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Texte 68
L’irrésistible ascension de Philippe de Macédoine (341 av. J.-C.)
Démosthène, Troisième Philippique, 21-27, en 341
Introduction
Démosthène (en grec ancien Δημοσθένης / Dêmosthénês), né à Athènes en 384 av. J.-C.,
mort à Calaurie en 322 av. J.-C., est un homme d'État athénien. Grand adversaire de Philippe II de
Macédoine, il est l'un des plus grands orateurs attiques. Ses problèmes d'élocution lui valurent
le surnom de « bègue », défaut qui, dit la légende, le contraignit à s'entraîner à parler avec des
cailloux dans la bouche. Démosthène naît dans une famille athénienne riche et commerçante, ce qui
lui vaut le mépris des vieilles familles aristocratiques ; son père, Démosthène de Péanie, possède une
manufacture d'épées. Sa mère aurait été d'origine scythe, mais ce ne fut jamais attesté et resta une
accusation calomnieuse et polémique de la part de ses adversaires lors des tensions avec la
Macédoine de Philippe II (si ce fait avait été avéré, cela lui aurait ôté ses droits de citoyen). À sept
ans, il devient orphelin. Son père, par testament, l'a confié à trois tuteurs : deux de ses neveux,
Aphobos et Démophon, et un certain Therippide. Ses tuteurs dilapident sa fortune, par erreur de
gestion ou par intention malhonnête. Le jeune homme se retrouve sérieusement appauvri. Il est
d'abord élève de Platon. À seize ans, il assiste au procès intenté à Callistratos, en -367, et devient son
élève. Fasciné par le talent de l'orateur, il décide d'apprendre la rhétorique et devient l'élève d'Isée,
un autre orateur attique, spécialisé dans les affaires de succession. Selon Plutarque, lors de son
premier discours en public, l'assistance se moque de son problème d'élocution — vraisemblablement
une difficulté à prononcer la lettre R — et de ses gestes maladroits. Démosthène s'efforce alors de
rectifier ces défauts, allant jusqu'à s'entraîner à parler avec de petits galets dans la bouche, ou même
en s'exerçant à dominer de la voix le bruit d'une mer furieuse. Il s'enferme régulièrement chez lui
pour étudier le style de Thucydide. À cause de toutes ces préparations, et de sa réticence à
improviser, les autres orateurs lui reprochent souvent de « sentir la lampe » et de n'avoir aucun don
naturel. Le fait est que pendant la suite de sa carrière, Démosthène accorde toujours beaucoup
d'importance à la forme du discours. Démosthène intente une série de procès contre ses anciens
tuteurs, avec son premier discours judiciaire, Contre Aphobos, suivi du Contre Onètor. Pourparlers et
discussions durent trois années au bout desquelles il gagne enfin sa cause en -363, mais ne peut
recouvrer qu'une partie de son héritage initial. Démosthène se lance ensuite dans la carrière de son
maître Isée. Il la mène avec un certain succès puisqu'il a comme clients certains des plus riches
Athéniens, comme Phormion, pour lequel il écrit le Pour Phormion. L'affaire porte sur la somme
considérable de 20 talents. À 25 ans, il fait de nouveau une apparition publique avec deux discours
politiques. Les deux, Contre Leptine et Contre les immunités, sont dirigés contre une proposition de
loi interdisant d'excepter aucun citoyen des liturgies, sauf les descendants d'Harmodios et
d'Aristogiton, les tyrannoctones, assassins du tyran Hipparque. À partir de -351, Démosthène
s'attaque à un défi d'une toute autre ampleur : il s'efforce de combattre le pouvoir de Philippe II de
Macédoine, devenu de simple souverain d'un royaume périphérique, la puissance majeure du monde
égéen. Le Macédonien vient d'intervenir en Thrace, menaçant ainsi les clérouquies d'Athènes et ses
routes d'approvisionnement en blé. Les Athéniens sont démoralisés et enclins au défaitisme. C'est
alors que Démosthène prononce sa première Philippique. Il commence par montrer à ses
concitoyens que la situation n'est mauvaise qu'en raison de leur inactivité, et qu'inversement un
sursaut d'énergie peut renverser les choses. En pratique, il propose d'envoyer un corps
expéditionnaire en Macédoine même. Démosthène s'oppose donc, par son volontarisme, à la
politique défensive prônée par l'orateur Euboulos. La majorité du peuple suit ce dernier.
Parallèlement, la cité d'Olynthe, alliée de Philippe, s'inquiète elle aussi de l'accroissement du pouvoir
du Macédonien. Elle a commencé à se rapprocher d'Athènes et a même signé une paix séparée
pendant l'hiver -352/-351. En -349, Philippe exige d'Olynthe qu'elle lui remette deux réfugiés
politiques macédoniens. Devant le refus de la cité, il envahit la Chalcidique. Olynthe appelle aussitôt
Athènes à l'aide. Démosthène soutient la requête de la cité dans sa première Olynthienne, où il
pointe de nouveau du doigt l'inaction de ses concitoyens. Il propose un plan double : le premier volet
consiste à aider Olynthe en lui envoyant un contingent. Le second propose de nouveau de frapper le
royaume même du Macédonien. Si les Athéniens concluent bien un traité d'alliance avec Olynthe, ils
rechignent à expédier des troupes, effrayés par la perspective d'une guerre avec Philippe. Pour
achever d'emporter leur assentiment, Démosthène prononce sa seconde Olynthienne, dans laquelle
il entend démontrer la fragilité de la puissance de Philippe : ses alliés se retourneront contre lui,
promet-il, au premier échec. Ce second discours n'est suivi d'aucune mesure effective, aussi
Démosthène compose-t-il sa troisième Olynthienne, attaquant la loi d'Euboulos : cette loi imposait de
transférer les excédents du μερισμός / merismós (sorte de budget de la cité) au fonds des spectacles,
le θεωρικόν / theôrikón, alors que depuis Thémistocle ils étaient affectés aux dépenses militaires de
la cité. Les Athéniens refusent d'abroger cette loi, mais votent l'envoi de secours — si faibles qu'ils
n'empêchent pas Olynthe de capituler. Avant même la chute d'Olynthe, Philippe a proposé la paix à
Athènes, sans doute parce qu'il préfère se consacrer à l'expansion vers le sud et l'est. En réponse,
l'orateur Philocrate fait voter un décret autorisant le Macédonien à envoyer des hérauts.
Démosthène est associé depuis le début aux entreprises de Philocrate. Il ne s'agit pas d'une volte-
face : l'orateur entend profiter de ce répit pour renforcer les défenses d'Athènes. Parallèlement,
Athènes approche les cités grecques, en leur proposant un sursaut panhellénique anti-macédonien.
