν M, s = a (M ) + b(M ).s (EII_66)

Résoudre les quatre scalaires inconnus que sont a et les trois composantes de b(M )
m
revient à résoudre les quatre inconnues I ν l . Avec l’équation (EII_66) l’intensité radiative
incidente (EII_61) s’écrit [Mod_1]:

( )
G ν (M ) = ∫ I ν M , s dΩ = a (M ) ∫ dΩ + b(M ) ∫ s.dΩ = 4π a (M ) (EII_67)
4π 4π 4π

Modest [Mod_1] a en effet démontré les trois relations suivantes :

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Chapitre II : - Etude de la colonne d’arc du plasma de découpe
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1 0 0
4π   4π
∫ s.dΩ = 0 , 4∫Πss. dΩ = 3  0 1 0 =
3
δ et ∫ s s s. dΩ = 0 .
4Π 0 0 1  4Π

En replaçant l’équation (EII_66) dans l’expression du flux radiatif (EII_60), on obtient :

( )
q ν (M ) = ∫ I ν M, s .s.dΩ = a (M ) ∫ s . dΩ + b(M ) ∫ s s . dΩ =

3
b(M ) (EII_68)
4π 4π 4π

Finalement en combinant les équations (EII_66-69-70) :

( )
Iν M , s =
1

[
G ν (M ) + 3 q ν (M ) . s ] (EII_69)

Et l’équation du transfert radiatif (EII_63) devient :

1
s ⋅∇ 
 4π
( 
) 
G ν (M ) + 3q ν (M ) . s  = Κ 'ν  B ν −
 
1

( 
G ν (M ) + 3 q ν (M ) . s 

) (EII_70)

s est indépendant de la position donc on peut rentrer le vecteur s dans le gradient. En faisant
cela et en intégrant l’équation (EII_70) sur tous les angles solides on obtient finalement:

∇ . q ν (M ) = [4πB ν − G ν (M )] K 'ν (EII_71)

En reprenant l’équation du transfert radiatif (EII_63) en multipliant par le vecteur s et


en intégrant sur toutes les directions on obtient de la même façon :
1
q ν (M ) = − ∇G ν (M ) (EII_72)
3K 'ν

( )
L’équation du transfert radiatif (EII_63) avec pour inconnue I ν M, s devient une équation

différentielle avec pour inconnue l’intensité relative incidente Gν :


 1 
∇  − '
∇ ( G ν (M ) ) = [4π Bν − G ν (M ) ] K 'ν (EII_73)
 3K ν 
Pour obtenir cette équation, des simplifications spatiales ont été effectuées en tronquant le
développement en série sphérique à l’ordre 1. Aucune simplification sur le domaine spectral
n’a été faite. Il est cependant impensable de calculer une équation par fréquence. Le domaine
spectral d’émission radiative du plasma est alors divisé en N bandes et un coefficient

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Chapitre II : - Etude de la colonne d’arc du plasma de découpe
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d’absorption moyen est calculé sur chaque bande. Les bornes des bandes de fréquence
dépendent du gaz plasmagène modélisé (Surtout des énergies de dissociation et d’ionisation
mises en jeu). On a ainsi pour une bande i entre deux fréquences νi et νi+1, le coefficient
ν i+1

d’absorption moyen K , l’intensité radiative incidente moyenne G i (M ) =


'
i ∫ G (M )dν , le flux
ν
νi

ν i+1

radiatif moyen q i (M ) = ∫ q (M ).dν


ν et l’intensité moyenne du corps noir
νi

ν i +1

B i (M ) = ∫ B (M )dν .
ν Il faut alors résoudre une équation du transfert radiatif sur chaque
νi

bande :
 1 
∇  − '
∇ (G i (M )) = [4π Bi (M ) − G i (M )] K i' (EII_74)
 3K i 
Cette équation peut se mettre facilement sous la forme d’une équation de Patankar en posant
1
Φ i = G i (M ) , Γi = et S Φ = −Κ i' Φ i + 4Π K 'ν i B i . A partir des scalaires Φi, on peut obtenir
3K i'
le flux radiatif et la divergence du flux radiatif par bande :
1
q i (M ) = − ∇G i (M ) (EII_75)
3K i'

∇.q i (M ) = [4π Bi (M ) − G i (M )] K i' (EII_76)

En sommant l’équation (EII_76) sur les N bandes on obtient alors directement le terme source
en rayonnement de l’équation d’énergie.

II.B.4.c) Choix des bandes – interpolations

Le choix des bandes dans notre cas est basé sur les travaux de Nagizadeh [Nag_1].
Dans sa thèse sur le rayonnement des plasmas d’air, elle a calculé les coefficients
d’absorption moyens de l’oxygène et de l’azote à 1atm en divisant le domaine spectral en 6
bandes présentées dans le tableau (TII_07).
La première bande débute à 1.1016 Hz. La région du domaine spectral ou la fréquence
est supérieure a été négligée par Nagizadeh car le rayonnement plasma y est quasi inexistant.
On peut remarquer que les intervalles pour les bandes à faibles longueurs d’onde sont

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Chapitre II : - Etude de la colonne d’arc du plasma de découpe
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relativement étroits. Les bornes de ces bandes correspondent aux énergies d’ionisations des
atomes à partir du niveau fondamental. Les bandes 4 et 5 sont situées dans le visible et le
proche UV. La bande 6, très large concerne le rayonnement infrarouge. Les phénomènes
radiatifs intervenants dans les bandes 1 à 5 sont surtout des phénomènes dus aux électrons,
aux ions et aux atomes. Les phénomènes de la bande 6 concernent tous les phénomènes dus
aux transitions moléculaires. Les phénomènes prépondérants dans le rayonnement des parties
chaudes du plasma sont ainsi bien pris en compte. Par contre le fait de prendre un coefficient
moyen sur la largeur de la bande 6 ne donnera que des résultats approximatifs sur le
rayonnement infra rouge.
Les coefficients moyens de chaque gaz purs ont été pris pour un rayon de plasma de
0.5mm (comme pour le coefficient d’émission nette) et sont présentés fonction de la
température dans l’annexe (I). Le coefficient moyen du mélange azote – oxygène a été calculé
au prorata des fractions massiques de chaque gaz pur et pris directement proportionnel à la
pression.

Bande spectrale 1 2 3 4 5 6
Longueur d’onde 30 85.22 101.91 112.99 179.84 1199.169
(nm) - - - - - -
85.22 101.91 112.99 179.84 1199.169 4500
Fréquence 10 3.52 2.94 2.65 1.67 0.25
15
(10 Hz) - - - - - -
3.52 2.94 2.65 1.67 0.25 0.067
Tableau (TII_07) : Les six bandes spectrales pour le calcul des coefficients moyens de l’azote
et de l’oxygène.

II.B.4.d) Résultats

Avec les mêmes conditions aux limites que celles utilisées jusqu’ici (tableau TII_03)
nous avons appliqué le modèle P1 à la torche de découpe. Le modèle est turbulent. Le débit
obtenu avec une pression statique de 4atm en entrée est de 3.57Nl/min contre 3.7Nl/min avec
la méthode du coefficient d’émission nette. La chute de tension dans l’arc est égale à 168V.
Elle est plus petite que pour le coefficient d’émission nette. Nous avons représenté sur la
figure (FII_28) le champ de la divergence du flux radiatif estimée pour le cas du coefficient
d’émission nette à gauche et calculée pour le cas du modèle P1 à droite. L’évolution de la

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Chapitre II : - Etude de la colonne d’arc du plasma de découpe
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divergence du flux sur l’axe est la même quel que soit le modèle considéré. Les pertes
radiatives sont maximales dans la tuyère à l’endroit où la température est elle aussi maximale.
A la sortie de tuyère, dans l’onde de choc, les pertes radiatives sont moins importantes et
réaugmentent ensuite. On peut remarquer que les valeurs de divergence du flux radiatif
prévues par le modèle P1 pour les parties chaudes du plasma sont très proches des valeurs du
coefficient d’émission nette. Radialement, proche de la cathode, le modèle P1 prévoit des
zones de réabsorption du rayonnement. Cette réabsorption se traduit par des valeur négatives
de la divergence du flux radiatif. Elle est maximale dans la tuyère avec une valeur supérieure
à –1.1011W/m3. Dans le jet libre, ces zones de réabsorption du rayonnement sont présentes de
la même façon. Afin d’estimer l’influence de ce nouveau terme source sur l’équation
d’énergie, les champs de température obtenus avec les deux méthodes ont été tracés sur la
figure (FII_29).

Figure (FII_28) : Divergence du flux radiatif F pour le coefficient d’émission nette et le


modèle P1.

Proche de la cathode, on peut remarquer une nette étendue radiale des isothermes des
températures inférieures à 4000K. Cette étendue en température a tendance à boucher un peu

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Chapitre II : - Etude de la colonne d’arc du plasma de découpe
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plus la tuyère ce qui explique la différence de débits obtenue dans les deux cas. Dans la
tuyère, le maximum de température atteint avec l’utilisation de la méthode P1 est inférieur à
celui obtenu avec le coefficient d’émission nette (Tmax(P1)=24300K ; Tmax(E.net)=25200K).
Cette différence entre les champs de la température dans la tuyère est due à la différence de
rayon de conduction à cet endroit. Nous avons représenté sur la figure (FII_30) l’évolution
radiale de la conductivité électrique au milieu de la tuyère. L’absorption de rayonnement dans
la tuyère augmente la température du plasma près des parois, le rayon de conduction est donc
plus grand dans le cas du P1. Le champ électrique local est ainsi moins important l’intensité
de courant passant sur une plus grande section. Par conséquent, le terme source est réduit sur
l’axe conduisant à une température axiale inférieure dans le cas du P1. Ces différences de
température sur l’axe s’estompent en sortie de tuyère. Toujours sur l’axe, dans la partie libre
du jet, les températures obtenues avec le P1 et le coefficient d’émission nette évoluent de la
même façon jusqu’à l’anode. De la sortie de tuyère à la plaque, on remarque radialement que
les deux champs de température ont un comportement identique pour les isothermes
supérieures à 4000K.

Figure (FII_29) : Champ de température obtenu avec le coefficient d’émission nette et le


modèle P1.

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Chapitre II : - Etude de la colonne d’arc du plasma de découpe
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Figure (FII_30) : Evolution radiale de la conductivité électrique dans la tuyère suivant le


modèle de rayonnement utilisé.

Par contre, l’isotherme 2000K est nettement plus étendue dans le cas du modèle P1. Cette
étendue est due à la prise en compte de l’absorption du rayonnement sur les bords du plasma.
Ainsi le coefficient d’émission nette permet d’obtenir de très bon résultats sur les parties
chaudes du plasma, la différence entre coefficient d’émission nette et P1 n’intervenant que
pour les températures inférieures à 4000K.
Si ces différences en température pour les parties chaudes de l’arc entre le coefficient
d’émission nette et le P1 ne semblent pas nécessiter la mise en place d’un modèle compliqué
de rayonnement P1, ce dernier possède d’autres avantages. En effet, il permet d’estimer les
flux rayonnés par bandes spectrales. La composante radiale du flux radiatif sur chacune des
six bandes pour une section de plasma située à 1cm de la sortie de tuyère est représentée sur la
figure (FII_31). Elles ont été calculées à partir de l’équation (EII_75).
Le rayonnement issu des bandes 1 et 2 est prédominant au cœur du plasma mais très
absorbé sur les bords. Par contre le rayonnement issu du proche UV, du visible et de
l’infrarouge (bandes 4-5-6) est le seul à sortir du jet de plasma sans être atténué. Le
rayonnement le plus énergétique est celui émis par la bande 5 contenant le visible. On peut
remarquer différents maxima locaux sur les flux rayonnés au rayons 1, 1.7, et 2.9mm. Ces
maxima correspondent aux températures d’ionisation de l’oxygène pour le premier, de
dissociation de l’azote pour le second et de dissociation de l’oxygène pour le dernier.

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Chapitre II : - Etude de la colonne d’arc du plasma de découpe
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Figure (FII_31) : Flux radiatifs sur une section de plasma à 1cm de la sortie de tuyère.

Nous avons mis en place dans ce chapitre les bases du modèle hydrodynamique pour
la description du plasma de découpe. La géométrie réelle de la torche a été modélisée avec la
prise en compte de l’injection en vortex. Le modèle nous a permis de mettre en évidence le
caractère supersonique du jet en sortie de tuyère avec la présence d’une dépression. Nous
avons étudié l’influence de différentes hypothèses comme le caractère turbulent de
l’écoulement ou le modèle de degrés d’approximation du modèle de rayonnement. Après
présentation du nombre de Reynolds nous avons supposé que seule la partie libre du jet de
plasma était turbulente et avons mis en place un modèle de longueur de mélange. La prise en
compte de la turbulence dans le jet a tendance à augmenter les échanges thermiques et le
pompage d’air environnant au cœur du plasma. Concernant le P1, ce modèle est nécessaire si
l’on veut étudier les phénomènes radiatifs du plasma de découpe ( réabsorption du
rayonnement sur les bords, estimations des flux radiatifs …). Il nécessite la mise en place de
six équations supplémentaires cependant le modèle du coefficient d’émission nette reste
suffisant pour décrire les parties chaudes du plasma.

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Chapitre II : - Etude de la colonne d’arc du plasma de découpe
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Chapitre III : - Mesures expérimentales – Comparaison avec les résultats du modèle
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Chapitre III

Mesures expérimentales
Comparaison avec les
résultats du modèle
Chapitre III : - Mesures expérimentales – Comparaison avec les résultats du modèle
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Chapitre III : - Mesures expérimentales – Comparaison avec les résultats du modèle
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Ce chapitre est consacré à l’étude expérimentale de la torche de découpe. Deux


configurations expérimentales sont étudiées. La première est la configuration installée au
laboratoire. Il s’agit de la configuration avec anode tournante placée à d=15mm de la sortie de
tuyère que nous avons présentée lors du chapitre I. Nous l’appellerons « configuration
spectroscopique ». La seconde est une configuration de découpe utilisée par Air Liquide avec
une plaque située à une distance réelle de coupe « d » comprise entre 1 et 3mm. Nous
l’appellerons « configuration de découpe ». Ces deux configurations ont des objectifs
différents : la « configuration spectroscopique » comme son nom l’indique est destinée aux
mesures spectroscopiques dans une configuration de laboratoire. En effet, nous nous sommes
placés dans une situation telle que l’influence des vapeurs provenant de la découpe puisse être
considérée comme négligeable. Le fait d’utiliser une anode tournante nous permet de plus
d’obtenir une bonne stabilité de la colonne d’arc et d’avoir des temps d’acquisition qui ne
soient pas limités par une longueur de plaque. La motivation principale de cette première
configuration est donc : la comparaison des mesures expérimentales avec les résultats du
modèle en vue de les comparer voir de les valider. La seconde configuration dite de
« découpe » est une situation réelle sur laquelle des résultats complémentaires, qu’il n’est pas
possible d’obtenir dans la première configuration, seront réalisés. Il s’agit ici d’effectuer un
bilan complet d’énergie suivant les divers processus intervenant dans la découpe.
Le chapitre est divisé en deux grandes parties. Dans la première partie du chapitre, les
lois physiques et les méthodes de mesures par spectroscopie d’émission sont rappelées. Les
appareils et le banc de mesure mis en place au laboratoire sont ensuite présentés. Les résultats
obtenus expérimentalement sont alors comparés à ceux du modèle. Dans la deuxième partie,
la « configuration de découpe » est présentée. Expérimentalement, des mesures
macroscopiques de tension, de largeur de saignée, de dépouille et de quantité de métal fondu
ont été obtenues. A partir du modèle et de ces mesures la répartition de l’énergie dans la
saignée est ensuite discutée.

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Chapitre III : - Mesures expérimentales – Comparaison avec les résultats du modèle
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III.A) Etude de la configuration spectroscopique

III.A.1) Bases de la spectroscopie d’émission

La spectroscopie d’émission consiste en l’exploitation de l’énergie lumineuse émise


par le milieu pour évaluer (en général en utilisant l’hypothèse d’ETL) différents paramètres
du plasma tels que la température ou la densité électronique.

III.A.1.a) Equilibre thermodynamique total et Equilibre Thermodynamique Local

Un plasma à l’équilibre thermodynamique total, est un plasma régi par une seule
température, où ne règne aucun gradient et où tous les processus élémentaires de collisions et
de rayonnement sont balancés par leurs processus inverses: on dit alors qu’il y a
microréversibilité de tous les processus, et la densité de rayonnement est égale à celle du
corps noir. Un tel milieu est décrit pour les processus collisionnels par les lois de Maxwell,
Saha et Guldberg-Waage et pour le rayonnement par la loi de Planck. Ces lois sont les
suivantes [Vac_1] :

¾ Loi de Maxwell
La distribution de vitesse des particules est une fonction de Maxwell :

3
dn i  m i  2  1 mi v 2  2
=  exp −  4 π v dv (EIII_01)
n i  2πkT   2 kT 
dni : nombre de particules d’espèce i dont la vitesse est comprise entre v et v+dv
mi : masse des particules
T : température des particules
k : constante de Boltzmann

¾ Loi de Boltzmann.
La densité des niveaux des atomes excités et des ions est donnée par la loi de
distribution de Boltzmann, soit entre deux niveaux h et b :

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Chapitre III : - Mesures expérimentales – Comparaison avec les résultats du modèle
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nh gh  E − Eb 
= exp − h  (EIII_02)
nb gb  kT 
nh, nb : densités des niveaux h et b
Eh, Eb : énergies des niveaux h et b
gh, gb : poids statistiques des niveaux h et b

Pour un niveau h, cette loi peut aussi s’écrire en fonction du nombre total de particules Ni(T)
 E 
d’espèce i et de la fonction de partition de ces particules Q i (T ) = ∑ g n exp − n  :
n  kT 

nh gh  E 
= exp − h  (EIII_03)
N i (T ) Q i (T )  kT 

¾ Loi de Saha
Le degré d’ionisation du milieu est donné par la loi de Saha :
3
n e . N i( z +1)+ Qi( z +1)+  2πm e kT  2
 E − ∆E 
= 2   exp − s  (EIII_04)
N i( z )+ Qi( z )+  h 2   kT 
ne : densité électronique
N i(z +1)+ , N i(z )+ : densités des ions d’espèce i chargés z +1 fois et z fois

Q i( z +1)+ , Q i(z )+ : les fonctions de partitions de ces ions.


h : constante de Planck
Es : Energie d’ionisation pour passer de z à z+1
∆E : Abaissement du potentiel d’ionisation
me : masse électronique

¾ Loi de Guldberg-Waage
Le degré de dissociation du plasma est donné par la loi de Guldberg-Waage
3 3
N A .N B Q AQ B  m A .m B  2  2πkT  2
 D 
=    2  exp − AB  (EIII_05)
N AB Q AB  m A + mB   h   kT 

NA, NB, NAB : densités d’atomes A, d’atomes B et de molécules AB


QA,QB,QAB : les fonctions de partitions des espèces

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Chapitre III : - Mesures expérimentales – Comparaison avec les résultats du modèle
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mA, mB : les masses des atomes A et B
DAB : l’énergie de dissociation de la molécule AB

¾ Loi de Planck
Le rayonnement du corps noir à la longueur d’onde λ et à la température T est donné
par la loi de Planck :
2hc 2 dλ
B λ dλ = (EIII_06)
λ 5
 hc 
exp  −1
 λkT 
c : vitesse de la lumière.

A ces lois générales s’ajoutent la loi de Dalton et la loi de neutralité électrique :

¾ Loi de Dalton
La pression p dans le plasma est donnée par la loi de Dalton

p = kT ∑ N i (EIII_07)
i

Ni : espèces présentes dans le plasma

¾ Loi de neutralité électrique


Le plasma est électriquement neutre
n e = ∑ zN iz (EIII_08)
i

Du fait de la présence de gradients, de l’émission de rayonnement hors du milieu, de la


non microréversibilité complète des processus, il apparaît que la théorie de l’équilibre
thermodynamique complet ne convient pas pour décrire correctement les plasmas thermiques
de laboratoires. Cependant, quand les processus collisionnels sont prépondérants devant les
processus de rayonnement, toutes les lois relatives aux collisions (Saha, Boltzmann,
Guldberg-Waage, Maxwell) restent valables et seule la loi de Planck est mise à défaut. On dit
alors qu’il y a Equilibre Thermodynamique Local (ETL). C’est cette hypothèse que nous
utiliserons pour les mesures spectroscopiques présentées par la suite.

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Chapitre III : - Mesures expérimentales – Comparaison avec les résultats du modèle
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III.A.1.b) Les processus d’émission de rayonnement

Il existe deux grandes familles de processus d’émission de rayonnement :


- Celle des transitions continues (état libre) - (état lié ou libre)
- Celle des transitions discrètes (état lié) - (état lié).
La première famille donne lieu à l’émission du fond continu et la seconde à celle des raies.

¾ Le continuum ou fond continu


En général, dans les plasmas, des continua de deux origines différentes se
superposent : Une première cause est due à la recombinaison radiative d’un ion et d’un
électron (transition libre - lié) et la deuxième à l’émission d’un photon provoquée par le
rayonnement de freinage e- - ion et e- - atome. Comme par la suite nous n’utiliserons pas le
continuum pour déterminer les caractéristiques du plasma nous nous contentons de donner ici
les équations décrivant chaque phénomène sans entrer plus dans les détails.
— La recombinaison radiative : Az + e-(1/2mev2) ÙAz-1 + hν
La recombinaison radiative d’un atome z fois chargé avec un électron d’énergie
cinétique 1/2mev2 provoque la formation d’un atome (z-1) fois chargé et d’un photon
d’énergie hν telle qu’il y ait conservation de l’énergie entre celle des atomes Az et Az-1,
l’énergie cinétique de l’électron et celle du photon. Il s’agit en fait d’un faux continuum, les
transitions libre - lié étant discrètes. Cependant, la distribution d’énergie des électrons est telle
que l’on assimile ces transitions discrètes à un pseudo continuum.
— Le rayonnement de freinage (Bremsstralung) électrons – ions :
A(z)+ + e- (1/2me v 21 ) Ù A(z)+ + e- (1/2me v 22 ) + hν

Lorsqu’un électron pénètre dans le champ de potentiel d’un ion, il peut être ralenti où
accéléré et la différence d’énergie cinétique de l’électron avant et après collision est convertie
en photon.
— Le rayonnement de freinage électron - atome :
A + e- (1/2me v 21 ) Ù A + e- (1/2me v 22 ) + hν

De la même manière que pour les ions, quand un électron va pénétrer dans le champ
de potentiel d’un atome, un rayonnement de freinage peut être émis.

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Chapitre III : - Mesures expérimentales – Comparaison avec les résultats du modèle
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¾ Transition radiative.
Lors de la transition radiative d’un électron entre un niveau haut h et un niveau b
d’énergie inférieure, il y a émission d’un photon de fréquence ν=(Eh-Eb)/h. L’énergie
rayonnée lors de cette transition par la raie (par unité de volume par unité d’angle solide et par
unité de temps) est alors égale à :

ε = n h A bh P(ν ) (W/m3.ster) (SI) (EIII_09)

Abh : probabilité de transition entre les niveaux h et b (s-1)


nh : densité du niveau émetteur
+∞
P(ν) : Profil de la raie normalisé à 1 : ∫ P(ν )dν = 1 .
−∞

Le terme P(ν) prend en compte le profil de la raie. La transition du niveau h vers le niveau b
étant discrète, on s’attend à obtenir pour la raie un pic de Dirac en énergie à la fréquence
d’émission de la raie. Cependant, la raie présente toujours un élargissement qui dépend
principalement des particules en présence. Ces différents types d’élargissement sont présentés
ici :

¾ L’élargissement des raies


On peut distinguer différents types de processus d’élargissement de raies :
- Un premier type d’élargissement peut être attribué aux conditions
expérimentales. Cela correspond aux déformations dues aux instruments de mesures
(fonction d’appareil) mais aussi à toutes les déformations dues à l’absorption de photons
sur le trajet optique du plasma vers l’appareil de mesure (notamment pour les faibles
longueurs d’ondes).
- Un deuxième type, d’origine plus « physique » est attribué à l’environnement de
l’atome émetteur, à sa vitesse, à la durée de vie du niveau émetteur.
Ce sont ces derniers types d’élargissement que nous allons décrire dans ce paragraphe car ce
sont ceux qui permettent d’obtenir des renseignements sur l’état du plasma. Ces
élargissements sont au nombre de trois : l’élargissement naturel, l’élargissement Doppler et
l’élargissement de pression.

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Chapitre III : - Mesures expérimentales – Comparaison avec les résultats du modèle
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— Elargissement naturel
Le niveau de l’atome émetteur possède une certaine durée de vie. La distribution de
l’émission des électrons autour du temps moyen de durée de vie provoque ce que l’on appelle
l’élargissement naturel. Cet élargissement est très faible devant les autres types
d’élargissement et est généralement négligé.

— Elargissement Doppler
L’élargissement Doppler est créé par le mouvement des émetteurs par rapport à
l’observateur. Ainsi, pour un émetteur à la vitesse vem par rapport à l’observateur, émettant un
photon à la longueur d’onde λ0, l’observateur observera une longueur d’onde λ décalée par
∆λ D v em
rapport à λ0 telle que λ = λ 0 ± ∆λ D , = . Si le milieu est à l’équilibre
λ0 c

thermodynamique local, la distribution de vitesse des émetteurs est maxwellienne et le


mouvement d’agitation thermique de ces derniers est isotrope. On observe donc un
élargissement de la raie autour de la longueur d’onde λ0. On obtient alors un profil Gaussien
de la raie :

1  (λ − λ0 )2 
PD (λ ) = exp  −  (EIII_10)
π ∆λ D  ∆λ2D 

— Elargissement de pression
Ce type d’élargissement est lié aux interactions entre la particule émettrice et les
particules qui l’environnent (perturbateurs). Suivant que les perturbateurs sont des particules
chargées ou non, l’élargissement sera différent. On pourra cependant, dans tous les cas,
associer le profil de la raie élargie à un profil de type Lorentzien :

1 δL
PL (λ ) = (EIII_11)
[
Π δ 2 + (λ − λ − ∆ )2
L 0 ]
δL : ½ largeur à mi-hauteur de la raie
∆ : Déplacement en longueur d’onde

- Elargissement Stark
On parlera d’élargissement Stark lorsque les perturbateurs sont des particules
chargées. Avec des électrons, on obtient des potentiels d’interaction en C4/r4 (effet Stark

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Chapitre III : - Mesures expérimentales – Comparaison avec les résultats du modèle
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quadratique). Un calcul dans l’approximation des impacts (perturbateurs très rapides devant
l’émetteur) est faite et l’on obtient [Rah_1] :
2 1 λ 02
2δ e = 11.37C 4 3 v e 3 n e (unité de longueur) (EIII_12)
2ππ
2 λ20
1
∆ e = 9.94C 4 v e n e
3
(unité de longueur)
3
(EIII_13)
2πc
ve : vitesses de électrons

L’effet des ions une fois chargés (Stark linéaire ou quadratique) sur la largeur à mi hauteur a
été estimé par Griem [Grie_1] dans l’approximation quasi statique (émetteur et perturbateur
immobiles) pour les atomes hydrogénoides et non hydrogénoides. La combinaison des deux
approximations précitées conduit au équations suivantes :

2
Hydrogène : 2δ=2.5⋅10−9α⋅n e 3 (Å) (EIII_14)

Non Hydrogénoides : 2δ = 2δ e (1 + 1.75α(1 − 0.75R )) (Å) (EIII_15)

α : paramètre qui caractérise l’action des ions sur les émetteurs (calculé par Griem [Gri_1]
pour beaucoup d’espèces)
R : terme de corrélation ionique qui tient compte de la distance moyenne entre les
perturbateurs et les émetteurs et de la longueur de Debye dans le plasma.

