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Chez certains enfants, notamment ceux ayant un trouble du spectre autistique (TSA) ou
avec un trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH), l’intégration
sensorielle peut être perturbée. Ces enfants vont alors développer des symptômes
d’hyperréactivité. Le cerveau est submergé par un afflux trop important de stimulations
sensorielles et il ne parvient plus à moduler ces informations.
Un enfant présentant des perturbations sensorielles met en place des réponses
comportementales qui impactent fortement son quotidien et ses occupations. Les
apprentissages scolaires peuvent compliqués, l’autonomie quotidienne restreinte, les
interactions sociales limitées, les réactions émotionnelles difficiles à gérer pour
l’entourage…
Pour un enfant avec une hypersensibilité et ayant des difficultés à rester concentrer,
certaines activités peuvent l’aider à organiser les stimuli et moduler les informations qu’il
perçoit afin de l’aider à un retour au calme. Ainsi, les activités qui stimulent la
proprioception peuvent lui permettre d’être plus disponible pour les apprentissages.
Celles-ci vont optimiser son état d’éveil et donc ses capacités attentionnelles. Nos
récepteurs proprioceptifs peuvent avoir un effet calmant et canalisant pour le système
nerveux. Le système proprioceptif peut inhiber certaines hyperstimulations présentes
dans d’autres systèmes sensoriels.
5. Poser une peluche ou une couverture lestée sur les jambes de l’enfant
Le poids d’une peluche ou d’une couverture lestée peut être apaisant de par ses propriétés
enveloppantes, répartissant le poids de façon uniforme sur une partie du corps ayant
besoin d’être contenue. La perception profonde du poids sur les jambes de l’enfant
renforce la perception de son corps dans l’espace, et donc sa proprioception. Les peluches
et les couvertures lestées peuvent être autant utilisées à l’école qu’à la maison, pour
favoriser la concentration et la détente, notamment après une activité anxiogène.
Attention toutefois à ne pas dépasser 10 % du poids de son corps.
Variante : L’enfant peut porter un coussin lesté sur le dos, en marchant comme une tortue
ou un dromadaire, en essayer de ne pas le faire tomber.
12. Imiter la marche des animaux en suivant des empreintes sur le sol
Imiter la marche des animaux en suivant des empreintes au sol (par exemple : sauter
comme une grenouille ou un lapin, marcher au trot comme le cheval, etc.) va solliciter le
contrôle postural, la stabilité du tronc et des épaules ainsi que des hanches. Ainsi,
l’activation du système proprioceptif sera réalisée par les compressions articulaires et
musculaires variées.
17. Faire des postures de yoga ou des exercices de gainage ou Brain Gym
Les postures de yoga (comme le cobra) ou les exercices de gainage (costal ou ventral) sont
des activités proprioceptives à forte composante physique. En effet, elles impliquent le
contrôle de la posture, la contraction des différentes chaînes musculaires, des pressions
profondes, une force dynamique importante, etc. Elles peuvent donc aider l’enfant au
retour au calme.
20. Faire tous les jeux de motricité fine allongés sur le ventre
La position allongée sur le ventre est très intéressante pour le système proprioceptif. En
effet, elle sollicite de nombreuses fonctions comme la force dynamique et soutenue de la
posture et le contrôle de celle-ci. Elle met en jeu les muscles extenseurs du tronc ainsi que
la compression des articulations des membres supérieurs (l’enfant doit stabiliser ses
épaules et tenir en appui sur ses avant-bras pour jouer). Cette posture peut donc avoir un
effet calmant pour l’enfant.
Activité bonus : Le portage du jeune enfant, lorsqu’il est proposé de manière sécuritaire
et en respectant le corps du bébé peut parfois apporter une réponse physiologique
calmante. En effet, les déplacements en portage mettent en jeu les systèmes vestibulo-
proprioceptifs de l’enfant porté qui, tout contre son parent, suit ses mouvements lorsqu’il
marche. Il peut présenter des effets « anti-stress » et apaisants pour certains bébés /
enfants. Il peut également aider à réduire l’agitation du bébé / jeune enfant et participer à
la régulation sensorielle par le système nerveux central.