Cette initiative connaît l'échec, dans une relative indifférence athénienne. En effet, la cité a
désormais le regard tourné vers les protagonistes de la Troisième Guerre sacrée. Pour empêcher une
intervention macédonienne, les Phocidiens confient la garde du défilé des Thermopyles aux
Spartiates et aux Athéniens. La menace directe sur la Grèce centrale et le Péloponnèse semble
écartée. De nouveau, Athènes envoie des ambassades pour fédérer les cités grecques, que ce soit
pour la guerre ou pour la paix. Un retournement de situation survient alors : un nouveau coup d'État
fait revirer les Phocidiens en faveur de Philippe. Les contingents spartiate et athénien se voient
interdire l'accès aux Thermopyles. Une ambassade comprenant Démosthène et Eschine est envoyée
d'urgence à Philippe, dans l'espoir de conclure une paix. Eschine prétendra que « Démosthène fut si
décontenancé devant Philippe qu'il bafouilla un discours inintelligible ». Démosthène doit donc de
nouveau consentir une paix temporaire, compte tenu de la faiblesse dans laquelle se trouve Athènes.
Dès -344, la deuxième et la troisième Philippique exhortent de nouveau les Grecs à réagir. Malgré
l'alliance avec Thèbes, Athènes et les cités grecques sont vaincues à Chéronée en -338. Démosthène
continue à plaider en faveur de la résistance au Macédonien, par exemple dans son Oraison
funèbre des morts de la guerre. Nommé commissaire chargé de la surveillance des travaux de
reconstruction des fortifications, Démosthène y contribue sur sa propre fortune. En -
337, Ctésiphon propose que la cité lui décerne une couronne d'or, lors des Grandes Dionysies, pour
ses mérites. Eschine, un autre des orateurs attiques, attaque le projet comme illégal dans son Contre
Ctésiphon : Démosthène n'a en effet pas rendu de compte à l'issue de son mandat. Si Eschine a
raison d'un point de vue juridique, il s'agit de toute évidence d'attaquer Démosthène sur ses idées
politiques. Démosthène écrit lui-même le discours de son admirateur : c'est le Sur la couronne,
probablement son chef-d'œuvre. Eschine, désavoué, doit s'exiler. En -324, c'est au tour de
Démosthène lui-même de prendre le chemin de l'exil, à la suite de l'« affaire d'Harpale » : il est
accusé d'avoir détourné une partie de l'argent placé sous séquestre par le trésorier
d'Alexandre, Harpale. Il doit se retirer à Égine, puis à Trézène. Il est rappelé à Athènes par le peuple
en -323, à la suite de la mort d'Alexandre le Grand. Il y prononce de nouveau des discours anti-
macédoniens, mais la défaite de Crannon, lors de la guerre lamiaque, le force de nouveau à fuir, cette
fois en compagnie de l'orateur Hypéride, pour échapper aux soldats d'Antipater. En -322, il se réfugie
dans le temple de Poséidon situé dans l'île de Calaurie (aujourd'hui Poros), le long de la côte de
l'Argolide. Plutarque rapporte qu'il est abordé dans le temple par un dénommé Archias, ancien
acteur et affidé d'Antipater. Celui-ci veut attirer Démosthène hors de l'enceinte sacrée en lui
promettant la vie sauve. Démosthène refuse, et prétendant écrire une lettre à sa famille,
s'empoisonne en mordillant l'extrémité de son calame, comme il avait l'habitude de le faire en
réfléchissant. La dénonciation du danger macédonien constitue la clef de l'œuvre politique de
Démosthène. Selon lui, la puissance de Philippe est fondée sur deux facteurs, ses richesses tout
d'abord (sous forme de réserves d'or), puis sa tactique inédite. Démosthène constate qu'en face, les
Athéniens se distinguent par leur immobilité, leurs tergiversations et leur pinaillages politico-
législatifs. À ce sujet, Démosthène dénonce avec vigueur les travers du système démocratique
athénien : tout doit être longuement expliqué, débattu et voté avant qu'une action puisse se mettre
en place. Il accuse les « politiques » (πολιτευόμενοι / politeuómenoi) d'asservir le peuple à leurs
desseins, alors qu'auparavant le peuple lui-même était maître de son destin. De fait, il est difficile de
cerner exactement la position de Démosthène vis-à-vis des institutions athéniennes. Parfois, il se
rapproche des démocrates modérés, en s'opposant par exemple à la perception par le peuple d'une
indemnité pour les spectacles. Parfois, il se place parmi les radicaux en dénonçant l'égoïsme des
riches Athéniens qui refusent d'armer des trières et des troupes. Une forte tradition a vu en
Démosthène un homme guidé par l'appât du gain. De nombreuses anecdotes font part de son amour
de l'argent. La Vie des dix orateursraconte qu'entendant un acteur se vanter d'avoir gagné un talent
pour jouer la tragédie, Démosthène réplique qu'il vient d'en gagner cinq fois plus, simplement pour
se taire. Plutarque note qu'il se compromet d'abord, dans l'affaire d'Harpale, en se laissant offrir par
ce dernier une riche coupe perse valant vingt talents. Eschine et Dinarque, pour leur part, accusent
tout bonnement Démosthène d'avoir été à la solde des Perses. Plutarque rapporte cette tradition,
expliquant que le Grand Roi payait l'orateur « parce qu'il était capable de détourner le Macédonien
d'Asie et de le retenir en fomentant des troubles en Grèce ». Dinarque accuse même Démosthène de
recevoir chaque année 1000 médimnes de blé des souverains du Royaume du Bosphore
Philippe II de Macédoine, né en 382 av. J.-C., mort assassiné en 336, est un roi
de Macédoine de la dynastie des Argéades qui a régné de 359 à 336. Il est le père d'Alexandre le
Grand. Initiateur de profondes réformes politiques et militaires qui ont permis l'émergence de la
Macédoine, il soumet les cités grecques, dont Athènes et Thèbes, et prépare l'expédition contre
les Perses achéménides qu'Alexandre dirige après sa mort. Philippe est l'un des trois fils du
roi Amyntas III et d'Eurydice. Par son ancêtre légendaire Caranos, fondateur de la
dynastie argéade descendrait d'Héraclès. Cette tradition est notamment rapportée par Isocrate dans
son Discours à Philippe, ou de façon postérieure par l'historien Plutarque dans la Vie d'Alexandre. Se
prévaloir d'une ascendance divine est un élément courant de propagande chez les monarques
antiques.
. En 352 av. J.-C., il investit la Thessalie et vainc Onomarchos à la bataille du Champ de Crocus. Il fait
crucifier le cadavre du stratège vaincu et fait jeter à la mer plus de 3 000 prisonniers phocidiens,
châtiment réservé aux sacrilèges. Dans la foulée, il s'empare de Phères et se fait élire à la tête de la
Ligue thessalienne. Alors qu'il poursuit les Phocidiens, il est arrêté dans le défilé des Thermopyles par
une coalition athénienne et spartiate alliée à la Ligue achéenne. Malgré cet échec, Philippe a marqué
les cités grecques par sa puissance et les menace désormais directement. À partir de 352, Philippe
reprend la politique d'expansion de son royaume vers le nord-est et se tourne vers la Thrace, divisée
en trois royaumes depuis la mort de Cotys, roi des Odryses. À l'appel de l'un des rois, il assiège la
forteresse d'Héraion Teichos, au bord de la Propontide. Ce mouvement menace directement les
intérêts athéniens, à la fois à cause de leurs clérouquies de Chersonèse, mais aussi à cause de leur
approvisionnement en blé. Athènes vote d'abord l'envoi d'un contingent massif, mais la nouvelle
exagérée d'une maladie de Philippe les dissuade de l'envoyer effectivement, à tort : Philippe
prend Héraion Teichos et livre la forteresse à la cité de Périnthe, qui avait également fait appel à lui.
