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“CAILLOT-9782100737833-BAT” (Col. : Psychothérapie) — 2015/7/27 — 12:01 — page II — #2
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INTRODUCTION 1
1. Freud : le couple, la famille et le groupe 7
Les formations de masse 8
État amoureux, hypnose et groupe 9
La formule de la constitution libidinale d’une foule 11
Les relations de pouvoir dans le groupe et la famille 12
La formule de la constitution libidinale de la famille 14
L’actepouvoir familial et l’agirpouvoir familial 14
La pulsion sociale et la famille 17
2. Ambiguïté et paradoxalité 21
L’inceste et l’incestualité 22
L’ambigu et le paradoxal 23
Fantasmes narcissiques d’autodésengendrement
Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
et d’auto-engendrement 26
L’incestuel et le meurtriel 34
3. Œdipe et antœdipe 43
Nature des conflits œdipien et antœdipien 43
La séduction narcissique et la séduction sexuelle 44
Les personnages de l’œdipe et de l’antœdipe 45
Les tabous 45
Les organisateurs de l’œdipe et de l’antœdipe 46
Les enjeux identitaires 47
Les énergies 47
Le Surmoi œdipien et le Surmoi paradoxal antœdipien 48
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“CAILLOT-9782100737833-BAT” (Col. : Psychothérapie) — 2015/7/27 — 12:01 — page VI — #6
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“CAILLOT-9782100737833-BAT” (Col. : Psychothérapie) — 2015/7/27 — 12:01 — page VII — #7
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“CAILLOT-9782100737833-BAT” (Col. : Psychothérapie) — 2015/7/27 — 12:01 — page VIII — #8
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“CAILLOT-9782100737833-BAT” (Col. : Psychothérapie) — 2015/7/27 — 12:01 — page 1 — #9
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INTRODUCTION
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“CAILLOT-9782100737833-BAT” (Col. : Psychothérapie) — 2015/7/27 — 12:01 — page 2 — #10
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2 I NTRODUCTION
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I NTRODUCTION 3
Aux névroses et psychoses, qui ne sont plus les seules références des
modes d’organisation psychique, se sont ajoutées les perversions, en
particulier la perversion narcissique ou perversion relationnelle.
Grâce aux travaux concernant la paradoxalité et les phénomènes
du registre de l’inceste, la compréhension du traumatisme psychique
s’en trouve très profondément bouleversée, de même que le travail de
transformation psychique des agirs et des somatisations traumatiques en
fantasmes transitionnels.
Ces cadres collectifs permettent l’utilisation des capacités d’inter-
fantasmatisation groupale et favorisent ainsi le développement d’un
processus analytique collectif, c’est-à-dire d’un travail non seulement
de transformation des agirs mais aussi d’interprétation des transferts
collectifs.
Cette nouvelle approche a permis en outre, la mise en place de
concepts spécifiques et de nouvelles pratiques à la famille et au groupe
ainsi que la prise en charge de problématiques individuelles et familiales
difficiles à traiter dans le cadre de prises en charge plus classiques.
Nous opposerons la famille œdipienne, où l’ordre des générations
est respecté, à la famille antœdipienne pathologique où cet ordre est
inversé. Le renversement générationnel est au cœur de la folie familiale :
l’antœdipe pathologique se compose de l’inceste et du meurtre auxquels
s’ajoute l’incestualité. L’incestuel et le meurtriel sont les deux formants
de celle-ci. L’incestualité, ce concept majeur et nouveau, n’est pas
l’œdipe, elle en est même le contraire. Fait essentiel, elle est aussi la
source du traumatique familial et sociétal.
Voici un bref exemple clinique qui introduit cet ouvrage, L’incestuel,
le meurtriel et le traumatique et illustre les fantasmes narcissiques
Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
paradoxaux.
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“CAILLOT-9782100737833-BAT” (Col. : Psychothérapie) — 2015/7/27 — 12:01 — page 4 — #12
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4 I NTRODUCTION
Phénix donc, a 5 ans lorsqu’il consulte avec ses parents. Il dort avec sa
mère en l’absence de son père, prend ses douches avec elle et, aux dires
de sa grand-mère paternelle, est embrassé sur la bouche par sa mère. Au
début de la prise en charge de son petit-fils dont l’état psychique l’angoisse
énormément, cette grand-mère paternelle révèle lors d’un entretien familial
où sont présents Phénix et ses parents, que le père de son fils n’est pas son
mari.
Le père biologique de ce fils était retourné dans son pays d’origine lorsque
l’enfant était un tout jeune bébé ; elle s’était ensuite mariée et son mari avait
reconnu immédiatement son fils. Elle présenta en larmes ses excuses à
son fils, qui était bouleversé par la révélation de ce secret de famille. La
grand-mère paternelle de Phénix souhaitait aider de son mieux son petit-fils
avant de mourir et « dire tout ce qu’elle avait sur le cœur ».
À l’évidence l’organisation familiale était incestuelle.
Lors de son entrée dans le groupe de soins intensifs d’enfants, Phénix
est mutique et très angoissé ; nous apprendrons un peu plus tard qu’il est
encoprétique.
Le cadre est le suivant : le groupe est constitué de quatre thérapeutes et
de huit à dix enfants, âgés de quatre à dix ans environ parmi lesquels,
certains sont déscolarisés ou en voie de l’être. Chaque semaine ont lieu deux
séances de psychodrame, d’une heure chacune, regroupant l’ensemble des
enfants et l’ensemble des thérapeutes et plusieurs séances de deux heures
en sous-groupe, séances dites de socialisation avec différents médiateurs,
auxquelles participent une partie du groupe d’enfants et une partie des
thérapeutes.
Dans ces sous-groupes, les enfants y élaborent avec leurs thérapeutes
le nombre et la durée des diverses séquences successives de la séance
ainsi que leur contenu (dessiner, peindre, fabriquer différents objets, lire des
contes, etc) ; une part des séquences peut se dérouler en ville, par exemple,
aller acheter des bonbons ou aller au square. Une fois par semaine un repas
thérapeutique est organisé.
À ce dispositif s’ajoutent des entretiens familiaux et des entretiens avec les
professeurs d’école, les travailleurs sociaux car certains enfants sont séparés
de leurs parents par décision de justice.
Une fois par semaine, l’ensemble des thérapeutes se réunit pendant une
heure.
Habituellement, les enfants partagent donc leur temps entre l’institution, leur
famille ou leur foyer éducatif ou bien encore leur famille d’accueil et l’école,
pour ceux qui ne sont pas déscolarisés.
Pendant plus d’un mois, Phénix se réfugie sous les fauteuils des thérapeutes
durant les séances de psychodrame ; l’importance de ses angoisses nous
fait penser qu’il est préférable de tolérer son comportement. Puis, il sort de
ses abris et participe spontanément à tous les jeux en imitant un oiseau.
Phénix acquiesce lorsque nous lui proposons que cet oiseau est très grand,
très fort, qu’il vole très haut au-dessus de nous et nous domine tous ; il en
est même ravi et sourit.
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“CAILLOT-9782100737833-BAT” (Col. : Psychothérapie) — 2015/7/27 — 12:01 — page 5 — #13
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I NTRODUCTION 5
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“CAILLOT-9782100737833-BAT” (Col. : Psychothérapie) — 2015/7/27 — 12:01 — page 7 — #15
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Chapitre 1
FREUD : LE COUPLE,
LA FAMILLE ET LE GROUPE
recherche, elle ne réussit que rarement, c’est-à-dire dans des cas tout à fait
exceptionnels, à faire abstraction des rapports qui existent entre l’individu
et les autres.
Dans la vie psychique de l’individu, c’est invariablement l’autre qui est
appréhendé comme modèle, objet, soutien et adversaire ; la psychologie
individuelle est donc, dès le départ, en même temps, psychologie sociale,
dans le sens élargi, mais pleinement justifié du terme [...]. L’opposition
entre les actes psychiques sociaux et narcissiques (autistiques selon la
terminologie de Bleuler) tombe ainsi pleinement dans le champ de la
psychologie individuelle ; il n’est donc pas approprié de séparer celle-ci
de la psychologie sociale ou groupale ».
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“CAILLOT-9782100737833-BAT” (Col. : Psychothérapie) — 2015/7/27 — 12:01 — page 8 — #16
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L ES FORMATIONS DE MASSE
Pour Freud, le mot masse recouvre plusieurs acceptions : il a le sens
de foule, de groupe ou celui de collectif, mais il nous semble que le mot
masse connote aussi et avant tout celui d’indifférenciation. Ce sens paraît
évident lorsque l’auteur écrit, par exemple, à propos des formations de
masse (massenbildung) : « sans doute une foule ne se forme pas et ne
peut subsister sans un commencement d’organisation et c’est, dans ces
masses simples et rudimentaires, qu’apparaissent avec le plus de netteté,
quelques-uns des phénomènes les plus fondamentaux de la psychologie
de groupe.
Pour que les membres accidentellement réunis d’une foule humaine
forment une masse au sens psychologique du mot, il faut qu’il y ait
entre les individus quelque chose de commun, il faut qu’ils s’intéressent
tous au même objet, qu’ils éprouvent les mêmes sentiments, en présence
d’une situation donnée (et j’ajoute volontiers par conséquent) qu’ils
possèdent dans une certaine mesure la faculté d’influer les uns sur les
autres [...]. Plus cette homogénéité mentale et affective est forte, et plus il
y a de chances que les individus forment une masse psychologique douée
d’une âme collective dont les manifestations sont telles que leur nature
ne laisse place à aucun doute (...) Le phénomène le plus remarquable et
en même temps le plus important de la formation de masse consiste dans
l’exaltation et l’intensification de l’émotivité chez les individus qui la
composent ».
Plus loin, citant Mc Dougall, Freud ajoute : « On peut dire qu’il
n’existe guère d’autres conditions où les sentiments atteignent une
intensité égale à celle que l’on observe chez les hommes réunis en foule
[...]. Les hommes éprouvent certainement une sensation voluptueuse à
s’abandonner à ce point à leur passion, en se fondant dans la foule, en
perdant le sentiment de leur délimitation individuelle [...]. Cette réaction
automatique est d’autant plus intense que le nombre de personnes chez
lesquelles on constate la même émotion est plus grand ».
