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N° d’ordre : 2010-ISAL-0013

Année 2010

Thèse

Ébullition convective du dioxyde de


carbone – étude expérimentale en
micro-canal

Présentée devant
L’institut national des sciences appliquées de Lyon

Pour obtenir
Le grade de docteur

Formation doctorale
École doctorale : MEGA de Lyon
Spécialité : Thermique et Énergétique

Par
Maxime Ducoulombier
Ingénieur de l’Institut Catholique d’Arts et Métiers (ICAM) de Lille
Diplômé (M.Sc.A.) de l’École Polytechnique de Montréal

Soutenue le 17 février 2010 devant la Commission d’examen

Membres du Jury

Michel Gradeck Université UHP, Nancy I – LEMTA Rapporteur


Francis Meunier CNAM, Paris – IFFI Rapporteur
Hein Auracher Technische Universität Berlin Examinateur
Rémi Revellin INSA de Lyon – CETHIL Examinateur
Lounès Tadrist Polytech’Marseille – IUSTI Examinateur
Philippe Haberschill INSA de Lyon – CETHIL Directeur de thèse
Stéphane Colasson CEA de Grenoble – DTS/LETh Encadrant
Étienne Merlin ADEME, Paris – DPIA Invité

Directeur de thèse : Philippe Haberschill (Centre de Thermique de Lyon)

Thèse préparée au Laboratoire des Échangeurs Thermiques (LETh) du Commissariat à


l’Énergie Atomique (CEA) de Grenoble et cofinancée par l’Agence de l’Environnement et
de la Maîtrise de l’Énergie (ADEME).
« Tout employé tend à s'élever à son niveau d'incompétence. »
—PETER, L.J., HULL, R, The peter principle, 1969

-iii-
Remerciements

Je tiens à remercier du fond du coeur Philippe Haberschill, mon directeur de thèse, ainsi que Stéphane
Colasson, mon encadrant au CEA, pour la confiance qu’ils m’ont accordée. Ils ont su tous deux me
donner la liberté dont j’avais besoin pour mener à bien ce travail de thèse ; et cela m’a permis de faire
ma propre expérience. J’en tire un riche apprentissage, du point de vue scientifique bien sûr, mais
également du point de vue personnel. J’aimerais témoigner ma gratitude pour leur soutien parfois
précieux ; et je les remercie chaleureusement pour les nombreuses relectures attentives de ce mémoire
et pour leurs conseils avisés.

Toute ma reconnaissance va également au professeur Francis Meunier et à Michel Gradeck pour


l’intérêt qu’ils ont témoigné envers ce travail en acceptant d’en être les rapporteurs. Par ailleurs, je
veux remercier Hein Auracher, Lounès Tadrist, Rémi Revellin et Étienne Merlin pour la crédibilité
qu’ils confèrent au jury de cette thèse en apportant leurs compétences reconnues et leurs regards
critiques.

Au cours de ma thèse, l’expérience de la science ne fut pas qu’une pure lévitation des idées, ce fut
également une aventure et un défi technique avec ses moments de doute et de solitude, ses longues
traversées du désert, mais également ses moments de satisfaction et de joies immenses. J’aimerais
exprimer ma reconnaissance à ceux qui ont fait un bout de chemin à mes côtés.
Olivier Soriano, technicien multi instrumentiste, curieux et toujours prêt à relever les défis les
plus improbables. Il a su faire s’incarner mes voeux les plus invraisemblables. Sans ses réalisations
minutieuses rien n’aurait été possible.
Gérard Martin, grand chef d’orchestre et metteur en scène quand il s’agit d’organiser le ballet
des tuyauteurs, électriciens, calorifugeurs et autres prestataires autour des installations expérimentales
industrielles. Il a toujours su mobiliser, avec une énergie et une efficacité redoutable, les moyens
humains et techniques dont j’avais besoin pour ma boucle, parfois dans l’urgence.
Fabrice, éternel amoureux du travail bien fait. Je lui dois une fière chandelle pour ses
réalisations de tuyauterie et mécano-soudé, qu’ils l’ont fait suer à grosses gouttes. Qu’il m’en
pardonne !
Snoopy, fraiseur, tourneur, tuyauteur, soudeur, trouveur de solutions en tout genre, pour toutes
personnes, à tout moment. Pour ses dépannages express, je lui dis merci.

Toute ma gratitude va également à Florian Tingaud qui m’a prêté main forte lors d’une campagne
d’essais contraignante et pas toujours marrante. Dans les moments difficiles, son sourire m’a toujours
tiré vers le haut. Chapeau l’artiste !

-v-
Ébullition convective du dioxyde de carbone – étude expérimentale en
micro-canal

RÉSUMÉ—Les préoccupations relatives à la destruction de la couche d’ozone et au réchauffement


climatique ont suscitées un regain d’intérêt pour l’usage du dioxyde de carbone comme fluide
frigorigène. La présente étude a pour objectif de synthétiser l’état des connaissances sur l’ébullition
convective du CO2 mais aussi d’élargir l’investigation à des conditions nouvelles. Les données
d’échanges thermiques disponibles dans la littérature sont analysées en fonction du diamètre du canal
et de la température de saturation. Une réflexion est proposée sur les mécanismes physiques, y
compris les configurations d’écoulement, qui influencent les échanges thermiques et qui leur donnent
des caractéristiques particulières. La validité des méthodes de prédiction du coefficient d’échange
thermique et des pertes de pression est discutée pour le cas du CO2. Du point de vue expérimental, une
section d’essai a été mise au point pour étudier l’évaporation du CO2 dans un micro-canal de 0,529
mm de diamètre. Des mesures de pertes de pression et du coefficient d’échange thermique local ont
été obtenues principalement pour trois températures de saturation, -10 ; -5 et 0 °C, trois densités de
flux thermique, 10 ; 20 et 30 kW/m2, et pour des vitesses massiques comprises entre 200 et 1200
kg/m2.s. Les résultats des principales méthodes de prédiction sont comparés à nos mesures et de
nouvelles approches corrélatives sont proposées. L’évaporation convective (en opposition à
l’ébullition nucléée) semble jouer un rôle important dans les échanges thermiques. Par ailleurs, une
augmentation inattendue du titre de début d’assèchement avec la vitesse massique a été observée pour
une température de -10 °C.

Mots-clés : dioxyde de carbone – CO2 – ébullition convective – évaporation – expérimental – micro-


canal – pertes de pression – échanges thermiques.

Carbon dioxide flow boiling – experimental investigation in a microchannel

ABSTRACT—Environmental concerns regarding ozone depletion and global warming induced a


renewed interest in the use of carbon dioxide as a refrigerant. The aim of the present study is to do a
synthesis of the current knowledge on CO2 flow boiling. The purpose is also to extend the
experimental investigation to new conditions. Heat transfer data from the open literature have been
analysed depending on the channel diameter and the saturation temperature. A reflection is presented
on the physical phenomena, including flow patterns, playing a part in the heat transfer and leading to
specific behaviours. Regarding the available methods to predict the heat transfer coefficient and the
pressure drop, their adequacy is also discussed for the case of CO2. Concerning the experimental work,
a test section was set up so as to study the CO2 vaporisation in a single 0.529 mm tube. Local heat
transfer coefficient and pressure drop data were obtained mainly for three saturation temperatures, i.e.
-10; -5 and 0 °C, three heat fluxes, i.e. 10; 20 and 30 kW/m2, and for mass velocities ranging from 200
to 1200 kg/m2.s. Results from well know prediction methods are compared to our measurements, and
new correlative approaches are also suggested. It seems that convective vaporisation (as opposed to
nucleate boiling) represents an important contribution to the heat transfer. Moreover, an unexpected
increase of the dryout inception quality when the mass flux rises is observed for a temperature of
-10 °C.

Keywords: carbon dioxide – CO2 – flow boiling – vaporisation – experimental – microchannel –


pressure drop – heat transfer.

-vii-
Table des matières

Nomenclature xxi

Introduction 1

1 Contexte général de l’étude 7


1.1 Histoire des fluides frigorigènes .............................................................................................7
1.2 Place des fluides actifs naturels ..............................................................................................9
1.2.1 Réfrigération domestique ........................................................................................11
1.2.2 Réfrigération commerciale ......................................................................................11
1.2.3 Réfrigération industrielle.........................................................................................12
1.2.4 Climatisation mobile et stationnaire ........................................................................12
1.2.5 Pompe à chaleur ......................................................................................................13
1.3 Particularités des systèmes utilisant du dioxyde de carbone.................................................14
1.3.1 Propriétés thermophysiques.....................................................................................14
1.3.2 Efficacité..................................................................................................................15
1.4 Les composants dédiés au CO2 .............................................................................................16
1.5 Conclusion ............................................................................................................................19

2 Ébullition convective du dioxyde de carbone 23


2.1 Visualisations et cartes d’écoulement ...................................................................................24
2.1.1 Critères de confinement de l’écoulement ................................................................24
2.1.2 Configurations d’écoulement ..................................................................................25
2.1.3 Visualisations en micro-canaux...............................................................................29
2.1.4 Visualisations en macro-canaux ..............................................................................36
2.1.5 Conclusion...............................................................................................................39
2.2 Caractéristiques des échanges thermiques ............................................................................40
2.2.1 Macro-canaux à hautes températures ......................................................................40
2.2.2 Macro-canaux à basses températures ......................................................................45
2.2.3 Micro-canaux à hautes températures .......................................................................48
2.2.4 Conclusion...............................................................................................................54
2.3 Prédiction du coefficient d’échange thermique ....................................................................55
2.3.1 Macro-canaux à hautes températures ......................................................................55
2.3.2 Macro-canaux à basses températures ......................................................................57
2.3.3 Micro-canaux à hautes températures .......................................................................59
2.3.4 Conclusion...............................................................................................................63
2.4 Prédiction des pertes de pression ..........................................................................................64
2.4.1 Macro-canaux à hautes températures ......................................................................64
2.4.2 Macro-canaux à basses températures ......................................................................65
2.4.3 Micro-canaux à hautes températures .......................................................................66
2.4.4 Conclusion...............................................................................................................67
2.5 Assèchement .........................................................................................................................67
2.6 Transferts de chaleur post-assèchement................................................................................70
2.7 Perspectives ..........................................................................................................................71

-ix-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

Conception et caractérisation de la section d’essai 77


3.1 Quelques aspects techniques des études expérimentales portant sur les mini ou micro-
canaux ...................................................................................................................................77
3.1.1 Types de boucle.......................................................................................................77
3.1.2 Méthodes de chauffage des mini/micro-canaux ......................................................78
3.1.3 Mesure de la température ........................................................................................81
3.1.4 Isolation thermique..................................................................................................82
3.2 Cahier des charges et choix techniques pour la section d’essai ............................................83
3.3 Boucle expérimentale............................................................................................................85
3.4 Section d’essai ......................................................................................................................86
3.5 Evaluation des fuites thermiques ..........................................................................................94
3.5.1 Fuites de chaleur radiatives .....................................................................................94
3.5.2 Fuites de chaleur par conduction .............................................................................98
3.5.3 Bilan énergétique total...........................................................................................101
3.6 Conduction axiale ...............................................................................................................102
3.7 Essais préliminaires en phase liquide .................................................................................110
3.7.1 Pertes de pression monophasiques ........................................................................110
3.7.2 Échanges thermiques monophasiques ...................................................................111
3.8 Conclusion ..........................................................................................................................113

4 Pertes de pression 117


4.1 Dépouillement des mesures ................................................................................................117
4.2 Analyse préliminaire des résultats ......................................................................................118
4.2.1 Contribution des pertes de pression par accélération ............................................118
4.2.2 Pertes de pression par frottement...........................................................................120
4.3 Comparaison des résultats avec les méthodes usuelles de prédiction des pertes de pression
par frottement......................................................................................................................121
4.3.1 Modèles homogènes ..............................................................................................121
4.3.2 Méthodes dédiées aux macro-canaux ....................................................................125
4.3.3 Méthodes dédiées aux micro-canaux.....................................................................128
4.4 Étude corrélative .................................................................................................................131
4.4.1 Approche homogène..............................................................................................131
4.4.2 Approche de Lockhart-Martinelli..........................................................................133
4.4.3 Approche linéaire ..................................................................................................134
4.4.4 Approche phénoménologique................................................................................136
4.4.5 Comparaison des différentes méthodes envisagées...............................................140
4.5 Conclusion ..........................................................................................................................142

5 Échanges thermiques 147


5.1 Exploitation des mesures ....................................................................................................147
5.1.1 Longueur d’entrée liquide .....................................................................................147
5.1.2 Longueur diphasique .............................................................................................148
5.2 Analyse préliminaire des résultats d’évaluation du coefficient d’échange thermique........152
5.2.1 Influence de la vitesse massique............................................................................153
5.2.2 Influence de la température de saturation..............................................................156
5.2.3 Influence de la densité de flux thermique..............................................................157
5.3 Comparaison des résultats expérimentaux avec les principales méthodes de prédiction du
coefficient d’échange thermique.........................................................................................159
5.4 Étude corrélative des échanges thermiques ........................................................................166
5.4.1 Première approche : modification de méthodes existantes....................................166
5.4.2 Nouvelle approche.................................................................................................168
5.5 Titre critique .......................................................................................................................175
5.6 Conclusion ..........................................................................................................................179

Synthèse et perspectives 181

-x-
Table des matières

Annexes 187

A1 Récapitulatif des principaux modèles et corrélations spécifiques au CO 2 pour


la prédiction du coefficient d’échange thermique pré-assèchement 189
A1.1 Modèles et corrélations pour macro et micro-canaux .........................................................190
A1.1.1 Modèle phénomènologique de Thome et El Hajal [83].........................................190
A1.1.2 Modèle phénomènologique de Cheng et al. [55] [54,76]......................................191
A1.1.3 Corrélation de Katsuta et al. [118] ........................................................................192
A1.1.4 Corrélation de Wang et al. [113] ...........................................................................193
A1.2 Modèles et corrélations pour macro-canaux .......................................................................194
A1.2.1 Corrélation de Yoon et al. [80]..............................................................................194
A1.2.2 Modèle de Derevich et Smirnova [79] ..................................................................195
A1.3 Corrélations pour micro-canaux .........................................................................................195
A1.3.1 Corrélation de Hihara et Tanaka [59] ....................................................................195
A1.3.2 Corrélation de Yun et al. [98]................................................................................196
A1.3.3 Corrélation de Choi et al. [119].............................................................................196

A2 Récapitulatif des principaux modèles et corrélations spécifiques au CO 2 pour


la prédiction des pertes de pression 197
A2.1 Modèles et corrélations pour macro et micro-canaux .........................................................198
A2.1.1 Modèle phénomènologique de Cheng et al. [55]...................................................198
A2.1.2 Corrélation de Wang et al. [113] ...........................................................................198
A2.2 Corrélations pour macro-canaux.........................................................................................199
A2.2.1 Corrélation de Yoon et al. [80]..............................................................................199
A2.2.2 Corrélation de Katsuta et al. [118] ........................................................................199
A2.3 Corrélations pour micro-canaux .........................................................................................200
A2.3.1 Corrélation de Pamitran et al. [168] ......................................................................200
A2.3.2 Corrélation de Yamamoto et al. [56].....................................................................200

A3 Compléments techniques 201


A3.1 Détail des circuits secondaires de l’installation expérimentale...........................................202
A3.2 Détail de l’échangeur surchauffeur.....................................................................................203
A3.3 Détail de l’enceinte sous vide .............................................................................................204
A3.4 Détail du tube de visualisation............................................................................................205
A3.5 Détail des connecteurs d’électrodes....................................................................................206
A3.6 Description de l’armoire climatisée ....................................................................................207
A3.7 Vue d’ensemble de l’installation expérimentale.................................................................208
A3.8 Spécifications des instruments utilisés sur la section d’essai .............................................209

A4 Étalonnages et incertitudes 213


A4.1 Expression des incertitudes de mesurages ..........................................................................213
A4.2 Mesure de la température....................................................................................................213
A4.2.1 Etalonnage de la sonde à résistance platine (Pt100) du boîtier isotherme.............215
A4.2.2 Etalonnage des thermocouples de type T ..............................................................217
A4.3 Mesures géométriques ........................................................................................................221
A4.4 Mesure de pressions............................................................................................................222
A4.5 Mesure du débit ..................................................................................................................223
A4.6 Calcul du flux thermique apporté à la section de mesure ...................................................223
A4.7 Calcul de la densité de flux thermique dans la section de mesure ......................................224
A4.8 Calcul du titre......................................................................................................................225
A4.9 Calcul du coefficient d’échange thermique ........................................................................226

Références bibliographiques 229

-xi-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

-xii-
Liste des figures

Chapitre 1
Figure 1.1 : Influence de la haute pression sur l’efficacité du cycle [10].............................................. 15
Figure 1.2 : Production d’entropie pendant la détente isenthalpique. Comparaison entre le R-
134a (a) et le R-744 (b) dans des conditions similaires. ................................................... 17
Figure 1.3 : Représentation schématique des avantages pratiques du CO2 du point de vue des
échanges de chaleur. (a) : Surface d’échange infinie, source chaude infinie. (b) :
Surface d’échange finie, source chaude infinie. (c) : Surface d’échange finie,
source chaude finie. .......................................................................................................... 18
Figure 1.4 : Schéma simplifié d’un système à compression parallèle [33]. .......................................... 19

Chapitre 2
Figure 2.1 : Diamètre de transition entre macro et micro-canaux selon différents critères pour le
CO2. .................................................................................................................................. 25
Figure 2.2 : Régimes d’écoulement rencontrés dans les macro-canaux horizontaux............................ 26
Figure 2.3 : Configurations d’écoulement rencontrées dans les micro-canaux..................................... 26
Figure 2.4 : Carte de Kattan comparée à celle de Steiner (R-410A, Tsat=5 °C, D=13,84 mm).
D’après Wojtan et al. [53]................................................................................................. 28
Figure 2.5 : Carte de Wojtan (R-22, Tsat=5 °C, D=13,84 mm, G=100 kg/m2.s, q=2,1 kW/m2).
D’après Wojtan et al. [53]................................................................................................. 28
Figure 2.6 : Carte d’écoulements de Revellin et Thome (R-134a, D=0,5 mm, Tsat=30 °C,
q=50 kW/m2). D’après Revellin et Thome [46]................................................................ 28
Figure 2.7 : (a) Carte d’écoulement adiabatique à Tsat=25,4 °C, D=1mm. Lignes pleines : carte
de Cheng et al. [55]. Lignes pointillées : carte de Revellin et Thome [46]. (b)
Visualisations à G=300 kg/m2.s. D’après Ozawa et al. [45]............................................. 29
Figure 2.8 : (a) Carte d’écoulement adiabatique à Tsat=14,3 °C, D=1mm. Lignes pleines : carte
de Cheng et al. [55]. Lignes pointillées : carte de Revellin et Thome [46]. (b)
Visualisations à G=300 kg/m2.s. D’après Ozawa et al.[45].............................................. 30
Figure 2.9 : (a) Carte d’écoulement diabatique à Tsat=20 °C, q=13 kW/m2.s, D=0.98 mm. Lignes
pleines : carte de Kattan et al. [47]. Lignes pointillées : carte de Cheng et al. [55].
(b) Visualisations à G=250 kg/m2.s. D’après Pettersen [58]. ........................................... 30
Figure 2.10 : Comparaison de deux critères de début d’entraînement pour D=1 mm et G=300
kg/m2.s. ............................................................................................................................. 34
Figure 2.11 : (a) Carte d’écoulement adiabatique à Tsat=25,4 °C, D=2 mm. Lignes pleines : carte
de Cheng et al. [55]. Lignes pointillées : carte de Revellin et Thome [46]. (b)
Visualisations à G=300 kg/m2.s. D’après Ozawa et al. [45]............................................. 35
Figure 2.12 : (a) Carte d’écoulement diabatique à Tsat=23,3 °C, Dh=0,8 mm, q=1,8 kW/m2.
Lignes : carte de Thome et El Hajal [66]. (b) Visualisations à G=149 kg/m2.s.
D’après Gasche [65]. ........................................................................................................ 35
Figure 2.13 : Comparaison entre la carte d’écoulement théorique du CO2 (lignes pointillées :
Cheng et al. [55]) et celle du R-134a (lignes continues : Wojtan et al. [53]) ................... 37
Figure 2.14 : Carte d’écoulement à -15 °C pour un tube de 6 mm. Ligne continues : carte de
Wojtan et al. [53]. Lignes en pointillées : carte de Cheng et al. [55]. D’après Park et
Hrnjak [40]........................................................................................................................ 37
Figure 2.15 : Carte d’écoulement dans un tube micro-aileté de 8,62 mm à -10 °C. Ligne
continues : carte de Thome et El Hajal [66]. D’après Schael et Kind [73]....................... 38
Figure 2.16 : Influence de la vitesse massique sur le coefficient d’échange thermique (Tsat=5
°C). .................................................................................................................................... 41

-xiii-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

Figure 2.17 : Carte d’écoulement de Cheng et al. [55] (Tsat=5 °C). Ligne bleue : transition I/A
par Weisman [72].............................................................................................................. 41
Figure 2.18 : Influence de la température sur le coefficient d’échange thermique. D’après Yoon
et al. [80]. .......................................................................................................................... 44
Figure 2.19 : Influence de la température sur la carte d’écoulement de Cheng et al. [55] et de
Weisman [72] (lignes bleues). .......................................................................................... 44
Figure 2.20 : Influence de la vitesse massique sur le coefficient d’échange thermique (Tsat=10
°C). .................................................................................................................................... 45
Figure 2.21 : Influence du flux de chaleur sur le coefficient d’échange thermique. ............................. 45
Figure 2.22 : Composantes de la corrélation de Gungor et Winterton [89]. ......................................... 46
Figure 2.23 : Effet de la température sur le coefficient d’échange thermique. ..................................... 47
Figure 2.24 : Effet de la vitesse massique sur le coefficient d’échange thermique............................... 47
Figure 2.25 : Effet du flux de chaleur sur le coefficient d’échange thermique. .................................... 48
Figure 2.26 : Effet du diamètre sur le coefficient d’échange thermique. (a) : Tsat=-5 °C ; (b) :
Tsat=15 °C.......................................................................................................................... 49
Figure 2.27 : Effet du diamètre et du flux de chaleur sur le coefficient d’échange thermique.
Tsat=15 °C, G=360 kg/m2.s. D’après Hihara et Dang [86]................................................ 51
Figure 2.28 : Effet du diamètre sur le titre d’assèchement. Tsat=15 °C, q=18 kW/m2. D’après
Hihara et Dang [86]. ......................................................................................................... 51
Figure 2.29 : Effet du flux de chaleur sur le coefficient d’échange thermique. .................................... 52
Figure 2.30 : Effet du flux de chaleur sur le titre d’assèchement à vitesse massique élevée. (a)
D=2 mm ; (b) D=1 mm. .................................................................................................... 52
Figure 2.31 : Effet de la vitesse massique sur le coefficient d’échange thermique............................... 53
Figure 2.32 : Comparaison du modèle de Cheng et al. [76] à une base de données restreinte aux
macro-canaux à haute température. .................................................................................. 57
Figure 2.33 : Comparaison du modèle de Cheng et al. [76] à une base de données restreinte aux
macro-canaux à basse température. .................................................................................. 59
Figure 2.34 : Comparaison du modèle de Cheng et al. [76] à une base de données restreinte aux
micro-canaux à haute température. ................................................................................... 62

Chapitre 3
Figure 3.1 : Micro-canal refroidi par de l’eau employé dans l’étude de Matkovic et al. [200]............. 79
Figure 3.2 : Méthode de chauffe employée par Yan et Lin [201]. ........................................................ 80
Figure 3.3 : Section d’essai utilisée par Qu et Mudawar [203]. ............................................................ 80
Figure 3.4 : Méthode de chauffage employée par Bao et al. [205]. ...................................................... 80
Figure 3.5 : Méthode de collage des thermocouples utilisée par Saitoh et al. [195]. ............................ 81
Figure 3.6 : Section d’essai de Celata et al. [208] constituée d’un tube en verre sur lequel est
effectué un dépôt métallique. Trois thermocouples sont fixés sur la paroi
extérieure. ......................................................................................................................... 81
Figure 3.7 : Méthode de maintien des thermocouples utilisée par Consolini et Thome [212,213].
(a) Vue d’ensemble de la section d’essai (évaporateur). (b) Détail d’un
thermocouple. ................................................................................................................... 82
Figure 3.8 : Méthode d’isolation thermique d’un canal utilisée par Lin et al. [216]............................. 83
Figure 3.9 : Schéma de la boucle expérimentale. .................................................................................. 86
Figure 3.10 : Vanne de régulation équipée de son circuit de refroidissement....................................... 87
Figure 3.11 : Schéma de la section d’essai............................................................................................ 88
Figure 3.12 : Vue de la section de préchauffe avant (b) et après (b) la mise en place du tissu en
mylar aluminisé. ............................................................................................................... 88
Figure 3.13 : Section de visualisation. .................................................................................................. 89
Figure 3.14 : Vue des connecteurs d’électrodes (avant calorifugeage). ................................................ 90
Figure 3.15 : Détails de la section de mesure. (a) Electrode et prise de pression à la sortie de la
section de mesure. (b) Dessin en coupe d’une prise de pression. (c) Orifice pratiqué
dans le tube. ...................................................................................................................... 90
Figure 3.16 : Opération de collage d’un thermocouple. (a) Jonction initiale. (b) Jonction aplatie.
(c) Jonction collée sur le tube. .......................................................................................... 91
Figure 3.17 : Thermocouples collés sur la section de mesure. .............................................................. 91

-xiv-
Liste des figures

Figure 3.18 : Dimensions de la section de mesure et implantation des thermocouples. ....................... 92


Figure 3.19 : Modes de communication avec l’instrumentation déportée. ........................................... 93
Figure 3.20 : Schéma analogique de l’échange radiatif entre deux surfaces......................................... 94
Figure 3.21 : Echange radiatif entre deux surfaces cylindriques........................................................... 94
Figure 3.22 : Schéma analogique de l’échange thermique à travers un isolant conventionnel. ............ 95
Figure 3.23 : Fuites de chaleur entre l’environnement et la section de mesure dans l’hypothèse
d’une isolation thermique par le vide ou bien par un matériau de faible conductivité
thermique. ......................................................................................................................... 97
Figure 3.24 : Fuites de chaleur par rayonnement entre l’environnement et la section de
préchauffe. ........................................................................................................................ 98
Figure 3.25 : Principe du bilan thermique en présence de fuites thermiques. ....................................... 99
Figure 3.26 : Estimation des fuites thermiques dans la section de préchauffe. ..................................... 99
Figure 3.27 : Estimation des fuites thermiques à l’entrée de la section de mesure. ............................ 100
Figure 3.28 : Estimation des fuites thermiques à la sortie de la section de mesure............................. 101
Figure 3.29 : Principe du bilan thermique avec chauffage. ................................................................. 101
Figure 3.30 : Correction de la puissance apportée par effet Joule....................................................... 102
Figure 3.31 : Erreur sur le bilan énergétique....................................................................................... 103
Figure 3.32 : Représentation simplifiée de la section de mesure. ....................................................... 103
Figure 3.33 : Conservation de l’énergie dans un élément de volume pariétal du tube........................ 103
Figure 3.34 : Evolution de la température de paroi en fonction de la position dans le cas du CO2
liquide (α=3000 W/m2.K, qSM=10000 W/m2, G=500 kg/m2.s, TSM, e=-10 °C, Tsat=0
°C). .................................................................................................................................. 107
Figure 3.35 : Evolution de la densité de flux thermique en fonction de la position dans le cas du
CO2 liquide (α=3000 W/m2.K, qSM=10000 W/m2, G=500 kg/m2.s, TSM, e=-10 °C). ....... 108
Figure 3.36 : Evolution de la température de paroi en fonction de la position, dans le cas du CO2
diphasique (α=10000 W/m2.K, qSM=30000 W/m2, Tsat=-5 °C). ...................................... 109
Figure 3.37 : Evolution de la densité de flux thermique en fonction de la position, dans le cas du
CO2 diphasique (α=10000 W/m2.K, qSM=30000 W/m2, Tsat=-5 °C). .............................. 109
Figure 3.38 : Mesures du facteur de frottement en écoulement monophasique comparées à la
corrélation de Churchill [220]......................................................................................... 111
Figure 3.39 : Comparaison entre les coefficients d’échange thermique monophasiques mesurés
et leurs valeurs théoriques (Pr=2,22). ............................................................................. 113

Chapitre 4
Figure 4.1 : Influence du flux de chaleur sur la part des pertes de pression par accélération
(Tsat=-5 °C). (a) G=400 kg/m2.s ; (b) G=1200 kg/m2.s ................................................... 119
Figure 4.2 : Influence de la température de saturation sur la part des pertes de pression par
accélération en conditions adiabatiques. (a) G=400 kg/m2.s ; (b) G=1200 kg/m2.s ....... 119
Figure 4.3 : Effet de la vitesse massique sur les pertes de pression par frottement en conditions
adiabatiques (Tsat=-5 °C)................................................................................................. 120
Figure 4.4 : Effet de la température de saturation sur les pertes de pression par frottement en
conditions adiabatiques. (a) G=400 kg/m2.s ; (b) G=1200 kg/m2.s. ............................... 121
Figure 4.5 : Influence du flux de chaleur sur les pertes de pression par frottement. (a,A) T=-10
°C ; (b,B) T=-5 °C ; (c,C) T=0 °C ; (a,b,c) G=400 kg/m2.s ; (A,B,C) G=1200
kg/m2.s ............................................................................................................................ 122
Figure 4.6 : Écarts de prédiction de différents modèles homogènes en fonction de la vitesse
massique et de la température. (a) µtp=µl ; (b) Cicchitti et al. [228] ; (c) Beattie et
Whalley ; (d) Akers et al. [227]. ..................................................................................... 124
Figure 4.7 : Evolution des pertes de pression linéiques par frottement en fonction du titre prédite
par différents modèles homogènes à -5 °C. (a) G=200 kg/m2.s ; (b) G=1000
kg/m2.s. ........................................................................................................................... 125
Figure 4.8 : Écarts de prédiction en fonction de la vitesse massique et de la température de
saturation pour quelques corrélations usuelles dédiées aux macro-canaux. (a)
Müller-Steinhagen et Heck [160] ; (b) Friedel [155] ; (c) Chisholm [153] ; (d)
Lombardi et Carsana [167]. ............................................................................................ 127

-xv-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

Figure 4.9 : Variation des pertes de pression par frottement en fonction du titre pour quelques
corrélations usuelles dédiées aux macro-canaux à -5 °C. (a) G=200 kg/m2.s ; (b)
G=600 kg/m2.s ; (c) G=1000 kg/m2.s ; (d) G=1400 kg/m2.s........................................... 128
Figure 4.10 : Écarts de prédiction en fonction de la vitesse massique et de la température de
saturation pour quelques corrélations dédiées aux micro-canaux. (a) Zhang et
Webb [166] ; (b) Mishima et Hibiki [171] ; (c) Yamamoto et al. [56]. .......................... 130
Figure 4.11 : Variation des pertes de pression par frottement en fonction du titre pour quelques
corrélations dédiées aux micro-canaux à -5 °C. (a) G=200 kg/m2.s ; (b) G=1000
kg/m2.s. ........................................................................................................................... 131
Figure 4.12 : Facteur de frottement diphasique en fonction du nombre de Reynolds pour (a) - 10
°C et (b) 5 °C. ................................................................................................................. 132
Figure 4.13 : Viscosité du mélange diphasique en fonction du titre pour différentes températures
de saturation. (a) Tsat=-10 °C ; (b) Tsat=-5 °C ; (c) Tsat=0 °C ; (d) Tsat=5 °C................... 132
Figure 4.14 : Evolution du multiplicateur diphasique de frottement en fonction de la variable de
Lockhart-Martinelli pour les températures de (a) -10 °C et (b) 5 °C.............................. 134
Figure 4.15 : Evolution du titre au maximum des pertes de pression en fonction de la vitesse
massique pour plusieurs températures de saturation. (a) Tsat=-10 °C ; (b) Tsat=-5
°C ; (c) Tsat=0 °C ; (d) Tsat=5 °C. .................................................................................... 135
Figure 4.16 : Prédiction du titre au maximum des pertes de pression................................................. 136
Figure 4.17 : Représentation de l’écoulement intermittent. ................................................................ 137
Figure 4.18 : Écarts de prédiction en fonction de la vitesse massique et de la température de
saturation pour les différentes approches envisagées. (a) Approche homogène ; (b)
Approche de Lockhart-Martinelli ; (c) Approche linéaire ; (d) Approche
phénoménologique.......................................................................................................... 140
Figure 4.19 : Variation des pertes de pression par frottement en fonction du titre, à -5 °C, pour
les nouvelles méthodes envisagées. (a) G=200 kg/m2.s ; (b) G=600 kg/m2.s ; (c)
G=1000 kg/m2.s ; (d) G=1400 kg/m2.s. .......................................................................... 141

Chapitre 5
Figure 5.1 : Algorithme de calcul des pertes de pression et de la longueur de tube
correspondantes au CO2 circulant à l’état liquide........................................................... 148
Figure 5.2 : Hypothèses faites sur l’évolution des pertes de pression linéiques par frottement.......... 149
Figure 5.3 : Comparaison entre les pressions de saturation calculées par les approches linéaire
(droite noire) et non-linéaire (courbe rouge) (titre moyen : 0,35). ................................. 151
Figure 5.4 : Écart sur la température de saturation en fonction de la vitesse massique et de la
densité de flux thermique (x≈0,3). (a) Tsat=-10 °C ; (b) Tsat=0 °C.................................. 152
Figure 5.5 : Evolution du coefficient d’échange thermique en fonction du titre pour différentes
vitesses massiques. (a,b,c) qSM=10 kW/m2 ; (A,B,C) qSM=30 kW/m2 ; (a,A) Tsat=-10
°C ; (b,B) Tsat=-5 °C ; (c,C) Tsat=0 °C............................................................................. 154
Figure 5.6 : Evolution du coefficient d’échange thermique en fonction du titre pour différentes
températures de saturation. (a, A) G=1200 kg/m2.s ; (b,B) G=600 kg/m2.s ; (a, b)
qSM=10 kW/m2 ; (A, B) qSM=30 kW/m2.......................................................................... 156
Figure 5.7 : Evolution du coefficient d’échange thermique en fonction du titre pour différentes
densités de flux thermique. (a, b, c) G=400 kg/m2.s ; (A, B, C) G=800 kg/m2.s ; (a,
A) Tsat=-10 °C; (b, B) Tsat=-5 °C; (c, C) Tsat=0 °C.......................................................... 158
Figure 5.8 : Evolution du coefficient d’échange thermique prédit par différentes méthodes en
fonction du titre (Tsat=-10 °C ; G=600 kg/m2.s ; qSM= 20 kW/m2). ................................ 161
Figure 5.9 : Evolution des écarts de prédiction pour la méthode de Chen [82] (a) en fonction du
titre pour différentes vitesses massiques et (b) en fonction de la vitesse massique
pour différentes densités de flux thermique.................................................................... 161
Figure 5.10 : Evolution des écarts de prédiction moyens en fonction du titre pour différentes
vitesses massiques et pour les méthodes (a) de Jung et al. [111], (b) de Cheng et al.
[76], (c) de Kandlikar et Steinke [132], et (d) de Hihara et Tanaka [59]........................ 163
Figure 5.11 : Evolution des écarts de prédiction en fonction du titre pour différentes vitesses
massiques et pour deux versions modifiées de la méthode de Hihara et Tanaka [59].... 167

-xvi-
Liste des figures

Figure 5.12 : Evolution du facteur d’intensification diphasique en fonction de 1/Xtt pour


différentes densités de flux thermique. (a) Tsat=-10 °C, G=1200 kg/m2.s ; (b) Tsat=0
°C, G=400 kg/m2.s. ......................................................................................................... 168
Figure 5.13 : Evolution du facteur d’intensification diphasique en fonction de 1/Xtt pour
différentes vitesses massiques (Tsat=-10 °C). (a) qSM=10 kW/m2 ; (b) qSM=20
kW/m2. ............................................................................................................................ 169
Figure 5.14 : Carte montrant le régime d’écoulement présumé dominant en fonction du nombre
d’ébullition...................................................................................................................... 171
Figure 5.15 : Evolution du facteur d’intensification diphasique en fonction de 1/Xtt selon le
régime de la phase liquide (Bo<1,1×10-4)....................................................................... 171
Figure 5.16 : Effet de la vitesse massique (a) et de la densité de flux thermique (b) sur la
prédiction du coefficient d’échange thermique............................................................... 174
Figure 5.17 : Evolution du coefficient d’échange thermique mesuré en fonction du titre et
prédiction associée en fonction du régime d’écoulement présumé (Tsat=-10 °C,
G=800 kg/m2.s, qSM=30 kW/m2)..................................................................................... 174
Figure 5.18 : Écarts de prédiction de la méthode proposée en fonction du titre pour différentes
vitesses massiques (a) et densités de flux thermique (b). ............................................... 175
Figure 5.19 : Comparaison entre les coefficients d’échange thermique mesurés et prédits par la
méthode proposée. .......................................................................................................... 175
Figure 5.20 : Effet de la vitesse massique sur le titre d’assèchement pour différentes densités de
flux thermique. (a) Tsat=-10 °C ; (b) Tsat=-5 °C ; (c) Tsat=0 °C. ...................................... 177
Figure 5.21 : Epaisseur de film critique en fonction du titre d’assèchement pour différentes
densités de flux thermique. (a) Tsat=-10 °C ; (b) Tsat=-5 °C ; (c) Tsat=0 °C..................... 177
Figure 5.22 : Effet de la vitesse massique sur le titre d’assèchement pour différentes
températures de saturation (qSM=10 kW/m2). ................................................................. 178
Figure 5.23 : Effet de la longueur chauffée sur l’assèchement (Tsat=-10 °C ; G=1200 kg/m2.s ;
qSM=30 kW/m2)............................................................................................................... 178

Annexe 3
Figure A3.1 : Schéma général de l’installation expérimentale comprenant les circuits
secondaires et montrant l’instrumentation de contrôle. .................................................. 202
Figure A3.2 : Dessin de l’échangeur de chaleur utilisé comme surchauffeur. .................................... 203
Figure A3.3 : Schéma d’implantation des passages étanches dans la boite en plexiglass................... 204
Figure A3.4 : Dessin du tube en verre................................................................................................. 205
Figure A3.5 : Dessin des connecteurs d’électrodes............................................................................. 206
Figure A3.6 : Schéma de l’armoire climatisée. ................................................................................... 207
Figure A3.7 : Vue d’ensemble de l’installation expérimentale. .......................................................... 208

Annexe 4
Figure A4.1 : Boîtier de jonction isotherme........................................................................................ 214
Figure A4.2 : Incertitude due à la régression opérée sur les données d'étalonnage du
thermomètre de référence. .............................................................................................. 214
Figure A4.3 : Résistance à 0,01 °C de la sonde platine du boîtier isotherme...................................... 215
Figure A4.4 : Loi d'écart de la sonde à résistance platine du boîtier isotherme. ................................. 216
Figure A4.5 : Incertitude liée à la régression appliquée aux données d'étalonnage de la sonde
Pt100. .............................................................................................................................. 216
Figure A4.6 : Incertitude de la moyenne des températures observées pour chaque point
d’étalonnage de la sonde platine..................................................................................... 217
Figure A4.7 : Schéma illustrant la procédure de calcul de l'écart de f.é.m. des thermocouples par
rapport à la fonction de référence. .................................................................................. 219
Figure A4.8 : Loi d'écart d’un thermocouple typique. ........................................................................ 219
Figure A4.9 : Incertitude liée à la régression appliquée aux données d'étalonnage des
thermocouples (illustration pour le thermocouple n°1). ................................................. 220
Figure A4.10 : Incertitude de la moyenne des températures observées pour chaque point
d’étalonnage des thermocouples. .................................................................................... 220

-xvii-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

Figure A4.11 : Vue en coupe d’un échantillon du tube de la section de mesure, prise avec un
MEB (a) et avec un microscope optique (b). .................................................................. 221
Figure A4.12 : Incertitude sur la température de saturation. ............................................................... 222
Figure A4.13 : Incertitude sur la différence de pression dans la gamme 0...150 mbar. ...................... 222
Figure A4.14 : Incertitude sur la différence de pression dans la gamme 150...1500 mbar. ................ 222
Figure A4.15 : Incertitude sur le débit massique dans la section d'essai............................................. 223
Figure A4.16 : Incertitude sur la détermination de la vitesse massique. ............................................. 223
Figure A4.17 : Incertitude sur la chaleur apportée au niveau de la section de mesure. ...................... 224
Figure A4.18 : Incertitude sur l'estimation de la densité de flux thermique........................................ 224

-xviii-
Liste des tableaux

Chapitre 1
Tableau 1.1 : Caractéristiques de quelques fluides frigorigènes importants. ........................................ 10

Chapitre 2
Tableau 2.1 : Liste des principales études portant sur la visualisation d’écoulements.......................... 40
Tableau 2.2 : Base de données relative aux macro-canaux à haute température................................... 57
Tableau 2.3 : Base de données relative aux macro-canaux à basse température................................... 59
Tableau 2.4 : Modèles par parties pour la prédiction du coefficient d’échange thermique................... 61
Tableau 2.5 : Base de données relative aux micro-canaux à haute température. .................................. 62
Tableau 2.6 : Prédiction du titre d’assèchement.................................................................................... 70
Tableau 2.7 : Liste des études portant sur l’ébullition convective du CO2 en macro-canaux à
haute température.............................................................................................................. 72
Tableau 2.8 : Liste des études portant sur l’ébullition convective du CO2 en macro-canaux à
basse température.............................................................................................................. 73
Tableau 2.9 : Liste des études portant sur l’ébullition convective du CO2 en micro-canaux à
haute température.............................................................................................................. 74

Chapitre 3
Tableau 3.1 : Coefficients de Morgan pour la convection naturelle autour d’un cylindre
horizontal. ......................................................................................................................... 96
Tableau 3.2 : Conditions de pression et de température pour les essais de pertes de pression
monophasiques. .............................................................................................................. 110
Tableau 3.3 : Températures et pressions du CO2 lors des essais d’échanges thermiques
monophasiques. .............................................................................................................. 111

Chapitre 4
Tableau 4.1 : Grille d’essais pour les pertes de pression en condition adiabatique............................. 118
Tableau 4.2 : Viscosité du mélange diphasique utilisée dans les modèles homogènes....................... 123
Tableau 4.3 : Écarts des principales méthodes de prédiction des pertes de pression selon
l’approche homogène...................................................................................................... 124
Tableau 4.4 : Écarts de quelques méthodes usuelles de prédiction des pertes de pression pour
macro-canaux.................................................................................................................. 126
Tableau 4.5 : Écarts de quelques méthodes de prédiction des pertes de pression dédiées aux
micro-canaux. ................................................................................................................. 129
Tableau 4.6 : Écarts de prédiction des différentes méthodes envisagées. ........................................... 140

Chapitre 5
Tableau 5.1 : Grille d’essais pour l’évaluation des échanges thermiques. .......................................... 153
Tableau 5.2 : Écarts de prédiction moyens des principales méthodes de détermination du
coefficient d’échange thermique..................................................................................... 160
Tableau 5.3 : Écarts de prédiction moyens des méthodes modifiées. ................................................. 167
Tableau 5.4 : Écart entre les prédictions des corrélations caractéristiques de l’ébullition nucléée
et les mesures obtenues pour des titres faibles (x<0,1)................................................... 173

-xix-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

Annexe 4
Tableau A4.1 : Calcul de l'incertitude d'étalonnage de la sonde à résistance de platine du boîtier
isotherme......................................................................................................................... 217
Tableau A4.2 : Calcul de l'incertitude d'étalonnage des thermocouples de type T. ............................ 220
Tableau A4.3 : Calcul de l'incertitude de mesure des thermocouples de type T................................. 220
Tableau A4.4 : Résumé des mesures des diamètres intérieur et extérieur du tube capillaire.............. 221
Tableau A4.5 : Incertitude étendue (k=2) sur l'évaluation du titre dans différentes conditions.......... 226
Tableau A4.6 : Incertitude élargie relative (k=2) sur le coefficient d'échange thermique (%). .......... 227

-xx-
Nomenclature

Caractères latins

Symbole Définition Unité

A Section de passage m2
C Constante de Chisholm -
Cp Capacité thermique massique J.kg-1.K-1
db Diamètre de bulle m
D Diamètre m
Dh Diamètre hydraulique m
f Facteur de frottement (Fanning) -
F Facteur d’intensification de l’évaporation convective -
F Facteur de forme -
g Accélération de la pesanteur m.s-2
G Vitesse massique kg.m-2.s-1
h Enthalpie massique J.kg-1
hlv Chaleur latente de vaporisation J.kg-1
I Intensité A
j Vitesse superficielle (cf. autres définitions) m.s-1
J Radiosité W.m-2
k Rugosité moyenne arithmétique (Ra) m
L Longueur m
m Débit massique kg.s-1
M Emittance W.m-2
M Masse molaire g.mol-1
Nt Nombre de bouchons de liquide par unité de longueur m-1
p Périmètre mouillé m
pr Pression réduite -
P Pression Pa
q Densité de flux thermique W.m-2
Q Flux thermique W
Qv Capacité frigorifique volumique J.m-3
r Rayon m
S Facteur de suppression de l’ébullition nucléée -
S Surface d’échange thermique m2
T Température K
u Vitesse dans la direction axiale m.s-1
U Tension V
x Titre massique en vapeur à l’équilibre thermodynamique -
y Position dans la direction radiale m
z Position dans la direction axiale m

-xxi-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

Annexe A4
E Force électro-motrice V
Er Force électro-motrice de référence V
k Facteur d’élargissement -
n Nombre d’observations indépendantes -
TPt100 Température du boîtier isotherme K
Tref Température de référence (sonde de référence) K
u Incertitude-type ?
uc Incertitude-type composée ?
U Incertitude élargie ?
W Résistance réduite -
Wr Résistance réduite de référence -

Caractères grecs

Symbole Définition Unité

α Coefficient d’échange thermique W.m-2.K-1


α0 Coefficient d’échange thermique de référence W.m-2.K-1
β Coefficient de dilatation volumique K-1
β Taux de vide homogène (cf. autres définitions) -
δ Epaisseur du film liquide m
ε Emissivité hémisphérique totale -
ε Taux de vide -
ς 20 Proportion des mesures prédites à 20 % près -
θ Angle ou angle de contact °
λ Conductivité thermique W.m-1.K-1
µ Viscosité dynamique Pa.s
ξ Ecart relatif (cf. autres définitions) -
ρ Masse volumique (densité) kg.m -3

ρ Réflectivité -
σ Constante de Stefan-Boltzmann (5,67.10-8 W/m2.K4) -2
W.m .K -4

σ Tension de surface N.m-1


τ Contrainte tangentielle Pa
φ Multiplicateur de frottement diphasique (cf. autres définitions) -

Indices

Symbole Définition

1 relatif à l’électrode d’entrée de la section de mesure


2 relatif à l’électrode de sortie de la section de mesure
a par accélération
amb ambiant
A relatif à l’écoulement annulaire
bubble relatif à une bulle confinée
B relatif à l’écoulement à bulles
c du cœur de l’écoulement
cb par évaporation convective

-xxii-
Nomenclature

cl selon l’axe central de l’écoulement


cond par conduction
conv par convection
crit critique (relatif au point critique ou à l’assèchement)
cv convectif
CB relatif à l’écoulement à bulles coalescentes
di de début d’assèchement
dry sec
DP entre les deux prises de pression de la section de mesure
e extérieur ou à l’entrée
eb dû à l’ébullition
f par frottement
fuites relatif aux fuites de chaleur par conduction
g relatif à la solution générale
i intérieur ou à l’interface
I relatif à l’écoulement intermittent
IB relatif à l’écoulement à bulles isolées
l de la phase liquide
lf du film de liquide
lo de la phase liquide circulant au débit total
Liq à l’état de liquide saturé (x=0)
m homogène
max au point maximal
nb par ébullition nucléée
npb par ébullition nucléée libre
p de la paroi ou relatif à la solution particulière
PC relatif à la section de préchauffe
PP1 relatif à la prise de pression d’entrée de la section de mesure
PP2 relatif à la prise de pression de sortie de la section de mesure
q chauffé
s à la sortie
sat de saturation
slug relatif à un bouchon de liquide
S relatif à l’écoulement stratifié
SM relatif à la section de mesure
SW relatif à l’écoulement stratifié à vagues
t relatif à la transition entre macro- et micro-échelle ou entre bulles et bouchons
th d’établissement thermique
tp de l’écoulement (du mélange) diphasique
v de la phase vapeur
vo de la phase vapeur circulant au débit total
w à la paroi
wet mouillé

Nombres adimensionnels

Définition Nom

Bd = Co −2 Nombre de Bond
q
Bo = Nombre d’ébullition
G hlv
σ
Co = Nombre de confinement
D g (ρ l − ρ v )
2
h

-xxiii-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

0 ,8 0,5
⎛1− x ⎞ ⎛ ρv ⎞
Cv = ⎜ ⎟ ⎜⎜ ⎟⎟ Nombre de convection
⎝ x ⎠ ⎝ ρl ⎠
G2
Frvo , Mori = Nombre de Froude de la vapeur selon Mori
ρ v (ρ l − ρ v ) g Dh
ρ 2 gβ ∆T L3
Gr = Nombre de Grashof (température de paroi homogène)
µ2
µl
Nµ = 1/ 2
Nombre de viscosité
⎛ σ ⎞
⎜ ρ lσ ⎟

⎝ g ( ρ l − ρ v ) ⎟

α Dh
Nu = Nombre de Nusselt
λ
µ Cp
Pr = Nombre de Prandtl
λ
Ra = Pr Gr Nombre de Rayleigh
4 G (1 − x )δ
Reδ = Nombre de Reynolds du film liquide (écoulement annulaire)
µ l (1 − ε )
G (1 − x ) Dh
Rel = Nombre de Reynolds de la phase liquide circulant seule
µl
G Dh
Relo = Nombre de Reynolds de l’écoulement pris entièrement liquide
µl
G Dh
Retp = Nombre de Reynolds diphasique (modèle homogène)
µ tp
Retp = Rel F 1, 25 Nombre de Reynolds diphasique (méthode de Chen, 1966)
G x Dh
Rev = Nombre de Reynolds de la phase vapeur circulant seule
µv
G 2 (1 − x ) Dh
2

Wel = Nombre de Weber de la phase liquide circulant seule


ρl σ
G 2 Dh
Welo = Nombre de Weber de l’écoulement pris entièrement liquide
ρl σ
G 2 x 2 Dh
Wev = Nombre de Weber de la phase vapeur circulant seule
ρv σ
G 2 Dh
Wevo = Nombre de Weber de l’écoulement pris entièrement gazeux
ρv σ

-xxiv-
Nomenclature

Autres définitions

Définition Nom Unité

j = jv + jl Vitesse superficielle de l’écoulement diphasique m.s-1


Gx Vitesse superficielle de la vapeur
jv = m.s-1
ρv (vitesse de la vapeur circulant seule)
G (1 − x ) Vitesse superficielle du liquide
jl = m.s-1
ρl (vitesse du liquide circulant seul)
(dPdz )l
X = Paramètre de Lockhart-Martinelli -
(dPdz )v
0,9 0,5 0 ,1
⎛1− x ⎞ ⎛ ρv ⎞ ⎛ µl ⎞ Paramètre de Lockhart-Martinelli dans le cas où
X tt = ⎜ ⎟ ⎜⎜ ⎟⎟ ⎜⎜ ⎟⎟ -
les deux phases sont turbulentes
⎝ x ⎠ ⎝ ρl ⎠ ⎝ µv ⎠
(dPdz )vo
Y= Paramètre de Chisholm (1973) -
(dPdz )lo
−1
⎛ ⎛ ρ ⎞⎛ 1 − x ⎞ ⎞
β = ⎜⎜1 + ⎜⎜ v ⎟⎟⎜ ⎟ ⎟⎟ Taux de vide homogène -
⎝ ⎝ ρ l ⎠⎝ x ⎠ ⎠
1 N
ξ = ∑ξ Ecart relatif moyen -
N 1
1 N
ξ = ∑ξ Moyenne des valeurs absolues des écarts relatifs -
N 1
(dPdz ) f Multiplicateur diphasique de frottement basé sur le
φl2 = -
(dPdz )l liquide circulant seul
(dPdz ) f Multiplicateur diphasique de frottement basé sur le
φlo2 = -
(dPdz )lo liquide circulant au débit total

-xxv-
Introduction

Afin de répondre aux problèmes du réchauffement climatique et de l’épuisement des énergies fossiles
l’efficacité énergétique et la réduction des émissions directes de gaz à effet de serre font
indéniablement partie des solutions. Ainsi, dans le cadre du protocole de Kyoto entré en vigueur en
2005, l’Union Européenne et le Japon se sont engagés à réduire d’ici 2012 leurs émissions de gaz à
effet de serre respectivement de 8 % et 6 % par rapport au niveau de 1990. Néanmoins, l’effort à
fournir sur le long terme est beaucoup plus important. Par exemple, la France doit diviser ses
émissions par quatre d’ici 2050 (loi de juillet 2005) afin de restreindre l’augmentation moyenne des
températures planétaires à 2 ou 3 K.

Le bon usage des systèmes à compression mécanique de vapeurs est l’un des enjeux dans la poursuite
du développement durable. Popularisés au cours du xxe siècle, ces systèmes font désormais partie de
notre quotidien et ont une place stratégique dans de nombreux secteurs d’activités. Ils sont par
exemple utilisés pour produire le froid nécessaire à la conservation de nos aliments (réfrigération
domestique, commerciale ou industrielle) ou bien pour assurer notre confort (climatisation mobile ou
fixe). Ils servent également à produire de la chaleur (pompe à chaleur). Or, ils ont un double impact
environnemental que sont, d’une part, les émissions indirectes de gaz à effet de serre attribuées à leur
consommation énergétique et, d’autre part, les émissions directes dues aux fuites de fluide frigorigène.
En effet, les fluides frigorigènes de type synthétique (fluides halogénés), introduits dans les années
1930 et largement répandus depuis, ne sont pas anodins pour l’environnement. La première génération
de ces fluides (fluides chlorés) s’est avérée destructrice pour la couche d’ozone, d’où son éradication
progressive et l’apparition dans les années 1990 de fluides synthétiques de seconde génération (fluides
hydrogénés) non-destructeurs de la couche d’ozone. Ces fluides de seconde génération n’en restent pas
moins de puissants gaz à effet de serre dont l’impact est au moins 1300 fois plus élevé que celui du
CO2 et qui sont, en conséquence, recensés par le protocole de Kyoto de 1997 et plus récemment par la
directive européenne de 2006 sur les gaz fluorés.

Les secteurs de la climatisation automobile et de la réfrigération commerciale sont les deux plus gros
émetteurs de fluide frigorigène en équivalent CO2 [1]. En effet, le taux de fuite annuel des systèmes de
climatisation automobile est de l’ordre de 10 à 15 % [2]. Cela s’explique par les contraintes
d’implantation sous capot, nécessitant l’emploi d’éléments de liaison flexibles, poreux et non
perméables, et l’utilisation de compresseurs ouverts (entraînés par le moteur thermique) comportant un
joint tournant. Or, la climatisation automobile s’est largement démocratisée ; le taux d’équipement des
véhicules neufs dépasse 70 % en Europe. Par ailleurs, dans les supermarchés, les fuites fugitives sont
encore plus problématiques et représentent annuellement 15 à 30 % de la charge initiale [3] car,
traditionnellement, le fluide frigorigène lui-même est distribué dans les différents comptoirs réfrigérés
(détente directe). Ainsi, il circule dans un réseau étendu de tubes comportant de nombreux raccords
présentant autant de risques de fuite.

Du point de vue de l’efficacité énergétique, les supermarchés sont également une cible de choix où
porter les efforts. Ils représentent en effet de 3 à 5 % de la consommation d’électricité totale dans les
pays industrialisés. Les pompes à chaleur ont également un rôle à jouer dans le secteur résidentiel et
tertiaire qui, en France, est le premier consommateur d’énergie [4]. Elles permettent en effet
d’améliorer l’efficacité énergétique des systèmes de chauffage centraux (chauffage et eau chaude
sanitaire) fonctionnant principalement au gaz et à l’électricité.

Dans tous ces domaines, l’usage du dioxyde de carbone représente une alternative de choix. Tout
d’abord comme fluide actif pour la climatisation automobile puisqu’il est non toxique, non
inflammable et permet la conception de systèmes compacts. Ensuite pour les systèmes de réfrigération
des supermarchés où il peut avantageusement remplacer les fluides frigorigènes synthétiques dans les

-1-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

cycles à basse température, ou être utilisé comme fluide frigoporteur secondaire afin de confiner les
systèmes conventionnels dans un espace limité. Finalement, il représente une solution particulièrement
efficace pour la production d’eau chaude sanitaire s’il est utilisé dans un dispositif de pompe à chaleur.

Alors que les fluides frigorigènes synthétiques ont été optimisés du point de vue thermodynamique, le
CO2 n’est pas, à cet égard, le fluide idéal ; il souffre d’une température critique relativement basse
(31,1 °C) qui le pénalise lors du processus de détente dans le cycle thermodynamique. La limite
théorique d’efficacité du CO2 réduirait en partie les bénéfices de son faible pouvoir de réchauffement
climatique direct s’il n’avait, en contrepartie, d’excellentes propriétés thermophysiques qui permettent
de développer des composants efficaces comme les compresseurs et les échangeurs de chaleur.
Néanmoins, si les fluides frigorigènes synthétiques bénéficient d’une technologie déjà mature, le CO2
a besoin de composants nouveaux, adaptés à ses spécificités (comme sa pression de fonctionnement
élevée) et qui permettent de tirer partie du potentiel qu’il offre. Nous croyons que ces efforts de
développement sont nécessaires et se font au service d’une solution durable. En effet, le dioxyde de
carbone, comme d’autres fluides naturels (hydrocarbures, ammoniac), offre à long terme une garantie
de sûreté pour l’environnement, contrairement aux fluides synthétiques dont l’interaction avec les
constituants de l’atmosphère et les produits de décomposition éventuels peuvent encore réserver des
surprises. Par ailleurs, en tant que sous-produit de l’industrie chimique, le CO2 a un coût réduit et
l’énergie nécessaire à sa production est faible [5].

Considérant qu’il est nécessaire de développer des composants spécialement dédiés au dioxyde de
carbone, le présent travail de thèse s’intéresse à un élément spécifique du système à compression de
vapeurs : l’évaporateur, à travers lequel le CO2 s’évapore en absorbant de la chaleur. L’étude porte en
particulier sur l’ébullition convective du CO2 ; elle a pour but de synthétiser et d’exposer l’état de la
connaissance actuelle sur ce sujet mais aussi d’élargir le champ des investigations. Ce mémoire peut
donc être une base sur laquelle s’appuyer pour dimensionner un évaporateur en tirant profit des
particularités du dioxyde de carbone. Le document comprend deux grandes parties ; l’une concerne
l’étude bibliographique (chapitres 1 et 2) et l’autre est relative à l’étude expérimentale (chapitres 3, 4
et 5).

Le premier chapitre a pour but de replacer l’usage de CO2 comme fluide actif dans une perspective
historique. Dans le contexte actuel, il permet de préciser le rôle que peuvent jouer les fluides naturels
dans diverses applications. Le lecteur trouvera également un bref exposé des particularités inhérentes
aux systèmes à compression de vapeurs utilisant du CO2. On comprendra ainsi pourquoi ce fluide se
prête bien aux divers usages évoqués plus haut.

L’évaporateur est un composant essentiel dont l’optimisation est primordiale. Or, dans un évaporateur,
les conditions d’utilisation du CO2 peuvent être très différentes ; elles varient selon l’application. Alors
que dans les systèmes de climatisation automobile le CO2 s’évapore à des températures positives (de 5
à 20 °C) et circule dans des échangeurs compacts formés de tubes multi-canaux ayant un diamètre
inférieur au millimètre ; en revanche dans les systèmes de réfrigération commerciale basse
température le CO2 circule dans des tubes uniques (simple canal) de plusieurs millimètres de diamètre
et s’évapore à des températures aussi faibles que -40 °C.

Le deuxième chapitre vise à caractériser les échanges thermiques en fonction de la gamme de


température de saturation et des dimensions des canaux. A partir des résultats expérimentaux
disponibles dans la littérature, nous cherchons à identifier, sur la base d’hypothèses physiques,
l’importance des différents mécanismes participant aux transferts de chaleur (ébullition nucléée,
évaporation convection), et les causes de leur détérioration. Cette réflexion s’appuie sur les
configurations d’écoulement diphasique observées ou supposées. Le chapitre a également pour but de
déterminer les méthodes a priori les plus adaptées pour prédire le coefficient d’échange thermique et
les pertes de pression.

Le recensement des données disponibles dans la littérature [6] montre que très peu d’essais concernant
l’évaporation du CO2 dans des canaux de petites dimensions ont été réalisés pour des températures
négatives. Même si, dans l’état actuel des technologies, cette gamme de températures ne correspond à

-2-
Introduction

aucune application précise pour les échangeurs compacts, de futurs usages sont envisageables ; par
exemple pour les évaporateurs de pompe à chaleur. En effet, les canaux de petite dimension
améliorent l’efficacité du transfert thermique et le dioxyde de carbone s’y prête du fait de ses pertes de
pression réduites comparées à celles des fluides frigorigènes conventionnels. L’étude expérimentale a
donc pour but d’élargir le champ des connaissances relatives à l’ébullition convective du CO2 au cas
d’un tube de diamètre 0,5 mm et pour des températures négatives. Du point de vue théorique, il s’agit
d’investiguer l’influence du confinement de l’écoulement sur les pertes de pression et sur le coefficient
d’échange thermique. Trois chapitres de ce mémoire sont ainsi consacrés au travail expérimental.

Le troisième chapitre expose la démarche de conception, de réalisation et de validation de l’outil


expérimental. On y fait état des contraintes puis des solutions employées pour l’instrumentation.

Le quatrième chapitre est consacré à l’analyse des mesures des pertes de pression. L’influence de la
température de saturation et de la vitesse massique y est décrite. On cherche ensuite à déterminer
quelles méthodes de prédiction sont les plus adaptées et dans quelle mesure ces approches peuvent être
améliorées sur la base de nos mesures.

Le cinquième chapitre rapporte les résultats relatifs aux échanges thermiques. On y montre l’influence
de la température de saturation, de la vitesse massique et de la densité de flux thermique sur le
coefficient d’échanges thermiques et sur le titre de début d’assèchement. On cherche également à
déterminer quelles méthodes de prédiction du coefficient d’échange thermique sont les plus
prometteuses et dans quelle mesure elles peuvent représenter les différents mécanismes de transfert
thermique en jeux.

-3-
1
Contexte général de
l’étude
Histoire des fluides frigorigènes :
renaissance des fluides actifs naturels et
particularités du CO2 .

-5-
Chapitre 1
Contexte général de l’étude

1.1 Histoire des fluides frigorigènes


L’utilisation de la glace naturelle est la première forme de réfrigération. Elle naît de la nécessité de
conserver les denrées périssables et remonte, sans doute, à l’époque où les Mésopotamiens
conservaient la viande dans des fosses remplies de glace. L’exploitation du froid naturel a pu se faire
de différentes façons : en transportant la glace en provenance de régions froides sur de longues
distances, ou en stockant dans des glacières la glace produite de façon discontinue pendant l’hiver. En
Europe, l’exploitation des blocs de glace naturels en provenance des montagnes prend un caractère
commercial à partir du XVIIe siècle et s’industrialise au XIXe siècle. Elle perdure jusqu’au début du XXe
siècle.

C’est pendant le XIXe siècle que se dessine la production « artificielle » de froid telle que nous la
connaissons aujourd’hui. La première tentative date vraisemblablement de 1755 lorsque William
Cullen, à Glasgow, évapore de l’eau à basse pression dans un cycle ouvert. Mais c’est en 1805 que le
concept de cycle fermé utilisant un fluide volatil est pour la première fois évoqué par Oliver Evans [7],
puis véritablement mis en œuvre en 1834 par Jacob Perkins [8]. Ce dernier invente une machine à
compression de vapeurs utilisant l’éther diéthylique comme fluide frigorigène. Or ce fluide est
dangereux car il est anesthésiant et inflammable, et à l’époque de Perkins la technologie des
compresseurs ne permet pas encore d’utiliser des fluides comme l’ammoniac (NH3), le dioxyde de
soufre (SO2) ou bien le dioxyde de carbone (CO2) qui apparaîtront plus tard. Des systèmes différents
sont utilisés à cette époque avec des fluides frigorigènes plus abordables et moins dangereux : l’air
dans des machines à cycle de Brayton ; l’eau par évaporation à faible pression ; ou bien le couple
eau/ammoniac dans des machines à absorption. Par ailleurs, l'idée d'utiliser le principe
thermodynamique de pompage de la chaleur non plus pour produire du froid utile mais de la chaleur
utile a été pour la première fois mise en oeuvre en 1855 par Peter von Ritter dans la saline de Ebensee
en Autriche. Sa pompe à chaleur est un système à cycle ouvert à recompression mécanique de la
vapeur (RMV) qui utilise l'énergie hydraulique.

Le cycle à compression de vapeurs voit une réelle émergence pendant la seconde moitié du XIXe siècle
grâce aux avancées technologiques notamment du point de vue des compresseurs. Charles Tellier, en
1863, puis James Harrison améliore le cycle de Perkins en introduisant l'éther méthylique comme
fluide frigorigène [9]. Ce dernier fonctionne à plus haute pression ce qui évite de former dans le circuit
un mélange explosif avec l'air. L'idée d'utiliser le CO2 comme fluide actif date de 1850, où le concept
théorique est décrit dans un brevet d’Alexander Twining. Mais il faudra attendre 1866 pour voir la
première machine fonctionner : une machine à glace que l'on doit à l'américain Thaddeus Lowe [10].
Le premier compresseur destiné à l'ammoniac est quant à lui mis au point par David Boyle en 1872.
En Europe, Carl Linde conçoit ses premières machines à ammoniac en 1876 et celles à CO2 en 1881.
C'est en 1889 que la société J. & E. Hall au Royaume-Uni lance la production commerciale de
machines à CO2, basées sur le concept de compression bi-étagée breveté par Franz Windhausen en
1886. A partir de 1897, Sabroe se lance dans la production de compresseurs à CO2 qui seront utilisés
dans le cycle thermodynamique proposé par Voorhees (1905) [5].Cette époque voit aussi la première
utilisation du chlorure de méthyle comme fluide actif, en France et en 1878. Il s'agit là du premier
d'une longue série d'halocarbures utilisés en réfrigération. Ce fluide toxique et inflammable s’est avéré
très dangereux car contrairement à l'ammoniac et au dioxyde de soufre il est inodore.

Au début du XXe siècle, la réfrigération est bien établie dans le secteur industriel. L'ammoniac, l'air et
le dioxyde de carbone sont alors utilisés comme fluides frigorigènes. L'air et le CO2 ont une plus faible

-7-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

efficacité. En effet, l’air est employé dans un cycle de Bryton où il est monophasique. De ce fait, son
coefficient d’échange thermique est faible et il y a un glissement de température lors des échanges
thermiques. Cela augmente les écarts de température avec les sources froide et chaude. Le CO2, quant
à lui, fait face à certaines limites technologiques relatives au confinement de sa pression élevée et
souffre d'une perte de puissance et d'efficacité quand la température de rejet de la chaleur à la source
chaude est trop élevée. Cependant il n’est ni toxique, ni inflammable ; son atout sécuritaire lui donne
une place importante dans la réfrigération marine, dominant ce secteur même jusque dans les années
1950. Entre 1900 et 1930, son usage se répand et trouve son apogée dans les années 1920. Il est utilisé
pour le conditionnement d'air et la réfrigération stationnaire [10]. Dans le domaine de la réfrigération
commerciale et domestique, d’autres fluides frigorigènes sont également utilisés comme le chlorure de
méthyle, le dioxyde de soufre et les hydrocarbures. Il faut attendre des améliorations au niveau de
l'étanchéité de l'arbre moteur pour voir les premiers réfrigérateurs domestiques. D'abord réservés à une
classe aisée de la population, ils se sont démocratisés lorsque sont apparus les compresseurs
hermétiques. Cependant, avec ces compresseurs, l'utilisation du dioxyde de soufre et du chlorure de
méthyle pose des problèmes à cause de la formation d'acide et de composés instables en présence
d'humidité ; l'ammoniac n'est pas envisageable pour des systèmes hermétiques car il conduit
l'électricité. Il reste les hydrocarbures comme le propane et l'isobutane mais leur utilisation est freinée
par les producteurs de pain de glace qui pour protéger leur commerce poussent à une réglementation
plus stricte concernant la sécurité, malgré le faible taux d'accidents.

C'est ainsi que Charles F. Kettering de General Motors, cherchant à démocratiser le réfrigérateur
électrique, demande à l'ingénieur Thomas Midgely de trouver le fluide frigorigène idéal. Ce fluide doit
principalement être non toxique et non inflammable et doit fonctionner avec le même volume déplacé
et à la même pression que l'ammoniac ou les hydrocarbures. Après étude du problème, Thomas
Midgely arrive à la conclusion que les halogènes (fluor, chlore, brome et iode) forment avec le
carbone des composés suffisamment stables et capables de répondre aux exigences précitées. C'est
ainsi qu'apparaissent dans les années 30 les premières ChloroFluoroCarbures (CFC) : le R-12 (1931)
est destiné à la réfrigération domestique, le R-11 (1932) au conditionnement d'air par centrifugation et
le R-13 (1945) est utilisé pour la réfrigération basse température. Développé plus tard, le R-22, bien
qu'il soit un HydroChloroFluoroCarbure (HCFC) moins stable que les CFC, permet d'atteindre un
volume déplacé plus petit que celui du R-12 et plus proche de celui de l'ammoniac. Il remplace donc le
R-12 ou le CO2 dans les applications marines et l'ammoniac dans l'industrie. Le R-502 est ensuite
inventé pour remédier à la température élevée du R-22 en sortie de compresseur qui rend moins
efficace le refroidissement du moteur électrique des systèmes hermétiques. Ainsi, dans les années
60/70, la gamme complète des halocarbures est développée couvrant toutes les applications possibles
(réfrigération domestique, commerciale et industrielle ainsi que la climatisation) y compris dans
d'autres secteurs de l'industrie (propulseur d'aérosol, extincteur d'incendie, soufflage des mousses). Ces
fluides frigorigènes réputés sûrs et efficaces signent le déclin des fluides naturels originels. Même si
ils ne disparaissent pas complètement et restent utilisés pour les applications de grande taille, les
systèmes à l'ammoniac sont en déclin dans l'industrie. Le CO2, lui, périclite car les fabricants n'ont pas
su innover et améliorer leur conception pour résoudre les problèmes liés à la pression et au manque
d'efficacité, rendant les machines CO2 non compétitifs face aux fluides synthétiques.

L’horizon s’assombrit pour les frigorigènes de synthèse lorsqu’en 1974 deux chercheurs, Roland et
Molina, avancent l’hypothèse que les halocarbures chlorés participent à la destruction catalytique de
l’ozone stratosphérique qui nous protège du rayonnement ultra-violet. Bien que mal accueillie, cette
hypothèse est confirmée en 1985 par la preuve que la couche d’ozone diminue au dessus de
l’antarctique [11]. Même si le phénomène n’est pas encore bien expliqué, la communauté
internationale réagit vite. Ainsi, la convention de Vienne de 1986 et les accords de Montréal de 1987
[12] limitent puis interdisent la production et la consommation des CFC. Cette interdiction prendra
effet le 1er janvier 1996 pour les pays industrialisés. Les fabricants de fluides frigorigènes proposent
rapidement des solutions de substitution. Le R-12 est remplacé par le R-134a, un HydroFluroCarbure
(HFC) moins stable, théoriquement moins efficace et non miscible avec les lubrifiants conventionnels.
Son introduction date de 1994 dans le domaine de la climatisation automobile. Le R-123, un HCFC,
est proposé en remplacement du R-11. Même si certaines opinions sont en faveur d’une utilisation
raisonnée des HCFC (notamment le R-123), ces frigorigènes ne sont généralement pas vus comme une

-8-
Contexte général de l’étude / Chapitre 1

solution viable en raison de leurs potentiels de destruction de la couche d’ozone (ODP), certes faibles,
mais non nul. En conséquence, un amendement au protocole de Montréal est signé en 1992 à
Copenhague. Il prévoit une limitation de la consommation et de la production des HCFC qui prend la
forme d’un calendrier d’élimination s’étalant jusqu’à 2030 pour les pays développés, qui ont par
ailleurs acceptés en 2007 de rapprocher cette échéance de 10 ans. L’Union Européenne s’est d’ores et
déjà engagée pour une élimination d’ici 2015. Le reste des pays développés fixent généralement des
limites plus progressives comme l’interdiction d’utiliser le R-22 dans les nouveaux équipements à
partir de 2010 aux Etats-Unis (2004 en Europe).

C’est dans ce contexte que le professeur Gustav Lorentzen en Norvège fit ré-émerger l’idée du
dioxyde de carbone comme fluide frigorigène [13,14]. Il publie en 1989 un brevet [15] portant sur le
cycle transcritique dans l’idée de l’appliquer à la climatisation automobile qui domine à l’époque les
émissions de CFC. Les premiers résultats comparés du CO2 et du R-12 dans un système de
climatisation automobile, en 1993, sont encourageants [16]. Du côté des fluides de synthèse, la
réponse au problème de la couche d’ozone prend la forme de mélanges de HFC (non chlorés),
azéotrope ou non, adaptés aux différents usages. Ce n’est sans doute pas une réponse définitive car le
Protocole de Kyoto de 1997 [17] recense les HFC parmi les gaz à effet de serre. A cette occasion, il a
même été proposé de réduire l’usage du R-134a dans la climatisation automobile à partir de 2008 dans
l’Union Européenne (voir § 1.2.4). Même si pour le moment les HFC ne représentent que quelques
pourcent des émissions de gaz à effet de serre totales, cette part pourrait augmenter dans le futur
notamment avec le remplacement du R-22 par le R-410A dans les nouveaux appareils de
conditionnement d’air. La réglementation qui porte actuellement sur la climatisation mobile a donc de
fortes chances de s’étendre à d’autres applications. D’ailleurs le plan d’action de Bali (fin 2007)
prévoit que la communauté internationale négocie courant 2009 des objectifs plus drastiques pour faire
suite à la période d’engagement actuelle (2008-2012) du protocole de Kyoto. Certains pays comme le
Danemark, la Suisse et l’Autriche prévoient déjà d’éliminer complètement les HFC. Il semble évident
que les fluides synthétiques ne sont pas des solutions durables car il est difficile de prévoir à long
terme leur interaction avec l’environnement alors que celle des substances naturelles, au premier rang
desquelles le CO2, l’air et l’eau, l’est beaucoup plus. Les halocarbures devraient au pire être réservés à
une petite gamme de systèmes hermétiques scellés en usine et sans entretien. En guise de synthèse, on
peut se référer au Tableau 1.1 qui donne quelques caractéristiques des fluides évoqués précédemment.

1.2 Place des fluides actifs naturels


Les indices généralement utilisés pour caractériser l’impact environnemental d’un fluide sont le
pouvoir de destruction de l’ozone (ODP1) et le potentiel de réchauffement global (GWP2). Ils
représentent l’effet direct de ces fluides en cas de fuite. Cependant gardons en tête que ces indices
donnent une information partielle car ils négligent que ces fluides sont intégrés dans des systèmes qui
consomment de l’énergie. Or, la production d’énergie a aussi un impact environnemental en terme
d’émissions équivalentes de CO2 et de réchauffement planétaire. Il faut donc intégrer la notion
d’efficacité énergétique à notre analyse. L’efficacité théorique thermodynamique d’un fluide actif
n’est qu’une première approche car elle néglige les pertes exergétiques qui ont lieu dans les
composants utilisés en pratique (échangeurs de chaleur, compresseurs, etc.). On préfère donc utiliser le
coefficient de performance (COP3) du système réel. Mais il est encore plus pertinent d’observer le
système associé à son mode de régulation. En effet, le fait qu’un système fonctionne en charge
partielle ou en charge totale a un impact sur son efficacité. Il est donc possible de définir un coefficient
de performance annuel (SPF4) qui prend en compte les différentes conditions de fonctionnement,

1
Ozone Depleting Potential : Pouvoir de destruction de la couche d’ozone d’un fluide rapporté à celui du R-11.
2
Global Warming Potential : Pouvoir de réchauffement de la planète rapporté à celui du CO2 sur une période de
100 années.
3
Coefficient Of Performance.
4
Seasonal Performance Factor.

-9-
Tableau 1.1 : Caractéristiques de quelques fluides frigorigènes importants.
Impact environnemental Propriétés5 à 0 °C
direct
Substance Formule / ODP GWP7 Code de
6
Tcrit NBP Psat pr ρl/ρv Qv µl ×10-5 µv ×10-5 λl ×10-2 λv ×10-2 σ ×10-3
Composition sécurité8 [°C] [°C] [bar] 3
[kJ/m ] [Pa.s] [Pa.s] [W/m.K] [W/m.K] [N/m]
Anciens fluides frigorigènes
R-718 Eau H2O 0 A1 373,9 100
R-764 Dioxyde de soufre SO2 0 B1 157 -10
R-610 Ether diéthylique C4H10O 0 214 34,6
E-170 Ether diméthylique C2H6O 0 1 A3 128,8 -24,8
R-40 Chlorure de méthyle CH3Cl 0,02 13 B2 143 -24,2
ère
Fluides frigorigènes synthétiques de 1 génération (ODP non nul)
R-12 CClF2 1 10900 A1 112 -29,7 3,08 0,07 78,11 2731 24,52 1,06 7,58 0,89 11,77
R-22 CHClF2 0,05 1810 A1 96,1 -40,8 4,98 0,10 60,37 4353 21,6 1,14 9,47 0,94 11,7
R-123 CHClF3 0,02 77 A1 183,7 27,8 0,33 0,01 680,78 407 56,46 0,98 8,37 0,77 18,18
ème
Fluides frigorigènes synthétiques de 2 génération (ODP nul)
R-404A R-143a/125/134a 0 4007 A1 72 -46,3 6,06 0,16 38,03 5038 17,36 1,26 7,42 1,47 7,56
R-134a CH2F.CF3 0 1430 A1 101,1 -26,1 2,93 0,07 89,74 2865 26,65 1,07 9,2 1,15 11,56
R-407C R-32/125/134a 0 1514 A1 86 -43,7 5,81 0,13 59,90 4615 19,49 1,19 11,03 1,18 10,86
R-410A R-32/125 0 1530 A1 71,4 -51,5 8,11 0,17 41,82 6904 16,25 1,24 12,42 1,21 9,76
Fluides actifs naturels
R-290 Propane C3H8 0 3,3 A3 96,7 -42,1 4,75 0,11 51,02 3883 12,57 0,74 10,6 1,57 10,13
R-600a Isobutane CH(CH3)3 0 4 A3 134,7 -11,7 1,57 0,04 136,58 1509 19,84 0,69 9,86 1,43 13,03
R-717 Ammoniac NH3 0 B2 132,2 -33,3 4,29 0,04 184,74 4363 17,01 0,91 55,92 2,34 32,91
R-744 Dioxyde de carbone CO2 0 1 A1 31 -56,6* 34,85 0,47 9,50 22546 9,94 1,48 11,04 1,97 4,54

NBP (Normal Boiling Point) : Température de saturation à pression atmosphérique / Qv : Capacité frigorifique volumique / * : Point triple

5
Propriétés calculées avec REFPROP 7®
6
D’après [252]
7
D’après [253]
8
ANSI/ASHRAE Standard 34-2007, Designation and Safety Classification of Refrigerants.
Contexte général de l’étude / Chapitre 1

l’utilisation du froid et du chaud utile, et la consommation énergétique des auxiliaires (pompes,


ventilateurs). Ainsi on peut combiner le GWP et le SPF pour déterminer de façon pertinente le pouvoir
total de réchauffement (TEWI9) qui considère à la fois l’impact direct et indirect de l’utilisation de tel
ou tel fluide actif. Les fluides frigorigènes naturels qui ont un impact direct faible sur l’environnement
doivent donc être utilisés sans pour autant négliger leur efficacité énergétique. Voyons la place que
peuvent prendre les fluides actifs naturels, et en particulier le CO2, dans les différentes applications des
systèmes à compression de vapeurs.

1.2.1 Réfrigération domestique


Le R-134a est utilisé dans la majorité des réfrigérateurs domestiques dans le monde. Mais
contrairement à l’Amérique du Nord, en Europe l’usage des hydrocarbures, notamment l’isobutane (R-
600a), est maintenant généralisé dans les nouveaux appareils. Malgré un débit volumique important,
l’isobutane a une bonne efficacité théorique due à sa température critique élevée, et nécessite un faible
taux de compression ce qui diminue le bruit du compresseur. Malgré une extrême inflammabilité à
l’air (classe A3), le risque semble acceptable pour des systèmes totalement hermétiques.

1.2.2 Réfrigération commerciale


Bien que les nouveaux supermarchés soient conçus pour utiliser des HFC (R-404A et R-507), aux
États-Unis, 64 % des systèmes fonctionnent encore avec du R-22. Le plus préoccupant est que le taux
de fuite moyen est de l’ordre de 23,5 %. Plus généralement, dans le monde les supermarchés ont un
taux de fuite situé entre 15 et 30 %, ce qui est élevé. D’après l’IPCC10, la réfrigération commerciale est
la première source d’émissions directes de fluides actifs, en équivalent CO2, en 2002 [1]. Mais il s’agit
aussi d’un enjeu du point de vue de la consommation énergétique car les supermarchés consomment
de 3 à 5 % de l’électricité utilisée dans les pays industrialisés.

La réduction des longueurs de tuyauterie est un moyen de réduire les fuites. Cela permet aussi de
réduire la charge du système et donc sont impact. Parmi les possibilités techniques il peut être
envisagé de remplacer le système classique à évaporation directe par un système où le fluide actif est
confiné dans la salle des machines. Dans ce cas, le froid est distribué grâce à un fluide frigoporteur
secondaire mis en circulation à l'aide de pompes, généralement du propylène glycol pour la moyenne
température et des saumures à base de potassium pour la basse température. Le CO2 peut
avantageusement remplacer les saumures, particulièrement à basse température. En effet, le débit
massique de CO2 est plus faible car on utilise sa chaleur latente de vaporisation. Ceci diminue la
puissance de pompage requise d'autant qu'il a une faible viscosité. Son bon coefficient d'échange
thermique est aussi un avantage pour réduire l'écart de température dans les échangeurs de chaleur ce
qui est important pour garantir une bonne efficacité.

Mais la solution la plus drastique pour réduire les émissions directes de gaz à effet serre en provenance
des supermarchés est sans doute l'utilisation de fluides actifs naturels. L'ammoniac peut être utilisé
dans le système principal pour produire du froid à moyenne température. Comme ce fluide présente un
risque pour le public il doit être confiné dans un système à faible charge. Cela rend nécessaire
l'utilisation du dioxyde de carbone dans une boucle secondaire de distribution. Le CO2 peut cependant
être utilisé comme fluide actif à l'étage basse température d'un système en cascade où la pression est
suffisamment basse pour utiliser un compresseur de facture plus classique. La pertinence d'utiliser le
CO2 dans le système frigorifique principal à expansion directe d'un supermarché (moyenne
température) dépend des développements en cours dans la conception des compresseurs (tenue en
pression) mais aussi d'une bonne conception de l’installation permettant la récupération de la chaleur
pour répondre par exemple au besoin de chauffage ou d’eau chaude sanitaire. A cause de ses
particularités (voir § 1.3), le CO2 est pénalisé quand la température extérieure est trop élevée. Son
utilisation doit donc être choisie en fonction du climat.

9
Total Equivalent Warming Impact.
10
Intergovernmental Panel on Climate Change.

-11-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

1.2.3 Réfrigération industrielle


L’ammoniac est employé dans les secteurs traditionnels de l’industrie. Après une diminution de son
usage face à l’arrivée des halocarbures, il trouve aujourd’hui, dans le contexte du réchauffement
climatique, une place de choix dans la gamme des puissances industrielles (élaboration de nourriture et
de boisson), où son utilisation s’accompagne de nouvelles pratiques [18]. Pour éviter les fuites les
fabricants se tournent vers le concept de produits compacts scellés et testés en usine. En outre,
l’émergence d’échangeurs de chaleur compacts comme les échangeurs à plaques brasées ou les
échangeurs à micro-canaux extrudés en aluminium permet de réduire la charge des systèmes. Le
concept du système à l’ammoniac relégué dans la salle des machines reste valable. Le CO2 peut alors
être utilisé comme frigoporteur où bien comme fluide frigorigène dans un cycle en cascade à basse
température.

1.2.4 Climatisation mobile et stationnaire


En France, en 2000, la climatisation automobile (MAC) représentait la plus grosse partie (38 %) de
l’impact due aux émissions directes (fuites) de HFC [19] suivie par la réfrigération commerciale
(36 %). Au niveau mondial, d’après les chiffres de l’IPCC pour 2002 [1], la climatisation mobile
représente 21,4 % des émissions directes de HFC en équivalent CO2 derrière le vaste domaine de la
réfrigération (23,5 %). Cette part est importante parce que les systèmes de climatisation automobiles
ne sont pas étanches, en partie à cause de l’utilisation de compresseurs ouverts. Or le nombre de
voitures climatisées est en augmentation constante car le taux d’équipement des voitures neuves est
conséquent ; il est de trois quart en Europe (en 2003) et supérieur à 90 % au Etats-Unis et au Japon.
Cela provoque une envolée des concentrations atmosphériques de R-134a [20] qui est utilisé pour cette
application. Devant l’ampleur du problème, la commission européenne a adopté en 2006 une directive
[21] interdisant l’utilisation de fluides actifs dont le GWP est supérieur à 150 pour la climatisation des
nouveaux modèles de véhicule à partir de 2011. Cette contrainte signe la disparition de R-134a dans ce
secteur. Aux Etats-Unis, un avant-projet (The Clean Energy and Security Act 2009) prévoit une
diminution de l’usage des HFC entre 2012 et 2038.