- Elargissement de type Van de Walls


Lorsque l’émetteur est un atome différent du perturbateur ou que l’émetteur est de
même nature que le perturbateur mais à un niveau excité non couplé au fondamental, on a un
élargissement de type Van der Walls. Ce type d’élargissement est caractérisé par un potentiel
d’interaction en C6/r6. Les largeurs à mi hauteur et les décalages ont été estimés dans
l’approximation des impacts :
2 3 λ20
2δ N = 8.16C6 5 v0 5 N 0 (unité de longueur) (EIII_16)
2πc
2 3 λ20
∆ N = 2.94C 6 5 v 0 5 N 0 (unité de longueur) (EIII_17)
2πc
v0 : vitesse moyenne des particules perturbatrices et émettrices.

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Chapitre III : - Mesures expérimentales – Comparaison avec les résultats du modèle
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N0 : densité des particules dans le plasma.

Ces deux expressions sont valables dans des conditions décrites dans [Rah_1].

- Elargissement de résonance.
Ce type d’élargissement intervient lorsque le niveau supérieur de l’émetteur est
directement lié au fondamental et que perturbateurs et émetteurs sont de même nature. Le
potentiel d’interaction a alors une forme en C3/r3. Dans l’approximation des impacts, on peut
écrire :
1
gf  2 e 2 f r λ0 λ20
2δ r = 5.48π   N 0 (unité de longueur) (EIII_18)
 gr  4πε 0 2πc m e 2πc

∆r = 0 (EIII_19)
gf, gr : poids statistiques du fondamental et du niveau de résonance.
fr : force d’oscillateur du niveau résonant
N0 : densité du niveau fondamental.

III.A.1.c) Les méthodes « classiques » de mesures par spectroscopie

A partir de la lumière émise par le milieu, en faisant l’hypothèse d’ETL, et à partir des
lois sur le rayonnement décrites ci dessus, il est possible de mesurer divers paramètres du
plasma tels que la température ou la densité électronique.

¾ Mesures à partir de l’énergie d’une raie.


Les techniques de mesures à partir de l’énergie d’une raie sont au nombre de trois. Il
s’agit de l’intensité absolue d’une raie, de la méthode de Fowler-Milne et de celle du
diagramme de Boltzmann. Elles sont décrites en détails dans [Vac_1] et nous n’en ferons ici
qu’une brève description.

— Intensité absolue d’une raie


Il est possible si l’on connaît l’énergie émise par une raie de calculer la densité du
niveau émetteur :
4πλ ij
ni= J ⋅ (EIII_20)
A ij hc

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Chapitre III : - Mesures expérimentales – Comparaison avec les résultats du modèle
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En appliquant alors les lois ETL, on peut obtenir facilement cette densité en fonction de la
densité totale de particules et de la température. Pour peu que l’on connaisse la pression locale
et la composition du plasma, on peut alors facilement en déduire la température.

— Méthode de Fowler Milne


Si l’on considère l’ETL l’émissivité théorique d’une raie en fonction de la température
présente un maximum local Jmax pour une température Tm. Ainsi, si le plasma a une
température axiale qui est supérieure à Tm, le profil d’émissivité expérimental présente
suivant r un maximum en dehors de l’axe. Au rayon rm, on a J(Tm)=Jmax. La température sera
donc connue en rm. Le rapport J(r)/Jmax permet ensuite de déterminer la température à gauche
et à droite de rm.

— Diagramme de Boltzmann, intensités relatives de raies.


Cette méthode consiste à tracer une courbe de l’intensité des raies en fonction de
l’énergie des niveaux à partir desquels elles ont été émises. Cela revient à un facteur près à
tracer la densité d’atomes du niveau émetteur en fonction de l’énergie de ce niveau. Si l’ETL
est réalisé, et si Ji est l’intensité du niveau émetteur on a facilement à partir des équations
précédentes la relation suivante :

 Jλ  E
ln i  = − h + cte (EIII_21)
 A hb g h  kT

  Jλ  
Ainsi, si l’on trace  ln i  = f (E h )  pour plusieurs raies, et si le milieu est à l’équilibre,
  A hb g h  
on obtient une droite de pente –1/kT qui permet de déduire la température.

Il est possible de procéder à un diagramme de Boltzmann avec seulement deux raies. La


méthode s’appelle alors intensités relatives de raies. Si les niveaux émetteurs des deux raies
sont suffisamment espacés en énergie, on peut alors obtenir la température du plasma si l’on
suppose qu’il y a ETL.

¾ Mesure à partir de l’élargissement d’une raie.


Les mesures à partir de l’énergie des raies permettent d’obtenir la température du
plasma moyennant l’hypothèse d’ETL. Cependant, on peut à partir de l’élargissement des

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Chapitre III : - Mesures expérimentales – Comparaison avec les résultats du modèle
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raies obtenir directement la densité électronique dans le plasma. Dans le cas où
l’élargissement Stark de la raie est prépondérant devant les autres types d’élargissement, les
équations (EIII_14-15) permettent d’obtenir la densité électronique en mesurant directement
la largeur à mi hauteur de la raie. L’avantage de cette méthode réside dans le fait qu’elle
dépend très peu de la température et donc de l’hypothèse d’ETL.

¾ Un outil mathématique nécessaire : L’inversion d’Abel


Le problème de la spectroscopie est que seules les valeurs locales de l’émissivité du
plasma permettent une interprétation physique. Or, ce que les appareils de mesure permettent
d’obtenir, c’est la somme de toutes ces émissions locales sur les cordes de visée moins
éventuellement toute l’énergie qui a pu être réabsorbée par le milieu plasma. Moyennant
quelques hypothèses, il est cependant possible d’obtenir à partir de l’intensité intégrée les
valeurs des émissivités locales en utilisant l’inversion d’Abel.

Figure (FIII_01) : Schéma pour l’inversion d’Abel

Soit I(y) l’intensité totale mesurée sur une corde de visée, et J(r) l’émissivité locale du
plasma. Si R est le rayon du plasma à symétrie cylindrique, on a alors les deux relations
suivantes :
R
r
I(y ) = 2 ∫ J (r ) dr (EIII_22)
y r − y2
2

dI(y )
R
1 1
J (r ) = − ∫ dy (EIII_23)
π r
dy y2 − r 2

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Chapitre III : - Mesures expérimentales – Comparaison avec les résultats du modèle
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Cette méthode présente deux inconvénients majeurs. Le premier est que, pour obtenir la
valeur locale J(r), il faut faire la dérivée de I(y). Le second est qu’il est nécessaire d’avoir la
valeur du rayon de plasma pour calculer l’inversion d’Abel. Plusieurs méthodes d’inversion
d’Abel existent dans la littérature [Jaf_1][Mer_1][Sem_1]. Celle que nous avons utilisée est
inspirée de Jaffe [Jaf_1] et est décrite dans l’annexe (III). Nous donnons en annexe (II) le
formalisme que nous avons utilisé pour estimer les incertitudes.

¾ Etalonnage de l’énergie mesurée.


Pour mesurer l’intensité lumineuse totale, l’appareil de mesure va convertir l’énergie
qu’il reçoit en un signal électrique en volt. Le problème est de savoir quelle est la valeur de
l’intensité en unité réelle. Il faut donc étalonner la mesure avec une source (lampe à ruban de
tungstène) dont on connaît parfaitement le rayonnement et qui sera placée exactement dans les
mêmes conditions géométriques que le plasma étudié.

III.A.1.d) Composition des mélanges oxygène - azote

Pour utiliser la plupart des méthodes de spectroscopie, il est nécessaire de connaître la


composition du plasma étudié. Pour cela, les lois de l’ETL concernant les processus de
collisions (EIII_01-05), la loi de Dalton (EIII_07) et la loi de neutralité électrique (EIII_08)
forment un système d’équation permettant d’obtenir pour un mélange O2-N2 et une pression
donnée la composition du plasma en fonction de la température. Nous avons utilisé les
travaux de Naguizadeh [Nag_1]. Nous présentons à titre d’exemple sur les figures (FIII_02)
et (FIII_03) la composition d’un plasma d’oxygène pur à la pression atmosphérique et la
composition d’un mélange 50%O2-50%N2 lui aussi à la pression atmosphérique.

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Chapitre III : - Mesures expérimentales – Comparaison avec les résultats du modèle
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Figure (FIII_02) : Composition d’un plasma d’oxygène pur à la pression atmosphérique.

Figure (FIII_03) : Composition d’un plasma 50%O2-50%N2 à la pression atmosphérique.

On remarque sur ces figures la dissociation des molécules d’oxygène qui intervient à 3800K
et celle de l’azote à 7100K. On peut voir aussi qu’en dessous de 25000K, la loi de neutralité
électrique est entièrement assurée par les atomes une fois ionisés.

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Chapitre III : - Mesures expérimentales – Comparaison avec les résultats du modèle
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III.A.2) L’installation au laboratoire

III.A.2.a) La torche

Pour la configuration spectroscopique, le but n’est pas d’étudier la torche en


configuration de découpe mais plutôt de caractériser le plasma d’oxygène créé par le
dispositif. Pour cela, la plaque à couper est remplacée par un disque tournant de 20 cm de
diamètre placé à 15mm de la sortie de tuyère. Une photo du dispositif est présentée sur la
figure (FIII_04).
Le jet de plasma est créé entre la torche (6) et l’anode tournante (3). Le courant est
ensuite évacué par une tresse métallique (1) qui reste en permanence en contact avec le
disque. La procédure d’allumage reste la même que pour la découpe mais l’amorçage se fait
sur le bord du disque. Lorsque l’on transfère l’arc, la distance anode - sortie de tuyère est de
quelques millimètres. Des systèmes de translation verticale et horizontale (5) nous permettent
ensuite d’obtenir un espace anode – sortie de tuyère de 15mm. Cette valeur est vérifiée à
l’aide d’une réglette graduée en millimètre qui n’est pas sur la photo. Cette distance nous
permet de procéder à des mesures spectroscopiques d’émission du plasma sans être gênés par
d’éventuelles éjections de métal provenant des bords du disque.
Le disque est en acier et sa rotation est assurée par un moteur placé en (4). La vitesse de
rotation du disque a été choisie de manière à ce que l’arc reste bien stable. Elle est a peu prés
égale à 2 tours par minute. Pendant les expériences, nous plaçons sous le disque un récipient
en métal contenant de l’eau pour récupérer les particules de métal en fusion qui s’échappent
du bord du disque. L’ensemble du dispositif est enfermé dans une cage en Plexiglas qui
protège les utilisateurs et les appareils de mesures des éjections de métal (2). Le haut et le bas
de cette cage (7) sont reliés à une aspiration de manière à éjecter la production des divers gaz
toxiques engendrés par l’arc. Un trou sur le coté de la cage (2) permet de faire les acquisitions
spectroscopiques.
En dehors de la photo, un voltmètre nous permet d’obtenir la tension moyenne de l’arc
entre la cathode et l’anode. Enfin, nous avons ajouté au dispositif initial un débitmètre
d’oxygène qui nous permet d’obtenir le débit de gaz injecté dans le système et de nous assurer
ainsi de la reproductibilité des expériences, le débit étant une grandeur conservative.
La torche est utilisée à 60A. Le diamètre de tuyère est alors de 1mm.

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Chapitre III : - Mesures expérimentales – Comparaison avec les résultats du modèle
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Figure (FIII_04) : Le dispositif en laboratoire

III.A.2.b) Les appareils de mesures

Un schéma de la chaîne d’acquisition est présenté sur la figure (FIII_05). Elle est
constituée d’un système optique, d’un monochromateur et d’une matrice reliée à un
ordinateur.
¾ Le système optique
Le système optique permet de faire l’acquisition en z et r de la lumière émise par le
plasma. Il possède une partie fixe constituée de la lentille 3 de focale 35mm et du miroir 3 et
une partie mobile constituée des deux lentilles 2 (focale = 20mm) et 1 (focale = 30mm) et des
deux miroirs 2 et 1. La lentille 1 forme une image du plasma dans le plan focal de la lentille 2.
Cette image est alors renvoyée à l’infini par la lentille 2. La lentille 3 focalise l’image sur les
fentes du monochromateur placées dans son plan focal. Le grandissement total du système est
de 2. Un iris de diamètre 3.5mm est placé dans le plan focal de la lentille 1 de manière à
sélectionner les rayons parallèles qui proviennent du plasma et de manière aussi à obtenir une

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Chapitre III : - Mesures expérimentales – Comparaison avec les résultats du modèle
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bonne résolution spatiale. Les calculs concernant le système optique et l’iris ainsi que la
détermination de la résolution spatiale obtenue avec notre système optique sont détaillés en
annexe (IV).

Monochromateur
PC

Matrice
CCD
Lentille 3

Miroir 3 Miroir 2

Lentille 2

Miroir 1
Lentille 1

Périscope mobile

Figure (FIII_05) : Dispositif optique

¾ Le monochromateur
Le monochromateur est un HR1000 de marque Jobin Yvon. Sa distance focale est de 1m. Il
possède un réseau de 1200 traits par mm. Son domaine spectral s’étend de 4000Å à 11000Å.

¾ La matrice de photodiodes
La matrice est de marque Hamamatsu de type C7041. Elle est constituée de 128 pixels
de haut sur 1024 de large. Chaque pixel fait 25µm. Le temps minimum d’une acquisition est
de 1.4s. Elle permet d’étudier des systèmes stationnaires ou variant lentement avec le temps.

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Chapitre III : - Mesures expérimentales – Comparaison avec les résultats du modèle
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Son domaine de fonctionnement se situe entre 3000 et 9000Å [Ham_1]. Son « Photo
Response Non Uniformity » est au maximum de 10%. Nous avons donc supposé que toutes
nos mesures étaient entachées d’une erreur standard de 10/2=5%.
La matrice permet de convertir en signal électrique le signal lumineux envoyé par le
plasma via le système : optique plus monochromateur. Ce signal électrique est recueilli à
intervalles de temps réguliers par une carte électronique dans l’ordinateur. La carte
d’acquisition électronique ainsi que le logiciel SA1400 ont été développés au sein du CPAT
par Mr Jacques Salon. Le logiciel permet de contrôler la matrice et les moteurs du
monochromateur et du système optique.
Tout le dispositif nous permet de recueillir sur la matrice la lumière émise par des
tranches de plasma de 1.6 mm de hauteur. Concernant l’exploitation de la lumière émise par
le plasma, certaines torches de découpe commerciales peuvent avoir une alimentation
électrique continue mal stabilisée [Par_01]. Les émissivités recueillies présentent alors des
ondulations et il est nécessaire de procéder à un traitement spécial tenant compte de la
fréquence de variation de l’alimentation. A l’aide d’un photomultiplicateur, nous avons
vérifié dans notre cas qu’il n’y avait pas d’ondulations apparentes sur les intensités de raies
recueillies, et donc, aucun traitement spécial des données n’a été nécessaire.

III.A.2.c) Etalonnage du signal émis par le plasma

Pour tenir compte de la réponse de la chaîne d’acquisition suivant la longueur d’onde


et obtenir la quantité d’énergie recueillie sur la matrice en W/(cm3.ster), il est indispensable
d’étalonner le signal recueilli sur la matrice. Cet étalonnage est effectué à l’aide d’une lampe
à ruban de tungstène de type OSRAM WI17G placée exactement dans les mêmes conditions
que le plasma c’est à dire à la même distance de la lentille 1. La lampe a auparavant été
étalonnée par la société SCIE pour un point de fonctionnement en intensité et la température
du filament a été déterminée égale à 2856K avec une incertitude standard de 35K. Un schéma
de la lampe et ses caractéristiques sont présentés sur la figure (FIII_06).
Pour étalonner le signal Iexp(λ) émis par le plasma, on mesure le signal Ilampe-exp(λ) émis par la
lampe et on estime à partir de la formule suivante le signal théorique de la lampe
Ilampe-theorique(λ) en considérant le tungstène comme un corps gris :
I lampe− theorique (λ ) = Bλ (Tlampe ) ⋅ α(λ ) ⋅ t λ (EIII_24)

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Chapitre III : - Mesures expérimentales – Comparaison avec les résultats du modèle
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Bλ(Tlampe ) est le rayonnement du corps noir (équation EIII_06) à la température de la lampe. tλ

est le taux de transmission de la fenêtre de quartz à la longueur d’onde λ. Sur les longueurs
d’ondes qui nous intéressent, il est constant et égal à 0.927. Enfin, α(λ) est l’émissivité du
tungstène estimée par De-Vos [Dev_1]. Elle est représentée sur la figure (FIII_07).

Figure (FIII_06) : Lampe de tungstène W17G

Figure (FIII_07) : Emissivité du tungstène suivant la température et la longueur d’onde


[Dev_1]

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Chapitre III : - Mesures expérimentales – Comparaison avec les résultats du modèle
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III.A.3) Etude de paramètres, résultats généraux

Avant de procéder à une étude détaillée du plasma de découpe, nous présentons dans
ce paragraphe des résultats plus généraux tels que des photographies de l’onde de choc
obtenues par la société Air Liquide en collaboration avec le laboratoire EM2C de l’école
centrale de Paris et des couples débit – pression d’entrée de la torche. Ces résultats sont
comparés à ceux du modèle turbulent correspondant au cas 1 du II.B.3.d avec un nombre de
Lewis égal à l’unité et pour les mêmes conditions opératoires. Nous verrons par la suite que
cette valeur du nombre de Lewis n’est pas la mieux adaptée pour caler aux résultats
expérimentaux. Toutefois une autre valeur du nombre de Lewis n’aurait aucune influence sur
l’étude paramétrique que nous allons réaliser sur le couple débit – pression ou sur les
caractéristiques de l’arc dans l’onde de choc.

III.A.3.a) Photographies de l’onde de choc

Avant ce travail, différentes études avaient été menées par Air Liquide sur la torche de
découpe. Parmi elles, une série de photographies du jet de plasma en sortie de tuyère avaient
été faites pour différentes pressions d’entrée. Ces photographies avaient été réalisées à l’aide
d’une caméra spéciale avec un temps d’obturation de 10-4s [Cam_1]. Pour ces photographies,
l’arc a été étiré pour que l’on puisse bien observer les ondes de choc en sortie de tuyère. La
figure (FIII_08) représente les images obtenues pour des pressions d’entrée de 4.5, 5.5 et 6.5
bars. La sortie de tuyère correspond à la cote 0mm. La zone lumineuse au dessus n’est qu’un
reflet du jet dans la tuyère.
On constate à la sortie du jet une alternance de zones sombres et claires qui traduisent
la présence d’ondes de choc. Les zones sombres correspondent à une dépression et les zones
plus intenses à une surpression. On peut remarquer qu’avec l’augmentation de la pression
dans la tuyère, il y a un déplacement des zones sombres et claires vers le bas et un
allongement de ces zones.
Nous avons représenté sur les figures (FIII_09a&b) le champ de pression obtenu par le
modèle comparés aux photographies du jet à 4.5 et 5.5 atm. La position des ondes de chocs
prévue par le modèle coïncide bien avec les zones sombres et claires des photographies dans
les deux cas présentés. Le modèle semble prévoir correctement la position des ondes de choc
et leur déplacement avec l’augmentation de la pression à l’entrée du système.

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Chapitre III : - Mesures expérimentales – Comparaison avec les résultats du modèle
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Figure (FIII_08) : Photographie du jet de plasma en sortie de tuyère pour des pressions
respectives de gauche à droite de 4.5, 5.5 et 6 atm.

Figure (FIII_09a) : Comparaison photo-modèle pour une pression de 4.5atm.

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Chapitre III : - Mesures expérimentales – Comparaison avec les résultats du modèle
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Figure (FIII_09b) : Comparaison photo-modèle pour une pression de 5.5atm.

III.A.3.b) Couple débit - pression

La variation du débit avec la pression d’entrée de la torche a aussi été mesurée. La


pression d’entrée est obtenue sur le boîtier fluide et le débit d’oxygène sur le débitmètre placé
proche de la bouteille d’oxygène (afin de connaître la pression d’entrée du débitmètre). Nous
avons mesuré le débit pour trois points de pression : 4, 4.5 et 5 atm. La figure (FIII_10)
représente ces trois points de fonctionnement comparés aux résultats du modèle.

Figure (FIII_10) : Couples pression-débit expérimentaux comparés à ceux du modèle.

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Chapitre III : - Mesures expérimentales – Comparaison avec les résultats du modèle
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L’incertitude est donnée par le constructeur et correspond à 5% de l’échelle totale
(32.5Nl/min sur 150mm). On peut remarquer que pour les trois points de pression, il y a un
bon accord entre le débit prévu par le modèle et celui mesuré. Ce résultat nous conforte dans
l’hypothèse que nous avons faite au paragraphe II.B.2 sur la surface équivalente à utiliser pour
décrire l’injection en vortex. Cette hypothèse semble en effet conduire au bon débit de masse
dans la tuyère.
Nous allons à présent nous intéresser aux mesures spectroscopiques faites sur la
torche. Deux zones ont été étudiées : Une première dans l’onde de choc entre 0.5mm et
2.1mm de la sortie de tuyère et une deuxième un centimètre plus bas entre 10.5 et 12.6mm.

III.A.4) Etude de l’onde de choc

Nous présentons dans cette partie les résultats obtenus dans l’onde de choc après la
sortie de la tuyère. Les conditions expérimentales et les études préliminaires concernant le
spectre émis par le plasma sont d’abord présentées. Une description des méthodes de mesures
particulières adaptées au cas de la torche de découpe est ensuite faite. Enfin, nous donnons les
résultats expérimentaux comparés à ceux du modèle.

III.A.4.a ) Conditions expérimentales –Etudes préliminaires

Pour les mesures spectroscopiques (dans l’onde de choc et en dessous), nous avons
utilisé la torche dans sa configuration à 60A. La pression d’entrée a été prise égale à 4.2 atm
conduisant à un débit d’oxygène égal à 3.6 ± 1.6 Nl/min. La mesure a été faite de 0.5mm à
2mm après la sortie de tuyère. La matrice de photo diodes a été divisée en 16 lignes de 0.1
mm de hauteur chacune. Cela respecte la résolution spatiale obtenue en utilisant l’iris de
3.5mm (Annexe IV). L’anode rotative a été placée à 15mm de la sortie de tuyère.

Figure (FIII_11) : Spectre émis par le plasma dans l’onde de choc.

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Chapitre III : - Mesures expérimentales – Comparaison avec les résultats du modèle
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Nous avons avec ces conditions fait des premières mesures afin d’obtenir les raies
exploitables par la suite pour l’analyse de l’arc dans l’onde de choc. Le spectre d’émission
dans l’onde de choc est représenté sur la figure (FIII_11). Toutes les raies présentes ont été
identifiées comme étant soit des raies d’oxygène atomique : OI soit des raies d’oxygène une
fois ionisé : OII. Aucune trace d’azote n’a été détectée dans cette zone.
Pour les longueurs d’onde inférieures à 5000Å, les raies que l’on peut observer sont
émises par OII. La plupart des raies de OII émises en dessous de 4500Å se chevauchent. Il n’a
donc pas été possible de les utiliser. De plus dans cette zone, la réponse de notre système
d’acquisition est faible. Ainsi seules deux raies d’OII sont exploitables. Leurs caractéristiques
(obtenues à l’aide du NIST [Nis_1]) sont présentées dans le tableau (TIII_01).
Au delà de 6000Å, toutes les raies présentes sont émises par OI. Cependant nous
avons choisi de n’utilisé que trois d’entre elles : la raie émettant à 6455Å, celle à 7773Å et
celle à 8446Å. Les autres ayant un niveau émetteur, d’énergie supérieure à l’énergie du
premier niveau d’ionisation de l’oxygène, nous avons préféré ne pas les exploiter. Les
caractéristiques des trois raies choisies sont présentées dans le tableau (TIII_02) [Nis_1].

λ (Å) Niveau haut – Niveau Bas ghaut A (108 s-1) Incertitude (k=2)
4593 228737-206972 14 0.884 10%
4647.3 206894-185376 20 0.709 10%
Tableau (TIII_01) : Raies ioniques d’oxygène utilisables pour les mesures dans l’onde de
choc.

λ (Å) Niveau haut – Niveau Bas ghaut A (108 s-1) Incertitude (k=2)
6454.7 102116-86623 5 0.0825 25%
7773.8 86628-73768 15 0.369 5%
8446.5 88631-76795 9 0.322 10%
Tableau (TIII_02) : Raies atomiques d’oxygène utilisables pour les mesures dans l’onde de
choc.
Les trois raies atomiques sont des triplets regroupant des raies avec des longueurs
d’onde très proches. Elles ont déjà été utilisées par d’autres auteurs [Par_1][Wie_1]. Nous
supposons que le plasma est optiquement mince pour toutes les raies étudiées.
La raie atomique 6455Å est très élargie par effet Stark. Elle a été particulièrement
étudiée dans un article de Wiese [Wie_1]. C’est donc un outil intéressant pour déterminer la

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Chapitre III : - Mesures expérimentales – Comparaison avec les résultats du modèle
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densité électronique du plasma. Nous avons reporté à titre indicatif sur la figure (FIII_12) les
mesures de Wiese comparées aux estimations théoriques de Griem [Grie_1]. L’expérience de
Wiese a été faite sur un arc stabilisé par paroi et la température du plasma a été estimée égale
à 12000K. Nous avons tracé trois courbes théoriques. Une pour la température estimée du
plasma (12000K) et deux autres pour des températures respectivement égales à 10000K et
20000K. On peut remarquer que les valeurs théoriques de Griem sont proches des valeurs
expérimentales. Les deux dernières courbes nous permettent d’évaluer la variation de la
densité électronique trouvée suivant la température. On constate ainsi que les courbes varient
relativement peu avec la température conduisant entre 10000K et 20000K à un écart
maximum de 20% pour une largeur à mi-hauteur de 15Å.
Pour les raies ioniques, la raie à 4647.3Å est suffisamment intense pour être utilisée.
Par contre, la raie 4593Å provenant d’un niveau d’énergie plus haut n’est pas suffisamment
intense sur toute la longueur de la mesure pour être utilisée partout.

Figure (FIII_12) : Comparaison des largeurs à mi-hauteur de la raie 6455Å fonction de la


densité électronique théoriques [Grie_1] et expérimentales [Wie_1].

III.A.4.b) Méthodes de diagnostic mises en place dans l’onde de choc

Nous avons tracé sur la figure (FIII_13) l’évolution de l’émissivité de la raie à 8446Å
avec la pression. Plus la pression diminue, plus l’émissivité décroît. On peut aussi observer
que la température d’émissivité maximale Tm se décale vers les basses températures quand la
pression diminue.

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Chapitre III : - Mesures expérimentales – Comparaison avec les résultats du modèle
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Figure (FIII_13) : Evolution de l’émissivité de la raie à 8446Å avec la pression pour des
plasmas d’oxygène pur.