Ajoutons quelques commentaires à ces textes extraits de Massen-
psychologie und Ich-Analyse1 . Il faut que les membres du groupe
s’intéressent tous au même objet. Quel peut donc être cet objet capable
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“CAILLOT-9782100737833-BAT” (Col. : Psychothérapie) — 2015/7/27 — 12:01 — page 9 — #17
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Plus loin, l’auteur ajoute : « Mais, d’un autre côté, on peut dire aussi
que la relation hypnotique représente, s’il est permis de se servir de cette
expression, une formation de masse à deux (Massenbildung). L’hypnose
se prête mal à la comparaison avec la formation de masse, car elle est
plutôt identique à celle-ci. De la structure compliquée de la foule, elle
isole pour nous un élément, le comportement de l’individu en foule
envers le meneur. L’hypnose s’écarte de la formation de masse en groupe
par cette limitation du nombre, comme de l’état amoureux par le manque
de tendance directement sexuelle. En ce sens, elle tient le milieu entre
les deux ».
Ajoutons d’ailleurs que Freud, dans son chapitre « Animisme, magie
et toute-puissance des idées », décrit les états amoureux comme « les
prototypes normaux de psychoses ».
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“CAILLOT-9782100737833-BAT” (Col. : Psychothérapie) — 2015/7/27 — 12:01 — page 10 — #18
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“CAILLOT-9782100737833-BAT” (Col. : Psychothérapie) — 2015/7/27 — 12:01 — page 15 — #23
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mais nous pouvons reculer encore plus loin la frontière de cette dernière.
Les pulsions sexuelles inhibées quant au but ont sur les non inhibées un
grand avantage fonctionnel, comme elles ne sont pas susceptibles d’une
satisfaction totale à proprement parler, elles se montrent particulièrement
capables de créer des liens durables, alors que les pulsions directement
sexuelles perdent chaque fois de leur énergie, du fait de la satisfaction
et sont forcées d’en attendre le renouvellement par recharge de la libido
sexuelle, à l’occasion de quoi, l’objet peut entre-temps être changé.
Les pulsions inhibées sont susceptibles de se mélanger, selon toutes
les proportions possibles, avec les pulsions non inhibées et peuvent se
retransformer à rebours en celles-ci, tout comme elles en sont issues ».
Cette distinction entre d’une part pulsions sexuelles directes ou
pulsions non inhibées, et d’autre part pulsions sexuelles inhibées quant
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“CAILLOT-9782100737833-BAT” (Col. : Psychothérapie) — 2015/7/27 — 12:01 — page 16 — #24
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1. Hermann I., Le Moi et le penser, une étude psychanalytique, Paris, Denoël, 1977.
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Chapitre 2
AMBIGUÏTÉ
ET PARADOXALITÉ
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L’ INCESTE ET L’ INCESTUALITÉ
Cliniquement l’antœdipe dans sa forme pathologique correspond à
l’inceste et à l’incestuel.
Le concept d’incestuel nous apparaît comme une découverte majeure,
soulignons-le, et révolutionnaire : « L’incestuel qualifie, dit P.-C. Raca-
mier, ce qui dans la vie psychique individuelle et familiale porte l’em-
preinte de l’inceste non fantasmé ».
Il appartient au registre de l’inceste. L’incestuel est en quelque sorte
pris en tenaille entre l’inceste fantasmé, symbolisé et refoulé de l’œdipe
et l’inceste génitalement accompli1 .
L’agir incestuel se définit comme un équivalent d’inceste, comme
le substitut déguisé d’un acte de nature incestueuse. Son organisation
symbolique est de l’ordre des équations symboliques d’H. Segal.
Il est essentiel de distinguer l’inceste fantasmé de l’œdipe qui est
figuré, symbolisé, refoulé et inconscient, de l’inceste non fantasmé,
c’est-à-dire agi, soit sous la forme d’agirs incestueux, soit sous celles
d’agirs incestuels de l’antœdipe pathologique. Ces agissements sont
conscients.
Quant à l’antœdipe dans sa forme normale, c’est-à-dire l’antœdipe
tempéré, nous allons le trouver dans tous les phénomènes transitionnels
comme le jeu, le mot d’esprit, l’humour et la créativité.
En fait, il est au cœur des relations premières mère-bébé centrées par
le fantasme normal narcissique d’auto-engendrement mutuel.
L’antœdipe normal, fantasmé, figuré et symbolisé, coexiste avec les
formations œdipiennes. Cette coexistence caractérise le fantasme transi-
tionnel, les relations d’objet transitionnel et l’ensemble des phénomènes
transitionnels.
En revanche, les formes pathologiques de l’antœdipe s’opposent à
l’avènement de l’œdipe.
En effet, la mégalomanie agissante incestueuse et/ou meurtrière, les
agirs d’emprise et de séduction narcissique pathologique, l’excitation
sexuelle incestueuse et/ou meurtrière et les relations paradoxales sont
antifantasmatiques et antiœdipiennes.
Enfin, les relations d’objet paradoxales ont pour corollaire l’irrepré-
sentabilité ; ce fait est essentiel. Le fantasme-non-fantasme antœdipien
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A MBIGUÏTÉ ET PARADOXALITÉ 23
L’ AMBIGU ET LE PARADOXAL
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“CAILLOT-9782100737833-BAT” (Col. : Psychothérapie) — 2015/7/27 — 12:01 — page 24 — #32
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A MBIGUÏTÉ ET PARADOXALITÉ 25
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FANTASMES NARCISSIQUES
D ’ AUTODÉSENGENDREMENT
ET D ’ AUTO - ENGENDREMENT
Par engendrement, nous entendons la procréation d’un enfant par une
mère et un père.
Par « bigénérie », P.-C. Racamier désigne, « la qualité (peu connue)
consistant à se sentir intimement issu de deux parents de genres (ou
sexes) différents, et à participer d’au moins deux générations.
Bien au-delà la donnée factuelle qui constitue évidemment son assise,
la bigénérie est un principe fondamental d’organisation de la vie psy-
chique. Actrice majeure de la constitution de la troisième topique et de
la différenciation des êtres, elle n’est certainement pas moins importante,
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“CAILLOT-9782100737833-BAT” (Col. : Psychothérapie) — 2015/7/27 — 12:01 — page 27 — #35
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A MBIGUÏTÉ ET PARADOXALITÉ 27
1. Sade D. Justine ou Les Malheurs de la vertu, Le livre de poche, coll. Les classiques
de poche, n° 3714, p. 105.
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“CAILLOT-9782100737833-BAT” (Col. : Psychothérapie) — 2015/7/27 — 12:01 — page 28 — #36
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Cette séance a eu lieu quelques jours avant mon départ à la retraite. Phénix,
mon grand professeur en antœdipologie – après P.-C. Racamier – met en
scène face à Antœdipe l’auto-engendré, Œdipe l’engendré par deux parents
de sexes différents.
J’éprouvai un très vif plaisir à jouer le lion avec lui dans cette scène car je
compris que Phénix se dégageait de cette mégalomanie dite furieuse par
P.-C. Racamier. Phénix faisait coexister auto-engendrement et engendrement.
Quel magnifique cadeau de la part de cet enfant que j’aimais beaucoup !
Il est alors âgé de 7 ans ; cela fait environ trois ans qu’il travaille avec nous,
à raison de cinq séances par semaine, dans ce groupe de soins intensifs.
Ce jour-là Phénix propose le jeu suivant : il serait un grand chimpanzé qui
rencontrerait dans la forêt un lion et une lionne.
Voici le jeu :
Le lion : « Comment ça va ? Tu vois, grand chimpanzé, je me promène dans
la forêt avec ma femme. On est amoureux. Nous avons décidé de faire un
bébé aujourd’hui » !
Le chimpanzé : « J’ai pas de femme et je ne veux pas de bébé ».
La lionne : « Veux-tu manger avec nous » ?
Le chimpanzé : « Je ne mange jamais ! Je ne fais ni pipi, ni caca » !
La lionne : « Tu es vraiment un chimpanzé extraordinaire ! Tu n’es pas
comme les autres, ni comme nous. Nous, on mange, on fait pipi, caca ».
Le chimpanzé : « Jamais » !
La lionne : « Si tes parents te laissent seul dans la forêt, pleures-tu » ?
Le chimpanzé : « Je n’ai pas de parents » !
Le lion : « Alors toi, tu ne pleureras donc pas comme nous à la mort nos
parents. Tu n’auras pas de chagrin puisque tu n’as pas de parents » !
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“CAILLOT-9782100737833-BAT” (Col. : Psychothérapie) — 2015/7/27 — 12:01 — page 29 — #37
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A MBIGUÏTÉ ET PARADOXALITÉ 29
Il s’agit d’une jeune femme qui vient d’accoucher d’une petite fille ; elle est
très angoissée car elle apprend que son mari a une relation extra-conjugale.
Soulignons qu’elle a été incestée dans sa petite enfance par sa mère et
à l’adolescence, a eu, avec la complicité de cette dernière, des relations
incestuelles avec son père. Selon ses dires, son mari dans son enfance
aurait été réellement abandonné et aurait été fréquemment disqualifié par
une mère décrite comme perverse narcissique.
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Une autre vignette clinique concerne une patiente que nous appel-
lerons Péro en référence à l’allégorie de la Charité Romaine : Cimon,
condamné à mourir de faim, reçu en prison la visite de sa fille Péro qui
l’allaita. Le subterfuge découvert, le père fut libéré et la fille admirée
pour sa piété filiale1 . La version de Cimon et Péro est illustrée par de
nombreux peintres dont P-P. Rubens.2
Dans une séance en face-à-face, Péro, incestualisée par ses parents, raconte
un rêve survenu dans les jours qui suivent la mort réelle de son père : elle
est enceinte, le fœtus qu’elle porte est son père, il est malade. Ainsi, la fille
est la mère de son père.
1. Ce récit, présente des variantes selon les auteurs, c’est parfois la mère qui est allaitée
par sa fille (Solin, ch.1 ; Pline l’Ancien, Histoire Naturelle, livre VII, 36...).
2. Cimon et Péro, 1612, Musée de l’Ermitage, Saint Pétersbourg, Russie.
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A MBIGUÏTÉ ET PARADOXALITÉ 31
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“CAILLOT-9782100737833-BAT” (Col. : Psychothérapie) — 2015/7/27 — 12:01 — page 32 — #40
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“CAILLOT-9782100737833-BAT” (Col. : Psychothérapie) — 2015/7/27 — 12:01 — page 33 — #41
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A MBIGUÏTÉ ET PARADOXALITÉ 33
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“CAILLOT-9782100737833-BAT” (Col. : Psychothérapie) — 2015/7/27 — 12:01 — page 34 — #42
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L’ INCESTUEL ET LE MEURTRIEL
L’incestualité qui appartient au registre de l’antœdipe pathologique,
comprend deux courants, l’un sexuel incestueux est l’incestuel et l’autre
meurtrier, le meurtriel comme l’avait proposé B. Defontaine. L’incestua-
lité est donc composée d’équivalents d’inceste et de meurtre.