Parmi les solutions de remplacement le CO2 (R-744) est envisagé car il est non toxique11, non
inflammable et possède un GWP faible (égal à l’unité) voir nul si il est récupéré de sources
d’émission12. Cependant ses particularités demandent un investissement pour faire évoluer la
technologie et développer des composants adaptés. Parmi les solutions qui ne nécessitent pas de
modifications majeures de la technologie, les hydrocarbures (mélange de propane et d’isobutane) ne
sont pas considérés en Europe car ils sont inflammables. Cette position est peut-être à reconsidérer car
un recensement des usages et des accidents (feux, blessure, surpression de l’habitacle) aux Etats-Unis
et en Australie depuis 1993 [22] montre que la fréquence des accidents et donc le risque associé à
l’usage des hydrocarbures est beaucoup plus faible que ce qu’on a prédit car en pratique la plupart des
fuites ne sont pas inflammables. Depuis 2006, plusieurs fluides synthétiques ont aussi été proposés
comme substitut du R-134a (le DP1 de DuPont, le Fluid H de Honeywell, le AC1 de Ineos, etc.)
permettant une transition à faible coût. Ils ont tous été rejetés pour des questions de toxicité et d’ODP
principalement. Le dernier en date, le HFC-1234yf (de DuPont et Honeywell) aussi appelé
HydroFluoroOléfine (HFO), fait partie de cette nouvelle génération de HFC dit insaturés. Il sème
encore le doute quant à la sécurité des passagers. En effet, certains tests [23] montrent que le mélange
de ce fluide avec l’huile de lubrification (PAG) pourrait initier un départ de flamme en cas d’accident
frontal, dû à son aspersion sur les parties chaudes du moteur (600 °C). Dans ce cas, le dégagement de
fluorure d’hydrogène (HF) dans l’habitacle est préoccupant. Bien que ce fluide frigorigène ait un

11
Le CO2 est présent dans l’air dans une proportion proche de 0,0375 % en volume. Au-delà de 4 à 5 % en
volume on note des effets physiologiques dus à une mauvaise respiration.
12
Le CO2 utilisé en réfrigération est un sous produit des procédés de production d’ammoniac et d’hydrogène. De
façon générale ; il peut être récupéré de différentes sources à bas prix. L’énergie de production couvre donc la
purification et la déshumidification. Il faut 1 MJ pour produire 1 kg de CO2 contre 187 MJ/kg pour le R-134a.

-12-
Contexte général de l’étude / Chapitre 1

faible pouvoir de réchauffement global (4), il suscite quelques inquiétudes du point de vue
environnemental. Ce composé organique volatil pourrait en effet régir avec les oxydes d’azote pour
former de l’ozone au niveau du sol. En outre, cette substance pourrait aussi se décomposer pour
donner de l’acide trifluoroacétique (TFA), un composé stable ayant un effet herbicide si il est répandu
au sol par la pluie. Rien n’indique non plus, qu’à long terme, les produits de décomposition ne
participeront pas à la destruction de la couche d’ozone.

De façon générale, le CO2, aussi bien dans la climatisation mobile que dans la climatisation fixe, a
montré des performances comparables à celle respectivement du R-12 et de son remplaçant le R-134a
[24], et du R-22 ou désormais du R-410A [25,26] ; ceci en partie grâce à l’amélioration des
compresseurs. Dans la climatisation automobile le CO2 offre aussi l’option, en mode pompe à chaleur,
de chauffer l’habitacle.

Dans le domaine de la climatisation fixe, l’ammoniac a aussi une place dans les systèmes installés en
toiture de bâtiments et connectés à un système hydraulique. Ici, l’eau froide pourrait avantageusement
être remplacée par du CO2 diphasique. D’ailleurs, dans un domaine connexe, une approche théorique
[27] montre que l’utilisation du CO2 comme frigoporteur pour climatiser une salle de serveur permet
d’augmenter le nombre de jour où le rafraîchissement libre est utilisé par rapport à un système utilisant
de l’eau glycolée ce qui diminue la consommation énergétique. Par ailleurs, même si le concept n’est
pas appliqué, l’usage des hydrocarbures dans des systèmes hermétiques de petite capacité, comme les
climatiseurs pour fenêtre, n’est pas nécessairement à exclure.

1.2.5 Pompe à chaleur


Dans le domaine des pompes à chaleur, le propane (R-290) offre une alternative intéressante au R-22.
Il donne une puissance proche du système standard et une plus grande efficacité à condition d’utiliser
un échangeur de chaleur interne. De plus, la température des gaz de refoulement est plus faible ce qui
permet d’élever la température de condensation et présente un avantage pour la production d’eau de
chauffage à température élevée. Du fait de son inflammabilité, les normes concernant le R-290 sont
sévères. Cependant, l’usage de systèmes hermétiques de faible capacité devrait permettre un usage
plus répandu. Dans les pays nordiques, il faut aussi noter l’usage de l’ammoniac dans des pompes à
chaleur de grande taille à compresseur bi-étagé, puisant la chaleur de différents rejets (eaux usées,
industrie, etc.) pour produire du chauffage urbain.

Le dioxyde de carbone a aussi une carte à jouer. Du fait du glissement de température qui a lieu
pendant le rejet de chaleur supercritique, les pompes à chaleur utilisant du CO2 sont particulièrement
efficaces pour chauffer un fluide d’une température faible jusqu’à une température élevée.
L’application la plus évidente est la production d’eau chaude sanitaire en chauffant de l’eau de
distribution à 65 °C typiquement.

Les premières pompes à chaleur pour chauffe-eau utilisant du CO2 sont apparues en 2001 au Japon
sous le nom ECOCUTE, expression utilisée pour désigner les « chauffes-eau écologiques ». Leur
installation a rapidement été subventionnée par le gouvernement japonais (2002) dans le but de réduire
la consommation d’énergie et les émissions de gaz à effet de serre. En effet, au Japon, 30 % de la
consommation d’énergie dans le secteur résidentiel est attribuable à la production d’eau chaude
sanitaire. Celle-ci se fait majoritairement (90 %) par la combustion d’énergie fossile. Utiliser une
pompe à chaleur ayant un COP d’au moins 3 permet de réduire la consommation énergétique de 30 %
et les émissions de gaz à effet de serre de 50 %. Dans le cadre des objectifs fixés par le protocole de
Kyoto le gouvernement japonais a ciblé l’installation de 5,2 millions de chauffe-eau ECO CUTE d’ici
2010. En conséquence, son utilisation s’étend à d’autres secteurs où la demande d’eau chaude est
importante (restaurants, hôpitaux, salons de coiffure, etc.). Les efforts de recherche sont actuellement
tournés vers une plus grande compacité des unités et des performances améliorées dans les régions
froides. D’ailleurs des modèles fonctionnant à des températures extérieures aussi basse que -20 °C
sont d’ores et déjà disponibles. En Europe des prototypes de pompe à chaleur sont développés en

-13-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

laboratoire mais n’ont pas atteint le stade de la commercialisation, c’est par contre le cas aux Etats-
Unis où plusieurs pompes à chaleur sont en fonctionnement [28].

Il est aussi possible d’utiliser une pompe à chaleur au CO2 pour chauffer de l’air à une température
comprise entre 45 et 65 °C. La température d’entrée au niveau de la source chaude, l’air ambiant, est
de 19-21°C dans le secteur résidentiel ce qui est plus élevé que pour de l’eau froide (entre 6 et 14 °C).
Un tel système de chauffage est donc moins efficace qu’un chauffe-eau mais tout de même meilleur
qu’un système classique utilisant des HFC. Des investigations théoriques ont montré qu’un système de
chauffage et de climatisation utilisant du CO2 permet d’obtenir des performances comparables voir
meilleures qu’un fluide frigorigène conventionnel dans un bâtiment non résidentiel [29] ou un habitat
à basse consommation d’énergie [30]. Dans un bâtiment non résidentiel le CO2 possède un avantage
quand la demande de rafraîchissement est dominante et si le système de distribution de la chaleur est
capable de renvoyer un fluide (air, eau) suffisamment refroidi à l’entrée du refroidisseur de gaz. Dans
ce cas le rôle du système de ventilation est essentiel. Dans l’habitat basse consommation le CO2 est
une solution adaptée car la demande d’eau chaude sanitaire dépasse généralement la demande de
chauffage et l’habitat a tendance à surchauffer en été à cause des ouvertures côté sud.

1.3 Particularités des systèmes utilisant du dioxyde de carbone


Les particularités du CO2 découlent de ce qu’on l’utilise généralement dans des conditions proches du
point critique. En effet, sa température critique est proche de 31 °C ce qui est plus faible que celle des
autres fluides frigorigènes (96 °C, 101 °C et 71 °C respectivement pour le R-22, le R-134a et le R-
410A). Dans un cycle à compression de vapeurs utilisé pour des applications de réfrigération, de
pompe à chaleur ou de climatisation, l’absorption de chaleur (évaporation) a lieu à une température
bien inférieure à la température critique. Par contre, le rejet de chaleur, s’il se fait par exemple avec
l’environnement, peut tout aussi bien avoir lieu en dessous de la température critique (on parle alors de
cycle sous-critique) qu’au dessus de la température critique (on parle alors de cycle transcritique).
Dans ce dernier cas, le CO2 est dans un état dit supercritique différent du mélange diphasique, et le
rejet de chaleur ne se fait plus à température constante (condensation) mais s’accompagne d’une chute
de température. Le terme « refroidisseur de gaz » est donc employé à la place de « condenseur » pour
désigner l’échangeur de chaleur utilisé à cette étape du cycle. En outre, comme la pression critique du
CO2 est relativement élevée (73,8 bar), les systèmes utilisant du CO2 comme fluide actif fonctionnent
à plus haute pression.

1.3.1 Propriétés thermophysiques


De façon générale, lorsque la température de saturation augmente pour se rapprocher de la température
critique (c.-à-d. quand la pression réduite augmente), la densité et la viscosité de la phase vapeur
augmentent alors que la densité et la viscosité de la phase liquide diminuent. Cela va dans le sens
d’une diminution de la vitesse de la vapeur et d’une augmentation de la vitesse du liquide. Ces
propriétés influencent la quantité de mouvement de la phase vapeur, la contrainte interfaciale et de
façon générale la façon dont les deux phases se séparent. Dans le cas du CO2, il faut donc s’attendre à
trouver des configurations d’écoulement différentes de ce qui est couramment observé. A titre
d’exemple, le rapport entre la densité du liquide et celle de la vapeur à 0 °C est seulement de 10 pour
le CO2 alors qu’il est de 89 pour le R-134a ; la densité de la vapeur du R-134a équivaut à 14 % de
celle du CO2. En ce qui concerne les échanges thermiques le CO2 est avantagé par une bonne
conductibilité thermique, supérieure de 20 % et 60 % respectivement pour le liquide et la vapeur par
rapport au R-134a à 0 °C. Par ailleurs, du fait de son utilisation à pression réduite élevée, le CO2 a une
faible tension de surface (2,5 fois plus faible que celle du R-134a à 0 °C). Cela favorise l’ébullition
nucléée en abaissant la surchauffe de paroi nécessaire à son déclenchement. En contre partie, la faible
viscosité du liquide (20 % de celle du R-134a à 0 °C) et la faible tension de surface favorisent
l’instabilité du film liquide et l’entraînement de gouttelettes pendant l’écoulement annulaire. Cela peut
déclencher un assèchement de la paroi et une baisse plus ou moins brutale du coefficient d’échange
thermique à un titre relativement faible (voir Chapitre 2).

-14-
Contexte général de l’étude / Chapitre 1

Généralement, par abus de langage, on parle d’état supercritique quand la pression d’un fluide est
supérieure à sa pression critique. En réalité, cet état n’est atteint que lorsque la température est de plus
supérieure à la température critique. En dessous de cette température, le fluide est à l’état liquide dit
« compressé ». Plus précisément, pour une pression donnée, cette séparation entre deux états peut être
définie par la température pseudo-critique. Dans un diagramme température-entropie, elle correspond
à la température du point d’inflexion des isobars qui augmente avec la pression. Les propriétés
thermophysiques du CO2 évoluent modérément en fonction de la température quand on est loin de
cette température. On peut donc parler de pseudo-liquide (température inférieure à la température
pseudo-critique) ou bien de pseudo-gaz (température supérieure à la température pseudo-critique). A
l’approche du point pseudo-critique, il y a une transition. Les propriétés thermophysiques du CO2
évoluent brutalement avec un point d’inflexion pour l’enthalpie, la densité et la viscosité, et une
asymptote passant par un maximum (infini au point critique) pour la conductivité thermique et la
capacité thermique massique. Cette transition est de moins en moins brutale au fur et à mesure que la
pression augmente. Par rapport aux fluides conventionnels, les propriétés thermodynamiques et de
transport du CO2 supercritique sont favorables à l’échange de chaleur par convection notamment dans
l’état pseudo-liquide que l’on trouve en sortie de refroidisseur de gaz. Cependant les variations
brutales des propriétés à l’approche de la température pseudo-critique rendent la prédiction du
coefficient d’échange thermique plus difficile, avec même l’intervention de la convection naturelle.
On peut se référer aux travaux d’Arnaud Bruch [31,32] pour approfondir ce sujet.

1.3.2 Efficacité
Une particularité du cycle transcritique réside dans le fait que la pression dans le refroidisseur de gaz
dépend non seulement de la température mais aussi de la densité du fluide, c'est-à-dire de la charge de
CO2 si le volume du circuit est donné. Or la pression dans le refroidisseur de gaz, autrement dit la
haute pression, influence l’efficacité du cycle. En effet, si l’on se réfère à la Figure 1.1, il existe en
fonction de la haute pression un compromis entre le travail de compression (w) et la puissance
frigorifique (qo) qui donne un COP optimal pour une température de source froide (To) et une
température de source chaude (Tex) données. Il est donc important de pouvoir contrôler la charge du
système [15] à l’aide par exemple d’un réservoir tampon qui peut être situé soit en sortie d’évaporateur
(point 1) soit à un niveau de pression intermédiaire (entre les points 3 et 4).

Figure 1.1 : Influence de la haute pression sur l’efficacité du cycle [10].

-15-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

Les Figure 1.2 a et b permettent de comparer les cycles théoriques du CO2 et du R-134a pour les
mêmes températures entropiques moyennes d’absorption et de rejet de la chaleur. A cause de la
proximité du point critique, la production d’entropie (δs) pendant la détente isenthalpique du CO2 est
plus importante que celle du R-134a ce qui aboutit à une efficacité théorique du cycle plus faible. Pour
remédier au problème de pertes exergétiques pendant la détente, il est possible de récupérer
mécaniquement le travail de détente. Une autre possibilité consiste à refroidir au maximum le CO2 en
sortie du refroidisseur de gaz notamment à l’aide d’un échangeur de chaleur interne qui utilise le gaz
froid en sortie d’évaporateur. En effet, ce sont les conditions à l’entrée du détendeur qui gouvernent
les pertes exergétiques. Plus l’enthalpie est faible à ce point (température la plus faible possible si la
pression est donnée) plus la production d’entropie sera faible.

En pratique, l’efficacité d’un système dépend aussi des pertes exergétiques qui ont lieu dans d’autres
composants que le détendeur comme le compresseur ou les échangeurs thermiques. Le CO2 s’utilise à
une pression plus élevée que les fluides frigorigènes conventionnels cependant il faut noter que le
rapport de compression (rapport entre les pressions haute et basse) est plus faible. Cela permet
d’obtenir théoriquement une meilleure efficacité isentropique du compresseur. Concernant les
échanges thermiques, si l’on part de l’hypothèse théorique que les surfaces d’échange sont illimitées et
que les débits des sources froide et chaude sont infinis (capacités infinies) (Figure 1.3a) alors le
glissement de température qui a lieu pendant le refroidissement du CO2 supercritique génère un écart
de température par rapport à la température constante de source chaude ; il y a destruction d’exergie.
La chaleur est ainsi rejetée à une température plus haute que nécessaire ce qui réduit l’efficacité du
cycle, alors que pour un fluide conventionnel (R-134a) le rejet se fait à une température constante
théoriquement égale à celle de la source chaude. Supposons maintenant que les surfaces d’échange
soient finies avec toujours des sources froide et chaude à débits infinis (Figure 1.3b). A ce moment
pour une taille d’échangeur fixée, la température d’évaporation du CO2 sera plus élevée que celle du
R-134a car les échanges thermiques sont meilleurs ; cela est en faveur d’une plus grande efficacité. En
ce qui concerne le rejet de chaleur, bien que le CO2 montre un glissement de température, il est
possible d’exploiter les bonnes propriétés thermophysiques du CO2 pour avoir une température en
sortie de refroidisseur de gaz plus faible que la température de condensation du R-134a. Cette
particularité permet de réduire les pertes pendant la détente et de diminuer la température moyenne de
rejet de chaleur. Ainsi, dans ces conditions, un système utilisant du CO2 n’est pas nécessairement
moins efficace qu’un système utilisant de R-134a en particulier si le compresseur est bien conçu. Si
maintenant la source chaude est finie et qu’il s’agit de chauffer un fluide comme c’est le cas pour la
production d’eau chaude (Figure 1.3c) ; le CO2 est particulièrement bien adapté dans la mesure où il
est possible dans un échangeur à contre courant d’utiliser le glissement de température qui
accompagne le rejet de chaleur pour limiter l’écart de température avec le fluide à chauffer. A
contrario, la température constante du R-134a pendant sa condensation nécessite de l’utiliser à une
température plus élevée que la température moyenne du CO2 dont le cycle sera en conséquence plus
efficace.

1.4 Les composants dédiés au CO2

L’avantage du CO2 est qu’il permet d’obtenir des composants plus compacts. Du côté basse pression,
sa forte capacité frigorifique volumique (de 3 à 10 fois celle des fluides frigorigènes conventionnels à
0 °C), la plus faible influence des pertes de pression sur la température de saturation (10 fois plus
petite que pour le R-134a) et ses pertes de pression limitées permettent d’augmenter la vitesse de
l’écoulement et de diminuer le diamètre des tubulures de 60 à 70 %. Ceci le rend bien adapté pour les
échangeurs à micro-canaux en aluminium extrudé. Du côté haute pression, la réduction du diamètre
permet de garder une épaisseur classique tout en augmentant la résistance à la pression. Cette
compacité est un avantage pour les applications de climatisation automobile.

-16-
Contexte général de l’étude / Chapitre 1

δs

(a)

δs

(b)

Figure 1.2 : Production d’entropie pendant la détente isenthalpique. Comparaison entre le R-134a (a)
et le R-744 (b) dans des conditions similaires.

-17-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

R-134a R-744

TGC>TSC
TC=TSC

TSC TSC

TSF TSF

TE=TSF TE=TSF
(a)
TC>TSC TGC>TSC
QC QGC
TSC TSC

TSF TSF
QE QE

TE<TSF TE<TSF
(b)

TC>TSC QC TGC>TSC
QGC
TSC TSC

TSF TSF
QE
QE
TE<TSF
TE<TSF
(c)

Figure 1.3 : Représentation13 schématique des avantages pratiques du CO2 du point de vue des
échanges de chaleur. (a) : Surface d’échange infinie, source chaude infinie. (b) : Surface d’échange
finie, source chaude infinie. (c) : Surface d’échange finie, source chaude finie.

13
Les notations sont les suivantes : SF-source froide, SC-source chaude, E-évaporateur, C-condenseur, GC-
refroidisseur de gaz.

-18-
Contexte général de l’étude / Chapitre 1

En ce qui concerne les compresseurs à pistons, leur volume balayé peut être réduit de 80 à 85 % pour
une même capacité frigorifique. Par ailleurs, les effets néfastes dus à la ré-expansion et aux pertes de
pression à travers les soupapes sont réduits. Pour la réfrigération commerciale (type supermarchés) de
nouveaux compresseurs à moyennes températures sont proposés avec une connexion « économique »
permettant de réaliser un cycle à compression parallèle [33]. Ce cycle s’utilise lorsque la température
de l’environnement augmente et que la température en sortie de refroidisseur de gaz est trop élevée
pour assurer une bonne efficacité. Dans ce cas, la vapeur produite au cours de la détente est récupérée
à un niveau de pression intermédiaire (Figure 1.4) puis dirigée vers le compresseur où elle effectue
une compression parallèle dans un cylindre dédié. Cela réduit le travail de compression, et diminue les
pertes liées à la détente de la fraction restante de liquide. Ce type de cycle est déjà connu au début du
siècle dernier, où Windhausen et Voorhees [34] l’ont mis en œuvre pour améliorer la capacité
frigorifique et le COP d’un système fonctionnant dans des conditions supercritiques défavorables.
Pour les applications commerciales de faible puissance du type distributeurs automatiques, Sanyo a
développé un compresseur rotatif bi-étagé [35]. Le refroidissement intermédiaire entre les deux étages
de compression permet de réduire la température moyenne de rejet de chaleur. On gagne ainsi en
efficacité quand la récupération de chaleur n’est pas recherchée. Dans le domaine des pompes à
chaleur pour eau chaude sanitaire, l’utilisation d’éjecteurs est envisagée. Cela permet de récupérer une
partie du travail de détente pour aider la compression.

Figure 1.4 : Schéma simplifié d’un système à compression parallèle [33].

1.5 Conclusion
Le dioxyde de carbone a une longue histoire derrière lui. Les problèmes de la destruction de la couche
d’ozone et du réchauffement climatique montrent qu’il a aussi un bel avenir devant lui au côté d’autres
fluides actifs naturels comme les hydrocarbures ou bien l’ammoniac. Cet avenir est possible à
condition de mettre les moyens nécessaires pour dépasser les technologies plus conventionnelles.

Du point de vue environnemental et sécuritaire, le CO2 est le fluide frigorigène idéal. Il n’est ni
toxique ni inflammable, demande peu d’énergie pour être produit, et son impact direct sur la planète
est faible (ODP nul et GWP unitaire). Sur le long terme il suscite beaucoup moins d’inquiétudes que
les fluides synthétiques dont l’impact est incertain. Néanmoins, du point de vue thermodynamique, le
CO2 est loin d’être le fluide frigorigène idéal. Cela rend primordiaux l’optimisation énergétique et
l’adaptation technologique des systèmes fonctionnant au dioxyde de carbone si l’on veut réduire leur
pouvoir total de réchauffement (TEWI) à l’échelle d’un cycle de vie. Cela dit, les particularités
thermophysiques du CO2 lui confèrent aussi certains avantages technologiques et lui donnent une
place de choix dans certaines applications :

-19-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

(i) La climatisation automobile parce qu’il est ni toxique ni inflammable, et permet la


conception de systèmes compacts. Dans les régions tempérées, les performances des systèmes de
climatisation fonctionnant au CO2 sont comparables à ceux fonctionnant avec des fluides
conventionnels, ce qui rend l’utilisation du CO2 viable. Néanmoins, lorsque la température de
l’environnement est élevée les performances sont susceptibles d’être plus faibles d’où la nécessité
d’adopter certaines évolutions technologiques.

(ii) La réfrigération commerciale, notamment les supermarchés, où il peut être utilisé comme
fluide frigorigène dans un cycle basse température ou bien comme fluide frigoporteur secondaire. On
tire ici avantage de son excellent coefficient d’échange thermique et de sa faible viscosité.

(iii) Dans l’habitat, pour fournir de l’eau chaude sanitaire par le biais d’une pompe à chaleur.
Dans ce cas, on tire partie du glissement de température qui a lieu pendant le refroidissement
supercritique du CO2 pour concevoir des systèmes particulièrement efficaces.

Les évolutions technologiques, telles que l’emploi d’éjecteurs, de compresseurs bi-étagés ou en


parallèle, permettent même d’envisager l’utilisation du CO2 dans des conditions plus larges ou dans
d’autres applications comme les distributeurs de boisson, la production de froid moyenne température
(supermarchés) ou les pompes à chaleur fonctionnant à basses températures.

-20-
2
Ébullition convective du
dioxyde de carbone
Caractéristiques des échanges thermiques
en fonction de la taille du canal et de la
température de saturation.

-21-
Chapitre 2
Ébullition convective du dioxyde de carbone

Parmi les publications des cinq dernières années, l’ébullition convective du CO2 a fait l’objet de
plusieurs états de l’art. Les plus marquants sont ceux de Thome et Ribatski [36] et de Zhao et Bansal
[37,38]. Les premiers auteurs se sont surtout penchés sur les outils prédictifs en distinguant d’une part
les micro-canaux et d’autre part les macro-canaux. Les seconds se sont plutôt attachés à une
application en particulier, celle des basses températures. Dans leur analyse ils ont également fait le lien
entre les caractéristiques des transferts thermiques et les propriétés thermophysiques du CO2. Dans ce
chapitre de synthèse, nous tâcherons d’actualiser les connaissances en regroupant ces deux approches,
c'est-à-dire (i) une approche didactique et plutôt fondamentale, en essayant d’appréhender les
phénomènes physiques qui gouvernent l’ébullition convective du CO2 ; (ii) une approche pratique et
plutôt utilitaire, en tâchant de déterminer quels outils prédictifs (pertes de pression, coefficient
d’échange thermique) sont les plus adaptés au cas du CO2.

Même si certains aspects de l’évaporation du CO2 ont été trop peu abordés – les pertes de pression, les
transferts thermiques post-assèchement et la visualisation d’écoulement à températures positives en
particulier –, la littérature foisonne de publications consacrées à la détermination expérimentale et
théorique du coefficient d’échange thermique en évaporation. Les nombreuses observations et
interprétations qui ont été faites semblent parfois contradictoires et le sont parfois réellement. Sans
pour autant donner de réponses définitives, l’objet principal de ce chapitre est de clarifier les
caractéristiques du transfert thermique du CO2 en ébullition convective à la lumière d’interprétations
physiques. Pour se faire, nous avons constitué une base de données à partir des mesures de coefficient
d’échange thermique disponibles dans la littérature. A toute fin pratique, chaque investigation est
référencée sous la forme TaDbqcGd où a est la température de saturation en °C, b le diamètre
intérieur du canal en mm (appelé diamètre dans la suite du document), c le flux surfacique de chaleur
exprimé en kW/m2 et d la vitesse massique en kg/m2.s. Cela nous a permis de comparer les mesures de
différents auteurs obtenues dans des conditions similaires mais aussi de mieux comprendre l’influence
de différents facteurs sur le coefficient d’échange thermique.

Un premier examen de la littérature montre que le coefficient d’échange thermique du CO2 a des
caractéristiques – notamment son évolution en fonction du titre, l’influence de la densité de flux
thermique ou de la vitesse massique, et le type d’assèchement – assez différentes selon la taille du
canal et la température de saturation. En effet, ces paramètres influencent le type d’écoulement, qui à
son tour modifie les caractéristiques des transferts thermiques. Pour cette raison nos analyses sont
généralement séparées en trois parties qui portent successivement sur les macro-canaux à hautes
températures, à basses températures et sur les micro-canaux. Les critères qui distinguent ces différents
cas de figure sont subjectifs. Comme le font remarquer Thome et Ribatski [36], aucun critère
physiquement fondé n’a véritablement été éprouvé pour faire la distinction entre micro et macro-
canaux. Par défaut, le critère de Kandlikar et Grande [39] est adopté et tout canal de diamètre
hydraulique supérieur ou égal à 3 mm est qualifié de macro-canal. A l’inverse, tout canal de diamètre
hydraulique inférieur à 3 mm est qualifié de micro-canal. Nous avons aussi distingué deux plages de
température : les températures hautes, au dessus de -10 °C compris et les températures basses, en
dessous de -10°C. Cette distinction se base sur la constatation que les propriétés du CO2 comme la
tension de surface et le rapport de densité entre la phase liquide et la phase vapeur, se rapprochent de
celles des fluides frigorigènes conventionnels à mesure que la température de saturation diminue.
D’après Park et Hrnjak [40], les propriétés du CO2 à -15 °C sont proches de celles des fluides
conventionnels dans leur gamme d’utilisation habituelle, par exemple les propriétés du R-22 à 10 °C.

-23-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

Les études de visualisation d’écoulements ouvrent ce chapitre car elles donnent quelques clefs
physiques qui permettent de mieux appréhender les caractéristiques des transferts thermiques du CO2
en évaporation, qui sont abordées dans un deuxième temps. Ensuite, une synthèse est faite sur les
performances de différentes corrélations ou modèles de prédiction utilisés pour déterminer le
coefficient d’échange thermique et les pertes de pression. L’assèchement et les échanges thermiques
post-assèchement sont abordés séparément en fin de chapitre.

2.1 Visualisations et cartes d’écoulement


Les échanges thermiques et les pertes de pression dépendent de la configuration de l’écoulement. Il est
donc important de confronter les cartes d’écoulement existantes aux différentes observations. En
particulier, il est essentiel de connaître l’influence de la température, du diamètre et de la vitesse
massique sur le niveau de confinement ou de stratification de l’écoulement. De plus, mieux
comprendre les phénomènes qui participent à l’entraînement de gouttelettes aide à résoudre la question
de l’assèchement.

2.1.1 Critères de confinement de l’écoulement


En se basant sur des considérations technologiques, Kandlikar et Grande [39] proposent deux critères
pour classifier les canaux selon leur dimension. D’après ces auteurs, lorsque le diamètre hydraulique
d’un canal est supérieur à 3 mm on parle de macro-canal. En revanche, lorsque son diamètre
hydraulique est inférieur à 200 µm, il s’agit d’un micro-canal. Entre ces deux seuils, se situe le
domaine des mini-canaux. Ces deux critères sont donc des constantes indépendantes du fluide. Au
contraire, une approche plus physique (proche du fluide) a été proposée par Kew et Cornwell [41]
selon l’idée que la transition vers la micro-échelle correspond à une évolution vers un écoulement
confiné où les configurations d’écoulement et le transfert de chaleur sont différents de ceux observés
en macro-canaux. Cette conception se base sur le nombre de confinement (Co) qui représente le
rapport entre le diamètre des bulles et le diamètre du canal. En effet, si les dimensions du canal sont
inférieures au diamètre de détachement des bulles, plusieurs bulles ne peuvent plus coexister à la fois
comme en macro-canaux, par contre des bulles allongées apparaissent. Le diamètre de transition (Dt)
proposé par Kew et Cornwell entre la macro-échelle et la micro-échelle est le suivant :

Dt = , (2.1)
g (ρ l − ρ v )
ce qui est équivalent au critère suivant :
Co = 1 / 2 (2.2)
en considérant
σ
Co = . (2.3)
D g (ρ l − ρ v )
2

Ce diamètre de transition dépend de la tension de surface (σ) et des densités des phases vapeur (ρv) et
liquide (ρl). Il est donc dépendant du fluide et de sa pression de saturation. La Figure 2.1 présente ce
critère (Co=0,5) en fonction de la température de saturation dans le cas du CO2 et du R-134a. On
observe que le seuil de transition est plus faible dans le cas du CO2 que dans le cas du le R-134a. En
effet, le CO2 a une tension de surface relativement faible car sa pression réduite est plus élevée à
température de saturation identique.

Notons que l’angle de contact (θ) intervient dans la détermination du diamètre de détachement de
bulles et que sans cette information, qui dépend du couple fluide/matériau, la prédiction du diamètre
de transition est sans doute approximative. En considérant que la tension de surface du CO2 est bien
plus faible que celle du R-134a, on peut employer l’angle de contact du R-134a à 20 °C (22,5 °)
comme un maximum pour le CO2. A titre de comparaison, si on égalise le diamètre du canal avec le
diamètre de départ de bulles donné par Kutateladze [42] en ébullition convective, on obtient comme

-24-
Ébullition convective du dioxyde de carbone / Chapitre 2

critère Co=1,11 avec un angle de contact de 22,5 °. Si on utilise la corrélation de Fritz [43] en
ébullition nucléée en vase, on obtient Co=2,14 (Figure 2.1). Par ailleurs, le critère de Kew et Cornwell
se base sur une expression classique du diamètre de bulle de type Fritz. Or, dans les applications à
haute pression (proche du point critique) comme c’est le cas pour le CO2, cette expression a été
modifiée (voir Thome [44]) pour prendre en compte la présence de bulles plus petites. Cela donne un
diamètre de transition au moins dix fois plus faible à -10°C que par l’expression de Fritz originelle,
c'est-à-dire proche de 50 µm à cette température. Par ailleurs, Ozawa et al. [45], dans leur étude de
l’écoulement par bouchons, trouvent un autre critère (Co=0,35 sur la Figure 2.1) en annulant la vitesse
de glissement entre la phase vapeur et la phase liquide prédite dans le cas de la vidange d’un tube
horizontal rempli de liquide et bouché d’un côté. Ils remarquent que si les poches de vapeur ont une
vitesse nulle, le tube ne se vide plus ; il n’y a donc plus de stratification. L’expression utilisée a été
dérivée d’une étude portant sur un mélange air-eau dans des tubes de grands diamètres ce qui limite le
champ d’application de ce critère.

3
Co=0,5 (Kew et Cornwell, 1997)
Co=0,35 (Ozawa et al., 2009)
2.5 Co=2,14 (θ=22,5° Fritz, 1935)
Diamètre de transition [mm]

R−134a (Co=0,5)
2

1.5

0.5

0
−15 −10 −5 0 5 10 15 20 25
Temperature de saturation [°C]

Figure 2.1 : Diamètre de transition entre macro et micro-canaux selon différents critères pour le CO2.

A l’inverse des critères de type subjectif tels que celui de Kandlikar et Grande, les critères physiques
basés sur le nombre de confinement sont plus probants. En effet, il est probablement plus juste de
considérer que le diamètre de transition entre micro-canaux et macro-canaux dépend du fluide et de sa
température de saturation plutôt que du type d’application (échangeurs compacts, échangeurs à tubes
en épingle, etc.). Aussi, si l’on accepte que pour une température de saturation donnée la taille des
bulles de CO2 est plus faible que celle des fluides frigorigènes conventionnels, il est raisonnable de
penser que le diamètre de transition vers la micro-échelle est lui aussi plus faible pour le CO2.
Cependant, comme à chaque fois que l’on s’intéresse à la physique, la diversité des hypothèses (taille
des bulles) fait la diversité des réponses ; et d’ailleurs d’autres critères pas uniquement basés sur le
nombre de confinement viendront peut-être. Or, même si le critère de Kew et Cornwell est sans doute
prometteur (§ 1.1.3), à notre connaissance il n’y a pas pour le moment d’études qui aient pu vérifier sa
pertinence, ou celle d’autres critères physiques, à partir d’une large base de données. Dans ces
conditions, nous adopterons par défaut les diamètres de transition donnés par Kandlikar et Grande.

2.1.2 Configurations d’écoulement


La Figure 2.2 et la Figure 2.3 présentent les configurations d’écoulement typiquement rencontrées
respectivement dans les macro-canaux horizontaux et dans les micro-canaux. Dans les deux cas de
figure, on retrouve des configurations communes. Par ordre de titre (x) croissant, elles sont les
suivantes :

-25-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

Figure 2.2 : Régimes d’écoulement rencontrés dans les macro-canaux horizontaux.

Figure 2.3 : Configurations d’écoulement rencontrées dans les micro-canaux.

(i) L’écoulement à poches : bulles isolées ou poches de vapeur de faible vitesse et à faible titre ;
(ii) L’écoulement à bouchons : bouchons de liquide survenant par intermittence en présence de
poches de vapeur importantes ;
(iii) L’écoulement annulaire : cœur de vapeur dans lequel est souvent entraîné du liquide, entouré
d’un film de liquide ;
(iv) L’écoulement à brouillard : gouttelettes dispersées ou brouillard.

Les écoulements à poches et à bouchons sont parfois regroupés sous le terme d’écoulement
intermittent. En outre, à faible titre, lorsque la vitesse massique (G) est suffisante, les poches de
vapeur se fragmentent. Un nouveau type d’écoulement apparaît :

(v) L’écoulement à bulles : petites bulles dispersées, ou nuages de petites bulles.

Dans le cas des macro-canaux, lorsque la vitesse massique diminue, l’écoulement est de plus en plus
affecté par la force de gravité ; deux régimes d’écoulement apparaissent successivement à la place de
l’écoulement annulaire :

(vi) L’écoulement à vagues (ou stratifié à vagues) : stratification des deux phases avec des
vagues à l’interface ;
(vii) L’écoulement stratifié : deux phases séparées par une interface lisse.

-26-
Ébullition convective du dioxyde de carbone / Chapitre 2

Entre ces deux dernières configurations et les écoulements annulaire et à brouillard, existent deux
régimes de transitions :

(viii) Annulaire à vagues : écoulement annulaire présentant un film plus épais en bas et dont
l’interface contient des vagues ;
(ix) Brouillard à vagues : écoulement à vagues dont l’écoulement de vapeur en partie haute
contient du liquide entraîné.

Dans le cas des micro-canaux, Revellin et Thome [46] ont trouvé que les écoulements intermittents
pouvaient être également différenciés selon la fréquence des bulles, donnant deux nouveaux régimes :

(x) Bulles isolées : la fréquence des bulles augmente avec le titre.


(xi) Bulles coalescentes : la fréquence des bulles diminue avec le titre car le phénomène de
coalescence (fusion des bulles successives) prend le pas sur la formation de nouvelles bulles.

Par ailleurs, il existe un régime de transition entre l’écoulement à bouchons et l’écoulement annulaire
qui a son importance en micro-canaux :

(xii) Annulaire à bouchons : écoulement de vapeur pénétrant dans les bouchons de liquide, ce
régime existe aussi dans les macro-canaux verticaux, où on l’appelle écoulement agité.

L’ensemble de ces régimes d’écoulement est facilement identifiable sur une carte où chaque point est
identifié par son titre, en abscisse, et par sa vitesse massique, en ordonné. Dans les paragraphes qui
suivent, nous avons choisi d’utiliser ce type de carte comme cartes de référence en raison de leur
caractère didactique.

La carte de Kattan et al. [47], représentée sur la Figure 2.4, est la première de ce type. Elle est en fait
une adaptation des cartes de Taitel et Dukler [48] et de Steiner [49]. Elle inclut en outre l’effet du flux
de chaleur sur le titre où commence l’assèchement. Cet assèchement est supposé être causé par la
stratification de l’écoulement. Zürcher et al. [50], puis Thome et El Hajal [51] ont ensuite amélioré
cette carte au niveau des transitions entre écoulement stratifié (S), écoulement stratifié à vagues (SW),
et écoulement annulaire (A) ou intermittent (I). Thome et El Hajal ont par ailleurs utilisé le modèle de
taux de vide de Rouhani et Axelsson [52] à la place de celui de Taitel et Dukler pour obtenir une
expression explicite des paramètres de l’écoulement et simplifier la procédure de calcul de la carte.
Dans cette lignée de cartes d’écoulement initiée par Kattan et al. l’assèchement est considéré comme
une transition entre écoulement annulaire et écoulement stratifié à vagues. Cette ligne de transition
représente donc à la fois l’effet de la gravité à titre faible et modéré et l’effet du flux de chaleur à titre
élevé. Wojtan et al. [53] ont pris le parti de séparer ces deux effets en créant deux transitions
supplémentaires représentant le début de l’assèchement et la fin de l’assèchement (Figure 2.5). Ils ont
repris les deux transitions originelles de Kattan et al. entre les écoulements stratifié, stratifié à vagues
et annulaire, en supprimant toutefois l’effet du flux de chaleur pour la transition entre l’écoulement
stratifié à vagues et l’écoulement annulaire. Ils ont en outre gardé la procédure de calcul simplifiée de
Thome et El Hajal. Cheng et al. [54] ont adapté cette carte pour le CO2 en modifiant le titre de
transition entre écoulement intermittent et écoulement annulaire qui était jusqu’ici issue du critère de
Steiner (Xtt=0,34). Ils ont aussi modifié la prédiction du titre de début d’assèchement. Pour faire ces
modifications ils se sont basés sur l’analyse des données de transfert de chaleur présentes dans la
littérature. Il faut noter que les transitions « stratifié-stratifié à vagues » et « stratifié à vagues-
intermittent/annulaire » restent inchangées et sont à l’origine déterminées à partir de données portant
sur des fluides frigorigènes conventionnels (Kattan et al. [47]). Récemment, Cheng et al. [55] ont
proposé une mise à jour de cette carte à partir d’une base de données étendue à de plus petits
diamètres. De nouveaux titres de début et de fin d’assèchement ont été proposés ainsi qu’un critère de
transition entre l’écoulement intermittent et l’écoulement à bulles (B). Il faut rappeler que cette série
de carte d’écoulement, de celle de Kattan et al. jusqu’à celle de Cheng et al., est à l’origine dédiée aux

-27-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

Vitesse massique [kg/m2.s]


Vitesse massique [kg/m2.s]

Titre Titre
Figure 2.4 : Carte de Kattan comparée à celle de Figure 2.5 : Carte de Wojtan (R-22, Tsat=5 °C,
Steiner (R-410A, Tsat=5 °C, D=13,84 mm). D’après D=13,84 mm, G=100 kg/m2.s, q=2,1 kW/m2).
Wojtan et al. [53]. D’après Wojtan et al. [53].

écoulements en macro-canaux. Il peut donc être hasardeux de les utiliser pour des écoulements en
micro-canaux même si l’écoulement du CO2 devient confiné pour des diamètres inférieurs à celui des
fluides conventionnels.

La Figure 2.6 présente la carte pour micro-canaux mise au point par Revellin et Thome [46]. A partir
de l’observation des bulles et de leur comptage, pour deux fluides (R-134a, R-245fa) dans deux tubes
de diamètres différents (0,509 mm et 0,790 mm), ils ont défini les transitions entre les deux nouveaux
types de régime décrits plus haut : à bulles isolées (IB) et à bulles coalescentes (CB). Par ailleurs, à
partir de données de flux critique, ils ont également déterminé une troisième ligne de transition entre
l’écoulement annulaire (A) et le régime post-assèchement (PD). Notons que Yamamoto et al. [56] ont
effectué des visualisations d’écoulements de CO2 entre 10 °C et 18,3 °C dans trois tubes (0,51, 1 et 2
mm) ; ils ont pu trouver, en modifiant les transitions de Revellin et Thome (IB-CB et CB-A), une
bonne correspondance avec leurs transitions « bouchons-annulaire à bouchons » et « annulaire à
bouchons-annulaire ». Ces nouvelles transitions sont reportées ici :

Figure 2.6 : Carte d’écoulements de Revellin et Thome (R-134a, D=0,5 mm, Tsat=30 °C,
q=50 kW/m2). D’après Revellin et Thome [46].

-28-
Ébullition convective du dioxyde de carbone / Chapitre 2

x IB −CB = 1,526(Relo Bo Wevo )


0 , 41
, (2.4)

xCB − A = 0,00035 Relo1, 47Welo−1, 23 ; (2.5)


où Bo est le nombre d’ébullition, Relo et Welo sont respectivement les nombres de Reynolds et de
Weber de l’écoulement supposé entièrement liquide, et Wevo est le nombre de Weber de la phase
vapeur circulant au débit total.

2.1.3 Visualisations en micro-canaux


Influence de la température

Ozawa et al. [45] ont fait des observations dans un tube de 1 mm sans flux de chaleur pour deux
températures de changement de phase et ont reporté leurs observations sur des cartes d’écoulement
distinctes (Figure 2.7a et Figure 2.8a). Il est intéressant de noter qu’ils ont pour la première fois
observé la transition entre un comportement macro-échelle et un comportement micro-échelle en
faisant varier la température de saturation. Ils valident ainsi en partie le concept proposé par Kew et
Cornwell qui présente le diamètre de transition comme une fonction de la température. En effet, à 65
bar (25,4 °C), un écoulement à poches est observé à faible titre puis un écoulement à bouchons en
augmentant le titre (Figure 2.7b). Ces écoulements sont typiques de la macro-échelle en ce sens que
les poches de vapeur entre les bouchons sont stratifiées (sensible à la gravité) car l’on voit clairement
une plus grande épaisseur de film sous la poche de vapeur. On remarque aussi que les poches de
vapeur se délitent en petites bulles qui se mélangent aux bouchons. A l’inverse, à 50 bar (14,3 °C) les
poches de vapeur prennent la forme de bulles allongées et confinées peu sensibles à la gravité (Figure
2.8b). On voit clairement l’impact d’une plus grande tension de surface. Ce type d’observation est
typique des écoulements en micro-canaux, par exemple observés par Revellin [57]. Entre 14,3 °C et
25,4 °C il y a donc un changement d’échelle qui coïncide plutôt bien avec la température de transition
de 17,8 °C prédite par le critère de Kew et Cornwell pour un tube de 1 mm.

Entre ces deux températures (25,4 et 14,3 °C), il est possible d’ajouter les observations faites par
Pettersen [58] à 20 °C (Figure 2.9b) dans un tube de 0,98 mm en présence d’un flux de chaleur de 13
kW/m2. D’après Pettersen, on retrouve un écoulement à bouchons (bulles allongées avec bouchons)
pour un titre inférieur à 0,4 mais il est difficile de déterminer dans quelle mesure l’écoulement est
stratifié ou confiné. Dans l’ensemble, l’écoulement ressemble plus aux observations de Ozawa et al.
pour 14,3 °C, notamment une configuration proche du type annulaire à bouchons pour un titre de 0,35,

Tsat=25,4 °C
Bulles Annulaire
Poches Brouillard
Bouchons Annulaire à vagues
Annulaire à bouchons
A poches (x=0,1)

A bouchons (x=0,2)

Annulaire à vagues (x=0,5)

(a) (b)
Figure 2.7 : (a) Carte d’écoulement adiabatique à Tsat=25,4 °C, D=1mm. Lignes pleines : carte de
Cheng et al. [55]. Lignes pointillées : carte de Revellin et Thome [46]. (b) Visualisations à G=300
kg/m2.s. D’après Ozawa et al. [45].

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Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

Tsat=14,3 °C
Bulles Annulaire
Poches Brouillard
Bouchons Annulaire à vagues
Annulaire à bouchons

A bouchons (x=0,1)

Annulaire à bouchons (x=0,5)

(a) (b)
Figure 2.8 : (a) Carte d’écoulement adiabatique à Tsat=14,3 °C, D=1mm. Lignes pleines : carte de
Cheng et al. [55]. Lignes pointillées : carte de Revellin et Thome [46]. (b) Visualisations à G=300
kg/m2.s. D’après Ozawa et al.[45].

Tsat=20 °C A bouchons

A D M
500
Vitesse massique [kg/m2s]

I
400

Intermittent
300
Annulaire
Brouillard Annulaire
200
Bulles

100
SW
0
S
0.2 0.4 0.6 0.8
Titre

(a) (b)
Figure 2.9 : (a) Carte d’écoulement diabatique à Tsat=20 °C, q=13 kW/m2.s, D=0.98 mm. Lignes
pleines : carte de Kattan et al. [47]. Lignes pointillées : carte de Cheng et al. [55]. (b) Visualisations
à G=250 kg/m2.s. D’après Pettersen [58].

et la présence de bulles allongées. Néanmoins, contrairement aux observations de Ozawa et al., on


remarque la présence de petites bulles dans les bouchons de liquide (titre de 0,22) qui sont
probablement dues à l’ébullition nucléée.

Influence de la vitesse massique


A 20 °C et à faible vitesse massique (G=100 kg/m2.s), Pettersen [58] note la présence de bulles
clairement identifiables dans le film liquide dues à l’ébullition nucléée. En outre, l’écoulement
annulaire est instable (irrégulier) et montre moins de bulles lors du passage de liquide ayant une
vitesse plus élevée. D’après Pettersen, cette variation de la quantité de bulles peut provenir d’un effet
de la suppression de l’ébullition nucléée. A plus forte vitesse massique (G=250 et 380 kg/m2.s)
l’ébullition nucléée est seulement visible dans les bouchons et Pettersen note que l’écoulement
annulaire reste instable et présente en plus des vagues à l’interface. Même si Pettersen n’a pas fait
cette distinction, il peut s’agir de l’écoulement annulaire à bouchons décrit par Ozawa et al. En effet,
Pettersen décrit que les bouchons évoluent en se déchirant (écoulement agité) pour devenir des vagues
dont les fragments sont entraînés par la phase vapeur. D’après Pettersen, une quantité importante de

-30-
Ébullition convective du dioxyde de carbone / Chapitre 2

gouttelettes est présente dans l’écoulement annulaire. L’augmentation de la vitesse massique provoque
l’augmentation de l’entraînement du liquide et l’apparition de bulles dispersées à faible titre. Pettersen
observe en outre la disparition du film liquide pour un titre proche de 0,8 et la présence de gouttelettes
de liquide dans la phase vapeur pour un titre proche de 1 ce qui atteste d’un déséquilibre thermique.
Ozawa et al. ne pointent pas particulièrement la présence de gouttelettes ce qui a peut-être quelque
chose à voir avec l’absence de flux de chaleur et donc l’absence d’ébullition nucléée.

Comparaison avec les cartes d’écoulements

Sur la Figure 2.9a, les configurations d’écoulement observées par Pettersen [58] sont comparées à la
carte d’écoulement de Kattan et al. [47] pour les fluides conventionnels et à la carte de Cheng et al.
[55] (traits pointillés rouges) pour le CO2. Pour représenter ses données, Pettersen a fait une distinction
franche entre l’écoulement intermittent (I) et l’écoulement annulaire (A) sans indiquer d’écoulement
annulaire à bouchons qui peut être inclus dans l’une ou l’autre de ces deux catégories. On voit que la
carte de Kattan et al. prédit une transition « intermittent-annulaire » (I-A) à un titre trop élevé. Cela
laisse supposer que l’écoulement annulaire apparaît plus tôt pour le CO2 que pour d’autres fluides
conventionnels. Par contre, la carte de Cheng et al. prédit une transition « intermittent-annulaire » à un
titre plus faible que les observations de Pettersen. Cela laisse supposer que cette carte, initialement
développée pour les macro-canaux, n’est peut-être pas adaptée au cas des micro-canaux.

Cependant, lorsque la carte de Cheng et al. [55] est comparée aux observations de Ozawa et al.
(Figure 2.8a et Figure 2.7a) on voit que la transition « intermittent-annulaire » correspond assez bien
au titre à partir duquel commence l’écoulement annulaire à bouchons, intermédiaire entre
l’écoulement intermittent et l’écoulement annulaire. La transition « intermittent-annulaire » de Cheng
et al. a été déterminée à partir de données de transfert thermique, elle correspond à une baisse marquée
du coefficient de transfert de chaleur généralement observée pour les macro-canaux. Même si cette
chute du coefficient de transfert de chaleur n’est pas observée en dessous d’un certain diamètre
(micro-canaux), cette transition doit tout de même correspondre à une réalité en terme d’écoulement
qui se traduit, a priori, par ce changement entre écoulement à bouchons et écoulement annulaire à
bouchons.

De façon générale, aussi bien pour les observations de Pettersen que celles de Ozawa et al., la
transition « intermittent-annulaire » ou « bouchons-annulaire à bouchons », ne se fait pas à titre
constant mais plutôt à un titre variable en fonction de la vitesse massique ce qui diffère de la carte de
Cheng et al. Pour cette raison Ozawa et al. ont comparé leurs observations à la carte de Revellin et
Thome [46] spécifique aux micro-canaux mais cependant obtenue par l’étude de deux fluides
frigorigènes conventionnels. A 14,3°C, comme le font remarquer Ozawa et al., la ligne « bulles
coalescentes-annulaire » (CB-A) correspond plutôt bien à la transition entre écoulement à bouchons et
écoulement annulaire à bouchons ce qui corrobore l’idée que l’écoulement est confiné à cette
température. A l’inverse, à 25,4 °C, la carte de Revellin et Thome ne semble pas adaptée ce qui
correspond à l’idée que l’écoulement est proche de celui régnant dans un macro-canal.

D’après les données de Pettersen [58] à 20 °C (Figure 2.9a) et celles de Ozawa et al. [45] à 25,4 °C
(Figure 2.7a), la carte de Cheng et al. semble sous estimer la vitesse massique à partir de laquelle le
régime à bulles apparaît. Notons que cette transition n’a pas changée depuis Kattan et al. [47]. En
outre, la carte de Cheng et al. [55] ne permet pas de savoir dans quelle mesure l’écoulement annulaire
est influencé par la gravité et donc ne fait pas de distinction entre annulaire et annulaire à vagues, ce
dernier type d’écoulement apparaissant avec l’augmentation de la température (Figure 2.7a). En ce qui
concerne la zone d’écoulement à brouillard (M), la carte de Cheng et al. donne de bons résultats sur
les observations de Pettersen en présence d’un flux de chaleur (Figure 2.9a) puisque les prédictions du
titre de fin d’assèchement (transition D-M) correspondent bien à l’amorce de ce régime. En revanche,
cette transition « assèchement-brouillard » (D-M) ne correspond pas du tout aux observations de
Ozawa et al. faites sans apport de chaleur (Figure 2.7a et Figure 2.9a) où l’écoulement annulaire
empiète sur la zone théorique d’écoulement à brouillard. De plus, les données de Ozawa et al.
montrent (Figure 2.7a pour 25,4 °C) que l’écoulement à brouillard apparaît à un titre qui diminue avec
la vitesse massique. Cela laisse à penser que le titre d’assèchement augmenterait lorsque la vitesse

-31-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

massique est plus élevée. Or, cette constatation est en contradiction avec les titres de fin
d’assèchement prédits par la carte de Cheng et al. et ceux généralement observés à travers les
échanges thermiques (Hihara et Tanaka [59] et Pettersen [60]) qui indiquent une tendance inverse.
Cela montre que la présence d’un flux de chaleur affecte fortement les configurations d’écoulement.

Influence de la densité de flux thermique


Pour une température de 20 °C, Pettersen a également fait des visualisations d’écoulements en
conditions adiabatiques. Il retrouve les mêmes configurations d’écoulement qu’en présence d’un flux
de chaleur si ce n’est l’apparition du régime stratifié à la place de l’écoulement annulaire pour une
faible vitesse massique (<100 kg/m2.s) et un titre élevé (x≈0,7). En outre, la transition entre
l’écoulement intermittent et l’écoulement annulaire a lieu pour un titre un peu plus faible dans le cas
adiabatique. D’après Pettersen, le passage d’un écoulement stratifié à un écoulement annulaire
lorsqu’un flux de chaleur est appliqué peut provenir de la présence de bulles dans le film liquide. Ces
dernières peuvent en effet modifier les propriétés de densité et de viscosité du film liquide. Notons que
Ozawa et al. auraient peut-être observé un tel régime stratifié si ils avaient fait des essais à plus faible
vitesse massique.

Entraînement des gouttelettes

En comparant la Figure 2.7a et la Figure 2.8a, on remarque que l’écoulement à brouillard apparaît
pour des titres plus faibles lorsque la température augmente. Cela laisse supposer que l’entraînement
de gouttelettes et la destruction du film liquide s’accentue au fur et à mesure que la température
augmente sans doute à cause d’une plus faible tension de surface, d’une plus faible viscosité du liquide
et cela malgré le fait que la vitesse de la vapeur soit plus faible. Pettersen [58], outre ses observations à
20 °C, a fait quelques observations pour une température de saturation de 0°C. Pour cette température,
il observe que l’écoulement annulaire est plus stable qu’à 20 °C avec des vagues plus lisses. La
quantité de liquide entraînée est moins importante et se compose de gouttelettes plus fines. Malgré une
vitesse de glissement entre les deux phases plus élevée (elle double entre 20 °C et 0 °C), il semble que
l’augmentation de la tension de surface et de la viscosité du liquide prennent le dessus pour maintenir
le film liquide quand la température diminue. Pettersen a aussi remarqué que l’écoulement annulaire
perdurait jusqu’à un titre plus élevé lors de ses essais à 0 °C plutôt qu’à 20 °C. D’après Pettersen, cela
confirme la diminution de l’entraînement de gouttelettes lorsque la température diminue.

Par ailleurs, dans ses essais en présence d’un flux de chaleur, Pettersen a observé des écoulements à
brouillard qui n’apparaissent pas en conditions adiabatiques. Cela laisse penser que l’évaporation et
l’ébullition nucléée en particulier participe à la destruction du film liquide. Il ne serait pas étonnant de
voir l’ébullition nucléée influencer la présence de gouttelettes entraînées dans la mesure où le taux
d’entraînement est généralement estimé en faisant la somme de deux composantes : celle liée à la
contrainte interfaciale entre le cœur de vapeur et le film liquide et celle liée à la destruction du film
liquide par les bulles de vapeur. Cette dernière contribution peut être évaluée par exemple à l’aide des
corrélations de Ueda et al. [61] ou bien de Milashenko et al. [62].

Milashenko et al. [62] ont étudié la répartition du liquide dans un écoulement à brouillard formé d’un
mélange liquide-vapeur en écoulement vertical. Ils ont déterminé le taux d’entraînement (Geb) dû à
l’ébullition nucléée en fonction de la densité de flux thermique (q) et du débit massique circulant dans
le film liquide (mlf) :

Geb (πD )
1, 3
2
⎡ ⎛ρ ⎞⎤
= 1,75 ⎢q × 10 −6 ⎜⎜ v ⎟⎟⎥ . (2.6)
m lf ⎣ ⎝ ρl ⎠⎦
Même si des résultats obtenus pour l’eau ne sont sans doute pas directement applicables pour le CO2,
cette expression donne une idée de la tendance. Notamment le rapport entre la densité de la vapeur et
celle du liquide, qui est élevé pour le CO2, plaide en faveur d’un plus grand entraînement par
l’explosion des bulles de vapeur. Ueda et al. [61] donnent quant à eux la relation suivante, où C est
une constante dépendante du fluide et δ l’épaisseur du film :

-32-
Ébullition convective du dioxyde de carbone / Chapitre 2

Geb ⎡ (q hlv )2 δ ⎤
= C⎢ ⎥. (2.7)
q hlv ⎢⎣ σ ρ v ⎦⎥
A mesure que la température de saturation augmente, la chaleur latente de vaporisation (hlv) diminue
ce qui intensifie le transfert de masse entre le film liquide et le cœur de vapeur (Bo augmente) ; de
plus, la tension de surface diminue. D’après la corrélation de Ueda et al., ces deux éléments participent
à un plus grand entraînement de la phase liquide dans le cœur de l’écoulement. Cependant, la part de
l’entraînement liée à la contrainte entre les deux phases n’est pas négligeable puisque Pettersen
observe (à 20 °C) une augmentation de la quantité de liquide entraînée lorsque la vitesse massique
augmente. Pour une vitesse massique de 500 kg/m2.s, le film liquide a presque disparu pour un titre de
0,77, prenant la forme d’un filet en bas du tube.

Pettersen [58] a confronté ses observations (présence de gouttes ou non) au critère de début
d’entraînement proposé par Ishii et Grolmes [63] pour un film liquide turbulent (Rel>1635). Il s’agit
d’un critère basé sur la contrainte interfaciale entre les deux phases qui prend la forme d’une vitesse
superficielle critique de la vapeur (jv) déterminée comme suit :
1/ 2
µ l jv ⎛ ρv ⎞
⎜⎜ ⎟⎟ = N µ0,8 pour N µ < 1 / 15
σ ⎝ ρl ⎠
1/ 2
(2.8)
µ l jv ⎛ ρv ⎞
⎜⎜ ⎟⎟ = 0,1146 pour N µ > 1 / 15
σ ⎝ ρl ⎠
où N µ est le nombre de viscosité défini comme suit :

µl
Nµ = 1/ 2
. (2.9)
⎛ σ ⎞
⎜ ρ lσ ⎟

⎝ g (ρ l − ρ v ) ⎟⎠
A 20 °C, ce critère donne une vitesse superficielle de la vapeur proche de 0,4 m/s. Cette valeur n’est
pas très éloignée des résultats de Pettersen qui observe un déclenchement de l’entraînement entre 0,53
et 0,62 m/s. La Figure 2.10 montre ce critère évalué en terme de titre pour G=300 kg/m2.s. Ce titre de
début d’entraînement est représenté en abscisses (comme pour les cartes d’écoulements) pour
différentes températures de saturation en ordonnées. Pour la comparaison, ce critère est aussi
représenté dans le cas du R-134a. Comme la densité du R-134a liquide est plus élevée que celle du
CO2 le nombre de Reynolds de la phase liquide circulant seule (Rel) se situe en dessous de 1635. Dans
ce cas (160<Rel<1635), Ishii et Grolmes proposent l’expression suivante :
1/ 2
µ l jv ⎛ ρv ⎞ −1 / 3
⎜⎜ ⎟⎟ = 11,78 N µ0,8 Rel pour N µ ≤ 1 / 15
σ ⎝ ρl ⎠
1/ 2
(2.10)
µ l jv ⎛ ρ v ⎞ −1 / 3
⎜ ⎟⎟ = 1,35Rel pour N µ > 1 / 15
σ ⎜⎝ ρ l ⎠

Collier et Thome [64] suggèrent une autre expression pour déterminer la vitesse superficielle critique
de la vapeur :
ρl σ
j v = 1,5.10 − 4 . (2.11)
ρv µv
D’après la Figure 2.10, cette dernière expression donne un titre équivalent plus faible que la
corrélation de Ishii et Grolmes. En outre, elle prédit un début d’entraînement plus précoce pour le CO2
que pour le R-134a ce qui est le plus vraisemblable mais en contradiction avec la prédiction de Ishii et

-33-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

2
G=300 kg/m .s
25
CO Ishii et Grolmes (1975)
2
20 CO Collier et Thome (1994)
2

Température de saturation [°C]


R−134a Ishii et Grolmes (1975)
15 R−134a Collier et Thome (1994)

10

−5

−10

−15
0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5
Titre

Figure 2.10 : Comparaison de deux critères de début d’entraînement pour D=1 mm et G=300 kg/m2.s.

Grolmes. Néanmoins, pour le CO2, ces deux corrélations prédisent une réduction du titre de début
d’entraînement lorsque la température de saturation augmente. Cela concorde avec les observations
décrites plus haut qui plaident pour une plus grande quantité de gouttes entraînées quand la
température est plus élevée.

Si les observations de Ozawa et al. et de Pettersen convergent vers l’idée que plus de gouttelettes sont
entraînées lorsque la température augmente dans un tube de 1 mm, cette tendance est remise en
question par les observations de Ozawa et al. [45] dans un tube de 2 mm. En effet, dans ce cas,
l’écoulement à brouillard apparaît au contraire lorsque la température diminue (de 25,4 à 14,3 °C).
Aussi bien leurs données thermiques que leurs observations montrent que l’écoulement tend à se
stratifier lorsque la température augmente. Deux effets s’opposent. D’un côté, le rapport entre la
densité de la vapeur et la densité du liquide se rapproche de l’unité ce qui est en faveur d’un
écoulement homogène moins affecté par la gravité. De l’autre côté, la tension de surface diminue ainsi
que la vitesse de la phase vapeur ce qui limite le maintien du film au sommet du tube. Il semble que ce
dernier effet prenne le dessus. Si l’écoulement se stratifie, la surface de contact entre la phase vapeur
et la phase liquide diminue ; c’est peut être cela qui explique la diminution de la fraction de liquide
entraînée et donc l’absence d’écoulement à brouillard à titre élevé.

Influence du diamètre
D’après les observations de Ozawa et al. [45] dans un tube de 2 mm, l’écoulement à bouchons présent
à faible titre à 14,3 °C disparaît à 25,4 °C au profit d’un écoulement annulaire à bouchons. Cet
écoulement annulaire à bouchons semble affecté par la gravité dans la mesure où l’épaisseur du film
est beaucoup plus importante en bas du tube (Figure 2.11). L’écoulement à bouchons disparaît sans
doute à cause d’une stratification trop importante. A 25,4 °C on voit que la carte de Revellin et Thome
[46] n’est pas adaptée pour prédire la transition entre l’écoulement à bulles (de type intermittent) et
l’écoulement annulaire à bouchons. A 14,3 °C, l’écoulement n’est pas confiné (poches de vapeur ni
allongées, ni axisymétriques) ; par contre on retrouve comme pour le tube de 1 mm à 14,3 °C (Figure
2.8a) une bonne correspondance entre d’une part la ligne de démarcation « bulles coalescentes-
annulaire » de la carte de Thome et Revellin (CB-A) et d’autre part la transition « bouchons-annulaire
à bouchons » observée. La carte de Revellin et Thome [46] a donc la capacité de prédire la transition
entre un écoulement de type intermittent et un écoulement de type annulaire pourvu que l’écoulement
ne soit pas trop affecté par la gravité. D’après les visualisations de Ozawa et al., à 14,3 °C
l’écoulement n’est pas confiné dans un tube de 2 mm alors qu’il l’est dans un tube de 1 mm. A 25,4 °C
que ce soit dans un tube de 2 mm ou bien dans un tube de 1 mm, l’écoulement est typique des macro-
canaux. Par contre, les observations de Gasche [65] à 23,3 °C dans un canal chauffé (1,8 kW/m2) de
0,8 mm de diamètre hydraulique (Figure 2.12b) montrent un écoulement plutôt confiné. Le critère de

-34-
Ébullition convective du dioxyde de carbone / Chapitre 2

Kew et Cornwell, donnant un diamètre de transition de 0,72 mm pour 24,5 °C, n’est donc pas loin de
la réalité. En outre, la carte d’écoulements de Gasche (Figure 2.12a) est proche de celle de Ozawa et
al. pour 1 mm et 25,4 °C avec un écoulement annulaire qui apparaît pour un titre supérieur à 0,5.

Tsat=25,4 °C – D=2 mm
Bulles Annulaire
Poches Brouillard
A bulles (x=0,05)
Bouchons Annulaire à vagues
Annulaire à bouchons

Annulaire à bouchons (x=0,1)

Annulaire à bouchons (x=0,5)

Annulaire (x=0,8)

(a) (b)
Figure 2.11 : (a) Carte d’écoulement adiabatique à Tsat=25,4 °C, D=2 mm. Lignes pleines : carte de
Cheng et al. [55]. Lignes pointillées : carte de Revellin et Thome [46]. (b) Visualisations à G=300
kg/m2.s. D’après Ozawa et al. [45].

Tsat=23,3 °C – Dh=0,8 mm Poches


Bouchons
Annulaire à bouchons
Annulaire

A bouchons (x=0,29)

(a) (b)
Figure 2.12 : (a) Carte d’écoulement diabatique à Tsat=23,3 °C, Dh=0,8 mm, q=1,8 kW/m2. Lignes :
carte de Thome et El Hajal [66]. (b) Visualisations à G=149 kg/m2.s. D’après Gasche [65].

Carte d’écoulements de Yun et Kim


Yun et Kim [67] ont visualisé un écoulement de CO2 dans une conduite rectangulaire de faible
épaisseur (2 mm) à une température de 5,3 °C et en présence d’un flux de chaleur. De la même
manière que décrit sur les cartes d’écoulement présentées par Ozawa et al. [45] à 14,3 °C et par
Pettersen [58] à 20 °C, ils observent que la transition vers l’écoulement annulaire se fait pour un titre
qui diminue lorsque la vitesse massique augmente. Ils justifient ce comportement en partie par un
entraînement plus important du liquide sous forme de gouttelettes à plus forte vitesse massique. Alors
que pour une vitesse massique supérieure à 870 kg/m2.s il y a une transition directe entre écoulement à
bulles (titres faibles) et écoulement annulaire (titres plus élevés), à plus faible vitesse massique, un

-35-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

écoulement à bouchons s’intercale entre ces deux régimes. Tout comme Pettersen, Yun et Kim
montrent que les cartes d’écoulement élaborées à partir d’écoulements adiabatiques d’air et d’eau à
pression atmosphérique donnent des transitions pour des vitesses superficielles de la vapeur largement
supérieures (une ou deux décades) à celles observées pour le CO2. Cette différence s’explique par les
propriétés très différentes du mélange air-eau comparées celles du CO2. En outre, Yun et Kim
évoquent l’idée que la présence d’un flux de chaleur, de part l’instabilité provoquée par la présence
des bulles, puisse diminuer la vitesse superficielle de la vapeur nécessaire aux transitions. Les
propriétés de l’eau à pression élevée se rapprochent par contre de celles du CO2 dans sa gamme de
températures de saturation usuelle si l’on considère le rapport de densité entre les phases vapeur et
liquide, la tension de surface ou bien la viscosité du liquide. De ce fait, la carte de Hosler [68] élaborée
pour de l’eau à haute pression en présence d’un flux de chaleur donne des vitesses superficielles de la
vapeur du même ordre de grandeur que pour le CO2. A partir de leurs données, Yun et Kim donnent
les transitions suivantes pour le CO2 en fonction de la vitesse superficielle de la vapeur :

bulles-bouchons (tiré de Hibiki et Mishima [69])


j v ε = C o j avec ε = 0,2 et C o = 1,11 ; (2.12)
bouchons-annulaire
Wev ≈ 20 . (2.13)
Il y a une transition directe bulles-annulaire si la vitesse superficielle du liquide est supérieure à une
certaine limite donnée par
Wel > 100 (2.14)
alors la transition bulles-annulaire a lieu pour la vitesse superficielle de vapeur suivante :
j v ε = C o j avec ε = 0,35 et C o = 1,05 . (2.15)

Dans ces expressions, ε représente le taux de vide et j est la vitesse superficielle de l’écoulement
diphasique. Wev et Wel sont les nombres de Weber respectifs de la phase liquide et de la phase vapeur
circulant seule, que l’on peut écrire comme suit :
ρ v j v2 D
Wev = , (2.16)
σ
ρ j2D
Wel = l l . (2.17)
σ

2.1.4 Visualisations en macro-canaux


Sun et Groll [70] ont étudié les transferts thermiques du CO2 dans un tube de 4,6 mm. A la suite d’une
investigation théorique préliminaire, ils ont conclu que l’écoulement annulaire occupait une part
importante dans les régimes d’écoulement du CO2. Pour se faire, ils se sont basés sur les cartes
d’écoulement de Breber et al. [71] et de Weisman et al. [72] à 5 °C. D’après la carte de Breber et al.,
la transition entre l’écoulement intermittent et l’écoulement annulaire aurait lieu à un titre proche de
0,2-0,25. Avec la carte de Weisman et al., cette transition « intermittent-annulaire » est même prédite
plus tôt, entre 0,05 et 0,2 selon la vitesse massique. Ainsi, l’écoulement annulaire du CO2 s’amorcerait
pour un titre relativement faible. Or ces cartes d’écoulement sont plutôt destinées aux fluides
frigorigènes conventionnels puisque la carte de Breber et al. est obtenue à partir de données sur le R-
11, le R-12 et le R-112 et que celle de Weisman et al. donne de bons résultats pour le R-22. Ainsi, ces
cartes sont susceptibles de donner de mauvaises prédictions pour le CO2. Afin d’apporter un élément
de clarification, nous avons comparé (Figure 2.13) la carte d’écoulement de Wojtan et al. [53]
élaborée pour des fluides frigorigènes conventionnels comme le R-134a avec la carte d’écoulement de
Cheng et al. [55] spécialement modifiée pour le CO2. Si l’on se fie à ces deux cartes, l’écoulement
annulaire apparaîtrait pour un titre plus faible dans le cas du CO2 que dans le cas des fluides
frigorigènes conventionnels comme le R-134a. Cela vient confirmer l’hypothèse de Sun et Groll.

-36-
Ébullition convective du dioxyde de carbone / Chapitre 2

2
Tsat=0 °C / D=5 mm / q=10 kW/m
600

550 I A D M
CO2
500

Vitesse massique [kg/m2s]


450
R−134a
400

350

300

250
Slug
200

150
Slug
100 +SW SW
50
S
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
Titre
Figure 2.13 : Comparaison entre la carte d’écoulement théorique du CO2 (lignes pointillées : Cheng
et al. [55]) et celle du R-134a (lignes continues : Wojtan et al. [53])

Des visualisations d’écoulements de CO2 à basse température (-15 °C) ont étés faites par Park et
Hrnjak [40] dans un tube de 6 mm. Leur carte (Figure 2.14) montre que l’écoulement annulaire
« axisymétrique » apparaît pour un titre compris entre 0,5 et 0,6 ce qui est assez bien prédit par la
transition « intermittent-annulaire » de Wojtan et al. malgré le fait que cette transition semble en
pratique dépendante de la vitesse massique. Cependant à titre plus faible, cet écoulement annulaire est
précédé par un écoulement annulaire à vagues, voire, à faible vitesse massique, d’un écoulement
stratifié à vagues. Ce type d’écoulement annulaire affecté par la gravité s’amorce à un titre compris
entre 0,2 et 0,3 ce qui correspond plus à la transition « intermittent-annulaire » de Cheng et al [55].
Park et Hrnjak ont aussi observé l’écoulement du R-410A dans les mêmes conditions. Il apparaît que
l’écoulement annulaire proprement dit (axisymétrique) commence pour un titre plus faible que pour le
CO2. La région d’écoulement annulaire à vagues arrive aussi plus tôt mais n’est observée que pour les
vitesses massiques les plus faibles, dans le cas contraire il y a une transition directe entre les
écoulements intermittent et annulaire ce qui n’est pas le cas pour le CO2. Ainsi, à -15 °C, l’hypothèse
théorique donnant un écoulement annulaire plus précoce pour le CO2 que pour un fluide frigorigène

Bouchons+Stratifié
Bouchons+Stratifié à vagues
500 Stratifié à vagues
Vitesse massique [kg/m s]

Intermittent
2

400
Annulaire à vagues
Annulaire

300

200

100

0
0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9
Titre
Figure 2.14 : Carte d’écoulement à -15 °C pour un tube de 6 mm. Ligne continues : carte de Wojtan et
al. [53]. Lignes en pointillées : carte de Cheng et al. [55]. D’après Park et Hrnjak [40].

-37-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

conventionnel ne se vérifie pas et la transition « intermittent-annulaire » prédite par Cheng et al.


correspond à un titre trop faible. En concéquence, l’écoulement du CO2 semble être plus affecté par
l’effet de la gravité que celui du R-410A, peut-être à cause d’une plus faible vitesse de la phase
vapeur. A titre élevé, la vitesse massique de transition entre écoulement stratifié à vague et écoulement
annulaire est bien prédite par la carte de Wojtan et al. [53]. Notons que cette transition est la même
pour la carte de Cheng et al. En outre, d’après Park et Hrnjak [40], la carte de Weisman et al. [72]
correspond relativement bien aux régimes d’écoulement observés par les auteurs à -15 °C et -30 °C
hormis pour une vitesse massique de 200 kg/m2.s et à -15 °C où la transition « intermittent-annulaire »
n’est pas bien prédite.

Schael et Kind [73] ainsi que Higashiiue et al. [74] ont observé l’écoulement adiabatique du CO2 dans
des tubes microailetés. Ils obtiennent des configurations d’écoulement (Figure 2.15) assez similaires à
ceux obtenus dans un tube lisse à -15 °C (Figure 2.14) avec cependant quelques particularités :
(i) Dans la zone de titres qui précède l’écoulement annulaire, l’écoulement annulaire à vague est
remplacé par l’écoulement annulaire à bouchons. Dans cette configuration d’écoulement, le sommet
du tube est régulièrement mouillé et le film liquide est plus facilement maintenu grâce à la capillarité
des ailettes ;
(ii) L’écoulement devient annulaire pour un titre inférieur à la prédiction de la carte de Thome et
El Hajal [51]. En outre ce titre n’est pas constant. Grâce à la force centrifuge impulsée par
l’inclinaison des ailettes par rapport à la génératrice du tube, il devient de plus en plus faible à mesure
que la vitesse massique augmente. Lorsque la température augmente l’écoulement annulaire apparaît
un peu plus tôt mais d’après Higashiiue et al. les transitions sont moins affectées par la température
dans le cas du CO2 que pour d’autres fluides conventionnels car à haute pression, le rapport de densité
varie peu avec la température. Higashiiue et al. trouvent que le régime annulaire apparaît
systématiquement pour une vitesse massique de vapeur supérieure à 200 kg/m2.s.
Vitesse massique [kg/m2.s]

Titre
Figure 2.15 : Carte d’écoulement dans un tube micro-aileté de 8,62 mm à -10 °C. Ligne continues :
carte de Thome et El Hajal [66]. D’après Schael et Kind [73].

Dans le cas de leurs visualisations faites à -10 °C (Figure 2.15), Schael et Kind [73] notent que la
transition entre les régimes d’écoulement stratifié et non stratifié est indépendante du titre et se fait
plutôt pour une vitesse massique donnée constante. En outre, ils observent que l’écoulement annulaire
est marqué par la présence de vagues plus nombreuses lorsque la température augmente (de -10 à 5
°C). Cette observation fait écho à celle de Pettersen [58] en micro-canaux. A 5 °C, dans leur tube de
8,62 mm, l’effet de la gravité est plus important qu’à -10 °C puisqu’à une vitesse massique de 200
kg/m2.s l’écoulement annulaire devient annulaire à vagues. Par contre, Higashuiie et al., à 5,3 °C,
continuent d’observer un écoulement annulaire dans un tube plus petit et pour une vitesse massique de
300 kg/m2.s. Gao et al. [75] ont observé l’écoulement du CO2 pour une température plus élevée (10
°C) dans un tube lisse de 3,76 mm. D’après leurs expériences, la transition entre écoulement stratifié à

-38-
Ébullition convective du dioxyde de carbone / Chapitre 2

vagues et écoulement annulaire se fait pour une vitesse massique plus élevée (350 kg/m2.s) que celle
prédite par la carte de Cheng et al. [55] (150 kg/m2.s). De plus, l’écoulement annulaire est un
écoulement annulaire à vagues affecté par la gravité. L’écoulement annulaire en tant que tel
(axisymétrique) apparaît à un titre supérieur à 0,7. Cela confirme l’idée que l’écoulement de CO2 est
plus affecté par la gravité (stratification) lorsque la température est élevée. Cette tendance est sans
doute sous-estimée par les cartes d’écoulement conventionnelles.

2.1.5 Conclusion
Compte tenu des éléments présentés dans cette partie, il est possible d’apporter les conclusions
suivantes :

(a) l’écoulement de CO2 devient confiné lorsque la température diminue de 25,4 à 20 °C dans un
canal de 1 mm, et lorsque le diamètre diminue de 1 à 0,8 mm pour une température proche de 24,5 °C.

(b) la notion de transition entre écoulements intermittent et annulaire telle qu’elle apparaît dans
les cartes pour macro-canaux est difficilement applicable au cas des micro-canaux puisqu’un régime
d’écoulement intermédiaire (annulaire à bouchons) s’intercale entre l’écoulement à bouchons et
l’écoulement annulaire. Néanmoins, en micro-canaux, la transition « intermittent-annulaire » définie
par Cheng et al. pour le CO2 correspond plutôt à la fin de l’écoulement à bouchons et au début de
l’écoulement annulaire à bouchons.

(c) Que ce soit en micro-canaux ou en macro-canaux, la transition « intermittent annulaire » n’est


pas indépendante de la vitesse massique. L’écoulement annulaire (à vagues ou à bouchons) apparaît
pour un titre plus faible lorsque la vitesse massique augmente.

(d) Lorsque la température augmente, l’écoulement annulaire devient plus instable (interface
perturbée, débit fluctuant). En micro-canaux, cela se traduit par une plus grande quantité de liquide
entraînée sous forme de gouttelettes. En outre, la vitesse massique nécessaire à déclencher le régime à
bulles (pour des faibles titres) est de plus en plus faible.

(e) Lorsque la température augmente, l’écoulement est plus affecté par la gravité et se stratifie. En
macro-canaux, cela se traduit par l’apparition d’un écoulement annulaire à vagues plus important entre
l’écoulement à bouchons et l’écoulement annulaire. En outre, l’écoulement annulaire axisymétrique
s’amorce pour des titres plus élevés.

(f) Lorsque la température augmente, la transition entre l’écoulement stratifié à vagues et les
écoulements de type annulaire (à vague ou axisymétrique) a probablement lieu pour une vitesse
massique plus élevée que celle prédite par la carte de Cheng et al. Plus d’investigations s’agissant des
macro-canaux à haute température sont nécessaires pour confirmer cette hypothèse.

(g) Il est important de faire des tests de visualisation en présence d’un flux de chaleur car
l’existence de bulles dans le film annulaire peut modifier ses propriétés. En outre, cela affecte
probablement l’arrachement du film par l’écoulement de vapeur

Le Tableau 2.1 donne une liste des principaux travaux de visualisation d’écoulements de CO2.

-39-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

Tableau 2.1 : Liste des principales études portant sur la visualisation d’écoulements.
Auteurs Type de canal Dimensions [mm] Température [°C] G [kg/m2.s] q [kW/m2]
Schael et Kind [73] microaileté 8,62* 5 ; -10 75 à 500 0
Park et Hrnjak [40] circulaire 6,1 -15 ; -30 100 à 400 0
Higashiiue et al. [74] microaileté 5,38* -5,5 ; 5,3 ; 14,3 300 à 540 0
Gao et al. [75] circulaire 3,76 10 100 à 400 0
microaileté 3,75 (eq) 100 à 5000
Pettersen [58] circulaire 0,98 0 ; 20 100 à 580 0 ; 13
Yun et Kim [67] rectangulaire 16 × 2 (L × h) 5,3 217 à 868 0 à 250
Gasche [65] rectangulaire 0,8 (Dh) 23,3 58 à 235 1,8
Ozawa et al. [45] circulaire 1 5,3 à 26,8 200 à 700 0
2 22 à 26,8 200 à 500
3 10 à 25,4 100 à 300
Toutes les expériences sont faites en écoulement horizontal / L : largeur / h : hauteur
eq : diamètre équivalent donnant la même air de passage / * : diamètre en fond d’ailette

2.2 Caractéristiques des échanges thermiques


Dans cette partie, une réflexion est menée sur la nature des phénomènes physiques en jeux lors de
l’ébullition convective du CO2. L’évolution du coefficient d’échange thermique en fonction du titre,
ainsi que l’influence de différents paramètres (vitesse massique, densité de flux thermique, etc.) sont
analysés en fonction du diamètre (macro ou micro-canaux) et de la gamme de température (hautes
températures ou basses températures).

Pour étayer notre propos, les résultats expérimentaux de plusieurs auteurs sont comparés aux résultats
du modèle phénoménologique de Cheng et al. [76]. Notons que la notion de modèle
phénoménologique a été initialement développée par Kattan et al. [77]. Elle se base sur l’idée que les
transferts thermiques dépendent de la physique de l’écoulement. Ainsi, dans le modèle de Cheng et al.,
la prédiction du coefficient d’échange thermique est fonction du régime d’écoulement (principalement
annulaire ou stratifié à vagues). C’est pourquoi leur carte d’écoulement [55] a été retenue comme
référence.

Sans pour autant qu’une réponse définitive ne soit donnée, la diversité des interprétations ou des
représentations parfois possibles est soulignée.

2.2.1 Macro-canaux à hautes températures


Sur la Figure 2.16, les résultats expérimentaux de plusieurs auteurs relatifs aux coefficients d’échange
locaux sont rassemblés pour une même température d’ébullition de 5 °C et une même densité de flux
thermique de 20 kW/m2. Ces résultats concernent des tubes de 4 à 7,75 mm et des vitesses massiques
variables entre 170 et 424 kg/m2.s. Pour ces conditions d’essais, on note que le coefficient d’échange
thermique du CO2 est beaucoup plus élevé que celui du R-134a. Il fait consensus que cela est dû à une
contribution plus importante de l’ébullition nucléée aux échanges thermiques dans le cas du CO2 étant
donnée sa pression réduite plus élevée. Le fait que le coefficient d’échange thermique du R-134a
augmente avec le titre provient de ce que l’ébullition nucléée ne masque pas la contribution de
l’évaporation convective dont l’importance croît lorsque la vitesse de vapeur augmente et l’épaisseur
de film liquide diminue. Le coefficient d’échange thermique du CO2 quant à lui décroît en fonction du
titre. Cette diminution commence pour un titre relativement faible (proche de 0,2). Pour expliquer ce
phénomène, plusieurs hypothèses ont été formulées qui ont souvent conduit à des modèles physiques.

-40-
Ébullition convective du dioxyde de carbone / Chapitre 2

(i) Suppression de l’ébullition nucléée (écoulement annulaire)


Considérant la prépondérance de l’ébullition nucléée face à l’évaporation convective, Cheng et al. [76]
ont supposé que la suppression de l’ébullition nucléée est responsable de la décroissance du coefficient
d’échange thermique quand l’écoulement est annulaire (vitesse massique élevée). Comme on peut le
voir sur la Figure 2.16, la prédiction de leur modèle correspond bien aux données de Yun et al [78]
pour des vitesses massiques de 240 et 340 kg/m2.s. Ce modèle s’appuie sur une carte d’écoulement
reprise sur la Figure 2.17. Cheng et al. supposent que la suppression n’a pas lieu pendant le régime
d’écoulement intermittent (I) mais commence dès que l’écoulement annulaire (A) apparaît. Ainsi la
chute du coefficient d’échange thermique s’amorce à la transition « intermittent-annulaire »,
correspondant à x1 sur la Figure 2.16. Il faut ici noter que ce modèle intègre la présence d’un
assèchement qui commence au sommet du tube lors de la transition entre régime annulaire (A) et
régime d’assèchement (D), et finit en bas du tube à la transition entre régime d’assèchement (D) et
régime à brouillard (M). Ainsi selon ce modèle le coefficient d’échange thermique chute une seconde
fois de façon plus brutale pour un titre plus élevé correspondant à x2 sur la Figure 2.16. Notons que
Derevich et Smirnova [79] utilisent aussi la suppression de l’ébullition nucléée dans un écoulement
annulaire pour modéliser la décroissance du coefficient d’échange thermique en fonction du titre dans
un macro-canal. Leur modèle intègre l’entraînement des gouttelettes de liquide ; ainsi l’assèchement a
lieu lorsque l’épaisseur du film liquide devient nulle.
600
Coefficient d’échange thermique [kW/m2.K]

20
550 I A D M
500 2
Vitesse massique [kg/m2.s]

x q=20 kW/m
15 1 450 T =5 °C
sat
400
350 G=340kg/m2.s
10
x D=4mm
2 300
D=6mm 2
250 G=240kg/m .s
D=7.75mm
200 G=170kg/m2.s
5
150
SW
100
+ Slug SW
50
0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
S
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
Titre
Titre
SS T5 D6 q20 G170 Yun et al. 2003
SS T5 D6 q20 G240 Yun et al. 2003
I: Intermittent
A: Annulaire
SS T5 D6 q20 G340 Yun et al. 2003 D: Assèchement
SS T5 D7.53 q18.6 G318 Yoon et al. 2004 M: Brouillard
SS T5 D7.75 q20 G300 Oh et al. 2008 SW: Stratifié à vagues
X T5 D4 q20 G424 Cho & Kim 2007 S: Stratifié
X T5 D7.72 q20 G424 Cho & Kim 2007
T5 D6 q20 G340 Cheng et al. 2008
T5 D6 q20 G170 Cheng et al. 2008
R134a T5 D6 q20 G240 Yun et al. 2003

Figure 2.16 : Influence de la vitesse massique sur Figure 2.17 : Carte d’écoulement de Cheng et al.
le coefficient d’échange thermique (Tsat=5 °C). [55] (Tsat=5 °C). Ligne bleue : transition I/A par
Weisman [72].