Alors que les cités grecques l'ont tenu pour quantité négligeable, elles le craignent désormais. C'est à
ce moment que Démosthène compose la première de ses Philippiques. Dans ces discours,
Démosthène présente Philippe comme un barbare et un ivrogne. Cette image de propagande est,
jusqu'au xixe siècle, prise comme une réalité, donnant la Grèce du Nord pour un pays sans une
culture digne de ce nom. La domination macédonienne en Chalcidique n'est pas assurée alors que la
puissante Ligue chalcidienne, dominée par Olynthe, s'oppose à lui et s'allie à Athènes. À l'été 349 av.
J.-C., Démosthène prononce la première de ses Olynthiennes afin d'encourager les Athéniens à
soutenir militairement la Ligue. Philippe encourage l'Eubée à se révolter contre Athènes avec pour
objectif d'empêcher les Athéniens d'aider Olynthe. Dès lors, il peut s'en emparer facilement en 348 :
Olynthe et Stagire (cité natale d'Aristote) sont entièrement rasée et ses habitants vendus comme
esclaves. La Chalcidique devient définitivement macédonienne. Jusque-là, que ce soit par
l'intermédiaire d'Olynthe ou de l'Eubée, on voit que l'affrontement entre Athènes et la Macédoine a
surtout eu lieu par « alliés » interposés. En 346, Eubule, dirigeant athénien pro-macédonien, envoie
à Pella une ambassade (composée entre autres de Philocrate, d'Eschine et de Démosthène) afin de
négocier une trêve : ce traité, dit « paix de Philocrate » est un statu quo territorial, à travers lequel
Athènes reconnaît la domination macédonienne en Chalcidique et abandonne la Phocide. La même
année, à Athènes, le rhéteur Isocrate accueille favorablement cette paix en écrivant son discours
politique Philippe, dans lequel il s'adresse directement au roi de Macédoine, l'invitant à réaliser
l'union des cités grecques et à faire la guerre à la Perse achéménide, concrétisant ainsi
l'idéal panhellénique. Eubule et Isocrate incarnent donc l'existence d'un courant pro-macédonien
actif au sein de l'élite athénienne. En 342, Philippe fait de la Thrace une province de la Macédoine et
y fonde plusieurs cités. Cette volonté d'implantation macédonienne en Grèce du Nord-Est provoque
des révoltes, notamment celle de Byzance, soutenue par Athènes. En 341, Démosthène prononce
sa Troisième Philippique pour convaincre les Athéniens de la nécessité d'entrer en guerre contre
Philippe. Dès lors, l'affrontement direct entre Philippe et Athènes apparaît inévitable. En 338 av. J.-C.,
le Conseil amphictyonique, à l'initiative d'Eschine, décide une quatrième guerre sacrée contre une
cité de Locride, Amphissa, accusée d'avoir cultivé une terre sacrée. Philippe y voit l'occasion de
pousser son influence en Grèce-Centrale de façon définitive. Il se fait accorder la tête de l'expédition,
détruit Amphissa et progresse en Phocide et en Béotie jusqu'aux portes de l'Attique. Face à cette
menace, les cités rivales de Thèbes et d'Athènes finissent par s'allier. En août 338, les armées de
Philippe et de son fils Alexandre (à la tête de la cavalerie) battent les troupes grecques coalisées à
la bataille de Chéronée. Cette victoire lui assure l'hégémonie en Grèce. Athènes subit la perte d'un
millier d'hommes et compte plus de 2 000 prisonniers. Elle est contrainte de signer la paix
de Démade, d'intégrer la coalition macédonienne et d'accorder à Philippe la citoyenneté athénienne.
Elle peut néanmoins conserver sa flotte. Il est probable que Philippe songe à utiliser cette dernière
contre les Perses. Thèbes est plus sévèrement punie : la cité est occupée par une garnison
macédonienne, la Ligue de Béotie est dissoute. En 337, Philippe réunit les cités grecques lors
du congrès de Corinthe et fonde la Ligue de Corinthe ou Ligue des Hellènes. Il est fait interdiction aux
cités grecques de se battre entre elles mais elle conservent leur autonomie et leurs institutions
propres. Sparte, la Crète et les cités de Grande-Grèce, restées neutres, n'entrent pas dans cette ligue.
La Ligue de Corinthe, fondée en 337 av. J.-C., devient rapidement une alliance militaire (symmachie)
ayant pour finalité l'invasion de l'Asie Mineure alors sous la tutelle des Perses achéménides, le
prétexte étant de venger la profanation des sanctuaires grecs lors des guerres médiques et de
« libérer » les cités grecques d'Ionie et de Lydie notamment. Philippe fait donc appel au début de
l’année 336 à ses deux généraux de confiance, Parménion et Attale, pour diriger un corps
expéditionnaire, profitant de l'affaiblissement de l'Empire perse suite à la mort d'Artaxerxès III. À la
tête de 10 000 hommes et aidé par les cités d'Éphèse et Cyzique, Parménion remporte plusieurs
victoires, comme à Magnésie du Méandre. Il s’empare de Grynéion près de Pergame pour ensuite se
diriger vers Pitané où Memnon de Rhodes, alors à Cyzique pour réprimer la cité, revient pour en
assurer la défense. Mais le siège de Pitané échoue, malgré l’arrivée de renforts et il doit se replier
en Troade puis à Abydos. Cette première campagne n’est pas couronnée de succès, et rares sont les
cités grecques qui se déclarent en faveur des Macédoniens. Philippe est assassiné à l'été 336
par Pausanias, l'un de ses Sômatophylaques (gardes du corps), dans le théâtre d'Aigeai où il célèbre
ses victoires à l'occasion du mariage de sa fille Cléopâtre avec Alexandre le Molosse, roi d'Épire et
frère d'Olympias. Cet assassinat a peut-être été instigué par les Perses voire par Olympias afin
d'assurer l'accession au trône d'Alexandre. Aucune preuve ne vient faire corroborer ces suspicions,
Pausanias étant en effet immédiatement tué ; même si Plutarque mentionne une lettre adressée
par Alexandre à Darius, dans laquelle il blâme le Grand Roi (et Bagoas, son vizir), pour le meurtre de
son père, soutenant que Darius s'est vanté auprès des différentes cités grecques de cet assassinat. La
mort de Philippe ne change rien aux plans d'invasion : Parménion fait allégeance à Alexandre qui
rejoint le corps expéditionnaire à Abydos en mai 334. Par sa politique d'expansion, Philippe est
parvenu à tripler la surface du royaume de Macédoine en annexant la Haute-Macédoine (dont
la Lyncestide et Orestide), les territoires situés à l'est de l'Axios (dont la Thrace) et la Chalcidique. Il
entreprend dans ce contexte de profondes réformes administratives en mêlant les institutions
traditionnelles macédoniennes et celles de la Ligue chalcidienne : la Macédoine est ainsi divisée en
quatre districts régionaux (ou mérides) autour de communautés civiques (cités ou ethné).
