Vous êtes sur la page 1sur 18

Qu’est-ce que la proprioception ?

Nous possédons de nombreux récepteurs sensoriels qui nous permettent de percevoir,


comprendre, organiser et moduler les informations provenant de notre corps et de notre
environnement. Ces récepteurs sensoriels organisent les stimuli que nous percevons et
nous permettent de répondre de manière adaptée aux sollicitations qui nous entourent.
C’est l’intégration sensorielle.
Ces stimuli proviennent de 7 systèmes sensoriels principaux : visuel, tactile, auditif,
olfactif, gustatif, vestibulaire et proprioceptif. La proprioception désigne la perception de
la position des différentes parties de notre corps dans l’espace, en action ou au repos. Elle
fait aussi partie des « systèmes sensoriels » qui peuvent être difficilement intégrés ou
modulés chez certains enfants présentant des perturbations de leur(s) système(s)
sensoriel(s).
D’après Sonya Côté (dans son ouvrage « Favoriser l’attention par des stratégies
sensorielles : Outils et exercices pour aider tous les élèves ») :
La proprioception peut être stimulée par toute activité qui implique :
• Une compression des articulations : sauter, grimper, ramper, rouler, tomber,
marcher ou courir ;
• Une force soutenue : soulever et/ou porter un objet lourd ;
• Une force dynamique : pousser ou tirer quelque chose, faire des pompes, etc. ;
• Une pression profonde sur les muscles : tenir un objet lourd contre soi, recevoir un
câlin ou un massage.
En résumé, une activité proprioceptive permet de :
• Soulever, porter ;
• Pousser ou tirer ;
• Supporter d’avoir un poids sur ou contre soi ;
• Bouger tous ses membres de façon harmonieuse dans l’espace (balancements
coordonnés des membres lors de la marche…) ;
• Connaître la position de chaque partie de son corps dans l’espace (exécuter des
gestes à l’aveugle, connaître la distance entre deux membres, avoir une bonne
coordination…).
Des pauses proprioceptives pour encourager la concentration

Chez certains enfants, notamment ceux ayant un trouble du spectre autistique (TSA) ou
avec un trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH), l’intégration
sensorielle peut être perturbée. Ces enfants vont alors développer des symptômes
d’hyperréactivité. Le cerveau est submergé par un afflux trop important de stimulations
sensorielles et il ne parvient plus à moduler ces informations.
Un enfant présentant des perturbations sensorielles met en place des réponses
comportementales qui impactent fortement son quotidien et ses occupations. Les
apprentissages scolaires peuvent compliqués, l’autonomie quotidienne restreinte, les
interactions sociales limitées, les réactions émotionnelles difficiles à gérer pour
l’entourage…
Pour un enfant avec une hypersensibilité et ayant des difficultés à rester concentrer,
certaines activités peuvent l’aider à organiser les stimuli et moduler les informations qu’il
perçoit afin de l’aider à un retour au calme. Ainsi, les activités qui stimulent la
proprioception peuvent lui permettre d’être plus disponible pour les apprentissages.
Celles-ci vont optimiser son état d’éveil et donc ses capacités attentionnelles. Nos
récepteurs proprioceptifs peuvent avoir un effet calmant et canalisant pour le système
nerveux. Le système proprioceptif peut inhiber certaines hyperstimulations présentes
dans d’autres systèmes sensoriels.

20 mini-pauses avec un matériel spécifique


Nous vous proposons des activités pour faire des mini-pauses proprioceptives. Elles
peuvent être conseillées à l’école, à la maison ou encore au cabinet, afin d’aider l’enfant à
se concentrer.

1. Manipuler un fidget ou un handspinner


Un fidget tel que le handspinner est un petit objet à manipuler qui aide l’enfant à
focaliser son attention sur une tâche secondaire. Cela engendre une stimulation sensori-
motrice permettant de canaliser son besoin de mouvement par une manipulation
proprioceptive sur l’objet. Tout en continuant à manipuler le fidget, l’enfant pourra de
nouveau reporter son attention sur la tâche principale (écouter l’enseignant, manger son
repas…).