La présence de l’onde de choc et donc des variations de pression (autant radiales qu’axiales)
nous oblige à utiliser des méthodes spectroscopiques ne nécessitant pas la connaissance de la
composition du plasma pour obtenir la température. Nous ne pourrons donc pas utiliser ici la
méthode de l’intensité absolue des raies. Par exemple; un plasma à 15000K et à une pression
de 0.6atm a une émissivité de l’ordre de 0.9.108 W/cm-3sr. Si l’on considère maintenant la
courbe d’émissivité à 1atm que l’on prendrait en utilisant une composition à 1atm, le même
niveau d’émissivité nous conduit à une température de 12500K. On commettrait donc une
erreur de plus de 2500K sur la température en ne tenant pas compte de l’évolution de la
composition avec la pression et en prenant comme composition celle à 1atm.
Nous ne disposons pas non plus de suffisamment de raies d’oxygène ionique ou
atomique pour obtenir un diagramme de Boltzmann. Nous avons par contre constaté sur nos
mesures d’intensité de raies atomiques la présence d’un maximum en dehors de l’axe. Il n’est
cependant pas possible d’utiliser la méthode de Fowler-Milne pour obtenir la température. En
effet, ce maximum d’émissivité peut aussi bien être attribué au fait que la température axiale
dépasse probablement la température d’émission maximale des raies atomiques (aux alentours
de 16000K) qu’à la variation radiale de pression. En effet, plus la pression est basse, moins le
niveau de départ des raies atomiques est peuplé et donc d’après l’équation (EIII_20) moins
l’intensité de la raie est importante comme on peut l’observer sur la figure (FIII_13).
Nous avons pensé dans un premier temps utiliser la méthode d’intensité relative des
raies (qui en fait est une méthode de Boltzmann avec deux raies). Cependant, pour les raies

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Chapitre III : - Mesures expérimentales – Comparaison avec les résultats du modèle
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atomiques, le fait que l’on aie un maximum d’intensité hors de l’axe entraîne lors de
l’inversion d’Abel des incertitudes importantes sur la valeur de l’émissivité obtenue au centre
de l’arc, de l’ordre de 40% pour les raies 8446Å et 7773Å et de 60% pour la raie 6455Å. De
plus, le modèle indique dans cette zone une température sur l’axe du plasma supérieure à la
température Tm d’émissivité maximum des raies atomiques. Comme on peut le constater sur
la figure (FIII_13), le profil d’émissivité des raies atomiques J(T) en fonction de la
température est relativement plat pour les températures autour de Tm. Cela entraîne de fortes
incertitudes sur la température que l’on pourrait alors mesurer. Par exemple à 17000K, pour la
raie 8446Å une erreur de 40% sur l’émissivité donne une probabilité à 95% que la
température soit dans l’intervalle [12500K ;19500K]. Il nous a donc fallu utiliser une autre
méthode que les méthodes classiques. La méthode choisie utilise les raies ioniques et
l’élargissement Stark de la raie 6455Å. Un schéma de principe est donné sur la figure
(FIII_14). Dans ce diagramme, deux fonctions sont utilisées : Fpopu(J,T) et
Largeur_Mih6455(T).
Fpopu(J,T) détermine à partir de l’émissivité expérimentale d’une raie ionique, des
caractéristiques de cette raie (probabilité de transition, dégénérescence) et de la loi de
Boltzmann (EIII_03), la densité d’ions oxygène Nion que l’on aurait pour une température T et
une intensité de raie J données.
Largeur_Mih6455(T) détermine à partir de la largeur à mi-hauteur de la raie atomique
d’oxygène 6454.7 Å et d’une température donnée la densité électronique Ne correspondante.
On suppose que l’élargissement Stark linéaire est prépondérant à cette longueur d’onde
devant les autres types d’élargissement. De plus, on néglige la fonction d’appareil. En effet,
nous avons vérifié que cette dernière pouvait être représentée par un triangle de largeur 0.3 Å
à mi-hauteur. Les valeurs de largeur à mi-hauteur que nous avons obtenues sont supérieures à
10 Å et nous avons donc considéré la fonction d’appareil comme un pic de dirac. La densité
électronique pour la température T et une largeur à mi-hauteur expérimentale δ est déterminée
à partir de l’équation (EIII_15) et des coefficients d’élargissement Stark calculés par Griem
[Grie_1]. Comme nous l’avons vu, l’avantage de cette méthode est que la densité électronique
déterminée dépend peu de la température et de l’hypothèse d’ETL. De plus la détermination
de la densité électronique par cette méthode ne dépend pas à notre connaissance de la
pression.

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Chapitre III : - Mesures expérimentales – Comparaison avec les résultats du modèle
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Figure (FIII_14) : Schéma de principe pour la détermination de la température dans


l’onde de choc.

Avec ces deux fonctions, on suppose qu’à la sortie de tuyère, le plasma n’est composé
que d’oxygène et que la densité électronique est égale à la densité d’atomes d’oxygène une
fois ionisé (ce qui est le cas pour les températures inférieures à 25000K). Le processus se
déroule alors comme suit : on impose une température T0 à 10000K et une autre T1 à
T0+100K. Ensuite tant que le produit ( N e (T0 ) − N ion (T0 ) ) × ( N e (T1 ) − N ion (T1 ) ) reste
supérieur à zéro, on augmente T0 et T1. Lorsque le produit change de signe, cela signifie qu’il
existe une température T entre T0 et T1 pour laquelle Nion(T)= Ne(T). La fonction
Dichotomie (T0,T1) nous permet de déterminer cette température par dichotomie. Ainsi, la
température et la densité électronique sont obtenues dans la zone de plasma considérée. Cette
méthode ne dépend pas de la pression. La température mesurée correspond à la température
d’équilibre des niveaux ioniques. Concernant les incertitudes sur la température et la densité
électronique, il est difficile à partir de l’algorithme présenté ci-dessus d’obtenir une
« équation de mesure ». Ainsi, pour obtenir les incertitudes sur la densité électronique Ne et la

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Chapitre III : - Mesures expérimentales – Comparaison avec les résultats du modèle
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température T on utilise l’algorithme de la figure (FIII_14) en faisant varier l’intensité de la
raie ionique et la largeur à mi-hauteur sur leur intervalle d’incertitude. On recueille le
maximum et le minimum obtenus sur cet intervalle pour Ne et T et ces extrema donnent
l’incertitude sur la température et sur la densité électronique déterminées.
Connaissant la densité électronique et l’intensité absolue des raies atomiques, il serait
possible à partir de l’équation de Saha d’obtenir une température de Saha. Toutefois avec
l’incertitude sur la densité électronique et l’incertitude sur les raies cela nous conduit à une
précision sur la mesure de l’ordre de 10000K. Nous avons donc abandonné cette idée mais
une étude concernant l’équilibre de Saha sera présentée dans le paragraphe suivant.

III.A.4.c) Température et densité électronique dans l’onde de choc, comparaison avec le


modèle

Comme nous l’avons précisé plus haut, les températures ont été estimées à partir de
l’émissivité de la raie d’oxygène une fois ionisé émettant à 4647Å. Nous n’avons pu utiliser la
raie ionique émettant à 4593Å qu’aux endroits où la température est la plus élevée. Nous
présentons dans un premier temps un paragraphe concernant la détermination de la
température. Un autre paragraphe est ensuite consacré à la densité électronique. Les résultats
expérimentaux sont comparés à ceux du modèle turbulent. Un dernier paragraphe est consacré
à une étude plus particulière sur la ligne n°9 de la matrice de photodiode. En effet, sur cette
ligne, l’intensité de la raie à 4593Å est suffisamment intense pour être exploitée et les
résultats en température, densité électronique mais aussi les critères d’ETL sont présentés.

¾ Température
L’évolution le long de l’axe de la température trouvée expérimentalement comparée à
celle trouvée par le modèle est tracée sur la figure (FIII_15). Les incertitudes ont été estimées
comme nous l’avons expliqué dans l’annexe (II), en prenant pour la largeur à mi hauteur une
incertitude de 40%. On peut remarquer sur cette figure que l’évolution de la température
donnée par le modèle et par l’expérience est sensiblement la même. Elle varie autour de
19000K avec un maximum local situé à 1.3mm égal à 19400K ± 1100K. Ce maximum est dû
à l’onde de choc et à la conservation de l’énergie totale dans cette dernière. A partir de
0.8mm, l’accord entre modèle et expérience est très bon. Avant 0.8mm, le modèle a tendance

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Chapitre III : - Mesures expérimentales – Comparaison avec les résultats du modèle
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à légèrement surestimer la température. Nous n’avons malheureusement pas fait de mesures
juste à la sortie de la tuyère.

Figure (FIII_15) : Evolution de la température le long de l’axe – comparaison expérience


modèle.
Afin d’avoir une vue d’ensemble de l’évolution radiale de la température, le champ de
température expérimental est représenté sur la gauche de la figure (FIII_16). Il est comparé au
champ de température obtenu par le modèle. Pour ne pas alourdir la figure nous n’avons pas
représenté les incertitudes. Elles restent cependant du même ordre que celles de la figure
(FIII_15) c’est à dire comprises aux alentours de 1000 à 1500K.
Si l’évolution axiale de la température semble bien prédite par le modèle, radialement
on peut remarquer que celle obtenue par le modèle décroît beaucoup plus vite que la
température mesurée. Ainsi à r = 0.4mm, on trouve une isotherme de température mesurée
autour de 16000K contre 14500K pour le modèle. Il est à noter que la température prédite par
le modèle dépend totalement de l’hypothèse de l’ETL. Par contre, la méthode que nous
utilisons pour la détermination de la densité électronique ne dépend pas (ou peu) de l’ETL.
Ainsi, en reprenant l’équation de Boltzmann, il est clair que si l’on a une surpopulation de la
densité électronique sur les bords, cela entraîne une surestimation de la température obtenue.
Cette surpopulation est tout a fait possible s’il existe un écart à l’équilibre sur les bords du
plasma. L’écart entre modèle et expérience peut alors être expliqué par cet écart.

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Chapitre III : - Mesures expérimentales – Comparaison avec les résultats du modèle
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Figure (FIII_16) : Champ de température entre 0.6mm et 2.2 mm de la sortie de tuyère –


Comparaison expérience (Gauche) et modèle (Droite).

Figure (FIII_17) : Evolution de la densité électronique le long de l’axe.

¾ Densité électronique.
Nous avons représenté sur la figure (FIII_17) l’évolution de la densité électronique le
long de l’axe. Les densités du modèle ont été estimées en faisant l’hypothèse que l’on avait

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Chapitre III : - Mesures expérimentales – Comparaison avec les résultats du modèle
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équilibre thermodynamique local. Les valeurs expérimentales des densités électroniques
estimées à partir de l’élargissement Stark de la raie d’oxygène atomique à 6455Å dépendent
par contre très peu de l’ETL. On peut remarquer qu’à plusieurs endroits, la densité
électronique obtenue par le modèle est supérieure à celle mesurée. Aux endroits où l’on a le
plus de différences, on peut trouver un facteur 1.8 à 2. Néanmoins, ce facteur reste acceptable.
En effet, il n’est pas rare de trouver un facteur 2 à 3 [Cre_1] entre les densités électroniques
obtenues par la méthode de l’élargissement Stark et par exemple la méthode utilisant le fond
continu.

III.A.4.d) Etude particulière de la ligne de matrice à 1.3mm

Cette ligne est particulièrement intéressante à étudier car la température y est élevée. Il
est alors possible d’utiliser la lumière émise par la raie à 4593Å. On peut à l’aide de la
méthode présentée sur la figure (FIII_14) déterminer la température à partir de cette nouvelle
raie. On peut aussi utiliser la méthode de l’intensité relative de raies ioniques pour remonter à
une température « d’équilibre » entre la raie 4647Å et 4593Å. Nous profitons aussi de ce
paragraphe pour faire une étude sur la condition d’ETL pour le cas particulier de cette ligne
de matrice. La figure (FIII_18) présente les différents profils de température estimés à partir
de la méthode présentée sur la figure (FIII_14) appliquée aux deux raies ioniques et de la
méthode d’intensité relative. Il y a un accord relativement bon entre les trois courbes. La
méthode d’intensité relative donne une température légèrement inférieure à celle obtenue par
la méthode d’intensité relative. On peut remarquer que cette méthode conduit à une
incertitude beaucoup plus élevée que la précédente. Quoiqu’il en soit, les incertitudes de
chaque méthode se recoupent.
La figure (FIII_19) reprend la température trouvée par la méthode par dichotomie avec
l’utilisation de la raie 4647Å. Ce profil de température est comparé à la température obtenue à
partir de l’équation de Saha (EIII_04), de l’émissivité de la raie atomique 8446Å et de la
densité électronique. On peut remarquer les fortes incertitudes sur la température de Saha. Au
centre, la température de Saha est inférieure à la température des ions. Ensuite, au delà du
rayon r = 0.4mm, la température de Saha trouvée ne semble plus vouloir dire grand chose
puisqu’elle augmente sur les bords du plasma. Cette augmentation traduit probablement un
fort déséquilibre mais est aussi dû à l’incertitude de mesure sur les profils de raies atomiques
dans l’onde de choc.

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Chapitre III : - Mesures expérimentales – Comparaison avec les résultats du modèle
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Figure (FIII_18) : Comparaisons des profils de température expérimentaux pour la ligne


placée à 1.3mm de la sortie de tuyère.

Figure (FIII_19) : Comparaisons des profils de température expérimentaux pour la ligne


placée à 1.3mm de la sortie de tuyère.

Nous allons à présent étudier l’équilibre thermodynamique pour cette ligne. Nous avons pour
cela différents outils à notre disposition. Les premiers et plus connus sont les critères
d’équilibres donnés par Drawin [Dra_1] et repris par Vacquié [Vac_1]. Ces critères sont
sévères et nous avons préféré utiliser la méthode de Olster et Richter proposée par Singh
[Sin_1]. Elle consiste à tracer les densités théoriques d’un niveau émetteur en fonction d’un
autre niveau émetteur et à comparer la courbe obtenue avec les populations expérimentales. Si

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Chapitre III : - Mesures expérimentales – Comparaison avec les résultats du modèle
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les deux courbes correspondent, cela traduit un équilibre de Boltzmann entre les deux niveaux
émetteurs et, si les énergies des deux niveaux émetteurs sont suffisamment différentes, on
peut conclure à un équilibre de Boltzmann sur l’espèce concernée. Cette méthode est très
intéressante car elle ne nécessite pas la connaissance de la température locale. En effet, les
populations des niveaux sont directement déduites de l’équation (EIII_20) à partir de
l’émissivité expérimentale et des probabilités de transition. Nous avons dans un premier
temps pensé appliquer cette méthode sur les populations des niveaux atomiques.
Malheureusement, dans notre gamme de température, les populations théoriques varient
fortement avec la pression et la méthode n’est pas applicable. Par contre, à ces températures,
les populations théoriques des niveaux ioniques varient très peu avec la pression. Les
populations théoriques des niveaux d’émission des raies 4647Å en fonction de ceux de la raie
4593Å sont tracés sur la figure (FIII_20) et comparés aux populations trouvées
expérimentalement.

Figure (FIII_20) : Diagramme de Olsen entre les populations des raies ioniques d’oxygène à
4593Å et à 4647Å.

Les points expérimentaux sont très bien alignés avec la courbe théorique. L’équilibre de
Boltzmann pour l’espèce ionique semble donc être vérifié. Sur toutes les côtes où l’intensité
de la raie 4593Å le permettait, nous avons pu vérifier le même accord entre populations
expérimentales et théoriques.
En utilisant la loi de Boltzmann (EIII_03) et la loi de Saha (EIII_04) il est possible de
tracer théoriquement la densité de population du niveau émetteur d’une raie atomique sur la

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Chapitre III : - Mesures expérimentales – Comparaison avec les résultats du modèle
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densité électronique élevée au carré en fonction de la température. Ce rapport provenant de la
loi de Saha ne dépend pas de la pression. En utilisant le profil expérimental de température
obtenu à partir des raies ioniques, de la densité électronique et de l’émissivité de la raie
8446Å nous avons comparé le rapport expérimental avec celui théorique sur la figure
(FIII_21). Avec les incertitudes existantes, les deux courbes coïncident de r = 0mm à r =
0.4mm. Cependant, on peut remarquer que pour les faibles rayons (les hautes températures),
la courbe expérimentale présente un net changement de courbure (pour r=0, 0.05 et 0.1mm).
Ce changement de courbure traduit le fait qu’il n’y a probablement pas équilibre entre les
niveaux atomiques et les niveaux ioniques pour ces valeurs du rayon. Par contre, il n’est pas
possible de conclure sur l’équilibre ou non des niveaux atomiques entre eux.
Connaissant les populations atomiques, ioniques et la température, il est possible d’estimer la
pression à partir de la loi de Dalton (EIII_07). Cependant avec les incertitudes existantes sur
ces populations, cela nous donne une pression avec une précision d’environ 0.5atm.

Figure (FIII_21) : Rapport des populations du niveau émetteur de la raie 8446Å sur la densité
électronique au carré. – Comparaison expérience – théorie.

Dans l’onde de choc, nous avons présenté une méthode permettant d’estimer la
température du plasma. L’élargissement Stark de la raie 6455Å nous a aussi permis de
déterminer la densité électronique dans cette zone. Concernant l’ETL, un diagramme de Olsen
permet de conclure sur l’équilibre de Boltzmann des niveaux ioniques de l’oxygène.
Concernant les niveaux atomiques, ils semblent ne pas être à l’équilibre avec les niveaux
atomiques au centre du plasma.

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Chapitre III : - Mesures expérimentales – Comparaison avec les résultats du modèle
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III.A.5) Etude à 10.6 mm de la sortie de tuyère

Après l’étude du plasma dans l’onde de choc, nous proposons dans ce paragraphe une
étude plus en aval entre 10.6 et 12.2mm de la sortie de la tuyère où des mesures de
température, de fraction molaire d’oxygène et de densité électronique ont pu être obtenues.

III.A.5.a ) Conditions expérimentales –Etudes préliminaires

Les conditions expérimentales utilisées sont toujours les mêmes : une intensité de
60A, une pression d’entrée dans la torche de 4.2atm, le disque en rotation étant placé à 15mm
de la sortie de tuyère. La zone étudiée ici se situe entre 10.6 et 12.2mm de la sortie de tuyère.
Comme pour l’onde de choc, nous avons procédé à une étude du spectre émis dans cette zone.
La figure (FIII_22) représente le spectre que nous avons obtenu (en bas) comparé à celui dans
l’onde de choc (en haut).

Figure (FIII_22) : Comparaison du spectre dans l’onde de choc et dans la zone à 10.6 mm de
la sortie de tuyère.

Nous pouvons constater que toutes les raies d’oxygène une fois ionisé ont disparues.
Par contre nous avons détecté la présence de raies atomiques d’azote et d’hydrogène. La

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Chapitre III : - Mesures expérimentales – Comparaison avec les résultats du modèle
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présence de la raie d’azote à 6441Å nous empêche de réutiliser la raie d’oxygène atomique
6455Å pour estimer la densité électronique. Par contre, à cette distance, on peut détecter des
raies atomiques d’hydrogène et notamment la raie Hα émettant à 6566Å. On peut ainsi
déterminer la densité électronique par élargissement Stark grâce à cette raie.
Nous avons résumé dans les tableaux (TIII_03) et (TIII_04) les différentes raies utilisables
pour la suite.

λ (Å) Niveau haut – Niveau Bas ghaut A (108 s-1) Incertitude (k=2)
7773.8 86628-73768 15 0.369 5%
8446.5 88631-76795 9 0.322 10%
Tableau (TIII_03) : Raies atomiques d’oxygène utilisables à 10.6mm de la sortie de tuyère.

λ (Å) Niveau haut – ghaut A (108 s-1) Incertitude (k=2) Espèce


Niveau Bas
6562 97492-82259 10 0.45 2.5% H
7423.3 96750-83284 4 0.0595 10% N
7442.3 96750-83317 4 0.124 10% N
Tableau (TIII_04) : Raies atomiques utilisables à 10.6mm de la sortie de tuyère.

III.A.5.b) Méthodes de diagnostic mises en place à 10.6 mm de la sortie de tuyère

La présence de raies d’azote indique une pénétration d’air dans le cœur de l’arc. Cette
pénétration d’air influence la composition locale du plasma et donc l’émissivité des raies
mesurées. Pour obtenir des températures correctes à partir des intensités des raies atomiques,
il faut avoir la connaissance de la fraction molaire d’azote présente dans le plasma.
Différentes études ont déjà été menées sur les mélanges de gaz et sur l’influence de ces
mélanges sur l’estimation de la température [Lag_1][Cre_1].
Nous avons tracé sur la figure (FIII_23) l’évolution de l’émissivité théorique de la raie
d’oxygène atomique avec le pourcentage d’azote présent dans le mélange.

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Chapitre III : - Mesures expérimentales – Comparaison avec les résultats du modèle
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Figure (FIII_23) : Evolution de l’émissivité de la raie d’oxygène neutre à 7773.8Å suivant le


pourcentage d’azote présent dans le mélange.

L’émissivité de la raie d’oxygène décroît avec le pourcentage d’azote. On constate que


la température d’émissivité maximum Tm ne varie pas avec le pourcentage d’azote du
mélange (Tm=15000K). Ces courbes nous permettent d’établir aussi que l’émissivité de la raie
est directement proportionnelle au pourcentage d’oxygène présent dans le milieu. On peut
ainsi établir la relation suivante : Si MO2 est la fraction molaire d’oxygène présente dans le
mélange et J7773(100%) l’émissivité de la raie dans l’oxygène pur on a l’émissivité de la raie
pour une fraction molaire donnée J7773(MO2) telle que :
J 7773 (M O 2 ) = M O 2 .J 7773 (100% ) (EIII_25)
A partir de ces courbes, il est aussi possible d’estimer l’incertitude commise en
prenant la composition d’oxygène pur au lieu de la composition réelle du plasma. Pour des
températures inférieures à 12000K, l’erreur commise sur la température n’est pas très
importante (autour de 500K). Par contre pour des températures proches de Tm ce n’est plus le
cas. Par exemple, considérer une composition d’oxygène pur plutôt qu’une composition à
80% d’O2 et 20% de N2 nous donnerait pour une température réelle de 15500K une
température obtenue par la composition de 13500K. Il est donc nécessaire pour obtenir une
température correcte d’avoir une bonne estimation du pourcentage local d’azote présent dans
le mélange.

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Chapitre III : - Mesures expérimentales – Comparaison avec les résultats du modèle
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Figure (FIII_24) : Evolution du rapport de densité d’azote atomique sur celle de


l’azote une fois ionisé en fonction de la température.

Pour cela, divers auteurs comme Lagnoux et Cressault proposent une méthode utilisant la loi
de Dalton [Lag_1][Cre_1]. Ainsi, Cressault a montré que pour un mélange Air – Argon le
rapport entre les densités d’azote neutre et les densités d’azote une fois ionisé varie très peu
avec le pourcentage d’azote présent dans le mélange. Cela est vrai pour le cas des mélanges
O2-N2 comme le montre la figure (FIII_24).
Ce rapport peut ainsi être interpolé par la formule suivante :
n 
Log N  = 6.0784 − 5.445.10 − 4.T + 8.75.10 −9.T 2 (EIII_26)
n + 
 N 
Si l’on suppose l’existence de la pression atmosphérique et que l’on connaît la température,
on obtient à partir de la loi de Dalton (EIII_07) la fraction molaire MN2 d’azote dans le
plasma :

M N2 =
(n +n ).k.T
N N+
(EIII_27)
Patm
On suppose ici que la température est inférieure à 20000K et que par conséquent, la quantité
d’azote deux fois ionisé présente dans le plasma est négligeable devant la densité des autres
espèces (azote atomique et une fois ionisé).
Cette méthode nécessite la connaissance de la température locale. De plus elle est
entachée directement des incertitudes sur les densité d’azote atomique et de la température.

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Chapitre III : - Mesures expérimentales – Comparaison avec les résultats du modèle
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Nous proposons dans le cadre de ce travail une autre méthode ne dépendant pas ou peu
de la température. Nous avons tracé sur la figure (FIII_25) l’évolution du rapport de la
population théorique du niveau émetteur de la raie atomique d’oxygène à 7773Å : N7773 sur
celle de la raie d’azote à 7423Å : N7423 en fonction de la température pour plusieurs
pourcentages d’azote.

Figure (FIII_25) : Rapport N7773/N7423.

On constate qu’entre 10000K et 20000K, ce rapport pour un pourcentage d’azote donné varie
très peu avec la température. On peut donc pour chaque pourcentage faire une moyenne du
rapport sur les températures et obtenir une courbe du pourcentage d’azote ou d’oxygène dans
le mélange en fonction de ce rapport. Cette courbe est représentée sur la figure (FIII_26).
Nous en avons fait un lissage hyperbolique.

1.0046⋅ N7773
MO2= N7423 (EIII_28)
8.08819+ N7773
N7423

La courbe de la figure (FIII_26) possède l’avantage de ne pas dépendre de la


température. Pour les fractions d’oxygène supérieures à 60%, on dispose ainsi d’un outil
fiable pour estimer la fraction molaire d’oxygène dans le mélange N2-O2.
Ainsi, pour déterminer la température, nous proposons la méthode suivante :
1 – Mesure des émissivités des raies à 7773Å et à 7423Å
2 – Estimation des populations des niveaux émetteurs de ces raies
3 – Estimation de la fraction molaire d’oxygène à l’aide de ces populations (FIII_26)

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Chapitre III : - Mesures expérimentales – Comparaison avec les résultats du modèle
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4 – Estimation de l’émissivité équivalente à celle d’un plasma d’oxygène pur à partir
de la fraction molaire expérimentale de l’émissivité de la raie 7773Å (équation
(EIII_25))
5 – Estimation de la température à partir de la méthode d’intensité absolue des raies.

Figure (FIII_26) : Fraction molaire d’oxygène en fonction du rapport N7773/N7423.

Connaissant le profil de température, nous pourrons alors utiliser la méthode proposée par
Lagnoux [Lag_1] et Cressault [Cre_1] pour estimer le pourcentage d’azote dans le mélange.
Cela nous permettra de comparer les deux méthodes. Enfin, il sera possible à l’aide de
l’élargissement Stark de la raie d’hydrogène d’estimer la densité électronique dans la tranche
de plasma considérée.

III.A.5.c) Température et fraction massique à 10.5mm

Avant de proposer des résultats sur la température et la fraction molaire dans le jet,
nous présentons sur la figure (FIII_27) l’intensité de la raie d’azote à 7423Å que nous avons
obtenue avant inversion d’Abel.

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Chapitre III : - Mesures expérimentales – Comparaison avec les résultats du modèle
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Figure (FIII_27) : Profil d’intensité absolue pour la raie d’azote à 7423 Å.

On peut remarquer une dissymétrie sur ce profil. Le lissage prend en compte les deux
cotés de l’intensité en symétrisant et en estimant les incertitudes adéquates. Il est à noter que
d’autres expériences ont été menées depuis sur la torche de découpe et qu’à chaque fois un
profil légèrement dissymétrique a été trouvé sur les raies d’azote. Cela semble indiquer que le
pompage de l’air dans le plasma n’est pas parfaitement symétrique. Cependant, le lissage que
nous proposons permet d’avoir une estimation sur la quantité d’air pompée dans le plasma.
Cette dissymétrie ne se retrouve pas sur la raie atomique d’oxygène à 7773 Å.

Figure (FIII_28) : Champs de fraction molaire d’oxygène et de température obtenus


expérimentalement.

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Chapitre III : - Mesures expérimentales – Comparaison avec les résultats du modèle
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Nous présentons sur la figure (FIII_28) les champs de température et fraction molaire
d’oxygène obtenus expérimentalement. On peut remarquer qu’il y a très peu d’azote au centre
de la décharge avec plus de 90% d’oxygène. Cependant, sur l’axe de la décharge, l’erreur est
très importante. En effet, l’intensité de la raie d’azote présente un maximum en dehors de
l’axe entraînant une erreur importante lors de l’inversion d’Abel. Ainsi, l’incertitude au centre
est de 100%. Elle n’a plus qu’une valeur de 10 à 20% à un rayon de 0.2mm.
La température sur l’axe varie entre 14000 et 15000K. L’incertitude axiale a une
valeur autour de 1000K. Elle est élevée car d’une part, l’incertitude sur la fraction est
importante et d’autre part, les températures de l’axe sont très proches de la température
d’émission maximum de la raie. Sur les bords, l’incertitude décroît et atteint une valeur autour
de 400K.
La comparaison expérience – modèle est primordiale dans cette zone de plasma car
elle doit nous permettre d’ajuster correctement le modèle de turbulence au travers du champ
de température et de celui de fraction molaire d’azote. Cette dernière est représentée sur la
figure (FIII_28) à gauche. Sa valeur sur l’axe est faible puisque l’on mesure moins de 10%
d’azote voir moins de 5% sur certains points. Cela semble indiquer que la valeur du nombre
de Lewis est faible et inférieure à l’unité. La température et la fraction molaire variant peu
avec z, la comparaison expérience – modèle ne sera faite que pour une seule ligne de la
matrice. En plus de cette comparaison, nous présenterons sur cette ligne l’estimation de la
densité électronique obtenue avec la raie Hα.