Avant d’aborder le meurtriel, que nous avons nommé en 1996 « l’in-
cestuel meurtrier », il nous faut donner quelques exemples au sujet de
l’incestuel : à propos de Phénix et de sa famille, nous avons vu que
sa mère embrassait Phénix sur la bouche aux dires de sa grand-mère
paternelle et que lorsque son père s’absentait, Phénix dormait avec
sa mère régulièrement jusqu’à un âge avancé (6 ans), qu’il prenait
également ses douches avec elle.
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déjà eu avec lui des comportements que nous réprouvions lors de certaines
soirées où elle était ivre et allait se coucher avec lui.
Précisons que nous rencontrions cet enfant avec sa mère deux fois
par mois dans le cadre de visites médiatisées, dispositif créé par M.
David en 1960, puis développé par H. Rottman ; M. Berger, avec qui
nous partageons les points de vue qu’il énonce concernant la protection
de l’enfance, définit les objectifs des visites médiatisées de la façon
suivante : « protéger l’enfant, éviter que l’enfant ne soit envahi par
des angoisses d’abandon (ou d’autre nature, pourrions-nous ajouter),
observer et comprendre la relation parents-enfant (ajoutons aussi, le
repérage des manœuvres perverses et le travail de dévoilement de celles-
ci), évaluer la fragilité persistante de l’enfant face à ses parents ou au
contraire sa solidité »1 .
Il nous faut aussi souligner l’intérêt particulier que nous avons porté à
l’observation de Gethsémani où D. Anzieu découvre les particularités de
l’enveloppe olfactive dans Le Moi-peau2 ; l’auteur y apporte un abondant
matériel incestuel au sujet d’un patient qui « sentait fort », qui sécrétait son
agressivité par les pores de sa peau. C’est seulement à l’adolescence que
ce patient cessa de fréquenter la couche de sa « marraine », sa seconde
mère, qui avait une réputation de malpropreté. Elle « entassait pendant
plusieurs semaines, avant d’entreprendre une lessive, sa lingerie sale dans
la salle de bains, où Gethsémani allait clandestinement respirer l’odeur
forte des dessous de sa marraine, opération qui lui apportait le sentiment
narcissiquement rassurant d’être préservé de tout, même de la mort ». Plus
loin, Anzieu ajoute : « Quand un mauvais rêve l’avait réveillé et qu’il n’arrivait
pas à se rendormir, Gethsémani rejoignait le lit de sa marraine, finissant la
nuit auprès d’elle en entreprenant quelques prudents attouchements ».
D. Anzieu décrit ensuite un transfert paradoxal incestueux psychosomatique,
Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
1. Berger M. et Rigaud C., « Les visites médiatisées », Groupal, 2000, 7, pp. 172-174.
2. Anzieu D., Le Moi-peau, Paris, Dunod, 1985, pp. 181-190.
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Tel cet homme jeune qui consulte pour des phobies d’impulsions meurtrières :
il redoute de tuer sa femme et sa petite fille puis de se suicider avec une
arme à feu. Il présente alors une forte tendance dépressive de tonalité
mélancolique avec des pensées suicidaires. Après plusieurs années de
travail, apparaîtront des phobies d’impulsions d’inceste envers sa fille. Il
imagine qu’il se suicidera après l’acte incestueux. À cette époque, toutes
les informations entendues à la radio ou à la télévision concernant des
faits incestueux sont sources d’angoisses très importantes pour lui. Il décrit
dans son enfance un climat familial incestuel, violent et meurtrier : colères
fréquentes et terrifiantes de son père lors des disputes entre ses parents ;
pendant les repas, son père peut planter un couteau dans la table ; au cours
de ces scènes, il redoute que son père ne tue sa mère ; survenues de
bagarres très violentes et dangereuses avec son jeune frère colérique. À
Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
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Il peut s’agir, soit de violence physique des parents à l’égard des enfants, soit
de violences intrafratries ou bien encore de violences conjugales auxquelles
assistent les enfants.
Ailleurs, ce sont des comportements violents de forçage alimentaire de la part
des parents ou bien des comportements de contrainte anale au cours de
lavements, tel ce petit garçon encoprétique effrayé car immobilisé entre les
genoux de son père pendant que sa mère le pénétrait analement à l’aide d’une
canule à lavement.
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Ainsi, un enfant de 8 ans, sodomisé par son frère aîné et un jeune adulte
voisin de la famille, regardait avec sa mère Le silence des agneaux, film
particulièrement violent et angoissant.
Par exemple, cette adolescente qui vit dans un milieu familial incestuel,
s’automutile en se scarifiant les avant-bras et en se cognant la tête contre
les murs.
1. Steck B., « Anmerkung zum intrafamilialen Trauma beim Kind » Schweiz Archiv fur
Neurologie und Psychiatrie, 1997, 148/6, pp. 222-238.
2. Steck B., « Rupture et création de filiation », Groupal, 1999, 5, pp. 136-155.
3. Anzieu D., Créer Détruire, Paris, Dunod, 1996.
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Chapitre 3
ŒDIPE ET ANTŒDIPE
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Œ DIPE ET ANTŒDIPE 45
L ES TABOUS
Du côté de l’œdipe, les tabous sont connus, ce sont ceux de l’inceste
et du meurtre, du parricide et de l’infanticide. Remarquons que le
tabou n’est pas énoncé, mais il est cependant présent dans toutes les
organisations psychiques œdipiennes fonctionnelles, qu’elles soient
individuelles ou collectives.
Le tabou de l’inceste et du meurtre, ainsi que l’œdipe, traversent
l’individu, la famille et les groupes. Nous pouvons faire l’hypothèse dès
maintenant que le tabou se situe dans l’espace transsubjectif normal à
polarité structurante (voir plus loin les espaces de la subjectivité).
Dans l’éducation familiale normale, c’est par le biais des équivalents
d’interdit de l’inceste et du meurtre que s’exercent ces tabous ; ces
interdits symboliques sont fréquemment énoncés comme par exemple :
« Tu dois frapper à la porte avant d’entrer et attendre que l’on te réponde »
ou bien « tu ne tapes pas ta sœur », ou bien encore « on ne parle pas la
bouche pleine », etc.
Nous insistons sur le fait qu’il s’agit d’interdits symboliques de
Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
l’inceste et du meurtre. Ils sont dits par les parents lors des relations
d’autorité avec leurs enfants, au travers des rappels ordinaires des choses
défendues.
Les divers interdits alimentaires observés dans différentes cultures ont,
à notre avis, la même fonction.
Enfin, soulignons que le discours explicite et non symbolisé en
famille du double interdit de l’inceste et du meurtre aurait une valeur
désorganisatrice pour la construction œdipienne individuelle et familiale
comme par exemple : « Tu ne coucheras pas avec ta mère » ! Ces
injonctions appartiendraient alors au registre de l’incestualité.
Nous avions été frappé, lors d’une première et unique consultation familiale
qui avait eu lieu à la demande du père, par la relation perverse de complicité
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anti-autoritaire que la mère établissait avec leur très jeune adolescent. Les
parents avaient divorcé et l’enfant était à la garde de la mère. Le père
s’inquiétait des mauvais résultats scolaires et des difficultés qu’il avait à se
faire obéir par son fils. La mère exerçait à l’encontre du père des agissements
anti-autoritaires évidents qui disqualifiaient et annulaient toutes injonctions
d’interdits, de limites formulées par le père. À la fin de la consultation, la
mère n’avait pas souhaité que l’on se revoie ; lorsque cet adolescent, fermé,
opposant, me précéda en se dirigeant vers la sortie, nous fûmes surpris de
lire au dos de son blouson de cuir offert par sa mère, les initiales du groupe
musical NTM (Nique Ta Mère).
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Œ DIPE ET ANTŒDIPE 47
L ES ENJEUX IDENTITAIRES
La dualité œdipienne, c’est la bisexualité et l’enjeu, l’identité sexuelle.
La dualité antœdipienne met en présence et en rapport mutuel au
moins deux générations. Aussi, la bigénérie sera-t-elle ici la propriété
de provenir de deux parents de sexes différents et de relever de deux
générations distinctes.
L’enjeu est l’accession à une identité personnelle.
L ES ÉNERGIES
Les énergies dont dispose l’œdipe sont sexuelles. Elles irriguent les
zones érogènes notamment les zones sexuelles. La séduction est sexuelle.
Les forces motrices de l’antœdipe sont de deux types : d’une part, les
forces d’union de la séduction narcissique qui visent à l’indifférenciation,
à la construction d’un corps commun, d’autre part les forces de séparation
et d’autonomie qui sont celles de l’auto-conservation et de la croissance
(croissance corporelle et psychique).
Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
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1. Caillot J.-P., Decobert S., Pigott C., « Trois questions à Paul-Claude Racamier »,
Groupal, 1997, 3, pp.55-73.
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Œ DIPE ET ANTŒDIPE 49
Ainsi, cette adolescente doit rentrer chez elle à une heure précise ; avant
l’heure ce n’est pas l’heure et cela lui est reproché, après l’heure ce n’est plus
l’heure (même avec un écart d’horaire minime) ; son père hurle, la menace
de ne plus sortir, la gifle et la traite de pute. Pour éviter ces débordements,
cette jeune fille attendait pour rentrer chez elle que le clocher de son village
sonne l’heure à laquelle elle devait rentrer. On le voit, le Surmoi paradoxal
de son père interdit selon un mode tyrannique et violent tout en créant une
excitation familiale au moyen de la violence et de propos injurieux de nature
disqualifiante et incestuelle. Le frère de cette jeune fille était, lui, surnommé
« belzépute ».
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Chapitre 4
UNE NOUVELLE
SÉMIOLOGIE DU FANTASME
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L E FANTASME ŒDIPIEN
Le mode d’organisation fantasmatique essentiel de l’œdipe, c’est le
fantasme.
« Il y a congruence entre le fantasme et l’œdipe. Ce n’est que dans
l’œdipe », écrit P.-C. Racamier, « que se rencontrent des fantasmes
véritables, dotés de leurs propriétés spécifiques, c’est-à-dire scénarisés.
Les fantasmes originaires appartiennent à cette lignée ».
Selon J. Laplanche et J.-B. Pontalis1 « Le fantasme est un scénario
imaginaire où le sujet est présent et qui figure de façon plus ou moins
déformée par les processus défensifs, l’accomplissement d’un désir, en
dernier ressort, d’un désir inconscient ».
La scénarisation du fantasme est encore soulignée ici par J. Laplanche
et J.-B. Pontalis, ainsi que par P.-C. Racamier : « Obéissant à un
déroulement, traduisant le jeu des désirs et des contre-désirs émanant de
l’inconscient, capables d’évoluer, doués d’une coordination réticulaire
qui associe chacun d’entre eux à l’ensemble de ses compagnons ».