2. Malaxer une pâte ou une balle anti-stress


Les pâtes et balles, nécessitant un peu de force pour les malaxer, permettent de stimuler la
proprioception des muscles de la main. Ce sont des objets anti-stress qui aident l’enfant à
activer des pressions profondes dans sa main. Cette mini-pause proprioceptive l’apaisera
et il pourra ainsi retrouver le seuil de concentration attendu.
3. Colorier/gribouiller énergiquement
Le coloriage ou le gribouillage énergique, avec un crayon de cire ou une craie par exemple,
vont permettre à l’enfant de décharger toute son énergie sur la feuille de dessin. Ainsi,
l’enfant pourra revenir au calme et reporter son attention sur le support, tout en stimulant
ses capacités proprioceptives et graphomotrices.

4. Mâchouiller un embout de crayon ou un bijou en silicone


Les embouts et bijoux à mâchouiller permettent à l’enfant de mettre en place des
stratégies d’autorégulation lorsqu’il ressent le besoin de mordre ou de mastiquer. De par
la stimulation proprioceptive qu’ils procurent dans la bouche, ces objets peuvent
permettre à l’enfant de diminuer son niveau d’anxiété et de répondre de façon plus
adaptée à l’activité en cours (en classe, à la maison, au cabinet…).

5. Poser une peluche ou une couverture lestée sur les jambes de l’enfant
Le poids d’une peluche ou d’une couverture lestée peut être apaisant de par ses propriétés
enveloppantes, répartissant le poids de façon uniforme sur une partie du corps ayant
besoin d’être contenue. La perception profonde du poids sur les jambes de l’enfant
renforce la perception de son corps dans l’espace, et donc sa proprioception. Les peluches
et les couvertures lestées peuvent être autant utilisées à l’école qu’à la maison, pour
favoriser la concentration et la détente, notamment après une activité anxiogène.
Attention toutefois à ne pas dépasser 10 % du poids de son corps.
Variante : L’enfant peut porter un coussin lesté sur le dos, en marchant comme une tortue
ou un dromadaire, en essayer de ne pas le faire tomber.

6. S’enrouler dans une couverture ou se cacher dans un tunnel


S’enrouler dans une couverture, lestée ou non, ou se cacher dans un tunnel va apporter à
l’enfant un effet « cocon » autour de son corps lui permettant de se blottir à l’intérieur.
Ceci va l’aider à retrouver son calme tout en accentuant la perception des différentes
parties de son corps dans l’espace et donc sa proprioception, par la compression et le tissu
qui l’entoure.

7. S’asseoir sur un coussin à air ou le poser sous les pieds


Un coussin à air, avec ou sans picots, permet une assise dynamique (lorsque l’enfant est
assis dessus) ou une stimulation de la voûte plantaire (lorsqu’il est placé sous les pieds).
Ainsi, il aide l’enfant à se concentrer sur la tâche en cours en répondant à ses besoins de
mouvements liés aux particularités des systèmes vestibulo-proprioceptifs.

8. Attacher des élastiques aux pieds de son bureau


La mise en action et le dynamisme procurés par les élastiques installés aux pieds de table
du bureau de l’enfant peuvent apporter une réponse aux besoins de mouvements liés aux
particularités des systèmes vestibulo-proprioceptifs de l’enfant. Ainsi, ils vont l’aider à
rester concentrer sur sa tâche (leçon de l’enseignant à écouter, écrire ce qu’il y a au
tableau, faire un exercice, faire ses devoirs à la maison, réaliser une activité en
ergothérapie, etc.).

9. Ramper ou marcher à 4 pattes en suivant un parcours moteur


Le parcours moteur, réalisé avec du mobilier (table, chaise…), des accessoires (coussins…)
ou des modules de motricité (escalier, plan incliné…), permet à l’enfant de libérer son
énergie tout en sollicitant des compressions articulaires variées. Passer sous des chaises,
par exemple, peut l’aider à percevoir plus facilement les différentes parties de son corps
en mouvement dans l’espace, et donc stimuler sa proprioception.

10. Tirer ou sauter à la corde


Tirer une corde à deux et faire de la corde à sauter sont des activités qui permettent la
compression articulaire et musculaire de l’ensemble du corps. Cette activité sollicite la
proprioception par la force dynamique. L’enfant répond au besoin de se dépenser. Il
pourra alors revenir à un temps plus calme et à un niveau d’attention plus adapté.

11. Marcher de différents pas sur une ligne


Marcher de différents pas (ex. : pointe des pieds, à reculons, à cloche-pied, en sautant…)
sur une ligne (droite ou sinueuse) va mettre en jeu le système proprioceptif de par la force
exercée par les membres inférieurs sur le sol et le contrôle du corps nécessaire. La
concentration est donc sollicitée pour effectuer les mouvements et placer les différentes
parties de son corps convenablement, les unes par rapport aux autres, pour produire les
pas sur la ligne.