L'équipement et la tactique de l'armée macédonienne connaissent par ailleurs des améliorations
décisives qui servent la domination militaire mais aussi de levier social pour les couches
« moyennes ». Les arts connaissent enfin un formidable essor comme en témoignent les tombes
royales d'Aigéai (actuelle Vergina) ; il montre aussi son attachement à la « sagesse grecque » en
accueillant Aristote à la cour de Pella. Finalement, Philippe a forgé l'outil politique et militaire qui
permet à Alexandre le Grand de conquérir l'immense Empire perse et faire de la Macédoine une
puissance hégémonique durant l'époque hellénistique. Il est considéré par le
philosophe péripatéticien Théophraste comme le plus grand des rois de Macédoine, non seulement
par sa fortune, mais encore par sa sagesse et sa modération.
Les Philippiques sont une série de quatre discours prononcés par l'orateur
athénien Démosthène entre 351 et 341 av. J.-C. dans lesquels il dresse une harangue contre Philippe
II de Macédoine. Démosthène dénonce les ambitions de Philippe II et critique avec véhémence
l'oisiveté des Athéniens, tout en éveillant chez eux des sentiments patriotiques. Ces discours
marquent l'apogée de la rhétorique athénienne. Le terme de « philippique » est resté pour désigner
une exhortation belliqueuse. La troisième Philippique a suivi de près le discours sur les affaires de
Chersonèse. Celui-ci avait été prononcé vers mars 341. Ce discours aurait été prononcé
vraisemblablement au mois de mai 341. Le contexte est particulier. Le général Diopithès est en
Chersonèse avec son armée afin de protéger les colonies athéniennes contre Philippe de Macédoine.
Il demande des renforts et de l’argent. Philippe, lui occupe Cardie, il avance en Thrace et menace de
loin Byzance, qui est pourtant son alliée nominalement. De plus, il installe des tyrans en Eubéen
presque aux portes d’Athènes. En face de ce danger grandissant, Démosthène voit la nécessité
d’obtenir du peuple un nouvel effort, et surtout de lui faire sentir la gravité de la menace qui est
suspendue sur sa tête. Il apporte donc à la fois une propisition précise et des avertissements
pressants. La proposition était formulée dans un projet de décret annoncé vers la fin du discours
mais dont le texte ne nous a pas été conservé. On peut admettre, d’après ce qui en est dit par
l’orateur, qu’il y demandait la formation d’une flotte et d’une armée, une contribution
extraodriniare, peut-être aussi l’envoi de députés dans le Péloponnèse, à Chois, à Rhodes, et même
auprès du roi de Perse. Ce n’était pas encore la déclaration de guerre, mais c’en était la préparation.
Toutefois, l’essentiel du discours est plutôt dans les avertissements et les admonestations
véhémentes qui en constituent la majeure partie. L’idée qui domine tout, c’est que l’ambition de
Philippe vise à soumettre tous les Grecs, qu’il s’agit par conséquent de le leur faire comprendre, pour
les associer à l’effort d’Athènes, et sue l’initiative de cette union en vue de la défense de la Grèce ne
peut venir que d’Athènes seule. Jamais Démosthène n’avait encore dégagé aussi nettement les
pensées directrices de sa politique, jamais il ne les avait développées avec autant de force.
C. « Les Thébains, à leur tour, ont eu quelque puissance quelques temps ». (373-362 av. J.-C.)
C’est à partir de 373 av. J.-C. que Thèbes montre sa puissance et sa volonté dominatrice en
détruisant Platées et en violant directement la paix commune de 386 av. J.-C. Un congrès est alors
réuni à Sparte, en 371 av. J.-C., et en présence des ambassadeurs perses afin de renouveler la Paix du
Roi et de mettre fin à la guerre qui secoue la Grèce. Mais les thébains, n’ayant pas été admis à prêter
sennent au nom de la ligue béotienne, rejettent l’accord. Sparte envoie donc son armée dirigée par le
roi Cléombrotos en Béotie, et elle prend position à Leuctres, de façon à faire pression sur les
Thébains. Mais l’armée de Thèbes dirigée par le stratège Epaminondas obtient une victoire
écrasante: sur 700 spartiates, 400 sont tués. En effet, Epaminondas a fait preuve d’une innovation
tactique: il concentre sur la gauche ses meilleures troupes, les dispose en profondeur et écrase l’aile
droite des spartiates sous une attaque massive, avant de prendre à revers l’autre aile ennemie. Par la
suite, Epaminondas envahit la Laconie durant l’hiver 370-369 av. J.-c., ravage le pays jusqu’à la mer,
puis libère la Messénie soulevée contre Sparte (cette libération verra la création de la ville de
Messène par les hilotes libérés). L’Arcadie, elle aussi libérée, organise une ligue arcadienne qui, par
synœcisme, crée sa capitale Mégalopolis. La situation créée par la montée en puissance thébaine
n’échappe pas à Artaxerxès II, qui donne mission à Ariobarzane, satrape de Phrygie et successeur de
Pharnabaze, de réconcilier les Béotiens avec les Lacédémoniens sur les bases de la paix commune.
Un rescrit royal cautionne les ambitions thébaines auprès de leurs nouveaux alliés de Grèce centrale
et du Péloponnèse. Cependant, Sparte, Athènes et la plupart des Arcadiens refusent de s’engager
dans la signature d’un traité d’alliance avec Thèbes. L’Arcadie, divisée entre la protection lointaine
des Béotiens et l’hostilité proche des Spartiates, voit sa confédération s’effriter, au profit d’une
alliance avec Sparte pour éviter tout conflit voisin. Epaminondas, à la tête de vingt contingents
béotiens, thessaliens et eubéens, attaque les coalisés lacédémoniens, athéniens et arcadiens à
Mantinée, en 362 av. J.-C. Epaminondas est vainqueur, de la même façon qu’à Leuctres, mais trouve
la mort dans la bataille. Les Thébains, dépourvus de stratège, ne parviennent pas à tirer parti de la
victoire. Une nouvelle redistribution des forces se met en place : Les principales régions du
Péloponnèse retrouvent leur indépendance ; Sparte perd définitivement la Messénie, qu’elle tenait
depuis l’époque archaïque ; La Ligue du Péloponnèse s’eftrite petit à petit; Thèbes conserve son
hégémonie sur la Grèce centrale. Ainsi, l’adversaire principal de Thèbes n’est plus Sparte, mais
redevient Athènes.
De 371 (bataille de Leuctres) à 362 (mort d'Epaminondas), Thèbes connaît son apogée : c'est
l'hégémonie thébaine. En 370, elle est la première cité à envahir et piller le territoire de Sparte dans
l'histoire. Elle libère la Messénie, refonde la cité de Messène, relève la ville de Mantinée et fonde la
cité de Mégalopolis. De 366 à 364, elle trouble l'hégémonie d'Athènes sur la mer Égée en lançant une
flotte de 100 navires. Malheureusement pour elle, cette aventure s'arrête avec la mort de son plus
brillant général (Epaminondas), mort à la victoire de Mantinée (362). Le deuxième meilleur général
de Thèbes (Pélopidas) était mort deux ans plus tôt. À mesure que les Thébains descendent dans le
Péloponnèse (371/370), qui se termine par la bataille de Leuctres, les alliés de Sparte se rallient à
eux, donnant l'hégémonie sur la Grèce à Thèbes. L'armée ennemie grossit tant et si bien, que la
Laconie est pillée par les Thébains et mise à sac sans que les Spartiates n'osent intervenir, chose
inédite jusqu'alors. Cette mise à sac matérialise la fin de la suprématie spartiate sur la
Grèce. Thèbes ruine sa domination sur ses esclaves périèques et hilotes : la Messénie est libérée
par Epaminondas et sa capitale (Messène) refondée pour faire contrepoids à Sparte. La fédération
arcadienne renaît comme sa capitale Mantinée (370). Mais Sparte n'est pas encore morte : l'assaut
thébain sur la ville est repoussé par la résistance héroïque organisée par Agésilas. Plusieurs
expéditions thébaines sont nécessaires pour l'empêcher de rétablir sa domination (en 370, 369...).