(ii) Assèchement intermittent


Une deuxième hypothèse, plus difficile à modéliser mais évoquée par plusieurs auteurs, consiste à
supposer l’apparition de zones sèches initiées par la croissance des bulles dans le film liquide ou dues
à l’effort tangentiel appliqué par la vapeur sur le film. La probabilité pour que ces zones sèches soient
remouillées diminuerait avec l’augmentation du titre. Ce mécanisme d’assèchement peut être classifié
comme un assèchement intermittent et nous le mettons en lien avec l’apparition supposée de régimes
annulaires affectés par la gravité comme l’écoulement annulaire à vagues ou bien annulaire à
bouchons. Dans ce cas, l’épaisseur de film est plus fine au sommet du tube et l’assèchement se
déclenche à cet endroit. Ce type de régime n’est pas prévu dans la carte d’écoulement de Cheng et al
[55]. Si ces régimes ont été observés par Park et Hrnjak [40] à -15 °C dans un tube de 6 mm, ou bien
par Ozawa et al. [45] à 14,3 °C et à 25,4 °C dans un tube de 2 mm (classifié ici comme micro-canal
mais présentant à ces températures le comportement d’un macro-canal), peu d’études de visualisation
ont été menées dans des macro-canaux à des températures proches de 0 °C ou positives. Ozawa et al.

-41-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

[45] on modélisé ce type d’assèchement intermittent en supposant un écoulement à bouchons ; les


poches de vapeur correspondant à l’assèchement cyclique au sommet du tube. Ce type d’assèchement
ne peut donc avoir lieu que si l’écoulement est suffisamment stratifié. Ozawa et al. ont donc fait
intervenir le nombre de Bond (Bd) dans leur modèle. Ils ont aussi supposé qu’un tel assèchement est
influencé par le flux de chaleur représenté par le nombre d’ébullition (Bo). En effet, comme le sommet
du tube est régulièrement remouillé par les bouchons, il faut un flux de chaleur suffisant pour assécher
le film de liquide ainsi reformé. Ces auteurs ont validé cette hypothèse en montrant qu’une différence
de températures apparaît entre le sommet du tube et le bas du tube pour Bd et Bo dépassant un certain
seuil.

(iii) Assèchement partiel (écoulement stratifié à vagues)


Une troisième hypothèse peut expliquer la chute du coefficient d’échange thermique à faible titre. Il
s’agit de considérer un écoulement stratifié dans lequel une partie seulement du tube est en contact
avec le liquide (en bas), le reste étant en contact avec la vapeur (en haut) dont le coefficient d’échange
thermique est plus faible. On parle alors d’assèchement partiel. Tout l’objet des modèles qui
s’appuient sur cette représentation est de déterminer en fonction du titre quelle est la portion angulaire
du tube en contact avec la vapeur. Yoon et al [80] ont proposé un modèle de ce type dans lequel le titre
où l’assèchement se déclenche (x1) mais aussi l’angle d’assèchement dépendent entre autre du nombre
de Bond (Bd) et du nombre d’ébullition (Bo). Le modèle de Cheng et al. [76] inclut aussi ce
mécanisme lorsque, d’après leur carte, l’écoulement est de type stratifié (S) ou stratifié à vagues (SW).

On voit que la diversité des interprétations avancées (i, ii ou iii) laisse parfois un réel doute sur la
nature du titre, ici appelé x1, à partir duquel le coefficient d’échange thermique diminue dans un
macro-canal à haute température. S’agit-il d’un titre de début d’assèchement ? Sans visualisations, il
est difficile de savoir si ce titre correspond à l’amorce d’une suppression de l’ébullition nucléée, d’un
assèchement de la paroi, ou d’une combinaison des deux. En d’autres termes, la notion de titre de
début d’assèchement semble floue car elle se définit quelque part entre x1 et x2 selon que l’on suppose
que l’écoulement est stratifié ou annulaire.

Limites de la représentation de Cheng et al. : transition « stratifié à vagues-annulaire », facteur de


suppression
Si les données de Yun et al. [78] aux vitesses massiques les plus élevées sont bien prédites par le
modèle de Cheng et al. (Figure 2.16), le coefficient d’échange thermique pour 170 kg/m2.s est
inférieur à la prédiction car il décroît plus rapidement en fonction du titre. En se référant à la carte
d’écoulement de Cheng et al. (Figure 2.17) cela est sans doute dû à la stratification de l’écoulement
car la vitesse massique de 170 kg/m2.s est proche de la transition vers le régime stratifié à vagues avec
assèchement partiel au sommet du tube. Dans des conditions similaires, Zhao et al. [81] ont obtenu la
même baisse du coefficient d’échange thermique, plus rapide à une vitesse massique de 160 kg/m2.s
que pour des vitesses massiques plus élevées (non représentée sur la Figure 2.16). Ils ont conclu de la
même manière à un assèchement partiel au sommet du tube. Si tel est le cas, la ligne de transition entre
régime annulaire et régime stratifié à vagues doit être un peu supérieure et doit plutôt correspondre à
une vitesse massique qui augmente en fonction du titre car le coefficient d’échange thermique est
affecté par la gravité à titre élevé et non à titre faible ; à moins que les bouchons pendant le régime
intermittent soient suffisamment fréquents pour mouiller la partie supérieure du tube. Une partie de la
carte de Weisman [72] est aussi représentée sur la Figure 2.17. Il s’agit de la ligne de transition entre
régime intermittent et régime annulaire (représentée en bleu). On remarque qu’elle correspond à une
vitesse massique plus élevée que la transition A-SW de Cheng et al. ce qui est peut-être plus adapté au
cas du CO2. D’ailleurs, l’étude de visualisation menée par Gao et al. [75] montre que la transition
entre l’écoulement à vagues et l’écoulement annulaire se situe à une vitesse massique comprise entre
300 et 400 kg/m2.s pour un tube de 3,76 mm à 10 °C. Notons aussi que le facteur de suppression de
l’ébullition nucléée tel qu’il est classiquement concu, ne permet pas, à lui seul, d’expliquer la baisse
du coefficient d’échange thermique lorsque la vitesse massique diminue. En effet, ce facteur croît
généralement lorsque le nombre de Reynolds décroît (Chen [82] ou Thome et El Hajal [83]) ce qui va
à l’encontre de la tendance observée.

-42-
Ébullition convective du dioxyde de carbone / Chapitre 2

Contradictions entre les auteurs


Les mesures de Yoon et al. [80], pour un diamètre plus grand que dans l’étude de Yun et al. [78] (7,53
mm au lieu de 6 mm), montrent une chute importante du coefficient d’échange thermique Figure 2.16.
L’assèchement partiel au sommet du tube dû à la stratification de l’écoulement est l’hypothèse retenue
par les auteurs partant de l’observation que la température au sommet du tube augmente rapidement en
fonction du titre alors que les températures en bas et sur les côtés du tube restent constantes. Ces
observations sont a priori en opposition avec la carte de Cheng et al. (Figure 2.17) sur laquelle, même
pour un diamètre plus grand, l’écoulement est annulaire pour la vitesse massique de 318 kg/m2.s
expérimentée par Yoon et al. Cho et Kim [84] ont observé également des différences de températures
entre le sommet et le bas du tube pour 0 °C et 424 kg/m2.s dans un tube de diamètre proche (7,73 mm)
alors que la carte de Cheng et al. prédit un écoulement annulaire dans ces conditions. Au vu de cette
contradiction, deux explications peuvent être avancées : (i) Un écoulement annulaire existe bien mais
il est influencé par la gravité ce qui réduit l’épaisseur de film au sommet du tube. Dans ce cas, soit il y
a un assèchement intermittent par déchirement du film (faible tension de surface, faible viscosité du
liquide) ou par formation de bulles dans le film, soit la faible épaisseur de film au sommet du tube
entraîne une plus grande suppression de l’ébullition nucléée à cet endroit. Cette dernière hypothèse est
cependant contestable puisque la faible épaisseur de film devrait dans le même temps promouvoir
l’évaporation convective et donc améliorer l’échange thermique au lieu de le détériorer ; (ii) La
transition entre l’écoulement stratifié à vagues et l’écoulement annulaire a lieu pour une vitesse
massique plus importante que celle prédite par la carte d’écoulement de Cheng et al. La Figure 2.16
permet aussi de comparer les mesures de Yoon et al. [80] avec celles de Oh et al. [85] obtenues dans
des conditions proches (diamètre presque identique). De façon contradictoire, l’assèchement partiel ne
semble pas intervenir dans l’expérience de Oh et al. puisque leurs mesures sont plus proches de celles
de Yun et al. [78] obtenues pour leurs vitesses massiques les plus élevées. Finalement, on observe que
les mesures de Cho et Kim [84] semblent surestimées au regard des résultats obtenus par plusieurs
autres auteurs dans les mêmes conditions. Cet écart disparaît pour un flux de chaleur plus faible (15
kW/m2) ou une température de saturation plus élevée (voir Figure 2.20, p. 45).

Influence de la température de saturation


Yoon et al. [80] ont aussi montré que la chute du coefficient d’échange thermique est d’autant plus
brutale et arrive d’autant plus tôt que la température de saturation est élevée notamment pour 15 et
20 °C (Figure 2.18). Ce constat semble être confirmé par les mesures de Yun et al. [78] à 10 °C (voir
Figure 2.20, p. 45) où le coefficient d’échange thermique obtenu pour une vitesse massique de 240
kg/m2.s chute de façon plus radicale qu’à 5 °C (Figure 2.16) alors qu’il y a moins de différences pour
la vitesse massique de 340 kg/m2.s. Si l’on se base sur l’hypothèse d’un assèchement partiel, cela
laisse penser que la transition entre écoulement annulaire et écoulement stratifié a lieu pour une vitesse
massique plus importante quand la température de saturation augmente. Or, d’après la Figure 2.20,
c’est la tendance inverse qui est prédite par la carte d’écoulement de Cheng et al. [55]. Cette
différence est peut-être due au fait que la transition « annulaire-stratifié à vagues » provient de la carte
de Kattan et al. [47] qui elle-même a été dérivée de la carte de Steiner [49] et que ces cartes sont
essentiellement destinées à des fluides conventionnels qui sont utilisés à faible pression réduite. En
effet, lorsque la pression augmente, le rapport entre la densité du liquide et la densité de la vapeur
diminue. Pour les fluides frigorigènes conventionnels, cela se traduit sans doute par un plus faible effet
de la gravité. En revanche, pour le CO2, nous pensons que l’énergie cinétique de la vapeur joue un rôle
important dans l’établissement du régime annulaire. Ainsi, quand la pression augmente, la densité et la
viscosité de la phase vapeur augmentent ce qui diminue sa vitesse. Il y a donc moins de force pour
maintenir le film liquide au sommet du tube. En outre, la tension de surface est plus faible. Observons
que la transition I-A de Weisman [72] montre la bonne tendance en fonction de la température.

Effet du diamètre
Dans le même ordre d’idée, Hihara et Dang [86], à plus haute température, ont mesuré de façon
distincte la température au sommet et en bas de leurs tubes (T=15 °C, q=36 kW/m2, G=360 kg/m2.s).
Dans un tube de 4 mm, le coefficient d’échange thermique mesuré au sommet chute à titre modéré
(x=0,6) alors que dans un tube de 6 mm il chute brutalement à faible titre (x=0,1) puis reste à un
niveau faible indépendamment du titre. Il semble donc que dans le premier cas (D=4 mm) la

-43-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

Coefficient d’échange thermique [kW/m2.K]

Titre
Figure 2.18 : Influence de la température sur le coefficient
d’échange thermique. D’après Yoon et al. [80].
600

550 I A D M
500 D=6 mm
Vitesse massique [kg/m2.s]

450 q=20 kW/m2

400 T = 5°C
350
T = 10°C

300
T = 15°C

250

200 Weisman
150

100
SW SW
+ Slug
50
S
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
Titre
Figure 2.19 : Influence de la température sur la carte d’écoulement
de Cheng et al. [55] et de Weisman [72] (lignes bleues).

stratification apparaisse à titre modéré. Cela implique que la vitesse massique qui définit la transition
vers le régime stratifié à vagues augmente avec le titre. En macro-canaux, nous pensons que cette
transition « annulaire-stratifié à vagues » est physiquement mieux représentée par une carte de type
Kattan et al. [47] que par une carte de type Wojtan et al. [53]. En effet, dans la carte de Kattan et al.,
la vitesse massique qui définit la transition « annulaire-stratifié à vagues » augmente à titre élevé où
elle définit aussi le début de l’assèchement. Par ailleurs, dans le tube de 6 mm, l’écoulement semble
totalement stratifié, indépendamment du titre. De plus, d’après Hihara et Dang, le coefficient
d’échange thermique du tube de 6 mm est clairement inférieur à ceux obtenus pour des tubes plus
petits (1, 2 et 4 mm) ce qui tend à confirmer l’hypothèse d’une stratification de l’écoulement. Au delà
du fait qu’un plus grand diamètre entraîne une stratification plus forte, ce qui est pris en compte par la
carte de Cheng et al. (Figure 2.17), on peut déduire de ce constat que la vitesse massique a priori
nécessaire pour maintenir un écoulement annulaire dans un tube de 6 mm à 15°C est supérieure à 360
kg/m2.s. Cette vitesse massique est donc supérieure à 15 °C qu’à 5 °C où, d’après les mesures de Yun
et al. (Figure 2.16), elle se situe autour de 200/250 kg/m2.s. Cela rejoint donc l’hypothèse du
paragraphe précèdent selon laquelle il y a une plus grande stratification à température élevée. Ainsi, si
à 5 °C la carte de Cheng et al. semble sous-estimer un peu la vitesse massique correspondant à la
transition « annulaire-stratifié à vagues » (Figure 2.17), les résultats de Hihara et Dang à 15 °C laissent
conclure que cette erreur (sous-estimation) pourrait être beaucoup plus grande à mesure que la

-44-
Ébullition convective du dioxyde de carbone / Chapitre 2

température augmente (Figure 2.20). Ainsi la gravité aurait un effet plus important sur l’écoulement du
CO2 que ce qu’on pourrait déduire de cartes originellement adaptées à des fluides conventionnels.
Cette hypothèse doit cependant être confirmée par d’autres observations à haute température que
celles de Gao et al. [75].

Influence de la vitesse massique et du flux de chaleur


Comme on peut le voir sur la Figure 2.20, la vitesse massique n’a pas d’effet évident sur le coefficient
d’échange thermique (majorité des points entre les deux droites) pourvu qu’elle soit supérieure à la
transition entre l’écoulement stratifié à vagues et l’écoulement annulaire. En conséquence, dans ces
conditions d’écoulement supposé principalement annulaire, la vitesse massique ne semble pas avoir
réellement d’effet sur la suppression de l’ébullition nucléée. A l’opposé, le flux de chaleur (Figure
2.22) a un effet important car le transfert de chaleur est dominé par l’ébullition nucléée. En effet,
quand le flux de chaleur augmente, l’ébullition nucléée s’intensifie et le coefficient d’échange
thermique augmente principalement à titre faible et modéré. Le flux de chaleur ne semble pas avoir
d’influence sur le titre à partir duquel l’échange thermique se dégrade, ni sur la chute du coefficient
d’échange thermique, ce qui tend à invalider l’hypothèse d’un assèchement de type intermittent.
20
Coefficient d’échange thermique [kW/m .K]

18
2

16

14
SS T10 D3 q20 G1179 Gao &Honda 2005
12 SS T10 D3 q20 G393 Gao & Honda 2005
SS T10 D3 q20 G780 Gao & Honda 2005
10
SS T10 D6 q20 G170 Yun et al. 2003
8 SS T10 D6 q20 G240 Yun et al. 2003
SS T10 D6 q20 G340 Yun et al. 2003
6 X T10 D4 q20 G424 Cho & Kim 2007
X T10 D7.72 q20 G424 Cho & Kim 2007
4

0
0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9
Titre

Figure 2.20 : Influence de la vitesse massique sur le coefficient d’échange thermique


(Tsat=10 °C).
Coefficient d’échange thermique [kW/m .K]

12
2

10

8
SS T5 D6 q10 G240 Yun et al. 2003
SS T5 D6 q15 G240 Yun et al. 2003
6 SS T5 D6 q20 G240 Yun et al. 2003
SS T5 D7.53 q12.5 G318 Yoon et al. 2004
4
SS T5 D7.53 q16.4 G318 Yoon et al. 2004
SS T5 D7.53 q18.6 G318 Yoon et al. 2004

0
0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0
Titre

Figure 2.21 : Influence du flux de chaleur sur le coefficient d’échange thermique.

2.2.2 Macro-canaux à basses températures


A basse température, le coefficient d’échange thermique change de tendance. Alors qu’à haute
température il baisse en fonction du titre à cause de l’assèchement partiel ou de la suppression d’une
ébullition nucléée importante, à basse température le coefficient d’échange thermique a plutôt
tendance à rester stable ou bien à augmenter modérément. C’est ce qu’observent par exemple

-45-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

Bredesen [87] ou bien Gao et Honda [88]. Ce changement de tendance est dû à deux phénomènes : (i)
lorsque la température diminue, l’ébullition nucléée est moins intense. Sa suppression a donc moins
d’effet sur la décroissance du coefficient d’échange en fonction du titre. (ii) l’évaporation convective
est plus importante, en partie grâce à une meilleure conductivité thermique du liquide. Cela est par
contre en faveur d’une augmentation du coefficient d’échange en fonction du titre. En outre, à basse
température, la densité de la vapeur est plus faible. La vitesse plus élevée de la vapeur permet, d’une
part, de mieux maintenir le film liquide au sommet du tube, limitant ainsi les possibilités
d’assèchement partiel (stratification de l’écoulement) et, d’autre part, participe aussi à l’amélioration
de l’évaporation convective.

La corrélation de Gungor et Winterton (1986) [89] permet de comparer qualitativement les


caractéristiques des transferts thermiques du CO2 avec celles des fluides conventionnels à basses
températures. La Figure 2.23 détaille les différentes composantes de cette corrélation que sont
l’évaporation convective (αcb), l’ébullition nucléée (αnpb) et sa suppression (S). Alors que
l’évaporation convective du CO2 est d’une intensité proche de celle des fluides conventionnels (R-
410A, R-22), son ébullition nucléée est beaucoup plus forte. Il apparaît donc que, même à basse
température, l’ébullition nucléée continue à jouer un rôle important dans les échanges thermiques du
CO2 en raison de sa pression réduite élevée.

αcb [kW/m2.K]
α [kW/m2.K]

Titre Titre
αnpb [kW/m2.K]

+ x
S

Titre Titre
Figure 2.22 : Composantes de la corrélation de Gungor et Winterton [89].

Influence de la température
La Figure 2.24 montre l’impact d’une baisse de la température de saturation sur le coefficient
d’échange thermique. Cela se traduit principalement par une baisse du coefficient d’échange
thermique à faible titre là où l’ébullition nucléée domine. En effet, lorsque la température de saturation
diminue, la tension de surface augmente ce qui affaiblit l’ébullition nucléée. A titre modéré ou élevé la

-46-
Ébullition convective du dioxyde de carbone / Chapitre 2

chute de l’ébullition nucléée est compensée par une plus grande contribution de l’évaporation
convective. Cela est illustré sur la Figure 2.24 où la composante d’évaporation convective (hcb) du
modèle de Cheng et al. [76] est calculée pour différentes températures (courbes sans points). Cela
montre que l’évaporation convective pourrait être quasiment deux fois plus importante à -30 °C qu’à
10 °C. En outre, on observe sur la Figure 2.24 que les mesures de Bredesen [87] sont sans doute
surestimées une fois comparées aux données des autres auteurs. C’est ce que remarquent aussi Thome
et El Hajal [83]. A l’inverse, le coefficient d’échange thermique donné par Oh et al. [85] à -5 °C
semble trop faible.
14
Coefficient d’échange thermique [kW/m .s]
2

12

10 hcb T10 D6 q10 G400 Cheng et al. 2008


hcb T−15 D6 q10 G400 Cheng et al. 2008
8
h T−30 D6 q10 G400 Cheng et al. 2008
cb
SS T−7 D3 q10 G393 Gao & Honda 2005
6 SS T10 D6 q10 G340 Yun et al. 2003
Cu T−15 D6.1 q10 G400 Park & Hrnjak 2005
Cu T−30 D6.1 q10 G400 Park & Hrnjak 2005
4
Al T−10 D7 q9 G400 Bredesen 1997
SS T−5 D7.75 q10 G400 Oh et al. 2008
2

0
0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9
Titre
Figure 2.23 : Effet de la température sur le coefficient d’échange thermique.

Effet de la vitesse massique


La Figure 2.25 montre l’influence de la vitesse massique sur le coefficient d’échange thermique à -30
°C. Lorsque l’on passe d’une vitesse massique de 100 kg/m2.s à 200 kg/m2.s., les mesures de Park et
Hrnjak [90] montrent un décalage à la hausse du coefficient d’échange thermique indépendamment du
titre. D’après leurs visualisations [40], l’écoulement passe d’un régime de type stratifié à vagues
(G=100 kg/m2.s) à un régime de type annulaire (G=200 kg/m2.s) ce qui est d’ailleurs bien prédit par la
carte de Cheng et al. [55] (non présentée). La résorption de l’assèchement partiel à mesure que la
vitesse massique augmente peut donc expliquer ce saut du coefficient d’échange thermique. Lorsque la
vitesse massique augmentée encore (G=400 kg/m2.s), l’intensité de l’échange thermique diminue à
faible titre et s’améliore à titre modéré ou élevé. Il semble donc qu’il y ait suppression de l’ébullition
nucléée à faible titre et amélioration de l’évaporation convective à titre modéré. La même tendance est
observée pour les mesures de Zhao et Bansal [91,92] lorsque la vitesse massique passe de 150 à 200
kg/m2.s. Un plus petit diamètre et une vitesse massique un peu plus élevée que ceux de Park et Hrnjak
semblent éviter le phénomène de stratification.
9
Coefficient d’échange thermique [kW/m .K]
2

7
Titre
Cu T−30 D6.1 q15 G100 Park & Hrnjak 2005
6 Cu T−30 D6.1 q15 G200 Park & Hrnjak 2005
Cu T−30 D6.1 q15 G400 Park & Hrnjak 2005
5 SS T−29.8 D4.57 q14.8 G204.3 Zhao & Bansal 2007
SS T−30 D4.57 q14.4 G149.4 Bansal & Zhao 2007
4
SS T−27 D10.06 q13.2 G175 Knudsen & Jensen 1997
SS T−26 D10.06 q13.3 G87.3 Knudsen & Jensen 1997
3
T−30 D10.06 q15 G200 Cheng et al. 2008
2 T−30 D6.1 q15 G200 Cheng et al. 2008
T−30 D4.57 q15 G200 Cheng et al. 2008
1

0
0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1
Titre
Figure 2.24 : Effet de la vitesse massique sur le coefficient d’échange thermique.

-47-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

Contradictions entre auteurs


Les données de Park et Hrnjak [90] et de Zhao et Bansal [92] sont obtenues pour la même température
et le même flux de chaleur, seul le diamètre change. D’après la prédiction du modèle de Cheng et al.
[76], le coefficient d’échange thermique de Zhao et Bansal doit être plus élevé dans un canal de plus
petit diamètre mais le résultat inverse est observé. Cette différence d’intensité de l’échange thermique
pourrait être un effet du matériau utilisé. En effet, d’après Loeb et al. [93], le coefficient d’échange
thermique en ébullition nucléée en vase (donc dans une certaine mesure en ébullition convective) est
30 % moins élevé sur une surface en acier inoxydable que sur une surface en cuivre, ce qui pourrait
affecter l’échange thermique si il est dominé par l’ébullition nucléée. Cette hypothèse semble
confirmée par le fait que les mesures de Knudsen et Jensen [94] obtenues dans un tube en acier
inoxydable se rapprochent de celles de Zhao et Bansal. Par ailleurs, le tube de Park et Hrnjak est
chauffé à l’aide d’un fluide secondaire et par l’intermédiaire d’une chemise en laiton. Ceci entraîne
peut être des erreurs sur la détermination du flux de chaleur apporté (bilan énergétique) et une
modification des échanges thermiques car il s’agit là plutôt d’une condition de température de paroi
imposée plutôt que d’une densité de flux thermique imposée. Il faut aussi noter que ni les mesures de
Park et Hrnjak ni les données de Zhao et Bansal ne montrent une augmentation du coefficient
d’échange thermique en fonction du titre aussi brutale que la prédiction du modèle de Cheng et al.
[76]. Dans ce modèle, l’évaporation convective est peut-être surestimée à basse température. Il se peut
aussi que la suppression de l’ébullition nucléée soit trop importante.

Influence du flux de chaleur et de la température de saturation


La Figure 2.26 montre l’influence du flux de chaleur sur la qualité de l’échange thermique. On observe
qu’une augmentation du flux de chaleur provoque une augmentation du coefficient d’échange
thermique independemment du titre et quelque soit le diamètre de tube pour les températures de -15 °C
et -30 °C. Cela implique que l’ébullition nucléée prend une part importante dans le transfert thermique
même à basse température. Cette importance est aussi confirmée par une baisse globale du coefficient
d’échange thermique lorsque la température diminue. Cette constatation présentée pour une vitesse
massique de 200 kg/m2.s reste valide à 400 kg/m2.s, lorsque la contribution de l’évaporation
convective est plus importante.
10
Coefficient d’échange thermique [kW/m2.K]

9
Titre
8
Cu T−15 D6.1 q10 G200 Park & Hrnjak 2005
7 Cu T−15 D6.1 q15 G200 Park & Hrnjak 2005
Cu T−15 D6.1 q5 G200 Park & Hrnjak 2005
6 Cu T−30 D6.1 q10 G200 Park & Hrnjak 2005
5 Cu T−30 D6.1 q15 G200 Park & Hrnjak 2005
Cu T−30 D6.1 q5 G200 Park & Hrnjak 2005
4 SS T−28 D10.06 q13 G80 Knudsen & Jensen 1997
SS T−28 D10.06 q8 G80 Knudsen & Jensen 1997
3
SS T−35.1 D4.57 q20 G197.6 Bansal & Zhao 2007
2 SS T−35.4 D4.57 q14.3 G197.6 Bansal & Zhao 2007
SS T−35 D4.57 q18.1 G199.1 Bansal & Zhao 2007
1

0
0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1
Titre

Figure 2.25 : Effet du flux de chaleur sur le coefficient d’échange thermique.

2.2.3 Micro-canaux à hautes températures

Effet du diamètre à titres élevés : suppression de l’ébullition ou assèchement partiel ?


La Figure 2.27 illustre l’effet du diamètre sur le coefficient d’échange thermique pour deux
températures différentes. Pour -5 °C (Figure 2.27a), le coefficient d’échange thermique diminue en
fonction du titre dans un macro-canal de 7,75 mm alors qu’il augmente en fonction du titre dans les
tubes de 3 et 1,5 mm. A faible titre, le coefficient d’échange thermique est identique car l’ébullition
nucléée est prépondérante. Comme on le voit, le modèle phénoménologique de Cheng et al. [76]
donne une bonne prédiction et prend bien en compte l’effet du diamètre. D’après leur carte [55],

-48-
Ébullition convective du dioxyde de carbone / Chapitre 2

l’écoulement est de type annulaire aux vitesses massiques présentées (G=400/500 kg/m2.s). Si on se
réfère à la physique de ce modèle, dans un tube de grand diamètre la suppression de l’ébullition
nucléée est importante et la part de l’évaporation convective est faible. C’est ce qui donne cette
tendance décroissante du coefficient d’échange thermique. Au contraire, lorsque le diamètre diminue,
la suppression de l’ébullition nucléée est plus faible et la part des transferts thermiques dues à
l’évaporation convective augmente d’où la croissance du coefficient d’échange thermique à titre élevé
lorsque l’épaisseur de film diminue. Cependant, ce modèle ne s’appuie sur aucun phénomène physique
pour justifier une plus faible suppression de l’ébullition nucléée lorsque le diamètre diminue (simple
facteur dépendant du diamètre). Tout comme pour le modèle de Derevich et Smirnova [79], la
suppression augmente en fonction du titre parce que l’épaisseur du film liquide diminue. Si on adopte
cette conception, il n’y a pas de raison de croire que l’ébullition nucléée soit moins supprimée dans un
tube plus petit où l’épaisseur de film est plus faible. Thome et El Hajal [83] trouvent que la
suppression de l’ébullition nucléée dépend du nombre de Reynolds (Rel). Ainsi, la suppression
augmenterait dans un écoulement plus turbulent. Elle tendrait à disparaître lorsque le diamètre diminue
dans des conditions où le nombre de Reynolds est petit. Cela correspond mieux à la tendance
observée. Nous adoptons une explication alternative, basée sur l’hypothèse que la gravité joue un rôle
plus important que le prévoit la carte de Cheng et al. [76] Ainsi, dans un macro-canal cette
suppression prendrait plutôt la forme d’un assèchement partiel au sommet du tube ; cet assèchement se
résorbant à mesure que le diamètre diminue. En effet, diminuer le diamètre revient à limiter la
stratification dans la mesure où la force de tension de surface concurrence la force de gravité.
25 25
Coefficient d’échange thermique [kW/m .K]
Coefficient d’échange thermique [kW/m .K]

2
2

20 20

15 15

10 10

5 5

0 0
0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1 0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1
Titre Titre
T−5 D1 q30 G500 Cheng et al. 2007 T15 D1 q18 G360 Cheng et al. 2007
T−5 D3 q30 G500 Cheng et al. 2007 T15 D2 q18 G360 Cheng et al. 2007
T−5 D7.75 q30 G400 Cheng et al. 2007 T15 D7.53 q18 G360 Cheng et al. 2007
SS T−5 D1.5 q30 G500 Choi et al. 2007 SS T15 D1 q18 G360 Hihara & Tanaka 2000
SS T−5 D3 q30 G500 Choi et al. 2007 SS T15 D2 q18 G360 Hihara & Dang 2007
SS T−5 D7.75 q30 G400 Oh et al. 2008 SS T15 D7.53 q16.4 G318 Yoon et al. 2004

(a) (b)
Figure 2.26 : Effet du diamètre sur le coefficient d’échange thermique.
(a) : Tsat=-5 °C ; (b) : Tsat=15 °C.

Effet du diamètre à faibles titres : suppression de l’ébullition ou assèchement intermittent ?

Lorsque l’on passe d’une température de -5 °C à une température de 15 °C (Figure 2.27b), l’ébullition
nucléée prend plus d’importance par rapport à l’évaporation convective. En effet, pour 15 °C, dans les
micro-canaux (D=1 et 2 mm), on observe que le coefficient d’échange thermique est quasiment
indépendant du titre. En outre, lorsque le diamètre augmente, le même changement de pente
(diminution du coefficient d’échange en fonction du titre) est observé. A cela s’ajoute une baisse du
coefficient d’échange thermique à titre faible ou modéré. Cette particularité n’est pas représentée par
le modèle de Cheng et al. [76] dans la mesure où la suppression de l’ébullition nucléée est supposée
nulle pendant l’écoulement intermittent (à faible titre). Par contre, le modèle de Thome et El Hajal
[83] inclut cette tendance car le facteur de suppression est appliqué dans tous les régimes

-49-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

d’écoulement. Ainsi, la suppression de l’ébullition nucléée peut expliquer cette baisse du coefficient
d’échange thermique à faibles titres lorsque le diamètre augmente.

Cependant, un autre phénomène peut également être envisagé. Il s’agit de l’assèchement intermittent.
La Figure 2.27b inclut les mesures faites par Yoon et al. [80] dans un tube de 7,53 mm. Or, ces auteurs
ont observé une influence de la température de saturation sur le coefficient d’échange thermique à
faible titre. Le coefficient d’échange augmente avec la température de 0 °C jusqu’à 5 °C, puis décroît
pour des températures supérieures. Alors que l’augmentation s’explique par un renforcement de
l’ébullition nucléée avec la pression, la chute du coefficient d’échange à température élevée (15 °C sur
la Figure 2.27b) pourrait s’expliquer par la présence d’un assèchement intermittent. En effet, comme
l’ont montré Ozawa et al. [45] ou le laisse supposer la carte de Gao et al. [75], lorsque la température
augmente, l’écoulement tend à se stratifier sans doute à cause d’une plus faible vitesse de la vapeur
(densité plus élevée). Dans ces conditions, l’assèchement intermittent se produit à titre faible dans un
macro-canal lorsque l’écoulement est à bouchons ou alors à titre faible et modéré dans un micro-canal
lorsque l’écoulement est à bouchons ou annulaire à bouchons. De plus, lorsque la température
augmente, le film liquide est sans doute moins persistant au sommet du tube à cause d’une plus faible
tension de surface et d’une plus faible viscosité. Ainsi, lorsque le diamètre augmente l’effet de la
tension de surface diminue et les poches de vapeur se décalent vers le haut du tube ce qui intensifie
l’assèchement intermittent. Cette hypothèse semble être confirmée par d’autres mesures de Hihara et
Dang à 15 °C présentées sur la Figure 2.28. On voit que dans un tube de 1 mm le coefficient
d’échange thermique augmente constamment lorsque le flux de chaleur augmente. Ce comportement
est typique d’un échange thermique dominé par l’ébullition nucléée. Lorsque le diamètre augmente, le
coefficient d’échange thermique ne s’améliore plus autant avec le flux de chaleur. Cette tendance
aurait du mal à être expliquée par une suppression de l’ébullition nucléée. Au contraire, il peut s’agir
d’assèchement intermittent. En effet, lorsque le flux de chaleur augmente le film liquide entre deux
bouchons s’évapore plus vite. Lorsque le diamètre augmente et que les poches de vapeur ne sont plus
axisymétriques, le sommet du tube a le temps d’être alternativement asséché puis mouillé. Ce
mécanisme d’assèchement doit exister à titre faible ou modéré, là où il y a un écoulement de type
intermittent.

Effet du diamètre : approche micro-échelle


Généralement, en micro-canaux, on observe que le coefficient d’échange thermique augmente lorsque
le diamètre diminue. Cette constatation a été faite par exemple par Yun et al. [95], Ohta [96] ou
Yamamoto et al. [56] (surtout à fort flux de chaleur). De plus, dans les micro-canaux, le coefficient
d’échange thermique est globalement indépendant du titre et de la vitesse massique alors qu’il est
influencé par le flux de chaleur et la température de saturation. En utilisant une analyse macro-échelle
conventionnelle on en déduit que l’ébullition nucléée est le mode de transfert thermique dominant en
micro-canaux et qu’elle se trouve renforcée lorsque le diamètre diminue. Or, Thome [44] remet en
cause cette hypothèse et montre que l’évaporation du fin film liquide coincé entre les bulles allongées
et la paroi du tube peut aussi expliquer les observations. Diminuer le diamètre du tube reviendrait à
amincir le film liquide et donc à améliorer les échanges thermiques. Il se peut donc que les modèles
macroscopiques (type Cheng et al. et Thome et El Hajal) fondés sur la suppression de l’ébullition
nucléée ne soient pas entièrement pertinent pour les micro-canaux, même si dans le cas du CO2 le
confinement de l’écoulement se fait pour un diamètre a priori plus faible que pour les fluides plus
conventionnels.

Influence du diamètre et de la température sur le titre d’assèchement


D’après les observations de Ozawa et al. [45], un tube de 2 mm à 15 °C peut être considéré comme un
macro-canal pour le CO2. Néanmoins, à titre élevé l’écoulement annulaire existe et s’accompagne d’un
assèchement conventionnel plus ou moins brutal (Figure 2.27b) que l’on observe généralement en
micro-canaux. L’influence du diamètre sur ce titre d’assèchement n’est pas évidente. Cette question a
été investigée par Hihara et Dang [86] dont les résultats sont présentés sur la Figure 2.29 pour une
température de saturation de 15 °C. Pour une vitesse massique de 360 kg/m2.s le titre d’assèchement
semble diminuer avec l’augmentation du diamètre ce qui est peut-être dû à un effet de la stratification
de l’écoulement. Pour des vitesses massiques plus élevées (720 et 1440 kg/m2.s) l’assèchement semble
être retardé lorsque le diamètre augmente sans doute grâce à la présence d’un film plus épais. Par

-50-
Ébullition convective du dioxyde de carbone / Chapitre 2

ailleurs, Hihara et Dang ont également fait des essais pour 5 °C dans un tube de 2 mm. On note que le
titre d’assèchement est identique à celui obtenu pour 15 °C (q=36 kW/m2, G=720 kg/m2.s). De même,
d’après Yamamoto et al. [56], dans leur tube de 2 mm, les titres de début et de fin d’assèchement sont
indépendants de la température de saturation entre 22 °C et 24,8 °C. Par contre, au-delà de 24,8 °C, le
titre de début d’assèchement diminue fortement. D’après les auteurs, il s’agit du déclenchement d’un
assèchement intermittent. Cet assèchement a lieu sur une plage de titre importante et on retrouve une
décroissance progressive du coefficient d’échange thermique en fonction du titre comme celle
observée dans les macro-canaux. Cette chute amorcée à faible titre est inhabituelle pour les micro-
canaux et reflète plutôt une transition vers un comportement macro-échelle. On retrouve cette
tendance dans les mesures de Pettersen et Vestbostad [97] à 20°C et 25 °C où, de plus, la vitesse
massique n’a pas d’incidence sur les échanges thermiques tout comme on a pu le remarquer dans le
cas des macro-canaux.
Coefficient d’échange thermique

Diamètre [mm]
[kW/m2.K]

Flux surfacique de chaleur [kW/m2] Titre


Figure 2.27 : Effet du diamètre et du flux de Figure 2.28 : Effet du diamètre sur le titre
chaleur sur le coefficient d’échange thermique. d’assèchement. Tsat=15 °C, q=18 kW/m2. D’après
Tsat=15 °C, G=360 kg/m2.s. D’après Hihara et Hihara et Dang [86].
Dang [86].

Influence du flux de chaleur sur le coefficient d’échange thermique


La Figure 2.30 montre l’effet du flux de chaleur sur le coefficient d’échange thermique pour une
vitesse massique modérée, d’après les mesures de Hihara et Dang [86] à 15 °C. On observe que le
coefficient d’échange thermique est quasiment indépendant du titre et qu’il augmente avec le flux de
chaleur. Cela reflète l’importance de l’ébullition nucléée comparée à l’évaporation convective.
L’évaporation convective apparaît cependant à faible flux de chaleur (4,5 et 9 kW/m2) où l’ébullition
nucléée ne masque plus l’augmentation du coefficient d’échange thermique avec le titre juste avant
l’assèchement lorsque l’épaisseur de film est très faible (courbes bleu et rouge). A température plus
faible (Figure 2.27a) l’évaporation convective joue un rôle plus important car le coefficient d’échange
thermique augmente avec le titre. En effet, lorsque la température baisse, la chaleur latente de
vaporisation ainsi que la tension de surface augmente ce qui réduit l’ébullition nucléée. Au contraire,
l’évaporation convective est renforcée par une plus grande conductivité thermique du liquide.

Influence du flux de chaleur sur le titre d’assèchement dépendamment de la vitesse massique et de la


température

Dans un tube de 2 mm, les mesures de Hihara et Dang [86] obtenues pour une température de 15 °C
montrent que l’effet du flux de chaleur sur le titre d’assèchement dépend de la vitesse massique. Pour
une vitesse massique de 360 kg/m2.s, l’augmentation du flux de chaleur correspond à une légère
diminution du titre de début d’assèchement, sans que le titre de fin d’assèchement ne soit affecté
(Figure 2.30). En revanche, pour des vitesses massiques plus élevées, l’augmentation du flux de
chaleur correspond à une diminution simultanée des titres de début et de fin d’assèchement. D’autres

-51-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

18

Coefficient d’échange thermique [kW/m2.K]


16

14

12

10

0
0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1
Titre

SS T15 D2 q18 G360 Hihara & Dang 2007


SS T15 D2 q36 G360 Hihara & Dang 2007
SS T15 D2 q4.5 G360 Hihara & Dang 2007
SS T15 D2 q9 G360 Hihara & Dang 2007

Figure 2.29 : Effet du flux de chaleur sur le coefficient d’échange thermique.

données de Yun et al. [98] obtenues à température plus faible (5 °C) et vitesse massique élevée (Figure
2.31a) montrent qu’à un flux de chaleur limité (7,2 kW/m2) l’assèchement a lieu à titre élevé.
Cependant, lorsque le flux de chaleur augmente, le titre d’assèchement diminue jusqu’à atteindre un
seuil.

Dans un tube de 1 mm, d’après les données de Hihara et Tanaka [59] obtenues à 15 °C, le flux de
chaleur affecte peu le titre d’assèchement quelque soit la vitesse massique. En effet, d’après la Figure
2.31b, pour des vitesses massiques élevées, il n’y a pas d’influence évidente du flux de chaleur sur le
titre d’assèchement à 10 et 15 °C dans un tube de 1 mm. Cependant, on observe une différence dans le
processus d’assèchement à 5 °C. En effet, les données de Yun et al. [99] montrent une décroissance
progressive du coefficient d’échange thermique à 5 °C quand une chute brutale est observée à
température plus élevée et diamètre plus grand. Mais cette décroissance et d’autant plus rapide que le
flux de chaleur est élevé. Yun et Kim [100] parlent de zone de transition pour qualifier la plage de titre
25 25
Coefficient d’échange thermique [kW/m .K]

Coefficient d’échange thermique [kW/m .K]


2

20 20

15 15

10 10

5 5

0 0
0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1 0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1
Titre Titre
SS T5 D2 q7.2 G1000 Yun et al. 2005 SS T10 D0.98 q20 G1500 Yun et al. 2005
SS T5 D2 q15.9 G1000 Yun et al. 2005 SS T10 D0.98 q30 G1500 Yun et al. 2005
SS T5 D2 q26.5 G1000 Yun et al. 2005 SS T15 D1 q18 G1440 Hihara & Tanaka 2000
SS T5 D2 q36 G1000 Yun et al. 2005 SS T15 D1 q36 G1440 Hihara & Tanaka 2000
SS T5 D2 q46 G1000 Yun et al. 2005 SS T5 D0.98 q20 G1500 Yun et al. 2002
SS T5 D0.98 q30 G1500 Yun et al. 2002
SS T5 D0.98 q40 G1500 Yun et al. 2002

(a) (b)
Figure 2.30 : Effet du flux de chaleur sur le titre d’assèchement à vitesse massique élevée.
(a) D=2 mm ; (b) D=1 mm.

-52-
Ébullition convective du dioxyde de carbone / Chapitre 2

entre le début et la fin de l’assèchement. Selon ces auteurs, la zone de transition diminue lorsque la
température de saturation augmente et quand cette zone existe, le titre de fin d’assèchement diminue
lorsque le flux de chaleur augmente. L’apparition de cette zone transitoire d’assèchement a lieu
particulièrement à forte vitesse massique et faible diamètre. Elle est liée à un changement dans le
mécanisme d’assèchement (augmenttion du titre d’assèchement avec la vitesse massique, voir § 1.5).
Plusieurs hypothèses sont envisageables pour expliquer cette particularité : (i) Lorsque la température
diminue, la vitesse plus élevée de la vapeur permettrait de redéposer les gouttelettes entraînées dans le
cœur de l’écoulement (si elles existent) d’autant que le diamètre est faible et la vitesse massique
élevée. L’augmentation du flux de chaleur empêcherait la reformation du film liquide d’où une chute
plus rapide du coefficient d’échange thermique ; (ii) Lorsque la température diminue, la plus grande
viscosité de la phase liquide ainsi qu’une tension de surface plus élevée permettraient au film liquide
d’être plus stable (vagues plus lisses) pendant l’écoulement annulaire. Si la vitesse massique est
suffisante les zones sèches pourraient être régulièrement remouillées au lieu de donner lieu à un
assèchement brutal, (iii) A 5 °C dans un tube de 1 mm, l’écoulement est sans doute confiné. Selon le
modèle de Thome et al. [101], dans le cas d’un écoulement à bouchons, l’arrière des bulles pourrait
s’assécher progressivement avec l’augmentation du titre et d’autant plus rapidement que le flux de
chaleur est important.

Effet de la vitesse massique


L’effet de la vitesse massique sur le coefficient d’échange thermique est représenté sur le Figure 2.32.
Comme le montre les données de Hihara et Tanaka [59], une plus grande vitesse massique implique un
assèchement plus précoce, ce que confirment aussi les mesures de Pettersen [60]. Le titre
d’assèchement est principalement dépendant de la vitesse massique parce qu’elle contrôle
l’entraînement du liquide dans le cœur de vapeur et la stabilité du film liquide. En effet, lorsque la
vitesse de la vapeur augmente, la différence de vitesse entre les deux phases augmente ainsi que la
contrainte interfaciale. Cela élève la hauteur des vagues et favorise l’arrachement de gouttelettes. Par
ailleurs, il semble que l’assèchement arrive plus tôt dans les mesures de Pettersen faites dans des
multi-canaux parallèles chauffés par un fluide secondaire que dans les mesures de Hihara et Tanaka
dans un tube unique. Cela est peut-être dû à la mauvaise distribution du liquide à l’entrée des canaux
ou à l’existence d’instabilités (fluctuations de pression) entre les différents canaux qui pourraient
alternativement aggraver l’assèchement dans certains canaux. Ce phénomène semble même plus
prononcé encore dans les mesures de Jeong et Park [102] faites sur des micro-canaux parallèles
chauffés par effet Joule. D’ailleurs, les auteurs mentionnent que ce problème de mal distribution
devient critique à forte vitesse massique. Notons aussi que les mesures de Choi et al. [103] donnent un
coefficient d’échange thermique particulièrement bas. Généralement en micro-canaux la vitesse
massique n’a pas d’effet sur les échanges thermiques prè-asséchement car ils sont principalement
dominés par l’ébullition nucléée. L’augmentation de la vitesse massique peut se traduire par une
augmentation du coefficient d’échange thermique localement juste avant l’assèchement grâce à
l’évaporation convective.
16
Coefficient d’échange thermique [kW/m .K]
2

14

12 SS T15 D1 q9 G360 Hihara & Tanaka 2000


SS T15 D1 q9 G720 Hihara & Tanaka 2000
10 Al*25 T10 D0.81 q10 G190 Pettersen 2004
Al*25 T10 D0.81 q10 G280 Pettersen 2004
8 Al*25 T10 D0.81 q10 G380 Pettersen 2004
Al*25 T10 D0.81 q10 G570 Pettersen 2004
6 Al*6 T10 D0.8 q12 G600 Jeong & Park 2007
SS T10 D1.5 q10 G300 Choi et al. 2007
4 SS T10 D1.5 q10 G400 Choi et al. 2007
SS T10 D1.5 q10 G500 Choi et al. 2007
2
SS T10 D1.5 q10 G600 Choi et al. 2007

0
0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1
Titre
Figure 2.31 : Effet de la vitesse massique sur le coefficient d’échange thermique.

-53-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

2.2.4 Conclusion
Dans le cas des macro-canaux à hautes températures, le coefficient d’échange thermique décroît en
fonction du titre. Il est difficile de savoir si ce phénomène est dû à la suppression de l’ébullition
nucléée ou bien à l’assèchement partiel. Cependant, les mesures de plusieurs auteurs montrent que la
stratification de l’écoulement joue sans doute un rôle important. C’est probablement la raison pour
laquelle les échanges thermiques s’améliorent lorsque la vitesse massique augmente jusqu’à ce qu’ils
atteignent un seuil. En raison d’une ébullition nucléée dominante, le coefficient d’échange thermique
est affecté par le flux thermique indépendamment du titre.

A basses températures, l’ébullition nucléée continue à jouer un rôle important dans les échanges
thermiques du CO2 comparé aux fluides frigorigènes conventionnels. Cela se traduit par une influence
marquée de la densité de flux thermique et de la température sur le coefficient d’échange thermique
quelque soit le titre. Néanmoins, lorsque la température baisse, la composante d’ébullition nucléée est
de moins en moins prépondérante vis-à-vis de l’évaporation convective. En conséquence, l’évolution
du coefficient d’échange en fonction du titre change de tendance en faveur d’une augmentation. Cette
augmentation avec le titre est d’autant plus importante que la vitesse massique est élevée.

Dans le cas des micro-canaux (à hautes températures), le coefficient d’échange thermique pré-
assèchement est essentiellement indépendant du titre et de la vitesse massique. L’importance présumée
de l’ébullition nucléée est confortée par une amélioration des échanges thermiques lorsque le flux de
chaleur ou la température augmente. La raison pour laquelle le coefficient d’échange thermique est
indépendant du titre en micro-canaux alors qu’il décroît avec le titre dans le cas des macro-canaux
n’est pas claire. Il peut s’agir d’une moindre suppression de l’ébullition nucléée comme le suggère le
modèle de Cheng et al. De façon alternative, cela pourrait provenir d’une stratification plus faible de
l’écoulement (assèchement partiels et intermittent réduit).

Le modèle de Cheng et al. [76] est un modèle de référence dans la mesure où il s’appuie sur une
approche phénoménologique qui a déjà été validée sur les fluides frigorigènes conventionnels. Ce
modèle prend à la fois en compte la suppression de l’ébullition nucléée en écoulement annulaire et
l’assèchement partiel en écoulement stratifié à vagues. Cependant, la justesse des prédictions du
coefficient d’échange dépend de la justesse des prédictions du régime d’écoulement. Or, la carte de
Cheng et al. [55] suppose que la transition entre les régimes annulaire et stratifié à vagues est, pour le
CO2, identique à celle des fluides frigorigènes conventionnels puisqu’elle n’a pas été revue. Mais
plusieurs éléments de la littérature laisse à penser que la transition « annulaire-stratifié à vagues » a
lieu en réalité pour une vitesse massique supérieure à la prédiction à haute température, alors que la
prédiction correspond aux observations à basse température. Cette vitesse massique de transition
« annulaire-stratifié à vagues » serait d’autant plus importante que la température est élevée, reflétant
un effet croissant de la stratification lorsque la température augmente.

-54-
Ébullition convective du dioxyde de carbone / Chapitre 2

2.3 Prédiction du coefficient d’échange thermique


Dans le cas où l’assèchement partiel existe, la portion angulaire du périmètre qui est en contact avec la
vapeur (θwet) est évaluée. Cela permet de faire une moyenne entre le coefficient d’échange de la vapeur
(αdry) et celui du liquide s’évaporant (αwet) afin d’obtenir le coefficient global (αtp) :
θ wet α wet + θ dry α dry
α tp = . (2.18)

Le coefficient d’échange thermique de la vapeur est évalué avec une corrélation de type
monophasique. En ce qui concerne l’évaporation du liquide, le coefficient d’échange thermique peut
être mis sous la forme généralisée suivante :
[
α wet = (S α npb )n + (F α cv )n ]
1/ n
. (2.19)
Le premier terme représente l’ébullition nucléée. Il est généralement constitué d’un coefficient
d’échange thermique en ébullition nucléée en vase multiplié par un facteur de suppression (S). Le
second terme représente la contribution de l’évaporation convective où le facteur F est un facteur
d’intensification. La somme de ces deux contributions est effectuée de façon plus ou moins
asymptotique selon la valeur du coefficient n. Lorsque n est infini (maximum des deux termes), on
parle de modèle d’intensification. Généralement, dans ce type de modèle, le facteur de suppression S
est nul et le facteur d’intensification F inclut l’effet de l’ébullition nucléée. Lorsque n est unitaire
(somme des deux termes), on parle de modèle de superposition. Pour toutes autres valeurs de n, il
s’agit d’un modèle asymptotique.

On trouvera une synthèse des correlations usuelles dans la thèse de Claire Desrats [104]. L’Annexe A1
récapitule les principales méthodes de prédiction du coefficient d’échange thermique, spécialement
dédiées au CO2.

2.3.1 Macro-canaux à hautes températures


Sun et Groll [105] ont proposé un modèle par parties avec des évaluations du coefficient d’échange
thermique différentes avant et après l’assèchement. Dans la partie pré-assèchement, les corrélations de
Chen [82], de Shah [106] et de Gungor et Winterton [107] donnent les meilleurs résultats comparée à
leurs résultats expérimentaux [108] obtenus dans un tube de 4,57 mm entre -2 et 10 °C. La corrélation
de Chen a été retenue mais elle montre certaines lacunes d’un point de vue qualitatif. En effet, il
semble qu’elle surévalue la contribution de l’évaporation convective par rapport à l’ébullition nucléée.
Ainsi, le coefficient d’échange thermique augmente avec le titre alors qu’une décroissance est
généralement observée dans le cas d’un macro-canal à haute température. De plus, l’effet de flux de
chaleur sur l’amélioration du coefficient d’échange thermique n’est pas assez pris en compte.

Yoon et al. [80] ont aussi comparé leurs mesures (D=7,53 mm) avec des corrélations classiques. Ils
observent une tendance générale à sous estimer le coefficient d’échange thermique expérimental. Cela
montre sans doute ici encore une sous-évaluation de l’ébullition nucléée d’autant que les données de
Yoon et al. montrent une diminution du coefficient d’échange thermique en fonction du titre qui fait
baisser la moyenne. La corrélation de Gungor et Winterton (1987) [107] donne les valeurs les plus
basses alors que celle de Liu et Winterton [109] donne les valeur les plus élevées. Les corrélations de
Kandlikar [110] et de Jung et al. [111] donnent par contre une tendance décroissante du coefficient
d’échange thermique en fonction du titre. Jung et al. [111] donne le meilleur écart relatif moyen
(E.M.)14 (<1 %) mais l’écart relatif moyen en valeur absolue (E.M.A)15 reste élevé (≈40 %). Oh et al.

14
Dans le reste du document, l’écart moyen (E.M.) fait référence à la moyenne des écarts relatifs ( ξ ).
15
Dans le reste du document, l’écart moyen en valeur absolue (E.M.A) fait référence à la moyenne des valeurs
absolues des écarts relatifs ( ξ ).

-55-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

[85], pour un tube de diamètre très proche (7,75 mm), trouvent que la corrélation de Gungor et
Winterton (1986) [89] sous-estime les données alors que celle de Lui et Winterton les surestime. La
corrélation de Jung et al. donne les meilleurs écarts moyen et moyen en valeur absolue proches
respectivement de -15 % et 20 %. Sawant et al. [112] confirme la sous-estimation de Gungor et
Winterton (1986) et Cho et Kim [84], la bonne performance de la corrélation de Jung et al. Yoon et al.
[80] ont modifié les corrélations de Liu et Winterton et de Gungor et Winterton (1987) pour les
intégrer dans un modèle où l’assèchement partiel est pris en compte.

Zhao et al. [81] ont effectué des mesures dans les mêmes conditions que Yoon et al. [80] pour une
température unique de 10 °C et un diamètre inférieur (6 mm). Ils trouvent que la corrélation de Gungor
et Winterton (1986) [89] prédit relativement bien leurs données, notamment aux vitesses massiques les
plus élevées, avec un écart moyen de 10 %. De plus, elle donne une décroissance du coefficient
d’échange thermique en fonction du titre qualitativement identique à celle du CO2. Yun et al. [78] qui
ont fait des mesures dans un tube de diamètre identique confirme la bonne performance (10 % d’écart
moyen) de la corrélation de Gungor et Winterton (1986) pour un flux massique de 340 kg/m2.s.
Cependant, à 170 kg/m2.s cette corrélation sous-estime les mesures sans doute parce qu’elle est
adaptée à des fluides pour lesquelles l’évaporation convective joue un plus grand rôle. La corrélation
de Liu et Winterton [109] surestime les mesures de Yun et al. de 14 % en moyenne.

A partir de leurs mesures Wang et al. [113] ont créé une corrélation (Annexe A1) basée sur les
équations de Schrock-Grossman [114], une des premières corrélations, et sur les équations de Yoshida
[115]. A chaque diamètre de tube testé correspond une série de cinq coefficients qui rend
l’interpolation pour des diamètres intermédiaires un peu difficile mais couvre en même temps les
micro- et les macro-canaux. Une grande partie de points de mesure (80 %) sont prédit à 20 % près
mais il faut noter qu’une seule température (-15 °C) a été étudiée.

Plusieurs modèles phénoménologiques ont été proposés pour le CO2. Yoon et al. [80] (Annexe A1)
partent de l’hypothèse que le régime d’écoulement est de type stratifié. Ils proposent une corrélation
pour calculer la portion du périmètre en contact avec la vapeur. Cependant, ce calcul ne s’appuie pas
sur une carte d’écoulement ; il fait intervenir les nombres de Reynolds et de Bond ainsi que le nombre
d’ébullition. Ce modèle ne devrait donc pas être extrapolé à d’autres conditions que celles pour
lesquelles il a été développé, au risque que l’écoulement ne soit pas de type stratifié à vagues. Les
modèles de Thome et El Hajal [83] et de Cheng et al. [76] (Annexe A1) sont des adaptations pour le
CO2 des modèles phénoménologiques de Kattan et al. [77] et de Wojtan et al. [116] respectivement.
Ces adaptations sont faites à partir de bases de données incluant des micro- et des macro-canaux ce qui
rend ces modèles polyvalents a priori. Le modèle de Cheng et al. [54] reprend la prédiction du
coefficient d’échange post-assèchement de Wojtan et al. pendant le régime d’écoulement à brouillard.
Cheng et al. [76] l’ont par la suite modifié pour le CO2. Le modèle de Thome et El Hajal issu de
Kattan et al. n’inclut pas de prédiction post-assèchement. Il s’appuie sur la carte de Thome et El Hajal
[51] pour les fluides conventionnels alors que le modèle de Cheng et al. s’appuie sur une version
modifiée de la carte de Wojtan et al. [53] pour le CO2. Notons que la vitesse massique de transition
entre écoulement annulaire et écoulement stratifié à vagues joue un rôle important dans la prédiction
du coefficient d’échange thermique puisqu’elle dicte l’apparition de l’assèchement partiel. Or cette
transition fait partie de celles qui n’ont pas été revues pour le CO2 sans doute par manque de travaux
de visualisation. Dans les modèles de Thome et El Hajal et Cheng et al., la partie convective des
transferts thermiques considère un écoulement en film de la phase liquide originellement proposé par
Kattan et al. [77].

D’après Thome et Ribatski [36], le modèle de Thome et El Hajal [83] donne une prédiction un peu
meilleure que celle de Liu et Winterton [109] sur les données de Yun et al. [78] (25 % d’écart en
valeur absolue contre 29 %). L’écart est plus important avec les mesures de Yoon et al. [80] qui
montrent une chute plus forte du coefficient d’échange thermique en fonction du titre. La Figure 2.33
illustre les écarts de prédiction du modèle de Cheng et al. [76] sur une base de données restreinte aux
macro-canaux à haute température, dont le détail est donné dans le Tableau 2.2. Les écarts présentés
sont moyennés sur dix intervalles de titre et quatre gammes de vitesse massique. Il apparaît que le
modèle surestime le coefficient d’échange thermique principalement à faible vitesse massique et à titre

-56-
Ébullition convective du dioxyde de carbone / Chapitre 2

modéré ou élevé. Cet écart peut atteindre 40 % et correspond sans doute à l’apparition de
l’assèchement partiel alors que le modèle considère encore un écoulement annulaire. La sous-
estimation du modèle à titre élevé provient de ce qu’il prédit un assèchement. Cet assèchement brutal
convient mieux au cas des micro-canaux alors qu’en macro-canaux l’assèchement se fait sans doute de
façon partielle ou intermittente sur une large gamme de titre. Hormis l’occurrence d’un assèchement
trop précoce, la prédiction du modèle est très bonne aux vitesses massiques les plus élevées.

40
Tableau 2.2 : Base de données relative aux
macro-canaux à haute température.
20 Nombre
Auteurs d’investigation
Ecart relatif [%]

0
Gao et Honda [117] 5
Katsuta et al. [118] 4
−20
G [kg/m2.s] Choi et al. [103,119] 9
0≤G<200
Oh et al. [85] 9
−40 200≤G<300
300≤G<400
Gao et Honda [88] 11
−60 G≥400 Yoon et al. [80] 7
Sun et Groll [108] 2
−80 Gao et al. [75] 1
0 0.2 0.4
Titre
0.6 0.8 1
Zhao et Ohadi [81] 8
Figure 2.32 : Comparaison du modèle de Cheng et Yun et al. [78] 15
al. [76] à une base de données restreinte aux Dang et al. [120] 1
macro-canaux à haute température. Cho et Kim [84] 18

Le modèle de Katsuta et al. [118] (Annexe A1) est du même type que celui de Yoon et al. [80]. Il
intégre en plus la possibilité de ne pas avoir d’assèchement partiel en dessous d’un certain diamètre.
La base de données qui a servi à générer les corrélations n’est pas détaillée. Elle intégre a priori des
températures négatives et des micro-canaux mais la gamme de vitesse massique n’est pas précisée.

Le modèle de Derevich et Smirnova [79] (Annexe A1) suppose un écoulement non stratifié qui évolue
en fonction du titre entre écoulement à bulles dispersées, écoulement annulaire et écoulement à
brouillard. Ce modèle est plus détaillé que les autres puisqu’il décrit l’entraînement et le dépôt de
gouttelettes en fonction respectivement de la contrainte interfaciale et de la turbulence de l’écoulement
de vapeur. L’assèchement a lieu lorsque le film liquide disparaît. Le nombre et la taille des gouttelettes
rentrent en jeux dans la quantification des transferts thermiques post-assèchement entre la vapeur et les
gouttelettes et donc dans la détermination du déséquilibre thermique entre ces deux phases. La
suppression de l’ébullition nucléée dépend en partie de la différence entre l’épaisseur du film liquide
et la taille des bulles de vapeur. Ce mécanisme permet de reproduire relativement bien les tendances
que suit le coefficient d’échange thermique issu des mesures de Yun et al. [78], notamment sa
décroissance en fonction du titre. Ce modèle est un modèle de superposition. Notons qu’il est plus
réaliste que les autres dans la mesure où c’est uniquement la portion du flux surfacique de chaleur
servant à l’ébullition nucléée (c-à-d, le flux total moins le flux passant par l’évaporation convective)
qui est utilisé dans la corrélation de Stephan-Abdelsalam [121].

2.3.2 Macro-canaux à basses températures


Knudsen et Jensen [94] ont comparé leurs mesures avec la corrélation de Shah [106]. Cette dernière
sous-estime leurs données mais reproduit assez fidèlement la tendance du coefficient d’échange
thermique en fonction du titre et suffisamment pour qu’un simple coefficient multiplicateur de 1,9
permette de trouver une prédiction acceptable. Knudsen et Jensen ont fait des mesures dans un tube
relativement grand (10,06 mm) et à faible vitesse massique (de 85 à 175 kg/m2.s) il est donc possible
qu’une forme de stratification ait pu apparaître dans l’écoulement qui rende l’extrapolation de cette
corrélation (Shah modifiée) risquée pour des vitesses massiques plus élevées. Néanmoins, Park et
Hrnjak [90], pour des vitesses massiques plus grandes, trouvent que la corrélation de Shah, mais aussi
celle de Gungor et Winterton (1987) [107], sous-estiment de la même manière leurs mesures du

-57-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

coefficient d’échange thermique (-37,5 % et -39,4 % d’écart moyen respectivement). Il n’est pas
possible ici de savoir si la corrélation de Shah continue à donner les bonnes tendances. De la même
façon, la corrélation de Shah ainsi que celle de Gungor et Winterton (1987) sous-estiment les mesures
de Bredesen et al. [87]. Mais ces constatations sont à modérer car, comme nous l’avons indiqué
précédemment, les coefficients d’échange thermique donnés par Bredesen et al. et par Park et Hrnjak
semblent anormalement élevés.

Comme le font remarquer Park et Hrnjak [40], l’utilisation de corrélations classiques se justifie
d’avantage dans le cas du CO2 à basses températures (-15 / -30 °C) qu’à hautes températures car ses
propriétés à plus faible pression réduite se rapprochent de celles des fluides frigorigènes
conventionnels dans leur gamme d’utilisation normale (R-22 à 10 °C). Néanmoins, même à basse
température, ces corrélations classiques donnent de meilleurs résultats pour le R-410A que pour le
CO2 car les propriétés du R-410A sont plus proches des fluides de référence utilisés pour développer
ces corrélations. Les coefficients d’échange thermique mesurés par Park et Hrnjak [40] et Zhao et
Bansal [122] ont été comparés à plusieurs corrélations, aboutissant à des conclusions contradictoires.
Alors que la corrélation de Liu et Winterton [109] donne une bonne prédiction des données de Zhao et
Bansal, elle sous-estime les données de Park et Hrnjak. De même, alors que la corrélation de Gungor
et Winterton (1986) [89] surestime les données de Zhao et Bansal, elle correspond bien aux données
de Park et Hrnjak. Cela peut être attribué aux coefficients d’échange thermique anormalement élevés
mesurés par Park et Hrnjak dans les mêmes conditions que Zhao et Bansal, comme nous l’avons vu
sur la Figure 2.25. En outre, les conditions expérimentales de Zhao et Bansal sont un peu différentes
de celles de Park et Hrnjak, notamment une température et une vitesse massique en moyenne plus
basse. Park et Hrnjak [40,90] précisent que la corrélation de Gungor et Winterton (1986) a tendance à
surestimer les mesures faites à une vitesse massique de 400 kg/m2.s alors qu’elle tend à sous-évaluer
les mesures faites à plus faible vitesse massique (100 et 200 kg/m2.s). Cette tendance, aussi observée
par Yun et al. [78], s’explique sans doute par une trop grande influence de l’évaporation convective au
regard de la contribution de l’ébullition nucléée. Notons que la corrélation de Wattelet et al. [123]
donne aussi des résultats acceptables sur les données de Park et Hrnjak [90].

Hwang et al. [124] ont modifié la corrélation de Bennett et Chen [125] pour l’adapter aux données de
Bredesen et al. [87] (principalement à -10 °C, D=7 mm, G=200-400 kg/m2.s). Cependant, d’après
Thome et Ribatski [36], cette corrélation donne des écarts très importants (180 %) par rapport aux
mesures de Knudsen et Jensen [94] (D=10,06 mm, G=85-175 kg/m2.s) ce qui nous pousse à conclure
qu’elle n’est pas extrapolable à d’autres conditions que celles de Bredesen et al.

Concernant les approches phénomènologiques, Park et Hrnjak [90] ont montré que le modèle de
Thome et El Hajal [83] surestime leurs mesures du coefficient d’échange thermique notamment à titre
élevé. Cet écart est d’autant plus important que la température est faible, à cause d’une surévaluation
de l’évaporation convective qui prend trop d’importance. Comme le montre la Figure 2.25, le modèle
de Cheng et al. [76] semble souffrir de la même sur-pondération de l’évaporation convective. C’est ce
que confirme la Figure 2.34 lorsque la comparaison est étendue à une plus grande base de données
contenant des mesures faites à basses températures (Tableau 2.3), où l’écart moyen est présenté en
fonction du titre et de la température. En effet, dans le cas des températures les plus faibles, le
coefficient d’échange thermique est surévalué à titre élevé là où l’évaporation convective est là plus
intense. D’ailleurs, d’autres comparaisons (non présentées) montrent que le coefficient d’échange
thermique est en moyenne sous-evalué (40 % en moyenne) pour les vitesses massiques inférieures à
200 kg/m2.s alors qu’il est surestimé (40 % en moyenne) pour les vitesses massiques supérieures à
cette limite.

-58-
Ébullition convective du dioxyde de carbone / Chapitre 2

80
Tableau 2.3 : Base de données relative aux
60 macro-canaux à basse température.
40 Nombre
Auteurs d’investigations
20
Ecart relatif [%]

Katsuta et al. [118] 2


0
Knudsen et Jensen [94] 4
−20 Zhao et Bansal [91,92] 13
−40
T [°C]
−60 −45≤T<−35
−35≤T<−25
−80 −25≤T<−10
−100
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
Titre
Figure 2.33 : Comparaison du modèle de Cheng et
al. [76] à une base de données restreinte aux
macro-canaux à basse température.

2.3.3 Micro-canaux à hautes températures

Corrélations classiques

La corrélation de Yu et al. [126] a été testée par Koyama et al. [127] et par Huai et al. [128]. Elle
sous-estime les données de Koyama et al. obtenues dans un tube de 1,8 mm. L’écart est d’autant plus
grand (-100 % d’écart max.) que la température est élevée et que les propriétés du CO2 s’éloignent de
celles des fluides conventionnels. Cependant, une meilleure estimation (-30 % max.) peut être obtenue
pour une vitesse massique supérieure à 200 kg/m2.s et un flux surfacique de chaleur supérieur à 17
kW/m2. Au contraire, cette corrélation surestime (85 % max.) les mesures de Huai et al. obtenues dans
des micro-canaux de 1,31 mm. Les auteurs font remarquer que le régime à bouchons doit être
prédominant dans les conditions de leurs expériences alors que la corrélation de Yu et al. a été
développée pour des diamètres plus grands dans des conditions où l’écoulement annulaire domine.
Cependant, les mesures de Huai et al. ne sont peut-être pas fiables dans la mesure où, comme le font
remarquer Cheng et al. [54], les corrélations classiques surestiment les données de Huai et al. (les
auteurs le montrent dans leur étude) alors qu’elles sous-estiment généralement les mesures faites avec
du CO2.

La corrélation de Shah [106] a été comparée aux mesures de Zhao et al. [129] montrant une sous-
estimation des coefficents d’échange de l’ordre de 50 %. Par contre cette corrélation donne un écart
moyen raisonnable sur les données de Pettersen et al. [130] dans des micro-canaux parallèles de
diamètre comparable à ceux de Zhao et al., qu’il faut cependant mitiger par un écart moyen en valeur
absolue aussi élevé que 61 %. Ces bonnes performances moyennes sont peut-être dues au fait que les
coefficients d’échange thermique en régime asséché ont été inclus dans la comparaison de Pettersen et
al. La corrélation de Liu et Winterton [109] donne de meilleurs résultats sur les données de Zhao et al.
[129] dans leurs micro-canaux triangulaires. Ceci est plus ou moins confirmé par Yun et al. [95] pour
des micro-canaux rectangulaires de diamètre hydraulique situés entre 1 et 1,5 mm avec un écart moyen
en valeur absolue proche de 25 %. D’après Thome et Ribatski [36], la corrélation de Zhang et al. [131]
donne de meilleurs résultats que celle de Liu en Winterton sur les données de Koyama et al. [127]
(D=1,8 mm), Huai et al. [128] (D=1,21 mm) et Pettersen [60] (D=0,81 mm) dans la gamme de titre
allant de 0,3 à 0,6 où on peut supposer que l’assèchement n’a pas lieu avec respectivement 92 %, 50 %
et 76 % de données prédites à 30 % près. Par contre, d’autres corrélations classiques comme celles de
Gungor et Winterton [89,107] semblent absolument inadaptées pour prédire les mesures de Pettersen
et al.[130].

Au contraire, la corrélation de Gungor et Winterton (1986) [89] fait partie des meilleures corrélations,
au côté de celle de Zhang et al. [131], pour prédire les mesures de Choi et al. [119] dans des tubes de

-59-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

plus grands diamètres (1,5 et 3 mm) où seules les mesures pré-assèchement ont été comparées.
D’après Choi et al. [119], la meilleure corrélation est cependant celle de Wattelet et al. [123]. Cette
corrélation a été développée pour des fluides frigorigènes conventionnels dans des conditions de faible
vitesse massique, faible flux de chaleur et pour des températures de saturation négatives (-15…5 °C).
De ce fait, les meilleurs résultats sont obtenus dans ces conditions et pour le diamètre le plus élevé. Par
contre, les corrélations de Kandlikar et Steinke [132] et de Tran et al. [133], spécialement développées
pour les petits diamètres, sous-estiment les données de Choi et al. notamment dans les conditions où
l’ébullition nucléée est considérée dominante. Malgré l’utilisation du nombre d’ébullition (Bo) comme
facteur principal, la corrélation de Tran et al. donne d’encore moins bons résultats sur les données de
Yun et al. [95] et de Jeong et Park [134]. Ces mauvaises performances sont aussi confirmées par
Pettersen [60] aussi bien au niveau de la tendance que de l’intensité. D’après Pettersen cela pourrait
provenir de la non prise en compte de la pression réduite dans la détermination des échanges
thermiques.

Ebullition nucléée du CO2

Les corrélations classiques évoquées précédemment ont tendance à sous-estimer la part du transfert
thermique liée à l’ébullition nucléée et à donner trop d’influence à la vitesse massique à travers
l’évaporation convective. Comme l’ébullition nucléée semble dominant dans l’échange thermique pré-
assèchement, certains auteurs ont comparé leurs données à des corrélations d’ébullition en vase où la
vitesse massique n’intervient pas. Ainsi Pettersen [60] trouve que la corrélation de Cooper [135] sous-
estime le coefficient d’échange thermique prè-assèchement de 20 à 30 % alors que la corrélation de
Gorenflo [136] (α0=4170 W/m2.K) le surestime de 8 %. Yun et al. [95] trouvent des performances
comparables (21 % d’écart en valeur absolue). Ils observent une sous-estimation du coefficient
d’échange thermique lorsque celui-ci est supérieur à 15 kW/m2.K, c'est-à-dire sans doute lorsque le
flux de chaleur est le plus important et que l’ébullition nucléée est la plus sollicitée. Yun et al. [98] ont
comparé les corrélations de Cooper et de Gorenflo à une base de données comprenant leurs mesures
dans des tubes de 0,98 et 2 mm mais aussi celles de Hihara et Tanaka [59] et de Neksa et Pettersen
[137]. Ils obtiennent là encore une sous-estimation du coefficient d’échange thermique non
négligeable notamment pour la corrélation de Gorenflo. Une nouvelle corrélation a donc été
développée par Yun et al. [98] (Annexe A1). Elle prend une forme proche des corrélations d’ébullition
en vase, avec cependant une plus grande influence du flux de chaleur que la corrélation de Cooper.
Cette corrélation montre une bonne performance sur les données de Jeong et Park [134] obtenues a
posteriori dans des micro-canaux de 0,8 mm de diamètre. Sur la base de données d’origine, elle donne
de meilleurs résultats que la corrélation de Liu et Winterton [109]. Notons que les modèles
phénoménologiques de Thome et El Hajal [83], et de Cheng et al. [76] (Annexe A1) incorporent aussi
des versions modifiées de la corrélation de Cooper [135]. Ces versions ont été obtenues à partir de
coefficients d’échange thermique du CO2 mesurés pour des titres inférieurs à 0,2 où l’ébullition
nucléée est supposée dominer.

Ayad et al. [138,139] ont analysé une base de données composée de mesures faites dans des micro-
canaux. Ils ont observé que les coefficients d’échange thermique obtenus sur des tubes multi-canaux
étaient plus élevés que ceux des tubes simples. Ils recommandent d’utiliser la corrélation de Cooper
[135] pour les tubes uniques et la version modifiée de Cheng et al. [54] pour les tubes multi-canaux.

Corrélations adaptées au CO2

En matière d’ébullition convective, la première corrélation spécifiquement développée pour le CO2


dans des micro-canaux a sans doute été produite par Hihara et Tanaka [59]. Cette corrélation (Annexe
A1) reprend les équations de l’ancien modèle d’intensification de Schrock et Grossman [114] avec
d’autres coefficients. En principe, elle n’est valable que pour un diamètre de 1 mm et une température
de 15 °C. D’après Yamamoto et al. [56] cette corrélation donne des résultats qualitativement bons
comparés à leurs mesures dans des tubes de 1 et de 0,5 mm. Plus récemment, Choi et al. [119] ont
proposé un modèle de superposition. Ce modèle (Annexe A1) utilise le multiplicateur diphasique de
frottement (Φl2) dont la forme générale est définie par Chisholm [140] pour déterminer le facteur de
suppression (S) et le facteur d’intensification (F). Cela permet de prendre en compte l’état de

-60-
Ébullition convective du dioxyde de carbone / Chapitre 2

l’écoulement (laminaire ou turbulent). L’utilisation de cette corrélation semble cependant donner des
résultats mitigés (28 % d’écart moyen) sur les mesures de Jeong et Park [134] pour un diamètre plus
petit (0,8 mm) que les expériences d’origines (1,5 et 3 mm).

Plusieurs modèles par parties ont été créés en assemblant une corrélation pour l’échange thermique
pré-assèchement avec une corrélation adaptée à l’échange thermique post-assèchement, en incluant
une prédiction du titre d’assèchement (Tableau 2.4).

Tableau 2.4 : Modèles par parties pour la prédiction du coefficient d’échange thermique.
Auteur Pré-assèchement Titre d’assèchement Post-assèchement
Sun et Groll [105] Chen [82] Methode de Ahmad Dougall et Rohsenow
[141] sur les données de [143]
Kon’kov [142]
E.M.A. < 80 % sur les données de l’auteur (D=4,572mm), E.M.A. <25 % sur
les données de Pettersen et al. [130] (D=0,79 mm)
Yun et al. [99] Gungor et Winterton Non précisé Groeneveld et Delorme
(1986) modifié, avec modifié [144]
l’ébulliton nucléee par
Tran et al. [133]
E.M. : 9,2 %, E.M.A. : 32,5 % sur les données de l’auteur (D= 0,98 ; 2 mm)
Pettersen [60] Cooper [135] et Kattan Methode de Ahmad Shah et Siddiqui [145]
et al. [77] dans un [141] sur les données de
modèle asymptotique Kon’kov [142]
E.M. : 7,7 %, E.M.A. : 35,1 % sur les données de l’auteur (D= 0,81 mm)
Remarques de l’auteur : sur-estimation à faible coefficient d’échange
thermique due à une trop grande contribution de l’évaporation convective et un
titre d’assèchement trop élevé. Tendance générale à sous-estimer à cause de la
faiblesse de la corrélation d’ébullition nucléée.
Yun et Kim [100] Yun et al. [98] Modèle théorique Groeneveld [147]
d’écoulement annulaire
considerant
l’entraînement de liquide
et une épaisseur de film
critique : Yun et Kim
[146]
E.M.A. < 30 % incluant les données de l’auteur (D=0,98 et 2 mm) celles de
Hihara et Tanaka [59] (D=1 mm) et Pettersen [60] (D=0,81 mm)
Ayad et al. [139] Bo > 10-4 Methode de Ahmad Shah et Siddiqui [145]
Tube unique : [141] sur les données de
Cooper [135] Kon’kov [142]
Multi-canaux :
Cooper modifié d’après
Cheng et al. [54]
Bo ≤ 10-4
Modèle asymptotique
avec S et αcv d’après
Thome et El Hajal [83]
[59,98,148] Tubes multi-canaux : 83,6 % des données prédites à 30 % près. Tubes
uniques : 72 % des données prédites à 30 % près.
Base de données : [60,95]

-61-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

Modèles phénomènologiques

Thome et al. [101] ont développé un modèle de transfert de chaleur spécialement adapté aux
écoulements confinés (modèle à trois zones). Ce modèle se base sur l’hypothèse d’un écoulement à
bouchons où le transfert de chaleur se fait principalement par conduction à travers un fin film de
liquide qui entoure les bulles de vapeur allongées. Les transferts de chaleur sont donc supposés varier
dans le temps au passage de chaque cellule de base composée d’un bouchon de liquide, d’une bulle
allongée suivie éventuellement d’une poche de vapeur correspondant à l’assèchement de la paroi. De
plus, l’ébullition nucléée est considérée uniquement à faible titre ce qui permet de déterminer la
fréquence des bouchons de liquide mais elle est supposée s’arrêter une fois que les bulles atteignent le
diamètre du canal (écoulement à bouchons). D’après Thome et Ribatski [36], dans le cas du CO2 ce
modèle prédit bien l’augmentation du coefficient d’échange thermique avec le flux de chaleur ainsi
que l’indépendance des échanges thermiques vis-à-vis de la vitesse massique. Cela prouve que
d’autres interprétations physiques que l’ébullition nucléée sont possibles pour expliquer ces tendances
observées en micro-canaux. Par contre, la prédiction de ce modèle donne un coefficient d’échange
thermique décroissant lorsque la température de saturation augmente. Ceci est en opposition avec la
réalité, ce qui rend ce modèle inadapté au CO2.

La Figure 2.35 montre une comparaison des résultats du modèle de Cheng et al. [76] avec une base de
données (Tableau 2.5) restreinte aux seuls coefficients d’échanges thermiques mesurés dans des
micro-canaux, où seuls les points obtenus avant l’assèchement sont inclus. L’écart moyen est présenté
en fonction du titre et de la température de saturation. Il apparaît que les mesures sont surestimées à
faible titre notamment pour les températures de saturation supérieures ou égales à 15 °C. En
considérant qu’à faible titre l’ébullition nucléée domine les transferts thermiques, on en déduit que cet
écart provient de son estimation. En effet, d’après Cheng et al. [54], la base de données qui a servi à
produire leur corrélation d’ébullition nucléée ne contient pas les mesures de Tanaka et Hihara [59] (15
°C) ni celles de Yun et al. [98] (0 à 10 °C) obtenues dans des tubes uniques, alors que nous les avons
utilisées ici. Or, d’après Ayad et al. [138], le coefficient d’échange thermique est plus faible dans ces
tubes uniques que dans les tubes multi-canaux (Pettersen [97], Yun et Kim [100]), ce qui peut
expliquer l’écart positif du modèle de Cheng et al. Par ailleurs, la surestimation du coefficient
d’échange thermique à titre modéré peut être due à une trop grande contribution de l’évaporation
convective juste avant l’assèchement. La sous-évaluation du coefficient d’échange thermique à titre
élevé peut être attribuée à la détermination d’un titre de début d’assèchement trop faible.
60
Tableau 2.5 : Base de données relative aux
40
micro-canaux à haute température.
Nombre
20 Auteurs d’investigations
Yun et Kim [100] 5
Ecart relatif [%]

0
Yun et al. [98,99] 16
−20 T [°C] Yamamoto et al. [56] 12
0≤T<5 Hihara et Tanaka [59] 8
−40 5≤T<10 Hihara et Dang [86] 10
10≤T<15
15≤T<20
Pettersen [60,97,149] 20
−60
Jeong et Park [102,150] 16
−80
0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9
Titre
Figure 2.34 : Comparaison du modèle de Cheng et
al. [76] à une base de données restreinte aux
micro-canaux à haute température.

-62-
Ébullition convective du dioxyde de carbone / Chapitre 2

2.3.4 Conclusion
En macro-canaux à hautes températures, les corrélations classiques ont tendance à sous estimer le
coefficient d’échange thermique du CO2 en raison de la contribution trop faible attribuée à l’ébullition
nucléée. En outre, l’effet de la vitesse massique est trop important car le rôle de l’évaporation
convective est surestimé. Parmi ces corrélations initialement développées pour des fluides frigorigènes
conventionnels, celles de Jung et al. [111] et de Gungor et Winterton (1986) [89] donnent les meilleurs
résultats dans des tubes respectivement de 7,5 mm et 6 mm. Les modèles ou corrélations spécialement
adaptés au CO2 sont difficilement utilisables car limités à une certaines gamme de condition ou bien
spécifique à un certain régime d’écoulement (annulaire ou stratifié). Seul le modèle de Cheng et al.
[76] semble suffisamment polyvalent. Il donne d’excellents résultats en régime annulaire. Cependant,
d’après nous, la vitesse massique correspondant à la transition entre le régime annulaire et le régime
stratifié à vagues est sous-estimée à hautes températures. Cela engendre une surestimation du
coefficient d’échange thermique pour les vitesses massiques les plus basses.

A basses températures, les corrélations classiques montrent une évolution du coefficient d’échange
thermique avec le titre plus proche des tendances observées pour le CO2 dont les propriétés se
rapprochent de celles des fluides frigorigènes conventionnels. La corrélation de Liu et Winterton [109]
semble donner les meilleurs résultats entre -30 et -40 °C. Par ailleurs, lorsque la température diminue,
le modèle de Cheng et al. [76] surestime la contribution de l’évaporation convective aux échanges
thermiques. Cela se traduit par une surévaluation du coefficient d’échange thermique à titre élevé qui
s’aggrave lorsque la vitesse massique augmente. En revanche, la vitesse massique de transition
« annulaire-stratifié à vagues » est prédite correctement à basses températures (§ 1.1.4).

Dans des micro-canaux, à hautes températures, l’utilisation de corrélations classiques incluant la


contribution de l’évaporation convective n’est pas adaptée car l’ébullition nucléée semble être le mode
de transfert de chaleur principal avant l’assèchement. Le modèle par parties de Ayad et al. [138,139]
(Tableau 2.4) est sans doute le plus approprié car il considère l’amélioration de l’ébullition nucléée
dans les tubes multi-canaux comparée celle des tubes simples. En outre, l’évaporation convective
n’entre en ligne de compte que lorsque la densité de flux thermique est suffisamment faible (Bo<10-4).