III.A.5.d) Etude d’une ligne particulière à 11.4mm– comparaison avec le modèle

La comparaison modèle – expérience relative au profil de température est représentée


sur la figure (FIII_29). Le profil théorique de température a été obtenu pour un nombre de
Lewis de 0.3 et un rayon de turbulence correspondant à l’isotherme 7500K (Cas 1 du
paragraphe II.B.3.d). L’accord entre expérience et modèle est relativement bon. Sur l’axe, La
température obtenue par le modèle est légèrement supérieure à celle expérimentale. Elle reste
cependant dans la barre d’incertitude. Sur les bords, la température du modèle décroît plus
rapidement, mais elle reste à la limite des barres d’incertitudes.
La valeur de température au centre du plasma semble confirmer l’aspect turbulent de
ce dernier. En effet le cas laminaire donnerait à cette côte une température de plus de 16500K,
supérieure à la température d’émissivité maximale des raies d’azote et d’oxygène atomique et
très éloignée des valeurs expérimentales.

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Chapitre III : - Mesures expérimentales – Comparaison avec les résultats du modèle
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La figure (FIII_30) reprend le profil de fraction massique d’oxygène mesuré
expérimentalement et le compare aux profils obtenus avec le modèle pour deux nombres de
Lewis différents : un de 0.3 et un autre plus classique [Bau_1] de 1. En prenant le nombre de
Schmidt égal au nombre de Prandtl, le pompage d’air est beaucoup plus important au centre
du plasma et donc, le profil théorique ne correspond pas aux mesures expérimentales. Par
contre en prenant un nombre de Lewis de 0.3, l’évolution radiale de la fraction d’oxygène
reste très proche de celle expérimentale. Le nombre de Lewis traduit le taux de transfert de
masse par diffusion turbulente sur celui par conduction. Les faibles valeurs, inférieures à
l’unité, indiquent donc que le transfert de chaleur est prépondérant.

Figure (FIII_29) : Profil de température obtenu par le modèle comparé à celui expérimental.

Figure (FIII_30) : Profil de fraction molaire d’oxygène obtenu par le modèle comparé à celui
expérimental.

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Chapitre III : - Mesures expérimentales – Comparaison avec les résultats du modèle
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Grâce à l’élargissement Stark de la raie Hα, la densité électronique a pu être mesurée.
Son évolution est représentée sur la figure (FIII_31). La densité atteint une valeur de 1.5 .1023
m-3 sur l’axe et décroît ensuite radialement jusqu’à une valeur de 3.1022 m-3. La densité
électronique que l’on obtiendrait à partir du profil de température de la figure (FIII_29), en
supposant l’ETL, a aussi été tracée sur la figure (FIII_31). Au centre de l’arc, les deux
courbes sont relativement proches. Sur les bords, l’accord moins bon est probablement dû à
des écarts à l’équilibre thermodynamique. La méthode par élargissement Stark dépend peu de
l’équilibre thermodynamique local, elle nous donne alors une densité électronique
probablement plus proche de la réalité que celle obtenue en supposant l’équilibre.

Figure (FIII_31) : Densité électronique par élargissement Stark de la raie Hα à 11.4mm de la


sortie de tuyère.

Il nous a semblé intéressant de comparer la fraction molaire d’oxygène obtenue à


l’aide de la méthode présentée dans ce chapitre avec celle utilisée par Cressault [Cre_1] et
Lagnoux [Lag_1]. La figure (FIII_32) représente les profils de fraction molaire obtenus à
partir des deux méthodes. On constate qu’elles conduisent sensiblement au même profil de
fraction suivant r. Par contre, l’avantage de la méthode présentée dans ce chapitre réside dans
le fait que l’on n’a pas besoin de connaître le profil de température dans le milieu.

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Chapitre III : - Mesures expérimentales – Comparaison avec les résultats du modèle
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Figure (FIII_32) : Profil de fraction massique obtenu par notre méthode et celle de la
littérature.

Dans la première partie de ce chapitre nous avons présenté des résultats expérimentaux
en température, densité électronique et fraction molaire obtenus sur la configuration
« spectroscopique ». Ces mesures faites dans l’onde de choc et en dessous ont nécessité le
développement de méthodes différentes des méthodes spectroscopiques habituelles. Les
résultats expérimentaux ont été confrontés aux résultats du modèle. Dans l’onde de choc les
variations de la température dues aux surpressions et dépression sont bien prises en compte
par le modèle. Les mesures en dessous nous ont permis de conclure sur le caractère turbulent
de l’écoulement et sur l’existence d’un nombre de Lewis inférieur à l’unité.

III.B) Etude de la configuration de découpe

Après avoir validé notre modèle dans la configuration spectroscopique, nous


proposons à présent de l’utiliser dans une configuration réelle de découpe. Les mesures
expérimentales de ce chapitre ont toutes été réalisées au CTAS. On peut les qualifier de
mesures « macroscopiques » : elles concernent les chutes de potentiel, la quantité de métal
fondu lors de la découpe, la qualité de coupe, les angles de dépouille.
Dans un premier temps, la configuration de découpe est présentée. La mise en place
d’un système d’équations théoriques permettant d’estimer la répartition de la puissance au

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Chapitre III : - Mesures expérimentales – Comparaison avec les résultats du modèle
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dessus de la plaque à couper mais aussi dans la saignée est ensuite proposée. Le modèle
hydrodynamique est utilisé pour déterminer les champs de température, de pression et de
fraction massique lors de la découpe. L’utilisation des mesures associées au modèle
permettent alors d’estimer la répartition de la puissance dans le procédé.

III.B.1) Configuration de découpe

III.B.1.a) Configuration expérimentale

Toutes les mesures ont été réalisées pour une intensité de torche à 60A et une pression
d’entrée de 5.5atm. Dans ces conditions, trois distances sortie tuyère – tôle (D) sont étudiées.
Pour chaque distance D, trois épaisseurs de tôle (th) sont découpées : 2, 4, et 6mm avec
différentes vitesses de découpe (donc vitesses de la torche) (Utorch). La combinaison de tous
ces paramètres est résumée dans le tableau (TIII_05)

Epaisseur de tôle à couper Vitesse de coupe


Distance sortie de tuyère – (th) Utorch (m/s)
Plaque D
1.5 mm 2 mm 5–7–9
4 mm 2.5 – 3.5 – 4.5 – 6
6 mm 2.5 – 3.5 – 4.5
2 mm 2 mm 5 –7 –9
4 mm 2.5 – 3.5 – 6
6 mm 2.5 – 3.5 – 4.5
3 mm 2 mm 5–7
4 mm 2.5 – 3.5 – 4.5 – 5.5
6 mm 2.5 – 3.5 – 4.5
Tableau (TIII_05) : Variation des différents paramètres pour la configuration de découpe à
60A.

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Chapitre III : - Mesures expérimentales – Comparaison avec les résultats du modèle
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Un schéma de la plaque coupée est donné sur la figure (FIII_33). lu représente la
largeur de la saignée en haut de la plaque, ld celle en bas de la plaque. A partir de lu et lh, on
détermine la valeur de l’angle moyen de dépouille ϑ de chaque face:
 (lu −ld ) 
 2 
ϑ=ATAN  (EIII_29)
 th 
 
La chute de tension moyenne entre anode et cathode et la hauteur ldross des scories attachées
sous la plaque ont aussi été mesurées.

Figure (FIII_33) : Schéma de la plaque découpée et des paramètres mesurés.

III.B.1.b) Configuration pour le modèle

Comme le modèle est à deux dimensions, il n’est possible de modéliser la saignée


dans la plaque à couper. Cette dernière est remplacée par une anode poreuse dont le diamètre
correspond à une moyenne des valeurs de lu obtenues pour différentes valeurs de Utorch et th
pour une distance D donnée. Les diamètres mesurés varient peu avec la vitesse de coupe et

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Chapitre III : - Mesures expérimentales – Comparaison avec les résultats du modèle
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l’épaisseur de plaque (moins de 5% par rapport à leurs valeurs moyennes). Ces moyennes
sont résumées pour les trois distances d’étude D dans le tableau (TIII_06).

Distance Plaque – sortie de tuyère :D Diamètre anode poreuse


1.5 mm 1.62 mm
2 mm 1.72 mm
3 mm 1.96 mm
Tableau (TIII_06) : Diamètres moyens des anodes poreuse suivant la distance Plaque à couper
– sortie de tuyère.

Concernant le domaine de calcul, la géométrie reste la même que celle de la figure (FII_13) la
distance plaque – tuyère (segment JQ) étant adaptée suivant les cas. L’épaisseur de tôle à
couper a été choisie égale à 4mm. La valeur du diamètre en bas de plaque est la même qu’en
haut (lu=ld). Expérimentalement, la valeur de ld varie fortement avec la vitesse et l’épaisseur
de la plaque et il n’est pas possible d’en faire une moyenne. Pour certaines valeurs de vitesse
de torche, ld devient très petit et le diamètre de l’anode poreuse en 2D deviendrait trop faible,
créant un bouchon et conduisant à une modification erronées des champs de température et de
vitesses. Il est à noter que ce n’est pas le cas dans la réalité, puisque la saignée est ouverte
d’un coté. On trouve ici la limite de la modélisation 2D pour ce type de configuration.
Concernant les conditions aux limites, ce sont les mêmes que dans la table (TII_04) mis à part
pour la température des bords de plaque (segment RO) qui a été prise égale à la température
de fusion du fer : 1810K. Les paramètres de turbulence sont ceux qui nous ont permis de
valider notre modèle pour la configuration spectroscopique (Lewis = 0.3). Les conditions
d’entrée en pression et intensité sont celles de l’expérience (5.5bars, 60A). Le modèle P1 a été
utilisé afin de bien estimer le rayonnement dans le plasma et notamment la réabsorption, par
les bords du plasma, du rayonnement émis par le cœur chaud.

III.B.2) Estimation de la répartition de l’énergie dans le procédé

Le but de ce paragraphe est de déterminer les différents processus énergétiques


intervenant lors de la découpe. Pour cela les différentes puissances mises en jeu dans le
procédé doivent être estimées. Nous allons séparer d’une part les puissances mises en jeu
entre la tuyère et la plaque à couper et d’autre part celles mises en jeu dans la saignée.

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Chapitre III : - Mesures expérimentales – Comparaison avec les résultats du modèle
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III.B.2.a) Puissances mises en jeu entre la plaque et la tuyère

Un schéma du dispositif entre la cathode et la plaque est représenté sur la figure


(FIII_34). L’arc est représenté par un cylindre. La surface A correspond à l’hypothèse
d’anode poreuse faite en deux dimensions axisymétrique. Son diamètre peut prendre les
différentes valeurs de la table (TIII_06).

Figure (FIII_34) : Puissances mises en jeu au dessus de la plaque à couper.

On distingue sur ce schéma quatre puissances : Ptotale, Prad, Ptrou et Preste. Ptotale est la
puissance totale injectée dans la torche. Elle est égale au produit de l’intensité par la tension
d’arc qui sont mesurées expérimentalement. Cette puissance peut être séparée en trois grande
parties : une première Prad, est la puissance perdue par rayonnement de l’arc, une deuxième,
Ptrou correspond à la puissance qui passe dans la saignée et une dernière, Preste, à la puissance
restante. Nous supposons que une partie de Preste peut préchauffer la plaque lors de la découpe.
A partir de ces définitions on a :
Ptotal = Prad + Ptrou + Preste (EIII_30)
Les valeurs de Ptrou et Prad sont estimées à partir du modèle et la valeur de Preste est déduite des
autres puissances. Nous allons détailler à présent le calcul de Ptrou.
La puissance qui passe dans le trou est la somme de différentes composantes qui sont :
Pcv, la puissance par convection, Pcond, celle par conduction, Prad->A, la part du rayonnement et
finalement Pelec, la puissance due au flux enthalpique des électrons. On a :
Ptrou =Pcv + Pcond +Pelec +Prad− > A (EIII_31)

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Chapitre III : - Mesures expérimentales – Comparaison avec les résultats du modèle
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La puissance par convection qui passe à travers la surface A est estimée à partir de l’équation
(EIII_32)

Pcv = ∫ ρhv
surface A
z ⋅ dS (EIII_32)

h est l’enthalpie du fluide, ρ sa densité de masse et vz la vitesse suivant l’axe z.

La puissance par conduction à travers la même surface A est donnée par :

Pcond = ∫ Κ ∂T ⋅dS (EIII_33)


surface A
∂z

La troisième part de Ptrou relative au rayonnement est estimée à l’aide du modèle P1 :

Prad−>A = ∫q ⋅dS
surface A
z (EIII_34)

qz représente le flux radiatif rayonné vers la surface A. Il est estimé à partir de l’équation
(EII_73).
Enfin la puissance électrique transportée par les électrons est estimée à partir de l’équation
(EIII_35) :

Pelec= ∫q
surface A
⋅dS=
z,elec

surface A
(52 ke T +V +Φ )j ⋅dS
e a a z (EIII_35)

Φa et Va représentent les tensions dans les gaines anodiques et cathodiques.

III.B.2.b) Puissances mises en jeu dans la saignée

Un schéma de la saignée est présenté sur la figure (FIII_35).


On nomme Pdispo la puissance disponible dans la saignée pour la fusion du front de
coupe. De cette puissance disponible, une part est utilisée pour la fusion : Pfusion, une part est
perdue par conduction dans la plaque Pprop et une autre part est perdue sous la saignée dans le
plasma en extinction. Nous proposons d’estimer Pdispo et Pfusion.

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Chapitre III : - Mesures expérimentales – Comparaison avec les résultats du modèle
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Figure (FIII_35) : Puissances mises en jeu dans la saignée.

- Puissance disponible
La puissance disponible Pdispo est constituée non seulement de Ptrou mais aussi de la puissance
Poxy qui pourrait être dégagée par le fer du front de coupe réagissant avec la quantité
d’oxygène moléculaire disponible dans des réactions exothermiques. Cette quantité est
estimée à partir du modèle.
On a ainsi
Pdispo=Ptrou+Poxy (EIII_36)

Les réactions du fer avec l’oxygène lors de la découpe ont été décrites dans l’article de
Vasil’ev [Val_2]. Ces réactions conduisent préférentiellement à la formation de FeO, FeO3, et
Fe2O3. Cependant, la réaction prépondérante est celle d’oxydation formant du FeO :
O 2 + 2Fe ⇔ 2FeO (EIII_37)
Nous ne considérerons que celle - ci. L’énergie libérée par cette réaction est de 523.83 kJ/mol,
soit 16.36 MJ par kilogramme d’oxygène moléculaire. La puissance Poxy est alors déterminée
à partir de cette énergie libérée et par la quantité d’oxygène amenée par seconde:

Poxy =16.36MJ⋅ ∫Mm ρ(T)v dS


T ≤3800
O2 z (EIII_38)

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Chapitre III : - Mesures expérimentales – Comparaison avec les résultats du modèle
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On suppose pour l’estimation de l’équation (EIII_38) que tout l’oxygène moléculaire (non
dissocié aux températures inférieures à 3800K) réagit avec le fer.

- Puissance nécessaire pour la fusion


Pour estimer Pfusion, il est nécessaire dans un premier temps d’estimer Efusion l’énergie
nécessaire pour la fusion d’un mètre cube de métal :
 Tl  
E fusion =  ∫ C p (T )dT  + L f  ρ (300K ) (EIII_39)
 T  
 P  
Lf est la chaleur latente de fusion du fer. Lf=272 kJ.kg-1. ρ est la densité de masse du fer solide
à 300K. On a ρ=7870 kg.m-3. La chaleur spécifique du fer Cp(T) est obtenue à partir de
l’article de Toyonobu [Toy_1]. Tl est la température de fusion du fer. La limite inférieure de
l’intégrale Tp, correspond à une température de plaque de 500K. Ce n’est pas 300K car nous
considérons qu’une partie de Preste est utilisée pour préchauffer la plaque. A partir de toutes
ces grandeurs, Efusion est estimée égale à 12 800 MJ/m3.
Une fois connues, Efusion, les mesures expérimentales de lu et ld, la vitesse de coupe
Utorch et l’épaisseur th, nous pouvons estimer le volume Vmet de métal éjecté par seconde lors
de la découpe :

( )
Vmet =th⋅ lu +ld ⋅U torch
2
(EIII_40)

On en déduit alors la puissance nécessaire pour la fusion :


Pfusion =Efusion ⋅Vmet (EIII_41)

III.B.2.c) Puissances mises en jeu pour la fusion

Pfusion, la puissance utilisée pour la fusion, est la somme de différents mécanismes. Les
principaux sont : Pelec-fusion, la puissance électrique fournie par l’accrochage du pied d’arc,
Poxy-fusion, la puissance fournie par la réaction d’oxydation (EIII_37), Pconduction-fusion, la
puissance fournie par conduction, Pconvection-fusion, celle fournie par convection et enfin Pray-
fusion, celle par rayonnement du plasma vers les bords de saignée.
Pfusion=Pelec-fusion+Pconduction-fusion+Pconvection-fusion+Pray-fusion+ Poxy-fusion (EIII_42)
Toutes ces contributions proviennent de Pdispo la part de puissance disponible pour la fusion.
Si l’équation (EIII_41) nous permet d’obtenir la part de puissance nécessaire pour la
fusion (partie gauche de l’égalité (EIII_42)), d’autres hypothèses sont nécessaires afin

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Chapitre III : - Mesures expérimentales – Comparaison avec les résultats du modèle
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d’estimer la part des différents mécanismes exposés ci dessus. Parmi ces mécanismes, seule la
puissance électrique fournie par l’arc est entièrement transmise à la plaque par le pied d’arc.
Ne modélisant pas l’interaction plasma - électrodes, nous supposons que la même quantité de
puissance transportée par le plasma à travers la surface A, est donnée à la tôle à couper et
disponible pour la fusion. On a ainsi Pelec-fusion=Pelec. Pour les autres procédés, l’estimation à
partir des données du modèle est un peu plus difficile. Ainsi sans la modélisation du transfert
thermique à l’anode, il n’est pas possible d’estimer Pconvection-fusion et Pconduction-fusion. Le modèle
P1 peut éventuellement nous permettre d’évaluer la part rayonnée par le plasma vers les bords
de l’anode en 2D. Cependant, la production des vapeurs de fer dans le plasma n’est pas prise
en compte. La présence de ces vapeurs peut multiplier par 10 le coefficient d’émission nette
aux températures inférieures à 12000K [Err_1]. Nous choisissons donc de ne pas estimer cette
part et nous regroupons tous ces processus dans un seul terme de puissance Pautre-fusion. On a

Pfusion=Pelec-fusion+Pconduction-fusion+Pconvection-fusion+Pray-fusion=Pelec-fusion+Pautre-fusion (EIII_43)
et
Pautre-fusion= Pconvection-fusion+ Pconduction-fusion+ Pray-fusion (EIII_44)
Nous rappelons à présent que la puissance disponible est la somme de cinq contributions
(EIII_36 et EIII_31) :
Pdispo =Ptrou + Poxy =Pcv + Pcond +Pelec + Prad−> A +Poxy (EIII_45)
Sachant que toute la puissance électrique de Pdispo est utilisée pour la fusion, la puissance
disponible restante pour la fusion est donnée par les autres processus:
Pdispo -Pelec =Poxy + Pcv +Pcond + Prad− > A (EIII_46)
Si l’on suppose à présent que le même pourcentage x de Poxy et des autres processus
(convection, rayonnement, conduction) est utilisé pour la fusion, on a Poxy-fusion=x.Poxy et Pautre-
fusion=x.(Pcv+Pcond+PRad->A) et finalement :
Pfusion=Pelec-fusion+ Pautre-fusion +Poxy-fusion (EIII_47)
Pfusion=Pelec+x.( Pcv+Pcond+PRad->A )+x.Poxy

Avec ces hypothèses, il est possible de déterminer la part électrique, la part due à l’oxydation
et celle due aux autres processus pour la fusion.

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III.B.3) Résultats généraux

Dans ce paragraphe les résultats du modèle sur la configuration de découpe sont


étudiés. Les champs de température, de pression et de fraction massique sont présentés pour
les distances D=1.5mm et D=3mm. Nous présentons ensuite les mesures de dépouille et de
hauteur de scories. Ces grandeurs sont des critères essentiels qui déterminent la qualité de
coupe : une bonne qualité de coupe sera caractérisée par une dépouille faible et le moins de
scories possible.

III.B.3.a) Résultats obtenus par le modèle

Nous comparons sur la figure (FIII_36) le champ de température obtenu pour les deux
distances (D=1.5mm à gauche et D=3mm à droite). L’évolution de la température dans la
tuyère est très similaire dans les deux cas. On constate le caractère supersonique du fluide
avec les conditions en sortie de tuyère qui n’influencent pas ce qu’il se passe en amont. Dans
les deux cas, la température axiale est maximale dans la tuyère avec une valeur de 25500K.
En sortie, cette température atteint 22000K. Pour D=1.5mm, la température sur l’axe quand le
plasma atteint la plaque est de 18000K contre 16400K pour D=3mm. Cette différence est due
à la turbulence qui peut se développer sur une distance de 3mm et qui n’a pas le temps de le
faire pour D=1.5mm. La turbulence joue aussi de manière non négligeable sur l’expansion
radiale de l’arc. Ainsi, pour D=3mm, le plasma est plus étendu près de la plaque que pour
D=1.5mm. Il est intéressant d’étudier en même temps que le champ de température les
champs de pression et de fraction molaire d’oxygène.
La figure (FIII_37) représente le champ de pression. On constate comme pour la
configuration spectroscopique la présence d’une onde de choc en sortie de tuyère. La distance
de la plaque à couper influence très peu la position de cette onde de choc avec une dépression
toujours située autour de 1mm après la sortie de la tuyère. Après cette dépression, le champ de
pression diffère suivant les cas. Ainsi, pour D=1.5mm, on constate que la plaque à couper se
situe juste au niveau de l’onde de choc. La géométrie étant en deux dimensions, le jet de
plasma est ensuite gainé par les bords du trou et on observe une surpression à l’entrée de
l’anode poreuse. Pour D=3mm, cette surpression est moins importante car elle intervient dans
une partie libre du jet et la pression proche du haut de la tôle est quasiment revenue à la
pression atmosphérique.

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Figure (FIII_36) : Champ de température pour D=1.5mm (à gauche) et D=3mm (à droite).

Figure (FIII_37) : Champ de pression pour D=1.5mm et D=3mm.

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Chapitre III : - Mesures expérimentales – Comparaison avec les résultats du modèle
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Figure (FIII_38) : Champ de fraction molaire d’oxygène pour D=1.5mm et D=3mm.

Concernant la fraction molaire d’oxygène représentée sur la figure (FIII_38) on peut


remarquer que le pompage d’air dans le cœur du plasma est plus important pour D=3mm que
pour 1.5mm. Le débit proche de la plaque passe ainsi de 4.53Nl/min pour D=1.5mm à
7.3Nl/min pour D=3mm. Cette augmentation du débit est essentiellement due au caractère
turbulent du jet de plasma. Ce pompage d’air change la composition du plasma sur les bords
de plaque. Le pourcentage d’oxygène passe ainsi de plus de 70% pour D=1.5mm à moins de
50% pour D=3mm. La quantité d’oxygène présente dans le jet est importante car c’est elle qui
entretient la réaction d’oxydation (EIII_36). Comme nous le verrons plus loin, l’importance
de cette réaction n’est pas tellement due au surplus d’énergie qu’elle peut apporter lors de la
découpe. En effet, son intérêt se situe plutôt au niveau de la chimie de surface entre l’oxygène
et la couche de métal liquide. La réaction d’oxydation tend à diminuer la tension de surface de
la couche liquide [Fer_1][Low_2]. Cette dernière est ainsi plus fluide et l’éjection du métal
meilleure, diminuant ainsi la quantité de scories sous la plaque. Il est donc primordial d’avoir
le plus d’oxygène possible sur les bords de plaque pour obtenir une bonne qualité de coupe.

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III.B.3.b) Qualité de coupe

Une bonne qualité de coupe sera obtenue lorsque la dépouille sera peu importante, la
largeur de saignée relativement faible et qu’il y aura peu de scories attachées sous la plaque.
La figure (FIII_39) représente l’évolution de la dépouille et de la hauteur des scories pour D
égale à 1.5mm, 2mm et 3mm en fonction de Utorch.
La hauteur des scories sous la plaque varie entre 0 et 1.4mm suivant les cas et la valeur
de l’angle de dépouille entre 2 et 12°. Les tendances pour 4mm sont les mêmes pour les autres
épaisseurs de plaque. Pour toutes les distances, le minimum de scories ne se situe pas à la
vitesse de coupe la plus faible mais à une vitesse avoisinant 4m/s. L’existence d’une vitesse
de coupe optimale (peu de scories) qui ne soit pas la vitesse de coupe la plus faible avait déjà
été rapportée dans la littérature par Nemchinsky [Nem_4].

Figure (FIII_39) : Critères sur la qualité de coupe pour une épaisseur de plaque de 4mm.

Plus la vitesse de la torche augmente, moins il y a de puissance amenée par le plasma


pour la découpe et donc moins de métal est fondu. Ainsi, la valeur de lu reste sensiblement la
même alors que la largeur ld en bas de saignée diminue considérablement entraînant une
dépouille importante. Ainsi pour les plus fortes valeurs de dépouille, la largeur en bas de
saignée peut diminuer jusqu’à des valeurs de l’ordre 0.6mm pour th=4mm. Le métal en fusion
a ainsi beaucoup plus de difficultés à être éjecté et beaucoup de scories restent attachées sous
la plaque.
Il est plus difficile d’expliquer l’existence d’une vitesse minimum nécessaire à
l’obtention de peu de scories. Nemchinsky [Nem_4] explique cette valeur minimale par un
effet de compétition entre la tension de surface de la couche de métal liquide et la vitesse
d’éjection des scories. Si la tension de surface est importante, le métal liquide va avoir du mal

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à s’éjecter et des scories vont s’attacher en bas de saignée. La tension de surface dépend
fortement de l’épaisseur de la couche liquide. Plus cette épaisseur est importante, plus la
tension de surface est grande. A faible vitesse de torche, il y a plus de puissance disponible
pour la coupe, le bain de métal liquide est donc plus étendu et les scories restent attachées.
Ramakrishnan [Ram_1] donne une autre explication : Il a observé que la formation de
scories dépend fortement de l’angle de dépouille mais aussi de la forme du front de coupe.
Ainsi, pour les faibles vitesses, ce front de coupe présente un changement de courbure qui
crée de fortes scories sous la plaque.
Il est probable que pour les faibles vitesses de coupe, la formation de scories sous la
plaque découle des deux phénomènes : La tension de surface retient le métal liquide et la
déflexion du front de coupe facilite l’accrochage de scories sous la plaque.

III.B.3.c) Chutes de potentiel

Nous avons représenté sur la figure (FIII_40) l’évolution des chutes de potentiel
expérimentales en fonction de l’épaisseur et de la vitesse de coupe pour une distance D=2mm.
On constate sur la figure (FIII_40) que lorsque la vitesse de coupe augmente, la chute de
potentiel diminue. On peut donc supposer que plus la vitesse de coupe augmente plus le pied
d’arc s’accroche vers le haut de la saignée. Cependant dans tous les cas, la variation de
tension ne dépasse pas plus de 2% de sa valeur moyenne pour une distance D donnée. Nous
comparons sur la figure (FIII_41) ces valeurs moyennes avec celles obtenues par le modèle.
L’évolution du potentiel avec la distance D prévue par le modèle correspond bien à
celle expérimentale. On constate ainsi que la distance entre les deux courbes reste à peu près
constante avec une valeur de 8V quelque soit la distance D. On peut considérer que cette
valeur correspond à la somme des chutes de potentiel dans les gaines anodique et cathodique.
Nous n’avons pas trouvé dans la littérature de valeurs de chute de potentiel aux électrodes
pour de l’oxygène et des cathodes d’Hafnium. Cependant une étude avait été menée par
Yokomisu [Yok_1] qui donnait pour des électrodes en tungstène et de l’air une valeur de
chutes aux électrodes de 14V. La valeur que nous avons trouvée est donc du même ordre de
grandeur. Cette valeur est utilisée dans l’équation (EIII_35) pour estimer la part d’énergie due
aux phénomènes électriques.