Les fidgets permettent à l’enfant de s’autoréguler dans certaines situations (comme nous
le faisons tous, lorsque nous tripotons quelque chose en réunion, au téléphone, lorsque
nous sommes nerveux…) de manière discrète et socialement acceptable. En répondant au
besoin sensoriel de l’enfant, on peut ainsi libérer sa capacité à se concentrer. Bien sûr, il
faudra trouver le fidget répondant au plus près au besoin de l’enfant (vestibulaire ?
proprioceptif ? visuel ? ) et lui expliquer quel est l’objectif de l’usage de son fidget, afin de
le responsabiliser sur son usage de celui-ci.
Et puis bien sûr, on aménagera ce que l’on aimerait voir partout pour permettre aux
personnes hypersensibles de s’autoréguler lorsqu’elles sont soumises à un environnement
sollicitant leurs sens à outrance : un coin refuge !
3. On bouge !
Un impératif : il faut reconnaître le besoin de bouger des enfants et favoriser leurs
mouvements au quotidien ! Marcher pour aller à l’école, faire du vélo, grimper, tourner,
sauter, explorer des textures, se balancer… Tout cela nourrit le cerveau des enfants pour
les apprentissages ultérieurs et participe à la modulation sensorielle.
… et on mâche du chewing-gum
Mâcher du chewing-gum : cela peut paraître surprenant, c’est une source de sensations
régulatrices qui peut permettre à certains de mieux se concentrer. De même, croquer dans
une carotte, une pomme, un cornichon peut être une stratégie de modulation qui
fonctionne avec certains enfants.
On le comprend aisément, face à un écran, quel qu’il soit, l’enfant surstimule un de ses
sens, son système visuel au détriment de tous les autres sens. « Il sous-nourrit ses
muscles, ses articulations, ses oreilles internes, ses récepteurs tactiles et les connexions
indispensables entre eux. Or ce sont ces connexions qui doivent lui assurer un flot continu
de sensations pour organiser ses apprentissages ET son comportement. »
L’IS est une approche clé lorsque l’on reçoit certains profils, notamment les enfants avec
des troubles sensori-moteurs, de l’oralité alimentaire ou du spectre de l’autisme. Pour ces
derniers, spécifiquement, je la couple généralement avec des stratégies de
communication améliorée et alternative, comportementales, ainsi qu’à la guidance
parentale recommandées par la Haute Autorité de Santé et par différents organismes
internationaux, et en collaboration avec les différents intervenants médicaux,
paramédicaux et éducatifs, afin de répondre au mieux aux besoins des familles et des
enfants.
Parmi les inquiétudes des familles, on retrouve plusieurs demandes en lien avec le
quotidien, notamment :
• L’habillage : le refus de certaines textures, vêtements ou chaussures, des
difficultés pour séquencer la tâche ou pour maîtriser les gestes.
• L’hygiène : comme des résistances pour aller au pot ou aux WC, refus de se
doucher, de se faire couper les ongles, de se brosser les dents ou de se faire couper
les cheveux, difficultés pour apprendre à s’essuyer, se laver ou doser le gel de
douche.
• Le repas : des difficultés lors de la diversification, des préférences marquées pour
certains aliments, une mastication inefficace ou des difficultés pour l’utilisation des
couverts.
• Les situations de jeu avec les autres enfants si l’enfant est gêné par les bruits ou
les contacts tactiles, difficulté à respecter l’espace de l’autre ou d’accompagner le
niveau de jeux des pairs.
• La vie à l’école : des difficultés, par exemple, à rester assis ou à faire la queue, à
participer aux activités plastiques (peinture avec les doigts, pâte à modeler,
collages,…), aux activités physiques (difficultés pour coordonner et automatiser les
gestes,…), comprendre les consignes et répondre de façon adéquate.