Sparte doit son salut à la politique de bascule pratiquée par les Thébains et à la nouvelle alliance avec
Athènes : en effet, Thèbes évite de trop renforcer les puissants Arcadiens, tandis que la nouvelle
alliance spartiate-athénienne est officialisée en 369. La tentative hégémonique maritime de Thèbes
(365/4) sur l'Égée et l'Asie mineure crée les conditions d'un soutien perse à cette alliance entre
Sparte et Athènes. Les Thessaliens parviennent à affaiblir Thèbes, en tuant Pélopidas (364). Deux ans
plus tard, Sparte retrouve son honneur à la bataille de Mantinée de 362 av. J.-C. : bien que peu
nombreux, les Spartiates parviennent à tuer le général Epaminondas et transforment ainsi une
bataille indécise en victoire. Cependant, cette victoire masque mal la réalité des rapports de force : le
gros des troupes était athénien.
C. Un essor dangereux
Le dessein de Philippe est d’assurer sa suprématie en Grèce afin d’entreprendre ensuite, avec
les meilleures chances de succès, l’invasion de l’Asie. Pour le réaliser, il pensa qu’il devait d’abord
soumettre tous les royaumes thraces et parvenir ainsi jusqu’aux villes grecques de la Propontide et
du Bosphore, Périnthe et Byzance, ses futures bases d’opération. Une telle entreprises menaçait
directement Athènes, celle-ci faisait venir du Pont Euxin, par les détroits, la plus grande partie du blé
qui lui était indispensable. Philippe, une fois en possession de ce passage, devenait le maître de son
ravitaillement et de son commerce. Dans ces discours, Démosthène présente Philippe comme un
barbare et un ivrogne. Philippe intervient ensuite dans la troisième guerre sacrée, à l'appel
de Thèbes et de la Ligue thessalienne. Il est battu à deux reprises par Onomarchos, stratège
des Phocidiens, et doit battre en retraite, bien décidé cependant à revenir. « Mais la Thessalie, dans
quel état est-elle ? N’a –t-il pas dépouillé En 352 av. J.-C., il investit la Thessalie et vainc Onomarchos
à la bataille du Champ de Crocus. Il fait crucifier le cadavre du stratège vaincu et fait jeter à la mer
plus de 3 000 prisonniers phocidiens, châtiment réservé aux sacrilèges. Dans la foulée, il s'empare
de Phères et se fait élire à la tête de la Ligue thessalienne. Au début de la Guerre du
Péloponnèse (431-404), vers 431 /430, la Thessalie s'allia avec Athènes. Le pouvoir des familles
aristocratiques semble avoir continué mais il déclina peu à peu jusqu'à vers la fin de Guerre du
Péloponnèse où les mouvements démocratiques commencèrent à apparaître. À Pharsale, à cette
période, l'État fut déchiré par des luttes intestines et, dans un souci de calme et de sécurité, les
citoyens confièrent l'acropole et toute l'orientation du gouvernement à Polydamas de Pharsale, qui
gouverna avec la plus stricte intégrité. Les Aleuades à Larissa et les Scopades à Crannon (ou Krannon
ou Krannonas) perdirent beaucoup de leur ancienne influence. Pharsale et Phères devinrent alors les
deux principaux États de Thessalie. Dans cette dernière une tyrannie, probablement résultante d'une
démocratie, fut créée par Lycophron (406-v.390), qui opposa les grandes familles aristocratiques et
visa à la domination de la Thessalie. Ce dernier but fut atteint par Jason de Phères (v.390-370), le
successeur de Lycophron, qui effectua une alliance avec Polydamas de Pharsale et se fit élire Tage en
374. Sa tentative pour réaliser l'unité de la région provoqua les interventions des Thébains et
des Macédoniens ses anciens alliés. Sous son règne l'ensemble de la Thessalie fut unie comme un
seul pouvoir politique, mais, après son assassinat en 370, sa famille fut déchirée par les discordes
intestines et ne put maintenir sa domination très longtemps. Ses successeurs renforcèrent leur
tyrannie jusqu'à ce qu'enfin, les vieilles familles aristocratiques appellent à l'aide le Roi
de Macédoine,Philippe II (359-336), qui priva Lycophron II (355-352) de son pouvoir en 352, et
rétablit les anciens gouvernements dans toutes les villes de Thessalie. Philippe aurait ainsi préposé à
chacune des quatre régions thessaliennes un gouverneur choisi par le roi. Les Thessaliens éliront
alors Philippe II Tage (ou Tagos) à vie de la Ligue Thessalienne. Quelques années plus tard en 344, il
rétablit les Tétrades (ou Tétrarchies), avec l'installation de Gouverneurs qui lui étaient complètement
dévoués et qui étaient probablement membres des anciennes familles nobles. À la fin du VIe siècle,
sous l'un de ces "Princes/Rois", nommé Aleuas (ou Alevas, en Grec : 'Aλεύας) fondateur de la
dynastie des Aleuades de Larissa, le pays fut divisé en quatre "districts" ou "canton" (Les Tétrades ou
Tétrarchies) : La Phthiotide (ou Phthiotis, en Grec : Φθιώτιδα) ; La Thessaliotide (ou Thessaliotis) ; La
Pélasgiotide (ou Pelasgiotis, en Grec : Πελασγιῶτις) et l’Hestiaotide. Cette division continua tout au
long de l'histoire de la Thessalie. On en a donc conclu que ce ne fut pas seulement un nom donné à
des régions mais bien des entités politiques. Chaque "district" régissait peut-être ses affaires par une
sorte de conseil provincial, mais nous sommes pratiquement sans aucune connaissance concernant
le gouvernement interne de ces entités. La cavalerie Thessalienne devint également une partie de
l'armée Macédonienne et de nombreux Thessaliens prirent part aux campagnes d'Alexandre le
Grand (336-323). Alors qu'il poursuit les Phocidiens, il est arrêté dans le défilé des Thermopyles par
une coalition athénienne et spartiate alliée à la Ligue achéenne. Malgré cet échec,
Philippe a marqué les cités grecques par sa puissance et les menace désormais directement.