12. Imiter la marche des animaux en suivant des empreintes sur le sol
Imiter la marche des animaux en suivant des empreintes au sol (par exemple : sauter
comme une grenouille ou un lapin, marcher au trot comme le cheval, etc.) va solliciter le
contrôle postural, la stabilité du tronc et des épaules ainsi que des hanches. Ainsi,
l’activation du système proprioceptif sera réalisée par les compressions articulaires et
musculaires variées.

13. Suivre des empreintes de mains ou de pieds sur un plan vertical


L’enfant peut suivre des empreintes de mains ou de pieds sur un plan vertical (en position
allongée sur le dos au sol, pieds au mur ou encore debout, mains en appui au mur). Cette
activité va solliciter le contrôle des 4 principaux membres du corps dans l’espace de façon
tridimensionnelle. Ainsi, les compressions articulaires et musculaires seront différentes
des sollicitations proprioceptives habituelles.

14. S’allonger ou se déplacer sur une planche à 4 roulettes


La planche à 4 roulettes, telle que la planche de surf ou la planche maxi roller, est une
activité qui stimule le système vestibulo-proprioceptif de façon très complète. L’enfant
place son corps en appui contre la planche. Il exerce ainsi une pression profonde au niveau
du tronc et sollicite le contrôle postural de tout le haut du corps.
Par une force dynamique, l’enfant va ensuite pouvoir se déplacer (accroupi, à plat ventre,
sur les genoux ou debout) en mettant ses mains en appui au sol, en tirant sur une corde
rattachée à la planche ou à l’aide de pagaies. De cette façon, il sollicite de nouveau son
contrôle postural, mais aussi l’équilibre, la coordination bilatérale, l’orientation spatiale, la
conscience des risques…

15. Tourner dans une toupie


La toupie géante entoure le corps de l’enfant, ce qui renforce la perception des différentes
parties de son corps dans l’espace. À cela s’ajoutent des stimulations vestibulaires et
proprioceptives par la force dynamique qu’exercent les mouvements de rotation de la
toupie. La toupie développe aussi les capacités de contrôle postural, d’équilibre et de
coordination de l’enfant. Après cette activité qui demande beaucoup d’énergie et de
sollicitations sensorielles, l’enfant pourra alors revenir au calme et retrouver un seuil
d’attention attendu.

16. Faire des roulades (nécessite un tapis de jeu)


Les roulades, par la nécessité de contrôle des différents mouvements du corps et de la
posture, sollicitent des contractions musculaires et articulaires très variées sur tout le
corps de l’enfant. Ainsi, lorsqu’elles sont réalisées de manière sécuritaire, sur un tapis de
jeu ou dans l’herbe par exemple, elles vont permettre à l’enfant d’activer globalement son
système proprioceptif. Après la  décharge d’énergie due à plusieurs réalisations de
roulades, l’enfant peut montrer une meilleure concentration pour une tâche cognitive
demandée. L’avantage est que cette activité peut être proposée autant à l’école (dans une
salle prévue à cet effet) ou à la maison.

17. Faire des postures de yoga ou des exercices de gainage ou Brain Gym
Les postures de yoga (comme le cobra) ou les exercices de gainage (costal ou ventral) sont
des activités proprioceptives à forte composante physique. En effet, elles impliquent le
contrôle de la posture, la contraction des différentes chaînes musculaires, des pressions
profondes, une force dynamique importante, etc. Elles peuvent donc aider l’enfant au
retour au calme.

18. S’allonger ou rebondir sur un gros ballon


Le fait de monter, de rebondir et de garder la position sur un gros ballon favorise la
proprioception. Cela développe la coordination motrice, l’équilibre, le contrôle postural du
tronc, la stabilité et le renforcement musculaire de tout le corps. Le gros ballon peut être
proposé pour les tout-petits pour des temps sur le ventre. Il peut aussi être utilisé pour
faire des massages. L’enfant est allongé sur le ventre au sol. Le parent roule le ballon sur
son tronc, ses jambes et ses bras pour une entrée sensorielle tactile et proprioceptive.
19. Sauter dans des cerceaux ou faire un jeu de marelle
Sauter dans des cerceaux de façon aléatoire au sol ou faire un jeu de marelle, stimule les
systèmes vestibulo-proprioceptifs de l’enfant. En effet, l’action de sauter va lui permettre
de se repérer dans l’espace en positionnant son corps de façon adéquate entre son point
de départ et son point à atteindre, tout en compressant les articulations de ses membres
inférieurs. Cette action va également solliciter l’équilibre, les coordinations, la
planification motrice (viser l’endroit où atterrir) … Très dynamiques, ces activités
permettent à l’enfant d’y mettre toute son énergie avant de pouvoir revenir au calme.