• Les sorties en extérieur : avec des difficultés pour rester en place, s’orienter dans
l’espace ou réagir de façon adaptée aux bruits, lumières ou sensations tactiles, etc.
L’intégration sensorielle illustrée
Nous ne le savons pas forcément, mais nous avons bien 7 sens en action. 5 sens que nous
connaissons tous (la vue, le toucher, l’audition, le sens olfactif, le goût), mais aussi 2
autres sens, moins connus, et pourtant tout aussi importants :
• le sens vestibulaire: sens du mouvement et de l’équilibre.
• le sens proprioceptif: sens de la position, perception de ses membres dans
l’espace.
Nos 7 sens envoient en continu des informations à notre cerveau : des stimuli sensoriels.
Le cerveau les reçoit, les traite et va ensuite permettre d’y apporter une réponse
appropriée (un geste, une parole, une émotion…).
Lorsque l’intégration sensorielle fonctionne bien, l’enfant apprend à agir de manière
appropriée à son environnement et à interagir. Mais, comme nous le verrons, de
nombreux enfants ayant des particularités neurosensorielles subissent un
dysfonctionnement de ce processus qui les impacte dans plusieurs domaines.
1. La modulation sensorielle
Dans l’intégration sensorielle, la modulation sensorielle permet au cerveau de filtrer
les informations reçues selon leur importance. Cette modulation consiste à créer une
sorte de niveau d’importance des informations pour que le cerveau puisse apporter la
réponse la plus appropriée. Cette modulation se développe au fil des ans à partir de la
naissance.
Exemple : Bébé sursaute et pleure au moindre bruit. Puis il apprend à en reconnaître
certains, comme une intonation dans la voix de sa mère, et va réagir spécifiquement à
ceux-ci.
Les troubles de la modulation sensorielle vont toucher l’intensité de la réponse de
l’enfant face aux stimuli qu’il reçoit (hypersensibilité/hyposensibilité).
2. La discrimination sensorielle
La discrimination sensorielle permet à l’enfant de distinguer et d’interpréter les stimuli
sensoriels afin d’interagir de façon appropriée avec son environnement. En cas de troubles
de la discrimination sensorielle, l’enfant a du mal à comprendre et classer les goûts, les
textures ou les odeurs. Ce n’est pas ici une question d’intensité de la stimulation, comme
pour la modulation sensorielle ; l’information parvient à l’enfant, mais de manière
biaisée.
Ces troubles impactent la vie quotidienne de l’enfant. Des tâches simples, comme aller
chez le coiffeur, chez le dentiste, prendre une douche, se faire couper les ongles
deviennent problématiques.
1. Poser un diagnostic
Le diagnostic est posé par un professionnel formé à l’intégration sensorielle ou
neurosensorielle, c’est-à-dire le plus souvent par un ergothérapeute, et parfois par un
psychomotricien ou un kinésithérapeute. L’essentiel est que le professionnel soit
formé à l’INS. Une évaluation approfondie et régulière effectuée par le thérapeute
permet de construire une prise en charge personnalisée au plus près de la problématique
sensorielle de l’enfant. Cette évaluation clinique associe les observations quotidiennes des
parents aux mises en situation par le professionnel. On établit ainsi l’historique sensoriel
de l’enfant depuis sa naissance, l’historique de son développement, les symptômes actuels
et sa façon de fonctionner.
2. Etablir le profil sensoriel de l’enfant
Le profil sensoriel établit les modalités sensorielles préférentielles, les modalités
sensorielles gênantes, les modalités sensorielles négligées et les modalités sensorielles
envahissantes.
3. Le bilan
C’est lors du bilan précis et ciblé, consistant en une observation clinique que l’évaluateur
va vérifier ces hypothèses en mettant l’enfant en situation et en lui faisant passer des
tests.