Nous ajoutons que ce scénario est symbolisé.
Ainsi, il importe d’envisager, la nature des productions fantasmatiques
à la lumière, non seulement de la figuration et de l’émotion, du mode
de symbolisation et de la scénarisation, mais aussi de l’ordre des
représentations générationnelles.
Rappelons également que la compréhension d’un fantasme ou d’un
rêve est dépendante de la connaissance de l’émotion qu’il contient.
Le fantasme originaire de la scène primitive est une représentation
familiale organisatrice où les générations sont dans l’ordre des choses ;
générations et genres sont différenciés. La bigénérie y est représentée.
Le fantasme d’engendrement est au cœur de la scène et, fait important,
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formations psychiques qui sont non ou mal figurées, non ou mal symbo-
lisées, non ou mal scénarisées, inintégrables au fantasme, au rêve, à la
rêverie et à la pensée, en opposition aux éléments alpha.
W.R. Bion soulignait l’importance du passage de l’inintégrable à l’inté-
grable, c’est-à-dire du fantasme-non-fantasme pathologique antœdipien
au fantasme antœdipien.
En un mot, il s’agit de la mutation d’éléments inintégrables psychi-
quement en éléments intégrables fantasmatiquement, mentalement.
Les éléments bêta qui ne sont pas intégrables aux fantasmes corres-
pondent, à notre avis, à l’excitation et/ou au vide incestueux et meurtrier
de l’antœdipe pathologique traumatique.
Nous pensons également que les éléments alpha correspondent au
passage de l’excitation (bêta) en émotion et représentation (alpha). Ainsi,
la formule de W.R Bion pourrait se traduire de la façon suivante : il s’agit
de la mutation d’agirs incestuels et meurtriels en fantasmes, c’est-à-dire
de la transformation de l’excitation incestueuse et meurtrière en émotions
et représentations psychiques. De quel type de fantasmes s’agit-il ici ?
Nous pensons que ce sont précisément des fantasmes antœdipiens que
nous définirons ultérieurement.
Rappelons qu’il n’est pas question chez W.R Bion comme chez les
autres auteurs post-kleiniens de la notion d’incestualité.
« Le fantasme-non-fantasme est quelque chose », écrit P.-C. Racamier,
« qui dans la vie psychique prend la place du fantasme, sans en posséder
toutes les vertus ».
Fait majeur, ce fantasme-non-fantasme est incestueux ou meurtrier,
incestuel ou meurtriel, donc antœdipien et pathologique ; il s’oppose à
l’avènement du fantasme œdipien.
« C’est un fantasme qui n’en est pas un », ajoute l’auteur dans le
Cortège conceptuel, « cet objet psychique, cet objet de pensée participe
de deux registres de l’activité psychique sans pleinement appartenir à
aucun des deux ».
La formulation de l’auteur est donc paradoxale : c’est un fantasme qui
n’en est pas un.
Il s’agit d’un objet psychique bien particulier qui appartient sans
appartenir à la fois à deux registres de l’activité psychique : un objet
paradoxal ?
P.-C. Racamier veut-il signifier que le fantasme-non-fantasme est à la
fois figuré et non figuré ? à la fois figuré et agi ? à la fois psychique et
comportemental ? à la fois psychique et somatique ?
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C’est le cas de cet enfant protégé par l’Aide Sociale à l’Enfance, abusé
sexuellement par son père et son frère aîné, qui suce sans cesse son index
et son médius de la main droite en pronation, à l’aide desquels il s’agrippe à
la partie antérieure et supérieure de sa bouche.
S’agit-il cliniquement d’un agir compulsif autosensuel et incestuel ?
Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
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Cet autre adolescent, également protégé par l’Aide Sociale à l’Enfance, avait
partagé avec son père une situation de clochard pendant plusieurs années.
Il nous disait : « Quand c’est injuste, je sens la chair de poule monter sur
mon bras et je cogne » !
Puis, il mettra en scène au cours d’une séance de psychodrame individuel
un fantasme d’autodésengendrement : « Sa mère retourne dans le ventre
de sa grand-mère, qui retourne dans le ventre de son arrière grand-mère,
etc. ».
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Ainsi ce père ivre qui, lorsqu’il rentrait chez lui tard le soir, réveillait toute
sa famille composée de la mère et de leurs quatre enfants ; il éclairait toute
la maison, allumait la radio, la télévision... et attendait que sa femme ou sa
fille se décide à aller se coucher avec lui. « Souvent, je me sacrifiais » dit
la patiente, actuellement adulte. « Parfois, le simple fait d’être contre moi
l’endormait ; il n’y avait pas forcément de relations sexuelles. Voyez, je
découvre quelque chose aujourd’hui : je savais que j’étais sa fille et sa
femme, je vois que j’étais aussi sa mère ».
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d’un même espace par deux corps pleins, le sujet devant être dans
« l’objet » alors que « l’objet » est en lui, hors de lui-même en l’autre,
alors qu’il est envahi par l’autre en lui-même ».
La toxicité des relations paradoxales qui caractérisent la famille
antœdipienne pathologique, maltraitante et traumatisante est liée à ces
troubles de la figurabilité que F. Pasche décrit si clairement ainsi qu’au
deuil originaire impossible.
Ce pan irreprésentable du fantasme-non-fantasme est à l’origine, selon
nous, de somatisations ou d’agirs incestuels et meurtriels divers dans les
registres psychotiques, pervers ou addictifs.
Le fantasme-non-fantasme présente donc une organisation paradoxale
au cœur de laquelle travaillent les formations psychiques d’autodésen-
gendrement et d’auto-engendrement.
La première partie représentée, symbolisée et scénarisée du fantasme-
non-fantasme des mantes religieuses par exemple, peut être qualifiée,
nous l’avons dit, de scène imaginaire incestueuse, homosexuelle et
destructrice ; cette représentabilité desserre l’étreinte paradoxale, tandis
que la seconde partie irreprésentable met en évidence l’importance de la
toxicité de l’irreprésentation paradoxale.
Au cours de notre travail avec cette patiente anorexique et addictive
apparaîtront à plusieurs reprises de nombreux agirs mégalomaniaques
addictifs, parfois violents avec intolérance à toute dépendance transfé-
rentielle infantile et affirmation farouche d’une autarcie absolue ; fait
très important pour illustrer notre propos, au décours de son accouche-
ment, sont survenus des fantasmes conscients d’autodésengendrement et
d’auto-engendrement que nous avons déjà décrits : son bébé, rappelons-
le, était né uniquement de son mari ; il était auto-engendré.
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sa mère. On peut d’ailleurs se demander s’il ne s’agit pas dans cet exemple
d’attaques perverses des soins de la part de ces institutions de protection de
l’enfance ? L’absence de protection et l’impossibilité d’organiser des visites
médiatisées à visée thérapeutique avec sa famille nous a contraint à refuser
la poursuite de notre travail avec cet enfant. Progressivement Éric devenait
froid, violent et manipulateur. Ces agirs pervers se multipliaient. Cet enfant
intelligent refusait ostensiblement d’apprendre à l’école et dans notre unité
de soins intensifs.
Lors de ses séjours chez ses grand-parents maternels, il assistait parfois
à des scènes violentes entre adultes en état d’ivresse ; il nous a parlé
d’une bagarre au couteau entre l’ami de sa grand-mère et un homme qui
accompagnait sa mère.
Il pratiquait aussi des massages des mollets et des cuisses de sa grand-mère.
En vacances chez sa mère, il nous faisait part d’un défilé d’hommes, de
longues heures passées devant la télévision ou en compagnie de jeux vidéo.
Lors d’une séance de psychodrame de groupe précédant les vacances
scolaires, Éric souffrait d’une crise d’asthme débutante. Dès l’installation
de la dyspnée, nous avons parlé des vacances et de la séparation entre les
enfants et nous pendant quinze jours.
Nous avons alors défini le thème d’un jeu psychodramatique autour des
préoccupations des enfants : il était question de séparation familiale, de la
peur de la mort des parents pendant la séparation et de l’angoisse que la
famille ne puisse plus jamais se retrouver. Le jeu, qui mettait en scène une
séparation familiale, fût évidemment ramené au groupe et interprété dans le
transfert : la peur de mourir des enfants pendant notre séparation, la peur
de notre mort et celle que nous ne nous réunissions pas après les vacances.
Éric s’est détendu, respirait bien et nous avons pu à la fin de la séance
rappeler la date de nos retrouvailles prochaines après les vacances.
Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
Quelques années plus tard, Éric a environ 10 ans ; il présente des conduites
psychopathiques et perverses et proclamera à plusieurs reprises avec
jouissance « qu’il va découper des femmes en morceaux » !
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L ES FANTASMES ANTŒDIPIENS
Est-il certain que les fantasmes véritables ne se rencontrent que dans
l’œdipe ?
Depuis les années 1990, nous faisons l’hypothèse qu’il existe des
fantasmes antœdipiens de deux sortes : les uns non symbolisés, imma-
tures, figurent des scènes incestueuses ou meurtrières, incestuelles ou
meurtrielles, les autres symbolisés, matures, appartiennent au registre
transitionnel ; ils ont une valeur structurante.
Nous avons rappelé la définition du fantasme œdipien, précisé celle
du fantasme-non-fantasme antœdipien. Il nous reste à définir le fan-
tasme antœdipien puis à montrer qu’il existe un gradient de formations
fantasmatiques allant du fantasme-non-fantasme incestuel ou meurtriel
(parricide et infanticide) au fantasme œdipien en passant par le fantasme
antœdipien symbolisé. Ce dernier occupe une position intermédiaire de
transition entre l’antœdipe pathologique et l’œdipe.
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Au cours d’une thérapie individuelle un patient rêve qu’il fait l’amour avec sa
mère. L’acte sexuel terminé, il observe un vagin artificiel qu’il vient d’acheter
dans un sex-shop. Il s’agit ici d’un rêve où l’inceste mère-fils est représenté
dans la première partie de celui-ci. La figuration d’un vagin artificiel évoque
l’apparition d’une symbolisation. On peut parler ici d’un fantasme antœdipien
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Enfin, il peut s’agir d’une scène de rapports sexuels entre les parents,
imaginée, fantasmée par l’enfant.
Apportons quelques repères à l’évolution de la pensée freudienne
concernant les scènes originaires.
D’emblée, les scènes originaires sont situées par Freud comme des
événements traumatiques. Il s’agit alors, dans les années 1895-1900, de
conduites de séduction sexuelle d’adultes, adressées directement à l’en-
fant et de perception par l’enfant de rapports sexuels entre adultes. C’est
sur ces perceptions que se centrera le thème de la « scène primitive »,
puis s’estompera l’idée de la séduction en tant qu’évènement réellement
advenu.