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Figure (FIII_40) : Evolution de la tension avec la vitesse de coupe et l’épaisseur de plaque.

Figure (FIII_41) : Chute de potentiel obtenue expérimentalement et par le modèle.

III.B.4) Résultats sur la répartition de la puissance

III.B.4.a) Puissance dissipée dans la coupe

Nous présentons sur la figure (FIII_42) le rapport de la puissance utilisée pour la


fusion (EIII_46) sur la puissance totale injectée dans le système. On obtient ainsi l’efficacité
du procédé pour différentes épaisseurs th, plusieurs vitesses et distances plaque – tuyère.

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Chapitre III : - Mesures expérimentales – Comparaison avec les résultats du modèle
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Figure (FIII_42) : Efficacité de la découpe.

Dans les deux cas, quelle que soit l’épaisseur de la tôle et pour la plupart des vitesses de
torche, la quantité de puissance utilisée pour la fusion augmente avec la vitesse de coupe.
Cela est dû au fait que plus on augmente la vitesse de la torche plus il y a de métal éjecté par
seconde hors de la saignée. Cependant en même temps, plus la vitesse augmente, moins il y a
de métal fondu par mètre de tôle coupée. Cela est dû à la diminution de ld (donc du volume de
métal éjecté par unité de longueur ) avec l’augmentation de Utorch. Cette diminution de ld joue
en la faveur de l’efficacité. Quand ld diminue, les échanges convectifs entre le plasma et la
tôle sont plus efficaces. Ce processus avait déjà été observé par Nemchinsky [Nem_4]. Cette
augmentation d’efficacité a cependant une limite : lorsque ld devient trop petit pour permettre
une éjection correcte du métal fondu, l’efficacité diminue alors jusqu’au moment ou la vitesse
de torche est trop importante, ne permettant pas alors de découper la plaque en deux. Cette
diminution d’efficacité peut être observée pour l’épaisseur de 4mm, à une distance D=3mm et
pour une vitesse de 5.5m/min
Pour les faibles vitesses, et quelle que soit la distance D et l’épaisseur th, l’efficacité
reste inférieure à 0.5. Il y a donc plus de 50% de l’énergie qui est perdue soit en dessous de la
plaque (Pperdue) soit au dessus (rayonnement, partie du plasma qui ne passe pas dans la
saignée…) soit par conduction dans la plaque à travers la couche de métal liquide. Cette
dernière part est très difficile à évaluer. Ramakrishnan [Ram_1] estime que cette part peu
atteindre jusqu’à 30% de Pfusion. Dans ce même article, l’auteur montre que cette valeur
diminue avec la vitesse de torche.
Si l’on s’intéresse à présent à l’évolution de l’efficacité avec l’épaisseur de plaque, on
remarque que plus la plaque est épaisse, meilleure est l’efficacité. Ainsi pour th=2mm, quelle

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que soit la vitesse de coupe il y a plus de 50% de la puissance qui est perdue. Pour ces faibles
épaisseurs, l’utilisation de la torche dans sa configuration à 60A semble donc
surdimensionnée et il vaut mieux utiliser des intensités plus basses.

III.B.4.b) Répartition de la puissance au dessus de la plaque

Figure (FIII_43) : Répartition de la puissance au dessus de la plaque.

A partir du modèle et de l’équation (EIII_30), il est possible d’estimer la répartition de


la puissance au dessus de la plaque (figure (FIII_34)). Cette répartition est représentée pour
les trois valeurs de D sur la figure (FIII_43). Plus la distance D augmente, plus la chute de
potentiel et donc la puissance est importante. La part de puissance qui passe dans la saignée
varie entre 73% et 78%. Une estimation de cette part pour un plasma de découpe dans l’air
avait été donnée égale à 70% par Ramakrishnan [Ram_4]. Le plus faible pourcentage est
obtenu pour la configuration à 3mm. Cela peut s’expliquer par l’expansion de l’arc suivant z
accompagnée par une diminution de la température sur l’axe. Dans tous les cas traités, on peut
remarquer que la puissance perdue par rayonnement au dessus de la plaque reste inférieure à
4% de la puissance totale injectée. Cette estimation faite à partir du modèle P1 prend en

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compte la réabsorption sur les bords du plasma du rayonnement émis par les parties chaudes.
Si l’on n’avait pas pris en compte cette réabsorption, la part perdue par rayonnement aurait
atteint 10% de la puissance totale au détriment de la part de puissance perdue sur la plaque
Preste. En réalité, Preste n’est pas complètement perdue car une part de cette dernière doit servir
à préchauffer la plaque.

III.B.4c) Répartition de la puissance pour la découpe

L’estimation de la répartition de la puissance dans la découpe a été faite en utilisant


l’équation (EIII_47). La puissance nécessaire pour la fusion est estimée à partir de
l’expérience alors que les autres parts sont déterminées par le modèle. Il est difficile d’estimer
la puissance apportée par oxydation. En effet à cause du traitement bidimensionnel du
problème et dû au fait que nous ne modélisions pas les interactions arc–anode, la part
d’oxygène non dissocié qui passe dans le trou est très faible ce qui n’est probablement pas le
cas dans la réalité. Sur la base de cette constatation, nous avons estimé la part d’oxygène qui
pouvait réagir avec le métal non pas à l’entrée du trou mais 0.3mm au dessus. A partir de là et
de l’équation (EIII_47) la répartition de puissance est les valeurs de puissances obtenues sont
représentées sur les figures (FIII_44a&b) pour D=3mm, pour toutes les épaisseurs et pour
différentes vitesses de coupe. Pour toutes les épaisseurs la contribution due à Pautre est la plus
importante. On constate ensuite que la contribution due à la puissance électrique est plus
importante que celle due à l’oxydation. Pour tous les cas, la part due à l’oxydation reste
inférieure à 10%. La réaction d’oxydation n’est donc pas un processus prépondérant pour
fournir l’énergie nécessaire à la fusion. Concernant la part électrique, plus l’épaisseur de la
plaque augmente moins son rôle est important. Il en est de même lorsque la vitesse de torche
augmente puisqu’il faut alors pour la même puissance fondre plus de métal par seconde.

- 160 -
Chapitre III : - Mesures expérimentales – Comparaison avec les résultats du modèle


Figure (FIII_44a) : Répartitions de la puissance pour la fusion. D=3mm.

Figure (FIII_44b) : Valeurs des puissances pour la fusion D=3mm.

- 161 -
Chapitre III : - Mesures expérimentales – Comparaison avec les résultats du modèle
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Nous avons présenté dans ce chapitre deux configurations expérimentales pour la
torche de découpe. Une première sur laquelle nous avons fait des mesures spectroscopiques et
une seconde en configuration réelle de découpe. Dans la première partie, nous avons adapté
les techniques spectroscopiques existantes au cas de la torche de découpe. Deux zones du
plasma ont été étudiées : Une correspondant à la position de l’onde de choc et une autre plus
en aval dans le jet. Dans l’onde de choc, les températures et densités électroniques ont été
déterminées. Les températures expérimentales correspondent bien avec celles du modèle.
Dans la partie aval, la température, la densité électronique et la pénétration d’azote dans le jet
ont été quantifiées. Les mesures de fraction molaire d’azote nous ont permis d’ajuster le
modèle de turbulence aux conditions réelles en changeant la valeur du nombre de Lewis.
Dans la deuxième partie du chapitre, la torche a été étudiée en configuration réelle de
découpe. Pour cette partie, les tensions, les largeurs haute et basse de saignées et la hauteur
des scories formées ont été mesurées pour différentes vitesses de déplacement de la torche et
différentes distances sortie de tuyère–plaque à couper. Le modèle a été utilisé dans les mêmes
conditions distance tuyère–plaque. Ainsi, les tensions obtenues avec le modèle et celles
mesurées expérimentalement ont été comparées. L’accord entre les deux est relativement bon.
Les données expérimentales nous ont ensuite permis d’étudier la qualité de coupe en terme de
dépouille. Il a été montré qu’il existe une vitesse optimale pour former le moins de scories
possible et pour laquelle la dépouille est faible. Cette vitesse optimale ne correspond pas
forcément à la plus faible vitesse de coupe. Enfin, les données expérimentales nous ont permis
d’estimer la quantité de métal éjecté par seconde et donc la puissance utilisée pour la fusion.
En utilisant les données du modèle, il a ensuite été possible de faire une estimation des
différents processus intervenant dans cette puissance utilisée pour la fusion. Ainsi, il a été
montré que contrairement à l’oxycoupage, la puissance apportée par oxydation joue pour
moins de 20% dans le procédé de découpe, la part apportée par la puissance électrique etant
du même ordre de grandeur. Le reste est apporté par d’autres mécanismes (convection,
conduction, rayonnement).

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Chapitre IV : - Modélisation de la torche de découpe en trois dimensions
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Chapitre IV

Modélisation de la torche de
découpe en trois dimensions
Chapitre IV : - Modélisation de la torche de découpe en trois dimensions
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Chapitre IV : - Modélisation de la torche de découpe en trois dimensions
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Ce chapitre est consacré à la modélisation en trois dimensions de la torche de découpe.


Cette modélisation 3D est importante car, même si l’on peut supposer dans un premier temps
que la tuyère présente un axe de symétrie et développer un modèle 2D axisymétrique, ce n’est
plus le cas pour la plaque surtout au niveau de la saignée. On peut alors se demander
l’influence dans la tuyère et proche de l’anode, de l’hypothèse de l’utilisation de la surface
équivalente par rapport à la représentation réelle des huit injecteurs de gaz et de la
modélisation de la saignée en 3D plutôt que d’un trou circulaire en 2D (anode poreuse).
La première partie du chapitre est consacrée à la validation du modèle 3D avec les
résultats de Hsu [Hsu_1] sur l’arc libre. Cette validation faite, nous regardons ensuite la
différence entre le 2D et le 3D au niveau de la tuyère afin d’étudier l’influence et la nécessité
d’une bonne description des injecteurs dans cette configuration. Enfin, nous appliquons le
modèle en trois dimensions à la configuration réelle de découpe en modélisant en stationnaire
le système : torche et plaque à couper.

IV.A) Validation du modèle – Etude de la tuyère

IV.A.1) Validation à partir de l’arc libre

Nous validons le modèle en trois dimensions en développant la même configuration


d’arc libre qu’au chapitre II. Dans un premier temps, les hypothèses et les équations pour le
3D sont présentées. Les résultats obtenus sont alors comparés à la fois avec ceux du modèle
2D et avec ceux expérimentaux de Hsu [Hsu_1]. Cette géométrie possède en effet une
« symétrie naturelle », les développements 3D pourront ainsi être validés par comparaison
avec ceux 2D.

IV.A.1.a) Hypothèses

Les hypothèses du modèle en trois dimensions sont sensiblement les mêmes qu’en
deux dimensions si ce n’est le repère utilisé :
- Le repère est cartésien (Ox, Oy, Oz)
- Le plasma est considéré comme un fluide newtonien visqueux régit par les lois de
l’ETL.

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Chapitre IV : - Modélisation de la torche de découpe en trois dimensions
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- Le problème est considéré stationnaire et les forces de gravité sont négligées.
- Seule la colonne positive du plasma est modélisée.
- Le rayonnement est pris en compte au travers du coefficient d’émission nette.
Nous n’appliquerons pas le modèle P1 en trois dimensions car le temps de calcul nécessaire à
la résolution des six équations supplémentaires est trop important. La méthode P1 n’amènerait
de plus pas grand chose dans cette étape de validation.

IV.A.1.b) Equations

Dans un repère cartésien, l’équation de Patankar (EII_07) s’écrit :



(ρv x Φ ) + ∂ (ρrv y Φ ) + ∂ (ρrv z Φ ) =
∂x ∂y ∂z
(EIV_01)
∂  ∂Φ  ∂  ∂Φ  ∂  ∂Φ 
 ΓΦ  +  ΓΦ  +  ΓΦ  + SΦ
∂x  ∂x  ∂y  ∂y  ∂z  ∂z 

vx, vy, vz sont les composantes de la vitesse suivant les axes Ox, Oy et Oz du repère cartésien.
Les significations des termes sources, des termes de diffusions et des scalaires φ sont les
mêmes qu’en deux dimensions. Pour les équations fluides, les expressions de chacun de ces
termes sont résumées dans le tableau (TIV_01) Celles concernant les équations électriques
dans le plasma font l’objet du paragraphe suivant. Dans ces tableaux les indices x, y, z,
désignent respectivement les composantes des grandeurs suivant l’axe Ox, Oy, Oz.

Equation φ Γφ Sφ
Masse (EIV_02) 1 0 0
Composante de la vx µ ∂p ∂  ∂v y  ∂  ∂v z  1 ∂  ∂v x 
− + µ  + µ + µ 
vitesse suivant Ox ∂x ∂y  ∂z  ∂z  ∂x  3 ∂x  ∂x 
(EIV_03) 2 ∂  ∂v y ∂v z 
− µ +  + j y B z − jz B y
3 ∂x  ∂y ∂z 

Composante de la vy µ ∂p ∂  ∂v z  ∂  ∂v x  1 ∂  ∂v y 
− + µ  +  µ  +  µ 
vitesse suivant Oy ∂y ∂z  ∂x  ∂x  ∂y  3 ∂y  ∂y 
(EIV_05) 2 ∂  ∂v z ∂v x 
− µ +  + jz B x − j x B z
3 ∂y  ∂z ∂x 

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Chapitre IV : - Modélisation de la torche de découpe en trois dimensions
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Composante de la vz µ ∂p ∂  ∂v x  ∂  ∂v y  1 ∂  ∂v z 
− + µ  + µ + µ 
vitesse suivant Oz ∂z ∂x  ∂z  ∂y  ∂z  3 ∂z  ∂z 
(EIV_06) 2 ∂  ∂v x ∂v y 
− µ +  + jx B y − jy B x
3 ∂z  ∂x ∂y 

Energie (EIV_07) hs κ ∂p ∂p ∂p
vz + vx + vy
Cp ∂z ∂x ∂y
  ∂v  2  ∂v  2  ∂v  2  
2  x  +  y  +  z   
  ∂x   ∂y   ∂z   
 
  ∂v y ∂v  2  ∂v ∂v y 
2
 ∂v z ∂v y  
2

+ µ +  + x + z +  +  +  
  ∂x ∂y   ∂y ∂z   ∂y ∂z  
 2 
 2  ∂v x ∂v y ∂v z  
− 3  ∂x + ∂y + ∂z  
   
j2x + j2y + j2z 5 k  j x ∂h s j y ∂h s j ∂h s 
+ − 4πε N + + + z
σ 2 e  C p ∂x C p ∂y C p ∂z 

Tableau (TIV_01): Equations fluides en 3D

IV.A.1.c) Prise en compte de l’aspect électrique du plasma

En trois dimensions l’équation du potentiel se met sous la forme de l’équation de


Patankar. Par contre, dans le plasma, le potentiel crée un courant qui entraîne la présence

d’un champ magnétique auto – induit B dont le calcul est plus délicat. Généralement, dans
la littérature, les études en trois dimensions sur les plasmas [Sch_1] [Sch_2] [Spe_1] [Kar_1]

utilisent pour l’estimation de ce champ B la triple intégrale suivante [Per_1]:

()
Br =
µ0
4π ∫∫∫ j(r )⋅
r − r'
3
d 3 r' (EIV_08)
V r − r'

Cette équation nécessite de sommer pour chaque point la contribution de tous les autres points
du volume. Ainsi, si l’on prend un « petit » maillage en trois dimensions contenant

( ) 2
typiquement 100000 cellules, cette équation nécessite 10 5 opérations soit 10 milliards
d’opérations supplémentaires par itération et par composante du champ magnétique.
L’utilisation de cette équation est donc très pénalisante en temps de calcul et nous avons

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Chapitre IV : - Modélisation de la torche de découpe en trois dimensions
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préféré utiliser l’approche des potentiels vecteurs comme pour le modèle 2D. Ainsi, les
équations de chaque composante du potentiel vecteur se mettent sous la forme d’une équation
de Patankar sans termes convectifs. Les expressions de chaque terme de l’équation du
potentiel et des trois équations pour les composantes du potentiel vecteur sont données dans le
tableau (TIV_02).

Equation φ Γφ Sφ
Potentiel (EIV_09) V σ 0
Composante suivant Ax 1 µ 0 .jx
Ox de A (EIV_10)
Composante suivant Ay 1 µ 0 .jy
Oy de A (EIV_11)
Composante suivant Az 1 µ 0 .jz
Oz de A (EIV_12)
Tableau (TIV_02): Equations électriques en 3D

IV.A.1.d) Validation du potentiel vecteur

La validation du potentiel vecteur se fait de la même manière que dans le chapitre


(II.1.c). Nous modélisons ainsi le même cylindre en trois dimensions dans une géométrie
carrée de 2x2x20cm. La même distribution de densité de courant (EII_30) est prise:
J e r≤a
j= z a=2mm (EIV_13)
0 r>a

Cette distribution est représentée sur la figure (FIV_01).

Figure (FIV_01) : Cylindre conducteur modélisé en 3D.

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Chapitre IV : - Modélisation de la torche de découpe en trois dimensions
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Pour r =1cm, on impose Az=0. Il s’agit d’une approximation, car normalement Az
n’est nul qu’à l’infini. Nous estimons cependant être suffisamment loin de la zone où passe le
courant pour faire cette hypothèse.
Les résultats du modèle sont confrontés avec ceux des équations (EII_31) et (EII_32) :
 µ 0 .J.a 2
B
 θ (r ) =
 2.r
Si r>a  (EIV_14)
A (r ) = A (0 ) − µ 0 .J.a 1  r  
2

 z  + ln  
 z  2 2  a  

 µ 0 .J.r
B θ (r ) = 2

Si r ≤ a 
A z (r ) = A z (0) − µ 0 .J.r 
2

  4 

Cette comparaison est présentée sur les figures (FIV_02.a) et (FIV01.b).

Figure (FIV_02a&b) : Comparaison entre le modèle 3D et les expressions analytiques


de Az et Bθ.

Pour Az, l’accord entre le profil analytique et les résultats du modèle est bon. On peut
remarquer une légère différence sur les bords entre les deux courbes. Cette différence est
probablement due à la condition limite nulle sur Az. On peut constater cependant que la
différence est relativement faible et surtout qu’elle n’intervient que dans les zones où le
courant ne passe pas. Pour le champ magnétique azimutal, l’accord entre les deux courbes est
bon. Le maximum prévu par la théorie à 2mm est un peu atténué par le modèle.

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Chapitre IV : - Modélisation de la torche de découpe en trois dimensions
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IV.A.1.e) Géométrie et conditions limites

Nous présentons sur la figure (FIV_03) la géométrie de la configuration de l’arc libre


en 3D. Cette géométrie est la même qu’en deux dimensions. Les surfaces A et D représentent
les bords du domaine de calcul, la surface B, l’aire d’accrochage de l’arc, les surfaces C et F
correspondent à des murs et enfin la surface E au bout de la cathode. Le domaine de calcul a
été séparé en 42x42x28 cellules (x,y,z).
Pour le potentiel, nous avons adopté sur la surface E la même condition limite en
densité de courant qu’en 2D soit :

jz (x , y ) = J max exp(−b x 2 + y 2 ) (EIV_15)


b a la même signification que pour l’équation (EII_27) et z=x=y=0 correspond au centre
géométrique de la cathode.
Pour la configuration 3D, aucune hypothèse de symétrie n’a été faite. Les conditions aux
limites que nous avons appliquées pour les équations fluides et électriques sont résumées dans
le tableau (TIV_03).

Figure (FIV_03) : Géométrie de l’arc libre en trois dimensions.

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Chapitre IV : - Modélisation de la torche de découpe en trois dimensions

Aire P vx vy vz T V Ai=x,y,z
A-D 1 atm ∂v x ∂v y ∂v z 1000K 0 0
=0 =0 =0
∂n ∂n ∂n
B -- 0 0 0 ∂T 0 ∂A i
=0 =0
∂z ∂z
C -- 0 0 0 1000K 0 ∂A i
=0
∂z
E -- 0 0 0 3500K J(x,y) ∂A i
=0
∂n
F -- 0 0 0 3500K 0 ∂A i
=0
∂n
Tableau (TIV_03) : conditions limites pour le modèle d’arc libre 3D.

IV.A.1.f) Résultats du modèle 3D – Comparaison avec le 2D

L’isotherme T=11000K obtenue en trois dimensions est représentée sur la figure


(FIV_04). Le plasma présente une forme de poire usuelle pour les arcs libres. On peut
constater que l’on retrouve la symétrie naturelle de la configuration suivant la droite x = y = 0.

Figure (FIV_04) : Isotherme T=11000K pour l’arc libre 3D.

Le modèle 2D ayant été validé au chapitre (II), nous comparons dans un premier
temps nos résultats 2D et 3D. Toutes les grandeurs présentant en 3D un axe de symétrie

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Chapitre IV : - Modélisation de la torche de découpe en trois dimensions

naturelle (Oz), nous représenterons les résultats 3D en fonction de y dans le plan x=0 de
manière à pouvoir les comparer avec les grandeurs 2D fonction du rayon. Les champs de
température 2D et 3D sont reportés sur la figure (FIV_05). La différence entre les cas 2D et
3D est très faible. Il faut toutefois faire attention à bien choisir le pas de la grille axiale de
manière à obtenir un bon accord en température surtout près de la cathode. Les profils de
vitesses sur l’axe obtenus en 3D, en 2D et par le modèle de Hsu sont représentés sur la figure
(FIV_06). L’accord entre 2D et 3D est bon et les mêmes différences entre le 2D et Hsu
qu’entre le 3D et Hsu sont retrouvées. Ces différences peuvent être attribuées aux mêmes
raisons qu’en 2D : Dans notre géométrie la cathode est un peu tronquée et cela peut jouer sur
la convection à la pointe. D’autres auteurs ont comparés leurs résultats en 2D et 3D [Gon_2]
[Kad_1] mais l’accord qu’ils ont trouvé entre modèle et expérience est moins bon que dans
notre cas.

Figure (FIV_05) : Comparaison des champs de température 2D et 3D.

En 3D, l’accord trouvé entre nos résultats et ceux de Hsu est satisfaisant. Le modèle
de plasma thermique développé sous Fluent, adapté en 3D, est donc validé et nous
l’appliquons à présent à la torche de découpe.

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Chapitre IV : - Modélisation de la torche de découpe en trois dimensions


Figure (FIV_06) : Comparaison des vitesses axiales obtenues en 3D, 2D et par le modèle de
Hsu

IV.A.2) Etude de la tuyère en 3D

Dans ce paragraphe l’influence de la prise en compte de la géométrie réelle en 3D par


rapport à l’hypothèse axisymétrique faite au chapitre II sur les caractéristiques du jet dans la
tuyère est étudiée. Dans un premier temps les équations et les hypothèses utilisées ainsi que la
géométrie réelle de la tuyère sont montrées. Les résultats dans la torche en termes de
température, vitesse azimutale, champ magnétique et densité de courant sont alors présentés.
Une comparaison est ensuite faite entre les résultats en deux dimensions et ceux en trois
dimensions.

IV.A.2.a) Hypothèses, équations, géométrie 3D

¾ Hypothèses, équations.
Les hypothèses pour le plasma sont les mêmes que celles de l’arc libre décrites ci
dessus. Le gaz dans la tuyère est de l’oxygène pur. Nous avons donc pris les mêmes
coefficients de transport et de rayonnement qu’au chapitre (II).

¾ Géométrie 3D, conditions aux limites


Dans cette partie, nous ne modélisons que la torche (chambre d’injection des gaz+
tuyère). Nous étudierons le système complet (torche + plaque) dans le paragraphe suivant. La

- 173 -
Chapitre IV : - Modélisation de la torche de découpe en trois dimensions

géométrie de torche est représentée sur la figure (FIV_07). Trois vues sont montrées : Une
vue latérale, une de dessous, et une isométrique. Sur chaque vue, la tuyère, la cathode et les
huit injecteurs vortex sont marqués respectivement par les numéros 1, 2 et 3.
Concernant les conditions limites en trois dimensions, les huit injecteurs vortex sont
réellement modélisés et maillés contrairement au cas 2D. Ils correspondent dans la vue
isométrique à l’entrée d’oxygène dans le système dénommée « entrée ». A la sortie des
injecteurs, le gaz s’écoule entre la cathode et les bords de la chambre. Pour le modèle cette
partie haute de la cathode et des bords de chambre n’est représentée que par un seul type de
mur dénommé « mur 1 ». Le vortex de gaz arrive ensuite sur la partie plate de la cathode
représentée par le « mur 3 » et le « mur C ». Le mur C correspond à l’insert en hafnium de
diamètre 1mm qui existe dans la réalité. Le gaz constricte alors l’arc et passe dans la tuyère
« mur 2 » jusqu’à la sortie.

Figure (FIV_07) : Géométrie de la torche de découpe en trois dimensions.

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Chapitre IV : - Modélisation de la torche de découpe en trois dimensions
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Pour l’entrée, une condition de pression égale à 3.5atm est imposée. La différence avec le
modèle à deux dimensions se situe au niveau des vitesses : En 2D, la condition limite donnée
par les cosinus directeurs impose que l’angle des vitesses d’entrée. En 3D, la vitesse est
imposée normale à l’entrée des injecteurs et c’est la géométrie réelle des huit injecteurs qui
permet d’obtenir la composante azimutale dans la chambre de pression.
Pour le potentiel, nous avons fait l’hypothèse d’une anode poreuse sur la sortie. Cette
hypothèse est légitime puisque dans la réalité, l’arc s’accroche beaucoup plus bas, on peut
alors considérer la sortie de tuyère comme une surface équipotentielle. Le courant dans la
torche est imposé à 40A au travers d’un profil de densité de courant parabolique. Les
conditions limites de toutes ces parties du domaine de calcul sont données dans le tableau
(TIV_04).

Ptotale vi T V Ai
Mur 1 ∂p 0 m/s 300K ∂V ∂A i
=0 =0 =0
∂n ∂n ∂n
Mur 2 ∂p 0 m/s 700K ∂V ∂A i
=0 =0 =0
∂n ∂n ∂n
Mur 3 ∂p 0 m/s 1000K ∂V ∂A i
=0 =0 =0
∂n ∂n ∂n
Mur C ∂p 0 m/s 3500K Jz(x,y)/∆z ∂A i
=0 =0
∂n ∂n
Entrée 3.5atm ∂v i 300K 0V 0 T.m
=0
∂n
Sortie 1atm ∂v i ∂T 0V ∂A z
=0 =0 =0
∂n ∂n ∂n
Tableau (TIV_04) : Conditions limites dans la tuyère en 3D

Etant donné les temps de calcul et les moyens informatiques dont nous disposions,
nous ne pouvions pas prendre un maillage aussi serré qu’en 2D. Le maillage de la tuyère en
3D suivant x, y et z fait 68x68x60 soit 277440 cellules. Il est à noter qu’en trois dimensions,
la convergence d’un cas est beaucoup plus difficile à obtenir qu’en deux dimensions : Il faut
monter la pression petit à petit à l’entrée des injecteurs et augmenter l’intensité
progressivement au fil des itérations. L’obtention d’un cas convergé nécessite environ une
quinzaine de jours.

- 175 -
Chapitre IV : - Modélisation de la torche de découpe en trois dimensions

IV.A.2.b) Hypothèses, équations, géométrie 2D

Nous présentons dans ce paragraphe la géométrie 2D équivalente à la géométrie 3D.