-63-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

2.4 Prédiction des pertes de pression


Les corrélations empiriques utilisées pour prédire les pertes de pression dans des tubes prennent
généralement deux formes.

Une des plus anciennes a été proposée par Lockhart et Martinelli [151] :
⎛ dP ⎞ ⎛ dP ⎞ 2
⎜ ⎟ =⎜ ⎟ φl , (2.20)
⎝ dz ⎠ tp ⎝ dz ⎠ l
où (dP/dz)l est la perte de pression due à la phase liquide circulant seule, et Φl est le multiplicateur
diphasique. Pour les tubes horizontaux, ce dernier prend la forme suivante dont le fondement théorique
a été demontré par Chisholm [140] :
C 1
φl2 = 1 + + 2, (2.21)
X X
où il est exprimé en fonction de la variable de Lockhart-Martinelli (X). Le coefficient C (paramètre de
Chisholm) est une constante dépendante du régime d’écoulement (turbulent ou laminaire) des phases
liquide et vapeur. Par la suite, d’autres auteurs ont pu remplacer la constante C par des expressions
plus complexes afin d’obtenir de meilleurs résultats dans leurs applications spécifiques.

Une seconde forme couramment utilisée est la suivante :


⎛ dP ⎞ ⎛ dP ⎞ 2
⎜ ⎟ =⎜ ⎟ φlo , (2.22)
⎝ dz ⎠ tp ⎝ dz ⎠ lo
où (dP/dz)lo est la perte de pression obtenue en supposant la totalité de l’écoulement circulant sous
forme liquide. Dans ce cas, le multiplicateur diphasique Φlo est généralement une fonction du titre, et
d’autres grandeurs comme le nombre de Weber (We) ou bien le nombre de Froud (Fr).

Néanmoins, des modèles plus physiques (phénoménologiques) peuvent être utilisés. Par exemple, si
l’on considère un écoulement annulaire, les pertes de pression peuvent être déterminées du point de
vue de la phase vapeur en adoptant une approche monophasique. Elles prennent donc la forme
suivante :
⎛ dP ⎞ 4 ρ v u v2
⎜ ⎟ = f . (2.23)
⎝ dz ⎠ tp D 2
Le facteur de frottement (f) peut être calculé de façon classique (Colebrook) en supposant que le film
liquide crée une rugosité équivalent, ou bien à l’aide de corrélations qui dépendent des paramètres du
film liquide tels son épaisseur (δ), sa turbulence (Re) ou bien le rapport de vitesse entre la phase
vapeur et la phase liquide.

On trouvera un inventaire détaillé des principales méthodes empiriques et phénoménologiques dans la


thèse de Jesús Moreno Quibén [152] ; celles qui concernent spécifiquement le CO2 sont regroupées
dans l’Annexe A2. Plusieurs auteurs ont comparé les résultats de ces méthodes à leurs mesures de
pertes de pression obtenues avec du CO2. Dans les paragraphes qui suivent, nous synthétisons les
conclusions de ces études par type de canal et par niveau de température.

2.4.1 Macro-canaux à hautes températures


Yoon et al. [80] ont comparé leurs mesures de pertes de pression avec les corrélations de Lockhart et
Martinelli [151], Chisholm [153] et Jung et Radermacher [154]. L’ensemble de ces corrélations
surestiment les données de 100 % en moyenne. Cela n’est pas surprenant dans la mesure où elles ont
été établies pour des fluides conventionnels dont les propriétés sont différentes de celles du CO2. En

-64-
Ébullition convective du dioxyde de carbone / Chapitre 2

effet, les pertes de pression du CO2 sont plus faibles que celles des fluides classiques [85]. Cela est dû
à une plus faible viscosité du liquide et une plus faible vitesse de la vapeur. De plus, les expériences de
Yoon et al. montrent l’existence d’un assèchement partiel qui pourrait réduire les pertes de pression
dans la mesure où la surface de tube en contact avec le liquide est plus faible. Yoon et al. ont modifié
la corrélation de Chisholm (Annexe A2) en intégrant le nombre de Weber dans le but de prendre en
compte le diamètre du tube et la tension de surface, cette dernière intégrant d’une certaine façon l’effet
de la température de saturation.

Oh et al. [85] ont aussi fait le constat que les corrélations classiques telles que celle de Lockhart-
Martinelli [151], Chisholm [153], Jung et Radermacher [154] et Friedel [155] surestiment les pertes de
pression de 40 % à peu près. Les propriétés particulières de CO2 sont peut-être mal prises en compte
par ces corrélations. Néanmoins, la corrélation de Choi et al. [156] utilisée par Oh et al. donne de bons
résultats.

Katsuta et al. [118] ont développé une corrélation spécifique pour le CO2 (Annexe A2). Le nombre de
Bond est utilisé pour représenter l’effet du diamètre. Lors de l’écoulement à bouchons (aucun critère
n’est précisé) le nombre de Froude permet de considérer l’effet de la gravité. L’utilisation du nombre
de Reynolds permet quant à lui de reproduire la baisse des pertes de pression à titre élevé qui, d’après
les auteurs, s’amorce pour Rel=1800. Le domaine de validité de cette corrélation n’est pas très clair. Il
semble qu’elle soit valable pour des macro-canaux de diamètre allant de 3 à 7 mm, des températures
négatives et positives (de -30 à 10 °C) mais la gamme de vitesse massique n’est pas précisée.

Wang et al. [113] ont aussi proposé une corrélation pour le CO2 à 15 °C (Annexe A2). Leurs équations
sont sous une forme intégrale qui suppose un titre nul en entrée de canal et prend un titre variable en
sortie. Un coefficient doit être ajusté selon qu’il s’agit de micro-canaux de diamètre compris entre 0,7
et 2 mm ou bien d’un macro-canal de 4 mm. Ce coefficient n’est pas défini pour les diamètres
intermédiaires.

Moreno Quibén et Thome [157] ont mis au point un modèle phénoménologique de prédiction des
pertes de pression basé sur la carte d’écoulements de Wojtan et al. [53], et qui prend donc en compte
la configuration de l’interface entre le liquide et la vapeur. Ainsi, à chaque régime d’écoulement
correspond un mode de calcul des pertes de pression particulier. Cheng et al. [55] ont ensuite repris ce
modèle et l’ont adapté au cas du CO2 en utilisant leur propre carte d’écoulements. Cependant, la base
de donnée à l’origine des nouveaux facteurs de frottement ne contient pas de mesures faites dans des
macro-canaux à hautes températures. Il est donc difficile de connaître la pertinence de ce modèle dans
ces conditions précises.

2.4.2 Macro-canaux à basses températures


Bredesen et al. [87] ont trouvé une bonne correspondance entre leurs mesures de pertes de pression et
une corrélation développée au laboratoire du NTNU-SINTEF par Fuchs [158]. Thome et Ribatski [36]
ont comparé aux données de Bredesen et al. trois corrélations classiques montrant les meilleures
performances sur des fluides frigorigènes classiques, d’après Ould Didi et al. [159]. Parmi celles-ci, la
corrélation de Friedel [155] donne les meilleurs résultats (E.M. : 9 %, E.M.A. : 22 %), suivi par la
corrélation de Müller-Steinhagen et Heck [160] (E.M. : -13 %, E.M.A. : 25 %). La corrélation de
Grönnerud [161] donne des résultats mitigés et une comparaison supplémentaire avec la corrélation de
Chisholm [153] révèle de moins bonnes performances. Notons que dans la publication de Bredesen et
al., la plupart des mesures disponibles (sous forme graphique) sont faites à -10 °C ce qui réduit la
gamme des conditions inclues dans la comparaison de Thome et Ribatski par rapport à la gamme de
température réellement investigée par Bredesen et al. (-25 °C, -10 °C et 5 °C).

Park et Hrnjak [40] ont aussi confronté leurs mesures à des corrélations classiques. Parmi celles-ci,
Lockhart et Martinelli [151] et Chisholm [153] surestiment largement les pertes de pression. Les
meilleurs résultats sont obtenus avec la corrélation de Müller-Steinhagen et Heck (-5,29 % d’écart

-65-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

moyen) et dans une moindre mesure avec la corrélation de Friedel [155] qui surestime les mesures de
23 % en moyenne.

Les corrélations du modèle phénoménologique de Cheng et al. [55] ont été obtenues par comparaison
avec une base de données comprenant les mesures de Bredesen et al. [87] en macro-canaux et celles
de plusieurs autres auteurs en micro-canaux. 75,5 % des points expérimentaux correspondent au
régime annulaire pour lequel un facteur de frottement particulier a été déterminé (Annexe A2). Dans
les autres régimes d’écoulement (bouchons, stratifié à vagues) la prédiction des pertes de pression est
de moins bonne qualité car elle se base sur un nombre très limité de points expérimentaux. Ce modèle
prédit 81,5 % des mesures de Bredesen (principalement à -10 °C) à 30 % près ce qui présente une
amélioration par rapport à la corrélation de Friedel (77 %). En outre, l’évolution des pertes de pression
en fonction du titre est bien reproduite.

2.4.3 Micro-canaux à hautes températures


Cheng et al. [55] ont comparé quelques corrélations classiques à une base de données composée de
mesures en micro-canaux provenant de Pettersen [60,97], Zhao et al. [129,162] et Yun et Kim
[163,164] (diamètres équivalents allant de 0,8 à 1,74 mm). Il en ressort que les corrélations de Friedel
[155] et de Müller-Steinhagen et Heck [160] sous-estiment nettement les données expérimentales. Ces
corrélations bien adaptées pour l’écoulement annulaire sont peut être mises à défaut en micro-canaux
où les écoulements à bouchons ou annulaire à bouchons prennent plus d’importance. La corrélation de
Grönnerud [161] montre une dispersion très importante. Les meilleurs résultats sont obtenus avec la
corrélation de Chisholm [153]. Le modèle phénoménologique de Cheng et al. [55] donne de meilleurs
résultats que la corrélation de Friedel sur cette base de données en micro-canaux avec 44 % des
données prédites à 30 % près contre 35 % pour Friedel. Cependant les écarts de prédiction restent trop
élevés pour donner entière satisfaction.

D’après Pettersen [60], la corrélation de Friedel donne les plus grandes sous-estimations lorsque le
titre, la vitesse massique et la température de saturation sont les plus faibles. Par ailleurs, les
corrélations de Tran et al. [165] et de Zhang et Webb [166] dédiées aux micro-canaux ne sont pas non
plus adaptées et montrent respectivement des écarts moyens de 74,5 et -40,5 % sur les données de
Pettersen. La corrélation de Lombardi et Carsana [167] donne de bons résultats avec un écart moyen
de -1,1 % (16,4 % d’écart en valeur absolue). Pamitran et al. [168] ont fait des essais dans des tubes de
1,5 et 3 mm pour lesquels le modèle homogène donne de très bonnes prédictions (E.M. : -1,63 %,
E.M.A. : 18,4 %) en considérant la viscosité moyenne proposée par Duckler et al. [169]. Dans une
moindre mesure, les corrélations de Kawahara et al. [170] et de Zhang et Webb [166] donnent aussi de
bons résultats avec 30 et 34 % d’écart en valeur absolue. Les pertes de pression mesurées par
Yamamoto et al. [56] dans leur tube de 2 mm à 14,3 °C sont également bien prédites par le modèle
homogène en prenant la viscosité du liquide comme viscosité du mélange diphasique.

Plusieurs auteurs s’appuient sur la corrélation de Lockart-Martinelli [151] pour analyser leurs résultats
et notamment s’appuient sur le paramètre de Chisholm (C). D’après Yun et Kim [163] le paramètre de
Chisholm est proche de 1 et de 5 pour leurs tubes de 0,98 et 2 mm respectivement, alors qu’il
s’approche de 20 pour leurs essais dans des micro-canaux parallèles de diamètre hydraulique allant de
1 à 1,5 mm. Les auteurs expliquent cette différence par l’irrégularité de l’écoulement diphasique dans
des micro-canaux parallèles. En conséquence, dans le cas des tubes multi-canaux les pertes de pression
seraient plus dictées par la distribution du fluide que par le diamètre hydraulique. En outre, Yun et
Kim [163] observent que les pertes de pression sont plus faibles dans les conditions où l’assèchement
est observé. Yamamoto et al. [56] montrent que la corrélation de Lockhart et Martinelli [151] prédit
des pertes de pression quatre fois plus importantes que celles mesurées dans leurs tubes de 0,5 et 1
mm. La corrélation de Mishima et Hibiki [171] dédiée aux micro-canaux apporte une amélioration qui
n’est cependant pas suffisante. En effet, le paramètre de Chisholm mesuré par Yamamoto et al. est
inférieur à celui de Mishima et Hibiki calculé pour un diamètre de 1 mm (proche de 5). De plus,
Yamamoto et al. observent une variation du paramètre de Chisholm en fonction de la vitesse massique
et du titre. Ils ont donc suggéré une nouvelle équation (Annexe A2) pour calculer ce paramètre.

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Ébullition convective du dioxyde de carbone / Chapitre 2

Pamitran et al. [168] ont aussi proposé une expression spécifique (Annexe A2) pour le calcul du
paramètre de Chisholm qui dépend du nombre de Reynolds et du nombre de Weber.

2.4.4 Conclusion
En macro-canaux, les corrélations conventionnelles semblent généralement surestimer les pertes de
pression du CO2 à hautes températures. Néanmoins, certaines d’entre elles peuvent être utilisées à
basses températures avec des résultats acceptables ; notamment la correlation de Müller-Steinhagen et
Heck [160]. Le modèle phénoménologique de Cheng et al. [55] peut aussi être utilisé à basse
température. Notons cependant qu’il a été uniquement validé sur les données de Bredesen et al.
principalement pour -10 °C. Par ailleurs, les corrélations dédiées au CO2 sont difficilement
généralisables car elles sont développées à partir des données d’un seul auteur, obtenues pour des
conditions restreintes.

En micro-canaux, aucune corrélation classique ne fait l’unanimité, ni parmi les corrélations pour
macro-canaux qui ont une tendance à sous estimer les mesures, ni parmi les corrélations spécialement
dédiées aux micro-canaux. Par ailleurs, il est possible que l’utilisation de tubes multi-canaux donne
des pertes de pression différentes de celles obtenues dans un tube seul. Citons cependant la correlation
de Lombardi et Carsana [167] parce qu’elle donne de bons résultats dans le cas du tube multi-canaux
(D=0,8 mm) utilisé par Pettersen [60] et que cette géométrie est courante. Les corrélations de
Yamamoto et al. [56] et de Pamitran et al. [168], spécifiques au CO2, peuvent être utilisées pour des
tubes uniques dont les diamètres vont respectivement de 0,5 à 1,5 mm et de 1,5 mm à 3 mm.
Néanmoins, ces corrélations n’ont pas été validées sur d’autres bases de données que leurs bases de
données d’origine.

2.5 Assèchement
Dans des tubes de grand diamètre et à haute température le coefficient d’échange thermique du CO2
commence à baisser pour un titre relativement faible (x=0,2). Comme nous l’avons vu, il n’est pas
facile de savoir si cette baisse est due à une suppression de l’ébullition nucléée ou plutôt à un
phénomène d’assèchement intermittent ou partiel. Les deux considérations sont justifiables dans la
mesure où à haute température l’ébullition nucléée est favorisée d’où un impact important d’une
éventuelle suppression. Dans le même temps, d’après les visualisations et certaines études thermiques,
l’écoulement du CO2 tend plutôt à se stratifier lorsque la température augmente et le film liquide tend
à devenir plus fragile. Quoi qu’il en soit, la chute du coefficient d’échange thermique est d’autant plus
brutale que la température de saturation est élevée et la vitesse massique est faible. De plus, dans
l’hypothèse d’un assèchement partiel ou intermittent, il est difficile de savoir le rôle joué par
l’entraînement du liquide sur la réduction du film liquide, même s’il a toutes les chances d’être plus
important que pour un fluide conventionnel.

D’après Sun et Groll [70], plusieurs mécanismes participent au maintien d’un écoulement annulaire :
(i) la circulation secondaire de vapeur sous forme de vortex qui s’établit en raison de la variation
d’épaisseur du film liquide ; (ii) La présence de vagues qui ramènent le liquide vers le haut du tube ;
(iii) l’entraînement et le dépôt de gouttelettes de liquide. D’après les auteurs, dans le cas du CO2, le
mécanisme d’entraînement et de dépôt de gouttelettes serait prédominant vis-à-vis des deux autres
phénomènes. En effet, la circulation secondaire de vapeur demande une vitesse de vapeur limite qui ne
serait pas atteinte car la densité de la vapeur est élevée (pression réduite élevée). En outre, même si le
rôle des vagues sur le maintien du film au sommet du tube semble établi à faible titre où l’épaisseur de
film est importante, cela n’est pas validé à titre élevé. Par ailleurs, il est admis que l’entraînement est
un phénomène rapide qui se déclenche dans un premier temps avant d’être suivi par un dépôt plus
progressif. De ce fait il est possible que le liquide soit emmagasiné sous forme de gouttelettes au
centre de l’écoulement alors que le film s’assèche. Sun et Groll évoquent l’hypothèse que
l’écoulement annulaire commence tôt, s’accompagne d’un entraînement de gouttelettes de liquide et
qu’aucun mécanisme (vagues ou circulation secondaire de vapeur) ne permette de maintenir le film à

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Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

titre élevé dans des conditions où une partie du liquide est emportée dans le cœur de vapeur et déposée
progressivement. Notons que ces hypothèses concernant le type d’écoulement et l’entraînement de
gouttelettes n’ont pas été validées par des observations d’écoulements de CO2.

Nous soutenons l’hypothèse que dans un macro-canal à haute température le mécanisme


d’assèchement partiel par stratification de l’écoulement est le mécanisme principal. Il pourrait être
aggravé pour un phénomène d’entraînement de gouttelettes d’autant plus important que la température
est élevée. Cette possibilité est déduite des observations de Pettersen dans un tube de 1 mm où
l’augmentation de la température correspond à un plus grand entraînement de liquide mais il n’est pas
certain que cette constatation s’étende au macro-canaux dans la mesure où les observations de Ozawa
et al. [45] montrent une disparition du régime par brouillard dans un tube de 2 mm lorsque la
température augmente sans doute à cause de la stratification de l’écoulement. Dans le cas des basses
températures, la densité de la phase vapeur est plus faible. Ainsi, même si l’écoulement à titre faible
ou modéré est affecté par la gravité (intermittent ou annulaire à vagues d’après Park et Hrnjak [40]), à
titre élevé la vitesse de la vapeur est suffisante pour maintenir le film liquide sous la forme d’un
écoulement annulaire. Cela explique qu’aucun assèchement précoce ne soit observé à basse
température.

En macro-canaux à haute température, il n’est donc pas vraiment possible de déterminer un titre
d’assèchement en tant que tel. Il est plus adapté de déterminer la portion du périmètre qui est sèche par
rapport à celle qui est mouillée. A basse température, l’assèchement se fait vraisemblablement de
manière plus ponctuelle. Cependant, hormis les mesures de Bredesen [87], aucune donnée de transfert
thermique ne permet de déterminer un titre de début d’assèchement qui pourrait être comparé à la carte
de Cheng et al. [55]. De la même façon, lorsque le diamètre diminue le problème de stratification
disparaît et il est possible de distinguer clairement à partir des données de transfert de chaleur un titre
de début d’assèchement et un titre de fin d’assèchement. Selon les conditions (diamètre, vitesse
massique, flux de chaleur) il existe un écart plus ou moins grand entre ces deux titres. Cette différence
s’explique soit par l’effet de la gravité qui amorce l’assèchement de façon privilégiée au sommet du
tube avant qu’il ne se propage en bas du tube, soit parce que l’assèchement est un phénomène instable
et intermittent qui en moyenne s’effectue sur une plage de titre. Ainsi, dans ces conditions, il est
possible d’utiliser des méthodes de prédiction classiques.

Neksa et al. [137] ont sans doute été les premiers a utiliser la méthode de similitude de Ahmad [141]
pour prédire le titre d’assèchement du CO2 à partir des données de flux critique obtenues pour l’eau en
écoulement vertical montant (Kon’kov [142]). Cette méthode permet de définir des conditions pour
l’eau (fluide modèle) similaires à celles employées pour le CO2 (fluide prototype) à l’aide de nombres
adimensionnels. Cette méthode est à l’origine utilisée avec l’eau comme fluide prototype. Ahmad a
testé plusieurs fluides modèles et a trouvé une bonne correspondance avec le CO2. D’après Sun et
Groll [70], cette méthode prédit relativement bien les titres d’assèchement trouvés par Hihara et
Tanaka [59] et par Petteren et al. [172] dans des micro-canaux de 1 mm et 0,8 mm à température
positive, ainsi que les titres d’assèchement de Bredesen et al. [87] obtenus dans un macro-canal à
température négative.

Yun et Kim [146] ont aussi utilisé le principe de similitude avec le mélange eau/vapeur. En première
approche ils ont de la même façon employé les données de flux critique [173] mesurées pour de l’eau
afin d’en déduire le titre d’assèchement du CO2. Une fois que les conditions de pression employées
pour le CO2 sont converties en pression équivalente pour l’eau, ils ont cependant remarqué que les
viscosités étaient similaires alors que la tension de surface du CO2 était 50 % plus faible que celle de
l’eau. Pour prendre en compte cette différence ils ont également prédit le titre d’assèchement en
utilisant un modèle d’écoulement annulaire qui inclut l’entraînement et le dépôt de gouttelettes ainsi
qu’une épaisseur de film critique. En effet, la prédiction de l’entraînement et de l’épaisseur de film
critique inclut l’effet de la tension de surface ce qui permet de retrouver une similarité. L’épaisseur du
film est calculée selon les équations proposées par Carey [174] en incluant l’entraînement de liquide
dû au cisaillement interfacial entre la vapeur et le liquide mais aussi dû à la croissance des bulles. Il y
a assèchement lorsque l’épaisseur de film est inférieure à l’épaisseur critique. Ce modèle a été validé
dans le cas de l’eau en comparant le débit de liquide circulant dans le film et sous la forme de

-68-
Ébullition convective du dioxyde de carbone / Chapitre 2

gouttelettes ainsi que le titre d’assèchement avec des résultats expérimentaux. Pour inclure l’effet de la
gravité en écoulement horizontal, Yun et Kim ont utilisé le facteur de correction (Khor) proposé par
Wong et al. [175] :
0 , 62
⎛ G − Gmin ⎞
K hor = ⎜⎜ ⎟⎟ , (2.24)
⎝ Gmax − Gmin ⎠
q crit ,hor = K hor q crit ,ver , (2.25)
où qcrit est la densité de flux critique, Gmin est la vitesse massique en dessous de laquelle l’écoulement
est stratifié et Gmax est la vitesse massique au dessus de laquelle la gravité n’affecte plus l’écoulement.
Comme les mesures de Yun et Kim sont faites à vitesse massique élevée (500-3000 kg/m2.s), dans la
plupart des cas, la vitesse massique est supérieure à Gmax et aucune correction n’est nécessaire.

Ce modèle donne de bons résultats sur les données de Hihara et Tanaka [59] (10 % d’écart). Il prédit
généralement bien les titres d’assèchement mesurés par Yun et Kim [146] et donne de meilleurs
résultats (± 0,14) qu’en utilisant directement le titre d’assèchement de l’eau obtenu expérimentalement
par Groeneveld et al. [173]. Cependant, aux vitesses massiques les plus élevées et à faible flux de
chaleur l’assèchement a lieu pour un titre plus élevé que la prédiction du modèle. En effet, Yun et Kim
[146] ont pu observer un comportement inédit à vitesse massique élevée : d’une part, une
augmentation du titre d’assèchement lorsque la vitesse massique augmente ; d’autre part, l’influence
du flux de chaleur sur le titre d’assèchement (représenté sur la Figure 2.31). Au contraire, les mesures
de Hihara et Tanaka [59] et de Pettersen [60] obtenues pour des vitesses massiques respectivement
inférieures à 1500 et à 1000 kg/m2.s montrent une diminution du titre d’assèchement lorsque la vitesse
massique augmente ainsi qu’une relative indépendance en fonction du flux de chaleur. Yun et Kim en
ont déduit qu’il existe une vitesse massique dite de transition au-delà de laquelle la tendance
généralement observée s’inverse. Cela serait dû au renforcement du phénomène de dépôt des
gouttelettes emmagasinées dans l’écoulement vis-à-vis du phénomène d’entraînement. Cela
permettrait de remouiller les zones sèches du film liquide. D’après Yun et Kim, la vitesse massique de
transition du CO2 est plus faible que son équivalent en écoulement eau-vapeur probablement parce que
la tension de surface du CO2 est plus faible. La meilleure mouillabilité qui en résulte permettrait aux
zones sèches de se résorber plus facilement, d’où l’écart de prédiction. Yun et Kim évoquent l’idée
que cette vitesse massique de transition varie avec la température sans que leurs données
expérimentales (principalement obtenues à 5 °C) permettent de conclure. D’après la Figure 2.31b,
pour des vitesses massiques proches de 1500 kg/m2.s, les données de Hihara et Tanaka [59] ne
montrent pas d’effet du flux de chaleur à 15 °C alors que les mesures de Yun et Kim à 5 °C montrent
un effet du flux de chaleur. On en conclut que la vitesse massique de transition pourrait baisser lorsque
la température diminue. Cependant, cela est en opposition avec le faite que la mouillabilité du CO2
diminue (la tension de surface augmente) lorsque la température baisse. Par ailleurs, d’après Yun et
Kim, la vitesse massique de transition est plus importante dans un tube de 2 mm (2500-3000 kg/m2.s)
que dans un tube de 1 mm (1000-1500 kg/m2.s). Cela s’expliquerait par une meilleure mouillabilité ou
un meilleur dépôt des gouttelettes dans un tube de plus petit diamètre.

Revellin et Thome [176] ont développé un modèle de prédiction du flux de chaleur critique dans un
micro-canal. Ils utilisent les équations de conservation (masse, énergie et quantité de mouvement),
dans l’hypothèse d’un écoulement annulaire séparé, pour calculer l’épaisseur du film liquide en
fonction de la position dans le canal et pour des conditions initiales données à l’entrée du canal. Il y a
assèchement lorsque l’épaisseur du film est inférieure à la hauteur des vagues (∆δi) déterminée par la
corrélation suivante :
⎛ (ρ l − ρ v )g ( D 2) 2
−3 / 7 −1 / 7
D⎛u ⎞ ⎞
∆δ i = 0,15 ⎜⎜ v ⎟⎟ ⎜ ⎟ , (2.26)
2 ⎝ ul ⎜ σ ⎟
⎠ ⎝ ⎠
où uv et ul sont les vitesses respectives de la vapeur et du liquide. Bien que l’épaisseur du film critique
soit initialement corrélée pour des fluides conventionnels (R-134a, R-245fa, R-113), Revellin et al.
[177] ont utilisé ce modèle pour prédire le titre d’assèchement du CO2 en micro-canal. Alors qu’aucun
phénomène d’entraînement et de dépôt de gouttelettes n’est pris en compte il est intéressant de noter

-69-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

qu’une vitesse massique de transition est effectivement prédite. D’après les résultats du modèle cette
vitesse massique de transition serait plus petite pour le CO2 que pour le R-134a ce qui est
vraisemblable. D’après la physique du modèle, cette transition correspond au moment où le film
liquide devient turbulent et où un changement de tendance dans le rapport de vitesse entre la phase
vapeur et la phase liquide a lieu. Cependant, l’étude de sensibilité donne, d’une part, une vitesse
massique de transition plus grande lorsque le diamètre est plus petit ce qui est contraire aux
observations de Yun et Kim [146], d’autre part, la vitesse massique de transition diminue lorsque la
température augmente ce qui s’oppose au mesures de Hihara et Tanaka à 15 °C (Figure 2.31b) qui
présentent un assèchement normal.

Jeong et Park [134] ont étudié l’évaporation du CO2 dans des micro-canaux parallèles de 0,8 mm. A
partir de leurs mesures mais aussi de celles de Pettersen [60] obtenues pour des conditions proches, ils
suggèrent une corrélation pour prédire le titre d’assèchement. D’autres corrélations ont été proposées
par Hihara et al. [178] et Yamamoto et al. [56]. Elles sont regroupées dans le Tableau 2.6.

Tableau 2.6 : Prédiction du titre d’assèchement.


Jeong et Park x d = 6,2 Relo
−0 , 5
Bo −0, 2 Bd −0, 45
[134]
Hihara et al.
⎡⎛ 8 × 10 −7 q −4 ⎞
⎤ ⎡ − 4 ⎛ q.10
−3 0 ,19 ⎤

[178] x di = ⎢⎜⎜
3
3
( )
− 3,2 × 10 ⎟⎟ ln D × 10 + 1⎥ × ⎢0,9 − 3 × 10 G⎜⎜
9
⎟⎟ ⎥
⎣ ⎝ ⎠ ⎦ ⎣ ⎢ ⎝ ⎠ ⎥⎦

di (
Cheng et al. [76] x = 0,58 exp 0,52 − 0,236We 0,17 Fr
vo vo , Mori
0 ,17
(ρ v / ρ l )0, 25 (q / qcrit )0, 27 )
q crit = 0,131ρ v hlv ( gσ (ρ l − ρ v ))
0,5 0 , 25

Yamamoto et al. 0 , 073 −0 , 72


⎛ ρv ⎞ − 0 , 06 ⎛ Lq ⎞ D = 0,51 mm ⇒ f d = 0,0437
[56] q crit = f d ⎜⎜ ⎟⎟ Welo ⎜⎜ ⎟⎟ G hlv , où
ρ
⎝ l⎠ ⎝D ⎠ D = 1 mm ⇒ f d = 0,1093

2.6 Transferts de chaleur post-assèchement


Sun et Groll [105] ont utilisé la corrélation de Dougall et Rohsenow [143] dans leur modèle par
parties. Cette corrélation suppose l’équilibre thermique entre la vapeur et les gouttelettes de liquide.
Dans le cas où l’assèchement se fait à faible titre, dans des conditions de pression et de vitesse
massique élevée, Sun et Groll ont postulé que l’écoulement devait s’approcher de l’équilibre
thermique. Dans ces conditions, on peut en effet supposer que le transfert de chaleur se fait
principalement par convection turbulente de la vapeur. Cette hypothèse est confirmée par les données
de Hihara et al. [178] à vitesse massique élevée (1440 kg/m2.s) qui montrent une augmentation du
coefficient d’échange thermique en fonction du titre. En effet, lorsque le titre augmente la vitesse de la
vapeur augmente ce qui améliore l’échange de chaleur par convection. La corrélation de Dougall et
Rohsenow reproduit cette tendance même si un écart par rapport aux données de Hihara et al. est
observé. En revanche, aux plus faibles vitesses massiques (360 et 720 kg/m2.s), Hihara et al. [178]
observent une diminution du coefficient d’échange thermique en fonction du titre. Cette tendance
reflète sans doute un déséquilibre thermique qui s’explique par le fait que la phase vapeur doit monter
en température pour transférer de la chaleur vers les gouttelettes de liquide. Pettersen [60] a comparé
ses données post-assèchement ainsi que celles de Hihara et Tanaka [59] à la corrélation de Groeneveld
et Delorme [144] qui prend en compte le déséquilibre thermique mais sans obtenir de résultats
concluants. Un meilleur accord a été observé avec la corrélation de Shah et Siddiqui [145] qui elle
aussi modélise le déséquilibre thermique. C’est aussi la conclusion de Ayad [138] qui a comparé les
corrélations de Groeneveld et Delorme, et de Shah et Siddiqui aux données de Hihara et Tanaka [59]
(E.M.A. : 24,5 %) et de Yun et al. [98] (E.M.A. : 29,5 %). Une comparaison plus fine menée par
Hihara et al. [178] montre que la corrélation de Shah et Siddiqui donne de bons résultats pour un
diamètre de 1 mm mais s’éloigne des mesures lorsque le diamètre augmente. De plus, cette corrélation
est dépendante du flux de chaleur alors que dans la pratique le coefficient d’échange thermique ne

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Ébullition convective du dioxyde de carbone / Chapitre 2

montre pas d’évolution évidente en fonction du flux de chaleur. A partir de ce constat, Hihara et al.
[178] ont proposé une version modifiée des équations de Shah et Siddiqui. Cette nouvelle corrélation à
l’avantage de s’appuyer sur des données obtenues pour une large gamme de diamètre (de 1 à 6 mm),
de vitesse massique (de 360 à 1440 kg/m2.s) et de densité de flux thermique (de 4,5 à 36 kW/m2) mais
ne reflète qu’une seule température de saturation (15 °C).

Yun et Kim [100] ont trouvé un bon accord entre leurs données post-assèchement (D= 0,98 et 2 mm)
ainsi que celles de Hihara et Tanaka [59] (D=1 mm) avec la corrélation de Groeneveld [147]. Cette
dernière corrélation ne considère pas le déséquilibre thermique mais l’écart moyen obtenu est de 36 %
en valeur absolue. Cheng et al. ont aussi utilisé la corrélation de Groeneveld dans leur modèle mais ils
l’ont adapté au CO2. Cependant, le manque d’études expérimentales effectuées en écoulement par
brouillard et la grande dispersion des données présentes dans la littérature n’a pas permis d’obtenir
dans ce régime un écart de prédiction meilleur que 69 % en valeur absolue.

2.7 Perspectives
Au regard des éléments de synthèse présentés plus haut, il apparaît que plusieurs questions restent en
suspend concernant l’évaporation convective du CO2 dans des canaux horizontaux. Ces questions
méritent de nouvelles investigations expérimentales :

(i) Des essais de visualisation d’écoulements dans des macro-canaux à hautes températures en
présence d’un flux de chaleur permettraient de mieux comprendre le mécanisme qui engendre une
baisse du coefficient d’échange thermique avec l’augmentation du titre (présence d’ébullition nucléée,
d’assèchement partiel, ou d’instabilités). En outre, il est nécessaire de savoir si la transition entre les
écoulements de type annulaire et les écoulements stratifiés à vagues se fait pour des vitesses massiques
similaires à celles des fluides frigorigènes conventionnels ; autrement dit, si les cartes d’écoulement
doivent être modifiées pour le CO2, concernant cette transition.

(ii) Dans la littérature, il existe peu de mesures des pertes de pression dans des macro-canaux,
aussi bien à hautes températures qu’à basses températures. Cela rend difficilement possible la
comparaison avec les corrélations existantes, ou bien la mise au point de nouvelles expressions
couvrant une large gamme de température. Par ailleurs, en micro-canaux, l’hypothèse suggérant que
les pertes de pression sont différentes selon qu’il s’agisse de tubes simples ou de tubes multi-canaux
mérite d’être clarifiée.

(iii) Concernant, la détermination du titre d’assèchement, l’influence de la température sur la


vitesse massique de transition n’est pas claire. De nouvelles investigations pourraient servir de base à
de futurs modèles. En outre, des tests de visualisation d’écoulements diabatiques aideraient sans doute
à mieux comprendre pourquoi le titre d’assèchement augmente avec la vitesse massique au-delà de la
transition, et notamment de voir si le dépôt de gouttelettes rentre en jeux.

(iv) De nouvelles expériences sur les échanges thermiques post-assèchement du CO2 pourraient
élargir le champ d’investigation déjà couvert par Hihara et al. [178] à d’autres températures, et donc
de valider ou d’améliorer la corrélation récemment proposée.

A titre de synthèse les Tableau 2.7, Tableau 2.8 et Tableau 2.9 donnent une liste des principales études
portant sur l’évaporation convective du CO2 respectivement dans des macro-canaux à hautes
températures, à basses températures et dans des micro-canaux. Chaque référence s’accompagne de la
gamme des conditions investiguées, du type de tube utilisé ainsi que de l’objet de l’étude (échanges
thermiques et/ou pertes de pression).

-71-
Tableau 2.7 : Liste des études portant sur l’ébullition convective du CO2 en macro-canaux à haute température.
Auteurs Fraction d’huile Géométrie Diamètre du canal Vitesse massique Flux de chaleur Temperature de Mode de Type de
[wt%] du canal [mm] : matériau [kg/m2.s] [kW/m2] saturation [°C] chauffe mesure
Rieberer et Halozan [179] Presence d’huile circulaire 15 : Cu 254 20 0 Eau H.T.
Zhao et al. [81] circulaire 6 : S.S. 160 à 320 10 à 20 10 E.J. indirect H.T.
+ eau
Choi et al. [180] circulaire 4,55 : S.S. (vertical) 300 à 600 20 à 60 -5 ; 0 ; 5 ; 10 E.J. direct H.T.
Gao et Honda [117] 0;1 circulaire 5 : Cu 330 à 680 -4 à 4 Eau H.T.
Yun et al. [78,181] circulaire 6 : S.S. 170 ; 240 ; 320 10 ; 15 ; 20 5 ; 10 E.J. direct H.T.
Sun et Groll [108] circulaire 4,572 : S.S. 500 à 1670 10 à 50 -2 à 10 Eau H.T.
Jeong et al. [182] circulaire 4,55 : S.S. (hélicoïdal) 150 ; 300 ; 450 10 ; 20 ; 30 0 ; 5 ; 10 E.J. direct H.T. / ∆P
Sawant et al. [112] circulaire 8 : S.S. 250 ; 500 ; 650 24 à 58 5 ; 10 Eau H.T.
Wang et al. [113] 0,5 circulaire 0,7 ; 1 ; 2 ; 4 : S.S. 360 ; 720 ; 1440 9 ; 18 ; 36 15 E.J. direct H.T. / ∆P
Yoon et al. [80,183] circulaire 7,53 : S.S. 200 à 530 12 à 20 -4 à 20 E.J. direct H.T. / ∆P
Koyama et al. [184,185] 0,04 à 7 (PAG) circulaire 4,42 : Cu 360 à 650 30 -5,6 à 14,3 Eau H.T.
microaileté 4,90(eq): Cu
Schael et Kind [73] circulaire 14 : Ni 75 à 250 0 à 120 -10 ; 5 E.J. direct H.T.
microaileté 9,07(eq): Cu
Gao et Honda 0,01 à 2 (PAG) circulaire 3 : S.S. 200 à 1180 10 à 30 -7 ; 0 ; 10 E.J. direct H.T.
[88,186,187]
Katsuta et al. [118] circulaire 3 : S.S. 200 10 -30 à 10 E.J. direct H.T. / ∆P
Dang et al.[120] 0 à 5 (PAG) circulaire 2 ; 4 ; 6 : S.S. 360 ; 720 ;1440 4,5 ; 9 ; 18 ; 36 15 E.J. direct H.T. / ∆P
Hihara et Dang [86] circulaire 1 ; 2 ; 4 ; 6 : S.S. 360 ; 720 ; 1440 4,5 ; 9 ; 18 ; 36 5 ; 15 E.J. direct H.T.
Cho et Kim [84] circulaire 4 ; 7,72 : Cu ? 212 à 656 6 ;12 ;16 ;20 0 ;5 ;10 ;20 E.J. direct H.T. / ∆P
microaileté 4,25 ; 8,8 : Cu ?
Gao et al. [188] 0,01 à 0,72 circulaire 3 : S.S. 200 à 1300 5 à 30 10 E.J. direct H.T.
microaileté 3,04(m) : Cu 190 à 770 E.J. indirect
Oh et al. [85] circulaire 7,75 : S.S. 200 à 500 10 ; 20 ; 30 ; 40 -5 ; 0 ; 5 E.J. direct H.T. / ∆P
Kim et al. [189] circulaire 4 : ? (vertical) 212 à 530 15 ; 20 ; 30 ; 45 -5 ; 0 ; 5 ; 20 E.J. direct H.T. / ∆P
microaileté 4,4(m): ? (vertical)
Gao et al. [75] 0 à 1 (PAG) circulaire 3,76 : S.S. 100 à 400 5 ; 10 ; 20 ; 30 10 E.J. direct H.T. / ∆P
microaileté 3,75(eq) : S.S. 100 à 500
Ni : nickel / Cu : cuivre / S.S. : acier inoxydable / E.J. : effet joule / H.T. : transfert de chaleur / ∆P : pertes de pression
eq : diamètre équivalent donnant la même air de passage / m : diamètre moyen
Tableau 2.8 : Liste des études portant sur l’ébullition convective du CO2 en macro-canaux à basse température.
Auteurs Fraction d’huile Géométrie Diamètre du canal Vitesse massique Flux de chaleur Temperature de Mode de Type de
[wt%] du canal [mm] : matériau [kg/m2.s] [kW/m2] saturation [°C] chauffe mesure
Bredesen et al. [87] circulaire 7 : Al 200 à 400 3à9 -25 ; -10 ; 5 E.J. indirect H.T. / ∆P
Knudsen et Jensen [94] circulaire 10,06 : S.S. 85 ;125 ; 175 7 ; 13 -10 à -25 Condensation H.T.
de R-22
Park et Hrnjak [40,90,190] circulaire 6,1 : Cu 100 ; 200 ; 400 5 ; 10 ; 15 -15 ; -30 HFE 7100 H.T. / ∆P
Zhao et Bansal [92] circulaire 4,57 : S.S. 139,5 à 230,9 12,6 à 19,3 -30 E.J. direct H.T.
Bansal et Zhao[91,122] 149 à 250 12 à 20,9 -24,3 à -40,6 H.T. / ∆P
Al : aluminium / Cu : cuivre / S.S. : acier inoxydable / E.J. : effet joule / H.T. : transfert de chaleur / ∆P : pertes de pression
Tableau 2.9 : Liste des études portant sur l’ébullition convective du CO2 en micro-canaux à haute température.
Auteurs Fraction d’huile Géométrie Diamètre du canal Vitesse massique Flux de chaleur Temperature de Mode de Type de
[wt%] du canal [mm] : matériau [kg/m2.s] [kW/m2] saturation [°C] chauffe mesure
Hihara et Tanaka[59,191] circulaire 1 : S.S. 360 ; 720 ; 1440 9 ; 18 ; 36 15 E.J. direct H.T. / ∆P
Zhao et al. [129,162] triangulaire 25×0,86(h) : Al. 100 à 820 2 à 23 0 à 20 E.J. direct H.T. / ∆P
Koyama et al. [127] circulaire 1,8 : S.S. 100 à 250 4,18 à 31,9 0 ; 10 E.J. direct H.T.
Pettersen et Vestbostad circulaire 25×0,79 : Al. 200; 300 ; 400 ; 5 ; 10 ; 15 0 ; 10 ; 20 ; 25 Eau H.T. / ∆P
[97,130,137] 600
Zhao et al. [148] 0 à 7 ( ?) triangulaire 25×0,86(h) : Al. 100 à 700 11 0 à 15 E.J. direct H.T.
Yun et al. [98,99] circulaire 0,98 : S.S. 1000 à 1500 20 à 40 0 ; 5 ; 10 Direct H.T.
2 : S.S. 500 à 3571 7,2 à 48.1 5 ; 10 current
Yun et al. [95] rectangulaire 1,08 à 1,54(h) : Al. ( ?) 200 à 400 10 à 20 0 ; 5 ; 10 E.J. direct H.T.
Wang et al. [113] 0,5 ( ?) circulaire 0,7 ; 1 ; 2 ; 4 : S.S. 360 ; 720 ; 1440 9 ; 18 ; 36 15 E.J. direct H.T. / ∆P
Huai et al. [128] circulaire 10×1,31 : Al. 131,4 à 399 10 à 20 -3,08 à 16,96 Eau H.T.
Pettersen [60,149] circulaire 25×0,81 : Al. 190 à 570 5 à 20 0 ; 10 ; 20 ; 25 Water H.T. / ∆P
Siegismund et Kauffeld 0 à 10 ( ?) circulaire 13×0,81 : Al. 60 à 130 2;3? 0 à 10 Eau H.T.
[192,193]
Jeong et al. [194] carré 3×2(h) : Al. 150 à 750 4 à 16 0 à 10 E.J. direct H.T. / ∆P
Dang et al.[120] 0 à 5 (PAG) circulaire 2 ; 4 ; 6 : S.S. 360 ; 720 ;1440 4,5 ; 9 ; 18 ; 36 15 E.J. direct H.T. / ∆P
Gasche [65] rectangulaire 0,8(h) : Al. 58 à 235 1,8 23,3 E.J. direct H.T.
Hihara et Dang [86] circulaire 1 ; 2 ; 4 ; 6 : S.S. 360 ; 720 ; 1440 4,5 ; 9 ; 18 ; 36 5 ; 15 E.J. direct H.T.
Yamamoto et al. [56] circulaire 0,51 : S.S. 500 à 900 30 à 40 9,98 à 18,27 E.J. direct H.T. / ∆P
1 : S.S. 200 à 1000 10 à 50 5,3 à 26,76
2 : S.S. 200 à 500 5 à 35 21,98 à 6,7
Choi et al. [103,119,168] circulaire 1,5 : S.S. 200 à 600 20 à 40 -10 ;-5 ; 0 ; 10 E.J. direct H.T. / ∆P
3 : S.S.
Jeong et Park [102] circulaire 6×0,8 : Al. 400 à 1000 0 ; 12 ; 15 ; 18 0 ; 5 ; 10 E.J. direct H.T. / ∆P
Hihara et al. [178] circulaire 1 ; 2 ; 4 ; 6 : S.S. 360 ; 720 ; 1440 4,5 ; 9 ; 18 ; 36 15 E.J. direct H.T.
Jeong et Park [134,150] circulaire 6×0,8 : Al. 400 à 800 12 à 18 0; 5; 10 E.J. direct H.T.
microaileté 8×0,9(m) : Al.
Yun et Kim [100] circulaire 0,98 : S.S. 1000 à 2000 20 à 40 0 à 10 E.J. direct H.T.
2 : S.S. 500 à 2000 16 à 37 5 ; 10 E.J. direct
Ni : nickel / Al. : aluminium / S.S. : acier inoxydable / E.J. : effet joule / H.T. : transfert de chaleur / ∆P : pertes de pression
eq : diamètre équivalent donnant la même air de passage / m : diamètre moyen / h : diamètre hydraulique
3
Conception et
caractérisation de la
section d’essai
Solutions métrologiques pour l’étude
expérimentale de l’ébullition convective
dans un micro-tube.

-75-
Chapitre 3
Conception et caractérisation de la section
d’essai

La pratique expérimentale a représenté une part importante du présent travail de thèse : de la


conception à la réalisation du montage. Ce chapitre présente la section d’essai qui a permis d’étudier
l’ébullition convective du CO2 dans un canal de petite dimension. Après avoir évoqué certains aspects
techniques des investigations en mini ou micro-canaux, nous motivons les solutions employées pour
notre étude. Suivent la description du circuit principal de CO2 et le détail de la section d’essai.
Finalement, les résultats des essais de qualification faits en phase liquide sont exposés.

3.1 Quelques aspects techniques des études expérimentales portant


sur les mini ou micro-canaux

3.1.1 Types de boucle


Trois types de circuit sont généralement utilisés pour produire un écoulement de fluide dans des
conditions de débit et de pression déterminées : (i) une boucle ouverte où le fluide provient d’une
bouteille pour être finalement rejeté dans l’atmosphère (Gasche [65], Koyama [127], Yamamoto [56],
Pettersen [58]) ; (ii) un circuit de pompe à chaleur, où le fluide circule grâce à un compresseur (par
exemple, Hihara et Tanaka [59], Gao et Honda [88], Saitoh et al. [195]) ; (iii) un circuit isobare où le
fluide est mis en mouvement par une pompe lorsqu’il est à l’état de liquide sous-refroidi.

(i) La première configuration offre l’avantage de la simplicité. Elle est surtout utilisée comme
dispositif de visualisation de l’écoulement dans un micro-canal unique dans le cas où le débit est faible
Généralement le fluide est d’abord sous-refroidi en sortie de bouteille puis passe dans un détendeur
qui permet de régler la pression dans la section d’essai. Cependant, pour des essais longs du type
pertes de pression ou échange thermique, cette solution entraîne une consommation importante de
fluide. A cet égard, citons l’alternative proposée par Revellin et al. [57] qui consiste à utiliser deux
réservoirs maintenus à des pressions différentes par le biais d’une régulation thermique. Cette solution
offre la possibilité de recharger régulièrement le réservoir à haute pression à l’aide d’une pompe.

(ii) L’avantage d’utiliser un circuit de type pompe à chaleur est qu’il peut être issu de composants
standard. Un piquage en sortie du refroidisseur de gaz permet de diriger une partie du fluide vers la
section d’essai située en parallèle de l’évaporateur principal. La pression dans la section d’essai
correspond à celle de l’évaporateur principal et le débit de fluide est ajusté à l’aide d’une vanne de
détente. Néanmoins, dans les pompes à chaleur, le temps de stabilisation des pressions et des débits est
important car la charge du système doit se répartir entre différents composants qui interagissent entre
eux. De plus, l’utilisation d’un compresseur nécessite d’utiliser de l’huile de lubrification. Ainsi, si
l’on souhaite faire des essais avec du fluide pur, il n’est pas certain qu’un séparateur d’huile suffise à
supprimer toutes traces de lubrifiant à la sortie du compresseur.

(iii) De part sa commodité, la solution la plus employée consiste à faire circuler le fluide à l’aide
d’une pompe dans le sens inverse de celui d’un cycle de réfrigération. Le fluide est successivement
évaporé puis condensé à un niveau de pression quasiment constant dans tout le circuit. Cela permet de
fixer le débit du fluide et la pression du circuit de façon indépendante. Le débit du fluide dépend de la
vitesse de la pompe. Généralement, c’est un réservoir qui permet de régler la pression du système en

-77-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

ajustant la charge dans le circuit. Soit un unique circuit froid permet de contrôler le sous-
refroidissement du liquide et la pression dans le réservoir, soit un circuit froid indépendant, et parfois
une source de chaleur complémentaire, sont spécialement dédiés à la régulation de la pression du
réservoir (par exemple, Yun et al. [78], Owhaib et al. [196], Shiferaw et al. [197]). Un réservoir à
membrane peut aussi être utilisé. Dans ce cas, on emploie un gaz comme l’azote pour régler la
pression (Bertsch et al. [198]).

3.1.2 Méthodes de chauffage des mini/micro-canaux


Il existe une grande diversité de solutions techniques employées pour apporter la chaleur au fluide
s’évaporant. Deux types de source de chaleur sont principalement employées : (i) la chaleur sensible
d’un fluide secondaire et (ii) la chaleur produite par effet joule. Entre ces sources de chaleur et le
fluide à évaporer peut s’intercaler un matériau conducteur ou bien un milieu fluide intermédiaire qui
permet de faire varier les conditions aux limites entre un flux imposé et une température imposée au
niveau de la paroi du canal. Par ailleurs, certains dispositifs permettent de mesurer un ou plusieurs
coefficients d’échange thermique locaux simultanément alors que d’autres donnent un coefficient
d’échange thermique global, moyenné sur une gamme de titre.

Chauffage par fluide secondaire (chaleur sensible)

Pour avoir des puissances transférées suffisantes, il est intéressant d’utiliser des tubes multi-canaux car
cela accroît le débit total du fluide étudié. Pettersen et al. [60,130] ont utilisé l’évaporation du CO2
dans tube plat extrudé à multi-canaux. Le fluide secondaire employé est de l’eau circulant en spiral à
contre courant dans une chemise dont le diamètre hydraulique est de 5,6 mm. Cette méthode de
chauffage est utilisée car elle est plus proche des conditions aux limites d’un échangeur air/CO2.
Comme la température de la paroi du tube n’est pas directement mesurée elle est déduite de la
température moyenne de l’eau. En outre, une étude préliminaire est nécessaire pour connaître avec
précision le coefficient d’échange thermique de l’eau de façon à remonter à la température de la paroi.
Une bonne mesure des températures de l’eau à l’entrée et à la sortie de la chemise est un autre point
critique pour connaître le flux de chaleur tout en limitant les incertitudes. Le désavantage de ce
dispositif est que le coefficient d’échange thermique mesuré n’est pas local puisque moyenné sur la
longueur du dispositif.

Une version améliorée de ce type de dispositif a été utilisée par Cavallini et al. [199] lors de leur étude
de la condensation du R-134a et du R-410A, cas où un fluide secondaire est utilisé pour soustraire la
chaleur. La température de la paroi du tube multi-canaux est directement mesurée à l’aide de
thermocouples. L’eau circule à contre courant dans une géométrie destinée à assurer un bon mélange.
Il est donc possible de mesurer la température de l’eau directement dans l’écoulement. Des mesures
régulièrement espacées permettent d’obtenir un profil de température. Ainsi le flux de chaleur local
peut être déterminé de même que le coefficient d’échange thermique local à différentes positions. Une
autre configuration est utilisée par Huai et al. [128] pour étudier l’évaporation du CO2. Dans ce cas,
l’eau circule dans un bloc de cuivre mais n’ai pas en contact direct avec le tube multi-canaux. Le flux
de chaleur est mesuré à l’aide de plusieurs fluxmètres intercalés entre le bloc de cuivre et le tube
multi-canaux. Par ailleurs, la température est mesurée sur la surface supérieure et inférieure du tube
plat à plusieurs endroits sur la longueur. De cette manière, il est possible de déterminer l’évolution du
titre, de la densité de flux thermique et du coefficient d’échange thermique le long du tube.

L’utilisation d’un fluide secondaire dans le but de chauffer un seul canal est contrainte par le manque
de place et par la faiblesse des puissances transférées. Ce défi a pourtant été relevé par Matkovic et al.
[200] pour étudier la condensation du R-134a et du R-32 dans un canal de 0,96 mm de diamètre
intérieur. De l’eau est utilisée comme fluide secondaire pour extraire la chaleur. Elle passe à contre
courant dans une géométrie particulière que l’on reporte sur la Figure 3.1. Cette géométrie permet
d’assurer un bon mélange de l’eau et de mesurer régulièrement sa température au fil de l’écoulement.

-78-
Conception et caractérisation de la section d’essai / Chapitre 3

Gaine cylindrique en plastique

Figure 3.1 : Micro-canal refroidi par de l’eau employé dans l’étude de Matkovic et al. [200].

Le profil de température obtenu permet de déterminer le flux de chaleur local. En outre, la température
de la paroi est prélevée à plusieurs endroits le long du canal où l’on peut donc calculer le coefficient
d’échange thermique local. Cette mesure de température est faite à un point proche de la surface
intérieure de la conduite par le biais de petits perçages où sont introduits des thermocouples.

Chauffage par effet Joule

Le chauffage par effet Joule peut se faire de façon « indirecte », dans ce cas des éléments chauffants
(fil, film, cartouche) sont mis en contact thermique avec la conduite ; soit de manière « directe », dans
ce cas la conduite elle-même est l’élément chauffant. Alors, le fait d’appliquer un courant continu à
travers le canal génère un gradient de tension qui rend nécessaire l’isolation électrique des
thermocouples de paroi si l’on veut éviter la lecture d’une tension parasite.

Le chauffage par effet joule direct est sans doute la méthode la plus utilisée et la plus simple à mettre
en oeuvre. Qu’il s’agisse d’un canal unique ou d’un tube multi-canaux, la partie chauffée se situe entre
deux électrodes d’alimentation. L’utilisation de plusieurs électrodes (Tran et al. [133]) offre, en outre,
la possibilité de faire varier la longueur chauffée en fonction, par exemple, du débit. En revanche,
l’utilisation du chauffage indirect donne lieu à plusieurs types de solution.

Dans le cas des tubes multi-canaux, Yan et Lin [201] ont par exemple coincé un faisceau de tube entre
deux plaques de cuivre chauffées. C’est ce qu’illustre la Figure 3.2. Dans d’autres dispositifs le flux de
chaleur s’applique d’un seul côté des micro-canaux. Il peut s’agir de visualiser l’écoulement de l’autre
côté (Cornwell et Kew [202] ou Gasche [65] dans le cas d’un canal unique) ou bien de reproduire des
conditions similaires au refroidissement des microprocesseurs. Par exemple, Qu et Mudawar [203]
utilisent un bloc de cuivre sur lequel est usiné une série d’entailles formant des micro-canaux
rectangulaires. Comme l’illustre la Figure 3.3, la chaleur est apportée par plusieurs cartouches
chauffantes incérées en bas du bloc de cuivre. De grandes entailles transversales sont pratiquées dans
le bloc de cuivre de façon à stopper la conduction de la chaleur dans le sens de l’écoulement et pour
obtenir un flux de chaleur surfacique homogène au niveau des micro-canaux. Une plaque en matériau
transparent est utilisée pour fermer les micro-canaux sur leur face supérieure. Dans une configuration
similaire, Bertsch et al [198] ont utilisé trois blocs chauffés indépendamment pour former
successivement un pré-évaporateur, une section de mesure, puis un post-évaporateur. Agostini et al.
[204] emploient une matrice en silicium comme matériau de base. Sur une des faces de cette matrice
sont gravés des micro-canaux rectangulaires. Sur la face arrière, un circuit chauffant ainsi que des
thermistances sont déposés par lithographie.

Dans le cas d’un canal unique, les dimensions réduites obligent à trouver des solutions originales en ce
qui concerne le type et la disposition des éléments chauffants. Comme on peut le voir sur la Figure
3.4, Bao et al. [205] ont fait passer leur petit canal (1,95 mm) au cœur de blocs de cuivre cylindriques
où la chaleur est apportée à l’extérieur par un film chauffant. Plusieurs blocs thermiquement isolés les
uns des autres sont utilisés pour éviter la conduction axiale. Notons que cette solution accroît
fortement la surface exposée aux fuites de chaleur. Qi et al. [206] ont étudié l’évaporation de l’azote
dans des canaux allant de 0,5 à 2 mm. Ils ont entouré leurs tubes d’un fil chauffant de manganèse d’un
diamètre de 0,18 mm. De la colle est utilisée pour homogénéiser le flux de chaleur. Une autre solution
consiste à faire un dépôt métallique sur la surface extérieure d’un tube en verre (isolant) pour créer un

-79-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

film résistif chauffant. Pettersen [58] a utilisé de l’oxyde d’indium dopé à l’étain, qui a l’avantage
d’être transparent, pour visualiser l’évaporation du CO2 dans un canal de 0,98 mm. Le même principe
a été utilisé par Martin-Callizo et al. [207] pour observer l’évaporation du R-134a dans un canal
vertical de 1,33 mm. Celata et al. [208] ont étudié les transferts de chaleur monophasiques liquides en
régime laminaire. Pour se faire ils ont chauffé de l’eau circulant dans des tubes en verre de 120 à 528
µm de diamètre intérieur. Leur film résistif est un dépôt de 100 nm de chrome-molybdène ou bien de
chrome-or.

Couvercle
(Polycarbonate)

Chambre de sortie
Pression
de sortie
Chambre d’entrée
Pression
d’entrée
TC
de sortie
Couche TC Carter
chauffante d’entrée (plastique G-7)
Film de MICA

Plaque de cuivre
Micro-canaux
Thermocouple (Cuivre)
Tubes

Cartouches
chauffantes

Figure 3.2 : Méthode de chauffe employée Figure 3.3 : Section d’essai utilisée par Qu et Mudawar
par Yan et Lin [201]. [203].

Thermocouples
Film chauffant

Tube

Isolant

Bloc de cuivre
Figure 3.4 : Méthode de chauffage employée par Bao et al. [205].

-80-
Conception et caractérisation de la section d’essai / Chapitre 3

3.1.3 Mesure de la température


Mesurer la température de la paroi d’un tube sous tension nécessite généralement d’isoler
électriquement la soudure (jonction de mesure) des thermocouples. Si, pour les études en macro-
canaux, il est possible d’utiliser des thermocouples gainés insérés dans des rainures pratiquées dans la
paroi du tube, d’autres solutions d’isolation électrique et de fixation doivent être utilisées dans le cas
des mini ou micro-canaux.

Ong et al. [209] ont étudié l’évaporation convective de trois fluides (R-134a, R-236fa et R-245fa) dans
un tube de 1,03 mm de diamètre intérieur. Ils ont utilisé des thermocouples standard de 250 µm
(probablement gainés) et les ont fixés à l’aide de joints toriques. Saitoh et al. [195] ont étudié
l’évaporation du R-134a dans une gamme de diamètre (0,51 à 3,1 mm) comprenant un tube plus petit.
Ils ont utilisé un autre mode de fixation. Comme l’illustre la Figure 3.5, leurs thermocouples de 100
µm sont isolés électriquement du tube par une fine feuille de téflon. Le contact thermique et la tenue
mécanique sont assurés par du vernis. De façon générale, l’utilisation de film de téflon comme isolant
est courante y compris pour les macro-canaux. Lorsque le tube est trop petit (diamètre extérieur
inférieur à 1 mm) ou que plusieurs thermocouples doivent être fixés sur la périphérie, certains
dispositifs utilisent de la colle. C’est le cas pour l’étude de Wambsganss et al. [210] où la fixation des
thermocouples est faite à l’aide de colle époxy isolante électriquement et conductrice thermiquement.
D’une manière un peu différente, Martin-Callizo et al. [211] ont d’abord isolé la jonction de leurs
thermocouples à l’aide d’un vernis avant de les coller avec de la colle époxy conductrice
thermiquement. Dans le même ordre d’idée, la Figure 3.6 est une photo du montage de Celata et al.
[208]. Des fils de thermocouple de 50 µm sont soudés ; ils sont ensuite collés lors d’une première
étape avec de la colle cyanoacrylate. Un second collage, sans doute pour la tenue mécanique, est
effectué avec une résine époxy isolante électriquement. En revanche, la Figure 3.7 illustre un montage
alternatif issu de l’étude de Consolini et Thome [212]. Dans ce cas, les soudures de thermocouple sont
maintenues mécaniquement par un système de ressort et isolées du tube par une couche de vernis.

Thermocouple (0,1 mm)

Tube

Vernis

Pellicule de Teflon (8 µm)

Figure 3.5 : Méthode de collage des Figure 3.6 : Section d’essai de Celata et al. [208]
thermocouples utilisée par Saitoh et al. constituée d’un tube en verre sur lequel est effectué un
[195]. dépôt métallique. Trois thermocouples sont fixés sur la
paroi extérieure.

Si du courant alternatif est utilisé pour chauffer le tube, la composante de tension parasite générée au
niveau de la jonction de mesure des thermocouples est sinusoïdale. Il est donc possible de l’annuler en
intégrant le signal délivré par les thermocouples. Ainsi Shiferaw et al. [197] ou Huo et al. [214] ont
directement soudé leurs thermocouples sur la paroi du tube. Si du courant continue est utilisé il existe
en revanche la possibilité d’étalonner les thermocouples afin de compenser la tension parasite (Ohta et
al. [215]). Dans un autre ordre d’idée, notons que la mesure de température différentielle peut être un

-81-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

outil intéressant dans l’étude des transferts thermiques. Ainsi, Bao et al. [205] ont comparé la
température de paroi de la section chauffée de leur tube avec la température de paroi d’une section
adiabatique supposée égale à la température de saturation du fluide.

Gaine de
Gaine de
support
support
Ressort
Chassis du Fil de 50 µm
canal
Electrode

Jonction de
thermocouple
Isolation
électrique (vernis)
Tube
(a) (b)
Figure 3.7 : Méthode de maintien des thermocouples utilisée par Consolini et Thome [212,213]. (a)
Vue d’ensemble de la section d’essai (évaporateur). (b) Détail d’un thermocouple.

3.1.4 Isolation thermique


L’isolation thermique est un point critique dans les études portant sur des mini ou mico-canaux où les
puissances transférées peuvent être très faibles. Dans le cas où la température de saturation du fluide
est proche de la température de l’environnement, un isolant classique type laine de verre ou mousse
peut suffire, mais dans le cas contraire, des solutions alternatives sont parfois nécessaires.

Un premier type de solution consiste à rapprocher la température de l’environnement de celle de la


paroi extérieure du tube. Ainsi Saitoh et al. [195] et Dang et al. [120] ont par exemple placé leurs
sections d’essai dans un tunnel où circule de l’air à la température voulue, proche de celle du tube.
Dans le même ordre d’idée, Siegismund et Kauffeld [192,193] ont mis leur tube dans une enceinte
climatisée. Dans le cas particulier où la température de saturation du fluide est supérieure à la
température de l’environnement, les fuites de chaleur peuvent être facilement compensées à l’aide de
résistances électriques. Ainsi, dans l’expérience de Lin et al. [216], illustrée sur la Figure 3.8, le tube
étudié passe dans un cylindre contenant de l’air. Des éléments chauffants placés sur la surface
extérieure du cylindre permettent de contrôler la température de l’air en contact avec le canal. Utilisant
le même principe, Sumith et al. [217] ont placé un film chauffant autour de l’isolant qui couvre leur
section d’essai.

Une autre possibilité consiste à améliorer l’isolation thermique. Ainsi Celata et al. [208] et Ohta et al.
[215] ont placé leurs sections d’essai dans des enceintes cylindriques sous vide, respectivement en
acier inoxydable et en acrylique. Cette solution est aussi utilisée pour mener des expériences de
visualisation tout en évitant les pertes thermiques ou la formation de givre sur le tube. Par exemple,
Martin-callizo et al. [207] ont placé leur section de visualisation dans une enceinte cylindrique en
verre. En revanche, il existe d’autres solutions pour limiter les fuites thermiques lors d’essais de
visualisation. Par exemple, Park et Hrnjak [40] ont fait des observations avec du CO2 s’évaporant à -
15 °C et -30 °C dans un tube en verre de 6 mm de diamètre intérieur. Pour éviter la formation de givre,
un bloc de polyester a été coulé autour du tube en verre, en guise d’isolant thermique. Notons que cette
solution pourrait être employée dans le cas des mini ou micro-canaux.

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Conception et caractérisation de la section d’essai / Chapitre 3

Pression
Température
Faisceau de
thermocouples
Couche d’isolant

Chauffage
Chauffage du canal
de l’air

Figure 3.8 : Méthode d’isolation thermique d’un canal utilisée par Lin et al. [216].

3.2 Cahier des charges et choix techniques pour la section d’essai

Gammes de fonctionnement

Si l’on se réfère au Chapitre 2 (Tableau 2.9), on observe que la plupart des études expérimentales
portant sur l’évaporation convective du CO2 en micro-canaux concernent des tubes de diamètre
intérieur supérieur à 0,8 mm et des températures de saturation supérieures à 0 °C. Seule l’étude de
Yamamoto et al. [56] concerne un tube de plus petit diamètre, proche de 0,51 mm, à des températures
positives situées entre 10 et 18,3 °C. Les expériences de Choi et al. [119] menées dans des tubes de
1,5 et 3 mm ont été réalisées à plusieurs températures de saturation dont -5 °C et -10 °C. Cependant les
données obtenues à -10 °C n’ont pas été publiées.

La section d’essai a été conçue dans le but d’élargir le champ d’investigation existant aux
températures de saturation négatives et à un petit diamètre de 0,5 mm. D’un point de vue purement
théorique, il s’agit d’étudier l’impact du confinement de l’écoulement sur le coefficient d’échange
thermique et les pertes de pression. D’un point de vue pratique, ces conditions expérimentales
permettent d’envisager l’application des échangeurs compacts dans d’autres domaines que la
climatisation automobile comme par exemple les évaporateurs de pompe à chaleur de faible
encombrement fonctionnant en conditions hivernales.

Aussi, nous avons souhaité pouvoir compléter l’investigation par des mesures à température de
saturation positive ; ceci dans le but de déterminer plus largement l’effet de la température de
saturation et de recouper les données de la littérature à ces températures. Ainsi la gamme de
température initialement fixée pour notre étude s’étend de -15 °C à 15 °C. Par ailleurs, l’effet du
diamètre, autrement dit la transition entre macro et micro-canaux, est une question qui reste à clarifier.
La conception a donc été réalisée dans l’optique de pouvoir éventuellement travailler avec deux autres
tubes ayant un diamètre intérieur de 1 et 2 mm. Par ailleurs, nous avons considéré l’éventail de flux
surfacique de chaleur situé entre de 10 à 30 kW/m2 qui est typique des études portant sur les échanges
thermiques avec du CO2 et, en général, des conditions rencontrées dans les échangeurs air/fluide
frigorigène. Cela permet d’établir une comparaison avec les études antérieures. Enfin, puisque la
vitesse massique rencontrée dans les évaporateurs de climatisation automobile peut atteindre 1500
kg/m2.s [76] nous avons choisi, pour le tube de 0,5 mm, une gamme initiale de vitesses massiques
allant de 200 à 2000 kg/m2.s.

-83-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

Type de canal
Un des objectifs de notre étude est d’étudier l’évaporation du CO2 sur la totalité de la plage de titre (0
à 1). Il est donc nécessaire de disposer d’un pré-évaporateur pour fixer le titre à l’entrée de la section
de mesure. En ce qui concerne le type de tube utilisé, nous avons fait le choix d’un canal unique plutôt
qu’un tube multi-canaux, principalement pour trois raisons : (i) pour éviter les problèmes de
maldistribution du fluide diphasique à l’entrée de la section de mesure ou bien l’utilisation d’un long
pré-évaporateur multi-canaux encombrant et difficile à réaliser ; (ii) pour éviter les problèmes
d’instabilité dus aux fluctuations de débit entre les différents canaux ; et (iii) pour pouvoir facilement
placer une section de visualisation en sortie de la section de mesure. Le diamètre extérieur du tube a
été fixé à 1 mm. Cela correspond à un tube standard facilement disponible. L’épaisseur de paroi est de
0,25 mm et supporte très largement la pression du CO2 pour notre application. Le diamètre extérieur
est volontairement important pour faciliter la manipulation et permettre l’utilisation de raccords
métriques standard. Cependant, étant donnée l’épaisseur de la paroi, le problème de la conduction
thermique axiale mérite d’être posé. Nous l’abordons au paragraphe 3.6.

Type de source de chaleur


Le chauffage du tube par effet joule « direct » a été sélectionné car il permet de produire un flux
surfacique de chaleur homogène sur toute la paroi intérieure du tube. De plus, le flux de chaleur est
facilement contrôlable. En outre, les moyens techniques pour le mettre en œuvre (deux électrodes)
sont simples ; cela permet de changer facilement le diamètre du tube. Le choix s’est porté sur une
alimentation en courant continu car la puissance fournie se mesure aisément avec un système
d’acquisition standard (mesure de tensions continues).

Mesure de la température
La mesure de la température de la paroi du tube est délicate à cause des dimensions réduites du tube et
du coefficient d’échange thermique généralement élevé du CO2. A titre d’exemple, si l’on considère
une expérience standard où le flux surfacique de chaleur est de 15 kW/m2 et le coefficient d’échange
thermique du CO2 est de 15 kW/m2.K, on obtient un écart de 1 K seulement entre la température de
saturation du CO2 et la température de la paroi intérieure du tube. Ainsi, une incertitude de 0,1 K sur la
température de paroi correspond à une incertitude de 10 % sur le coefficient d’échange thermique. Par
rapport à d’autres moyens de mesure (RTD, résistance du tube) nous avons opté pour l’utilisation de
thermocouples car ils ont un faible encombrement et permettent une mesure locale. Dans un premier
temps nous avons envisagé une mesure de températures différentielles (thermopile) en prenant comme
référence la température de la paroi dans des portions adiabatiques situées à l’entrée ou à la sortie de la
section chauffée. Mais cette solution a été abandonnée car il n’était pas certain que le CO2 dans ces
zones adiabatiques soit tout le temps diphasique ou à l’équilibre thermique. Au lieu de cela, nous
avons préféré soigner la conception de la chaîne de mesure et son étalonnage (Annexe A4). Par
ailleurs, la colle a été retenue comme moyen de fixation car deux thermocouples peuvent être
facilement placés en vis-à-vis sur la circonférence du tube.

Isolation thermique
Lorsque le diamètre intérieur du tube diminue, le rapport entre la surface exposée à l’environnement
(qui est proportionnelle à la périphérie intérieure du tube) et le débit de fluide (qui est proportionnel à
la section de passage du fluide), tend vers l’infini. L’isolation thermique devient donc un point crucial
dans le cas des mini ou micro-canaux. Nous avons donc opté pour l’utilisation d’une enceinte sous
vide afin d’éliminer autant que possible les fuites de chaleur par conduction et par convection. En
outre, l’absence d’isolant solide en contact avec le tube permet de limiter l’inertie thermique et d’avoir
une implantation des thermocouples moins contraignante. Par ailleurs, le matériau de l’enceinte sous
vide doit être transparent pour autoriser la visualisation de l’écoulement dans de futurs essais. Notons
finalement que les températures de saturation qui ont été envisagées pour notre étude sont inférieures à
la température de l’environnement. Un soin particulier doit donc être apporté à la conception et à
l’isolation thermique du circuit de CO2 de façon à garantir un certain niveau de sous-refroidissement
du liquide à l’entrée de la section d’essai.

-84-
Conception et caractérisation de la section d’essai / Chapitre 3

3.3 Boucle expérimentale


En ce qui concerne la boucle expérimentale, le choix d’un circuit à pression « constante » où le CO2
est mis en mouvement à l’état liquide nous a semblé le plus adapté car cette configuration permet un
contrôle indépendant et précis des paramètres de débit et de pression. En outre, cela nous a permis de
pérenniser la boucle expérimentale conçue par Arnaud Bruch [31] pour son étude du refroidissement
supercritique du CO2. Pour des raisons de sécurité, cette installation est placée dans une enceinte située
à l’extérieur du bâtiment où se trouve la salle de contrôle. Cela pose certaines contraintes : (i) la
boucle expérimentale est soumise à des variations journalières et saisonnières de la température en
rapport avec les conditions climatiques ; (ii) l’instrumentation doit être contrôlée à distance.

Par rapport à sa configuration initiale, le circuit principal de CO2 a été modifié pour permettre notre
étude de l’évaporation ; il est schématiquement représenté sur la Figure 3.9. Une représentation plus
détaillée des circuits secondaires peut être trouvée dans l’Annexe A3, et certains détails plus
techniques sont disponibles dans la thèse d’Arnaud Bruch. Dans cette installation, le CO2 à l’état de
liquide sous-refroidi est mis en mouvement à l’aide d’une pompe à membrane (LEWA Ecoflow
LDC3). Cette pompe est équipée de trois têtes doseuse à membrane dont les courses sont réglables
indépendamment et qui sont simultanément entraînées par un moteur électrique à vitesse variable.
Cela permet de régler le débit volumique entre 4 et 67 l/h ce qui correspond à un débit massique
modulable entre 4 et 62 kg/h lorsque le CO2 liquide est à 0 °C. Ensuite, une petite fraction du CO2 est
envoyée dans la zone d’essai décrite plus bas alors que la plupart du CO2 passe dans un évaporateur.
Ici, la chaleur est apportée par un circuit d’eau glycolée équipé d’une chaudière de 6 kW. Puis le fluide
traverse le condenseur et est déversé dans un ballon réservoir. Le liquide saturé est ensuite sous-
refroidi avant d’atteindre à nouveau la pompe. Le condenseur, le ballon réservoir ainsi que le sous-
refroidisseur sont reliés à un circuit froid d’eau glycolée. Ce circuit permet de contrôler la température
du ballon réservoir. Comme ce dernier contient une grande partie de la charge du système, cela permet
de contrôler la pression du circuit. Un système de vanne permet de faire varier le débit d’eau froide
traversant le ballon réservoir et le condenseur. Se faisant, on règle l’écart de température entre l’eau et
le CO2 diphasique. De cette manière on peut moduler l’amplitude du sous-refroidissement.

Le circuit froid est refroidi grâce à un groupe frigorifique. Ce dernier est chargé avec du R-404A pour
pouvoir fonctionner à des températures suffisamment faibles. Des essais préliminaires montrent que la
puissance frigorifique disponible varie entre 3800 W et 7000 W lorsque le R-404A s’évapore à des
températures situées entre -25 °C et -10 °C respectivement. Pour réguler la température de l’eau, une
chaudière de 6 kW est installée en série avec l’évaporateur du groupe froid. Lorsque la température
d’évaporation (Tsat) du groupe froid est supérieure à -10 °C, la puissance frigorifique disponible est
trop importante vis-à-vis de la puissance délivrée par la chaudière et la régulation thermique n’est plus
garantie. Ceci nécessite un apport supplémentaire de chaleur fournit par un circuit auxiliaire qui
récupère une partie de la chaleur disponible au niveau du condenseur du groupe froid.

Au niveau de l’évaporateur du groupe froid, l’écart de température entre l’eau froide produite et le R-
404A varie entre 5 K (Tsat=-25 °C) et 9 K (Tsat=-10 °C). En revanche, le sous-refroidisseur de CO2 est
suffisamment dimensionné pour que le CO2 qui en sorte soit moins de 1 K plus chaud que l’eau froide
qui y rentre. Le débit de CO2 dans le circuit principal a été maintenu entre 45 et 50 kg/h pour limiter
les pertes de sous-refroidissement entre la sortie du sous-refroidisseur et la sortie de la pompe. Malgré
cela, le passage du CO2 dans le débitmètre à effet Coriolis puis dans la pompe à membrane engendre
un réchauffement de l’ordre de 4,5 à 5 K. Le CO2 à la sortie du sous-refroidisseur a donc dû être
maintenu à une température inférieure et celle que nous espérions. Cette contrainte ne nous a pas
permis de mener les essais pour la température de saturation du CO2 égale à -15 °C.

-85-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

Figure 3.9 : Schéma de la boucle expérimentale.

3.4 Section d’essai

Régulation du débit

Compte tenu de la géométrie du tube testé et de la gamme de vitesse massique adoptée, le débit de
CO2 qui circule dans la section d’essai (0,16 à 1,6 kg/h) ne représente qu’une petite fraction du débit
total (40 à 50 kg/h). Pour cette raison, la section d’essai est placée en parallèle de l’évaporateur
principal (Figure 3.9). Par ailleurs, afin d’éviter que le débit ne soit trop sensible aux fluctuations des
pertes de pression dans la section d’essai, la circulation du CO2 n’est pas assurée par la pompe mais
plutôt en plaçant la section d’essai entre deux niveaux de pression : un niveau haut à la sortie de la
pompe à membrane ; un niveau bas à la sortie de la section d’essai. La pression à la sortie de la pompe
à membrane est contrôlée grâce à un déverseur à dôme placé sur le circuit principal avant
l’évaporateur. La pression à la sortie de la section d’essai correspond à la pression du réservoir de
CO2. Une vanne de régulation (KAMMER 80037 I/P) est placée en amont de la section d’essai. Elle
permet de fixer le débit prélevé sur la ligne à pression « haute » localisée entre la sortie de la pompe et
le déverseur à dôme. Cette vanne est dimensionnée (Kvs = 0,0025) pour fonctionner avec un écart de
pression variable entre 5 et 10 bar. De cette façon, les pertes de pression dans la section d’essai
deviennent « négligeables », favorisant ainsi la stabilité du débit.

Une fois la fraction de liquide prélevée à la sortie de la pompe, la faiblesse du débit oblige à prendre
des dispositions particulières pour ne pas perdre le sous-refroidissement. Ainsi, la longueur de tube
jusqu’à la section d’essai on été limitée autant que possible, se réduisant quasiment à la vanne elle-
même. Pour éviter que cette dernière ne chauffe le liquide qui la traverse, elle est refroidie en utilisant

-86-
Conception et caractérisation de la section d’essai / Chapitre 3

le débit principal de liquide sous-refroidi (extrait au point 1 sur la Figure 3.9). Comme le montre la
Figure 3.10, le liquide de refroidissement circule dans un réseau de petits tubes soudés par points sur
la paroi extérieure de la vanne et mis en contact thermique par de la pâte conductrice. A travers la
vanne, la température du CO2 augmente de 0,5 K lorsque le débit est élevé (G=1500 kg/m2.s) mais
peut augmenter de 3 K lorsque le débit est faible (G=200 kg/m2.s) et que l’écart de température avec
l’environnement est important (25 K). Par ailleurs, un débitmètre à effet Coriolis (MICROMOTION
CMF010) est utilisé pour mesurer le débit passant dans la section d’essai. N’ayant pas sa place avant
la section d’essai, il est localisé après la section d’essai où la lecture est faite en phase gazeuse. Pour
cette raison, le CO2 à la sortie de la section d’essai passe d’abord dans un échangeur surchauffeur (voir
Annexe A3). Ce dernier est alimenté par un circuit d’eau maintenue à 20 °C. Les caractéristiques du
débitmètre hors étalonnage montrent une augmentation rapide de l’incertitude de mesure lorsque le
débit devient inférieur à 0,57 kg/h. Pour remédier à ce problème, le débitmètre a été étalonné dans la
gamme d’utilisation s’étalant de 0 à 1,5 kg/h avec cependant un nombre de points plus important dans
la gamme critique allant de 0 à 0,6 kg/h.

Figure 3.10 : Vanne de régulation équipée de son circuit de refroidissement.

Dimensions des tubes


La Figure 3.11 donne une représentation schématique de la section d’essai. Elle comprend deux parties
successives : la section de préchauffe et la section de mesure. La section de préchauffe permet
d’évaporer le CO2 jusqu’à un titre donné tandis que la section de mesure permet de déterminer les
pertes de pression et le coefficient d’échange thermique. La section de préchauffe est réalisée à l’aide
d’un tube de 1 mm de diamètre intérieur et 2 mm de diamètre extérieur. Ce tube est en acier
inoxydable 316L. La longueur de la partie chauffée est proche de 1690 mm et correspond à la
longueur minimale nécessaire pour évaporer complètement le CO2 au débit le plus élevé (G=2000
kg/m2.s dans la section d’essai) sans dépasser un flux surfacique de chaleur de 20 kW/m2 à l’intérieur
du tube. Le diamètre intérieur du préchauffeur est plus élevé que celui de la section d’essai afin de
limiter les pertes de pression dans cette partie mais il reste suffisamment faible pour pouvoir enrouler
le tube sous forme de spires de 20 mm de diamètre. La bobine ainsi formée (Figure 3.12a) fait
approximativement 60 mm de long. De cette manière, on réduit l’encombrement et on limite la surface
exposée aux fuites de chaleur. Le tube de cette section est enduit de vernis afin que les spires ne soient
pas en contact électrique. La section de mesure est constituée d’un tube droit de 529 µm de diamètre
intérieur et de 1001,8 µm de diamètre extérieur en acier inoxydable 316L. La longueur de la partie
chauffée est de 159,3 mm et correspond à la longueur maximale à ne pas dépasser pour ne pas
surchauffer le CO2 à la sortie de la section de mesure dans le cas extrême où le débit est minimal
(G=200 kg/m2.s) et la densité de flux thermique est maximale (q=30 kW/m2), en considérant un titre
nul à l’entrée. Ce tube est étiré à froid et sa surface intérieure est plutôt lisse. En effet, la rugosité

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Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

Figure 3.11 : Schéma de la section d’essai.

(a) (b)
Figure 3.12 : Vue de la section de préchauffe avant (b) et après (b) la mise en place du tissu en mylar
aluminisé.

moyenne arithmétique (Ra) se situe entre 0,8 et 1,6 µm d’après les mesures du fabricant. Plus de
détails à propos de la caractérisation géométrique de la section d’essai peuvent être trouvés dans
l’Annexe A4.

Enceinte sous vide


Les sections de préchauffe et de mesure sont maintenues à leurs extrémités par un cadre de support en
polymère (Figure 3.12a). L’ensemble ainsi formé est placé dans une enceinte en plexiglass de forme
rectangulaire (voir Annexe A3) dont la face supérieure est amovible et forme un couvercle. Pour
garantir l’étanchéité, un joint torique enduit de graisse est logé dans le bord supérieur de la boite. Le
couvercle se ferme à l’aide d’une série de vis. Une pompe à vide primaire ainsi qu’une pompe
secondaire de type turbomoléculaire sont connectées en série à l’enceinte. De cette manière il est
possible d’atteindre une pression inférieure à 10-3 mbar dans l’enceinte (sonde Pirani). A ce niveau de
pression on peut négliger les échanges thermiques par convection.

-88-
Conception et caractérisation de la section d’essai / Chapitre 3

Section de visualisation
Notons que l’enceinte en plexiglass offre la place d’ajouter une section de visualisation après la
section de mesure. Même si les essais de visualisation n’ont pas pu être menés dans le cadre de cette
thèse, la section de visualisation a été fabriquée. Comme l’illustre la Figure 3.13, elle se compose d’un
tube en verre de 6 mm de diamètre extérieur connecté à l’aide de raccords à olives et bagues en téflon.
Le tube en verre possède, à son entrée, un épaulement (Annexe A3) qui permet d’aligner le tube en
inox provenant de la section de mesure avec le canal du tube en verre. En effet, il est important de
perturber le moins possible l’écoulement à l’entrée de la section de visualisation.

Figure 3.13 : Section de visualisation.

Circuit d’alimentation électrique

Le courant continu nécessaire au chauffage par effet Joule des sections de préchauffe et de mesure est
délivré par deux alimentations électriques (LAMBDA GENESYS) contrôlées en intensité. Dans
l’enceinte sous vide le courant est acheminé par deux paires d’électrode en cuivre de 2 mm de
diamètre. Elles franchissent le couvercle de l’enceinte à travers quatre passages étanches (Figure 3.12)
et sont directement brasées sur les tubes qui transportent la CO2. Pour limiter l’apport de chaleur par
conduction le long des électrodes, elles sont refroidies à l’extérieur de l’enceinte sous vide. Pour se
faire, on utilise le CO2 diphasique récupéré à la sortie de l’évaporateur du circuit principal (point 2 sur
la Figure 3.9). Aux pertes de pression près, le CO2 à ce point est à la même température de saturation
que le CO2 qui circule dans la section d’essai. Comme l’illustre la Figure 3.14, les connecteurs qui
relient les câbles d’alimentation aux électrodes (Annexe A3) sont mis en contact thermique avec le
tube du circuit principal de CO2. Ce dernier est isolé électriquement avec un film de téflon.