Il est classique de considérer l’abandon par Freud de la théorie de la
séduction (1897) comme un pas décisif dans l’avènement de la théorie
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La maladie de la jeune fille avait donc été causée par les tentatives de son
propre père. Donc « l’oncle » est le père et « la tante », la mère, Aloïs le
frère et Franziska la sœur, enceinte de leur père...
« On cherche partout l’oncle introuvable. Aloïs, « mon cousin » suggère qu’il
est dans sa chambre avec Franziska ; on trouve la chambre verrouillée.
Aloïs suggère qu’on peut regarder par une lucarne, mais refuse de le faire
lui-même, disant qu’il a peur. Je lui réponds qu’il est idiot, que je vais y aller
et que moi, je n’ai pas peur du tout. Je ne pensais à rien de vilain. Je regarde
à l’intérieur, la chambre était assez sombre, mais je vois mon oncle avec
Franziska, il était couché sur elle. J’ai tout de suite quitté la fenêtre pour
m’appuyer au mur, et j’ai étouffé comme je le fais depuis ; je me suis trouvée
mal, j’ai senti une pression sur les yeux, et dans ma tête, ça cognait et ça
1. Le Goues G., Perron R. (sous la direction de), « Scènes originaires » dans Monogra-
phies de la Revue Française de Psychanalyse, 1996.
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bourdonnait ... à ce moment-là je n’ai rien compris, je n’avais que seize ans.
Je ne sais pas pourquoi j’ai eu si peur ».
L’effet pathogène de la perception de rapports sexuels incestueux est donc
clairement indiqué : les symptômes hystériques apparaissent immédiatement.
On notera la déclaration de Katharina : « Je n’avais que seize ans... je ne sais
pas pourquoi j’ai eu si peur... » évidente dénégation, que Freud cependant
entérinera, en accord avec son idée du moment selon laquelle l’immaturité
de l’enfant rend compte de la genèse de l’hystérie.
Cette perception cependant, renvoie directement Katharina à ses propres
émois incestueux. Deux ans avant cette scène, donc à quatorze ans, elle avait
en effet été elle-même en butte à une tentative de séduction de « l’oncle »,
qui l’avait réveillée en venant dans son lit. Elle sauta hors du lit et lui fit des
reproches. « Qu’est- ce que vous faites, mon oncle, pourquoi ne restez-vous
pas dans votre lit » ? Il essaya de l’amadouer : « Tais-toi donc, petite sotte, tu
ne sais pas comme c’est bon » ! « Je n’en veux pas de vos bonnes choses,
vous ne me laissez même pas dormir » !
Et Freud commente : « La manière dont elle s’était défendue semble prouver
qu’elle ne s’était pas rendu compte qu’il s’agissait de tentatives sexuelles ».
Le père était pourtant coutumier du fait. Une autre fois, « toute la famille
avait passé la nuit, sans se dévêtir, dans un grenier à foin. Un bruit l’avait
soudain réveillée ; elle cru remarquer que son oncle, allongé entre Franziska
et elle-même, s’était reculé et que Franziska se redressai ». En une autre
occasion, elle se réveille et voit son « oncle » sur le point d’entrer dans la
chambre de Franziska. Le scénario se répète : elle se réveille, voit, entend.
Pour Freud les scènes traumatiques concernent donc à la fois des tentatives
réelles de séduction directe et des spectacles réels de relations sexuelles.
C’est leur conjonction qui, dans le cas de Katharina, déclenche les symp-
tômes hystériques : « Elle portait en elle deux séries de faits dont elle se
souvenait sans pouvoir les comprendre, ni en tirer quelque chose ; à la vue
du couple en train de coïter, une jonction de l’impression nouvelle avec les
deux chaînes de réminiscences s’établit immédiatement ; elle commence à
comprendre et en même temps à se défendre ».
Freud en donne l’interprétation à Katharina et essaie de lui faire dire que
ce qu’elle avait senti lorsque « l’oncle » était allongé prés d’elle, c’était son
pénis en érection ; mais la jeune fille « gênée », se récuse. Quelques années
plus tard, il réussira à le faire dire à Dora.
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personnelles de son intérêt pour celle-ci dans ce rêve fait par Freud
lorsqu’il avait sept ou huit ans. Il est relaté dans L’interprétation des
rêves (1900) et intitulé « Mère chérie et personnages à becs d’oiseaux ».
Voici le rêve de Freud :
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Dans L’interprétation des rêves, Freud rapporte l’un de ses propres rêves1 (Le
rêve Hollthurn) : il passe une nuit pénible dans un compartiment de chemin
de fer avec un couple d’inconnus d’un certain âge et revêches ; il se venge
d’eux en rêvant. Parmi les interprétations vient celle-ci :
« La seconde scène de mon rêve est due à ce fantasme, bien impertinent,
que mes deux compagnons de voyage, bien qu’un peu vieux déjà, manquent
de politesse à mon égard parce que mon arrivée les a empêchés d’échanger
pendant la nuit les tendresses qu’ils s’étaient promises. Cette idée fantaisiste
n’est qu’un écho d’une scène de la première enfance : l’enfant, poussé
probablement par une curiosité sexuelle, pénètre dans la chambre de ses
parents et en est chassé par un mot énergique du père ».
Le petit Hans (1909) se demandent d’où viennent les enfants. Le mythe des
cigognes lui paraît peu crédible. Du ventre des mamans, représenté par les
« voitures de cigogne » ? Voilà qui est mieux. Mais qu’est-ce qui les y met ?
Il se peut qu’il s’agisse d’une scène violente entre les parents : en témoigne
la terreur du « charivari que font les chevaux avec leurs pieds », le fantasme
des girafes, etc. Hans soupçonne que son père sait tout cela : « Mais le père
ne savait pas seulement d’où venaient les enfants, il faisait aussi quelque
chose pour les faire venir, cette chose que Hans ne pouvait que obscurément
pressentir. Le « fait-pipi » devait avoir quelque chose à faire là-dedans, car
celui de Hans éprouvait une excitation chaque fois que Hans pensait à ces
choses et ce devait être un grand « fait-pipi », plus grand que celui de Hans.
Si Hans prêtait attention à ces sensations prémonitoires, il devrait supposer
qu’il s’agissait d’un acte de violence à faire subir à sa mère ».
1. Freud S., L’interprétation des rêves, Paris, PUF, 1967, pp. 388-391.
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1. Freud S., Oeuvres complètes, Psychanalyse XIV, 1915-1917, Paris, PUF, 2000, p. 383.
2. Perron R., « Scènes Originaires », Monographies de la Revue Française de Psychana-
lyse, 1996, p. 27.
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1. Ruffiot A., « Famille recherche scène primitive ... tolérable », Gruppo, 1991, 7, pp.
99-114.
2. Hinshelwood R. D., Dictionnaire De La Pensée Kleinienne, Paris, PUF, 2000, pp.
346-347.
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Chapitre 5
LA GROUPALITÉ
ET LES ESPACES
DE LA SUBJECTIVITÉ
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L A TROISIÈME TOPIQUE
Selon le vertex de l’individu, la relation entre deux ou plusieurs sujets
individués est conceptualisée par la troisième topique (P.-C. Racamier,
1980) en une organisation du réel en trois registres : interne, externe et
intermédiaire.
L’ INTERSUBJECTIVITE
Le lien intersubjectif suppose une individuation suffisante, une recon-
naissance implicite de l’altérité de l’autre.
Les limites des espaces intrapsychiques individuels sont respectées ;
elles ne sont pas perforées, traversées, transgressées. Dans l’intersub-
jectivité il existe un espace psychique commun entre les individus ;
après D. W. Winnicott, il sera appelé transitionnel car il appartient à
la fois chacun et à tous, qu’il s’agisse d’un couple, d’une famille ou d’un
Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
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1. Caillot J.-P., « La position narcissique paradoxale », Groupal, 2004, 15, pp. 181-197.
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La topique interactive1
Elle « désigne l’organisation particulière qui seule permet de rendre
compte de processus psychiques dont l’unité (qui ne peut s’aperce-
voir dans la seule enceinte intrapsychique) s’accomplit entre plusieurs
personnes (couple, famille, groupe, société) en vertu d’interactions
inconscientes obligées. Illustrée par les processus d’engrènement et de
participation confusionnelle, ainsi que par les défenses interactives, cette
topique est celle qui émerge et prévaut dans le jeu des fantasmes-non-
fantasmes qui sont en circulation dans toute pathologie narcissique grave.
La topique interactive est un dérivé de la troisième topique, laquelle
désigne l’organisation du réel en trois registres : interne, externe et
intermédiaire ». En fait, ces processus inconscients obligés étudiés par
P.-C. Racamier ne sont pas de l’ordre de l’action, de la réaction ou de
l’interaction, ils sont de l’ordre de l’agir et du faire-agir. P.-C. Racamier
parle en effet d’agir psychique, de transagir, d’agir transcorporel. L’agir
psychique et l’expulsion psychique2 désignent « le processus par lequel
un sujet exerce ou tente d’exercer une influence ou action sur autrui
par voie essentiellement psychique. La « communication par les incons-
cients » est du ressort de l’action psychique. Des sentiments, émois et
conflits indésirables peuvent être émis par voie d’action psychique ; ils
seront ainsi évacués au dehors plutôt que d’être élaborés au dedans ;
l’agir prend la place du travail mental. Dans ces cas d’expulsion, l’agir
psychique est insidieusement imposé à autrui au moyen d’injections pro-
jectives et d’impositions paradoxales. Les regards, postures et inflexions
de voix jouent un rôle essentiel et difficilement repérable. Il faut toutefois
retenir que l’amour, s’il est mal supporté par l’intéressé, peut également
être le moteur d’actions psychiques ». Notons que dans sa définition,
P.-C. Racamier met sur le même plan action et agir, ce qui peut entraîner
1. Racamier P.-C., Cortège Conceptuel, Paris, Ed. Apsygée, 1993, pp. 65-66.
2. Op. cit., p. 21.
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une confusion. Notons aussi l’importance qu’il donne très justement aux
comportements, aux agissements.
Le verbe et le substantif transagir définissent, à notre avis, particuliè-
rement bien cette topique interactive ainsi que l’adjectif transcorporel.
Transagir1 « désigne le fait d’agir au travers de quelqu’un, d’exercer un
agir défensif et offensif qui passe à travers la frontière du Moi pour être
capté et mis en œuvre par une autre personne. Exemple : deuil expulsé
transagi par un proche ; clivage « calfaté » par voie de transagir ».
Le transcorporel2 « désigne et qualifie le passage de dérivés pulsion-
nels et d’affects expulsés par la psyché et directement envoyés à travers
le corps.