¾ Hypothèses, équations.
Les hypothèses et équations sont les mêmes que pour le paragraphe (II.B.3.c). Nous
refaisons l’hypothèse de la surface équivalente pour traiter la condition aux limites du vortex
de l’entrée. Ce point constitue la première différence entre 2D et 3D. En faisant cette
hypothèse, on résout pour l’équation azimutale l’équation de Patankar avec les termes
(EII_46) :
vr vθ v v ∂µ
Φ=vθ, Γφ=µ, S Φ = −ρ − µ 2θ − θ
r r r ∂r
Cette équation constitue une deuxième différence importante avec le 3D. En 2D, cette
équation ne prend aucun terme source provenant des forces de Laplace créées par un éventuel
champ magnétique radial ou axial alors que les équations 3D permettent de calculer le champ
magnétique et par conséquent les forces de Laplace dans toutes les directions.
Afin de comparer correctement les résultats 2D et 3D nous avons changé notre
maillage 2D de la torche. Pour l’espace entre la cathode et la tuyère, le maillage passe ainsi de
44 à 28 cellules suivant z et de 16 à 6 suivant r. Même si le maillage est moins serré que pour
les cas traités jusqu’ici, il permet tout de même d’obtenir des résultats satisfaisants. La
géométrie 2D est présentée sur la figure (FIV_08). Pour la partie de la chambre au dessus de
la cathode, le maillage 2D utilisé jusqu’à présent a été conservé. En effet, pour bien modéliser
la surface équivalente d’injection, il n’était pas possible de prendre un maillage plus lache.

Figure (FIV_08) : Géométrie et maillage de la tuyère en 2D.

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Chapitre IV : - Modélisation de la torche de découpe en trois dimensions
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Les conditions aux limites associées à cette géométrie 2D sont présentées dans le tableau
(TIV_05). Il s’agit des mêmes conditions qu’en 3D.

Ptotale vr vz vθ T V Ar Az
(atm) (m/s) (m/s) (m/s) (K) (V) (Teslas/m) (Teslas/m)

BF -- 0 0 0 300 0 ∂A r ∂A z
=0 =0
BC ∂n ∂n
FG
HI

GH 3.5 cos( v r , e r ) 0 cos( v ϑ , e r ) 300 0 ∂A r ∂A z


= 0.917
=0 =0
= −0.398
∂n ∂n
CD -- 0 0 0 1000 ∂V ∂A r ∂A z
=0 =0 =0
∂n ∂n ∂n
DE -- 0 0 0 3500 Jz(r)/∆z ∂A r ∂A z
=0 =0
∂n ∂n
IJ -- 0 0 0 700 ∂V ∂A r ∂A z
=0 =0 =0
∂n ∂n ∂n
JK 1 ∂v r ∂v z ∂v θ 300 0 ∂A r ∂A z
=0 =0 =0 =0 =0
∂n ∂n ∂n ∂n ∂n
Table (TIV_05) : Conditions aux limites de la tuyère de découpe 2D.

IV.A.2.c) Résultats en 3D

Avec une pression de 3.5atm en entrée, un débit de 3.16Nl/min est obtenu. Ce débit est
plus important que celui obtenu pour une même pression d’entrée à une intensité de 60A dans
le chapitre (III). Cela est dû au fait que l’intensité choisie pour ce cas n’est que de 40A. Ainsi,
l’arc est moins volumineux, bouchant moins la tuyère et laissant passer plus de gaz froid. La
chute de potentiel obtenue est de 80V. Nous présentons à présent les résultats concernant la
température et les vitesses azimutales. Une étude est ensuite faite sur le champ magnétique et
les densités de courant obtenues en 3D.

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Chapitre IV : - Modélisation de la torche de découpe en trois dimensions

¾ Température.
L’isotherme T=10000K obtenue dans le cas 3D est représentée sur la figure (FIV_09).
Bien qu’aucune condition de symétrie ne soit imposée, la forme de cette isotherme est bien
symétrique suivant l’axe z.
Nous avons représenté les champs de température dans les plans X=0 et Y=0 sur la
figure (FIV_10). Les deux champs de température sont identiques dans les deux plans et la
température est bien symétrique par rapport à l’axe (Oz). Elle est maximum, sur cet axe, dans
la tuyère, à la frontière entre la partie évasée et la partie droite de la tuyère. Ce maximum est
égal à 20360K. Comme en 2D, on observe proche de la cathode une expansion en « boule »
de l’arc. Le plasma est ensuite resserré par le vortex à l’entrée de la tuyère jusqu’à la partie
droite. Dans cette partie droite de la tuyère, le champ de température évolue peu restant à plus
de 16000K sur l’axe. L’arc occupe alors la quasi totalité de la tuyère.

Figure (FIV_09) : Isotherme T=10000K dans la tuyère en 3D.

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Chapitre IV : - Modélisation de la torche de découpe en trois dimensions
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Figure (FIV_10) : Champs de température pour les plans X=0 et Y=0.

¾ Vortex.
Afin d’étudier l’évolution du vortex dans le plasma, nous introduisons le vecteur

V⊥ = v x + v y . En coordonnées cylindriques ce vecteur serait égal à V⊥ = v r + v θ . Nous

avons tracé sur la figure (FIV_11) les vecteurs V⊥ pour huit plans (z = constante) entre la
cathode et la sortie de tuyère. L’origine de l’axe est pris sur la cathode (z=0). Les trois
premiers plans (1, 2, 3) sont dans l’espace entre la cathode et l’entrée de la tuyère. Le plan 4
se situe juste à l’entrée de la tuyère. Le plan suivant (5) est dans la partie en cône de la tuyère
et les trois derniers plans (6, 7, 8) sont dans la partie droite. Pour chacun de ces plans, nous

avons reporté la côte z et la valeur de la vitesse axiale vz. Le comportement de V⊥ pour tous
ces plans est à présent détaillé :

Plan 1 : Au centre de l’arc, la composante azimutale de V⊥ est très petite et seule la


composante radiale est importante avec une valeur de l’ordre de 40m/s. Cette composante

radiale est créée par l’effet du pompage magnétique. Si l’on observe à présent V⊥ sur les
bords du plasma, sa composante radiale est quasiment nulle et le fluide arrive de façon bien
homogène autour de la cathode. Sa composante azimutale est relativement symétrique avec

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Chapitre IV : - Modélisation de la torche de découpe en trois dimensions
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une valeur faible de l’ordre de 5m/s. Cette valeur est cependant suffisante pour confiner le
plasma sur l’insert en Hafnium à cet endroit.

Plan 2 : Au cœur du plasma, la composante principale de V⊥ est radiale. Cette


composante a une norme plus faible que pour le cas précédent avec une valeur autour de
10m/s. La vitesse vz a diminué, passant de 70 à 40m/s. Cette diminution est due à
l’élargissement du plasma. En effet, comme le rayon de plasma est plus important à cet
endroit (Figure (FIV_10)), la densité de courant électrique est abaissée et le pompage

magnétique est diminué. Sur les bords, la valeur de V⊥ n’a pas évolué par rapport au plan 1
et le vortex reste bien homogène.
Plan 3 : Le plasma se resserre avant d’entrer dans la tuyère. La vitesse axiale augmente
et l’on peut s’apercevoir que le cœur même du plasma commence à présenter une composante
non nulle de vitesse azimutale. Il y a alors un pompage du gaz froid vers le cœur de l’arc.
Plan 4&5 : Ces plans sont situés dans la partie conique de la tuyère. A cet endroit, le
plasma est accéléré et la vitesse sur l’axe devient supérieure à 1000m/s. Au centre du plasma,

V⊥ présente une composante à la fois azimutale et radiale et a une norme de 50m/s. Si le

vortex continue à exister, le rapport de la norme de la vitesse V⊥ sur celle de vz est très petit.
Proche de la paroi, du gaz froid avec une forte composante azimutale continue à gainer le
plasma.
Plans 6&7&8 : Ces plans se situent dans la partie droite de la tuyère. Comme pour les

deux plans précédents, dans le cœur chaud de l’arc, V⊥ présente une composante à la fois
radiale et azimutale. Sur les bords le plasma a tendance à vouloir s’étendre vers la paroi. En
effet, pour les deux plans précédents, la composante radiale qui était tournée vers le centre du
plasma se retrouve dirigée vers la paroi. Plus on se rapproche de la sortie de tuyère, plus la
composante azimutale semble atténuée.

¾ Champ magnétique – Vecteurs densité de courant


A présent qu’il n’y a plus de conditions de symétrie, il est intéressant d’étudier

l’évolution du vecteur densité de courant j et du champ magnétique B . La figure (FIV_12)


présente ces vecteurs tracés sur l’isotherme T=10000K de la figure (FIV_09). Les labels p1,
p3 etc.. correspondent respectivement aux plans 1, 3 etc… présentés sur la figure (FIV_11).

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Chapitre IV : - Modélisation de la torche de découpe en trois dimensions
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Figure (FIV_11) : Evolutions des composantes de la vitesse dans les plans perpendiculaires à
l’écoulement dans la tuyère.

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Chapitre IV : - Modélisation de la torche de découpe en trois dimensions
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Figure (FIV_12) : Vecteurs densité de courant j et champ magnétique B sur l’isotherme


10000K

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Chapitre IV : - Modélisation de la torche de découpe en trois dimensions
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On constate que les vecteurs sont relativement symétriques par rapport à l’axe Oz. La densité
de courant présente tout le long de l’axe une forte composante suivant z. Sa norme possède
deux maxima locaux en p3 et p4. Ces maxima correspondent à un resserrement du plasma dû
pour p3 au vortex et pour p4 à l’entrée dans la partie droite de la tuyère. Le vecteur champ
magnétique présente une composante essentiellement azimutale. Il est important entre les
plans 3 et 4 à l’endroit où le plasma est serré par le vortex de gaz froid (à cet endroit, les
forces de Laplace sont dirigées vers le centre de l’arc favorisant un pompage du gaz extérieur
vers le cœur chaud de l’arc dans les parties où ces forces ne sont pas compensées par le
gradient de pression). On peut observer l’influence de cette force sur la figure (FIV_11) pour
le plan 3. Plus bas dans la tuyère, le champ magnétique est plus faible et a tendance, à la
sortie, à perdre sa symétrie de révolution. Il s’agit probablement plus d’un effet de maillage
que d’un effet réel. En effet notre maillage sur le bord de tuyère est vraisemblablement trop
faible et le fait d’utiliser un maillage structuré sur une géométrie cylindrique peut conduire à
ce type de dissymétrie. Il faudrait pour les éviter raffiner beaucoup plus le maillage. Nous ne
l’avons pas fait à cause du temps de calcul qui serait devenu trop pénalisant.

IV.A.2.d) Comparaison 2D /3D dans la chambre de torche

Nous obtenons en 2D pour les mêmes conditions d’entrée en pression un débit


3.25Nl/min qui est légèrement plus élevé que celui en 3D. La chute de potentiel de 80V
obtenue en 2D est la même qu’en 3D.
Dans ce paragraphe, les résultats 2D sont comparés avec ceux obtenus en 3D. Nous étudions
dans un premier temps les valeurs de température, densité de courant et vitesses obtenues sur
l’axe. Nous comparons ensuite la température et la vitesse azimutale en fonction du rayon sur
le plan correspondant à l’entrée de la tuyère.
¾ Comparaison sur l’axe.
La densité de courant sur l’axe est représentée sur la figure (FIV_13). L’évolution
dans les deux cas est similaire. On constate à 1mm de la cathode un minimum local dû à
l’augmentation du rayon de conduction à cet endroit (expansion en boule de l’arc). La densité
axiale augmente ensuite jusqu’à l’entrée de la tuyère puis jusqu’à l’entrée dans la partie
droite. A cet endroit, la densité trouvée en 2D est un peu plus élevée que celle en 3D. Cela est
dû à un rayon de conduction plus important en 3D qu’en 2D (donc un arc plus constricté en
2D). La densité de courant décroît ensuite jusqu’à la sortie de tuyère. Cette décroissance est la
conséquence de l’augmentation du rayon de conduction vers les zones proches de la tuyère.

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Chapitre IV : - Modélisation de la torche de découpe en trois dimensions
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Figure (FIV_13) : Evolution de la densité de courant sur jz l’axe en 2D et 3D

Figure (FIV_14) :Evolution de la température sur l’axe en 2D et 3D

L’évolution de la température sur l’axe en 2D et en 3D est représentée sur la figure


(FIV_14). Les deux courbes restent très proches avec une différence maximale de 500K.
Entre la cathode et l’entrée de la tuyère, la température passe par un minimum situé à l’endroit
où l’expansion radiale de l’arc est maximum. Le plasma est ensuite gainé par le gaz en vortex
et la même valeur sur l’axe est atteinte à l’entrée de la tuyère pour les deux modèles. Dans la
partie conique, les deux courbes varient de la même façon jusqu’à l’entrée dans la partie

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Chapitre IV : - Modélisation de la torche de découpe en trois dimensions
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droite de la tuyère où elles présentent un maximum local. Ce maximum est de 20600K pour la
courbe 2D et de 20300 pour la courbe 3D. La température axiale décroît alors jusqu’à la sortie
de la tuyère.
La figure (FIV_15) reporte la norme de la vitesse sur l’axe pour les modèles 2D et 3D. Cette
norme est maximum à la sortie de la tuyère. On remarque que dans la tuyère les courbes de
vitesses 2D et 3D sont très proches.

Figure (FIV_15) : Evolution de la norme de la vitesse sur l’axe en 2D et 3D

¾ Comparaison radiale à l’entrée de la tuyère.


Dans cette partie, les courbes radiales de température, de vitesse azimutale et de
vitesse radiale obtenues à l’entrée de la tuyère pour les cas 2D et 3D sont comparées.
Les figures (FIV_16a, b, c) présentent ces profils à l’entrée de la tuyère. On remarque
que la température obtenue en 3D est légèrement inférieure sur l’axe à celle obtenue en 2D.
Sur les bords, les deux profils ont la même évolution. La vitesse azimutale en 3D semble
symétrique par rapport à l’axe. Pour le cas 2D et 3D, le profil de vitesse azimutale présente un
maximum à 0.3mm de l’axe Oz. Dans le cas 2D, la valeur de ce maximum est de 25m/s contre
seulement 15m/s en 3D. Par contre, sur l’axe on obtient en 3D une composante de la vitesse
azimutale non nulle ce qui n’est pas le cas en 2D à cause de la condition limite sur l’axe de
symétrie. On peut faire la même constatation sur la vitesse radiale.

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Chapitre IV : - Modélisation de la torche de découpe en trois dimensions
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Figure (FIV_16a) : Profil radial de la température à l’entrée de la tuyère.

Figure (FIV_16b) : Profil radial de la vitesse azimutale à l’entrée de la tuyère.

Figure (FIV_16c) : Profil radial de la vitesse radiale


à l’entrée de la tuyère.

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Chapitre IV : - Modélisation de la torche de découpe en trois dimensions
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Il apparaît donc qu’en prenant les cosinus directeurs et l’hypothèse de surface équivalente en
2D, on a tendance à surestimer les vitesses azimutales et radiales par rapport à celles obtenues
en 3D sur la géométrie réelle avec les huit injections.

Dans ce premier paragraphe, le modèle 3D a été validé avec la configuration de l’arc


libre de Hsu. Ce modèle a ensuite été appliqué uniquement dans la tuyère de la torche de
découpe avec un débit de 3.16Nl/min et une intensité de 40A. Ces résultats en 3D ont été
comparés avec ceux obtenus à partir du modèle 2D. Sur l’axe, les deux modèles conduisent
aux mêmes résultats en termes de température et vitesse. Dans les deux cas, la chute de
potentiel obtenue est de 80V. Pour les mêmes conditions en pression, de faibles différences
sur les débits d’entrée ont été trouvées. Ainsi, le débit obtenu en 2D est légèrement supérieur
à celui obtenu en 3D. Enfin, d’autres différences existent sur les bords de l’arc : les vitesses
azimutales et radiales obtenue en 2D sont supérieures à celles en 3D.
Nous étudions dans le paragraphe suivant une configuration complète de découpe en
3D.

IV.B) Etude d’une configuration de découpe en 3D – Comparaison 2D/3D

Dans ce paragraphe, la modélisation d’une géométrie de découpe (torche + plaque à


couper avec saignée) est présentée. Comme le montre le synopsis de la figure (FI_07), l’étude
du procédé complet est compliquée. Ainsi, dans le cadre de ce travail, notre but n’est pas
d’obtenir un modèle complet de la découpe (prenant en compte le métal liquide, l’éjection des
scories…) en développant une configuration 3D mais de comparer pour le milieu plasma la
différence qu’il y a entre :
utiliser ce modèle avec géométrie réelle des injecteurs et de la saignée
et :
utiliser un modèle 2D avec surface équivalente et anode poreuse.
Nous détaillons dans un premier temps les hypothèses du modèle. La géométrie de la
configuration est ensuite présentée avec une attention particulière concernant le profil de
saignée. Les résultats 3D obtenus sont alors présentés et comparés aux résultats de la
configuration 2D.

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Chapitre IV : - Modélisation de la torche de découpe en trois dimensions
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IV.B.1) Configuration 3D

IV.B.1.a) Hypothèses

Les hypothèses pour cette configuration sont les suivantes :


1 – Le plasma est supposé à l’ETL.
2 – Les gaines anodiques et cathodiques sont négligées
3 – L’air est considéré comme un mélange 21%O2 – 79%N2.
4 – On suppose le problème stationnaire.
5 – Le fluide est laminaire sur tout le domaine.
6 – L’interaction plasma – anode n’est pas prise en compte

Les trois derniers points nécessitent plus de développement :


4 : Nous modélisons ici une configuration de découpe. Il est évident que ce type de problème
n’est en réalité pas stationnaire puisque la torche se déplace en créant une saignée derrière
elle. Il ne nous est pas possible pour l’instant de modéliser le système complet en temporel
(création de la saignée, avance de la torche, interaction plaque – plasma…). Ainsi, en utilisant
une configuration stationnaire on peut considérer que le résultat obtenu est un « instantané »
de la découpe à un moment donné.
5 : Nous avons montré au chapitre (III) que le fluide à la sortie de la tuyère présentait un
caractère turbulent. La turbulence a alors été prise en compte au travers d’un modèle de
longueur de mélange. Ce type de modèle en 2D n’a pas d’équivalent en 3D et il n’existe pas a
notre connaissance de modèles de turbulence qui aient été validés en 3D dans un milieu
plasma. Cependant, notre but est ici d’obtenir des premiers résultats en 3D sur ce type de
configuration et d’étudier les différences entre une configuration 3D et 2D, nous supposerons
donc que le fluide est laminaire.
6 : Ce point est bien sur très loin de la réalité. En effet, lors de la découpe, l’interaction
plasma – tôle à couper est primordiale. En ne la prenant pas en compte, on néglige l’effet des
vapeurs métalliques qui ensemencent le plasma dans la saignée. Cependant, on peut
considérer qu’étant donnée la forte convection, la présence de ces vapeurs n’influence pas les
propriétés du plasma au dessus de la saignée. De plus pour la comparaison 2D/3D la prise en
compte de ces vapeurs n’est pas indispensable.

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Chapitre IV : - Modélisation de la torche de découpe en trois dimensions
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IV.B.1.b) Equations

Les équations en 3D restent les mêmes que celles décrites précédemment pour la
torche et l’arc libre. Cependant, contrairement aux deux cas précédents, il faut tenir compte de
la décharge du jet de plasma à l’air libre. Comme en 2D cette prise en compte se fait au
travers d’une équation de conservation de la fraction massique d’oxygène en considérant que
l’air est un mélange binaire dans les proportions molaires : 21%O2 – 79%N2. Cette équation
se met sous la forme d’une équation de Patankar avec les termes suivants :
φ= m O 2 , Γφ=ρD et S Φ = 0 (EIV_16)

L’influence du mélange sur les coefficients de transport est alors prise en compte à l’aide des
lois de Wilke et des lois d’interpolation linéaire au prorata des fractions massiques ou
molaires présentes localement.

IV.B.1.c) Géométrie

Concernant la torche, nous utilisons le même maillage que celui du paragraphe


(IV.A.2.a). Nous ajoutons à ce maillage la partie à l’air libre et la plaque. Un schéma complet
de la géométrie est donné sur les figures (FIV_17a&b). Ces figures reprennent des vues de
dessus, de face, de profil et une vue isométrique de la géométrie. Sur chacune de ces vues, les
différentes parties ont été numérotées de 1 à 8 et correspondent à :
Partie n°1 : Injecteurs d’oxygène.
Partie n°2 : Cathode.
Partie n°3 : Tuyère.
Partie n°4 : Coiffe de la torche.
Partie n°5 : Air libre.
Partie n°6 : Plaque à couper.
Partie n°7 : Front de coupe dans la saignée
Partie n°8 : Bords de saignée.

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Chapitre IV : - Modélisation de la torche de découpe en trois dimensions
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Figure (FIV_17a) : Géométrie 3D de la configuration de découpe

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Chapitre IV : - Modélisation de la torche de découpe en trois dimensions
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Figure (FIV_17b) : Géométrie 3D de la configuration de découpe.

Pour cette modélisation, nous avons choisi une distance plaque – tuyère de 3mm et
une épaisseur de plaque de 4mm. Le domaine de calcul sous la plaque s’étend jusqu’à 10mm
en dessous de la tôle. Le choix d’un profil de saignée a été plus délicat. En effet, les mesures
faites au chapitre (III) sur la configuration de découpe ont montré que les largeurs haute et
basse de la saignée varient suivant les épaisseurs de plaques et les vitesses de torche.
Ramakrishnan [Ram_1] a de plus montré que suivant les vitesses de coupe non
seulement les largeurs haute et basse variaient mais aussi le profil lui même entre le haut et le
bas de la saignée. Ainsi pour une torche d’oxygène à 100A avec vortex, il a montré que les
profils obtenus sont évasés sur le haut de la plaque pour devenir plus droits sur le bas.
Lorsque le vortex est appliqué, il obtient un côté de saignée avec moins de dépouille que
l’autre. Pour notre torche par exemple, sur la vue par dessus de la figure (FIV_17a), le vortex

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Chapitre IV : - Modélisation de la torche de découpe en trois dimensions
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tourne de gauche à droite (sens trigonométrique) et le côté avec moins de dépouille est situé
sur le bord droit de saignée. Ramakrishnan a mesuré ces profils ainsi que ceux du front de
saignée pour des plaques de 6mm et différentes vitesses de torche. Les profils qu’il a obtenus
sont reportés sur la figure (FIV_18). On constate que leur forme change beaucoup suivant la
vitesse de la découpe.

Figure (FIV_18) : Profils et front de saignée obtenus par Ramakrishnan [Ram_1] en


utilisant une torche à oxygène avec différentes vitesses de coupe.

Au moment où nous avons maillé notre géométrie, nous ne disposions pas des profils exacts
obtenus lors de la découpe avec la torche Air Liquide. Nous avons donc choisi d’adapter la
forme de ceux proposés par Ramakrishnan pour une vitesse de 3m/min. Ainsi, nous avons
pris comme largeurs de saignée celles obtenues expérimentalement au chapitre III pour une
épaisseur de tôle de 4mm et une vitesse de 3.5m/min. Nous avons alors fait une homothétie de
6mm vers 4mm pour obtenir les profils de coupe et de front de saignée à mettre dans la
géométrie. Ces profils sont représentés sur la figure (FIV_19). Depuis, des mesures ont été
menées par Air Liquide sur les profils de coupe obtenus pour cette torche [Air_1]. La
comparaison de ces profils et de ceux que nous avons utilisés est aussi faite sur la figure
(FIV_19). Pour les profils sur les bords de coupe, l’accord entre les profils de Ramakrishnan
retraités pour notre cas et les profils mesurés est bon. Par contre pour le front de saignée il
existe des différences. Quoiqu’il en soit, il est évident que la géométrie devra être améliorée
avec les profils mesurés pour la suite de cette étude.

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Chapitre IV : - Modélisation de la torche de découpe en trois dimensions
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Figure (FIV_19) : Profils de coupe utilisés pour la géométrie comparés à ceux mesurés
ultérieurement par Air Liquide.

Le maillage que nous avons utilisé est de 68x68x100 soient 462400 cellules. Celui que nous
avions fait pour la tuyère dans le paragraphe précédent a été repris. Axialement, l’espace de
3mm entre la sortie de tuyère et la plaque à couper a été divisé en 9 mailles de 0.3mm. Ce
maillage est un peu lâche pour bien prendre compte de l’onde de choc en sortie de tuyère. On
aura donc tendance à atténuer la dépression à la sortie. La plaque a été maillée avec 10
cellules de 0.4mm de hauteur. Il faut noter qu’il est difficile avec un logiciel de maillage
structuré de construire des géométries aussi complexes. A titre d’exemple, nous avons
représenté sur les figures (FIV_20a&b) respectivement une partie du maillage dans le plan
Y=0 et dans un plan situé entre la sortie de tuyère. Suivant (Ox), le maillage est beaucoup
plus resserré au centre de la géométrie (à l’endroit où est l’arc) que sur les bords. Sur la figure
(FIV_20b), on se rend compte que le fait d’utiliser un maillage structuré oblige à avoir des
mailles fines à coté de mailles plus grosses. Le fait que le maillage ne soit pas symétrique est
dû à l’adaptation du maillage structuré pour tenir compte de la forme de la saignée. Tout cela
peut avoir de petites incidences sur les résultats dans ces mailles.

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Chapitre IV : - Modélisation de la torche de découpe en trois dimensions
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Figure (FIV_20a) : Détails du maillage dans le plan Y=0 entre la cathode et le dessous de la
plaque à couper

Figure (FIV_20b) : Détails du maillage dans un plan perpendiculaire à l’écoulement situé


juste au dessus de la plaque à couper.

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Chapitre IV : - Modélisation de la torche de découpe en trois dimensions
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IV.B.1.d) Conditions limites

Pour ce cas nous avons imposé une pression d’entrée de 5atm et une intensité de 60A. Les
conditions limites pour les équations fluides sont résumées dans le tableau (TIV_06).

Ptotale vi T mO2
Mur 1 ∂p 0 m/s 300K ∂m O 2
=0 =0
∂n ∂n
Mur 2 ∂p 0 m/s 700K ∂m O 2
=0 =0
∂n ∂n
Mur 3 ∂p 0 m/s 1000K ∂m O 2
=0 =0
∂n ∂n
Mur C ∂p 0 m/s 3500K ∂m O 2
=0 =0
∂n ∂n
Mur A ∂p 0 m/s 1000K ∂m O 2
=0 =0
Mur B ∂n ∂n
Entrée 5atm ∂v i 300K 1
=0
∂n
Air 1atm ∂v i 300K 0.233
=0
∂n
Tableau (TIV_06) : Conditions aux limites pour les équations fluides sur la géométrie 3D de
découpe.

Pour les équations électriques, nous imposons en conditions limites le même profil
parabolique de densité de courant que dans le paragraphe précédent. Par contre, contrairement
au cas précédent et à la géométrie 2D, nous n’imposons pas d’anode poreuse. Nous nous
contentons de mettre une valeur nulle du potentiel sur le front de saignée et sur le dessus de
l’anode (Mur A). Par contre nous imposons un flux nul de potentiel sur les bords de saignée
(mur B). Le fait de ne pas réellement modéliser l’accrochage de l’arc sur l’anode doit
certainement nous donner un tache d’accrochage plus large que dans la réalité. Cependant
cette approche reste tout de même en 3D plus correcte que celle de l’anode poreuse. Les
conditions limites pour le potentiel scalaire et le potentiel vecteur sont données dans le tableau
(TIV_07).

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Chapitre IV : - Modélisation de la torche de découpe en trois dimensions
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Mur1 Mur 2 Mur 3 Mur C Mur B Mur A Entrée Sortie
V ∂V ∂V ∂V Jz(x,y)/∆ ∂V 0V 0V 0V
=0 =0 =0 =0
∂n ∂n ∂n z ∂n
Ai ∂A i ∂A i ∂A i ∂A i ∂A i ∂A i 0 T.m 0 T.m
=0 =0 =0 =0 =0 =0
∂n ∂n ∂n ∂n ∂n ∂n
Tableau (TIV_07) : Conditions aux limites pour les équations électriques sur la
géométrie 3D de découpe.

IV.B.1.e) Résultats sur la configuration 3D

Avec une pression totale de 5atm en entrée, un débit de 3.82Nl/min est obtenu. Cette
valeur est plus élevée que celle obtenue expérimentalement sur la figure (FIII_10). Cette
différence peut être due au maillage un peu trop espacé. La chute de potentiel est égale à
120V. Nous allons à présent étudier les champs de pression et de température ainsi que les
vitesses azimutales à la sortie de la torche.