Pour calculer la puissance délivrée au niveau de la section de préchauffe (QPC) et au niveau de la


section de mesure (QSM) on utilise l’intensité de commande des alimentations (IPC et ISM) ainsi que la
tension mesurée aux bornes de la section de préchauffe (UPC) et de la section de mesure (USM), proches
des points de connexion avec les électrodes :
QPC = U PC I PC , (3.1)
QSM = U SM I SM . (3.2)

Mesures de pressions

Deux capteurs (KELLER PA33-100) servent à mesurer la pression absolue à l’entrée de la section de
préchauffe et à la sortie de la section de mesure. En outre, le capteur connecté à la section de mesure a
été étalonné sur une plage de pression restreinte (11…51 bar) de façon à limiter l’incertitude de
mesure. Ainsi, l’incertitude équivalente sur la température de saturation du CO2 est inférieure à 0,1 K
(Annexe A4). Deux capteurs de pression différentielle (ROSEMOUNT 3051S) permettent de mesurer
les pertes de pression dans la section d’essai sur deux gammes différentes : l’une de 0 à 150 mbar et

-89-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

Figure 3.14 : Vue des connecteurs d’électrodes (avant calorifugeage).

l’autre de 0 à 1500 mbar. Comme l’illustre la Figure 3.15, un soin particulier a été apporté à la
réalisation des prises de pression. Afin de ne pas perturber l’écoulement et pour ne pas induire des
pertes de pression supplémentaires, la pression n’est pas mesurée dans une chambre mais au fil de
l’écoulement. Pour se faire, un petit orifice est pratiqué en limant la paroi au sommet du tube (Figure
3.15c). Ensuite, un petit cylindre en acier inoxydable permet de réaliser une jonction en « T » avec un
tube de 1×2 mm utilisé comme ligne de pression (Figure 3.15b).

La section de préchauffe et la section de mesure sont connectées entre eux mais aussi à l’entrée et à la
sortie de la section d’essai grâce à des raccords haute pression pour chromatographie (UPCHURCH)
en polymère. Ces raccords jouent le rôle d’isolant électrique et permettent un démontage aisé. Pour les
mêmes raisons, les lignes de pression sont aussi connectées par l’intermédiaire de ces raccords.

(b)

(a)

(c)
Figure 3.15 : Détails de la section de mesure. (a) Electrode et prise de pression à la sortie de la
section de mesure. (b) Dessin en coupe d’une prise de pression. (c) Orifice pratiqué dans le tube.

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Conception et caractérisation de la section d’essai / Chapitre 3

Mesures de températures

Les mesures de températures sont faites avec des thermocouples de type T miniatures et non gainés
(OMEGA 5SC). Les fils de thermocouple (cuivre et cuivre-nickel) font 80 µm de diamètre et la
soudure de la jonction de mesure forme une sphère dont le diamètre est proche de 120 µm. La Figure
3.16 montre les étapes du collage. Afin d’améliorer le contact thermique avec le tube, la jonction est
d’abord aplatie pour atteindre une épaisseur de 50 µm. Ensuite, la jonction est collée avec une résine
époxy (ELECTROLUBE TBS). Cette résine joue le rôle d’isolant électrique tout en gardant une
relativement bonne conductibilité thermique (1,1 W/m.K). Une fois cette première étape de collage
effectuée, la jonction de thermocouple est noyée dans un point de colle plus important pour éviter que
les fils de thermocouple ne se touchent et pour renforcer la tenue mécanique. La Figure 3.17 montre
les thermocouples une fois collés sur la section de mesure. En outre, pour éviter toutes sollicitations
sur les fils, ces derniers sont maintenus par le biais de petits connecteurs à vis fixés sur un support.

(a) (b) (c)


Figure 3.16 : Opération de collage d’un thermocouple. (a) Jonction initiale. (b) Jonction aplatie. (c)
Jonction collée sur le tube.

Figure 3.17 : Thermocouples collés sur la section de mesure.

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Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

Un total de vingt thermocouples sont placés dans la section d’essai. Comme on peut le voir sur la
Figure 3.11, la température de la paroi est mesurée dans les trois zones adiabatiques que sont l’entrée
de la section de préchauffe, l’entrée de la section de mesure ainsi que sa sortie. A ces localisations,
deux thermocouples sont placés en haut et en bas du tube pour améliorer la fiabilité de la mesure.
L’implantation des thermocouples sur la partie chauffée de la section de mesure est schématisée sur la
Figure 3.18. Une première longueur, destinée à l’établissement thermique de l’écoulement, est laissée
sans thermocouples. Ensuite, les thermocouples sont placés tout les 16 mm. Cependant, les quatre
dernières localisations sont plus rapprochées (8 mm). Cela permet d’avoir la « résolution » nécessaire
pour déterminer le titre de début d’assèchement principalement dans les conditions où tout le fluide
d’évapore dans la section d’essai (G=200 kg/m2.s, q=30 kW/m2). Dans ce cas, l’écartement entre les
derniers thermocouples correspond à une variation de titre de 0,05. A chacun des emplacements un
thermocouple est collé en haut du tube. En outre, une fois sur deux, un thermocouple supplémentaire
est ajouté en bas du tube dans le but de détecter un éventuel phénomène de stratification.

Figure 3.18 : Dimensions de la section de mesure et implantation des thermocouples.

Une fois les thermocouples installés, la section d’essai est recouverte d’un blindage radiatif en mylar
aluminisé (JEHIER Insularay IR 305-5). Cela a pour but de limiter le transfert thermique par
rayonnement entre l’environnement et les éléments dont la surface exposée est importante comme la
bobine de préchauffe (Figure 3.12b) et les raccords. Ainsi on réduit leur potentiel à être des sources
parasites de chaleur. Le blindage radiatif protège aussi les fils de thermocouples qui sont de bons
conducteurs thermiques (cuivre).

Les thermocouples sont connectés à un boîtier de jonction isotherme (jonction de référence) dont la
température est mesurée avec une sonde à résistance de platine à quatre fils (voir Annexe A4). Cette
résistance de platine est alimentée par un courant constant de 100 µA délivré par une carte NI SCXI-
1581. Une carte de conditionnement (NI SCXI-1102) amplifie l’ensemble des tensions mesurées aux
bornes de la sonde à résistance platine, aux bornes des jonctions de référence des thermocouples mais
aussi aux bornes des sections de préchauffe et de mesure. Ces deux cartes sont placées sur le châssis
d’une centrale d’acquisition rapide NI SCXI.

Comme tout appareil électronique de précision, le châssis SCXI est sensible aux variations de
température. Notamment, la dérive de l’erreur d’offset des amplificateurs opérationnels (NI SCXI-
1102) n’est pas négligeable (1 µV/K). Or, le système d’acquisition est localisé dans l’enceinte où se
trouve l’installation expérimentale et où la température fluctue de façon importante (10 K/jour).
Comme la qualité de la mesure des températures est primordiale, le système d’acquisition a été placé
dans une armoire climatisée (cf. description, Annexe A3).

La boucle expérimentale (vue d’ensemble dans l’Annexe A3) est éloignée de la salle de commande.
En conséquence, le mode de communication avec l’instrumentation déportée doit être choisi de façon
à ce que le signal puisse voyager sur de longues distances sans se dégrader. La Figure 3.19 synthétise
l’ensemble des modes de communication employés entre l’installation et la salle de commande :

-92-
Conception et caractérisation de la section d’essai / Chapitre 3

(i) La vanne de régulation ainsi que le déverseur à dôme sont contrôlés par un signal d’intensité
4…20 mA.
(ii) Les instruments possédant une sortie analogique de type 4…20 mA, comme les capteurs de
pression absolus et différentiels, les débitmètres, sont lus par l’intermédiaire d’une centrale
d’acquisition NI FieldPoint, tout comme les thermocouples de type T qui instrumentent la boucle
principale de CO2. Cette centrale communique par liaison ethernet.
(iii) En ce qui concerne le châssis d’acquisition rapide SCXI, dédié à la section d’essai, nous avons
opté pour une carte d’acquisition (SCXI-1600) communicant par USB. Cette carte permet de
multiplexer les signaux de tension lus au niveau de la carte de conditionnement (SCXI-1102). L’USB
n’étant pas un mode de communication longue distance, deux modules de conversion permettent de
transporter le signal par liaison ethernet.
(iv) Les alimentations électriques sont contrôlées par liaison RS-485. Un convertisseur permet
d’établir cette communication à partir d’un port série.

Figure 3.19 : Modes de communication avec l’instrumentation déportée.

Dans la salle de commande, l’enregistrement des données est réalisé à l’aide d’un ordinateur. Une
interface a été développée sous Labview pour lire les données provenant des trois canaux que sont la
liaison Ethernet, le port USB et le port série. La procédure d’enregistrement dure de 1,5 à 2 min. à
raison de une lecture toute les secondes ce qui donne 90 à 120 points de mesure.

Pour plus de détails sur l’instrumentation, l’annexe A3 donne une liste des instruments employés sur la
boucle expérimentale ainsi que leurs spécifications.

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Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

3.5 Evaluation des fuites thermiques

3.5.1 Fuites de chaleur radiatives


L’échange de chaleur radiatif entre deux surfaces 1 et 2 supposées grises et diffuses peut être
représenté par un schéma analogique (Figure 3.20). Le flux de chaleur (Q) circulant entre les deux
potentiels que sont les émittances M1 et M2 des deux surfaces dépend des deux résistances de surface
ainsi que de la résistance géométrique tel que :

Q=
(
σ T2 4 − T1 4 ) , (3.3)
ρ1 1 ρ
+ + 2
ε 1 S1 S1 F12 ε 2 S 2
où σ est la constante de Stefan-Boltzmann (σ=5,67.10-8 W/m2.K4), T la température thermodynamique,
ρ la réflectivité, ε l’émissivité, S la surface. F12 dénote le facteur de forme de la surface 1 vers la
surface 2. Il respecte la relation de réciprocité suivante :
S1 F12 = S 2 F21 . (3.4)
De plus, dans l’hypothèse des corps gris, la réflectivité s’écrit comme suit :
ρ = 1− ε . (3.5)

Résistance Résistance Résistance


de surface géométrique de surface

M1 J1 J2 M2
ρ1 1 ρ2
ε 1 S1 S1 F12 ε 2S2
Figure 3.20 : Schéma analogique de l’échange radiatif entre deux surfaces.

L’hypothèse du transfert radiatif entre deux surfaces cylindriques placées l’une dans l’autre peut être
utilisée dans le cas de notre section d’essai. Comme l’illustre la Figure 3.21 le cylindre extérieur (2)
peut représenter l’enceinte en plexiglass tandis que le cylindre intérieur (1) peut représenter la section
de préchauffe ou bien la section de mesure. Dans cette hypothèse, le facteur de forme F12 est égal à
l’unité.

Q
q1 q2

Figure 3.21 : Echange radiatif entre deux surfaces cylindriques.

Section de mesure

Dans le cas de la section de mesure, on peut faire l’hypothèse que la surface du tube en acier
inoxydable est largement plus petite que celle de l’enceinte en plexiglass (S1<<S2). De ce fait, la
résistance de surface du grand cylindre (1) est supposée négligeable au regard de celle du petit

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Conception et caractérisation de la section d’essai / Chapitre 3

cylindre (2). Ainsi, la densité de flux thermique sur la surface du petit cylindre (q1), autrement dit sur
la surface extérieure du tube, s’écrit :
(
q1 = ε 1σ T2 − T1 ,
4 4
) (3.6)
où ε1 est l’émissivité du tube, prise à 0,15 pour de l’acier inoxydable. T1 est la température de la paroi
extérieure du tube et T2 est la température de l’enceinte en plexiglass que l’on suppose égale à la
température de l’environnement (Tamb), soit :
T2 = Tamb . (3.7)
La densité de flux ainsi calculée est plus significative si elle est rapportée à la surface intérieure du
tube de la section de mesure. On la détermine comme suit :
De
q = q1 , (3.8)
Di
où De et Di sont respectivement les diamètres extérieur et intérieur du tube.

Il est intéressant de comparer cette densité de flux avec celle que l’on obtiendrait dans le cas où un
isolant classique était utilisé. Dans ces conditions, le transfert thermique a lieu par conduction dans
l’isolant et par convection naturelle dans l’air ambiant. Cette hypothèse est représentée sur la Figure
3.22.

1
r2 T1 T2 Tamb
r1 1/αcond 1/αconv

Figure 3.22 : Schéma analogique de l’échange thermique à travers un isolant conventionnel.

Si l’on suppose que l’isolant forme un cylindre autour du tube, le coefficient d’échange thermique par
conduction peut être déterminé de la façon suivante :
1
α cond , 2 = λisolant , (3.9)
⎛r ⎞
r2 ln⎜⎜ 2 ⎟⎟
⎝ r1 ⎠
où αcond, 2 est le coefficient d’échange thermique en référence à la surface (2) ; r1 et r2 sont
respectivement les rayons des surfaces intérieure et extérieure de l’isolant. Ici, la conductivité
thermique de l’isolant (λisolant) est fixée à 0,02 W/m.K.

D’après Padet [218], dans le cas d’un cylindre horizontal dont la surface est isotherme, le coefficient
d’échange thermique par convection naturelle peut être déterminé grâce à une relation de la forme
suivante:
λ air
α conv = CRa n , (3.10)
D2
où λair est la conductibilité thermique de l’air, D2 le diamètre extérieur de l’isolant. Les coefficients C
et n sont donnés dans le Tableau 3.1. Le nombre de Rayleigh (Ra) s’exprime en fonction des nombres
de Prandtl (Pr) et de Grashof (Gr) :
Ra = Pr Gr . (3.11)

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Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

Tableau 3.1 : Coefficients de Morgan pour la convection


naturelle autour d’un cylindre horizontal.
Ra C n
-10 -2
10 à 10 0,675 0,058
10-2 à 102 1,020 0,148
102 à 104 0,850 0,188
4 7
10 à 10 0,480 0,250
107 à 1012 0,125 0,333

Dans le cas d’une surface de température homogène, le nombre de Grashof se calcule de la façon
suivante :
3
D2
Gr = ρ gβ (Tamb − T2 )
2
air 2
, (3.12)
µair
où ρair est la densité de l’air ; g est l’accélération de la gravité ; µair est la viscosité dynamique de l’air ;
Tamb et T2 sont respectivement la température de l’environnement et la température de la surface
extérieure de l’isolant. Le coefficient de dilatation volumique (β) est calculé de la façon suivante :
1 ⎛ ρ 2 − ρ amb ⎞
β =− ⎜⎜ ⎟⎟ , (3.13)
T2 − Tamb ⎝ ρ2 ⎠
où ρ2 et ρamb sont respectivement la densité de l’air aux températures T2 et Tamb.

La densité de flux thermique au niveau de la paroi extérieure de l’isolant (q2) est déterminée en
considérant la résistance thermique de l’isolant (1/αcond) et la résistance thermique de l’air (1/αconv) tel
que :
Tamb − T1
q2 = , (3.14)
1 1
+
α cond , 2 α conv
où T1 est la température de la surface intérieure de l’isolant.

Pour faciliter la comparaison, la densité de flux thermique est ensuite ramenée à la surface intérieure
du tube de la section de mesure :
D2
q = q2 . (3.15)
Di

La Figure 3.23 permet de comparer les fuites thermiques calculées selon les deux hypothèses évoquées
plus haut. Un écart de température maximal de 30 K est supposé entre la paroi extérieure du tube (T1)
et l’environnement (Tamb). Dans le cas actuel, où l’isolation thermique est faite par le vide, la fuite de
chaleur radiative correspond à une densité de flux thermique de 40 W/m2 au maximum. Cela
représente 0,4 % de la densité de flux nominale si elle est prise à 10 kW/m2. On peut donc négliger
cette contribution. Au contraire, dans le cas d’un isolant classique, les fuites de chaleur sont
approximativement 20 fois plus élevées. Cette contribution au bilan énergétique ne serait absolument
pas négligeable. A titre indicatif, la Figure 3.23 montre l’influence de l’épaisseur de l’isolant.

Section de préchauffe

Le cylindre formé par les spires de la section de préchauffe est recouvert d’un blindage radiatif. Ce
dernier est constitué de cinq feuilles de mylar aluminisées, séparées entre elles par un treillis en
plastique qui évite qu’elles ne se touchent. Le schéma de l’échange radiatif (Figure 3.20) doit donc

-96-
Conception et caractérisation de la section d’essai / Chapitre 3

50 1000
Vide

Densité de flux thermique (vide) [W/m2]

Densité de flux thermique (isolant) [W/m2]


isolant ep:10 mm
isolant ep:20 mm
40 800
isolant ep:30 mm

30 600

20 400

10 200

0 0
−30 −25 −20 −15 −10 −5 0
T1−Tamb [K]

Figure 3.23 : Fuites de chaleur entre l’environnement et la section de mesure dans l’hypothèse d’une
isolation thermique par le vide ou bien par un matériau de faible conductivité thermique.

être répété six fois entre sept surfaces que sont la surface cylindrique du préchauffeur, les cinq feuilles
de mylar et la surface de l’enceinte en plexiglass. Le préchauffeur et l’enceinte sont supposés être des
corps noirs dont l’émissivité est unitaire. Il en résulte que leur résistance de surface est nulle. En outre,
la surface des feuilles de mylar est supposée égale à la surface extérieure du cylindre formé par le
préchauffeur (SPC). En négligeant les effets de bord et en supposant que l’enceinte en plexiglass est à
la température de l’environnement, il vient donc :

Q=
(
σ Tamb 4 − TPC 4 ) , (3.16)
1 − ε mylar 1 1 − ε mylar
5 +6 +5
ε mylar S PC S PC ε mylar S PC
où Q est le flux de chaleur radiatif et TPC est la température de la paroi extérieure de la section de
préchauffe. L’émissivité des feuilles de mylar (εmylar) est prise égale à 0,02.

A cette fuite de chaleur radiative peut être associée la variation équivalente du titre (∆x) lorsque le
débit de CO2 est minimal. Cette variation de titre est déduite du bilan énergétique suivant :
Q
∆x = , (3.17)
m CO 2, min hlv
où hlv est la chaleur latente de vaporisation évaluée en supposant la température de saturation égale à la
température de la paroi extérieure du préchauffeur (TPC). Le débit minimal de CO2 (mCO2, min)
correspond à une vitesse massique de 200 kg/m2.s dans la section de mesure.

La Figure 3.24 donne le flux de chaleur ainsi que la variation équivalente du titre en fonction de l’écart
de température entre le préchauffeur et l’environnement. On voit que la puissance maximale des fuites
radiatives ne dépasse pas 1,5 mW et correspond à une variation maximale de titre de 1,5.10-4. En
conséquence, les fuites thermiques radiatives sont négligées au niveau de la section de préchauffe.

-97-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

−4
x 10
1.5 1.5
Flux de chaleur
Variation du titre

Variation équivalente du titre


Flux de chaleur [mW]
1 1

0.5 0.5

0 0
−30 −25 −20 −15 −10 −5 0
TPC−Tamb [K]

Figure 3.24 : Fuites de chaleur par rayonnement entre l’environnement et la section de préchauffe.

3.5.2 Fuites de chaleur par conduction


Si les fuites de chaleur radiatives sont négligeables, ce n’est pas le cas des fuites de chaleur par
conduction. Nous supposons qu’elles sont principalement localisées au niveau des prises de pression
où deux ponts thermiques sont identifiés : (i) les lignes de pression reliant les prises de pression aux
capteurs et (ii) les supports en plastique qui maintiennent les sections de préchauffe et de mesure.

(i) Contrairement aux électrodes, on ne souhaite pas refroidir les lignes de pression afin d’éviter
la formation de liquide par condensation. Il y a donc conduction thermique entre la partie des lignes
situées à l’extérieur de l’enceinte sous vide et la partie située à l’intérieure. Même si les raccords en
plastique qui servent à connecter les prises de pression peuvent constituer une barrière thermique, ces
derniers ne sont pas couvert de blindage radiatif ; ils sont donc chauffés par rayonnement.
(ii) Un autre apport de chaleur vient sans doute de la conduction le long des supports en plastique.
En effet, ces derniers maintiennent la section de préchauffe et la section de mesure à l’aide de mors
serrés autour des prises de pression. Il y a donc contact thermique avec les prises de pression dont la
température est proche de celle du CO2. Par ailleurs, les supports reposent au fond de l’enceinte en
plexiglass où la température est proche de celle de l’environnement. En outre, les supports absorbent
aussi de la chaleur par rayonnement.

Les fuites thermiques par conduction sont estimées en faisant un bilan énergétique sur le CO2 circulant
à l’état liquide, sans chauffage des tubes. En effet, l’augmentation de la température du CO2 à mesure
de son écoulement dans les sections de préchauffe et de mesure permet de déterminer le flux
thermique dû aux fuites. Considérant la localisation des thermocouples, un bilan énergétique peut être
fait entre l’entrée et la sortie de la section de préchauffe, aux bornes de la prise de pression située à
l’entrée de la section de mesure et aux bornes de la prise de pression située à la sortie de la section de
mesure. La Figure 3.25 schématise ce principe. En outre, plusieurs expériences ont été faites avec du
liquide à différentes températures. Cela permet de corréler les fuites thermiques avec l’écart de
température entre le liquide et l’environnement. Les bilans thermiques sont faits en employant
l’enthalpie du liquide calculé par REFPROP 7. L’enthalpie est fonction de la température et de la
pression. La température de cœur du CO2 est supposée égale à la température de paroi. La pression est
supposée varier linéairement dans la section de mesure tel que :

-98-
Conception et caractérisation de la section d’essai / Chapitre 3

Qfuites, PC Qfuites, SM, e Qfuites, SM, s

PPC PSM
∆P
TPC, e TPC, s
TSM, e TSM, q, e TSM, q, s TSM, s

Préchauffe (PC) Mesure (SM)


Figure 3.25 : Principe du bilan thermique en présence de fuites thermiques.

⎛ L +z⎞
P = PSM + ⎜⎜1 − PP1 ⎟∆P , (3.18)
⎝ LDP ⎟⎠
où PSM est la pression absolue mesurée à la sortie de la section de mesure et ∆P est la perte de pression
mesurée au borne de la section de mesure. Les différentes longueurs font référence à la Figure 3.18.

Section de préchauffe

La puissance absorbée par le CO2 liquide lors de son passage dans le section de préchauffe est calculée
de la manière suivante :
[
Q fuites , PC = m CO 2 h( P, TPC , s ) − h( PPC , TPC , e ) ,] (3.19)
où TPC, e et TPC, s sont respectivement les températures mesurées à l’entrée et à la sortie de la section de
préchauffe ; mCO2 est le débit massique de CO2. Comme l’illustre la Figure 3.26, le flux de chaleur dû
aux fuites (Qfuites, PC) peut être corrélé par une relation linéaire de la forme suivante :
Q fuites , PC = a1 (TPC , s − Tamb ) . (3.20)

0.7

0.6

0.5
[W]

0.4
fuites, PC

0.3
Q

0.2

0.1

0
−25 −20 −15 −10 −5 0
TPC, s − Tamb [K]
Figure 3.26 : Estimation des fuites thermiques dans la section de préchauffe.

Entrée de la section de mesure

Les fuites de chaleur à l’entrée de la section de mesure (Qfuites, SM, e) ont été déterminées en faisant le
bilan suivant :

-99-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

[ ]
Q fuites , SM , e = m CO 2 h( P, TSM , q , e ) − h( P, TSM , e ) , (3.21)
où TSM, e et TSM, q, e sont respectivement la température à l’entrée de la section de mesure et la
température des premiers thermocouples de la section chauffée (située entre les électrodes).

Ces fuites thermiques peuvent être prédites par une relation linéaire, fonction de l’écart de température
entre le CO2 liquide et l’environnement :
Q fuites , SM , e = a 0 + a1 (TSM , e − Tamb ) . (3.22)
La Figure 3.27 permet de faire la comparaison entre les fuites de chaleur déduites du bilan thermique
et leur prédiction. Malgré sa simplicité la corrélation reproduit bien l’évolution du flux thermique en
fonction de l’écart de température. Ainsi, même si les phénomènes qui gouvernent les fuites
thermiques sont sans doute complexes (dépendant de plusieurs paramètres), il est possible de prédire
leur tendance essentielle de façon simple.

0.18

0.16

0.14
[W]

0.12
fuites, SM, e

0.1

0.08
Q

0.06

0.04

0.02
−25 −20 −15 −10 −5 0
T −T [K]
SM, e amb
Figure 3.27 : Estimation des fuites thermiques à l’entrée de la section de mesure.

Sortie de la section de mesure

Les fuites thermiques à la sortie de la section de mesure (Qfuites, SM, s) sont calculées de la manière
suivante :
[ ]
Q fuites , SM , s = m CO 2 h( P, TSM , s ) − h( P, TSM , q , s ) , (3.23)
où TSM, s et TSM, q, s sont respectivement la température à la sortie de la section de mesure et celle des
derniers thermocouples de la section chauffée.

Comme pour l’entrée de la section de mesure, ces fuites thermiques peuvent être prédites à l’aide
d’une expression simple de la forme suivante :
Q fuites , SM , s = a 0 + a1 (TSM , s − Tamb ) . (3.24)
La Figure 3.28 montre une relativement bonne correspondance entre l’estimation des fuites thermiques
par le bilan énergétique et leur prédiction.

-100-
Conception et caractérisation de la section d’essai / Chapitre 3

0.25

0.2

[W]
fuites, SM, s 0.15

0.1
Q

0.05

0
−25 −20 −15 −10 −5 0
T −T [K]
SM, s amb
Figure 3.28 : Estimation des fuites thermiques à la sortie de la section de mesure.

3.5.3 Bilan énergétique total


Le bilan énergétique total de la section de mesure a été vérifié en faisant circuler du CO2 liquide
lorsque différentes puissances de chauffe (1 à 10 kW/m2) sont appliquées. La Figure 3.29 donne une
représentation schématique de ce bilan.

Qfuites, SM, e QSM Qfuites, SM, s

PSM
∆P
TSM, e TSM, s

Mesure (SM)
Figure 3.29 : Principe du bilan thermique avec chauffage.

La puissance thermique reçue par le CO2 liquide (Qliquide) en traversant la section de mesure est déduite
des températures à partir de la relation suivante :
[
Qliquide = m CO 2 h( P, TSM , s ) − h( P, TSM , e ) . ] (3.25)
Si l’on soustrait la puissance apportée par les fuites de chaleur estimées par les corrélations décrites
plus haut, on obtient la puissance reçue par effet Joule (QEJ) :
QEJ = Qliquide − Q fuites , SE , e − Q fuites , SE , s . (3.26)
La Figure 3.30 permet de comparer la puissance réellement reçue par le fluide (QEJ) à la puissance
théorique (QSM) calculée à partir des mesures d’intensité (ISM) et de tension (USM). On observe que la
puissance réellement reçue est supérieure à la puissance calculée. De plus, cet écart est proportionnel à
la puissance théorique et s’approche des 5 %. La puissance de chauffe théorique est donc corrigée à
l’aide d’un facteur multiplicatif, tel que:
*
QSM = QSM (1 + a1 ) . (3.27)

-101-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

3.5
Q
SM

[W]
3
Q*
SM

fuites, SM, s
2.5

−Q 2
fuites, SM, e

1.5

1
−Q

0.5
liquide
Q

−0.5
0 0.5 1 1.5 2 2.5 3
QSM [W]
Figure 3.30 : Correction de la puissance apportée par effet Joule.

A partir du flux thermique apporté par effet Joule, la densité de flux thermique (qSM) appliquée dans la
partie chauffée de la section de mesure peut être déduite par la relation suivante :
*
QSM
q SM = , (3.28)
πDi Lq
où Di est le diamètre intérieur du tube de la section de mesure ; Lq est la longueur chauffée de la
section de mesure.

On peut calculer le flux thermique total (Qcalculé) apporté au liquide en sommant la puissance corrigée
produite par effet Joule et le flux thermique prédit lié aux fuites par conduction. Il vient donc :
Qcalculé = Q fuites , SE , e + Q fuites , SE , s + QSM
*
(3.29)
L’erreur faite sur ce calcul (ξQ) est déterminée en comparant son résultat avec la puissance reçue en
pratique par le CO2 liquide (Qliquide) :
Qcalculé − Qliquide
ξQ = (3.30)
Qliquide
La Figure 3.31 donne l’erreur faite sur le bilan thermique en fonction de la puissance de chauffe.
Lorsque la densité de flux thermique est la plus faible (qSM≈1 kW/m2) l’erreur peut atteindre 8 %, mais
elle est inférieure à 1 % lorsque la densité de flux thermique dépasse 10 kW/m2 comme c’est la cas
pour les essais diphasiques.

3.6 Conduction axiale


La question de la conduction axiale dans la section de mesure, le long du tube lui même, est
investiguée en supposant que le problème est unidirectionnel ; c'est-à-dire que la température est
uniforme sur l’épaisseur de la paroi du tube. Par ailleurs, comme le montre la Figure 3.32, la section
de mesure est modélisée par trois sections (i), (ii) et (iii). Dans les sections adiabatiques (i) et (iii), de
longueurs respectives L1 et L2, la température du fluide (Tc) est supposée constante. Dans la section
centrale (ii), un flux de chaleur est appliqué et correspond à une densité de flux thermique notée qSM..
Dans cette section, la température du fluide est supposée augmenter linéairement en fonction de la
position (z) dans le cas monophasique ; elle est présumée constante dans le cas diphasique. A l’entrée

-102-
Conception et caractérisation de la section d’essai / Chapitre 3

6 q ≈5 kW/m2
SM

4
q ≈10 kW/m2
SM

2
ξQ [%]

−2

−4

−6

−8
0 0.5 1 1.5 2 2.5 3 3.5
Qcalculé [W]
Figure 3.31 : Erreur sur le bilan énergétique.

(1) et la sortie (2) de cette section, un flux thermique (Q1 et Q2) est appliqué de façon ponctuelle et
représente les fuites de chaleur venant de l’environnement (§ 3.5.2). En outre, nous supposons que le
coefficient d’échange thermique (α) est invariant.

L’équation de conservation de l’énergie appliquée à la paroi du tube est illustrée sur la Figure 3.33.
Elle prend la forme de la relation locale suivante :

(i) (ii) (iii)


Q1 Q2
qSM=0 qSM≠0 qSM=0
L1 Lq L2
1 2

0 z
Figure 3.32 : Représentation simplifiée de la section de mesure.

q SM p dz

dT Tp dT
λ p Ap λ p Ap
dz dz
α (T p − Tc ) p dz
Tc
z
dz

Figure 3.33 : Conservation de l’énergie dans un élément de volume pariétal du tube.

-103-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

⎛ d 2T p ⎞
⎜ ⎟λ p A p + q SM p = α (T p − Tc ) p , (3.31)
⎜ dz 2 ⎟
⎝ ⎠
où Tp est la température de paroi ; λp est la conductivité thermique de la paroi ; Ap est la section
transversale de la paroi, et p est le périmètre intérieur du tube.

On peut réécrire cette équation sous la forme inhomogène qui suit :


⎛ d 2T p ⎞
−⎜ ⎟ + w02T p = q SM p + w02Tc (3.32)
⎜ dz 2 ⎟ λ p Ap
⎝ ⎠
avec,
αp
w02 = . (3.33)
λ p Ap
La solution de cette équation est la somme de la solution particulière (Tp)p et de la solution générale
(Tp)g (solution de l’équation homogène) qui ont respectivement la forme suivante :
(T )
p p = a 2 z 2 + a1 z + a0 ; (3.34)

(T )
p g = Ae − w0 z + Be w0 z . (3.35)

cas (i)
La section (i) est une section adiabatique qui respecte les conditions suivantes :
⎧q SM = 0
⎨ . (3.36)
⎩Tc = 0
Par ailleurs, cette section est supposée être isolée thermiquement à son entrée (conduction axiale nulle)
et sa température de paroi égale à celle de la section suivante au point 1. Cela donne les conditions aux
limites suivantes :
⎧ dT p
⎪ z = − L1 ⇒ =0
⎨ dz . (3.37)
⎪z = 0 ⇒ T = T
⎩ p p 1

Dans ce cas, la solution prend la forme suivante :


cosh (w0 (L1 + z ))
(T ) i
= Tp ; (3.38)
cosh (w0 L1 )
p 1

et sa dérivée s’écrit :
sinh (w0 (L1 + z ))
i
⎛ dT p ⎞
⎜⎜ ⎟⎟ = T p w0 . (3.39)
⎝ dz ⎠
1 cosh (w 0 L1 )

cas (ii)
La section (ii) est une section chauffée qui respecte les conditions suivantes :
⎧q SM ≠ 0

⎨T = ∆Tc z , (3.40)
⎪ c Lq

où ∆Tc est l’augmentation de la température du CO2 dans la section chauffée.
En outre, les flux de chaleur axiaux à l’entrée (1) et à la sortie (2) de cette section sont supposés
connus. Cela donne les conditions aux limites suivantes :

-104-
Conception et caractérisation de la section d’essai / Chapitre 3

⎧ dT p dT p
⎪z = 0 ⇒ =
⎪ dz dz 1
⎨ . (3.41)
⎪ = dT p dT p
⎪ z Lq ⇒ dz = dz
⎩ 2

La solution prend alors la forme qui suit :


∆Tc C 2 cosh (w0 z ) − C1 cosh (w0 (Lq − z ))
(T ) ii
=
q SM
+ z+
w0 sinh (w0 Lq )
(3.42)
α
p
Lq

dT p ∆Tc dT p ∆Tc
C1 = − et C 2 = − . (3.43)
dz 1
Lq dz 2
Lq

cas (iii)
La section (iii) est une section adiabatique qui respecte les conditions suivantes :
⎧q SM = 0
⎨ . (3.44)
⎩Tc = ∆Tc
Par ailleurs, cette section est supposée être isolée thermiquement à sa sortie (conduction axiale nulle)
et sa température de paroi égale à celle de la section (ii) au point 2. Cela donne les conditions aux
limites suivantes :
⎧ dT p
⎪ z = Lq + L2 ⇒ =0
⎨ dz . (3.45)
⎪z = L ⇒ T = T
⎩ q p p 2

Ainsi, la solution s’écrit comme suit :

(T )
p
iii
(
= ∆Tc + T p − ∆Tc
2
) cosh(cosh
w (L + L − z ))
0 q

(w L )
;
2
(3.46)
0 2

et sa dérivée :
sinh (w0 (Lq + L2 − z ))
iii
⎛ dT p
⎜⎜

(
⎟⎟ = − T p − ∆Tc w0 )
cosh (w0 L2 )
. (3.47)
⎝ dz
2

Couplage
Les températures de paroi aux points (1) et (2) sont données par l’équation de la température dans la
section (ii) :
⎧T p = (T p )ii
⎪ 1 z =0
⎨ . (3.48)
⎪ p2

T = (T p )ii
z=L

En outre, la conservation de l’énergie aux points (1) et (2) donne les équations suivantes :
⎧ dT ⎛ dT p ⎞
i

⎪− p
λ p A p = Q1 − ⎜⎜ ⎟ λ p Ap
⎪ dz 1 ⎝ dz ⎟⎠
⎪ z =0
⎨ iii
, (3.49)
⎪ dT p ⎛ dT p ⎞
⎪ λ p A p = Q2 + ⎜⎜ ⎟⎟ λ p Ap
⎪⎩ dz 2 ⎝ dz ⎠ z = L

-105-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

qui dépendent de la dérivée de la température dans les sections (i) et (iii). Ainsi, en utilisant les
équations (3.39), (3.42) et (3.47), on obtient un système d’équations qui permet de trouver les
dTp dT p
inconnus T p , T p , et :
1 2 dz 1
dz 2

⎧ q SM C 2 − C1 cosh (w0 Lq )
⎪T p 1 = +
⎪ α w0 sinh (w0 Lq )
⎪ q C cosh (w0 Lq ) − C1
⎪T p = SM + 2
⎪⎪ 2 α w0 sinh (w0 Lq )
⎨ (3.50)
⎪C1 = − Q1 + T p w0 sinh (w0 L1 ) − ∆Tc
⎪ λ p Ap 1 cosh (w0 L1 ) Lq

⎪ Q2 ⎛ ∆T ⎞ sinh (w0 L2 ) ∆Tc
⎪C 2 = + ⎜ T p − c ⎟ w0 −
⎪⎩ λ p A p ⎜⎝ 2 Lq ⎟⎠ cosh (w0 L2 ) Lq

Analyse des résultats

Le problème de la conduction axiale n’est pas un problème de fuites thermiques en tant que tel
puisque la totalité de l’énergie apportée par effet joule (et par les fuites Q1 et Q2) est absorbée par le
fluide. Il s’agit plutôt d’un problème de redistribution de la densité de flux thermique dans la section
chauffée (ii). Ainsi, la densité de flux thermique réelle n’est pas toujours égale à la densité de flux
thermique nominale (qSM) et il s’agit de déterminer à partir de quelle distance des bords de la section
(ii) on peut négliger cet effet.

La Figure 3.34 montre l’évolution de la température de paroi en fonction de la position lorsque du CO2
liquide entre dans la section de mesure. Les conditions ont été choisies pour représenter le cas le plus
défavorable ; c'est-à-dire pour maximiser l’augmentation de la température du liquide et pour avoir un
écart de température maximal entre le liquide et la paroi (α=3000 W/m2.K, qSE=10000 W/m2, G=500
kg/m2.s). Trois cas distincts sont présentés :
(a) la conduction axiale dans les sections de bord (i) et (iii) est nulle et les fuites thermiques (Q1 et
Q2) sont inexistantes. Dans ce cas, seul l’impact de la conduction axiale dans la section chauffée (ii)
est visible.
(b) la conduction axiale dans les sections de bord et prise en compte. Dans ce cas, on voit
comment la conduction axiale répartit le flux thermique vers ces sections adiabatiques.
(c) la conduction axiale dans les sections de bord est prise en compte et les fuites de chaleur Q1 et
Q2 sont considérées à leur niveau maximal (0,15 W). Notons qu’il s’agit là d’un cas extrême puisqu’en
pratique ces fuites de chaleur ont sans doute lieu au niveau des prises de pression. Or ces dernières
sont éloignées des bords de la section chauffée (des électrodes). Donc leurs effets n’atteignent peut-
être pas en pratique la section chauffée. De plus, les prises de pression ne sont pas ponctuelles et
repartissent le flux de chaleur sur une certaine longueur (10 mm).

La Figure 3.34 illustre par un rectangle le bilan thermique que l’on peut faire à chaque extrémité de la
section chauffée. Il apparaît que quelque soit le cas envisagé (a, b ou c), si l’on s’écarte suffisamment
des points (1) et (2), le bilan thermique à l’entrée et à la sortie de la section de mesure est uniquement
modifié par la conduction axiale qui a lieu dans la section chauffée. Ainsi, une certaine quantité
d’énergie (Qcond) extraite du bord de sortie doit être ajoutée au bord d’entrée si l’on veut connaître avec
précision l’enthalpie du liquide le long de la section chauffée.

-106-
Conception et caractérisation de la section d’essai / Chapitre 3

15
T
c
Tp (Cond. bord nulle, Q1=Q2=0)
10
T (Q =Q =0)
p 1 2
Tp (Q1=Q2=0.15 W)
Température [°C]
5

−5
Qcond=0.53 mW

−10
−50 0 50 100 150 200
Position (z) [mm]
Figure 3.34 : Evolution de la température de paroi en fonction de la position dans le cas du CO2
liquide (α=3000 W/m2.K, qSM=10000 W/m2, G=500 kg/m2.s, TSM, e=-10 °C, Tsat=0 °C).

Si l’on est suffisamment loin des bords, la température de paroi de la section chauffée est donnée par
la solution particulière de l’équation (3.32) soit :
∆Tc
(T ) ii
=
q SM
+ z. (3.51)
α
p p
Lq
Le flux de chaleur qui circule d’un bord à l’autre (Qcond) est donc :
ii
⎛ dT p ⎞
Qcond = λ p A p ⎜⎜ ⎟⎟ (3.52)
⎝ dz ⎠p
soit,
∆Tc
Qcond = λ p A p . (3.53)
Lq
Dans le cas présent, cela représente au maximum 0,53 mW. Ce flux thermique est négligeable au
regard des fuites de chaleur en provenance de l’environnement.

Le problème peut aussi être analysé au regard de la densité de flux thermique (q). Cette dernière est
dérivée de la manière suivante :
q = α (T p − Tc ) . (3.54)
On peut la mettre sous la forme d’un écart relatif (ξq) par rapport à la densité de flux nominale (qSM) :
q − q SM
ξq = . (3.55)
q SM

La Figure 3.35 montre l’évolution de cette erreur en fonction de la position le long des quinze
premiers millimètres et des quinze derniers millimètres de la section chauffée (ii). Le cas (a) où il n’y
a pas de conduction axiale le long des sections de bord (i) et (iii) permet de voir comment le flux de
chaleur transmis par conduction (Qcond) se répartit aux extrémités de la section chauffé. On voit que
cela modifie la densité de flux thermique de 2 % au maximum et que l’effet est notable sur 3 mm
uniquement. On peut donc conclure que la conduction axiale le long de la section de chauffage seule
n’a qu’un effet marginal. Si l’on prend en compte la conduction axiale des sections de bord (b), on voit

-107-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

que la densité de flux thermique est modifiée de plusieurs dizaines de pourcents aux points d’entrée et
de sortie de la section chauffée. Cependant, l’effet devient négligeable si l’on est à plus de 10 mm des
extrémités. Notons qu’une modification de la densité du flux thermique nominale ne change pas
l’amplitude de l’erreur relative puisque les fuites de chaleur vers les bords (i) et (iii) sont
proportionnelles à l’écart de température entre la paroi et le fluide, c’est-à-dire à la densité de flux
thermique nominale. Ainsi, l’erreur relative ne dépend que du coefficient d’échange thermique. Dans
le cas (c) où l’on rajoute les fuites de chaleur en provenance de l’environnement, l’erreur est plus
importante encore au points (1) et (2) mais n’est plus que de 0,2 % à 10 mm des extrémités. Si l’on
choisit une densité de flux thermique nominale dix fois plus faible que pour le cas présenté (1 kW/m2
au lieu de 10 kW/m2) l’erreur est proche de 2 % à 10 mm des extrémités, mais devient négligeable à
15 mm des extrémités.
30 30

2
qSM= 1kW/m
20 20

ξq=0.05 %
10 10
ξ =2 %
q ξ =0.18 %
q

ξ [%]
ξq [%]

0 0

q
−10 −10

Cond. bord nulle, Q1=Q2=0 Cond. bord nulle, Q =Q =0


1 2
−20 Q =Q =0 −20
Q1=Q2=0 1 2
Q =Q =0.15 W Q =Q =0.15 W
1 2 1 2
−30 −30
0 5 10 15 145 150 155 160
Position (z) [mm] Position (z) [mm]

Figure 3.35 : Evolution de la densité de flux thermique en fonction de la position dans le cas du CO2
liquide (α=3000 W/m2.K, qSM=10000 W/m2, G=500 kg/m2.s, TSM, e=-10 °C).

Pour les essais avec du CO2 monophasique, il apparaît donc que les effets de la conduction axiale le
long de la section de mesure sont a priori négligeables si l’on se place à plus de 10 mm des électrodes,
comme c’est le cas pour la plupart des thermocouples (tous sauf les derniers thermocouples de la
partie chauffée). En outre, Maranzana et al. [219] ont investigué l’effet de la conduction axiale à l’aide
d’un modèle numérique. Ils ont établi un nombre adimensionnel (M) qui représente bien l’effet de ce
phénomène :
λ p De2 − Di2 1
M = , (3.56)
λ fluide Di2 RePr
où λp et λfluide sont respectivement la conductivité thermique de la paroi et du fluide. D’après les
auteurs, la conduction axiale devient significative si M>10-2. Or, dans les conditions de nos essais avec
du CO2 liquide, on trouve M=4,5.10-4 pour le cas le plus défavorable, c’est-à-dire en régime laminaire
(Re≈1000). Cela confirme notre hypothèse que la conduction axiale peut être négligée.

Une analyse du même type peut être faite dans le cas où le CO2 est diphasique à condition de supposer
que le coefficient d’échange thermique ne varie pas. La Figure 3.36 montre l’évolution de la
température de paroi en fonction de la position, au niveau du bord d’entrée de la section chauffée (ii).
Au centre de cette section, la température de paroi est constante car le CO2 diphasique est maintenu à
sa température de saturation. Ainsi, il n’y a aucun flux de chaleur (Qcond) transporté par conduction le
long de la paroi de la section chauffée. L’évolution de la température est donc identique aux deux
extrémités de cette section (seule l’entrée est présentée).

-108-
Conception et caractérisation de la section d’essai / Chapitre 3

4
Tc
3
T (Cond. bord nulle, Q =Q =0)
p 1 2
2 T (Q =Q =0)
p 1 2
1 Tp (Q1=Q2=0.15 W)

Température [°C] 0

−1
Qcond=0.00 mW
−2

−3

−4

−5

−6
−10 −5 0 5 10 15 20 25 30
Position (z) [mm]
Figure 3.36 : Evolution de la température de paroi en fonction de la position, dans le cas du CO2
diphasique (α=10000 W/m2.K, qSM=30000 W/m2, Tsat=-5 °C).

La Figure 3.37 montre l’évolution de la densité de flux thermique à l’entrée de la section chauffée (ii).
Dans le cas (a) où la conduction axiale des sections de bord (i) et (iii) est nulle, on voit que le densité
de flux thermique est égale à la densité de flux thermique nominale car aucun flux thermique
supplémentaire (Qcond) n’est apporté par la conduction axiale. Lorsque l’on rajoute l’effet de la
conduction des sections de bord, on voit que le flux thermique se distribue sur une plus grande
longueur. Ainsi, la densité de flux thermique chute de plusieurs dizaines de pourcent aux extrémités du
tube chauffé. Néanmoins, comme pour le cas du CO2 liquide, cet effet n’est plus perceptible à 10 mm
des extrémités. Dans le cas (c) où un flux de chaleur supplémentaire provient des fuites, l’erreur est
d’autant plus importante que la densité de flux nominale est faible (Figure 3.37) mais reste proche de
zéro à 10 mm des extrémités.
30
qSM=10 kW/m2
q =30 kW/m2
20 SM

10
ξ =0.00 %
q
ξq [%]

−10

Cond. bord nulle, Q1=Q2=0


−20 Q1=Q2=0
Q1=Q2=0.15 W
−30
0 5 10 15
Position (z) [mm]
Figure 3.37 : Evolution de la densité de flux thermique en fonction de la position, dans le cas du CO2
diphasique (α=10000 W/m2.K, qSM=30000 W/m2, Tsat=-5 °C).

-109-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

Bien que le problème de la conduction axiale ne soit pas critique avec le tube utilisé, on peut
cependant noter que l’inhomogénéité de la densité de flux thermique est un peu plus importante dans
le cas du CO2 liquide que dans le cas du CO2 diphasique. En effet, pour le CO2 liquide, l’étalement du
flux de chaleur vers les sections adiabatiques est plus important car le coefficient d’échange thermique
est plus faible. D’autre part, les densités de flux thermique nominales utilisées lors des essais
monophasiques sont plus faibles que lors des essais diphasiques. Cela augmente l’importance relative
des fuites de chaleur (Q1 et Q2) au regard de la puissance de chauffe.

3.7 Essais préliminaires en phase liquide

3.7.1 Pertes de pression monophasiques


Des essais de pertes de pression ont été réalisés avec du CO2 liquide à des températures situées entre -
9,6 et 1,9 °C (Tableau 3.2). Nous avons fait varier la vitesse massique de 200 à 1400 kg/m2. Cela
correspond à une évolution entre le régime laminaire (Re≈1000) et le régime turbulent (Re≈7500).

Tableau 3.2 : Conditions de pression et de température pour


les essais de pertes de pression monophasiques.
TSM, e [°C] Tsat [°C]
-9,6 à -7,2 -5
-5,7 à -2,5 0
-0,9 à 1,9 5

La validité des mesures a été vérifiée à partir du facteur de frottement. On le déduit de la relation
suivante :
∆P
f = , (3.57)
⎛ 4 LDP ⎞ 1 G 2
⎜⎜ ⎟⎟
⎝ Di ⎠ 2 ρ
où ∆P est la perte de pression ; LDP est la distance entre les deux prises de pression ; ρ est la densité du
CO2. Cette valeur expérimentale du facteur de frottement est ensuite comparée à la valeur théorique
donnée par la corrélation de Churchill [220] valable dans les trois régimes : laminaire, de transition et
turbulent. Cette corrélation prend la forme suivante :
1 / 12
⎡⎛ 8 ⎞12 1 ⎤
f Churchill = 2 ⎢⎜ ⎟ + ⎥ (3.58)
⎣⎢⎝ Re ⎠ ( A + B )3 / 2 ⎦⎥
où Re est le nombre de Reynolds ; A et B sont calculés comme suit :
16
⎡ ⎤
⎢ ⎥
⎢ 1 ⎥ ,
A = 2,457 ln (3.59)
⎢ ⎛ 7 ⎞
0,9
0,27 k ⎥
⎢ ⎜ ⎟ + ⎥
⎣⎢ ⎝ Re ⎠ Di ⎦⎥
16
⎛ 37530 ⎞
B=⎜ ⎟ ; (3.60)
⎝ Re ⎠
où k est la rugosité de la conduite.

La Figure 3.38 montre le résultat de cette comparaison lorsque la corrélation de Churchill est évaluée
pour différentes rugosités : (i) une rugosité nulle représentative d’un tube lisse, (ii) une rugosité de 0,8
µm qui correspond au bas de la fourchette annoncée par le fabricant du tube, (iii) une rugosité de 1,6

-110-
Conception et caractérisation de la section d’essai / Chapitre 3

µm qui est la valeur maximale pour ce tube. On voit que les mesures suivent relativement bien la
prédiction théorique dans le cas où la rugosité est de 0,8 µm (k/Di = 0,15 %).

0.018
k=0 µm
k=0,8 µm
Facteur de frottement (f) 0.016 k=1,6 µm

0.014

0.012

0.01

0.008

0.006
1000 2000 3000 4000 5000 6000 7000 8000
Nombre de Reynolds (Re)
Figure 3.38 : Mesures du facteur de frottement en écoulement monophasique comparées à la
corrélation de Churchill [220].

3.7.2 Échanges thermiques monophasiques


Les essais préliminaires concernant les échanges thermiques ont été faits avec du CO2 liquide à
différentes températures et pressions récapitulées dans le tableau Tableau 3.3. Nous avons fait varier la
vitesse massique entre 200 et 1400 kg/m2.s, couvrant ainsi le régime laminaire et le régime turbulent.
En outre, plusieurs densités de flux thermique ont été appliquées dans la gamme allant de 1 kW/m2 à
15 kW/m2. Les points de mesure pour lesquels la température de paroi dépasse la température de
saturation du CO2 ont été écartés pour éviter l’influence de l’ébullition nucléée.

Tableau 3.3 : Températures et pressions du CO2 lors des


essais d’échanges thermiques monophasiques.
TSM, e [°C] Pr Tsat [°C]
-12,8 à -11,3 2,15 à 2,22 -10
-9,8 à -8,4 2,21 à 2,23 -5
-5,8 à -4,4 2,22 à 2,26 0

Le coefficient d’échange thermique (α) est déterminé de la manière suivante :


q SM
α= (3.61)
T p , ext − Tc − (∆T ) p
où Tp, ext est la température de la paroi extérieure du tube ; (∆T)p est la variation de température à
travers la paroi du tube. Cet écart de température est calculé à partir de l’équation de conduction de la
chaleur en incluant une source volumique de chaleur. On obtient le résultat suivant :
⎡ q D ⎤ ⎡ ξ (1 − ln ξ ) − 1⎤
(∆T ) p = ⎢ SM i ⎥ ⎢ ⎥ (3.62)
⎣ 4 λinox ⎦ ⎣ 1−ξ ⎦
avec
ξ = (De / Di )2 . (3.63)

-111-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

La conductivité thermique de l’acier inoxydable 316L (λinox) est déterminée à la température de paroi
extérieure en utilisant la corrélation suivante où la température est exprimée en °C :
λinox = 14,563 + 0,02T p , ext . (3.64)
En outre, la température moyenne (de cœur) du CO2 (Tc) le long de la section de mesure est calculée à
partir de son enthalpie et de sa pression. La pression est supposée varier linéairement dans la section
de mesure alors que l’enthalpie est déterminée en effectuant le bilan d’énergie suivant :
Q fuites , SM , e + QSM
*
(z Lq )
h = h(TSM , e , PSM , e ) + (3.65)
m CO 2

Lorsque le CO2 est monophasique, son coefficient d’échange thermique dépend de l’état
d’établissement thermique de l’écoulement. Cet état est fonction de la longueur parcourue depuis
l’entrée de la section chauffée et du type de régime de l’écoulement. Ainsi, en régime turbulent, la
longueur d’établissement thermique est relativement faible. Elle peut être estimée à 10 ou 20 fois le
diamètre de passage ce qui représente 5 à 10 mm dans notre cas. Comme les premiers thermocouples
sont situés à 45,6 mm de l’électrode d’entrée, l’écoulement est thermiquement établi à cet
emplacement. Par contre, en régime laminaire, la longueur d’établissement thermique (Lth) est plus
importante. Elle peut être estimée grâce à la relation suivante :
Lth Di = 0,05 Re Pr . (3.66)
Dans les conditions de nos essais, cette longueur varie entre 70 et 120 mm dépendamment du nombre
de Reynolds. Il apparaît donc qu’à l’emplacement de certains thermocouples l’écoulement est
thermiquement établi alors qu’il ne l’est pas pour d’autres. La prédiction du coefficient d’échange
thermique doit donc prendre en compte cet aspect. Pour cette raison, en régime laminaire, la
corrélation de Hausen [221] est utilisée pour calculer le nombre de Nusselt (Nu). Elle prend la forme
suivante :
Re Pr (Di z )
Nu = Nu ∞ + K 1 , (3.67)
1 + K 2 (Re Pr (Di z ))
b

où le premier terme ( Nu ∞ ) est le Nombre de Nusselt de l’écoulement totalement développé alors que
le second terme correspond à l’influence de la longueur d’entrée. Dans le cas d’un tube uniformément
chauffé, les coefficients K et b prennent les valeurs suivantes :
K 1 = 0,023 ; K 2 = 0,0012; b = 1 .
Afin de faciliter l’analyse de nos résultats, lorsque cela est nécessaire, nous avons donc éliminé
l’influence de la longueur d’entrée en calculant le nombre de Nusselt (Nu) de la manière suivante :
α Di Re Pr (Di z )
Nu = − K1 . (3.68)
λ 1 + K 2 (Re Pr (Di z ))
b

La Figure 3.39 montre les coefficients d’échange thermique mesurés. Ils sont mis sous la forme
réduite du nombre de Nusselt (Nu) et présentés en fonction du nombre de Reynolds (Re). Les mesures
sont comparées aux prédictions théoriques données par la constante de 4,36 en régime laminaire
(densité de flux thermique homogène) et par la corrélation de Gnielinski [222] en régime de transition
et turbulent. La corrélation de Dittus-Boelter [223], applicable pour Re>104, est donnée à titre
indicatif. L’écart de température entre la paroi extérieure du tube et le CO2 varie entre 0,5 et 2 °C pour
les points de mesure présentés sur la Figure 3.39. On observe qu’ils suivent relativement bien la
tendance théorique. Cependant, certains points sont plus dispersés. Ils correspondent aux conditions où
l’écart de température entre la paroi et le fluide est le plus faible, c'est-à-dire lorsque le nombre de
Reynolds est élevé et la densité de flux thermique est faible. En effet, dans ces conditions particulières,
l’estimation du coefficient d’échange thermique est plus sensible aux erreurs de détermination des
températures de cœur et de paroi. La dispersion vient sans doute d’une certaine indétermination de la
température du liquide car elle est sensible au moindre apport de chaleur parasite en amont de la
section de mesure ; et ce malgré toutes les précautions prises pour tenir compte des fuites thermiques.

-112-
Conception et caractérisation de la section d’essai / Chapitre 3

Notons cependant que cette incertitude résiduelle n’affecte pas la détermination du coefficient
d’échange thermique en conditions diphasiques.

45

40 2
q=1 kW/m
q=2.5 kW/m2
35 2
q=5 kW/m
Nombre de Nusselt (Nu)

30 q=10 kW/m2
q=15 kW/m2
25

20

15

10 Laminaire (Nu∞=4.36)
Dittus−Boelter
5
Gnielinski
0
1000 2000 3000 4000 5000 6000 7000 8000
Nombre de Reynolds (Re)
Figure 3.39 : Comparaison entre les coefficients d’échange thermique monophasiques mesurés et
leurs valeurs théoriques (Pr=2,22).

3.8 Conclusion
Ce chapitre présente la section d’essai réalisée pour mesurer le coefficient d’échange thermique et les
pertes de pression du CO2 s’évaporant dans un tube unique de 0,5 mm à des températures négatives.
Les faibles puissances mises en jeux et la taille réduite du canal nécessite la conception d’un outil
expérimental adapté. Deux aspects sont particulièrement sensibles :
(i) l’isolation thermique de la section d’essai ;
(ii) l’implantation des thermocouples et des prises de pression.

Concernant le premier aspect, nous avons pris toutes les dispositions à notre portée : (a) le
refroidissement de la vanne de distribution, (b) l’utilisation d’une enceinte sous vide et d’un blindage
radiatif, (c) le refroidissement des électrodes, (d) l’estimation des fuites thermiques. Par ailleurs, une
modélisation simple a permis d’écarter l’influence de la conduction axiale dans la section de mesure.

Concernant le second aspect, un soin particulier a été apporté (a) au collage des thermocouples, (b) à
l’étalonnage de la chaîne de mesure des températures, et (c) à la réalisation de prises de pression les
moins invasives possibles pour l’écoulement.

Ces choix techniques, quant à la métrologie, ont été validés par des essais préliminaires en phase
liquide. Ces essais ont été faits dans des conditions sévères (faibles pertes de pression et faibles écarts
de température fluide/paroi) qui présagent de mesures fiables en conditions diphasiques.

-113-
4
Pertes de pression
Analyse des mesures et étude corrélative
selon diverses approches.

-115-
Chapitre 4
Pertes de pression

Après avoir présenté la méthode de dépouillement des mesures, nous analysons l’influence de
différents paramètres (vitesse massique, température de saturation, flux de chaleur) sur les pertes de
pression. Les données sont ensuite comparées aux méthodes usuelles de détermination des pertes de
pression. Finalement, plusieurs approches visant à améliorer les méthodes existantes sont détaillées
puis leurs résultats sont comparés.

4.1 Dépouillement des mesures


Les pertes de pression totales subies par le CO2 à travers la section de mesure (∆P) sont la somme de
deux composantes : (i) les pertes de pression par frottement (∆P)f, et (ii) les pertes de pression par
accélération (∆P)a. La section de mesure étant dans une configuration horizontale, la composante
gravitaire n’est pas considérée. En outre, on néglige l’effet des singularités produites par les piquages
de pression. On obtient donc :
∆P = (∆P ) f + (∆P )a . (4.1)
Les pertes de pression par accélération sont calculées entre la prise de pression d’entrée (PP1) et la
prise de pression de sortie (PP2) en soustrayant les quantités de mouvement issues du modèle
d’écoulement à phases séparées. Il vient ainsi :
⎡ G 2 x 2 G 2 (1 − x )2 ⎤ ⎡ G 2 x 2 G 2 (1 − x )2 ⎤
(∆P )a =⎢ + ⎥ − ⎢ + ⎥ . (4.2)
⎣ ρ vε ρ l (1 − ε ) ⎦ PP 2 ⎣ ρ v ε ρ l (1 − ε ) ⎦ PP1
Dans cette expression, les grandeurs sont évaluées en utilisant les propriétés physiques du CO2 aux
pressions respectives de la première et de la seconde prise de pression. En conséquence, les effets de la
compressibilité de la vapeur et de l’évaporation « flash » sont pris en compte. Par ailleurs, les titres à
l’équilibre thermodynamique (xPP1 et xPP2) au niveau de la première et de la seconde prise de pression
sont calculés de la manière suivante :
hPP1 − hl
x PP1 = , (4.3)
hlv P = PPP1

hPP 2 − hl
x PP 2 = ; (4.4)
hlv P = PPP 2

où les enthalpies du CO2 aux mêmes localisations (hPP1 et hPP2) sont obtenues à partir des bilans
d’énergie suivants :
QPC + Q fuites , PC + Q fuites , SM , e
hPP1 = hPC , e + ; (4.5)
m CO 2
QPC + Q fuites , PC + Q fuites , SM , e + q SM (Lq πDi )
hPP 2 = hPC , e + . (4.6)
m CO 2
Concernant la détermination du taux de vide (ε), celui d’un écoulement homogène n’est peut-être pas à
négliger étant donnée la taille du canal, et la présence probable d’écoulements à bouchons (notamment
pour les titres modérés et les vitesses massiques faibles). Néanmoins, faute de pouvoir réellement
mesurer le taux de vide dans la section de mesure, nous avons adopté par défaut l’expression

-117-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

employée dans la carte d’écoulements de Cheng et al. [55] pour le CO2. Il s’agit de l’expression de
Steiner [49], une version modifiée de la corrélation de Rouhani-Axelsson [52] pour les tubes
horizontaux :
−1
⎡ ⎛ x 1− x ⎞ ⎤
⎢(1 + 0,12 (1 − x ))⎜⎜ + ⎟⎟ + ⎥
x ⎢ ⎝ ρv ρl ⎠ ⎥
ε= ⎢ 1/ 4 ⎥
. (4.7)
ρv ⎢ (1 − x ) ⎛ gσ (ρ l − ρ v ) ⎞ ⎥
1,18 ⎜⎜ ⎟⎟
⎢ G ρ 2 ⎥
⎣ ⎝ l ⎠ ⎦

Pour les essais adiabatiques, la variation du titre est faible et on la suppose linéaire. Le titre moyen est
donc simplement :
x = 0,5 (x PP1 + x PP 2 ) . (4.8)
On suppose en outre que le gradient de pression par frottement (dP/dz)f évolue linéairement en
fonction du titre et n’est pas influencé par la variation de la pression, c'est-à-dire que la variation des
propriétés physiques n’entre pas en jeux. Ainsi, le gradient de pression au titre moyen est égal au
gradient de pression moyen calculé comme suit :
⎛ dP ⎞ ∆P − (∆P )a
−⎜ ⎟ = , (4.9)
⎝ dz ⎠ f LDP
où LDP est la longueur de tube qui sépare les deux prises de pression. Par ailleurs, dans le cas des essais
en présence d’un flux de chaleur, les mêmes équations peuvent être utilisées à condition de poser les
hypothèses suivantes : (i) le titre et le gradient de pression par frottement évoluent linéairement sur la
longueur chauffée (Lq) ; (ii) le titre et le gradient de pression sont constants sur les longueurs
adiabatiques (LPP1 et LPP2) qui séparent les électrodes des prises de pression et (iii) les longueurs LPP1
et LPP2 sont supposées égales. Les incertitudes sur la détermination du titre et sur les mesures de pertes
de pression sont présentées dans l’Annexe A4.

4.2 Analyse préliminaire des résultats


Les mesures de pertes de pression en condition adiabatique ont été faites selon la grille d’essais du
Tableau 4.1. A cela se rajoutent les mesures de pertes de pression faites pendant les essais d’échange
thermique et dont on peut trouver les conditions d’essais au chapitre suivant.

Tableau 4.1 : Grille d’essais pour les pertes de pression en condition adiabatique.
G [kg/m2.s]
Tsat [°C] 200 400 600 800 1000 1200 1400
-10 x x x x x x x
-5 x x x x x x x
0 x x x x x x x
5 x x x x

4.2.1 Contribution des pertes de pression par accélération


La Figure 4.1 montre l’évolution de la part relative des pertes de pression par accélération en fonction
du titre et du flux de chaleur, pour deux vitesses massiques différentes. Les barres qui encadrent
chaque point représentent la variation du titre dans la section de mesure. Dans le cas des essais
adiabatiques, la variation du titre est très faible (0,005 max.) ; elle est uniquement due à la chute de
pression dans la section d’essai qui provoque l’évaporation « flash » du CO2 (ou bien sa condensation
à titre élevé). D’après cette Figure, les pertes de pression par accélération sont d’autant plus
importantes que le flux de chaleur est élevé et que la vitesse massique est faible. Cela correspond en
effet à une variation plus importante du titre. Notons néanmoins une différence dans le cas adiabatique

-118-
Pertes de pression / Chapitre 4

où les pertes de pression par accélération prennent plus d’importance lorsque la vitesse massique est
plus élevée. Un premier aspect consiste à observer que, pour une variation de titre donnée et des
propriétés fixes, les pertes de pression par accélération augmentent au carré de la vitesse massique
alors que les pertes de pression par frottement augmentent moins rapidement (≡G1,75 en
monophasique). Un second aspect concerne la nature des pertes de pression par accélération. Elles
sont dues à la chute de pression, à travers l’effet combiné du changement de titre (positif ou négatif) et
de la détente de la vapeur. Dans nos essais adiabatiques, cette dernière contribution est la plus
importante. Ainsi, les pertes de pression par accélération évoluent plus rapidement que les pertes de
pression totales qui les engendrent. C’est sans doute pourquoi la part des pertes de pression par
accélération augmente avec le titre et avec la vitesse massique (c.-à-d. avec les pertes de pression
globales).
2 2
T ≈−5 °C − G≈400 kg/m .s T ≈−5 °C − G≈1200 kg/m .s
sat sat
7 7
2 2
q [kW/m ] q [kW/m ]
6 0 6 0
10 10
5 20 5 20
30 30
(∆P)a/(∆P) [%]

(∆P)a/(∆P) [%]
4 4

3 3

2 2

1 1

0 0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
Titre Titre
(a) (b)
Figure 4.1 : Influence du flux de chaleur sur la part des pertes de pression par accélération (Tsat=-
5 °C). (a) G=400 kg/m2.s ; (b) G=1200 kg/m2.s

En présence d’un flux de chaleur, la contribution des pertes de pression par accélération diminue avec
la température car la chaleur latente de vaporisation augmente, entraînant une moindre variation du
titre. En revanche, en l’absence de flux de chaleur, l’effet inverse est observé. C’est ce qu’illustre la
Figure 4.2. Dans ce cas, l’augmentation de la part des pertes de pression par accélération lorsque la
température diminue est surtout due à l’accroissement des pertes de pression par frottement qui
intensifie la détente de la vapeur.

G≈400 kg/m2.s − q≈0 kW/m2 G≈1200 kg/m2.s − q≈0 kW/m2


0.1 0.8
Tsat [°C] Tsat [°C]
0.09 −10 −10
0.7
−5 −5
0.08
0 0
0.6
5 5
0.07
(∆P) /(∆P) [%]

(∆P) /(∆P) [%]

0.06 0.5
a

0.05 0.4

0.04
0.3
0.03

0.2
0.02

0.01 0.1
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
Titre Titre
(a) (b)
Figure 4.2 : Influence de la température de saturation sur la part des pertes de pression par
accélération en conditions adiabatiques. (a) G=400 kg/m2.s ; (b) G=1200 kg/m2.s

-119-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

Globalement, sur l’ensemble des essais, les pertes de pression par accélération ne dépassent pas 7 %
des pertes de pression totales lorsque le flux de chaleur maximal est appliqué (G=400 kg/m2.s,
Tsat=0 °C) et ne dépassent pas 1 % dans le cas adiabatique (G=1400 kg/m2.s, Tsat=-10 °C).

4.2.2 Pertes de pression par frottement


La Figure 4.3 présente l’effet de la vitesse massique sur les pertes de pression par frottement en
conditions adiabatiques. Comme on peut s’y attendre, les pertes de pression augmentent avec la vitesse
massique. Elles passent toujours par un maximum en fonction du titre et ce titre diminue avec la
vitesse massique (cf. § 4.4.3). En outre, avant d’atteindre ce maximum, les pertes de pression linéiques
montrent une évolution constante en fonction du titre pour les vitesses massiques les plus faibles, alors
qu’un point d’inflexion apparaît et devient plus marqué lorsque la vitesse massique dépasse 800
kg/m2.s. Revellin et Thome [224] ont observé cette même rupture de comportement avec du R-134a
circulant dans un tube de 0,509 mm pour des vitesses massiques de 1000 et 1200 kg/m2.s (Tsat=30 °C).
Ils ont pu mettre en relation ce point d’inflexion avec un changement de configuration de
l’écoulement, passant d’un régime annulaire dont le film liquide présente des vagues à un régime
annulaire dont le film est lisse.

T ≈−5 °C T ≈−5 °C
sat sat
8 0.9
2 2
G [kg/m .s] G [kg/m .s]
7 0.8
600 200
800 400
0.7
6 1000
1200 0.6
(−dP/dz) [bar/m]

(−dP/dz) [bar/m]

5 1400
0.5
f

4
0.4
3
0.3

2
0.2

1 0.1

0 0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
Titre Titre
(a) (b)
Figure 4.3 : Effet de la vitesse massique sur les pertes de pression par frottement en conditions
adiabatiques (Tsat=-5 °C).

Comme le montre la Figure 4.4, lorsque la température de saturation diminue, les pertes de pression
augmentent. En effet, la densité de la vapeur diminue avec la température ; la vitesse de la vapeur est
donc plus élevée. En outre, la viscosité du liquide augmente. On observe néanmoins que les pertes de
pression obtenues à -5 °C ne se distinguent pas beaucoup de celle mesurées à -10 °C.

La Figure 4.5 montre l’influence du flux de chaleur sur les pertes de pression par frottement pour
différentes températures et pour deux vitesses massiques. Comme on le voit, les pertes de pression en
présence d’un flux de chaleur ne correspondent pas exactement à celles du cas adiabatique ; elles sont
généralement plus élevées que la référence adiabatique à -10 °C, plus faibles que cette référence à -5
°C et proches à 0 °C. L’écart observé est généralement plus faible pour une vitesse massique de 1200
kg/m2.s que pour celle de 400 kg/m2.s. Or, c’est à faible vitesse massique que les écoulements à
bouchons et annulaires à bouchons ont le plus d’importance. La présence du flux de chaleur a donc
vraisemblablement un effet sur les pertes de pression par frottement parce que cela modifie les
paramètres de l’écoulement comme la fréquence des bouchons, la présence de petites bulles dans le
liquide ou l’entraînement éventuel de gouttelettes. A titre élevé, l’écart par rapport aux conditions
adiabatiques, notamment à faible vitesse massique, est aussi à mettre en relation avec l’assèchement.
Notons que, dans les conditions non adiabatiques, l’intensité du flux de chaleur elle-même n’a pas
d’effet évident sur les pertes de pression par frottement.

-120-
Pertes de pression / Chapitre 4

2 2
G≈400 kg/m .s G≈1200 kg/m .s
0.9 7
Tsat [°C] Tsat [°C]
0.8 −10 6 −10
−5 −5
0.7 0 0
5
5 5
(−dP/dz)f [bar/m]

(−dP/dz) [bar/m]
0.6
4
0.5

f
3
0.4

2
0.3

0.2 1

0.1 0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
Titre Titre
(a) (b)
Figure 4.4 : Effet de la température de saturation sur les pertes de pression par frottement en
conditions adiabatiques. (a) G=400 kg/m2.s ; (b) G=1200 kg/m2.s.

4.3 Comparaison des résultats avec les méthodes usuelles de


prédiction des pertes de pression par frottement
Afin de valider la pertinence des méthodes usuelles pour prédire les pertes de pression du CO2 dans les
conditions de nos essais, nous les avons comparées à nos mesures adiabatiques en les regroupant selon
leur spécificité : modèles homogènes, dédiés aux macro-canaux ou dédiés aux micro-canaux.

4.3.1 Modèles homogènes


L’approche la plus simple est de considérer un écoulement homogène. On utilise alors les propriétés
moyennes du mélange diphasique dans l’expression des pertes de pression monophasiques :
⎛ dP ⎞ ⎛ 4 ⎞⎛ 1 G 2 ⎞
−⎜ ⎟ = f tp ⎜⎜ ⎟⎟⎜⎜ ⎟⎟ . (4.10)
⎝ dz ⎠ f ⎝ Di ⎠⎝ 2 ρ m ⎠
La densité de l’écoulement homogène (ρm), supposant que les deux phases circulent à la même vitesse,
est déterminée comme suit :
1 x 1− x
= + . (4.11)
ρm ρv ρl
Le facteur de frottement (ftp) est obtenu de façon classique (Poiseuille, Blasius ou Colebrook-White)
en fonction du nombre de Reynolds diphasique (Retp) :
G Di
Retp = , (4.12)
µ tp
où la viscosité du mélange diphasique (µtp) peut prendre différentes formes rappelées dans le Tableau
4.2.

-121-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

2 2
T ≈−10 °C − G≈400 kg/m .s Tsat≈−10 °C − G≈1200 kg/m .s
sat
1 8
2
q [kW/m ] q [kW/m2]
0.9 7
0 0
10 10
0.8
20 6 20
0.7 30 30

(−dP/dz) [bar/m]
(−dP/dz)f [bar/m]

5
0.6

f
4
0.5
3
0.4

2
0.3

0.2 1

0.1 0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
Titre Titre
(a) (A)
2 2
T ≈−5 °C − G≈400 kg/m .s Tsat≈−5 °C − G≈1200 kg/m .s
sat
0.9 6
2
q [kW/m ] q [kW/m2]
5.5
0.8 0 0
10 5 10
0.7 20 20
30 4.5
30
(−dP/dz)f [bar/m]
(−dP/dz)f [bar/m]

0.6
4

0.5 3.5

3
0.4
2.5
0.3
2
0.2
1.5

0.1 1
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
Titre Titre
(b) (B)

T ≈0 °C − G≈400 kg/m2.s T ≈0 °C − G≈1200 kg/m2.s


sat sat
0.65 4.5
2 2
q [kW/m ] q [kW/m ]
0.6
0 4 0
0.55 10 10
20 3.5 20
0.5 30 30
(−dP/dz) [bar/m]

(−dP/dz) [bar/m]

3
0.45
f

0.4 2.5

0.35
2
0.3
1.5
0.25
1
0.2

0.5
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
Titre Titre
(c) (C)

Figure 4.5 : Influence du flux de chaleur sur les pertes de pression par frottement. (a,A) T=-10 °C ;
(b,B) T=-5 °C ; (c,C) T=0 °C ; (a,b,c) G=400 kg/m2.s ; (A,B,C) G=1200 kg/m2.s

-122-
Pertes de pression / Chapitre 4

Tableau 4.2 : Viscosité du mélange diphasique utilisée dans les modèles homogènes.
Auters Définitions
McAdams et al. [226] 1 x 1− x
= +
µ tp µv µl
Akers et al. [227] µl
µ tp =
(
(1 − x ) + x (ρ l ρ v )0,5 )
Cicchitti et al. [228] µ tp = xµ v + (1 − x )µ l
Dukler et al. [169] ⎛ xµ v (1 − x )µ l ⎞⎟
µ tp = ρ m ⎜⎜ +
⎝ ρv ρ l ⎟⎠
Beattie et Whalley [225] µ tp = βµ v + (1 − β )(1 + 2,5 β )µ l
−1
⎛ ⎛ρ ⎞⎛ 1 − x ⎞ ⎞
β = ⎜⎜1 + ⎜⎜ v ⎟⎟⎜ ⎟ ⎟⎟
⎝ ⎝ ρl ⎠⎝ x ⎠⎠
Lin et al. [229] µl µv
µ tp =
µ v + x1, 4 (µ l − µ v )

Ces différents modèles ont été comparés à nos mesures de pertes de pression. Nous avons pour cela
calculé le facteur de frottement avec l’expression de Churchill [220] qui inclut les régimes laminaire et
turbulent. En revanche, la corrélation de Colebrook-White employée dans le modèle de Beattie et
Whalley [225] a été conservée. En effet, d’après ces auteurs, même à faible titre et faible vitesse
massique l’écoulement reste prédictible par une expression adaptée au régime turbulent. La présence
de bulles, ou d’une petite fraction de vapeur, rendrait en effet le liquide turbulent. En outre, comme
nous l’avons vu pour nos essais préliminaires monophasiques, la prédiction des pertes de pression est
meilleure en considérant la rugosité du tube. La valeur optimale de 0,8 µm a donc été réutilisée ici
dans tous les cas.

Le Tableau 4.3 donne les résultats de cette comparaison en terme d’écart moyen, d’écart moyen en
valeur absolue et d’un pourcentage des points de mesure prédits à 20 % près. De façon générale,
l’ensemble des modèles homogènes sous-estime les données. Étonnamment, la meilleure prédiction
est obtenue en utilisant la viscosité du liquide comme viscosité du mélange, avec un écart moyen de -
5,4 % sur l’ensemble des données. Cela rejoint le constat de Yamamoto et al. [56] trouvant une bonne
correspondance avec leurs mesures faites dans un tube de 2 mm à 14,3 °C. Les corrélations de
Cicchitti et al. [228], de Akers et al. [227] et de Beattie et Whalley [225] viennent ensuite avec un
écart moyen proche de -20 %. Pour ces corrélations, la Figure 4.6 donne l’écart moyen de prédiction
(sur toute la gamme de titre) en fonction de la vitesse massique et de la température de saturation. On
observe que l’écart augmente lorsque la température de saturation diminue. Cela est consistant avec
l’idée que le modèle homogène est moins adapté lorsque la différence de densité entre les phases
liquide et vapeur augmente, ce qui favorise le glissement entre les deux phases. En outre, la Figure 4.7
montre aussi l’évolution des pertes de pression linéiques en fonction du titre, d’un point de vue plus
qualitatif. Comme on le voit, les modèles homogènes ne parviennent pas à reproduire le maximum des
pertes de pression qui a lieu précisément dans des conditions « inhomogènes », en écoulement
annulaire, parce que la vitesse de la vapeur augmente avec le titre alors que la rugosité apparente
formée par le film liquide diminue.

-123-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

Tableau 4.3 : Écarts des principales méthodes de prédiction des pertes de pression
selon l’approche homogène.
ξ [%] ξ [%] ζ 20 [%]
Méthode de prédiction
Homogène : µtp=µl -5,45 18,43 62,66
Cicchitti et al. [228] -19,59 20,47 54,28
Akers et al. [227] -19,09 21,02 52,96
Beattie et Whalley [225] -20,01 20,53 49,34
Lin et al. [229] -25,18 25,32 35,53
McAdams et al. [226] -27,11 27,22 29,61
Dukler et al. [169] -28,27 28,36 27,47
predit − mesuré 1 N 1 N
ξ=
mesuré
;ξ =
N 1
∑ ξ ; ξ = ∑ξ
N 1
ζ 20 : pourcentage des données prédites à 20 % près

Homogène : µtp=µl Homogène : Cicchitti


20 0

−5
10
−10
Ecart relatif moyen [%]
Ecart relatif moyen [%]

0
−15

−10 −20

−20 −25

Tsat [°C] Tsat [°C]


−30
−30
−10 −10
−5 −35
−5
−40 0 0
−40
5 5
−50 −45
200 400 600 800 1000 1200 1400 200 400 600 800 1000 1200 1400
2
Vitesse massique [kg/m .s] Vitesse massique [kg/m2.s]

(a) (b)
Beattie & Whalley (1982) Homogène : Akers
5 0

0 −5

−5
−10
Ecart relatif moyen [%]

Ecart relatif moyen [%]

−10
−15
−15
−20
−20
−25
−25
T [°C] T [°C]
sat −30 sat
−30
−10 −10
−35 −5
−35 −5
0 0
−40 −40
5 5
−45 −45
200 400 600 800 1000 1200 1400 200 400 600 800 1000 1200 1400
2
Vitesse massique [kg/m .s] Vitesse massique [kg/m2.s]

(c) (d)
Figure 4.6 : Écarts de prédiction de différents modèles homogènes en fonction de la vitesse massique
et de la température. (a) µtp=µl ; (b) Cicchitti et al. [228] ; (c) Beattie et Whalley ; (d) Akers et al.
[227].

-124-
Pertes de pression / Chapitre 4

2
Tsat≈−5 °C − G≈200 kg/m .s Tsat≈−5 °C − G≈1000 kg/m2.s
0.35 5
Homogène : µ =µ Mesures Incertitudes
tp l 4.5
0.3 Homogène : Cicchitti
Homogène : Akers 4

0.25 Beattie & Whalley (1982)


3.5

−(dP/dz)f [bar/m]
−(dP/dz) [bar/m]

3
0.2
f

2.5
0.15
2

0.1 1.5
Homogène : µtp=µl
1
Homogène : Cicchitti
0.05
0.5 Homogène : Akers
Mesures Incertitudes Beattie & Whalley (1982)
0 0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
Titre Titre
(a) (b)
Figure 4.7 : Evolution des pertes de pression linéiques par frottement en fonction du titre prédite par
différents modèles homogènes à -5 °C. (a) G=200 kg/m2.s ; (b) G=1000 kg/m2.s.

Le modèle utilisant la viscosité du liquide est le moins sensible à la température. En revanche, il


engendre un écart de prédiction important pour la vitesse massique de 400 kg/m2.s (Figure 4.6a). En
effet, dans ce modèle, le nombre de Reynolds du mélange est indépendant du titre (viscosité
indépendante du titre), il est égal à celui du liquide circulant au débit total. Or, pour cette vitesse
massique de 400 kg/m2.s, le nombre de Reynolds du mélange est proche de 2300. Ainsi, quelque soit
le titre, le facteur de frottement est pris dans le régime de transition, où il est très faible. En revanche,
pour les autres vitesses massiques, la Figure 4.7 montre que ce modèle suit bien l’évolution des pertes
de pression en fonction du titre jusqu’à leur maximum. Ensuite, les pertes de pression continuent à
augmenter d’après le modèle alors qu’elles baissent en réalité. Cette surestimation à titre élevé est
aussi constatée par Yamamoto et al. [56] pour leurs tubes de 0,5 et 1 mm (température située entre 10
et 18,3 °C).

Les modèles de Cicchitti et al. et de Akers et al. donnent des écarts dont les tendances sont similaires
(Figure 4.6 (b) et (d)). La sous-estimation marquée des pertes de pression à faible vitesse massique est
due à la prise en compte du régime laminaire. On le voit surtout pour une vitesse massique de 200
kg/m2.s (Figure 4.7a) où ce régime occupe une large plage de titre. En revanche, il existe une
différence entre ces modèles lorsque le titre approche de l’unité ; le modèle de Cicchitti et al. prédit les
pertes de pression d’un écoulement monophasique vapeur alors que celui de Akers et al. considère une
viscosité différente de celle de la vapeur, au contraire basée sur celle du liquide (Tableau 4.2), qui
d’ailleurs coïncide mieux avec nos mesures. A la faveur d’un déséquilibre thermique, il se peut en
effet que des gouttelettes de liquide soient entraînées dans l’écoulement de vapeur, modifiant la
viscosité du mélange.

Le modèle de Beattie et Whalley ne montre pas d’écart systématique à faible vitesse massique car
l’écoulement est tout le temps considéré turbulent (Figure 4.6c). L’utilisation du taux de vide
homogène (β) pour déterminer la viscosité du mélange donne une évolution des pertes de pression en
fonction du titre plus linéaire que pour la corrélation de Cicchitti et al. (Figure 4.7). Cela accroît un
peu la sous-estimation des mesures.

4.3.2 Méthodes dédiées aux macro-canaux


Les prédictions obtenues à l’aide des principales méthodes dédiées aux macro-canaux ont été
comparées à nos mesures de pertes de pression par frottement. L’évaluation chiffrée récapitulée dans
le Tableau 4.4 montre que ces méthodes ont une tendance générale à surestimer les pertes de pression
pour le diamètre et la gamme de température investiguée. Les meilleurs résultats (écarts moyens les
plus faibles) ont été obtenus avec la corrélations de Müller-Steinhagen et Heck [160] et, dans une
moindre mesure, avec celle de Friedel [155] pour lesquelles respectivement 75 et 68 % des données

-125-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

sont prédites à 20 % près. Les corrélations de Chisholm [153] et de Lombardi et Carsana [167]
donnent également des résultats raisonnables avec un écart moyen en valeur absolue inférieur ou égal
à 30 %. Pour ces quatre méthodes, la Figure 4.8 montre l’écart de prédiction moyen (sur toute la
gamme de titre) en fonction de la vitesse massique et de la température de saturation. L’évolution des
pertes de pression prédites en fonction du titre est représentée sur la Figure 4.9 pour une température
de -5 °C.

Tableau 4.4 : Écarts de quelques méthodes usuelles de prédiction des pertes de


pression pour macro-canaux.
ξ [%] ξ [%] ζ 20 [%]
Méthode de prédiction
Müller-Steinhagen et Heck [160] -4,48 14,71 75,16
Friedel [155] 8,94 16,67 67,93
Chisholm [153] (B-method) 12,37 26,33 54,93
Lombardi et Carsana [167] 28,54 30,09 46,05
Grönnerud [161] 42,58 55,05 25,99
Yoon et al. [80] 60,24 72,11 18,59
Lockhart et Martinelli [151] (C-method) 93,97 96,56 20,89
Cheng et al. [55] 103,52 110,82 10,69
Revellin et Haberschill [230] 505,50 506,18 3,29

Comme le montre la Figure 4.8, la corrélation de Müller-Steinhagen et Heck sous-estime les mesures
pour les températures de -10 et -5 °C alors qu’elle les surestime pour les températures de 0 et 5 °C. La
vitesse massique, quant à elle, n’influence pas la qualité de la prédiction. Ce n’est pas le cas pour les
corrélations de Friedel, de Chisholm et de Lombardie et Carsana pour lesquelles l’écart de prédiction
augmente lorsque la température augmente et que la vitesse massique diminue (Figure 4.8). L’impact
négatif des températures élevées provient de ce que ces quatre corrélations ont été développées pour
des fluides frigorigènes utilisés à faible pression réduite. Les propriétés « atypiques » du CO2 à
pression réduite élevée, ici pour les températures de 0 et 5 °C, peuvent expliquer la surestimation des
pertes de pression. En effet, le ratio ρl/ρv du CO2 est ici plus faible que pour les fluides
conventionnels à la même température. L’influence négative des faibles vitesses massiques pourrait
provenir des configurations d’écoulement particulières rencontrées en micro-canaux. En effet,
contrairement au cas des macro-canaux pour lesquels ces corrélations ont été développées et où
l’écoulement annulaire domine, en micro-canaux, l’écoulement à bouchons prend plus d’importance.
D’ailleurs, d’après la carte de Revellin et Thome [46], la plage de titre pour laquelle cette
configuration existe grandit lorsque la vitesse massique diminue. De plus, notons que les quatre
corrélations présentées sur la Figure 4.9 sont physiquement cohérentes dans la mesure où à titre nul et
unitaire, les pertes de pression prédites rejoignent respectivement celles du liquide et de la vapeur
circulant au débit total. Remarquons aussi que la corrélation de Müller-Steinhagen et Heck est la plus
robuste dans la mesure où elle n’inclut pas, dans l’interpolation entre ces deux points, de grandeurs
physiques qui dépendent des propriétés du fluide ou bien de la vitesse massique ; grandeurs dont
l’influence peut être mal interprétée dans le cas du CO2. Notons finalement, d’un point de vue
qualitatif (Figure 4.9), que ces corrélations montrent la bonne tendance en fonction du titre, malgré un
décalage. Seule la corrélation de Chisholm (1973) donne une évolution inappropriée des pertes de
pression en fonction du titre.