Il désigne en vérité le processus essentiellement en œuvre dans les
effets psychosomatiques (l’autre voie d’expulsion, étant quant à elle,
transpersonnelle, et concernant les effets interactifs véhiculés par voie
de transagir) ».
Ces processus psychiques spécifiques n’apparaissent que si plusieurs
personnes communiquent ensemble ; elles établissent alors entre elles,
nécessairement, des agissements, des transagirs, des interagirs. Ce peut
être un couple, une famille, un groupe, une institution, une société.
« Les processus d’engrènement et de participation confusionnelle
ainsi que les défenses interactives » peuvent être de nature perverse
ou psychotique, voire mêlée ; ce sont alors les manœuvres perverses et
les injections projectives qui sont à l’origine de ces engrènements et de
ces confusions.
Les défenses primitives hypernarcissiques et les sur-défenses consti-
tuent les défenses interactives.
Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
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Les sur-défenses
Elles désignent1 « des défenses destinées à renforcer, confirmer,
verrouiller une défense déjà construite afin d’en assurer l’étanchéité. Les
principales super-défenses sont mobilisées dans le registre psychotique.
Elles n’atteignent une organisation achevée que dans le registre pervers.
Exemples : érotisation des défenses ; paradoxalité sur-défensive ;
délégation de défense ; mobilisation interactive « d’opérateurs externes
Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
de défense ».
Le déni et le clivage sont des défenses qui nécessitent le plus de
« mises en agir » et de verrouillages surdéfensifs (1992) ».
Les sur-défenses assurent donc l’occultation, le verrouillage d’une
première ligne de défense en utilisant ou non un opérateur externe de
défense. Au fond, l’occultation porte avant tout sur l’incestualité fami-
liale que l’on peut nommer folie familiale. Les sur-défenses font partie
des défenses transsubjectives. Nous allons donner plusieurs exemples
cliniques où l’emprise paradoxale, le déni et le clivage sont occultés
par ces sur-défenses : le scindage, le verrouillage, les communautés
défensives.
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1. Op. cit., p. 64
2. « Discussion autour de deux concepts de P.-C. Racamier : la topique interactive et les
sur-défenses », Groupal, 2005, 18, pp. 26-52.
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Nous avions observé un phénomène analogue dans une fratrie placée par
ordonnance de justice dans une institution d’accueil. La mère que nous
n’arrivions pas à rencontrer avait offert à sa fille aînée, pour son anniversaire,
un pot de miel en exigeant de cette dernière qu’elle ne le partage pas avec
ses frères et sœurs. Un conflit violent a rapidement surgi au petit déjeuner
entre les enfants. Il nous apparaît ici, comme dans l’exemple précédent, que
le scindage s’opère par le moyen de manœuvres perverses d’emprise, de
séduction et de disqualification.
1. Racamier P.-C., Cortège Conceptuel, Paris, Ed. Apsygée, 1993, pp. 67-68.
2. Op. cit., p. 55.
3. Op. cit., p. 41.
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Par exemple, à propos de l’histoire très connue du cadeau des deux cravates
d’une mère à son fils. La mère dit à son fils2 : « Mets cette cravate », ce qu’il
fait. Elle ajoute : « Tu n’aimes donc pas l’autre » ! et quand il met la seconde,
elle souligne : « Je me doutais bien que tu n’aimais pas la première » !
Puis le garçon porte les deux cravates en même temps et elle lui dit (c’est
un ajout de D. Anzieu) : « Ce fils me rendra folle !» On voit bien qu’il y a
dans un premier temps un agir pervers d’emprise paradoxale de la part
de la mère envers son fils à propos des cravates. Il s’agit d’une défense
primitive hypernarcissique maternelle. Puis, dans un deuxième temps la mère
exerce une manœuvre perverse de culpabilisation et de disqualification qui
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Par leurs projections divergentes, mais sur un même objet, ils arrivent
à maintenir une sorte de pont relationnel très précaire, toujours à la
merci des mouvements de l’humeur de l’autre (ou des interventions d’un
Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
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Une mère qui avait été violée par son père à l’âge de 13 ans s’écrit, lors de
la naissance de sa fille, en voyant son bébé pour la première fois : « Elle
sera violée quand elle aura 13 ans » ! La mère s’identifie projectivement et
massivement à sa fille. Elle projette son Soi infantile abusé dans sa fille. Il
s’agit d’une injection projective aliénante ; adolescente cette fille fuguera à
plusieurs reprises.
Une autre mère pense à son fils qui vient de naître : « Je ne veux pas qu’il
aille en prison » ! Elle redoutait pour son fils le même destin que celui de son
jeune frère psychopathe, délinquant. Elle identifiait projectivement son frère
interne à son fils.
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1. Groupal, 2000, 7.
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Gisèle envers son père, sa peur de se trouver seule avec lui dans la même
pièce, son rêve traumatique avec la répétition de la relation narcissique
paradoxale incestueuse avec sa fille ; après avoir été la fille-non-fille de
son père-non-père, elle devient dans son rêve la mère-non-mère de sa
fille-non-fille. Gisèle s’identifie projectivement à sa fille ; elle projette dans sa
fille son Soi infantile abusé et s’identifie projectivement à son père-non-père
interne.
À l’inverse, la sécurité affective, la confiance et les effets de l’hétéroconte-
nance qui apparaissent au début de la relation analytique semblent bien
déterminer l’arrêt des infections urinaires.
La supposée rétention volontaire d’urine, les infections urinaires mettraient-
elles en scène à la fois sur un mode peu ou pas symbolisé, transcorporel,
le scénario incestueux traumatique de la petite enfance et la défense contre
les angoisses catastrophiques que celui-ci engendrait ? L’attaque infectieuse
intrusive uro-génitale tendrait à répéter l’abus alors que les sensations liées
à la rétention et à l’infection urinaires représenteraient la défense contre
l’abus et la perte d’une contenance normale par agrippement aux sensations
uro-génitales autogénérées.
Le sentiment d’horreur qui apparaît au décours du rêve semble bien être une
résurgence émotionnelle traumatique de son enfance.
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Chapitre 6
LES OBJETS
L’objet-groupe
Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
1. Pontalis J.- B., « Le petit groupe comme objet » dans Après Freud, Paris, Gallimard,
1968.
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L ES OBJETS 109
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L’objet-famille
L’objet-famille, c’est le fantasme de la famille comme objet au sens
psychanalytique du terme, c’est-à-dire au sens de corrélat de la pulsion.
L’objet-famille peut être considéré comme le prototype des objets
collectifs. Voici quelques exemples cliniques de représentation de famille
comme objet.
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L ES OBJETS 111
La famille est au complet : le père, la mère, le fils aîné Alain et le fils cadet
Jacques. Il y a trois psychanalystes.
La séance débute par un assez long silence.
Alain : « Vous nous posez des questions ? À quoi ça sert de venir ici ? Il y a
d’autres familles qui viennent » ?
Après un silence, il ajoute : « il y a différentes sortes de silence... est-ce que
c’est bon de rester comme ça dans le silence » ?
Psy : « Est-ce inquiétant pour vous l’idée que vous seriez la seule famille à
venir ici » ?
Jacques : « Papa, tu ne dis rien » ?
Il ajoute en parlant de son père : « Il va nous cogner Alain et moi, l’un contre
l’autre » ?
Simultanément, il mime le choc en se cognant les deux poings et gesticule.
Le père commence à s’énerver et lui intime l’ordre de se calmer.
Alain : « Je ne vois pas pourquoi mon père me cognerait, je ne suis pas dans
le coup ».
Le père : « Je ne suis pas le nombril du monde, je parle assez souvent, je
suis peut-être responsable comme ça ...» (il applique alors son index droit
sur son index gauche, comme pour signifier une petite mesure, une partie)
« Il faudrait tout reprendre, parler des parents... des morts... et si on déterrait
les morts, ils diraient que ce n’est pas vrai ».
Jacques : « Une fille arabe m’a jeté mon steak par terre... elle m’a dit merde.
Je lui ai dit : ma merde est aussi belle que la tienne ».
La mère : « Jacques est raciste, ce sont ces histoires...»
Alain : « C’est pas propre... qu’est-ce qu’il faut lui faire s’il parle comme ça ?
Il faut le cogner ? Un coup de poing bien placé, une bonne raclée » ?
Alain s’énerve
La mère : « Alain, t’es raciste... »
Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
Alain : « Quand tu as été attaquée par un nègre dans le jardin public, tu étais
bien contente que je sois là » !
La mère : « Les blancs font la même chose » !
Le père : « Ce n’est pas le petit balayeur qui est dangereux... Ce sont les
grosses têtes silencieuses à petits bras, les généraux, les PDG. Je n’ai rien
contre l’enfant ».
La mère : « Jacques est grossier en ce moment. C’est des mots qu’on
connaît, que vous connaissez aussi, mais on ne les dit pas. Ce matin, c’était
la comédie parce qu’il ne voulait pas s’habiller...»
Alain : « Qu’est-ce qu’il faut lui faire, le cogner » ?
L’atmosphère est très tendue. Il s’agit alors d’une tension transsubjective
familiale.
Psy : « Vous recherchez d’où vient le mal : des étrangers, de vos parents,
des morts, de ce qui se passe entre vous et ici avec nous... »
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L ES OBJETS 113
L’objet-couple
Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
L’objet-fratrie
L’institution
Elle peut également être investie comme un objet.
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L ES OBJETS INDIVIDUELS
Le dénominateur commun de toute représentation d’objet, c’est son
aspect unitaire, c’est la notion de totalité, d’unité, d’entité, de personne.
La bouche ou le sein, comme une personne, c’est l’objet partiel. La
famille comme un tout, une unité, une personne, c’est l’objet-famille
(exemple de la pieuvre).
Un autre dénominateur commun à tous les objets, c’est le fait d’être
investis pulsionnellement. On parle d’objet réel et d’objet fantasmatique,
d’objet externe et d’objet interne.
L’objet-individu
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L ES OBJETS 115
l’autre de ces situations, comme cela s’est produit plusieurs fois dans sa vie
quand, notamment, il s’est sauvé de chez ses parents et, plus tard, quand il
a quitté sa première femme. S’agit-il d’un choix entre deux femmes ?
Le patient dit : « Ce n’est pas un choix entre deux femmes : c’est un choix
entre une femme et une famille, mais aucun des éléments du choix ne
me satisfait complètement. Cela me fait penser aussi que quand j’achète
un disque il m’en faut deux ; non pas deux fois le même, mais deux
enregistrements différents ».
En ce début de traitement, le patient est dans l’impossibilité d’investir
simultanément sur un mode ambigu les trois types d’objets, à savoir : la
famille, le couple et l’individu.