cette raison, en -423, Olynthe prit la tête d'une Ligue chalcidienne plus ou moins informelle,
constituée de ces différentes cités. La cité prit part à la guerre du Péloponnèse contre les Athéniens
d'abord, puis contre les Spartiates. À la tête de la Ligue de Chalcidique, elle accéda à l'indépendance
après la paix conclue entre Athènes et Sparte en -421. Alliée à Philippe, elle combattit encore contre
Athènes, obtenant en échange les villes d'Amonte et de Potidée. Dès 353, les olynthiens, inquiets de
l’accroissement de la puissance macédonienne, ont commencé à se rapprocher des Athéniens. Les
orateurs antimacédoniens, de plus en plus influents à Olynthe, poussent à une paix séparée avec
Athènes qui est sans doute conclue pendant l’hiver 352-351. Philippe réagit à cette rupture du traité
par une incursion en territoire chalcidien, accompagnée du pillage, peut-être lorsqu’il rentre en
Macédoine après sa campagne de Thrace. Il s’abstient cependant de toute annexion et retire ses
tropues après avoir fait la démonstration de sa force. Il semble que Philippe, en 351 et en 350
consacre l’essentiel de ses efforts à la consolidation des frontières septentrionales et occidentale de
son royaume (par des campagnes en Illyrie et en Epire) ainsi qu’à l’organisationde la Thessalie. Au
début de l’été 349, Philippe juge le moment venu de conquérir la Chalcidique. Il lance un ultimatum
aux Olynthiens, exigeant qu’ils lui livrent deux réfugiés macédoniens, ses demi-frères Arrhidée et
Ménélas. Le refus olynthien déclenche immédiatement l’invasion macédonienne. Il est vraisemblable
que la demande d’extradition n’était qu’un prétexte, mais on ne saurait exclure qu’il y ait eu des
troubles intérieurs en Macédoine en 350-351 et que les Olynthiens aient accueilli les deux princes
argéades avec l’intention d’appuyer leurs prétentions dynastiques contre Philippe. Les Olynthiens
menacés demandent l’aide militaire d’Athènes. Démosthène soutient avec vigueur la requête
d’Olynthe. Selon l’orateur, l’évolution du rapport de forces en faveur de Philippe s’explique par le
contraste avec l’activité de celui-ci et l’intertie des Athéniens. Si les adversaires gardent les mêmes
attitufdes, il est certain que l’évolution se poursuivra jusqu’à la fin. Après cette mise en garde,
Démosthène présente un plan d’action. Les Athéniens doivent envoyer dans le nord de l’Egée deux
corps expéditionnaires, l’un en Chalcidique pour défendre les cités menacées, l’autre en Macédoine
pour ravager le royaume. Cette double intervention est indispensable selon Démosthène pour
obliger Philippe à lâcher prise. Les Athéniens concluent rapidement l’alliance demandée par les
Olynthiens. Reste à honorer cette alliance et à envoyer des secours. Il semble qu’un certain nombre
de citoyens aient été été effrayés à l’idée d’engager à nouveau une guerre active contre Philippe.
C’est pourquoi Démosthène consacre l’essentiel de sa seconde Olynthienne à montrer que la
puissance de Philippe est fragile. Philippe a constitué son empire par le parjure et le mensonge : ceux
qu’il a dupés se dresseront contre lui au plus léger échec. Peu de temps plus tard, alors que les
Athéniens n’ont encore envoyé aucun secours. Démosthène prononce la troisième Olynthienne. Il
attaque directement le principal obstacle légal à la politique énergétique qui s’impose, la loi d’Eubule
sur le théorikon. Démosthène ne parvient pas à convaincre le peuple d’engager la procédure
d’abrogation de cette loi mais les Athéniens, à la fin de l’été, envooient deux corps expéditionnaires
en Chalcidique. Ils auraient peut-être fait un effort plus important au printemps 348 si des troubles
en Eubée n’étaient pas venus détourner leur attention.
Pendant l’hiver 349-348, une révolution éclate à Eretrie et chasse le tyran Plutarque soutenu
par les Athéniens ; le mouvement prend rapidement l’allure d’un mouvement antiathénien. Les
Athéniens, engagés dans deux conflits sur deux deux fronts différents, doivent faire un choix
stratégique difficile : faut-il en priorité secourir les Olynthiens ou réprimer la révolte de l’Eubée ?
Démosthène est partisan de la première solution, et il est facile de reconstituer son raisonnement.
De nouveaux délais dans l’envoi de secours athéniens à Olynthe risquent d’entraîner la perte
irréversible d’un allié important : quand Olynthe sera sauvée, il sera encore temps de rétablir l’ordre
en Eubée. Fidèle à sa stratégie étroitement défensive, Eubule est de l’avis opposé : Olynthe est loin
d’Athènes, alors que l’Eubée est toute proche et d’un intérêt fondamental pour la sécurité de la cité.
C’est l’opinion d’Eubule qui triomphe : le peuple vote la levée en masse des hoplites et des cavaliers
et leur envoi en Eubée. Après le succès sans lendemain de Talynae, l’armée athénienne subit en
Eubée défaite sur défaite et doit reconnaître l’indépendance de la grande île (pendant l’été 348). En
Chalcidique, Philippe enlève cité après cité les villes de la confédération et entreprend le siège
d’Olynthe au début de l’été. Les Olynthiens qui n’avaient reçu aucun secours athénien au printemps
348 à cause de l’affaire eubéenne, obtiennent finalement en juillet l’envoi d’un nouveau corps
expéditionnaire de 2000 hoplites citoyens et de 300 cavaliers. Le départ de ce contingent athénienne
est retardé par le meltem : quand il arrive enChalcidique, Olynthe est déjà aux mains de Philippe (la
trahison des cavaliers olynthiens ayant largement contribuée à la défaite de la cité). Olynthe est
traitée très durement : la ville est rasée, ses habitants sont réduits en esclavage. Le choix d’Eubule,
en faveur de la défense de l’Eubée a abouti à un double échec, en Eubée et en Chalcidique. Mais
craignant que Philippe II de Macédoine ne s'empare de son territoire, Olynthe fit alliance
avec Athènes. Le roi macédonien assiégea alors la ville et la détruisit complètement en -348. Les
habitants, réduits en esclavage, furent dispersés en Thrace et en Macédoine. La cité fut abandonnée.
Démosthène, dans son introduction aux Olynthiennes, prononcée l'été -349, quelques mois avant sa
destruction par Philippe II de Macédoine, demanda vainement l'intervention d'Athènes pour venir au
secours d'Olynthe.