Parmi les autres méthodes testées (Tableau 4.4), on note que la corrélation de Yoon et al. [80], établie
pour du CO2 circulant dans un macro-canal de 7,53 mm (méthode de Chisholm modifiée, Annexe A2),
n’est pas extrapolable au cas des micro-canaux (écart moyen de 60 %).

Les corrélations de Grönnerud [161] et de Lockhart et Martinelli [151] sont deux corrélations
conventionnelles dont les performances sont limitées dans la gamme des conditions investiguées ici,
avec respectivement 43 % et 94 % d’écart moyen. En effet, ces deux méthodes ne sont pas
spécialement recommandées pour le CO2. La corrélation de Grönnerud a été développée à partir de

-126-
Pertes de pression / Chapitre 4

mesures faites exclusivement sur les fluides frigorigènes conventionnels alors que celle de Lockhart-

Müller−Steinhagen & Heck (1982) Friedel (1975)


20 50
Tsat [°C]
15 −10
40
−5
10
0
Ecart relatif moyen [%]

Ecart relatif moyen [%]


30
5
5

0 20

−5 10

−10
T [°C] 0
sat
−15 −10
−5 −10
−20 0
5
−25 −20
200 400 600 800 1000 1200 1400 200 400 600 800 1000 1200 1400
2
Vitesse massique [kg/m .s] Vitesse massique [kg/m2.s]

(a) (b)
Chisholm (1973) Lombardi & Carsana (1992)
80 100
Tsat [°C] Tsat [°C]
70 90
−10 −10
60 −5 80 −5
0 0
Ecart relatif moyen [%]

Ecart relatif moyen [%]

50 5 70 5
40 60

30 50

20 40

10 30

0 20

−10 10

−20 0
200 400 600 800 1000 1200 1400 200 400 600 800 1000 1200 1400
2
Vitesse massique [kg/m .s] Vitesse massique [kg/m2.s]

(c) (d)
Figure 4.8 : Écarts de prédiction en fonction de la vitesse massique et de la température de saturation
pour quelques corrélations usuelles dédiées aux macro-canaux. (a) Müller-Steinhagen et Heck [160] ;
(b) Friedel [155] ; (c) Chisholm [153] ; (d) Lombardi et Carsana [167].

Martinelli repose sur des expériences faites avec un mélange air/eau à basse pression en écoulement
horizontal. D’ailleurs, d’après Whalley [231], cette dernière méthode est plutôt conseillée pour des
fluides dont les propriétés respectent la condition µl/µv > 1000, et pour une vitesse massique inférieure
à 100 kg/m2.s. Or, pour le CO2, ce rapport µl/µv se situe entre 8,5 et 5,9 lorsque la température varie
entre -10 °C et 5 °C.

Deux adaptations du modèle phénoménologique de Moreno-Quibén et Thome [157] ont également été
évaluée sans donner de résultats concluants. (i) La nouvelle version de Cheng et al. [55] pour le CO2
donne des pertes de pression deux fois plus élevées que celles mesurées. Une analyse plus détaillée
montre que le maximum des pertes de pression est mal prédit. En effet, les pertes de pression calculées
pour le régime annulaire ne montrent pas de maximum en fonction du titre. Par ailleurs, dans
l’hypothèse d’un flux de chaleur nul, les titres de transition entre les régimes annulaire, d’assèchement
et par brouillard sont très élevés (0,976 et 1 respectivement), provoquant une chute très tardive des
pertes de pression. Néanmoins, il faut noter que notre diamètre de 0,5 mm est un peu en dessous du
plus petit des diamètres inclus dans leur base de données, qui est de 0,6 mm. (ii) Revellin et
Haberschill [230] ont simplifié le modèle de Moreno-Quibén et Thome en donnant une expression
explicite du titre correspondant au maximum des pertes de pression. Une interpolation linéaire est
ensuite faite entre le maximum des pertes de pression et les pertes de pression monophasiques des

-127-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

écoulements entièrement liquide ou vapeur, respectivement à titre nul ou unitaire. Cette approche
permet d’améliorer la prédiction sur une base de données comprenant plusieurs fluides frigorigènes
conventionnels (R-22, R-407C, R-410A, R-134a) dans une large gamme de températures (-30 °C à
20 °C) et de vitesses massiques (96,5 à 800 kg/m2.s). Si cette méthode donne un écart moyen de -9,8
% sur cette base de données établie pour des fluides conventionnels circulant dans des tubes de 6,1 à
10,7 mm, elle donne en revanche un écart proche de 500 % pour du CO2 circulant dans notre micro-
canal.
2
Tsat≈−5 °C − G≈200 kg/m .s T ≈−5 °C − G≈600 kg/m2.s
sat
0.45 2.5
Müller−Steinhagen & Heck (1986) Mesures Incertitudes
0.4 Friedel (1975)
Chisholm (1973) 2
0.35
Lombardi & Carsana (1992)
0.3
−(dP/dz)f [bar/m]

−(dP/dz)f [bar/m]
1.5
0.25

0.2
1
0.15

0.1 Müller−Steinhagen & Heck (1986)


0.5
Friedel (1975)
0.05 Chisholm (1973)
Mesures Incertitudes Lombardi & Carsana (1992)
0 0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
Titre Titre
(a) (b)
T ≈−5 °C − G≈1000 kg/m2.s T ≈−5 °C − G≈1400 kg/m2.s
sat sat
4.5 8
Mesures Incertitudes Mesures Incertitudes
4 7

3.5
6

3
−(dP/dz)f [bar/m]

−(dP/dz) [bar/m]

5
2.5
f

4
2
3
1.5

2
1 Müller−Steinhagen & Heck (1986) Müller−Steinhagen & Heck (1986)
Friedel (1975) Friedel (1975)
0.5 Chisholm (1973) 1 Chisholm (1973)
Lombardi & Carsana (1992) Lombardi & Carsana (1992)
0 0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
Titre Titre
(c) (d)
Figure 4.9 : Variation des pertes de pression par frottement en fonction du titre pour quelques
corrélations usuelles dédiées aux macro-canaux à -5 °C. (a) G=200 kg/m2.s ; (b) G=600 kg/m2.s ; (c)
G=1000 kg/m2.s ; (d) G=1400 kg/m2.s.

4.3.3 Méthodes dédiées aux micro-canaux


Quelques méthodes de prédiction des pertes de pression dédiées en micro-canaux existent et leurs
performances dans les conditions de nos mesures sont données dans le Tableau 4.5.

Mishima et Hibiki [171] ainsi que Lee et Lee [233] ont modifié la corrélation de Lockart-Martinelli
[151] pour l’adapter aux écoulements du mélange air/eau dans des petits canaux. Mishima et Hibiki
ont trouvé qu’une simple relation entre le paramètre de Chisholm (C) et le diamètre hydraulique (Dh,
exprimé en mm) permettait de prédire les pertes de pression dans des canaux horizontaux et verticaux
de géométrie circulaire ou rectangulaire, sur une large gamme de diamètres :
(
C = 21 1 − e −0,319 Dh . ) (4.13)

-128-
Pertes de pression / Chapitre 4

Lee et Lee ont fait des essais dans un canal rectangulaire horizontal de faible épaisseur (4×0,5 mm) et
ont abouti à la relation suivante :

Tableau 4.5 : Écarts de quelques méthodes de prédiction des pertes de pression


dédiées aux micro-canaux.
ξ [%] ξ [%] ζ 20 [%]
Méthode de prédiction
Zhang et Webb [166] -15,49 19,62 56,09
Mishima et Hibiki [171] -21,57 23,58 37,99
Yamamoto et al. [56] -22,55 28,28 31,91
Lee et Mudawar [232] 61,02 106,60 2,80
Lee et Lee [233] 124,96 129,85 3,45
Tran et al. [234] 202,85 203,39 1,97

q r
⎛ µ l2 ⎞ ⎛ µl j⎞
C = A ⎜⎜ ⎟ ⎜ ⎟ (Relo ) .
s
⎟ (4.14)
⎝ ρ l σ Dh ⎠ ⎝ σ ⎠
Dans cette expression, les deux premiers termes adimensionnels n’interviennent que lorsque les deux
phases sont laminaires où l’on suppose que l’écoulement est principalement dominé par les régimes à
poches et à bouchons. Ces nombres permettent de prendre en compte l’effet de la viscosité (µl), de la
tension de surface (σ) et de la vitesse des bouchons de liquide (j). Le dernier facteur (Relo) reflète
l’effet de la vitesse massique.

Lee et Mudawar [232] ainsi que Tran et al. [234] ont étudié des fluides frigorigènes conventionnels
dans une gamme de pression réduite allant de 0,04 à 0,2. Lee et Mudawar ont mesuré les pertes de
pression dans un puits de chaleur composé de canaux rectangulaires parallèles (231×713 µm). Une
version modifiée de la corrélation de Lockart-Martinelli a été obtenue sous la forme suivante :
C2 C3
C = C1 Relo Welo , (4.15)
où le nombre de Weber (Welo) reflète l’effet du confinement de l’écoulement. Cette corrélation ne
s’applique pas dans le cas où la phase liquide est turbulente. Pour leur part, Tran et al. ont utilisé des
canaux de plus grandes dimensions, de géométrie circulaire (2,46 et 2,92 mm) et rectangulaire
(4,06×1,7 mm). Une nouvelle version de la corrélation de Chisholm [153] a été trouvée :
(
φlo2 = 1 + (4,3 Y 2 − 1) Co x 0,875 (1 − x )0,875 + x1, 75 . ) (4.16)
D’après les auteurs, les pertes de pression supplémentaires dues à la présence de bulles allongées sont
prises en compte par le nombre de confinement (Co).

Zhang et Webb [166], on quant à eux investigué les pertes de pression avec des fluides conventionnels
(R-134a, R-22, R-404A) pour des pressions réduites plus élevées (de 0,25 à 0,5), dans des tubes
simples (6,25 et 3,25 mm) et multi-canaux (2,13 mm). Leur étude se base sur la corrélation de Friedel
[155] et aboutit au multiplicateur diphasique suivant :
φlo2 = (1 − x )2 + 2,87 x 2 p r −1 + 1,68 x 0,8 (1 − x )0, 25 p r −1, 64 , (4.17)
où l’effet de la pression réduite (pr) est explicite.

Yamamoto et al. [56] et Pamitran et al. [168] ont proposé deux versions modifiées de la corrélation de
Lockart-Martinelli (Annexe A2) à partir de leurs mesures respectives obtenues avec du CO2.
Yamamoto et al., pour des tubes simples de 0,51, 1 et 2 mm, ont trouvé que le paramètre de Chisholm
(C) dépend du titre et de la vitesse massique. La corrélation de Pamitran et al. [168] obtenue à partir
de mesures faites dans des canaux de 1,5 et 3 mm n’est pas présentée ; elle donne des résultats
cohérents à titre élevé mais diverge totalement à faible titre et faible vitesse massique. Dans cette
corrélation, le paramètre de Chisholm (C) dépend du nombre de Reynolds diphasique et du nombre de
Weber diphasique. A cause de notre petit diamètre, le nombre de Weber devient trop petit lorsque le
titre est faible et dépasse la gamme de validité de la corrélation.

-129-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

D’après le Tableau 4.5, les meilleures corrélations sont celles de Zhang et Webb [166], de Mishima et
Hibiki [171] et de Yamamoto et al [56]. Ces trois corrélations sous-estiment nos mesures en moyenne
de 15,5 %, 21,6 % et 22,6 % respectivement. L’évolution des écarts de prédiction en fonction de la
vitesse massique et de la température de saturation est montrée sur la Figure 4.10, alors qu’une
comparaison plus qualitative est faite sur la Figure 4.11. De façon générale, les prédictions de ces
corrélations sont les meilleures pour une température de 5 °C mais se dégradent lorsque la température
diminue. Cette tendance est inattendue dans la mesure où une plus faible température correspond à un
écoulement plus confiné, où d’ailleurs les propriétés du CO2 sont plus proches de celles des fluides
conventionnels. Néanmoins, cette dégradation est moins sensible pour la corrélation de Zhang et
Webb sans doute parce que la gamme de pression réduite investiguée par les auteurs est proche de la
notre (0,36 à 0,54). La qualité de la prédiction est peu sensible à la vitesse massique car le
multiplicateur diphasique (Equation (4.17)) est indépendant de cette grandeur. La sous-estimation des
pertes de pression pour une vitesse massique de 400 kg/m2.s (Figure 4.10) est ponctuelle et correspond
à la transition « laminaire-turbulent » lorsque l’écoulement est pris entièrement liquide (Relo≈2000).

Zhang & Webb (2001) Mishima & Hibiki (1996)


0 20
Tsat [°C]
−5
10 −10
−5
−10
0
Ecart relatif moyen [%]

Ecart relatif moyen [%]

0
−15 5

−20 −10

−25 −20

−30 Tsat [°C]


−30
−10
−35
−5
0 −40
−40
5
−45 −50
200 400 600 800 1000 1200 1400 200 400 600 800 1000 1200 1400
2 2
Vitesse massique [kg/m .s] Vitesse massique [kg/m .s]
(a) (b)
Yamamoto et al. (2007)
50
Tsat [°C]
40
−10
30 −5
0
Ecart relatif moyen [%]

20 5
10

−10

−20

−30

−40

−50
200 400 600 800 1000 1200 1400
Vitesse massique [kg/m2.s]

(c)
Figure 4.10 : Écarts de prédiction en fonction de la vitesse massique et de la température de
saturation pour quelques corrélations dédiées aux micro-canaux. (a) Zhang et Webb [166] ; (b)
Mishima et Hibiki [171] ; (c) Yamamoto et al. [56].

Étonnamment, la corrélation de Mishima et Hibiki s’avère relativement robuste sachant qu’elle est
fondée sur des données obtenues avec un mélange air/eau dont les propriétés sont très éloignées de
celles du CO2. La valeur du paramètre de Chisholm (C) prédite par cette corrélation (3,26) n’est donc
pas très éloignée de celle qui correspond à nos mesures. Dans la corrélation de Yamamoto et al., ce

-130-
Pertes de pression / Chapitre 4

paramètre C dépend de la vitesse massique et du titre. Cela induit une mauvaise évolution des pertes
de pression en fonction du titre lorsque la vitesse massique est élevée (Figure 4.11b) où par ailleurs
aucun maximum des pertes de pression n’est observé. Bien que cette corrélation ait été établie pour du
CO2 circulant dans des tubes dont l’un est similaire au notre (0,51 mm de diamètre), les températures
investiguées sont plus élevées (de 10 à 18,3 °C). Cela explique les meilleures prédictions obtenues
pour la température de 5 °C.
2 2
Tsat≈−5 °C − G≈200 kg/m .s Tsat≈−5 °C − G≈1000 kg/m .s
0.35 4.5
Mesures Incertitudes Mesures Incertitudes
4
0.3

3.5
0.25
3
−(dP/dz)f [bar/m]

−(dP/dz)f [bar/m]
0.2 2.5

0.15 2

1.5
0.1
1
Zhang & Webb (2001) Zhang & Webb (2001)
0.05
Mishima & Hibiki (1996) 0.5 Mishima & Hibiki (1996)
Yamamoto et al. (2007) Yamamoto et al. (2007)
0 0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
Titre Titre
(a) (b)
Figure 4.11 : Variation des pertes de pression par frottement en fonction du titre pour quelques
corrélations dédiées aux micro-canaux à -5 °C. (a) G=200 kg/m2.s ; (b) G=1000 kg/m2.s.

4.4 Étude corrélative


Au vu des écarts de prédiction obtenus avec les principales corrélations de la littérature, plusieurs
approches ont été envisagées dans le but d’améliorer les méthodes existantes et de prédire au mieux
les pertes de pression mesurées en condition adiabatique dans notre tube de 0,529 mm.

4.4.1 Approche homogène


La Figure 4.12 montre l’évolution du facteur de frottement diphasique (ftp) dérivé de l’Equation (4.10)
en fonction du nombre de Reynolds (Retp, Equation (4.12)) calculé en utilisant la viscosité du mélange
définie par Cicchitti et al. [228]. Les points de mesure peuvent être comparés avec le facteur de
frottement théorique de Churchill [220] couvrant les régimes laminaire et turbulent. Comme le suggère
Beattie et Whalley [225], les mesures ne semblent pas être marquées par le régime laminaire. En outre,
le facteur de frottement théorique se rapproche des points de mesure lorsque la rugosité (0,8 µm) est
prise en compte.

La viscosité du mélange diphasique selon l’approche homogène peut donc être dérivée du facteur de
frottement en utilisant, quelque soit le régime, l’expression de Churchill [235] pour le régime
turbulent :
1 ⎛ 1 ⎞
= 2,457 ln⎜ ⎟, (4.18)
f tp ⎜ (7 Re )0,9 + 0,27 k D ⎟
⎝ tp i ⎠

où la rugosité k est prise égale à 0,8 µm. La Figure 4.13 montre l’évolution de la viscosité en fonction
du titre pour différentes températures. Les viscosités selon les définitions de Cicchitti et al. et de
Beattie et Whalley sont également représentées, ainsi que la viscosité du liquide et celle de la vapeur.
Comme on le voit, la viscosité du mélange tend naturellement vers celle de la vapeur lorsque le titre
s’approche de l’unité. Néanmoins, elle tend vers une valeur supérieure à la viscosité du liquide lorsque

-131-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

le titre s’approche de zéro. En cela, on rejoint dans l’esprit la viscosité définie par Beattie et Whalley

Tsat≈−10 °C Tsat≈5 °C
2
G [kg/m .s] 2
G [kg/m .s]
200
200
400
400
600
1000
800
1200
1000
1200
1400
tp

tp
f

f
−2 −2
10 10

Churchill (1977) Churchill (1977)


k=0 µm k=0 µm
k=0,8 µm k=0,8 µm
3 4 3 4
10 10 10 10
Retp (Cicchitti) Retp (Cicchitti)

(a) (b)
Figure 4.12 : Facteur de frottement diphasique en fonction du nombre de Reynolds pour (a) - 10 °C et
(b) 5 °C.

−4 T ≈−10 °C −4 T ≈−5 °C
x 10 sat x 10 sat
4 4
Mesures µ Mesures µ
l l
µ µv
v
Beattie & Whalley (1982) Beattie & Whalley (1982)
3 3
Cicchitti et al. (1960) Cicchitti et al. (1960)
corrélation actuelle corrélation actuelle
µtp

tp

2 2
µ

1 1

0 0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
Titre Titre
(a) (b)
−4 T ≈0 °C −4 Tsat≈5 °C
x 10 sat x 10
4 4
Mesures µ Mesures µ
l l
µv µ
v
Beattie & Whalley (1982) Beattie & Whalley (1982)
3 3
Cicchitti et al. (1960) Cicchitti et al. (1960)
corrélation actuelle corrélation actuelle
tp
µtp

2 2
µ

1 1

0 0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
Titre Titre
(c) (d)
Figure 4.13 : Viscosité du mélange diphasique en fonction du titre pour différentes températures de
saturation. (a) Tsat=-10 °C ; (b) Tsat=-5 °C ; (c) Tsat=0 °C ; (d) Tsat=5 °C.

-132-
Pertes de pression / Chapitre 4

postulant que la présence de vapeur dispersée dans la phase liquide augmente la viscosité du mélange
par effet de turbulence. Cette accroissement de la viscosité est d’autant plus importante que la
température de saturation est faible (Figure 4.13). En effet, à faible température, la différence de
densité plus importante entre les phases liquide et vapeur engendre une plus forte perturbation de
l’écoulement. On comprend donc pourquoi la viscosité du liquide n’est pas une mauvaise estimation
de la viscosité moyenne sur la plage totale de titre, notamment pour les températures les plus basses.
On observe aussi que la viscosité de Beattie et Whalley est généralement plus éloignée des points de
mesure que la viscosité de Cicchitti et al. en raison de son évolution non linéaire en fonction du titre.

Une nouvelle expression pour la viscosité du mélange diphasique, plus adaptée à nos conditions
expérimentales, est obtenue en tirant avantage des deux définitions de Cicchitti et al. et de Beattie et
Whalley. Nous avons repris la forme générale proposée par Cicchitti et al. qui montre une évolution
linéaire en fonction du titre tout en modifiant la viscosité du liquide à titre nul comme c’est l’idée dans
la méthode de Beattie et Whalley. Cela donne l’expression suivante :

µ tp = C µ µ l (1 − x ) + µ v x , (4.19)
où le facteur multiplicatif Cµ est une fonction linéaire de la pression réduite :
C µ = 6,195 − 9,178 p r . (4.20)
Cette corrélation simple est également représentée sur la Figure 4.13.

4.4.2 Approche de Lockhart-Martinelli


Les mesures de pertes de pression peuvent aussi être analysées à travers de la relation de Lockhart-
Martinelli, c'est-à-dire par le biais du paramètre C. La valeur de ce paramètre correspondant à nos
mesures est obtenue à partir du multiplicateur diphasique de frottement (Φl2),
(dP dz ) f
φl 2 = , (4.21)
(dP dz )l
par la relation suivante :
(
C = φl − 1 − 1 X 2 X ,
2
) (4.22)
où X est la variable de Lockhart-Martinelli :
(dP dz )l
X = . (4.23)
(dP dz )v
Les pertes de pression (dP/dz)l et (dP/dz)v sont celles respectivement du liquide et de la vapeur
circulant seul, et sont obtenues comme suit :
⎛ dP ⎞ ⎛ 4 ⎞⎛ 1 G 2 (1 − x )2 ⎞
−⎜ ⎟ = f l ⎜⎜ ⎟⎟⎜⎜ ⎟;
⎟ (4.24)
⎝ dz ⎠ l ⎝ Di ⎠⎝ 2 ρl ⎠
⎛ dP ⎞ ⎛ 4 ⎞⎛ 1 G 2 x 2 ⎞
−⎜ ⎟ = f v ⎜⎜ ⎟⎟⎜⎜ ⎟⎟ . (4.25)
⎝ dz ⎠ v ⎝ Di ⎠⎝ 2 ρ v ⎠
Les facteurs de frottement fl et fv sont calculés avec la relation de Churchill [220], en prenant en
compte l’effet de la rugosité, et en utilisant le nombre de Reynolds des phases liquide et vapeur
circulant seule, respectivement Rel et Rev, définis comme suit :

-133-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

G (1 − x )Di
Rel = ; (4.26)
µl
GxDi
Rev = . (4.27)
µv
En outre, chacune des phases est considérée laminaire lorsque son nombre de Reynolds est inférieur à
2300 et turbulente dans le cas inverse.

La Figure 4.14 montre l’évolution du multiplicateur diphasique de frottement (Φl2) en fonction de la


variable de Lockhart-Martinelli (X) pour les deux températures de saturation extrêmes de la gamme
investiguée. Chaque point de mesure est identifié en fonction du régime des phases liquide et vapeur.
Les courbes théoriques de Lockhart-Martinelli sont aussi représentées. Malgré une proportion
importante de points pour lesquels la vapeur est turbulente, ces derniers restent éloignés des courbes
théoriques correspondantes au paramètre C pris égal à 20 lorsque le liquide est turbulent ou égal à 12
lorsque le liquide est laminaire. Au contraire, ces points expérimentaux se rapprochent plutôt de la
courbe théorique pour laquelle les deux phases sont laminaires (Cll =5). D’ailleurs, quelque soit la
température de saturation, les points de mesure semblent respecter une courbe à C constant. En effet, il
n’existe pas de lien évident et systématique entre le type de régime ou la vitesse massique et la valeur
du paramètre C hormis pour les points « turbulents-laminaires » à -10 °C. Seule la température de
saturation a un effet clair sur ce paramètre ; il augmente lorsque la température diminue. Plus
précisément, le coefficient C est supérieur à 5 à -10 °C et un peu inférieur à 5 à 5 °C. En conséquence,
une relation simple a pu être trouvée entre le paramètre C et la pression réduite, sous la forme
suivante :
−2 , 393
C = 0,6891 p r . (4.28)

T ≈−10 °C T ≈5 °C
sat sat
4 4
10 10
lam.−lam. lam.−lam.
lam.−tur. lam.−tur.
tur.−lam. tur.−lam.
3 tur.−tur. 3 tur.−tur.
10 10
C =5 C =5
ll ll
Clt=12 Clt=12
Ctl=10 Ctl=10
2

2 2
φl

φl

10 Ctt=20 10 Ctt=20

1 1
10 10

−2 −1 0 1 −2 −1 0 1
10 10 10 10 10 10 10 10
X X
(a) (b)
Figure 4.14 : Evolution du multiplicateur diphasique de frottement en fonction de la variable de
Lockhart-Martinelli pour les températures de (a) -10 °C et (b) 5 °C.

4.4.3 Approche linéaire


La méthode de Revellin et Haberschill [230] repose sur l’idée que la détermination du maximum des
pertes de pression et du titre correspondant est l’élément clé qui permet de prédire l’évolution générale
des pertes de pression en fonction du titre. Nous avons donc cherché à évaluer ces deux éléments.

La Figure 4.15 montre l’évolution du titre au maximum des pertes de pression (xmax) en fonction de la
vitesse massique. Il apparaît que ce titre augmente avec la vitesse massique avant de plafonner à un

-134-
Pertes de pression / Chapitre 4

titre proche de 0,925 que prédisent bien les corrélations de Friedel [155] et de Müller-Steinhagen et
Heck [160]. Cependant, la décroissance du titre à faible vitesse massique n’est prédite par aucune de
ces deux corrélations. Cette décroissance est la plus faible à une température de -5 °C, mais elle
augmente lorsque que l’on s’écarte de cette température. Pour les températures de -10 °C et -5 °C,
l’évolution du titre au maximum des pertes de pression en fonction de la vitesse massique est bien
prédite par la corrélation de Lockhart-Martinelli en utilisant le nouveau paramètre C défini plus haut.
Mais lorsque la température augmente au-delà de -5 °C la corrélation de Lockhart-Martinelli prédit
une chute de moins en moins importante du titre à faible vitesse massique alors que les points de
mesure montrent l’inverse.

T ≈−10 °C Tsat≈−5 °C
sat
1 1

0.95 0.95

0.9 0.9

0.85 0.85
max

xmax
x

0.8 0.8

0.75 0.75
Mesures Mesures
0.7
Lockhart−Martinelli modifié Lockhart−Martinelli modifié
0.7
Müller−Steinhagen & Heck (1986) Müller−Steinhagen & Heck (1986)
Friedel (1979) Friedel (1979)
0.65 0.65
200 400 600 800 1000 1200 1400 200 400 600 800 1000 1200 1400
2
Vitesse massique [kg/m .s] Vitesse massique [kg/m2.s]
(a) (b)
T ≈0 °C T ≈5 °C
sat sat
1 1

0.95 0.95

0.9 0.9

0.85 0.85
xmax

max
x

0.8 0.8

0.75 0.75
Mesures Mesures
0.7
Lockhart−Martinelli modifié 0.7
Lockhart−Martinelli modifié
Müller−Steinhagen & Heck (1986) Müller−Steinhagen & Heck (1986)
Friedel (1979) Friedel (1979)
0.65 0.65
200 400 600 800 1000 1200 1400 200 400 600 800 1000 1200 1400
2 2
Vitesse massique [kg/m .s] Vitesse massique [kg/m .s]

(c) (d)
Figure 4.15 : Evolution du titre au maximum des pertes de pression en fonction de la vitesse massique
pour plusieurs températures de saturation. (a) Tsat=-10 °C ; (b) Tsat=-5 °C ; (c) Tsat=0 °C ;
(d) Tsat=5 °C.

Une corrélation a été établie pour prédire le titre au maximum des pertes de pression. Elle prend la
forme suivant :
2,60 + 13,4 p r − 0,417
x max = 1 − . (4.29)
G
Comme le montre la Figure 4.16, cette corrélation, comparée aux mesures, donne de relativement bons
résultats étant donnée la dispersion des points.

-135-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

0.95

0.9

0.85
G [kg/m2.s]
xmax

200
0.8 400
600
0.75 800
1000
1200
0.7
1400

0.65
0.35 0.4 0.45 0.5 0.55
pr
Figure 4.16 : Prédiction du titre au maximum des pertes de pression.

La valeur maximale des pertes de pression est déterminée en considérant un écoulement annulaire :
⎛ dP ⎞ ⎛ 4 ⎞⎛ 1 2⎞
−⎜ ⎟ = f A ⎜⎜ ⎟⎟⎜ ρ v j v ⎟ , (4.30)
⎝ dz ⎠ max ⎝ Di ⎠⎝ 2 ⎠
où jv est la vitesse superficielle de la vapeur définie comme suit :
Gx max
jv = . (4.31)
ρv
Concernant le facteur de frottement de l’écoulement annulaire (fA), l’expression suivante permet de
corréler les points de mesure :
−0 , 310 −0 , 521
f A = 0,175 Rev pr , (4.32)
où le nombre de Reynolds de la phase vapeur circulant seule (Rev) est évalué selon l’Equation (4.27)
en considérant le titre xmax correspondant au maximum des pertes de pression.

L’interpolation linéaire proposée par Revellin et Haberschill [230] est ensuite utilisée pour prédire les
pertes de pression sur l’ensemble des titres. Elle prend la forme suivante :
⎛ dP ⎞ ⎛ dP ⎞ ⎛ ⎛ dP ⎞ ⎛ dP ⎞ ⎞⎛ x − x max ⎞
pour x>xmax, ⎜ ⎟ =⎜ ⎟ − ⎜⎜ ⎜ ⎟ −⎜ ⎟ ⎟⎟⎜⎜ ⎟⎟ ; (4.33)
⎝ dz ⎠ f ⎝ dz ⎠ max ⎝ ⎝ dz ⎠ max ⎝ dz ⎠ vo ⎠⎝ 1 − x max ⎠
⎛ dP ⎞ ⎛ dP ⎞ ⎛ ⎛ dP ⎞ ⎛ dP ⎞ ⎞⎛ x max − x ⎞
pour x<xmax, ⎜ ⎟ =⎜ ⎟ − ⎜⎜ ⎜ ⎟ −⎜ ⎟ ⎟⎟⎜⎜ ⎟⎟ , (4.34)
⎝ dz ⎠ f ⎝ dz ⎠ max ⎝ ⎝ dz ⎠ max ⎝ dz ⎠ lo ⎠⎝ x max ⎠
où (dP/dz)lo et (dP/dz)vo sont respectivement les pertes de pression des écoulements entièrement
liquide et entièrement vapeur ici évaluées avec la relation de Churchill [220].

4.4.4 Approche phénoménologique


L’approche phénoménologique consiste à s’appuyer sur la configuration physique de l’écoulement
pour prédire les pertes de pression. Comme nous l’avons vu sur la Figure 4.3, à vitesse massique
élevée, l’évolution des pertes de pression en fonction du titre se fait selon deux tendances clairement
discernables. Nous avons postulé que le point d’inflexion correspondant à ce changement de tendance
était lié au passage d’un écoulement de type annulaire à bouchons (annulaire agité) à un écoulement

-136-
Pertes de pression / Chapitre 4

annulaire (interface liquide/vapeur lisse). Cette hypothèse mérite cependant d’être confirmée par des
observations. En outre, le régime annulaire à bouchons est ici apparenté à un régime intermittent, au
même titre que l’écoulement à bouchons ou bien l’écoulement à poches. Ces hypothèses faites, il
apparaît que le titre correspondant à ce changement de configuration (xI/A) est proche de 0,5. Nos
données sont trop peu nombreuses pour établir une corrélation en fonction de la température de
saturation et de la vitesse massique. Ainsi, quelques soient les conditions, on pose :
x I / A = 0,5 . (4.35)

Ecoulement annulaire

Lorsque le titre est supérieur au titre de transition (xI/A), l’écoulement est supposé annulaire et les
pertes de pression sont calculées à l’aide de l’Equation (4.30), où le facteur de frottement annulaire (fA)
a été corrélé pour correspondre au mieux à nos mesures et prend la forme suivante :
f A = 0,0888 Rev
− 0 , 361
pr
− 0 , 730
(1 + Rel )0,167 . (4.36)

Ecoulement intermittent

Lorsque le titre est inférieur au titre de transition « Intermittent-Annulaire », l’écoulement est supposé
constitué de bulles allongées entourées d’un fin film annulaire et entrecoupées de bouchons de liquide,
comme illustré sur Figure 4.17. A partir de cette représentation, Garimella et al. [236] ont proposé un
modèle de pertes de pression pour les écoulements intermittents. Nous avons repris leur formulation
générale selon laquelle les pertes de pression sont la somme de deux composantes : (i) les pertes de
pression par frottement dues, d’une part, aux bulles (dP/dz)bubble et, d’autre part, aux bouchons
(dP/dz)slug, pondérées par les longueurs respectives de ces deux types de configuration (Lbubble et Lslug) ;
(ii) les pertes de pression lors de chaque transition « bulle-bouchon » (∆Pt) due au passage du liquide
contenu dans le film, où il circule à faible vitesse, dans le bouchon, où sa vitesse est plus élevée. Les
pertes de pression prennent alors la forme suivante :
(dP / dz ) f = ε cl (dP / dz )bubble + (1 − ε cl )(dP / dz )slug − N t ∆Pt , (4.37)
où Nt est le nombre de transitions « bulle-bouchon » par unité de longueur et où εcl est le taux de vide
au centre de l’écoulement défini comme suit :
Lbubble
ε cl = . (4.38)
Lbubble + Lslug
Ici, le taux de vide au centre de l’écoulement est supposé être une fonction linéaire du taux de vide
homogène (β). En outre, pour assurer la continuité entre les régimes intermittent et annulaire, le taux
de vide doit être égal à l’unité au titre de transition. Ainsi :
β
ε cl = , (4.39)
βI / A
où βI/A est le taux de vide homogène calculé pour le titre de transition xI/A.

Figure 4.17 : Représentation de l’écoulement intermittent.

-137-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

- Pertes de pression dues aux bouchons

La vitesse du liquide dans les bouchons (uslug) peut être simplement obtenue en faisant la somme des
vitesses superficielles de la vapeur (jv) et du liquide (jl). C’est ce qu’ont montré Suo et Griffith [237] à
partir du principe de conservation de la masse. Il vient donc :
Gx
jv = ; (4.40)
ρv
G (1 − x )
jl = ; (4.41)
ρl
u slug = j v + jl . (4.42)
On en déduit le nombre de Reynolds dans les bouchons :
ρ l u slug Di
Reslug = . (4.43)
µl
Ce dernier permet de déterminer les pertes de pression dues aux bouchons de liquide en utilisant
l’équation de Blasius :

⎛ dP ⎞ ⎛ 0,079 ⎞⎛ 4 ⎞⎛ 1
−⎜ ⎟ =⎜ ⎟⎜
0 , 25 ⎟⎜
⎟⎟⎜ ρ l u slug 2 ⎞⎟ . (4.44)
dz ⎜
⎝ ⎠ slug ⎝ Reslug ⎠⎝ Di ⎠⎝ 2 ⎠

- Pertes de pression dues aux bulles

Pour éviter toute discontinuité entre l’écoulement intermittent et l’écoulement annulaire, les pertes de
pression attribuées aux bulles sont calculées de la même manière que pour l’écoulement annulaire
mais en utilisant le titre (xbubble) et la vitesse massique (Gbubble) locaux lors du passage d’une bulle. Pour
déterminer ces deux grandeurs, la vitesse massique totale est d’abord exprimée sous la forme d’une
équation de conservation de la masse :
G = (1 − ε cl )G slug + ε cl Gbubble . (4.45)
En introduisant l’expression de la vitesse massique dans les bouchons, obtenue à partir des équations
(4.40), (4.41) et (4.42),
⎛ρ ⎞
G slug = G⎜⎜ l ⎟⎟ , (4.46)
⎝ ρm ⎠
on déduit la vitesse massique correspondant aux bulles :
⎛ 1 − (1 − ε cl )(ρ l ρ m ) ⎞
Gbubble = G⎜⎜ ⎟⎟ . (4.47)
⎝ ε cl ⎠
De même, en exprimant la vitesse massique dans les bulles sous la forme d’une équation de
conservation de la masse :
Gx
Gbubble = + Gbubble (1 − xbubble ) , (4.48)
ε cl
il est possible de déduire le titre local au passage d’une bulle (poche de vapeur et film) :
x
xbubble = . (4.49)
1 − (1 − ε cl )(ρ l ρ m )
On utilise finalement xbubble et Gbubble dans l’Équation (4.36) pour estimer les pertes de pression par
frottement.

-138-
Pertes de pression / Chapitre 4

- Pertes de pression dues aux transitions entre bulles et bouchons

Pour déterminer les pertes de pression lors des transitions « bulles-bouchons », il est nécessaire de
connaître la vitesse du liquide circulant dans le film annulaire présent autour des bulles. Cette vitesse
est obtenue à partir de la loi suivante :
u l ( y ) = y 1+/ n u * , (4.50)
où y dénote la position radiale dans le film partant de la paroi du tube et dont la forme réduite (y+) est
la suivante :
u*ρl
y+ = y . (4.51)
µl
La vitesse visqueuse (u*) se calcule comme suit :
τw
u* = , (4.52)
ρl
où la contrainte tangentielle au niveau de la paroi du tube (τw) est déduite des pertes de pression
calculées dans les bulles :
⎛ Di ⎞⎛ dP ⎞
τ w = −⎜ ⎟⎜ ⎟ . (4.53)
⎝ 4 ⎠⎝ dz ⎠ bubble
La vitesse moyenne dans le film est ensuite obtenue en intégrant l’Equation (4.50) sur l’épaisseur du
film (δ), donnant :
n 1/ n *
u film = δ+ u . (4.54)
n +1
Comme l’épaisseur du film est a priori inconnue, une équation supplémentaire est introduite pour clore
le système. Elle consiste à exprimer la vitesse du liquide en fonction du taux de vide local au passage
des bulles (εbubble) :
Gbubble (1 − xbubble )
u film = . (4.55)
ρ l (1 − ε bubble )
En supposant que l’épaisseur de film est faible au regard du diamètre, une expression simplifiée (au
premier ordre) du taux de vide est utilisée :

ε bubble = 1 − . (4.56)
Di
En combinant les Equations (4.51), (4.54), (4.55) et (4.56), on obtient alors l’expression suivante :
1 n
⎛1 ⎞ 1+ n ⎛ n ⎞ 1+ n *
u l = ⎜ Rel ⎟ ⎜ ⎟ u , (4.57)
⎝4 ⎠ ⎝ n + 1⎠
où le nombre de Reynolds du liquide circulant seul (Equation (4.26)) est calculé en utilisant le titre
(xbubble) et la vitesse massique (Gbubble) locaux propres aux bulles. En outre, une loi en un septième est
adoptée (n=7).

Comme le suggère Fukano et al. [238], les pertes de pression, dite de transition, ayant lieu lorsque le
film liquide est absorbé par un bouchon sont supposées identiques à la pression dynamique :
(u − u film )
2

∆Pt = ρ l
slug
. (4.58)
2
Le nombre de ces transitions « bulle-bouchon » par unité de longueur (Nt) est calculé avec la
corrélation suivante, obtenue à partir de nos données :
N t = [25,91 (1 − x x I / A )] 78,94 Relo [ −0 , 535
]. (4.59)

-139-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

4.4.5 Comparaison des différentes méthodes envisagées


Le mérite des différentes approches évoquées plus haut peut être évalué de manière quantitative, du
point de vue des écarts de prédiction moyennés sur l’ensemble des points comme le présente le
Tableau 4.6, ou bien détaillés selon la vitesse massique et la température de saturation comme le
présente la Figure 4.18. Une comparaison plus qualitative peut être faite d’après la Figure 4.19 qui
présente l’évolution des pertes de pression en fonction du titre pour différentes vitesses massiques.

Tableau 4.6 : Écarts de prédiction des différentes méthodes envisagées.


ξ [%] ξ [%] ζ 20 [%]
Méthode de prédiction
Approche Homogène -1,23 8,57 93,91
Approche de Lockhart-Martinelli 0,24 11,36 86,35
Approche linéaire -9,26 12,11 84,70
Approche phénoménologique 0,37 10,76 84,21

Approche homogène Approche de Lockhart−Martinelli


15 20
Tsat [°C] T [°C]
sat
−10 15 −10
10 −5 −5
0 0
Ecart relatif moyen [%]

Ecart relatif moyen [%]

10
5 5
5
5

0
0

−5

−5
−10

−10 −15
200 400 600 800 1000 1200 1400 200 400 600 800 1000 1200 1400
2
Vitesse massique [kg/m .s] Vitesse massique [kg/m2.s]

(a) (b)
Approche linéaire Approche phénoménologique
5 15

0
10
Ecart relatif moyen [%]

Ecart relatif moyen [%]

−5
5

−10
0
−15

Tsat [°C] −5 Tsat [°C]


−20
−10 −10
−5 −10 −5
−25 0
0
5 5
−30 −15
200 400 600 800 1000 1200 1400 200 400 600 800 1000 1200 1400
Vitesse massique [kg/m2.s] Vitesse massique [kg/m2.s]

(c) (d)
Figure 4.18 : Écarts de prédiction en fonction de la vitesse massique et de la température de
saturation pour les différentes approches envisagées. (a) Approche homogène ; (b) Approche de
Lockhart-Martinelli ; (c) Approche linéaire ; (d) Approche phénoménologique.

-140-
Pertes de pression / Chapitre 4

Tsat≈−5 °C − G≈200 kg/m2.s T ≈−5 °C − G≈600 kg/m2.s


sat
0.35 2
Mesures Incertitudes Mesures Incertitudes
1.8
0.3
1.6

0.25 1.4

−(dP/dz)f [bar/m]
−(dP/dz) [bar/m]

1.2
0.2
f

1
0.15
0.8

0.1 0.6
Approche homogène Approche homogène
0.4
Approche de Lockhart−Martinelli Approche de Lockhart−Martinelli
0.05
Approche linéaire 0.2 Approche linéaire
Approche phénoménologique Approche phénoménologique
0 0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
Titre Titre
(a) (b)
2
T ≈−5 °C − G≈1000 kg/m .s T ≈−5 °C − G≈1400 kg/m2.s
sat sat
4.5 8
Mesures Incertitudes Mesures Incertitudes
4 7

3.5
6

3
−(dP/dz) [bar/m]
−(dP/dz) [bar/m]

5
2.5
f
f

4
2
3
1.5

2
1 Approche homogène
Approche homogène
Approche de Lockhart−Martinelli Approche de Lockhart−Martinelli
0.5 Approche linéaire 1
Approche linéaire
Approche phénoménologique Approche phénoménologique
0 0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
Titre Titre
(c) (d)
Figure 4.19 : Variation des pertes de pression par frottement en fonction du titre, à -5 °C, pour les
nouvelles méthodes envisagées. (a) G=200 kg/m2.s ; (b) G=600 kg/m2.s ; (c) G=1000 kg/m2.s ; (d)
G=1400 kg/m2.s.

Le modèle homogène est sans doute le plus simple à mettre en œuvre. Malgré sa simplicité, il montre
les meilleures performances globales parmi les quatre approches proposées (Tableau 4.6) avec 94 %
des points prédits à 20 % près. Cela est dû à une bonne prédiction des pertes de pression à titre faible
ou modéré, hormis pour la vitesse massique de 200 kg/m2.s (Figure 4.18). En effet, c’est à titre faible
que l’écoulement est le plus homogène (écoulements de type intermittents). En revanche, à titre élevé,
cette méthode ne permet pas de prédire le maximum des pertes de pression (Figure 4.19) dont la sous-
estimation augmente avec la vitesse massique. Le titre correspondant à ce maximum, si il est sous-
estimé par le modèle homogène à -5 °C, est largement surestimé à 5 °C où il augmente avec la vitesse
massique avant de plafonner à un titre unitaire.

L’approche de Lockhart-Martinelli est un peu plus compliquée mais donne de bons résultats avec
0,24 % d’écart moyen et 86 % des points prédits à 20 % près (Tableau 4.6). Comme nous l’avons vu,
le titre correspondant au maximum des pertes de pression est bien prédit pour les températures de -10
et -5 °C mais ce n’est pas le cas pour les autres températures. En outre, la valeur maximale des pertes
de pression est surestimée pour la vitesse massique de 200 kg/m2.s et a tendance à être sous-estimée à
vitesse massique élevée (Figure 4.19), hormis à une température de -10 °C où la correspondance est
parfaite quelque soit la vitesse massique.

La méthode linéaire donne la meilleure correspondance qualitative puisque le maximum des pertes de
pression en fonction du titre est toujours prédit avec suffisamment de justesse. Néanmoins, les pertes
de pression sont en générale sous-estimées (Tableau 4.6) même si cette erreur tend à diminuer lorsque

-141-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

la vitesse massique augmente (Figure 4.18). Cela est dû à une mauvaise prédiction (sous-estimation)
des pertes de pression lorsque l’écoulement est totalement liquide ou bien totalement vapeur (Figure
4.19).

Le modèle phénoménologique donne des résultats acceptables (Tableau 4.6) mais cependant
insuffisants pour justifier la complexité de la méthode comparée aux autres approches. Les limites de
ce modèle apparaissent pour l’écoulement annulaire (x>0,5) où l’évolution des pertes de pression en
fonction du titre est trop rapide à faible vitesse massique. Cela conduit à une sous-estimation des
mesures à titre modéré (Figure 4.19). Par ailleurs, la valeur maximale des pertes de pression est prédite
de façon satisfaisante mais le titre correspondant n’est pas assez dépendant de la vitesse massique.
Malgré le nombre important de groupes adimensionnels testés pour corréler le facteur de frottement
annulaire, il semble que des améliorations puissent être encore apportées.

Pour conclure, l’approche linéaire donne le meilleur compromis entre les performances
« qualitatives » et la complexité de la méthode. La lacune du point de vue des performances
« quantitatives » peut être en partie comblée en améliorant la prédiction des pertes de pression à titre
nul et unitaire. Pour cela il est possible d’utiliser, d’une part, la nouvelle viscosité du modèle
homogène à la place de celle du liquide pour calculer les pertes de pression de l’écoulement
entièrement liquide (en supposant l’écoulement toujours turbulent) et, d’autre part, la viscosité définie
par Akers et al. [227] à la place de celle de la vapeur pour calculer les pertes de pression de
l’écoulement entièrement vapeur. De cette manière, 93,3 % des données peuvent être prédites à 20 %
près ; les écarts moyens et moyens en valeur absolue sont respectivement de -3,1 % et 8,4 %. Ces
écarts de prédiction sont comparables à ceux du nouveau modèle homogène avec de surcroît une
meilleures approche qualitative. De façon générale, notons que nos essais sont trop peu nombreux à
l’approche des titres nul et unitaire pour déterminer la zone de titre précise où une transition doit être
faite, d’une part, entre la viscosité du modèle homogène et celle du liquide et, d’autre part, entre la
viscosité de Akers et al. et celle de la vapeur. A défaut, il faut opérer une transition brutale aux titres
nul et unitaire.

4.5 Conclusion
Les pertes de pression ont été mesurées en conditions adiabatiques dans un tube de 0,529 mm, pour
des températures de saturation variant de -10 °C à 5°C et des vitesses massiques allant de 200 à 1400
kg/m2.s. Les résultats ont été comparés aux prédictions de plusieurs méthodes usuelles. Certaines
d’entre elles ont été améliorées pour correspondre aux conditions particulières de notre étude avec du
CO2.

Les modèles homogènes ainsi que les corrélations destinées aux micro-canaux ont tendance à sous-
estimer les pertes de pression. Cette tendance est d’autant plus forte que la température de saturation
diminue. Ainsi, les meilleures prédictions sont obtenues lorsque la température de saturation est de 5
°C. Ces méthodes sont donc d’autant plus adaptées que les propriétés des phases liquide et vapeur sont
proches. Parmi ces méthodes, celle de Zhang et Webb [166] ainsi que le modèle homogène utilisant la
viscosité du liquide montrent les écarts de prédiction moyens les plus favorables, proches de 20 % en
valeur absolue.

A l’inverse, les corrélations destinées aux macro-canaux sont généralement meilleures pour la
température de -10 °C. Elles ont tendance à surestimer les mesures lorsque la température de
saturation augmente, sans doute à cause des propriétés atypiques du CO2 à pression réduite élevée. La
corrélation de Müller-Steinhagen et Heck [160] s’avère être la plus robuste avec un écart moyen en
valeur absolue proche de 15 %.

D’après nos mesures, l’augmentation des pertes de pression avec le titre montre un point d’inflexion
pour les vitesses massiques les plus élevées. Nous avons montré que ce changement de tendance peut
être traité par une approche phénoménologique si on l’attribue à une modification du régime
d’écoulement, notamment à une transition entre un régime du type intermittent et un régime annulaire.

-142-
Pertes de pression / Chapitre 4

Cette approche offre des perspectives intéressantes mais elle mérite de s’appuyer sur une étude de
visualisation qui permettrait de définir une carte d’écoulement précise et éventuellement de quantifier
la fréquence des bulles en régime intermittent. De plus, le facteur de frottement pour le régime
annulaire, tel que nous avons pu le définir, montre des limites à faible vitesse massique.

D’autres approches plus simples ont également été proposées permettant de prédire plus de 85 % des
mesures à 20 % près : (i) une nouvelle viscosité du mélange diphasique a été définie pour le modèle
homogène, (ii) la méthode de Lockhart-Martinelli [151] a été adaptée en proposant un nouveau
paramètre C et (iii) une expression pour la valeur maximale des pertes de pression en fonction du titre
a été suggérée d’après la méthode de Revellin et Haberschill [230]. Parmi ces différentes approches, le
modèle linéaire (Revellin-Haberschill) est le plus efficace. Il permet de reproduire, par une méthode
simple, l’évolution des pertes de pression en fonction du titre tant du point de vue qualitatif
(localisation du maximum des pertes de pression) que quantitatif (93,3 % des données prédites à 20 %
près). Notons que l’ensemble des corrélations proposées dans cette étude fait intervenir la pression
réduite. Nous avons trouvé qu’il s’agissait d’une des grandeurs clés notamment pour prendre en
compte l’effet de la température. L’utilisation des propriétés physiques (densité, viscosité) n’a pas été
jugée pertinente étant donné qu’un seul fluide, le CO2, a été étudié. Aussi, l’ensemble de ces
corrélations n’est valable que pour ce fluide et pour les gammes de température et de vitesse massique
investiguées. L’extrapolation à un autre diamètre est également incertaine.

-143-
5
Échanges thermiques
Analyse des mesures et comparaison avec
les principales méthodes de prédiction.

-145-
Chapitre 5
Échanges thermiques

Ce chapitre a pour but de caractériser les échanges thermiques ayant lieu lors de l’évaporation du CO2
dans un tube de 529 µm de diamètre. Nous commençons tout d’abord par souligner les hypothèses ici
adoptées pour calculer le coefficient d’échange thermique à partir des mesures de pression et de
température. Ensuite, nous cherchons à déterminer l’influence de la température de saturation, de la
vitesse massique et de la densité de flux thermique sur les échanges thermiques. Puis, les prédictions
de plusieurs méthodes usuelles sont comparées à nos mesures. Il est ainsi possible de connaître leurs
limites mais aussi de souligner certaines approches prometteuses. En conséquence, une nouvelle
méthode de prédiction est proposée ; elle s’appuie sur la distinction possible de trois régimes
d’échange thermique. En fin de chapitre, nous aborderons la question de l’assèchement tel qu’il a pu
être observé lors de notre campagne d’essais.

5.1 Exploitation des mesures


Le coefficient d’échange thermique (α) est classiquement obtenu par la relation suivante :
q SM
α= , (5.1)
T p ,ext − Tsat − (∆T ) p
dont l’incertitude sur le résultat est détaillée dans l’Annexe A4. Tp,ext est la température de la paroi
extérieure du tube chauffé, directement mesurée, et (∆T)p est l’écart de température à travers
l’épaisseur de la paroi du tube, déterminé à partir des équations de conduction de la chaleur (3.62) et
(3.63). Tsat est la température de saturation du CO2. Elle doit être déterminée localement pour chaque
position, le long du tube, où la température de paroi est mesurée (thermocouple). Cependant, la
température de saturation (c.-à-d., la température à l’équilibre thermique) ne peut être directement
mesurée dans le fluide en raison de la taille du tube mais aussi parce que le CO2 n’est jamais
exactement à l’équilibre thermodynamique. Ainsi, la température de saturation doit être déduite des
mesures de pression (absolue et différentielle). Pour se faire, il est nécessaire d’avoir une estimation
locale de la pression dans le tube (en fonction de la position). Plusieurs hypothèses peuvent être
envisagées quant à l’évolution de la pression entre les deux prises de pression encadrant la section de
mesure. La question est de savoir si l’hypothèse d’une évolution linéaire de la pression est
représentative.

5.1.1 Longueur d’entrée liquide


Pour certains essais réalisés à des titres de vapeur faibles, le CO2 entre à l’état liquide dans la section
de mesure. En conséquence, il est nécessaire de déterminer la longueur que parcourt le fluide avant
d’atteindre l’état de liquide saturé, ainsi que les pertes de pression correspondantes. Le calcul est
effectué en deux étapes illustrées sur la Figure 5.1. La première étape concerne la longueur de tube
située entre la prise de pression d’entrée (notée PP1) et la première électrode (notée 1). Dans cette
section adiabatique seule la pression varie ; l’enthalpie est supposée constante et égale à l’enthalpie
d’entrée (hPP1). Les pertes de pression (∆P)1 entre ces deux points sont calculées en utilisant la
corrélation de Churchill [220] pour les fluides monophasiques. Une fois connue la pression (P1) au
niveau de l’électrode d’entrée, on en déduit les propriétés du liquide. Il est ainsi possible de réitérer le
calcul avec de nouvelles propriétés moyennes du fluide. La seconde étape concerne la longueur que
parcourt le CO2 liquide dans la section chauffée, jusqu’au point (noté Liq) où le titre
thermodynamique est nul. Cette longueur (LLiq) est déterminée par le bilan énergétique suivant :

-147-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

m CO 2 (hLiq − hPP1 )
LLiq = , (5.2)
q SM πDi
où hLiq est l’enthalpie du liquide saturé (x=0). Connaissant cette distance, il est possible de calculer la
chute de pression (∆P)Liq correspondante. Malgré le déclenchement possible de l’ébullition sous-
refroidie, le CO2 est ici considéré monophasique (corrélation de Churchill). On en déduit la pression
au point de saturation du liquide (PLiq) qui permet de réitérer le calcul avec une nouvelle enthalpie du
liquide saturé et de nouvelles propriétés moyennes du liquide sur cette longueur (Figure 5.1).

Initialisation
P1
hPP1, PPP1 Propriétés au point PP1 PLiq=P1
PLiq
Initialisation *
PLiq
P1=PPP1 Propriétés au point Liq xLiq=0

P1 ρLiq, µLiq
*
P1
hPP1 Propriétés au point 1 Propriétés moyennes ρ 1 µ1
ρ 1 µ1 ρ1/Liq, µ1/Liq
ρPP1, µPP1
Propriétés moyennes Calculs : Re, f G, k
ρPP1/1 µPP1/1
Calcul : LLiq [Equ. (5.2)] qSM, hPP1
hLiq
LPP1, G, k Calculs : Re, f, (ΔP)1
Calcul : (ΔP)Liq
(ΔP)1
P1*=PPP1-(ΔP)1
PLiq*=P1-(ΔP)Liq
P1 *
PLiq*
* non
P1 -P1< 1 Pa
non
LLiq*-LLiq< 1 µm
oui
oui
PLiq , LLiq

Figure 5.1 : Algorithme de calcul des pertes de pression et de la longueur de tube correspondantes au
CO2 circulant à l’état liquide.

5.1.2 Longueur diphasique

Hypothèse d’une évolution linéaire de la pression

Généralement, pour les essais en conditions diphasiques, on suppose que la pression évolue
linéairement en fonction de la distance (z). Si l’on considère la présente section de mesure (Chapitre 3)
dont les différentes dimensions sont rappelées sur la Figure 5.2, il vient :
LPP1 + z
P ( z ) = PPP1 − ∆P , (5.3)
LDP
à condition toutefois que le CO2 rentre dans la section de mesure à l’état diphasique. Si, en revanche,
le CO2 rentre dans la section de mesure à l’état liquide, la pression dans la partie diphasique de

-148-
Échanges thermiques / Chapitre 5

l’écoulement est obtenue par la même équation en remplaçant la pression PPP1 et les pertes de pression
totales (∆P) respectivement par
(PPP1 )tp = PPP1 − ((∆P )1 + (∆P )Liq ) (5.4)
et
(∆P )tp = ∆P − ((∆P )1 + (∆P )Liq ) , (5.5)
ainsi que les longueurs z, LPP1 et LDP respectivement par
z tp = z − LLiq ; (5.6)

(LPP1 )tp =0 ; (5.7)


et
(LDP )tp = LDP − (LPP1 + LLiq ). (5.8)

-(dP/dz)2
Sans entrée liquide x2
-(dP/dz)f
-(dP/dz)f , x

(
− d 2 P dzdx ) f

-(dP/dz)1 Avec entrée


x1 -(dP/dz)1 x1=0 liquide
LLiq [(∆P)Liq]
z
PP1 1 Liq 2 PP2

LPP1 Lq LPP2 z
[(∆P)1] LDP [∆P]

Figure 5.2 : Hypothèses faites sur l’évolution des pertes de pression linéiques par frottement.

Hypothèse d’une évolution non-linéaire de la pression

Pour vérifier dans quelle mesure l’hypothèse de linéarité est valable dans le cas des essais, et pour
évaluer quel est son impact sur la température de saturation calculée, nous avons adopté en
contrepartie deux hypothèses différentes, simples mais physiquement représentatives : (i) les pertes de
pression par frottement sont principalement influencées par la variation du titre et faiblement
influencées par la variation de la pression. Par ailleurs, dans une gamme de titre limitée, il est possible
de considérer que les pertes de pression linéiques (gradient de pression) par frottement sont une
fonction linéaire du titre ; (ii) le titre évolue essentiellement de façon linéaire en fonction de la
distance parcourue dans la partie chauffée de la section de mesure. En effet, l’analyse des pertes de
pression adiabatiques (Chapitre 4) montre que la variation du titre due aux pertes de pression seules
(flash) est de 0,005 dans les conditions les moins favorables sinon inférieure. En conséquence, d’après
ces deux hypothèses, nous pouvons présumer que les pertes de pression linéiques par frottement
(gradient de pression) évoluent de façon linéaire en fonction de la distance parcourue dans la partie
chauffée de la section de mesure.

Cette hypothèse est schématisée sur la Figure 5.2 où, en outre, les titres (x1 et x2) et les pertes de
pression linéiques par frottement ((dPdz)1 et (dPdz)2) sont supposés constants entre les prises de
pression (PP1 et PP2) et les électrodes (1 et 2). Dans ces sections adiabatiques, les titres x1 et x2 sont
respectivement égaux aux titres (xPP1 et xPP2) déterminés à l’entrée et à la sortie de la section de
mesure, à l’emplacement des prises de pression PP1 et PP2, et calculés par les Equations (4.3) et (4.4).
En considérant ces hypothèses, la chute de pression par frottement depuis l’entrée de la section de

-149-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

mesure jusqu’à la position z est obtenue par intégration des pertes de pression linéiques et prend la
forme d’un polynôme d’ordre deux :
⎛ P ⎞ ⎛⎜ x 2 − x1 ⎞⎟⎛ 1 2 ⎞
2
(∆P ) f ( z ) = ⎛⎜ − dP ⎞⎟ (LPP1 + z ) + ⎜⎜ − d ⎟⎟
⎜ ⎟⎜
z ⎟ , (5.9)
⎝ dz ⎠1 ⎝ dzdx ⎠ f ⎝ Lq ⎠⎝ 2 ⎠
où (dP/dzdx)f est la dérivée des pertes de pression linéiques par frottement en fonction du titre, évaluée
au titre moyen dans la section de mesure, 0,5×(x1 + x2). Cette dérivée est obtenue en ajustant un
polynôme d’ordre deux, par la méthode des moindres carrés, sur les données de pertes de pression
obtenues en conditions adiabatiques pour chaque vitesse massique et chaque température de saturation
en jeux. Les pertes de pression linéiques par frottement (dPdz)1 dans la zone adiabatique à l’entrée de
la section de mesure dépendent des pertes de pression totales par frottement (∆P)f :
⎛ dP ⎞ ( )
(∆P ) f − − d 2 P dzdx f (x 2 − x1 )(0,5 Lq + LPP 2 )
⎜− ⎟ = , (5.10)
⎝ dz ⎠1 LPP1 + Lq + LPP 2
avec
(∆P ) f = ∆P − (∆P )a , (5.11)
où (∆P)a correspond aux pertes de pression totales par accélération (sur la longueur LDP) obtenues par
l’Equation (4.2).

La pression dans la section de mesure est déterminée à chaque position d’un thermocouple en faisant
la somme des chutes de pression par frottement et par accélération :
P ( z ) = PPP1 − (∆P ) f ( z ) − (∆P )a ( z ) , (5.12)
où la chute de pression par accélération entre l’entrée de la section de mesure et la position z, (∆P)a(z),
est déterminée comme suit :
⎡ G 2 x 2 G 2 (1 − x )2 ⎤
(∆P )a ( z ) = ⎢ + ⎥
⎣ ρ vε ρ l (1 − ε ) ⎦ z
. (5.13)
⎡ G 2 x 2 G 2 (1 − x )2 ⎤
−⎢ + ⎥
⎣ ρ vε ρ l (1 − ε ) ⎦ PP1
Dans cette expression, le taux de vide (ε) de Steiner [49] (Equ. (4.7)) est utilisé et le titre
thermodynamique (x) pour une position z donnée est calculé de la manière suivante :
h( z ) − hl
x( z ) = , (5.14)
hlv P=P( z )

où l’enthalpie du CO2 à la position z est issue du bilan énergétique :


QPC + Q fuites , PC + Q fuites , SM , e + q SM πDi z
h( z ) = hPC , e + , (5.15)
m CO 2
avec hPC, e l’enthalpie du CO2 liquide à l’entrée de la section de préchauffe.

Lors du calcul de la chute de pression par accélération, la quantité de mouvement à l’endroit de la


première prise de pression (second terme de l’Equation (5.13)) est évaluée en utilisant une pression
mesurée. Néanmoins, une estimation de la pression est nécessaire pour déterminer les propriétés et la
quantité de mouvement à une position z données. Ainsi, une première évaluation de la pression dans la
section de mesure peut être faite en supposant que la chute de pression par accélération évolue de
façon linéaire, soit :
LPP1 + z
(∆P )a ( z ) = (∆P )a . (5.16)
LDP

-150-
Échanges thermiques / Chapitre 5

Ensuite, un processus itératif permet de calculer successivement la pression (Equation (5.12)), les
propriétés du CO2 et les chutes de pression par accélération (Equation (5.13)) ; cette dernière est
d’ailleurs principalement dépendante de la densité de la phase vapeur. Dans l’équation (5.12), notons
que la chute de pression par frottement n’est pas affectée par la pression (hypothèse de départ),
contrairement à la chute de pression par accélération. Au final, nous avons effectué le nombre
d’itérations nécessaires pour que l’écart de pression entre deux calculs successifs soit inférieur à 1 Pa
(0,01 mbar).

Dans le cas où le CO2 rentre dans la section de mesure à l’état liquide, la même procédure (des
Equations (5.9) à (5.13)) peut être utilisée pour déterminer la pression dans la zone diphasique du tube,
à condition d’utiliser les grandeurs (PPP1)tp, (∆P)tp, ztp, (LPP1)tp, (LDP)tp, ainsi que
(L ) q tp = Lq − LLiq (5.17)

au lieu de PPP1, ∆P, z, LPP1, LDP et Lq respectivement. En outre, il faut considérer que x1 ou xPP1 sont
nuls.

Comparaison des deux hypothèses

La Figure 5.3 montre, dans un cas typique, l’évolution de la pression de saturation en fonction de la
position selon les deux hypothèses, linéaire (Equation (5.3)) et non linéaire (Equation (5.12)),
évoquées plus haut. Si l’on simplifie le problème en supposant que la chute de pression par
accélération se repartît linéairement, alors l’écart entre les pressions prédites (δPsat) est uniquement dû
à la différence de modélisation des pertes de pression par frottement. En soustrayant les équations
(5.3) et (5.12) il devient alors possible d’écrire une expression analytique simple de cet écart de
prédictions. Si en outre les longueurs LPP1 et LPP2 sont supposées identiques on trouve que l’écart
maximal de prédictions a lieu au milieu de la section chauffée et prend la forme suivante :
⎛ d 2P ⎞ ⎛ L − 0,5 Lq ⎞
(δPsat )max = ⎜⎜ − ⎟⎟( x 2 − x1 )⎜⎜ DP ⎟⎟ . (5.18)
⎝ dzdx ⎠ ⎝ 4 ⎠
De cette expression abrégée, on peut déduire que l’écart maximal de pressions augmente
principalement, d’une part, lorsque la variation du titre dans la section chauffée s’accroît, et d’autre
part, lorsque la dérivée des pertes de pression linéiques en fonction du titre augmente. En outre, cette
dernière dérivée est essentiellement constante en fonction du titre pour une vitesse massique et une
température de saturation donnée (titres faibles et modérés), ce qui rend, a priori, peu sensible l’écart
de pressions au titre.
2 2
T ≈−5 °C − G≈600 kg/m .s − q ≈20 kW/m
sat SM
30.66

30.64

30.62

30.6 δP
sat
Psat [bar]

30.58

30.56

30.54

30.52

30.5 L
q

30.48
−20 0 20 40 60 80 100 120 140 160 180
Position (z) [mm]
Figure 5.3 : Comparaison entre les pressions de saturation calculées par les approches linéaire
(droite noire) et non-linéaire (courbe rouge) (titre moyen : 0,35).

-151-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

Ces tendances principales peuvent se retrouver sur la Figure 5.4 où l’on représente l’écart de pressions
traduit en termes d’écart de températures de saturation (δTsat) et déterminé à l’emplacement d’un
thermocouple proche du milieu de la section chauffée. L’écart de prédictions est d’autant plus
important que le flux de chaleur augmente et que la température de saturation est élevée, traduisant
bien l’effet d’une variation plus importante du titre dans la section de mesure. De plus, l’écart sur la
température de saturation s’accroît lorsque la vitesse massique augmente. Cela s’explique par une
dérivée plus importante des pertes de pression par frottement en fonction du titre à mesure que la
vitesse massique croît (cf. Chapitre 4), l’emportant d’ailleurs, dans l’Equation (5.18), sur une variation
plus faible du titre.

T ≈−10 °C Tsat≈0 °C
sat
0.03 0.012
2 2
qSM [kW/m ] q [kW/m ]
SM

10 10
0.025 0.01
20 20
30 30
0.02 0.008

[°C]
[°C]

0.015 0.006
sat
sat

δT
δT

0.01 0.004

0.005 0.002

0 0
200 400 600 800 1000 1200 1400 200 400 600 800 1000 1200 1400 1600
2
Vitesse massique [kg/m .s] Vitesse massique [kg/m2.s]

(a) (b)
Figure 5.4 : Écart sur la température de saturation en fonction de la vitesse massique et de la densité
de flux thermique (x≈0,3). (a) Tsat=-10 °C ; (b) Tsat=0 °C.

Sur l’ensemble des mesures concernant le thermocouple le plus proche du milieu de la section
chauffée, et donc le plus pessimiste, l’écart sur la température de saturation ne dépasse pas 0,03 K.
Cette valeur maximale reste faible comparée à l’incertitude que donne le capteur de pression absolue
sur la température de saturation et qui se situe autour de 0,09 K. Il faut en outre ajouter que pour 87 %
des mesures cet écart est inférieur à 0,015 K. Par ailleurs, si l’on traduit l’écart sur la température de
saturation en écart relatif sur le coefficient d’échange thermique, toujours pour le thermocouple le plus
pessimiste, on obtient des valeurs occasionnellement élevées (jusqu’à 6 %) lorsque le coefficient
d’échange thermique est très élevé (> 40 kW/m2.K) ; mais plus généralement l’écart sur le coefficient
d’échange thermique ne dépasse pas 2 % dans 88 % des cas et 1 % dans 69 % des cas. On en conclut
donc que dans les conditions de nos essais (diamètre, température, vitesse massique), avec du CO2,
l’hypothèse d’une évolution linéaire de la pression dans la section de mesure ne génère
vraisemblablement pas d’erreurs significatives sur la détermination du coefficient d’échange
thermique. Néanmoins, nous avons opté pour l’approche non-linéaire présentée plus haut, a priori plus
juste, afin d’évaluer successivement la température de saturation et le coefficient d’échange thermique.

5.2 Analyse préliminaire des résultats d’évaluation du coefficient


d’échange thermique
Les essais relatifs aux échanges thermiques ont été menés pour trois températures de saturation, -10, -5
et 0 °C, et pour des vitesses massiques variant de 200 à 1400 kg/m2.s. Trois densités de flux thermique
ont été testées, soit 10, 20 et 30 kW/m2. Le détail de la grille d’essais est donné dans le Tableau 5.1.
Notons que pour une vitesse massique de 200 kg/m2.s les essais n’ont pas été effectués aux flux
thermiques les plus élevés. En effet, dans ces conditions, le CO2 s’évapore presque totalement dans la
section d’essai. Or, un phénomène d’instabilité apparaît dans le même temps et donne lieu par moment
à une brusque diminution du débit, et à une augmentation soudaine des températures due à

-152-
Échanges thermiques / Chapitre 5

l’assèchement qui s’en suit. Ce mécanisme est peut-être à mettre en lien avec la longueur importante
de la section de préchauffe qui pourrait exacerber un phénomène oscillatoire dû à la compressibilité de
la vapeur. Il peut aussi s’agir de phénomènes induits par la géométrie spiralée de la section de
préchauffe qui provoquerait l’accumulation par gravité du liquide en partie basse lorsque le débit est
faible.

Tableau 5.1 : Grille d’essais pour l’évaluation des échanges thermiques.


G [kg/m2.s]
Tsat [°C] 200 400 600 800 1000 1200 1400
-10 10 ; 20 * x x x x x
-5 x x x x
0 10 * x x x x x x
* : A moins d’une indication contraire, trois densités de flux thermique ont été testées : 10, 20 et 30
kW/m2.

Lors de tests préliminaires, nous avons fait des mesures du coefficient d’échange thermique en
conditions post-assèchement. Or, les oscillations de grande amplitude de la température de paroi
survenant dans ces conditions se sont révélées préjudiciables pour les thermocouples. En effet, une
comparaison a posteriori des mesures de températures avant et après ces essais a montré une dérive de
certains thermocouples qui n’avait pas été observée jusqu’alors. D’après nous, cela est dû à la
détérioration de certains points de colle, et donc à un défaut de contact thermique. Pour cette raison, il
a été décidé de ne pas poursuivre les mesures post-assèchement. Ainsi, dans notre étude, les échanges
thermiques pour des titres supérieurs au titre de début d’assèchement n’ont pas été investigués.
Ajoutons que seules les mesures issues de trois thermocouples sont ici présentées, d’une part, parce
qu’elles présentent le meilleur degré de fiabilité et de reproductibilité, et d’autre part, parce que cela
permet d’améliorer la clarté des résultats présentés. Les thermocouples en question sont implantés
respectivement à 76,76 mm ; 93,36 mm et 141,66 mm de l’électrode d’entrée.

5.2.1 Influence de la vitesse massique


La Figure 5.5 montre l’évolution du coefficient d’échange thermique en fonction du titre pour
différentes vitesses massiques, et cela dans différentes conditions de température d’évaporation et de
densité de flux thermique. A titre de comparaison, l’intensité de l’ébullition nucléée prédite par la
corrélation de Cooper [135] est également représentée (αnpb). De façon générale, le coefficient
d’échange thermique augmente avec le titre et est plus élevé que ce que donnerait l’ébullition nucléée
seule. En cela il se distingue des mesures disponibles dans la littérature pour des micro-canaux de
diamètres plus importants ou bien pour des températures de saturation plus élevées, où l’échange
thermique évolue peu avec le titre et semble dominé par l’ébullition nucléée (Chapitre 2). Par ailleurs,
comme on peut l’observer sur la Figure 5.5, l’effet de la vitesse massique est différent selon l’intensité
du flux de chaleur appliqué.

(i) Lorsque la densité de flux thermique est la plus faible (Figure 5.5 a, b, c), le coefficient
d’échange thermique augmente régulièrement avec le titre. De plus, le coefficient d’échange
thermique s’accroît clairement lorsque la vitesse massique augmente. Cela reflète la part importante de
l’évaporation convective dans le mécanisme d’échange thermique. En outre, le coefficient d’échange
thermique est plus élevé à -10 °C qu’à 0 °C, ce qui semble confirmer cette hypothèse. En effet, lorsque
la température diminue, la densité de la vapeur décroît et sa vitesse augmente. Notons néanmoins que
pour une vitesse massique de 200 kg/m2.s le coefficient d’échange thermique évolue peu en fonction
du titre. En référence à une analyse macro-échelle basée sur l’écoulement annulaire, c'est-à-dire basée
sur les principes de suppression de l’ébullition nucléée et d’intensification de l’évaporation
convective, cela laisse à penser que l’évaporation convective est suffisamment faible pour laisser
l’ébullition nucléée dominer les échanges thermiques. Cependant, étant donnée la taille du tube et la
présence sans doute plus importante de l’écoulement intermittent (au sens de bulles confinées), le rôle
de l’ébullition nucléée peut être remis en cause.

-153-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

2
T ≈−10 °C − q ≈10 kW/m T ≈−10 °C − q ≈30 kW/m2
sat SM sat SM
50 50
2
G [kg/m .s]

Coefficient d’échange thermique [kW/m .K]


Coefficient d’échange thermique [kW/m2.K]

45 45

2
200
40 400 40
600
35 800 35

30 1000 30
1200
25 αnpb 25

20 20

15 15

10 10

5 5

0 0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
Titre Titre
(a) (A)
2 2
Tsat≈−5 °C − qSM≈10 kW/m Tsat≈−5 °C − qSM≈30 kW/m
50 50
2
G [kg/m .s]
Coefficient d’échange thermique [kW/m2.K]

45
Coefficient d’échange thermique [kW/m .K] 45
2

400
40 600 40
800
35 1200 35

30 αnpb 30

25 25

20 20

15 15

10 10

5 5

0 0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
Titre Titre
(b) (B)
Tsat≈0 °C − qSM≈10 kW/m2 T ≈0 °C − q
sat SM
≈30 kW/m2
50 50
G [kg/m2.s]
Coefficient d’échange thermique [kW/m .K]
Coefficient d’échange thermique [kW/m2.K]

45 45
2

200
40 400 40
600
35 35
800
30 1000 30
1200
25 1400 25
αnpb
20 20

15 15 G↑

10 10

5 5

0 0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
Titre Titre
(c) (C)
Figure 5.5 : Evolution du coefficient d’échange thermique en fonction du titre pour différentes vitesses
massiques. (a,b,c) qSM=10 kW/m2 ; (A,B,C) qSM=30 kW/m2 ; (a,A) Tsat=-10 °C ; (b,B) Tsat=-5 °C ; (c,C)
Tsat=0 °C.

(ii) En revanche, lorsque la densité de flux thermique est la plus élevée (Figure 5.5 A, B, C), le
coefficient d’échange thermique n’est plus véritablement influencé par la vitesse massique à titre
faible ou modéré puisque les courbes ont tendance à se superposer. A titre faible, le coefficient
d’échange est plus important lorsque la densité de flux thermique est plus élevée ce qui peut être

-154-
Échanges thermiques / Chapitre 5

interprété comme une amélioration de l’ébullition nucléée (analyse conventionnelle). Cependant, il


n’est pas possible d’identifier d’autres phénomènes usuels tels que la suppression de l’ébullition
nucléée (diminution du coefficient d’échange thermique lorsque la vitesse massique augmente), ou
l’intensification de l’évaporation convective (augmentation du coefficient d’échange thermique
lorsque la vitesse massique augmente). A titre élevé on décèle une augmentation du coefficient
d’échange thermique avec la vitesse massique pour une température de -10 °C (Figure 5.5A) juste
avant l’assèchement. C’est, en effet, à faible température et titre élevé que l’évaporation convective est
la plus importante en raison de la vitesse plus élevée de la phase vapeur. De plus, à -10 °C et -5 °C
(Figure 5.5 A et B), la courbe obtenue pour une vitesse massique de 1200 kg/m2.s se détache
clairement des autres courbes montrant une transition vers un échange thermique sans doute
exclusivement dominé par l’évaporation convective. Cela n’est pas observé à 0 °C (Figure 5.5C),
même pour une vitesse massique de 1400 kg/m2.s., sans doute parce que les propriétés du CO2
deviennent moins favorables à l’évaporation convective et parce que l’écoulement annulaire apparaît
plus tard.

Lorsque le titre est faible (<0,1), le coefficient d’échange thermique est comparable à la prédiction
donnée par la corrélation de Cooper [135] pour l’ébullition nucléée seule. On peut donc supposer que
l’ébullition nucléée prend une part importante dans les transferts thermiques. Cela est plausible dans la
mesure où le régime d’écoulement à bulles (ou à poches) présent à très faible titre le permet sans
doute. En revanche, à titre plus élevé, la présence de l’ébullition nucléée est plus difficilement
justifiable. En effet, comme nous l’avons vu au Chapitre 2, l’écoulement de CO2 présente un caractère
confiné dans un tube de 1 mm à 14,3 °C (Ozawa et al. [45]). A fortiori c’est le cas dans notre tube de
0,5 mm pour des températures allant de -10 à 0 °C. Une analyse macro-échelle est donc difficilement
transposable. Ainsi, même si la caractéristique des échanges thermiques laisse à penser que l’ébullition
nucléée est dominante dans certains cas – faible influence du titre et de la vitesse massique,
notamment à titre modéré lorsque le flux de chaleur est le plus élevé, ou bien pour la plus faible
vitesse massique lorsque le flux de chaleur est minimale –, une analyse détaillée montre que ce n’est
sans doute pas le cas. En effet, le coefficient d’échange thermique relatif à l’ébullition nucléée est
inférieur au coefficient d’échange thermique mesuré. On ne peut donc pas parler de domination de
l’ébullition nucléée. Il s’agit là plutôt d’une combinaison du phénomène d’évaporation convective
avec un autre mécanisme dépendant du flux de chaleur, peut être, comme le suggère Thome [44],
l’évaporation du fin film de liquide entourant les bulles allongées.

Lorsque le coefficient d’échange thermique augmente rapidement avec le titre et qu’il est dépendant
de la vitesse massique, on peut supposer que l’écoulement est essentiellement annulaire laissant
uniquement place à l’évaporation convective. En revanche, lorsque le coefficient d’échange thermique
est faiblement dépendant de la vitesse massique et qu’il augmente peu avec le titre, on peut présumer
que l’écoulement est de type à bouchons ou annulaire à bouchons. Alors la densité de flux thermique
(c.-à-d. l’intensité de l’évaporation) pourrait impacter la configuration de l’écoulement et les échanges
thermiques à travers la fréquence des bouchons de liquide. La présence d’ébullition nucléée dans les
bouchons de liquide n’est peut-être pas non plus à exclure. Notons qu’un saut brutal du coefficient
d’échange thermique a parfois été observé pour un titre situé entre 0,2 et 0,3 (Figure 5.5B). Cela
dénote sans doute un changement brusque de la configuration de l’écoulement et du mode de transfert
de chaleur.

Comme on peut le voir sur la Figure 5.5a (Tsat=-10 °C, qSM=10 kW/m2), au-delà d’une vitesse
massique de 400 kg/m2.s et pour un titre supérieur à 0,5, l’évolution du coefficient d’échange
thermique en fonction du titre au cours d’un même essai (augmentation du titre dans la section de
mesure), c’est à dire pour les trois thermocouples considérés, diffère de la tendance générale. Il semble
donc y avoir un effet de la longueur chauffée sur le coefficient d’échange thermique provenant sans
doute d’une évolution ou d’un établissement de la configuration de l’écoulement. Un phénomène
identique peut être observé à 0 °C pour un flux de chaleur faible (Figure 5.5c) et lorsque la vitesse
massique dépasse un seuil plus élevé (800 kg/m2.s). Cet effet de la longueur disparaît néanmoins
lorsque la densité de flux thermique augmente (Figure 5.5C).

-155-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

5.2.2 Influence de la température de saturation


Généralement, la température de saturation influence significativement les échanges thermiques car
elle modifie les propriétés thermophysiques du fluide. Dans le cas des macro-canaux, l’évaporation
convective est affectée par la vitesse (densité, viscosité) et la conductivité thermique des deux phases
alors que l’ébullition nucléée est influencée par la tension de surface et l’enthalpie de vaporisation.

Pour le micro-canal étudié, la Figure 5.6 montre l’influence de la température de saturation sur le
coefficient d’échange thermique pour deux vitesses massiques (1200 kg/m2.s et 600 kg/m2.s) et deux
densités de flux thermique (10 et 30 kW/m2). Dans les conditions où la vitesse massique est la plus
élevée et le flux de chaleur est le plus faible (Figure 5.6a), l’écoulement est vraisemblablement
principalement annulaire avec une dominance de l’évaporation convective. En effet, l’influence de la
température est conforme à la théorie usuelle (macro-échelle), soit une augmentation du coefficient
d’échange thermique lorsque la température diminue en raison d’une plus grande vitesse de la vapeur
et d’une conductivité thermique du film liquide plus importante. En revanche, lorsque le flux de
chaleur est plus important (Figure 5.6A) ou lorsque la vitesse massique est plus faible (Figure 5.6b), ce
comportement est moins évident.

G≈1200 kg/m2.s − q ≈10 kW/m2 G≈1200 kg/m2.s − q ≈30 kW/m2


SM SM
55 55
T [°C] T [°C]
Coefficient d’échange thermique [kW/m .K]

Coefficient d’échange thermique [kW/m .K]

sat sat
50 50
2

−10 −10
45 −5 45 −5
40 0 40 0

35 35

30 30

25 25

20 20

15 15

10 10

5 5

0 0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
Titre Titre
(a) (A)
2 2
G≈600 kg/m .s − qSM≈10 kW/m G≈600 kg/m2.s − q ≈30 kW/m2
SM
35 35
Tsat [°C]
Coefficient d’échange thermique [kW/m .K]
Coefficient d’échange thermique [kW/m .K]

2
2

30 −10 30
−5
0
25 25

20 20

15 15

10
Tsat [°C]
10
αnpb (Cooper) −10
−5
5 5
0
14,3 (Yamamoto 2007)
0 0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
Titre Titre
(b) (B)
Figure 5.6 : Evolution du coefficient d’échange thermique en fonction du titre pour différentes
températures de saturation. (a, A) G=1200 kg/m2.s ; (b,B) G=600 kg/m2.s ; (a, b) qSM=10 kW/m2 ;
(A, B) qSM=30 kW/m2.

-156-
Échanges thermiques / Chapitre 5

On voit d’ailleurs sur la Figure 5.6b (G=600 kg/m2.s, qSM= 10 kW/m2) que l’évaporation convective
« pure » ne semble pas persister à faible titre pour les températures de -5 °C et 0 °C car le coefficient
d’échange thermique garde une valeur élevée au lieu de décroître avec le titre. On peut ainsi postuler
que le régime à bouchons prend plus d’importance à mesure que la température augmente en raison
d’un rapport de densité plus faible entre le liquide et la vapeur. Par ailleurs, comme nous l’avons vu au
Chapitre 2, la transition entre les régimes à bouchons et annulaire à bouchons se fait à un titre qui
diminue lorsque la vitesse massique augmente. Cela peut expliquer la disparition de ce phénomène
pour une vitesse massique élevée (Figure 5.6a).

La Figure 5.6B montre l’influence de la température de saturation dans le cas où la densité de flux
thermique est la plus élevée et où la vitesse massique est modérée, c'est-à-dire dans le cas où le
transfert de chaleur n’est plus exclusivement convectif – au sens usuel, uniquement influencé par la
vitesse massique – mais aussi influencé par la densité de flux thermique. Les mesures de Yamamoto et
al. [56] effectuées à 14,3 °C dans un tube de diamètre proche de celui étudié (0,51 mm) sont aussi
représentées ainsi qu’une estimation théorique du transfert de chaleur par l’ébullition nucléée seule
(Cooper). Il apparaît que, quelque soit la température de saturation, la valeur du coefficient d’échange
à titre modéré est à peu près la même ; elle n’augmente pas (ou peu) avec la température comme c’est
le cas lorsque l’ébullition nucléée domine les échanges thermiques. En outre, à titre élevé (avant
l’assèchement) une augmentation du coefficient d’échange thermique en fonction du titre est observée
pour la température de 0 °C. Cette augmentation plus marquée à 0 °C existe aussi pour les vitesses
massiques de 400 et 800 kg/m2.s. Cela laisse à penser que l’intensification de la production surfacique
de vapeur améliore l’évaporation convective, sans doute par une modification de la configuration de
l’écoulement. En effet, le nombre d’ébullition augmente avec la température en raison d’une chaleur
latente de vaporisation plus faible. Néanmoins, cette augmentation du coefficient d’échange thermique
en fonction du titre ne se retrouve pas dans les mesures de Yamamoto et al. où l’influence du titre est
faible. Comme la prédiction de Cooper pour l’ébullition nucléée est proche de la valeur des mesures,
une contribution de l’ébullition nucléée est possible. Pour une température plus élevée (14,3 °C) les
propriétés du CO2 sont également moins favorables à l’évaporation convective.