Il est contraint de se dégager de sa famille, vécue comme une fratrie et
comme une institution (lavabos d’entreprise) pour échapper à d’intenses
angoisses claustrophobiques primitives qu’il ressent également quand il est
en couple avec sa maîtresse. À l’opposé, quand il fait le choix de l’hôtel seul
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R EGROUPEMENT, DÉGROUPEMENT
On peut constater qu’une personne peut être représentée par un groupe
de personnes. Différentes parties du sujet sont ainsi projetées dans chacun
des membres constituant le groupe. Il en est couramment ainsi dans le
psychodrame psychanalytique.
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L ES OBJETS 119
ersatz de celui-ci parce qu’il n’a pu instaurer une conservation des traces
maternelles »4 . Le comportement mécanisé ayant une visée autocalmante
semble bien être un comportement manipulatoire corporel dont le but est
1. Kreisler L., Le nouvel enfant du désordre psychosomatique, Paris, Dunod, 1992, obs
n°7, pp. 109-123.
2. Smadja C., « Les procédés autocalmants », Revue Française de Psychosomatique,
1993, 4, pp. 9-26.
3. Szwec G.,. « Les procédés autocalmants par la recherche répétitive de l’excitation.
Les galériens volontaires », Revue Française de Psychosomatique,1993, n° 4, 1993, pp.
27-51.
4. Szwec G., Kreisler L., « Psychosomatique et expressions corporelles dans l’enfance »
in Propositions théoriques par G. Szwec, Psychiatrie, 37404-A10, Encyclopédie médico-
chirurgicale, 1988.
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L. Kreisler observe qu’une fillette âgée de 4 ans est atteinte d’une épilepsie
photogénique par auto-stimulation lumineuse. « Véronique avait été normale
jusqu’à 2 ans. Elle était alors une petite fille éveillée, gaie, avec un langage
bien évolué. Ce passé authentifié, tranchait avec la réalité de l’enfant
présente, manifestement psychotique ; ses seules activités organisées, émer-
geant d’une agitation majeure, étaient réduites à quelques stéréotypies, ne
communiquant plus par le langage, réduit à des écholalies et des fragments
de ritournelles. On relate que vingt, trente fois par jour, dans le but de se
procurer une crise, elle se précipitait vers les sources de lumière : le soleil,
une lampe ; en voiture, elle se penchait pour regarder le ciel. Alors, elle
s’immobilisait avec un sourire extatique, perdait conscience et tombait dans
une crise comitiale tonico-clonique. Selon la mère, « la naissance a été
normale, elle a crié tout de suite, cependant ses yeux étaient injectés de
sang. Elle cria beaucoup les jours qui suivirent et vomissait ses biberons en
jet. Elle n’était bien que sur moi, recroquevillée, calée contre mon épaule.
Ce n’était qu’ainsi qu’elle arrivait à se consoler et il en est ainsi encore
actuellement. Bientôt, je m’aperçus qu’au soleil, elle clignait des yeux et
les fermait à moitié. Vers deux ans, elle a eu pour la première fois, en se
réveillant, des petits tremblements très brefs, que l’on a pris pour des frissons.
Ses yeux se tournaient du côté droit, elle se tenait la tête de la main droite,
puis allait se mettre sur son lit pour se reposer. J’étais alors enceinte de mon
troisième enfant. Deux mois avant la naissance, Véronique avait alors deux
ans et demi, je dus me coucher et me séparer des enfants, car j’étais épuisée.
Les enfants partirent en province chez ma mère. Là-bas, tout se passe bien
d’abord, mais à la fin du séjour, on sépara les enfants. Véronique alla chez
ses grands-parents paternels, tandis que sa sœur rentrait à Paris. Véronique
sombra alors dans le désespoir, pleura sans cesse trois jours et trois nuits
et on dut la ramener d’urgence auprès de sa grand-mère maternelle. Quand
celle-ci la reprit, elle se comporta comme si elle ne la reconnaissait pas, elle
était prostrée, inerte, lointaine. Elle rentra à Paris, le bébé était né et les crises
commencèrent ; tout d’abord trois à quatre fois par jour puis de plus en plus
nombreuses... Dès qu’elle fut en contact avec le nouveau-né, elle régressa ;
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L ES OBJETS 127
elle agissait comme lui, réclamait des brassières et des couches, urinait sous
elle et dans son lit. À trois ans et demi, elle entra dans une longue période de
mutisme. Elle s’accrochait à quiconque, mais de façon brève, superficielle,
instantanée, suivait n’importe qui dans la rue. À la moindre contrariété, elle
se blottissait contre sa mère, ou bien se précipitait vers une source lumineuse
pour provoquer une crise. Le père dira : « elle fait comme une intoxiquée
avec sa drogue ». Parallèlement, elle devenait de plus en plus confuse et
renfermée, s’isolait pour se livrer à ses activités ritualisées, ouvrait et fermait
inlassablement une porte ou bien se faisait passer sans cesse le même
disque ».
qu’il est d’accord avec les thérapeutes sur le mécanisme révélé afin
qu’ils n’attribuent plus la constipation et le mégacôlon à un défaut
physiologique dont l’enfant serait victime, mais à un mode actif de lutte
contre le réflexe normal ».
F. Tustin rejoint le point de vue des auteurs précédents en insistant
sur les tendances psychopathiques et perverses dans l’autisme, point
de départ de l’observation des sensations autogénérées2 : « Tout en
arrêtant le développement de la vie intellectuelle et affective, l’autisme
psychogénique a empêché celui du sens moral... Les enfants autistes se
sont sentis séparés psychologiquement de leur mère. Il en est résulté
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Nous avions été frappé par l’exclamation de Jacques lors de la visite d’une
exposition de peinture dans le cadre de notre groupe d’enfants de soins
intensifs. Ce garçon de 5 ans, psychotique, souvent sale et malodorant
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L’objet-excitation
C’est l’excitation perverse comme objet hypernarcissique commun
autogénéré dans le couple ou la famille ou bien encore dans le groupe.
L’exemple familial suivant met en évidence, à notre avis, une autosen-
sualité incestuelle familiale où l’objet autosensuel incestuel est commun
à tous les membres de la famille. Cet objet est l’excitation sexuelle
et meurtrière perverse. On voit en effet, combien une sexualisation
antœdipienne perverse est active dans cette famille et dans le transfert
familial.
Cet objet-excitation possède une structure paradoxale : il est à la
fois fascinant et effrayant, attirant et repoussant, à la fois facteur de
soudure et de rupture familiales, de survie et d’attaques violentes de la
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L’objet-délire
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Bernard est âgé d’une vingtaine d’années lorsqu’il consulte avec sa mère.
Son père est mort brutalement 8 ans auparavant. Bernard n’aurait pas
manifesté d’émotions au moment de sa mort, n’aurait pas pleuré. D’emblée,
il nous dit qu’il est en mission sur Terre, qu’il est venu en vaisseau spatial
depuis Vénus pour permettre le mariage entre frères et sœurs, entre cousins
et cousines ; sa mission est de promouvoir l’inceste. Son père n’est pas mort,
il habite sur Vénus avec sa femme et ses enfants. Bernard se dit âgé de 4362
ans. Il communique avec son père la nuit par téléphone. Les ordres qu’il reçoit
de Vénus l’obligent à ne participer à aucune tâche domestique ; il doit être
servi. Sa mère le décrit parfois très opposant ; elle est très surprise lorsque
Bernard lui dit qu’elle n’est pas sa mère : « Je suis qui alors » demande-t-elle
« Une mère porteuse » ?
Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
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mais réapparaît lorsqu’il est menacé d’abandon par sa mère dans certaines
situations conflictuelles ou bien lorsque sa mère le disqualifie.
Ainsi Bernard s’agrippe au délire comme à un objet lorsqu’il se sent aban-
donné et/ou dévalorisé ; l’objet-délire est alors une bouée de sauvetage
contre la détresse-noyade. Cet adhésivité, cet agrippement à l’objet-délire
réapparaît également lorsque Bernard se sent menacé d’obéir, ce qui
semble lui faire vivre des angoisses catastrophiques claustrophobiques et de
disqualification ; par exemple, Bernard refusa de se faire cuire de la viande
car il doit être servi par sa mère : « C’est ainsi sur Vénus » dit-il. Alors,
l’objet-délire s’interpose entre les autres et lui-même comme un bouclier.
Bernard exerce ainsi sa tyrannie.
L’objet-addiction
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deux filles. L’aînée dit à la plus jeune : « Notre père est vieux et il n’y a point
d’homme dans la contrée pour venir vers nous, selon l’usage de tous les
pays. Viens, faisons boire du vin à notre père et couchons avec lui afin que
nous conservions la race de notre père ». Elles firent donc boire du vin à
leur père cette nuit-là et l’aînée alla coucher avec son père : il ne s’aperçut ni
quand elle se coucha, ni quand elle se leva. Le lendemain, l’aînée dit à la plus
jeune : « Voici, j’ai couché la nuit dernière avec mon père ; faisons-lui boire
du vin encore cette nuit et va coucher avec lui afin que nous conservions la
race de notre père ». Elles firent boire du vin à leur père encore cette nuit là;
et la cadette alla coucher avec lui : il ne s’aperçut ni quand elle se coucha,
ni quand elle se leva. Les deux filles de Loth devinrent enceintes de leur
père ».
Dans ce récit, ni la femme ni les filles de Loth ne portent de noms personnels.
Jeune adulte, Fille-de-Loth, accompagne seule son père à l’enterrement
de sa grand-mère paternelle ; après les obsèques, elle et son père dînent
ensemble, boivent une bouteille d’un bon vin offerte par la patiente. Elle
proposera ensuite à son père de dormir avec lui...
Le comportement incestuel de séduction sexuelle et narcissique – la séduc-
tion sexuelle nous paraît être au service de la séduction narcissique – de
consolation et de transgression à l’égard de son père avec lequel existait
depuis la petite enfance une relation incestuelle, semble avoir pour but de ne
faire qu’un seul corps avec lui.
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Chapitre 7
LA FAMILLE ŒDIPIENNE
NORMALE ET LA FAMILLE
ANTŒDIPIENNE
PATHOLOGIQUE
registre antœdipien.
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Il en est ainsi pour cette famille de six personnes, constituée des deux parents
et de quatre enfants, deux garçons et deux filles. Leur logement est situé
au-dessus de leur commerce et il comprend trois chambres à coucher. Les
lits à deux places sont occupés indifféremment par les membres de la famille
selon leur ordre d’arrivée dans l’appartement le soir, en commençant par
les chambres les plus éloignées de l’entrée. Ainsi, l’adolescente qui est à
l’origine de la consultation, peut-elle dormir avec l’un de ses frères ou sa
sœur ou sa mère ou encore son père.