¾ Pression.

Figure (FIV_21a) : Champ de pression dans le plan X=0 entre la sortie de tuyère et la plaque.

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Chapitre IV : - Modélisation de la torche de découpe en trois dimensions
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Figure (FIV_21b) : Champ de pression dans le plan Y=0 entre la sortie de tuyère et la plaque.

Le champ de pression est représenté sur les figures (FIV_21a&b) dans les deux plans
X=0 et Y=0 à la sortie de la tuyère. Un schéma au bas de chaque figure rappelle l’orientation
de la saignée dans le repère cartésien (x, y, z). Une valeur de 0.75 atm est atteinte au centre de
la dépression. Cette valeur est probablement sous estimée à cause du maillage en 3D. Dans
l’onde de choc, on peut se rendre compte que le champ de pression est bien symétrique dans
les deux plans. A sa sortie, la pression retourne à la pression atmosphérique. En dessous,
proche de la saignée, il y a une surpression. Celle ci est due à la faible largeur de la saignée
qui ne permet pas le passage de tout le plasma et au fluide qui vient taper contre le front de
saignée. Dans le plan Y=0, on peut remarquer que cette dépression n’est pas tout à fait
symétrique et a une valeur légèrement supérieure sur le bord de coupe qui n’est pas droit
(bord gauche sur la figure). Dans la saignée la pression retourne à la pression atmosphérique.
Pour bien se représenter le champ de pression en 3D, nous avons tracé sur la figure (FIV_22)
l’isovaleur de pression P=1.05atm. On se rend compte ainsi que cette surpression crée un effet
de bouchage sur la saignée.

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Chapitre IV : - Modélisation de la torche de découpe en trois dimensions
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Figure (FIV_22) : Isovaleur de pression P=1.05atm.

¾ Température.
Nous avons représenté sur la figure (FIV_23) l’isotherme T=10000K du plasma. Le
plasma est confiné dans la tuyère. A sa sortie, il y a une expansion de l’arc jusqu’à la plaque à
couper. L’isotherme est ensuite guidée par le front de coupe et les bords de la saignée.
Les figures (FIV_24a&b) représentent le champ de température obtenu dans les deux plans
X=0 et Y=0. Ces deux champs sont identiques dans la tuyère. La température est maximum
sur l’axe Oz dans la tuyère et atteint une valeur de 27200K. Elle décroît ensuite jusqu’à
24000K à la sortie de la tuyère. Il y a alors une augmentation de la température locale due à
l’onde de choc. Au niveau de la plaque, la majeure partie de l’écoulement passe dans la
saignée. Dans le plan Y=0, on remarque du côté de la saignée la déflexion due à l’impact du
plasma sur le front de saignée. Dans le plan X=0 au contraire, le plasma est confiné, occupe la
totalité de la saignée et présente de forts gradients. Du côté plein de la plaque (côté gauche
figure FIV_24a)), il y a une nette expansion de l’isotherme T=2000K. Sur le plan Y=0 (Figure
(FIV_24b)), proche de la plaque, on remarque la même expansion de l’isotherme T=2000K.
Cette expansion est légèrement plus importante du coté droit de la figure.

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Chapitre IV : - Modélisation de la torche de découpe en trois dimensions
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Figure (FIV_23) : Isotherme T=10000K.

Figure (FIV_24a) : Champ de température dans le plans X=0.

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Chapitre IV : - Modélisation de la torche de découpe en trois dimensions
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Figure (FIV_24b) : Champ de température dans le plan Y=0.

¾ Vortex.

Pour étudier le vortex, le vecteur V⊥ présenté dans le paragraphe précédent est utilisé.
Nous avons représenté ce vecteur dans la partie droite de la tuyère, dans l’espace entre la

sortie de tuyère et l’anode, dans la plaque et en dessous. V⊥ est ainsi représenté sur huit
plans. La côte z=0 correspond à la sortie de tuyère. Nous détaillons à présent l’évolution de

V⊥ suivant chaque plan.


Plan 1 : Ce plan est situé dans la partie droite de la tuyère à 1.8mm de la sortie. La pression
sur l’axe est égale à 2atm et la vitesse axiale vz=5200m/s. La composante azimutale est
importante sur les bords du plasma et relativement faible au centre. Le vortex est encore bien
présent et peu atténué.
Plans 2&3 :Le plan 2 est situé juste à la sortie de la tuyère. La pression au centre du jet est de
0.4atm et la vitesse vz de 8100m/s. A cet endroit, il y a une forte expansion radiale de l’arc, et
la composante azimutale semble avoir complètement disparu. Ce n’est toutefois pas le cas, car
elle a encore une valeur de l’ordre de quelques dizaines de mètres par seconde. Il est alors
difficile de discerner la composante azimutale parmi les vitesses radiales de l’ordre de

quelques centaines de mètres par seconde. Dans le plan 3 le champ des vitesses V⊥ est assez
similaire à celui obtenu dans le plan 2. Ce plan est situé juste dans l’onde de choc avec une

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Chapitre IV : - Modélisation de la torche de découpe en trois dimensions
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pression centrale de 0.75atm.
Plan 4 : Ce plan est situé juste à la sortie de l’onde de choc. La pression centrale est de
1.05atm. Dans ce plan, les vitesses ont tendances à s’orienter vers le centre de l’arc. Ici encore
la composante azimutale est très faible.

Plans 5&6 : Les vitesses V⊥ sont très atténuées sur le plan 5. Passé le nœud de pression à la
sortie de l’onde de choc, les vitesses s’orientent ensuite vers l’extérieur de l’arc. La pression
au centre du jet dans ce plan est de 1.09atm. Il semble que les composantes de vitesses
radiales et tangentielles viennent butter contre la surpression créée par la saignée expliquant
alors les faibles valeurs obtenues. Ce phénomène se confirme dans le plan 6 qui est situé juste
au dessus de la plaque. Dans ce plan, la pression centrale est de 1.3atm. Ce maximum est situé

à l’endroit où les vitesses V⊥ sont quasiment nulles au dessus de la saignée. Si l’on reprend la

pression représentée sur la figure (FIV_22), il apparaît que V⊥ soit influencée par ce
bouchage de la pression.
Plans 7&8 : Les plans 7 et 8 sont respectivement au milieu de la saignée et en sortie de

saignée. Dans ces plans la norme de V⊥ devient importante. V⊥ semble complètement


dirigée par la forme de la saignée. Le côté penché de la saignée se trouve du coté gauche de la
saignée par rapport au sens de déplacement de la torche. Il apparaît nettement pour ce coté

que V⊥ est dirigé vers l’intérieur de la saignée alors que de l’autre coté, V⊥ longe le bord de
saignée.

IV.B.2) Comparaison 2D /3D

A présent que nous avons montré les résultats concernant la modélisation 3D de la


torche de découpe, nous comparons dans ce paragraphe les résultats 3D avec ceux obtenus sur
la même configuration en 2D axisymétrique. Nous rappelons dans un premier temps les
équations, les hypothèses et la géométrie adoptée en 2D. Une comparaison est faite ensuite
entre les résultats 2D et 3D sur l’axe, à la sortie de tuyère et proche de la plaque.

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Chapitre IV : - Modélisation de la torche de découpe en trois dimensions
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Figure (FIV_25) : Evolution des composantes de la vitesse dans les plans


perpendiculaires à l’écoulement dans la tuyère.

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Chapitre IV : - Modélisation de la torche de découpe en trois dimensions
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IV.B.2.a) Hypothèses, équations et géométrie 2D

¾ Hypothèses, équations.
Les hypothèses et équations restent les mêmes qu’au chapitre II si ce n’est que le
fluide n’est pas turbulent. En 3D nous n’avons pas pris en compte l’effet de la turbulence.
Pour pouvoir comparer les cas 2D – 3D nous ne la prendrons donc pas en compte dans le
modèle 2D.

¾ Géométrie.
La géométrie 2D est présentée sur la figure (FIV_26). Le maillage est composé de 121x52
cellules. Il a été adapté pour permettre la comparaison 2D/3D. La saignée est représentée par
un trou circulaire. Son diamètre en haut de la plaque correspond à la largeur de saignée en
haut de plaque en 3D et à celle obtenue expérimentalement. En 2D il n’est pas possible de
tenir compte de la forme de la saignée. On suppose que les bords sont verticaux et que le
diamètre du trou en bas de plaque est le même qu’en haut. Nous n’avons pas jugé nécessaire
en 2D de modéliser l’espace sous la plaque.

Figure (FIV_26) : Géométrie et maillage 2D.

Les conditions limites sont les mêmes que pour le paragraphe II. Nous les avons résumées
dans le tableau (TIV_08). Pour le potentiel nous faisons l’hypothèse d’anode poreuse située
sur le dessus de la tôle à couper.

- 203 -
Chapitre IV : - Modélisation de la torche de découpe en trois dimensions
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Ptotale vr vz vθ T V Ai mO2
(atm) (m/s) (m/s) (m/s) (K) (V) (Teslas/m)

BP -- 0 0 0 300 0 ∂A i -
=0
BC ∂n
PF
GH
IO

FG 5 cos( v r , e r ) 0 cos( v ϑ , e r ) 300 0 ∂A i 1


= −0.398 = 0.917
=0
∂n
CD -- 0 0 0 1000 ∂V ∂A i -
=0 =0
∂n ∂n
DE -- 0 0 0 3500 Jz(r)/∆z ∂A i -
=0
∂n
HI -- 0 0 0 700 ∂V ∂A i -
=0 =0
∂n ∂n
EL ∂P 0 ∂v z 0 ∂T ∂V ∂A i ∂m O 2
=0 =0 =0 =0 =0 =0
∂n ∂n ∂n ∂n ∂n ∂n

KJ - - - - - 0 - -
LM 1 0 ∂v z 0 ∂T 0.233
=0 =0
∂n ∂n
MJ - 0 0 0 1000 0 ∂A i -
=0
LN ∂n
NO 1 ∂v r 0 0 300 ∂V ∂A i 0.233
=0 =0 =0
∂n ∂n ∂n
Table (TIV_08) : Conditions aux limites pour la configuration de découpe 2D.

IV.B.2.b) Résultats – comparaison 2D/3D

Avec la pression de 5atm en entrée le débit d’oxygène obtenu est de 4.2Nl/min contre
3.85Nl/min en 3D ; Il y a ainsi une différence d’environ 10% entre les deux débits obtenus. La
chute de potentiel en 2D est de 122 V. Elle est légèrement supérieure à celle en 3D. Nous
allons à présent comparer en 2D et 3D l’évolution de la température, de la chute de potentiel
et de la vitesse sur l’axe. Nous ferons ensuite une étude particulière concernant les vitesses
azimutales dans le jet.

- 204 -
Chapitre IV : - Modélisation de la torche de découpe en trois dimensions
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¾ Température et vitesse sur l’axe.


La figure (FIV_27) représente l’évolution de la température sur l’axe pour les deux
cas. Proche de la cathode la température en 2D passe par un minimum plus prononcé qu’en
trois 3D. Cela est dû au vortex en 3D qui pince de manière plus importante l’arc à cet endroit.
A la sortie de tuyère, les deux courbes se rejoignent et restent très proches jusqu’à la plaque à
couper.

Figure (FIV_27) : Température sur l’axe en 2D et 3D.

Figure (FIV_28) : Vitesses sur l’axe en 2D et 3D.

La vitesse sur l’axe est représentée sur la figure (FIV_28). On peut se rendre compte ici aussi
que l’évolution entre 2D et 3D est très analogue.

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Chapitre IV : - Modélisation de la torche de découpe en trois dimensions
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¾ Etude radiale en sortie de tuyère.


La figure (FIV_29) représente l’évolution radiale de la température à la sortie de la
tuyère en 2D et pour les deux plans X=0 et Y=0 en 3D.

Figure (FIV_29) : Evolution radiale de la température en sortie de tuyère en 2D et en 3D pour


les deux plans X=0 et Y=0.

On constate que les trois profils sont très proches les uns des autres. Le modèle 2D
semble donc parfaitement prévoir le champ de température. Nous avons tracé sur la figure
(FIV_30) l’évolution de la vitesse azimutale en 3D et en 2D pour la même côte en sortie de
tuyère.

Figure (FIV_30) : Evolution radiale de la vitesse azimutale en sortie de tuyère en 2D et en 3D


pour les deux plans X=0 et Y=0.

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Chapitre IV : - Modélisation de la torche de découpe en trois dimensions
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En 2D la vitesse azimutale atteint un maximum de 25m/s. La vitesse croît du centre
vers ce maximum puis décroît ensuite. En 3D, les deux courbes obtenues sont un peu plus
chaotiques. Leur évolution moyenne est toutefois assez proche de celle en 2D et elles
semblent relativement symétriques par rapport à l’axe Oz. Cet aspect chaotique est
probablement dû au maillage un peu trop lâche sur les bords de la tuyère. Il apparaît
cependant qu’en sortie de tuyère, la composante vortex est encore présente avec une valeur
maximum aux alentours de 20m/s.

¾ Evolution radiale à 0.6 mm de la plaque à couper.


Nous avons représenté sur la figure (FIV_31) la vitesse azimutale à 0.6mm de la plaque pour
les mêmes plans que ci dessus. Cette étude doit nous permettre d’évaluer l’influence de la
modélisation de la saignée en 3D par rapport à l’hypothèse 2D. Ce plan à 0.6mm correspond
au plan 5 de la figure (FIV_25). Le plan X=0 est le plan perpendiculaire à la saignée alors que
le plan Y=0 est parallèle à celle ci. On constate que dans le plan parallèle à la saignée, la
composante vortex est assez proche de celle obtenue en 2D, avec une valeur maximale de
l’ordre de 20m/s.

Figure (FIV_31) : Evolution radiale de la vitesse azimutale au voisinage de la plaque en 2D et


en 3D pour les deux plans X=0 et Y=0.

Par contre dans l’autre plan, on peut nettement observer l’effet de la saignée sur cette
composante. Ce phénomène est tout à fait visible sur le plan 5 de la figure (FIV_25).

- 207 -
Chapitre IV : - Modélisation de la torche de découpe en trois dimensions

A partir de ces constatations, il est difficile d’expliquer pourquoi la saignée présente
un bord avec moins de dépouille que l’autre. Il apparaît clair que ni la configuration 2D ni la
configuration 3D avec les hypothèses que nous avons choisies ne nous permettent de conclure
sur ce point. Il faudrait pour vraiment pouvoir expliquer ce phénomène prendre en compte le
véritable accrochage de l’arc et surtout l’interaction plasma – couche de métal liquide.

Dans ce chapitre, nous avons présenté un modèle 3D qui a été validé sur la
configuration de l’arc libre. Ce modèle a ensuite été utilisé sur la torche de découpe : dans un
premier temps, seule la chambre d’injection des gaz et la tuyère ont été étudiée. Ensuite, une
configuration torche + plaque à couper a été présentée en stationnaire. Les résultats obtenus
en 3D ont été comparés à ceux en 2D. Sur la configuration « torche seule », nous avons mis
en évidence les limites de l’utilisation de l’hypothèse de surface équivalente qui avait
tendance à surestimer la composante azimutale de la vitesse dans le plasma. Par contre, les
résultats relatifs à la température et aux autres grandeurs sont très proches entre le 2D et le
3D.
Sur la configuration complète, dans les zones loin de la plaque, les résultats 2D et 3D
sont aussi très proches. Par contre au voisinage de la plaque, de grosses différences sont
trouvées notamment sur les vitesses. Ces différences sont dues à la modélisation 3D de la
saignée par rapport à celle en 2D.
Il semble donc que pour caractériser le plasma de découpe au dessus de la plaque, le
modèle 2D soit suffisant. Par contre, proche de la saignée il est indispensable de faire une
modélisation 3D pour bien prendre en compte les phénomènes convectifs.

- 208 -
Conclusion
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Conclusion
Conclusion
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Conclusion


Ce travail portait sur la caractérisation d’un plasma de découpe de métaux


fonctionnant à l’oxygène.
Dans le premier chapitre, afin de situer le sujet, nous avons présenté les différentes
techniques thermiques de découpe de métaux existantes à l’heure actuelle dans le milieu
industriel. Ces techniques sont aux nombres de trois : l’oxycoupage, la découpe laser et la
découpe plasma. Chacune de ces techniques présente ses avantages et inconvénients :
L’oxycoupage est un procédé très peu onéreux mais qui n’offre qu’une qualité de coupe
médiocre. La découpe laser est très précise mais le coût de l’installation est relativement
élevée. En revanche, la découpe plasma est moins onéreuse et plus rapide que la découpe laser
néanmoins elle n’offre pas encore la précision de cette dernière. Nous avons ensuite présenté
le dispositif de découpe plasma mis à disposition par la société Air Liquide. Il s’agit d’une
torche OCP150 fonctionnant avec des courants compris entre 30 et 120A et utilisant de
l’oxygène comme gaz plasmagène. Cette torche fait partie des procédés plasmas développés
ces dix dernières années et qui visent à améliorer la découpe de métaux par torche en terme de
précision et de qualité de coupe (peu de scories, faible dépouille …). Pour la caractérisation
de cet outil, deux voies ont été envisagées : une première théorique avec le développement
d’un modèle fluide du plasma et une deuxième expérimentale permettant de valider le
modèle. Deux configurations de torches ont été étudiées : une première dite de « laboratoire »
où l’arc est étiré sur 15mm et accroché sur un disque de métal en rotation et une seconde qui
est une configuration de découpe réelle où la distance plaque – tuyère n’est que de quelques
millimètres.
Dans le deuxième chapitre, le modèle en deux dimensions est présenté. Nous avons
développé ce modèle en utilisant les routines « user » du logiciel de CFD Fluent. Cette
adaptation a été difficile, car ce logiciel est au départ consacré au traitement des écoulements
de combustion et de gaz froids [Flu_1]. Il nous a donc fallu adapter les routines pour prendre
en compte l’aspect électrique du plasma et les coefficients de transports. Les torches de
découpe plasma étant généralement supersoniques [Ram_2], nous avons dans un premier
temps étudié la capacité de Fluent à modéliser les fluides transsoniques en modélisant une
tuyère convergente – divergente et en comparant nos résultats à ceux expérimentaux obtenus
par Cuffel [Cuf_1]. En adoptant les schémas numériques sur chaque grandeur caractérisant le
fluide, les résultats expérimentaux ont pu être retrouvés. Nous avons ensuite décrit le modèle
en deux dimensions axisymétriques que nous avons développé. Ce dernier fait l’hypothèse
que le plasma est un fluide à l’Equilibre Thermodynamique Local régit par les lois de

-211-
Conclusion

conservation de Navier Stokes. Aux équations fluides classiques sont ajoutées les équations
du potentiel électrique et les équations d’Ampère (à travers le potentiel vecteur). Ces
développements sur le potentiel vecteur ont été validés en comparant les résultats du modèle à
un cas analytique. Ensuite, le modèle est dans un premier temps validé sur une configuration
simple d’arc libre dans l’argon à 200A. Les résultats théoriques sont alors validés à l’aide des
mesures expérimentales de Hsu sur ce type de configuration. Le modèle ainsi validé est
appliqué à la torche de découpe dans sa configuration de « laboratoire ». Le mélange de gaz
oxygène - air est pris en compte à partir des coefficients de transport des gaz purs en utilisant
les lois de Wilke. La géométrie de la torche de découpe présente une injection vortex qui est
prise en compte en faisant l’hypothèse d’une injection 2D à surface équivalente aux huit
injecteurs vortex de la géométrie réelle. Il faut alors imposer les cosinus directeurs des
vitesses correspondant à l’angle d’injection du gaz dans la torche. Dans un premier temps, le
fluide est considéré laminaire et des résultats préliminaires sont obtenus à 60A. Ces résultats
mettent en évidence le caractère transsonique de l’arc à la sortie de tuyère avec la présence
d’une onde de choc ainsi que l’existence de fortes températures (aux alentours de 20000K) sur
l’axe. Une attention particulière a alors été portée au choix du maillage en sortie de tuyère
pour bien prendre en compte cette onde de choc et un compromis entre taille de maillage et
précision a été trouvé en ne resserrant le maillage que suivant la direction z à la sortie de la
tuyère. Une estimation du nombre de Reynolds est ensuite faite. Ce nombre peu important
dans la tuyère est maximum à la sortie et reste élevé dans la partie libre du jet de plasma. Sur
ces constatations, un modèle de turbulence est développé à partir de la sortie de tuyère. La
prise en compte de la turbulence a tendance à élargir l’arc et à diminuer la température sur
l’axe. Différents paramètres tels que la longueur de mélange ou le nombre de Lewis
permettent de contrôler la turbulence dans le plasma. Ainsi une étude paramétrique est
réalisée sur l’influence de la valeur de la longueur de mélange. Plus la longueur de mélange
est importante et plus la turbulence est marquée et le débit d’air pompé par le jet important.
Une autre étude est faite sur l’influence du nombre de Lewis turbulent sur le pompage d’air au
cœur du plasma. Le nombre de Lewis traduit l’importance des phénomènes de diffusion
turbulente devant les phénomènes de conduction turbulente. Un nombre de Lewis de 0.3
permet de retrouver un pompage d’air en accord avec les résultats expérimentaux. Enfin, le
modèle de rayonnement P1 est appliqué au cas de la torche de découpe. Les flux lumineux
suivant différentes gammes de fréquences sont estimés. Il apparaît ainsi qu’une grande part du
rayonnement vers les basses longueurs d’ondes (UV et au delà) est fortement réabsorbée sur
les bords du plasma.

- 212 -
Conclusion

Dans le chapitre trois, la configuration de « laboratoire » et celle de découpe sont
étudiées. Le formalisme des techniques de spectroscopie est présenté. Sur la configuration de
« laboratoire », des mesures macroscopiques de débits en fonction de la pression d’entrée sont
comparées avec le modèle et un bon accord est trouvé. Toujours dans le but de confronter les
résultats du modèle avec l’expérience, des photographies du plasma en sortie de jet sont
réalisées. Elles mettent en évidence la succession de zones sombres et lumineuses qui
correspondent aux ondes de choc en sortie de tuyère. Ces photographies sont alors comparées
au champ de pression obtenu par le modèle. Pour différentes pressions d’entrée, les positions
des ondes prévues par le modèle correspondent bien à celles observées expérimentalement.
Ensuite, des mesures en spectroscopie d’émission sont faites sur deux zones du plasma. Une
première qui correspond à la position de l’onde de choc en sortie de tuyère et une seconde qui
se situe plus en aval dans le jet. Les mesures dans la première zone sont rendues difficiles par
la présence de l’onde de choc et donc de la variation axiale et radiale de pression. Bien que
l’on dépasse la température d’émissivité maximum des raies atomiques de l’oxygène, il n’est
alors pas possible d’utiliser la méthode de Fowler Milne. Nous proposons donc une méthode
utilisant l’intensité de raies ioniques d’oxygène, l’élargissement Stark d’une raie atomique
d’oxygène et la loi de Boltzmann. Cette méthode indépendante de la pression permet
d’obtenir la température d’équilibre des niveaux ionisés de l’oxygène ainsi que la densité
électronique. L’évolution de cette température sur l’axe dans l’onde de choc est comparée à
celle obtenue par le modèle et un accord satisfaisant est trouvé. Ainsi, le modèle prend bien en
compte l’élévation de température due à la conservation de l’énergie dans l’onde de choc.
Afin de vérifier l’hypothèse d’E.T.L. un diagramme de Olsen est présenté sur la zone intense
pour les raies ioniques. Ce diagramme nous permet de conclure à un équilibre sur les niveaux
ionisés de l’oxygène dans le plasma. Une température de Saha est aussi estimée mais l’accord
entre cette température et la température ionique trouvée est moins bon. Cependant les
incertitudes sur la température de Saha ne nous permettent pas de conclure. Dans la deuxième
zone, nous proposons une méthode indépendante de la température pour déterminer la
quantité d’azote pompée dans le jet. Ainsi, la température, la densité électronique et la
fraction d’azote pompée dans le jet sont estimées. La température expérimentale est comparée
à celle théorique et un bon accord est aussi trouvé dans cette zone du plasma. La première
partie de ce chapitre nous a permis de valider le modèle 2D que nous avions développé. Dans
la deuxième partie du chapitre, la configuration de découpe est étudiée. D’un point de vue
expérimental, les mesures sont relatives aux dimensions de la saignée. Ces mesures ont été
réalisées au CTAS. Les largeurs haute et basse de saignée ainsi que la dépouille ont été

-213-
Conclusion

mesurées en faisant varier la vitesse de coupe, l’épaisseur de la plaque et la distance entre la
plaque et la tuyère. Parallèlement à ces mesures, la tension de l’arc est aussi mesurée. En
couplant les mesures expérimentales et les données du modèle, il est alors possible de faire
une estimation de la part des différents processus amenant la puissance nécessaire à la fusion
du métal. Il apparaît alors que la majeure partie de cette puissance est amenée par convecto –
diffusion. Contrairement au cas de l’oxycoupage, la réaction exothermique d’oxydation du fer
n’amène que 20% de la puissance nécessaire à la fusion.
Pour compléter l’étude théorique, nous développons dans le quatrième chapitre un
modèle à trois dimensions stationnaire. Le but est ici d’essayer d’estimer ce que peut amener
un tel modèle par rapport à un modèle 2D. Au début de ce chapitre, une validation du modèle
3D à partir de la configuration de l’arc libre est développée. Le modèle est ensuite appliqué au
dispositif de découpe. La comparaison avec les résultats en deux dimensions est séparée en
deux parties : une première partie où seule la chambre d’injection des gaz et la tuyère sont
modélisées et une seconde où tout l’ensemble du dispositif de découpe (torche + plaque) est
pris en compte. Dans la première partie, il s’avère que dans la torche très peu de différences
existent entre le modèle 2D et le modèle 3D. Cela est dû à la configuration spécifique de
découpe où l’arc est bien confiné dans la tuyère. La modélisation par surface équivalente de
l’injection vortex 2D permet donc de prendre correctement en compte l’effet du vortex sur le
plasma. Par contre, lorsque tout l’ensemble du dispositif est modélisé, des différences proches
de la plaque sont trouvées entre les résultats en 2D et ceux en 3D. Ces différences concernent
surtout les vitesses azimutales et sont dues à la forme de la saignée que l’on ne peut prendre
en compte en 2D. Le modèle 3D ainsi développé ne nous permet cependant pas de conclure
sur la présence d’un bord de saignée présentant moins de dépouille que l’autre dans le cas des
torches de découpe avec une injection en vortex.
Ainsi, dans ce travail, nous avons obtenu une première caractérisation du jet créé par
le dispositif de découpe d’Air Liquide. Un modèle 2D a été développé et validé à l’aide de
mesures expérimentales. Le modèle a ensuite été étendu à trois dimensions. Il s’avère que le
modèle 2D est suffisant lorsque l’on veut obtenir des informations concernant l’écoulement
plasma dans la tuyère et dans l’espace tuyère – plaque à couper. Cela est dû au type de torche
modélisé. En effet, dans la torche de découpe, le plasma se trouve très confiné dans la tuyère.
Ainsi, le fait de modéliser l’injection en vortex en 2D permet de prendre en compte les
principaux effets de la vitesse azimutale du gaz sur le plasma dans la torche. Par contre le
modèle 3D est utile pour étudier le comportement du plasma proche de la plaque à couper.
Quoiqu’il en soit, le modèle 2D peut d’ores et déjà être utilisé pour une aide au

- 214 -
Conclusion

dimensionnement sur de nouvelles géométries de torches de découpe. Une estimation des
parts de puissance participant à la découpe a ainsi été réalisée mais de nombreuses
améliorations restent à faire. Ainsi, l’interaction anode – plasma n’a pas été prise en compte et
le modèle n’est que stationnaire. Dans l’onde de choc, la comparaison expérience – modèle
conduit à des différences sur l’évolution radiale de la température. Ces différences
probablement dues à des écarts à l’équilibre pourraient être prises en compte en développant
un modèle à deux températures. Enfin, une étude plus poussée sur la puissance transmise à la
plaque est nécessaire. Cette étude fait l’objet d’une thèse au CPAT qui pourrait permettre de
continuer l’étude entreprise dans ce travail.