5.2.3 Influence de la densité de flux thermique


L’influence de la densité de flux de chaleur sur le coefficient d’échange thermique est illustrée sur la
Figure 5.7 pour deux vitesses massiques (400 et 800 kg/m2.s) et pour les trois températures de
saturation investiguées (-10, -5 et 0 °C). Partant de l’hypothèse que l’ébullition nucléée joue un rôle
marginal dans les échanges thermiques, ces courbes peuvent être analysées en supposant que deux
types de régime d’évaporation convective coexistent : (i) L’un, fortement influencé par la vitesse
massique et le titre mais peu influencé par la densité de flux thermique. C’est le régime usuellement
rencontré dans les macro-canaux et attribué à l’écoulement annulaire. (ii) L’autre, fortement dépendant
de la densité de flux thermique et modérément influencé par le titre et la vitesse massique. Ce régime
est propre aux micro-canaux et va de pair avec l’importance que prend le régime d’écoulement à
bouchons lorsque le confinement augmente.

Lorsque la vitesse massique est faible (Figure 5.7 a, b et c), on voit clairement l’influence de la densité
de flux thermique sur le coefficient d’échange (régime ii). Le coefficient d’échange thermique
augmente avec le flux de chaleur et cet effet est d’autant plus important que la température de
saturation est élevée. Cette influence de la température est sans doute à mettre en lien avec l’intensité
de l’évaporation, représentée par le nombre d’ébullition. En effet, le nombre d’ébullition augmente
avec la température de saturation car la chaleur latente de vaporisation diminue. Par ailleurs, alors qu’à
0 °C le coefficient d’échange thermique est relativement indépendant du titre hormis à titre élevé, en
revanche à -10 °C le coefficient d’échange thermique augmente régulièrement avec le titre, et de façon
plus importante. Ces caractéristiques montrent bien qu’il s’agit là d’un phénomène d’évaporation
convective malgré le rôle joué par la densité de flux thermique.

-157-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

Tsat≈−10 °C − G≈400 kg/m2.s Tsat≈−10 °C − G≈800 kg/m2.s


40 40
2 2
qSM [kW/m ] qSM [kW/m ]
Coefficient d’échange thermique [kW/m2.K]

Coefficient d’échange thermique [kW/m2.K]


35 10 35 10
20 20
30 30 30 30

25 25

20 20

15 15

10 10

5 5

0 0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
Titre Titre
(a) (A)
T ≈−5 °C − G≈400 kg/m2.s T ≈−5 °C − G≈800 kg/m2.s
sat sat
40 40
q [kW/m2] q [kW/m2]
Coefficient d’échange thermique [kW/m .K]

Coefficient d’échange thermique [kW/m2.K]

SM SM
2

35 10 35 10
20 20
30 30 30 30

25 25

20 20

15 15

10 10

5 5

0 0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
Titre Titre
(b) (B)
Tsat≈0 °C − G≈400 kg/m2.s Tsat≈0 °C − G≈800 kg/m2.s
40 40
qSM [kW/m2] q [kW/m2]
Coefficient d’échange thermique [kW/m .K]

Coefficient d’échange thermique [kW/m2.K]

SM
2

35 35
10 10
20 20
30 30
30 30
25 25

20
20

15
15

10
10

5
5

0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 0
Titre 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
Titre
(c) (C)
Figure 5.7 : Evolution du coefficient d’échange thermique en fonction du titre pour différentes
densités de flux thermique. (a, b, c) G=400 kg/m2.s ; (A, B, C) G=800 kg/m2.s ; (a, A) Tsat=-10 °C; (b,
B) Tsat=-5 °C; (c, C) Tsat=0 °C.

-158-
Échanges thermiques / Chapitre 5

Pour une température de -10 °C (Figure 5.7 a et A), quand la vitesse massique augmente, le régime
d’évaporation convective dépendant du flux de chaleur disparaît en partie au profit d’un régime de
transfert thermique indépendant du flux de chaleur (régime i). L’influence de la densité de flux
thermique persiste uniquement à faible titre (<0,4). Comme nous l’avons déjà dit, cela peut être dû à
l’extension du régime annulaire à des titres plus faibles lorsque la vitesse massique est plus
importante. Pour la vitesse massique de 800 kg/m2.s (Figure 5.7 A), le titre pour lequel on passe d’un
type de régime (forte influence du flux thermique, faible influence du titre) à l’autre (forte influence
du titre, faible influence du flux thermique) semble augmenter avec la densité de flux thermique. Ce
phénomène paraît même plus prononcé pour une température de 0 °C (Figure 5.7C). On voit d’ailleurs
que, pour la densité de flux thermique la plus faible (toujours à 0 °C), l’évolution du coefficient
d’échange thermique en fonction du titre change brutalement quand la vitesse massique augmente
(Figure 5.7 c et C).

L’influence simultanée du titre et de la densité de flux thermique sur le coefficient d’échange


thermique peut également être interprétée comme une participation à parts égales des mécanismes
d’ébullition nucléée et d’évaporation convective. Cependant, une analyse corrélative des mesures par
le biais d’un modèle de superposition (ébullition-convection) ne permet pas de déterminer un facteur
de suppression de l’ébullition nucléée en dépendance évidente avec la vitesse massique (nombre de
Reynolds) comme c’est généralement le cas pour les macro-canaux. Si malgré la taille du canal, la
présence de l’ébullition nucléée peut encore être envisagée pour l’écoulement annulaire, par contre,
pour l’écoulement intermittent, la présence de petites bulles dans le fin film de liquide pris au piège
entre les bulles confinées et la paroi du tube est moins concevable. On peut toutefois l’imaginer dans
les bouchons de liquide. Ici nous adoptons plutôt la posture de Thome [44] dont le travail de
modélisation [101,239] montre que l’évaporation progressive du film entourant les bulles confinées et
réalimenté par les bouchons de liquide peut montrer les mêmes caractéristiques (influence de la
densité de flux thermique) que l’ébullition nucléée.

5.3 Comparaison des résultats expérimentaux avec les principales


méthodes de prédiction du coefficient d’échange thermique
Les mesures du coefficient d’échange thermique pré-assèchement ont été comparées aux prédictions
issues de plusieurs méthodes usuelles, parmi lesquelles certaines sont dédiées aux macro-canaux,
d’autres aux micro-canaux ou au CO2 en particulier. Le Tableau 5.2 donne les écarts moyens sur
l’ensemble des mesures, ainsi que le pourcentage de données prédites à 20 % près. La Figure 5.8
montre, dans des conditions typiques, l’évolution qualitative des prédictions en fonction du titre pour
les principales méthodes.

Parmi les corrélations généralement utilisées dans le cas des macro-canaux, celles de Chen [82], de
Jung et al. [111] et de Wattelet et al. [123] donnent les meilleurs résultats, prédisant plus de 60 % des
mesures à 20 % près (Tableau 5.2). Ce sont des modèles de superposition ou asymptotiques sommant
la contribution de l’ébullition nucléée et celle de l’évaporation convective. Les écarts moyens de
prédiction de la corrélation de Chen sont donnés sur la Figure 5.9 dans plusieurs gammes de titre
(intervalle de 0,05), en fonction de la vitesse massique et de la densité de flux thermique. On observe
(Figure 5.9a) une sous-estimation du coefficient d’échange thermique à titres élevés. Cela dénote une
sous-évaluation de la composante d’évaporation convective et notamment une mauvaise prise en
compte de son augmentation avec le titre. A titre faible, on note une surestimation du coefficient
d’échange thermique pour les vitesses massiques les plus élevées. Dans ces conditions, lorsque le titre
tend vers zéro, nos mesures montrent plutôt une convergence du coefficient d’échange thermique vers
la valeur que donnerait l’ébullition nucléée seule. Or, l’échange thermique par convection prend
théoriquement plus d’importance à mesure que la vitesse massique augmente. Dans les modèles de
superposition ou asymptotiques, la sommation de cette composante convective à la composante
d’ébullition nucléée peut expliquer la surestimation des données. Par ailleurs, la Figure 5.9b montre
une influence importante du flux de chaleur sur l’écart de prédiction pour les vitesses massiques les
plus faibles. Le fait qu’une plus grande densité de flux thermique aggrave la sous-estimation des

-159-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

Tableau 5.2 : Écarts de prédiction moyens des principales méthodes de


détermination du coefficient d’échange thermique.
ξ [%] ξ [%] ζ 20 [%]
Méthode de prédiction
Macro-canaux
Chen [82] -3,55 18,26 61,84
Jung et al. [111] -6,52 17,85 64,17
Wattelet et al. [123] -6,13 17,80 62,51
Gungor et Winterton (1986) [89] 22,69 32,67 43,59
Gungor et Winterton (1987) [107] -18,19 28,61 34,78
Kandlikar (Ffl=2,1) [110] 0,13 35,07 32,22
Shah [106] -33,29 34,62 20,47
Liu et Winterton [109] -38,30 41,77 19,52
Phénoménologique
Cheng et al. * [76] 15,27 22,65 53,97
Micro-canaux
Hihara et Tanaka * [59] -2,60 15,06 73,66
Choi et al. * [119] -9,90 17,99 61,18
Zhang et al. [131] -9,29 26,20 41,82
Wang et al. * [113] -17,39 21,25 46,15
Saitoh et al. [240] -19,20 26,18 38,66
Kandlikar et Steinke (Ffl=2,1) [132] -21,15 43,04 22,02
* : méthode dédiée au CO2

données laisse conclure qu’à faible vitesse massique le coefficient d’échange mesuré augmente plus
rapidement avec la densité de flux thermique que ne le prédisent les corrélations d’ébullition nucléée.
Notons que ces tendances illustrées pour la corrélation de Chen (Figure 5.9) sont également valables
pour les corrélations de Wattelet et al.[123], de Gungor et Winterton [89,107] et de Liu et Winterton
[109].

Dans les corrélations de Chen, de Wattelet et al. et de Jung et al., le facteur d’intensification de
l’évaporation convective (F) dépend uniquement de la variable de Lockhart-Martinelli en phases
turbulentes (Xtt) et prend une forme proche de la suivante :
F = 1 + C1 (1 X tt ) ,
m
(5.19)
qui donne une augmentation du coefficient d’échange thermique avec le titre (Figure 5.8a). En
revanche, les corrélations de Gungor et Winterton (1986 et 1987) incluent l’effet du flux thermique
dans leurs facteurs d’intensification. Les auteurs suggèrent en effet que la présence des bulles puisse
accroître la turbulence du film liquide. Ainsi, le nombre d’ébullition (Bo) est utilisé dans une forme
additive proche de la suivante :
F = 1 + C1 (1 X tt ) + C 2 Bo n .
m
(5.20)
Comme le montre la Figure 5.8b, dans les conditions de nos essais, cette formulation est moins
adaptée. En effet, le coefficient d’échange thermique prédit est faiblement dépendant du titre et
s’écarte de la tendance réelle. La première corrélation de Gungor et Winterton (1986), sous forme d’un
modèle de superposition, donne un coefficient d’échange thermique plus élevé que la seconde (1987)
qui est uniquement un modèle d’intensification sans contribution de l’ébullition nucléée. En outre,
dans la première corrélation de Gungor et Winterton (1986), le facteur C2 lié au nombre d’ébullition
(Equation (5.20)) est plus important que dans la seconde. Le fait que le facteur d’intensification ne
tende pas vers l’unité quand le titre approche zéro explique aussi en partie la surestimation du
coefficient d’échange thermique à faible titre, particulièrement importante pour la corrélation de
Gungor et Winterton (1986). Par ailleurs, l’augmentation du coefficient d’échange thermique avec le
titre est encore moins bien prédite par le modèle asymptotique de Liu et Winterton dans lequel le
facteur d’intensification est une fonction du titre et s’écrit

-160-
Échanges thermiques / Chapitre 5

T ≈−10 °C − G≈600 kg/m2.s − q ≈20 kW/m2


2 2
Tsat≈−10 °C − G≈600 kg/m .s − qSM≈20 kW/m
sat SM
40 40
Chen (1966) Gungor & Winterton (1986)

Coefficient d’échange thermique [kW/m .K]


Coefficient d’échange thermique [kW/m2.K]

Jung et al. (1989) Gungor & Winterton (1987) Stratification

2
35 35
Wattelet et al. (1994) Liu & Winterton (1991)
30 Zhang et al. (2004) 30
Cheng et al. (2008)

25 25

20 20

15 15

10 10

(Nu ) =(Nu )
5 l tur l lam 5

Mesures Incertitudes Mesures Incertitudes


0 0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
Titre Titre
(a) (b)
T ≈−10 °C − G≈600 kg/m2.s − q ≈20 kW/m2 T ≈−10 °C − G≈600 kg/m2.s − q ≈20 kW/m2
sat SM sat SM
40 40
Kandlikar (1990), F =2.1 Choi et al. (2007)
Coefficient d’échange thermique [kW/m2.K]

fl Coefficient d’échange thermique [kW/m2.K]


35 Shah (1982) 35 Saitoh et al. (2007)
Kandlikar & Steinke (2003), Ffl=2.1
30 30

25 25

20 20

15 15

10 10

5 5 Re =1000
l
Mesures Incertitudes Mesures Incertitudes
0 0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
Titre Titre
(c) (d)
Figure 5.8 : Evolution du coefficient d’échange thermique prédit par différentes méthodes en fonction
du titre (Tsat=-10 °C ; G=600 kg/m2.s ; qSM= 20 kW/m2).

Chen (1966) Chen (1966)


40 20
Surestimation
30
de hcb 15

20 10
sous−estimation
de hcb
10 5
Ecart relatif [%]

Ecart relatif [%]

0 0
2
G [kg/m .s]
−10 −5
200
−20 400 −10
600 qSM [kW/m2]
−30 800 −15
1000 10
−40 1200 −20
20
1400 30
−50 −25
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 200 400 600 800 1000 1200 1400
Titre Vitesse massique [kg/m2.s]
(a) (b)
Figure 5.9 : Evolution des écarts de prédiction pour la méthode de Chen [82] (a) en fonction du titre
pour différentes vitesses massiques et (b) en fonction de la vitesse massique pour différentes densités
de flux thermique.

-161-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

(1 + x Prl (ρ l ρ v − 1))m . (5.21)


Cette mauvaise correspondance provient peut être des propriétés particulières du CO2 (nombre de
Prandtl et rapport de densité) par rapport de celles des fluides frigorigènes conventionnels (R-11, R-
12, R-22, R-113 et R-114) utilisés pour établir cette corrélation.

Dans les corrélations précitées, le facteur de suppression de l’ébullition nucléée (S) s’écrit
généralement sous la forme
1
S= n
, (5.22)
1 + C1 F m Rel
dérivée de l’expression originale de Chen [82] où le nombre de Reynolds diphasique (Retp) est utilisé :
Re tp = Rel F 1, 25 . (5.23)
Ce n’est pas le cas pour le modèle asymptotique de Wattelet et al. [123] où aucune suppression de
l’ébullition n’est appliquée, ni pour le modèle de superposition de Jung et al. [111] qui utilise une
équation différente pour décrire la suppression en incluant le nombre d’ébullition :
m
S = C1 X tt Bo n . (5.24)
Cette particularité explique pourquoi les écarts de prédictions se répartissent différemment dans le cas
de cette corrélation. Comme l’illustre la Figure 5.10a, l’écart de prédictions reste faible (<10 %) pour
les vitesses massiques les plus élevées, indépendamment du titre. La surestimation du coefficient
d’échange thermique à faible titre est moins forte que pour la corrélation de Chen (Figure 5.9a) en
raison d’une suppression importante de l’ébullition nucléée (valeur faible de S) (Figure 5.8a) même à
titre faible. L’influence limitée du titre sur l’écart de prédiction montre une bonne prise en compte de
l’évaporation convective. En outre, la sous-estimation des données à faible vitesse massique provient
de ce que la valeur de S prédite est faible même à faible vitesse massique. Or, nos mesures montrent,
dans ces conditions, un coefficient d’échange thermique plus élevé que ce que donnerait l’évaporation
convective (annulaire) seule et qui est fortement influencé par le flux thermique.

Le modèle phénoménologique de Cheng et al. [76] (Annexe A1) inclus de façon asymptotique les
effets de l’ébullition nucléée et de l’évaporation convective. Le facteur de suppression de l’ébullition
nucléée est une fonction du diamètre qui s’approche de l’unité pour notre tube (pas de suppression).
La carte de Cheng et al. [55] prévoit principalement un écoulement annulaire pour les vitesses
massiques investiguées et l’évaporation convective est déterminée par un modèle d’échange thermique
par convection à travers le film liquide. Cette méthode a été comparée à nos mesures pré-assèchement
en annulant dans le modèle l’effet de l’assèchement. Malgré cela, pour la vitesse massique la plus
faible (200 kg/m2.s), la carte d’écoulement associée prévoit une transition vers un écoulement stratifié
à vagues pour un titre inférieur à celui qui correspond à l’assèchement d’après nos mesures. Comme le
montre la Figure 5.10b, le modèle surestime le coefficient d’échange thermique pour les vitesses
massiques les plus élevées (20 %) où l’échange thermique se fait principalement par évaporation
convective peu influencée par le flux thermique. Cet écart est dû à l’effet combiné d’une ébullition
nucléée non supprimée et d’une composante d’évaporation convective surévaluée notamment à titre
élevé (Figure 5.8b). On voit donc que ce modèle initialement dérivé de concepts macro-échelle n’est
sans doute pas extensible aux cas des micro-canaux où le confinement de l’écoulement élimine tout
phénomène de stratification et favorise l’écoulement à bouchons. La prise en compte de l’ébullition
nucléée n’est probablement pas non plus appropriée.

Les modèles d’intensification de Shah [106] et de Kandlikar [110] donnent de mauvais résultats
(Tableau 5.2) sur nos mesures. Pour le modèle de Shah, il s’agit de prendre le maximum de deux
facteurs d’intensification, l’un correspondant à l’ébullition nucléée, l’autre correspondant à
l’évaporation convective ; l’expression de ces facteurs change selon la gamme dans laquelle de situe le
nombre de convection (Cv) et qui s’écrit :

-162-
Échanges thermiques / Chapitre 5

Jung et al. (1989) Cheng et al. (2008)


50 80
2
G [kg/m .s]
40 200 60
400
30
600
40
20 800

Ecart relatif [%]


1000
Ecart relatif [%]

10 1200 20
1400 2
0 G [kg/m .s]
0 200
−10
400
−20 −20 600
800
−30 1000
−40
1200
−40
1400
−50 −60
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
Titre Titre
(a) (b)
Kandlikar & Steinke (2003) Hihara & Tanaka (2000)
150 70
2 2
F =2,1 G [kg/m .s] G [kg/m .s]
fl 60
200 200
100 400 50 400
600 600
40 800
800
Ecart relatif [%]
Ecart relatif [%]

50
1000 30
1000
1200 1200
1400 20 1400

0 10

−50 −10

−20

−100 −30
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
Titre Titre
(c) (d)
Figure 5.10 : Evolution des écarts de prédiction moyens en fonction du titre pour différentes vitesses
massiques et pour les méthodes (a) de Jung et al. [111], (b) de Cheng et al. [76], (c) de Kandlikar et
Steinke [132], et (d) de Hihara et Tanaka [59].

0 ,8 0,5
⎛1− x ⎞ ⎛ ρv ⎞
Cv = ⎜ ⎟ ⎜⎜ ⎟⎟ . (5.25)
⎝ x ⎠ ⎝ ρl ⎠
D’après la corrélation, lorsque le titre est inférieur à une certaine valeur, c’est l’ébullition nucléée qui
domine. Dans ce cas, le facteur d’intensification dépend uniquement du nombre d’ébullition. Or
l’expression utilisée sous-estime le coefficient d’échange thermique, comme on le voit sur la Figure
5.8c, et varie peu en fonction du flux de chaleur. Par contre, au-delà d’un certain titre, l’évaporation
convective prend le dessus. Elle est prédite par le biais d’un facteur d’intensification uniquement
dépendant du nombre de convection. Là encore, le coefficient d’échange thermique est sous-estimé.
Par ailleurs, le flux de chaleur n’intervient pas alors que nos mesures montrent une dépendance vis-à-
vis de cette grandeur notamment pour les vitesses massiques les plus faibles.

La corrélation de Kandlikar [110] fonctionne selon le même principe que celle de Shah dans la mesure
où c’est le maximum entre deux facteurs d’intensification qui prévaut. En revanche, ces deux
expressions sont valables quelque soit le titre et ont la même forme suivante :
α
= C1Cv C + C 3 Bo C F fl ,
2 4
(5.26)
αl

-163-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

où αl est le coefficient d’échange thermique de la phase liquide circulant seule. Il s’agit de la somme
de deux termes ; l’un est fonction du nombre d’ébullition, l’autre est fonction du nombre de
convection. Deux séries de coefficients C1, C2, et C3 sont utilisées et donnent plus ou moins
d’importance à l’un ou l’autre terme selon que le facteur d’intensification représente un écoulement
dominé par l’évaporation convective ou bien dominé par l’ébullition nucléée. Le coefficient C4 vaut
toujours 0,7 ce qui donne une dépendance vis à vis de la densité de flux thermique proche de celle des
corrélations d’ébullition nucléée. Le facteur Ffl représente l’effet du fluide sur la composante
d’ébullition nucléée. Il a été déterminé pour un certain nombre de fluides frigorigènes conventionnels
mais ce facteur n’est pas précisé pour le CO2. D’après nos mesures, une valeur de 2,1 permet toutefois
d’atteindre un écart moyen de prédiction proche de zéro. Néanmoins, comme le montre la Figure 5.8c,
l’évolution du coefficient d’échange thermique en fonction du titre est mal reproduite. La décroissance
du coefficient d’échange thermique avec le titre s’aggrave lorsque la densité de flux thermique
augmente ; cette tendance est due à une trop grande importance du nombre d’ébullition par rapport au
nombre de convection. En outre, cela se traduit par une surestimation du coefficient d’échange
thermique à faible titre lorsque, d’après la corrélation, l’ébullition nucléée domine.

Comme le montre le Tableau 5.2 les corrélations spécialement dédiées aux micro-canaux ont tendance
à sous-estimer nos mesures du coefficient d’échange thermique. Plusieurs de ces corrélations ont été
développées en modifiant des corrélations habituellement utilisées pour les macro-canaux. C’est par
exemple le cas pour la corrélation de Kandlikar et Steinke [132] qui s’appuie sur celle de Kandlikar
[110] et dont la forme modifiée est la suivante :
α
= (C1Cv C + C 3 Bo C F fl )(1 − x ) ,
0 ,8
2 4
(5.27)
α lo
où les coefficients C1, C2, C3 et C4 gardent leurs valeurs initiales. Dans la corrélation d’origine
(Equation (5.26)), le coefficient d’échange thermique de la phase liquide circulant seule (αl) est calculé
avec la corrélation de Dittus-Boelter [223] qui suppose donc un écoulement turbulent. D’après
Kandlikar et Steinke, dans le cas des micro-canaux, l’écoulement est plus souvent laminaire ou en
phase de transition ; il faut donc prendre en compte cet effet. En conséquence, la corrélation de
Kandlikar est modifiée de façon à faire apparaître le coefficient d’échange de la phase liquide circulant
au débit total (αlo). Ainsi, lorsque l’écoulement (considéré totalement liquide) est laminaire, un nombre
de Nusselt constant est considéré (Nu=4,36), alors qu’en régime turbulent, la corrélation de Gnielinski
[222] est suggérée. A partir de l’analyse des données expérimentales issues de plusieurs études, les
auteurs proposent de considérer un écoulement turbulent lorsque le nombre de Reynolds de
l’écoulement totalement liquide (Relo) est supérieur à 3000 et un écoulement laminaire lorsque
Relo<1600. Pour autant, aucune précision n’est donnée sur l’interpolation à réaliser entre ces deux
valeurs, dans la zone de transition. Nous avons donc ici opté pour un changement brutal de régime
ayant pour seuil Relo=2300. La Figure 5.8c illustre l’effet de ces modifications (courbe bleu) en
référence à la corrélation initiale de Kandlikar et en gardant le même facteur dépendant du fluide
(Ffl=2,1). On voit qu’utiliser la corrélation de Gnielinski aggrave la sous-estimation des mesures.
Comme le montre la Figure 5.10c, le coefficient d’échange thermique est encore plus faible lorsque
l’écoulement est supposé laminaire (G=200 kg/m2.s et G=400 kg/m2.s). Or, il faut remarquer que cette
chute du coefficient d’échange thermique ne trouve aucune correspondance avec nos mesures.

Zhang et al. [131] ont pour leur part adapté la corrélation de Chen [82] en partant du constat que le
facteur d’intensification (F) défini par Chen peut être également corrélé en fonction du multiplicateur
diphasique de frottement (Φ2l, tt) en phases turbulentes (et non plus Xtt) tel que :

( )
F = C1 φl2,tt
m
, (5.28)
où,
20 1
φl ,tt 2 = 1 + + 2 ; (C tt = 20) . (5.29)
X tt X tt
Il ont ensuite généralisé cette relation en considérant la variable de Lockart-Martinelli (X) quelque soit
le régime des deux phases :

-164-
Échanges thermiques / Chapitre 5

0,5 0,5
⎛ f ⎞ ⎛1 − x ⎞ ⎛ ρv ⎞
X = ⎜⎜ l ⎟⎟ ⎜ ⎟ ⎜⎜ ⎟⎟ , (5.30)
⎝ fv ⎠ ⎝ x ⎠ ⎝ ρl ⎠
et en utilisant le paramètre de Chisholm (C) tel que défini, en fonction du régime, pour la corrélation
de Lockart-Martinelli [151] pour les pertes de pression. Le régime des phases liquide et vapeur est
déterminé en fonction de leurs nombres de Reynolds respectifs (Rel et Rev) ; il est considéré laminaire
lorsque Re<1000 et turbulent lorsque Re>2000. Entre ces deux valeurs, le facteur de frottement et le
paramètre de Chisholm sont déterminés par une interpolation linéaire. D’autre part, pour déterminer la
composante d’évaporation convective, le coefficient d’échange thermique de la phase liquide circulant
seule est évalué en prenant la valeur maximale soit donnée par la corrélation de Dittus-Boelter soit par
l’expression pour le régime laminaire (Nu=4,36). La Figure 5.8a permet de comparer les résultats de la
corrélation de Chen avec ceux de la nouvelle version généralisée de Zhang et al. D’après la corrélation
pour micro-canaux (courbe bleu), la laminarisation de l’écoulement du liquide conduit à une
augmentation moins importante du coefficient d’échange thermique avec le titre, voir à une diminution
pour les titres modérés. Or, cet effet n’est pas observé sur nos mesures ce qui conduit à une sous-
estimation par ce modèle. Par ailleurs, le coefficient d’échange thermique prédit par la corrélation de
Zhang et al. augmente brutalement pour les titres élevés. Cela provient de ce que le coefficient
d’échange thermique de la phase liquide est déterminé par l’expression pour le régime laminaire. En
effet, celui ci ne décroît pas avec le titre comme c’est le cas pour la corrélation de Dittus-Boelter où
Rel intervient. Sur l’ensemble de nos données, la corrélation de Zhang et al. n’apporte pas
d’améliorations puisque l’écart moyen en valeur absolue passe de 18 % à 26 % (Tableau 5.2).

Dans le même ordre d’idées, Saitoh et al. [240] ont établi une corrélation pour le R-134a à partir de
données issues de leurs expériences réalisées dans des tubes de 0,51 à 3,1 mm mais provenant
également d’autres études concernant des tubes plus grands (jusqu’à 11 mm). La méthode proposée est
un modèle de superposition inspiré de celui de Chen. Le nombre de Weber de la phase vapeur (Wevo)
est utilisé dans la détermination du facteur d’intensification (F) de façon à prendre en compte l’effet
du diamètre. Ainsi,
n
⎛ 1 ⎞⎛ 1 ⎞
F = 1 + ⎜⎜ ⎟⎟⎜ ⎟ . (5.31)
⎝ 1 + Wevo
m
⎠⎝ X ⎠
Dans la méthode de Saitoh et al., la phase vapeur est toujours considérée turbulente. La phase liquide
passe quant à elle du régime laminaire au régime turbulent lorsque Rel=1000. Le facteur de frottement
(c.-à-d. X) ainsi que le coefficient d’échange thermique de la phase liquide sont déterminés en fonction
du régime. Comme l’illustre la Figure 5.8d, le passage du régime turbulent au régime laminaire
(lorsque x augmente) correspond à une chute du coefficient d’échange thermique, qui comme pour la
corrélation de Zhang et al. [131], ne trouve pas de contrepartie dans nos mesures et conduit à une sous
estimation du coefficient d’échange thermique à titre élevé. D’après le Tableau 5.2, la corrélation de
Saitoh et al. ne donne pas de meilleurs résultats que celle de Zhang et al.

Plusieurs corrélations ont été élaborées à l’issu d’expériences portant spécifiquement sur l’évaporation
du CO2 dans des micro-canaux. Il s’agit de celles proposées par Choi et al. [119], Hihara et Tanaka
[59] et Wang et al. [113]. Ces méthodes de prédiction sont détaillées dans l’Annexe A1. Choi et al. ont
mesuré le coefficient d’échange thermique du CO2 s’évaporant dans des tubes de 1,5 et 3 mm. Tout
comme Zhang et al. [131], ils en ont déduit un modèle de superposition du type de celui de Chen [82]
où le multiplicateur de frottement diphasique (Φ2l) est utilisé plutôt que la variable de Lockart-
Martinelli pour la détermination du facteur d’intensification (F) de l’évaporation convective. L’effet
du confinement est pris en compte en considérant le régime, laminaire ou turbulent, de chacune des
phases. Pour se faire, le paramètre de Chisholm (C) est déterminé en fonction du nombre de Reynolds
des deux phases (de la même manière que pour la corrélation de Zhang et al.). Néanmoins, la variable
de Lockhart-Martinelli est toujours égale à celle des deux phases prises turbulentes (Xtt) et le
coefficient d’échange thermique de la phase liquide circulant seule est calculé avec la corrélation de
Dittus-Boelter quelque soit le régime. A l’instar des autres corrélations destinées aux micro-canaux,
lorsque la phase liquide est supposée devenir laminaire à titre élevé, cela se traduit par une sous-
estimation du coefficient d’échange thermique. D’après le Tableau 5.2, cette corrélation donne des

-165-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

écarts de prédiction comparables à ceux des meilleures corrélations pour macro-canaux (Chen [82],
Jung et al. [111] et Wattelet et al. [123]). Cela reste acceptable si l’on considère que nos essais ont été
faits dans un tube relativement petit par rapport aux tubes utilisés à l’origine par les auteurs.

La meilleure prédiction parmi les corrélations testées (Tableau 5.2) est donnée par celle de Hihara et
Tanaka [59] avec 74 % des données prédites à 20 % près. Cela rejoint les conclusions de Yamamoto et
al. [56] qui trouvent également une bonne correspondance avec leurs mesures obtenues dans des tubes
de 0,51 et 1 mm à 14,3 °C. Cette bonne adéquation est remarquable étant donné que Hihara et Tanaka
ont fait leurs essais à plus haute température (15 °C) que pour notre étude, et dans un tube de plus
grand diamètre (1 mm). Par ailleurs, et surtout, la corrélation utilisée est relativement simple. Il s’agit
de l’équation de Schrock-Grossman [114], une des plus anciennes méthodes d’intensification dont
l’expression est rappelée ici :

α ⎡ ⎛ 1 ⎞
2/3

= K 1 ⎢ Bo × 10 4 + K 2 ⎜⎜ ⎟⎟ ⎥, (5.32)
α lo ⎢ ⎝ X tt ⎠ ⎥⎦

où αlo est le coefficient d’échange thermique du liquide circulant au débit total, calculé par l’équation
de Dittus-Boelter. A partir de leurs données, Hihara et Tanaka proposent les valeurs suivantes pour les
coefficients K1 et K2 :
K 1 = 1,47 , K 2 = 0,63 . (5.33)
Comme le montre la Figure 5.10d, pour les vitesses massiques les plus élevées, la corrélation de
Hihara et Tanaka sous-estime nos mesures à titre faible et modéré, et les surestime à titre élevé. Il
semble donc que cette corrélation ne puisse pas reproduire fidèlement l’évolution du coefficient
d’échange thermique en fonction du titre lorsque le régime d’évaporation convective du type annulaire
domine.

Par la suite, Wang et al. [113] ont utilisé des données supplémentaires produites par le même
laboratoire pour des diamètres différents (0,7 ; 2 et 4 mm) afin d’établir un modèle de superposition.
Un certain nombre de coefficients est introduit dans les équations pour prendre en compte l’effet du
diamètre. Etant donné que ces coefficients sont discrets, nous avons pris les valeurs données pour le
tube de 0,7 mm. La comparaison avec nos mesures montre une sous-estimation de 17 % en moyenne,
vraisemblablement due à un facteur de suppression (S) trop faible (suppression élevée). Ainsi, cette
corrélation n’apporte pas d’améliorations par rapport à celle de Hihara et Tanaka [59].

5.4 Étude corrélative des échanges thermiques

5.4.1 Première approche : modification de méthodes existantes


Comme nous l’avons vu, la corrélation de Choi et al. [119] présume que la phase liquide peut devenir
laminaire et influencer le coefficient d’échange thermique. Cela est pris en compte par le biais du
paramètre de Chisholm (C). Or, nos mesures ne semblent pas dépendantes de ce phénomène. Dans les
conditions de nos essais, il est donc possible d’améliorer la corrélation de Choi et al. en supposant les
deux phases toujours turbulentes. Le paramètre de Chisholm prend donc une valeur unique :
C tt = 20 . (5.34)
Cette simple modification permet d’obtenir des performances similaires à celles de la corrélation de
Hihara et Tanaka [59] ; c'est-à-dire une erreur moyenne en valeur absolue proche de 14 % et plus de
70 % des mesures prédites à 20 % près (Tableau 5.3).

-166-
Échanges thermiques / Chapitre 5

Tableau 5.3 : Écarts de prédiction moyens des méthodes modifiées.


ξ [%] ξ [%] ζ 20 [%]
Méthode de prédiction
Choi et al. [119]
Originel -9,90 17,99 61,18
Modifié (C=20) -2,72 14,41 75,21
Hihara et Tanaka [59]
Originel -2,60 15,06 73,66
Modification (i) -4,33 14,69 73,93
Modification (ii) 7,04 15,38 74,82

Nous avons également cherché à savoir si la corrélation de Hihara et Tanaka [59] pouvait être
améliorée pour les conditions particulières de notre étude. Une première modification (i) consiste à
déterminer à nouveau les coefficients K1 et K2 de l’équation de Schrock-Grossman (Equation (5.32)) à
partir de nos données. Une régression par une méthode des moindres carrés donne :
K 1 = 1,69 , K 2 = 0,456 (5.35)
Par rapport aux coefficients d’origine (Equation (5.33)), ces nouvelles valeurs donnent plus
d’importance au terme dépendant du nombre d’ébullition (supposé représenter l’ébullition nucléée) et
moins d’importance au terme dépendant de la variable de Lockhart-Martinelli (supposé représenter
l’évaporation convective). Comme le montre la Figure 5.11a, cela permet de remédier en partie à la
surestimation du coefficient d’échange à titre élevé (Figure 5.10d). En contrepartie, une composante
d’évaporation convective plus faible se traduit, à titre modéré, par une sous-estimation renforcée du
coefficient d’échange thermique pour les vitesses massiques les plus élevées et, au contraire, à une
surestimation pour les vitesses massiques les plus faibles. Cette tendance peut être attribuée à
l’influence trop importante du nombre d’ébullition. Ainsi, sur l’ensemble des données, les nouvelles
valeurs de K1 et K2 n’améliorent pas la prédiction (Tableau 5.3).

Hihara & Tanaka (2000) modification (i) Hihara & Tanaka (2000) modification (ii)
40 50
G [kg/m2.s]
200
30 40
400
600
20 30 800
1000
Ecart relatif [%]

Ecart relatif [%]

10 20 1200
1400
0 10

−10 0

−20 −10

−30 −20
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
Titre Titre
(a) (b)
Figure 5.11 : Evolution des écarts de prédiction en fonction du titre pour différentes vitesses
massiques et pour deux versions modifiées de la méthode de Hihara et Tanaka [59].

Pour remédier à l’augmentation trop importante du coefficient d’échange thermique avec le titre dans
les conditions où l’évaporation convective « annulaire » domine (titre et vitesse massique élevés),
nous avons également envisagé la possibilité de modifier l’exposant (m) du terme lié à la variable de
Lockhart-Martinelli. Cela revient à généraliser l’équation de Schrock-Gossman :

α ⎡ ⎛ 1 ⎞
m

= K 1 ⎢ Bo × 10 4 + K 2 ⎜⎜ ⎟⎟ ⎥. (5.36)
α lo ⎢ ⎝ X tt ⎠ ⎥⎦

-167-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

Une régression sur nos données aboutit aux valeurs suivantes :


K 1 = 1,13 , K 2 = 1,74 , m = 0,305 . (5.37)
Pour cette seconde modification (ii), l’exposant m est inférieur à la valeur initiale de 2/3. Cela permet
de réduire l’écart de prédiction pour les titres élevés (Figure 5.11b). En revanche, pour les titres
faibles, cette nouvelle corrélation surestime les mesures lorsque la vitesse massique augmente. En
conséquence, cette seconde modification n’apporte pas non plus un bénéfice substantiel (Tableau 5.3).
Ainsi, on peut concidérer que la corrélation de Hihara et Tanaka [59] est proche d’une forme optimale.
Elle donne les meilleures prédictions pour les vitesses massiques les plus faibles et pour les titres
faibles ou modérés ; là où d’après nos mesures on observe un régime convectif influencé par le flux de
chaleur.

5.4.2 Nouvelle approche


En considérant dans un premier temps les outils d’une approche macro-échelle, nous avons tout
d’abord mis le coefficient d’échange thermique mesuré sous la forme adimensionnelle du
multiplicateur diphasique (F)
α
F= , (5.38)
αl
où le coefficient d’échange thermique de la phase liquide circulant seule (αl) vient de l’expression de
Dittus-Boelter
α l = 0,023Rel 0,8 Prl 0, 4 (λl Di ) . (5.39)
Ce facteur d’intensification diphasique a ensuite été tracé en fonction de l’inverse de la variable de
Lockhart-Martinelli (1/Xtt) ; variable d’influence principale pour l’évaporation convective d’après la
méthode de Chen [82]. C’est ce que montrent la Figure 5.12 et la Figure 5.13 investiguant
respectivement l’effet de la densité de flux thermique et celui de la vitesse massique. Nos mesures sont
ainsi mises sous une forme réduite permettant de s’affranchir des effets principaux de la température
de saturation (des propriétés physiques) et de la vitesse massique. Ici le paramètre de Lockhart-
Martinelli, toutes phases turbulentes, s’écrit
0,9 0,5 0 ,1
⎛1− x ⎞ ⎛ ρv ⎞ ⎛ µl ⎞
X tt = ⎜ ⎟ ⎜⎜ ⎟⎟ ⎜⎜ ⎟⎟ . (5.40)
⎝ x ⎠ ⎝ ρl ⎠ ⎝ µv ⎠

T ≈−10 °C − G≈1200 kg/m2.s T ≈0 °C − G≈400 kg/m2.s


sat sat
2 2
10 10
qSM [kW/m2]
symboles pleins :
10 Evaporation convective
20 dépendante de q
30

Ebullition partielle
F(α/α )

F(α/α )

1 1
10 10
l

Ebullition partielle

qSM [kW/m2]
10
0 0
10 10 20
30

−1 0 1 −1 0 1
10 10 10 10 10 10
1/Xtt 1/Xtt

(a) (b)
Figure 5.12 : Evolution du facteur d’intensification diphasique en fonction de 1/Xtt pour différentes
densités de flux thermique. (a) Tsat=-10 °C, G=1200 kg/m2.s ; (b) Tsat=0 °C, G=400 kg/m2.s.

-168-
Échanges thermiques / Chapitre 5

2
T ≈−10 °C − q ≈10 kW/m Tsat≈−10 °C − qSM≈20 kW/m2
sat SM
2 2
10 10
G [kg/m2.s]
symboles pleins :
200 Régime principalement intermittent
400
600
800
1000

F ( α / αl )
F(α/α )

1 1
10 10
l

1200 Régime à bulles


(ébullition partielle)
2
G [kg/m .s]
200
400
600
Régime principalement
800
0
annulaire 0
10 10 1000
(évaporation convective pure) 1200

−1 0 1 −1 0 1
10 10 10 10 10 10
1/X 1/Xtt
tt

(a) (b)
Figure 5.13 : Evolution du facteur d’intensification diphasique en fonction de 1/Xtt pour différentes
vitesses massiques (Tsat=-10 °C). (a) qSM=10 kW/m2 ; (b) qSM=20 kW/m2.

D’après la Figure 5.12a, à forte vitesse massique et pour la température de saturation la plus faible,
l’impact de la densité de flux thermique sur le facteur d’intensification diphasique est similaire à ce
qui est observé dans le cas des macro-canaux (Jung et al. [111]). En effet, il existe une gamme de titres
(c.-à-d., sous forme réduite, 1/Xtt) où l’ensemble des points de mesure se superposent indépendamment
du flux de chaleur. Il s’agit là d’une zone où l’évaporation convective est le mécanisme principal de
transfert de chaleur. En revanche, à faible titre, le facteur d’intensification est plus dispersé ; il
augmente avec la densité de flux thermique et reflète la présence de l’ébullition partielle (partiellement
supprimée). Dans cette zone, F suit une évolution en fonction de la variable de Lockhart-Martinelli qui
diffère de celle observée dans la zone d’évaporation convective où F augmente plus rapidement avec
1/Xtt.

Cependant, la Figure 5.12b montre un phénomène supplémentaire, ici observé lorsque la vitesse
massique est faible et qui s’accentue lorsque la température de saturation augmente. Il s’agit de
mesures présentant à la fois les caractéristiques de l’ébullition partielle et de l’évaporation convective.
En effet, lorsque la densité de flux thermique dépasse un certain seuil (symboles pleins), elle influence
le facteur d’intensification diphasique mais ce dernier continue à augmenter avec 1/Xtt selon une pente
qui caractérise l’évaporation convective. On peut donc parler d’un régime où l’évaporation convective
est influencée par le flux de chaleur. En revanche, lorsque la densité de flux thermique est la plus
faible (10 kW/m2) et pour des titres suffisamment élevés, les mesures correspondent à la courbe
d’évaporation convective « pure » (courbe noire). On retrouve également, quelque soit le flux de
chaleur, une zone d’ébullition partielle présumée pour les titres les plus faibles.

Un autre point de vue, illustré par la Figure 5.13 (à -10 °C), consiste à identifier l’effet de la vitesse
massique sur le facteur d’intensification diphasique. A faible densité de flux thermique (Figure 5.13a),
on observe, hormis pour la vitesse massique de 200 kg/m2.s, que tous les points se superposent selon
une même courbe indépendamment de la vitesse massique. D’après la représentation macro-échelle,
cette caractéristique reflète le mécanisme d’évaporation convective « pure » ayant lieu lorsque
l’écoulement est annulaire. Néanmoins, le comportement est différent lorsque la densité de flux
thermique augmente (Figure 5.13b). Dans ces conditions, lorsque la vitesse massique diminue, les
facteurs d’intensification calculés se détachent de plus en plus de la courbe d’évaporation convective
« pure » tout en en restant parallèle. Seules les mesures obtenues pour les vitesses massiques les plus
élevées (G≥600 kg/m2.s) sont similaires, c’est à dire bien représentées par les nombres adimensionnels
F et Xtt, caractéristiques d’un écoulement annulaire (en supposant l’ébullition totalement supprimée).

En conséquence, trois régimes de transfert thermique, peuvent être identifiés Ils ont les
caractéristiques suivantes : (i) le facteur d’intensification diphasique F dépend de la densité de flux
thermique et évolue peu avec le titre ; (ii) F est à la fois une fonction du titre et de la densité de flux

-169-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

thermique ; (iii) F ne dépend que du titre. Or, ces mêmes régimes thermiques ont également été décrits
par Cornwell et Kew [202] dans une synthèse portant sur l’évaporation dans des canaux de petites
dimensions. Partant de leurs propres observations faites avec du R-113 dans des canaux parallèles
d’épaisseur variable, mais aussi de mesures provenant d’autres auteurs, Cornwell et Kew suggèrent
que les trois régimes thermiques évoqués soient respectivement liés à trois régimes d’écoulement : (i)
écoulement à bulles isolées ; (ii) écoulement à bulles confinées (autrement dit, écoulement à
bouchons) et (iii) écoulement annulaire à vagues. Pour ces trois régimes, les auteurs ont cherché à
déterminer les nombres adimensionnels les plus significatifs pour la prédiction du coefficient
d’échange thermique et aboutissent aux propositions suivantes :
régime à bulles isolées : α = α l C1 Bo 0,7 ; (5.41)

régime à bulles confinées : α = α l C 2 Bo m Co n ; (5.42)


régime annulaire à vagues : α = α l C 3 f ( X tt ) , (5.43)
où Co est le nombre de confinement et Bo le nombre d’ébullition. Ces nombres s’expriment comme
suit :
σ
Co = ; (5.44)
Di g (ρ l − ρ v )
2

q SM
Bo = . (5.45)
G hlv
Notons ici la présence de l’exposant 0,7 sur le nombre d’ébullition correspondant au régime à bulles
isolées ; il fait écho à la dépendance entre la densité de flux thermique et le coefficient d’échange
thermique généralement trouvée dans les corrélations d’ébullition nucléée.

Il semble donc pertinent de distinguer trois régimes d’écoulement présumés qui seront nommés ici : (i)
écoulement à bulles ; (ii) écoulement intermittent et (iii) écoulement annulaire, conformément à la
classification des écoulements présentée au Chapitre 2. L’écoulement à bulles correspond à un régime
d’ébullition partielle que l’on trouve à faible titre. En revanche, à titre modéré ou élevé, la distinction
entre le régime intermittent et le régime annulaire est plus compliquée ; elle dépend à la fois de la
vitesse massique et de la densité de flux thermique. En particulier, les caractéristiques du régime
intermittent apparaissent lorsque le flux de chaleur croît, la vitesse massique diminue et la température
de saturation augmente. Il semble donc que le nombre d’ébullition puisse constituer un critère pour
déterminer l’importance de ces deux régimes.

Ainsi, pour chaque essai, c'est-à-dire pour chaque température de saturation, chaque vitesse massique
et chaque densité de flux thermique investiguées, nous avons comparé l’évolution du coefficient
d’échange thermique en fonction du titre avec la prédiction obtenue en considérant l’évaporation
convective (annulaire) seule ; cette dernière prédiction reflétant (par une corrélation) les mesures
obtenues pour les vitesses massiques les plus élevées et les densités de flux les plus faibles. Dans
chacun des cas, nous avons déterminé si les échanges thermiques étaient principalement influencés par
le régime intermittent, principalement influencés par le régime annulaire, ou montrant des
caractéristiques mixtes. La Figure 5.14 représente la carte qui découle de cet inventaire où le nombre
d’ébullition est reporté en abscisses et la vitesse massiques en ordonnées. Des symboles différents
distinguent également les trois températures de saturation étudiées. On voit que la transition entre le
régime principalement intermittent et le régime principalement annulaire peut être essentiellement
représentée par une ligne à Bo fixé. Néanmoins, le nombre d’ébullition de transition semble être plus
faible à mesure que la température augmente ; et la vitesse massique peut également avoir une
influence. Cependant, ces effets ne sont pas assez claires pour donner lieu à un critère plus compliqué
et nous prendrons ici comme délimitation :
Bo = 1,1 × 10 −4 . (5.46)

-170-
Échanges thermiques / Chapitre 5

1400 Régime principal


annulaire
indéterminé
1200
Bo=1,1×10−4

Vitesse massique [kg/m2.s]


intermittent

1000
Tsat [°C]
800 −10
−5
600 0

400

200

0 0.5 1 1.5 2 2.5 3 3.5 4 4.5


Nombre d’ébullition (Bo) −4
x 10
Figure 5.14 : Carte montrant le régime d’écoulement présumé dominant en fonction du nombre
d’ébullition.

Lorsque Bo est plus élevé que cette valeur, nous considérerons ici que le régime intermittent domine
alors que le régime annulaire est supposé prépondérant lorsque Bo est inférieur à cette limite. A partir
de cette discrimination par régime, une méthode de prédiction du coefficient d’échange thermique peut
être envisagée pour chaque cas.

Régime annulaire

La Figure 5.15 montre l’évolution du facteur d’intensification diphasique (F) déduit de nos mesures en
fonction de 1/Xtt pour l’ensemble des essais où le régime annulaire est présumé dominant
(Bo<1,1×10-4). Les facteurs d’intensification proposés par Chen [82], Wattelet et al. [123], et Jung et
al. [111] sont également représentés. L’ensemble des mesures pour lesquelles la phase vapeur est
turbulente est représenté en distinguant les cas où la phase liquide est laminaire (Rel<2300) et ceux où
elle est turbulente (Rel>2300). Les points pour lesquelles la vapeur est laminaire ne sont pas inclus
puisqu’ils correspondent principalement au régime à bulles.

2
10
laminaire − turbulent
turbulent − turbulent
Chen (1966)
Wattelet et al. (1994)
Jung et al. (1989)
corrélation actuelle
F(α/α )

1
10
l

0
10

−1 0 1
10 10 10
1/Xtt
Figure 5.15 : Evolution du facteur d’intensification diphasique en fonction de 1/Xtt selon le régime de
la phase liquide (Bo<1,1×10-4).

-171-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

On remarque que nos mesures ne semblent pas dépendantes du régime présumé, laminaire ou
turbulent, de la phase liquide. En effet, les facteurs d’intensification déterminés expérimentalement
sont alignés selon une courbe unique quelque soit le régime attribué à la phase liquide. Il se peut donc
que le film liquide perturbé par l’écoulement de vapeur ne devienne jamais laminaire. En
conséquence, la prise en compte du régime laminaire ne semble pas justifiée lors du calcul de la
variable de Lockhart-Martinelli ou plus généralement pour la détermination du facteur
d’intensification. Ainsi, on supposera que les deux phases sont toujours turbulentes. Notons que,
d’après la Figure 5.15, le facteur d’intensification expérimental augmente plus rapidement avec le titre
(1/Xtt) que pour les corrélations conventionnelles dédiées aux macro-canaux (Chen [82], Jung et al.
[111] et Wattelet et al. [123]). Cela confirme bien la tendance qu’ont ces corrélations à sous-estimer le
coefficient d’échange thermique à vitesse massique et titre élevés. Une corrélation effectuée à partir
des données aboutit à la relation suivante pour la détermination du coefficient d’échange thermique
(αA), valable lorsque le régime d’écoulement est principalement annulaire :
0 , 986
αA ⎛ 1 ⎞
= 1 + 1,80⎜⎜ ⎟⎟ . (5.47)
αl ⎝ X tt ⎠

Régime intermittent
Comme nous l’avons vu, la corrélation de Hihara et Tanaka [59] semble donner une prédiction qui
correspond particulièrement bien à nos mesures lorsque la vitesse massique est réduite, c’est-à-dire
quand le régime intermittent domine; elle inclut en outre l’effet de la densité de flux thermique. Cette
corrélation a donc été choisie pour ce régime. Précisons en outre que toute tentative pour améliorer
cette corrélation en ne considérant que la part des mesures où le régime intermittent est supposé
dominer (Bo>1,1×10-4) n’apporte pas de bénéfice substantiel. Cette corrélation est donc gardée telle
quelle pour prédire le coefficient d’échange thermique (αI) lorsque le régime intermittent est
prépondérant :
2/3
αI ⎛ 1 ⎞
= 1,47 × 10 4 Bo + 0,93 ⎜⎜ ⎟⎟ . (5.48)
α lo ⎝ X tt ⎠

Régime à bulles

Lors du régime à bulles, l’ébullition nucléée est considérée être le mécanisme principal de transfert de
chaleur. Une analyse des données montre que tous les points ayant un titre inférieur à 0,1 ont un
coefficient d’échange thermique comparable à la prédiction donnée par la corrélation de Cooper [135]
pour l’ébullition nucléée. Néanmoins, le nombre trop faible de points inclus dans cette gamme de titre
ne permet pas de voir une influence claire de la vitesse massique. Il est donc difficile de déterminer un
facteur de suppression de l’ébullition nucléée ou de développer un modèle asymptotique incluant la
part du transfert de chaleur due à la convection.

Ainsi, les coefficients d’échange thermique mesurés dans ce régime (les données pour x<0,1 sont
supposées représentatives, mais ce régime peut s’étendre à des titres plus élevés) ont été comparés aux
prédictions de différentes corrélations pouvant représenter l’ébullition nucléée : la corrélation de
Cooper [135] pour l’ébullition en vase ainsi que deux déclinaisons proposées par Thome et El Hajal
[83] et Cheng et al. [54] pour l’ébullition convective du CO2 ; une version modifiée de la corrélation
de Rohsenow [241] suggérée par Derevich et Smirnova [79] pour le cas du CO2 ; la corrélation de Yun
et al. [98] établie à partir de leurs mesures faites avec du CO2 dans des tube de petit diamètre ; ainsi
que les corrélations de Lazarek et Black [242] et de Tran et al. [133] provenant d’expériences faites
dans des canaux de petites dimensions avec du R-12 et du R-113, où l’ébullition nucléée s’est avérée
dominante.

Les écarts de prédiction de ces différentes corrélations sont recensés dans le Tableau 5.4. Au vu des
résultats, l’expression de Cheng et al. [54] est ici employée pour déterminer le coefficient d’échange
thermique (αB) dans le cas du régime à bulles :

-172-
Échanges thermiques / Chapitre 5

Tableau 5.4 : Écart entre les prédictions des corrélations caractéristiques de


l’ébullition nucléée et les mesures obtenues pour des titres faibles (x<0,1).
ξ [%] ξ [%] ζ 20 [%]
Méthode de prédiction
Cooper [135] -9,12 11,59 82,07
Cooper
adaptée par Thome et El Hajal [83] 6,42 16,96 67,59
Cooper
adapté par Cheng et al. [54] 0,13 12,12 79,31
Rohsenow [241]
adaptée par Derevich et Smirnova [79] -8,64 11,87 82,76
Yun et al. [98] -12,35 13,32 80,00
Lazarek et Black [242] 5,49 15,61 67,59
Tran et al. [133] -56,45 56,45 0

α B = 131 p r −0,0063 (− log10 p r )−0,55 M −0,5 q SM 0,58 , (5.49)


où M est la masse molaire du CO2.

Intégration des différents régimes

En dernier lieu, le coefficient d’échange thermique total (αtp) est déterminé en plusieurs étapes
utilisant les prédictions propres aux différents régimes (αB, αI, αA).

(a) Le coefficient d’échange thermique pour l’évaporation convective (αcb) est le suivant :
si Bo>1,1×10-4, α cb = α I ; (5.50)
si Bo<1,1×10-4, α cb = α A . (5.51)
(b) Le coefficient d’échange thermique pour ébullition nucléée (αnb) est celui du régime à bulles :
α nb = α B . (5.52)
(c) Le coefficient d’échange total est le maximum entre la composante d’ébullition nucléée et la
composante d’évaporation convective, soit
α tp = max(α nb , α cb ) . (5.53)

La Figure 5.16 présente l’évolution du coefficient d’échange thermique prédit par la méthode proposée
en fonction du titre ; y sont également reportés les points expérimentaux. On voit que les corrélations
employées pour les différents régimes reproduisent bien l’effet de la vitesse massique (Figure 5.16a) et
l’effet de la densité de flux thermique (Figure 5.16b). Sur la Figure 5.16a, pour une température de -10
°C et une densité de flux thermique de 20 kW/m2, on observe une transition entre un écoulement
dominé par le régime intermittent (G=200 kg/m2.s et G=600 kg/m2.s) et un écoulement dominé par le
régime annulaire (G=1000 kg/m2.s). Une transition identique est également montrée sur la Figure
5.16b, pour une température de -5 °C et une vitesse massique de 400 kg/m2.s, où le régime intermittent
devient prépondérant pour les densités de flux thermique les plus importantes (qSM=20 kW/m2 et
qSM=30 kW/m2).

Remarquons qu’une limite de la méthode proposée réside dans le fait qu’en pratique les deux régimes,
intermittent et annulaire, coexistent toujours. Le titre de transition entre ces deux régimes dépend de la
vitesse massique, de la température de saturation et du flux de chaleur. Ainsi, considérer que
l’écoulement est principalement annulaire ou principalement intermittent trouve sa limite lorsque le
nombre d’ébullition est proche du critère de transition défini ici (Bo=1,1×10-4). En effet, comme
l’illustre la Figure 5.17, il est alors plus approprié d’utiliser les corrélations dédiées au régime

-173-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

intermittent et au régime annulaire chacune dans la gamme de titre correspondante. Cela ouvre la porte
à une approche phénoménologique qui nécessite cependant de s’appuyer sur une carte d’écoulement.
En outre, la Figure 5.17 montre une augmentation brutale du coefficient d’échange thermique pour un
titre proche de 0,15, dans ces conditions précises où le régime intermittent prend de l’importance.
D’après nous, il peut s’agir d’une brusque transition entre le régime à bulles et le régime intermittent.
En effet, si les bulles isolées coalescent rapidement, la faible épaisseur du film liquide présent autour
des bulles confinées (allongées) pourrait conduire à une augmentation soudaine du coefficient
d’échange thermique. Ce phénomène n’est pas observé pour les vitesses massiques les plus élevées.
2 2
Tsat≈−10 °C − qSM≈20 kW/m Tsat≈−5 °C − G≈400 kg/m .s
50 35
2
G [kg/m .s] q [kW/m2]
Coefficient d’échange thermique [kW/m .K]

Coefficient d’échange thermique [kW/m2.K]


SM
45
2

200 30 10
40 600 20
1000 25
30
35

30
20
25
15
20

15 10

10
5
5

0 0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
Titre Titre
(a) (b)
Figure 5.16 : Effet de la vitesse massique (a) et de la densité de flux thermique (b) sur la prédiction du
coefficient d’échange thermique.

2 2
Tsat≈−10 °C − G≈800 kg/m .s − qSM≈30 kW/m
50
Coefficient d’échange thermique [kW/m .K]

45
2

40
Bulles Intermittent Annulaire
35

30

25

20

15
α
B
10
αI
5 α
A
0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
Titre
Figure 5.17 : Evolution du coefficient d’échange thermique mesuré en fonction du titre et prédiction
associée en fonction du régime d’écoulement présumé (Tsat=-10 °C, G=800 kg/m2.s, qSM=30 kW/m2).

La Figure 5.18 montre, pour la méthode proposée, les écarts de prédictions moyens dans différentes
gammes de titre et pour différentes vitesses massiques et densités de flux thermique. Aucun effet
systématique de la vitesse massique sur les écarts de prédiction n’est observé (Figure 5.18a). En
revanche, pour les titres faibles à modérés les prédictions surestiment en moyenne les mesures (≈5 %)
pour la densité de flux thermique de 10 kW/m2, et les sous-estiment en moyenne (≈5 %) pour la
densité de flux thermique de 30 kW/m2 (Figure 5.18b). Une comparaison globale entre les coefficients
d’échange mesurés et prédits est représentée sur la Figure 5.19. Au total, 82 % des mesures sont

-174-
Échanges thermiques / Chapitre 5

prédites à 20 % près et l’erreur moyenne en valeur absolue est de 12 %. La prise en compte de


plusieurs régimes de transfert thermique différents permet donc d’améliorer la prédiction donnée par
la corrélation de Hihara et Tanaka seule [59].

Méthode proposée Méthode proposée


15 20
qSM [kW/m2]
10
10 15
20
30
5 10

Ecart relatif [%]


Ecart relatif [%]

0 5

−5 0

−10 −5

−15 −10
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
Titre Titre
(a) (b)
Figure 5.18 : Écarts de prédiction de la méthode proposée en fonction du titre pour différentes
vitesses massiques (a) et densités de flux thermique (b).

Méthode proposée
50
Coefficient d’échange thermique prédit [kW/m .K]
2

ξ=0.68 % + 20 %
45
|ξ|=11.73 %
40 ζ20=82.09 %

35 − 20 %
30

25

20

15

10

0
0 10 20 30 40 50
Coefficient d’échange thermique expérimental [kW/m2.K]

Figure 5.19 : Comparaison entre les coefficients d’échange thermique mesurés et prédits par la
méthode proposée.

5.5 Titre critique


Tous nos essais montrent une chute du coefficient d’échange thermique lorsque le titre dépasse une
valeur seuil, appelée titre critique. Cette chute reflète l’assèchement de la paroi du tube chauffé. Ainsi,
l’analyse des mécanismes d’échange thermique et leur modélisation, proposées plus haut en conditions
pré-assèchement, ne sauraient être complètes sans aborder ce problème. Si l’assèchement est un
phénomène plutôt brutal, il s’accomplit néanmoins sur une gamme de titre en raison de son caractère
instationnaire (variation importante de la température de paroi). On peut alors parler d’un titre de
début d’assèchement lorsque la chute du coefficient d’échange thermique s’amorce ; mais également
d’un titre de fin d’assèchement lorsque le coefficient d’échange thermique atteint son seuil bas. Cette

-175-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

limite basse correspondant à l’échange thermique post-assèchement où l’énergie s’échange


directement entre la paroi du tube et la phase vapeur. Comme nous l’avons indiqué au début de ce
chapitre, ces échanges thermiques post-assèchement n’ont pas été traités ; nous nous limiterons donc
ici à l’analyse du titre de début d’assèchement.

La Figure 5.20 montre comment la vitesse massique affecte le titre de début d’assèchement (xdi) pour
différentes densités de flux thermique et températures de saturation. Selon la température de saturation
et la densité de flux thermique, deux tendances opposées peuvent être observées : (i) le titre de début
d’assèchement augmente avec la vitesse massique ; (ii) le titre de début d’assèchement diminue
lorsque la vitesse massique augmente.

Le premier comportement (i) prévaut lorsque la température de saturation est la plus faible (-10 °C,
Figure 5.20a) ou lorsque la densité de flux thermique est minimale (10 kW/m2). Cette dynamique est
inédite au sens où elle ne correspond pas à la tendance généralement observée, c'est-à-dire un
assèchement d’autant plus précoce que la vitesse massique est élevée. Dans ces conditions, le titre de
début d’assèchement peut être prédit en fonction du nombre d’ébullition et de la pression réduite par
l’expression suivante :
1, 43
x di = 1 − 338 Bo 0,703 p r . (5.54)

Le deuxième comportement (ii), plus conforme aux observations recensées dans la littérature
(Pettersen [60], Hihara et Tanaka [59]) apparaît progressivement lorsque la température de saturation
et la densité de flux thermique augmentent (Figure 5.20 b et c). D’ailleurs, pour la température de
saturation de 0 °C et pour la densité de flux thermique maximale (30 kW/m2), la chute du titre de
début d’assèchement quand la vitesse massique augmente est bien reproduite par la corrélation de
Cheng et al. [55] incluse dans leur carte d’écoulement dédiée au CO2 et qui s’écrit :

x di = 0,58 e
[0,52−0, 236We
vo
0 ,17
Frvo0 ,,17Mori ( ρ v ρ l )0 , 25 ( q qcrit )0 , 27 ], (5.55)
où Frvo, Mori est le nombre de Froude de la vapeur défini par Mori et al. [243] et Wevo, le nombre de
Weber de la phase vapeur, prenant respectivement les formes suivantes :
G 2 Di
Wevo = ; (5.56)
ρ vσ
G2
Frvo , Mori = . (5.57)
ρ v (ρ l − ρ v )gDi
De plus, le flux critique employé (qcrit) est celui de Kutateladze [244] :
q crit = 0,131ρ v hlv [gσ (ρ l − ρ v )]
0,5 0 , 25
. (5.58)

Le changement de tendance quant à l’effet de la vitesse massique sur le titre d’assèchement, et qui est
illustré ici, n’est pas sans rappeler les travaux de Yun et Kim [146] qui ont observé une augmentation
atypique du titre d’assèchement avec la vitesse massique lorsque celle-ci dépasse une valeur de
transition (Chapitre 2). Néanmoins, dans les conditions de nos essais (diamètre plus petit), il semble
que le flux de chaleur, et non la vitesse massique, soit l’élément moteur qui déclenche ce changement
de comportement.

L’épaisseur de film critique (δcrit) donnant lieu à l’assèchement peut être déduite du coefficient
d’échange thermique mesuré juste avant l’assèchement. En effet, si le transfert de chaleur a lieu
uniquement par conduction à travers le film annulaire (écoulement annulaire ou bulles confinées), il
vient :
λl
δ crit = . (5.59)
α

-176-
Échanges thermiques / Chapitre 5

Cette épaisseur critique est reportée sur la Figure 5.21 en fonction du titre d’assèchement et pour

Tsat≈−10 °C Tsat≈−10 °C
25
2
q [kW/m ] q [kW/m2]
1400 SM SM

10 10
20 20 20
1200
Vitesse massique [kg/m .s]

30

Epaisseur de film (δ) [µm]


30
2

1000 Steiner (1993)


15
’’
800 ’’
0,703 1,43
xdi=1−338Bo pr 10
600

400 5

200
0
0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1
Titre d’assèchement (xdi) Titre d’assèchement (xdi)

(a) (a)
Tsat≈−5 °C Tsat≈−5 °C
25
2
1400
qSM [kW/m ] q [kW/m2]
SM
10 10
20 20 20
1200
Vitesse massique [kg/m .s]

30
Epaisseur de film (δ) [µm]

30
2

1000 Steiner (1993)


15
’’
800 ’’

10
600

400 5

200 xdi=1−338Bo0,703p1,43
r
0
0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1
Titre d’assèchement (x ) Titre d’assèchement (xdi)
di

(b) (b)
Tsat≈0 °C Tsat≈0 °C
25
1400
Cheng et al. (2008) q [kW/m2]
SM
10
20 20
1200
Vitesse massique [kg/m2.s]

30
Epaisseur de film (δ) [µm]

1000 Steiner (1993)


15
’’
800 ’’

10
600
2
qSM [kW/m ]
400 0.703 1.43 5
−−− 10 xdi=1−338Bo pr
− − 20
200 −.− 30 4,5 µm
0
0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1
Titre d’assèchement (x ) Titre d’assèchement (xdi)
di

(c) (c)
Figure 5.20 : Effet de la vitesse massique sur le Figure 5.21 : Epaisseur de film critique en
titre d’assèchement pour différentes densités de flux fonction du titre d’assèchement pour différentes
thermique. (a) Tsat=-10 °C ; (b) Tsat=-5 °C ; densités de flux thermique. (a) Tsat=-10 °C ;

-177-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

(c) Tsat=0 °C. (b) Tsat=-5 °C ; (c) Tsat=0 °C.

différentes densités de flux thermique. Par ailleurs, une épaisseur de film théorique est aussi
représentée (symboles vides). Elle est déduite du taux de vide (ε) de Steiner [49] (du type Rouhani-
Axelsson) en supposant un écoulement annulaire :

δ =⎜
⎛ Di ⎞
(
⎟ 1− ε . ) (5.60)
⎝ 2 ⎠
Il semble qu’il soit possible d’établir une correspondance entre l’évolution de l’épaisseur de film
critique en fonction du titre et le type d’assèchement observé. En effet, pour les conditions où le titre
d’assèchement augmente avec la vitesse massique, l’épaisseur critique déduite des mesures correspond
bien (en valeur et tendance) à l’épaisseur de film théorique (Figure 5.21a, b et c pour qSM=10 kW/m2).
En revanche, lorsque le titre critique évolue peu ou décroît lorsque la vitesse massique augmente,
l’épaisseur de film critique ne correspond plus à la valeur théorique. Elle n’augmente plus à mesure
que le titre critique diminue mais plafonne autour d’une valeur constante avoisinant 4,5 µm. Dans ce
cas, si l’on suppose que l’Equation (5.59) correspond à l’épaisseur réelle du film, l’écart existant entre
l’épaisseur de film critique expérimentale et sa valeur théorique peut être expliqué soit par
l’entraînement de gouttelettes ou soit par un régime d’écoulement qui n’est pas annulaire, c'est-à-dire
un régime intermittent, où l’assèchement a lieu au passage des bulles allongées. En effet, dans ce
dernier cas, le taux de vide au passage d’une bulle confinée est différent du taux de vide moyen. De
plus, la valeur de 4,5 µm pourrait correspondre à l’épaisseur critique du film de liquide prisonnier
entre la paroi du tube et les bulles allongées. En outre, lorsque la température de saturation augmente
remarquons que, d’une part, la présence de gouttelettes entraînées est en principe favorisée par une
tension de surface plus faible et que, d’autre part, le régime d’écoulement intermittent pourrait prendre
plus d’importance à cause d’un plus faible rapport de densité entre le liquide et la vapeur. Par ailleurs,
comme nous l’avons vu lors de l’analyse des échanges thermiques, l’augmentation de la densité de
flux thermique semble favoriser le régime d’écoulement intermittent.

La Figure 5.22 illustre l’impact de la température de saturation sur le titre d’assèchement pour la plus
faible densité de flux thermique. On observe qu’une température plus élevée conduit à un titre
d’assèchement plus faible. Néanmoins, cet effet est beaucoup moins important que pour la densité de
flux thermique maximale (30 kW/m2) où un renversement de tendance complet se produit (Figure 5.21
a, b et c) donnant lieu à une diminution très importante du titre d’assèchement (de 0,85 à 0,45) pour la
vitesse massique de 1200 kg/m2.s.
2 2 2
qSM≈10 kW/m Tsat≈−10 °C − G≈1200 kg/m .s − qSM≈30 kW/m
55
T [°C]
Coefficient d’échange thermique [kW/m .K]

1400 sat z=93,36 mm


50
2

−10
−5 45
1200
Vitesse massique [kg/m .s]

0
2

40
1000
35
T ↑ z=109,76 mm
800 sat 30

25
600
20

400 15 z=133,36 mm

10
200
5
0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1 0.75 0.8 0.85 0.9 0.95 1
Titre Titre
Figure 5.22 : Effet de la vitesse massique sur le Figure 5.23 : Effet de la longueur chauffée sur
titre d’assèchement pour différentes températures l’assèchement (Tsat=-10 °C ; G=1200 kg/m2.s ;
de saturation (qSM=10 kW/m2). qSM=30 kW/m2).

Lors de quelques essais, nous avons observé que, selon la localisation des thermocouples sur le tube,
l’assèchement n’avait pas lieu pour le même titre. Ce phénomène n’a pas pu être étudié en détail

-178-
Échanges thermiques / Chapitre 5

puisque les mesures n’ont pas été réalisées pour des titres suffisamment élevés. Néanmoins les
prémices de ce phénomène ont parfois été observées pour des essais effectués à vitesse massique
élevée (de 1000 à 1400 kg/m2.s) et pour les densités de flux thermique de 20 ou 30 kW/m2. La Figure
5.23 montre l’effet de la longueur chauffée (la position depuis l’électrode d’entrée) sur l’assèchement
dans l’un des rares cas où l’effet de la longueur apparaît clairement (Tsat=-10 °C ; G=1200 kg/m2.s ;
qSM=30 kW/m2). L’évolution du coefficient d’échange thermique est représentée en fonction du titre
qui varie grâce à la section de préchauffe. Cette évolution est illustrée pour trois emplacements
distincts (pour trois thermocouples) sur le tube. On observe ici que l’assèchement est retardé lorsque la
longueur chauffée diminue. Par ailleurs, il faut noter que, dans ces conditions précises, l’écart de titre
entre les trois emplacements considérés est relativement faible étant donnée la vitesse massique
élevée. Ainsi, on peut comparer les trois courbes en considérant que, pour le même titre à chacun des
emplacements, le titre correspondant à l’entrée de la section chauffée (ou la configuration de
l’écoulement) est quasiment identique. On en déduit donc que la différence observée sur la valeur du
coefficient d’échange thermique, et sur la valeur du titre auquel il chute, est principalement due à une
modification du régime d’écoulement avec la distance parcourue et moins à un effet d’entrée. Il existe
donc sans doute une forme d’établissement de l’écoulement qui pourrait être lié au mécanisme
d’entraînement-dépôt de gouttelettes ou bien lié à la coalescence des bulles confinées lors du régime
intermittent, autrement dit relatif à la disparition des bouchons de liquide y compris dans le régime
annulaire à bouchons (agité). Reconnaissant qu’un tel phénomène puisse apparaître – dans des
conditions restant à déterminer plus précisément – il nous faut en toute rigueur préciser que les titres
d’assèchement présentés plus haut correspondent à ceux observés à l’emplacement du dernier
thermocouple utilisé, localisé à 141,66 mm de l’électrode d’entrée.

5.6 Conclusion
Ce chapitre présente les résultats de nos mesures du coefficient d’échange thermique en ébullition
convective. Malgré l’emploi du CO2 dans un tube de petit diamètre, certaines corrélations usuelles,
plutôt dédiées à l’évaporation de fluides frigorigènes conventionnels dans des macro-canaux,
permettent de prédire nos données avec un écart moyen en valeur absolue inférieur à 20 %. Par
ailleurs, les méthodes de prédiction spécifiquement développées pour le cas de micro-canaux souffrent
d’une tendance générale à sous-estimer les mesures. En effet, ces corrélations supposent que la phase
liquide puisse devenir laminaire et donc modifier l’échange thermique. Or, cet effet n’a pas été décelé.
Ainsi, la corrélation de Choi et al. [119], dédiée au CO2, donne une meilleure prédiction si l’on
considère que les deux phases sont toujours turbulentes.

L’analyse des mesures dans la région de pré-assèchement montre que l’échange thermique peut être
discriminé en trois régimes présumés dépendre du type d’écoulement et montrant les caractéristiques
suivantes :
(i) régime à bulles : le coefficient d’échange thermique est fortement dépendant de la densité de
flux thermique et faiblement influencé par la vitesse massique et le titre. L’échange thermique se fait
principalement par ébullition nucléée. Ce régime est essentiellement observé pour des titres inférieurs
à 0,1. La corrélation de Cooper [135] modifée par Cheng et al. [54] semble appropriée pour la
prédiction du coefficient d’échange thermique dans ce régime ;
(ii) régime intermittent : le coefficient d’échange thermique est fortement dépendant de la densité
de flux thermique et modérément dépendant de la vitesse massique et du titre. On trouve que ce
régime est dominant lorsque Bo>1,1×10-4, c'est-à-dire pour une densité de flux thermique et une
température élevée ainsi qu’une vitesse massique réduite. L’échange thermique dans ce cas se fait
probablement par convection ou conduction à travers le film liquide entourant les poches de vapeur
allongées (confinées). Les prédictions de la corrélation de Hihara et Tanaka [59] correspondent bien à
nos mesures dans ce régime ;
(iii) régime annulaire : le coefficient d’échange thermique est fortement dépendant du titre et de la
vitesse massique ; il est faiblement influencé par la densité de flux thermique. Ce régime est supposé
prépondérant lorsque Bo<1,1×10-4, autrement dit pour une vitesse massique élevée ainsi qu’une
température de saturation et une densité de flux thermique réduite. Un facteur d’intensification

-179-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

diphasique du type de celui proposé par Chen [82] modélise bien l’évaporation convective dans ce
régime.

L’évolution du titre de début d’assèchement en fonction de la vitesse massique peut se faire selon deux
tendances qui dépendent de la température de saturation et du flux thermique :
(i) lorsque la densité de flux thermique est minimale (10 kW/m2), le titre de début d’assèchement
augmente avec la vitesse massique et cette tendance persiste indépendamment de la température. En
outre, cette dynamique est atypique dans la mesure où, d’après la littérature, on ne la retrouve
généralement pas à des températures de saturation plus élevées ou pour des canaux de diamètre plus
important ;
(ii) en revanche, lorsque la densité de flux thermique est maximale (30 kW/m2), la tendance
s’inverse à mesure que la température augmente. Ainsi, pour une température de saturation de 0 °C, le
titre de début d’assèchement décroît quant la vitesse massique augmente. Ce comportement est plus
conventionnel et peut être prédit par la corrélation proposée par Cheng et al. [55].

-180-
Synthèse et perspectives

Le dioxyde de carbone, utilisé comme fluide frigorigène, est bénin pour l’homme et l’environnement.
Il ne détruit pas la couche d’ozone, a un pouvoir de réchauffement planétaire négligeable par rapport
aux fluides frigorigènes conventionnels et fait partie des composantes bien connues de notre
atmosphère. En outre, il est non toxique et non inflammable. Employé dans les systèmes à
compression de vapeurs, il constitue un fluide actif « durable » à condition de développer la
technologie permettant d’exploiter tout son potentiel d’efficacité énergétique. Lorsqu’il est utilisé dans
un cycle de réfrigération conventionnel, il constitue d’ores et déjà une alternative pour la climatisation
automobile, la réfrigération commerciale et industrielle à basses températures et pour la production
d’eau chaude sanitaire par le biais de pompes à chaleur. D’autres applications sont également
envisageables, comme la réfrigération à moyennes températures, à condition d’utiliser le CO2 dans un
cycle thermodynamique adapté (compression bi-étagé, compression parallèle, éjecteur) ou à condition
de valoriser la chaleur rejetée par le refroidisseur de gaz.

Dans l’optique de développer des composants spécifiquement dédiés au CO2 – c'est-à-dire efficace
pour le CO2 –, le présent travail de thèse s’intéresse à l’évaporateur, par sa forme (diamètres des
canaux) et ses conditions d’utilisation (températures de saturation). Il a pour buts principaux, du point
de vue du fluide frigorigène, de synthétiser l’état des connaissances sur l’ébullition convective du CO2
mais aussi d’élargir le champ d’investigation sur ce sujet. Pour cette raison, une étude expérimentale a
été menée dans des conditions jugées prometteuses pour de futures applications, c'est-à-dire dans un
tube de petit diamètre (0,529 mm) et pour des températures de saturation négatives (principalement
-10, -5, et 0 °C). Ci-dessous, les conclusions essentielles de ce travail de thèse sont regroupées par
sujet : les macro-canaux ; les micro-canaux et le travail expérimental. Des pistes de recherches sont
également proposées dans ces trois directions.

Concernant l’évaporation du CO2 dans des macro-canaux (D>3 mm)

Le coefficient d’échange thermique du CO2 est plus important que celui des fluides frigorigènes
conventionnels en raison de la contribution importante de l’ébullition nucléée dans le mécanisme
d’échange thermique. Cette contribution reste substantielle même pour des températures aussi faibles
que -30 °C. Ainsi, le coefficient d’échange thermique augmente avec la densité de flux thermique
quelque soit le titre. A hautes températures (>-10 °C), le coefficient d’échange thermique décroît avec
le titre. Il est difficile de savoir si cette tendance est due à la suppression d’une ébullition nucléée
prépondérante ou bien si elle est la conséquence d’un assèchement partiel ou intermittent produit par
la stratification de l’écoulement. A basses températures, l’évaporation convective prend de
l’importance. En conséquence, lorsque la vitesse massique est suffisamment élevée, le coefficient
d’échange thermique augmente avec le titre.

A hautes températures les méthodes conventionnelles de prédiction du coefficient d’échange


thermique sont inadaptées ; elles sous-estiment la contribution de l’ébullition nucléée et, au contraire,
donnent trop d’importance à l’évaporation convective. Seul le modèle phénoménologique de Cheng et
al. [76] donne une estimation acceptable du coefficient d’échange thermique. En revanche, à basses
températures, le modèle de Cheng et al. surestime la contribution de l’évaporation convective. On
suggère donc d’utiliser la corrélation de Liu et Winterton [109] pour les températures inférieures à
-15 °C.

D’après les quelques auteurs ayant étudié les pertes de pression dans des macro-canaux, les méthodes
de prédiction conventionnelles surestiment leurs mesures à haute température. Néanmoins, la
corrélation de Müller-Steinhagen et Heck [160] semble donner des résultats acceptables pour les
températures de -15 et -30 °C. Le modèle phénoménologique de Cheng et al. [55] constitue également

-181-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

une alternative. Cette méthode a été validée sur un nombre limité de données concernant les macro-
canaux et obtenues pour des températures principalement négatives (-10 °C). Mais elle semble
suffisamment polyvalente pour pouvoir être utilisée pour les températures élevées.

Concernant l’évaporation du CO2 dans des macro-canaux, il semble que plusieurs aspects mériteraient
une investigation supplémentaire. En premier lieu, les pertes de pression. En effet, très peu de données
sont disponibles dans la littérature et cela rend difficile l’évaluation des méthodes de prédiction
existantes et le développement de nouvelles corrélations valables pour des gammes de températures et
de diamètres suffisamment importantes. En second lieu, la configuration des écoulements pour des
températures de saturation positives. En effet, bien que le modèle phénoménologique de Cheng et al.
offre une approche physique et polyvalente pour la prédiction des pertes de pression et du coefficient
d’échange thermique, celui-ci s’appuie sur une carte d’écoulement [55] qu’il est essentiel de valider.
Or, l’analyse des mesures du coefficient d’échange thermique et des données de visualisation
disponibles dans la littérature remet en question, selon nous, deux éléments de cette carte : (i) le titre
de transition entre les régimes d’écoulement intermittent et annulaire ; (ii) la vitesse massique de
transition entre les régimes d’écoulement annulaire et stratifié à vagues. D’une part, il semble en effet
que le titre de transition « intermittent - annulaire » ne soit pas constant mais diminue lorsque la
vitesse massique augmente, d’autre part, pour les températures élevées, la vitesse massique en dessous
de laquelle l’écoulement de type annulaire se transforme en écoulement stratifié à vagues est sans
doute plus importante que celle donnée par la carte de Cheng et al. Par ailleurs, tout porte à croire que
cette vitesse massique de transition « annulaire - stratifié à vagues » augmente avec la température de
saturation, reflétant une stratification accentuée de l’écoulement lorsque la pression augmente. Cette
hypothèse mériterait d’être vérifiée, en partie pour connaître le rôle que joue la stratification de
l’écoulement dans la chute du coefficient d’échange thermique avec l’augmentation du titre, à hautes
températures. En dernier lieu, notons que très peu d’études ont été réalisées pour des macro-canaux
verticaux.

Concernant l’évaporation du CO2 dans des micro-canaux (D<3 mm)

Les mesures de pertes de pression obtenues pour des températures élevées (>0 °C) se rapportent
principalement à des tubes multicanaux (diamètres équivalents allant de 0,8 à 1,74 mm). Dans ce cas,
les corrélations conventionnelles pour macro-canaux telles que celles de Friedel [155] ou de Müller-
Steinhagen et Heck [160] sous-estiment largement les mesures. Le modèle phénoménologique de
Cheng et al. [55] ne donne pas non plus de résultats acceptables (grande dispersion) et les corrélations
dédiées aux micro-canaux ne font pas consensus. Cette constatation trouve une explication partielle
dans les observations de Yun et Kim [163] montrant des pertes de pression plus importantes dans un
tube multi-canaux que dans un tube simple. Il semble donc qu’un effet d’instabilité entre des canaux
mis en parallèle puisse accroître les pertes de pression, mais cette hypothèse ne peut être validée sans
investigations supplémentaires. Néanmoins, les prédictions données par la corrélation de Lombardi et
Carsana [167] (méthode conventionnelle) semblent correspondre aux mesures de Pettersen [60]
obtenues pour un tube multicanaux de 0,8 mm et des températures de saturation comprises entre 0 et
20 °C.

Lors de notre étude expérimentale, de nouvelles mesures de pertes de pression en condition


adiabatique ont été obtenues avec du CO2 circulant dans un tube de 0,529 mm pour des températures
de saturation comprises entre -10 et 5 °C, et des vitesses massiques variant de 200 à 1400 kg/m2.s. Ces
données sont le mieux prédites, à -10 °C, par des corrélations usuelles et, à 5 °C, par des modèles
homogènes ou spécifiquement dédiés aux micro-canaux. Cela laisse à penser que l’écoulement se
rapproche d’un écoulement à phases séparées lorsque la température diminue, et se rapproche d’un
écoulement de type homogène lorsque la température augmente. Par ailleurs, les corrélations usuelles
ont généralement tendance à surestimer les pertes de pression mesurées alors que les modèles
homogènes ou les méthodes destinées aux micro-canaux ont tendance à sous-estimer les mesures. La
corrélation de Müller-Steinhagen et Heck est celle qui donne les meilleurs résultats sur l’ensemble des
données (|ξ|=14,7 % ; λ20=75,2 %). Néanmoins, deux approches permettent d’améliorer de beaucoup
les prédictions : une approche par le modèle homogène ; et une approche par interpolation linéaire
s’appuyant sur la prédiction du titre au maximum des pertes de pression. Dans le premier cas, une

-182-
Synthèse et perspectives

nouvelle expression de la viscosité du mélange diphasique est proposée. A faible titre, on trouve que
cette viscosité équivalente du mélange est plus importante que celle du liquide seul et que cette
tendance s’accentue lorsque la température diminue. Dans le second cas, on trouve que le titre
correspondant au maximum des pertes de pression est généralement mal prédit par les corrélations
conventionnelles. Ces deux méthodes donnent un écart de prédiction moyen en valeur absolue
inférieur à 10 % et plus de 90 % des données sont prédites à 20 % près. La méthode de Lockhart-
Martinelli [151] peut également être utilisée avec un paramètre de Chisholm (C) dont la valeur est
proche de 5, indépendamment du régime (turbulent ou laminaire) des deux phases. En outre, pour les
vitesses massiques les plus élevées, nos mesures montrent un point d’inflexion lorsque les pertes de
pression augmentent avec le titre. Une approche phénoménologique, s’appuyant sur les écoulements
intermittent et annulaire, est prometteuse pour reproduire cette tendance.