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CONCLUSION
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150 C ONCLUSION
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BIBLIOGRAPHIE
A MAR N., C OUVREUR C., H ANUS M. A NZIEU D., C AILLOT J.-P., D ECOBERT
(sous la direction de) (1994), Le deuil, S., H AAG G., H URNI M., K AËS R.,
Monographies de la Revue Française P IGOTT C., R ACAMIER P.-C., S TOLL
de Psychanalyse, Paris, PUF. G. (1998), Vocabulaire de psychana-
lyse groupale et familiale, tome 1,
A NZIEU D. (1975a), Le groupe et l’in- Paris, Editions du Collège de Psycha-
conscient. Paris, Dunod. nalyse Groupale et Familiale.
A NZIEU D. (1975b), « Le transfert para- BALIER C. (1988), Psychanalyse des
doxal », Nouvelle Revue de Psychana- comportements violents, Paris, PUF.
lyse, 12, pp. 49-72.
BARANES J-J. (2002), « Transgénération-
Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
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156 B IBLIOGRAPHIE
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BIBLIOGRAPHIE
DE L’AUTEUR
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Familiale, Tome 1, Paris, Les Éditions C AILLOT J.-P. (1996b), « Notes sur la
du Collège de Psychanalyse Groupale technique du travail avec les secrets de
et familiale. famille », Groupal, 2, pp.165 -169.
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REVUES CITÉES
Bulletin de Psychologie
Bulletin de Psychologie 363 : Théorie psychanalytique des groupes.
Devenir, publiée par les Editions Eshel et les Editions Médecine et
Hygiène.
Devenir 1-4 : Rythmie de sommeil.
Dialogue, publiée par l’association française des centres de consultation
conjugale.
Dialogue 78 : Violence et Famille.
Gruppo, publiée par les Editions Apsygée
Gruppo 1 : Psychanalyse familiale.
Gruppo 2 : Folie et secret en famille.
Gruppo 3 : Perversité dans les familles.
Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
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Groupal 3 : L’incestuel.
Groupal 4 : Paul-Claude Racamier. Hommage.
Groupal 5 : Rupture et séparation familiales.
Groupal 6 : Le bébé et sa famille.
Groupal 7 : Anorexie et Boulimie.
Groupal 8 : Les psychodrames psychanalytiques.
Groupal 9 : Maltraitance familiale et maltraitance institutionnelle.
Groupal 10 : Le processus d’autorité.
Groupal 11 : Le générationnel et le familial.
Groupal 12 : Les perversions 1.
Groupal 13 : Les perversions 2.
Groupal 14 : Le couple et l’incestualité.
Groupal 15 : Périnatalité psychique et renaissance du familial.
Groupal 16 : La groupalité. Œdipe et Antœdipe.
Groupal 17 : Le ludique et le familial.
Groupal 18 : La folie familiale.
Journal de la Psychanalyse de l’Enfant, publié par les Éditions Bayard
25 : La séduction.
Nouvelle Revue de Psychanalyse, publiée par les Editions Gallimard.
2 : Objets du fétichisme.
8 : Pouvoirs.
10 : Aux limites de l’analysable.
12 : La psyché.
21 : La passion.
24 : L’emprise.
25 : Le trouble de penser.
Psychologie Clinique et Projective, publiée par les Éditions Dunod
Revues.
1 : Violences.
Revue Française de Psychanalyse, publiée par les Editions des Presses
Universitaires de France.
1972, 1. : Tome XXXVI, janvier.
1982, 2 : Le travail du psychanalyste. De la technique à l’éthique
psychanalytique.
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1983, 1 : La perversion.
1984, 6 : Variations du cadre.
1985, 3 : Le statut de la représentation dans la théorie psychanalytique
en 1984.
1986, 5 : Psychoses.
2003, 3 : La perversion narcissique.
Revue Française de Psychosomatique, publiée par les Éditions des
Presses Universitaires de France.
1993, 4 : Les procédés autocalmants.
Perspectives Psychiatriques
2012, 3 : Hommage à Paul-Claude Racamier.
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Phénix p. 3
Les Euménides d’Eschyle p. 27
Péro ou l’allégorie de la Charité Romaine p. 30
Les enfants exposés p. 40
Les Lémures p. 104
Arès et Aéropé p. 104
Le jardin des supplices d’Octave Mirbeau p. 129
Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
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C E
cadre collectif 2, 3, 149, 150 élément bêta 53, 54
clivage 77, 87–89, 94, 96 emprise
communauté défensive 89 paradoxale 88, 89, 93
conarcissisation 44, 146 pathologique 32, 34, 128
corps commun 16, 36, 47, 83, 84, 104, emprise sado-masochique 88
109, 113, 140, 142 enfant de remplacement 88, 89, 98
ambigu 44 engendrement 1, 26, 28, 29, 53, 65, 68,
du couple 16, 83 70, 84, 146, 148
engrènement 86–88, 92, 93, 95, 147
groupal 12, 141, 142
envie 31, 38, 48, 78, 88
paradoxal 36, 44, 59, 92, 105, 141,
142 équation symbolique 22, 36, 53, 68, 145
équivalent
corps imaginaire 12, 109
d’inceste 22, 34, 37, 39
de meurtre 34, 36, 37, 39
D de tabou de l’inceste et du meurtre
45
d’auto-engendrement familial 66, 84, du tabou de l’inceste et du meurtre
147 145
défantasmatisation 26, 55 érotisation des défenses 89, 91
défaut de mentalisation 121 espace
défense intersubjectif 79–82, 85
paradoxale transsubjective 92, 93, transitionnel 82, 92
105 transsubjectif normal 45, 73
primitive hypernarcissique 87, 93, transsubjectif pathologique 86, 87
94 espace transsubjectif 82–85
dégroupement 116 excitation
délégation de défense 89 meurtrière 22, 125
déni 88, 89, 91, 94, 137, 139 sexuelle incestueuse 22, 125
d’engendrement 27, 29 extase 125
de la dépendance infantile 123, 138
des origines 27, 28 F
du fantasme de la scène primitive 27
famille
deuil
antœdipienne 137, 145–148
originaire 33, 46, 47, 60, 92, 140,
fratrie égalitaire 84
146
interne 79, 146
pathologique 140
œdipienne 145, 148
deux places pour trois 73, 148
fantasmatisation 64
différenciation fantasme 1, 3, 5, 12, 16, 18, 22, 26, 27,
des êtres 26, 81 44, 51, 70, 71, 108, 110, 113, 147,
des générations 29, 76, 113 149
des morts et des vivants 142 antœdipien 51–53, 61, 64, 66, 67, 78
des sexes 29 œdipien 2, 23, 51, 52, 64
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H
K
hétérocontenance 100, 117
Kinship 11, 83, 109, 110
hétérocontenance normale 56
hypnose 9, 11, 16, 83
L
I laxisme 14, 17, 147
idéal du Moi lien groupal 11, 12, 15
Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
paradoxal 49
parental 147 M
identification
narcissique adhésive 10, 83 manœuvre narcissique perverse 93
narcissique projective 83 manœuvre narcissique perverse 87
projective pathologique 39 masse 8–10, 16–18, 82, 83, 109
identité commune 12 mégalomanie 5, 22, 23, 28–30, 65, 67,
illusion duelle et gémellaire 84 68, 78, 88, 118, 123, 150
inceste 3, 11, 21, 22, 31, 32, 45, 48, 66, mentalisation 67, 68, 77, 121
67, 81, 99, 123, 136, 138, 139, meurtre 3, 31–33, 37, 45, 48, 67, 101,
145, 146 145, 146
incestualité 3, 21, 22, 27, 34, 37, 45, 46, meurtriel 3, 26, 27, 34, 37, 39, 40, 61, 67
48, 49, 54, 67, 89, 91, 93, 100, mise en commun 14, 80, 81
104, 136–140, 143 mise en mots 36
incestuel 3, 22, 34, 36, 37, 48, 61, 67 Moi-peau 48, 131
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A Devereux G. 31
Dingli A. 122
Anzieu D. 1, 11, 35, 47, 48, 73, 80, 84,
93, 109, 129, 131
Aulagnier P. 131 E
Eschyle 27
B
Balier C. 61 F
Berger M. 35 Fain M. 91, 117, 118
Bick E. 2, 9, 117, 129 Foulkes S. H. 109
Bion W. R. 48, 53, 108, 114, 130 Freud S. 7, 9, 11, 12, 15, 17, 31, 69,
Bonnet B. 125 71–73, 75, 79, 83, 85, 96, 108,
Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
113
C
G
Caillot J.-P. 25, 53, 84
Girard R. 46
Carel A. 92, 105
Green A. 153
Chasseguet-Smirgel J. 128
Grunberger B. 153
Chéné A. 157
Guyotat J. 97
Cukierman A. 134, 135
H
D
Haag G. 151, 153
Decobert S. 99, 113, 125 Haag M. 153
Defontaine B. 34, 92, 103 Heimann P. 153
Defontaine J. 17, 92, 94, 103 Hermann I. 18
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Hinshelwood R. D. 77 R
Hurni M. 21, 31, 61, 92, 94, 143
Racamier P.-C. 1, 21–23, 25, 26, 32, 43,
44, 46, 48, 52, 53, 58, 62, 68, 79,
K 81–83, 86, 88, 90, 92, 98, 116
Resnik S. 78
Kaës R. 1, 17, 80, 82, 85, 96
Kestemberg E. 154 Rottman H. 35
Kestemberg J. 118, 125 Ruffiot A. 1, 77, 80
Klein M. 31, 77, 88, 130
Kreisler L. 117, 120, 126, 127, 137 S
Sade D. A. F. 27
L
Searles H. 156
Lacan J. 19, 32 Segal H. 22, 36, 53, 68
Lagache D. 13 Smadja C. 119
Laplanche J. 52, 69 Sophocle 31
Le Barbier C. 154 Soule M. 152
Le Gouès G. 154 Steck B. 40
Lemaire J.-G. 1 Stoll G. 21, 31, 61, 92, 95, 143
Lévy-Valensi A. 31 Szwec G. 119
M
T
Mahler M. 117, 130
Taccani S. 92, 101, 102
Maillard I. 129
Tustin F. 2, 114, 116, 117, 130
Marty P. 2, 118, 122
Meltzer D. 78, 129, 132
Mendel G. 13, 110 V
Vermorel H. 88, 98
P
Pasche F. 16, 58
W
Perron R. 75
Picaud B. 99 Wainrib S. 93
Pigott C. 37 Winnicott D. W. 1, 24, 81, 116, 117
Pontalis J.-B. 12, 13, 52, 69, 107 Wittenberg I. 154
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