À partir de 352, Philippe reprend la politique d'expansion de son royaume vers le nord-est et
se tourne vers la Thrace, divisée en trois royaumes depuis la mort de Cotys, roi des Odryses. À l'appel
de l'un des rois, il assiège la forteresse d'Héraion Teichos, au bord de la Propontide. Ce mouvement
menace directement les intérêts athéniens, à la fois à cause de leurs clérouquies de Chersonèse,
mais aussi à cause de leur approvisionnement en blé. Presqu'île de Thrace (actuellement Gallipoli)
qui fut colonisée par les Grecs dès la fin du ~ VIIIe siècle. Vers ~ 560, peu après la première prise du
pouvoir par Pisistrate à Athènes, une expédition conduite par Miltiade réussit à s'emparer d'une
grande partie de la péninsule où furent installés des colons athéniens. Jusqu'en ~ 493 la Chersonèse
demeura en fait le domaine privé de Miltiade l'Ancien, puis de son neveu Miltiade le Jeune, lequel
dut accepter la domination perse. Mais, après les guerres médiques, les Athéniens reprirent pied en
Chersonèse, établissant des colons à Sestos et à Callipolis, et, sauf pendant la courte période de vingt
ans qui suivit leur défaite d'Aigos Potamos (~ 405), la Chersonèse resta une des bases de la puissance
athénienne en mer Égée. De fait, non seulement les colons athéniens de Chersonèse envoyaient une
partie des grains qu'ils récoltaient en Attique, mais en outre la mainmise sur la Chersonèse située à
l'entrée de la Propontide permettait aux Athéniens de contrôler le passage des navires venant de la
mer Noire. Au ~ IVesiècle, en effet, la région des détroits était vitale pour assurer
l'approvisionnement d'Athènes en blé. La conquête de la Thrace par Philippe de Macédoine fit peser
sur la Chersonèse un grave danger que les efforts de Démosthène ne réussirent pas à conjurer : en ~
338, la Chersonèse passa aux mains de Philippe, et cette perte, autant que la défaite de Chéronée (~
338), marqua la fin de l'indépendance d'Athènes. Athènes vote d'abord l'envoi d'un contingent
massif, mais la nouvelle exagérée d'une maladie de Philippe les dissuade de l'envoyer effectivement,
à tort : Philippe prend Héraion Teichos et livre la forteresse à la cité de Périnthe, qui avait également
fait appel à lui. En Eubée, des contingents macédoniens interviennent à plusieurs reprises pour
établir des factions oligarchiques. Les partisans de l’indépendance et de l’unit eubéennes, ceux là
mêmes qui s’étaient révoltés contre Athènes en 346, notamment Callias de Chalcis, sollicitent et
obtiennent l’alliance athénienne grâce à l’appui de Démosthène. La nouvelle confédération
eubéenne est l’alliée d’Athènes mais les cités eubéennes n’entrent pas individuellement dans la
seconde confédération athénienne, et ne paient pas de contribution à Athènes.
La troisième guerre sacrée est très importante puisqu'elle toucha la majorité de la Grèce. Elle
se déroula entre 355 (ou 357) et 346 et se conclut par la victoire militaire de Philippe II de
Macédoine. Elle avait un motif différent : les Phocidiens auraient tout d'abord labouré un champ
consacré aux dieux, le conseil amphictionique les condamna à une forte amende qu'ils refusèrent de
payer et envahirent le sanctuaire de Delphes.
Les conditions qui sont imposées aux Phocidiens sont très dures : la Confédération
phocidienne est dissoute, les villes sont rasées, la population est dispersée en hameaux. Les
amphictions imposent au peuple sacrilège de payer une amende de 60 talents par an pendant
soixante-deux ans. Philippe reçoit les deux sièges amphictioniques qui sont retirés aux Phocidiens.
Malgré les concessions qu’il a du faire aux Thébains, il contrôle l’amhictionie grâce auxThessaliens (le
roi veille à ce que les délégués thessaliens à l’amphictionie soient toujours de ses amis. Le contrôle
de l’amphictionie lui assure une réelle prépondérance en Grèce centrale.
Le danger le plus grave, à partie de 342, vient de la campagne entreprise par Philippe en
Thrace orientale, en vue de la conquête systématique de la région jusqu’à la mer noire, qui menace
les détroits de la Chersonèseà Byzance, et qui inquiète à la fois les Athéniens et les cités grecques de
la région. Pour renforcer leurs positions en Chersonèse, les Athéniens envoient dans la presqu’île un
contingent de mercenaires placé sous la direction du stratège Diopeithès. A la suite d’un différend
relatif à la cité de Cardia, et pour payer ses troupes, Diopeithès met au pillage plusieurs localités
thraces du royaume de Philippe. Au printemps 341, Philippe adresse une lettre de protestation aux
Athéniens, qui réclame en particulier le retour de Diopeithès. Démosthène s’oppose vigoureusement
à cette demande, et aux Athéniens qui l’estiment justifiée. Il souligne que les Athéniens n’ont pas le
choix entre le paix et la guerre, puisque Philippe leur fait de facto la guerre : il ne leur reste qu’un
parti, se défendre contre l’agresseur qui prend les devants. Meme si Diopeithes a pu commettre
quelques excès, il serait catastrophique de rappeler le corps expéditionnaire athénienne ; ce serait
abandonner la région des détroits, il est vain d’envoyer des troupes quand l’adversaire a attaqué, il
faut prévenir ses agressions par une présence militaire sur le terrain. Le peuple se range à l’avis de
Démosthène. La Troisième Philippique, prononcée quelques semaines plus tard, reprend et amplifie
la dénonciation des actes et des ambitions de Philippe, et propose un ensemble de mesures
militaires et diplomatiques pour sauvegarder la liberté d’Athènes et celles de tous les Grecs.
B. La troisième Philippique
En 342, Philippe fait de la Thrace une province de la Macédoine et y fonde plusieurs cités.
Cette volonté d'implantation macédonienne en Grèce du Nord-Est provoque des révoltes,
notamment celle de Byzance, soutenue par Athènes. En 341, Démosthène prononce sa Troisième
Philippique pour convaincre les Athéniens de la nécessité d'entrer en guerre contre Philippe. Dès lors,
l'affrontement direct entre Philippe et Athènes apparaît inévitable. L'année même où Démosthène
avait parlé des affaires de la Chersonèse (ol. cix, 3 ; 342), et vraisemblablement peu de mois après, il
se leva encore une fois pour convaincre les Athéniens de la nécessité de la guerre contre le roi de
Macédoine. Philippe était encore occupé en Thrace, et il s'approchait, par des conquêtes faciles, des
côtes de la Propontide et des portes de Byzance que, depuis longtemps, il tâchait de se faire ouvrir
au moyen de l'or et de l'intrigue, ses armes favorites. A la même époque, il punit les Péparéthiens qui
s'étaient emparés d'Halonèse par force, il menaça plus vivement la Chersonèse, et étendit de tous
côtés son pouvoir et son influence. Du reste, nous ne connaissons pas le fait précis qui donna lieu à
cette nouvelle Philippique. La paix avec le conquérant, dit seulement Libanius, existait encore de nom
; mais dans la réalité, elle était violée par ses nombreuses injustices. Par des considérations déjà en
partie présentées à d'autres époques, mais rendues plus pressantes encore, l'orateur exhorte les
Athéniens à repousser le péril qui menace de plus près Athènes et la Grèce. Quelques mois à peine se
sont écoulés, depuis que Démosthène a prononcé le discours sur les affaires de la Chersonèse. Les
mesures conseillées n'ont pas été écoutées. Byzance et la Chersonèse sont de plus en plus
menacées ; mais, dans cette nouvelle harangue, où le génie de l'orateur s'élève à son apogée,
Démosthène s'occupe moins des faits particuliers que de la situation générale, du rôle patriotique qui
incombe à Athènes. Il n'y a plus à choisir entre la paix et la guerre : Philippe, abrité sous le traité de
346, agit en ennemi ; il pousse ses approches de tous côtés : en Thrace, en Eubée, jusqu'à Mégare et,
le jour où il lui plaira, il se démasquera, et Athènes, enveloppée de toutes parts, sera impuissante à
lui résister. La Grèce, si jalouse naguère de son indépendance, en face d'Athènes, de Sparte, de
Thèbes, n'a pas su se concerter pour arrêter l'essor de ce tyran, qui n'est pas même un Grec. Et
cependant Philippe n'a pas aujourd'hui la puissance qu'avait Sparte. Qu'on le veuille, et il est encore
facile de lui barrer la route, de le harceler jusque dans ses États. Pour cela, il faut, déclare l'orateur,
que la Grèce se coalise à notre appel ; il faut que nous occupions fortement la Chersonèse ; et que,
prêts à tous les sacrifices, nous ne nous laissions pas décevoir par les charmes éphémères d'une vie
douce et facile qui aboutit à l'abîme ; il faut, surtout, châtier les traîtres qui rongent le coeur de la
cité. Et, cette fois, ce ne sont plus seulement des conseils que l'orateur fait entendre à ses
concitoyens ; mais il prend la responsabilité d'une proposition de décret, qui les résume.