20. Faire tous les jeux de motricité fine allongés sur le ventre
La position allongée sur le ventre est très intéressante pour le système proprioceptif. En
effet, elle sollicite de nombreuses fonctions comme la force dynamique et soutenue de la
posture et le contrôle de celle-ci. Elle met en jeu les muscles extenseurs du tronc ainsi que
la compression des articulations des membres supérieurs (l’enfant doit stabiliser ses
épaules et tenir en appui sur ses avant-bras pour jouer). Cette posture peut donc avoir un
effet calmant pour l’enfant.
Activité bonus : Le portage du jeune enfant, lorsqu’il est proposé de manière sécuritaire
et en respectant le corps du bébé peut parfois apporter une réponse physiologique
calmante. En effet, les déplacements en portage mettent en jeu les systèmes vestibulo-
proprioceptifs de l’enfant porté qui, tout contre son parent, suit ses mouvements lorsqu’il
marche. Il peut présenter des effets « anti-stress » et apaisants pour certains bébés /
enfants. Il peut également aider à réduire l’agitation du bébé / jeune enfant et participer à
la régulation sensorielle par le système nerveux central.

L’INS, qu’est-ce que c’est ?

Nous l’avons dit, l’intégration neuro-sensorielle est notre capacité à percevoir, à


comprendre et à traiter les informations de notre corps et de notre environnement que
nous transmettent nos sens : la vision, le toucher, l’odorat, le goût, l’audition, mais aussi
les systèmes vestibulaire (sens de l’équilibre) et proprioceptif (sens de la position, sorte de
GPS de notre corps).
Et oui, nous avons 7 sens !
Bien sûr, nous avons tous des particularités sensorielles. Nous ne supportons pas certaines
odeurs, certaines matières, etc. Mais lorsque ces particularités affectent la vie
quotidienne, les apprentissages, la vie sociale, il convient de traiter ce dysfonctionnement
du processus d’intégration sensorielle. Cela est d’autant plus important que l’INS
constitue la base des apprentissages de l’enfant (voir ci-dessous Pyramid of learning de
William & Schellenberger). Elle permet le développement du sensori-moteur jusqu’au
développement comportemental et cognitif. C’est dire son importance !
Il existe plusieurs types de troubles de l’intégration sensorielle (qui peuvent s’associer,
s’ajouter ou se regrouper) :
• les troubles de modulation sensorielle (hypersensibilité, hyposensibilité),
• les troubles de discrimination sensorielle,
• les troubles moteurs à base sensorielle (désordres posturaux, troubles praxiques).
« Les troubles d’intégration neuro-sensorielle, nous rappelle Isabelle Babington, affectent
des enfants n’ayant pas fait l’objet d’un diagnostic particulier, mais aussi la plupart des
enfants qui se trouvent dans le spectre de l’autisme, beaucoup d’individus ayant des
troubles de l’attention, des troubles DYS, de nombreux enfants précoces, beaucoup
d’enfants qui ont été privés sensoriellement dans les premiers jours, mois ou années de
leur vie [prématurés, orphelins], les enfants atteints de lésions neurologiques, tels que les
enfants paralysés cérébraux. » Bien souvent, ces troubles du traitement sensoriel vont de
pair avec une hyperactivité.

L’INS : au-delà d’une thérapie, une approche pour repenser la société


Développée par l’ergothérapeute américaine A. Jean Ayres dans les années 1970, la
thérapie par l’intégration sensorielle est une approche de référence pour les
ergothérapeutes outre-Atlantique et fait de plus en plus sa place en France.
Mais au-delà d’une thérapie pratiquée par un·e ergothérapeute ou un·e
psychomotricien·ne (notamment) formé·e, l’INS peut aussi être considérée comme une
approche à travers laquelle repenser les espaces et la société afin d’accompagner les
apprentissages et l’éducation de son enfant.