-215-
Conclusion

Bibliographie
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Annexe I : - Coefficients de transport de l’oxygène et de l’azote


Annexe I

Coefficients de transport de
l’oxygène et de l’azote
Annexe I : - Coefficients de transport de l’oxygène et de l’azote

Annexe I : - Coefficients de transport de l’oxygène et de l’azote


Figure (FAI_01) : Densité de masse de l’oxygène et de l’azote [Bou_1]

Figure (FAI_02) :Viscosité de l’oxygène et de l’azote [Bou_1]

-229-
Annexe I : - Coefficients de transport de l’oxygène et de l’azote


Figure (FAI_03) :Conductivité thermique de l’oxygène et de l’azote [Bou_1]

Figure (FAI_04) :Conductivité électrique de l’oxygène et de l’azote [Bou_1]

- 230 -
Annexe I : - Coefficients de transport de l’oxygène et de l’azote


Figure (FAI_05) :Chaleur spécifique de l’oxygène et de l’azote [Bou_1]

Figure (FAI_06) :Coefficient d’émission nette de l’oxygène et de l’azote pour un rayon de


plasma de 0.5mm [Nag_1]

-231-
Annexe I : - Coefficients de transport de l’oxygène et de l’azote


Figure (FAI_07) :Vitesse du son de l’oxygène et de l’azote à la pression atmosphérique


[Pat_2]

- 232 -
Annexe II : - Estimation des incertitudes


Annexe II

Estimation des incertitudes


Annexe II : - Estimation des incertitudes


L’évaluation des incertitudes de mesures est un problème difficile. Cependant le


National Institute of Standards and Technology (NIST) a mis en place pour cela un protocole
et toute une théorie qu'il semble intéressants de résumer ici pour les reprendre dans le cadre de
ce travail. Il s’agit du « Guideline of Uncertainties Measurements » (GUM) [Tay_1]. Nous
allons détailler les définitions données par le GUM afin de nous familiariser avec le
vocabulaire. Ensuite nous préciserons le calcul d’incertitude.

¾ Définitions
Toutes les définitions qui vont suivre sont détaillées dans le GUM.

— Hypothèses de calcul d’incertitude


Les hypothèses de calcul des incertitudes de mesures sont les suivantes :
- On suppose que toutes les erreurs dues à une mauvaise utilisation des
appareils de mesure ont été corrigées. ( Par exemple un mauvais alignement
de l'optique).
- On suppose que les résultats que l'on mesure sont reproductibles.
- Chaque incertitude est quantifiée par une déviation standard autour d’une
courbe de distribution.
- Tous les intervalles d'incertitudes sont symétriques.

— Equation de mesure
Dans la plupart des cas, lors d'une expérience, la quantité mesurée n'est pas
directement celle que l'on veut obtenir. En général, la quantité Y dont on veut connaître la
valeur est obtenue à partir de N autres quantités (mesurées ou non) X1, X2, X3,…. XN par la
relation Y=f(X1,X2,…XN).
Cette équation est appelée « l'équation de mesure ». Une estimation de Y sera obtenue
à partir de l'équation de mesure en utilisant les valeurs de X1, X2,….
Les quantités X1,X2…XN peuvent elles même dépendre d’une autre équation de mesure :
X1=g(W1,W2….) , X2= …etc.. L'incertitude de Y augmente avec les incertitudes sur les Xi.
On note par la suite U(Xi) ou plus simplement Ui l'incertitude associée aux Xi.
Pour illustrer l’équation de mesure prenons l’exemple d’un plasma thermique sur
lequel on veut mesurer la température par intensité absolue de raie. La quantité mesurée
exactement est l’intensité lumineuse I du plasma intégrée sur une corde et émise à une

- 234 -
Annexe II : - Estimation des incertitudes

certaine longueur d’onde. Une première équation de mesure nous permet d’obtenir l’intensité
de la raie en intégrant I sur les longueurs d’onde et on y retirant le continuum. Ensuite, une
seconde équation de mesure, qui n’est autre que l’inversion d’Abel, permet de passer de I’ à
l’émissivité locale J du plasma. Une autre équation sera nécessaire pour obtenir la population
du niveau émetteur de la raie et enfin, une dernière équation de mesure permet d’obtenir la
température à partir de la composition.

— Classification de l'évaluation des incertitudes.


Le GUM définit deux sources d’incertitudes : Les incertitudes de type A dont
l’évaluation se fait par l'analyse statistique des observations et les incertitudes de type B
provenant d'autre sources (Handbook, tables de données…). L'incertitude finale est traitée de
la même façon pour les deux types d'incertitudes.
Toujours dans le cas d’un plasma thermique, sur l’exemple proposé ci dessus,
l’incertitude associée à la répétabilité des mesures de l’intensité sera de type A, alors que
l’incertitude associée à la probabilité de transition, nécessaire à l’estimation de la population
du niveau émetteur est de type B.
—Distribution d'incertitude
Généralement on considère que la grandeur Y mesurée est distribué suivant un
certaine loi de distribution. Cette loi peut être gaussienne, carrée, triangulaire… La
détermination des incertitudes dépend de cette loi. Dans la plupart des cas la distribution
associée aux grandeurs mesurées est considérée comme gaussienne.

— Incertitude standard
L’incertitude standard est donnée par la déviation standard de la distribution
modélisée. Ainsi, si l’on modélise la valeur mesurée Y par une distribution gaussienne et que
l’on note u l’incertitude standard, on peut donc dire avec un seuil de confiance de 68% que Y
est plus grand que Y-u et Y est plus petit que Y+u. Ce que l'on écrit : Y=Y±u. Pour une
distribution carrée, ce pourcentage passe de 68% à 58%.

— Incertitude étendue
L’incertitude standard ne permet d’obtenir qu’un seuil de confiance de 68%. Or on a
souvent besoin d’une incertitude avec un seuil de confiance beaucoup plus élevé. On définit
alors une incertitude étendue notée U. U est considérée comme directement proportionnelle à
u au travers d’un facteur de recouvrement k. On a alors U=k.u. En général, k est compris entre

-235-
Annexe II : - Estimation des incertitudes


2 et 3 pour obtenir un seuil de confiance convenable. k dépend de la distribution de


probabilité que l’on considère autour de y (distribution normale, rectangulaire…).
Typiquement, pour une distribution normale, si l’on prend k=2, on a un facteur de confiance
de 95%. Si l’on prend k=3 on a un facteur de confiance au delà de 99%[Tay_1].

— Représentation des composantes d'incertitudes


Chaque incertitude est représenté par une déviation standard notée ui, égale à la racine
carrée de la variance ui2
L'évaluation de type A d'une incertitude se fait à partir de la déviation standard si égale
à la racine carrée de la variance de la série statistique. L'incertitude standard sera :
ui=si
De la même manière, l'évaluation de type B d'une incertitude est représentée par une
incertitude standard uj. Cette incertitude standard peut être vue comme la variance d'une
distribution statistique donnée.

¾ Calcul des incertitudes


— Evaluation de type A
L'évaluation de type A peut être basée sur n'importe quelle méthode statistique telle
que le calcul de l'écart type à la moyenne d'une série d'observations indépendantes ou l'écart
type à une approximation par les moindres carrés d'une série statistique. Chaque évaluation de
type A nécessite une étude de variance.
* Exemple : moyenne et déviation standard.
Considérons une quantité X dont la valeur est déduite de n observations différentes Xi
obtenues dans les mêmes conditions de mesures. L'estimation de la quantité X est alors
donnée par :
1 n
X = Xk = ∑ Xk
n k =1
(EAII_01)

Et son incertitude standard par :

 1 n
u(X)=u= s(X k ) =  (
∑ X k − X )
2
(EAII_02).
 n (n − 1)  k =1

— Evaluation de type B

- 236 -
Annexe II : - Estimation des incertitudes

Une évaluation de type B est en général basée sur un jugement scientifique prenant en
compte toutes les informations disponibles. (Mesures antérieures, erreur donnée par le
constructeur du matériel, handbooks…). En général, dans tous ces cas, l'estimation de
l'incertitude est obtenue à partir d'une source extérieure en supposant une distribution
gaussienne de la quantité considérée.

— Seuil de signification ou seuil de confiance


En général les incertitudes données par les constructeurs ou par les Handbook le sont
pour une distribution normale avec un seuil de confiance de 95%. Le coefficient de
l'incertitude étendue est dans ce cas égal 2. Pour ces données on estimera donc l’incertitude
standard en divisant par 2 celle donnée par le Handbook.

— Combinaison de toutes les incertitudes


- Combinaisons des incertitudes de types A et B
Si pour une valeur mesurée Y (sans passer par une équation de mesure), diverses
incertitudes standards ui (Evaluées par une estimation de type A ou de type B) interviennent,
l'incertitude standard autour de Y est déterminé par

u (Y ) = ∑u 2
i (EAII_03)
i

- Incertitude obtenue par une équation de mesure


L'incertitude standard de la variable Y=f(X1,X2,…XN), notée uc(Y) est obtenue en
calculant la racine carré de la variance uc2(Y) avec :
2
 ∂f  2 ∂f ∂f
u (X i , X j )
N N N
u (Y ) = ∑ 
2
c
 u (X i ) + 2∑ ∑ (EAII_04)
i =1  ∂X i  i =1 j=i +1 ∂X i ∂X j

Cette équation est basée sur le développement au premier ordre en série de Taylor de
l'équation de mesure. Les dérivées partielles de f par rapport à Xi sont souvent appelées
coefficients de sensibilité. u(Xi,Xj) est la covariance associée à Xi et Xj. Cette équation est
appelée équation de propagation de l'incertitude.

-237-
Annexe II : - Estimation des incertitudes


Dans les cas pratiques, elle se réduit à une expression plus simple: En effet, si on
considère que les Xi et Xj ne sont pas corrélés entre eux le deuxième terme de l'équation
disparaît.
Si l’on reprend le cas de la mesure de température par l’intensité absolue d’une raie.
Pour l’équation de mesure permettant de passer de l’émissivité locale du plasma J à la
population du niveau émetteur n (EIII_20), deux incertitudes apparaissent : une première u(J),
l’incertitude standard de l’émissivité, obtenue à partir des équations de mesures précédentes et
une seconde u(Aij) sur la probabilité de transition de la raie, obtenue à partir du Handbook.
L’incertitude standard u(n) sur la population sera donnée par :
2 2
 4πλ ij   J 4πλ ij 
u (n ) =   ⋅ u (J )2 +   ⋅ u (A ij )2 (EAII_05)
 A hc   2 
 ij   A ij hc 

Ce formalisme sur les incertitudes est adopté dans le cadre de ce travail. Toutes les
incertitudes sont supposées avoir une distribution gaussienne et nous prendrons un facteur
k=2 pour toutes nos évaluations. Un traitement particulier a été adopté pour l’inversion
d’Abel. Ce traitement inspiré de l’article de Limbauh [Lim_1] et repris par Laux dans sa
thèse [Lau_1] est présenté dans l’annexe III.

- 238 -
Annexe III : - Inversion d’Abel


Annexe III

Inversion d’Abel
Annexe III : - Inversion d’Abel

1) Inversion d’Abel

Figure (FAIII_01) : Schéma pour l’inversion d’Abel

L’inversion d’Abel permet en mesurant l’intensité totale I(y) émise par le plasma sur
une corde de visée, d’obtenir J(r) l’émissivité locale du plasma en supposant que ce dernier
est à symétrie cylindrique. Il s’agit d’un cas particulier des équations de Voltera et si R est le
rayon du plasma à symétrie cylindrique, on a les deux relations suivantes :
R
r
I(y ) = 2 ∫ J (r ) dr (EAIII_01)
y r − y2
2

dI(y )
R
1 1
J (r ) = − ∫ dy (EAIII_02)
π r
dy y2 − r 2

La résolution de ces équations se fait par méthode numérique et celle que nous avons
utilisée est inspirée d’une méthode proposée par Jaffe [Jaf_01]. Elle est basée sur le
développement de l’intensité I(y) en série de Fourier. Cette méthode comporte deux stades
bien précis :
- Le lissage des mesures par un développement en série de Fourier.
- L’inversion d'Abel de la série trouvée.

Rappelons les expressions de développement d’une fonction I(y) en série de Fourier.


Par définition, les relations entre une intensité I(y) et sa transformée L(f) sont les suivantes :
+∞
L(f ) = ∫ I(y)exp(2iπ ⋅ f ⋅ y)dy (EAIII_03)
−∞

- 240 -
Annexe III : - Inversion d’Abel

et
+∞
I( y ) = ∫ L(f )exp(2iπ ⋅ f ⋅ y)df (EAIII_04)
−∞

Dans le cas de nos mesures, les bornes ne varient pas de -∞ à +∞ mais sur un nombre
N fini de points de mesure. On suppose que chacun des points est équidistant et séparé d'une
distance égale à ∆. Le nombre N de points doit être pair et l’on mesure en chaque point y0,
y1…yN-1 les intensités intégrées du plasma I(y0),I(y1), …I(yN-1).
L'acquisition est faite sur toute la largeur du plasma entre y=-R et y=+R. On a :


(N − 1) ∆ ≤ y <
N
∆ (EAIII_05)
n
2 2
 N 
y n =  − + n ∆ (EAIII_06)
 2 
n
On nomme f n = la fréquence spatiale du point de mesure n.
N∆

Il est alors possible de définir les transformées de Fourier discrètes Ln et In :


N
−1
2
Ln = ∑ I(y )exp(2iπy f )∆
N
k k n (EAIII_07)
k =−
2

et
N
−1
2
1
In = ∑L k exp(2iπy n f k ) (EAIII_08)
k =−
N N∆
2

Dans la plupart des cas les N mesures échantillonnées ne sont pas centrées par rapport à
l'intervalle de mesure. Il faut pour corriger cela calculer un coefficient de décalage m qui
symétrise les données. Les détails de l'obtention de ce coefficient sont donnés par Jaffe
[Jaf_01]. Une fois le coefficient m obtenu, on calcule les nouvelles coordonnées y 'k et les

nouveaux coefficients L' n et l 'n de la série de Fourier en ne prenant que la partie réelle qui
nous intéresse :

 N 
y 'k =  − + n − m ∆ (EAIII_09)
 2 
L'n = Re(exp(− 2iπ ⋅ m ⋅ ∆ ⋅ f n )L n ) (EAIII_10)

-241-
Annexe III : - Inversion d’Abel


N
−1

∑ I(y )cos (2π ⋅ y )


2
L' n = k
'
k ⋅ fn ∆ (EAIII_11)
N
k =−
2

et
N
−1

∑ Re(L ) N1∆
2
l 'n = '
k exp(2iπ ⋅ n ⋅ ∆ ⋅ f k ) (EAIII_12)
N
k =−
2

L'équation (EAIII_12) se réduit à une somme de cosinus car la fonction que l'on cherche est
paire et réelle. A partir des équations (EAIII_04) et (EAIII_10) on a donc pour tout point y de
l’intervalle de mesure le lissage :
 N
−1 
1  ' 2
l( y ) = L 0 + 2 ∑ L k cos(2π ⋅ y ⋅ f k ) + L N cos 2π ⋅ y ⋅ f N 
' '   (EAIII_13)
N∆  k =1 2  2 
 
Pour (N-1)∆/2> y ≥ N∆/2 :
A partir de l’équation (EAIII_02) et de ce lissage, il est alors possible d’obtenir l’émissivité
du plasma J(r) :

sin (2π ⋅ y ⋅ f k )
N R
2
J (r ) = 2∑ a k ⋅ f k ⋅ ∫ dy (EAIII_14)
k =1 r y2 − r 2
Avec, ak=2Lk si k<N/2 et aN/2=LN/2

Il est a noter que dans son article, Jaffe fait directement la somme de l’équation
(EAIII_09) pour calculer les coefficients L' k . Pour pouvoir tenir compte des incertitudes de

mesure sur chaque point I( y 'n ), nous avons préféré un lissage par moindre carré à partir de

cette équation. Si l’on note dI( y 'n ) l’incertitude standard associée à I( y 'n ), les coefficients L'i
sont calculés à partir du lissage moindre carré suivant :
2
 N
−1 
 ' 
( ) ( )
2
 
∂ N −1 
 L 0 + 2 ∑ L'
k cos 2 π ⋅ y '
n ⋅ f k + L '
N cos

2 π ⋅ y '
n ⋅ f N 
2 
− I y '
n 
∑  =0
k =1 2
(EAIII_15)
∂L'i n =0 

( )' 2
dI y n 

 
 

- 242 -
Annexe III : - Inversion d’Abel

Soit encore en posant b0= L'0 , bi= 2L'i si i≠N/2, bN/2= L' N / 2 ,
2
 N2 
 
∂ N −1  ∑ k
( ) ( )
b cos 2π ⋅ y n ⋅ f k − I y n 
' '

∑  k =0  =0 (EAIII_16)
∂L'i n =0 

( )
' 2
dI y n 

 
 

Nous allons à présent présenter le calcul d’incertitudes sur l’inversion d’Abel. Ce


calcul s’appuie sur les travaux de la thèse de Laux [Lau_1] et de l’article de Limbaugh
[Lim_1].

2) Incertitude propagée par l’inversion d’Abel.

Théorie
Calculer l’incertitude propagée par l’inversion d’Abel revient dans notre cas à calculer
l’incertitude propagée par la transformation linéaire d’un vecteur.
Soit R un vecteur résultat obtenu a partir d'un vecteur de mesure D par une
transformation linéaire du type
R=LD+B (EAIII_17)
où L est une matrice constante et B un vecteur constant. On pose R=(r0,r1,…….rN-1) et
D=(d0,d1, …dN-1).
Par définition, la matrice de variance – covariance du vecteur de mesure D est égale à:

 σ d2 σ d1d 2 ... σ d1d n 


 1
 . σ d2 2 . 
Σ D = (D − D )(D − D )T .
=  (EAIII_18)
 . . . . 
σ . . σ d2 n 
 d n d1

La variance du vecteur D est alors calculée en prenant la racine carrée de la trace de la


matrice Σ D .

Cherchons à évaluer à présent la matrice de variance – covariance du vecteur résultat


R, soit d'après la définition ci dessus :

-243-
Annexe III : - Inversion d’Abel


Σ R = (R − R )(R − R )T (EAIII_19)

En reprenant l'équation (EAIII_17) et après divers calculs on obtient :


ΣR = L ⋅ΣD ⋅ LT (EAIII_20)

Application à l’inversion d’Abel

Appliquons ce formalisme au cas de l’inversion d’Abel. Il faut dans un premier temps


estimer l’incertitude sur les coefficients de lissage L'i . Cette estimation se fait à partir du

lissage (EAIII_13). Supposons que les mesures soient faites sur N points y i' et que l’on
obtienne un vecteur de mesure I(I0, …IN-1). L’équation (EAIII_13) se met sous la forme d’une
équation du type de l’équation (EAIII_17) :

(
 cos 2πy '0 f 0
 ) (
cos 2πy '0 f j ) (
cos 2πy '0 f N / 2)   L'0 
L L  
  L   N∆ 
'
 N∆ N∆ N∆ 1
 M M M   M   M 
I=P L+C =  (
 cos 2πy ' f
i 0 ) L
(
cos 2πy i' f j ) L
(
cos 2πy i' f N / 2)    L' 
 •  L'i  +  0 
 N∆ N∆ N∆    N∆ 
 M M M   M   M 

(
 cos 2πy ' f
N −1 0 ) L
(
cos 2πy 'N −1f j ) L
(
cos 2πy 'N −1f N / 2 )   L' N / 2   L'0 
  
 N∆ N∆ N∆   N∆ 

(EAIII_21)

On a les expressions de L, P et C par identification. On peut remarquer que P a pour


dimensions (N/2+1)x(N-1) et n'est pas carrée. Cependant, si on multiplie à gauche et à droite
l'équation (EAIII_19) par PT, la transposée de P on obtient :
P T I = P T .P.L + P T .C (EAIII_22)

P T .P est une matrice carrée qui peut être inversée. On a alors facilement :

(
L = P T .P )−1
(
P T .I − P T .P )
−1
C = A FI + BF (EAIII_23)

Et l’on obtient finalement la matrice de variance covariance de L:


T
Σ L = A FΣ I A F (EAIII_24)

On peut, à présent que l’on connaît la matrice de variance – covariance des


coefficients de lissage, estimer la propagation de l’incertitude par l’inversion d’Abel.

- 244 -
Annexe III : - Inversion d’Abel


Si l’on veut calculer l’inversion d’Abel en M points r0, r1,… rM compris entre 0 et R on
utilise l’équation (EAIII_14). Ces points peuvent se mettre sous la forme d’un vecteur R=(r0,
r1,… rM) et l’on a :
R 2f N sin  2πyf N dy 
 4f sin (2πyf )dy R
4f 2 sin (2πyf 2 )dy R
∫ 1  2 
∫ ... ∫ 
1 2

 r0 x − r0
2 2
r0 x 2 − r02 r0 x 2
− r0
2
 L 
R  1 
4f sin (2πyf1 )dy
1 ∫ 1 O M  L 2 
J = T.L = −  r x 2 − r12  
π 1  M 
 M O M  L N 
R 
R 2f N sin  2πyf N dy
  2 
 4f 1 sin (2πyf1 )dy  2  
 ∫ L ∫ 2
L 
 rn x 2 − rM2 rM x 2 − rM2 

(EAIII_25)
Il est alors facile d'estimer la matrice de variance – covariance de J et donc d'en déduire ainsi
l’incertitude propagée par l’inversion d’Abel sur l’émissivité en chaque point ri.

-245-
Annexe III : - Inversion d’Abel

Annexe IV : - Système optique


Annexe IV

Système optique
Annexe IV : - Système optique

Annexe IV : - Système optique

1) Système d’acquisition : « Le périscope »

Figure (FAIV_01) : Système d’acquisition optique.

Dans le schéma optique présenté sur la figure (FAIV_01), les miroirs dévient et
allongent les trajets des rayons optiques entre deux lentilles mais n'influencent pas les
caractéristiques de ces rayons. Le schéma optique du périscope peut donc être ramené à celui
présenté sur la fgure (FAIV_02) sans les miroirs. Le système complet est donc composé de
trois lentilles. La lentille L1 de distance focale f1' , la lentille L2 de focale f 2' et la lentille L3 de

focale f 3' . L1 prend pour objet l’arc (AB) et renvoie son image A'B' dans le plan focal objet de
la lentille L2. La lentille L2 renvoie alors une image virtuelle de A'B' à l'infini. Cette image
virtuelle est ensuite prise comme objet par L3 qui crée finalement l'image A"B" dans son plan
focal (Où se trouvent les fentes du monochromateur).
Si on exprime le grandissement total γ t de notre système après traversée des trois
lentilles on obtient :

-249-
Annexe IV : - Système optique

A" B" A" B" A' B'
γt = = ⋅ (EAIV_01)
AB A' B' AB

A' B'
Le rapport correspond au grandissement de la lentille L1. Nous appelons γ1 ce
AB
grandissement.

A" B"
Le rapport correspond au grandissement de l'ensemble L2+L3. Soit γ de grandissement.
A' B'
On a finalement :
γ t = γ.γ1 . (EAIV_02)

Figure (FAIV_02) :Schéma du « périscope ».

9 Expression de γ :

( )
Si l'on appelle ϑ l'angle orienté O 2 A', O 2 B' , les lois de l'optique géométrique nous

( )
permettent de trouver que l'angle O3A", O3B" est égale à ϑ.

A' B' A' B' A" B" A" B"


On a alors tan (ϑ) = =− ' = = .
O 2 A' f2 O 2 A" f 3'

Finalement :
A" B" f'
γ= = − 3' (EAIV_03)
A' B' f2

- 250 -
Annexe IV : - Système optique


9 Expression de γ1 :

A' B' O1A'


γ1 = = (<0)
AB O1A

1 1 1
La loi de Descartes nous donne pour les lentilles minces : − = '.
O1A' O1A f1
De cette expression on obtient facilement :

O1A' =
f1' O1A
, γ =
f1'
, O A =
(1 − γ1 )f1' , O A' = f ' (1 − γ ) .
1 1 1 1 1
O1A + f1' O1A + f1' γ1

9 Résultats :
 f'γ 
Finalement si on exprime tout en fonction de γ t ,  γ1 = − 2 ' t  on obtient :
 f3 

Distance arc-L1 : AO1 =


(f '
3 )
+ γ t f 2' f1'
(EAIV_04)
f 2' γ t

Distance L1 – PFO L2 O1A' =


(f '
3 )
+ γ t f 2' f1'
(EAIV_05)
f 3'

Distance L1 – L2 O1O 2 = f '


+
(f '
3 )
+ γ t f 2' f1'
(EAIV_06)
2
f 3'

9 Application numérique :
ª f 1' = 0.35m , f 2' = 0.2m , f 3' = 0.35m , γ t = 2

AO1 =
(0.35 + 2x 0.2)x 0.35 = 0.67m
2x 0.2

O1 A ' =
(0.35 + 2x 0.2)x 0.35 = 0.75m
0.35
O1O 2 = 0.2 + 0.75 = 0.95m

2) Résolution optique
La résolution optique de notre système est contrôlée par un iris placé dans le foyer de
la lentille L1. Considérons le système optique constitué par notre plasma, la première lentille
et l’iris. Ce système est représenté sur la figure (FAIV_03).

-251-
Annexe IV : - Système optique


Figure (FAIV_03) : Schéma optique de la lentille L1 et de l’iris.

On note AB : l’objet, A’B’ : l’image, O le centre de la lentille, H1 H2 les sommets de la


lentille,
F et F’ les foyers objet et image, α l’angle AO,OH1, α’ l’angle OA’,OH1, D1 D2 les bords de
l’iris placé dans le plan foyer objet. Le rayon d’ouverture de l’iris sera Ri=D1D2/2.

D’après la loi de Descartes, on a :


1 1 1
− = ' (EAIV_07)
OA ' OA f
avec f ' = OF ' distance focale.

De l’équation (EAIV_07) on obtient :


f ' OA
OA ' = (EAIV_08)
f ' + OA

D’après la figure (FAIV_03) on peut écrire :

OH1
tan (α ) = (EAIV_09)
AO
et

( )
tan α ' =
OH 1
(EAIV_10)
OA '
Soit encore

tan (α ) = −
OA '
tan α '( ) (EAIV_11)
OA
On a aussi :
F ' D1
( )
tan α ='
(EAIV_12)
F'A '

- 252 -
Annexe IV : - Système optique


Si on pose R i = F ' D1 , le rayon de l’iris, que l’on exprime F ' A ' en fonction de f’ et OA , on
obtient :

( )
tan α ' = − i
(
R f ' + OA ) (EAIV_13)
f '2
Soit en remplaçant dans l’équation (EAIV_11) :
R
tan (α ) = 'i (EAIV_14)
f
On représente sur la figure (FIV_04) un schéma du plasma et de la lentille L1.

Figure (FAIV_04) : Schéma du plasma et de la lentille L1 pour la détermination de la


résolution spatiale.
2r
D’après la figure (FAIV_04), on peut voir que tan (α ) = . La résolution spatiale res que
Dp
l’on aura sera égale à 2r. On a ainsi :
Ri
res = Dp (EAIV_15)
f'

A.N :

Dans la configuration que l’on a jusqu’ici, AO=0.75m. La lentille a un diamètre de 5cm, en


supposant sur la figure (FAIV_04) que le plasma a un diamètre de 2mm, la résolution spatiale
de notre système sera :
OH 1 0.025
Res=D res = D p tan (α ) = D p = 0.002 * < 0.07 mm
AO 0.75

D’après l’équation (EAIV_15), un iris avec un diamètre de 1mm nous offre une résolution de
0.0028mm ce qui semble excessif et ne nous permet pas d’avoir suffisamment de lumière.
Une résolution de 0.01mm semble largement suffisante. Cela nous fait un diamètre d’iris égal
à 3.5mm.

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