Les Athéniens tentent une voie , une alliance panhéllénique contre le roi de Macédoine.
L’indignation causée par la destruction d’Olynthe a pu un moment créer un été d’esprit favorable à
une telle alliance ; les intrigues de Philippe
Conclusion :
La Troisième Philippique a été considérée d !s l’antiquité comme un des plus beaux disocurs
de Démosthène. Ce jugement depuis lors semble avoir été ratifié par les meilleurs juges. Les idées
essentielles de l’orateur s’y développent avec plus d’ampleur que dans aucune des harangues
précédentes. L’argumentation plotique, toute nourrie de faits qu’elle interprête et commente, s’y
montre dans la plénitude de sa force, et aussi la sincérité ardente du patriote inquiet, qui voit à plein
l’imminence du danger, les avantages de l’adversaire, l’affaiblissement des volontés autour de lui,
toutes les difficultés extérieures, mais qui veut compter malgré tout sur la puissance de la vérité
hardiment énoncée pour réveiller les âmes somnolentes pour lutter victorieusement. A la vigueur
des pensées s’ajoute la véhémence des sentiments. L’amour enflamé de la liberté, le sens le plus
élevé de l’honneur, l’appel au plus nobles traditions, s’y mêlent à l’ironie mordante et à l’indignation,
et aussi à la tristesse que le spectacle de certaines injustices criante sont fait naître dans une nature
généreuse. Il fait dans le court de son discours un récit relatif à Euphracos, , un récit pénétré dune
émotion profonde, comme si l’orateur en parlant du sort de ce bon citoyen méconnu, avait eu un
lointain pressentiment de sa propre fin.
En -324, c'est au tour de Démosthène lui-même de prendre le chemin de l'exil, à la suite de
l'« affaire d'Harpale » : il est accusé d'avoir détourné une partie de l'argent placé sous séquestre par
le trésorier d'Alexandre, Harpale. Il doit se retirer à Égine, puis à Trézène. Il est rappelé à Athènes par
le peuple en -323, à la suite de la mort d'Alexandre le Grand. Il y prononce de nouveau des discours
anti-macédoniens, mais la défaite de Crannon, lors de la guerre lamiaque, le force de nouveau à fuir,
cette fois en compagnie de l'orateur Hypéride, pour échapper aux soldats d'Antipater. En -322, il se
réfugie dans le temple de Poséidon situé dans l'île de Calaurie (aujourd'hui Poros), le long de la côte
de l'Argolide. Plutarque rapporte qu'il est abordé dans le temple par un dénommé Archias, ancien
acteur et affidé d'Antipater. Celui-ci veut attirer Démosthène hors de l'enceinte sacrée en lui
promettant la vie sauve. Démosthène refuse, et prétendant écrire une lettre à sa famille,
s'empoisonne en mordillant l'extrémité de son calame, comme il avait l'habitude de le faire en
réfléchissant. « Démosthène, sûr désormais que le poison avait bien pénétré et était en train
d'opérer, se découvrit et, fixant son regard sur Archias : « Tu peux maintenant, lui dit-il, te hâter de
jouer le Créon de la tragédie et faire jeter ce corps sans sépulture. Pour moi, ô cher Poséidon, je sors
encore vivant de ton temple, tandis qu'Antipater et les Macédoniens n'ont même pas respecté la
pureté de ton temple. » Sur ces mots, il pria qu'on le soutînt, parce que déjà il tremblait et
chancelait, et dès qu'il fut sorti et eut dépassé l'autel, il tomba et rendit l'âme dans un
gémissement. » À sa mort, Démosthène possède 14 talents, somme considérable qui le met en
position d'être astreint aux liturgies. Pour l'essentiel, il s'agit d'esclaves, de matières premières et de
créances maritimes.
Bibliographie :
Carlier P., Le IVeme siècle grec jusqu’à la mort d’Alexandre, Paris, 1996.
Claude ORRIEUX & Pauline SCHMITT-PANTEL, Histoire grecque, PUF Quadrige, 1995
Chronologie indicative :
-358 Organisation de l’armée macédonienne. Prise des mines d’or du mont Pangée.
-357 Voyage expiatoire de Philippe à Samothrace. Mariage de Philippe avec Olympias, soeur du roi
Alexandros d’ Épire.
-356 Naissance d’Alexandre le Grand (22 juillet).
-355 Soumission de la Péonie (Bulgarie) et de l’Illyrie (Yougoslavie et Albanie). Siège de Méthone (sur
le golfe de Salonique).
-353 Expédition contre les colonies grecques sur les côtes de Thrace. Première apparition de Philippe
en Grèce.
-352 Victoire sur la coalition thessalienne près du golfe de Pagase (Volos). Occupation de la
Magnésie. Les Athéniens interdisent le passage des Thermopyles. Soumission de la Thessalie à
Philippe.
-351 Naissance d’Arrhidée (bâtard de Philippe et de Philémore de Larissa). Deuxième campagne de
Thrace et conquête de trente-deux établissements grecs. Démosthène prononce la le Philippique.
-350 Philippe dépose son neveu Amyntas et se fait couronner roi de Macédoine. Lysimaque et
Léonidas, précepteurs d’Alexandre.
-349 Campagne de Chalcidique. Attaque d’Olynthe. Démosthène prononce la 1e Olynthienne.
-348 Poursuite du siège d’Olynthe.
-347 Prise d’Olynthe. Mort de Platon.
-346 Ambassade de Démosthène à Pella.
Deuxième campagne de Philippe en Grèce.
Philippe siège au Conseil Amphictyonique de Delphes.
-345 Deuxième campagne d’Illyrie. Poursuite des conquêtes de Thrace jusqu’à l’Hellespont (Turquie
d’Europe).
-344 Philippe réorganise la Thessalie.
-343 Aristote précepteur d’Alexandre.
Campagne d’Artaxerxès III Ochos en Égypte. Chute et fuite du pharaon Nectanébo 11.
-342 Campagne de Philippe vers l’Ister (Danube).
-341 Nouvelle campagne en Hellespont.
-340 Alexandre au siège de Périnthe (sur la mer de Marmara).
Philippe le désigne comme régent.
-339 Philippe ayant échoué devant Périnthe échoue devant Byzance. Expédition sur les rivages du
Pont-Euxin (mer Noire).