« L’intégration sensorielle n’est pas une méthode miracle, ou une promesse de


« guérison rapide », c’est une approche sensible et logique, basée sur des
principes neurologiques, utilisables par tous ceux qui sont motivés, ouverts, et
prêts à voir les choses d’un œil neuf. » (Isabelle Babington)

Par ailleurs, comme l’explique l’association Centre de Rééducation Motrice de


Champagne : « Il est important que les milieux de vie de l’enfant (famille, école, milieu de
garde, groupes éducatifs) et les autres professionnels reprennent les stratégies gagnantes.
Leurs observations sont infiniment précieuses pour l’ergothérapeute. Ces échanges
permettent d’amplifier le bénéfice des interventions et le potentiel de l’enfant. »
Alors, comment s’inspirer des grands principes de l’INS pour repenser l’environnement de
l’enfant, pour être à l’écoute de ses besoins particuliers ?
Intégration Sensorielle, un peu d’histoire
L’Intégration Sensorielle (IS) est une approche développée aux Etats-Unis par Jean Ayres,
ergothérapeute à partir de la fin des années 1960. Au cœur de ses efforts, l’envie de mieux
comprendre la relation entre les composantes sensori-motrices et les difficultés
observées chez certains enfants au quotidien (notamment dans les apprentissages
scolaires).
Initialement, l’IS visait les enfants présentant des troubles d’apprentissages telle que la
dyspraxie (ou Troubles du Développement de la Coordination). Cependant, au fil des
années, cette pratique a également été exploitée pour les enfants ayant un trouble du
spectre de l’autisme (TSA).
[…] Ainsi, sa pratique en ergothérapie est validée scientifiquement et est reconnue
dans la prise en charge d’un enfant porteur de TSA. L’IS est de plus en plus utilisée au
quotidien dans le cadre de l’intervention clinique en ergothérapie. En France, de
nombreux ergothérapeutes s’y forment chaque année.

Adopter l’approche INS avec nos enfants, ado. , adultes.

1. Adapter son environnement


Il est gratifiant de maîtriser son corps dans un environnement stimulant. La
réponse elle-même procure de nouvelles informations sensorielles. (Isabelle
Babington)

Modes d’interaction à privilégier, activités – notamment motrices – proposées au


quotidien à l’enfant, adaptations de son environnement physique… des stratégies ou des
adaptations de l’environnement peuvent être mises en place pour aider l’enfant selon son
profil sensoriel.
À la maison en particulier avec les enfants hypersensibles, on portera une grande
attention à la luminosité, en privilégiant la lumière naturelle autant que possible et en
évitant les lumières trop vives.
On évitera les bruits de fond incessants ; la télévision allumée en permanence, un
frigidaire ronronnant ou encore l’aspirateur peuvent surstimuler certains hypersensibles
auditifs.
On privilégiera une décoration épurée et on apprendra à l’enfant à ranger après chaque
activité, car le désordre peut être très désorganisant pour un enfant.
Une décoration pas trop chargée et un bon aménagement des affaires
participent à la bonne organisation cérébrale. (Isabelle Babington)
2. Permettre de s’autoréguler
Les enfants qui ont des troubles du traitement sensoriel ont souvent des difficultés à
s’autoréguler. Certains objets, à choisir selon le profil sensoriel de l’enfant, peuvent les y
aider.
Empêcher un enfant de tripoter un objet ne va pas l’empêcher de remuer, au
contraire, il continuera à rechercher la sensation dont il a besoin. (Isabelle
Babington)

Les fidgets permettent à l’enfant de s’autoréguler dans certaines situations (comme nous
le faisons tous, lorsque nous tripotons quelque chose en réunion, au téléphone, lorsque
nous sommes nerveux…) de manière discrète et socialement acceptable. En répondant au
besoin sensoriel de l’enfant, on peut ainsi libérer sa capacité à se concentrer. Bien sûr, il
faudra trouver le fidget répondant au plus près au besoin de l’enfant (vestibulaire ?
proprioceptif ? visuel ? ) et lui expliquer quel est l’objectif de l’usage de son fidget, afin de
le responsabiliser sur son usage de celui-ci.
Et puis bien sûr, on aménagera ce que l’on aimerait voir partout pour permettre aux
personnes hypersensibles de s’autoréguler lorsqu’elles sont soumises à un environnement
sollicitant leurs sens à outrance : un coin refuge !