La plupart des mesures du coefficient d’échange thermique se rapportant à des micro-canaux ont été
faites pour des températures positives. Dans ce cas, l’échange thermique montre toutes les
caractéristiques d’une ébullition nucléée dominante, c'est-à-dire une dépendance forte du coefficient
d’échange thermique vis-à-vis de la densité de flux thermique et de la température de saturation, et, en
revanche, une influence limitée de la vitesse massique et du titre. En conséquence, l’utilisation de
corrélations conventionnelles semble inadaptée pour la prédiction du coefficient d’échange thermique
en raison de l’importance donnée au mécanisme d’évaporation convective. L’emploi de corrélations
dédiées à l’ébullition nucléée est plus approprié. En outre, d’après Ayad et al. [138,139], le coefficient
d’échange thermique est plus élevé lors de l’évaporation du CO2 dans des tubes multicanaux que dans
des tubes simples. Ainsi, ces auteurs recommandent d’utiliser la corrélation de Cooper [135] pour les
tubes simples et la version modifiée proposée par Cheng et al. [54] pour les tubes multicanaux.
Néanmoins, lorsque le nombre d’ébullition est inférieur à un certain seuil (Bo=1×10-4), Ayad et al.
suggèrent de prendre également en compte l’évaporation convective par le biais d’un modèle
asymptotique (Thome et El Hajal [83]).

Les expériences de visualisation menées par plusieurs auteurs permettent d’identifier un point de
transition entre les écoulements de type confiné et non-confiné. Cette transition a vraisemblablement
lieu pour des diamètres de canaux situés entre 1 et 0,8 mm et des températures de saturation proches
de 20 à 25 °C. Ainsi, beaucoup d’investigations, concernant l’évaporation du CO2 dans des micro-
canaux à haute température, ont été réalisées pour des conditions où le confinement de l’écoulement
n’est probablement pas à négliger (diamètre et température inférieurs à la limite évoquée). Cela remet
en question le rôle véritablement joué par l’ébullition nucléée, et laisse à penser que d’autres
mécanismes de transfert de chaleur auraient pu également intervenir, comme l’évaporation du fin film
de liquide entourant les bulles allongées.

Notre étude expérimentale a permis de mesurer le coefficient d’échange thermique du CO2 circulant
dans un tube de 0,529 mm de diamètre et pour des températures de saturation négatives, égales à -10,
-5 et 0 °C. Plusieurs vitesses massiques comprises entre 200 et 1200 kg/m2.s ont été investiguées ainsi
que trois densités de flux thermique égales à 10, 20 et 30 kW/m2. L’analyse des résultats permet
d’identifier plusieurs régimes de transfert thermique pouvant chacun être mis en relation avec une
configuration d’écoulement particulière. L’ébullition nucléée domine sans doute les échanges
thermiques lorsque le titre est inférieur à 0,1 correspondant à l’écoulement à bulles (isolées). Lorsque
le titre est plus important, deux régimes de type convectif – et donc a priori moins liés à la nucléation
que pour des températures et diamètres plus importants – semblent exister. Ces régimes sont
discriminés par un critère portant sur le nombre d’ébullition et dont la valeur est proche de celle
proposée par Ayad et al. Pour le premier régime (Bo>1,1×10-4), le coefficient d’échange thermique est
largement influencé par la densité de flux thermique et montre une dépendance modérée vis-à-vis du
titre et de la vitesse massique. Dans ce cas, on peut supposer que l’écoulement est principalement
intermittent. Pour le second régime (Bo<1,1×10-4), le coefficient d’échange thermique est fortement
dépendant du titre et de la vitesse massique et est faiblement influencé par la densité de flux
thermique. L’écoulement est alors présumé principalement annulaire. De plus, aucun effet lié au
régime, laminaire ou turbulent, de la phase liquide ne semble exister. Concernant la prédiction du
coefficient d’échange thermique, certaines méthodes conventionnelles (modèles de superposition ou
asymptotiques) comme les ont utilisées Chen [82], Jung et al. [111] et Wattelet et al. [123] donnent –

-183-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

étonnamment – un écart moyen en valeur absolue inférieur à 20 % sur nos mesures. Néanmoins, une
meilleure correspondance avec les résultats peut être obtenue en considérant les trois régimes
thermiques évoqués : la corrélation de Cooper modifiée par Cheng et al. [54] donne la meilleure
prédiction pour le régime à bulles ; le modèle d’intensification de Hihara et Tanaka [59] se prête bien
au régime intermittent ; et les échanges thermiques correspondant au régime annulaire sont bien
représentés par un facteur d’intensification du type de celui de Chen. De cette manière, plus de 80 %
des données peuvent être prédites à 20 % près et l’écart moyen en valeur absolue est de 12 %.

Concernant le titre d’assèchement, deux comportements différents peuvent être observés. D’après les
mesures issues de la littérature, principalement obtenues pour des canaux de 0,8 et 1 mm de diamètre
et pour des températures positives (de 0 à 20 °C), le titre d’assèchement diminue lorsque la vitesse
massique augmente. En revanche, d’après nos mesures obtenues pour un tube de 0,5 mm et pour des
températures négatives, le titre de début d’assèchement augmente avec la vitesse massique, notamment
pour la température de -10 °C. Dans ces deux cas, la densité de flux thermique a une influence
modérée sur le titre d’assèchement. Néanmoins, dans certaines conditions particulières, nos données et
celles de la littérature semblent pouvoir se recouper à travers un comportement de transition ayant
pour point commun l’effet important de la densité de flux thermique sur le titre d’assèchement, si tant
est qu’il s’agisse du même phénomène physique. Ce comportement de transition est identifiable pour
un tube de 1 mm lorsque la vitesse massique est importante (1500 kg/m2.s) et la température de
saturation suffisamment faible (5 °C) (Yun et Kim [100]). C’est également le cas pour notre tube de
0,5 mm lorsque la température est suffisamment élevée (0 °C). Dans ces conditions de transition, pour
des vitesses massiques élevées, on observe que le titre d’assèchement (fin d’assèchement pour Yun et
Kim, début d’assèchement pour notre étude) diminue fortement lorsque la densité de flux thermique
augmente.

Nos essais ont été réalisés dans des conditions où l’écoulement est très probablement confiné. Ils ont
montré que les pertes de pression et le coefficient d’échange thermique sont affectés par la densité de
flux thermique, notamment pour les vitesses massiques les plus faibles où l’écoulement intermittent
est supposé prendre de l’importance. Ainsi, il nous paraît intéressant de poursuivre les travaux de
visualisation entamés par Pettersen [58] pour des diamètres inférieurs au millimètre et des
températures de saturation inférieures à 20 °C. Dans cette perspective, des essais en présence d’un flux
de chaleur variable nous semblent essentiels. En effet, cela permettrait de mieux discerner
l’importance respective de l’ébullition nucléée et de l’évaporation du film liquide présent autour des
bulles allongées. Il est important de savoir dans quelle mesure la formation de (petites) bulles est
possible dans le film ou dans les bouchons de liquide, et quelle est son influence sur la configuration
de l’écoulement. Une autre question reste également ouverte : l’influence du flux de chaleur sur la
configuration de l’écoulement intermittent, autrement dit la fréquence des bouchons de liquide ou la
vitesse de coalescence des bulles allongées. Une meilleure connaissance de ce point de vue permettrait
le développement de modèles phénoménologiques. Finalement, des essais de visualisation en
condition non-adiabatique pourraient clarifier le problème de l’assèchement en en déterminant en
partie la cause : pour le régime annulaire, l’entraînement de gouttelettes ou la formation de vagues et,
pour le régime intermittent, l’assèchement du film liquide entourant les bulles confinées.

Concernant le travail expérimental

Une part importante du présent travail de thèse a été consacrée à l’étude expérimentale. Etant données
les contraintes liées à la taille du canal et à la température d’évaporation du CO2, un soin particulier a
été accordé à la réalisation de la section d’essai notamment du point de vue de l’isolation thermique,
des mesures de température et de pression. Les choix techniques ont ainsi permis d’obtenir des
résultats de qualité dans des conditions à notre connaissance non expérimentées à ce jour. Néanmoins,
faute de temps, l’ensemble des mesures envisagées initialement n’a pas pu être fait. L’investigation
peut donc être poursuivie pour des températures positives afin, d’une part, de recouper les données de
la littérature et, d’autre part, d’avoir une vision plus complète concernant l’effet de la température sur
les pertes de pression et le titre d’assèchement. Il serait également intéressant de compléter ce travail
en étudiant l’effet du diamètre (1 et 2 mm par exemple) pour des températures de saturation négatives,
où très peu de données sont disponibles. Finalement, la section d’essai, dans sa configuration actuelle,

-184-
Synthèse et perspectives

peut d’ores et déjà accueillir un tube de visualisation d’un diamètre de 0,5 mm afin de faire des
observations en conditions adiabatiques sans être gêné par la formation de givre.

-185-
Annexes

-187-
Annexe 1
Récapitulatif des principaux modèles et
corrélations spécifiques au CO2 pour la
prédiction du coefficient d’échange thermique
pré-assèchement

A1.1 Modèles et corrélat ions pour macro et micro-canaux ......................... 190


A1.1.1 Modèle phénomènologique de Thome et El Hajal [83]................................ 190
A1.1.2 Modèle phénomènologique de C he ng et al. [55] [54,76] ............................ 191
A1.1.3 Corrélation de Katsuta et a l. [ 118] ......................................................... 192
A1.1.4 Corrélation de Wang et al. [113]............................................................ 193

A1. 2 Modèles et corrélations pour macro-canaux ...................................... 194


A1.2.1 Corrélation de Yoon et al. [ 80] .............................................................. 194
A1.2.2 Modèle de Derevich et Smirnova [79] ..................................................... 195

A1.3 Corréla tions pour micro-cana ux .. ... ........... .... .......... ... .............. ... ...... 195
A1.3.1 Corrélation d e Hihara et Tanaka [59]...................................................... 195
A1.3.2 Corrélation de Yun et al. [98] ................................................................ 196
A1.3.3 Corrélation de Choi et al. [119] ............................................................. 196

-189-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

A1.1 Modèles et corrélations pour macro et micro-canaux

A1.1.1 Modèle phénomènologique de Thome et El Hajal [83]

Avec et sans assèchement partiel

Critère d’assèchement partiel


Angle (θdry)
G ≥ G A / SW θ dry = 0
(G A / SW − G)
G A / SW > G > G SW / S θ dry = θ strat
(G A / SW − G SW / S )
G ≤ G SW / S θ dry = θ strat
Partie sèche
Convection (αdry)
0 ,8
⎛ GxD ⎞ λv
α v = 0,023⎜⎜ ⎟⎟ Prv
0, 4

⎝ εµ v ⎠ D
Partie mouillée
Facteur de suppression (S) Ebullition nucléée (αnpb)
(1 − x )
1/ 2
0,71 hCooper + 3970
0,121Reδ
0 , 225 × (Cooper [135] modifiée)
n=3
Facteur d’intensification (F) Evaporation convective (αcv)
F =1 λl
α l = 0,0133Reδ 0, 69 Prl 0, 4
× δ
(Kattan et al. [77])
4 G (1 − x )δ
Reδ = ; δ : épaisseur du film liquide ; ε : taux de vide par Steiner [49]
µ l (1 − ε )

Données source ξ [%] ξ [%] D [mm] Tsat [°C] G [kg/m2.s] q [kW/m2]

[59,94,127,172,181] 86 % des données 0,79 à 10.06 -25 à 25 85 à 1440 4 à 36


à ± 30 % près
Données testées par Thome et Ribatski [36]
Yun et al. [78] 17 25 6 0 à 10 170 à 340 10 à 20
Yoon et al. [80] 43 53 7,73 -4 à 20 200 à 530 12 à 20

-190-
Méthodes de prédiction du coefficient d’échange thermique / Annexe 1

A1.1.2 Modèle phénomènologique de Cheng et al. [55] [54,76]

Avec et sans assèchement partiel

Critère d’assèchement partiel


Angle (θdry)
G ≥ G A / SW θ dry = 0
0 , 61
⎛ G A / SW − G ⎞
G A / SW > G > G SW / S θ dry = θ strat ⎜⎜ ⎟⎟
⎝ G A / SW − G SW / S ⎠
G ≤ G SW / S θ dry = θ strat
Partie sèche
Convection (αdry)
0 ,8
⎛ GxD ⎞ λv
α v = 0,023⎜⎜ ⎟⎟ Prv
0, 4

⎝ µvε ⎠ D
Partie mouillée
Facteur de suppression (S) Ebullition nucléée (αnpb)
x < x IA : S = 1
2 2, 2 131p r (− log10 p r ) M −0,5 q 0,58
− 0 , 0063 −0 , 55

⎛ D ⎞
x ≥ x IA : S = 1 − 1,14⎜ ⎟

⎜⎜1 −
δ ⎞
⎟⎟
× (corrélation de Cooper [135] modifiée)
⎝ 0,00753 ⎠ ⎝ δ IA ⎠
n=3
Facteur d’intensification (F) Evaporation convective (αcv)
λl
α l = 0,0133Reδ 0, 69 Prl 0, 4
F =1 × δ

4 G (1 − x )δ
Reδ = ; δ : épaisseur du film liquide ; ε : taux de vide par Steiner [49]
µ l (1 − ε )

2 2
Données source ξ [%] ξ [%] D [mm] Tsat [°C] G [kg/m .s] q [kW/m ]
Cheng et al. [54] : 20,9 0,6 à 10 -28 à 25 50 à 1500 1,8 à 46
[60,78,80,94,95,127] 83,2 % des données
Complété par pré-assèchement
Cheng et al. [55] : à ± 30 % près
[76][88,98,99,129,162,186,
191,194,245,246]

-191-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

A1.1.3 Corrélation de Katsuta et al. [118]

Avec et sans assèchement partiel

Critère d’assèchement partiel


Angle (θdry)
1,1
⎛ 1 ⎞
θ dry = 9 × 10 Bo Bd
−6 0,5 4, 4
Fr − 3, 4
⎜⎜ ⎟⎟ 2π
D ≥ 4,59 mm
⎝ X tt ⎠

D < 4,59 mm θ dry = 0


Partie sèche
Convection (αdry)
0 ,8
λ ⎛GxD⎞
F × 0,023 v ⎜⎜ ⎟⎟ Prv 0, 4
D ⎝ µv ⎠

[(
F = 1 + 62,67 Rev × 10 − 4 )
−0 , 8
Fr 0,6 ]
2 , 62

Partie mouillée
Facteur de suppression (S) Ebullition nucléée (αnpb)
D ≤ 3 mm :
⎧ ⎛ Retp × 10 8 ⎞
0, 4

⎪ −5 ⎜ ⎟ γ ⎪⎬
S = 5 exp⎨− 5 × 10 0,1 λ ⎛ qD ⎞
0 , 745
⎛ ρv ⎞
0 , 581
⎜ Bo 0,1 ⎟⎠ 207 l ⎜⎜ ⎟⎟ ⎜⎜ ⎟⎟ 0 , 533
⎪⎩ ⎝ ⎪⎭ Prl
d b ⎝ λl Tsat ⎝ ρl
D ≥ 4 mm : × ⎠ ⎠

⎧ ⎛ Retp × 10 8 ⎞ ⎫⎪
0, 4
(Stephan-Abdelsalam) n=1
⎪ −5 ⎜ ⎟ ⎬
S = 6,5 exp⎨− 3,8 × 10 0,1
⎜ Bo 0 ,1 ⎟
⎪⎩ ⎝ ⎠ ⎪⎭

Facteur d’intensification (F) Evaporation convective (αcv)


0 ,886 3 0,9
⎛ 1 ⎞ ⎛ρ ⎞ ⎛ 1 ⎞
F = 1 + 0,258⎜⎜ ⎟⎟ + 92,32⎜⎜ v ⎟⎟ ⎜⎜ ⎟⎟ × αl (Dittus-Boelter)
⎝ X tt ⎠ ⎝ ρl ⎠ ⎝ X tt ⎠
Paramètres
{
γ = 1 + 3 exp − 0,006 Bo × 10 4 (Bd Fr )1,3 }
Dans l’article original aucune information n’est donnée sur la définition du nombre de Froude (Fd) ni du nombre
de Reynolds diphasique (Retp) utilisés. Le facteur de suppression (S) n’est pas défini pour les diamètres compris
entre 3 et 4 mm.

Données source ξ [%] ξ [%] D [mm] Tsat [°C] G [kg/m2.s] q [kW/m2]

Katsuta et al. [118] < 30 % 1à6 -30 à 10 200 ? 10 ?

-192-
Méthodes de prédiction du coefficient d’échange thermique / Annexe 1

A1.1.4 Corrélation de Wang et al. [113]

Sans assèchement partiel (corrélation de Yoshida [115] modifiée)


Facteur de suppression (S) Ebullition nucléée (αnpb)
1 0 , 745 0 , 581
λ ⎛ qD ⎞ ⎛ ρv ⎞
(Re ) 207 l ⎜⎜ ⎟⎟ ⎜⎜ ⎟⎟ 0 , 533
× 10 −4 2 Prl
1 + K3
tp × d b ⎝ λl Tsat
⎠ ⎝ ρl ⎠
(Bo × 10 ) 4 K4
X tt
K5
(Stephan-Abdelsalam) n=1

Facteur d’intensification (F) Evaporation convective (αcv)


K2
⎛ 1 ⎞
F = 1 + K 1 ⎜⎜ ⎟⎟ × α l (Dittus-Boelter)
⎝ X tt ⎠
Autres variables et paramètres
0,5
⎡ 2σ ⎤
d b = 0,51⎢ ⎥ , Retp = Rel F 1, 25
⎣ g (ρ l − ρ v ) ⎦
D K1 K2 K3 K4 K5
0,7 1,0 1,2 15 4,0 0,0
1,0 1,0 1,2 0,5 0,0 0,0
2,0 1,0 1,2 0,5 0,0 0,0
4,0 1,3 0,8 0,4 0,8 0,5

Données source ξ [%] ξ [%] D [mm] Tsat [°C] G [kg/m2.s] q [kW/m2]

Wang et al. [113] < 30 % 0,7 à 4 15 360 à 1440 9 à 36

-193-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

A1.2 Modèles et corrélations pour macro-canaux

A1.2.1 Corrélation de Yoon et al. [80]

Sans assèchement partiel : θdry=0 (corrélation de Liu et Winterton [109] modifiée)


Facteur de suppression (S) Ebullition nucléée (αnpb)
1 55 p r
0 ,12
(− log10 p r )−0,55 M −0,5 q 0,67
1 + 1,62 × 10 −6 F 0, 69 Rel
1,11 × (Cooper)
n=2
Facteur d’intensification (F) Evaporation convective (αcv)
0 ,11
⎛ ⎛ρ ⎞⎞
⎜1 + 9,36 × 10 3 xPrl ⎜ l − 1⎟ ⎟ × α l (Dittus-Boelter)
⎜ ⎜ρ ⎟⎟
⎝ ⎝ v ⎠⎠
Avec assèchement partiel

Critère d’assèchement partiel


Angle (θdry)
x > x di 2,6
⎛ 1 ⎞
x di = 0,0012 Relo
2 , 79
(1000 Bo )0,06 Bd −4,76 2π 36,23Relo
3, 47
Bo 4 ,84
Bd − 0 , 27
⎜⎜ ⎟⎟
⎝ X tt ⎠
Partie sèche
Convection (αdry)
α v (Dittus-Boelter)
Partie mouillée (corrélation de Gungor et Winterton [107] modifiée)
Facteur de suppression (S) Ebullition nucléée (αnpb)
S =0 --

Facteur d’intensification (F) Evaporation convective (αcv) n=1


0 , 75 0 , 41
⎛ x ⎞ ⎛ ρl ⎞
1 + 3000 Bo 0,86 + 1,12⎜ ⎟ ⎜⎜ ⎟⎟ × α l (Dittus-Boelter)
⎝1− x ⎠ ⎝ ρv ⎠

Données source ξ [%] ξ [%] D [mm] Tsat [°C] G [kg/m2.s] q [kW/m2]

Yoon et al. [80] 1,5 15,2 7,53 -4 à 20 212 à 530 12 à 20


Données testées
Cho et Kim [84] -20,39 4 ; 7,72 0 à 20 212 à 656 6 à 20
Koyama et al. [185] -100 à -30 4,42 -5,6 à 14,3 360 à 650 --

-194-
Méthodes de prédiction du coefficient d’échange thermique / Annexe 1

A1.2.2 Modèle de Derevich et Smirnova [79]


Sans assèchement partiel : θdry=0
Facteur de suppression (S) Ebullition nucléée (αnpb)
0 , 67 −0 , 33
⎛ q nb ⎞ Cp l ⎛ 1 σ ⎞
⎜⎜ ⎟⎟ ⎜ ⎟ Prl
− nb
ψ b ψ cr × ⎜µ g (ρ l − ρ v ) ⎟⎠
⎝ hlv ⎠ Cb ⎝ l
(Rohsenow) n=1

Facteur d’intensification (F) Evaporation convective (αcv)


λl
F =1 × (Nu l + 1) , Nu l = 0,0133 (Re δ 4)0,69 Prl 0, 4
δ
Variables et paramètres
⎡ ⎛ δ − db ⎞⎤ ⎡ ⎛ δ − δ cr ⎞⎤
ψ b = 0,5⎢1 + tanh⎜⎜ ⎟⎟⎥ , ψ cr = 0,5⎢1 + tanh⎜⎜ ⎟⎟⎥ ; q nb = q − α cv ∆T
⎣ ⎝ Lo ⎠⎦ ⎣ ⎝ δ cr ⎠⎦
σ ρ l Cpl Tsat λl σ Tsat ⎛ 1 1 ⎞
d b = 4,65 × 10 −4 Lo ( Ja ) , δ cr = ⎜⎜ − ⎟⎟
5/ 4
Lo = , , Ja =
g (ρ l − ρ v ) ρ v hlv q nb hlv ⎝ ρv ρl ⎠
C b = 0,018 , nb = 0,35 (proposé pour le CO2)

Données testées ξ [%] ξ [%] D [mm] Tsat [°C] G [kg/m2.s] q [kW/m2]

Yun et al. 2003 [78] 6 0 à 10 170 à 340 10 à 20

A1.3 Corrélations pour micro-canaux

A1.3.1 Corrélation de Hihara et Tanaka [59]


Sans assèchement partiel (corrélation de Schrock-Grossman [114] modifiée)
Facteur de suppression (S) Ebullition nucléée (αnpb)
S =0 × --

Facteur d’intensification (F) Evaporation convective (αcv) n=1


⎡ 2

⎛ 1 ⎞ 3
F = K 1 ⎢ Bo ×10 4 + K 2 ⎜⎜ ⎟⎟ ⎥
× α lo (Dittus-Boelter)
⎢ ⎝ X tt ⎠ ⎥
⎣⎢ ⎦⎥
Autres variables et paramètres
D K1 K2
1 1,47 0,63

Données source ξ [%] ξ [%] D [mm] Tsat [°C] G [kg/m2.s] q [kW/m2]

Hihara et Tanaka [59] * 1 15 360 à 1440 9 à 36


Données testées
Yamamoto et al. [56] * 1 14,3 à 26,8 300 20
* 0,5 ; 1 14,3 500 ; 700 30
* : bonne correspondance d’un point de vue qualitatif.

-195-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

A1.3.2 Corrélation de Yun et al. [98]

Sans assèchement partiel


Facteur de suppression (S) Ebullition nucléée (αnpb)
S =1 × 16,26 p r
0 , 72
q 0,88
n=1
Facteur d’intensification (F) Evaporation convective (αcv)
F =0 × --

Données source ξ [%] ξ [%] D [mm] Tsat [°C] G [kg/m2.s] q [kW/m2]

Yun et al. 2005 [98] 2 ; 0,98 0 à 10 500 à 3570 7,2 à 48,1


Neksa et al.[137] 10 38 0,79 0 à 20 190 à 570 5 à 20
Hihara et Tanaka [59] 1 15 360 à 1440 9 à 36
Données testées
Jeong et Park [134] -0,7 13,4 0,8 0, 5 ; 10 400 à 800 12 à 18

A1.3.3 Corrélation de Choi et al. [119]

Sans assèchement partiel


Facteur de suppression (S) Ebullition nucléée (αnpb)

7,2694 φ ( )
2 0 , 0094
Bo 0 , 2814
× 55 p r
0 ,12
(− 0,4343 ln p r )−0,55 M −0,5 q 0,67
l
(Cooper ) n=1
Facteur d’intensification (F) Evaporation convective (αcv)
0,05φ + 0,95
l
2
× α l (Dittus-Boelter)
Autres variables et paramètres
1/ 8 7/8 1/ 2
C 1 ⎛µ ⎞ ⎛1− x ⎞ ⎛ ρv ⎞
φ = 1+
2
+ , X tt = ⎜⎜ l ⎟⎟ ⎜ ⎟ ⎜⎜ ⎟⎟
⎝ µv ⎠ ⎝ ρl
l 2
X tt X tt ⎝ x ⎠ ⎠
C (tt ) = 20 , C (lt ) = 12 , C (tl ) = 10 , C (ll ) = 5
(C est fonction du régime des phases liquide et vapeur ; l : laminaire ; t : turbulent)

Données source ξ [%] ξ [%] D [mm] Tsat [°C] G [kg/m2.s] q [kW/m2]

Choi et al. [119] 0,37 8,41 1,5 ; 3 -10 à 10 200 à 600 20 à 40


Données testées
Jeong et Park [134] 28,4 28,8 0,8 0, 5 ; 10 400 à 800 12 à 18

-196-
Annexe 2
Récapitulatif des principaux modèles et
corrélations spécifiques au CO2 pour la
prédiction des pertes de pression

A2.1 Modèles et corrélations pour macro et micro-canaux ......................... 198


A2.1.1 Modèle phénomènologique de Cheng et al. [55] ....................................... 198
A2.1.2 Corrélation de Wang et al. [113]............................................................ 198

A2.2 Corrélations pour macro-canaux ....................................................... 199


A2.2.1 Corrélation de Yoon et al. [80] .............................................................. 199
A2.2.2 Corrélation de Katsuta et al. [118] ......................................................... 199

A2.3 Corrélations pour micro-canaux ........................................................ 200


A2.3.1 Corrélation de Pamitran et al. [168] ....................................................... 200
A2.3.2 Corrélation de Yamamoto et al. [56] ...................................................... 200

-197-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

A2.1 Modèles et corrélations pour macro et micro-canaux

A2.1.1 Modèle phénomènologique de Cheng et al. [55]

Expressions pour l’écoulement annulaire (parmi d’autres régimes d’écoulement possibles)


4 ρ v uv
2
⎛ dP ⎞ −0 , 454 −0 , 0308
−⎜ ⎟ = fA avec f A = 3,128 Rev Wel
⎝ dz ⎠ f D 2
GxD ρ l u l2 D Gx G (1 − x )
Rev = ; Wel = ; uv = ; ul = ; ε d’après Steiner [49]
µv ε σ ρv ε ρ l (1 − ε )

Données source ξ [%] ξ [%] D [mm] Tsat [°C] G [kg/m2.s] q [kW/m2]

[60,87,97,129,162-164] 28,6 0,8 à 7 -25 à 20 190 à 400 3 à 15


74,7 % des données
prédites à ± 30 % près

A2.1.2 Corrélation de Wang et al. [113]

Forme de la corrélation (forme intégrale entrée-sortie)


∆Ptp ⎡ 3 ⎛⎜ ρl ⎞

⎧⎪⎛ ρ ⎞
0 ,8
⎫⎪⎤
= K Frl
−0, 4
⎢1 + 1,2 x e 4 ⎜⎝ 1+ 0, 01 ρv ⎟
⎠ ⎨⎜⎜
l
⎟⎟ − 1⎬⎥
∆Plo ⎢ ρ
⎪⎩⎝ v ⎠ ⎪⎭⎥⎦

Variables et paramètres
⎛L⎞ ⎛ G ⎞
2
0,046 G
∆Plo = 4⎜ ⎟ f lo ⎜⎜ 0,5 ⎟⎟ , f lo = (Colburn), Frl =
⎝D⎠ ⎝ ρl ⎠ Relo
0, 2
ρ l gD
x e : titre de sortie (titre d’entrée nul)
D K
0,7 / 1,0 /2,0 1,4
4 1,6

Données source ξ [%] ξ [%] D [mm] Tsat [°C] G [kg/m2.s] q [kW/m2]

Wang et al. [113] < 10 % 0,7 à 4 15 360 à 1440 9 à 36

-198-
Méthodes de prédiction des pertes de pression / Annexe 2

A2.2 Corrélations pour macro-canaux

A2.2.1 Corrélation de Yoon et al. [80]

Corrélation de Chisholm [247] modifiée


⎡ B 0,875 ⎤
φlo2 = 1 + 4,2 (Y 2 − 1) ⎢ x (1 − x )0,875 + x1,75 ⎥ avec B d’après Chisholm [247]
⎣We D ⎦
ρv um 2 D
We D = ; u m : vitesse moyenne ( u m = j )
σ

Données source ξ [%] ξ [%] D [mm] Tsat [°C] G [kg/m2.s] q [kW/m2]

Yoon et al. [80] 1,8 16,2 7,53 -4 à 20 212 à 530 12 à 20

A2.2.2 Corrélation de Katsuta et al. [118]

Γ0 ⎡ ⎛ 1 ⎞ ⎤
φlo2 = ⎢1,52 ln⎜⎜ ⎟⎟ + 7,51⎥ × ε × η × ω ; Γ0 : non défini
2 ⎣ ⎝ X tt⎠ ⎦
⎧⎪ Bd < 25 : ε = 7,59 Bd −0 , 67


⎪⎩ Bd > 25 : ε = (0,001Bd 2 − 0,0204 Bd + 1,51)× (0,794 ln(Bd Γ0 ) − 2,87 )
⎧bouchons : η = −0,049 Frv 2 + 0,309 Frv + 0,525

⎩annulaire : η =1
⎧⎪Re l < 1800 : ω = 1 − 0,7 exp(−10 X tt 0,8 )

⎪⎩Re l ≥ 1800 : ω =1

Données source ξ [%] ξ [%] D [mm] Tsat [°C] G [kg/m2.s] q [kW/m2]

inconnu <20 % 3 ; 4,59 ; 7 -30 à 10 200 ? 10 ?

-199-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

A2.3 Corrélations pour micro-canaux

A2.3.1 Corrélation de Pamitran et al. [168]

Corrélation de Lockhart et Martinelli [151] modifiée


1/ 8 7/8 1/ 2
C 1 ⎛µ ⎞ ⎛1− x ⎞ ⎛ ρv ⎞
φ = 1+
2
+ 2, X tt = ⎜⎜ l ⎟⎟ ⎜ ⎟ ⎜⎜ ⎟⎟ (les deux phases sont supposées
⎝ µv ⎝ ρl
l
X tt X tt ⎠ ⎝ x ⎠ ⎠
turbulentes)
C = 1,2897 × 10 6 Wetp−3,3271 Retp0,5674
GD
Retp = ( µ tp d’après Dukler et al. [169])
µ tp
G2D
Wetp = , ρ tp = ε ρ v + (1 − ε ) ρ l ( ε d’après Steiner [49])
ρ tp σ

Données source ξ [%] ξ [%] D [mm] Tsat [°C] G [kg/m2.s] q [kW/m2]

Pamitran et al. [168] -0,55 9,41 1,5 ; 3 -10 à 10 200 à 600 10 à 30

A2.3.2 Corrélation de Yamamoto et al. [56]

Corrélation de Lockart-Martinelli [151] modifiée


Nouveau paramètre de Chisholm (C) :
C = 5[1 − exp(− 4 x )][(2G / GC + 1) exp(− 2G / GC ) − 1] + 5,5 ,
avec GC = −1060 x + 1160

Données source ξ [%] ξ [%] D [mm] Tsat [°C] G [kg/m2.s] q [kW/m2]

Yamamoto et al. [56] ? ? 0,5 10 à 18,3 300 à 1000 0


1 10 à 18,3 300 à 1000 0
2 14,3 200 à 700 0

-200-
Annexe 3
Compléments techniques

A3.1 Détail des circuits secondaires de l’installation expérimentale........... 202

A3.2 Détail de l’échangeur surchauffeur.................................................... 203

A3.3 Détail de l’enceinte sous vide............................................................ 204

A3.4 Détail du tube de visualisation .......................................................... 205

A3.5 Détail des connecteurs d’électrodes .................................................. 206

A3.6 Description de l’armoire climatisée ................................................... 207

A3.7 Vue d’ensemble de l’installation expérimentale ................................. 208

A3.8 Spécifications des instruments utilisés sur la section d’essai ............. 209
A3.8.1 Pression absolue ................................................................................. 209
A3.8.2 Pression différentielle........................................................................... 209
A3.8.3 Débit ................................................................................................. 209
A3.8.4 Acquisition des données ....................................................................... 210

-201-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

A3.1 Détail des circuits secondaires de l’installation expérimentale

Figure A3.1 : Schéma général de l’installation expérimentale comprenant les circuits secondaires et
montrant l’instrumentation de contrôle.

-202-
Compléments techniques / Annexe 3

A3.2 Détail de l’échangeur surchauffeur

Figure A3.2 : Dessin de l’échangeur de chaleur utilisé comme surchauffeur.

-203-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

A3.3 Détail de l’enceinte sous vide

Figure A3.3 : Schéma d’implantation des passages étanches dans la boite en plexiglass.

-204-
Compléments techniques / Annexe 3

A3.4 Détail du tube de visualisation

Figure A3.4 : Dessin du tube en verre.

-205-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

A3.5 Détail des connecteurs d’électrodes

Figure A3.5 : Dessin des connecteurs d’électrodes.

-206-
Compléments techniques / Annexe 3

A3.6 Description de l’armoire climatisée


La Figure A3.6 donne une représentation schématique de l’armoire climatisée dans laquelle est placé
le système d’acquisition dédié à la mesure des températures. Il s’agit d’une armoire électrique dans
laquelle un tunnel d’air a été installé pour réguler la température. L’air circule en boucle fermée ; il est
d’abord entraîné par deux ventilateurs avant de passer dans un échangeur refroidisseur. Ensuite, l’air
est réchauffé par deux résistances électriques. L’échangeur refroidisseur est un petit échangeur à
ailettes plates et tube en épingle dont la surface frontale fait 160×210 mm. Il est alimenté par de l’eau
industrielle dont la température varie entre 7,5 et 9,5 °C. Les ventilateurs à vitesse variable ont été
choisis pour produire un débit d’air froid qui soit compatible avec le bilan thermique de l’armoire
(fuites thermiques, puissance dégagée par les appareils et puissance maximale des résistances
chauffantes). Un régulateur PID contrôle la quantité de chaleur produite par les résistances chauffantes
de façon à maintenir une température constante de 25 °C dans l’armoire. Cette dernière est recouverte
d’une couche de 19 mm d’isolant thermique (λ=0,038 W/m.K) de façon à limiter l’influence des
conditions extérieures. Outre le système d’acquisition comprenant le boîtier isotherme, les
alimentations électriques sont aussi placées dans l’armoire climatisée afin que leurs régulateurs
d’intensité donne une réponse constante lorsqu’elles sont commandées. Le régulateur PID de l’armoire
climatisée est doté d’une sonde Pt 100 ; cependant, une lecture indépendante est réalisée avec une
sonde supplémentaire reliée au système d’acquisition (SCXI). D’après les mesures, la variation de la
température de l’air a généralement une amplitude de 0,1 K avec parfois un écart à 0,2 K.

Figure A3.6 : Schéma de l’armoire climatisée.

-207-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

A3.7 Vue d’ensemble de l’installation expérimentale

Figure A3.7 : Vue d’ensemble de l’installation expérimentale.

-208-
Compléments techniques / Annexe 3

A3.8 Spécifications des instruments utilisés sur la section d’essai

A3.8.1 Pression absolue


En amont de la section de préchauffe
KELLER PA33-100
Type de capteur : relatif à une cellule de 1000 mbar
Etendu de Mesure (E.M.) standard : 0…100 bar
Incertitude constructeur (entre 10 et 40°C) : 0,1 % E.M. = 0,1 % × 100 bar = 100 mbar
Etalonnage chez le constructeur : E.M. = 0…60 bar (-10…80°C)
Incertitude d’étalonnage : 0,08 % E.M. = 0,08 % × 60 bar = 48 mbar
Stabilité long terme : 0,5 mbar

En sortie de la section de mesure


KELLER PA33-100
Type de capteur : relatif à une cellule de 1000 mbar
Etendu de Mesure (E.M.) standard : 0…100 bar
Incertitude constructeur (entre 10 et 40°C) : 0,1 % E.M. = 0,1 % × 100 bar = 100 mbar
Etalonnage chez France Métrologie (20/06/2008) : E.M. = 10…50 bar
Incertitude d’étalonnage max. : 2,49 mbar
Incertitude due à la linéarisation
Ecart max. de linéarité : 0,04 % E.M. = 0,04 % × 40 bar = 16 mbar
Ecart max. de justesse : 0,08 % E.M. = 0,08 % × 40 bar = 32 mbar
Stabilité long terme : 0,5 mbar

A3.8.2 Pression différentielle


Aux bornes de la section d’essai
ROSEMOUNT 3051S
Etendu de Mesure (E.M.) standard : -2480…2480 mbar
Etendu de Mesure réglée : 0…1500 mbar
Performance totale : 0,15 % E.M. = 2,25 mbar

Aux bornes de la section d’essai


ROSEMOUNT 3051S
Etendu de Mesure (E.M.) standard : -620…620 mbar
Etendu de Mesure réglée : 0…150 mbar
Performance totale : 0,15 % E.M. = 0,22 mbar

A3.8.3 Débit
En sortie de la section d’essai (vapeur surchauffée)
MICROMOTION CMF010
Débit max. : 108 kg/h
Stabilité du Zéro (StZ) : 0,002 kg/h
Incertitude constructeur :
Débit > StZ/0,0035 (0,571 kg/h) : 0,35% de la mesure
Débit < StZ/0,0035 (0,571 kg/h) : (StZ/Débit) × 100 [%]
Etalonnage chez France Métrologie (12/06/2008) E.M. = 0…1,5 kg/h
Incertitude d’étalonnage : 0…0,89 g/h
Incertitude due au polynôme : 1,5 g/h
Incertitude due aux variations de la température de service :

-209-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

0,0001875×(Débit max.)×(Ecart p/r à T° du zéro)


= 0,0001875×108×(±10°C) = 0,2 kg/h (aucun effet notable sur le signal à débit nul)

A3.8.4 Acquisition des données


Mesure des signaux 4-20 mA (capteurs de pression et débitmètre)
FIELDPOINT Module FP-AI-110
Etendu de Mesure (E.M.) : 4…20 mA
Incertitude typique entre -40°C et 70°C : 0,16 % × lecture + 0,016 % × E.M.

Température de référence (pour l’étalonnage des thermocouples et sondes platines)


Sonde platine ROSEMOUNT 162CE + multimètre HP 3458A
Incertitudes d’étalonnage (LNE) : 0,008 K (entre -40 et 100°C)
Gamme multimètre : 100 Ω
Incertitude relative (dérive) du multimètre 2 ans après étalonnage :
(< 24h et ± 1K dernière auto-étalonnage, ± 5 K étalonnage usine)
20 ppm × lecture + 10 ppm × gamme

Tension des thermocouples


Carte de conditionnement SCXI-1102 gain = 100
Incertitude après étalonnage externe
Erreur d’offset max. : 15 µV (incertitude nulle après étalonnage des thermocouples)
Erreur de gain max. : 0,020 % × lecture (incertitude nulle après étalonnage des thermocouples)
Dérive de l’offset : 1 µV/K (négligée grâce à l’armoire climatisée)
Dérive du gain : 10 ppm/K (négligée grâce à l’armoire climatisée)
Carte d’acquisition USB SCXI-1600 gain = 1
Incertitude après étalonnage interne et ±1 K
Erreur d’offset : 811 µV (incertitude nulle après étalonnage des thermocouples)
Erreur de gain : 0,0146 % × lecture (incertitude nulle après étalonnage des thermocouples)

Tension de la sonde Pt100 du boîtier isotherme


Carte génératrice de courant SCXI-1581
Courant généré : 100 µA
Incertitude : 0,05 % (incertitude nulle après étalonnage de la sonde)
Dérive : 5 ppm/K (négligée grâce à l’étalonnage et l’armoire isotherme)
Carte de conditionnement SCXI-1102 gain = 100
Incertitude après étalonnage externe
Erreur d’offset max. : 15 µV (incertitude nulle après étalonnage de la sonde)
Erreur de gain max. : 0,020 % × lecture (incertitude nulle après étalonnage de la sonde)
Dérive de l’offset : 1 µV/K (négligée grâce à l’armoire climatisée)
Dérive du gain : 10 ppm/K (négligée grâce à l’armoire climatisée)
Carte d’acquisition USB SCXI-1600 gain = 1
Incertitude après étalonnage interne et ±1 K
Erreur d’offset : 811 µV (incertitude nulle après étalonnage de la sonde)
Erreur de gain : 0,0146 % × lecture (incertitude nulle après étalonnage de la sonde)

Tension aux bornes de la section de préchauffe


Carte de conditionnement SCXI-1102 gain = 1
Incertitude après étalonnage externe
Erreur d’offset max. : 300 µV
Erreur de gain max. : 0,015 % × lecture
Dérive de l’offset : 20 µV/K (négligée grâce à l’armoire climatisée)
Dérive du gain : 10 ppm/K (négligée grâce à l’armoire climatisée)
Carte d’acquisition USB SCXI-1600 gain = 0,5
Incertitude après étalonnage interne et ±1 K

-210-
Compléments techniques / Annexe 3

Erreur d’offset : 1601 µV


Erreur de gain : 0,0546 % × lecture

Tension aux bornes de la section de mesure


Carte de conditionnement SCXI-1102 gain = 1
Incertitude après étalonnage externe
Erreur d’offset max. : 300 µV
Erreur de gain max. : 0,015 % × lecture
Dérive de l’offset : 20 µV/K (négligée grâce à l’armoire climatisée)
Dérive du gain : 10 ppm/K (négligée grâce à l’armoire climatisée)
Carte d’acquisition USB SCXI-1600 gain = 1
Incertitude après étalonnage interne et ±1 K
Erreur d’offset : 811 µV
Erreur de gain : 0,0146 % × lecture

Intensité à travers la préchauffe


Alimentation GENESYS GENH 30-25
Tension maximale : 30 V
Intensité maximale : 25 A
Dérive de l’intensité commandée : 100 ppm/K (négligée grâce à l’armoire climatisée)
Incertitude sur l’intensité commandée : 0,1 % × commande + 0,1 % × 25 A

Intensité à travers la section de mesure


Alimentation GENESYS GENH 20-38
Tension maximale : 20 V
Intensité maximale : 38 A
Dérive de l’intensité commandée : 100 ppm/K (négligée grâce à l’armoire climatisée)
Incertitude sur l’intensité commandée : 0,1 % × commande + 0,1 % × 38 A

-211-
Annexe 4
Étalonnages et incertitudes

A4.1 Expression des incertitudes de mesurages


Dans cette section les incertitudes de mesurages sont calculées selon les règles décrites dans le Guide
pour l’expression de l’incertitude de mesure [248]. Si l’on considère un mesurande (Y) déterminée par
la relation fonctionnelle suivante faisant intervenir N grandeurs d’entrée indépendantes (Xi) :
Y = f ( X 1 , X 2 ,..., X N ) , (A4.1)
alors la loi de propagation des incertitudes conduit à ce que la variance sur l’estimation (y) de Y c'est-
à-dire l’incertitude-type (u) au carré, soit la somme des variances propres à chaque grandeur d’entrée.
Ainsi, l’incertitude type calculée (uc(y)) est dite composée. Elle s’écrit comme suit :
2
⎛ ∂f
N

u ( y ) = ∑ ⎜⎜
2
c u ( xi ) ⎟⎟ , (A4.2)
i =1 ⎝ ∂x i ⎠
où les dérivées partielles ∂f ∂xi sont appelées facteur de sensibilité et sont déterminées
algébriquement ou numériquement.

A titre d’exemple, si une régression polynomiale d’ordre n est réalisée sur une série d’observations
donnant z en fonction de w et que l’on obtient les coefficients ai tel que :
n
z = ∑ ai w i , (A4.3)
i =1

ainsi qu’une évaluations des incertitudes u(ai) pesant sur chaque coefficient, alors l’incertitude liée à
l’estimation de z (c'est-à-dire z(w)) par le polynôme d’ajustement peut s’écrire comme suit :

∑ (w )
n
2
uc ( z) = i
u (ai ) . (A4.4)
i =1

On présentera plus volontiers l’incertitude élargie (U) qui s’écrit sous la forme suivante :
U = k u c (z ) . (A4.5)
U définit alors un intervalle (z ±U) auquel est attribué un niveau de confiance qui est la probabilité de
cet intervalle, et k est le facteur d’élargissement associé. L’incertitude-type peut aussi être exprimée
sous la forme d’une incertitude relative pour plus de convenance :
uc ( y ) / y . (A4.6)

A4.2 Mesure de la température


Dans la section d’essai les mesures de la température sont effectuées à l’aide de thermocouples de type
T (jonction cuivre/cuivre-nickel) dont la répétabilité est excellente (incertitude ±0,1 K) dans la plage
allant de -200 à 200 °C. En revanche la bonne conductivité thermique du cuivre peut engendrer des
fuites thermiques le long des conducteurs. De plus, pour réduire les incertitudes de mesurage, un
boîtier de jonction isotherme externe au système d’acquisition est réalisé à partir d’une sonde à
résistance platine (Pt100) brasée sur une plaque de cuivre (Figure A4.1). Sur cette plaque, de petits
connecteurs sont collés à l’aide d’une colle époxy isolante électriquement et conductrice
thermiquement [Electrolube TBS20S, λ = 1,1 W/m.K] sur une épaisseur de 30 µm. L’ensemble du

-213-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

système d’acquisition et du boîtier isotherme est placé dans une armoire climatisée dans laquelle l’air
circule en boucle (Annexe A3). L’air est soufflé à 25 °C et le régulateur de température génère des
oscillations d’amplitude 0,1 K typiquement et 0,2 K occasionnellement. Cela permet de négliger la
dérive des amplificateurs opérationnels contenus dans le système d’acquisition (NI SCXI) avec la
température qui se trouve être de l’ordre de 1 µV/K pour l’erreur d’offset. Cette précaution est rendue
nécessaire car l’outil expérimental est soumis aux variations journalières et saisonnières de
température.

Figure A4.1 : Boîtier de jonction isotherme.

L’étalonnage des chaînes de mesurage des thermocouples et de la résistance de platine du boîtier


isotherme est réalisé à l’aide d’un bain thermostatique (Fluke 7341) commandé par le logiciel
d’acquisition des mesures qui a été modifié pour l’occasion. La température de référence du bain
thermostatique est obtenue à l’aide d’un thermomètre à résistance de platine (Rosemount type 162CE)
associé à un multimètre de précision (Hewlett-Packard 3458A). Cette chaîne de mesurage a été
étalonnée au Laboratoire National de Métrologie et d’Essais (LNE). Il en résulte une table qui décrit
l’écart entre la résistance mesurée et la fonction de référence de l’Echelle International de Température
de 1990 (EIT-90) (cf. § A4.2.1). La régression d’ordre deux opérée sur ces données donne une
incertitude-type sur les deux coefficients obtenus que l’on peut convertir en une incertitude élargie à
95% de confiance sur la température calculée (Figure A4.2).

−3
x 10
60 5
Incertitude élargie (95%) de la régression [°C]

40 4
Température [°C]

20 3

0 2

−20 1

−40 0
23 24 25 26 27 28 29 30 31
Résistance [Ω]

Figure A4.2 : Incertitude due à la régression opérée sur les données d'étalonnage du thermomètre de
référence.

-214-
Étalonnages et incertitudes / Annexe 4

A4.2.1 Etalonnage de la sonde à résistance platine (Pt100) du boîtier isotherme


L’étalonnage consiste à mesurer la résistance de la sonde de platine du boîtier isotherme lorsque ce
dernier est immergé dans le bain d’étalonnage dont on connaît la température grâce à la sonde de
référence. Cette valeur de résistance est rapportée à la mesure de résistance au point triple de l’eau
(0,01 °C) pour donner une résistance réduite (sans dimension) notée W(T) qui est calculée comme
suit :
W (T ) = R(T ) / R(273,16 K ) . (A4.7)
Contrairement à l’étalonnage de la sonde de référence nous ne disposons pas de cellule au point triple
de l’eau. Nous avons trouvé la résistance correspondante en utilisant le bain d’étalonnage, et en faisant
une régression linéaire sur des mesures faites entre -0,25 et 0,75 °C. La Figure A4.3 donne la valeur de
cette résistance assortie de son incertitude liée à la régression.

−3
x 10
100.4 2

Incertitude élargie (95%) de la régression [Ω]


R(0.01) = 100.04067 ±0.00063

100.2 1.5
Résistance [Ω]

100 1

99.8 0.5
−0.5 0 0.5 1
Température moyenne (sonde de référence) [°C]

Figure A4.3 : Résistance à 0,01 °C de la sonde platine du boîtier isotherme.

L’étalonnage de la sonde de platine a été réalisé entre 20 °C et 30 °C car la température de l’armoire


climatisée où elle se trouve est de 25 °C. Les valeurs de résistances réduites mesurées ont permis de
définir le coefficient a de la loi d’écart suivante :
W (T ) − Wr (T ) = a.[W (T ) − 1] , (A4.8)
où Wr(T) est la fonction de référence décrite dans l’EIT-90 [249] que l’on rappelle ci-dessous.

Dans le domaine allant de 13,8033 K à 273,16 K :


i i
12
⎛ ln(T / 273,16 K ) + 1,5 ⎞ ⎛ Wr (T )1 / 6 − 0,65 ⎞
15
ln[Wr (T )] = A0 + ∑ Ai ⎜ ⎟ T / 273,16 K = B0 + ∑ Bi ⎜⎜ ⎟⎟
i =1 ⎝ 1,5 ⎠ i =1 ⎝ 0,35 ⎠
A0 = −2,13534729 A7 = 0,28021362 B0 = 0,183324722 B8 = − 0,075291522
A1 = 3,18324720 A8 = 0,10715224 B1 = 0,240975303 B9 = − 0,056470670
A2 = −1,80143597 A9 = −0,29302865 B2 = 0,209108771 B10 = 0,076201285
A3 = 0,71727204 A10 = 0,04459872 B3 = 0,190439972 B11 = 0,123893204
A4 = 0,50344027 A11 = 0,11868632 B4 = 0,142648498 B12 = − 0,029201193
A5 = −0,61899395 A12 = −0,05248134 B5 = 0,077993465 B13 = −0,091173542
A6 = −0,05332322 B6 = 0,012475611 B14 = 0,001317696
B7 = −0,032267127 B15 = 0,026025526

-215-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

Dans le domaine allant de 0 °C à 961,78 °C :


i i
⎛ T / K − 754,15 ⎞ 9
⎛ Wr (T ) − 2,64 ⎞
9
Wr (T ) = C 0 + ∑ C i ⎜ ⎟ T / K − 273,15 = D0 + ∑ Di ⎜ ⎟
i =1 ⎝ 481 ⎠ i =1 ⎝ 1,64 ⎠
C 0 = 2,78157254 C 5 = 0,00511868 D0 = 439,932854 D5 = 0,005184
C1 = 1,64650916 C 6 = 0,00187982 D1 = 472,418020 D6 = −0,963864
C 2 = −0,13714390 C 7 = −0,00204472 D2 = 37,684494 D7 = −0,188732
C 3 = −0,00649767 C8 = −0,00046122 D3 = 7,472018 D8 = 0,191203
C 4 = −0,00234444 C 9 = 0,00045724 D4 = 2,920828 D9 = 0,049025

La Figure A4.4 représente la loi d’écart associée à la sonde de platine du boîtier isotherme ainsi que
l’incertitude de la régression linéaire. La dérivée de la fonction de référence obtenue numériquement
permet de déduire l’incertitude sur la température mesurée qui est issue de cette régression. Cette
incertitude est quantifiée sur la Figure A4.5.

−3
x 10
−1.4 0.015

Incertitude élargie (95%) de la régression [°C]


niveau de confiance : 95%
30
−1.6

−1.8
Température [°C]
W(T) − Wr(T)

−2
0.01
−2.2

−2.4

−2.6
20

−2.8 0.005
0.075 0.08 0.085 0.09 0.095 0.1 0.105 0.11 0.115 0.12 107.5 108 108.5 109 109.5 110 110.5 111 111.5 112
W(T) − 1 Résistance [Ω]

Figure A4.4 : Loi d'écart de la sonde à résistance Figure A4.5 : Incertitude liée à la régression
platine du boîtier isotherme. appliquée aux données d'étalonnage de la sonde
Pt100.

La Figure A4.6 représente l’écart-type expérimental de la températures du bain mesurée (s(Tk)) pour
chaque point d’étalonnage ainsi que l’incertitude-type de son estimation (u(T)). Chaque point
d’étalonnage comprend 120 observations effectuées toutes les secondes. L’écart-type expérimental de
( )
la moyenne ( s T ) est ici utilisé comme mesure de l’incertitude de la température. Cette incertitude
est supposée comprise dans l’incertitude de régression, elle est donnée à titre indicatif. Les grandeurs
utilisées sont calculées de la façon suivante :

s (Tk ) =
1 n
∑ (Tk − T )2 , (A4.9)
n − 1 k =1

s 2 (Tk )
u (T ) = s (T ) = , (A4.10)
n
où n est le nombre d’observations indépendantes obtenues dans les mêmes conditions de mesure et
T la moyenne des températures.

-216-
Étalonnages et incertitudes / Annexe 4

−3 −4
x 10 x 10
3 3

Incertitude type de la moyenne [°C]


Ecart type expérimental [°C]
2.5 2

2 1
20 22 24 26 28 30
Température moyenne (sonde de référence) [°C]

Figure A4.6 : Incertitude de la moyenne des températures observées pour chaque point d’étalonnage
de la sonde platine.

Le Tableau A4.1 résume le calcul de l’incertitude d’étalonnage de la sonde à résistance de platine. On


y trouve deux contributions : d’une part celle provenant de la chaîne de mesure associée au
thermomètre de référence et d’autre part celle issue des moyens d’étalonnage (bain). Concernant le
calcul de l’incertitude de mesure de cette sonde, il s’agit de rajouter à l’incertitude d’étalonnage la
composante due à la dérive du système de mesure associé à la sonde Pt100. D’après les spécifications
du système de mesure NI SCXI, la dérive dans le temps peut être négligée si un étalonnage interne est
effectué toutes les 24 h et si l’étalonnage externe (ici l’étalonnage de la sonde) a moins d’un an. En ce
qui concerne la dérive associée à la variation de la température ambiante suite au dernier étalonnage
interne, cette dernière est négligée car le système de mesure est maintenu à 25 °C. Ainsi l’incertitude
de mesurage est supposée égale à l’incertitude d’étalonnage dans ce cas précis.

Tableau A4.1 : Calcul de l'incertitude d'étalonnage de la sonde à résistance de platine du boîtier


isotherme.
Etendue Loi de Facteur Incertitude-type Coef. de Variance
Composante (K) distribution d'élargissement (K) sensibilité (K2)
Sonde et multimètre de référence
Incertitude d'étalonnage
sonde LNE 0,008 Normale 2 0,004 1 1,60.10-05
Incertitude max. de la
régression 0,005 Normale 2 0,003 1 6,25.10-06
Dérive max. multimètre
(doc. constructeur) 0,016 Rectangulaire 1,73 0,009 1 8,55.10-05
Bain thermostatique & Pt100
Homogénéité du bain
(doc. constructeur) 0,010 Rectangulaire 1,73 0,006 1 3,34.10-05
Incertitude de la
régression à T=25 °C 0,010 Normale 2 0,005 1 2,50.10-05
Incertitude-type Variance
Incertitude composée élargie (K) composée (K) composée
0,026 2 0,013 1,66.10-04

A4.2.2 Etalonnage des thermocouples de type T


Un thermocouple peut être caractérisé par une relation qui lie sa force électro-motrice (f.é.m.) à la
température et qui est caractéristique du couple de matériaux dissemblables utilisé. Comme cette
f.é.m. est due à la différence de température entre celle de la jonction de mesure (soudure des deux
conducteurs dissemblables) et la jonction de référence (connections avec l’appareil de mesure), cette
courbe peut donc être décalée d’un incrément de tension arbitraire. Par convention on choisit de

-217-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

prendre la température de la jonction de référence à 0 °C ce qui implique que la f.é.m. passe par zéro
lorsque la température de la jonction de mesure passe par 0 °C. La norme CEI 584.1 [250,251] donne
le polynôme d’approximation (fonction de référence) suivant pour un thermocouple de type T :

Plage de -270 °C à 0 °C : Plage de 0 °C à 400 °C :


n n
Er = ∑ ai (T ) i [µV ] Er = ∑ ai (T ) i [µV ]
i =1 i =1

a1 = 3,8748106364.101 a8 = 3,8493939883.10 −12 a1 = 3,8748106364.101


a 2 = 4,4194434347.10 − 2 a9 = 2,8213521925.10 −14 a 2 = 3,3292227880.10 − 2
a3 = 1,1844323105.10 − 4 a10 = 1,4251594779.10 −16 a3 = 2,0618243404.10 − 4
a 4 = 2,0032973554.10 −5 a11 = 4,8768662286.10 −19 a 4 = −2,1882256846.10 −6
a 4 = 9,0138019559.10 −7 a12 = 1,0795539270.10 − 21 a5 = 1,0996880928.10 −8
a 6 = 2,2651156593.10 −8 a13 = 1,3945027062.10 − 24 a 6 = −3,0815758772.10 −11
a 7 = 3,6071154205.10 −10 a14 = 7,9795153927.10 − 28 a 7 = 4,5479135290.10 −14
a8 = −2,7512901673.10 −17

L’étalonnage des thermocouples consiste à trouver les coefficients d’une loi d’écart entre la f.é.m.
réelle (E2(T)) et la f.é.m. théorique établie par la fonction de référence (Er(T)). Cette loi d’écart est
supposée prendre la forme suivante :
∆E (T ) = E 2(T ) − Er (T ) , (A4.11)
∆E (T ) = a0 + a1T + a2 (T ) + a3 (T ) .
2 3
(A4.12)
Elle représente la somme de l’écart dû à l’erreur combinée du gain des amplificateurs opérationnels et
de l’inhomogénéité des conducteurs de thermocouple (∆E1) et de l’écart constant du à l’erreur d’offset
des amplificateurs opérationnels (∆E2). Cette loi d’écart peut donc être réécrite comme suit :
∆E (T ) = ∆E1(T ) + ∆E 2 , avec (A4.13)

∆E1(T ) = a1 T + a 2 (T ) + a3 (T ) et ∆E 2 = a 0 .
2 3
(A4.14)
Comme l’illustre la Figure A4.7, la tension U mesurée à la jonction du boîtier isotherme (jonction de
référence) est la somme d’une tension d’offset (∆E2) et d’une f.é.m. générée par l’écart entre la
température de la sonde de référence (Tref) et la température du boîtier isotherme (TPt100) que l’on écrit
comme suit :
[
U (TPt100 , Tref ) = ∆E 2 + E1(Tref ) − E1(TPt100 ) . ] (A4.15)
La fonction E1(T) est la f.é.m. corrigée des thermocouples qui peut s’écrire comme la somme de la
f.é.m. de référence (Er(T)) et de la correction (∆E1(T)) :
E1(T ) = Er (T ) + ∆E1(T ) . (A4.16)
En introduisant les équations (A4.16) et (A4.14) dans l’expression (A4.15), il vient donc :
[ ] [
U (TPt100 , Tref ) − Er (Tref ) − Er (TPt100 ) = ∆E 2 + ∆E1(Tref ) − ∆E1(TPt100 ) ; ] (A4.17)

U (TPt100 , Tref ) − [Er (T


ref ) − Er (TPt100 )] = a 0 + a [T
1 ref ] [ ] [
− TPt100 + a 2 Tref2 − TPt2 100 + a3 Tref3 − TPt3 100 . ]
(A4.18)

La Figure A4.8 montre la régression polynomiale faite sur l’écart de f.é.m. ∆E(T) ainsi que
l’incertitude engendrée. Une fois les coefficients a0, a1, a2 et a3 obtenus, la relation inverse (fT)
permettant d’obtenir la température en fonction de la f.é.m. corrigée (E1(T)) est déduite d’une
régression polynomiale d’ordre 14 dont on néglige l’incertitude engendrée. Finalement, la température
T mesurée par les thermocouples est calculée de la façon suivante :

-218-
Étalonnages et incertitudes / Annexe 4

E2

∆E2 E1
∆E (T)
∆E2
∆E1(T) Er
U
f.é.m.

E1(Tref)-E1(TPt100)

TPt100 Tref température

Figure A4.7 : Schéma illustrant la procédure de calcul de l'écart de f.é.m. des thermocouples par
rapport à la fonction de référence.

10
niveau de confiance : 95%

6
E2 − Er [µV]

−2
−20 −10 0 10 20 30 40 50
Température moyenne (sonde de référence) [°C]

Figure A4.8 : Loi d'écart d’un thermocouple typique.

E1(T ) = E1(TPt100 ) + (U (T ) − ∆E 2) , (A4.19)


T = f T ( E1(T )) . (A4.20)
La dérivée de la fonction fT permet de convertir l’incertitude sur la loi d’écart en incertitude sur la
température que l’on quantifie sur la Figure A4.9. Elle vaut typiquement 0,009 °C entre -20 °C et
20 °C, 0,016 °C à 30 °C et 0,05 °C à 50 °C. L’incertitude-type sur la moyenne des températures
mesurées à chaque point d’étalonnage, évaluée sur la Figure A4.10, est supposée comprise dans
l’incertitude de la régression faite sur les données d’étalonnage. Le Tableau A4.2 résume le calcul de
l’incertitude d’étalonnage des thermocouples qui comprend les composantes liées au thermomètre de
référence, au bain d’étalonnage et à la régression polynomiale faite sur les données d’étalonnage entre
-25 °C et 30 °C. Pour obtenir l’incertitude de mesure des thermocouples, présentée sur le Tableau
A4.3, il faut ajouter à l’incertitude d’étalonnage deux sources d’incertitude : (i) l’incertitude sur la
température de la jonction de référence qui comprend, d’une part, l’incertitude de mesure de la
résistance platine contenue dans le boîtier isotherme et, d’autre part, une composante liée à
l’inhomogénéité des températures des connecteurs contenus dans le boîtier isotherme que l’on néglige

-219-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

−3 −4
60 0.05 x 10 x 10

Incertitude élargie (95%) de la régression [°C]


3.5 3

Incertitude type de la moyenne [°C]


40 0.04

Ecart type expérimental [°C]


Température [°C]

3 2.5
20 0.03

0 0.02
2.5 2

−20 0.01

2 1.5
−40 0
−1000 −500 0 500 1000 1500 2000 −30 −20 −10 0 10 20 30 40 50
f.é.m. (E1) [µV] Température moyenne (sonde de référence) [°C]
Figure A4.9 : Incertitude liée à la régression Figure A4.10 : Incertitude de la moyenne des
appliquée aux données d'étalonnage des températures observées pour chaque point
thermocouples (illustration pour le thermocouple d’étalonnage des thermocouples.
n°1).

Tableau A4.2 : Calcul de l'incertitude d'étalonnage des thermocouples de type T.


Etendue Loi de Facteur Incertitude-type Coef. de Variance
Composante (K) distribution d'élargissement (K) sensibilité (K2)
Sonde et multimètre de référence
Incertitude d'étalonnage
sonde LNE 0,008 Normale 2 0,004 1 1,60.10-05
Incertitude de la
régression max. 0,005 Normale 2 0,003 1 6,25.10-06
Dérive multimètre max.
(doc. constructeur) 0,016 Rectangulaire 1,73 0,009 1 8,55.10-05
Bain thermostatique & TC
Homogénéité du bain
(doc. constructeur) 0,010 Rectangulaire 1,73 0,006 1 3,34.10-05
Incertitude de la
régression entre
-25 °C et 30 °C 0,016 Normale 2 0,008 1 6,40.10-05
Incertitude-type Variance
Incertitude composée élargie (K) composée (K) composée
0,029 2 0,014 2,05.10-04

Tableau A4.3 : Calcul de l'incertitude de mesure des thermocouples de type T.


Etendue Loi de Facteur Incertitude-type Coef. de Variance
Composante (K) distribution d'élargissement (K) sensibilité (K2)
Jonction de référence
Incertitude de mesure de
la sonde Pt 100 0,026 Normale 2 0,013 1 1,69.10-04
Homogénéité du boîtier
isotherme 0 Rectangulaire 1,73 0 1 0
Jonction de mesure
Incertitude d’étalonnage 0,029 Normale 2 0,015 1 2,10.10-04
Dérive de l’acqui. SCXI
due à la température 0 Rectangulaire 1,73 0 1 0
Dérive de l’acqui. SCXI
dans le temps 0 Rectangulaire 1,73 0 1 0
Incertitude-type Variance
Incertitude composée élargie (K) composée (K) composée
0,039 2 0,019 3,79.10-04

-220-
Étalonnages et incertitudes / Annexe 4

ici faute de pouvoir faire une évaluation précise et parce que ce boîtier est placé dans une
environnement régulé ; (ii) l’incertitude due à la dérive de l’instrument de mesure qui, comme pour la
sonde à résistance de platine, est négligée dans la mesure où une étalonnage interne est effectué
chaque jour et la température de l’environnement faiblement variable.

A4.3 Mesures géométriques


Les diamètres intérieur et extérieur du tube composant la section de mesure ont été déterminés sur la
base de six échantillons prélevés en amont et en aval de la longueur utilisée pour la section d’essai.
Plusieurs types de mesure ont été employés ; elles sont récapitulées dans le Tableau A4.4. Le diamètre
intérieur a été mesuré grâce à un Microscope Electronique à Balayage (MEB) (Figure A4.11a) à deux
grossissements différents, ainsi qu’avec un microscope optique (Figure A4.11b) à deux grossissements
différents (x63 et x40). Le MEB n’étant pas un outil de mesure en tant que tel, à moins qu’un
étalonnage ait été fait, les mesures obtenues par ce moyen ne sont pas considérées comme fiables
d’autant que le faible grossissement utilisé provoque une déformation de l’image. Les mesures faites
au microscope optique proviennent du traitement d’images faites avec un appareil photo numérique
dont on détermine l’échelle à l’aide d’un étalon de longueur. Il apparaît que le diamètre intérieur du
tube peut être estimé à 529,0 ±5,0 µm (k=2). Une technique similaire a été utilisée pour mesurer le
diamètre extérieur mais une plus faible dispersion des mesures a été obtenue à partir d’un Palmer
considéré comme plus fiable. Ainsi le diamètre extérieur peut être évalué à 1001,8 ±1,3 µm (k=2).

Tableau A4.4 : Résumé des mesures des diamètres intérieur et extérieur du tube capillaire.
Echantillon Ecart-type
Elargi
n°1 n°2 n°3 n°4 n°5 n°6 Moyenne Experimental (k=2)
Di MEB 1 535 531 542 554 536 534 538,7 7,61 15,22
[µm] MEB 2 537 533 538 532 528 536 534,0 3,42 6,83
Microscope
x63 527,95 529,7 524,46 526,2 531,44 528,82 528,1 2,28 4,55
Microscope
x40 533,52 530,72 526,53 526,53 534,92 530,72 530,5 3,17 6,34
De Palmer 1 1002,5 1002 1002 1002 1001,5 1001 1001,8 0,47 0,94
[µm] Palmer 2 1002 1003 1002 1001,5 1001 1001,5 1001,8 0,62 1,25
Microscope
x40 998,6 1005,58 1002,79 998,6 998,6 998,6 1000,5 2,75 5,51

(a) (b)
Figure A4.11 : Vue en coupe d’un échantillon du tube de la section de mesure, prise avec un MEB (a)
et avec un microscope optique (b).

-221-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

Les autres dimensions de la section de mesure ont été prises avec un pied à coulisse. Nous avons
estimé que la longueur du tube chauffé entre les deux électrodes (Lq) est égale à 159,3 ±0,1 mm
(k=1,73). La longueur entre les deux prises de pression (LDP) est de 191 ±0,5 mm (k=1,73). La
localisation des thermocouples sur la longueur est, elle, exacte à ±0,3 mm (k=1,73) près.

A4.4 Mesure de pressions


La température de saturation dans la section d’essai est déduite de la mesure de la pression absolue.
L’incertitude sur cette mesure de pression absolue provient d’une part du capteur lui-même et d’autre
part du multimètre (NI FieldPoint) qui évalue sa sortie analogique de type 4…20 mA. La Figure A4.12
détaille quelle part prend chacune de ces composantes et donne une évaluation de l’incertitude en
terme de température de saturation.

0.1 100

0.098 90

Composantes de l’incertitude [%]


0.096 80
Incertitude élargie (k=2) [°C]

0.094 70

0.092 60

0.09 50

0.088 40

0.086 30

0.084 20
acqui. NI FieldPoint
0.082 capteur de pression 10

0.08 0
−15 −10 −5 0 5 10 15
Température de saturation [°C]

Figure A4.12 : Incertitude sur la température de saturation.

Les mêmes sources d’incertitude sont valables pour la mesure de pression différentielle aux bornes de
la section de mesure. La Figure A4.13 et la Figure A4.14 donnent une évaluation de l’incertitude de
mesure des deux capteurs utilisés, pour leurs échelles de mesure respectives c’est à dire de 0 à 150
mbar et de 0 à 1500 mbar.

0.5 100 5 100


acqui. NI FieldPoint acqui. NI FieldPoint
0.475 capteur de pression 90 4.75 capteur de pression 90
Incertitude élargie (k=2) [mbar]
Incertitude élargie (k=2) [mbar]

Composantes de l’incertitude [%]


Composantes de l’incertitude [%]

0.45 80 4.5 80

0.425 70 4.25 70

0.4 60 4 60

0.375 50 3.75 50

0.35 40 3.5 40

0.325 30 3.25 30

0.3 20 3 20

0.275 10 2.75 10

0.25 0 2.5 0
0 50 100 150 200 400 600 800 1000 1200 1400
Différence de pression [mbar] Différence de pression [mbar]

Figure A4.13 : Incertitude sur la différence de Figure A4.14 : Incertitude sur la différence de
pression dans la gamme 0...150 mbar. pression dans la gamme 150...1500 mbar.

-222-
Étalonnages et incertitudes / Annexe 4

A4.5 Mesure du débit


La Figure A4.15 présente le résultat du calcul d’incertitude sur la mesure du débit massique dans la
section d’essai. Après l’étalonnage du débitmètre, on trouve trois composantes principales que sont
l’incertitude sur la mesure du débitmètre de référence, l’incertitude sur la régression faite à partir des
données d’étalonnage et l’incertitude sur la mesure de la sortie analogique du débitmètre faite avec un
module NI FieldPoint non compris dans la chaîne de mesure lors de l’étalonnage.

La vitesse massique se calcule de la manière suivante :


m
G= , (A4.21)
π Di 2
4
et la loi de propagation de l’incertitude sur la vitesse massique donne :
2 2
⎡ 1 ⎤ ⎡ m − 2 ⎤
( )
uc G =
2 ⎢ ⎥ (
u m +⎢
2
 ) ⎥ u 2 (Di ) . (A4.22)
⎢ π Di ⎥
2
⎢ π Di ⎥
3
⎣ 4 ⎦ ⎣ 4 ⎦

La Figure A4.16 rajoute à l’incertitude sur la détermination du débit massique, l’incertitude sur
l’évaluation de la section de passage afin d’obtenir l’incertitude sur la vitesse massique.

2 100 2.5 100


étalonnage
1.8 régression 90 2.4 90
Incertitude élargie relative (k=2) [%]

Incertitude élargie relative (k=2) [%]

acqui. NI FieldPoint débit massique


Composantes de l’incertitude [%]

Composantes de l’incertitude [%]


1.6 80 2.3 diamètre intérieur 80

1.4 70 2.2 70

1.2 60 2.1 60

1 50 2 50

0.8 40 1.9 40

0.6 30 1.8 30

0.4 20 1.7 20

0.2 10 1.6 10

0 0 1.5 0
200 400 600 800 1000 1200 1400 200 400 600 800 1000 1200 1400
2 2
Vitesse massique [kg/m .s] Vitesse massique [kg/m .s]

Figure A4.15 : Incertitude sur le débit massique Figure A4.16 : Incertitude sur la détermination
dans la section d'essai. de la vitesse massique.

A4.6 Calcul du flux thermique apporté à la section de mesure


La chaleur apportée à la section de mesure (QSM) par effet Joule est calculée à partir des mesures de
tension (ISM) et d’intensité (USM) selon la relation suivante :
QSM = I SM U SM . (A4.23)
Ainsi, d’après la loi de propagation des incertitudes, les incertitudes sur les mesures de tension et
d’intensité se combinent pour obtenir l’incertitude sur la chaleur produite par effet Joule, de la façon
suivante :
u c (QSM ) = [I SM ] u 2 (U SM ) + [U SM ] u 2 ( I SM ) .
2 2 2
(A4.24)
Le résultat de ce calcul d’incertitude est présenté sur la Figure A4.17.

-223-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

4 100

3.6 90

Incertitude élargie relative (k=2) [%]


mesure de l’intensité

Composantes de l’incertitude [%]


3.2 mesure de la tension 80
2.8 70

2.4 60

2 50

1.6 40

1.2 30

0.8 20

0.4 10

0 0
5 10 15 20 25 30
2
Flux de chaleur [kW/m ]
Figure A4.17 : Incertitude sur la chaleur apportée au niveau de la section de mesure.

A4.7 Calcul de la densité de flux thermique dans la section de mesure


La densité de flux thermique à travers la paroi interne du tube de la section de mesure s’exprime de la
façon suivante :
QSM
q SM = . (A4.25)
π Di Lq
Ainsi, l’incertitude liée à la détermination de la densité de flux thermique se décline comme suit, selon
la loi de propagation des incertitudes :
2 2 2 2
⎛ u c (q SM ) ⎞ ⎛ u (QSM ) ⎞ ⎛ u ( Di ) ⎞ ⎛ u ( Lq ) ⎞
⎜⎜ ⎟⎟ = ⎜⎜ ⎟⎟ + ⎜⎜ ⎟⎟ + ⎜ ⎟ . (A4.26)
q Q D ⎜ L ⎟
⎝ SM ⎠ ⎝ SM ⎠ ⎝ i ⎠ ⎝ q ⎠
Une évaluation de cette incertitude est présentée sur la Figure A4.18 où l’on retrouve la part des
différentes composantes se rapportant au calcul de la chaleur apportée (QSM), au diamètre intérieur (Di)
et à la longueur de tube chauffée (Lq).

4 100
mesure de Q
SM
3.6 90
Incertitude élargie relative (k=2) [%]

estimation de D
i
Composantes de l’incertitude [%]

3.2 estimation de L 80
q
2.8 70

2.4 60

2 50

1.6 40

1.2 30

0.8 20

0.4 10

0 0
5 10 15 20 25 30
2
Flux de chaleur [kW/m ]
Figure A4.18 : Incertitude sur l'estimation de la densité de flux thermique.

-224-
Étalonnages et incertitudes / Annexe 4

A4.8 Calcul du titre


Le titre thermodynamique se calcule de la manière suivante :
h − hl
x= , (A4.27)
hlv
avec h l’enthalpie du fluide à un point donné de la section de mesure tel que
⎛ QPC + Q fuites + ( z Lq ) QSM ⎞
h = hPC , e + ⎜⎜ ⎟⎟ . (A4.28)
⎝ m ⎠
Si l’on se place à la sortie de la section de mesure, où l’incertitude sur le titre est la plus élevée alors la
loi de propagation des incertitudes nous donne :
2 2
⎡ 1 ∂hPC , e ⎤ 2 ⎡ 1 ∂hPC , e ⎤ 2
u ( x) = ⎢
2
c ⎥ u ( PPC , e ) + ⎢ ⎥ u (TPC , e ) +
⎢⎣ hlv ∂PPC , e ⎥⎦ ⎢⎣ hlv ∂TPC , e ⎥⎦



i ii
2
⎡ QPC + Q fuites + QSM 1 ⎤ 2
⎢ 2 ⎥ u (m ) +
⎣ m hlv ⎦

iii
(A4.29)
2 2 2
⎡1 1 ⎤ 2 ⎡1 1 ⎤ 2 ⎡1 1 ⎤ 2
⎢ ⎥ u (QPC ) + ⎢  ⎥ u (QSM ) + ⎢  ⎥ u (Q fuites )
m h
⎣ lv ⎦ m h m h

⎣ lv ⎦

⎣ lv ⎦

iv v vi
2 2
⎡ h − hl ∂ hlv ⎤ 2 ⎡ 1 ∂ hl ⎤ 2
⎢ ⎥ u ( Psat ) + ⎢ ⎥ u ( Psat )
⎢⎣ hlv ∂Psat ⎥⎦ hlv ∂Psat ⎦
2
 ⎣



vii viii

On trouve plusieurs sources d’incertitude qui sont successivement liées à (i) l’évaluation de la pression
à l’entrée de la section de préchauffe, (ii) l’évaluation de la température à l’entrée de la section de
préchauffe, (iii) l’évaluation du débit massique, (iv) l’évaluation de la chaleur apportée au niveau de la
section de préchauffe, (v) l’évaluation de la chaleur apportée au niveau de la section de mesure, (vi)
l’estimation des fuites de chaleur par conduction en amont de la section de mesure, (vii) l’évaluation
de l’enthalpie du liquide saturé à la pression de saturation, et (viii) l’évaluation de l’enthalpie de
vaporisation à la pression de saturation. Le Tableau A4.5 synthétise l’incertitude sur le calcul du titre
dans plusieurs cas de figure où l’on rapporte également sous la forme « (a)|(b)|(c)|(d) [%] » la part de
l’incertitude due (a) aux éléments (i) et (ii), (b) à l’élément (iii), (c) aux éléments (iv) et (v), et (d) aux
éléments (vii) et (viii). L’incertitude sur l’estimation des fuites de chaleur dépend de l’écart de
température entre le CO2 et l’environnement (jusqu’à 25 °C). Pour illustrer son impact, la valeur
maximale de cette incertitude est adoptée pour la température de saturation de -10 °C, soit une
incertitude de 0,18 W (k=1,73), alors qu’elle est supposée nulle pour le cas où la température de
saturation est de 10 °C. Par ailleurs, dans ces calculs, on ne prend pas en compte l’utilisation de la
mesure de pression différentielle pour déterminer localement la pression de saturation, et on n’inclut
pas l’incertitude sur le titre liée à la localisation des thermocouples qui passe de 0,00006 (k=1,73) dans
le cas le plus favorable (Tsat=-10 °C, qSM=10 kW/m2, G=1500 kg/m2.s) à 0,0017 (k=1,73) dans le cas le
plus défavorable (Tsat=10 °C, qSM=30 kW/m2, G=200 kg/m2.s).

-225-
Maxime Ducoulombier / Thèse / 2010

Tableau A4.5 : Incertitude étendue (k=2) sur l'évaluation du titre dans différentes conditions.
qSM 0 0 0 10000 20000 30000
[W/m2]
x 0,1 0,5 1 1 1 1
Tsat G
[°C] [kg/m2.s]
-10 200 0,0185 0,0201 0,0236 0,0235 0,0234 0,0234
0,0|0,6|1,6|0,2 0,0|10|6,9|0,2 0,0|29|11|0,3 0,0|29|10|0,3 0,0|29|9,5|0,3 0,0|29|9,3|0,3
600 0,0064 0,0075 0,0095 0,0095 0,0094 0,0094
0,3|0,9|5|1,6 0,2|12|20|1,5 0,1|29|28|1,6 0,1|29|27|1,6 0,1|30|26|1,6 0,1|30|26|1,6
1500 0,0028 0,0039 0,0055 0,0055 0,0055 0,0054
1,5|1,6|12|8,3 0,8|16|37|5,6 0,4|31|45|4,7 0,4|31|44|4,8 0,4|31|43|4,8 0,4|32|43|4,9
10 200 0,0035 0,0091 0,0157 0,0154 0,0153 0,0153
2,6|21|64|12 0,4|53|44|2,7 0,1|67|32|1,8 0,1|69|29|1,8 0,1|70|28|1,9 0,1|70|28|1,9
600 0,0023 0,0049 0,0080 0,0079 0,0078 0,0077
6,2|8,3|56|29 1,3|30|60|9,2 0,5|43|50|6,8 0,5|44|49|7 0,5|45|47|7,2 0,5|46|46|7,4
1500 0,0018 0,0035 0,0056 0,0055 0,0055 0,0054
9,7|4,7|39|46 2,6|21|58|18 1,0|31|54|14 1,0|32|53|14 1,1|32|52|15 1,1|33|51|15
Hypothèse : sous-refroidissement de 2 K en entrée de préchauffe

A4.9 Calcul du coefficient d’échange thermique


Le coefficient d’échange thermique α est déterminé par la relation suivante :
q SM
α= , (A4.30)
T p ,ext − (∆T ) p − Tsat
où l’écart de températures au travers de la paroi du tube (∆T)p est calculé en intégrant l’équation locale
de la conduction de la chaleur en supposant une source volumique de chaleur uniformément repartie,
ce qui donne l’équation suivante :
⎡ QSM ⎤ ⎡ ξ (1 − ln ξ ) − 1⎤
(∆T ) p =⎢ ⎥⎢ ⎥, (A4.31)
⎢⎣ 4 π λinox Lq ⎥⎦ ⎣ 1−ξ ⎦
avec
ξ = (De / Di )2 . (A4.32)

La loi de propagation des incertitudes permet de dégager quatre sources d’incertitude majeures liées à
(i) la détermination de la température de la paroi extérieure (Tp,ext), (ii) la détermination de la
température de saturation (Tsat), (iii) la détermination de la chaleur apportée à la section de mesure
(QSM), (iv) la détermination du diamètre intérieur de tube (Di), (v) la détermination du diamètre
extérieur du tube (De). Sont négligées les incertitudes liées à la détermination de la longueur chauffée,
à l’évaluation de la conduction thermique de l’acier inoxydable 316L employé, ainsi qu’à l’utilisation
de la mesure de pression différentielle pour déterminer la pression de saturation locale. Ceci nous
donne en résumé la relation suivante pour l’incertitude sur l’évaluation du coefficient d’échange
thermique :

-226-
Étalonnages et incertitudes / Annexe 4

2 2
⎡ α ⎤ 2 ⎡ α ⎤ 2
u (α ) = ⎢ ⎥ u (T p ,ext ) + ⎢ ⎥ u (Tsat ) +
2

⎢ T p ,ext − (∆T ) p − Tsat ⎦⎥ ⎢ T p ,ext − (∆T ) p − Tsat ⎥⎦


c
⎣


i ii

∂ (∆T ) p ⎞ ⎛
2
⎡⎛ α 1 ∂ q SM ⎞⎟⎤ 2
⎢⎜⎜ ⎟+⎜ ⎥ u (QSM )
⎢⎣⎝ T p ,ext − (∆T ) p − Tsat ∂ QSM ⎟⎠ ⎜⎝ T p ,ext − (∆T ) p − Tsat ∂ QSM ⎟⎠⎥⎦


iii
(A4.33)
∂ (∆T ) p ⎞ ⎛
2
⎡⎛ α 1 ∂ q SM ⎞⎟⎤ 2
⎢⎜⎜ ⎟+⎜ ⎥ u (Di )
⎢⎣⎝ T p ,ext − (∆T ) p − Tsat ∂Di ⎟⎠ ⎜⎝ T p ,ext − (∆T ) p − Tsat ∂Di ⎟⎠⎥⎦


iv

∂ (∆T ) p ⎤ 2
2
⎡ α
⎢ ⎥ u ( De )
⎢⎣ T p ,ext − (∆T ) p − Tsat ∂De ⎥⎦


Le Tableau A4.6 donne une estimation de l’incertitude relative (exprimé en pourcent) sur le
coefficient d’échange thermique dans différents cas de figure. La part due aux différentes sources
d’incertitude est indiquée sous le forme « (a)|(b)|(c) [%]» où l’on retrouve les contributions dues à (a)
l’évaluation des températures (i) et (ii), (b) l’évaluation de la chaleur apportée (iii), et (c) l’évaluation
des diamètres (iv) et (v).

Tableau A4.6 : Incertitude élargie relative (k=2) sur le coefficient d'échange thermique (%).
qSM [kW/m2] 5 10 20 30
α [kW/m2.K]
10,1 5,2 2,9 2,1
5
95,2|3,8|1,0 88,7|7,5|3,8 74,0|13,4|12,6 59,9|17,2|22,9
19,8 10,0 5,1 3,6
10
98,6|1,1|0,3 96,6|2,2|1,2 91,2|4,4|4,4 84,4|6,5|9,1
29,5 14,8 7,5 5,1
15
99,3|0,5|0,1 98,3|1,1|0,6 95,5|2,2|2,3 91,7|3,4|5,0
39,3 19,7 9,9 6,7
20
99,6|0,3|0,1 99,0|0,6|0,4 97,2|1,4|1,5 94,7|2,1|3,2
58,9 29,5 14,8 10,0
30
99,8|0,2|0,1 99,5|0,3|0,2 98,5|0,7|0,8 97,1|1,1|1,8

-227-
Références bibliographiques

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hydrofluorocarbons and perfluorocarbons. IPCC/TEAP Special Report. Cambridge :
Cambridge University Press, 2005, 478 p.
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environnemental. ADEME 4343 [en ligne]. Agence de l'environnement et de la maîtrise de
l'énergie, 2003, 8 p. Disponible sur :
<http://www.ademe.fr/particuliers/Fiches/climatisation_automobile/>.
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