3. On bouge !
Un impératif : il faut reconnaître le besoin de bouger des enfants et favoriser leurs
mouvements au quotidien ! Marcher pour aller à l’école, faire du vélo, grimper, tourner,
sauter, explorer des textures, se balancer… Tout cela nourrit le cerveau des enfants pour
les apprentissages ultérieurs et participe à la modulation sensorielle.

On s’adapte à leur besoin de mouvement


À la maison, pourquoi ne pas proposer à votre enfant une assise dynamique ? Tâchons de
comprendre qu’il est difficile pour un enfant qui a déjà été assis toute la journée à l’école
de se tenir immobile sur sa chaise le soir à table par exemple. Un coussin gonflable
comme un Dynair lui permettra de rester assis tout en exerçant son besoin de
mouvement.
Les leçons peuvent être apprises allongé, récitées en marchant. Les bureaux peuvent être
choisis ajustables en hauteur pour permettre d’y travailler debout. Dans certaines écoles –
outre-Atlantique surtout – les enfants travaillent tout en pédalant en même temps sur des
vélos. Le mouvement peut en effet grandement favoriser l’attention.
Avec les bébés, on privilégiera le portage ou les hamacs souples plutôt que les maxi-cosys,
qui plus rigides, ne permettent pas assez de ressentir le mouvement.
Certains matériels et équipements favorisent l’INS en faisant travailler notamment les
systèmes proprioceptifs et vestibulaires. Ce dernier permet de développer l’équilibre et la
coordination des mouvements des yeux, de la tête et du corps.
À cet égard, les parcours moteurs avec des franchissements d’obstacles et des mises en
situation d’équilibre sont particulièrement intéressants.
On rebondit, teste son équilibre, se balance, tourne, roule, explore.

… et on mâche du chewing-gum
Mâcher du chewing-gum : cela peut paraître surprenant, c’est une source de sensations
régulatrices qui peut permettre à certains de mieux se concentrer. De même, croquer dans
une carotte, une pomme, un cornichon peut être une stratégie de modulation qui
fonctionne avec certains enfants.

Exemple d’activité simple d’INS : le brain gym ou Bal À Vis X

4. Être à l’écoute des besoins particuliers de son enfant


« Les vêtements qui grattent » : toute personne ayant eu à habiller un enfant sait à quel
point cela peut être compliqué… Les collants qui grattent, les cols qui gênent, la matière
que l’enfant ne peut pas supporter ! Privilégiez des matières douces que votre enfant
apprécie.
La question de la bise : certains enfants, hypersensibles au toucher, n’aiment pas faire la
bise. Ne les forçons pas ! Mais proposons-lui d’autres manières de dire bonjour ou au
revoir qui lui conviendront mieux.

5. Lâcher les écrans !


À chaque fois qu’un enfant passe du temps devant un écran, il ne se fournit pas
en informations sensori-motrices organisatrices de son cerveau, rappelle
Isabelle Babington.

On le comprend aisément, face à un écran, quel qu’il soit, l’enfant surstimule un de ses
sens, son système visuel au détriment de tous les autres sens. « Il sous-nourrit ses
muscles, ses articulations, ses oreilles internes, ses récepteurs tactiles et les connexions
indispensables entre eux. Or ce sont ces connexions qui doivent lui assurer un flot continu
de sensations pour organiser ses apprentissages ET son comportement. » 

6. La nature : fournisseuse officielle d’informations sensori-motrices


Un mot d’ordre : sortir !!
Balançoires, tourniquets, toboggans, bacs à sable… Fort heureusement les parcs et jardins
publics recèlent d’équipements qui peuvent favoriser l’INS des enfants ! Pour Isabelle
Babington, il faudrait cependant y réintroduire les cages à écureuil qui permettent de
grimper, de se mettre à l’envers et les tourniquets pour la stimulation vestibulaire. De plus
en plus de parcs, de même que des cours d’école intègrent par leur architecture et leurs
équipements des principes d’intégration neuro-sensorielle.
La place de l’Intégration Sensorielle dans une prise en charge

L’IS est une approche clé lorsque l’on reçoit certains profils, notamment les enfants avec
des troubles sensori-moteurs, de l’oralité alimentaire ou du spectre de l’autisme. Pour ces
derniers, spécifiquement, je la couple généralement avec des stratégies de
communication améliorée et alternative, comportementales, ainsi qu’à la guidance
parentale recommandées par la Haute Autorité de Santé et par différents organismes
internationaux, et en collaboration avec les différents intervenants médicaux,
paramédicaux et éducatifs, afin de répondre au mieux aux besoins des familles et des
enfants.
Parmi les inquiétudes des familles, on retrouve plusieurs demandes en lien avec le
quotidien, notamment :
• L’habillage : le refus de certaines textures, vêtements ou chaussures, des
difficultés pour séquencer la tâche ou pour maîtriser les gestes.
• L’hygiène : comme des résistances pour aller au pot ou aux WC, refus de se
doucher, de se faire couper les ongles, de se brosser les dents ou de se faire couper
les cheveux, difficultés pour apprendre à s’essuyer, se laver ou doser le gel de
douche.
• Le repas : des difficultés lors de la diversification, des préférences marquées pour
certains aliments, une mastication inefficace ou des difficultés pour l’utilisation des
couverts.
• Les situations de jeu avec les autres enfants si l’enfant est gêné par les bruits ou
les contacts tactiles, difficulté à respecter l’espace de l’autre ou d’accompagner le
niveau de jeux des pairs.
• La vie à l’école : des difficultés, par exemple, à rester assis ou à faire la queue, à
participer aux activités plastiques (peinture avec les doigts, pâte à modeler,
collages,…), aux activités physiques (difficultés pour coordonner et automatiser les
gestes,…), comprendre les consignes et répondre de façon adéquate.
• Les sorties en extérieur : avec des difficultés pour rester en place, s’orienter dans
l’espace ou réagir de façon adaptée aux bruits, lumières ou sensations tactiles, etc.
L’intégration sensorielle illustrée

Intégration sensorielle ou neurosensorielle… INS… Que signifie cette


appellation ? Que s’agit-il d’intégrer ? Est-ce que cette intégration
neurosensorielle fonctionne toujours bien ? Que se passe-t-il lorsque ce n’est pas
le cas ? Comment, dès lors y remédier en adoptant les grands principes d’une
approche INS ? Explications en facilitation graphique de ce processus à la base de
tous les apprentissages , essentiel à tout un chacun : à son autonomie, à ses
relations, à ses apprentissages…

Qu’est-ce que l’intégration sensorielle?


L’intégration neurosensorielle est notre capacité à sentir, à comprendre et à traiter les
informations sensorielles provenant de notre corps et de notre environnement afin d’y
répondre de manière adaptée par des gestes, des comportements, des émotions.

L’action du cerveau : recevoir, trier, apporter une réponse

Nous ne le savons pas forcément, mais nous avons bien 7 sens en action. 5 sens que nous
connaissons tous (la vue, le toucher, l’audition, le sens olfactif, le goût), mais aussi 2
autres sens, moins connus, et pourtant tout aussi importants :
• le sens vestibulaire: sens du mouvement et de l’équilibre.
• le sens proprioceptif: sens de la position, perception de ses membres dans
l’espace.
Nos 7 sens envoient en continu des informations à notre cerveau : des stimuli sensoriels.
Le cerveau les reçoit, les traite et va ensuite permettre d’y apporter une réponse
appropriée (un geste, une parole, une émotion…).
Lorsque l’intégration sensorielle fonctionne bien, l’enfant apprend à agir de manière
appropriée à son environnement et à interagir. Mais, comme nous le verrons, de
nombreux enfants ayant des particularités neurosensorielles subissent un
dysfonctionnement de ce processus qui les impacte dans plusieurs domaines.

L’intégration sensorielle à la base de tous les apprentissages

L’intégration neurosensorielle constitue la base de la pyramide des apprentissages de


l’enfant (« Pyramid of learning » de William & Schellenberger). Elle permet le
développement du sensori-moteur jusqu’au développement comportemental et
cognitif. Un dysfonctionnement dans l’intégration sensorielle peut impacter la personne
dans des domaines variés puisque tous les sens sont concernés par l’intégration
sensorielle.
Les troubles d’intégration sensorielle

Il existe 3 grands types de troubles de l’intégration sensorielle (qui peuvent s’entremêler) :


• les troubles de modulation sensorielle,
• ceux de discrimination sensorielle
• et enfin, les troubles moteurs à base sensorielle

1. La modulation sensorielle
Dans l’intégration sensorielle, la modulation sensorielle permet au cerveau de filtrer
les informations reçues selon leur importance. Cette modulation consiste à créer une
sorte de niveau d’importance des informations pour que le cerveau puisse apporter la
réponse la plus appropriée. Cette modulation se développe au fil des ans à partir de la
naissance.
Exemple : Bébé sursaute et pleure au moindre bruit. Puis il apprend à en reconnaître
certains, comme une intonation dans la voix de sa mère, et va réagir spécifiquement à
ceux-ci.
Les troubles de la modulation sensorielle vont toucher l’intensité de la réponse de
l’enfant face aux stimuli qu’il reçoit (hypersensibilité/hyposensibilité).

2. La discrimination sensorielle
La discrimination sensorielle permet à l’enfant de distinguer et d’interpréter les stimuli
sensoriels afin d’interagir de façon appropriée avec son environnement. En cas de troubles
de la discrimination sensorielle, l’enfant a du mal à comprendre et classer les goûts, les
textures ou les odeurs. Ce n’est pas ici une question d’intensité de la stimulation, comme
pour la modulation sensorielle ; l’information parvient à l’enfant, mais de manière
biaisée.
Ces troubles impactent la vie quotidienne de l’enfant. Des tâches simples, comme aller
chez le coiffeur, chez le dentiste, prendre une douche, se faire couper les ongles
deviennent problématiques.

3. Les troubles moteurs sensoriels


L’enfant ayant des troubles moteurs d’origine sensorielle a des difficultés à utiliser
l’information provenant de stimuli sensoriels. Il perçoit son corps de manière
incomplète et l’utilise maladroitement, notamment lorsqu’il doit apprendre de nouveaux
mouvements. Ces troubles sont de deux types :
• d’une part, les désordres posturaux: équilibre, schémas de mouvement et
coordination entre les deux côtés du corps.
• D’autre part, les troubles praxiques: trouble de la planification et de la
coordination des mouvements qui sont nécessaires pour réaliser une action.

Identifier les difficultés

Les troubles de l’intégration neurosensorielle s’observent dans les interactions de


l’enfants avec les autres, dans son développement par rapport aux enfants du même
âge, ou encore à travers ses difficultés d’apprentissage. Le schéma ci-dessous liste
quelques grands types de difficultés. Mais cette liste n’est qu’indicative, non exhaustive et
ne saurait suffire à poser un diagnostic.
Intervenir

1. Poser un diagnostic
Le diagnostic est posé par un professionnel formé à l’intégration sensorielle ou
neurosensorielle, c’est-à-dire le plus souvent par un ergothérapeute, et parfois par un
psychomotricien ou un kinésithérapeute. L’essentiel est que le professionnel soit
formé à l’INS. Une évaluation approfondie et régulière effectuée par le thérapeute
permet de construire une prise en charge personnalisée au plus près de la problématique
sensorielle de l’enfant. Cette évaluation clinique associe les observations quotidiennes des
parents aux mises en situation par le professionnel. On établit ainsi l’historique sensoriel
de l’enfant depuis sa naissance, l’historique de son développement, les symptômes actuels
et sa façon de fonctionner.
2. Etablir le profil sensoriel de l’enfant
Le profil sensoriel établit les modalités sensorielles préférentielles, les modalités
sensorielles gênantes, les modalités sensorielles négligées et les modalités sensorielles
envahissantes.

3. Le bilan
C’est lors du bilan précis et ciblé, consistant en une observation clinique que l’évaluateur
va vérifier ces hypothèses en mettant l’enfant en situation et en lui faisant passer des
tests.

4. La prise en charge en intégration sensorielle


La prise en charge a pour objectif de permettre à l’enfant ayant des troubles de
l’intégration sensorielle, à modifier très progressivement son traitement des informations
reçues par ses sens et à amener une réponse appropriée aux différents stimuli sensoriels.
Ainsi, il pourra développer des comportements lui permettant de s’adapter à son
environnement et de mener à bien ses activités quotidiennes : à l’école, dans ses loisirs,
à la maison (exemples : habillage, alimentation, soins d’hygiène, sommeil, etc.).
Le thérapeute peut aussi suggérer des stratégies ainsi que des modifications à effectuer
sur l’environnement afin d’augmenter le confort ou de favoriser un état de vigilance
optimal. Des activités à réaliser au domicile sont souvent suggérées aux parents afin
d’optimiser la prise en charge

Vous aimerez peut-être aussi